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De la terre à l'assiette - tous artisans du bien manger !

E23 - Cécile Girerd-Jorry - Reconversion pour une passion

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23min |17/10/2025
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E23 - Cécile Girerd-Jorry - Reconversion pour une passion

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23min |17/10/2025
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Description

Rencontre avec Cécile Girerd-Jorry, fondatrice de Vitaminherb, une ferme urbaine installée d’abord à Lille et aussi aujourd’hui à Nanterre.

Son credo : des plantes aromatiques rares, cultivées sans chauffage, proche des chefs et des passionnés de cuisine.

Cécile a imaginé un vrai projet d’artisanat et de proximité avec une forme d’agriculture à échelle humaine, où les saisons, les usages et le vivant dictent le tempo.

Elle y est entourée d’une petite équipe engagée, qui livre même à vélo.

Dans cet épisode, on plonge dans son univers sensible et visionnaire, entre passion de la plante, cuisine inventive et défi logistique en ville.


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo (17éme arrondissement de Paris), lieu vivant et chaleureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'assiette. »

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous accueillons Cécile Girerjori, la fondatrice et dirigeante de Vitamine Herbe, une entreprise spécialisée dans la culture de plantes aromatiques rares et de qualité, destinée aux chefs et aux passionnés de cuisine. Après une carrière réussie dans le secteur de la finance et de la gestion, Notamment en tant que directrice financière chez Sephora France et contrôleur financier chez Brico-Dépôt et Castorama, elle décide en 2020 de se reconvertir dans l'agriculture urbaine en créant Vitamine Lherbe. Sa candidature a été sélectionnée par le Collège Chouinard de France, ce qu'elle intègre en 2023. Là encore, nous allons découvrir la reconversion exceptionnelle d'une entrepreneuse artisan de qualité passionnée par la vie.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Roguby.

  • Speaker #1

    Alors Cécile, bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour Christian.

  • Speaker #1

    Après de brillantes études, où tu es sortie diplômée d'Agrotech en 1992 et d'HEC Paris en 2015, Pourquoi diable te reconvertir dans les plantes ?

  • Speaker #2

    Alors ça peut paraître bizarre comme ça au premier abord, après ma carrière très loin des plantes. Mais en fait, pour mon entourage, ça paraît complètement évident. J'ai toujours adoré les plantes, les découvrir, les sentir, les collectionner aussi. Depuis que je suis toute petite, je me promène dans la campagne, dans les bois, dans la forêt, avec ma flore pour reconnaître toutes ces plantes qui se mangent.

  • Speaker #1

    Qui se mangent ?

  • Speaker #2

    Qui se mangent, oui, qui se mangent, qui le sentent.

  • Speaker #1

    D'accord, c'est avant tout des plantes... qui sont utilisables en cuisine, comestibles. Mais tu dis toujours tu vas rechercher chez les plantes bon pour le corps, bon pour les papilles et bon pour la vue. C'est-à-dire cette notion de beauté de la plante t'interpelle aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment un ensemble. C'est tous les sens qui se mettent en éveil avec les plantes. On va avoir le côté bien-être, tous les bienfaits des plantes. On va avoir le côté gustatif, qui est celui d'ailleurs qui m'intéresse le plus aujourd'hui. Mais aussi le visuel, le côté visuel. Il y a des verres, différents types de verres, des verres sombres, des verres foncés, des formes de feuilles qui sont complètement différentes. Et quand on s'attache à regarder ça vraiment, à se reconnecter à la nature, c'est un élément qui est très important aussi d'ailleurs pour le cuisinier, dans l'assiette ou dans le travail qu'il va faire, dans la mise en œuvre, et à l'appel de sa créativité gastronomique aussi, je pense qu'il va être aussi beaucoup nourri par les formes des feuilles. Au-delà de la partie uniquement comestible et aussi, évidemment, bien sûr, gustative.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a amené également à approfondir des connaissances techniques d'herboristerie ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, je suis en apprentissage permanent, que ce soit au niveau de la découverte des nouvelles plantes. Au départ de l'histoire de Vitaminerbe, j'ai vraiment fait un arrêt, en fait, après une carrière extrêmement dense, à courir un peu partout dans le monde. J'ai voulu vraiment déjà faire un stop. Je me suis donc formée tout au début avec un grand ethnobotanicien qui s'appelle François Couplant, qui étudie la relation entre les hommes et les plantes, parce que pour moi c'était essentiel de passer par cette phase de reconnexion et de compréhension de la relation qu'entretiennent les hommes avec les plantes. Je ne me suis pas forcément formée en herboristerie, parce que ce n'est pas l'aspect qui m'intéresse le plus dans la plante, c'est plutôt le côté plaisir gustatif. Et donc là, je me suis par contre beaucoup nourrie de lectures sur les gens qui... On parle des molécules aromatiques qui sont dans les plantes, puisque finalement, c'est de la chimie. Je retrouve un peu mon côté chimiste. J'aimais beaucoup la chimie aussi quand j'étais plus jeune. Et la cuisine, finalement, ça n'est aussi que de la chimie. Les plantes ne sont que de la chimie. Et c'est pour ça que les deux ensemble fonctionnent si bien, en fait. Donc, c'est tout un monde à découvrir de jour en jour, d'apprentissage en apprentissage, de découvertes de nouvelles plantes, de découvertes de nouveaux arômes, puisque dans la nature... tous les arômes sont présents si on regarde ça de près.

  • Speaker #1

    Et donc cette découverte de nouveaux arômes, ça t'a amené aussi à présenter une palette ou à cultiver d'une façon très spécifique, puisque au début tu as développé quelque chose en région ?

  • Speaker #2

    Vraiment, le point de départ de Vitaminer, c'est très lié au Covid, c'est le nord de la France, puisque j'ai dû choisir entre Paris, qui est la capitale dans laquelle je suis née, et la ville de Lille dans laquelle je vis depuis maintenant presque 20 ans. Donc, on pourrait dire que je suis presque plus...

  • Speaker #1

    Lilloise.

  • Speaker #2

    Lilloise que parisienne. Mais donc, c'est le Covid qui a fait que je me suis retrouvée un petit peu coincée à Lille, que j'ai trouvé ces cerfs, ces 5000 mètres carrés de cerfs en métropole lilloise. Et ça a été finalement l'occasion de construire le projet Vitaminer avec toutes les difficultés techniques qu'il peut y avoir dans la culture de toutes ces plantes. Et puis, pour répondre aussi à ta question, en fait, mon travail aujourd'hui, ce n'est pas tellement de cultiver des plantes, mais plutôt de cultiver les arômes des plantes. C'est vraiment de pouvoir apporter du... du coup, aux professionnels de la gastronomie, mais aussi à tous les épicuriens de manière générale, toute la puissance aromatique de la nature à l'état vivant. Ça, j'y tiens énormément, le côté vivant. C'est pour ça que nos plantes, d'ailleurs, sont proposées en pot et pas en bouquet, avec des méthodes de culture qui sont extrêmement respectueuses de la plante et donc de l'environnement, et du coup, aussi des consommateurs qui vont les consommer in fine.

  • Speaker #1

    Depuis combien de temps tu as créé Vitaminarbe ?

  • Speaker #2

    Ça fait cinq ans. En fait, le démarrage du projet, ça a été 2019, quand j'ai quitté mon dernier poste salarié, en 2019, mars 2019. Le projet d'entreprise, au départ, c'était plutôt de reprendre une entreprise dans les plantes. Et puis, je me suis rendu compte que je ne trouvais pas quelque chose avec lequel je sentais que j'étais alignée. L'alignement est quelque chose de très important pour moi. Et puis, chemin faisant, au bout de six mois, je me suis dit, pourquoi je ne créerais pas ça ? C'était un peu fou comme projet parce qu'il fallait partir d'une page blanche. Et donc c'était fin 2020, j'ai créé la société Vitaminer. On a lancé notre premier test commercial en 2021. Et quatre ans après, nous avons une deuxième serre en région parisienne, au plus proche de nos consommateurs. Donc, il faut rêver grand, je crois. Il ne faut pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Tu n'avais jamais créé d'entreprise avant ?

  • Speaker #2

    Non, j'avais dirigé des entreprises qui n'étaient pas limites. Je n'avais jamais créé.

  • Speaker #1

    Tu avais la base financière déjà, qui est la structure quand même fondamentale, mais pas seulement. On va s'arrêter juste pour faire ce qu'on appelle une petite capsule. Je vais te proposer une petite interview qu'on a baptisée « Toc toc, qui est là ? »

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #1

    Je te pose des questions très rapides, tu réponds comme ça spontanément. Si tu étais un animal ?

  • Speaker #2

    Je crois que je serais un papillon. Ah,

  • Speaker #1

    avec des fleurs, c'est génial. Oui,

  • Speaker #2

    avec des poutines qui passent de fleurs en fleurs. Parce que les aromatiques ont des magnifiques fleurs, on les voit rarement, mais toutes les aromatiques fleurissent.

  • Speaker #1

    C'est pas courant de répondre à un papillon, mais ça correspond tout à fait à l'univers dans lequel tu es.

  • Speaker #2

    Les papillons les observent en fait en permanence sur nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça doit être très intéressant, oui.

  • Speaker #2

    Même d'un point de vue image, le papillon, c'est la transformation.

  • Speaker #1

    Si tu étais une saison ?

  • Speaker #2

    L'automne. C'est la période de l'année à laquelle les plantes aromatiques explosent. C'est la période de l'année...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas le printemps ?

  • Speaker #2

    Elle démarre. Mais là où il y a le plus de potentiel de profusion d'arômes, où la serre est la plus aromatique, c'est après l'été. C'est dans cette période automnale. Il y a des magnifiques floraisons.

  • Speaker #1

    Si tu étais un plat ?

  • Speaker #2

    Ce serait une salade folle d'herbes.

  • Speaker #1

    Pour faire tout ça, et tu étais quand même bien placé pour travailler dessus, quel est le modèle économique auquel tu peux parvenir ? Parce que c'est pas évident du tout. Toute entreprise aujourd'hui n'est pas facile, mais là tu vas sur des doubles difficultés, c'est-à-dire qu'il faut en même temps quelque part ouvrir un marché, c'est-à-dire le faire connaître, faire comprendre ce que ça peut avoir, même si, bien sûr, il y a une clientèle qui peut être tout de suite dans la recherche des saveurs. Quel modèle économique tu es en cours de mettre en place ? Et quelles difficultés surgissent par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Notre modèle économique, il est clairement en construction. Il est maintenant à peu près abouti, mais il pourra toujours évoluer parce qu'on doit toujours être dans ce processus d'évolution et d'accompagnement de nos clients. Je les construis vraiment avec mes clients, mes premiers clients qui ont été fondateurs. Et je le construis d'ailleurs au quotidien encore avec eux ou avec de nouveaux clients. On va être vraiment sur un modèle de service. C'est un peu du service autour de la plante. On pourrait dire du SaaS, mais c'est un mot qu'on utilise plus dans d'autres domaines d'activité, comme tout ce qui est logiciel. Parce qu'on va vraiment se positionner comme étant effectivement producteur, puisque tout ce qu'on va pouvoir amener au chef est produit dans nos serres. Vraiment, j'insiste sur ce point-là, on est producteur. Ce qui d'ailleurs n'était pas du tout mon projet d'entreprise au départ, mais j'étais obligée d'aller dans la production pour pouvoir amener un produit qui est unique aujourd'hui en France. Et on va être, au-delà de cette production, on va être vraiment sur un accompagnement. On est sur un accompagnement de nos chefs. Alors il y a des chefs aussi qui nous poussent, qui nous donnent des idées au quotidien sur les plantes qu'on pourrait être amené à cultiver, d'autres auprès desquelles on va faire découvrir justement certaines plantes qu'ils ne connaissent pas. Mais on est vraiment en accompagnement. On les accompagne dans les utilisations. En fait, on apprend tous ensemble, on est comme une grande communauté où les chefs, nous et d'autres même des épicuriens de manière plus générale, vont apprendre On apprend tous ensemble sur les utilisations des plantes. C'est un monde sans fin et je pourrais dire que j'apprends tous les jours en fait.

  • Speaker #1

    En fait c'est une exploration permanente qui est interconnectée, c'est-à-dire celui qui est client est aussi acteur complètement de ce que tu fais. Tu vises un type de clientèle particulière, tu essaies d'explorer sur des typologies différentes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Alors en fait, le dénominateur commun des personnes qui peuvent... intéressés par notre travail, ça ne va pas forcément être un grand chef, ça peut effectivement, mais ça n'est pas forcément. Ça va être un chef qui va être curieux de pouvoir aller plus loin dans son travail, de créer et qui va chercher des ingrédients de qualité pour aller beaucoup plus loin dans sa créativité gastronomique. Et donc là, la plante va être un formidable ingrédient d'innovation pour aller beaucoup plus loin dans son travail. À condition, bien sûr, que cette personne ait envie de chercher, d'expérimenter. Parce qu'il y a tellement de manières de mettre en œuvre les plantes que ça ouvre un champ des possibles sans limite, qui est ouvert en fait, et donc il faut avoir envie d'aller plus loin dans son travail.

  • Speaker #1

    Alors est-ce que dans ta démarche, il y a une démarche ? incitatif, parce que quand tu dis t'as des gens qui ont envie, t'as des gens qui n'ont pas forcément l'imagination pour le faire. Est-ce que avec l'expérience que tu as, tu proposes des pistes de réflexion pour ceux qui utiliseraient les plantes ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. En fait, on va être vraiment dans cette démarche permanente de vouloir transmettre la puissance de nos plantes et donc on va effectivement donner des idées, des pistes. On apprend aussi beaucoup, moi j'apprends énormément de ceux par contre qui connaissent mieux parce qu'il y a certaines maisons où on les connaît. dans lesquelles les plantes ont une part significative. Donc, ceux-là m'ont beaucoup appris. Et puis, il y a les autres qui ont envie d'aller, mais qui ne peuvent pas parce qu'ils ne savent pas. Mais on peut tout à fait. Donc, on avance en fait ensemble sur ce chemin d'utilisation de la puissance de l'aromatique naturelle.

  • Speaker #1

    Et ça, uniquement dans l'univers des professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, dans les professionnels, je voudrais juste peut-être distinguer un petit peu les différents types. Parce qu'on va être à la fois sur la partie cuisine et la partie boisson. Donc, évidemment, les chefs de cuisine salés, sucrés, les mixologues aussi. utilisent nos ingrédients, nos plantes comme des ingrédients dans leurs boissons. On va aussi parler de toute la partie boisson à base de plantes en pairing, donc tout ce qu'on appelle soft pairing. Et puis bien sûr, quelque chose que j'adore, moi, vivre dans un restaurant, c'est cette expérience du jardin aromatique qui vient à nous pour une infusion de fin de repas, qui est quelque chose que j'avais toujours beaucoup vu dans des grands hôtels à l'étranger. qu'on peut aussi voir bien sûr à Paris dans des grands hôtels, mais qui devraient pouvoir être accessibles dans beaucoup plus d'établissements, puisque c'est tellement facile de mettre en œuvre une boisson aromatique à base de plantes.

  • Speaker #1

    Le principe, c'est à la fin d'un repas de proposer ces boissons aromatiques.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #1

    Un peu l'alternative du café.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est-à-dire en fait, au lieu de prendre un café, c'est de prendre une infusion de plantes fraîches, comme ma grand-mère cueillait dans le jardin à la fin du repas. Et je crois qu'on a tous... Des souvenirs comme ça d'enfance ? Et ça,

  • Speaker #1

    c'est une tendance que tu vois monter ?

  • Speaker #2

    C'est une demande en tout cas, d'un certain nombre d'établissements.

  • Speaker #1

    Je te propose un deuxième petit jeu, toujours pour ponctuer un petit peu notre entretien. On appelle fromage ou dessert ?

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Speaker #1

    Des questions alternatives où tu réponds spontanément. Est-ce que tu préférerais... Avancer ou remonter le temps ?

  • Speaker #2

    J'ai envie de dire les deux. Je ne sais pas si j'ai le droit.

  • Speaker #1

    Passionnel, tu as tous les droits. Est-ce que tu es plutôt logique ou émotion ?

  • Speaker #2

    Émotion.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu es compétition ou coopération ?

  • Speaker #2

    Coopération.

  • Speaker #1

    Travail ou vacances ?

  • Speaker #2

    Travail.

  • Speaker #1

    C'est tellement passionnant que ce sont des vacances.

  • Speaker #2

    C'est difficile de faire la différence.

  • Speaker #1

    Vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Speaker #2

    Les deux sont intimement liées aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans la passion, c'est ce qu'on retrouve chez beaucoup d'artisans. On passe maintenant à un autre échange sur la manière dont tu développes ça. Est-ce que tu as une équipe ?

  • Speaker #2

    Nous sommes quatre aujourd'hui, donc répartis sur les deux serres, avec à la tête moi-même et Guillaume, qui s'occupe de toute la partie production, qui est chargé de produire les plus belles plantes de la terre, comme je lui dis tous les jours. Et puis après, il y a deux personnes qui sont très polyvalentes, qui vont à la fois faire de la culture et de la livraison, donc qui sont les personnes... que vont voir les chefs d'ailleurs, puisque nous, on livre en fait nous-mêmes nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah vous, vous livrez vous-même ?

  • Speaker #2

    Oui, on livre en vélo-cargo en fait.

  • Speaker #1

    Si c'est à Paris, aux régions parisiennes ou près de Lille ?

  • Speaker #2

    Alors c'est Paris, Paris, surtout intramuros aujourd'hui, ou dans le 92, donc aux alentours de notre serre, où il y a la plus grande concentration d'établissements.

  • Speaker #1

    Donc ce n'est pas dans le reste de la France ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, on est vraiment sur un modèle d'agriculture urbaine, périurbain, avec des serres en périphérie des villes, très proches du centre. Aujourd'hui, nous sommes à Nanterre, derrière la Défense, très proche des zones dans lesquelles sont implantés nos clients. Et donc, ça va nous permettre d'avoir une livraison qui se fasse avec des méthodes vraiment naturelles, comme le vélo.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que c'est un des gros problèmes, surtout sur des productions comme celle-là, la livraison et le coût d'acheminement par rapport à ça. Donc effectivement, là, vous avez une solution. Ça veut dire des lieux de production qui sont proches de votre clientèle.

  • Speaker #2

    Complètement. Vraiment périurbain, en fait, en première couronne. Alors ça, c'est mon ancienne vie dans le retail, dans la distribution où je n'avais qu'un mot, l'emplacement, l'emplacement. Donc là, les serres doivent être vraiment implantées au plus près des clients, donc en périphérie. Et là, avec notre implantation sur Nanterre, on est vraiment très bien placé justement pour pouvoir ensuite livrer. On descend sur la Défense, on arrive sur l'Arc de Triomphe. Puis on peut suivre presque la ligne 1, en fait, pour livrer tous nos clients.

  • Speaker #1

    Vous êtes une équipe de 4 personnes, donc ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, oui, par rapport à notre...

  • Speaker #1

    Ils sont des gens que tu as recrutés ou qui sont associés ?

  • Speaker #2

    Alors, aujourd'hui, je n'ai pas d'associés. Ce sont des gens que j'ai recrutés. Ce sont des salariés. Mais qui ont un coup de cœur pour le projet d'entreprise et qui ont envie de valider. Passionné par ça.

  • Speaker #1

    Et donc, comme on sait que le recrutement et la fidélisation, c'est un des enjeux majeurs aujourd'hui dans les organisations. Comment tu procèdes par rapport à ça ? Tu me dis, il y a le coup de cœur et après ?

  • Speaker #2

    Ça a été des rencontres, en fait, des gens qui ont dû me voir, qui ont découvert l'univers de la serre, qui ont aimé ce que j'étais en train d'essayer de montrer et de développer. Et puis Guillaume, en fait, la personne qui s'occupe de la partie production, c'est quelqu'un que je voulais faire venir à Lille il y a trois ans, au démarrage du projet, qui n'a pas voulu venir à Lille pour plein de raisons qu'on peut imaginer. Et donc, par contre, il est arrivé maintenant, il y a quelques mois, pour m'aider sur Paris. Et qui supervise, en fait, les deux serres.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes clients, on a parlé des chefs, on a parlé de tout ça. Sur le plan des particuliers, ta sensibilisation aux particuliers ou aux passionnés, se fait comment ?

  • Speaker #2

    On va surtout construire une offre d'atelier. J'ai une offre d'atelier pour les particuliers, puisque ce qui est très important dans la manière dont on va apporter quelque chose de différent chez Vitaminer, ça va être essentiellement dans les usages, dans la manière d'utiliser les plantes. Et donc, on a construit une offre d'atelier pour les particuliers autour de la cuisine, des boissons ou de la mixologie qui est dispensée dans mes serres de Nanterre ou de Lille, en fonction du calendrier. Et puis bien sûr, on a une petite activité de vente de plantes à côté, dans nos serres, mais de manière assez confidentielle. Les gens d'ailleurs souvent nous demandent quand est-ce qu'on est ouvert. lorsque je réponds avec beaucoup de... de joie, c'est que la boutique en ligne est ouverte toute l'année, 24h sur 24, donc on peut tout à fait acheter en ligne.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez dans l'univers professionnel tout ce qui relève des cocktails, des bars ? C'est un univers qui évolue beaucoup en ce moment. C'est quelque chose dans lequel vous voulez investir ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. On a déjà des premiers clients à Lille qui sont dans ce domaine, donc des mixologues qui ont ouvert des bars à cocktails, qui ont besoin aussi d'aller chercher de nouvelles recettes et d'être plus créatifs. Et donc, c'est un univers que je vais aussi explorer, bien sûr, à Paris.

  • Speaker #1

    Comment tu utilises le Collège Culinaire de France, je veux dire, dans tes relations avec d'autres membres ? C'est à ta porte quoi ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, pour la petite histoire, le Collège Culinaire de France, je l'ai découvert il y a quelques années, tout au début de Vitamine Herbe. J'avais très envie d'y rentrer, mais je ne me sentais pas légitime, parce que j'étais vraiment au début de mes méthodes de production et que j'ai attendu... plus de trois ans, une fois que mes méthodes de production étaient bien au point pour me dire « bon voilà, je vais peut-être quand même essayer de candidater » parce que les valeurs étaient tellement alignées avec ce que j'essaie de développer que pour moi c'était une évidence, mais il fallait que j'ai cette légitimité. C'est très important pour moi de me sentir légitime. Alors comment je l'utilise ? Aujourd'hui, peut-être pas encore assez, mais en tout cas ce que j'ai souhaité depuis mon arrivée à Paris, c'est d'organiser une journée adhérent. J'ai vraiment à cœur d'ouvrir mes serres pour que le Merci. le plus de professionnels possible, que ce soit à la fois des artisans ou des chefs, puissent goûter toute notre collection aromatique directement sur place. C'est là que ça commence, en fait. La créativité, une assiette va commencer à...

  • Speaker #1

    Avoir accès à, bien sûr. On va terminer par une troisième petite séquence, ce qu'on appelle, nous, la moutarde te monte au nez.

  • Speaker #0

    La moutarde me monte au nez.

  • Speaker #1

    Allez, ton coup de gueule, quelque chose qui t'indique en particulier ?

  • Speaker #2

    C'est le manque de respect de la saisonnalité des produits, qui est, je pense, encore un sujet marquant, qui pour moi est absolument capital dans le respect de la planète, de l'environnement et surtout des gens qui consomment les produits. Donc c'est très important de respecter cette saisonnalité.

  • Speaker #1

    Et on le voit parce que ce que tu dis est très probant. C'est toute une chaîne, c'est-à-dire tout le monde est responsable de ça. Les producteurs, en amont, quelque part, si on va aller jusqu'au bout, déterminent les cartes des restaurateurs en fonction de la saisonnalité. C'est toute la différence qui se passe entre, mais d'ailleurs ça on le trouve dans plein d'autres domaines, je réponds à ce qu'on demande. Et ça, c'est une vaste imposture. Parce qu'aujourd'hui, un consommateur peut avoir besoin de fraises en hiver. Je demande ça, donc il faut que je réponde. Et ça, c'est tout le système dans lequel nous nous trouvons. Alors qu'à partir du moment où tu reprends la légitimité de la nature, c'est la nature qui détermine ce que tu auras dans l'assiette. Donc ça demande, et c'est en opposition énorme, avec la culture dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. On veut tout avoir immédiatement. Il y a plein de choses qui, derrière, sont des éléments qui sont une atteinte à ce que le vivant peut véritablement donner. Donc ça a sophistiqué plein de choses. arriver à faire... des tomates en hiver qui n'ont plus de goût, arriver à faire des fruits, y compris toutes les importations. Donc là, comme tu dis, ça c'est une vraie indignation. Respecter la saisonnalité, faut-il encore savoir ce qu'est un produit de saison ? Car on s'aperçoit, quand on interroge même des gens au grand public, ils ne savent même plus quelle est la saison de la carotte, de la tomate. Voir même, et on le voit avec beaucoup de membres qu'on a interviewés, que le poisson a une saison. Et quand tu vas sur un marché, je ne sais pas si tu connais l'association que nous avons créée, Manger Citoyens, qu'on a créé pour le grand public, justement, l'équivalent du Collège Culinaire de France, c'est en fait se poser des questions. Et on a quelques membres de Manger Citoyens qui se sont amusés à aller sur les marchés et à demander à un poissonnier sur un marché « je voudrais un poisson de saison » . Il ne savait pas lui répondre, ce qui est quand même extraordinaire. Parce qu'il y a effectivement des saisons qui sont très importantes. Donc cette notion de saison est vraiment déterminante. Tu as raison.

  • Speaker #2

    Pour nous, avec la plante en plus, ce qui est absolument incroyable, c'est qu'il y a une saisonnalité qui matche avec les ingrédients de saison, avec les légumes et les fruits.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et avec les poissons, tout est lié. Donc c'est une autre manière vraiment de définir ce qu'on va mettre dans l'assiette. Et pour nous, c'est aussi très important puisqu'en fait, on va acclimater toutes nos plantes à nos climats sans pour autant chauffer. On cultive intégralement sous serre non chauffée de manière à pouvoir justement respecter cette saisonnalité et avoir le maximum d'arômes. Ce qui fait toute la différence sur le produit in fine.

  • Speaker #1

    Merci, merci Cécile de toutes ces informations. Si tu avais à nous donner une adresse, soit de restaurant, soit de producteur qui t'intéresse ou qui te tienne particulièrement à cœur, il y en a sans doute pas mal, mais qui te viendrait à l'esprit pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    Si vous voulez déguster un tea time avec une bonne infusion, rendez-vous Place de la Madeleine au Lucas Carton.

  • Speaker #1

    Ah ben voilà, très bien. Très bien, Lucas Carton qui est une très très bonne adresse effectivement. Je te remercie et à très bientôt. Je vais dire à nos auditeurs que dans 15 jours, ils ont un autre épisode avec quelqu'un de passionnant, qui est un jeune restaurateur, qui a vraiment une passion de ce métier, qui s'appelle Maxence Arlethaz. Et ça vaut vraiment le coup de voir comment cette jeune génération se lance dans la restauration aujourd'hui. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Tinte. le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

Description

Rencontre avec Cécile Girerd-Jorry, fondatrice de Vitaminherb, une ferme urbaine installée d’abord à Lille et aussi aujourd’hui à Nanterre.

Son credo : des plantes aromatiques rares, cultivées sans chauffage, proche des chefs et des passionnés de cuisine.

Cécile a imaginé un vrai projet d’artisanat et de proximité avec une forme d’agriculture à échelle humaine, où les saisons, les usages et le vivant dictent le tempo.

Elle y est entourée d’une petite équipe engagée, qui livre même à vélo.

Dans cet épisode, on plonge dans son univers sensible et visionnaire, entre passion de la plante, cuisine inventive et défi logistique en ville.


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo (17éme arrondissement de Paris), lieu vivant et chaleureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'assiette. »

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous accueillons Cécile Girerjori, la fondatrice et dirigeante de Vitamine Herbe, une entreprise spécialisée dans la culture de plantes aromatiques rares et de qualité, destinée aux chefs et aux passionnés de cuisine. Après une carrière réussie dans le secteur de la finance et de la gestion, Notamment en tant que directrice financière chez Sephora France et contrôleur financier chez Brico-Dépôt et Castorama, elle décide en 2020 de se reconvertir dans l'agriculture urbaine en créant Vitamine Lherbe. Sa candidature a été sélectionnée par le Collège Chouinard de France, ce qu'elle intègre en 2023. Là encore, nous allons découvrir la reconversion exceptionnelle d'une entrepreneuse artisan de qualité passionnée par la vie.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Roguby.

  • Speaker #1

    Alors Cécile, bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour Christian.

  • Speaker #1

    Après de brillantes études, où tu es sortie diplômée d'Agrotech en 1992 et d'HEC Paris en 2015, Pourquoi diable te reconvertir dans les plantes ?

  • Speaker #2

    Alors ça peut paraître bizarre comme ça au premier abord, après ma carrière très loin des plantes. Mais en fait, pour mon entourage, ça paraît complètement évident. J'ai toujours adoré les plantes, les découvrir, les sentir, les collectionner aussi. Depuis que je suis toute petite, je me promène dans la campagne, dans les bois, dans la forêt, avec ma flore pour reconnaître toutes ces plantes qui se mangent.

  • Speaker #1

    Qui se mangent ?

  • Speaker #2

    Qui se mangent, oui, qui se mangent, qui le sentent.

  • Speaker #1

    D'accord, c'est avant tout des plantes... qui sont utilisables en cuisine, comestibles. Mais tu dis toujours tu vas rechercher chez les plantes bon pour le corps, bon pour les papilles et bon pour la vue. C'est-à-dire cette notion de beauté de la plante t'interpelle aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment un ensemble. C'est tous les sens qui se mettent en éveil avec les plantes. On va avoir le côté bien-être, tous les bienfaits des plantes. On va avoir le côté gustatif, qui est celui d'ailleurs qui m'intéresse le plus aujourd'hui. Mais aussi le visuel, le côté visuel. Il y a des verres, différents types de verres, des verres sombres, des verres foncés, des formes de feuilles qui sont complètement différentes. Et quand on s'attache à regarder ça vraiment, à se reconnecter à la nature, c'est un élément qui est très important aussi d'ailleurs pour le cuisinier, dans l'assiette ou dans le travail qu'il va faire, dans la mise en œuvre, et à l'appel de sa créativité gastronomique aussi, je pense qu'il va être aussi beaucoup nourri par les formes des feuilles. Au-delà de la partie uniquement comestible et aussi, évidemment, bien sûr, gustative.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a amené également à approfondir des connaissances techniques d'herboristerie ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, je suis en apprentissage permanent, que ce soit au niveau de la découverte des nouvelles plantes. Au départ de l'histoire de Vitaminerbe, j'ai vraiment fait un arrêt, en fait, après une carrière extrêmement dense, à courir un peu partout dans le monde. J'ai voulu vraiment déjà faire un stop. Je me suis donc formée tout au début avec un grand ethnobotanicien qui s'appelle François Couplant, qui étudie la relation entre les hommes et les plantes, parce que pour moi c'était essentiel de passer par cette phase de reconnexion et de compréhension de la relation qu'entretiennent les hommes avec les plantes. Je ne me suis pas forcément formée en herboristerie, parce que ce n'est pas l'aspect qui m'intéresse le plus dans la plante, c'est plutôt le côté plaisir gustatif. Et donc là, je me suis par contre beaucoup nourrie de lectures sur les gens qui... On parle des molécules aromatiques qui sont dans les plantes, puisque finalement, c'est de la chimie. Je retrouve un peu mon côté chimiste. J'aimais beaucoup la chimie aussi quand j'étais plus jeune. Et la cuisine, finalement, ça n'est aussi que de la chimie. Les plantes ne sont que de la chimie. Et c'est pour ça que les deux ensemble fonctionnent si bien, en fait. Donc, c'est tout un monde à découvrir de jour en jour, d'apprentissage en apprentissage, de découvertes de nouvelles plantes, de découvertes de nouveaux arômes, puisque dans la nature... tous les arômes sont présents si on regarde ça de près.

  • Speaker #1

    Et donc cette découverte de nouveaux arômes, ça t'a amené aussi à présenter une palette ou à cultiver d'une façon très spécifique, puisque au début tu as développé quelque chose en région ?

  • Speaker #2

    Vraiment, le point de départ de Vitaminer, c'est très lié au Covid, c'est le nord de la France, puisque j'ai dû choisir entre Paris, qui est la capitale dans laquelle je suis née, et la ville de Lille dans laquelle je vis depuis maintenant presque 20 ans. Donc, on pourrait dire que je suis presque plus...

  • Speaker #1

    Lilloise.

  • Speaker #2

    Lilloise que parisienne. Mais donc, c'est le Covid qui a fait que je me suis retrouvée un petit peu coincée à Lille, que j'ai trouvé ces cerfs, ces 5000 mètres carrés de cerfs en métropole lilloise. Et ça a été finalement l'occasion de construire le projet Vitaminer avec toutes les difficultés techniques qu'il peut y avoir dans la culture de toutes ces plantes. Et puis, pour répondre aussi à ta question, en fait, mon travail aujourd'hui, ce n'est pas tellement de cultiver des plantes, mais plutôt de cultiver les arômes des plantes. C'est vraiment de pouvoir apporter du... du coup, aux professionnels de la gastronomie, mais aussi à tous les épicuriens de manière générale, toute la puissance aromatique de la nature à l'état vivant. Ça, j'y tiens énormément, le côté vivant. C'est pour ça que nos plantes, d'ailleurs, sont proposées en pot et pas en bouquet, avec des méthodes de culture qui sont extrêmement respectueuses de la plante et donc de l'environnement, et du coup, aussi des consommateurs qui vont les consommer in fine.

  • Speaker #1

    Depuis combien de temps tu as créé Vitaminarbe ?

  • Speaker #2

    Ça fait cinq ans. En fait, le démarrage du projet, ça a été 2019, quand j'ai quitté mon dernier poste salarié, en 2019, mars 2019. Le projet d'entreprise, au départ, c'était plutôt de reprendre une entreprise dans les plantes. Et puis, je me suis rendu compte que je ne trouvais pas quelque chose avec lequel je sentais que j'étais alignée. L'alignement est quelque chose de très important pour moi. Et puis, chemin faisant, au bout de six mois, je me suis dit, pourquoi je ne créerais pas ça ? C'était un peu fou comme projet parce qu'il fallait partir d'une page blanche. Et donc c'était fin 2020, j'ai créé la société Vitaminer. On a lancé notre premier test commercial en 2021. Et quatre ans après, nous avons une deuxième serre en région parisienne, au plus proche de nos consommateurs. Donc, il faut rêver grand, je crois. Il ne faut pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Tu n'avais jamais créé d'entreprise avant ?

  • Speaker #2

    Non, j'avais dirigé des entreprises qui n'étaient pas limites. Je n'avais jamais créé.

  • Speaker #1

    Tu avais la base financière déjà, qui est la structure quand même fondamentale, mais pas seulement. On va s'arrêter juste pour faire ce qu'on appelle une petite capsule. Je vais te proposer une petite interview qu'on a baptisée « Toc toc, qui est là ? »

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #1

    Je te pose des questions très rapides, tu réponds comme ça spontanément. Si tu étais un animal ?

  • Speaker #2

    Je crois que je serais un papillon. Ah,

  • Speaker #1

    avec des fleurs, c'est génial. Oui,

  • Speaker #2

    avec des poutines qui passent de fleurs en fleurs. Parce que les aromatiques ont des magnifiques fleurs, on les voit rarement, mais toutes les aromatiques fleurissent.

  • Speaker #1

    C'est pas courant de répondre à un papillon, mais ça correspond tout à fait à l'univers dans lequel tu es.

  • Speaker #2

    Les papillons les observent en fait en permanence sur nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça doit être très intéressant, oui.

  • Speaker #2

    Même d'un point de vue image, le papillon, c'est la transformation.

  • Speaker #1

    Si tu étais une saison ?

  • Speaker #2

    L'automne. C'est la période de l'année à laquelle les plantes aromatiques explosent. C'est la période de l'année...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas le printemps ?

  • Speaker #2

    Elle démarre. Mais là où il y a le plus de potentiel de profusion d'arômes, où la serre est la plus aromatique, c'est après l'été. C'est dans cette période automnale. Il y a des magnifiques floraisons.

  • Speaker #1

    Si tu étais un plat ?

  • Speaker #2

    Ce serait une salade folle d'herbes.

  • Speaker #1

    Pour faire tout ça, et tu étais quand même bien placé pour travailler dessus, quel est le modèle économique auquel tu peux parvenir ? Parce que c'est pas évident du tout. Toute entreprise aujourd'hui n'est pas facile, mais là tu vas sur des doubles difficultés, c'est-à-dire qu'il faut en même temps quelque part ouvrir un marché, c'est-à-dire le faire connaître, faire comprendre ce que ça peut avoir, même si, bien sûr, il y a une clientèle qui peut être tout de suite dans la recherche des saveurs. Quel modèle économique tu es en cours de mettre en place ? Et quelles difficultés surgissent par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Notre modèle économique, il est clairement en construction. Il est maintenant à peu près abouti, mais il pourra toujours évoluer parce qu'on doit toujours être dans ce processus d'évolution et d'accompagnement de nos clients. Je les construis vraiment avec mes clients, mes premiers clients qui ont été fondateurs. Et je le construis d'ailleurs au quotidien encore avec eux ou avec de nouveaux clients. On va être vraiment sur un modèle de service. C'est un peu du service autour de la plante. On pourrait dire du SaaS, mais c'est un mot qu'on utilise plus dans d'autres domaines d'activité, comme tout ce qui est logiciel. Parce qu'on va vraiment se positionner comme étant effectivement producteur, puisque tout ce qu'on va pouvoir amener au chef est produit dans nos serres. Vraiment, j'insiste sur ce point-là, on est producteur. Ce qui d'ailleurs n'était pas du tout mon projet d'entreprise au départ, mais j'étais obligée d'aller dans la production pour pouvoir amener un produit qui est unique aujourd'hui en France. Et on va être, au-delà de cette production, on va être vraiment sur un accompagnement. On est sur un accompagnement de nos chefs. Alors il y a des chefs aussi qui nous poussent, qui nous donnent des idées au quotidien sur les plantes qu'on pourrait être amené à cultiver, d'autres auprès desquelles on va faire découvrir justement certaines plantes qu'ils ne connaissent pas. Mais on est vraiment en accompagnement. On les accompagne dans les utilisations. En fait, on apprend tous ensemble, on est comme une grande communauté où les chefs, nous et d'autres même des épicuriens de manière plus générale, vont apprendre On apprend tous ensemble sur les utilisations des plantes. C'est un monde sans fin et je pourrais dire que j'apprends tous les jours en fait.

  • Speaker #1

    En fait c'est une exploration permanente qui est interconnectée, c'est-à-dire celui qui est client est aussi acteur complètement de ce que tu fais. Tu vises un type de clientèle particulière, tu essaies d'explorer sur des typologies différentes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Alors en fait, le dénominateur commun des personnes qui peuvent... intéressés par notre travail, ça ne va pas forcément être un grand chef, ça peut effectivement, mais ça n'est pas forcément. Ça va être un chef qui va être curieux de pouvoir aller plus loin dans son travail, de créer et qui va chercher des ingrédients de qualité pour aller beaucoup plus loin dans sa créativité gastronomique. Et donc là, la plante va être un formidable ingrédient d'innovation pour aller beaucoup plus loin dans son travail. À condition, bien sûr, que cette personne ait envie de chercher, d'expérimenter. Parce qu'il y a tellement de manières de mettre en œuvre les plantes que ça ouvre un champ des possibles sans limite, qui est ouvert en fait, et donc il faut avoir envie d'aller plus loin dans son travail.

  • Speaker #1

    Alors est-ce que dans ta démarche, il y a une démarche ? incitatif, parce que quand tu dis t'as des gens qui ont envie, t'as des gens qui n'ont pas forcément l'imagination pour le faire. Est-ce que avec l'expérience que tu as, tu proposes des pistes de réflexion pour ceux qui utiliseraient les plantes ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. En fait, on va être vraiment dans cette démarche permanente de vouloir transmettre la puissance de nos plantes et donc on va effectivement donner des idées, des pistes. On apprend aussi beaucoup, moi j'apprends énormément de ceux par contre qui connaissent mieux parce qu'il y a certaines maisons où on les connaît. dans lesquelles les plantes ont une part significative. Donc, ceux-là m'ont beaucoup appris. Et puis, il y a les autres qui ont envie d'aller, mais qui ne peuvent pas parce qu'ils ne savent pas. Mais on peut tout à fait. Donc, on avance en fait ensemble sur ce chemin d'utilisation de la puissance de l'aromatique naturelle.

  • Speaker #1

    Et ça, uniquement dans l'univers des professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, dans les professionnels, je voudrais juste peut-être distinguer un petit peu les différents types. Parce qu'on va être à la fois sur la partie cuisine et la partie boisson. Donc, évidemment, les chefs de cuisine salés, sucrés, les mixologues aussi. utilisent nos ingrédients, nos plantes comme des ingrédients dans leurs boissons. On va aussi parler de toute la partie boisson à base de plantes en pairing, donc tout ce qu'on appelle soft pairing. Et puis bien sûr, quelque chose que j'adore, moi, vivre dans un restaurant, c'est cette expérience du jardin aromatique qui vient à nous pour une infusion de fin de repas, qui est quelque chose que j'avais toujours beaucoup vu dans des grands hôtels à l'étranger. qu'on peut aussi voir bien sûr à Paris dans des grands hôtels, mais qui devraient pouvoir être accessibles dans beaucoup plus d'établissements, puisque c'est tellement facile de mettre en œuvre une boisson aromatique à base de plantes.

  • Speaker #1

    Le principe, c'est à la fin d'un repas de proposer ces boissons aromatiques.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #1

    Un peu l'alternative du café.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est-à-dire en fait, au lieu de prendre un café, c'est de prendre une infusion de plantes fraîches, comme ma grand-mère cueillait dans le jardin à la fin du repas. Et je crois qu'on a tous... Des souvenirs comme ça d'enfance ? Et ça,

  • Speaker #1

    c'est une tendance que tu vois monter ?

  • Speaker #2

    C'est une demande en tout cas, d'un certain nombre d'établissements.

  • Speaker #1

    Je te propose un deuxième petit jeu, toujours pour ponctuer un petit peu notre entretien. On appelle fromage ou dessert ?

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Speaker #1

    Des questions alternatives où tu réponds spontanément. Est-ce que tu préférerais... Avancer ou remonter le temps ?

  • Speaker #2

    J'ai envie de dire les deux. Je ne sais pas si j'ai le droit.

  • Speaker #1

    Passionnel, tu as tous les droits. Est-ce que tu es plutôt logique ou émotion ?

  • Speaker #2

    Émotion.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu es compétition ou coopération ?

  • Speaker #2

    Coopération.

  • Speaker #1

    Travail ou vacances ?

  • Speaker #2

    Travail.

  • Speaker #1

    C'est tellement passionnant que ce sont des vacances.

  • Speaker #2

    C'est difficile de faire la différence.

  • Speaker #1

    Vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Speaker #2

    Les deux sont intimement liées aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans la passion, c'est ce qu'on retrouve chez beaucoup d'artisans. On passe maintenant à un autre échange sur la manière dont tu développes ça. Est-ce que tu as une équipe ?

  • Speaker #2

    Nous sommes quatre aujourd'hui, donc répartis sur les deux serres, avec à la tête moi-même et Guillaume, qui s'occupe de toute la partie production, qui est chargé de produire les plus belles plantes de la terre, comme je lui dis tous les jours. Et puis après, il y a deux personnes qui sont très polyvalentes, qui vont à la fois faire de la culture et de la livraison, donc qui sont les personnes... que vont voir les chefs d'ailleurs, puisque nous, on livre en fait nous-mêmes nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah vous, vous livrez vous-même ?

  • Speaker #2

    Oui, on livre en vélo-cargo en fait.

  • Speaker #1

    Si c'est à Paris, aux régions parisiennes ou près de Lille ?

  • Speaker #2

    Alors c'est Paris, Paris, surtout intramuros aujourd'hui, ou dans le 92, donc aux alentours de notre serre, où il y a la plus grande concentration d'établissements.

  • Speaker #1

    Donc ce n'est pas dans le reste de la France ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, on est vraiment sur un modèle d'agriculture urbaine, périurbain, avec des serres en périphérie des villes, très proches du centre. Aujourd'hui, nous sommes à Nanterre, derrière la Défense, très proche des zones dans lesquelles sont implantés nos clients. Et donc, ça va nous permettre d'avoir une livraison qui se fasse avec des méthodes vraiment naturelles, comme le vélo.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que c'est un des gros problèmes, surtout sur des productions comme celle-là, la livraison et le coût d'acheminement par rapport à ça. Donc effectivement, là, vous avez une solution. Ça veut dire des lieux de production qui sont proches de votre clientèle.

  • Speaker #2

    Complètement. Vraiment périurbain, en fait, en première couronne. Alors ça, c'est mon ancienne vie dans le retail, dans la distribution où je n'avais qu'un mot, l'emplacement, l'emplacement. Donc là, les serres doivent être vraiment implantées au plus près des clients, donc en périphérie. Et là, avec notre implantation sur Nanterre, on est vraiment très bien placé justement pour pouvoir ensuite livrer. On descend sur la Défense, on arrive sur l'Arc de Triomphe. Puis on peut suivre presque la ligne 1, en fait, pour livrer tous nos clients.

  • Speaker #1

    Vous êtes une équipe de 4 personnes, donc ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, oui, par rapport à notre...

  • Speaker #1

    Ils sont des gens que tu as recrutés ou qui sont associés ?

  • Speaker #2

    Alors, aujourd'hui, je n'ai pas d'associés. Ce sont des gens que j'ai recrutés. Ce sont des salariés. Mais qui ont un coup de cœur pour le projet d'entreprise et qui ont envie de valider. Passionné par ça.

  • Speaker #1

    Et donc, comme on sait que le recrutement et la fidélisation, c'est un des enjeux majeurs aujourd'hui dans les organisations. Comment tu procèdes par rapport à ça ? Tu me dis, il y a le coup de cœur et après ?

  • Speaker #2

    Ça a été des rencontres, en fait, des gens qui ont dû me voir, qui ont découvert l'univers de la serre, qui ont aimé ce que j'étais en train d'essayer de montrer et de développer. Et puis Guillaume, en fait, la personne qui s'occupe de la partie production, c'est quelqu'un que je voulais faire venir à Lille il y a trois ans, au démarrage du projet, qui n'a pas voulu venir à Lille pour plein de raisons qu'on peut imaginer. Et donc, par contre, il est arrivé maintenant, il y a quelques mois, pour m'aider sur Paris. Et qui supervise, en fait, les deux serres.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes clients, on a parlé des chefs, on a parlé de tout ça. Sur le plan des particuliers, ta sensibilisation aux particuliers ou aux passionnés, se fait comment ?

  • Speaker #2

    On va surtout construire une offre d'atelier. J'ai une offre d'atelier pour les particuliers, puisque ce qui est très important dans la manière dont on va apporter quelque chose de différent chez Vitaminer, ça va être essentiellement dans les usages, dans la manière d'utiliser les plantes. Et donc, on a construit une offre d'atelier pour les particuliers autour de la cuisine, des boissons ou de la mixologie qui est dispensée dans mes serres de Nanterre ou de Lille, en fonction du calendrier. Et puis bien sûr, on a une petite activité de vente de plantes à côté, dans nos serres, mais de manière assez confidentielle. Les gens d'ailleurs souvent nous demandent quand est-ce qu'on est ouvert. lorsque je réponds avec beaucoup de... de joie, c'est que la boutique en ligne est ouverte toute l'année, 24h sur 24, donc on peut tout à fait acheter en ligne.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez dans l'univers professionnel tout ce qui relève des cocktails, des bars ? C'est un univers qui évolue beaucoup en ce moment. C'est quelque chose dans lequel vous voulez investir ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. On a déjà des premiers clients à Lille qui sont dans ce domaine, donc des mixologues qui ont ouvert des bars à cocktails, qui ont besoin aussi d'aller chercher de nouvelles recettes et d'être plus créatifs. Et donc, c'est un univers que je vais aussi explorer, bien sûr, à Paris.

  • Speaker #1

    Comment tu utilises le Collège Culinaire de France, je veux dire, dans tes relations avec d'autres membres ? C'est à ta porte quoi ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, pour la petite histoire, le Collège Culinaire de France, je l'ai découvert il y a quelques années, tout au début de Vitamine Herbe. J'avais très envie d'y rentrer, mais je ne me sentais pas légitime, parce que j'étais vraiment au début de mes méthodes de production et que j'ai attendu... plus de trois ans, une fois que mes méthodes de production étaient bien au point pour me dire « bon voilà, je vais peut-être quand même essayer de candidater » parce que les valeurs étaient tellement alignées avec ce que j'essaie de développer que pour moi c'était une évidence, mais il fallait que j'ai cette légitimité. C'est très important pour moi de me sentir légitime. Alors comment je l'utilise ? Aujourd'hui, peut-être pas encore assez, mais en tout cas ce que j'ai souhaité depuis mon arrivée à Paris, c'est d'organiser une journée adhérent. J'ai vraiment à cœur d'ouvrir mes serres pour que le Merci. le plus de professionnels possible, que ce soit à la fois des artisans ou des chefs, puissent goûter toute notre collection aromatique directement sur place. C'est là que ça commence, en fait. La créativité, une assiette va commencer à...

  • Speaker #1

    Avoir accès à, bien sûr. On va terminer par une troisième petite séquence, ce qu'on appelle, nous, la moutarde te monte au nez.

  • Speaker #0

    La moutarde me monte au nez.

  • Speaker #1

    Allez, ton coup de gueule, quelque chose qui t'indique en particulier ?

  • Speaker #2

    C'est le manque de respect de la saisonnalité des produits, qui est, je pense, encore un sujet marquant, qui pour moi est absolument capital dans le respect de la planète, de l'environnement et surtout des gens qui consomment les produits. Donc c'est très important de respecter cette saisonnalité.

  • Speaker #1

    Et on le voit parce que ce que tu dis est très probant. C'est toute une chaîne, c'est-à-dire tout le monde est responsable de ça. Les producteurs, en amont, quelque part, si on va aller jusqu'au bout, déterminent les cartes des restaurateurs en fonction de la saisonnalité. C'est toute la différence qui se passe entre, mais d'ailleurs ça on le trouve dans plein d'autres domaines, je réponds à ce qu'on demande. Et ça, c'est une vaste imposture. Parce qu'aujourd'hui, un consommateur peut avoir besoin de fraises en hiver. Je demande ça, donc il faut que je réponde. Et ça, c'est tout le système dans lequel nous nous trouvons. Alors qu'à partir du moment où tu reprends la légitimité de la nature, c'est la nature qui détermine ce que tu auras dans l'assiette. Donc ça demande, et c'est en opposition énorme, avec la culture dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. On veut tout avoir immédiatement. Il y a plein de choses qui, derrière, sont des éléments qui sont une atteinte à ce que le vivant peut véritablement donner. Donc ça a sophistiqué plein de choses. arriver à faire... des tomates en hiver qui n'ont plus de goût, arriver à faire des fruits, y compris toutes les importations. Donc là, comme tu dis, ça c'est une vraie indignation. Respecter la saisonnalité, faut-il encore savoir ce qu'est un produit de saison ? Car on s'aperçoit, quand on interroge même des gens au grand public, ils ne savent même plus quelle est la saison de la carotte, de la tomate. Voir même, et on le voit avec beaucoup de membres qu'on a interviewés, que le poisson a une saison. Et quand tu vas sur un marché, je ne sais pas si tu connais l'association que nous avons créée, Manger Citoyens, qu'on a créé pour le grand public, justement, l'équivalent du Collège Culinaire de France, c'est en fait se poser des questions. Et on a quelques membres de Manger Citoyens qui se sont amusés à aller sur les marchés et à demander à un poissonnier sur un marché « je voudrais un poisson de saison » . Il ne savait pas lui répondre, ce qui est quand même extraordinaire. Parce qu'il y a effectivement des saisons qui sont très importantes. Donc cette notion de saison est vraiment déterminante. Tu as raison.

  • Speaker #2

    Pour nous, avec la plante en plus, ce qui est absolument incroyable, c'est qu'il y a une saisonnalité qui matche avec les ingrédients de saison, avec les légumes et les fruits.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et avec les poissons, tout est lié. Donc c'est une autre manière vraiment de définir ce qu'on va mettre dans l'assiette. Et pour nous, c'est aussi très important puisqu'en fait, on va acclimater toutes nos plantes à nos climats sans pour autant chauffer. On cultive intégralement sous serre non chauffée de manière à pouvoir justement respecter cette saisonnalité et avoir le maximum d'arômes. Ce qui fait toute la différence sur le produit in fine.

  • Speaker #1

    Merci, merci Cécile de toutes ces informations. Si tu avais à nous donner une adresse, soit de restaurant, soit de producteur qui t'intéresse ou qui te tienne particulièrement à cœur, il y en a sans doute pas mal, mais qui te viendrait à l'esprit pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    Si vous voulez déguster un tea time avec une bonne infusion, rendez-vous Place de la Madeleine au Lucas Carton.

  • Speaker #1

    Ah ben voilà, très bien. Très bien, Lucas Carton qui est une très très bonne adresse effectivement. Je te remercie et à très bientôt. Je vais dire à nos auditeurs que dans 15 jours, ils ont un autre épisode avec quelqu'un de passionnant, qui est un jeune restaurateur, qui a vraiment une passion de ce métier, qui s'appelle Maxence Arlethaz. Et ça vaut vraiment le coup de voir comment cette jeune génération se lance dans la restauration aujourd'hui. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Tinte. le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

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Cécile a imaginé un vrai projet d’artisanat et de proximité avec une forme d’agriculture à échelle humaine, où les saisons, les usages et le vivant dictent le tempo.

Elle y est entourée d’une petite équipe engagée, qui livre même à vélo.

Dans cet épisode, on plonge dans son univers sensible et visionnaire, entre passion de la plante, cuisine inventive et défi logistique en ville.


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo (17éme arrondissement de Paris), lieu vivant et chaleureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'assiette. »

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous accueillons Cécile Girerjori, la fondatrice et dirigeante de Vitamine Herbe, une entreprise spécialisée dans la culture de plantes aromatiques rares et de qualité, destinée aux chefs et aux passionnés de cuisine. Après une carrière réussie dans le secteur de la finance et de la gestion, Notamment en tant que directrice financière chez Sephora France et contrôleur financier chez Brico-Dépôt et Castorama, elle décide en 2020 de se reconvertir dans l'agriculture urbaine en créant Vitamine Lherbe. Sa candidature a été sélectionnée par le Collège Chouinard de France, ce qu'elle intègre en 2023. Là encore, nous allons découvrir la reconversion exceptionnelle d'une entrepreneuse artisan de qualité passionnée par la vie.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Roguby.

  • Speaker #1

    Alors Cécile, bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour Christian.

  • Speaker #1

    Après de brillantes études, où tu es sortie diplômée d'Agrotech en 1992 et d'HEC Paris en 2015, Pourquoi diable te reconvertir dans les plantes ?

  • Speaker #2

    Alors ça peut paraître bizarre comme ça au premier abord, après ma carrière très loin des plantes. Mais en fait, pour mon entourage, ça paraît complètement évident. J'ai toujours adoré les plantes, les découvrir, les sentir, les collectionner aussi. Depuis que je suis toute petite, je me promène dans la campagne, dans les bois, dans la forêt, avec ma flore pour reconnaître toutes ces plantes qui se mangent.

  • Speaker #1

    Qui se mangent ?

  • Speaker #2

    Qui se mangent, oui, qui se mangent, qui le sentent.

  • Speaker #1

    D'accord, c'est avant tout des plantes... qui sont utilisables en cuisine, comestibles. Mais tu dis toujours tu vas rechercher chez les plantes bon pour le corps, bon pour les papilles et bon pour la vue. C'est-à-dire cette notion de beauté de la plante t'interpelle aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment un ensemble. C'est tous les sens qui se mettent en éveil avec les plantes. On va avoir le côté bien-être, tous les bienfaits des plantes. On va avoir le côté gustatif, qui est celui d'ailleurs qui m'intéresse le plus aujourd'hui. Mais aussi le visuel, le côté visuel. Il y a des verres, différents types de verres, des verres sombres, des verres foncés, des formes de feuilles qui sont complètement différentes. Et quand on s'attache à regarder ça vraiment, à se reconnecter à la nature, c'est un élément qui est très important aussi d'ailleurs pour le cuisinier, dans l'assiette ou dans le travail qu'il va faire, dans la mise en œuvre, et à l'appel de sa créativité gastronomique aussi, je pense qu'il va être aussi beaucoup nourri par les formes des feuilles. Au-delà de la partie uniquement comestible et aussi, évidemment, bien sûr, gustative.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a amené également à approfondir des connaissances techniques d'herboristerie ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, je suis en apprentissage permanent, que ce soit au niveau de la découverte des nouvelles plantes. Au départ de l'histoire de Vitaminerbe, j'ai vraiment fait un arrêt, en fait, après une carrière extrêmement dense, à courir un peu partout dans le monde. J'ai voulu vraiment déjà faire un stop. Je me suis donc formée tout au début avec un grand ethnobotanicien qui s'appelle François Couplant, qui étudie la relation entre les hommes et les plantes, parce que pour moi c'était essentiel de passer par cette phase de reconnexion et de compréhension de la relation qu'entretiennent les hommes avec les plantes. Je ne me suis pas forcément formée en herboristerie, parce que ce n'est pas l'aspect qui m'intéresse le plus dans la plante, c'est plutôt le côté plaisir gustatif. Et donc là, je me suis par contre beaucoup nourrie de lectures sur les gens qui... On parle des molécules aromatiques qui sont dans les plantes, puisque finalement, c'est de la chimie. Je retrouve un peu mon côté chimiste. J'aimais beaucoup la chimie aussi quand j'étais plus jeune. Et la cuisine, finalement, ça n'est aussi que de la chimie. Les plantes ne sont que de la chimie. Et c'est pour ça que les deux ensemble fonctionnent si bien, en fait. Donc, c'est tout un monde à découvrir de jour en jour, d'apprentissage en apprentissage, de découvertes de nouvelles plantes, de découvertes de nouveaux arômes, puisque dans la nature... tous les arômes sont présents si on regarde ça de près.

  • Speaker #1

    Et donc cette découverte de nouveaux arômes, ça t'a amené aussi à présenter une palette ou à cultiver d'une façon très spécifique, puisque au début tu as développé quelque chose en région ?

  • Speaker #2

    Vraiment, le point de départ de Vitaminer, c'est très lié au Covid, c'est le nord de la France, puisque j'ai dû choisir entre Paris, qui est la capitale dans laquelle je suis née, et la ville de Lille dans laquelle je vis depuis maintenant presque 20 ans. Donc, on pourrait dire que je suis presque plus...

  • Speaker #1

    Lilloise.

  • Speaker #2

    Lilloise que parisienne. Mais donc, c'est le Covid qui a fait que je me suis retrouvée un petit peu coincée à Lille, que j'ai trouvé ces cerfs, ces 5000 mètres carrés de cerfs en métropole lilloise. Et ça a été finalement l'occasion de construire le projet Vitaminer avec toutes les difficultés techniques qu'il peut y avoir dans la culture de toutes ces plantes. Et puis, pour répondre aussi à ta question, en fait, mon travail aujourd'hui, ce n'est pas tellement de cultiver des plantes, mais plutôt de cultiver les arômes des plantes. C'est vraiment de pouvoir apporter du... du coup, aux professionnels de la gastronomie, mais aussi à tous les épicuriens de manière générale, toute la puissance aromatique de la nature à l'état vivant. Ça, j'y tiens énormément, le côté vivant. C'est pour ça que nos plantes, d'ailleurs, sont proposées en pot et pas en bouquet, avec des méthodes de culture qui sont extrêmement respectueuses de la plante et donc de l'environnement, et du coup, aussi des consommateurs qui vont les consommer in fine.

  • Speaker #1

    Depuis combien de temps tu as créé Vitaminarbe ?

  • Speaker #2

    Ça fait cinq ans. En fait, le démarrage du projet, ça a été 2019, quand j'ai quitté mon dernier poste salarié, en 2019, mars 2019. Le projet d'entreprise, au départ, c'était plutôt de reprendre une entreprise dans les plantes. Et puis, je me suis rendu compte que je ne trouvais pas quelque chose avec lequel je sentais que j'étais alignée. L'alignement est quelque chose de très important pour moi. Et puis, chemin faisant, au bout de six mois, je me suis dit, pourquoi je ne créerais pas ça ? C'était un peu fou comme projet parce qu'il fallait partir d'une page blanche. Et donc c'était fin 2020, j'ai créé la société Vitaminer. On a lancé notre premier test commercial en 2021. Et quatre ans après, nous avons une deuxième serre en région parisienne, au plus proche de nos consommateurs. Donc, il faut rêver grand, je crois. Il ne faut pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Tu n'avais jamais créé d'entreprise avant ?

  • Speaker #2

    Non, j'avais dirigé des entreprises qui n'étaient pas limites. Je n'avais jamais créé.

  • Speaker #1

    Tu avais la base financière déjà, qui est la structure quand même fondamentale, mais pas seulement. On va s'arrêter juste pour faire ce qu'on appelle une petite capsule. Je vais te proposer une petite interview qu'on a baptisée « Toc toc, qui est là ? »

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #1

    Je te pose des questions très rapides, tu réponds comme ça spontanément. Si tu étais un animal ?

  • Speaker #2

    Je crois que je serais un papillon. Ah,

  • Speaker #1

    avec des fleurs, c'est génial. Oui,

  • Speaker #2

    avec des poutines qui passent de fleurs en fleurs. Parce que les aromatiques ont des magnifiques fleurs, on les voit rarement, mais toutes les aromatiques fleurissent.

  • Speaker #1

    C'est pas courant de répondre à un papillon, mais ça correspond tout à fait à l'univers dans lequel tu es.

  • Speaker #2

    Les papillons les observent en fait en permanence sur nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça doit être très intéressant, oui.

  • Speaker #2

    Même d'un point de vue image, le papillon, c'est la transformation.

  • Speaker #1

    Si tu étais une saison ?

  • Speaker #2

    L'automne. C'est la période de l'année à laquelle les plantes aromatiques explosent. C'est la période de l'année...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas le printemps ?

  • Speaker #2

    Elle démarre. Mais là où il y a le plus de potentiel de profusion d'arômes, où la serre est la plus aromatique, c'est après l'été. C'est dans cette période automnale. Il y a des magnifiques floraisons.

  • Speaker #1

    Si tu étais un plat ?

  • Speaker #2

    Ce serait une salade folle d'herbes.

  • Speaker #1

    Pour faire tout ça, et tu étais quand même bien placé pour travailler dessus, quel est le modèle économique auquel tu peux parvenir ? Parce que c'est pas évident du tout. Toute entreprise aujourd'hui n'est pas facile, mais là tu vas sur des doubles difficultés, c'est-à-dire qu'il faut en même temps quelque part ouvrir un marché, c'est-à-dire le faire connaître, faire comprendre ce que ça peut avoir, même si, bien sûr, il y a une clientèle qui peut être tout de suite dans la recherche des saveurs. Quel modèle économique tu es en cours de mettre en place ? Et quelles difficultés surgissent par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Notre modèle économique, il est clairement en construction. Il est maintenant à peu près abouti, mais il pourra toujours évoluer parce qu'on doit toujours être dans ce processus d'évolution et d'accompagnement de nos clients. Je les construis vraiment avec mes clients, mes premiers clients qui ont été fondateurs. Et je le construis d'ailleurs au quotidien encore avec eux ou avec de nouveaux clients. On va être vraiment sur un modèle de service. C'est un peu du service autour de la plante. On pourrait dire du SaaS, mais c'est un mot qu'on utilise plus dans d'autres domaines d'activité, comme tout ce qui est logiciel. Parce qu'on va vraiment se positionner comme étant effectivement producteur, puisque tout ce qu'on va pouvoir amener au chef est produit dans nos serres. Vraiment, j'insiste sur ce point-là, on est producteur. Ce qui d'ailleurs n'était pas du tout mon projet d'entreprise au départ, mais j'étais obligée d'aller dans la production pour pouvoir amener un produit qui est unique aujourd'hui en France. Et on va être, au-delà de cette production, on va être vraiment sur un accompagnement. On est sur un accompagnement de nos chefs. Alors il y a des chefs aussi qui nous poussent, qui nous donnent des idées au quotidien sur les plantes qu'on pourrait être amené à cultiver, d'autres auprès desquelles on va faire découvrir justement certaines plantes qu'ils ne connaissent pas. Mais on est vraiment en accompagnement. On les accompagne dans les utilisations. En fait, on apprend tous ensemble, on est comme une grande communauté où les chefs, nous et d'autres même des épicuriens de manière plus générale, vont apprendre On apprend tous ensemble sur les utilisations des plantes. C'est un monde sans fin et je pourrais dire que j'apprends tous les jours en fait.

  • Speaker #1

    En fait c'est une exploration permanente qui est interconnectée, c'est-à-dire celui qui est client est aussi acteur complètement de ce que tu fais. Tu vises un type de clientèle particulière, tu essaies d'explorer sur des typologies différentes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Alors en fait, le dénominateur commun des personnes qui peuvent... intéressés par notre travail, ça ne va pas forcément être un grand chef, ça peut effectivement, mais ça n'est pas forcément. Ça va être un chef qui va être curieux de pouvoir aller plus loin dans son travail, de créer et qui va chercher des ingrédients de qualité pour aller beaucoup plus loin dans sa créativité gastronomique. Et donc là, la plante va être un formidable ingrédient d'innovation pour aller beaucoup plus loin dans son travail. À condition, bien sûr, que cette personne ait envie de chercher, d'expérimenter. Parce qu'il y a tellement de manières de mettre en œuvre les plantes que ça ouvre un champ des possibles sans limite, qui est ouvert en fait, et donc il faut avoir envie d'aller plus loin dans son travail.

  • Speaker #1

    Alors est-ce que dans ta démarche, il y a une démarche ? incitatif, parce que quand tu dis t'as des gens qui ont envie, t'as des gens qui n'ont pas forcément l'imagination pour le faire. Est-ce que avec l'expérience que tu as, tu proposes des pistes de réflexion pour ceux qui utiliseraient les plantes ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. En fait, on va être vraiment dans cette démarche permanente de vouloir transmettre la puissance de nos plantes et donc on va effectivement donner des idées, des pistes. On apprend aussi beaucoup, moi j'apprends énormément de ceux par contre qui connaissent mieux parce qu'il y a certaines maisons où on les connaît. dans lesquelles les plantes ont une part significative. Donc, ceux-là m'ont beaucoup appris. Et puis, il y a les autres qui ont envie d'aller, mais qui ne peuvent pas parce qu'ils ne savent pas. Mais on peut tout à fait. Donc, on avance en fait ensemble sur ce chemin d'utilisation de la puissance de l'aromatique naturelle.

  • Speaker #1

    Et ça, uniquement dans l'univers des professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, dans les professionnels, je voudrais juste peut-être distinguer un petit peu les différents types. Parce qu'on va être à la fois sur la partie cuisine et la partie boisson. Donc, évidemment, les chefs de cuisine salés, sucrés, les mixologues aussi. utilisent nos ingrédients, nos plantes comme des ingrédients dans leurs boissons. On va aussi parler de toute la partie boisson à base de plantes en pairing, donc tout ce qu'on appelle soft pairing. Et puis bien sûr, quelque chose que j'adore, moi, vivre dans un restaurant, c'est cette expérience du jardin aromatique qui vient à nous pour une infusion de fin de repas, qui est quelque chose que j'avais toujours beaucoup vu dans des grands hôtels à l'étranger. qu'on peut aussi voir bien sûr à Paris dans des grands hôtels, mais qui devraient pouvoir être accessibles dans beaucoup plus d'établissements, puisque c'est tellement facile de mettre en œuvre une boisson aromatique à base de plantes.

  • Speaker #1

    Le principe, c'est à la fin d'un repas de proposer ces boissons aromatiques.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #1

    Un peu l'alternative du café.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est-à-dire en fait, au lieu de prendre un café, c'est de prendre une infusion de plantes fraîches, comme ma grand-mère cueillait dans le jardin à la fin du repas. Et je crois qu'on a tous... Des souvenirs comme ça d'enfance ? Et ça,

  • Speaker #1

    c'est une tendance que tu vois monter ?

  • Speaker #2

    C'est une demande en tout cas, d'un certain nombre d'établissements.

  • Speaker #1

    Je te propose un deuxième petit jeu, toujours pour ponctuer un petit peu notre entretien. On appelle fromage ou dessert ?

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Speaker #1

    Des questions alternatives où tu réponds spontanément. Est-ce que tu préférerais... Avancer ou remonter le temps ?

  • Speaker #2

    J'ai envie de dire les deux. Je ne sais pas si j'ai le droit.

  • Speaker #1

    Passionnel, tu as tous les droits. Est-ce que tu es plutôt logique ou émotion ?

  • Speaker #2

    Émotion.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu es compétition ou coopération ?

  • Speaker #2

    Coopération.

  • Speaker #1

    Travail ou vacances ?

  • Speaker #2

    Travail.

  • Speaker #1

    C'est tellement passionnant que ce sont des vacances.

  • Speaker #2

    C'est difficile de faire la différence.

  • Speaker #1

    Vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Speaker #2

    Les deux sont intimement liées aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans la passion, c'est ce qu'on retrouve chez beaucoup d'artisans. On passe maintenant à un autre échange sur la manière dont tu développes ça. Est-ce que tu as une équipe ?

  • Speaker #2

    Nous sommes quatre aujourd'hui, donc répartis sur les deux serres, avec à la tête moi-même et Guillaume, qui s'occupe de toute la partie production, qui est chargé de produire les plus belles plantes de la terre, comme je lui dis tous les jours. Et puis après, il y a deux personnes qui sont très polyvalentes, qui vont à la fois faire de la culture et de la livraison, donc qui sont les personnes... que vont voir les chefs d'ailleurs, puisque nous, on livre en fait nous-mêmes nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah vous, vous livrez vous-même ?

  • Speaker #2

    Oui, on livre en vélo-cargo en fait.

  • Speaker #1

    Si c'est à Paris, aux régions parisiennes ou près de Lille ?

  • Speaker #2

    Alors c'est Paris, Paris, surtout intramuros aujourd'hui, ou dans le 92, donc aux alentours de notre serre, où il y a la plus grande concentration d'établissements.

  • Speaker #1

    Donc ce n'est pas dans le reste de la France ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, on est vraiment sur un modèle d'agriculture urbaine, périurbain, avec des serres en périphérie des villes, très proches du centre. Aujourd'hui, nous sommes à Nanterre, derrière la Défense, très proche des zones dans lesquelles sont implantés nos clients. Et donc, ça va nous permettre d'avoir une livraison qui se fasse avec des méthodes vraiment naturelles, comme le vélo.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que c'est un des gros problèmes, surtout sur des productions comme celle-là, la livraison et le coût d'acheminement par rapport à ça. Donc effectivement, là, vous avez une solution. Ça veut dire des lieux de production qui sont proches de votre clientèle.

  • Speaker #2

    Complètement. Vraiment périurbain, en fait, en première couronne. Alors ça, c'est mon ancienne vie dans le retail, dans la distribution où je n'avais qu'un mot, l'emplacement, l'emplacement. Donc là, les serres doivent être vraiment implantées au plus près des clients, donc en périphérie. Et là, avec notre implantation sur Nanterre, on est vraiment très bien placé justement pour pouvoir ensuite livrer. On descend sur la Défense, on arrive sur l'Arc de Triomphe. Puis on peut suivre presque la ligne 1, en fait, pour livrer tous nos clients.

  • Speaker #1

    Vous êtes une équipe de 4 personnes, donc ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, oui, par rapport à notre...

  • Speaker #1

    Ils sont des gens que tu as recrutés ou qui sont associés ?

  • Speaker #2

    Alors, aujourd'hui, je n'ai pas d'associés. Ce sont des gens que j'ai recrutés. Ce sont des salariés. Mais qui ont un coup de cœur pour le projet d'entreprise et qui ont envie de valider. Passionné par ça.

  • Speaker #1

    Et donc, comme on sait que le recrutement et la fidélisation, c'est un des enjeux majeurs aujourd'hui dans les organisations. Comment tu procèdes par rapport à ça ? Tu me dis, il y a le coup de cœur et après ?

  • Speaker #2

    Ça a été des rencontres, en fait, des gens qui ont dû me voir, qui ont découvert l'univers de la serre, qui ont aimé ce que j'étais en train d'essayer de montrer et de développer. Et puis Guillaume, en fait, la personne qui s'occupe de la partie production, c'est quelqu'un que je voulais faire venir à Lille il y a trois ans, au démarrage du projet, qui n'a pas voulu venir à Lille pour plein de raisons qu'on peut imaginer. Et donc, par contre, il est arrivé maintenant, il y a quelques mois, pour m'aider sur Paris. Et qui supervise, en fait, les deux serres.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes clients, on a parlé des chefs, on a parlé de tout ça. Sur le plan des particuliers, ta sensibilisation aux particuliers ou aux passionnés, se fait comment ?

  • Speaker #2

    On va surtout construire une offre d'atelier. J'ai une offre d'atelier pour les particuliers, puisque ce qui est très important dans la manière dont on va apporter quelque chose de différent chez Vitaminer, ça va être essentiellement dans les usages, dans la manière d'utiliser les plantes. Et donc, on a construit une offre d'atelier pour les particuliers autour de la cuisine, des boissons ou de la mixologie qui est dispensée dans mes serres de Nanterre ou de Lille, en fonction du calendrier. Et puis bien sûr, on a une petite activité de vente de plantes à côté, dans nos serres, mais de manière assez confidentielle. Les gens d'ailleurs souvent nous demandent quand est-ce qu'on est ouvert. lorsque je réponds avec beaucoup de... de joie, c'est que la boutique en ligne est ouverte toute l'année, 24h sur 24, donc on peut tout à fait acheter en ligne.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez dans l'univers professionnel tout ce qui relève des cocktails, des bars ? C'est un univers qui évolue beaucoup en ce moment. C'est quelque chose dans lequel vous voulez investir ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. On a déjà des premiers clients à Lille qui sont dans ce domaine, donc des mixologues qui ont ouvert des bars à cocktails, qui ont besoin aussi d'aller chercher de nouvelles recettes et d'être plus créatifs. Et donc, c'est un univers que je vais aussi explorer, bien sûr, à Paris.

  • Speaker #1

    Comment tu utilises le Collège Culinaire de France, je veux dire, dans tes relations avec d'autres membres ? C'est à ta porte quoi ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, pour la petite histoire, le Collège Culinaire de France, je l'ai découvert il y a quelques années, tout au début de Vitamine Herbe. J'avais très envie d'y rentrer, mais je ne me sentais pas légitime, parce que j'étais vraiment au début de mes méthodes de production et que j'ai attendu... plus de trois ans, une fois que mes méthodes de production étaient bien au point pour me dire « bon voilà, je vais peut-être quand même essayer de candidater » parce que les valeurs étaient tellement alignées avec ce que j'essaie de développer que pour moi c'était une évidence, mais il fallait que j'ai cette légitimité. C'est très important pour moi de me sentir légitime. Alors comment je l'utilise ? Aujourd'hui, peut-être pas encore assez, mais en tout cas ce que j'ai souhaité depuis mon arrivée à Paris, c'est d'organiser une journée adhérent. J'ai vraiment à cœur d'ouvrir mes serres pour que le Merci. le plus de professionnels possible, que ce soit à la fois des artisans ou des chefs, puissent goûter toute notre collection aromatique directement sur place. C'est là que ça commence, en fait. La créativité, une assiette va commencer à...

  • Speaker #1

    Avoir accès à, bien sûr. On va terminer par une troisième petite séquence, ce qu'on appelle, nous, la moutarde te monte au nez.

  • Speaker #0

    La moutarde me monte au nez.

  • Speaker #1

    Allez, ton coup de gueule, quelque chose qui t'indique en particulier ?

  • Speaker #2

    C'est le manque de respect de la saisonnalité des produits, qui est, je pense, encore un sujet marquant, qui pour moi est absolument capital dans le respect de la planète, de l'environnement et surtout des gens qui consomment les produits. Donc c'est très important de respecter cette saisonnalité.

  • Speaker #1

    Et on le voit parce que ce que tu dis est très probant. C'est toute une chaîne, c'est-à-dire tout le monde est responsable de ça. Les producteurs, en amont, quelque part, si on va aller jusqu'au bout, déterminent les cartes des restaurateurs en fonction de la saisonnalité. C'est toute la différence qui se passe entre, mais d'ailleurs ça on le trouve dans plein d'autres domaines, je réponds à ce qu'on demande. Et ça, c'est une vaste imposture. Parce qu'aujourd'hui, un consommateur peut avoir besoin de fraises en hiver. Je demande ça, donc il faut que je réponde. Et ça, c'est tout le système dans lequel nous nous trouvons. Alors qu'à partir du moment où tu reprends la légitimité de la nature, c'est la nature qui détermine ce que tu auras dans l'assiette. Donc ça demande, et c'est en opposition énorme, avec la culture dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. On veut tout avoir immédiatement. Il y a plein de choses qui, derrière, sont des éléments qui sont une atteinte à ce que le vivant peut véritablement donner. Donc ça a sophistiqué plein de choses. arriver à faire... des tomates en hiver qui n'ont plus de goût, arriver à faire des fruits, y compris toutes les importations. Donc là, comme tu dis, ça c'est une vraie indignation. Respecter la saisonnalité, faut-il encore savoir ce qu'est un produit de saison ? Car on s'aperçoit, quand on interroge même des gens au grand public, ils ne savent même plus quelle est la saison de la carotte, de la tomate. Voir même, et on le voit avec beaucoup de membres qu'on a interviewés, que le poisson a une saison. Et quand tu vas sur un marché, je ne sais pas si tu connais l'association que nous avons créée, Manger Citoyens, qu'on a créé pour le grand public, justement, l'équivalent du Collège Culinaire de France, c'est en fait se poser des questions. Et on a quelques membres de Manger Citoyens qui se sont amusés à aller sur les marchés et à demander à un poissonnier sur un marché « je voudrais un poisson de saison » . Il ne savait pas lui répondre, ce qui est quand même extraordinaire. Parce qu'il y a effectivement des saisons qui sont très importantes. Donc cette notion de saison est vraiment déterminante. Tu as raison.

  • Speaker #2

    Pour nous, avec la plante en plus, ce qui est absolument incroyable, c'est qu'il y a une saisonnalité qui matche avec les ingrédients de saison, avec les légumes et les fruits.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et avec les poissons, tout est lié. Donc c'est une autre manière vraiment de définir ce qu'on va mettre dans l'assiette. Et pour nous, c'est aussi très important puisqu'en fait, on va acclimater toutes nos plantes à nos climats sans pour autant chauffer. On cultive intégralement sous serre non chauffée de manière à pouvoir justement respecter cette saisonnalité et avoir le maximum d'arômes. Ce qui fait toute la différence sur le produit in fine.

  • Speaker #1

    Merci, merci Cécile de toutes ces informations. Si tu avais à nous donner une adresse, soit de restaurant, soit de producteur qui t'intéresse ou qui te tienne particulièrement à cœur, il y en a sans doute pas mal, mais qui te viendrait à l'esprit pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    Si vous voulez déguster un tea time avec une bonne infusion, rendez-vous Place de la Madeleine au Lucas Carton.

  • Speaker #1

    Ah ben voilà, très bien. Très bien, Lucas Carton qui est une très très bonne adresse effectivement. Je te remercie et à très bientôt. Je vais dire à nos auditeurs que dans 15 jours, ils ont un autre épisode avec quelqu'un de passionnant, qui est un jeune restaurateur, qui a vraiment une passion de ce métier, qui s'appelle Maxence Arlethaz. Et ça vaut vraiment le coup de voir comment cette jeune génération se lance dans la restauration aujourd'hui. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Tinte. le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

Description

Rencontre avec Cécile Girerd-Jorry, fondatrice de Vitaminherb, une ferme urbaine installée d’abord à Lille et aussi aujourd’hui à Nanterre.

Son credo : des plantes aromatiques rares, cultivées sans chauffage, proche des chefs et des passionnés de cuisine.

Cécile a imaginé un vrai projet d’artisanat et de proximité avec une forme d’agriculture à échelle humaine, où les saisons, les usages et le vivant dictent le tempo.

Elle y est entourée d’une petite équipe engagée, qui livre même à vélo.

Dans cet épisode, on plonge dans son univers sensible et visionnaire, entre passion de la plante, cuisine inventive et défi logistique en ville.


Le Collège Culinaire de France est une association fondée en 2011 à l'initiative de quinze grands chefs restaurateurs à l'instar d'Alain Ducasse, Joël Robuchon, Yannick Alléno, Paul Bocuse, Alain Dutournier, Gilles Goujon, Michel Guérard, Marc Haeberlin, Régis Marcon, Thierry Marx, Gérald Passedat, Laurent Petit, Anne-Sophie Pic, Guy Savoy et Pierre Troisgros. Le Collège Culinaire de France est la seule association, à ce jour, initiée par le plus grand rassemblement de chefs français reconnus et incontestés, qui s’emploie, concrètement, sur le terrain, à relier des Producteurs et Artisans de Qualité avec des Restaurants de Qualité de toutes catégories. Elle rassemble ceux qui œuvrent pour une vision d’avenir du métier, et fédère tous ceux qui s’engagent sur des synergies de valeurs et de pratiques partagées.


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Crédits

En cuisine :

Un foodcast mitonnée aux petits oignons par Suniwan

Illustration servie par Hugo Girard

Un épisode enregistré au Mojo (17éme arrondissement de Paris), lieu vivant et chaleureux.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    « Bienvenue dans le podcast de La Terre à l'assiette. »

  • Speaker #1

    Aujourd'hui, nous accueillons Cécile Girerjori, la fondatrice et dirigeante de Vitamine Herbe, une entreprise spécialisée dans la culture de plantes aromatiques rares et de qualité, destinée aux chefs et aux passionnés de cuisine. Après une carrière réussie dans le secteur de la finance et de la gestion, Notamment en tant que directrice financière chez Sephora France et contrôleur financier chez Brico-Dépôt et Castorama, elle décide en 2020 de se reconvertir dans l'agriculture urbaine en créant Vitamine Lherbe. Sa candidature a été sélectionnée par le Collège Chouinard de France, ce qu'elle intègre en 2023. Là encore, nous allons découvrir la reconversion exceptionnelle d'une entrepreneuse artisan de qualité passionnée par la vie.

  • Speaker #0

    Une émission présentée par Christian Roguby.

  • Speaker #1

    Alors Cécile, bonjour.

  • Speaker #2

    Bonjour Christian.

  • Speaker #1

    Après de brillantes études, où tu es sortie diplômée d'Agrotech en 1992 et d'HEC Paris en 2015, Pourquoi diable te reconvertir dans les plantes ?

  • Speaker #2

    Alors ça peut paraître bizarre comme ça au premier abord, après ma carrière très loin des plantes. Mais en fait, pour mon entourage, ça paraît complètement évident. J'ai toujours adoré les plantes, les découvrir, les sentir, les collectionner aussi. Depuis que je suis toute petite, je me promène dans la campagne, dans les bois, dans la forêt, avec ma flore pour reconnaître toutes ces plantes qui se mangent.

  • Speaker #1

    Qui se mangent ?

  • Speaker #2

    Qui se mangent, oui, qui se mangent, qui le sentent.

  • Speaker #1

    D'accord, c'est avant tout des plantes... qui sont utilisables en cuisine, comestibles. Mais tu dis toujours tu vas rechercher chez les plantes bon pour le corps, bon pour les papilles et bon pour la vue. C'est-à-dire cette notion de beauté de la plante t'interpelle aussi.

  • Speaker #2

    C'est vraiment un ensemble. C'est tous les sens qui se mettent en éveil avec les plantes. On va avoir le côté bien-être, tous les bienfaits des plantes. On va avoir le côté gustatif, qui est celui d'ailleurs qui m'intéresse le plus aujourd'hui. Mais aussi le visuel, le côté visuel. Il y a des verres, différents types de verres, des verres sombres, des verres foncés, des formes de feuilles qui sont complètement différentes. Et quand on s'attache à regarder ça vraiment, à se reconnecter à la nature, c'est un élément qui est très important aussi d'ailleurs pour le cuisinier, dans l'assiette ou dans le travail qu'il va faire, dans la mise en œuvre, et à l'appel de sa créativité gastronomique aussi, je pense qu'il va être aussi beaucoup nourri par les formes des feuilles. Au-delà de la partie uniquement comestible et aussi, évidemment, bien sûr, gustative.

  • Speaker #1

    Est-ce que ça t'a amené également à approfondir des connaissances techniques d'herboristerie ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, je suis en apprentissage permanent, que ce soit au niveau de la découverte des nouvelles plantes. Au départ de l'histoire de Vitaminerbe, j'ai vraiment fait un arrêt, en fait, après une carrière extrêmement dense, à courir un peu partout dans le monde. J'ai voulu vraiment déjà faire un stop. Je me suis donc formée tout au début avec un grand ethnobotanicien qui s'appelle François Couplant, qui étudie la relation entre les hommes et les plantes, parce que pour moi c'était essentiel de passer par cette phase de reconnexion et de compréhension de la relation qu'entretiennent les hommes avec les plantes. Je ne me suis pas forcément formée en herboristerie, parce que ce n'est pas l'aspect qui m'intéresse le plus dans la plante, c'est plutôt le côté plaisir gustatif. Et donc là, je me suis par contre beaucoup nourrie de lectures sur les gens qui... On parle des molécules aromatiques qui sont dans les plantes, puisque finalement, c'est de la chimie. Je retrouve un peu mon côté chimiste. J'aimais beaucoup la chimie aussi quand j'étais plus jeune. Et la cuisine, finalement, ça n'est aussi que de la chimie. Les plantes ne sont que de la chimie. Et c'est pour ça que les deux ensemble fonctionnent si bien, en fait. Donc, c'est tout un monde à découvrir de jour en jour, d'apprentissage en apprentissage, de découvertes de nouvelles plantes, de découvertes de nouveaux arômes, puisque dans la nature... tous les arômes sont présents si on regarde ça de près.

  • Speaker #1

    Et donc cette découverte de nouveaux arômes, ça t'a amené aussi à présenter une palette ou à cultiver d'une façon très spécifique, puisque au début tu as développé quelque chose en région ?

  • Speaker #2

    Vraiment, le point de départ de Vitaminer, c'est très lié au Covid, c'est le nord de la France, puisque j'ai dû choisir entre Paris, qui est la capitale dans laquelle je suis née, et la ville de Lille dans laquelle je vis depuis maintenant presque 20 ans. Donc, on pourrait dire que je suis presque plus...

  • Speaker #1

    Lilloise.

  • Speaker #2

    Lilloise que parisienne. Mais donc, c'est le Covid qui a fait que je me suis retrouvée un petit peu coincée à Lille, que j'ai trouvé ces cerfs, ces 5000 mètres carrés de cerfs en métropole lilloise. Et ça a été finalement l'occasion de construire le projet Vitaminer avec toutes les difficultés techniques qu'il peut y avoir dans la culture de toutes ces plantes. Et puis, pour répondre aussi à ta question, en fait, mon travail aujourd'hui, ce n'est pas tellement de cultiver des plantes, mais plutôt de cultiver les arômes des plantes. C'est vraiment de pouvoir apporter du... du coup, aux professionnels de la gastronomie, mais aussi à tous les épicuriens de manière générale, toute la puissance aromatique de la nature à l'état vivant. Ça, j'y tiens énormément, le côté vivant. C'est pour ça que nos plantes, d'ailleurs, sont proposées en pot et pas en bouquet, avec des méthodes de culture qui sont extrêmement respectueuses de la plante et donc de l'environnement, et du coup, aussi des consommateurs qui vont les consommer in fine.

  • Speaker #1

    Depuis combien de temps tu as créé Vitaminarbe ?

  • Speaker #2

    Ça fait cinq ans. En fait, le démarrage du projet, ça a été 2019, quand j'ai quitté mon dernier poste salarié, en 2019, mars 2019. Le projet d'entreprise, au départ, c'était plutôt de reprendre une entreprise dans les plantes. Et puis, je me suis rendu compte que je ne trouvais pas quelque chose avec lequel je sentais que j'étais alignée. L'alignement est quelque chose de très important pour moi. Et puis, chemin faisant, au bout de six mois, je me suis dit, pourquoi je ne créerais pas ça ? C'était un peu fou comme projet parce qu'il fallait partir d'une page blanche. Et donc c'était fin 2020, j'ai créé la société Vitaminer. On a lancé notre premier test commercial en 2021. Et quatre ans après, nous avons une deuxième serre en région parisienne, au plus proche de nos consommateurs. Donc, il faut rêver grand, je crois. Il ne faut pas avoir peur.

  • Speaker #1

    Tu n'avais jamais créé d'entreprise avant ?

  • Speaker #2

    Non, j'avais dirigé des entreprises qui n'étaient pas limites. Je n'avais jamais créé.

  • Speaker #1

    Tu avais la base financière déjà, qui est la structure quand même fondamentale, mais pas seulement. On va s'arrêter juste pour faire ce qu'on appelle une petite capsule. Je vais te proposer une petite interview qu'on a baptisée « Toc toc, qui est là ? »

  • Speaker #0

    Toc toc, qui est là ?

  • Speaker #1

    Je te pose des questions très rapides, tu réponds comme ça spontanément. Si tu étais un animal ?

  • Speaker #2

    Je crois que je serais un papillon. Ah,

  • Speaker #1

    avec des fleurs, c'est génial. Oui,

  • Speaker #2

    avec des poutines qui passent de fleurs en fleurs. Parce que les aromatiques ont des magnifiques fleurs, on les voit rarement, mais toutes les aromatiques fleurissent.

  • Speaker #1

    C'est pas courant de répondre à un papillon, mais ça correspond tout à fait à l'univers dans lequel tu es.

  • Speaker #2

    Les papillons les observent en fait en permanence sur nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah oui, ça doit être très intéressant, oui.

  • Speaker #2

    Même d'un point de vue image, le papillon, c'est la transformation.

  • Speaker #1

    Si tu étais une saison ?

  • Speaker #2

    L'automne. C'est la période de l'année à laquelle les plantes aromatiques explosent. C'est la période de l'année...

  • Speaker #1

    Ce n'est pas le printemps ?

  • Speaker #2

    Elle démarre. Mais là où il y a le plus de potentiel de profusion d'arômes, où la serre est la plus aromatique, c'est après l'été. C'est dans cette période automnale. Il y a des magnifiques floraisons.

  • Speaker #1

    Si tu étais un plat ?

  • Speaker #2

    Ce serait une salade folle d'herbes.

  • Speaker #1

    Pour faire tout ça, et tu étais quand même bien placé pour travailler dessus, quel est le modèle économique auquel tu peux parvenir ? Parce que c'est pas évident du tout. Toute entreprise aujourd'hui n'est pas facile, mais là tu vas sur des doubles difficultés, c'est-à-dire qu'il faut en même temps quelque part ouvrir un marché, c'est-à-dire le faire connaître, faire comprendre ce que ça peut avoir, même si, bien sûr, il y a une clientèle qui peut être tout de suite dans la recherche des saveurs. Quel modèle économique tu es en cours de mettre en place ? Et quelles difficultés surgissent par rapport à ça ?

  • Speaker #2

    Notre modèle économique, il est clairement en construction. Il est maintenant à peu près abouti, mais il pourra toujours évoluer parce qu'on doit toujours être dans ce processus d'évolution et d'accompagnement de nos clients. Je les construis vraiment avec mes clients, mes premiers clients qui ont été fondateurs. Et je le construis d'ailleurs au quotidien encore avec eux ou avec de nouveaux clients. On va être vraiment sur un modèle de service. C'est un peu du service autour de la plante. On pourrait dire du SaaS, mais c'est un mot qu'on utilise plus dans d'autres domaines d'activité, comme tout ce qui est logiciel. Parce qu'on va vraiment se positionner comme étant effectivement producteur, puisque tout ce qu'on va pouvoir amener au chef est produit dans nos serres. Vraiment, j'insiste sur ce point-là, on est producteur. Ce qui d'ailleurs n'était pas du tout mon projet d'entreprise au départ, mais j'étais obligée d'aller dans la production pour pouvoir amener un produit qui est unique aujourd'hui en France. Et on va être, au-delà de cette production, on va être vraiment sur un accompagnement. On est sur un accompagnement de nos chefs. Alors il y a des chefs aussi qui nous poussent, qui nous donnent des idées au quotidien sur les plantes qu'on pourrait être amené à cultiver, d'autres auprès desquelles on va faire découvrir justement certaines plantes qu'ils ne connaissent pas. Mais on est vraiment en accompagnement. On les accompagne dans les utilisations. En fait, on apprend tous ensemble, on est comme une grande communauté où les chefs, nous et d'autres même des épicuriens de manière plus générale, vont apprendre On apprend tous ensemble sur les utilisations des plantes. C'est un monde sans fin et je pourrais dire que j'apprends tous les jours en fait.

  • Speaker #1

    En fait c'est une exploration permanente qui est interconnectée, c'est-à-dire celui qui est client est aussi acteur complètement de ce que tu fais. Tu vises un type de clientèle particulière, tu essaies d'explorer sur des typologies différentes.

  • Speaker #2

    Tout à fait. Alors en fait, le dénominateur commun des personnes qui peuvent... intéressés par notre travail, ça ne va pas forcément être un grand chef, ça peut effectivement, mais ça n'est pas forcément. Ça va être un chef qui va être curieux de pouvoir aller plus loin dans son travail, de créer et qui va chercher des ingrédients de qualité pour aller beaucoup plus loin dans sa créativité gastronomique. Et donc là, la plante va être un formidable ingrédient d'innovation pour aller beaucoup plus loin dans son travail. À condition, bien sûr, que cette personne ait envie de chercher, d'expérimenter. Parce qu'il y a tellement de manières de mettre en œuvre les plantes que ça ouvre un champ des possibles sans limite, qui est ouvert en fait, et donc il faut avoir envie d'aller plus loin dans son travail.

  • Speaker #1

    Alors est-ce que dans ta démarche, il y a une démarche ? incitatif, parce que quand tu dis t'as des gens qui ont envie, t'as des gens qui n'ont pas forcément l'imagination pour le faire. Est-ce que avec l'expérience que tu as, tu proposes des pistes de réflexion pour ceux qui utiliseraient les plantes ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. En fait, on va être vraiment dans cette démarche permanente de vouloir transmettre la puissance de nos plantes et donc on va effectivement donner des idées, des pistes. On apprend aussi beaucoup, moi j'apprends énormément de ceux par contre qui connaissent mieux parce qu'il y a certaines maisons où on les connaît. dans lesquelles les plantes ont une part significative. Donc, ceux-là m'ont beaucoup appris. Et puis, il y a les autres qui ont envie d'aller, mais qui ne peuvent pas parce qu'ils ne savent pas. Mais on peut tout à fait. Donc, on avance en fait ensemble sur ce chemin d'utilisation de la puissance de l'aromatique naturelle.

  • Speaker #1

    Et ça, uniquement dans l'univers des professionnels ?

  • Speaker #2

    Alors, dans les professionnels, je voudrais juste peut-être distinguer un petit peu les différents types. Parce qu'on va être à la fois sur la partie cuisine et la partie boisson. Donc, évidemment, les chefs de cuisine salés, sucrés, les mixologues aussi. utilisent nos ingrédients, nos plantes comme des ingrédients dans leurs boissons. On va aussi parler de toute la partie boisson à base de plantes en pairing, donc tout ce qu'on appelle soft pairing. Et puis bien sûr, quelque chose que j'adore, moi, vivre dans un restaurant, c'est cette expérience du jardin aromatique qui vient à nous pour une infusion de fin de repas, qui est quelque chose que j'avais toujours beaucoup vu dans des grands hôtels à l'étranger. qu'on peut aussi voir bien sûr à Paris dans des grands hôtels, mais qui devraient pouvoir être accessibles dans beaucoup plus d'établissements, puisque c'est tellement facile de mettre en œuvre une boisson aromatique à base de plantes.

  • Speaker #1

    Le principe, c'est à la fin d'un repas de proposer ces boissons aromatiques.

  • Speaker #2

    Tout à fait, oui.

  • Speaker #1

    Un peu l'alternative du café.

  • Speaker #2

    Tout à fait, c'est-à-dire en fait, au lieu de prendre un café, c'est de prendre une infusion de plantes fraîches, comme ma grand-mère cueillait dans le jardin à la fin du repas. Et je crois qu'on a tous... Des souvenirs comme ça d'enfance ? Et ça,

  • Speaker #1

    c'est une tendance que tu vois monter ?

  • Speaker #2

    C'est une demande en tout cas, d'un certain nombre d'établissements.

  • Speaker #1

    Je te propose un deuxième petit jeu, toujours pour ponctuer un petit peu notre entretien. On appelle fromage ou dessert ?

  • Speaker #0

    C'est fromage ou dessert ?

  • Speaker #1

    Des questions alternatives où tu réponds spontanément. Est-ce que tu préférerais... Avancer ou remonter le temps ?

  • Speaker #2

    J'ai envie de dire les deux. Je ne sais pas si j'ai le droit.

  • Speaker #1

    Passionnel, tu as tous les droits. Est-ce que tu es plutôt logique ou émotion ?

  • Speaker #2

    Émotion.

  • Speaker #1

    Est-ce que tu es compétition ou coopération ?

  • Speaker #2

    Coopération.

  • Speaker #1

    Travail ou vacances ?

  • Speaker #2

    Travail.

  • Speaker #1

    C'est tellement passionnant que ce sont des vacances.

  • Speaker #2

    C'est difficile de faire la différence.

  • Speaker #1

    Vie personnelle ou vie professionnelle ?

  • Speaker #2

    Les deux sont intimement liées aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Dans la passion, c'est ce qu'on retrouve chez beaucoup d'artisans. On passe maintenant à un autre échange sur la manière dont tu développes ça. Est-ce que tu as une équipe ?

  • Speaker #2

    Nous sommes quatre aujourd'hui, donc répartis sur les deux serres, avec à la tête moi-même et Guillaume, qui s'occupe de toute la partie production, qui est chargé de produire les plus belles plantes de la terre, comme je lui dis tous les jours. Et puis après, il y a deux personnes qui sont très polyvalentes, qui vont à la fois faire de la culture et de la livraison, donc qui sont les personnes... que vont voir les chefs d'ailleurs, puisque nous, on livre en fait nous-mêmes nos plantes.

  • Speaker #1

    Ah vous, vous livrez vous-même ?

  • Speaker #2

    Oui, on livre en vélo-cargo en fait.

  • Speaker #1

    Si c'est à Paris, aux régions parisiennes ou près de Lille ?

  • Speaker #2

    Alors c'est Paris, Paris, surtout intramuros aujourd'hui, ou dans le 92, donc aux alentours de notre serre, où il y a la plus grande concentration d'établissements.

  • Speaker #1

    Donc ce n'est pas dans le reste de la France ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, on est vraiment sur un modèle d'agriculture urbaine, périurbain, avec des serres en périphérie des villes, très proches du centre. Aujourd'hui, nous sommes à Nanterre, derrière la Défense, très proche des zones dans lesquelles sont implantés nos clients. Et donc, ça va nous permettre d'avoir une livraison qui se fasse avec des méthodes vraiment naturelles, comme le vélo.

  • Speaker #1

    C'est très important parce que c'est un des gros problèmes, surtout sur des productions comme celle-là, la livraison et le coût d'acheminement par rapport à ça. Donc effectivement, là, vous avez une solution. Ça veut dire des lieux de production qui sont proches de votre clientèle.

  • Speaker #2

    Complètement. Vraiment périurbain, en fait, en première couronne. Alors ça, c'est mon ancienne vie dans le retail, dans la distribution où je n'avais qu'un mot, l'emplacement, l'emplacement. Donc là, les serres doivent être vraiment implantées au plus près des clients, donc en périphérie. Et là, avec notre implantation sur Nanterre, on est vraiment très bien placé justement pour pouvoir ensuite livrer. On descend sur la Défense, on arrive sur l'Arc de Triomphe. Puis on peut suivre presque la ligne 1, en fait, pour livrer tous nos clients.

  • Speaker #1

    Vous êtes une équipe de 4 personnes, donc ?

  • Speaker #2

    Aujourd'hui, oui, par rapport à notre...

  • Speaker #1

    Ils sont des gens que tu as recrutés ou qui sont associés ?

  • Speaker #2

    Alors, aujourd'hui, je n'ai pas d'associés. Ce sont des gens que j'ai recrutés. Ce sont des salariés. Mais qui ont un coup de cœur pour le projet d'entreprise et qui ont envie de valider. Passionné par ça.

  • Speaker #1

    Et donc, comme on sait que le recrutement et la fidélisation, c'est un des enjeux majeurs aujourd'hui dans les organisations. Comment tu procèdes par rapport à ça ? Tu me dis, il y a le coup de cœur et après ?

  • Speaker #2

    Ça a été des rencontres, en fait, des gens qui ont dû me voir, qui ont découvert l'univers de la serre, qui ont aimé ce que j'étais en train d'essayer de montrer et de développer. Et puis Guillaume, en fait, la personne qui s'occupe de la partie production, c'est quelqu'un que je voulais faire venir à Lille il y a trois ans, au démarrage du projet, qui n'a pas voulu venir à Lille pour plein de raisons qu'on peut imaginer. Et donc, par contre, il est arrivé maintenant, il y a quelques mois, pour m'aider sur Paris. Et qui supervise, en fait, les deux serres.

  • Speaker #1

    Par rapport à tes clients, on a parlé des chefs, on a parlé de tout ça. Sur le plan des particuliers, ta sensibilisation aux particuliers ou aux passionnés, se fait comment ?

  • Speaker #2

    On va surtout construire une offre d'atelier. J'ai une offre d'atelier pour les particuliers, puisque ce qui est très important dans la manière dont on va apporter quelque chose de différent chez Vitaminer, ça va être essentiellement dans les usages, dans la manière d'utiliser les plantes. Et donc, on a construit une offre d'atelier pour les particuliers autour de la cuisine, des boissons ou de la mixologie qui est dispensée dans mes serres de Nanterre ou de Lille, en fonction du calendrier. Et puis bien sûr, on a une petite activité de vente de plantes à côté, dans nos serres, mais de manière assez confidentielle. Les gens d'ailleurs souvent nous demandent quand est-ce qu'on est ouvert. lorsque je réponds avec beaucoup de... de joie, c'est que la boutique en ligne est ouverte toute l'année, 24h sur 24, donc on peut tout à fait acheter en ligne.

  • Speaker #1

    Est-ce que vous avez dans l'univers professionnel tout ce qui relève des cocktails, des bars ? C'est un univers qui évolue beaucoup en ce moment. C'est quelque chose dans lequel vous voulez investir ?

  • Speaker #2

    Tout à fait. On a déjà des premiers clients à Lille qui sont dans ce domaine, donc des mixologues qui ont ouvert des bars à cocktails, qui ont besoin aussi d'aller chercher de nouvelles recettes et d'être plus créatifs. Et donc, c'est un univers que je vais aussi explorer, bien sûr, à Paris.

  • Speaker #1

    Comment tu utilises le Collège Culinaire de France, je veux dire, dans tes relations avec d'autres membres ? C'est à ta porte quoi ?

  • Speaker #2

    Alors, en fait, pour la petite histoire, le Collège Culinaire de France, je l'ai découvert il y a quelques années, tout au début de Vitamine Herbe. J'avais très envie d'y rentrer, mais je ne me sentais pas légitime, parce que j'étais vraiment au début de mes méthodes de production et que j'ai attendu... plus de trois ans, une fois que mes méthodes de production étaient bien au point pour me dire « bon voilà, je vais peut-être quand même essayer de candidater » parce que les valeurs étaient tellement alignées avec ce que j'essaie de développer que pour moi c'était une évidence, mais il fallait que j'ai cette légitimité. C'est très important pour moi de me sentir légitime. Alors comment je l'utilise ? Aujourd'hui, peut-être pas encore assez, mais en tout cas ce que j'ai souhaité depuis mon arrivée à Paris, c'est d'organiser une journée adhérent. J'ai vraiment à cœur d'ouvrir mes serres pour que le Merci. le plus de professionnels possible, que ce soit à la fois des artisans ou des chefs, puissent goûter toute notre collection aromatique directement sur place. C'est là que ça commence, en fait. La créativité, une assiette va commencer à...

  • Speaker #1

    Avoir accès à, bien sûr. On va terminer par une troisième petite séquence, ce qu'on appelle, nous, la moutarde te monte au nez.

  • Speaker #0

    La moutarde me monte au nez.

  • Speaker #1

    Allez, ton coup de gueule, quelque chose qui t'indique en particulier ?

  • Speaker #2

    C'est le manque de respect de la saisonnalité des produits, qui est, je pense, encore un sujet marquant, qui pour moi est absolument capital dans le respect de la planète, de l'environnement et surtout des gens qui consomment les produits. Donc c'est très important de respecter cette saisonnalité.

  • Speaker #1

    Et on le voit parce que ce que tu dis est très probant. C'est toute une chaîne, c'est-à-dire tout le monde est responsable de ça. Les producteurs, en amont, quelque part, si on va aller jusqu'au bout, déterminent les cartes des restaurateurs en fonction de la saisonnalité. C'est toute la différence qui se passe entre, mais d'ailleurs ça on le trouve dans plein d'autres domaines, je réponds à ce qu'on demande. Et ça, c'est une vaste imposture. Parce qu'aujourd'hui, un consommateur peut avoir besoin de fraises en hiver. Je demande ça, donc il faut que je réponde. Et ça, c'est tout le système dans lequel nous nous trouvons. Alors qu'à partir du moment où tu reprends la légitimité de la nature, c'est la nature qui détermine ce que tu auras dans l'assiette. Donc ça demande, et c'est en opposition énorme, avec la culture dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui. On veut tout avoir immédiatement. Il y a plein de choses qui, derrière, sont des éléments qui sont une atteinte à ce que le vivant peut véritablement donner. Donc ça a sophistiqué plein de choses. arriver à faire... des tomates en hiver qui n'ont plus de goût, arriver à faire des fruits, y compris toutes les importations. Donc là, comme tu dis, ça c'est une vraie indignation. Respecter la saisonnalité, faut-il encore savoir ce qu'est un produit de saison ? Car on s'aperçoit, quand on interroge même des gens au grand public, ils ne savent même plus quelle est la saison de la carotte, de la tomate. Voir même, et on le voit avec beaucoup de membres qu'on a interviewés, que le poisson a une saison. Et quand tu vas sur un marché, je ne sais pas si tu connais l'association que nous avons créée, Manger Citoyens, qu'on a créé pour le grand public, justement, l'équivalent du Collège Culinaire de France, c'est en fait se poser des questions. Et on a quelques membres de Manger Citoyens qui se sont amusés à aller sur les marchés et à demander à un poissonnier sur un marché « je voudrais un poisson de saison » . Il ne savait pas lui répondre, ce qui est quand même extraordinaire. Parce qu'il y a effectivement des saisons qui sont très importantes. Donc cette notion de saison est vraiment déterminante. Tu as raison.

  • Speaker #2

    Pour nous, avec la plante en plus, ce qui est absolument incroyable, c'est qu'il y a une saisonnalité qui matche avec les ingrédients de saison, avec les légumes et les fruits.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #2

    Et avec les poissons, tout est lié. Donc c'est une autre manière vraiment de définir ce qu'on va mettre dans l'assiette. Et pour nous, c'est aussi très important puisqu'en fait, on va acclimater toutes nos plantes à nos climats sans pour autant chauffer. On cultive intégralement sous serre non chauffée de manière à pouvoir justement respecter cette saisonnalité et avoir le maximum d'arômes. Ce qui fait toute la différence sur le produit in fine.

  • Speaker #1

    Merci, merci Cécile de toutes ces informations. Si tu avais à nous donner une adresse, soit de restaurant, soit de producteur qui t'intéresse ou qui te tienne particulièrement à cœur, il y en a sans doute pas mal, mais qui te viendrait à l'esprit pour nos auditeurs.

  • Speaker #2

    Si vous voulez déguster un tea time avec une bonne infusion, rendez-vous Place de la Madeleine au Lucas Carton.

  • Speaker #1

    Ah ben voilà, très bien. Très bien, Lucas Carton qui est une très très bonne adresse effectivement. Je te remercie et à très bientôt. Je vais dire à nos auditeurs que dans 15 jours, ils ont un autre épisode avec quelqu'un de passionnant, qui est un jeune restaurateur, qui a vraiment une passion de ce métier, qui s'appelle Maxence Arlethaz. Et ça vaut vraiment le coup de voir comment cette jeune génération se lance dans la restauration aujourd'hui. À très bientôt.

  • Speaker #0

    Vous venez de déguster un épisode de La Terre à la Tinte. le podcast qui vous donne envie de bien manger. Nous espérons que vous avez passé un agréable moment en notre compagnie. Si ce podcast vous a régalé, soutenez-nous en lui donnant un maximum d'étoiles, comme un grand chef, et en vous abonnant. Vous avez envie d'en savoir plus sur les actions du Collège Culinaire de France et sur le mouvement Manger Citoyen ? Suivez-nous sur les réseaux sociaux et sur notre site internet. A très vite pour un prochain épisode. Ah oui, et évidemment, l'édition, elle est pour nous !

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