- Speaker #0
Préambule, le podcast des ambulanciers et de la santé. Bonjour et bienvenue pour un nouvel épisode des histoires de soignants. Vous le remarquez, c'est pas Jean-Paul qui parle, mais Azim, votre nouveau présentateur préféré. Rassurez-vous, Jean-Paul n'est pas très loin. Il sera là pour vous raconter son anecdote. Si vous aussi vous avez vécu des situations assez délicates, particulières, des prises en charge assez compliquées, et que vous avez envie de nous en parler, n'hésitez pas à nous écrire directement sur Instagram ou sur Facebook, et on pourra potentiellement en faire un épisode. Alors n'hésitez pas,
- Speaker #1
et bonne écoute. C'est une prise en charge que j'ai effectuée il y a une dizaine d'années maintenant. A cette époque, je débute dans la profession. Moi, je suis auxiliaire ambulancier. Donc, j'ai suivi une formation très rapide, deux ou trois semaines de formation. Ça permet d'avoir un... pied dans le métier relativement facilement et rapidement. Donc je fais équipe ce jour-là avec Denis, mon binôme du jour. Donc nous sommes en ambulance, Denis est ambulancier diplômé. Etats. Du coup, il a suivi une formation de six mois à l'Institut de formation des ambulanciers. Donc voilà, une journée classique. On va prendre en charge un monsieur pour une hospitalisation dans une ville limitrophe à Clermont-Ferrand. Prise en charge classique, hospitalisation au centre Jean Perrin, qui est un établissement spécialisé dans le traitement des cancers en tout genre à côté de Clermont-Ferrand. Donc nous arrivons ce jour-là. devant l'adresse du patient, je me souviens très bien, il faisait beau. On installe le brancard devant la maison de ce monsieur qu'on doit prendre en charge avec Denis. Je me vois encore mettre ce drap sur le brancard, installer le brancard, pré-recevoir notre patient. Et donc nous décidons de toquer à la porte et à nous présenter. À ce moment-là, je toque et c'est la femme du patient qui vient. vient m'ouvrir la porte. On se présente, ambulancier, on vient chercher votre mari pour son hospitalisation. Donc elle nous attend, elle sait qui nous sommes, et elle nous demande de la suivre. Elle va nous accompagner auprès de son mari. Je me souviens, dans la maison, il y avait 3-4 marches pour accéder à la chambre, une maison assez récente. On arrive dans la chambre et je vois le patient allongé dans son lit. je dirais endormi. Il est sous les draps. Mais je vois très vite, quand je rentre dans la chambre, que ce patient fait des grands efforts de respiration. Je m'approche de lui, je lui dis bonjour monsieur. Je le touche assez vite. J'aime bien toucher les patients pour briser la glace en général, pour faire le premier contact. Je me souviens lui prendre... prendre la main qui était accessible de mon côté du lit. Et j'ai dit bonjour monsieur, c'est les ambulanciers. Et déjà, je remarque qu'il a la main très, très froide. Je l'observe quelques secondes. Et donc, j'observe ses mouvements respiratoires, on va dire forcés. Je sens qu'il cherche son air. Mais le monsieur est inconscient. Il n'ouvre pas les yeux. Et je me souviens très bien, il avait un teint pas très, très joli. entre la cyanose et la pâleur, ce qu'on pourrait appeler un teint gris. À ce moment-là, avec mon collègue, déjà on se regarde et on comprend tous les deux qu'il y a des signes visibles qui ne sont pas très rassurants. Donc je me tourne vers sa femme et je demande à sa femme Il a des problèmes respiratoires, votre mari ? Et sa femme me répond à ce moment-là complètement déconnue. connectée de la situation puisqu'elle était en train de préparer un petit sac d'affaires en vue de son hospitalisation et elle était en train de chercher du linge dans les placards et elle me répond ah je sais pas ce qu'il a depuis ce matin il fait ça mais non non c'est pas habituel je sais pas ce qu'il a et je me souviens ce jour là on avait une stagiaire avec nous on a souvent des stagiaires dans la profession stagiaires qui viennent découvrir le métier et se rendre compte par eux-mêmes à quoi ça ressemble on avait une petite stagiaire et euh... euh... A ce moment-là, avec Denis, on décide de faire un bilan avant de partir parce que ce patient présente des signes, on va dire, anormaux. Et donc, je vais chercher le matériel nécessaire pour passer le bilan. Donc, un bilan classique dans notre profession avec prise de constante normale, température. tension, l'oxygénation du sang. Déjà dans un premier temps, voilà, c'est les 3-4 paramètres qu'on souhaite prendre et donc voilà, j'installe le matériel sur le patient qui fait tout. toujours ses efforts de respiration, qui est toujours inconscient, endormi. Donc on se rend compte que les appareils ne prennent aucune valeur, aucun paramètre. Ils ont beaucoup de mal à nous sortir un chiffre. Et quand ils finissent par sortir un chiffre, alors je ne l'ai plus exactement en tête, mais la saturation n'était pas belle du tout. De mémoire, je dirais aux alentours des 60. 75 de SAT à peu près. On comprend que c'est une urgence vitale. Et je demande très vite à sa femme de sortir de la chambre. Car en fait, je viens de le comprendre il y a quelques secondes, mais j'ai peur que ce monsieur me fasse un arrêt cardiaque. Parce que je sens en fait que son corps lutte contre quelque chose. Ses mouvements respiratoires sont très importants. Il cherche son air. je l'associe vraiment à une donc à une lutte sa femme comprend je lui explique qu'on va passer un bilan et que je vais appeler un médecin parce que l'état de son mari me semble préoccupant je descends assez vite à l'ambulance et cette fois-ci je vais récupérer une bouteille d'oxygène et un masque à haute concentration pour pouvoir oxygéner le patient patient d'ailleurs qu'on avait déjà mis tout de suite en arrivant dans la chambre en position demi-assise puisque un patient dyspnéique, le premier geste c'est la position du corps pour relâcher les muscles respiratoires et favoriser une bonne respiration et une bonne oxygénation. Donc à ce moment-là, je vais chercher ma bouteille d'oxygène et en même temps, je fais le 15 et je passe un bilan rapide au SAMU leur expliquant que j'ai besoin d'une équipe médicale que mon patient présente des signes très alarmants. Je lui donne quelques chiffres que j'ai pu difficilement récolter et le régulateur me confirme la mise en place de l'oxygène et m'indique qu'il me déclenche une VLM, un véhicule léger médicalisé pour m'aider à prendre en charge ce patient. À ce moment-là, quand je remonte dans la chambre, je vois cette pauvre stagiaire qui a les yeux bloqués un peu sur le visage du patient, qui, je rappelle, avait un teint pas très joli. Et elle, elle comprend. il y avait un peu de tension dans l'air. Elle comprend que c'est grave. Et moi, en fait, j'ai peur aussi pour elle. Je me dis, il ne faudrait pas qu'elle vienne à tourner l'œil aussi et qu'on ait deux patients à prendre en charge. Donc du coup, je lui demande de sortir de la chambre et d'aller au bout de la rue pour accueillir l'arrivée future du SAMU pour qu'il repère la maison le plus rapidement possible. Donc à ce moment-là, elle s'en va et elle nous laisse seule dans la chambre. Et donc on est seul dans la chambre avec mon collègue. Je me souviens, vu que nos appareils ne prenaient aucune tension, nous voilà en train de chercher un pouls en numéral, un pouls au niveau de la carotide, pour percevoir des battements. activité cardiaque on va dire et le pou est très mal frappé filant qui nous conforte même si on n'avait pas forcément besoin mais dans notre idée de se dire que ce patient et présenter une détresse vitale claire. À ce moment-là, je suis toujours dans mon idée que ce patient va faire un arrêt cardiaque, c'est sûr et certain, je le vois vraiment lutter, lutter, en train de respirer, de tenter une sorte de respiration qui n'est pas bruyante, mais elle est vraiment forcée. Il y a des efforts de tirage, des efforts de respiration importantes, et donc je dis à mon collègue qu'en présentant... Prévision d'un futur massage cardiaque, il faut qu'on descende le patient de son lit et il faut qu'on l'emmène au sol. Donc nous voilà en train de prendre toutes les précautions nécessaires pour descendre ce patient qui était un peu costaud et l'emmener au sol. Donc il faut nous imaginer Denis et moi à genoux, face à face avec le patient entre nous, en train d'essayer de comprendre qu'est-ce qui se passe et pourquoi ce patient présente cette dyspnée, cette difficulté respiratoire. moi malheureusement avec mes petites semaines de formation j'ai pas trop de bagages en plus je débute dans la profession j'ai pas trop d'expérience et de vécu lui en a un peu plus et on se questionne à ce moment là et je lui pose la question s'il est sûr qu'il faut pas entamer le massage cardiaque tout de suite Donc il faut s'imaginer, on a le patient au sol. Moi et Denis, on est à genoux face à lui. Moi, à ce moment-là, je me souviens très bien regarder son sternum. en train d'imaginer où j'allais poser mes mains lors du massage cardiaque, mon tout premier massage cardiaque. Donc on se questionne un peu de son état et je demande à Denis s'il faut démarrer une réanimation. Et Denis hésite un petit peu, il ne sait pas trop si c'est le moment ou pas.
- Speaker #0
On va essayer de résumer la situation. On a un binôme qui vient prendre en charge une personne à son domicile. La personne ne répond pas forcément correctement au stimuli. On peut observer une grosse difficulté de respiration. Les constantes sont prises, mais les chiffres... Ils ne sont pas très bons, puis c'est très compliqué à prendre. Donc le pouls est un peu filant, la saturation est très basse en oxygène. Donc ils anticipent, ils mettent en place l'oxygène. Ils passent un bilan au SAMU qui enclenche les moyens adéquats. Ils se posent la bonne question. Ils disent c'est bon, on est sur une urgence vitale, ok on anticipe, on va le mettre au sol. Et du coup, qu'est-ce qu'on fait ? On masse ou pas ?
- Speaker #1
Et donc finalement, on décide d'attaquer une réanimation. Je commence à masser. Mon collègue va chercher le bas-vu pour compléter cette réanimation. Et nous voilà en train de masser en se relayant, attendant que le SAMU arrive. Le SAMU qui finit par arriver relativement vite, on n'est pas loin de Clermont-Ferrand, je dirais peut-être une vingtaine de minutes, mais dans ces moments-là, le temps paraît toujours plus long. J'entends des portes qui claquent, pas de la maison, donc je me sens un peu soulagé en moi. Et le premier à rentrer dans la pièce, c'est le médecin. qui ouvre la porte de la chambre et confirme le diagnostic de Denis qui avait déjà lâché le mot quelques minutes auparavant avant de lancer la réanimation. Le médecin dit Ah mais le patient gaspe !
- Speaker #0
Mais dis donc Jamy, qu'est-ce que le gaspe ?
- Speaker #2
Les gaspes, ce sont des respirations agoniques, irrégulières, qui ressemblent à des râles. Bon, ça ressemble un peu à ça. Donc c'est sûr que là comme ça, tu peux faire un petit peu peur. Les gaspes, ça ressemble à des respirations de zombies. Mais quelqu'un qui fait des gaspes, on est sûr à 200% qu'il est en arrêt cardio-respiratoire et qu'il faut débuter une réanimation. Le problème, c'est que dans la réalité, les gens... à côté ont l'impression que la personne a respiré et n'ose pas débuter ce massage cardiaque alors que quelqu'un qui gaspe, il est en arrêt cardio-respiratoire. Ce qui, comme vous le savez, est dramatique car il y a une perte de chance de survie. Attention, toute personne qui fait un arrêt cardiaque ne fait pas pas obligatoirement le gasp alors que toute personne gasp est obligatoirement en arrêt carburé respiratoire. Vous me suivez ?
- Speaker #1
Donc il nous voit masser, l'ambulancier se mûre, passe son matériel et scope le patient. mise en place du DSA, l'infirmier pose une perfusion pour passer des drogues. Et on continue cette réanimation, le DSA ne choque pas. Au bout de je ne sais plus combien de temps, plusieurs minutes, le médecin nous informe qu'il va parler à sa femme pour savoir si elle veut qu'on continue ou pas. Et après quelques secondes... d'échanger avec sa femme dans le couloir, le médecin nous demande d'arrêter la réanimation, chose que nous effectuons tous ensemble. Et une fois qu'on aura nettoyé, déperfusé le patient, on le réinstalle dans son lit pour qu'il soit présentable aux yeux de sa famille. Donc effectivement, c'était une intervention, ma première intervention, on va dire un peu chaude. Et surtout, la première fois que je voyais un patient gaspé, on nous en parle un peu en formation d'auxiliaire, mais c'est très rapide, on nous en parle en formation d'ambulancier. trop rentrer dans les détails parce que c'est pas non plus une pathologie qu'on voit très fréquemment mais en tout cas je pense que notre prise en charge a été correcte on a su faire les gestes nécessaires à cette prise en charge même si malheureusement le patient est décédé ce jour là
- Speaker #0
Et c'est déjà la fin de cet épisode avec Jean-Paul et Denis sur les histoires de soignants. Pour en conclure, lorsque vous êtes en présence d'une personne qui gaspe, donc est égale à un arrêt cardio-respiratoire, on commence directement la RCP, donc la réanimation cardio-pulmonaire, le massage cardiaque. N'oubliez pas, on vous reprochera toujours de n'avoir rien fait que d'avoir fait quelque chose. C'était Azim pour cet épisode. N'hésitez pas à nous rejoindre sur Instagram, sur Facebook. Podcast-près. préambule, ça nous fera extrêmement plaisir que vous nous souteniez en vous abonnant, en mettant 5 étoiles aussi sur le podcast, n'hésitez pas à liker, commenter, ça fait toujours plaisir, on fait ça gratuitement, on donne notre temps libre pour partager tout ça, donc n'hésitez pas, prenez soin de vous, à bientôt.