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De la terre à l'assiette - tous artisans du bien manger !

E10 - Émilie et Lucille Battafarano - Les femmes au pouvoir de la passion artisanale

E10 - Émilie et Lucille Battafarano - Les femmes au pouvoir de la passion artisanale

25min |21/02/2025
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Description

Dans cet épisode, nous partons à la rencontre d’Émilie et Lucile Battafarano, fondatrices d’Ancrée,une entreprise audacieuse qui a transformé la simple graine de chia en un véritable caviar végétal.

Ces deux sœurs passionnées nous livrent leur vision d’une cuisine responsable et innovante, entre respect des matières premières, créativité culinaire, et ancrage territorial.

Un épisode captivant où l’excellence du produit rencontre l’exemplarité des artisans.

Préparez-vous à redécouvrir le végétal sous un nouveau jour !


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo dans le 17éme arrondissement de Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'Assiette.

  • Christian

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode de La Terre à l'Assiette. Elles sont passionnées par l'univers de la gastronomie artisanale. Elles ont renversé la cuisine des graines de chia. Vous savez, cette graine comestible qu'on utilise dans les desserts. Eh bien, elles en ont fait un produit gastronomique, un caviar végétal. Et derrière cette création... Il y a deux sœurs, Émilie et Lucille Battafarano, un duo de chocs reconnus par le collège fuyard de France. Ensemble, elles ont créé la société Ancré, un don qui attise la curiosité. Ça tombe bien, elles vont nous expliquer pourquoi ce choix et quelles sont les convictions qui les ont poussées à se lancer dans cette incroyable aventure. Vous allez voir, elles sont étonnantes.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Regouby.

  • Christian

    Émilie, Lucille, racontez-nous un petit peu ce projet, comment vous vous définissez dans ce projet, à partir de quelles convictions ?

  • Emilie

    Ancré, c'est un condiment gastronomique, avant tout, qui, quand il est utilisé à l'apéritif, peut faire office de caviar végétal, mais c'est un condiment gastronomique qui, comme une bonne moutarde ou une sauce, peut être utilisé en entrée, en plat, en dessert. Et ce qui nous tient à cœur avec Lucille, qui est... en manœuvre aux cuisines, c'est de travailler avec des produits de qualité, on en reparlera tout à l'heure, dans l'élaboration de cette recette, pour à la fois se faire plaisir et bien manger.

  • Christian

    D'accord, alors qu'est-ce qui est venu ? Pourquoi, Lucille, quand tu as développé ta passion, ton savoir de chef, pourquoi tu es partie sur une innovation comme ça, plutôt qu'être dans une cuisine plus classique ?

  • Lucille

    J'avais à cœur de pouvoir offrir un... produit de bouche, un produit gastronomique qui puisse élargir la palette des chefs en cuisine. La notion de condiment, elle est très importante quand on travaille en cuisine. C'est ce qui permet parfois de sublimer un plat ou de lui donner une nouvelle direction. Et dans la construction de la recette, il était très important pour moi, quand je l'ai développée, d'abord travailler les algues. Tout simplement parce que c'est un ingrédient qu'on considère comme un ingrédient du futur. Ça ne nécessite pas d'eau douce pour être cultivé. Et en plus, c'est un produit santé avec beaucoup de bienfaits. Donc, je trouvais tout cet aspect produit de la mer très, très intéressant. Surtout qu'il y a des algues différentes. Donc, on peut vraiment aller chercher une palette aromatique assez riche sur l'algue et apporter un côté iodé, ce qui est assez complexe quand on n'est pas sur un produit carné de la mer. Ça, c'était la première base de la réflexion de la recette. Et la deuxième, c'était autour de la graine de chia, tout simplement parce que c'est considéré comme un super aliment. Mais aujourd'hui, on l'utilise plutôt de manière fonctionnelle. C'est-à-dire qu'on l'utilise pour ses bienfaits, mais on fait complètement abstraction de ce qu'elle peut offrir. Et c'est en fait une graine qui a la particularité d'avoir une texture absolument sublime. Et donc du coup, c'est vraiment la rencontre de ces deux ingrédients qui ont donné naissance à cette recette.

  • Christian

    On voit bien, c'est passionnant cette aventure. Mais en amont de ça... Qu'est-ce qui vous a motivé à rentrer dans cet univers de la gastronomie ? Parce que vous êtes une nouvelle génération, vous pourriez avoir d'autres passions. Ça semble être une passion la gastronomie, indépendamment de la passion vraiment très précise pour la graine d'olfière.

  • Lucille

    Oui, tout à fait. Pour le coup, sur l'ensemble de mon parcours, moi j'ai passé mon CAP cuisine il y a un an et demi maintenant, donc j'avais vraiment à cœur de pouvoir apprendre ce qu'était la gastronomie française. Ça me semble aujourd'hui presque essentiel quand on propose un produit de bouche, de pouvoir avoir des bases et des connaissances et un langage quand on s'adresse à des chefs, qu'importe la nature de leur établissement. Mais j'ai quand même fait le choix de pouvoir offrir un produit supplémentaire aux chefs plutôt que d'être en cuisine. On l'est quand même, par ailleurs, on fait pas mal d'activités qui sont toujours liées à la cuisine. des animations, des ateliers, des cours. On a un service traiteur aussi à côté, en seconde activité. Mais voilà, le cœur du projet, c'était vraiment de pouvoir démocratiser le végétal, prouver que le végétal peut être à la fois goûtu et gastronomique.

  • Christian

    Et d'ailleurs, vous êtes reconnue au Collège Culière de France récemment. Qu'est-ce que c'est pour vous un artisan militant de la qualité ?

  • Emilie

    Alors c'est vrai, sur la première question que tu poses, on a toujours bien aimé manger et manger bien. Depuis toute petite, on a été sensibilisé aux enjeux de transition alimentaire, de par la carrière de notre père qui a travaillé en restauration commerciale puis collective. Donc on est sensible à l'ensemble de ces enjeux. Et on a eu l'occasion, alors pas tous les matins non plus, mais l'occasion de goûter ou d'être à de belles tables. Et on s'est vite rendu compte que c'était quelque chose qui, à titre personnel, nous faisait plaisir. On aime bien passer beaucoup, beaucoup de temps à table. Et donc, quand Lucille s'est lancée dans une carrière entrepreneuriale, ça a été comme une évidence que ce soit dans l'univers de l'alimentaire et plus spécifiquement dans l'univers de la gastronomie.

  • Christian

    Par rapport à ça, vous voyez l'univers de la gastronomie en ce qui vous concerne ? justement avec vos yeux de cette génération qui monte. Quelles sont vos convictions profondes par rapport à la gastronomie en général ?

  • Emilie

    Aujourd'hui, la gastronomie française est reconnue. Elle a fait ses preuves. Et on sent qu'il y a un mouvement qui s'amorce pour la faire évoluer dans le bon sens des choses. C'est un mouvement qui prend du temps. On est là, on est parti pour plusieurs années.

  • Christian

    C'est quoi le bon sens ?

  • Emilie

    C'est une gastronomie qui évolue avec son époque. qui introduit plus de végétales, qui respecte les matières premières qui sont utilisées, qui respecte les consommateurs qui en bénéficient, sans pour autant oublier son ancrage, qui a fait d'elle sa renommée depuis des années. D'où l'entrée,

  • Christian

    l'entrée, l'entrée, votre météo-cré.

  • Emilie

    C'est le petit clin d'œil, effectivement, à cette gastronomie française qui reste ancrée dans ses fondations et dans ce qui fait d'elle, aujourd'hui, la gastronomie française. Pour autant, les consommateurs ont des attentes qui évoluent. On a un contexte environnemental qui évolue et la gastronomie, comme plein d'autres secteurs, doit en tenir compte également.

  • Christian

    On va y revenir parce que la notion de territoire, d'ancrage, est un élément important de votre parcours et de vos convictions. Mais avant, on va faire un petit détour par ce qu'on appelle Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Christian

    Si vous étiez aussi chacune, parce que c'est... c'est peut-être différent, un animal, ça serait quoi Lucille ?

  • Lucille

    Une tortue.

  • Christian

    Une tortue ? Oui. D'accord. Et toi peut-être un lièvre, non ?

  • Emilie

    Probablement, dans la répartition des rôles.

  • Christian

    D'accord, c'est génial. Et si vous étiez une saison ?

  • Lucille

    Le printemps, parce que c'est vraiment la période où tout se met à fleurir, où les fruits et légumes poussent, c'est vraiment une saison magnifique.

  • Christian

    Un des cinq sens ?

  • Emilie

    Le goût.

  • Christian

    Bien évidemment. Un pays ?

  • Lucille

    Très probablement la France, parce que c'est là où on est implanté, mais aussi l'Italie, de par nos origines.

  • Christian

    Votre papa est italien ? Oui. Votre maman aussi ?

  • Emilie

    Non, elle est salinaise.

  • Christian

    Alors voilà, c'est un mix entre les deux. Quel est le plat que vous auriez incarné ?

  • Emilie

    Le gratin dauphinois.

  • Christian

    Gratin dauphinois ?

  • Emilie

    Il le fait super bien.

  • Lucille

    Oui, c'est un plat réconfort que j'adore faire à la maison.

  • Christian

    Une boisson ?

  • Emilie

    Une petite bulle, fine, légère. pour accompagner un moment de dégustation.

  • Christian

    Que ce soit champagne ou que ce soit Prosecco.

  • Lucille

    Par exemple.

  • Christian

    Alors maintenant, on va passer aussi à cette notion un petit peu de l'importance pour vous de la transparence dans tout ce que vous faites. Pas simplement dans les produits, mais dans la relation. Ça évoque quoi pour vous la notion de transparence ?

  • Emilie

    Quand on pense à transparence, on pense tout de suite à confiance. En fait... On ne peut pas demander à des consommateurs d'avoir confiance dans nos produits si on n'est pas honnête avec eux sur la façon dont on les prépare. Et c'est normal, on parle d'alimentation, on parle d'un acte qui se répète tous les jours, plusieurs fois par jour. Ça a un impact sur notre santé. Donc la notion de confiance est hyper importante vis-à-vis des consommateurs, vis-à-vis des chefs avec lesquels on travaille. C'est une notion sur laquelle... Voilà, on base vraiment l'ensemble de nos réflexions.

  • Christian

    Comment, puisque vous avez été sélectionné au Collège Juillet de France, comment vous vivez le fait de devenir artisan militant de la qualité ? Ça veut dire quoi pour vous ?

  • Lucille

    Dans artisan militant de la qualité, il y a trois mots-clés. Il y a artisan, déjà. Ça, c'est les bases qu'on a posées depuis le début. On est très attaché au fait de pouvoir fabriquer avec nos mains un produit. Ensuite, il y a qualité, bien sûr, et ça, ça participe du travail qu'on fait au quotidien, à la fois sur la recherche des matières premières qu'on utilise, la perfection constante des recettes qu'on développe ou qu'on met au point. Et puis après, il y a la notion de militantisme qui, à mon sens, est vraiment le point d'orgue du collège aussi, c'est-à-dire s'engager au quotidien dans nos actions, dans les rencontres qu'on peut faire. pour aller prêcher cette parole et vraiment remettre le bien manger au centre de la table, tout simplement.

  • Christian

    Alors, c'est peut-être pour ça que vous définissez au collège que vous n'êtes pas un label. Vous êtes plutôt une appellation ou de la défense d'une cause. C'est ça.

  • Emilie

    Exactement. En fait, dans la notion de label, et c'est important, il en faut des labels, ça donne des points de repère aux consommateurs, mais c'est basé sur des critères. Et le... Le problème qu'on peut avoir, c'est qu'une fois que la liste des critères est établie, on ne se pose plus la question et on avance tête baissée. Avec la notion d'appellation ou de reconnaissance, c'est plutôt un état d'esprit qui du coup est ancré dans la façon de voir les choses, dans la façon de mener des actions, dans la façon de prendre des décisions. Et donc c'est une remise en question permanente qui permet une plus grande ouverture d'esprit, à notre sens.

  • Christian

    J'admire ta façon de remettre en avant toujours la société, ancrée. Pour développer cette passion et ce métier, quels sont les obstacles que vous avez à surmonter ?

  • Lucille

    Alors les obstacles dans l'entrepreneuriat, il y en a vraiment au quotidien, mais heureusement qu'il y a aussi de très belles réussites. L'obstacle auquel on est souvent confronté, c'est qu'on est sur une offre de produits qui est vraiment nouvelle. Donc qui dit nouveaux produits dit aussi pédagogie. Donc il faut qu'on accompagne à la fois les consommateurs, mais parfois aussi les chefs. sur des nouveaux usages. Donc ça, ça représente à la fois un obstacle et une opportunité, bien sûr, parce que ça nous permet de faire découvrir des nouvelles saveurs, une nouvelle texture, et d'ouvrir le champ des possibles sur une nouvelle consommation de produits. Mais ça, ça peut faire partie des obstacles qu'on rencontre. En revanche, pour les fiertés, il y en a beaucoup. On a l'occasion de rencontrer beaucoup de personnes qui... qui se prête au jeu de la dégustation, notamment des grands chefs. Et j'ai en tête évidemment Alain Ducasse, qu'on a eu l'occasion de rencontrer récemment et qui a d'ailleurs apprécié les produits puisqu'il en a parlé à l'ensemble de ses chefs.

  • Christian

    Dans cette recherche permanente de l'innovation, on met à partir de la vérité des produits et de la vérité des artisans qui sont derrière ces produits. Comme vous dites souvent que derrière chaque produit, il y a un visage. Et c'est là où ça incarne vraiment les valeurs que vous défendez. Parlez-nous un petit peu de cette notion de territoire et de proximité, parce qu'en plus, vous êtes originaire, bien sûr, d'Italie, bien sûr, de la France, mais de Malakoff. Et Malakoff, d'après ce que l'on sait, c'est votre ancrage aussi, en termes même de production, voire même de ressources.

  • Emilie

    Exactement. En fait, avec Lucille, on a grandi dans les Hauts-de-Seine. Donc quand il a été question d'implanter la société, ça s'est naturellement fait sur ces territoires-là. Aujourd'hui, notre cuisine dans laquelle on fabrique l'ensemble des produits est à Malakoff, comme tu dis, et on a à cœur de travailler avec des produits qu'on source en circuit court et en direct. C'est évidemment le cas de la graine de chia, qui est francilienne. Donc on travaille en direct avec une ferme basée à quelques kilomètres du lieu de fabrication. On n'a pas encore d'algues en Ile-de-France, pas comestibles en tout cas, donc elles viennent de Bretagne, mais pareil on les achète en direct auprès d'un algoculteur. Et c'est le cas pour l'ensemble de nos décisions quand il s'agit de sourcer des matières premières.

  • Christian

    Que vous avez rencontré vraisemblablement ?

  • Emilie

    Alors un des producteurs d'algues, on a rencontré une partie de son équipe et la ferme, oui on connaît bien le couple qui est en charge de la production.

  • Christian

    Donc Proximité c'est une de vos... une de vos devises, parce que ça permet quoi cette proximité ?

  • Emilie

    Ça permet déjà de nouer une relation humaine avec les partenaires avec lesquels on travaille. C'est vrai pour les fournisseurs et c'est vrai pour les revendeurs. Nos produits sont disponibles en épicerie fine, par exemple. Et donc, je pense à un partenaire qui est basé à Clamart. On fait encore aujourd'hui des livraisons en direct. On prend toujours le temps d'un café avec lui pour qu'il nous partage ses nouveautés. Et donc cette relation de proximité, de confiance, de relation, elle est hyper importante. C'est le cas en dehors du collège et c'est aussi le cas au sein du Collège Culinaire de France. On a notamment monté une collaboration avec Maxime de Brume, qui élabore des vins à base de chanvre. Le chanvre, pour lui, c'est un déchet. On s'est rencontrés, en termes de personnalité, avant tout, ça a matché. Et donc, on a décidé de lancer un coproduit. C'est un condiment ancré à base de chanvre brumant.

  • Christian

    C'est génial. Ça veut dire que la rencontre agit sur le produit. C'est vraiment l'interférence entre l'humain et le produit. Et donc, il y a une sorte d'hybridation, on va dire, entre les deux. Ça, c'est vraiment très intéressant. Alors maintenant, je vous propose de passer... à l'instant fromage ou dessert.

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Christian

    Vous préféreriez renaître dans le passé ou dans le futur ?

  • Lucille

    Moi, je trouve que là, dans le moment présent, on est bien à échanger avec toi.

  • Christian

    C'est génial, c'est le présent. Vous êtes plutôt sur le travail ou sur les vacances ?

  • Lucille

    Travail. Boulot, boulot, boulot.

  • Christian

    Donc pas de vacances ?

  • Emilie

    On prend des vacances et d'ailleurs, on en prend souvent en partie ensemble. Mais là, on est en lancement d'une activité. Donc on prendra des vacances plus tard.

  • Christian

    Alors liée, vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Lucille

    C'est pareil que travail et vacances, tout est quand même assez noué. On est sœurs, on travaille ensemble, donc ancrée c'est au milieu de nos vies. On se garde bien sûr chacune un espace personnel, mais il y a quand même la vie professionnelle qui est au milieu de tout ça.

  • Christian

    On va dire la vie métier, parce que vous faites plus qu'une profession, c'est un métier que vous incarnez. Vous êtes plutôt tant que... court ou temps long ?

  • Lucille

    De tempérament plutôt impatient, mais on apprend aussi dans le métier qu'il faut savoir se donner la patience parce qu'on a souvent des jolies surprises au rendez-vous.

  • Christian

    Le temps fait beaucoup de choses, certainement. Sur votre engagement, c'est-à-dire on sent qu'à travers même la rencontre d'un certain nombre de personnes, vous arrivez à conjuguer à travers l'humain et le produit de nouvelles choses. A votre avis, quelle est la nature de la relation qui peut faire bouger les choses dans notre société ?

  • Emilie

    C'est avant tout une relation, on y revient, de confiance. En fait, si on prend l'exemple au sein du Collège Culinaire de France, on sait que l'ensemble des acteurs, qu'ils soient restaurateurs ou producteurs, partagent les mêmes valeurs. C'est la raison pour laquelle on est tous réunis autour de ce collectif. Et donc ce qui est pratique, c'est qu'on gagne un temps phénoménal à s'aligner sur ces valeurs. puisqu'on les partage déjà. Et donc toute la bande passante qu'on a, elle est au service de nouvelles idées, de nouveaux tests, de nouvelles actions. Et donc ça permet d'avoir une sorte de collaboration avec un effet démultiplié assez rapidement, qui est hyper agréable.

  • Christian

    Comment vous comptez, enfin, vous prévoyez de vous développer ? Vous allez engager des personnes en fonction de votre développement ?

  • Lucille

    Oui, oui, l'idée bien sûr c'est de pouvoir structurer. Aujourd'hui on est sur tous les fronts, à la fois le sourcing, la fabrication et la vente des produits. On aimerait pouvoir sur l'année 2025 être accompagnés, notamment sur la partie production. Donc, recruter quelqu'un qui puisse nous aider sur la fabrication même des produits.

  • Christian

    Et comment vous pensez aborder justement ce recrutement ? C'est-à-dire, comment vous pensez intégrer une personne ou plusieurs personnes ? En leur proposant quoi, indépendamment d'une rémunération, bien sûr ?

  • Lucille

    Eh bien, tout simplement, d'adhérer à un projet aussi, à une vision. Le fait de pouvoir faire avancer la gastronomie française dans... une direction plus végétale. C'est avant tout quelqu'un qui doit le sentir, qui doit avoir des vraies convictions. Le profil, au final, de la personne n'est pas tellement le point d'orgue. C'est plutôt l'adhésion à un projet, à une vision et à l'envie de faire bouger les choses.

  • Christian

    C'est plus une personne que vous voulez recruter que quelqu'un qui a une compétence particulière. Comment vous ressentez, dans vos générations, ce que vous portez, vous ? Vous voyez autour de vous beaucoup de jeunes générations qui sont là-dessus ou pas ?

  • Emilie

    Alors oui, il y a une tendance qui est de plus en plus marquée sur l'attention qui est portée à la qualité de l'alimentation, à la diversité de l'alimentation. Il y a des extrêmes dans tous les sens, bien sûr. C'est en partie lié à la génération, mais on observe nous plutôt une tendance générale qui n'est pas forcément liée à l'âge, mais plutôt à une prise de conscience collective, progressive, pour amener une alimentation plus végétale, plus vertueuse, plus respectueuse de notre santé. C'est porté en partie par les jeunes générations qui sont peut-être un peu plus sensibilisées.

  • Christian

    C'est au cœur, évidemment, de ce que vous développez au collège, puisque parallèlement au collège, s'est développée une association qui s'appelle Manger Citoyens pour sensibiliser, justement, les citoyens. Et tu disais tout à l'heure, Lucille, la difficulté aussi, c'est que quand on innove comme ça, il faut arriver à faire comprendre, il faut arriver... Donc, il y a une forme de pédagogie, mais la pédagogie aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ? C'est d'intégrer les gens dans une passion, dans une cause. Donc, comment est-ce que vous pensez sensibiliser les citoyens qui vous entourent à cette démarche-là ?

  • Lucille

    Effectivement, si jamais on prend le cas d'une dégustation de produits comme les nœuds, déjà la dégustation est une étape importante. On parle de produits alimentaires, on parle de goût. Évidemment, tout le monde n'a pas les mêmes et fort heureusement, c'est ce qui crée de la diversité. Mais l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner le consommateur dans une découverte et... parfois aussi réussir à mettre des mots sur un produit, un goût ou une texture qu'il n'avait pas forcément eu l'occasion de rencontrer par le passé. Et ça nous arrive souvent. On a des très très belles surprises de dégustation quand les consommateurs goûtent pour la première fois. Ça participe à la fois du produit, bien sûr, parce que sans produit, sans goût, le goût, L'ensemble s'effondre, mais de l'histoire qui peut être aussi racontée autour des produits. La pédagogie, elle se fait bien sûr par la dégustation, mais aussi par tout ce qui l'entoure par rapport aux enjeux, aux matières premières, de tout ce dont on vient de parler. Et c'est aussi pour ça que c'est très important pour nous de continuer d'aller à la rencontre de nos consommateurs. On a encore aujourd'hui beaucoup de rendez-vous en direct, d'événements, de foires gastronomiques. Et on aime avoir ce contact direct parce qu'on a aussi les retours immédiats des personnes qui découvrent pour la première fois la marque et les produits.

  • Christian

    Alors Lucille, Émilie, manifestement, nos auditeurs vont le ressentir, vous êtes passionnée et engagée. Alors maintenant, je vais vous proposer d'ouvrir le pot de moutarde.

  • Speaker #0

    La moutarde, me montonnez.

  • Christian

    Alors le pot de moutarde, qu'est-ce que c'est ? C'est le coup de gueule sur quelque chose sur lequel vous aimeriez donner un avis ou donner votre conviction.

  • Emilie

    Le cil.

  • Lucille

    Oui, vous êtes tombé avec la bonne personne. Le coup de gueule qu'on a, c'est par rapport justement au manque de transparence qu'on peut rencontrer parfois, notamment sur des métiers d'artisanat. Ça nous arrive souvent, on fait du coup beaucoup d'événements. Et c'est vrai que ce qui nous met en colère, il faut le dire, c'est les profils qui peuvent se prévaloir de créer quelque chose, alors qu'en fait, ils ne créent rien. Il n'y a pas forcément des exemples, on en a plein, ce n'est pas forcément le but, mais c'est important de pouvoir valoriser un travail, valoriser un métier, valoriser des compétences. Et en fait, c'est vrai que sur beaucoup d'événements qu'on peut faire, on voit des personnes qui sont de simples vendeurs. Donc en fait, il n'y a pas de souci à l'être. Par contre, il y a un souci quant au fait de mentir aux personnes qui achètent des produits qui, eux, pensent être de qualité, fabriqués artisanalement, selon une tradition, qui en fait de ça sortent d'usines. à l'étranger, à importer.

  • Christian

    C'est passionnant, on voit toujours, mais ça vous le défendez beaucoup au Collège Culière de France, qu'on va chercher la personne d'abord derrière le personnage qui nous permet effectivement d'atteindre une certaine vérité. Écoutez, merci, merci Émilie, merci Lucille. Allez, en toute confidence avant de nous quitter, est-ce que vous auriez en tête une bonne adresse de restaurant ou un producteur qui vous tiendrait à cœur, que vous conseilleriez à nos auditeurs ?

  • Emilie

    Alors, une bonne adresse, on pense à l'Astrolab, à La Rochelle, qui est membre du collège culinaire d'ailleurs.

  • Christian

    Qui est un restaurant ?

  • Emilie

    Un restaurant dans le centre-ville et un producteur, on en parlait tout à l'heure, Adriano Panevivo.

  • Christian

    Qui va bientôt être interviewé par nous également. qui est aussi un passionné sur une vérité produit extraordinaire. Est-ce que vous connaissez, Émilie Lucille, Aurélien Lachjul-Yarias ? J'ai toujours du mal à prononcer son nom et il m'en excusera. C'est un chef du restaurant Nectar à Paris, dans le 9e arrondissement. Et il fait partie de cette nouvelle génération de chefs qui insufflent un vent nouveau. et nous aurons le plaisir de le recevoir dans le prochain épisode de La Terre à la Sienne, qui sortira dans 15 jours. Donc, un épisode aussi à ne pas manquer sous aucun prétexte. Merci à vous !

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Sienne, le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

Description

Dans cet épisode, nous partons à la rencontre d’Émilie et Lucile Battafarano, fondatrices d’Ancrée,une entreprise audacieuse qui a transformé la simple graine de chia en un véritable caviar végétal.

Ces deux sœurs passionnées nous livrent leur vision d’une cuisine responsable et innovante, entre respect des matières premières, créativité culinaire, et ancrage territorial.

Un épisode captivant où l’excellence du produit rencontre l’exemplarité des artisans.

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Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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En cuisine :

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Illustration servie par Hugo Girard

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'Assiette.

  • Christian

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode de La Terre à l'Assiette. Elles sont passionnées par l'univers de la gastronomie artisanale. Elles ont renversé la cuisine des graines de chia. Vous savez, cette graine comestible qu'on utilise dans les desserts. Eh bien, elles en ont fait un produit gastronomique, un caviar végétal. Et derrière cette création... Il y a deux sœurs, Émilie et Lucille Battafarano, un duo de chocs reconnus par le collège fuyard de France. Ensemble, elles ont créé la société Ancré, un don qui attise la curiosité. Ça tombe bien, elles vont nous expliquer pourquoi ce choix et quelles sont les convictions qui les ont poussées à se lancer dans cette incroyable aventure. Vous allez voir, elles sont étonnantes.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Regouby.

  • Christian

    Émilie, Lucille, racontez-nous un petit peu ce projet, comment vous vous définissez dans ce projet, à partir de quelles convictions ?

  • Emilie

    Ancré, c'est un condiment gastronomique, avant tout, qui, quand il est utilisé à l'apéritif, peut faire office de caviar végétal, mais c'est un condiment gastronomique qui, comme une bonne moutarde ou une sauce, peut être utilisé en entrée, en plat, en dessert. Et ce qui nous tient à cœur avec Lucille, qui est... en manœuvre aux cuisines, c'est de travailler avec des produits de qualité, on en reparlera tout à l'heure, dans l'élaboration de cette recette, pour à la fois se faire plaisir et bien manger.

  • Christian

    D'accord, alors qu'est-ce qui est venu ? Pourquoi, Lucille, quand tu as développé ta passion, ton savoir de chef, pourquoi tu es partie sur une innovation comme ça, plutôt qu'être dans une cuisine plus classique ?

  • Lucille

    J'avais à cœur de pouvoir offrir un... produit de bouche, un produit gastronomique qui puisse élargir la palette des chefs en cuisine. La notion de condiment, elle est très importante quand on travaille en cuisine. C'est ce qui permet parfois de sublimer un plat ou de lui donner une nouvelle direction. Et dans la construction de la recette, il était très important pour moi, quand je l'ai développée, d'abord travailler les algues. Tout simplement parce que c'est un ingrédient qu'on considère comme un ingrédient du futur. Ça ne nécessite pas d'eau douce pour être cultivé. Et en plus, c'est un produit santé avec beaucoup de bienfaits. Donc, je trouvais tout cet aspect produit de la mer très, très intéressant. Surtout qu'il y a des algues différentes. Donc, on peut vraiment aller chercher une palette aromatique assez riche sur l'algue et apporter un côté iodé, ce qui est assez complexe quand on n'est pas sur un produit carné de la mer. Ça, c'était la première base de la réflexion de la recette. Et la deuxième, c'était autour de la graine de chia, tout simplement parce que c'est considéré comme un super aliment. Mais aujourd'hui, on l'utilise plutôt de manière fonctionnelle. C'est-à-dire qu'on l'utilise pour ses bienfaits, mais on fait complètement abstraction de ce qu'elle peut offrir. Et c'est en fait une graine qui a la particularité d'avoir une texture absolument sublime. Et donc du coup, c'est vraiment la rencontre de ces deux ingrédients qui ont donné naissance à cette recette.

  • Christian

    On voit bien, c'est passionnant cette aventure. Mais en amont de ça... Qu'est-ce qui vous a motivé à rentrer dans cet univers de la gastronomie ? Parce que vous êtes une nouvelle génération, vous pourriez avoir d'autres passions. Ça semble être une passion la gastronomie, indépendamment de la passion vraiment très précise pour la graine d'olfière.

  • Lucille

    Oui, tout à fait. Pour le coup, sur l'ensemble de mon parcours, moi j'ai passé mon CAP cuisine il y a un an et demi maintenant, donc j'avais vraiment à cœur de pouvoir apprendre ce qu'était la gastronomie française. Ça me semble aujourd'hui presque essentiel quand on propose un produit de bouche, de pouvoir avoir des bases et des connaissances et un langage quand on s'adresse à des chefs, qu'importe la nature de leur établissement. Mais j'ai quand même fait le choix de pouvoir offrir un produit supplémentaire aux chefs plutôt que d'être en cuisine. On l'est quand même, par ailleurs, on fait pas mal d'activités qui sont toujours liées à la cuisine. des animations, des ateliers, des cours. On a un service traiteur aussi à côté, en seconde activité. Mais voilà, le cœur du projet, c'était vraiment de pouvoir démocratiser le végétal, prouver que le végétal peut être à la fois goûtu et gastronomique.

  • Christian

    Et d'ailleurs, vous êtes reconnue au Collège Culière de France récemment. Qu'est-ce que c'est pour vous un artisan militant de la qualité ?

  • Emilie

    Alors c'est vrai, sur la première question que tu poses, on a toujours bien aimé manger et manger bien. Depuis toute petite, on a été sensibilisé aux enjeux de transition alimentaire, de par la carrière de notre père qui a travaillé en restauration commerciale puis collective. Donc on est sensible à l'ensemble de ces enjeux. Et on a eu l'occasion, alors pas tous les matins non plus, mais l'occasion de goûter ou d'être à de belles tables. Et on s'est vite rendu compte que c'était quelque chose qui, à titre personnel, nous faisait plaisir. On aime bien passer beaucoup, beaucoup de temps à table. Et donc, quand Lucille s'est lancée dans une carrière entrepreneuriale, ça a été comme une évidence que ce soit dans l'univers de l'alimentaire et plus spécifiquement dans l'univers de la gastronomie.

  • Christian

    Par rapport à ça, vous voyez l'univers de la gastronomie en ce qui vous concerne ? justement avec vos yeux de cette génération qui monte. Quelles sont vos convictions profondes par rapport à la gastronomie en général ?

  • Emilie

    Aujourd'hui, la gastronomie française est reconnue. Elle a fait ses preuves. Et on sent qu'il y a un mouvement qui s'amorce pour la faire évoluer dans le bon sens des choses. C'est un mouvement qui prend du temps. On est là, on est parti pour plusieurs années.

  • Christian

    C'est quoi le bon sens ?

  • Emilie

    C'est une gastronomie qui évolue avec son époque. qui introduit plus de végétales, qui respecte les matières premières qui sont utilisées, qui respecte les consommateurs qui en bénéficient, sans pour autant oublier son ancrage, qui a fait d'elle sa renommée depuis des années. D'où l'entrée,

  • Christian

    l'entrée, l'entrée, votre météo-cré.

  • Emilie

    C'est le petit clin d'œil, effectivement, à cette gastronomie française qui reste ancrée dans ses fondations et dans ce qui fait d'elle, aujourd'hui, la gastronomie française. Pour autant, les consommateurs ont des attentes qui évoluent. On a un contexte environnemental qui évolue et la gastronomie, comme plein d'autres secteurs, doit en tenir compte également.

  • Christian

    On va y revenir parce que la notion de territoire, d'ancrage, est un élément important de votre parcours et de vos convictions. Mais avant, on va faire un petit détour par ce qu'on appelle Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Christian

    Si vous étiez aussi chacune, parce que c'est... c'est peut-être différent, un animal, ça serait quoi Lucille ?

  • Lucille

    Une tortue.

  • Christian

    Une tortue ? Oui. D'accord. Et toi peut-être un lièvre, non ?

  • Emilie

    Probablement, dans la répartition des rôles.

  • Christian

    D'accord, c'est génial. Et si vous étiez une saison ?

  • Lucille

    Le printemps, parce que c'est vraiment la période où tout se met à fleurir, où les fruits et légumes poussent, c'est vraiment une saison magnifique.

  • Christian

    Un des cinq sens ?

  • Emilie

    Le goût.

  • Christian

    Bien évidemment. Un pays ?

  • Lucille

    Très probablement la France, parce que c'est là où on est implanté, mais aussi l'Italie, de par nos origines.

  • Christian

    Votre papa est italien ? Oui. Votre maman aussi ?

  • Emilie

    Non, elle est salinaise.

  • Christian

    Alors voilà, c'est un mix entre les deux. Quel est le plat que vous auriez incarné ?

  • Emilie

    Le gratin dauphinois.

  • Christian

    Gratin dauphinois ?

  • Emilie

    Il le fait super bien.

  • Lucille

    Oui, c'est un plat réconfort que j'adore faire à la maison.

  • Christian

    Une boisson ?

  • Emilie

    Une petite bulle, fine, légère. pour accompagner un moment de dégustation.

  • Christian

    Que ce soit champagne ou que ce soit Prosecco.

  • Lucille

    Par exemple.

  • Christian

    Alors maintenant, on va passer aussi à cette notion un petit peu de l'importance pour vous de la transparence dans tout ce que vous faites. Pas simplement dans les produits, mais dans la relation. Ça évoque quoi pour vous la notion de transparence ?

  • Emilie

    Quand on pense à transparence, on pense tout de suite à confiance. En fait... On ne peut pas demander à des consommateurs d'avoir confiance dans nos produits si on n'est pas honnête avec eux sur la façon dont on les prépare. Et c'est normal, on parle d'alimentation, on parle d'un acte qui se répète tous les jours, plusieurs fois par jour. Ça a un impact sur notre santé. Donc la notion de confiance est hyper importante vis-à-vis des consommateurs, vis-à-vis des chefs avec lesquels on travaille. C'est une notion sur laquelle... Voilà, on base vraiment l'ensemble de nos réflexions.

  • Christian

    Comment, puisque vous avez été sélectionné au Collège Juillet de France, comment vous vivez le fait de devenir artisan militant de la qualité ? Ça veut dire quoi pour vous ?

  • Lucille

    Dans artisan militant de la qualité, il y a trois mots-clés. Il y a artisan, déjà. Ça, c'est les bases qu'on a posées depuis le début. On est très attaché au fait de pouvoir fabriquer avec nos mains un produit. Ensuite, il y a qualité, bien sûr, et ça, ça participe du travail qu'on fait au quotidien, à la fois sur la recherche des matières premières qu'on utilise, la perfection constante des recettes qu'on développe ou qu'on met au point. Et puis après, il y a la notion de militantisme qui, à mon sens, est vraiment le point d'orgue du collège aussi, c'est-à-dire s'engager au quotidien dans nos actions, dans les rencontres qu'on peut faire. pour aller prêcher cette parole et vraiment remettre le bien manger au centre de la table, tout simplement.

  • Christian

    Alors, c'est peut-être pour ça que vous définissez au collège que vous n'êtes pas un label. Vous êtes plutôt une appellation ou de la défense d'une cause. C'est ça.

  • Emilie

    Exactement. En fait, dans la notion de label, et c'est important, il en faut des labels, ça donne des points de repère aux consommateurs, mais c'est basé sur des critères. Et le... Le problème qu'on peut avoir, c'est qu'une fois que la liste des critères est établie, on ne se pose plus la question et on avance tête baissée. Avec la notion d'appellation ou de reconnaissance, c'est plutôt un état d'esprit qui du coup est ancré dans la façon de voir les choses, dans la façon de mener des actions, dans la façon de prendre des décisions. Et donc c'est une remise en question permanente qui permet une plus grande ouverture d'esprit, à notre sens.

  • Christian

    J'admire ta façon de remettre en avant toujours la société, ancrée. Pour développer cette passion et ce métier, quels sont les obstacles que vous avez à surmonter ?

  • Lucille

    Alors les obstacles dans l'entrepreneuriat, il y en a vraiment au quotidien, mais heureusement qu'il y a aussi de très belles réussites. L'obstacle auquel on est souvent confronté, c'est qu'on est sur une offre de produits qui est vraiment nouvelle. Donc qui dit nouveaux produits dit aussi pédagogie. Donc il faut qu'on accompagne à la fois les consommateurs, mais parfois aussi les chefs. sur des nouveaux usages. Donc ça, ça représente à la fois un obstacle et une opportunité, bien sûr, parce que ça nous permet de faire découvrir des nouvelles saveurs, une nouvelle texture, et d'ouvrir le champ des possibles sur une nouvelle consommation de produits. Mais ça, ça peut faire partie des obstacles qu'on rencontre. En revanche, pour les fiertés, il y en a beaucoup. On a l'occasion de rencontrer beaucoup de personnes qui... qui se prête au jeu de la dégustation, notamment des grands chefs. Et j'ai en tête évidemment Alain Ducasse, qu'on a eu l'occasion de rencontrer récemment et qui a d'ailleurs apprécié les produits puisqu'il en a parlé à l'ensemble de ses chefs.

  • Christian

    Dans cette recherche permanente de l'innovation, on met à partir de la vérité des produits et de la vérité des artisans qui sont derrière ces produits. Comme vous dites souvent que derrière chaque produit, il y a un visage. Et c'est là où ça incarne vraiment les valeurs que vous défendez. Parlez-nous un petit peu de cette notion de territoire et de proximité, parce qu'en plus, vous êtes originaire, bien sûr, d'Italie, bien sûr, de la France, mais de Malakoff. Et Malakoff, d'après ce que l'on sait, c'est votre ancrage aussi, en termes même de production, voire même de ressources.

  • Emilie

    Exactement. En fait, avec Lucille, on a grandi dans les Hauts-de-Seine. Donc quand il a été question d'implanter la société, ça s'est naturellement fait sur ces territoires-là. Aujourd'hui, notre cuisine dans laquelle on fabrique l'ensemble des produits est à Malakoff, comme tu dis, et on a à cœur de travailler avec des produits qu'on source en circuit court et en direct. C'est évidemment le cas de la graine de chia, qui est francilienne. Donc on travaille en direct avec une ferme basée à quelques kilomètres du lieu de fabrication. On n'a pas encore d'algues en Ile-de-France, pas comestibles en tout cas, donc elles viennent de Bretagne, mais pareil on les achète en direct auprès d'un algoculteur. Et c'est le cas pour l'ensemble de nos décisions quand il s'agit de sourcer des matières premières.

  • Christian

    Que vous avez rencontré vraisemblablement ?

  • Emilie

    Alors un des producteurs d'algues, on a rencontré une partie de son équipe et la ferme, oui on connaît bien le couple qui est en charge de la production.

  • Christian

    Donc Proximité c'est une de vos... une de vos devises, parce que ça permet quoi cette proximité ?

  • Emilie

    Ça permet déjà de nouer une relation humaine avec les partenaires avec lesquels on travaille. C'est vrai pour les fournisseurs et c'est vrai pour les revendeurs. Nos produits sont disponibles en épicerie fine, par exemple. Et donc, je pense à un partenaire qui est basé à Clamart. On fait encore aujourd'hui des livraisons en direct. On prend toujours le temps d'un café avec lui pour qu'il nous partage ses nouveautés. Et donc cette relation de proximité, de confiance, de relation, elle est hyper importante. C'est le cas en dehors du collège et c'est aussi le cas au sein du Collège Culinaire de France. On a notamment monté une collaboration avec Maxime de Brume, qui élabore des vins à base de chanvre. Le chanvre, pour lui, c'est un déchet. On s'est rencontrés, en termes de personnalité, avant tout, ça a matché. Et donc, on a décidé de lancer un coproduit. C'est un condiment ancré à base de chanvre brumant.

  • Christian

    C'est génial. Ça veut dire que la rencontre agit sur le produit. C'est vraiment l'interférence entre l'humain et le produit. Et donc, il y a une sorte d'hybridation, on va dire, entre les deux. Ça, c'est vraiment très intéressant. Alors maintenant, je vous propose de passer... à l'instant fromage ou dessert.

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Christian

    Vous préféreriez renaître dans le passé ou dans le futur ?

  • Lucille

    Moi, je trouve que là, dans le moment présent, on est bien à échanger avec toi.

  • Christian

    C'est génial, c'est le présent. Vous êtes plutôt sur le travail ou sur les vacances ?

  • Lucille

    Travail. Boulot, boulot, boulot.

  • Christian

    Donc pas de vacances ?

  • Emilie

    On prend des vacances et d'ailleurs, on en prend souvent en partie ensemble. Mais là, on est en lancement d'une activité. Donc on prendra des vacances plus tard.

  • Christian

    Alors liée, vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Lucille

    C'est pareil que travail et vacances, tout est quand même assez noué. On est sœurs, on travaille ensemble, donc ancrée c'est au milieu de nos vies. On se garde bien sûr chacune un espace personnel, mais il y a quand même la vie professionnelle qui est au milieu de tout ça.

  • Christian

    On va dire la vie métier, parce que vous faites plus qu'une profession, c'est un métier que vous incarnez. Vous êtes plutôt tant que... court ou temps long ?

  • Lucille

    De tempérament plutôt impatient, mais on apprend aussi dans le métier qu'il faut savoir se donner la patience parce qu'on a souvent des jolies surprises au rendez-vous.

  • Christian

    Le temps fait beaucoup de choses, certainement. Sur votre engagement, c'est-à-dire on sent qu'à travers même la rencontre d'un certain nombre de personnes, vous arrivez à conjuguer à travers l'humain et le produit de nouvelles choses. A votre avis, quelle est la nature de la relation qui peut faire bouger les choses dans notre société ?

  • Emilie

    C'est avant tout une relation, on y revient, de confiance. En fait, si on prend l'exemple au sein du Collège Culinaire de France, on sait que l'ensemble des acteurs, qu'ils soient restaurateurs ou producteurs, partagent les mêmes valeurs. C'est la raison pour laquelle on est tous réunis autour de ce collectif. Et donc ce qui est pratique, c'est qu'on gagne un temps phénoménal à s'aligner sur ces valeurs. puisqu'on les partage déjà. Et donc toute la bande passante qu'on a, elle est au service de nouvelles idées, de nouveaux tests, de nouvelles actions. Et donc ça permet d'avoir une sorte de collaboration avec un effet démultiplié assez rapidement, qui est hyper agréable.

  • Christian

    Comment vous comptez, enfin, vous prévoyez de vous développer ? Vous allez engager des personnes en fonction de votre développement ?

  • Lucille

    Oui, oui, l'idée bien sûr c'est de pouvoir structurer. Aujourd'hui on est sur tous les fronts, à la fois le sourcing, la fabrication et la vente des produits. On aimerait pouvoir sur l'année 2025 être accompagnés, notamment sur la partie production. Donc, recruter quelqu'un qui puisse nous aider sur la fabrication même des produits.

  • Christian

    Et comment vous pensez aborder justement ce recrutement ? C'est-à-dire, comment vous pensez intégrer une personne ou plusieurs personnes ? En leur proposant quoi, indépendamment d'une rémunération, bien sûr ?

  • Lucille

    Eh bien, tout simplement, d'adhérer à un projet aussi, à une vision. Le fait de pouvoir faire avancer la gastronomie française dans... une direction plus végétale. C'est avant tout quelqu'un qui doit le sentir, qui doit avoir des vraies convictions. Le profil, au final, de la personne n'est pas tellement le point d'orgue. C'est plutôt l'adhésion à un projet, à une vision et à l'envie de faire bouger les choses.

  • Christian

    C'est plus une personne que vous voulez recruter que quelqu'un qui a une compétence particulière. Comment vous ressentez, dans vos générations, ce que vous portez, vous ? Vous voyez autour de vous beaucoup de jeunes générations qui sont là-dessus ou pas ?

  • Emilie

    Alors oui, il y a une tendance qui est de plus en plus marquée sur l'attention qui est portée à la qualité de l'alimentation, à la diversité de l'alimentation. Il y a des extrêmes dans tous les sens, bien sûr. C'est en partie lié à la génération, mais on observe nous plutôt une tendance générale qui n'est pas forcément liée à l'âge, mais plutôt à une prise de conscience collective, progressive, pour amener une alimentation plus végétale, plus vertueuse, plus respectueuse de notre santé. C'est porté en partie par les jeunes générations qui sont peut-être un peu plus sensibilisées.

  • Christian

    C'est au cœur, évidemment, de ce que vous développez au collège, puisque parallèlement au collège, s'est développée une association qui s'appelle Manger Citoyens pour sensibiliser, justement, les citoyens. Et tu disais tout à l'heure, Lucille, la difficulté aussi, c'est que quand on innove comme ça, il faut arriver à faire comprendre, il faut arriver... Donc, il y a une forme de pédagogie, mais la pédagogie aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ? C'est d'intégrer les gens dans une passion, dans une cause. Donc, comment est-ce que vous pensez sensibiliser les citoyens qui vous entourent à cette démarche-là ?

  • Lucille

    Effectivement, si jamais on prend le cas d'une dégustation de produits comme les nœuds, déjà la dégustation est une étape importante. On parle de produits alimentaires, on parle de goût. Évidemment, tout le monde n'a pas les mêmes et fort heureusement, c'est ce qui crée de la diversité. Mais l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner le consommateur dans une découverte et... parfois aussi réussir à mettre des mots sur un produit, un goût ou une texture qu'il n'avait pas forcément eu l'occasion de rencontrer par le passé. Et ça nous arrive souvent. On a des très très belles surprises de dégustation quand les consommateurs goûtent pour la première fois. Ça participe à la fois du produit, bien sûr, parce que sans produit, sans goût, le goût, L'ensemble s'effondre, mais de l'histoire qui peut être aussi racontée autour des produits. La pédagogie, elle se fait bien sûr par la dégustation, mais aussi par tout ce qui l'entoure par rapport aux enjeux, aux matières premières, de tout ce dont on vient de parler. Et c'est aussi pour ça que c'est très important pour nous de continuer d'aller à la rencontre de nos consommateurs. On a encore aujourd'hui beaucoup de rendez-vous en direct, d'événements, de foires gastronomiques. Et on aime avoir ce contact direct parce qu'on a aussi les retours immédiats des personnes qui découvrent pour la première fois la marque et les produits.

  • Christian

    Alors Lucille, Émilie, manifestement, nos auditeurs vont le ressentir, vous êtes passionnée et engagée. Alors maintenant, je vais vous proposer d'ouvrir le pot de moutarde.

  • Speaker #0

    La moutarde, me montonnez.

  • Christian

    Alors le pot de moutarde, qu'est-ce que c'est ? C'est le coup de gueule sur quelque chose sur lequel vous aimeriez donner un avis ou donner votre conviction.

  • Emilie

    Le cil.

  • Lucille

    Oui, vous êtes tombé avec la bonne personne. Le coup de gueule qu'on a, c'est par rapport justement au manque de transparence qu'on peut rencontrer parfois, notamment sur des métiers d'artisanat. Ça nous arrive souvent, on fait du coup beaucoup d'événements. Et c'est vrai que ce qui nous met en colère, il faut le dire, c'est les profils qui peuvent se prévaloir de créer quelque chose, alors qu'en fait, ils ne créent rien. Il n'y a pas forcément des exemples, on en a plein, ce n'est pas forcément le but, mais c'est important de pouvoir valoriser un travail, valoriser un métier, valoriser des compétences. Et en fait, c'est vrai que sur beaucoup d'événements qu'on peut faire, on voit des personnes qui sont de simples vendeurs. Donc en fait, il n'y a pas de souci à l'être. Par contre, il y a un souci quant au fait de mentir aux personnes qui achètent des produits qui, eux, pensent être de qualité, fabriqués artisanalement, selon une tradition, qui en fait de ça sortent d'usines. à l'étranger, à importer.

  • Christian

    C'est passionnant, on voit toujours, mais ça vous le défendez beaucoup au Collège Culière de France, qu'on va chercher la personne d'abord derrière le personnage qui nous permet effectivement d'atteindre une certaine vérité. Écoutez, merci, merci Émilie, merci Lucille. Allez, en toute confidence avant de nous quitter, est-ce que vous auriez en tête une bonne adresse de restaurant ou un producteur qui vous tiendrait à cœur, que vous conseilleriez à nos auditeurs ?

  • Emilie

    Alors, une bonne adresse, on pense à l'Astrolab, à La Rochelle, qui est membre du collège culinaire d'ailleurs.

  • Christian

    Qui est un restaurant ?

  • Emilie

    Un restaurant dans le centre-ville et un producteur, on en parlait tout à l'heure, Adriano Panevivo.

  • Christian

    Qui va bientôt être interviewé par nous également. qui est aussi un passionné sur une vérité produit extraordinaire. Est-ce que vous connaissez, Émilie Lucille, Aurélien Lachjul-Yarias ? J'ai toujours du mal à prononcer son nom et il m'en excusera. C'est un chef du restaurant Nectar à Paris, dans le 9e arrondissement. Et il fait partie de cette nouvelle génération de chefs qui insufflent un vent nouveau. et nous aurons le plaisir de le recevoir dans le prochain épisode de La Terre à la Sienne, qui sortira dans 15 jours. Donc, un épisode aussi à ne pas manquer sous aucun prétexte. Merci à vous !

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Sienne, le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

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Description

Dans cet épisode, nous partons à la rencontre d’Émilie et Lucile Battafarano, fondatrices d’Ancrée,une entreprise audacieuse qui a transformé la simple graine de chia en un véritable caviar végétal.

Ces deux sœurs passionnées nous livrent leur vision d’une cuisine responsable et innovante, entre respect des matières premières, créativité culinaire, et ancrage territorial.

Un épisode captivant où l’excellence du produit rencontre l’exemplarité des artisans.

Préparez-vous à redécouvrir le végétal sous un nouveau jour !


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo dans le 17éme arrondissement de Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'Assiette.

  • Christian

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode de La Terre à l'Assiette. Elles sont passionnées par l'univers de la gastronomie artisanale. Elles ont renversé la cuisine des graines de chia. Vous savez, cette graine comestible qu'on utilise dans les desserts. Eh bien, elles en ont fait un produit gastronomique, un caviar végétal. Et derrière cette création... Il y a deux sœurs, Émilie et Lucille Battafarano, un duo de chocs reconnus par le collège fuyard de France. Ensemble, elles ont créé la société Ancré, un don qui attise la curiosité. Ça tombe bien, elles vont nous expliquer pourquoi ce choix et quelles sont les convictions qui les ont poussées à se lancer dans cette incroyable aventure. Vous allez voir, elles sont étonnantes.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Regouby.

  • Christian

    Émilie, Lucille, racontez-nous un petit peu ce projet, comment vous vous définissez dans ce projet, à partir de quelles convictions ?

  • Emilie

    Ancré, c'est un condiment gastronomique, avant tout, qui, quand il est utilisé à l'apéritif, peut faire office de caviar végétal, mais c'est un condiment gastronomique qui, comme une bonne moutarde ou une sauce, peut être utilisé en entrée, en plat, en dessert. Et ce qui nous tient à cœur avec Lucille, qui est... en manœuvre aux cuisines, c'est de travailler avec des produits de qualité, on en reparlera tout à l'heure, dans l'élaboration de cette recette, pour à la fois se faire plaisir et bien manger.

  • Christian

    D'accord, alors qu'est-ce qui est venu ? Pourquoi, Lucille, quand tu as développé ta passion, ton savoir de chef, pourquoi tu es partie sur une innovation comme ça, plutôt qu'être dans une cuisine plus classique ?

  • Lucille

    J'avais à cœur de pouvoir offrir un... produit de bouche, un produit gastronomique qui puisse élargir la palette des chefs en cuisine. La notion de condiment, elle est très importante quand on travaille en cuisine. C'est ce qui permet parfois de sublimer un plat ou de lui donner une nouvelle direction. Et dans la construction de la recette, il était très important pour moi, quand je l'ai développée, d'abord travailler les algues. Tout simplement parce que c'est un ingrédient qu'on considère comme un ingrédient du futur. Ça ne nécessite pas d'eau douce pour être cultivé. Et en plus, c'est un produit santé avec beaucoup de bienfaits. Donc, je trouvais tout cet aspect produit de la mer très, très intéressant. Surtout qu'il y a des algues différentes. Donc, on peut vraiment aller chercher une palette aromatique assez riche sur l'algue et apporter un côté iodé, ce qui est assez complexe quand on n'est pas sur un produit carné de la mer. Ça, c'était la première base de la réflexion de la recette. Et la deuxième, c'était autour de la graine de chia, tout simplement parce que c'est considéré comme un super aliment. Mais aujourd'hui, on l'utilise plutôt de manière fonctionnelle. C'est-à-dire qu'on l'utilise pour ses bienfaits, mais on fait complètement abstraction de ce qu'elle peut offrir. Et c'est en fait une graine qui a la particularité d'avoir une texture absolument sublime. Et donc du coup, c'est vraiment la rencontre de ces deux ingrédients qui ont donné naissance à cette recette.

  • Christian

    On voit bien, c'est passionnant cette aventure. Mais en amont de ça... Qu'est-ce qui vous a motivé à rentrer dans cet univers de la gastronomie ? Parce que vous êtes une nouvelle génération, vous pourriez avoir d'autres passions. Ça semble être une passion la gastronomie, indépendamment de la passion vraiment très précise pour la graine d'olfière.

  • Lucille

    Oui, tout à fait. Pour le coup, sur l'ensemble de mon parcours, moi j'ai passé mon CAP cuisine il y a un an et demi maintenant, donc j'avais vraiment à cœur de pouvoir apprendre ce qu'était la gastronomie française. Ça me semble aujourd'hui presque essentiel quand on propose un produit de bouche, de pouvoir avoir des bases et des connaissances et un langage quand on s'adresse à des chefs, qu'importe la nature de leur établissement. Mais j'ai quand même fait le choix de pouvoir offrir un produit supplémentaire aux chefs plutôt que d'être en cuisine. On l'est quand même, par ailleurs, on fait pas mal d'activités qui sont toujours liées à la cuisine. des animations, des ateliers, des cours. On a un service traiteur aussi à côté, en seconde activité. Mais voilà, le cœur du projet, c'était vraiment de pouvoir démocratiser le végétal, prouver que le végétal peut être à la fois goûtu et gastronomique.

  • Christian

    Et d'ailleurs, vous êtes reconnue au Collège Culière de France récemment. Qu'est-ce que c'est pour vous un artisan militant de la qualité ?

  • Emilie

    Alors c'est vrai, sur la première question que tu poses, on a toujours bien aimé manger et manger bien. Depuis toute petite, on a été sensibilisé aux enjeux de transition alimentaire, de par la carrière de notre père qui a travaillé en restauration commerciale puis collective. Donc on est sensible à l'ensemble de ces enjeux. Et on a eu l'occasion, alors pas tous les matins non plus, mais l'occasion de goûter ou d'être à de belles tables. Et on s'est vite rendu compte que c'était quelque chose qui, à titre personnel, nous faisait plaisir. On aime bien passer beaucoup, beaucoup de temps à table. Et donc, quand Lucille s'est lancée dans une carrière entrepreneuriale, ça a été comme une évidence que ce soit dans l'univers de l'alimentaire et plus spécifiquement dans l'univers de la gastronomie.

  • Christian

    Par rapport à ça, vous voyez l'univers de la gastronomie en ce qui vous concerne ? justement avec vos yeux de cette génération qui monte. Quelles sont vos convictions profondes par rapport à la gastronomie en général ?

  • Emilie

    Aujourd'hui, la gastronomie française est reconnue. Elle a fait ses preuves. Et on sent qu'il y a un mouvement qui s'amorce pour la faire évoluer dans le bon sens des choses. C'est un mouvement qui prend du temps. On est là, on est parti pour plusieurs années.

  • Christian

    C'est quoi le bon sens ?

  • Emilie

    C'est une gastronomie qui évolue avec son époque. qui introduit plus de végétales, qui respecte les matières premières qui sont utilisées, qui respecte les consommateurs qui en bénéficient, sans pour autant oublier son ancrage, qui a fait d'elle sa renommée depuis des années. D'où l'entrée,

  • Christian

    l'entrée, l'entrée, votre météo-cré.

  • Emilie

    C'est le petit clin d'œil, effectivement, à cette gastronomie française qui reste ancrée dans ses fondations et dans ce qui fait d'elle, aujourd'hui, la gastronomie française. Pour autant, les consommateurs ont des attentes qui évoluent. On a un contexte environnemental qui évolue et la gastronomie, comme plein d'autres secteurs, doit en tenir compte également.

  • Christian

    On va y revenir parce que la notion de territoire, d'ancrage, est un élément important de votre parcours et de vos convictions. Mais avant, on va faire un petit détour par ce qu'on appelle Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Christian

    Si vous étiez aussi chacune, parce que c'est... c'est peut-être différent, un animal, ça serait quoi Lucille ?

  • Lucille

    Une tortue.

  • Christian

    Une tortue ? Oui. D'accord. Et toi peut-être un lièvre, non ?

  • Emilie

    Probablement, dans la répartition des rôles.

  • Christian

    D'accord, c'est génial. Et si vous étiez une saison ?

  • Lucille

    Le printemps, parce que c'est vraiment la période où tout se met à fleurir, où les fruits et légumes poussent, c'est vraiment une saison magnifique.

  • Christian

    Un des cinq sens ?

  • Emilie

    Le goût.

  • Christian

    Bien évidemment. Un pays ?

  • Lucille

    Très probablement la France, parce que c'est là où on est implanté, mais aussi l'Italie, de par nos origines.

  • Christian

    Votre papa est italien ? Oui. Votre maman aussi ?

  • Emilie

    Non, elle est salinaise.

  • Christian

    Alors voilà, c'est un mix entre les deux. Quel est le plat que vous auriez incarné ?

  • Emilie

    Le gratin dauphinois.

  • Christian

    Gratin dauphinois ?

  • Emilie

    Il le fait super bien.

  • Lucille

    Oui, c'est un plat réconfort que j'adore faire à la maison.

  • Christian

    Une boisson ?

  • Emilie

    Une petite bulle, fine, légère. pour accompagner un moment de dégustation.

  • Christian

    Que ce soit champagne ou que ce soit Prosecco.

  • Lucille

    Par exemple.

  • Christian

    Alors maintenant, on va passer aussi à cette notion un petit peu de l'importance pour vous de la transparence dans tout ce que vous faites. Pas simplement dans les produits, mais dans la relation. Ça évoque quoi pour vous la notion de transparence ?

  • Emilie

    Quand on pense à transparence, on pense tout de suite à confiance. En fait... On ne peut pas demander à des consommateurs d'avoir confiance dans nos produits si on n'est pas honnête avec eux sur la façon dont on les prépare. Et c'est normal, on parle d'alimentation, on parle d'un acte qui se répète tous les jours, plusieurs fois par jour. Ça a un impact sur notre santé. Donc la notion de confiance est hyper importante vis-à-vis des consommateurs, vis-à-vis des chefs avec lesquels on travaille. C'est une notion sur laquelle... Voilà, on base vraiment l'ensemble de nos réflexions.

  • Christian

    Comment, puisque vous avez été sélectionné au Collège Juillet de France, comment vous vivez le fait de devenir artisan militant de la qualité ? Ça veut dire quoi pour vous ?

  • Lucille

    Dans artisan militant de la qualité, il y a trois mots-clés. Il y a artisan, déjà. Ça, c'est les bases qu'on a posées depuis le début. On est très attaché au fait de pouvoir fabriquer avec nos mains un produit. Ensuite, il y a qualité, bien sûr, et ça, ça participe du travail qu'on fait au quotidien, à la fois sur la recherche des matières premières qu'on utilise, la perfection constante des recettes qu'on développe ou qu'on met au point. Et puis après, il y a la notion de militantisme qui, à mon sens, est vraiment le point d'orgue du collège aussi, c'est-à-dire s'engager au quotidien dans nos actions, dans les rencontres qu'on peut faire. pour aller prêcher cette parole et vraiment remettre le bien manger au centre de la table, tout simplement.

  • Christian

    Alors, c'est peut-être pour ça que vous définissez au collège que vous n'êtes pas un label. Vous êtes plutôt une appellation ou de la défense d'une cause. C'est ça.

  • Emilie

    Exactement. En fait, dans la notion de label, et c'est important, il en faut des labels, ça donne des points de repère aux consommateurs, mais c'est basé sur des critères. Et le... Le problème qu'on peut avoir, c'est qu'une fois que la liste des critères est établie, on ne se pose plus la question et on avance tête baissée. Avec la notion d'appellation ou de reconnaissance, c'est plutôt un état d'esprit qui du coup est ancré dans la façon de voir les choses, dans la façon de mener des actions, dans la façon de prendre des décisions. Et donc c'est une remise en question permanente qui permet une plus grande ouverture d'esprit, à notre sens.

  • Christian

    J'admire ta façon de remettre en avant toujours la société, ancrée. Pour développer cette passion et ce métier, quels sont les obstacles que vous avez à surmonter ?

  • Lucille

    Alors les obstacles dans l'entrepreneuriat, il y en a vraiment au quotidien, mais heureusement qu'il y a aussi de très belles réussites. L'obstacle auquel on est souvent confronté, c'est qu'on est sur une offre de produits qui est vraiment nouvelle. Donc qui dit nouveaux produits dit aussi pédagogie. Donc il faut qu'on accompagne à la fois les consommateurs, mais parfois aussi les chefs. sur des nouveaux usages. Donc ça, ça représente à la fois un obstacle et une opportunité, bien sûr, parce que ça nous permet de faire découvrir des nouvelles saveurs, une nouvelle texture, et d'ouvrir le champ des possibles sur une nouvelle consommation de produits. Mais ça, ça peut faire partie des obstacles qu'on rencontre. En revanche, pour les fiertés, il y en a beaucoup. On a l'occasion de rencontrer beaucoup de personnes qui... qui se prête au jeu de la dégustation, notamment des grands chefs. Et j'ai en tête évidemment Alain Ducasse, qu'on a eu l'occasion de rencontrer récemment et qui a d'ailleurs apprécié les produits puisqu'il en a parlé à l'ensemble de ses chefs.

  • Christian

    Dans cette recherche permanente de l'innovation, on met à partir de la vérité des produits et de la vérité des artisans qui sont derrière ces produits. Comme vous dites souvent que derrière chaque produit, il y a un visage. Et c'est là où ça incarne vraiment les valeurs que vous défendez. Parlez-nous un petit peu de cette notion de territoire et de proximité, parce qu'en plus, vous êtes originaire, bien sûr, d'Italie, bien sûr, de la France, mais de Malakoff. Et Malakoff, d'après ce que l'on sait, c'est votre ancrage aussi, en termes même de production, voire même de ressources.

  • Emilie

    Exactement. En fait, avec Lucille, on a grandi dans les Hauts-de-Seine. Donc quand il a été question d'implanter la société, ça s'est naturellement fait sur ces territoires-là. Aujourd'hui, notre cuisine dans laquelle on fabrique l'ensemble des produits est à Malakoff, comme tu dis, et on a à cœur de travailler avec des produits qu'on source en circuit court et en direct. C'est évidemment le cas de la graine de chia, qui est francilienne. Donc on travaille en direct avec une ferme basée à quelques kilomètres du lieu de fabrication. On n'a pas encore d'algues en Ile-de-France, pas comestibles en tout cas, donc elles viennent de Bretagne, mais pareil on les achète en direct auprès d'un algoculteur. Et c'est le cas pour l'ensemble de nos décisions quand il s'agit de sourcer des matières premières.

  • Christian

    Que vous avez rencontré vraisemblablement ?

  • Emilie

    Alors un des producteurs d'algues, on a rencontré une partie de son équipe et la ferme, oui on connaît bien le couple qui est en charge de la production.

  • Christian

    Donc Proximité c'est une de vos... une de vos devises, parce que ça permet quoi cette proximité ?

  • Emilie

    Ça permet déjà de nouer une relation humaine avec les partenaires avec lesquels on travaille. C'est vrai pour les fournisseurs et c'est vrai pour les revendeurs. Nos produits sont disponibles en épicerie fine, par exemple. Et donc, je pense à un partenaire qui est basé à Clamart. On fait encore aujourd'hui des livraisons en direct. On prend toujours le temps d'un café avec lui pour qu'il nous partage ses nouveautés. Et donc cette relation de proximité, de confiance, de relation, elle est hyper importante. C'est le cas en dehors du collège et c'est aussi le cas au sein du Collège Culinaire de France. On a notamment monté une collaboration avec Maxime de Brume, qui élabore des vins à base de chanvre. Le chanvre, pour lui, c'est un déchet. On s'est rencontrés, en termes de personnalité, avant tout, ça a matché. Et donc, on a décidé de lancer un coproduit. C'est un condiment ancré à base de chanvre brumant.

  • Christian

    C'est génial. Ça veut dire que la rencontre agit sur le produit. C'est vraiment l'interférence entre l'humain et le produit. Et donc, il y a une sorte d'hybridation, on va dire, entre les deux. Ça, c'est vraiment très intéressant. Alors maintenant, je vous propose de passer... à l'instant fromage ou dessert.

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Christian

    Vous préféreriez renaître dans le passé ou dans le futur ?

  • Lucille

    Moi, je trouve que là, dans le moment présent, on est bien à échanger avec toi.

  • Christian

    C'est génial, c'est le présent. Vous êtes plutôt sur le travail ou sur les vacances ?

  • Lucille

    Travail. Boulot, boulot, boulot.

  • Christian

    Donc pas de vacances ?

  • Emilie

    On prend des vacances et d'ailleurs, on en prend souvent en partie ensemble. Mais là, on est en lancement d'une activité. Donc on prendra des vacances plus tard.

  • Christian

    Alors liée, vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Lucille

    C'est pareil que travail et vacances, tout est quand même assez noué. On est sœurs, on travaille ensemble, donc ancrée c'est au milieu de nos vies. On se garde bien sûr chacune un espace personnel, mais il y a quand même la vie professionnelle qui est au milieu de tout ça.

  • Christian

    On va dire la vie métier, parce que vous faites plus qu'une profession, c'est un métier que vous incarnez. Vous êtes plutôt tant que... court ou temps long ?

  • Lucille

    De tempérament plutôt impatient, mais on apprend aussi dans le métier qu'il faut savoir se donner la patience parce qu'on a souvent des jolies surprises au rendez-vous.

  • Christian

    Le temps fait beaucoup de choses, certainement. Sur votre engagement, c'est-à-dire on sent qu'à travers même la rencontre d'un certain nombre de personnes, vous arrivez à conjuguer à travers l'humain et le produit de nouvelles choses. A votre avis, quelle est la nature de la relation qui peut faire bouger les choses dans notre société ?

  • Emilie

    C'est avant tout une relation, on y revient, de confiance. En fait, si on prend l'exemple au sein du Collège Culinaire de France, on sait que l'ensemble des acteurs, qu'ils soient restaurateurs ou producteurs, partagent les mêmes valeurs. C'est la raison pour laquelle on est tous réunis autour de ce collectif. Et donc ce qui est pratique, c'est qu'on gagne un temps phénoménal à s'aligner sur ces valeurs. puisqu'on les partage déjà. Et donc toute la bande passante qu'on a, elle est au service de nouvelles idées, de nouveaux tests, de nouvelles actions. Et donc ça permet d'avoir une sorte de collaboration avec un effet démultiplié assez rapidement, qui est hyper agréable.

  • Christian

    Comment vous comptez, enfin, vous prévoyez de vous développer ? Vous allez engager des personnes en fonction de votre développement ?

  • Lucille

    Oui, oui, l'idée bien sûr c'est de pouvoir structurer. Aujourd'hui on est sur tous les fronts, à la fois le sourcing, la fabrication et la vente des produits. On aimerait pouvoir sur l'année 2025 être accompagnés, notamment sur la partie production. Donc, recruter quelqu'un qui puisse nous aider sur la fabrication même des produits.

  • Christian

    Et comment vous pensez aborder justement ce recrutement ? C'est-à-dire, comment vous pensez intégrer une personne ou plusieurs personnes ? En leur proposant quoi, indépendamment d'une rémunération, bien sûr ?

  • Lucille

    Eh bien, tout simplement, d'adhérer à un projet aussi, à une vision. Le fait de pouvoir faire avancer la gastronomie française dans... une direction plus végétale. C'est avant tout quelqu'un qui doit le sentir, qui doit avoir des vraies convictions. Le profil, au final, de la personne n'est pas tellement le point d'orgue. C'est plutôt l'adhésion à un projet, à une vision et à l'envie de faire bouger les choses.

  • Christian

    C'est plus une personne que vous voulez recruter que quelqu'un qui a une compétence particulière. Comment vous ressentez, dans vos générations, ce que vous portez, vous ? Vous voyez autour de vous beaucoup de jeunes générations qui sont là-dessus ou pas ?

  • Emilie

    Alors oui, il y a une tendance qui est de plus en plus marquée sur l'attention qui est portée à la qualité de l'alimentation, à la diversité de l'alimentation. Il y a des extrêmes dans tous les sens, bien sûr. C'est en partie lié à la génération, mais on observe nous plutôt une tendance générale qui n'est pas forcément liée à l'âge, mais plutôt à une prise de conscience collective, progressive, pour amener une alimentation plus végétale, plus vertueuse, plus respectueuse de notre santé. C'est porté en partie par les jeunes générations qui sont peut-être un peu plus sensibilisées.

  • Christian

    C'est au cœur, évidemment, de ce que vous développez au collège, puisque parallèlement au collège, s'est développée une association qui s'appelle Manger Citoyens pour sensibiliser, justement, les citoyens. Et tu disais tout à l'heure, Lucille, la difficulté aussi, c'est que quand on innove comme ça, il faut arriver à faire comprendre, il faut arriver... Donc, il y a une forme de pédagogie, mais la pédagogie aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ? C'est d'intégrer les gens dans une passion, dans une cause. Donc, comment est-ce que vous pensez sensibiliser les citoyens qui vous entourent à cette démarche-là ?

  • Lucille

    Effectivement, si jamais on prend le cas d'une dégustation de produits comme les nœuds, déjà la dégustation est une étape importante. On parle de produits alimentaires, on parle de goût. Évidemment, tout le monde n'a pas les mêmes et fort heureusement, c'est ce qui crée de la diversité. Mais l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner le consommateur dans une découverte et... parfois aussi réussir à mettre des mots sur un produit, un goût ou une texture qu'il n'avait pas forcément eu l'occasion de rencontrer par le passé. Et ça nous arrive souvent. On a des très très belles surprises de dégustation quand les consommateurs goûtent pour la première fois. Ça participe à la fois du produit, bien sûr, parce que sans produit, sans goût, le goût, L'ensemble s'effondre, mais de l'histoire qui peut être aussi racontée autour des produits. La pédagogie, elle se fait bien sûr par la dégustation, mais aussi par tout ce qui l'entoure par rapport aux enjeux, aux matières premières, de tout ce dont on vient de parler. Et c'est aussi pour ça que c'est très important pour nous de continuer d'aller à la rencontre de nos consommateurs. On a encore aujourd'hui beaucoup de rendez-vous en direct, d'événements, de foires gastronomiques. Et on aime avoir ce contact direct parce qu'on a aussi les retours immédiats des personnes qui découvrent pour la première fois la marque et les produits.

  • Christian

    Alors Lucille, Émilie, manifestement, nos auditeurs vont le ressentir, vous êtes passionnée et engagée. Alors maintenant, je vais vous proposer d'ouvrir le pot de moutarde.

  • Speaker #0

    La moutarde, me montonnez.

  • Christian

    Alors le pot de moutarde, qu'est-ce que c'est ? C'est le coup de gueule sur quelque chose sur lequel vous aimeriez donner un avis ou donner votre conviction.

  • Emilie

    Le cil.

  • Lucille

    Oui, vous êtes tombé avec la bonne personne. Le coup de gueule qu'on a, c'est par rapport justement au manque de transparence qu'on peut rencontrer parfois, notamment sur des métiers d'artisanat. Ça nous arrive souvent, on fait du coup beaucoup d'événements. Et c'est vrai que ce qui nous met en colère, il faut le dire, c'est les profils qui peuvent se prévaloir de créer quelque chose, alors qu'en fait, ils ne créent rien. Il n'y a pas forcément des exemples, on en a plein, ce n'est pas forcément le but, mais c'est important de pouvoir valoriser un travail, valoriser un métier, valoriser des compétences. Et en fait, c'est vrai que sur beaucoup d'événements qu'on peut faire, on voit des personnes qui sont de simples vendeurs. Donc en fait, il n'y a pas de souci à l'être. Par contre, il y a un souci quant au fait de mentir aux personnes qui achètent des produits qui, eux, pensent être de qualité, fabriqués artisanalement, selon une tradition, qui en fait de ça sortent d'usines. à l'étranger, à importer.

  • Christian

    C'est passionnant, on voit toujours, mais ça vous le défendez beaucoup au Collège Culière de France, qu'on va chercher la personne d'abord derrière le personnage qui nous permet effectivement d'atteindre une certaine vérité. Écoutez, merci, merci Émilie, merci Lucille. Allez, en toute confidence avant de nous quitter, est-ce que vous auriez en tête une bonne adresse de restaurant ou un producteur qui vous tiendrait à cœur, que vous conseilleriez à nos auditeurs ?

  • Emilie

    Alors, une bonne adresse, on pense à l'Astrolab, à La Rochelle, qui est membre du collège culinaire d'ailleurs.

  • Christian

    Qui est un restaurant ?

  • Emilie

    Un restaurant dans le centre-ville et un producteur, on en parlait tout à l'heure, Adriano Panevivo.

  • Christian

    Qui va bientôt être interviewé par nous également. qui est aussi un passionné sur une vérité produit extraordinaire. Est-ce que vous connaissez, Émilie Lucille, Aurélien Lachjul-Yarias ? J'ai toujours du mal à prononcer son nom et il m'en excusera. C'est un chef du restaurant Nectar à Paris, dans le 9e arrondissement. Et il fait partie de cette nouvelle génération de chefs qui insufflent un vent nouveau. et nous aurons le plaisir de le recevoir dans le prochain épisode de La Terre à la Sienne, qui sortira dans 15 jours. Donc, un épisode aussi à ne pas manquer sous aucun prétexte. Merci à vous !

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Sienne, le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

Description

Dans cet épisode, nous partons à la rencontre d’Émilie et Lucile Battafarano, fondatrices d’Ancrée,une entreprise audacieuse qui a transformé la simple graine de chia en un véritable caviar végétal.

Ces deux sœurs passionnées nous livrent leur vision d’une cuisine responsable et innovante, entre respect des matières premières, créativité culinaire, et ancrage territorial.

Un épisode captivant où l’excellence du produit rencontre l’exemplarité des artisans.

Préparez-vous à redécouvrir le végétal sous un nouveau jour !


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo dans le 17éme arrondissement de Paris


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'Assiette.

  • Christian

    Bonjour à toutes et à tous, je suis ravi de vous retrouver pour ce nouvel épisode de La Terre à l'Assiette. Elles sont passionnées par l'univers de la gastronomie artisanale. Elles ont renversé la cuisine des graines de chia. Vous savez, cette graine comestible qu'on utilise dans les desserts. Eh bien, elles en ont fait un produit gastronomique, un caviar végétal. Et derrière cette création... Il y a deux sœurs, Émilie et Lucille Battafarano, un duo de chocs reconnus par le collège fuyard de France. Ensemble, elles ont créé la société Ancré, un don qui attise la curiosité. Ça tombe bien, elles vont nous expliquer pourquoi ce choix et quelles sont les convictions qui les ont poussées à se lancer dans cette incroyable aventure. Vous allez voir, elles sont étonnantes.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Regouby.

  • Christian

    Émilie, Lucille, racontez-nous un petit peu ce projet, comment vous vous définissez dans ce projet, à partir de quelles convictions ?

  • Emilie

    Ancré, c'est un condiment gastronomique, avant tout, qui, quand il est utilisé à l'apéritif, peut faire office de caviar végétal, mais c'est un condiment gastronomique qui, comme une bonne moutarde ou une sauce, peut être utilisé en entrée, en plat, en dessert. Et ce qui nous tient à cœur avec Lucille, qui est... en manœuvre aux cuisines, c'est de travailler avec des produits de qualité, on en reparlera tout à l'heure, dans l'élaboration de cette recette, pour à la fois se faire plaisir et bien manger.

  • Christian

    D'accord, alors qu'est-ce qui est venu ? Pourquoi, Lucille, quand tu as développé ta passion, ton savoir de chef, pourquoi tu es partie sur une innovation comme ça, plutôt qu'être dans une cuisine plus classique ?

  • Lucille

    J'avais à cœur de pouvoir offrir un... produit de bouche, un produit gastronomique qui puisse élargir la palette des chefs en cuisine. La notion de condiment, elle est très importante quand on travaille en cuisine. C'est ce qui permet parfois de sublimer un plat ou de lui donner une nouvelle direction. Et dans la construction de la recette, il était très important pour moi, quand je l'ai développée, d'abord travailler les algues. Tout simplement parce que c'est un ingrédient qu'on considère comme un ingrédient du futur. Ça ne nécessite pas d'eau douce pour être cultivé. Et en plus, c'est un produit santé avec beaucoup de bienfaits. Donc, je trouvais tout cet aspect produit de la mer très, très intéressant. Surtout qu'il y a des algues différentes. Donc, on peut vraiment aller chercher une palette aromatique assez riche sur l'algue et apporter un côté iodé, ce qui est assez complexe quand on n'est pas sur un produit carné de la mer. Ça, c'était la première base de la réflexion de la recette. Et la deuxième, c'était autour de la graine de chia, tout simplement parce que c'est considéré comme un super aliment. Mais aujourd'hui, on l'utilise plutôt de manière fonctionnelle. C'est-à-dire qu'on l'utilise pour ses bienfaits, mais on fait complètement abstraction de ce qu'elle peut offrir. Et c'est en fait une graine qui a la particularité d'avoir une texture absolument sublime. Et donc du coup, c'est vraiment la rencontre de ces deux ingrédients qui ont donné naissance à cette recette.

  • Christian

    On voit bien, c'est passionnant cette aventure. Mais en amont de ça... Qu'est-ce qui vous a motivé à rentrer dans cet univers de la gastronomie ? Parce que vous êtes une nouvelle génération, vous pourriez avoir d'autres passions. Ça semble être une passion la gastronomie, indépendamment de la passion vraiment très précise pour la graine d'olfière.

  • Lucille

    Oui, tout à fait. Pour le coup, sur l'ensemble de mon parcours, moi j'ai passé mon CAP cuisine il y a un an et demi maintenant, donc j'avais vraiment à cœur de pouvoir apprendre ce qu'était la gastronomie française. Ça me semble aujourd'hui presque essentiel quand on propose un produit de bouche, de pouvoir avoir des bases et des connaissances et un langage quand on s'adresse à des chefs, qu'importe la nature de leur établissement. Mais j'ai quand même fait le choix de pouvoir offrir un produit supplémentaire aux chefs plutôt que d'être en cuisine. On l'est quand même, par ailleurs, on fait pas mal d'activités qui sont toujours liées à la cuisine. des animations, des ateliers, des cours. On a un service traiteur aussi à côté, en seconde activité. Mais voilà, le cœur du projet, c'était vraiment de pouvoir démocratiser le végétal, prouver que le végétal peut être à la fois goûtu et gastronomique.

  • Christian

    Et d'ailleurs, vous êtes reconnue au Collège Culière de France récemment. Qu'est-ce que c'est pour vous un artisan militant de la qualité ?

  • Emilie

    Alors c'est vrai, sur la première question que tu poses, on a toujours bien aimé manger et manger bien. Depuis toute petite, on a été sensibilisé aux enjeux de transition alimentaire, de par la carrière de notre père qui a travaillé en restauration commerciale puis collective. Donc on est sensible à l'ensemble de ces enjeux. Et on a eu l'occasion, alors pas tous les matins non plus, mais l'occasion de goûter ou d'être à de belles tables. Et on s'est vite rendu compte que c'était quelque chose qui, à titre personnel, nous faisait plaisir. On aime bien passer beaucoup, beaucoup de temps à table. Et donc, quand Lucille s'est lancée dans une carrière entrepreneuriale, ça a été comme une évidence que ce soit dans l'univers de l'alimentaire et plus spécifiquement dans l'univers de la gastronomie.

  • Christian

    Par rapport à ça, vous voyez l'univers de la gastronomie en ce qui vous concerne ? justement avec vos yeux de cette génération qui monte. Quelles sont vos convictions profondes par rapport à la gastronomie en général ?

  • Emilie

    Aujourd'hui, la gastronomie française est reconnue. Elle a fait ses preuves. Et on sent qu'il y a un mouvement qui s'amorce pour la faire évoluer dans le bon sens des choses. C'est un mouvement qui prend du temps. On est là, on est parti pour plusieurs années.

  • Christian

    C'est quoi le bon sens ?

  • Emilie

    C'est une gastronomie qui évolue avec son époque. qui introduit plus de végétales, qui respecte les matières premières qui sont utilisées, qui respecte les consommateurs qui en bénéficient, sans pour autant oublier son ancrage, qui a fait d'elle sa renommée depuis des années. D'où l'entrée,

  • Christian

    l'entrée, l'entrée, votre météo-cré.

  • Emilie

    C'est le petit clin d'œil, effectivement, à cette gastronomie française qui reste ancrée dans ses fondations et dans ce qui fait d'elle, aujourd'hui, la gastronomie française. Pour autant, les consommateurs ont des attentes qui évoluent. On a un contexte environnemental qui évolue et la gastronomie, comme plein d'autres secteurs, doit en tenir compte également.

  • Christian

    On va y revenir parce que la notion de territoire, d'ancrage, est un élément important de votre parcours et de vos convictions. Mais avant, on va faire un petit détour par ce qu'on appelle Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Christian

    Si vous étiez aussi chacune, parce que c'est... c'est peut-être différent, un animal, ça serait quoi Lucille ?

  • Lucille

    Une tortue.

  • Christian

    Une tortue ? Oui. D'accord. Et toi peut-être un lièvre, non ?

  • Emilie

    Probablement, dans la répartition des rôles.

  • Christian

    D'accord, c'est génial. Et si vous étiez une saison ?

  • Lucille

    Le printemps, parce que c'est vraiment la période où tout se met à fleurir, où les fruits et légumes poussent, c'est vraiment une saison magnifique.

  • Christian

    Un des cinq sens ?

  • Emilie

    Le goût.

  • Christian

    Bien évidemment. Un pays ?

  • Lucille

    Très probablement la France, parce que c'est là où on est implanté, mais aussi l'Italie, de par nos origines.

  • Christian

    Votre papa est italien ? Oui. Votre maman aussi ?

  • Emilie

    Non, elle est salinaise.

  • Christian

    Alors voilà, c'est un mix entre les deux. Quel est le plat que vous auriez incarné ?

  • Emilie

    Le gratin dauphinois.

  • Christian

    Gratin dauphinois ?

  • Emilie

    Il le fait super bien.

  • Lucille

    Oui, c'est un plat réconfort que j'adore faire à la maison.

  • Christian

    Une boisson ?

  • Emilie

    Une petite bulle, fine, légère. pour accompagner un moment de dégustation.

  • Christian

    Que ce soit champagne ou que ce soit Prosecco.

  • Lucille

    Par exemple.

  • Christian

    Alors maintenant, on va passer aussi à cette notion un petit peu de l'importance pour vous de la transparence dans tout ce que vous faites. Pas simplement dans les produits, mais dans la relation. Ça évoque quoi pour vous la notion de transparence ?

  • Emilie

    Quand on pense à transparence, on pense tout de suite à confiance. En fait... On ne peut pas demander à des consommateurs d'avoir confiance dans nos produits si on n'est pas honnête avec eux sur la façon dont on les prépare. Et c'est normal, on parle d'alimentation, on parle d'un acte qui se répète tous les jours, plusieurs fois par jour. Ça a un impact sur notre santé. Donc la notion de confiance est hyper importante vis-à-vis des consommateurs, vis-à-vis des chefs avec lesquels on travaille. C'est une notion sur laquelle... Voilà, on base vraiment l'ensemble de nos réflexions.

  • Christian

    Comment, puisque vous avez été sélectionné au Collège Juillet de France, comment vous vivez le fait de devenir artisan militant de la qualité ? Ça veut dire quoi pour vous ?

  • Lucille

    Dans artisan militant de la qualité, il y a trois mots-clés. Il y a artisan, déjà. Ça, c'est les bases qu'on a posées depuis le début. On est très attaché au fait de pouvoir fabriquer avec nos mains un produit. Ensuite, il y a qualité, bien sûr, et ça, ça participe du travail qu'on fait au quotidien, à la fois sur la recherche des matières premières qu'on utilise, la perfection constante des recettes qu'on développe ou qu'on met au point. Et puis après, il y a la notion de militantisme qui, à mon sens, est vraiment le point d'orgue du collège aussi, c'est-à-dire s'engager au quotidien dans nos actions, dans les rencontres qu'on peut faire. pour aller prêcher cette parole et vraiment remettre le bien manger au centre de la table, tout simplement.

  • Christian

    Alors, c'est peut-être pour ça que vous définissez au collège que vous n'êtes pas un label. Vous êtes plutôt une appellation ou de la défense d'une cause. C'est ça.

  • Emilie

    Exactement. En fait, dans la notion de label, et c'est important, il en faut des labels, ça donne des points de repère aux consommateurs, mais c'est basé sur des critères. Et le... Le problème qu'on peut avoir, c'est qu'une fois que la liste des critères est établie, on ne se pose plus la question et on avance tête baissée. Avec la notion d'appellation ou de reconnaissance, c'est plutôt un état d'esprit qui du coup est ancré dans la façon de voir les choses, dans la façon de mener des actions, dans la façon de prendre des décisions. Et donc c'est une remise en question permanente qui permet une plus grande ouverture d'esprit, à notre sens.

  • Christian

    J'admire ta façon de remettre en avant toujours la société, ancrée. Pour développer cette passion et ce métier, quels sont les obstacles que vous avez à surmonter ?

  • Lucille

    Alors les obstacles dans l'entrepreneuriat, il y en a vraiment au quotidien, mais heureusement qu'il y a aussi de très belles réussites. L'obstacle auquel on est souvent confronté, c'est qu'on est sur une offre de produits qui est vraiment nouvelle. Donc qui dit nouveaux produits dit aussi pédagogie. Donc il faut qu'on accompagne à la fois les consommateurs, mais parfois aussi les chefs. sur des nouveaux usages. Donc ça, ça représente à la fois un obstacle et une opportunité, bien sûr, parce que ça nous permet de faire découvrir des nouvelles saveurs, une nouvelle texture, et d'ouvrir le champ des possibles sur une nouvelle consommation de produits. Mais ça, ça peut faire partie des obstacles qu'on rencontre. En revanche, pour les fiertés, il y en a beaucoup. On a l'occasion de rencontrer beaucoup de personnes qui... qui se prête au jeu de la dégustation, notamment des grands chefs. Et j'ai en tête évidemment Alain Ducasse, qu'on a eu l'occasion de rencontrer récemment et qui a d'ailleurs apprécié les produits puisqu'il en a parlé à l'ensemble de ses chefs.

  • Christian

    Dans cette recherche permanente de l'innovation, on met à partir de la vérité des produits et de la vérité des artisans qui sont derrière ces produits. Comme vous dites souvent que derrière chaque produit, il y a un visage. Et c'est là où ça incarne vraiment les valeurs que vous défendez. Parlez-nous un petit peu de cette notion de territoire et de proximité, parce qu'en plus, vous êtes originaire, bien sûr, d'Italie, bien sûr, de la France, mais de Malakoff. Et Malakoff, d'après ce que l'on sait, c'est votre ancrage aussi, en termes même de production, voire même de ressources.

  • Emilie

    Exactement. En fait, avec Lucille, on a grandi dans les Hauts-de-Seine. Donc quand il a été question d'implanter la société, ça s'est naturellement fait sur ces territoires-là. Aujourd'hui, notre cuisine dans laquelle on fabrique l'ensemble des produits est à Malakoff, comme tu dis, et on a à cœur de travailler avec des produits qu'on source en circuit court et en direct. C'est évidemment le cas de la graine de chia, qui est francilienne. Donc on travaille en direct avec une ferme basée à quelques kilomètres du lieu de fabrication. On n'a pas encore d'algues en Ile-de-France, pas comestibles en tout cas, donc elles viennent de Bretagne, mais pareil on les achète en direct auprès d'un algoculteur. Et c'est le cas pour l'ensemble de nos décisions quand il s'agit de sourcer des matières premières.

  • Christian

    Que vous avez rencontré vraisemblablement ?

  • Emilie

    Alors un des producteurs d'algues, on a rencontré une partie de son équipe et la ferme, oui on connaît bien le couple qui est en charge de la production.

  • Christian

    Donc Proximité c'est une de vos... une de vos devises, parce que ça permet quoi cette proximité ?

  • Emilie

    Ça permet déjà de nouer une relation humaine avec les partenaires avec lesquels on travaille. C'est vrai pour les fournisseurs et c'est vrai pour les revendeurs. Nos produits sont disponibles en épicerie fine, par exemple. Et donc, je pense à un partenaire qui est basé à Clamart. On fait encore aujourd'hui des livraisons en direct. On prend toujours le temps d'un café avec lui pour qu'il nous partage ses nouveautés. Et donc cette relation de proximité, de confiance, de relation, elle est hyper importante. C'est le cas en dehors du collège et c'est aussi le cas au sein du Collège Culinaire de France. On a notamment monté une collaboration avec Maxime de Brume, qui élabore des vins à base de chanvre. Le chanvre, pour lui, c'est un déchet. On s'est rencontrés, en termes de personnalité, avant tout, ça a matché. Et donc, on a décidé de lancer un coproduit. C'est un condiment ancré à base de chanvre brumant.

  • Christian

    C'est génial. Ça veut dire que la rencontre agit sur le produit. C'est vraiment l'interférence entre l'humain et le produit. Et donc, il y a une sorte d'hybridation, on va dire, entre les deux. Ça, c'est vraiment très intéressant. Alors maintenant, je vous propose de passer... à l'instant fromage ou dessert.

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Christian

    Vous préféreriez renaître dans le passé ou dans le futur ?

  • Lucille

    Moi, je trouve que là, dans le moment présent, on est bien à échanger avec toi.

  • Christian

    C'est génial, c'est le présent. Vous êtes plutôt sur le travail ou sur les vacances ?

  • Lucille

    Travail. Boulot, boulot, boulot.

  • Christian

    Donc pas de vacances ?

  • Emilie

    On prend des vacances et d'ailleurs, on en prend souvent en partie ensemble. Mais là, on est en lancement d'une activité. Donc on prendra des vacances plus tard.

  • Christian

    Alors liée, vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Lucille

    C'est pareil que travail et vacances, tout est quand même assez noué. On est sœurs, on travaille ensemble, donc ancrée c'est au milieu de nos vies. On se garde bien sûr chacune un espace personnel, mais il y a quand même la vie professionnelle qui est au milieu de tout ça.

  • Christian

    On va dire la vie métier, parce que vous faites plus qu'une profession, c'est un métier que vous incarnez. Vous êtes plutôt tant que... court ou temps long ?

  • Lucille

    De tempérament plutôt impatient, mais on apprend aussi dans le métier qu'il faut savoir se donner la patience parce qu'on a souvent des jolies surprises au rendez-vous.

  • Christian

    Le temps fait beaucoup de choses, certainement. Sur votre engagement, c'est-à-dire on sent qu'à travers même la rencontre d'un certain nombre de personnes, vous arrivez à conjuguer à travers l'humain et le produit de nouvelles choses. A votre avis, quelle est la nature de la relation qui peut faire bouger les choses dans notre société ?

  • Emilie

    C'est avant tout une relation, on y revient, de confiance. En fait, si on prend l'exemple au sein du Collège Culinaire de France, on sait que l'ensemble des acteurs, qu'ils soient restaurateurs ou producteurs, partagent les mêmes valeurs. C'est la raison pour laquelle on est tous réunis autour de ce collectif. Et donc ce qui est pratique, c'est qu'on gagne un temps phénoménal à s'aligner sur ces valeurs. puisqu'on les partage déjà. Et donc toute la bande passante qu'on a, elle est au service de nouvelles idées, de nouveaux tests, de nouvelles actions. Et donc ça permet d'avoir une sorte de collaboration avec un effet démultiplié assez rapidement, qui est hyper agréable.

  • Christian

    Comment vous comptez, enfin, vous prévoyez de vous développer ? Vous allez engager des personnes en fonction de votre développement ?

  • Lucille

    Oui, oui, l'idée bien sûr c'est de pouvoir structurer. Aujourd'hui on est sur tous les fronts, à la fois le sourcing, la fabrication et la vente des produits. On aimerait pouvoir sur l'année 2025 être accompagnés, notamment sur la partie production. Donc, recruter quelqu'un qui puisse nous aider sur la fabrication même des produits.

  • Christian

    Et comment vous pensez aborder justement ce recrutement ? C'est-à-dire, comment vous pensez intégrer une personne ou plusieurs personnes ? En leur proposant quoi, indépendamment d'une rémunération, bien sûr ?

  • Lucille

    Eh bien, tout simplement, d'adhérer à un projet aussi, à une vision. Le fait de pouvoir faire avancer la gastronomie française dans... une direction plus végétale. C'est avant tout quelqu'un qui doit le sentir, qui doit avoir des vraies convictions. Le profil, au final, de la personne n'est pas tellement le point d'orgue. C'est plutôt l'adhésion à un projet, à une vision et à l'envie de faire bouger les choses.

  • Christian

    C'est plus une personne que vous voulez recruter que quelqu'un qui a une compétence particulière. Comment vous ressentez, dans vos générations, ce que vous portez, vous ? Vous voyez autour de vous beaucoup de jeunes générations qui sont là-dessus ou pas ?

  • Emilie

    Alors oui, il y a une tendance qui est de plus en plus marquée sur l'attention qui est portée à la qualité de l'alimentation, à la diversité de l'alimentation. Il y a des extrêmes dans tous les sens, bien sûr. C'est en partie lié à la génération, mais on observe nous plutôt une tendance générale qui n'est pas forcément liée à l'âge, mais plutôt à une prise de conscience collective, progressive, pour amener une alimentation plus végétale, plus vertueuse, plus respectueuse de notre santé. C'est porté en partie par les jeunes générations qui sont peut-être un peu plus sensibilisées.

  • Christian

    C'est au cœur, évidemment, de ce que vous développez au collège, puisque parallèlement au collège, s'est développée une association qui s'appelle Manger Citoyens pour sensibiliser, justement, les citoyens. Et tu disais tout à l'heure, Lucille, la difficulté aussi, c'est que quand on innove comme ça, il faut arriver à faire comprendre, il faut arriver... Donc, il y a une forme de pédagogie, mais la pédagogie aujourd'hui, qu'est-ce que c'est ? C'est d'intégrer les gens dans une passion, dans une cause. Donc, comment est-ce que vous pensez sensibiliser les citoyens qui vous entourent à cette démarche-là ?

  • Lucille

    Effectivement, si jamais on prend le cas d'une dégustation de produits comme les nœuds, déjà la dégustation est une étape importante. On parle de produits alimentaires, on parle de goût. Évidemment, tout le monde n'a pas les mêmes et fort heureusement, c'est ce qui crée de la diversité. Mais l'idée, c'est vraiment de pouvoir accompagner le consommateur dans une découverte et... parfois aussi réussir à mettre des mots sur un produit, un goût ou une texture qu'il n'avait pas forcément eu l'occasion de rencontrer par le passé. Et ça nous arrive souvent. On a des très très belles surprises de dégustation quand les consommateurs goûtent pour la première fois. Ça participe à la fois du produit, bien sûr, parce que sans produit, sans goût, le goût, L'ensemble s'effondre, mais de l'histoire qui peut être aussi racontée autour des produits. La pédagogie, elle se fait bien sûr par la dégustation, mais aussi par tout ce qui l'entoure par rapport aux enjeux, aux matières premières, de tout ce dont on vient de parler. Et c'est aussi pour ça que c'est très important pour nous de continuer d'aller à la rencontre de nos consommateurs. On a encore aujourd'hui beaucoup de rendez-vous en direct, d'événements, de foires gastronomiques. Et on aime avoir ce contact direct parce qu'on a aussi les retours immédiats des personnes qui découvrent pour la première fois la marque et les produits.

  • Christian

    Alors Lucille, Émilie, manifestement, nos auditeurs vont le ressentir, vous êtes passionnée et engagée. Alors maintenant, je vais vous proposer d'ouvrir le pot de moutarde.

  • Speaker #0

    La moutarde, me montonnez.

  • Christian

    Alors le pot de moutarde, qu'est-ce que c'est ? C'est le coup de gueule sur quelque chose sur lequel vous aimeriez donner un avis ou donner votre conviction.

  • Emilie

    Le cil.

  • Lucille

    Oui, vous êtes tombé avec la bonne personne. Le coup de gueule qu'on a, c'est par rapport justement au manque de transparence qu'on peut rencontrer parfois, notamment sur des métiers d'artisanat. Ça nous arrive souvent, on fait du coup beaucoup d'événements. Et c'est vrai que ce qui nous met en colère, il faut le dire, c'est les profils qui peuvent se prévaloir de créer quelque chose, alors qu'en fait, ils ne créent rien. Il n'y a pas forcément des exemples, on en a plein, ce n'est pas forcément le but, mais c'est important de pouvoir valoriser un travail, valoriser un métier, valoriser des compétences. Et en fait, c'est vrai que sur beaucoup d'événements qu'on peut faire, on voit des personnes qui sont de simples vendeurs. Donc en fait, il n'y a pas de souci à l'être. Par contre, il y a un souci quant au fait de mentir aux personnes qui achètent des produits qui, eux, pensent être de qualité, fabriqués artisanalement, selon une tradition, qui en fait de ça sortent d'usines. à l'étranger, à importer.

  • Christian

    C'est passionnant, on voit toujours, mais ça vous le défendez beaucoup au Collège Culière de France, qu'on va chercher la personne d'abord derrière le personnage qui nous permet effectivement d'atteindre une certaine vérité. Écoutez, merci, merci Émilie, merci Lucille. Allez, en toute confidence avant de nous quitter, est-ce que vous auriez en tête une bonne adresse de restaurant ou un producteur qui vous tiendrait à cœur, que vous conseilleriez à nos auditeurs ?

  • Emilie

    Alors, une bonne adresse, on pense à l'Astrolab, à La Rochelle, qui est membre du collège culinaire d'ailleurs.

  • Christian

    Qui est un restaurant ?

  • Emilie

    Un restaurant dans le centre-ville et un producteur, on en parlait tout à l'heure, Adriano Panevivo.

  • Christian

    Qui va bientôt être interviewé par nous également. qui est aussi un passionné sur une vérité produit extraordinaire. Est-ce que vous connaissez, Émilie Lucille, Aurélien Lachjul-Yarias ? J'ai toujours du mal à prononcer son nom et il m'en excusera. C'est un chef du restaurant Nectar à Paris, dans le 9e arrondissement. Et il fait partie de cette nouvelle génération de chefs qui insufflent un vent nouveau. et nous aurons le plaisir de le recevoir dans le prochain épisode de La Terre à la Sienne, qui sortira dans 15 jours. Donc, un épisode aussi à ne pas manquer sous aucun prétexte. Merci à vous !

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Sienne, le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

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