Speaker #1Maigrir vite et se débarrasser des kilos superflus est encourageant et semble une bonne idée. Mais elle ne résiste ni à l'épreuve du temps, ni à celle de la science. De cette idée simpliste, il reste un principe toujours mis en avant dans les livres médiocres et chez les amégrisseurs. La phase d'attaque suivie de la phase d'entretien. Les régimes très basse-calorie ou VLCD, Very Low Calorie Diet, ont eu leur heure de gloire, y compris dans les hôpitaux jusqu'à la fin des années 1990. Le serpent de mer des régimes On les voit régulièrement réapparaître, déguisés et portant d'autres appellations. Ils apportent entre 400 et 600 kcal par jour, supprimant le plus souvent la quasi-totalité des glucides et des lipides. Ils contiennent en général de la viande maigre, du poisson maigre, des crustacés, du blanc d'œuf, du fromage blanc à 0%, du lait écrémé, des légumes verts, de la pastèque. Pour l'assaisonnement, de l'huile de paraffine et recours à la cuisson à l'eau, à l'étouffée. En réalité, ce type de régime fournit 100 g de protéines et 40 g de glucides au maximum. Il est proche des régimes cétogènes, si ce n'est que ces derniers apportent beaucoup de graisse. Les régimes VLCD sont bien sûr déficitaires en fibres et induisent des déficits, puis des carences s'ils sont prolongés, en acides gras essentiels, en vitamines A, D, E, B, sauf B12. Ils sont donc déséquilibrés et ne peuvent être suivis longtemps sous peine d'épuisement. Pourquoi les régimes très basse-calorie ne fonctionnent pas ? D'abord parce qu'ils sont insupportables à suivre, avec une monotonie, une tristesse considérable au-delà de quelques jours. Ils entraînent fatigue, dépression. En l'absence de glucides, le cerveau va utiliser d'abord les réserves en glycogène du foie et des muscles. Puis, au bout de 24 heures, ce sont les protéines du muscle qui vont être détournées par le foie afin de faire du glucose pour le cerveau à partir de certains acides aminés musculaires, alanine, ce qui va générer une fonte musculaire. Si l'apport glucidique est très réduit, une cétogenèse va se mettre en route du fait de la lipolyse. Utilisation des graisses pour fournir de l'énergie Les corps cétoniques à leurs produits peuvent être un carburant du cerveau en remplacement du glucose. En théorie, si la cétogenèse se met en route, la perte musculaire s'en trouve ralentie. La perte de poids est importante avec une perte de la masse grasse et de la masse maigre, muscle. La perte de masse grasse entraîne une diminution de la leptine, hormone du tissu adipeux, qui conduit à réduire les dépenses énergétiques et augmenter les prises alimentaires. Les hormones de la faim, gréline notamment, augmentent. La perte de masse maigre entraîne une diminution du métabolisme de base et donc des dépenses. Au total, l'organisme met tout en œuvre pour ralentir puis stopper la perte de poids et récupérer les masses maigres et grasses perdues. et éviter la mort. Ces régimes ont été utilisés en milieu hospitalier spécialisé pour des durées de quelques semaines et devaient ensuite être suivis d'une phase d'entretien avec des apports entre 1200 et 1500 kcal. Tous les ingrédients d'une reprise de poids sont présents, outre les conséquences de la restriction cognitive qui accompagne tous les régimes restrictifs et celles des régimes avec contrôle mental, avec leur cortège de frustration, compensation, culpabilité, mésestime de soi, dépression, poids, yo-yo. Les reprises de poids quasi inéluctables sont assorties d'une reprise de masse grasse plus importante, tandis que la reprise de masse maigre est deux fois moins importante que la perte qui a précédé. La maladie de l'obésité s'aggrave. Quelques conseils pour éviter le surpoids. Le cercle vicieux instauré par le surpoids, IMC compris entre 25 et 30 kg par mètre carré, est évitable. Il s'agit alors de mettre tout en œuvre pour le prévenir. Avoir une activité physique régulière, qui est essentielle, marche, pensez aux escaliers, Vélo, électrique ou non, jardinage, danse, natation, bricolage, ménage. Manger quand on a faim et s'arrêter avant d'avoir une sensation d'inconfort dans le ventre et de tension dans l'estomac. Apprendre à écouter son corps et ses sensations corporelles et à ne pas se resservir ou à ne pas finir les plats ou son assiette quand on est rassasié. Apprendre à manger avec plaisir, sans anxiété et en petite quantité des aliments normaux, y compris riches. Apprendre à faire de petits écarts, sans culpabilité, de bon cœur et les corriger le lendemain. Éviter les régimes restrictifs, déséquilibrés qui ont l'effet inverse et font prendre plus de poids qu'on a perdu au bout d'un certain temps. Ne pas commencer à fumer pour ne pas avoir à arrêter. Se peser de temps en temps, une fois par trimestre par exemple, pour repérer précocement un gain de poids encore modeste. Le vadimécom de l'obésité Le principe des VLCD repose sur des conceptions étriquées des problèmes de poids. Il faut d'abord comprendre qu'il n'existe pas de poids standard idéal. Ensuite, que le surpoids et l'obésité sont des affections évolutives, dynamiques et non statiques avec plusieurs phases. Initialement, une personne prend du poids parce qu'elle mange de façon régulière plus que ce qu'elle dépense, ou dépense moins que ce qu'elle mange. Pas forcément plus que les autres, Mais trop pour elle. Un gain de poids survient alors, suivi d'un arrêt de la prise de poids en raison d'une augmentation des dépenses de repos. Car la masse maigre a aussi augmenté, et c'est elle qui est responsable du métabolisme de base, et en raison des dépenses à l'effort, car le corps est plus lourd à déplacer. Puis, après ce palier, la reprise de poids se poursuit si les dépenses diminuent, à cause du surpoids, d'une gêne locomotrice ou d'autres raisons, ou si les apports augmentent par l'arrêt du tabac, la compensation, et ainsi de suite. L'âge, les régimes, la sédentarité accentuent la réduction de la masse musculaire, ce qui aggrave la maladie. Le tissu adipeux devient inflammatoire, puis fibro-inflammatoire. L'obésité devient sarcopénique, perte de la masse maigre musculaire. On arrive à une situation irréversible. Le drame est d'autant plus cruel que les premiers régimes sont parfois pratiqués par des personnes qui n'ont pas de surpoids. La maladie est ainsi créée de toutes pièces.