- Speaker #0
A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petites Enfances, bienvenue dans ton podcast. Aujourd'hui, on accueille Elena Barumerli, qui est italienne et qui travaille en France depuis combien de temps, Elena ?
- Speaker #1
Deux ans.
- Speaker #0
Depuis deux ans seulement. Et tu parlais déjà français comme ça ?
- Speaker #1
Je l'ai appris au lycée et après, je l'ai réappris en habitant ici.
- Speaker #0
Bravo, parce que tu parles vraiment très bien français. Et donc, dans la droite ligne des Italiens, tu es dans la pédagogie et surtout dans la pédagogie... liées à la nature. Comment t'es arrivée dans la petite enfance et comment t'es arrivée sur cette spécificité, cette spécialité de l'éducation liée à la nature ?
- Speaker #1
Moi, je suis infirmière de formation et quand j'ai terminé l'école d'infirmière, c'était décembre 2019. Après quelques mois, le Covid est arrivé. Ma mémoire était axée sur l'accueil et le droit à la santé des enfants. Notamment, à la fin de mes études, je me suis dit, en fait, je ne veux pas contribuer à ce système et j'ai envie de... préserver la santé des enfants plutôt que de la soigner.
- Speaker #0
Quand tu dis je ne voulais pas contribuer à ce système c'était quoi qui ne te plaisait pas ?
- Speaker #1
Ça me déplaisait la manque de temps et la manque de liens humains que je pouvais créer avec les patients. Notamment, moi, je crois beaucoup à l'importance de l'écoute. Quand on écoute un patient, on peut comprendre en profondeur de quoi il a besoin ou elle a besoin. Ça manquait ce temps. C'est un système dont je prenais soin des autres, mais je ne pouvais pas prendre soin de moi. Je pense qu'avant de prendre soin des autres, c'est vraiment hyper important de prendre soin de nous. Et ça, c'est quelque chose que je prends aussi dans le milieu de la petite enfance, surtout parce que je suis hypersensible. Et donc, le milieu hospitalier, ce n'était pas soutenable pour mon système nerveux.
- Speaker #0
Tu sais qu'il y a souvent des infirmières qui sont venues dans mes recrutements à la girafe étoilée, donc quand j'avais mes crèches, en me disant qu'elles avaient envie d'avoir ce temps d'écoute, d'être moins spin et de pouvoir avoir du lien. sur une longue durée aussi avec les enfants. Parce que quand tu as un patient, c'est souvent pour des courtes durées. Et puis, tu tournes, tu changes de patient. Il n'y a pas beaucoup de suivi à long terme. Donc, tu n'es pas la première à me dire que la petite enfance, c'était dans cette optique de suivi et d'écoute et de temps. Est-ce que ça a répondu à tes attentes ? Déjà, comment tu as fait pour passer d'infirmière dans le soin à infirmière dans les crèches ?
- Speaker #1
Je suis partie pour la FIC. pour monter une école maternelle en Sierra Leone, sauf que le Covid est arrivé. Et là, je me suis dit, OK, je dois rester en Italie, je dois continuer à militer ici en Europe. Qu'est-ce que je veux faire ?
- Speaker #0
Donc, tu as une âme de militante, en fait. C'est ça, tu as une âme de militante. Tu partais en Afrique, c'était dans un projet très humanitaire, social. C'était quoi le...
- Speaker #1
C'était un projet humanitaire. L'idée, c'était notamment de créer une école maternelle dans des tout petits villages en Sierra Leone. Ça, c'était mon rêve d'enfance.
- Speaker #0
D'accord, c'est ton rêve d'enfance. Tu as toujours rêvé d'un idéal social. Oui,
- Speaker #1
tout à fait. Et après, petit à petit, je commençais aussi à comprendre que militer, et militer de cette manière, ce n'était pas forcément la meilleure manière pour préserver ma santé mentale et physique. Et je me suis dit, comment je peux préserver la santé des jeunes enfants et des femmes ? J'ai compris que la meilleure façon, peut-être, c'était l'éducation plénaire, de récréer ce lien avec la nature. dès plus jeune âge. Et c'est là que je découvre qu'en Italie, il y a des crèches en forêt, plénaire et semi-plénaire, qui existent depuis 25 ans. Et donc, je commence à me former pendant la période du Covid et je rentre en contact avec différentes associations. Je voyage, je fais du roofing, du workaway. Je découvre d'autres moyens de vie peut-être plus soutenables et plus durables. Et là, je me passionne. Là, je me dis, c'est de cette manière-là que je veux être infirmière. de préserver la santé des enfants et des femmes.
- Speaker #0
Ça a duré combien de temps, ces voyages, cette découverte ?
- Speaker #1
Disons que j'ai commencé il y a 5 ans et je n'ai jamais fini.
- Speaker #0
Tu n'as jamais arrêté ? Non,
- Speaker #1
je n'ai jamais arrêté.
- Speaker #0
Tu continues à te former, à voyager ?
- Speaker #1
Oui, carrément. Il y a toute une vie à déconstruire et à reconstruire. Toutes les croyances, les pédagogies, les façons de faire, d'être, qui demandent beaucoup de temps pour aller avec cette transition. Et de rencontres aussi.
- Speaker #0
Oui, chez toi, c'est quelque chose de jusqu'au boutiste, c'est une transition complète, c'est-à-dire que tu n'es pas dans une mode ou dans quelque chose d'un peu léger, même si je pense que tu vas me confirmer qu'on peut, si on n'est pas aussi militant que toi, on peut quand même démarrer des démarches de lien à la nature et d'éducation nature et plénaire. Mais toi, c'était vraiment intégral, quoi, on est parti à fond.
- Speaker #1
C'était intégral et maintenant, j'habite dans un écolieu en Ardèche. Et justement, c'est pour incarner ce que je propose et ce que je transmets dans ma vie de tous les jours. Quand on me demande, Elena, quel est le premier pas pour créer et recréer ce lien entre enfant et nature, la première chose que je dis, c'est Réappropriez-vous de ce lien avec la nature. Et après, ça sera beaucoup plus facile, beaucoup plus authentique et simple. Et du coup, vivre ici pour moi, c'est découvrir et vivre chaque jour de façon autre, plus lente, engagée, et avec d'autres êtres humains qui ont envie aussi. de changer un peu de paradigme tout en restant les pieds sur terre et bien conscient qu'il y a une société qui est en train de se transformer, de bouger et que ce n'est pas toujours facile. Mais je me dis que si on le fait ensemble, peut-être on va plus loin et avec plus de fans aussi.
- Speaker #0
Comment tu es arrivée en France et comment tu as démarré cette nouvelle entreprise ?
- Speaker #1
En Italie, j'ai obtenu un master en éducation plein air, en outdoor education, et j'ai cofondé un crèche en forêt, un crèche plein air. Et c'est là que, pendant ces voyages, j'ai rencontré mon chéri, qui est français. Donc, tout simplement, je suis en France pour ça. J'ai découvert qu'en France, je pouvais travailler comme infirmière en crèche. En Italie, il faut être éducatrice. On ne peut pas travailler en crèche autant qu'infirmière.
- Speaker #0
Ah d'accord, ça je ne savais pas.
- Speaker #1
Et du coup, j'avais trouvé l'annonce d'une crèche dans une station de ski dans les Alpes qui avait besoin d'une infirmière pendant la saison d'hiver. Donc, j'ai postulé, je suis allée. Et quand je suis arrivée, j'ai vu qu'en fait, il y avait plein d'enfants vacanciers qui arrivaient. Les parents allaient skier et les enfants restaient avec nous à la crèche pendant une semaine. Et pour eux, c'était plutôt traumatique. Parce qu'arriver dans un nouveau lieu, avec de nouvelles personnes, ce n'était pas simple. Et c'était difficile aussi pour moi de me dire, à l'extérieur, il y a un environnement incroyablement magnifique et exploitable. Donc, pourquoi pas commencer à sortir avec les tout-petits. J'ai dit à ma directrice, moi je veux bien rester, mais j'aimerais créer un projet d'éducation plein air dans cette crèche pendant les trois mois à venir. Et c'est là qu'ensemble avec l'équipe, on a commencé à... amener plus les enfants à l'extérieur, amener plus de nature à l'intérieur, à collaborer et sensibiliser l'équipe et les parents, et à collaborer avec la communauté. Ce sont un peu les piliers du modèle italien. Et pour moi, c'est hyper important pour rendre le projet durable de collaborer avec les familles et avec la communauté qui nous entoure.
- Speaker #0
En fait, tu es arrivée dans cette crèche pour un contrat classique où tu devais être infirmière de crèche, faire de l'accueil, voilà. Et finalement, comme tu avais toutes tes compétences sur le plein air, très vite, ça a été une évidence pour toi, surtout dans une station de ski, d'intégrer ces pratiques. Et ça a été une opportunité, je pense, pour cette directrice et pour cette crèche.
- Speaker #1
Ce qu'a dit ma directrice, c'était que c'était vraiment un bol d'air frais de faire ce projet parce qu'elle, elle avait commencé comme ça 25 ans avant, voilà, en amenant les enfants. à la cascade, à la rivière, toucher la neige, se rouler dans les champs, dans les prairies, et que ça lui apportait beaucoup de bonheur. Et après, petit à petit, c'était long de sortir en plein air. C'est étend. Quand je suis arrivée et qu'ensemble avec l'équipe, parce que je tiens à souligner que je ne fais pas les choses toute seule, parce qu'on est une équipe, il faut l'équipe qui suit, il faut les parents qui suivent et les enfants.
- Speaker #0
C'est intéressant quand même, je reviens sur ce que tu viens de dire. Cet élan d'aller vers l'extérieur, en fait, c'est vrai que moi, ça fait depuis 2007 que je travaille dans les crèches, que je gère des équipes, je les accompagne, je les soutiens. J'ai constaté qu'il y avait quand même cette question-là, ce manque d'élan parfois vers l'extérieur. On ne sait pas toujours pourquoi. Moi, j'identifie ça à deux choses. D'abord, au début, j'ai cru que c'était de la flemme parce que c'est ce qu'on m'avait dit. Quand je suis arrivée, on m'a dit que c'était de la flemme. Et ensuite, je me suis dit, bon, ça ne doit pas être vraiment que ça. Même si je peux comprendre que parfois... On est la flemme et qu'on n'ait pas envie d'habiller 25 enfants ou 10. On n'a pas forcément envie soi-même de se changer, etc. Et qu'on n'a pas envie forcément d'avoir froid, d'aller sous la pluie. Donc ça, ça peut peut-être être une explication. Mais je crois aussi qu'il y a un manque de connaissances parce que sortir des enfants dans la nature, c'est quand même complexe. Et il faut être préparé, avoir prévu quelque chose, avoir une sorte de plan d'action. pour se sentir en fait en sécurité. Parce que c'est quand même une responsabilité, quoi, de sortir les enfants dans la nature, d'autant plus dans une station de ski, j'imagine. Mais c'est vrai que parfois, au lieu de se dire, bon, elles ont la flemme, c'est de se dire, est-ce qu'elles savent vraiment comment le faire en sécurité, sans avoir peur ? Qu'est-ce que tu en penses, toi ? Pourquoi l'élan n'est pas toujours là ? Et pourquoi, si on prend l'exemple de ta directrice, pourquoi, à ton avis, ça s'était éteint ?
- Speaker #1
Très intéressante comme question, et je pense que... Est-ce qu'il y a déjà la possibilité de se dire on va sortir en plein air avec les tout-petits ? Parce que souvent on parle d'éducation en plein air, on parle de classe d'or, etc. De trois en plus. Du coup, je pense qu'il y a un côté culturel. qui nous freinent tout de suite à nous dire que les 0-3 ans ont besoin d'un espace cocooning fermé, de sécurité, d'un endroit stérilisé, sans risque, sans danger, etc. Je pense qu'il y a déjà la possibilité de se dire qu'on va sortir en plein air. Et après, ça affaiblit parce que, justement, je reviens à ce que je disais tout à l'heure, que j'ai vécu et ce que je vois, c'est que le milieu de la petite enfance est fait parfois de professionnels qui mettent les enfants au centre et qui se sacrifient pour les enfants. Souvent, elles ne prennent pas soin d'elles. Et petit à petit, si on ne prend pas soin de nous, on aura moins envie, selon moi, d'aller vers des pédagogies innovantes, d'aller vers un changement de perspective, parce qu'on a peur et parce qu'on est fatigué, tout simplement. On sait très bien que... Par exemple, le bruit est un des facteurs de burn-out chez les professionnels de la petite enfance. Mais je ne suis pas sûre que la majorité des professionnels de la petite enfance en conscience de ça. Et c'est ce que j'essaie de faire pendant les formations, pendant les conférences, c'est de prendre confiance et conscience aux professionnels de la petite enfance que c'est hyper important qu'elles s'écoutent, qu'elles écoutent leurs besoins, qu'elles écoutent leurs émotions. et qu'elles arrivent à les exprimer et à travailler avec ça en équipe. Parce que si nous, on travaille sur nos émotions et nos besoins et on répond de façon cohérente, on peut être bien dans notre quotidien et on peut être bien en équipe. Donc, je pense que ça passe par là.
- Speaker #0
Tu as donné deux points. Le premier point que tu as évoqué, c'est l'idée peut-être culturellement de se dire que les enfants, les petits-enfants, auraient besoin d'être dans un endroit plus cocooning et plus stérile. Moi, ce que je dirais, c'est que... au début, quand on vient d'accueillir un tout petit, s'il a par exemple deux mois et demi, trois mois, quatre mois, pendant une petite période, disons les premières semaines, au moins deux mois, le temps que l'enfant s'habitue à l'idée que ça y est, il est à la crèche, qu'il connaisse bien les professionnels, etc., ça peut être bien effectivement de ne pas trop faire de changements, parce qu'il y a déjà un énorme changement pour lui. Donc peut-être qu'on va prendre cette petite période pour trouver des repères dans le temps, dans l'espace, et pas forcément... faire trop de variations en allant à droite et à gauche. Mais après, une fois que ça y est, on est en confiance, l'enfant est en confiance, n'importe quel âge d'enfant peut sortir. Est-ce que là-dessus, c'est un peu ça que tu voulais dire ? Oui, tout à fait. Et sur ton deuxième point, donc ce que tu dis, c'est que les professionnels vont peut-être avoir cette, entre guillemets, flemme de sortir parce qu'en fait, elles sont fatiguées, parce qu'en fait, elles ne pensent pas forcément à elles et à ce qui pourrait les ressourcer. Et c'est comment se renouveler dans notre métier. Mais c'est vrai que quand on est... pressurisé dans le temps et qu'on n'a pas beaucoup de temps de réflexion, de temps d'élaboration pour préparer des projets, pour se préparer à faire ce genre de choses, sortir, etc. En fait, on a tendance à se refermer sur soi-même. Donc, on va plutôt rester à l'intérieur, être un peu statique. Ça va générer du mal-être, en fait.
- Speaker #1
Et ce que j'ai un peu vécu quand j'ai travaillé ici en Ardèche comme directrice de crèche, je suis arrivée dans cette crèche pour remplacer la directrice. J'ai proposé un projet en huit étapes pendant les huit mois que j'allais remplacer la directrice en disant on va essayer de créer un projet d'éducation plénaire. La directrice était épuisée donc elle avait besoin d'un nouveau élan, de prendre soin d'elle. Donc elle est partie pendant huit mois et elle cherchait une remplaçante qui pouvait amener une nouvelle pédagogie, un nouvel souffle dans son équipe. J'arrive, je propose ce plan d'action à huit étapes parce que voilà pour moi. La théorie est hyper importante, le master pour moi a été hyper important pour mettre des bonnes bases, mais après pour moi ce qui est important aussi c'est de passer à l'action, de prendre l'habitude. Parce que c'est vrai, au début ça peut ressembler énorme, mais dès qu'on prend l'habitude de sortir les enfants, de faire des activités avec la nature, toute cette complexité organisationnelle va prendre moins d'ampleur dans notre quotidien et dans notre travail avec les enfants.
- Speaker #0
Ce qui est intéressant, c'est que tu es arrivé dans cette crèche et tu avais huit mois et tu t'es dit je vais faire huit étapes. Moi, ça, ça me déjà, ça m'interpelle. Je me dis déjà, j'aime bien ce côté un peu process où tu cherches la mise en application. C'est un peu le parti pris que j'ai dans ce podcast et que j'ai eu dans mes crèches. C'est ce passage à l'action. C'est que la théorie, on peut en lire, on peut lire des livres, on peut faire des formations, etc. Mais ce qui nous manque souvent, c'est après de mettre les choses en œuvre, de passer à l'action. Tu as fait un plan d'action en huit mois, alors ça consiste en quoi ? C'est quoi ? C'est une espèce de progression vers le plein air ?
- Speaker #1
Et aussi une progression par rapport à la sensibilisation de l'équipe, de la communauté et des familles.
- Speaker #0
Oui, c'est rechercher aussi l'adhésion et pas peut-être faire les choses trop brusquement, parce que c'est vrai que... En crèche, on le sait, quand on a déjà travaillé en crèche, tout est assez long. On ne peut pas juste arriver, débarquer et dire à partir de maintenant, on va changer de projet, on va faire autrement et tout. En général, c'est plutôt un temps assez long, le temps de la crèche. Est-ce que tu veux en dire un peu plus sur tes huit étapes ?
- Speaker #1
La première étape pour moi, c'était de présenter le projet. Donc pendant le premier mois, bien sûr, on va se rencontrer. J'ai expliqué à l'équipe mon idée. J'ai essayé aussi de comprendre qu'est-ce qu'elles ont pensé. Parce que c'était une équipe qui était là depuis 12 ans. Et donc, moi, j'arrive toute jeune, italienne, sans enfant, à dire, on va changer, on va sortir plus en plein air. Donc voilà, il faisait aussi un temps nécessaire pour introduire le sujet, ça allait brusquer.
- Speaker #0
Première étape, un peu la théorie, un peu la présentation des petites réunions. Est-ce que tu as senti beaucoup de réticence ?
- Speaker #1
Oui, oui, au début, j'ai senti surtout la peur d'être jugée. dans ces pratiques. Et c'est ça que j'aime souligner quand je suis en formation. Moi, je ne suis pas là pour apprendre des choses, je suis là pour partager mon expérience.
- Speaker #0
Ça ne m'étonne pas ce que tu dis. Les professionnels se sont sentis jugés, elles se sont dit, en fait, ce qu'on fait, c'est nul, elles veulent faire autrement parce qu'elles, elles croient qu'elles sont mieux que nous, etc. C'est ça. Ça ne m'étonne pas. On connaît un peu le secteur et c'est vrai qu'on cherche la reconnaissance aussi dans notre secteur. Elle n'est pas toujours évidente à trouver. Donc, forcément, quand on veut changer les choses. Et c'est vrai que dans ton cas, je pense que c'était bien orienté. Et c'est vrai qu'on peut trouver dans certaines crèches, quel que soit le type de gestionnaire d'ailleurs, parfois cette mauvaise habitude de tout d'un coup arriver avec un nouveau projet et de braquer, de vexer, de décevoir les équipes qui se sont investies dans quelque chose. Et puis tiens, on arrive et il faut faire autre chose. Et c'est vrai que ça peut blesser de se dire ce que je faisais, c'était pourri. Donc voilà, tu as eu cette réaction de l'équipe, tu l'as surmontée. Deuxième étape.
- Speaker #1
Une petite astuce qui m'a aidée, juste pour conclure la première étape, c'était de les écouter et d'écouter quels étaient leurs talents et leurs passions. Par exemple, qu'il y avait des professionnels qui aimaient beaucoup faire de la musique ou qui avaient une passion pour les plans d'intérieur ou pour le design d'intérieur ou plutôt que pour des balades en forêt, etc. Et en partant de leurs talents et de leurs passions, essayer de créer un projet individuel par rapport à l'éducation plénaire. Et ça, c'était la clé qui a changé le regard par rapport à ce projet et pour qu'elles puissent vraiment s'approprier le projet tout en partant de quelque chose qu'elles aiment faire. Parce que si moi je demandais à quelqu'un qui n'aimait pas du tout rester à l'extérieur, faire des balades à l'extérieur avec un groupe d'enfants, d'aller faire ça, probablement elle ne l'aurait pas fait ou elle l'aurait fait, mais... Contre-vole, il y a un italien.
- Speaker #0
Un contre-coeur.
- Speaker #1
Un contre-coeur, merci. Et du coup, pour moi, c'est hyper important pour motiver l'équipe et justement pour insouffler une nouvelle énergie, une nouvelle envie de créer un projet d'éducation plénaire de partir de ce qu'elles aiment. Voilà, ça c'était pour conclure la première étape.
- Speaker #0
La deuxième étape, du coup, c'était de sensibiliser les familles. J'ai tout de suite fait une réunion avec les familles et j'ai proposé de parler des freins et des peurs qu'elles avaient par rapport à l'éducation plénaire.
- Speaker #1
Très important, ça je le dis souvent quand on fait un projet, il faut sensibiliser, présenter à l'équipe, présenter aux familles. Et moi j'ajoute, je ne sais pas comment tu as fait, mais présenter aux enfants. Est-ce que les familles ont été réticentes ?
- Speaker #0
Globalement, non. Il y a eu deux, trois familles qui étaient réticentes. Et je trouve que les familles qui sont réticentes sont un pépite parce qu'elles nous permettent vraiment de comprendre pourquoi on fait les choses et d'aller jusqu'au bout de notre mission et de nos valeurs. Donc, c'est très intéressant d'avoir aussi des familles réticentes parce que ça permet aussi de clarifier bien le projet et après, du coup, de le bien présenter aux familles qui viennent après.
- Speaker #1
En tout cas, ce que je trouve vraiment intéressant pour les auditeurs, c'est ce temps que tu as pris parce que tu vois, le premier mois, tu as parlé aux équipes. Le deuxième mois, tu as parlé aux familles. On n'est pas sur lundi, je parle aux équipes, mardi, je parle aux familles et mercredi, ça y est, c'est fini, quoi. On y va. Donc, après avoir parlé aux familles, il te restait quoi à faire ?
- Speaker #0
Ça me manquait de parler à la communauté en sachant que la crèche était dans un tout petit village en Ardèche et que les seules personnes qui étaient à côté de la crèche, c'était la mairie. Et sinon, il y a plus ou moins 100, 200 habitants dans ce petit village. Et du coup, je suis allée toquer à la porte de M. le maire pour lui présenter le projet, en lui disant, il y aura des enfants qui sortiront plus souvent, est-ce que vous avez envie de collaborer avec nous ? Est-ce qu'il y a des espaces peut-être proches de la crèche pour qu'on puisse aller jouer ? Parce qu'il y avait un petit parc, une aire de jeu pour les enfants plus grands, tout au long du village, mais il faisait passer par la route, et du coup c'était un peu dangereux avec les toutes petites routes d'Ardèche. Et du coup, parler au monsieur le maire, c'était l'occasion aussi de rentrer en contact avec la communauté et sensibiliser davantage les personnes qui nous entouraient, qui nous rencontraient pendant les sorties, etc. Et c'est à partir de là qu'on a créé aussi des partenariats avec la ressourcerie du village à côté, la gamme verte, l'EHPAD, on a collaboré avec des familles pour des projets d'éveil musical, parce qu'après, l'éducation plein air, pour moi, ce n'est pas juste le lien avec la nature. C'est une éducation qui va hors de la porte. C'est une outdoor education. C'est out, en dehors de la porte.
- Speaker #1
Ce n'est pas que la nature, c'est aller vers la société. On est des citoyens, donc on va aller voir toutes les autres personnes qui nous entourent. C'est vrai que dans les crèches, on a cette habitude d'aller. On l'a moins depuis tout ce qui a été vigipirate, le Covid, etc. Mais on a toujours eu l'habitude d'aller voir la médiathèque, le maraîcher. le cinéma, le théâtre, etc. pour leur dire, ben voilà, on aimerait faire des sorties. Donc, on a quand même cette habitude de chercher les partenariats. Mais là, en fait, tu vas beaucoup plus loin. Tu montres que ce n'est pas juste des petits partenariats où on va aller deux fois au théâtre. On est vraiment dans un écosystème et on va vraiment s'intégrer au maximum dans l'écosystème.
- Speaker #0
Ça, c'est un pilier aussi pour permettre aux équipes de se sentir soulagées et accompagnées dans cette démarche. Pour que cette démarche, elle devienne durable, on a besoin de la communauté, on a besoin des autres, on a besoin de se relier. Parce que si on est détaché du réseau humain qui nous est proche, c'est beaucoup plus difficile d'éduquer les enfants et d'être présent, d'être bien. Si on se sent soutenu par la communauté, ça sera beaucoup plus facile après de porter le projet. Dans la durée, parce que c'est quelque chose aussi que Daniela disait dans le podcast. L'intérêt, c'est que ce soit durable, que ce soit dans le long terme, que ce ne soit pas qu'on est fait mode. Ah oui,
- Speaker #1
tu as écouté l'épisode avec Daniela Ott sur son terrain d'aventure et tout ce qu'elle a mis en place qui est assez incroyable.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Du coup, là, tu as parlé aux pros, tu as trouvé l'astuce pour les faire adhérer. Ensuite, tu as parlé aux familles. Ensuite, tu as trouvé des partenariats et parlé à la communauté. Et après, c'était plus technique, t'es entrée dans une étape de faisabilité, t'as mis des choses en place, des process.
- Speaker #0
Mais du coup, après, on avait déjà commencé petit à petit, mais le quatrième mois, c'était vraiment aménager les espaces intérieur et extérieur. Et en même temps, on a pris un jour de formation pour les équipes. Donc j'ai formé toutes les équipes pour qu'on puisse avoir une base commune par rapport à quel était l'objectif à attendre pendant ces huit mois et aussi quels étaient les envies des unes et des autres et utiliser vraiment cette intelligence collective pour aller vers un objectif commun. Et c'est ça qui permet de fidéliser l'équipe et de créer une cohésion d'équipe aussi, de travailler ensemble et de prendre le temps. pour faire ça.
- Speaker #1
Donc vraiment une journée pédagogique où on a défini et redéfini les objectifs communs et où tout le monde a pu vraiment converger vers cet objectif commun.
- Speaker #0
On travaillait aussi en synergie avec d'autres directrices de crèche et d'autres communautés. Et du coup, l'idée, c'était aussi d'aller vers la communauté, de montrer l'exemple de l'aménagement de la crèche à d'autres structures pour qu'elles puissent s'inspirer. L'idée c'était vraiment d'aller plus loin et d'aller en dehors de notre porte et d'inspirer dans notre réseau local pour qu'on puisse aussi avoir un échange de pratiques qui soit intéressant. Parce que si on fait les choses toute seule dans notre coin, on peut faire la crèche en plein air la plus belle du monde, mais si on le fait en synergie avec d'autres acteurs et actrices du milieu de la petite enfance, on peut s'enrichir, on peut travailler au fil des saisons, on peut créer des mâles naturalistes, on peut créer plein de choses. et c'est ça que j'ai envie de dire.
- Speaker #1
Ça a l'air beaucoup plus intéressant quand tu le dis comme ça. On se dit, on va créer du lien, on va se faire des copains, on va avoir plein de collègues et ça va être super intéressant. Là, on a envie de sortir, on a envie de dire bonjour à tout le monde. Oui,
- Speaker #0
c'est ça, c'est clair. Et après, c'était aussi comment entretenir les partenariats. On a créé ce partenariat avec la ressource série. Maintenant, comment on le met en place ? Quel est le matériel dont on a besoin ? Et chaque fois qu'on créait un partenariat, ce n'était pas juste, ok, on va acheter des choses à la ressourcerie, mais on avait créé un projet et on parlait et on expliquait le projet à tous nos partenaires pour qu'ils puissent comprendre aussi le sens de notre démarche et aussi se l'approprier. Et ce qui est magnifique, c'est que quand on explique le projet, après j'avais la ressourcerie qui m'appelait et me disait, Elena, j'ai eu une toute petite table en bois. Est-ce que tu as envie de la récupérer ? Je la garde pour toi de côté pour ton projet. Et ça, ça fait vraiment plaisir parce que ça crée des liens humains durables. Et pour moi, c'est ça le sens de l'éducation plénaire, c'est de s'ouvrir au monde et de faire entrer le monde à la crèche pour que les enfants puissent apprendre à travers ce monde. Parce qu'on le voit toujours comme négatif, mais non !
- Speaker #1
Justement, là, tu es vraiment dans la promotion de la petite enfance. En faisant ça... Tu montres toute la valeur de notre travail au monde extérieur. Donc, c'est des petits pas, mais qui font vraiment la différence.
- Speaker #0
Et c'est aussi parce que je pense que plus les enfants sortent dans la rue, plus les adultes se responsabilisent de leur posture. Et ça, c'est quelque chose que j'ai appris dans des communautés indigènes nomades en Amazonie, où j'ai fait un voyage de quatre mois et demi. Et j'ai pu observer l'éducation plénaire dans ces communautés, où l'adulte était exemple. et où l'enfant apprenait de cette posture d'exemple. Et pour moi, c'était très inspirant de voir ça et de me dire, si les enfants sont plus en plein air, nous les adultes, on aura intérêt à être un exemple éco-responsable humain pour les enfants. Donc voilà, c'est un peu utopique ce que je dis, mais...
- Speaker #1
Non, mais c'est intéressant parce qu'on en parlait justement, je crois que c'était avec Daniela dans l'épisode de Daniela, mais je sais qu'on en parle régulièrement. Ce problème, c'est que nos villes ne sont pas du tout faites pour les enfants, comme elles ne sont pas du tout faites pour les cyclistes. Aujourd'hui, on est dans des villes où c'est pour les voitures, pour les adultes. Il y a un côté très déterministe, en fait. Ça détermine ce qui va se passer. Et si tu aménages autrement tes villes, qu'il y a des espaces vraiment pour favoriser justement la présence des enfants, ça va être plus apaisant peut-être. C'est pareil s'il y a un petit peu moins de voitures. Enfin... Toutes ces choses-là vont faire que l'ambiance va être différente et qu'on va avoir plus d'échanges. Peut-être qu'on va moins crier, moins insulter les gens qu'on trouve qui ont mal conduit, qui m'ont dépassé, je ne sais pas quoi. C'est vrai qu'on voit que parfois, il y a de la nervosité, de la tension. Et comme tu dis, on ne va pas forcément tous avoir un comportement exemplaire dans ces cas-là. C'est intéressant de se dire qu'effectivement, on pourrait plus essayer d'être des modèles pour les enfants. Et aujourd'hui, de toute façon, on est des modèles. Quoi qu'on veuille faire, les enfants nous observent et reproduisent nos comportements. Donc s'ils voient qu'on est nerveux, qu'on s'énerve, qu'on s'agresse les uns les autres, etc., ça, ils le voient et ils l'absorbent. Oui,
- Speaker #0
tout à fait.
- Speaker #1
On a dit que tu avais du coup travaillé sur les espaces intérieur et extérieur. Ensuite, tu as regardé de quoi tu avais besoin pour les projets. Est-ce que tu as fait d'autres choses ?
- Speaker #0
Les trois premières étapes étaient plutôt ok, on comprend, on prend conscience du pourquoi du projet Et après, les dernières étapes, c'était plutôt on met en place le projet concrètement Et à la fin, il y a eu on met en place le projet par rapport aux aménagements des espaces intérieur et extérieur aux sorties régulières avec des groupes de jeunes enfants, la création de partenariats, la sensibilisation des familles et notamment la création de goûters partagés au fil des saisons. Ça, c'est quelque chose qui est très ressourçant à la fois pour les équipes et pour les parents parce que ça permet à l'enfant de se sentir en confiance et en sécurité et de voir qu'il y a un lien qui se construit entre la crèche et l'école. Et ça, c'est... hyper intéressant,
- Speaker #1
très important,
- Speaker #0
même quand on fait les adaptations en septembre, de faire tout de suite un goûter partagé en crèche parce que ça permet aux enfants qui ont peur, des réticences, qu'ils n'ont pas l'habitude, de voir que les parents se sont confiants, s'ils sont à l'aise dans cet environnement.
- Speaker #1
C'est vraiment le principe de l'adaptation, c'est que l'enfant voit son parent dans la crèche, qu'il se rende compte que ce n'est pas juste un lieu où il n'y a pas ses parents, il peut y avoir ses parents, ils l'ont accepté, ils ont intégré ce lieu. Une fois qu'il a vu ses parents dans la crèche et qu'il a vu que ses parents étaient en confiance, ça change tout. C'est pour ça aussi qu'on fait venir les parents dans les crèches pendant une semaine ou deux. Est-ce que c'était à la fin ou tu as encore fait d'autres choses ?
- Speaker #0
D'autres choses qu'on a mis en place, c'était le projet avec l'EHPAD. Une chose que j'ai oubliée, la mairie nous a mis à disposition un espace proche de la crèche où on pouvait aller jouer. Donc c'était à côté d'un champ de cerisiers avec les vaches à côté, c'était vraiment magnifique. Il a aménagé l'espace, on l'a vu ensemble comment le faire parce que tout de suite il a pensé tout petit, il faut aplatir le terrain. Et moi je dis non, non, non, on laisse les arbres, on laisse les bosses, ça permet de travailler toute la motricité, la sensorialité. Et aussi parce qu'on n'a pas besoin de transformer parce qu'ils sont tout petits. Au contraire, c'est... Eux, ils vont s'adapter, ils ont capacité d'adaptation les tout petits et de découvertes, d'apprentissages incroyables. Donc, exploitons ce potentiel.
- Speaker #1
C'est fou les mauvais réflexes qu'on peut avoir de se dire on va aplanir les terrains, on va enlever la terre et mettre un sol synthétique.
- Speaker #0
Du coup, je dis non, non, non, laisse comme ça, c'est très bien. Surtout parce que si après, finalement, le terrain n'est pas exploité, on aura tout enlevé. Tout enlever aussi pour les vieux habitants qu'il y avait, donc les animaux, la fleur, la faune, etc. Et ça sera beaucoup plus difficile de rétablir un écosystème sain. Donc laissons les choses comme elles sont et éventuellement, on va les changer après.
- Speaker #1
Donc là, tu as fait ton contrat, c'était un grand placement, ça a duré huit mois, c'était un CDD. Est-ce que tu sais si par la suite, ça a perduré, si aujourd'hui, elles ont continué le projet sans toi ?
- Speaker #0
Oui, je suis allée les visiter il y a un mois, il pleuvait. Et elles étaient dehors avec les enfants, donc j'étais trop contente. Elle me disait, Elena, en fait, on n'arrive plus à rester à l'intérieur toute la journée depuis qu'on a testé cette pédagogie. Et ça, pour moi, c'est...
- Speaker #1
C'est ce que me disait aussi, je ne sais pas si tu as écouté l'épisode de Plantine avec Cécile, où justement, elle me disait la même chose. Elle me disait, au début, il peut y avoir des réticences, mais quand tu as mis le doigt dedans, après, les filles, les équipes, elles ont envie vraiment... Elles ont vraiment envie de continuer et elles ont envie d'être dehors et elles se disent, oh là là, mais comment on pouvait rester autant à l'intérieur, à l'époque, etc.
- Speaker #0
Une dernière étape hyper importante pour moi, c'est de célébrer. C'est de célébrer toutes les réussites, les petits pas qu'on a fait vers l'avant et vers cette pédagogie plus humaine et solidaire et durable peut-être. Et donc de fêter tous ensemble avec les partenaires, la communauté, les parents, l'équipe, pendant un moment convivial. Tout simple, avec les enfants, avec les familles, dans le jardin ou à l'intérieur. Mais c'est aussi très important pour valoriser l'équipe et pour redonner confiance, de leur montrer tout ce qu'elles ont fait. De le mettre en photo, de l'afficher, de montrer, regardez, on a commencé de là et maintenant vous sortez, je ne sais pas, une demi-heure par jour. à l'extérieur et c'est une réussite énorme parce qu'une demi-heure par jour, ça fait deux heures et demie par semaine. C'est déjà pas mal. Et petit à petit, on pourra continuer. Si on valorise ce qu'elles ont fait et les tout petits pas, ça va leur permettre d'aller au-delà.
- Speaker #1
Tu vois, ça me mène plusieurs questions. Donc, première question, effectivement, quand j'en avais parlé avec Cécile justement du semi-plein air, parce qu'elle le pratique chez Plantine dans plusieurs crèches, ce que j'avais réalisé, c'est qu'elle avait dû énormément dépenser d'argent. faire beaucoup d'investissements. On n'était pas juste sur des sorties, on était vraiment sur du semi-plein air. Et donc, elle avait dû doubler son matériel et avoir tout en double, les lits, etc., intérieur, extérieur. Elle disait, voilà, il ne faut pas croire que c'est moins cher d'aller dehors. C'est un vrai investissement. Elle assume complètement et elle défend vraiment ce projet. Est-ce que toi, dans ton cas, j'ai l'impression que... Toi, ce n'est pas forcément l'accueil en semi-plein air très spécifique, c'est plutôt juste sortir des murs. Est-ce que toi, tu considères qu'il faut aussi avoir un budget pour faire ce projet ?
- Speaker #0
J'ai visité plein de teams, j'ai formé les équipes l'année passée. Donc, je peux confirmer que le matériel, l'équipement est de super qualité. Et je félicite beaucoup Cécile et Clémence pour cet investissement parce que ça va être durable dans le temps. Moi, pour mon expérience, je n'ai jamais eu de budget pour monter des projets comme celui-là. Mes supérieurs me disaient Elena, c'est un super projet, on comprend, c'est génial, mais par contre, on peut t'allouer 100 euros C'est pour ça que la communauté est hyper importante, c'est parce que ça permet de rendre le projet. À Valménier, par exemple, on a collaboré avec la mairie et l'office de tourisme, donc voilà, même chose, je suis allée toquer la porte. Ils nous ont donné des bacs à fleurs, ils nous ont mis à notre service un petit autobus pour remonter de la rivière quand on descendait l'été. Donc ça, ça permettait de baisser les coûts. Après, pour tout ce qui était aménagement, ressourcerie et appel aux dons, en fait, moi j'ai testé différentes choses. J'ai testé, soit j'ai fait la réunion avec les parents, j'ai créé une liste de matériel nécessaire pour aménager les espaces et je les donne aux parents et à la communauté. C'est du matériel très spécifique parce qu'il ne faut plus aller se perdre et tout ramasser, devenir nous-mêmes une ressourcerie. C'est important aussi de sélectionner du matériel de qualité.
- Speaker #1
C'est ça le problème aussi, c'est que le côté un peu associatif où on essaye d'avoir des dons et tout ça, on n'est pas des ressourceries et on ne veut pas que nos professionnels soient occupés à faire du matériel plutôt que d'accueillir les enfants. Puis moi, je suis patron d'entreprise, je suis gestionnaire de crèche. Je me dois en fait... de fournir du matériel et de mettre en place un budget si je veux que mes équipes puissent travailler correctement. Je comprends ta démarche, mais en tant que gestionnaire de crèche, je n'ai pas envie de promouvoir ce système D. J'ai plutôt envie de dire combien ça coûte, prévoyer un petit budget quand même. Donc ma question, c'est si je ne suis pas dans le système D, il faut que je prévoie un budget ou est-ce que je peux mettre en place des choses qui ne nécessitent pas de matériel ? peu de matériel. Si je ne suis pas en semi-plein air, en fait, je n'ai pas l'agrément semi-plein air. Je suis une crèche, je n'ai pas encore cette démarche semi-plein air, mais je voudrais quand même démarrer quelque chose.
- Speaker #0
C'est tout à fait faisable. Pour moi, ça c'est un retour que j'ai souvent en formation. À la fin, les professionnels qui me disent, Elena, mais moi je pensais que c'était quelque chose d'incroyablement énorme et en vrai, on peut faire plein de choses avec du matériel naturel et dans la simplicité. Pour moi, c'est ça aussi un des piliers. Il ne faut pas non plus que l'éducation plénaire devienne exclusive que pour les enfants qui sont privilégiés.
- Speaker #1
Exclusif, oui, au sens un peu haut de gamme. Tu as créé ton entreprise et donc maintenant, tu es plus dans la formation et l'accompagnement. Tu ne travailles plus en crèche. Tu travailles pour des crèches, en fait.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Je donne des conférences, des formations. J'ai créé aussi pas mal de contenus. Donc, j'essaie de sensibiliser via LinkedIn pour que... justement, on prend conscience que les enfants de 0-3 ans ont besoin de sortir en plein air, mais en toute simplicité. Si on n'a pas un gros budget, un gros investissement, on peut déjà commencer à mener de l'uspère, du matériel naturel, à demander aux familles d'aller se balader, de ramasser du matériel naturel, de créer des jeux avec ça. C'est déjà quelque chose, c'est déjà un premier pas. Après, pour moi, la chose la plus importante, ce n'est pas non plus de commencer un processus sans être formé, parce que Pour moi, ça reste un métier. Être éducateur en plein air, ça reste un métier. Donc, c'est important d'avoir les bases de sécurité pour mettre en sécurité aussi les enfants et les familles.
- Speaker #1
Oui, on en parlait au début de l'épisode. Très important, en fait, il faut que, déjà, le professionnel se sente en sécurité. Sinon, il ne va pas être bien et ça va être pourri comme travail. Et puis, les parents doivent avoir confiance parce que sinon, ça va être intenable s'ils ont peur. C'est vrai que ça fait peur, surtout si je suis en milieu urbain. On va sortir, il y a des voitures, on peut se faire écouter. Il peut se passer tout et n'importe quoi. Donc, il y a vraiment cette question de sécurité.
- Speaker #0
Moi, j'aime bien dire que faire de l'éducation plein air, c'est comme aller aux montagnes. La première règle, c'est la sécurité. De ne jamais essayer de ne jamais sortir toute seule si on ne se sent pas à l'aise. De suivre aussi notre intuition. Parfois, on est coupé de ça, mais si on ne sent pas quelque chose, ne le faites pas.
- Speaker #1
Ça, je le dis souvent aussi. Il faut que l'équipe, quand tu demandes à une professionnelle de sortir, ne serait-ce qu'avec deux enfants, il faut qu'elle se sente de le faire. Si elle ne se sent pas, si elle a peur, ce n'est vraiment pas une bonne idée de forcer les choses. Généralement, je conseille, je ne sais pas si tu avais écouté, j'avais fait un épisode sur les sorties, je conseille d'y aller avec elle, de faire le trajet avant, de le faire avec elle, de tout prévoir pour être sûre que ça va bien se passer et que la personne se sente bien. Quand elle fait sa sortie, il faut aussi qu'elle connaisse très bien l'enfant avec qui elle sort. Qu'elle sache si c'est un enfant qui est imprévisible, qui a tendance à partir en courant, etc. Est-ce que l'enfant a confiance en elle ? Est-ce qu'il l'écoute ? Tout ça, c'est un contexte aussi qui est très important. Du coup, ça me fait parler du milieu urbain. Est-ce que pour toi, il y a une réelle différence ? Est-ce qu'on peut faire de l'outdoor en ville ou est-ce que c'est quand même plus restreint ?
- Speaker #0
Il y a différentes opportunités d'outdoor. En Italie, il y a... différentes crèches qu'on appelle outdoor urbain. Donc ce sont des crèches dans des milieux urbains qui ont créé des projets de design biophilique. Donc elles ont essayé de créer des expériences de nature à l'intérieur pour justement créer ce lien naturel entre l'enfant et la nature, même à l'intérieur parce qu'il y a des crèches par exemple que je forme qui n'ont pas d'espace extérieur. Donc comment est-ce qu'on fait pour un premier pas ? On amène la nature à l'intérieur mais pas juste, on amène des pommes de pin. On crée des expériences de nature qui peuvent vraiment éveiller les sens des enfants. Donc des bruits de la forêt, des parfums de la nature, des textures. Donc vraiment essayer de créer des expériences pour que l'enfant aussi puisse prendre confiance avec ce matériau naturel, que parfois ça peut faire peur aux enfants, donc pour y aller doucement. Et après ce qui est intéressant au milieu urbain, que par exemple le Nardège n'avait pas, C'est que souvent il y a des commerces, il y a des jardins partagés, il y a des voisins, il y a plein d'expériences justement hors l'ensemble de la crèche à saisir. Il y a la médiathèque, il y a l'EHPAD, c'est beaucoup plus proche. Et si ce n'est pas possible d'aller à la médiathèque plutôt qu'au musée, plutôt qu'au marché, etc., c'est de faire venir les personnes à la crèche, de créer des interventions à l'intérieur de la crèche, donc de s'ouvrir au monde. Dans ce sens-là. Et je pense que c'est plus facile de le faire en ville plutôt que dans des contextes ruraux qui, peut-être, ont des espaces extérieurs magnifiques, qui, du coup, elles auront l'intérêt d'aménager, mais en mode social. C'est pour ça que j'aime bien ce modèle, parce que ça permet de s'adapter à chaque contexte.
- Speaker #1
À chaque environnement.
- Speaker #0
Oui, à chaque environnement, et de ne pas se dire moi, j'habite en ville, donc je ne peux rien faire non. Au contraire, c'est d'autant plus important.
- Speaker #1
Ce n'est pas qu'une question de nature, mais en fait, je suis hyper contente. Je me rends compte que je faisais de l'éducation. Parce que nous, c'est vrai qu'on avait ce modèle où on faisait sortir les enfants, au moins quand on n'avait pas d'espace extérieur. Quand il y a un espace extérieur, parfois je trouve que pour l'équipe, c'est déjà un défi de sortir tous les jours dans l'espace de la crèche. Tant qu'elles ne sont pas très sereines sur tout ce qui est espace à l'intérieur et dans l'espace extérieur de la crèche, je n'impose pas forcément les sorties. Mais quand il n'y a pas d'espace extérieur, par contre là, j'impose les sorties. On allait à la médiathèque, chez le maraîcher, visiter le marché. Qu'est-ce qu'on faisait d'autre ? Le théâtre, le parc, acheter le pain tous les matins. Plein de petites sorties comme ça. Donc ça fait un petit peu le job, quoi, dont tu parles.
- Speaker #0
Mais oui !
- Speaker #1
Ça m'amène à une autre question, c'est que, tu vois, nous on le faisait, mais on le faisait sur des temps quand même très courts. Est-ce que toi, t'as identifié cette problématique de temps court ? Alors peut-être que c'est plus le cas dans des petites... crèche, dans des micro crèches, mais pas tant que ça finalement, c'est le fait que quand je vais devoir faire des changes et des repas quand même assez régulièrement dans ma journée et les siestes aussi, les temps entre les changes et les repas, il y a aussi les temps de sieste entre les soins. Si j'ajoute les temps d'habillage, les temps de déshabillage, au final, il me reste quoi, une demi-heure à chaque fois de sortie. Est-ce que tu vois les choses comme ça ou est-ce que là-dessus tu vas m'illuminer d'une nouvelle idée ?
- Speaker #0
Alors, je pense que c'est déjà très très bien. et que la régularité, c'est ce qui va permettre à l'enfant et à l'équipe de se sécuriser, de se sentir en sécurité affective. Donc, c'est très bien. Je pense, par contre, qu'il y a des petites astuces pour essayer de rester plus de temps à l'extérieur. Par exemple, quand les enfants arrivent, qu'ils soient déjà bien équipés, que les familles ont déjà bien équipé les enfants pour qu'on puisse tout de suite sortir. Ça, ça permet déjà d'enlever un temps de déshabillage, habillage important.
- Speaker #1
Tu veux dire qu'on ne les déshabille pas en fait, on sort tout de suite ?
- Speaker #0
Tout à fait.
- Speaker #1
Ça, c'est quand j'ai un espace extérieur, je fais les accueils dehors.
- Speaker #0
Tout à fait. Et sinon, on se met d'accord si possible avec les familles de se dire, je ne sais pas, pour le mercredi, on accueille tous les enfants à 8 heures et après, on part pour la balade. Et donc, ça, ça permet déjà d'avoir un temps plus long.
- Speaker #1
Oui, c'est-à-dire qu'on évite d'échelonner ce jour-là. Oui. On demande à tout le monde d'arriver à la même heure. C'est hyper intéressant ton idée d'accueil sans déshabillage. C'est vrai que ça paraît évident, mais on n'y a pas forcément pensé. Alors, nous, on faisait les accueils à l'extérieur qu'en fait en été. Mais en réalité, oui, c'est une super idée. En fait, tous les matins, tu peux accueillir dans ton jardin. Et sinon, demander que tous les mercredis, les enfants arrivent tous à la même heure. Tu fais venir tes deux professionnels d'ouverture à la même heure et hop, tout le monde sort.
- Speaker #0
Oui, surtout pour le micro-crèche.
- Speaker #1
Attention, j'ai dit deux professionnels. Il faut qu'il y ait le bon taux d'encadrement. Donc attention, si on veut que tous les enfants sortent, il ne faut pas qu'il y ait beaucoup d'enfants non plus accueillis. Dans les textes, depuis 2021, c'est marqué qu'on peut sortir seul avec cinq enfants. Donc si on est deux, ça fait dix enfants, mais bon, c'est quand même beaucoup. Ça fait beaucoup d'enfants. Je ne me prononce pas sur le taux d'encadrement, mais en tout cas, si j'en ai treize dans la micro-crèche, avec deux pros, je ne pourrais pas sortir tous les enfants. Donc à ce moment-là, ça peut être aussi faire venir une professionnelle plutôt pour en sortir une partie. Mais bon, ça veut dire aussi qu'il va y avoir beaucoup à l'intérieur. Donc en micro-crèche, ça peut être un peu plus compliqué.
- Speaker #0
Mais en même temps, cette idée d'accueil à l'extérieur, ça permet aux parents de rester à l'extérieur un peu de temps. Avant de commencer sa journée, peut-être, il passe 8 heures devant l'ordinateur. Et donc, le fait de rester à l'extérieur, peut-être de jouer aussi avec son enfant, ça lui permet de voir quels sont les bénéfices pour lui et pour l'enfant. Donc là, on est déjà en train de sensibiliser encore la famille. Par rapport au taux d'encadrement, moi, je pense que ça pourrait être intéressant d'inviter justement les familles, les parents. à nous accompagner. Donc, on est bien encadrés. On a le bon taux d'encadrement par rapport au nombre d'enfants et de professionnels. Et après, pour nous sentir plus en confiance et en sécurité, on peut inviter les parents à partager ce moment avec nous. Et moi, je le faisais quand on était à Valménier. Donc, j'avais une liste de parents qui étaient disponibles avec le jour disponible. Et le vendredi, je disais la semaine prochaine, on fera cette balade. On ira au marché. On ira... je ne sais pas, à la cascade, chez le voisin, etc. Qui est-ce qui pourrait être intéressé et disponible à nous accompagner ? Et donc, il y avait des parents qui nous accompagnaient et ça facilite beaucoup la mise en place du projet. Donc, par exemple, si le mercredi, j'ai 10 enfants inscrits et que légalement, j'ai le droit de sortir à deux avec 10 enfants, même si on trouve que c'est un peu juste, si je rajoute un parent, tout de suite, c'est un petit peu plus confortable, un peu plus faisable. C'est ça que tu veux dire ? Oui,
- Speaker #1
tout à fait. Et en même temps, je pense que c'est hyper important quand on commence un projet d'éducation plénaire. Ça, c'est quelque chose que je n'ai pas dit tout à l'heure, mais que j'ai fait toujours, c'est d'informer la PMI, de collaborer avec la PMI, de faire les choses ensemble. Souvent, en formation... On me pose la question, Elena, mais la PMI ne sera pas d'accord. Et du coup, je demande, est-ce que vous avez demandé à la PMI ? Et souvent, la réponse est non, parce qu'on pense qu'elle est réticente par rapport à ça. Mais si on explique qu'il y a des PMI qui adoptent de plus en plus cette pédagogie, qu'on expose les bienfaits, qu'on arrive avec un projet pédagogique bien écrit, je pense que la PMI, elle a tout intérêt à nous accompagner dans ce projet.
- Speaker #0
La PMI, ça peut être un partenaire de confiance. Il faut qu'ils aient confiance et il faut qu'on soit capable, et c'est ce que je dis souvent aux gestionnaires de crèche, quand je travaille avec des gestionnaires de crèche que j'accompagne, c'est de leur dire, la PMI, pour lui donner confiance, il faut montrer notre fiabilité, montrer qu'on est capable de répondre aux questions, qu'on est capable de faire un projet construit et que ce ne sont pas des paroles en l'air qu'on a écrites. Donc je suis complètement d'accord avec toi. Écoute, on a bien avancé dans l'interview, mais j'ai encore une ou deux questions que je veux te poser. Je voulais savoir aujourd'hui où t'en es. Dans ta boîte, j'ai vu que t'avais lancé un nouveau projet de voyage, un voyage éducatif. Je ne sais pas comment t'appelles ça. Est-ce que tu peux me dire où ça en est ? Explique un peu ce que c'est.
- Speaker #1
C'est une vacances-études dans une crèche plein air en Italie, en Toscane. Et on a créé ce projet avec mes profs du Master en Outdoor Education, donc Danilo Casertano et Ramona Siki, qui ont été des mentors. très inspirants pour moi, qui m'ont toujours accompagnée. Si je suis là aujourd'hui, c'est beaucoup grâce à Danilo qui m'a dit Elena, vas-y, il y a besoin de formateurs, il y a besoin de montrer que c'est possible. Et du coup, on a créé cette formation de 28 heures dans une crèche plein air dans un parc naturel en Toscane, proche de Pise et de la mer. Et l'idée, c'est de rassembler des acteurs de la petite enfance française. qui puissent s'inspirer du modèle italien de crèche en plein air en action. Visiter la crèche, d'être avec les enfants, de partager avec les éducateurs qui font ça depuis 25 ans, donc qui ont beaucoup d'expérience, avec les parents et avec quatre formateurs, dont Sonia Barletta, qui est la fondatrice d'une crèche semi-pleinaire à Milan, donc une crèche urbaine, notamment pour celles qui ont des crèches plutôt en ville. et ça permettra d'avoir une vision globale du champ du possible.
- Speaker #0
Donc quand je sors de là, j'ai une formation de 28 heures. Ça s'appelle comment la formation ?
- Speaker #1
Légami Natura. Ça signifie lien en nature.
- Speaker #0
Et je vais être capable d'implémenter l'outdoor education dans ma crèche. Il y avait combien de places quand tu as fait le lancement ?
- Speaker #1
25 places.
- Speaker #0
Et aujourd'hui, tu as combien d'inscrits ?
- Speaker #1
On est 15 inscrits.
- Speaker #0
Est-ce que c'est un risque pour toi ? Parce que ça a l'air d'être un gros investissement quand même.
- Speaker #1
C'est un gros investissement. de temps surtout et d'énergie, mais je le fais parce que pour moi, je pense que ma mission c'est de créer des liens et donc j'ai vraiment envie qu'en France on puisse avancer et ne pas perdre du temps entre guillemets. en faisant peut-être les mêmes erreurs que nous, les Italiens, on a fait il y a 25 ans quand on a commencé.
- Speaker #0
Oui, tu as envie de faire gagner du temps aux gens.
- Speaker #1
Oui, en même temps, je me dis que si je perds du temps et de l'énergie, ce n'est pas vraiment perdu parce que j'ai appris plein de choses. J'ai collaboré avec des personnes super inspirantes qui m'ont appris encore plein de choses. Donc, en soi, créer cette formation, c'était une formation pour moi.
- Speaker #0
Alors, si je veux aller avec toi en Toscane pour apprendre à faire de l'outdoor education, Ça peut me coûter combien ?
- Speaker #1
Le coût de la formation de 28 heures, c'est de 1997 euros, avec l'accompagnement de quatre formateurs, des conférencières et lieux de formation, et des immersions avec les enfants. Ça, ça comprend les cinq jours de formation.
- Speaker #0
C'est cinq jours, ouais, complets. Et ça, ça peut être pris en charge en partie par l'OPCO ?
- Speaker #1
Ça peut être pris en charge par l'OPCO parce que l'organisme de formation éducation plénaire... et certifié Calliope. Donc, il y a cette possibilité. Si quelqu'un veut s'inscrire, n'attendez pas trop parce qu'on connaît les délais de l'OPCO.
- Speaker #0
Oui, il faut vite demander à l'OPCO. Et ça se passe de quelle date à quelle date ?
- Speaker #1
C'est du 2 au 6 avril 2025.
- Speaker #0
C'est du 2 au 6 avril. Et je vais devoir aussi prendre mes billets pour me rendre en Toscane. Donc, il faut que je me dépêche un petit peu. Et puis, je vais être hébergée et on va prendre les repas ensemble. Mais ça, je le paierai moi-même aux organismes concernés. J'imagine que tu n'as pas pris de l'hébergement 5 étoiles, tu as pris quelque chose de raisonnable, mais quand même confortable.
- Speaker #1
Oui, carrément, carrément. Il y a une auberge et un hôtel, donc il y a la possibilité de choisir. Nous, on s'occupe de réserver les repas et l'hébergement, donc c'est juste à vous de nous dire quelles sont vos préférences. Après nous, on s'occupe du reste. L'idée, c'est que vous vous ressourcez aussi.
- Speaker #0
Ouais, mais en tout cas, partir en Toscane, waouh, pour apprendre à faire de l'éducation au dehors, c'est génial, ça fait vraiment trop rêver. Pour finir, j'ai envie de te demander deux choses. La première, c'est si j'ai envie de me lancer, moi, avec mes crèches qui sont en ville, en France, où je ne suis pas forcément dans un parc naturel, où il ne fait pas forcément tout le temps beau, etc. Je me lance, qu'est-ce que je fais ? Je t'appelle, tu viens, tu me conseilles de prévoir quoi ? Une journée pédagogique, un petit budget de formation ? C'est quoi la première étape, en fait, pour vraiment se lancer ? Et quand ? Est-ce que je m'y mets maintenant, en début 2025 ? Ou est-ce que je prévois ça plutôt pour la rentrée de septembre ? pour l'été, pour l'hiver ? Est-ce qu'il y a un moment idéal ?
- Speaker #1
Il n'y a pas un moment idéal sinon que maintenant. Il faut commencer, il faut y aller. Je pense que oui, le moment idéal, c'est au début de l'année, là maintenant, parce qu'après il y a le printemps, l'été qui commence et donc c'est plus simple de sortir en plein air et dès qu'on a instauré cette habitude, ça sera plus difficile en automne de se dire non, non, moi je ne sors pas parce qu'on aura compris les bienfaits de l'éducation en plein air.
- Speaker #0
Donc maintenant, c'est le bon moment. Tu me conseilles plutôt de prévoir une journée, par exemple, avec toi ou plutôt un coaching, quelque chose qui va durer, comme tu disais tout à l'heure, quelques mois.
- Speaker #1
Souvent, je propose des modules de formation. Le premier module de formation, c'est les fondamentaux de l'éducation plénaire. Donc, on va voir le pourquoi et prendre conscience de l'importance de l'éducation plénaire dès plus jeune âge. On va comprendre quelles sont les peurs et les freins. Et dans la deuxième partie, on va voir le champ de possible. Qu'est-ce qu'on peut faire en fonction de l'environnement où on est ? Donc, comment sortir plus en plein air, extérioriser l'accueil, le départ, les activités, la sieste, etc. Là,
- Speaker #0
tu vas analyser aussi mon contexte, en fait, là où je suis.
- Speaker #1
Oui, oui, carrément.
- Speaker #0
Tu vas t'adapter à mon environnement.
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Et après, à partir de là, on va voir aussi quel est l'équipement adapté, comment accompagner les familles, très important, dans un premier module. Et après, il y a d'autres formations un peu plus spécifiques en fonction de l'environnement et des suites de l'équipe. Est-ce qu'elles ont plutôt envie de créer des sorties en plein air ? Est-ce qu'elles ont plutôt envie d'aménager la cour de crèche ?
- Speaker #0
Oui, il y a plusieurs possibilités.
- Speaker #1
Et donc, on va l'adapter en fonction des envies et des besoins de l'équipe pour justement créer cette cohésion.
- Speaker #0
J'imagine que quand je t'appelle, on passe une demi-heure au téléphone à un petit peu échanger pour que tu comprennes mes goûts, mes envies, mon contexte et tu vas me dire, bon, je vais te faire une proposition et voilà. Et tout ça peut être pris en charge en plus par l'OPCO. Est-ce qu'il y a parfois des crèches qui n'ont pas l'OPCO et qui le font quand même ?
- Speaker #1
Oui, qu'elles reconnaissent le besoin et qu'elles investissent. Après, il y a des crèches qui ont des journées pédagogiques prévues. Et je donne aussi des conférences. Donc, les conférences ne sont pas prises en charge par l'OPCO. Mais il y a de plus en plus, je trouve, cette envie et conscience de mettre le bien-être au centre de notre pratique pour sauver le milieu de la petite enfance. Et donc, je pense qu'on trouve les moyens.
- Speaker #0
Alors, ma dernière question, est-ce que tu es impactée, affectée par le contexte très tendu qu'on vit en France dans la petite enfance ? Ou est-ce que tu es à l'extérieur de tout ça ? Est-ce que tu es dans ta bulle un peu de nature et de bien-être ? Comment tu vois les choses par rapport au contexte politique et économique des crèches ?
- Speaker #1
Je connais, mais j'essaie de ne pas me faire affecter de ça, parce que sinon, je n'arrive pas à porter ma voix. Avant, quand j'étais infirmière, que je travaillais dans l'humanitaire, j'étais allée en burn-out parce que je prenais trop à cœur les choses. Donc maintenant, je connais, je sais ce qui se passe. Tout à l'heure, j'ai vu un reportage qui disait que les enfants passent environ 38h05 par semaine en crèche. Et là, je me disais, waouh, si ces enfants passent 38h05 en crèche et qu'ils restent à l'intérieur, ça fait beaucoup. Donc je sais, je voyage dans toute la France. Je sais ce qu'il se passe, ça me fait mal au cœur, mais pour autant, je n'ai pas envie de me concentrer, de mettre la tension là.
- Speaker #0
Tu arrives à prendre de la distance, mais est-ce que tu vois, comment dire, on est dans un secteur pénurique, il y a un manque de professionnels, il y a du turnover, il y a des crèches qui sont un peu à feu et à sang, entre guillemets, qui sont en difficulté, où il y a beaucoup de tensions, il y a de l'absentéisme, etc. Il peut y avoir des professionnels fatigués, épuisés. Est-ce que toi, tu le sens, ça, est-ce que tu le vois ? Est-ce que les professionnels t'en parlent ?
- Speaker #1
Parfois, il y a des professionnels qui sont très motivés par rapport à l'éducation plénaire et parfois, il y en a d'autres qui sont tellement épuisés qui viennent vers moi en disant Elena, s'il te plaît, donne-moi un peu d'espoir Donc, il y a les deux. Je pense que déjà, une chose que j'aimerais dire, c'est de remercier toutes les personnes qui sont dans le terrain et que chaque jour, elles sont là pour les enfants, pour les familles. La chose que pour moi est la plus compliquée à accepter, c'est le manque de valorisation. d'un secteur qui est principalement féminin. Justement, j'ai créé un post sur pourquoi l'éducation plénière dès la petite enfance est un acte écoféministe. Donc voilà, le fait que la majorité des femmes travaillent dans ce secteur, qui est un secteur... très dévalorisée, je trouve, et que si on arriverait à mettre au centre de notre réflexion politique, sociale, culturelle, la question de la petite enfance et des femmes qui travaillent pour la petite enfance, peut-être que notre société irait un peu mieux. Donc, je suis consciente de tout ça, mais en même temps, je ne veux pas militer dans ce sens, dans le négatif. Je veux plutôt me dire, OK, il y a une alternative, il y a une possibilité. Allez, on passe à l'action, on essaye. Vous vous sentez mieux ? Oui. Bon, tant mieux, on continue, on y va, on y va ensemble. Donc voilà, moi j'essaie de voir les choses de manière positive parce que sinon je me fonde. Et si je me fonde, je ne peux pas améliorer un petit peu les choses.
- Speaker #0
C'est un joli mot de la fin, cet appel à la reconnaissance des professionnels et leur dire merci pour leur travail, surtout dans cette période difficile où il y a beaucoup de négativité. Je pense que c'est très... difficile de continuer à être motivé quand on entend beaucoup de mal sur notre secteur de travail on envoie plein d'amour plein de bisous plein de coucou à tous nos professionnels de crèche et léna je suis impressionné vraiment par ton travail tu es toute jeune mais tu sais tellement de choses tellement d'énergie et on sent que tu es militante que tu es passionné et que tu vas rien lâcher je pense que tu iras loin te dis à bientôt parce que je pense que tu reviendras nous en reparler sur le podcast parce que c'est que le début de ton aventure.
- Speaker #1
Avec grand plaisir.
- Speaker #0
Allez, c'est parti, Elena.
- Speaker #1
Merci beaucoup, Amal.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode. Parle-en autour de toi et surtout, laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. À la semaine prochaine.