Speaker #0Bonjour, c'est Amale Cosma. Vous voulez booster la qualité d'accueil dans votre micro-crèche en donnant des super pouvoirs à votre équipe ? Vous êtes au bon endroit. On va parler de la petite enfance comme vous n'en entendez jamais parler. Le thème de cet épisode est un sujet essentiel dans notre quotidien professionnel. Énormément de choses se cristallisent pendant ce temps d'échange parents-professionnels. Il s'agit des transmissions. Ne vous y trompez pas, c'est un sujet tout sauf simple dont on pourrait parler pendant des heures et qui d'après moi devrait faire l'objet d'un module spécifique dans la formation initiale de tous les professionnels de crèche. La définition des transmissions est la suivante. Les transmissions ont pour objet de connaître les informations nécessaires à la bonne prise en charge de l'enfant dans la continuité maison-crèche, crèche-maison. Ça peut paraître simple, mais il y a plusieurs enjeux complexes pour nos trois protagonistes. Pour le parent, pour l'enfant et pour le professionnel. Pour l'enfant, quel est l'enjeu ? C'est le moment de la séparation. Il entend qu'on parle de lui, il sait que c'est pour prendre soin de lui. On lui accorde notre attention pour que sa journée se passe bien, pour qu'il y ait une continuité entre les personnes qui s'occupent de lui, ses parents d'un côté, les professionnels de la crèche de l'autre. L'enfant observe ce passage de relais, il en est conscient et il en est imprégné pour le reste de sa journée. Pourtant, réfléchissez-y. Est-ce que vous avez déjà parlé d'autre chose que de l'enfant pendant ce temps-là ? Pendant le temps de transmission, ça arrive par exemple d'entendre un professionnel parler du temps qu'il fait. Un parent raconter un barbecue ce week-end. On peut se faire des compliments sur une nouvelle coupe de cheveux. Ah madame, vous en avez une jolie robe. Tout ça a l'air naturel, ça passe, on se rend compte de rien, c'est pas bien méchant. Pourtant c'est l'enfant qui passe à la trappe. Pour le parent, alors c'est le seul moment que le parent passe à la crèche dans la journée. Ce moment est déterminant dans la vision qu'il a de la crèche et de ce que vit son enfant à la crèche en son absence. C'est pour ça qu'on doit avoir à cœur de lui montrer une image impeccable. Pour illustrer, je vais vous parler de choses que j'ai vécues et qui pour moi ne sont pas acceptables. Il n'est pas acceptable pour le parent d'arriver dans une crèche sale, désordonnée, de trouver par exemple des cartons de livraison ou des poubelles entreposées dans l'entrée. C'est pas acceptable non plus pour lui de voir des enfants qui errent dans la salle de vie avec le nez tout sale ou un bébé qui pleure tout seul. sans que personne ne réagisse. Enfin, pour le professionnel, le temps de transmission, c'est l'opportunité de récolter les informations nécessaires à son travail auprès de l'enfant et c'est aussi l'opportunité de rendre son travail intéressant et de le valoriser. Mais ça peut être aussi un moment difficile s'il n'est pas travaillé correctement en amont. Pour le professionnel, il y a plusieurs enjeux. L'enjeu de la verbalisation, l'enjeu de la surveillance des autres enfants et l'enjeu du travail d'équipe. Souvenons-nous que les professionnels de la petite enfance sont parfois taiseuses. Elles ne sont pas à l'aise pour parler aux parents. Elles peuvent aussi être impressionnées par certains parents, ce qui entraîne un cercle vicieux car le parent peut être agacé par un professionnel mal à l'aise, penser que ce professionnel est nonchalant par exemple ou agressif, et ça va augmenter le malaise du professionnel et ainsi de suite. Certaines professionnelles ont aussi des difficultés avec la langue française, qui n'est pas toujours leur langue maternelle. Une autre difficulté est en lien avec la surveillance du reste du groupe, les autres enfants sont là, notamment le soir. C'est un moment où les enfants sont fatigués. Ils ont la journée dans les pattes, ils ont besoin d'attention, le parent arrive, le professionnel se détourne d'eux, potentiellement il va leur tourner le dos et la morsure, pleurs, etc. c'est la catastrophe. Pour répondre à ces enjeux complexes, l'idée c'est quoi ? Je parlerai de trois axes. D'abord le travail d'équipe, deuxièmement la posture, et enfin les choix qu'on a faits, qui doivent être des choix très clairs. Pourquoi je parle de travail d'équipe tout d'abord ? Les transmissions ne sont pas seulement un petit temps d'échange de quelques minutes. Elle se prépare tout au long de la journée et nécessite un vrai travail d'équipe. Une bonne transmission ne peut être que le fruit d'une collaboration. Le professionnel qui est là le soir et qui fait les transmissions aux parents sur la journée de l'enfant n'était pas là ce matin. Il doit se reposer sur les informations qui lui ont été laissées par ses collègues. Les collègues du matin ne sont plus là le soir. On ne peut plus leur poser de questions à la dernière minute pour vérifier une information. Par ailleurs, la pertinence des informations et la formulation qu'on prend pour les données ... doit être soutenu par le responsable de l'équipe. Si le responsable de l'équipe en a conscience et s'il prend le temps de faire le point sur les transmissions avant de quitter son poste, c'est gagné. Il ne suffit pas de répéter à son équipe « faites des phrases, faites des bonnes transmissions, c'est important » . Il faut les soutenir concrètement dans ce travail tous les jours. Deuxième axe de travail, c'est la posture. Il faut avoir la posture adéquate. Par réflexe, les professionnels ont tendance à se mettre debout à l'entrée de la salle face aux parents pour accueillir l'enfant. Ça présente plusieurs problèmes. D'abord, le professionnel se lève, il crée du mouvement, ça va inquiéter certains enfants et perturber le groupe. Surtout s'il est assis à côté de tout petits bébés. Les bébés n'aiment pas du tout le mouvement. D'une manière générale, le professionnel s'interrompt dans sa présence auprès des enfants au sol. Ensuite, deuxième écueil, le professionnel tourne souvent le dos au groupe d'enfants, il ne surveille plus le groupe. Et l'enfant ne se sent plus soutenu par le regard de l'adulte. Alors ma recommandation, c'est d'adopter une posture assise auprès des enfants. Il suffit d'adresser un regard et un bonjour aux parents et de l'inviter à vous rejoindre dans la salle. Cette façon d'accueillir doit bien sûr être annoncée aux parents. On ne change pas nos pratiques du jour au lendemain, en restant assis et en attendant qu'ils s'approchent. Troisième axe de travail, c'est l'axe de l'organisation. On va faire des choix et ces choix doivent être clairs. Premier choix, qui va effectuer les transmissions ? Ce n'est pas à laisser au hasard. J'ai entendu trop de fois des professionnels me répondre « Qui fait les transmissions ? » « Euh... celle qui est disponible. » Qu'est-ce que ça veut dire ? Et si personne n'est disponible ? En réalité, on n'est pas disponible. On se rend disponible parce que c'est notre rôle, la tâche qu'on nous a demandé d'accomplir. Deuxième choix à faire, avec quel matériel va-t-on effectuer les transmissions ? Souvent on achète un meuble de transmission. Moi je ne suis pas une adepte de ce meuble. En général il est placé à l'entrée de la section, il bloque la vue et il pousse les professionnels à venir se planter devant ce meuble debout dos à la salle. Pour moi le mieux c'est un porte-documents mural pour avoir le classeur à portée de la main. Le professionnel lui il va garder son classeur de transmission avec lui pendant le temps d'accueil pour l'annoter. Et si possible le mieux c'est d'avoir un interphone portatif. On peut remplacer facilement l'interphone mural, demandez à votre architecte. ou à votre entrepreneur. Ça permet aux professionnels de rester auprès des enfants à chaque fois que quelqu'un sonne, il n'a pas besoin de se lever pour aller à l'interphone. Là encore, il s'agit de limiter le mouvement du professionnel pour que les enfants se sentent sécurisés. Car quand le professionnel se lève sans arrêt pour aller ouvrir la porte à l'interphone, cela rend les choses difficiles, les enfants peuvent se mettre à pleurer, ça crée de la tension. Et c'est justement quand le parent arrive que tout le monde est tendu et que les enfants pleurent. Alors ça a l'air d'être un détail. mais croyez-moi, l'interphone portatif peut changer la donne. Enfin, quand est-ce qu'on note les transmissions ? C'est tout au long de la journée, avec en plus des temps dédiés. D'abord pendant les siestes, le professionnel qui est en surveillance va pouvoir détailler les anecdotes et relire les transmissions pour vérifier qu'elles sont complètes. Et l'autre temps qui est important, c'est en fin de journée, avant le départ de la directrice, elle relie les transmissions et vérifie que les informations sont complètes, claires, lisibles, bien écrites. Je vous conseille de réécouter cet épisode en prenant quelques notes et d'écouter le suivant qui détaillera le contenu des transmissions. Pour conclure, gardez toujours en tête l'objet des transmissions pour qu'elles soient qualitatives. Les transmissions ont pour objet de récolter les informations nécessaires à la bonne prise en charge de l'enfant et rien d'autre. Tout ce qui n'a pas attrait à cela, c'est du bavardage. Gardez cet objectif en tête et vos transmissions vont faire un bond. Allez, à vos crayons ! Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout. J'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode. Parles-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcast.