- Speaker #0
Je vais compter jusqu'à 5 et je serai à 5, vous aurez installé un état d'hypnose parfait. Je veux dire, en plein paradoxe, il y a quelqu'un qui vous parle d'un côté, une autre personne est en train de vous découper des morceaux du nez. L'hypnocédation, c'est de permettre le patient d'avoir un état de conscience modifié. Vous êtes bien, je vous prie. Laissez vos yeux se fermer. Vos paupières vont devenir lourdes.
- Speaker #1
tellement l'autre. Préambule, le podcast des ambulanciers et de la santé. Bienvenue sur Préambule, le podcast des ambulanciers et de la santé. Ce soir, nous recevons le docteur Piaton-Sophie.
- Speaker #0
Bonsoir Jean-Paul, je suis le docteur Piaton, je fais de l'odontologie gériatrique.
- Speaker #1
Merci Sophie, qu'on peut retrouver dans l'épisode 9 de ce podcast, si vous voulez tout savoir de sa profession au quotidien. Sophie, si je te reçois ce soir, c'est pour parler d'une pratique de plus en plus courante, l'hypnose. que tu pratiques au quotidien dans ta profession.
- Speaker #0
Voilà, je pratique l'hypnose dans ma profession, mais aussi en dehors de ma profession, puisque l'hypnose peut s'adapter à différents cas, professionnels et extra-professionnels.
- Speaker #1
Très bien, l'hypnose qui est un peu, je dirais, comme la sophrologie, l'acupuncture, un peu dans l'air du temps au niveau du soin.
- Speaker #0
C'est dans l'air du temps au niveau des soins, et ça s'adresse à toutes les personnes qui ont une vision un petit peu... peu différente du côté soignant, pour se faire soigner de façon différente, par des thérapeutiques conventionnelles et non conventionnelles.
- Speaker #1
D'accord. Du coup, toi, tu es docteur depuis combien de temps ?
- Speaker #0
Docteur en dentisterie depuis 2005. 2005.
- Speaker #1
Et à partir de quand tu as décidé de développer l'hypnose, cet aspect-là du soin ?
- Speaker #0
Alors, je me suis formée à l'hypnose, vraiment formée. Depuis deux ans.
- Speaker #1
Depuis deux ans. Et qu'est-ce qui t'a donné envie de faire l'hypnose ?
- Speaker #0
Alors c'est simple, ce qui m'a donné envie de faire l'hypnose, c'est que mon mari souffre d'une pathologie chronique qui a été diagnostiquée au CHU, qui est un syndrome d'hypersensibilité centrale qui peut être associé à de la fibromyalgie. Il est aidé au quotidien par des professionnels de santé, que ce soit des médecins, des kinés, toutes sortes de professionnels. Et en fait, on était quand même dépassés face à la gestion de la douleur chronique. Et du coup, cherchant d'autres thérapeutiques, je me suis tournée vers l'hypnose. Tout d'abord à titre personnel pour l'aider dans le quotidien. Puis après, quand j'ai découvert toutes les vertus que ça pouvait apporter, je me suis dit qu'il faut absolument faire profiter le maximum.
- Speaker #1
D'accord, très bien. Et alors, comment tu t'es formée ?
- Speaker #0
Je me suis formée au sein d'une école à Lyon qui s'appelle Hypnose Alice, qui pratique une hypnose mixte, c'est-à-dire à la fois de l'hypnose érectionnelle et puis adaptée. avec de la PNL qui est la programmation neuro linguistique.
- Speaker #1
Et c'est une école dédiée aux professionnels de santé ?
- Speaker #0
Tout le monde peut y aller parce qu'il faut savoir qu'il y a différents types d'hypnose. L'hypnose qu'on peut apprendre, l'hypnose de spectacle vraiment à la messe mère, et ensuite on peut différencier l'hypnose médicale et l'hypnose thérapeutique.
- Speaker #1
D'accord, donc ça veut dire que si je te demande de le faire tu vas pas me faire chanter comme une poule ? Non, ça va être simple.
- Speaker #0
Peler le sifflet tout d'un coup et puis ne plus l'entendre, non, non. Non ? Parce que je ne fais pas d'hypnose de spectacle.
- Speaker #1
D'accord, quel dommage. Merci, bonne soirée. Et j'ai envie de dire, pour commencer, qu'est-ce que c'est l'hypnose, clairement ?
- Speaker #0
Alors l'hypnose, c'est un état qui se situe entre la veille et le sommeil. C'est un état de conscience modifié qui permet d'accéder à notre subconscient. En fait, il faut savoir qu'on a des états conscients, subconscients. et inconscient. Si on prend l'exemple par exemple d'un chien. Je vois un gros chien au loin qui est tenu en laisse. Mon conscient me dit pas de problème, le chien il est tenu en laisse, il est gros mais tout va bien, je suis en sécurité. Mon subconscient va me dire j'ai peur des chiens, je pars en courant. Et mon inconscient lui va mettre en oeuvre toutes les techniques pour me faire peur, c'est à dire accélération du rythme cardiaque, sécrétion d'adrénaline etc. Et donc L'hypnose va permettre d'accéder à notre subconscient.
- Speaker #1
Très bien. Et donc, on parlait d'hypnose un peu spectacle. Il y a plusieurs techniques d'hypnose.
- Speaker #0
Ben disons que, du moins technique en tant que tel, non. Ça fonctionne toujours pareil avec une induction. Et en fait, ce qui fait qu'au moment du spectacle, c'est le moment, c'est que Mesmer ou d'autres font des tests avant pour vérifier qui va être plus ou moins réceptif. Et donc, du coup, choisir les bonnes personnes qui vont pouvoir réagir à l'instant T au moment.
- Speaker #1
C'est ce que tu appelles l'induction, c'est ça ?
- Speaker #0
Voilà, l'induction.
- Speaker #1
Ça veut dire cibler les personnes qui sont plus réceptives ?
- Speaker #0
Alors l'induction... Non, l'induction, c'est le fait de mettre les personnes en état d'hypnose. Mais autrement, en fait, dans l'hypnose de spectacle, on choisit les personnes qui vont plus être réceptives rapidement à l'induction.
- Speaker #1
OK. Donc, il y a l'hypnose spectacle. Nous, on est sur de l'hypnose médicale.
- Speaker #0
Voilà, médicale. Et des fois, je peux faire de l'hypnose thérapeutique. L'hypnose médicale, en fait, c'est tous les professionnels de santé. Quand on dit tous les professionnels de santé, C'est les médecins, les chirurgiens, les infirmières, tous les professionnels de santé qui, grâce à l'hypnose, avec l'aide de l'hypnose, exercent leur profession en cherchant des vertus anxiolytiques, anesthésiques et analgésiques.
- Speaker #1
Très bien. Et quels sont les principaux domaines de la médecine où on utilise l'hypnose ?
- Speaker #0
On le voit beaucoup quand même développé au sein des services de gynécologie au moment de l'accouchement. pour les femmes qui souhaitent accoucher différemment, mais aussi dans les services maintenant d'anesthésie, pour diminuer l'utilisation notamment des drogues au moment de l'anesthésie.
- Speaker #1
Donc on est bien d'accord que maintenant on a un peu de recul sur ça, on sait que ça fonctionne ?
- Speaker #0
Ça fonctionne très bien, même en situation d'urgence, directement sur un lieu d'accident.
- Speaker #1
Tu me parlais la dernière fois de ton cycliste.
- Speaker #0
Voilà, la dernière fois j'ai été... Malheureusement, témoin d'un accident sur la voie publique, un cycliste qui est tombé, qui s'est cassé la clavicule, le temps qu'on attend de les secours, avec son accord, il est facile. On peut les accompagner et lui permettre de faire diminuer sa douleur. Donc ça fonctionne à la fois sur les douleurs aiguës et à la fois sur les douleurs chroniques. Mais ça fonctionne toujours selon le même schéma, c'est-à-dire une induction pour pouvoir permettre à la personne de passer. de la veille, de l'état d'éveil, à l'état de subconscient.
- Speaker #1
J'ai une question qui me vient, ça peut être à l'avoir, mais quand je dors, je suis en état de subconscient ? Non,
- Speaker #0
je suis en état de sommeil.
- Speaker #1
Mais ce n'est pas le même état... Non,
- Speaker #0
ce n'est pas le même état. Quand on dort, on s'est déconnecté. On peut se mettre à dormir lorsqu'on est en hypnose, mais on est descendu trop bas.
- Speaker #1
D'accord, ok. Donc il faut rester...
- Speaker #0
Entre la veille et le sommeil. Je pense que c'est cet état entre veille et sommeil. Par exemple... Le moment où on est tous plus ou moins en état d'hypnose, sans s'en rendre... Tristement, on ne s'en rend pas forcément compte. C'est des fois, on fait toujours le même trajet en voiture. Et puis, on a oublié...
- Speaker #1
Oui, on est passé par là. Je suis déjà à la maison.
- Speaker #0
Voilà. Et en fait, il y a des moments comme ça où notre cerveau, on dit, il s'est déconnecté. Bien sûr. C'est vraiment ce sentiment-là.
- Speaker #1
D'accord. Donc, tu nous parlais de ce cycliste et des fameuses douleurs. L'approche est la même avec l'hypnose sur une douleur chronique ou une douleur aiguë passagère ?
- Speaker #0
Alors, la douleur aiguë... passagère ça va être un petit peu différent parce qu'on va faire une induction puis on va suggérer des vagues par exemple de détente des choses positives à la personne dans l'instant et l'accompagner alors pour une douleur chronique le but ça va être pour de de rendre la personne autonome dans son quotidien pour gérer sa douleur et plus qu'ils viennent nous consulter donc on va lui apprendre justement au cours des séances d'hypnose des la façon de faire chez lui de l'auto hypnose très bien et
- Speaker #1
Toi, tu pratiques de l'hypnose auprès de tes patients au quotidien. L'hypnose permet de gérer aussi le stress et l'anxiété liés aux soins que tu vas effectuer. Comment tu abordes l'hypnose avec tes patients qui sont âgés, qui n'ont peut-être pas la même fibre pour comprendre qu'est-ce que l'hypnose ? Tu leur expliques.
- Speaker #0
Ça commence toujours par une communication bienveillante et un accompagnement. C'est... permettre à la personne, grâce à notre voix, on a une voix hypnotique, une voix qui accompagne, le patient se met, on dit, en synchronicité avec nous, donc au plus je vais lui parler lentement, au plus je vais poser ma respiration, au plus le patient va se détendre. Et puis par exemple, en fonction de si je connais le patient ou pas, j'ai demandé souvent en amont pour préparer justement ces séances, parce que mes patients souffrent de troubles cognitifs souvent. Il faut savoir que même ces patients-là peuvent bénéficier d'hypnose. On prend en connaissance, par exemple, d'images sécures, d'environnements qu'ils aimaient bien, pour au moment du soin, aller dans leur subconscient et leur suggérer ces lieux qu'on dit ressources ou ces lieux sécures.
- Speaker #1
Donc ça veut dire que tu pratiques l'hypnose tout en pratiquant ton soin en même temps ?
- Speaker #0
C'est ça. Donc, on suggère aux patients de se retrouver en train de ramasser des champignons, par exemple, dans un lieu sécure, de se retrouver chez lui autrefois quand il était dans son salon, par exemple, avec son chien, avec son chat, avec des odeurs, tout plein de suggestions en fait. Et on l'accompagne, par exemple, avec des odeurs, on utilise beaucoup d'huile essentielle ou alors avec des bruits, de la musique, toutes sortes de choses.
- Speaker #1
Est-ce que l'hypnose peut se substituer à un traitement médicamenteux ?
- Speaker #0
Non.
- Speaker #1
Or, chimio, bien sûr. Mais par exemple, j'ai mal, je ne vais pas prendre d'anthalgique, je peux utiliser l'hypnose, l'auto-hypnose du moins.
- Speaker #0
On peut utiliser l'hypnose et l'auto-hypnose. Après, tout dépend du niveau de douleur. Souvent, pour la douleur, on apprend au patient, on lui demande d'évaluer sa douleur. Et par exemple, le patient dit qu'il a mal à 5 sur une échelle de 1 à 10. C'est l'échelle visuelle analogique qu'on a l'habitude d'utiliser pour évaluer la douleur. Et on demande au patient d'augmenter sa douleur et de ressentir à l'intérieur de lui-même cette douleur-là et de la faire augmenter, augmenter, augmenter jusqu'au maximum qu'il n'ait jamais perçu cette douleur.
- Speaker #1
C'est-à-dire augmenter la douleur ?
- Speaker #0
Voilà. Et le patient, il comprend qu'il peut jouer sur sa douleur. Et s'il peut l'augmenter, il est en capacité de pouvoir... la diminuer après.
- Speaker #1
Ah oui, d'accord. Donc tu fais le cheminement inverse pour faire prendre conscience au patient. Un petit peu détecteur. D'accord, très bien.
- Speaker #0
Nous, en tant que historiste, ce qui des fois peut être aidant et peut être assez rigolo, c'est par exemple quelqu'un qui aurait une grosse salivation au moment où on veut faire des empreintes, ce qui est assez gênant puisqu'on veut une bouche toujours sèche. En parlant aux patients de rivières desséchées, de tout ce qui va assécher, Et en communiquant avec son subconscient, on va pouvoir faire diminuer ce flux salivant.
- Speaker #1
Donc ça, tu le vois au quotidien ?
- Speaker #0
Au quotidien, non, mais ça fonctionne.
- Speaker #1
Ça fonctionne. Donc ça lui évite d'avoir la paille dans la bouche qui fait un bruit atroce. Voilà, tout à fait. Ouais, tu le fais super bien. Quels sont les bons candidats à l'hypnose ? Est-ce que quand un patient arrive... Tu sens tout de suite si ça va matcher avec ta pratique ou pas du tout ? Est-ce que ça fonctionne plus sur les femmes que sur les hommes ?
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a des trajetages ? Oh, quel préjugé ! Non, non,
- Speaker #1
non, mais je... Non,
- Speaker #0
en fait, je pense que la communication est la base de tout. Donc après, en fonction de ce que le patient a besoin, il va prendre ce que je vais lui donner pour que le soin soit le plus confortable pour lui. Après, dès qu'un patient est curieux et n'est pas... n'est pas réfractaire en fait, dès qu'il est ok, ça va fonctionner. Tout le monde est hypnotisable de la manière où on est d'accord pour le faire. Et donc en fait, il y a des techniques qui permettent de rendre la personne plus ou moins hypnotisable. Par exemple, c'est comme les techniques de vente où la personne qui va vous téléphoner va obtenir de vous trois oui. Donc en fait, je vais demander à la personne, il fait beau aujourd'hui, mes murs sont bleus, Et ainsi de suite. Et maintenant, vous êtes confortablement installé sur mon fauteuil. Votre respiration se pose et tranquillement, complètement dé...
- Speaker #1
Tu le mets en condition.
- Speaker #0
Je le mets en condition. Et le patient va partir en hypnose. Et suivant le type d'induction, c'est-à-dire le moment où on permet à la personne d'être en hypnose. Si par exemple, je vous dis, tu vas partir en hypnose avec la main droite ou avec la main gauche, en fonction de la technique qu'on va utiliser. la personne va devoir faire un choix qui est un choix illusoire. Et du coup, en fait, elle est en train de dire à son cerveau qu'elle est d'accord parce qu'elle va répondre droite ou gauche.
- Speaker #1
C'est ce que tu m'as dit l'autre fois. C'est ça. Tu ne veux plus utiliser ta main droite ou ta main gauche.
- Speaker #0
Voilà, sachant qu'il vaut mieux garder sa main droite que sa main gauche.
- Speaker #1
C'est ce que je t'ai répondu en gros. Et tu m'as dit, sans le savoir, tu as dit à ton inconscient que tu étais OK pour une telle pratique. Est-ce que tu as eu des retours des patients qui ont été hypnotisés ? Pour un soin, est-ce qu'ils ont moins ressenti la douleur ?
- Speaker #0
Oui, les patients globalement sont convaincus et sont satisfaits puisqu'ils ne ressentent pas la douleur. Ils vont ressentir peut-être un inconfort, mais ils repartent plus détendus. Et on observe d'ailleurs, ça c'est des études scientifiques qui sont faites, que le patient qui a eu une séance d'hypnose au cours du soin va mieux cicatriser. va être mieux détendu et va revenir au rendez-vous suivant en état de confiance. Donc, en fait, le positif entraînant le positif, c'est simple. Le patient revient complètement détendu et ainsi de suite.
- Speaker #1
Mais toi, tu as dû un peu, je ne vais pas dire réapprendre à travailler, mais adapter ta technique de travail. Parce qu'il faut que tu sois concentré sur ce que tu dis aussi au patient. Si tu veux le mettre dans un état...
- Speaker #0
Des fois, c'est un petit peu dur parce qu'en fait, il faut associer le geste technique parce qu'il faut tout le temps accompagner... son patient en même temps qu'on fait le geste technique. Donc c'est vrai que parfois ça demande beaucoup d'engagement personnel, on va dire, en termes de concentration. Et heureusement, je travaille avec une infirmière, notamment, du moins assez basa, qui masse les patients et donc qui les accompagne dans cette détente. Et à tiers, par contre, j'ai une aide-soignante qui est formée aux techniques d'hypnose et qui m'accompagne justement dans la valorisation de cette activité.
- Speaker #1
Est-ce qu'il y a des risques ou des contre-indications à utiliser l'hypnose sur un patient ?
- Speaker #0
Alors on évite d'utiliser l'hypnose chez les femmes enceintes et aussi sur tous les patients qui ont des troubles psychiatriques à cause des phénomènes de dissociation.
- Speaker #1
Et pourquoi chez la femme enceinte du coup ?
- Speaker #0
À cause du rythme cardiaque et des états réformes.
- Speaker #1
Tu peux intégrer l'auto-hypnose dans un processus de soins, c'est-à-dire comme un médecin qui ferait une ordonnance pour du paracétamol trois fois par jour, tu peux demander à tes patients de faire certains exercices chez eux pour calmer leur douleur ou faciliter la cicatrisation d'un soin.
- Speaker #0
L'auto-hypnose fait vraiment partie de l'hypnose. Quand on rentre dans des procédures qui ne sont pas l'urgence, évidemment, en état d'hypnose, on apprend aux patients à se mettre lui-même. en état d'auto-hypnose, le matin ou le soir, pour justement intégrer ce qu'on lui a suggéré. Donc, par exemple, on peut travailler, nous, nous concernant sur la phobie du dentiste, par exemple, pour l'aider à être moins phobique. Mais ça peut être sur d'autres choses, sur la conscience en soi, sur toutes les suggestions ou toutes les problématiques que le patient nous a confiées.
- Speaker #1
Moi, par exemple, si je te dis que je ne crois pas...
- Speaker #0
Soit il va parler de lui.
- Speaker #1
C'est l'histoire d'un petit homme, non. Si je te dis que je ne suis pas réceptif, je ne crois pas spécialement à ces trucs d'hypnose, est-ce que je peux quand même être un bon candidat à l'hypnose et à l'auto-hypnose pour le coup ? Est-ce que je peux quand même travailler sur moi-même, même si je n'y crois pas forcément, est-ce que je vais réussir à me mettre dans un état tout seul ?
- Speaker #0
L'important en fait, c'est vraiment d'avoir envie de changer, qu'on croit ou pas en la technique en soi. c'est pas forcément nécessaire, mais si Jean-Paul a envie de changer quelque chose à l'intérieur de l'hypnose...
- Speaker #1
Est-ce que ça fait pousser les cheveux l'hypnose ? Dis-moi, ça m'intéresse.
- Speaker #0
Bon, ben là, on va avoir du mal. Mais autrement, s'il a envie de changer quelque chose, je ne sais pas ce qu'il pourrait avoir envie ou quelles sont ses problématiques, eh bien, il va pouvoir le faire, mais encore faut-il en avoir envie. C'est ça en fait l'hypnose, c'est que finalement, on ne subit pas, si on n'est pas acteur de son soin, on ne va pas... pas changer en fait, c'est pas miraculeux, ça ne peut pas fonctionner.
- Speaker #1
Donc du coup, on est d'accord pour dire que l'hypnose peut nous apporter au quotidien, sans forcément parler de soins, comme de quelque chose, d'une pratique de fond au quotidien, comme on ferait, je te dis une bêtise, du sport, je peux faire de l'auto-hypnose pour améliorer mon quotidien.
- Speaker #0
Alors par exemple, si on veut parler du domaine sportif, on va plutôt parler d'ancrages qui ont été appris au cours de séances d'hypnose. Comme par exemple, on va voir Raphaël Nadal et tous ses petits tics au moment de servir. Et bien, tout ça, c'est des ancrages qu'il a appris pour se rassurer et se dire, par exemple, à chaque fois que je fais ça, c'est bon, mon cou, il part de telle façon. Il travaille justement sa confiance en lui.
- Speaker #1
D'accord. Et avec le relationnel au quotidien, est-ce que l'hypnose peut m'aider ? Est-ce que toi, depuis que tu pratiques tout simplement l'hypnose, est-ce que tu as senti quelque chose de différent ?
- Speaker #0
Je pense que l'hypnose, du moins ce format l'hypnose, c'est découvrir toute la capacité, du moins tout ce qui entoure la communication et la façon de communiquer au sein des équipes et au sein de l'hôpital. Ça apporte finalement un autre regard sur ses collègues de travail, un autre regard sur le soin et sur la gestion des situations de crise notamment. où on retourne les problèmes des fois d'une autre façon, plutôt que de s'accrocher d'un point de vue frontal. On est beaucoup plus doux, beaucoup plus détendu. Tout ça grâce à la communication.
- Speaker #1
On peut améliorer la communication grâce à l'hypnose. Je voudrais qu'on parle un peu de l'hypnose pédiatrique. Est-ce que ça existe déjà auprès des enfants ?
- Speaker #0
Oui, ça existe vraiment. C'est développé auprès de professionnels qui sont formés. Les enfants sont facilement hypnotisables parce qu'ils ont une capacité imaginative qui est très importante. C'est très facile de les mettre en état d'hypnose. On leur fait imaginer toutes sortes de choses au moment où on va faire une injection ou autre chose comme ça. On peut tout à fait les emmener rapidement. En parlant de piqûres, par exemple, on peut facilement... pour détourner l'attention, emmener quelqu'un dans un jardin, et puis on le fait se promener dans le jardin, et puis après on lui dit qu'il va ramasser des roses. Et puis comme il a oublié ses gants, les gants ils vont piquer, et quand il va ramasser ses roses, elles vont le piquer. Et puis à ce moment-là je pique, simplement que la personne n'associera pas le fait que j'ai injecté quelque chose, mais lui il est en train de ramasser son bouquet de roses, et les roses le piquent. C'est un peu ça en fait, si on veut imaginer et imager le travail du soignant au quotidien en hypnose.
- Speaker #1
Et dans la Pédia, l'hypnose peut fonctionner à condition que l'enfant soit en capacité de s'exprimer ?
- Speaker #0
Je suis posé plutôt zéro. Dès que l'enfant peut s'exprimer, ça fonctionne. Autrement, tant que l'enfant ne verbalise pas, on va utiliser d'autres techniques pour le détendre et l'accompagner.
- Speaker #1
Moi, je me suis souvent posé la question, quand je transportais des patients hyperalgiques dans l'ambulance, parce que nous, on n'a pas de médicaments à bord de l'ambulance. d'utiliser l'hypnose. Bon, je ne suis pas du tout formé, mais après, je me suis dit que ce n'est pas le cadre idéal. En fait, dans une ambulance où il y a du bruit, où ça roule, où des fois, il y a la sirène, tu ne peux pas soulager quelqu'un via l'hypnose.
- Speaker #0
On peut soulager le patient parce que le patient, au contraire, est en état de stress et d'urgence. Et pourvu qu'on s'intéresse à lui et qu'on détourne son attention, il est fatalement demandeur. Donc c'est des moments, justement, à l'urgence où les personnes sont facilement suggestibles et il est facile de les emmener ailleurs.
- Speaker #1
Toi, tu serais en capacité de former ou d'apprendre des petits tips à des ambulanciers pour calmer la douleur ou des choses comme ça, ou tu n'en es pas là dans ton processus de formation ?
- Speaker #0
Je peux donner des pistes, parce que ça fait déjà... Moi, je me suis formée pendant deux ans et maintenant, j'ai l'habitude de faire ces activités-là, des fois en situation d'urgence. Il y a des techniques assez simples à mettre en place, déjà pour accompagner le patient, parce que finalement, si je commence à vouloir détendre le patient et que j'ai cette idée-là, moi-même, je vais être plus détendue. Donc, tout va mieux se passer. Mes gestes vont être plus sûrs. Je vais avoir plus de confiance en moi. Du coup, le patient va sentir. que je suis en état de confiance et que je ne suis pas stressée. Et tout cela va entraîner quelque chose de très positif.
- Speaker #1
Je pense que c'est quelque chose qu'on pourrait creuser avec les ambulanciers. À voir.
- Speaker #0
Oui, parce que c'est vrai que moi, je peux comprendre que quand j'ai moi-même eu un accident il n'y a pas si longtemps que ça, j'ai été transportée par les pompiers. Et finalement, en tant que patient, tu cries, tu as mal, tu es énervé. Et la personne qui va nous prendre en charge, finalement... Elle est là pour faire du transport. Elle aimerait apporter beaucoup plus. Et elle est face à une douleur. Cette douleur lui renvoie toute la violence de la douleur. Et elle se sent démunie. Donc finalement, en situation d'échec par rapport à son travail, alors que pas du tout. Mais c'est vrai que c'est quelque chose qui pourrait être important à développer.
- Speaker #1
Je suis en train de penser. J'ai enregistré un podcast avec Mathieu Ambulanciers-Mur à Clermont. 4 et 5 si je ne dis pas de bêtises. En fait, inconsciemment, lui doit pratiquer de l'hypnose, ce qu'il explique à un moment donné lors des accidents de la voie publique. Une fois que lui a fait sa part du taf, entre guillemets, il nous explique tout le brouhaha et tout le mouvement qu'il peut y avoir autour d'un patient qui se dirige très fréquemment vers le patient. Et il dit, c'est ce qu'il m'a expliqué, automatiquement, il s'approche de son oreille, il parle beaucoup plus doucement que le brouhaha environnant. Et donc, c'est ce que je me dis, en fait, sans le savoir, c'est une... Une sorte de technique un peu d'hypnose ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. On le voit, nous, par exemple, pour revenir tout simplement à la gériatrie, quand on a des patients déambulants, par exemple, sur lesquels on doit faire un examen clinique, le patient déambule à une certaine vitesse, et je vais me mettre à déambuler avec lui, et à ralentir mon pas, et à lui parler de plus en plus lentement. Et en même temps que je suis en train de lui parler de plus en plus lentement, je vais lui suggérer des choses qui vont lentement. Et ainsi de suite. Et on diminue notre rythme cardiaque, on diminue notre état de veille et on descend de plus en plus.
- Speaker #1
À l'hôpital, on te sollicite pour faire de l'hypnose sur des patients ? On te sort de ta fonction dentisterie et on te dit tiens, j'ai un patient ? Non,
- Speaker #0
à l'hôpital pour l'instant, je ne fais que de l'hypnose dans le cadre de mon activité.
- Speaker #1
Et l'hypnose, c'est quelque chose qui doit exister depuis des centaines d'années, mais on est en train de l'appréhender, j'ai envie de dire. Est-ce qu'il y a un cadre légal par rapport à l'hypnose médicale ou pas encore ?
- Speaker #0
Il n'y a pas vraiment de cadre légal. Il y a des écoles qui sont plus ou moins reconnues avec les certifications Calliope. Et puis il existe un syndicat de l'hypnose qui reconnaît un certain nombre d'heures de formation et de qualité de formation qui permet d'adhérer ou non à ce syndicat qui garantit le fait d'être hypnothérapeute.
- Speaker #1
Mais je ne suis pas obligé d'être professionnel de la santé pour devenir hypnothérapeute ?
- Speaker #0
Non, non, non. Donc il y a l'hypnose médicale qui est exercée et qui est faite par des professionnels de santé. Et l'hypnose dite thérapeutique qui peut être faite par des professionnels de santé ou des non professionnels de santé. Et cette hypnose thérapeutique, c'est un patient qui... On dit d'ailleurs pas un patient, justement pour ne pas mélanger. On dit un consultant qui vient voir un hypnothérapeute avec une problématique. particulière de son histoire, un problème qu'il souhaite résoudre et l'hypnothérapeute va mettre en place différentes techniques sur plusieurs séances, en général 8 à 10 séances pour résoudre son problème. Et par contre, c'est à ce moment-là que le cadre légal existe, c'est que l'hypnothérapeute doit rappeler qu'il n'est pas psychologue, qu'il n'est pas psychiatre, qu'il n'est pas professionnel de santé.
- Speaker #1
Ok, très bien. écoute Sophie je crois que j'ai fait le tour sur l'hypnose je suis en train de m'en dormir ça fonctionne tellement bien Est-ce que tu as des choses à rajouter sur la pratique en elle-même ?
- Speaker #0
Non, moi je trouve que c'est un outil, un outil qui est vraiment très intéressant parce qu'il tourne autour de l'humain et de la communication et c'est ce qui malheureusement finit par nous manquer face à une médecine qui devient de plus en plus médicalisée, de plus en plus technique, ce qui est bien en soi parce que ça a apporté beaucoup d'améliorations en termes de survie, de prise en charge des patients. Mais le côté humain, il faut aussi le développer, certainement avec des professionnels de santé formés aux techniques d'hypnose ou à d'autres techniques. Il n'y a pas que l'hypnose qui peut aider à accompagner les patients.
- Speaker #1
Merci beaucoup Sophie.
- Speaker #0
Bonsoir Jean-Paul.
- Speaker #1
A bientôt.