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40 IDÉES FAUSSES SUR LES REQUINS - #6 Les requins sont craints partout dans le monde cover
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Quae Vox : paroles de sciences

40 IDÉES FAUSSES SUR LES REQUINS - #6 Les requins sont craints partout dans le monde

40 IDÉES FAUSSES SUR LES REQUINS - #6 Les requins sont craints partout dans le monde

05min |08/07/2025
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Description

Les éditions Quae vous présentent 40 idées fausses sur les requins, ouvrage de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Dans cette série d'épisodes, les éditions Quae vous invitent à décrypter les fausses croyances qui circulent sur les requins. Nous découvrirons ici que si dans la plupart des sociétés occidentales, le requin est synonyme de danger, de nombreux peuples à travers le monde ont une tout autre perception des requins.


Quae Vox : paroles de sciences, un podcast des éditions Quae.

👉 Retrouvez nos ouvrages sur quae.com et quae-open.com, et suivez nos actualités sur Instagram, Facebook et LinkedIn.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Les éditions Quae vous présentent 40 idées fausses sur les requins, ouvrage de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Dans cette série d'épisodes, les éditions Quae vous invitent à décrypter les fausses croyances qui circulent sur les requins.

  • Speaker #1

    Les requins sont craints partout dans le monde. Faux. Le requin inspirerait la terreur chez tous les peuples. Dans la plupart des sociétés occidentales, le requin est synonyme de danger, de mort et d'un animal à éliminer lorsque le risque est important. Toutefois, de nombreux peuples à travers le monde ont une toute autre perception des requins, un lien entre les hommes et l'au-delà. Dans plusieurs traditions polynésiennes, un culte respectueux était et est encore voué aux requins, considéré comme la réincarnation des ancêtres disparus. Il était considéré comme une entité veillant sur les membres de la famille qui partent en mer. Ces réincarnations, appelées « aumakua », revêtent diverses formes animales (requins, tortues, serpents de mer ou lézards) ou végétales. Selon cette croyance, un ancêtre disparu prenait la forme d'un requin après sa mort et apparaissait dans les rêves des descendants ou des proches parents. Ainsi, lorsqu'un pêcheur, sur son embarcation, revenait sain et sauf d'une sortie en mer qui avait mal tourné, gloire était rendue à son requin protecteur, et les membres de sa famille ne les chassaient pas et ne les mangeaient pas. Le requin était "tabou" (interdit). Un symbole de force et de virilité. Dans l’atoll d’Anaa (Polynésie française) au xviiie siècle, les féroces guerriers kaito (terme paumotu) étaient surnommés « parata », le nom vernaculaire du requin longimane (Carcharhinus longimanus) en polynésien, vraisemblablement en raison de l’agressivité de cette espèce. Le requin est symbole de force et de pugnacité. Dans des contextes exceptionnels, par exemple avant une guerre ou un combat, pour lesquels les combattants souhaitaient acquérir la force du requin, ces animaux constituaient une source importante de nourriture et de confection d’outils et d’armes. Les dents de requin, en particulier celles du requin tigre, étaient prisées pour la fabrication de toutes sortes d’armes, y compris des clubs de guerre et des couteaux. Dans le vieil Hawaii, attraper le niuhi (incarné par le requin tigre et le grand requin blanc) était un jeu réservé aux chefs, un sport dangereux pour lequel des techniques spéciales avaient été développées. Manger de la chair de niuhi était tabou pour les femmes, mais certains chefs hawaïens auraient acquis la prémonition d’événements en consommant les yeux des niuhi. La mère du plus célèbre roi d’Hawaii, Kamehameha Ier, née vers 1753, aurait demandé à manger des yeux de niuhi pendant sa grossesse pour améliorer le leadership et la bravoure du futur chef qu’elle portait. Acceptation et respect. Dans les cultures des peuples du Pacifi que (comme en Polynésie française, à Hawaii, à Kiribati, en Nouvelle-Zélande ou en Nouvelle-Calédonie), en tant qu’animaux mythiques, les requins peuvent jouer le rôle de vengeurs et de redresseurs de torts, de véhicules pour les personnes vivantes ou mortes. Ils peuvent représenter soit des alliés, soit des ennemis dans les guerres. Leur dangerosité pour l’homme n’a jamais été remise en cause. Cependant, dans ces cultures, on trouve toujours une bonne raison à l’attaque de requin : la victime devait avoir enfreint une règle ou un tabou, ou était un ennemi de personnes sous la protection des requins. Dans les mythes, les requins ne sont jamais de simples prédateurs tuant des êtres humains au hasard. Une telle perception aide ces peuples à vivre dans une harmonie remarquable avec leur environnement sans craintes irrationnelles de risques naturels. Cette conception reste dominante même encore aujourd’hui et contraste de manière signifi cative avec le comportement des sociétés occidentales face aux morsures de requins. Les deux récentes morsures de requins en Nouvelle-Calédonie en 2019 l’attestent. En eff et, alors que la population à prédominance mélanésienne du Nord a accepté la mort d’un pêcheur avec un certain fatalisme naturel, une atmosphère de crise s’est installée dans la capitale, sous forte infl uence européenne, entraînant une campagne de massacre aveugle de requins. Cette différence de perception entre les peuples autochtones et ceux d’origine européenne peut aussi expliquer les tensions sociales autour de la « crise requin » sur l’île de la Réunion.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter un extrait de 40 idées fausses sur les requins, publié aux éditions Quae en 2020, de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Retrouvez ce titre et nos ouvrages au format papier et numérique sur www.quae.com

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Les éditions Quae vous présentent 40 idées fausses sur les requins, ouvrage de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Dans cette série d'épisodes, les éditions Quae vous invitent à décrypter les fausses croyances qui circulent sur les requins. Nous découvrirons ici que si dans la plupart des sociétés occidentales, le requin est synonyme de danger, de nombreux peuples à travers le monde ont une tout autre perception des requins.


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  • Speaker #1

    Les requins sont craints partout dans le monde. Faux. Le requin inspirerait la terreur chez tous les peuples. Dans la plupart des sociétés occidentales, le requin est synonyme de danger, de mort et d'un animal à éliminer lorsque le risque est important. Toutefois, de nombreux peuples à travers le monde ont une toute autre perception des requins, un lien entre les hommes et l'au-delà. Dans plusieurs traditions polynésiennes, un culte respectueux était et est encore voué aux requins, considéré comme la réincarnation des ancêtres disparus. Il était considéré comme une entité veillant sur les membres de la famille qui partent en mer. Ces réincarnations, appelées « aumakua », revêtent diverses formes animales (requins, tortues, serpents de mer ou lézards) ou végétales. Selon cette croyance, un ancêtre disparu prenait la forme d'un requin après sa mort et apparaissait dans les rêves des descendants ou des proches parents. Ainsi, lorsqu'un pêcheur, sur son embarcation, revenait sain et sauf d'une sortie en mer qui avait mal tourné, gloire était rendue à son requin protecteur, et les membres de sa famille ne les chassaient pas et ne les mangeaient pas. Le requin était "tabou" (interdit). Un symbole de force et de virilité. Dans l’atoll d’Anaa (Polynésie française) au xviiie siècle, les féroces guerriers kaito (terme paumotu) étaient surnommés « parata », le nom vernaculaire du requin longimane (Carcharhinus longimanus) en polynésien, vraisemblablement en raison de l’agressivité de cette espèce. Le requin est symbole de force et de pugnacité. Dans des contextes exceptionnels, par exemple avant une guerre ou un combat, pour lesquels les combattants souhaitaient acquérir la force du requin, ces animaux constituaient une source importante de nourriture et de confection d’outils et d’armes. Les dents de requin, en particulier celles du requin tigre, étaient prisées pour la fabrication de toutes sortes d’armes, y compris des clubs de guerre et des couteaux. Dans le vieil Hawaii, attraper le niuhi (incarné par le requin tigre et le grand requin blanc) était un jeu réservé aux chefs, un sport dangereux pour lequel des techniques spéciales avaient été développées. Manger de la chair de niuhi était tabou pour les femmes, mais certains chefs hawaïens auraient acquis la prémonition d’événements en consommant les yeux des niuhi. La mère du plus célèbre roi d’Hawaii, Kamehameha Ier, née vers 1753, aurait demandé à manger des yeux de niuhi pendant sa grossesse pour améliorer le leadership et la bravoure du futur chef qu’elle portait. Acceptation et respect. Dans les cultures des peuples du Pacifi que (comme en Polynésie française, à Hawaii, à Kiribati, en Nouvelle-Zélande ou en Nouvelle-Calédonie), en tant qu’animaux mythiques, les requins peuvent jouer le rôle de vengeurs et de redresseurs de torts, de véhicules pour les personnes vivantes ou mortes. Ils peuvent représenter soit des alliés, soit des ennemis dans les guerres. Leur dangerosité pour l’homme n’a jamais été remise en cause. Cependant, dans ces cultures, on trouve toujours une bonne raison à l’attaque de requin : la victime devait avoir enfreint une règle ou un tabou, ou était un ennemi de personnes sous la protection des requins. Dans les mythes, les requins ne sont jamais de simples prédateurs tuant des êtres humains au hasard. Une telle perception aide ces peuples à vivre dans une harmonie remarquable avec leur environnement sans craintes irrationnelles de risques naturels. Cette conception reste dominante même encore aujourd’hui et contraste de manière signifi cative avec le comportement des sociétés occidentales face aux morsures de requins. Les deux récentes morsures de requins en Nouvelle-Calédonie en 2019 l’attestent. En eff et, alors que la population à prédominance mélanésienne du Nord a accepté la mort d’un pêcheur avec un certain fatalisme naturel, une atmosphère de crise s’est installée dans la capitale, sous forte infl uence européenne, entraînant une campagne de massacre aveugle de requins. Cette différence de perception entre les peuples autochtones et ceux d’origine européenne peut aussi expliquer les tensions sociales autour de la « crise requin » sur l’île de la Réunion.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter un extrait de 40 idées fausses sur les requins, publié aux éditions Quae en 2020, de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Retrouvez ce titre et nos ouvrages au format papier et numérique sur www.quae.com

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    Les requins sont craints partout dans le monde. Faux. Le requin inspirerait la terreur chez tous les peuples. Dans la plupart des sociétés occidentales, le requin est synonyme de danger, de mort et d'un animal à éliminer lorsque le risque est important. Toutefois, de nombreux peuples à travers le monde ont une toute autre perception des requins, un lien entre les hommes et l'au-delà. Dans plusieurs traditions polynésiennes, un culte respectueux était et est encore voué aux requins, considéré comme la réincarnation des ancêtres disparus. Il était considéré comme une entité veillant sur les membres de la famille qui partent en mer. Ces réincarnations, appelées « aumakua », revêtent diverses formes animales (requins, tortues, serpents de mer ou lézards) ou végétales. Selon cette croyance, un ancêtre disparu prenait la forme d'un requin après sa mort et apparaissait dans les rêves des descendants ou des proches parents. Ainsi, lorsqu'un pêcheur, sur son embarcation, revenait sain et sauf d'une sortie en mer qui avait mal tourné, gloire était rendue à son requin protecteur, et les membres de sa famille ne les chassaient pas et ne les mangeaient pas. Le requin était "tabou" (interdit). Un symbole de force et de virilité. Dans l’atoll d’Anaa (Polynésie française) au xviiie siècle, les féroces guerriers kaito (terme paumotu) étaient surnommés « parata », le nom vernaculaire du requin longimane (Carcharhinus longimanus) en polynésien, vraisemblablement en raison de l’agressivité de cette espèce. Le requin est symbole de force et de pugnacité. Dans des contextes exceptionnels, par exemple avant une guerre ou un combat, pour lesquels les combattants souhaitaient acquérir la force du requin, ces animaux constituaient une source importante de nourriture et de confection d’outils et d’armes. Les dents de requin, en particulier celles du requin tigre, étaient prisées pour la fabrication de toutes sortes d’armes, y compris des clubs de guerre et des couteaux. Dans le vieil Hawaii, attraper le niuhi (incarné par le requin tigre et le grand requin blanc) était un jeu réservé aux chefs, un sport dangereux pour lequel des techniques spéciales avaient été développées. Manger de la chair de niuhi était tabou pour les femmes, mais certains chefs hawaïens auraient acquis la prémonition d’événements en consommant les yeux des niuhi. La mère du plus célèbre roi d’Hawaii, Kamehameha Ier, née vers 1753, aurait demandé à manger des yeux de niuhi pendant sa grossesse pour améliorer le leadership et la bravoure du futur chef qu’elle portait. Acceptation et respect. Dans les cultures des peuples du Pacifi que (comme en Polynésie française, à Hawaii, à Kiribati, en Nouvelle-Zélande ou en Nouvelle-Calédonie), en tant qu’animaux mythiques, les requins peuvent jouer le rôle de vengeurs et de redresseurs de torts, de véhicules pour les personnes vivantes ou mortes. Ils peuvent représenter soit des alliés, soit des ennemis dans les guerres. Leur dangerosité pour l’homme n’a jamais été remise en cause. Cependant, dans ces cultures, on trouve toujours une bonne raison à l’attaque de requin : la victime devait avoir enfreint une règle ou un tabou, ou était un ennemi de personnes sous la protection des requins. Dans les mythes, les requins ne sont jamais de simples prédateurs tuant des êtres humains au hasard. Une telle perception aide ces peuples à vivre dans une harmonie remarquable avec leur environnement sans craintes irrationnelles de risques naturels. Cette conception reste dominante même encore aujourd’hui et contraste de manière signifi cative avec le comportement des sociétés occidentales face aux morsures de requins. Les deux récentes morsures de requins en Nouvelle-Calédonie en 2019 l’attestent. En eff et, alors que la population à prédominance mélanésienne du Nord a accepté la mort d’un pêcheur avec un certain fatalisme naturel, une atmosphère de crise s’est installée dans la capitale, sous forte infl uence européenne, entraînant une campagne de massacre aveugle de requins. Cette différence de perception entre les peuples autochtones et ceux d’origine européenne peut aussi expliquer les tensions sociales autour de la « crise requin » sur l’île de la Réunion.

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  • Speaker #1

    Les requins sont craints partout dans le monde. Faux. Le requin inspirerait la terreur chez tous les peuples. Dans la plupart des sociétés occidentales, le requin est synonyme de danger, de mort et d'un animal à éliminer lorsque le risque est important. Toutefois, de nombreux peuples à travers le monde ont une toute autre perception des requins, un lien entre les hommes et l'au-delà. Dans plusieurs traditions polynésiennes, un culte respectueux était et est encore voué aux requins, considéré comme la réincarnation des ancêtres disparus. Il était considéré comme une entité veillant sur les membres de la famille qui partent en mer. Ces réincarnations, appelées « aumakua », revêtent diverses formes animales (requins, tortues, serpents de mer ou lézards) ou végétales. Selon cette croyance, un ancêtre disparu prenait la forme d'un requin après sa mort et apparaissait dans les rêves des descendants ou des proches parents. Ainsi, lorsqu'un pêcheur, sur son embarcation, revenait sain et sauf d'une sortie en mer qui avait mal tourné, gloire était rendue à son requin protecteur, et les membres de sa famille ne les chassaient pas et ne les mangeaient pas. Le requin était "tabou" (interdit). Un symbole de force et de virilité. Dans l’atoll d’Anaa (Polynésie française) au xviiie siècle, les féroces guerriers kaito (terme paumotu) étaient surnommés « parata », le nom vernaculaire du requin longimane (Carcharhinus longimanus) en polynésien, vraisemblablement en raison de l’agressivité de cette espèce. Le requin est symbole de force et de pugnacité. Dans des contextes exceptionnels, par exemple avant une guerre ou un combat, pour lesquels les combattants souhaitaient acquérir la force du requin, ces animaux constituaient une source importante de nourriture et de confection d’outils et d’armes. Les dents de requin, en particulier celles du requin tigre, étaient prisées pour la fabrication de toutes sortes d’armes, y compris des clubs de guerre et des couteaux. Dans le vieil Hawaii, attraper le niuhi (incarné par le requin tigre et le grand requin blanc) était un jeu réservé aux chefs, un sport dangereux pour lequel des techniques spéciales avaient été développées. Manger de la chair de niuhi était tabou pour les femmes, mais certains chefs hawaïens auraient acquis la prémonition d’événements en consommant les yeux des niuhi. La mère du plus célèbre roi d’Hawaii, Kamehameha Ier, née vers 1753, aurait demandé à manger des yeux de niuhi pendant sa grossesse pour améliorer le leadership et la bravoure du futur chef qu’elle portait. Acceptation et respect. Dans les cultures des peuples du Pacifi que (comme en Polynésie française, à Hawaii, à Kiribati, en Nouvelle-Zélande ou en Nouvelle-Calédonie), en tant qu’animaux mythiques, les requins peuvent jouer le rôle de vengeurs et de redresseurs de torts, de véhicules pour les personnes vivantes ou mortes. Ils peuvent représenter soit des alliés, soit des ennemis dans les guerres. Leur dangerosité pour l’homme n’a jamais été remise en cause. Cependant, dans ces cultures, on trouve toujours une bonne raison à l’attaque de requin : la victime devait avoir enfreint une règle ou un tabou, ou était un ennemi de personnes sous la protection des requins. Dans les mythes, les requins ne sont jamais de simples prédateurs tuant des êtres humains au hasard. Une telle perception aide ces peuples à vivre dans une harmonie remarquable avec leur environnement sans craintes irrationnelles de risques naturels. Cette conception reste dominante même encore aujourd’hui et contraste de manière signifi cative avec le comportement des sociétés occidentales face aux morsures de requins. Les deux récentes morsures de requins en Nouvelle-Calédonie en 2019 l’attestent. En eff et, alors que la population à prédominance mélanésienne du Nord a accepté la mort d’un pêcheur avec un certain fatalisme naturel, une atmosphère de crise s’est installée dans la capitale, sous forte infl uence européenne, entraînant une campagne de massacre aveugle de requins. Cette différence de perception entre les peuples autochtones et ceux d’origine européenne peut aussi expliquer les tensions sociales autour de la « crise requin » sur l’île de la Réunion.

  • Speaker #0

    Vous venez d'écouter un extrait de 40 idées fausses sur les requins, publié aux éditions Quae en 2020, de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Retrouvez ce titre et nos ouvrages au format papier et numérique sur www.quae.com

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