- Speaker #0
A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à fortes contraintes, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. Bonjour et bienvenue dans Références Petite Enfance. Je vais commencer par vous raconter l'histoire de la petite Marie, qui avait déjà fréquenté deux crèches, mais qui ne répondait pas encore à ses besoins particuliers. Marie est atteinte d'une maladie génétique rare, une épilepsie sévère qui entraîne des retards cognitifs et moteurs. Elle ne parle pas, elle ne marche pas, ses parents sont inquiets, et dans les crèches traditionnelles, ils n'ont pas le sentiment que leur fille a sa place, même si elles sont bien. Et puis ils ont découvert la crèche Poulpi. Et depuis, les progrès de Marie sont fulgurants. Elle chante, elle se tient debout, elle s'est pointée du doigt. Sa maman raconte que leur vie a changé parce qu'enfin l'accueil était pensé sur mesure pour Marie. Cette histoire, c'est celle de dizaines d'enfants qui sont passés par les crèches Poulpi, le premier réseau de crèches pour les enfants porteurs de troubles du neurodéveloppement. Mais en 2025, j'ai appris que ce modèle pionnier est en danger. Et vous l'avez peut-être lu vous aussi sur les réseaux sociaux. Alors pour en parler, j'ai invité Aliénor de La Taille, qui est psychologue du développement et qui est cofondatrice de Poulpi. Elle se bat depuis dix ans pour l'inclusion dans la petite enfance. Bonjour Aliénor.
- Speaker #1
Bonjour Amel.
- Speaker #0
Je suis ravie de t'accueillir sur le podcast. Je pense que cet épisode va être très enrichissant, qu'on va apprendre beaucoup de choses. Alors tu dis souvent qu'un enfant sur six présente un trouble du neurodéveloppement. Pourtant en France, on ne repère vraiment ces difficultés qu'à l'école. Est-ce que tu peux nous dire ce que ça change pour un enfant et pour sa famille ? Est-ce que c'est trop tard ?
- Speaker #1
Tout d'abord, merci beaucoup Amal de m'avoir invitée dans ton super podcast. Alors effectivement, un enfant sur six présente un trouble du neurodéveloppement. Et le fait de dépister, voire diagnostiquer ces troubles tard, parce que l'école c'est déjà tard, ça ne permet pas à l'enfant de retrouver une trajectoire de développement suffisamment harmonieuse pour que ça se passe bien à l'école. Le dépistage précoce est vraiment primordial. pour que l'enfant ait toutes ses chances d'être inclus à l'école réellement.
- Speaker #0
Concrètement, un parent qui a un enfant qui présente ce type de trouble se dit « quelque chose ne va pas » . Concrètement, ça veut dire quoi dans sa vie quotidienne à ce parent ? Qu'est-ce qui lui arrive ?
- Speaker #1
Si un parent s'en rend compte et qu'effectivement son enfant est dépisté, comme ayant en tout cas des signes d'alerte, ce qui va se passer, c'est qu'en général, un des deux parents va arrêter de travailler, en général la maman. et va devoir faire le taxi entre un petit temps partiel en crèche et des séances en libéral. Et une fois arrivé à l'école, le coup près tombe, et on leur annonce en général que l'accueil à temps plein ne va pas être possible, puisque l'enfant n'est pas en mesure d'être à l'école toute la journée, toute la semaine. Donc c'est vraiment très impactant pour la famille.
- Speaker #0
C'est un choc, c'est un impact énorme sur la vie de cette famille. Est-ce que c'est comme ça qu'est née l'idée de Poulpi et de cette crèche d'intervention précoce ? je crois que tu avais déjà... Cette spécialisation avant d'être gestionnaire de crèche, tu travaillais déjà pour détecter ou encadrer les troubles du neurodéveloppement ?
- Speaker #1
Oui, effectivement, je travaillais plus de dix ans auprès d'enfants avec un trouble du spectre autistique, TSA ou autisme. Et c'est sur le terrain que j'ai pu constater que dans les dernières années en France, on commençait enfin à dépister ces enfants de plus en plus jeunes, c'est-à-dire avant trois ans. Et j'ai vu l'impact de l'intervention précoce sur leur développement. C'était impressionnant et c'était vraiment les enfants qu'on arrivait à inclure à l'école. Pas juste pour faire joli dans un coin de la classe et remplir les quotas, mais vraiment parce que leur développement leur permettait de comprendre ce qui leur était demandé à l'école et d'y être bien.
- Speaker #0
Je rebondis sur ce que tu dis parce que ma fille est en primaire et que je vois régulièrement cette inclusion dans son école avec des enfants qui ont différents types de handicaps et de troubles. Donc pas que du neurodéveloppement, ça peut être différent. type de troubles. Et en effet, parfois, je trouve ça assez dur de voir que ces enfants sont inclus sans être inclus. Il n'y a pas toujours ce qu'il faut pour eux. Et souvent, que ce soit dans les sorties scolaires où je suis là, enfin quand je suis là en tout cas, j'observe que la situation n'est pas folichon. Il y a peu de moyens. Et les enfants sont peut-être un peu perdus là-dedans. Donc c'est ce que tu dis, c'est que si on arrive à intervenir plus tôt, ils vont pouvoir être beaucoup plus à l'aise dans cette scolarité ?
- Speaker #1
Oui, c'est vraiment ça. Et on le voit chez Poulpi depuis qu'on a ouvert nos premières structures. parmi tous les enfants atypiques qu'on a accompagnés et on en a 80% par crèche on a 70% des enfants qui ont pu aller à l'école 70% c'est un chiffre très important puisque la moyenne nationale est plutôt autour de 30-35%. Donc on voit bien à quel point l'intervention précoce a un impact fort sur le développement de ces enfants.
- Speaker #0
Ça représente combien d'enfants quand tu dis 70% des enfants accueillis chez Poulpi ? Donc on est sur à peu près combien d'enfants ?
- Speaker #1
Une centaine d'enfants.
- Speaker #0
Bravo puisque vous avez ouvert il y a 4-5 ans ?
- Speaker #1
Tout à fait oui, en 2021.
- Speaker #0
Donc c'est déjà un beau challenge. En 2021, vous avez ouvert la première crèche. Tu peux en deux mots raconter un petit peu l'évolution du groupe ?
- Speaker #1
On a ouvert la première crèche à la Garenne-Colombe en janvier 2021, une deuxième structure à Clichy en décembre 2022 et puis enfin, la troisième crèche à Boulogne en janvier 2025.
- Speaker #0
Le quotidien d'un enfant dans une crèche Poulpi, est-ce que c'est le même que dans les autres crèches ? Est-ce qu'il y a une différence ? Qu'est-ce que tu peux nous décrire de ce quotidien chez Poulpi ?
- Speaker #1
Alors, il est assez atypique aussi. On s'appelle crèche parce qu'on ne rentre pas vraiment dans les cases. En France, on est assez innovants et très hybrides. Mais effectivement, on est une crèche très adaptée. Les enfants qui sont accompagnés chez nous ont déjà toute leur rééducation sur place. Donc l'orthophonie, la kiné, la psychomote, la psy, l'art-thérapie, etc. Tout est proposé au même endroit, ce qui permet vraiment aux parents de continuer leur vie professionnelle s'ils le souhaitent. Et puis l'enfant va aussi bénéficier de nombreux ateliers en petits groupes d'enfants, entre 3 et 5 enfants, plusieurs fois par jour, et qui sont orchestrés par l'équipe Petite Enfance, que l'on forme au Troupe du Neurodéveloppement, et qui vont vraiment aller beaucoup plus loin dans la préparation de ces ateliers. Ce n'est pas juste de l'occupationnel, mais elles vont vraiment réfléchir en fonction du niveau de développement des enfants et des besoins que l'on cherche à travailler.
- Speaker #0
En termes d'organisation, il y a quand même une différence. par rapport aux autres crèches. J'imagine que ça veut dire aussi qu'il y a plus de monde et donc un budget qui est conséquent. Pour finir sur cette introduction du projet, est-ce que tu as une histoire à raconter sur un enfant qui t'a marqué plus que les autres pour illustrer ce que Poulpi a pu changer dans la vie de quelqu'un ?
- Speaker #1
Oui, alors j'en aurais beaucoup des histoires, mais je vais prendre celle d'un petit garçon qui, quand il est arrivé chez nous, il avait une suspicion d'autisme. Il avait beaucoup de stéréotypies, c'est-à-dire des gestes répétitifs avec ses mains, etc. Il longeait les murs, il ne parlait pas, il s'était placé plutôt à quatre pattes. Il avait 18 mois. Et puis, au fil des mois, il a eu une évolution assez spectaculaire. Vraiment, quand il est arrivé, on pensait qu'il irait en IME, en Institut Médico-Éducatif. Et finalement, son développement a explosé. Petit à petit, il s'est mis à marcher, à parler. Il a été vraiment en interaction, à comprendre ce qu'on lui demandait. Et en fait, il a pu être inclus à l'école. Et maintenant, j'ai eu un retour de sa maman récemment. Il est en CE1, ça se passe super bien. Il a vraiment retrouvé un développement assez harmonieux. Donc, c'est chouette.
- Speaker #0
C'est les résultats pour lesquels tu te bats au quotidien. Tu n'es pas toute seule, d'ailleurs, tu as une associée.
- Speaker #1
Exactement, Violaine Saint-Roma, qui est mon associée, qui combat avec moi pour aider ses enfants et leur famille. On est très complémentaires toutes les deux pour ce projet.
- Speaker #0
Donc vous êtes deux associés et vous êtes combien chez Poulpi au global avec les salariés et puis les intervenants j'imagine ?
- Speaker #1
Oui effectivement on est une cinquantaine avec les salariés et les thérapeutes en statut libéral.
- Speaker #0
Donc une belle équipe. Chez Poulpi vous avez un projet éducatif qui est particulier, vous avez développé une pédagogie qui est originale. Est-ce que tu peux m'en parler et me dire un peu ce que ça apporte aux enfants ?
- Speaker #1
Oui alors effectivement on a mis en place le programme DESY. qui veut dire Programme Développemental d'Accompagnement par l'Imitation et le Sensorial pour l'Éveil et l'Échange. En fait, ce programme est ajusté à chaque enfant en fonction de son développement. Et puis, on va vraiment travailler sur tous les domaines dans lesquels il y a un retard avéré. Et donc, on a une vraie prise en charge transdisciplinaire, puisque les professionnels partagent des objectifs communs à travailler pour chaque enfant. Ce partage des techniques. Donc c'est vraiment notre force chez Poulpi, c'est qu'on va tous dans la même direction avec une approche commune. Et donc c'est beaucoup plus cohérent pour l'enfant, il peut le généraliser plus facilement puisqu'il travaille la même chose dans différents contextes.
- Speaker #0
C'est pour ça que vous avez appelé la crèche Poulpi, en référence à toutes les tentacules et les huiles. Les huit types de professions qui interviennent auprès de l'enfant et qui représentent les huit tentacules du poulpe, j'ai bien appris ma leçon.
- Speaker #1
Exactement, tout à fait.
- Speaker #0
Et je me suis demandé, puisque moi je suis un peu la spécialiste de l'organisation du travail, tu sais, je conseille aussi beaucoup de gestionnaires sur leur organisation du travail, c'est vrai qu'on est déjà très contraints en crèche, déjà quand on n'a pas ce projet qui est encore plus exigeant. Je me suis demandé comment vous organisez ce travail avec tous ces intervenants ? Vous avez recours aux réunions d'équipe. C'est quoi le modèle d'organisation que tu utilises ? Est-ce que c'est justement, est-ce que toi tu manages une équipe avec des coordinateurs qui réunissent les intervenants ? Vous faites des synthèses sur les enfants ? Enfin, comment ça se passe ?
- Speaker #1
En termes d'organisation, chaque semaine, il y a deux réunions d'équipe pour parler de deux enfants de la structure, avec simplement les référents de l'enfant pour définir des nouveaux objectifs. On a également une réunion par mois le soir, tous ensemble cette fois-ci. pour parler de différents sujets nécessaires au sein de la structure. Et moi, ma mission, c'est plutôt de vérifier que le programme Nési est mis en application de la bonne manière. Je forme les professionnels également. Et depuis peu, on est une coordinatrice qui va pouvoir davantage accompagner les professionnels dans les structures, et notamment les directrices.
- Speaker #0
Trois directrices, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement, une par structure.
- Speaker #0
Moi, je sais que dans les crèches, aujourd'hui, on a un temps qui est très contraint. Le financement des crèches, il est quand même... plutôt tournée vers la productivité depuis quelques années, depuis qu'on a mis en place la PSU. Je suis arrivée dans les crèches en 2007 et on venait de mettre en place la PSU. Et donc, au fil du temps, les temps de réflexion, les temps de réunion, tous ces temps de préparation de l'accueil ont été réduits comme peau de chagrin. Donc, j'imagine que pour vous, c'est un enjeu. Comment vous faites ? Parce que, bien sûr que par rapport à tout ce que vous organisez autour de chaque enfant et cette... individualisation des programmes. Il doit y avoir énormément de temps de réflexion, de réunion d'équipes pluridisciplinaires. Est-ce que vous avez des financements spécifiques pour financer à la fois ces temps supplémentaires et puis à la fois peut-être le personnel qui doit intervenir en plus du reste ? Concrètement, quand tu as créé Poulpi, comment tu as fait pour financer tout ça ?
- Speaker #1
Concrètement, effectivement, comme on nous a rattachés au crèche, on a choisi le modèle PSE. afin de pouvoir être accessible à n'importe quelle famille, même les plus précaires, puisque les familles qui viennent chez nous payent le même prix qu'une crèche municipale, rééducation incluse. Et donc effectivement, pour pouvoir financer ça, on a le système PSU que tu connais par cœur, avec la participation des familles, la CAF qui complète selon le taux horaire défini, le tiers réservataire, soit la mairie, soit l'entreprise d'un des parents. Et effectivement, en guise de subventions spécifiques, on a des aides du département des Hauts-de-Seine. Une aide qui est assez exceptionnelle, qui est de 11 euros par heure de présence par enfant, qui a un dossier MDPH déposé, qui atteste un petit peu que l'enfant a des besoins spécifiques. Et donc c'est grâce à cette subvention que l'on peut financer tous nos thérapeutes et également les mètres carrés supplémentaires, puisqu'on a beaucoup de salles supplémentaires pour ces prises en charge en individuel.
- Speaker #0
Donc vous avez quand même une subvention très spécifique, puisque 11 euros par heure, c'est quelque chose de conséquent, qui est donc financé par le département des Hauts-de-Seine. C'est un financement que tu as déjà vu dans d'autres départements ?
- Speaker #1
On a fait beaucoup de recherches pour voir ce qui existait dans les autres départements et a priori, c'est une subvention assez unique en France. Le département des Hauts-de-Seine est extrêmement engagé en petite enfance et dans le handicap et elle n'existe pas ailleurs. Donc elle est dédiée à toutes les crèches du 92 qui accueillent des enfants qui ont un dossier MDPH.
- Speaker #0
Ok, donc tu dirais que le département du 92, c'est quand même un département exemplaire. Ils vous soutiennent beaucoup.
- Speaker #1
Ils sont très soutenants depuis le début de l'aventure et encore maintenant, avec ce qu'on traverse, c'est vraiment un département hors normes. Et malgré les turbulences que le contexte économique nous apporte, le département reste fidèle à cet engagement.
- Speaker #0
Alors, ma question suivante, c'est est-ce qu'avec ces financements, tu arrives à équilibrer les comptes de ton modèle ? Ou bien est-ce que c'est une recherche qui est difficile et est-ce que tu dois rechercher tout le temps de nouvelles sources de financement ?
- Speaker #1
nous, pour qu'on puisse être à l'équilibre. Il faut qu'on puisse avoir 100 berceaux. Pour l'instant, on en a 70. Donc aujourd'hui, non, on n'équilibre pas les coûts.
- Speaker #0
Quand tu dis 100 berceaux, tu veux dire 100 berceaux pris en charge ou 100 personnes inscrites dans les crèches ?
- Speaker #1
Les deux, mais 100 berceaux commercialisés.
- Speaker #0
Voilà, avec un financeur, quoi. Tout à fait. Oui, parce que pour les auditeurs qui ne connaissent pas bien le système PSU, quand on est à la PSU, on a une partie qui est financée par la CAF et par les parents, mais ça ne finance pas l'intégralité. Donc si par exemple j'ai un coût de 10, on va dire 10 euros, c'est un chiffre qui n'est pas réel, pour une heure de garde et que la CAF et les parents me financeraient 6 euros, il resterait 4 euros qu'il faudrait que je fasse financer par quelqu'un d'autre. Donc tu vas avoir une partie parfois par le département, ce qui est ton cas, mais il va rester une partie qui doit être prise en charge. Le département n'intervient pas en général, dans ton cas oui, mais après tu vas avoir entre 10 et les 6 euros qu'on a dit, il va y avoir les 4 euros qui restent et donc on va faire intervenir un tiers financeur. Donc ça va être soit en général la ville, soit l'employeur des parents. Est-ce que c'est de ça que tu parles ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Même si nous, le département ne finance que la partie supplémentaire que l'on a par rapport à une crèche classique qui ne propose pas de thérapeute.
- Speaker #0
Ça ne va pas venir financer les fameux 4 euros dans mon exemple, mais plutôt le coût supplémentaire des soins.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Donc toi, tu auras toujours tes 4 euros qu'il faut financer dans mon exemple.
- Speaker #1
C'est exactement ça. Et effectivement, ce n'est pas toujours aisé de trouver justement ce financeur, puisqu'on a beaucoup de familles soit précaires, soit à leur compte. Donc soit les villes ne souhaitent pas financer leur place, soit on a déjà les places complètement occupées. Et donc, quand il n'y a pas d'employeur derrière, ce sont des familles qui ne peuvent pas avoir accès à nos structures à cause de ça et donc qui ne peuvent pas avoir accès aux soins. Donc, on a pu accueillir évidemment des enfants sans financement par un tiers réservataire, mais ce n'est pas viable à long terme et pour trop d'enfants.
- Speaker #0
Oui, aujourd'hui, vous aviez surtout les villes qui prenaient en charge les enfants de la ville, les citoyens, et quelques entreprises.
- Speaker #1
Oui, on a même plusieurs villes qui prennent en charge les places puisque... Pour chaque crèche qu'on a ouverte, on travaille avec la ville dans laquelle on s'est implanté, évidemment, mais aussi toutes les villes avoisinantes. Donc on a des conventions avec, par exemple, pour la crèche de la Garenne-Colombe, on a aussi une convention avec Courbevoie, Bois-Colombe, Colombe, et parfois même des villes d'assez loin. Et notre ratio aujourd'hui, il est plutôt de 75% de réservation mairie et 25% de réservation entreprise.
- Speaker #0
D'accord. Donc, en fait, pour l'instant, vous n'accueillez que des enfants qui sont financés. Tu ne prends pas d'enfants qui n'ont pas de tiers financeur.
- Speaker #1
Si on en a une partie, sentir financière. Oui, tout à fait.
- Speaker #0
C'est là que le bas blesse, pour les auditeurs qui n'ont pas forcément bien les comptes des crèches en tête. Mais c'est vrai que quand on commence à accueillir des enfants qui ne sont pas pris en charge par la ville ou par l'employeur, on accueille à perte. Et donc, on risque de complètement déséquilibrer nos comptes puisque le montant qu'on va percevoir de la famille et de la CAF est très inférieur à ce que ça nous coûte d'accueillir l'enfant. Donc, la crèche ne peut pas survivre très longtemps comme ça. Mais bon, vous le faites quand même, mais ce n'est pas durable. Si j'ai bien compris ton problème, tu as eu des contrats avec des mairies, mais ces contrats, ils ne sont pas éternels.
- Speaker #1
Notre crèche de la Garenne-Colombe, tout est commercialisé. Ça se passe très bien avec les villes alentours et les entreprises. Ça a été plus compliqué sur notre crèche de Clichy, qui a une plus grosse structure, qui accueille 30 enfants. On est dans un bassin assez précaire, donc on a quand même beaucoup de familles sans employeurs ou qui sont à leur compte. Et les villes aux alentours ne financent pas forcément de places. Il y en a quelques-unes qui s'étaient engagées à en réserver et qui ne l'ont finalement pas fait, malgré leur confirmation auprès de la CAF. Donc c'est vrai que ça nous a mis en grande difficulté. Et on a quand même accueilli ces enfants sans financeur, puisqu'il fallait bien exister. Mais c'est vrai que forcément, ça a compliqué un petit peu nos finances.
- Speaker #0
Donc pour l'instant, ceux qui ont contractualisé des places, avec vous, ils les maintiennent ? Oui, tout à fait. Et ça, c'est des contrats en général qui durent 10 ans, c'est toujours le cas ?
- Speaker #1
C'est pas 10 ans, mais c'est des contrats pluriannuels. Ça dépend vraiment des villes. Certaines, c'est un an conductible et 3 ans sinon.
- Speaker #0
Donc aujourd'hui, tu m'as parlé de 70 places. Est-ce que tu peux m'expliquer ce qui vous manque ? C'est-à-dire que tu as 70 places remplies dans tes 3 crèches, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, on est en ramp-up pour Boulogne, en remplissage progressif puisqu'on a ouvert récemment. Donc on n'est pas encore à 70 enfants accueillis. Mais ce qui nous manque aujourd'hui, c'est une commercialisation complète sur la crèche du Clichy. On a plutôt un tiers des places qui sont commercialisées. Et Boulogne, c'est en cours de négociation. On est plus serein sur cette crèche. La deuxième chose qui nous manque, c'est d'ouvrir deux nouvelles crèches pour pouvoir atteindre l'équilibre financier pour notre entreprise. Puisque, évidemment, on a un siège, même s'il est tout petit. Les trois crèches toutes seules ne peuvent pas absorber le siège. Il faut arriver à cinq crèches.
- Speaker #0
Et avec 5 crèches, vous auriez 100 places.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Voilà, donc aujourd'hui, quand tu me dis 70 places, c'est vos 70 places disponibles.
- Speaker #1
Oui, tout à fait.
- Speaker #0
Mais dont une partie n'est pas financée et n'est du coup pas remplie. Oui. Pour atteindre un équilibre financier, il faut avoir plus de places, donc il t'en faudrait une centaine. Et sur vos crèches, vos 3 crèches qui sont ouvertes, il y en a une que vous envisagez de fermer, si j'ai bien compris ? Oui,
- Speaker #1
tout à fait. On a pris la décision juste avant l'été de fermer la crèche de Clichy. Au 1er septembre, elle n'a pas rouvert, puisque c'est la crèche la plus grande et actuellement la moins bien financée. Et donc, pour pouvoir permettre de poursuivre l'activité sur nos crèches de Laguerre-en-Colombe et Boulogne.
- Speaker #0
Donc cette crèche-là, elle peut encore réouvrir à la déchance ou c'est vraiment plié, fini, terminé ?
- Speaker #1
Actuellement, on est en recherche d'un repreneur. On est passé en redressement judiciaire pour trouver ce potentiel repreneur qui pourrait faire perdurer l'activité. Et il peut effectivement décider de réouvrir la crèche de Clichy.
- Speaker #0
D'accord, donc ce serait vraiment une reprise d'entreprise. Tu ne recherches pas juste quelqu'un qui peut financer les berceaux en fait ?
- Speaker #1
Tout à fait. On a déjà fait cette recherche de levée de fonds, d'adossements. Mais le contexte du secteur de la petite enfance aujourd'hui est assez compliqué. Et donc on n'a pas trouvé soit d'investisseurs, soit de groupes de crèche qui acceptent de s'engager à nos côtés. Parce qu'aujourd'hui, c'est beaucoup trop risqué, comme tu dois bien le savoir.
- Speaker #0
Oui, je le sais, je trouve ça tellement triste qu'on en soit là aujourd'hui. Si on m'avait dit il y a dix ans que je verrais autant de crèches qui sont en redressement judiciaire et qui cherchent des repreneurs, je ne l'aurais pas cru. Et puis je pensais moi naïvement qu'il suffisait d'avoir des convictions et d'être un bon gestionnaire. Aujourd'hui, on se rend compte que non, ce n'est pas simplement de la bonne volonté. Et tu es loin d'être la seule à te retrouver au tribunal. Je sais que tu as fait appel à des fonds, des financements en tout cas privés. Aujourd'hui, il y a eu un énième documentaire qui est sorti, un documentaire choc sur les crèches privées comme les précédents, qui s'appelle Razia sur les crèches, qui est sorti sur Arte. Et ce documentaire, il dénonce la financiarisation des crèches et l'intervention des fonds privés qui imposerait de prélever de l'argent sur l'accueil. Donc, ils disent, on va mettre moins d'argent dans les crèches pour sortir du bénéfice des crèches. Est-ce que toi, étant une crèche privée, tu as ressenti cette financiarisation, cette pression ? Est-ce que tu as eu l'impression qu'il fallait que tu fasses des bénéfices ? Et qu'est-ce que tu penses de ça ? Et est-ce qu'aujourd'hui tu aurais pu faire sans les financements privés ?
- Speaker #1
Alors nous, on a eu beaucoup de chance parce que parmi les acteurs privés qui sont rentrés au capital, on avait des acteurs qui étaient vraiment très mobilisés par l'impact du projet qu'on portait. Bien sûr qu'il faut un minimum de rentabilité pour que le projet tienne, mais la qualité d'accompagnement était vraiment au cœur. des discussions en board ou dans les décisions qu'on souhaitait prendre. Donc, on n'a pas ressenti cette pression que peuvent avoir, j'imagine, d'autres groupes privés.
- Speaker #0
Absolument, oui.
- Speaker #1
Est-ce qu'on aurait pu s'en passer ? En fait, aujourd'hui, ce qui est compliqué, c'est que, par exemple, pour les travaux, on a réussi, pour chaque travaux de nos crèches, à faire financer à 50 % par de la dette, 50 % par la subvention d'investissement par la CAF et la région Île-de-France. Mais en fait, on a besoin d'équitie, de fonds privés pour financer le fonds de roulement, le BFR, puisque les subventions, elles n'arrivent jamais dans la foulée. Certaines arrivent parfois un an après. Et donc, sans ces fonds privés, on n'aurait pas pu se développer et puis avoir de la trésorerie, tout simplement.
- Speaker #0
C'est vrai que quand on a connu le système PSU, on connaît bien ce problème de trésorerie. Je me souviens très bien d'attendre les versements de la CAF qui arrivaient en septembre et nous en mai. On ne savait plus comment payer les salaires, donc c'était toujours un gros casse-tête. Donc je comprends très bien ce que tu dis, et donc tu as eu vraiment besoin de ces financements privés. Ça me rassure beaucoup ce que tu dis, parce que tu n'as pas vécu cette pression financière. C'est vrai que j'ai eu des collègues qui m'ont dit « moi j'ai un fonds, donc il faut que j'ai des résultats, etc. » J'en ai eu, j'en ai connu, ils n'ont pas forcément vendu leur amodiable pour autant. Moi en tout cas j'avais une crèche privée, la girafe étoilée, on avait 10 micro-crèches. Mais on avait des financements privés, mais pas des fonds d'investissement. Et en tout cas, moi, je n'ai jamais eu l'impression qu'il fallait que je retire de l'argent dans mes crèches pour faire du bénéfice. Et d'ailleurs, j'avais un bénéfice assez faible parce que je réinvestissais tout le temps dans mon accueil. Pour autant, on gagnait bien notre vie et les crèches, elles étaient prospères. Mais voilà, on réinvestissait beaucoup dans l'accueil, dans les intervenants, dans la qualité, tout simplement. Donc je persiste à dire que la rentabilité doit venir... alimenter la crèche et alimenter la qualité d'accueil.
- Speaker #1
C'est vraiment ça. Et un de nos acteurs étant la Caisse des dépôts est semi-public, donc ils font hyper attention aussi aux investissements qu'ils font. Et c'est vrai que, bien sûr, encore une fois, la rentabilité est nécessaire pour que le projet vive, sinon ça fait faillite.
- Speaker #0
C'est la caisse sous la porte.
- Speaker #1
Voilà, tout simplement. Mais quand la qualité est au cœur des préoccupations, c'est important. Et d'autant plus, nous, on est une SAS à mission. Donc on a vraiment cet ADN social et un impact ancré dans nos statuts.
- Speaker #0
Alors on en parlait tout à l'heure, vous avez des résultats impressionnants chez Poulpi, avec 70% des enfants neuroatypiques qui sont passés par chez vous et qui arrivent à intégrer l'école ordinaire, mais dans de bonnes conditions. Et pourtant, vos crèches sont menacées. Est-ce que pour toi, aujourd'hui, il y a un problème dans la politique française au sujet de l'innovation dans la politique locale ? Est-ce qu'on a du mal à innover ? Comment tu expliques que ta crèche soit menacée ? Est-ce que pour toi, c'est une question uniquement de budget ou est-ce que c'est aussi une question de reconnaissance ?
- Speaker #1
Je pense qu'il y a deux choses. La première, c'est que l'investissement dans la prévention et dans la petite enfance est encore compliqué à faire entendre aux politiques publiques, puisque la vision est souvent assez court terme. Alors que quand on fait des études, on sait bien qu'on fait des économies assez impressionnantes à la société quand on investit sur l'intervention précoce. Et la deuxième chose, c'est qu'effectivement, l'innovation est très compliquée en France, puisqu'on a des instances qui sont extrêmement lourdes. qui ne se parlent pas entre elles. Et donc, si on ne rentre pas dans la bonne case, avec le bon serfa, etc., on a un mur. Et nous, comme on mélange trois domaines, la petite enfance, le soin et l'éducation, qui normalement ne se mélangent pas, c'est vrai que c'est extrêmement compliqué parce qu'il y a toujours des zones d'ombre pour les instances. Et voilà, ça leur fait souvent peur.
- Speaker #0
Tu n'es pas la première à parler de ce hiatus entre l'éducation et la petite enfance. sont deux ministères différents et les gens ne se mettent pas forcément d'accord. Il peut même y avoir parfois des compétitions, des guerres de clochers. Donc c'est vrai qu'on a une lourdeur dans notre administration qui n'aide pas à l'innovation. Je comprends bien ce que tu vis. Est-ce qu'à côté de ça, tu penses que votre statut de crèche privée fait de vous une cible dans notre contexte actuel ? Puisque vous seriez une sorte de dommage collatéral. C'est vrai qu'aujourd'hui, il y a vraiment des polémiques privées-publiques et J'ai lu quelque part que tu disais, les villes nous disent, c'est bon, on fait déjà ça dans nos crèches, dans nos crèches publiques. Donc, est-ce qu'il y a aussi cette méfiance envers le privé qui vient vous discréditer ?
- Speaker #1
Effectivement, pour les personnes qui ne nous connaissent pas très bien, tout ce qui se passe autour du privé, tous les scandales qu'il y a eu, ça nous dessert parce qu'on est mis dans le même panier. Et après, sur ce que tu dis par rapport effectivement à des villes qui nous répondent, non mais nous c'est bon, on accueille déjà ses enfants, on n'a pas besoin de travailler avec vous. C'est assez agaçant parce qu'on est vraiment une proposition complémentaire. Les crèches inclusives qui accueillent ses enfants, c'est de l'accueil. Nous, on va plus loin, on va dans l'accompagnement. Et souvent, c'est le prisme de la famille qui n'est pas du tout pris en compte, tout l'impact que ça a sur leur vie professionnelle et leur vie sociale. Le fait d'avoir la caisse de dépôt au capital, ça rassure beaucoup les collectivités, puisque, encore une fois, c'est une instance semi-publique. Donc, ça les rassure, même si on est privé. Et donc, en général, ça permet un petit peu de rassurer ceux qui seraient méfiants.
- Speaker #0
En tout cas, c'est vrai que quand on reprend les chiffres que tu as donnés, on voit bien qu'avec les financements du département, ça devrait être vraiment possible. Alors après, dans les autres départements, c'est une autre question. Mais dans les Hauts-de-Seine, en tout cas, il y a vraiment une porte qui est ouverte. Donc ça paraît assez fou que tu ne rencontres pas un soutien massif. Je suis vraiment étonnée par rapport à cette fermeture. Du coup, en t'écoutant, je me dis que vos difficultés, elles sont représentatives. Ce n'est pas que celle de Poulpi. J'ai l'impression que vous représentez le cœur de notre problème de financement en France, du problème de financement des crèches. Il y a beaucoup de gestionnaires de crèches en ce moment qui disent qu'ils n'arrivent plus à tenir leur budget. Ce qui vous arrive finalement, est-ce que ce n'est pas le révélateur d'un problème plus large qui est le financement des crèches de France ?
- Speaker #1
Complètement, ce système à l'heure de présence avec le système de la PSU, c'est très compliqué. Ça pousse au remplissage. Quand on veut garder une qualité d'accompagnement, ça n'a pas de sens. Nous, en plus, on a des enfants plus absents que la normale. Mais effectivement, oui, c'est le secteur entier qui est impacté. s'ajoute à ça la pénurie professionnelle grandissante que l'on rencontre et qui ne risque pas de s'améliorer de sitôt, puisque malgré l'inflation qu'on a subie en tant que gestionnaire, les subventions n'ont pas été revalorisées. Donc on a quand même augmenté nos professionnels et donc ça devient compliqué financièrement. Donc oui, c'est révélateur. Oui, je pense qu'on est un peu tous dans la même situation et les directives du gouvernement ne sont pas très rassurantes. quand j'entends que... La préoccupation, c'est d'interdire les écrans aux crèches. Je ne suis pas hyper confiante sur l'avenir parce que je me dis que les priorités n'ont pas trop été entendues, ne sont pas au programme a priori.
- Speaker #0
C'est vrai qu'il y a souvent des préoccupations qui sortent, comme ça, on ne sait pas trop exactement d'où, de qui, et qui prennent le pas sur les autres. Ça doit être très dur, effectivement, quand tu traites de problèmes aussi importants. Du coup, si tu avais une baguette magique, ce serait quoi ta réforme ? Je pense que tu as déjà étudié probablement le système forfaitaire de la page. Est-ce que ce n'est pas ça la clé du système ? Pour pouvoir gérer, comme tu disais, l'absentéisme et ne pas être dans cette productivité, à tout le temps chercher des heures réalisées, etc.
- Speaker #1
C'est vrai que ce système a été tourné autour des besoins des parents avant ceux des enfants. Et donc, on doit faire en fonction d'eux, en fonction de leurs horaires, etc. Et souvent, au détriment de la qualité d'accueil, tu tentes de passer par un enfant. Donc oui, la baguette magique, ce serait effectivement d'avoir plutôt un forfait. Je sais que ça existait avant et ça a été enlevé. En tout cas, le système de... On reçoit une subvention seulement si l'enfant a été présent et si en plus, les parents n'ont pas prévenu assez tôt qu'il partait en congé et que du coup on a Moins de subventions de la CAF, on est pénalisé au niveau de la facturation. C'est très compliqué à gérer en tant que gestionnaire.
- Speaker #0
Bon, à t'entendre, j'ai l'impression qu'on demande au crèche de faire toujours plus de qualité, toujours mieux. Faites toujours plus, mais avec toujours moins, ou en tout cas, sans donner plus de moyens.
- Speaker #1
Exactement, c'est bien résumé.
- Speaker #0
C'est ce que tu ressens peut-être aujourd'hui.
- Speaker #1
Oui, vraiment.
- Speaker #0
Alors, t'en es où ? On va bientôt clôturer cette interview. T'en es où aujourd'hui, toi et ton associé ? Vous en êtes où ? Alors,
- Speaker #1
actuellement... Comme on est en redressement judiciaire, toutes les personnes intéressées pour regarder le dossier ont jusqu'au 17 septembre pour déposer une offre de reprise qui sera étudiée par le tribunal de commerce. Et donc, on attend un petit peu cette date pour voir si des offres vont être proposées. Et s'il n'y en a pas, on a de la trésorerie pour tenir jusqu'à Noël. Donc, si on n'a pas de repreneur, on terminera l'aventure poulpie pour toujours à Noël. Et s'il y a un repreneur, voilà, ça continuera.
- Speaker #0
Les trois crèches sont un redressement judiciaire, ce n'est pas juste une filiale ?
- Speaker #1
Tout à fait, on a une seule entité juridique, donc on n'a pas réouvert cliché en termes opérationnels, mais si on n'a pas de repreneur, c'est tout le poulpi qui fermera à Noël.
- Speaker #0
Et si vous aviez un repreneur, ça veut dire qu'il reprendrait les trois crèches, donc vous serez embarqué dans une nouvelle structure.
- Speaker #1
Chaque repreneur peut proposer de reprendre ce qu'il veut, il peut reprendre une crèche sur les trois, les trois c'est vraiment très libre et le tribunal va... examiner chaque proposition et les critères associés.
- Speaker #0
J'imagine que c'est très dur pour vous deux en ce moment. Je pense que devoir accepter l'idée que quelqu'un reprenne son bébé, son entreprise, c'est pas une mince affaire.
- Speaker #1
C'est sûr, mais ce qui a été le plus difficile, c'était en juin quand on a dû l'annoncer aux familles et aux professionnels. Ça a été vraiment une période très compliquée parce que on a beaucoup de familles qui se sont effondrées parce que... Poulpi avait été vraiment une révélation pour eux et sans voir de perspective si ça ferme. C'est ça qui a été le plus difficile. Évidemment, c'est jamais sympa de se dire que l'aventure va se clôturer sous ce format. J'espère qu'on trouvera un super repreneur qui comprendra l'importance de l'impact et qui pourra faire perdurer.
- Speaker #0
Je comprends que les familles se soient effondrées parce que souvent, même quand on n'est pas dans des situations extrêmes comme ça, on voit bien que les familles ne se rendent pas compte. de ce qu'implique le financement d'une crèche. D'ailleurs, souvent, il y a des gens qui me disent « Ah, mais ça coûte cher les micro-crèches, etc. » En fait, les micro-crèches ne coûtent pas plus cher que les crèches, c'est juste le financement qui est différent. Et effectivement, ça coûte très cher d'accueillir un enfant dans de bonnes conditions, en tout cas, avec toutes les exigences que l'on a pour faire de l'accueil de qualité. Donc, il faut le financer, ça. C'est sûr qu'il n'y a pas de baguette magique, malheureusement, à ce niveau-là. J'espère vraiment que vous allez trouver une issue favorable. Aujourd'hui, j'imagine que tu ne peux pas nous dire ce que ça implique financièrement de reprendre Poulpi, c'est-à-dire qu'il faut avoir beaucoup d'argent, j'imagine, pour pouvoir réinjecter suffisamment de trésorerie pour pouvoir remonter cette pente. C'est ça l'idée ? C'est qu'il faut trouver quelqu'un qui ait suffisamment de moyens pour réinjecter beaucoup de trésorerie, le temps de trouver les bons partenaires pour réserver les berceaux ?
- Speaker #1
Oui, il y a besoin de trésorerie, mais aussi... Si c'est déjà un gestionnaire de crèche, ça permet aussi de diminuer nos frais de siège et de l'incorporer dans une entité qui est déjà à l'équilibre. Donc c'est beaucoup plus facile sur ce statut-là.
- Speaker #0
Ça veut dire aussi que pour vous deux, ça veut dire que vous n'êtes pas financés non plus. Vos postes à vous ne sont pas financés. Donc c'est un projet qui est un gros sacrifice aussi pour vous quand tu parles d'alléger le siège. On voit bien que c'est un énorme sacrifice que vous faites. pour la beauté du projet, pour la noblesse du projet. Mais c'est vrai qu'on ne peut qu'espérer que votre modèle perdure, puisque c'est un modèle qui est pionnier, qui est innovant et qui a des résultats qui sont incroyables. Donc ça paraît complètement fou aujourd'hui d'en être là. J'espère vraiment que vous allez trouver la solution pour que ça continue. Est-ce que tu as un message à adresser aux auditeurs, que ce soit des décideurs, que ce soit des professionnels ? Ça peut être sur l'inclusion, ça peut être sur votre situation, ça peut être sur ce que tu veux.
- Speaker #1
Un message, ça serait de continuer à se battre pour que cette qualité d'accompagnement crèche trouve les financements adéquats, puisqu'on sait aussi que ne serait-ce que le mode de garde crèche a un impact fou sur la vie professionnelle des familles et puis voilà, tout un pays. Donc il faut continuer à se battre et j'espère qu'un jour on sera entendu.
- Speaker #0
Bravo Aliénor pour ton combat. Il n'y a pas que le statut qui compte, le statut ne fait pas la vertu et on peut trouver des gens qui ont des convictions dans tous les secteurs. Aujourd'hui, je pense que c'est très important de valoriser les initiatives personnelles comme la tienne et celle de ton associé. Pour le piste, il y a un projet qui montre à quel point on peut faire des projets privés qui ont toute leur place et qui permettent de répondre à un besoin spécifique. Et l'innovation, souvent, elle a besoin de cette agilité. des entrepreneurs. Donc, j'espère que vous allez trouver vraiment le bon repreneur et que tu viendras faire un nouveau témoignage dans quelques mois pour nous dire ça a marché, la crèche existe toujours. On croise tous les doigts.
- Speaker #1
Merci Amel pour ton soutien et effectivement, on croise les doigts aussi pour la suite.
- Speaker #0
À bientôt Aliénor.
- Speaker #1
À bientôt Amel.
- Speaker #0
Bravo, tu as écouté jusqu'au bout. C'est que la gestion de crèche, ça t'intéresse. Tu as envie de monter ta crèche, mais tu ne sais pas par où commencer ou tu as déjà tes crèches, mais tu te sens seule. T'as peur des projets de réforme ? Tu sens que les inscriptions ne sont plus aussi automatiques ? Mais tu n'es pas seul. Aurélie et moi, on a vu beaucoup de gestionnaires qui traversent les mêmes doutes que toi. C'est pour ça qu'on a créé Références Petite Enfance. Ce n'est pas qu'un podcast, c'est aussi une agence de conseil. On te partage nos 17 années d'expertise, nos techniques de travail, et on t'aide à apprendre de la hauteur pour faire décoller tes crèches. On est là pour en parler avec toi, alors prends rendez-vous, le lien est en description de l'épisode. A bientôt !