Transcription

• Speaker #0

  Les éditions Quae vous présentent 40 idées fausses sur les requins, ouvrage de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet. Dans cette série d'épisodes, les éditions Quae vous invitent à décrypter les fausses croyances qui circulent sur les requins.

• Speaker #1

  Les requins n'ont pas de prédateurs. Faux. On croit souvent que les requins sont tout en haut de la chaîne alimentaire marine. Le grand requin blanc (Carcharodon carcharias), le plus grand prédateur actuel chez les requins, serait-il le prédateur incontesté des océans ? Il s’avère que non ! Les requins sont aussi des proies Même le grand requin blanc peut frémir à l’approche d’autres prédateurs : il est régulièrement la proie de la chasse collective des orques, présentes dans toutes les mers et océans du monde, qui le font d’ailleurs fuir dès leur arrivée. En effet, en Afrique du Sud et en Californie, la présence des orques coïncide souvent avec une disparition des observations de grands requins blancs dans la zone. Mais cette espèce n’est pas la seule à servir de proie aux orques. On a vu un requin tigre (Galeocerdo cuvier) se faire engloutir par des orques aux îles Cocos au Costa Rica ; des requins platnez (Notorynchus cepedianus) ont aussi été victimes des orques en Californie, en Afrique du Sud et en Patagonie, de même qu’un requin-marteau halicorne (Sphyna lewini) aux Galápagos. Le plus souvent, les orques ne sélectionnent chez les requins que des parties de choix, riches en lipides, comme le foie, et abandonnent la carcasse, que l’on retrouve alors échouée sur une plage. D’autres prédateurs peuvent s’attaquer aux requins. Ainsi, en Afrique du Sud, une otarie du Cap (Arctocephalus pusillus pusillus) a été observée s’attaquant et dévorant un requin peau bleu (Prionace glauca) qui faisait sa taille. Les crocodiles peuvent aussi se nourrir de requins s’aventurant dans les estuaires, tels que des requins bouledogues (Carcharhinus leucas) en Australie, qu’ils attaquent seuls en embuscade. Parmi plus de 400 espèces de requins, toutes ne sont pas en haut de la chaîne alimentaire. Certains requins de taille moyenne (moins de 3 m) peuvent être la cible d’espèces de requins de plus grande taille. Par exemple, le requin gris de récif (Carcharhinus amblyrhynchos) et le requin bordé (Carcharhinus limbatus) sont régulièrement chassés par le grand requin-marteau (Sphyrna mokarran) dans les eaux tropicales. De grands poissons osseux tels que de gros mérous ou des murènes peuvent aussi s’en prendre à des requins de petite taille (moins de 2 m), et des pieuvres de grande taille ont été observées s’attaquant à de petits requins. Cannibalisme chez les requins Les femelles sont ovipares, ovovivipares ou vivipares selon les espèces (voir fiche 21). Les femelles requin taureau (Carcharias taurus), ovovivipares, ont deux utérus et conçoivent généralement six ou sept embryons dans chaque utérus, souvent fécondés par des pères différents, mais la plupart du temps, il n’y aura pas plus de deux nouveau-nés. L’embryon le plus âgé est un peu plus en avance sur les autres et développe rapidement des yeux et des dents, ce qui lui permet de chasser et dévorer ses propres frères et soeurs dans l’utérus de sa mère. Si deux embryons sont issus du même père, ils vont éclore en même temps dans l’utérus et dévorer les autres pour survivre et consolider leur lignée pour une meilleure sélection, sinon seul le requin le plus âgé survivra. Lors de la période de reproduction, le requin de Port-Jackson (Heterodontus portusjacksoni) peut quant à lui se nourrir des oeufs de ses congénères afin de combler ses dépenses énergétiques. Et, si les femelles de nombreuses espèces de requins protègent leur progéniture en mettant bas dans des zones de nurserie peu profondes à l’abri des prédateurs, ces jeunes sont à la merci de requins adultes de leur propre espèce qui rôdent autour de ces zones. L’homme, le prédateur le plus dangereux pour les requins. Les requins sont donc eux-mêmes des proies, mais leur plus grand prédateur reste sans aucun doute l’homme. Si certains prédateurs marins dévorent tout au plus quelques milliers de requins, l’homme tue à lui seul près de 100 millions de requins chaque année par la pêche industrielle, les requins étant une prise ciblée ou accessoire, un chiffre qui pourrait même être sous-estimé. Qui est donc le prédateur incontesté des océans ?

• Speaker #0

  Vous venez d'écouter un extrait de 40 idées fausses sur les requins, publié aux éditions Quae en 2020, de Johann Mourier, lu par Jordan Hachet.