Speaker #0Bonjour, c'est Amale Cosma. Vous voulez booster la qualité d'accueil dans votre micro-crèche en donnant des super pouvoirs à votre équipe ? Vous êtes au bon endroit. On va parler de la petite enfance, comme vous n'en entendez jamais parler. Salut à toi, cher auditeur. À l'heure où je m'adresse à toi, c'est le début du printemps, et le podcast a largement dépassé les 3200 écoutes. Alors on continue, c'est parti. Aujourd'hui, le thème, c'est les incidents à la crèche. Les incidents d'enfants à la crèche sont fréquents. Ça va d'incidents bénins, comme une petite chute ou un petit choc sur un meuble, à un accident beaucoup plus grave. Il peut y avoir des fractures, des points de suture par exemple. Alors comment dépasser ça ? Parce que non, ce n'est pas normal, et non, ce n'est pas un hasard. On ne peut pas laisser ça à la chance. C'est une question de responsabilité. L'idée, c'est quoi ? Un incident, ça dit quelque chose. C'est à nous de savoir le déchiffrer. Moi, j'utilise deux outils à la crèche. Ce sont des outils de traçabilité et d'analyse. Mon premier outil, c'est le registre des incidents et mon deuxième outil, c'est la fiche de signalement d'un incident. Le registre des incidents, c'est un registre de traçabilité et de prévention. Mon but, c'est de récolter des données de suivi et de pouvoir les consulter une fois par semaine, toujours le même jour. Ça me permet de repérer les répétitions, par exemple un même enfant ou un même horaire, ou un même type de choc, un même endroit, un même matériel. Parce que la plupart du temps, l'incident découle de l'aménagement de l'espace ou de l'organisation du travail. Par exemple, il y a un enfant qui chute tous les jours à la crèche et on me dit qu'il est « pataud » . Je ne peux pas me suffire de cette interprétation personnelle. Je regarde le registre et le registre me montre que la chute est très souvent au niveau du seuil de la barrière de la section, ou juste à côté de la barrière. L'équipe ne ferme pas la barrière, la porte est battante, l'enfant se suspend et tombe, ou encore l'enfant trébuche sur le seuil. Pourtant, dans l'organisation de travail, il est bien écrit que l'équipe doit fermer la barrière. Un autre exemple, ce seraient des morsures qui arrivent toujours à l'heure où les professionnels sont en train de mettre en place le repas. On appelle ça un temps de transition et ces transitions sont propices aux incidents. En fait, grâce à ce registre, on peut initier des réflexions et prendre des actions correctives, comme par exemple réorganiser un temps de transition, retirer ou déplacer un meuble qui n'est pas adapté. Concrètement, mon registre des incidents, c'est une feuille que j'insère dans le cahier de transmission de l'équipe. C'est un petit tableau dans lequel je note la date de l'incident, l'heure. l'enfant concerné, les adultes présents dans la pièce, le type d'incident, une chute, une morsure, etc. Est-ce qu'il y a eu une blessure et quel type de blessure ? Et le lieu de l'incident, par exemple dans le change, sur le tapis bébé, etc. Ensuite, mon deuxième outil, c'est la fiche de signalement d'un incident. Là, je suis passée à l'étape supérieure, je cherche à tracer et à clarifier les responsabilités. J'ai connu une référente technique qui était désemparée par les incidents. Elle faisait l'autruche, elle les vivait comme une fatalité, Elle savait pas. pas du tout quoi en faire. On s'est retrouvé avec un enfant qui a eu des points de suture au niveau de la bouche. En fait, il est tombé sur une table, une petite table de jeu qui était dans l'espace d'Inet. Or, il s'avère qu'en fait, tous les jours, il y avait des chutes depuis un moment. Les enfants se positionnaient sur un petit rebord de fenêtre de quelques centimètres de hauteur, juste à côté de cette petite table. La référente technique n'a pas relevé, n'a pas réagi. Elle était consciente que ces chutes se répétaient. Les chutes ont continué. Elle n'en a pas parlé à l'équipe pluridisciplinaire. Elle n'en a pas parlé à son N plus 1 ni au psychologue de la crèche jusqu'à ce que l'accident arrive. Dans ce cas, l'enfant a dû être hospitalisé d'urgence et a eu des points de suture. Les parents, évidemment, étaient furieux. La crèche a vécu une grosse crise. Dans ce cas, on a utilisé la fiche incident pour noter tous les détails de ce qui s'était passé. Si on avait utilisé correctement le registre des incidents au préalable, on aurait pu noter qu'il y avait une répétition à cet endroit-là de la crèche et on aurait pu faire le nécessaire. Mais ça n'a pas été le cas et à partir de ce moment-là, on a... tout repris à zéro dans la crèche. Donc la fiche incident en fait elle vient après le registre des incidents, c'est l'étape d'après. C'est une fiche qui doit être remplie le jour de l'incident, le jour même, par le référent technique. Il doit être informé par son équipe s'il n'est pas sur place et lui va informer son N plus 1, sa direction, par mail et par téléphone en joignant cette fiche incident. Sur la fiche incident on doit bien identifier l'établissement, l'événement, date, heure. Type d'événement, est-ce que c'est une maladie, un malaise, une chute, etc. Qui est le déclarant, identification de l'enfant victime. Ensuite, on va détailler les circonstances, le nombre d'enfants qui étaient présents dans la salle, le nombre de professionnels encadrants qui étaient dans la salle aussi. Qui est le référent de l'enfant, y a-t-il un matériel impliqué et lequel. On va détailler le récit de l'événement et signaler qui a été avisé et qui est intervenu, médecin, SAMU, est-ce qu'il y a eu un traitement. Ensuite, je vais noter les... témoins qui étaient présents, est-ce qu'ils ont des observations et les suites qui ont été données. Cette feuille elle doit être signée et elle a une importance capitale notamment pour les assurances ou en cas de litige par la suite. Alors après avoir écouté ces quelques minutes de descriptif, est-ce que tout ça te paraît évident ? Sans doute, mais pourtant je t'assure que ce n'est pas le cas et que dans beaucoup de crèches, cette traçabilité n'est pas encore mise en œuvre. Alors en conclusion, je dirais que les incidents nous parlent, qu'il faut les décrypter. Notre responsabilité c'est d'en tirer des enseignements, ça fait partie de notre rôle de prévention. N'oublions pas que nous accueillons un public très vulnérable et en situation de dépendance qui ne peut pas dire ce qui lui arrive. J'ai entendu tellement de fois des adultes parents comme professionnels d'ailleurs, dire que ça peut arriver, c'est normal, le risque zéro n'existe pas. Ou encore parler de problèmes individuels, psychiques chez le professionnel. Ou d'une maladresse chez l'enfant. Comme je disais au début de l'épisode, il est pas tôt, par exemple. Et moi les bras m'en tombent, si on pense comme ça, il faut arrêter d'ouvrir des crèches. Alors toi, professionnel de crèche qui m'écoute, je suis sûre que tu seras d'accord avec moi. Observe bien ce qui se passe, relève les répétitions, prends des notes, et tu vas pouvoir agir. C'est tout pour aujourd'hui. j'espère que l'épisode t'a plu. Merci à Katia Rovery qui m'a fait un superbe feedback sur le podcast. Et merci à Sjeje qui a laissé un commentaire adorable sur Apple Podcast. Je te le lis. Merci beaucoup pour votre énorme travail de synthèse et de valorisation du travail de management en petite enfance. J'espère que vos podcasts seront diffusés au niveau national et sur une radio grand public. Peut-être est-ce déjà le cas. Si toi aussi tu veux m'aider à diffuser de l'info au plus grand nombre de pros possible, C'est simple. Fais comme elle, laisse un avis et une note 5 étoiles. À la semaine prochaine !
