- Speaker #0
A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petites Enfances. Bienvenue dans ton podcast. Bonjour à tous et bienvenue dans Références Petites Enfances. Bienvenue aujourd'hui à Julie Belluso, qui est directrice de crèche. Bonjour Julie. Bonjour. Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots, toi, et puis la crèche dans laquelle tu travailles ?
- Speaker #1
Alors, je suis éducatrice de jeunes enfants, directrice d'une crèche associative, la crèche Picotti, depuis maintenant huit ans, qui est une structure qui est implantée dans les bouches du Rhône. et qui accueille 20 enfants, qui est un agrément pour 20 enfants. Petite structure où j'ai pu participer au projet depuis la conception jusqu'à l'ouverture.
- Speaker #0
Ah oui d'accord, elle n'était pas ouverte. Tu sais que moi, la première crèche dans laquelle j'ai démarré, c'était une crèche associative de 20 berceaux dans laquelle on accueillait jusqu'à 21, même 22 enfants. Et puis après, j'ai ouvert des micro-crèches. Donc on a un point en commun. Est-ce que tu as dirigé d'autres crèches avant ? Est-ce que c'est ton premier poste ? Comment ça s'est passé ton parcours jusqu'à ce poste-là ?
- Speaker #1
Pas du tout, j'ai jamais été directrice avant. Moi j'ai passé mon diplôme, donc je suis diplômée depuis 2009. Moi j'ai commencé sur des remplacements dans des structures diverses et variées. J'ai eu ensuite mes jumelles, donc j'ai pris un congé parental. Et durant ce congé parental, j'ai beaucoup réfléchi à... à ce que j'allais faire après. Et je suis rentrée dans une crèche associative, donc de la même association, sur un poste d'adjointe, dans une crèche de 40 berceaux. Et puis en suivant, ce remplacement s'est terminé. J'ai continué dans une autre crèche, donc du même réseau, qui a ouvert, et dont j'ai fait l'ouverture, mais sur un poste d'éducatrice de terrain. Et puis tout naturellement, le projet de Picotti a germé dans l'esprit de mon coordinateur. Et il m'a proposé la direction et comme c'était une crèche qui se montait, j'ai pu participer à toutes les élaborations, le recrutement de l'équipe, l'aménagement de l'espace, les locaux, enfin vraiment toute cette partie-là. Donc c'est vraiment mon premier poste de directrice.
- Speaker #0
Ton premier poste de directrice, et ce qui est sympa, c'est qu'en fait tu as une vraie évolution dans la même boîte, dans la même structure. Donc c'est une entreprise associative et tu as commencé il y a quoi, 10-15 ans dedans ?
- Speaker #1
Il y a 11 ans, très exactement.
- Speaker #0
Ça, c'est chouette de voir qu'on peut s'installer dans une entreprise et évoluer au sein de cette même entreprise. Et donc, tu es éducatrice de jeunes enfants depuis 2009.
- Speaker #1
Tout à fait. Et c'est vrai que je suis restée dans cette entreprise parce que les valeurs qu'elle pouvait véhiculer, l'évolution que j'ai pu avoir très progressivement, l'accompagnement. Et c'est vrai que tout ce qui est projet, on nous laisse quand même une liberté sur nos projets, projets pédagogiques, etc. Donc, c'est quelque chose qui me correspondait bien.
- Speaker #0
Tu as toujours voulu travailler dans la petite enfance. Tu savais que tu voulais être éducatrice de jeunes enfants et que tu travaillerais en crèche. Ou ça a été plus progressif, un cheminement ?
- Speaker #1
Ça a été très progressif, puisque moi, j'ai fait des études à la base. Vraiment, à la base, je voulais faire des études d'histoire de l'art. Je suis allée en fac, comme bon nombre de personnes. Mais finalement, ça ne me convenait pas du tout. Donc, j'ai eu un petit chemin un peu sinueux, puisque suite à ça, je me suis cherchée un petit peu. J'ai toujours eu la volonté de travailler avec les gens, en équipe en tout cas. Et c'est vrai que la petite enfance a toujours fait partie de ma vie. Et éducatrice de jeunes enfants, j'ai découvert ce métier sur un forum, un forum des métiers. Et c'est vrai que la personne que j'ai rencontrée m'a vraiment donné envie, donc j'ai passé le concours. Je ne l'ai pas eu la première fois. Et donc suite à ça, j'ai travaillé un an en crèche, dans une crèche associative dans la région bordelaise, où j'ai rencontré, je pense qu'on en a tous un dans notre vie, mais j'ai rencontré l'éducatrice. qui m'a donné envie de faire ce métier, qui avait la passion de son métier, qui m'a enseigné énormément de choses. J'ai appris beaucoup de choses en un an avec cette personne-là et toute l'équipe de la structure où je travaillais. Et c'est vrai que du coup, j'ai repassé le concours que j'ai eu. Et ça a été la révélation. C'est vrai que ces trois années de formation avec les stages, j'ai fait des stages en crèche, j'ai aussi fait un stage en pédiatrie, m'ont beaucoup, beaucoup apporté. Et c'est vrai que sur une des structures notamment, qui était en plein milieu de la forêt, avec un projet énorme autour de la nature, des enfants, c'est vrai que c'est des choses qui m'ont portée assez tôt. C'est un métier que je ne laisserai pour rien au monde, malgré les difficultés que ça comporte. Il ne faut pas se leurrer. Mais on s'accroche, et puis moi j'ai la chance d'avoir une équipe formidable, soudée, qui est à mes côtés, et on travaille vraiment main dans la main, et ça, ce n'est pas donné à tous, je pense.
- Speaker #0
Et donc, le sujet du jour, tu viens de l'aborder, c'est le fait que tu as fait une transition. Alors, je n'ai pas compris si c'était une transition en cours de route ou si, dès le départ, tu avais inscrit Picotti dans une démarche outdoor. Alors, je ne sais pas comment tu l'appelles, toi. Est-ce que c'est outdoor ? Est-ce que c'est accueil en nature ? Est-ce que c'est semi-plein air ? Voilà, comment tu te positionnes et à quel moment c'est arrivé ?
- Speaker #1
Alors, en fait, c'est rien de tout ça. C'est une création de structure, c'est un projet. qu'on a monté avec toute l'équipe sur notre projet pédagogique, sur ce qu'on voulait insuffler dans notre crèche. Donc le jardin qu'on a, nous, à la crèche, pour moi, n'était pas du tout celui que j'envisageais. Mais il a fallu faire avec les contraintes budgétaires, les contraintes d'implantation du jardin. Moi, j'ai un jardin qui est à moitié en sol souple et à moitié en sol synthétique, du gazon synthétique, avec très peu de végétation. ou pas du tout le jardin rêvé pour faire de la pédagogie de plein air.
- Speaker #0
Tu n'as pas la mode kitchen, le toboggan debout, tout ce qu'on voit dans les jolies vidéos de Daniela, ou d'Elena, Barumerli, les trucs dont on rêve en ce moment, la nature. Et moi, c'est ce que je trouve hyper intéressant dans ton témoignage, c'est qu'en fait, tu t'es adaptée avec quelque chose qui pouvait sembler plutôt à coup de contre-courant de l'outdoor, mais tu l'as fait quand même.
- Speaker #1
Ça s'est fait progressivement avec une équipe qui, tout naturellement, a investi ce jardin. Alors, ce jardin qui est tout propre, puisqu'on n'a pas de boue, on n'a pas de gazon, on n'a pas de végétaux.
- Speaker #0
Déjà, un jardin, parce qu'il faut rappeler que depuis quelques années, c'est de plus en plus difficile, d'un point de vue immobilier et foncier en tout cas, de trouver des jardins disponibles. Il fait combien de mètres carrés ce jardin pour 20 enfants ?
- Speaker #1
Il fait à peu près, je dirais, 90-100 mètres carrés, peut-être un peu plus, je ne sais pas exactement. Oui,
- Speaker #0
mais c'est un vrai espace.
- Speaker #1
C'est un vrai espace.
- Speaker #0
Ce n'est pas une cour de 20 mètres carrés.
- Speaker #1
Alors, il faut savoir que le projet de cette structure, il s'est implanté dans un quartier du village qui se voulait intergénérationnel. Nous, la crèche, elle est implantée entre une maison de retraite et un city park qui a été construit quelques temps après la crèche, donc un grand city park. qui a des jeux pour enfants, qui a aussi un espace pour les vélos, les trottinettes, les rollers, etc. Et derrière, on a une salle multi-activité. C'est la salle multi-activité du village avec toutes les associations, donc la danse, l'escalade, avec un dojo, etc. Donc, c'est vrai que le jardin, c'était une évidence parce qu'on est quand même à la campagne.
- Speaker #0
Alors, vraiment top ton village.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai qu'il y a une belle politique sur le village. En termes de cheminement, ils ont fait des cheminements doux. Donc c'est vrai que nous, on a de la chance, la crèche étant implantée entre tous ces espaces, on a quand même possibilité de sortir à pied quand on peut. Parce qu'on sait que les réglementations pour sortir avec les enfants, ce n'est pas simple. Donc ça ne mobilise quand même du monde. Mais on a la chance d'avoir des chemins qui ne sont pas autorisés aux véhicules. Après notre jardin, étant donné qu'on est dans les bouches du Rhône, on a quand même le beau temps. mais on a aussi des contraintes. Donc c'est vrai que nous, avec l'équipe, on s'est adapté aussi au climat, puisqu'il faut prendre en considération que l'été, il fait extrêmement chaud, qu'on est plein sud, donc c'est vrai qu'avec le sol souple, c'est très chaud, donc on ne peut pas forcément sortir quand on veut. On a une pergola, mais voilà, ça ne protège pas non plus l'ensemble du jardin. On a aussi les contraintes, depuis 2-3 ans, des moustiques, qui nous gâchent un petit peu le plaisir quand on sort. Donc c'est vrai que l'équipe s'adapte en fonction... tout ça en fonction de la chaleur, en fonction des contraintes, le vent aussi. Et c'est tout naturellement depuis l'ouverture de la crèche que, étant donné qu'on a un jardin qui est quand même propre, elles ont commencé à sortir le mobilier. Ça a commencé par le coin voiture, le coin dîner, et puis le matin, elles faisaient les accueils dehors. Tout naturellement, ça s'est fait. Et puis on passait, quand on pouvait, on passait vraiment la journée dehors. Alors on n'en est pas nous à faire la sieste dehors, c'est pas quelque chose qu'on a mis en place pour diverses raisons. Mais c'est vrai que les activités peuvent se faire dehors. Et puis, on a la chance aussi d'avoir des grandes portes vitrées. Donc, on peut les laisser ouvertes et faire du dedans dehors. On n'avait pas forcément de mobilier à l'extérieur. Au début, on n'avait pas les moyens non plus d'en acheter. Donc, progressivement, l'équipe a commencé à mettre sur sa liste si on pouvait avoir un coffre de jardin pour ranger. Est-ce qu'on peut acheter des gros Legos qui resteraient dehors ? Est-ce qu'on ne pourrait pas avoir des poupées qui resteraient vraiment dehors ? pour éviter de faire du dedans-dehors avec le mobilier, c'est compliqué quand même en termes de logistique. On a commencé comme ça, et puis on a fini par acheter aussi des tables avec des bancs pour éviter de sortir les tables de l'intérieur à l'extérieur, parce qu'on le sait, dans les crèches, on n'est pas en surnombre.
- Speaker #0
C'est la question que j'allais te poser. Je me disais, elles font de la manutention, donc elles sont combien ? Elles sont 10, 12 ?
- Speaker #1
Pas du tout. Non, non, pas du tout. On est dans les réglementations. Alors, on n'est pas sous-dosé, c'est-à-dire que nous, notre agrément, on a choisi en termes d'encadrement le 1 pour 5 qui ne marche pas et le 1 pour 8 qui marche. Donc, c'est vrai que nous, dans la section des plus grands, ils peuvent être jusqu'à 14 et chez les bébés, donc une dizaine. Donc, ça dépend des jours puisque nous, on accueille 22 enfants par jour avec notre agrément de 20. Donc, elles sont 2 et 3 au moment, dans les temps forts de la journée par section. Donc, c'est vrai qu'on n'est pas en surnombre, mais... On s'adapte, on s'organise.
- Speaker #0
En tout cas, il y a eu vraiment cette volonté d'adaptation avec de l'achat progressif de matériel. Donc, il y a un investissement, mais qui n'a pas été énorme d'un coup, puisque à chaque commande, à chaque budget de matériel, vous avez fait des achats complémentaires, si j'ai bien compris, au fil des années.
- Speaker #1
Exactement, ça s'est fait au fil des années. En fait, on ne s'est pas dit, on fait une pédagogie de la nature, on fait ça. Ça a été vraiment naturel au fur et à mesure des années. Et on a aussi fait jouer beaucoup la récup, le réseau. On a récupéré des choses de chez nous, on a emmené, on a vu que ça fonctionnait, ça ne fonctionnait pas. Pour les jeux d'eau, par exemple, nous, c'est quelque chose qu'on met en place dès le mois de mai-juin. Dès qu'il fait beau, en fait, on sort les jeux d'eau. On n'avait pas du tout de superbes bassines comme ils font là sur pied. On n'avait pas tout ça, on n'avait pas les moyens. Donc, on a fait avec les moyens du bord, avec des bassines, des barquettes, de la récupération de nos livraisons de repas. Enfin, voilà, ça a commencé comme ça. On s'est fait prêter aussi par d'autres crèches qui avaient ce matériel-là. Et puis finalement, avec des actions qu'on a fait aussi avec les familles, on a fait une foire à la puriculture, on a vendu des photos, on a fait venir une photographe qui a fait des photos des enfants, qui nous a fait des prix sur les packs photos. Avec tout ce petit budget à côté, on a priorisé nos achats. Alors on ne fait pas que de l'achat pour l'extérieur, bien évidemment, mais on a priorisé nos achats et petit à petit, en huit ans, on commence à avoir suffisamment de matériel pour l'extérieur.
- Speaker #0
Tu disais par exemple que vous aviez acheté des tables et des chaises pour l'extérieur. Typiquement, ça, ça n'existe pas vraiment sur le mobilier de crèche. On ne trouve pas de table d'extérieur. Qu'est-ce que tu as acheté ?
- Speaker #1
Alors, sur les tables d'extérieur, on a eu vraiment une contrainte budgétaire parce qu'au départ, on voulait vraiment acheter quelque chose en bois avec des petits bancs, etc. Sauf que c'était vraiment hors budget.
- Speaker #0
Ça s'abîme le bois.
- Speaker #1
Ça s'abîme, il y a les échardes, etc. Donc, on est parti sur du mobilier en plastique, un basique qui est démontable. On fait marcher aussi toute l'équipe. Si on cherche, on regarde, on va faire un peu les magasins, se dire que ça, on a vu en termes de coût, en termes de durabilité aussi. Parce que c'est pareil, on n'a pas de cabane de jardin, on a juste des coffres de jardin. Donc, il faut qu'on puisse réfléchir aussi à comment on stocke le matériel. Parce que c'est bien beau d'acheter, mais après, si on ne peut pas stocker... Et donc, on a acheté des petites... de table avec des petits bancs à tenon. On a acheté quatre petites tables. Elles sont adaptées ensuite aux tout-petits parce que tout ce qu'on trouvait, c'était trop haut. Alors, on est une crèche qui a deux sections, une section de petits, une section de moyens-grands. Mais on travaille énormément sur le mélange des groupes. Les enfants sortent ensemble. On a des moments où les sections sont mélangées. On a des temps vraiment communs. Et donc, il était important aussi que les plus petits puissent se servir de ce mobilier-là sans danger.
- Speaker #0
Mais justement, comment t'as fait ? pour trouver la bonne hauteur de table et de chaise. Moi, c'est vrai que je recommande toujours de partir du 0-0 quand même quand on achète. Parce que combien de fois j'ai vu des tables et des chaises beaucoup trop hautes dans les crèches où il n'y avait pratiquement aucun enfant qui arrivait à toucher le sol avec la hauteur de table qui avait été achetée. Moi, je pense qu'il vaut mieux avoir à choisir plutôt que du petit, plutôt que de choisir du moyen qui n'ira à personne. Mais là, en fait, ce que tu dis, c'est qu'il n'y avait pas la bonne hauteur de table en plastique sur... les achats de la grande distribution, puisque tu n'avais pas de matériel spécial crèche.
- Speaker #1
Je ne sais pas si on peut le dire, mais on a trouvé chez un géant Amazon. On a mesuré les chaises qu'on avait, on a mesuré les enfants avant de pouvoir commander et on a trouvé...
- Speaker #0
Tu peux le dire, c'est intéressant. En fait, si on essaye de trouver le matériel outdoor, c'est une vraie question, parce qu'on a fait une interview avec Plantine, qui a des crèches semi-pleinaires, vraiment agréées semi-pleinaires. Et justement, c'est un point qu'elle soulevait, où elle disait Aujourd'hui, il n'y a pas de mobilier spécifique. On est obligé d'adapter des choses, de chercher à droite et à gauche. Et c'est vrai qu'en général, quand on fait des projets de ce type-là, on a certains idéaux. Et donc, potentiellement, on préférerait avoir des choses made in France ou du bois. Mais en fait, on se retrouve obligé d'aller sur Amazon et de trouver du plastique. Donc, ça, tu n'as pas eu le choix. Tu t'adaptes encore une fois. Et je pense que c'est un vrai projet qui pourrait être fait. Je sais que Mathou avait en tête. de sortir une gamme sur l'outdoor. Donc, on attend de voir ce que ça va donner. Ce que je retiens de tout ce que tu viens de dire, déjà dans un premier temps, c'est les contraintes que tu as eues, qui étaient plutôt matérielles. Donc, il y a d'un côté le climat, la chaleur, le vent. J'englobe aussi les moustiques. Mais donc, voilà, le climat. Et puis, tu as les contraintes de matériel avec ce jardin qui est synthétique, qui absorbe beaucoup la chaleur, qui la renvoie aussi beaucoup. Un matériel... depuis l'agriculture qui n'est pas forcément adaptée, donc il faut aussi trouver le bon mobilier, etc. De la manutention. Est-ce qu'ensuite, tu as eu d'autres contraintes ? Peut-être des contraintes dans l'humain ? Est-ce que l'équipe s'est approprié ce projet facilement ? Ou est-ce que ça a été un peu compliqué pour certaines personnes ? Qu'est-ce que tu as pu noter comme frein du côté humain ? Pour les pros, je dis, mais les parents, c'est pareil. Ou même les enfants, est-ce qu'il y a eu des enfants qui n'avaient pas envie ? Comment tu vois les freins humains ?
- Speaker #1
Étant donné que ça s'est fait très naturellement et progressivement, je n'ai pas eu de frein au niveau de l'équipe. Après, moi, je pars du principe aussi qu'il faut prendre en considération leurs envies, leurs envies et leurs sensibilités. C'est-à-dire que je ne leur impose pas. Je ne veux pas leur imposer non plus d'aller obligatoirement dehors tous les jours. Je pense que c'est elles aussi qui sont auprès des enfants. Alors, je m'y mets aussi parce que je suis aussi auprès des enfants. Mais voilà, étant directrice, je suis quand même souvent dans mon bureau. Je ne leur impose pas de choses. Je pense qu'il faut que ça se fasse naturellement dans leurs envies, dans les envies des enfants, dans leur observation. Et je leur fais à 100% confiance là-dessus. Après, oui, j'en ai eu certaines qui n'aimaient pas forcément aller dehors à certaines saisons. Le froid. ou quand il fait trop chaud. Mais en même temps, je peux comprendre, on n'a pas du tout les mêmes sensibilités chacune, au froid, à la chaleur, etc. Donc c'est vrai que je les laisse un petit peu gérer ça. Et ça se fait tout naturellement. Et puis dans les équipes, on a deux trinomes. Ensuite, on a mon agent de cuisine, mon agent d'entretien, mon infirmière qui sont là aussi. Et ça se fait vraiment naturellement.
- Speaker #0
Si j'ai bien compté, là, tu as cité 9 personnes, 3 par section. Donc 6 accueillantes, plus une infirmière, plus une agent de cuisine.
- Speaker #1
qui est polyvalente aussi, qui a aussi le poste d'animatrice, qui est allée sur les accueils du matin et qui est une demi-journée par semaine sur les sections. Elle est aussi diplômée. En tout, elles sont neufs. Plus moi, ça fait dix.
- Speaker #0
Plus toi, ça fait dix. Donc moi, c'était un peu le même cas quand j'avais mon association dans les années 2010. Moi, j'ai commencé en 2007, tu vois. Et on était entre neuf et dix. Allez, parfois huit, parfois dix. Ça pouvait un petit peu osciller selon les périodes, les recrutements en cours et tout. Mais bon, pour 22 enfants, Tu disais tout à l'heure, on est dans les... taux. En fait, on est dans les taux, mais sauf que dans ces crèches-là, on a aussi tout ce qu'il y a autour des accueillants qui sont accueillis à 100%. Les polyvalents, l'infirmière, l'agent de cuisine, etc. Et donc, en fait, on se retrouve avec quand même plus de monde pour penser l'accueil, pour élaborer, pour soutenir l'équipe de terrain. Donc ça fait quand même une sacrée différence. En tout cas, il n'y a pas eu de frein au niveau de l'équipe parce qu'elles ont été amenées progressivement vers le projet. et que ça s'est fait en fait ensemble. Mais tu dis, il y a quand même des pros qui n'aiment pas, etc. Moi, c'est vrai que je suis toujours un peu sceptique sur le côté je les laisse s'organiser parce que j'ai pu voir aussi, j'ai géré quand même un certain nombre d'équipes, des équipes où quand tu les laisses entre guillemets gérer, personne ne sort. Soit parce qu'elles n'ont pas envie. Bon, ça, c'est un peu la conclusion hâtive de se dire elles n'ont pas envie, elles ont la flemme. Mais aussi parce qu'elles ne savent pas trop comment faire. parce que oui, si je n'aime pas trop... qu'en plus, j'ai l'impression que ça va être compliqué, je ne sais pas trop comment m'organiser avec tout le groupe, il faut se rhabiller, etc. Eh bien, peut-être que je vais lâcher le morceau et puis me dire, on verra ça une autre fois ou quelqu'un d'autre le fera. Donc toi, quand tu dis, je les laisse faire, en fait, tu as quand même mis des choses en place, tu as jalonné le parcours où vraiment, tu les laisses faire et ça marche quand même.
- Speaker #1
Ça s'accompagne. On est une équipe où on se parle beaucoup. La discussion est hyper importante dans notre équipe.
- Speaker #0
Il y a des temps de réunion. Oui.
- Speaker #1
on a des temps de réunion et puis moi je suis toujours partie du principe qu'on passe plus de temps sur notre lieu de travail que limite chez nous et que si on n'a pas une équipe qui s'entend bien si on a une équipe qui est tendue et qu'il n'y a pas cette cohésion on ne passe pas des bonnes journées et ça devient compliqué donc c'est vrai que je n'ai pas un management directif je suis plus dans le management participatif et j'écoute énormément leurs idées et on arrive toujours à trouver on fait des concessions voilà je pense qu'on est une équipe qui fait des concessions sur notre façon d'accueillir Merci. Et quand il y a des moments où, effectivement, là, cet hiver, on a eu beaucoup plus de mal à sortir parce qu'on a eu des conditions météorologiques qui n'étaient pas top, parce qu'on a un groupe parfois qui peut être difficile aussi. Et c'est vrai qu'en termes d'organisation, on va prendre l'hiver, de mettre les manteaux, les colles, les chaussures à tout le monde, de sortir, ça demande une organisation incroyable. Mais j'essaye de les amener sur le côté aussi que tout acte, toute chose qu'on fait avec les enfants. est intéressante. Et donc, s'habiller, mettre les chaussures, c'est une activité à part entière, c'est travailler l'autonomie des enfants, c'est passer un moment privilégié avec les enfants. Et toutes ces petites contraintes-là peuvent être aussi retournées, détournées, on va dire.
- Speaker #0
Je suis 100% d'accord avec toi là-dessus. Le fait d'utiliser ce temps de transition, au lieu de se dire, c'est une corvée, il va falloir s'habiller 10 enfants, c'est vraiment de s'organiser pour que ce soit une activité d'habillage avec vraiment des compétences qu'on utilise. et puis des encouragements, des bons moments avec l'enfant.
- Speaker #1
Et puis les écouter aussi. Quand en réunion, elles me font remonter que ça a été très compliqué les dernières semaines, qu'elles se sont senties désorganisées pour telle ou telle chose. C'est travailler ensemble aussi, de se dire comment on peut réorganiser, comment je peux vous aider aussi. Je sais que moi, mon bureau était juste à côté de l'espace où on a les porte-manteaux, les chaussures, etc. On a beaucoup tâtonné à savoir comment on allait organiser cet espace-là, pour les chaussures notamment, qu'est-ce qu'on fait. Et finalement, on a acheté un petit chariot à roulettes. Alors, on a fait plein de tests. On a acheté une boîte au début. Enfin, voilà, on a beaucoup tâtonné. Donc, avec leurs réflexions aussi, avec leurs observations. Et c'est vrai que cet espace est juste à côté de mon bureau. Donc, bien évidemment, quand je les vois arriver seuls, avec leur groupe de huit, pour mettre les chaussures, les manteaux, etc., bien évidemment que je vais leur donner un coup de main. En fait, on travaille vraiment main dans la main. Donc, je les laisse faire oui, bien sûr, parce que je ne vais pas arriver dans la section leur disant « Alors là, il fait beau, pourquoi vous n'êtes pas dehors ? » parce qu'en fait, elles sont en train de passer un super moment avec les enfants et que le groupe est bien. Donc voilà, elles retardent un petit peu la sortie. Puis il y a des fois où j'arrive, j'arrive à 8h30 ou 9h. Puis en fait, je me rends compte qu'elles ont tout organisé dehors et qu'elles font les accueils dehors.
- Speaker #0
Oui, en fait, dans ce que tu décris, tu as vraiment une équipe qui a intégré cette démarche. Donc il n'y a plus besoin de donner la directive tous les jours, etc. C'est intégré, ça fait partie de leur quotidien. Et c'est un peu l'objectif. Quand tu commences à faire des process, et à devoir systématiser des choses et que tu es très directif au début. Pour des équipes, le but souvent, c'est que ça devienne un réflexe, que ça devienne naturel et qu'on n'ait plus besoin de le rappeler tous les jours. Et là, j'ai l'impression que dans ton équipe, c'est le cas. Je trouve ça hyper intéressant ce que tu dis. Toi, tu as l'impression que tu dis ça comme si c'était normal. Mais en fait, c'est intéressant pour les managers, les gestionnaires aussi, d'entendre toutes ces petites recherches que tu as fait, les petits tests avec le chariot de chaussures. Est-ce qu'on met les chaussures sous le banc ? Est-ce qu'on les met dans un chariot ? Est-ce qu'on les met dans une boîte ? Ça, c'est du vécu. Moi, je l'ai vécu, les mêmes recherches. En fait, il faut aussi être là pour faire tous ces tests, soutenir l'équipe dans ces démarches-là parce que c'est aussi aux gestionnaires et aux managers de permettre toutes ces réflexions et puis savoir dans quel matériel il vaut mieux investir. Est-ce qu'il vaut mieux avoir une boîte ou un chariot ? Je me souviens d'une crèche où on avait acheté un grand panier avec des roulettes parce que l'entrée... de la crèche où il y avait toutes les chaussures et tout, elle n'était pas au même endroit que l'entrée du jardin. Et donc les équipes, elles venaient avec leurs petits chariots à roulettes, elles mettaient toutes les chaussures et les manteaux dedans et puis elles faisaient le tour pour emmener ce chariot-là à l'entrée du jardin. Ça a l'air de rien, mais ça change la vie au quotidien. C'est exactement ça.
- Speaker #1
Nous, l'entrée de la crèche, nous, on a une entrée de l'autre côté, en fait. Le jardin est vraiment de l'autre côté de l'entrée. Et ensuite, on a cette entrée qui est fermée. Et ensuite, on a un petit hall où on a les portes-manteaux, etc. Ça fait huit ans, mais ça fait longtemps qu'on réfléchit. Alors, c'est sûr, ça paraît rien, mais je pense que pour toute personne qui travaille en crèche, ça va leur parler. Quelle est la logistique ? Et puis, nous, dans notre projet, nous, on a un projet qui est basé sur l'autonomie des enfants, donc l'aménagement de cette entrée. Quand j'ai eu les plans de la crèche et que l'architecte m'a dit « bon ben voilà, allez-y, faites un peu la crèche que vous voulez, après on verra au niveau des contraintes » . Alors moi je ne suis pas architecte et donc il y avait des choses qui n'étaient pas du tout en corrélation avec la réalité. Mais moi je voulais vraiment un meuble d'entrée qui puisse permettre aux parents de poser les affaires d'un côté et à l'équipe de récupérer de l'autre. C'est des casiers à double entrée, j'avais vu ça en stage et j'avais trouvé ça formidable en termes d'autonomie, en termes d'ergonomie aussi pour les professionnels. Donc nous ce meuble de l'entrée donne sur la salle de bain.
- Speaker #0
Ah, t'as réussi à avoir ce meuble.
- Speaker #1
Exactement, donc merci Matou. Donc les enfants sont quand même assez autonomes. Et puis donc au début, on mettait les manteaux dans ce casier, les enfants allaient le chercher. Puis finalement, c'était compliqué, on n'investissait pas la petite entrée. Enfin, c'était vraiment compliqué. Et du coup, on a mis les parents aussi à profit. C'est-à-dire que le matin, on demande aux parents, quand ils enlèvent les chaussures de leur enfant, de mettre les chaussures sur le petit chariot à roulettes qui est dans l'entrée, de mettre les manteaux sur les porte-manteaux. Comme ça, quand nous, on arrive avec le groupe, tout est déjà prêt, les enfants. ont leur porte-manteau attitré avec leur photo, récupèrent leur manteau, essayent de faire le papillon pour mettre le manteau tout seul. Les chaussures, c'est pareil, c'est sur le petit chariot. Là, on est en train de travailler sur la rentrée prochaine, sur une... alors pas une charte, mais un petit document qu'on va distribuer aux parents sur l'autonomie des enfants et sur l'importance d'avoir des vêtements et des chaussures adaptées qui leur permettent de faire tout seul. Pas qu'on se décharge de notre rôle d'accompagnement, c'est pas du tout ça. mais c'est pour aussi permettre aux enfants de faire tout seul et d'être autonome. Et puis, on est en train aussi de travailler tout le trousseau qu'on va demander à la rentrée. Et on a rajouté les bottes en caoutchouc, les vêtements d'extérieur pour pouvoir sortir par tout temps, puisque ça, c'est aussi un des freins qu'on peut avoir pour sortir. Justement, les enfants vont se salir, les enfants vont être mouillés. Ça va nous demander de changer tout le monde. Ça va nous demander beaucoup de travail. Donc, tout ça, on est en train vraiment de réfléchir là-dessus. C'est vraiment notre prochaine étape.
- Speaker #0
Ton projet n'est pas encore terminé, tu es encore sur le chemin et c'est vraiment très concret ce que tu viens de décrire. Je pense que c'est un peu la clé de la réussite en crèche, moi c'est comme ça que je l'ai vécu. C'est aller observer sur le terrain, comprendre les contraintes, les enjeux, les freins, les échecs, qu'est-ce qui ne marche pas, qu'est-ce qui plante l'équipe en fait tous les jours. Et à chaque fois, on trouve une solution. Donc il y a eu une réflexion sur l'accueil, donc ça c'est le premier point que je trouve vraiment... Assez fondamentale. Tu vois, moi, j'ai fait une formation pendant trois mois à l'Institut Marie-Montessori. On avait fait cette formation avec notre coordinatrice, notre psychologue et puis notre développeuse Aurélie qui bosse avec moi sur le podcast aussi. Et on s'était dit à la sortie de cette formation, enfin pendant la formation et à la sortie, on s'est dit mais on va revoir toutes nos entrées et nos pièces de change parce que ce n'est pas des pièces si techniques que ça. En fait, c'est technique, mais ça doit devenir des lieux d'accueil à part entière avec cette recherche d'autonomie. et donc on a vraiment maximisé. les possibilités d'agir de l'enfant pour chaque action qui va avoir lieu dans sa journée. Donc là, toi, tu as pu avoir ce meuble qui communique entre l'entrée et la salle de bain. Alors, ce n'est pas toujours possible. C'est même assez rare que ce soit possible. Et puis, on ne peut pas changer notre salle de bain de place. Donc voilà, si on doit faire avec ce qu'on a, il faut trouver autre chose. Ça peut être, par exemple, des petits sacs où les parents déposent les affaires le matin. Et en fait, on va amener le petit sac dans la salle de bain plutôt que de le laisser dans l'entrée. Ça peut être différentes façons de faire. Mais vous, en fait, ce qui est intéressant, c'est que dès le matin, les parents vont déjà mettre les chaussures au bon endroit sur le chariot, alors que souvent, c'est les pros qui récupèrent les chaussures dans le casier de l'enfant pour les mettre sur le chariot ou d'autres manipulations. Donc, vous réduisez au maximum le nombre de manipulations et vous permettez aux enfants aussi de faire eux-mêmes des choses. Donc, toutes ces petites actions mises bout à bout, ça va faciliter le process de sortie et ça va aussi... avoir un impact pédagogique. Donc c'est gagnant-gagnant, bravo. Et puis j'aime bien aussi ton astuce pour la rentrée, faire une action de sensibilisation auprès des parents, parce que ça c'est quelque chose qu'on rabâche un peu en crèche, mais qui n'a pas toujours l'impact espéré. Donc tu vas en faire vraiment un projet à part entière, de dire à la rentrée, hop, on fait une action de sensibilisation sur l'autonomie de l'enfant et le rapport entre son matériel, donc ses vêtements, ses chaussures, comment il fait pour s'habiller. Et puis, vous embarquez les parents dans cette démarche avec vous pour que votre année parte déjà sur les bonnes bases avec le bon matériel. Parce que ça peut aussi avoir un gros impact. Nous, on a eu certaines fois l'enfant qui n'a jamais les bonnes chaussures ou l'enfant dont le parent ne sort jamais le blouson de la voiture le matin. Donc, il fait la sortie sans manteau. En fait, le parent ne se rend pas compte que lui, il a l'impression que ce n'est pas la peine de sortir le blouson pour faire trois pas entre sa voiture et la crèche. Mais en fait, nous, on a besoin du blouson après. Donc, il y a plein de cas comme ça.
- Speaker #1
C'est exactement ça. Ça épuise les équipes. Ça, je me suis vraiment rendue compte que ça pouvait vraiment avoir un impact sur le moral des équipes. De ne pas se sentir forcément soutenue par les familles qui, elles, pour le coup, ne se rendent pas forcément compte. L'histoire du manteau dans la voiture, c'est du vécu aussi. Nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a aussi une petite caisse de vêtements qu'on nous a donnés, qu'on nous a laissés, qu'on a récupérés de nos propres enfants. On s'est fait une petite malle comme ça avec des vêtements qu'on peut prêter aussi quand les vêtements ne sont pas forcément adaptés. Ou quand on a une petite fille qui arrive le matin avec un magnifique manteau blanc façon fourrure et on se dit « Oh là là, aujourd'hui, on a prévu de faire le potager » . Voilà, donc on essaie de s'adapter aussi à ça parce que c'est aussi une des réticences des parents pour l'extérieur. C'est « Là, là, il va avoir froid. Là, là, il va être malade. Oui, il va se salir. » Et c'est comment nous, on arrive aussi un peu à détourner ça. Mais au même titre qu'une activité peinture où chaque année, on a un parent qui nous dit « je préférais qu'il ne fasse pas de peinture ou de feutre parce que la robe de marque ou le petit t-shirt de marque, il a eu une petite marque, mais vous ne mettez pas de tablier » . Alors oui, on met des tabliers, mais on sait très bien que les enfants, ça passe au travers ou alors on a arrêté l'activité, on est en train de finir de la ranger et puis l'enfant revient sur l'activité et c'est à ce moment-là qu'il s'en met dessus. Je pense que c'est vraiment un travail main dans la main et que les parents doivent vraiment être sensibilisés à ça aussi. à notre quotidien et voir un petit peu nous ce qu'on vit. Et que, bah oui, quand on leur demande de marquer les chaussures de leur enfant parce qu'on a quatre enfants qui ont une paire de chaussures identiques, pas de la même pointure, et qu'on a l'enfant qui récupère la paire de chaussures ou alors qui veut la paire de chaussures Reine des Neiges et qui dit mais si, si, ce sont les miennes alors que c'est pas du tout les siennes. Bah le temps qu'on perd là, c'est vraiment dommage pour le reste de la journée en fait.
- Speaker #0
C'est important de se rendre compte que les parents derrière ça, c'est pas qu'ils veulent pas marquer les chaussures, c'est qu'ils comprennent pas. Ils sont débordés comme nous et ils ont l'impression que c'est des demandes qui sont un peu superflues. Parce qu'ils ne comprennent pas en fait. Ils ne se projettent pas du tout dans la crèche à se dire qu'il y a quatre paires identiques. Tout ça, c'est juste des malentendus finalement. Le professionnel ne se sent pas reconnu, pas soutenu. Le parent a l'impression qu'on lui casse les pieds. Il ne suffirait pas grand-chose pour que la mayonnaise prenne. Donc c'est un peu galvaudé, mais l'idée c'est quand même de communiquer. Et c'est ce que tu as prévu de faire avec ta petite campagne de sensibilisation de début d'année. Pour continuer sur cette interview, est-ce que tu peux nous dire l'impact de toutes ces actions ? Est-ce que tu utilises ça pour valoriser le travail quand tu fais par exemple un recrutement ? Qu'est-ce que tu mets en avant quand tu parles de ta crèche ?
- Speaker #1
On ne s'est pas mis d'étiquette crèche outdoor ou semi-plein air, etc. Parce que comme je le disais tout à l'heure, ça fait vraiment partie de notre quotidien. Et c'est tellement naturel. Après, oui, effectivement, j'en parle, j'explique. Si je prends l'exemple des familles, quand je reçois les familles pour les inscriptions, je leur explique. On a un jardin, on a la chance d'avoir un extérieur et que c'est quelque chose dont on profite. J'en parle avec eux parce que je veux aussi pouvoir entendre les craintes qu'ils peuvent avoir quand ils ont des tout petits bébés ou même des enfants plus grands. Après, sur les recrutements, généralement, moi, je fais toujours les entretiens à deux avec une de mes auxiliaires de puerre. Comme ça, on est deux sur l'entretien et je trouve que c'est beaucoup plus intéressant. d'impliquer l'équipe aussi dans les recrutements. On explique notre pédagogie, notre quotidien. Et au-delà de trouver quelqu'un qui a bien évidemment les diplômes et les compétences, on cherche aussi quelqu'un qui va avoir le savoir-être pour travailler avec l'équipe qui est en place. Et ça, je trouve que c'est très important. Et le fait de pouvoir profiter de l'extérieur, d'être partie prenante de nos projets sur l'autonomie, sur la motricité libre chez les bébés, sur les sorties qu'on peut faire, Les projets qu'on peut avoir, c'est quelque chose que je mets en avant. C'est important que les personnes qui vont venir travailler au sein de Picotty puissent avoir les mêmes valeurs et les mêmes envies que nous. Puis les professionnels, quand je leur ai parlé, quand je leur ai expliqué que je partais à Paris sur la table ronde, sur la nature, etc., ils m'ont dit « on ne fait pas plus qu'ailleurs » . Et je leur ai dit « en fait, si, je pense que ce n'est pas partout comme ça et que les réticences que peuvent avoir les gens à aller dehors partout, tout en ne pas se mettre de barrière, ce n'est pas partout. Et pourtant, qu'est-ce que ça a comme avantage sur le groupe, sur l'équipe, sur les enfants ? Enfin, dehors, on n'a pas du tout les mêmes limites, on n'a pas les mêmes objectifs, on n'a pas les mêmes observations. L'équipe n'est pas du tout positionnée de la même façon qu'à l'intérieur. Pour moi, ça n'a que des avantages.
- Speaker #0
Je pense qu'il y a vraiment un impact. Moi, je l'ai vécu aussi dans mes crèches. Et c'est vrai que ma première crèche, c'était un petit peu similaire à la tienne. C'était une crèche associative où on était nombreuses, puisqu'on était une dizaine. Il y avait 20 à 22 enfants par jour, donc très similaire. On avait deux grands jardins, nous on avait de la boue et tout ça, donc c'était encore plus rigolo. Mais voilà, il y a quand même plus de financement public dans les associations que dans certaines crèches privées qui ne sont pas associatives. Et donc on a moins de personnel, notamment on a beaucoup d'auditeurs qui ont des micro-crèches et qui ont moins de personnel. Toi, tu as quand même une équipe assez nombreuse. Moi, ce que je constate, c'est que ton projet, c'est un projet qui peut se faire assez simplement, mais qu'il faut quand même du monde pour le faire. Après, il n'y a pas de révolution. Tu as fait des choses pas à pas, avec du matériel simple, avec peu d'achats de matériel. C'est beaucoup de temps de pensée, de temps d'élaboration, de temps d'échange, d'ajustement, de réunion, etc. Et ça peut très bien se faire, mais il faut aussi mettre la main à la patte, je pense, en tant que manager et gestionnaire. pour que l'équipe soit soutenue dans ce projet. Est-ce que j'ai bien résumé ?
- Speaker #1
Exactement. Et je voulais juste rebondir. C'est vrai que nous, on est en nombre. Après, je pense qu'il ne faut pas culpabiliser les équipes quand elles n'y arrivent pas. Effectivement, le manque de personnel, on le sait, ça nous met en frein à beaucoup, beaucoup de choses. Comme tu le disais, il n'y a pas forcément besoin de gros investissements. Nous, on fait beaucoup travailler la récup. Et quand on ne peut pas aller dehors, on fait venir le dehors dedans. Ça passe par des tables sensorielles, par la saisonnalité, donc on essaye de récupérer des feuilles, des marrons, des pommes de pain pour l'automne. On fait des bacs sensoriels avec rien, on n'a pas de matériel dédié. Je récupère des barquettes à droite à gauche, on a des gens qui nous ont fait des dons. Les parents aussi, on met énormément les parents en contribution. Et de ne pas se mettre de... Nous, on ne s'est pas mis d'objectifs irréalisables en fait. C'est pour ça que ça s'est fait progressivement, c'est qu'on s'est laissé le temps. Pas de se dire, on va faire quelque chose. qu'il faudra que ce soit parfait tout de suite, clé en main, parce que ça, ça ne fonctionne pas. Je n'ai pas une crèche idéale, mais on essaye d'avancer ensemble et je pense que c'est ce qu'il faut se dire. C'est de ne pas se mettre d'objectifs irréalisables, mais plutôt d'y aller petit à petit et de vraiment écouter les sensibilités de chacun et travailler ensemble.
- Speaker #0
Plutôt la politique des petits pas. En tout cas, pour ce que tu disais sur faire entrer aussi le dehors à l'intérieur, on a un épisode qui est sorti là en... avril avec Elena Barumerli sur justement comment profiter de la belle saison et où elle donne ses petites astuces et elle explique comment on peut faire. Ça peut être des petites choses assez simples que tout le monde peut faire. En tout cas, si je dois retenir une idée de ton témoignage, c'est qu'il n'y a pas besoin d'avoir la crèche parfaite, le jardin parfait, d'être dans la campagne, d'avoir une forêt, etc. On peut tous faire des choses à l'extérieur, à notre mesure et l'idée, c'est vraiment de s'adapter petit pas par petit pas, de s'adapter. de regarder ce qu'il y a autour de soi et de faire en fonction de notre terrain. Si tu devais donner un conseil à ceux qui nous écoutent et qui n'ont pas la bonne crèche, qui veulent s'y mettre, ce serait quoi ton conseil pour démarrer un projet fédérateur comme le tien qui donne envie aux parents, aux enfants ou aux équipes ?
- Speaker #1
De communiquer avec son équipe, de voir un petit peu parce que je pense qu'ensemble, on peut avoir des idées super chouettes. et de partir petit à petit et surtout de faire marcher, d'y aller avec les familles, avec les enfants, de mélanger un petit peu tout ça pour arriver à un objectif commun. Partir de l'idée, en parler, faire une petite info aux familles. Souvent, les familles ont des idées, ont des choses aussi à proposer. Nous, on s'est beaucoup nourris aussi des idées que pouvaient avoir les familles. Des fois, ils nous ont apporté des choses sans même nous en parler. Une fois, on a une maman qui nous a amené un bac potager en plastique qu'elle avait récupéré je ne sais où, mais énorme. avec une serre par-dessus, alors qu'on n'avait pas du tout prévu cet achat-là et cet investissement-là. Donc, il a fallu le remplir. Du coup, on a une autre maman qui a dit « Ah non, mais attendez, moi j'ai de la terre, j'ai du terreau. » Et finalement, on a fait un super bac aromatique avec rien. Et c'était partie d'une idée d'une famille. Donc, de se nourrir de ça et surtout de ne pas culpabiliser, de ne pas y arriver. Parce que chaque petite chose est un pas et important, en fait, pour l'accueil des enfants et la bonne évolution de l'équipe.
- Speaker #0
Donc ne pas mettre la barre trop, insuffler une dynamique qui va permettre à tout le monde d'apporter ses idées. Peut-être pour démarrer cette dynamique-là, tu as une façon de faire, une astuce ? Tu fais quoi ? Tu fais une première réunion ? Tu envoies un courrier d'information ? C'est quoi quand tu veux démarrer, quand tu veux informer et récolter des infos et récolter des avis ? C'est quoi ? C'est une réunion ?
- Speaker #1
Pour l'équipe, souvent ça se fait de façon informelle, à la salle de pause ou sur le temps de sieste quand on a des petits échanges entre nous. Donc on glane un peu les infos, on utilise le tableau aussi de la salle du perso, on écrit des petits mots en se disant « quel qu'il y a une idée ? » ou on met les petits post-it, etc. Une fois que ça a bien pris, on fait un petit mail aux familles. Donc généralement, j'écris le mail, mais je vais voir l'équipe en leur disant « qu'est-ce que vous en pensez ? Est-ce que vous auriez des choses à rajouter ? » On a aussi, nous, un Facebook de la crèche. Donc voilà, on communique également sur ce lien-là parce que les réseaux sociaux, c'est plus simple pour les familles que le mail. On fait un petit affichage aussi. On essaye de mettre un maximum de canaux de communication pour que chacun puisse se saisir de celui qui lui convient. Et puis, on fait des petits rappels. Et surtout, pendant les transmissions, puisque c'est le moment privilégié où on voit les familles, là, on glisse aussi un petit mot aux familles. en leur disant « vous avez vu le petit mot ? Qu'est-ce que vous en pensez ? » Et ça se fait comme ça en fait. Alors on n'arrive pas à mobiliser absolument toutes les familles, ça c'est dans un monde idéal, on n'en mobilise pas certaines fois, pas beaucoup. Mais le peu qu'on arrive à mobiliser, ça fonctionne. Et puis souvent, on fait une petite action, puis on se rend compte qu'il n'y a pas grand monde qui a participé, il n'y a pas grand monde qui a donné son avis ou qui a donné des idées, etc. Et puis en fait, le fait que ça grossisse un peu, les parents, des fois, on fait des petits montages photos en disant « Voilà, regardez, on a fait le potager. Merci à la maman d'Intel d'avoir amené de la menthe. » Et du coup, les parents, ah ben mince, oui, c'était ça. Bon, attendez, je vous amène.
- Speaker #0
C'est beaucoup, beaucoup de communication, en fait.
- Speaker #1
Pour moi, c'est la clé. La communication, c'est la clé de la réussite. Sans communication, on n'arrive à rien. Et communiquer, comme on communique avec les enfants au quotidien, communiquer avec leur famille, parce que voilà, moi, l'accompagnement, la parentalité, c'est important pour moi. Et j'estime qu'on n'est pas une garderie où, voilà, on a les enfants, puis on les rend à leurs parents le soir, et voilà. Et on est associatif, donc les parents sont de toute façon, dès le départ, c'est très familial. On leur dit, moi, c'est une des premières choses que je leur dis.
- Speaker #0
Tu me rappelles vraiment ma première crèche associative que j'ai gérée de 2007 à 2016, quand on nous a repris malheureusement la maison dans laquelle on était installés. Petit aparté sur mon passé de gestionnaire de crèche associative. Je revois en toi la première éducatrice de jeunes enfants qui m'a donné... appris ce métier, ce beau métier avec passion, avec cœur et quelqu'un de terrain comme toi qui parle de la communication avec l'équipe. On voit que tu es très présente auprès de ton équipe. On voit que tu incarnes les valeurs et les concepts que tu leur demandes d'appliquer. Quand tu parles de communication, je vois que je pourrais faire encore trois autres épisodes avec toi sur les transmissions. Il y a énormément de choses qui sont très incarnées dans ton discours. Donc, je retiens vraiment de ton témoignage cette dynamique collective. Je te remercie d'être venue témoigner sur le podcast et raconter l'histoire de Picotti. Et puis, dès que tu as envie de parler d'un autre sujet, tu es toujours la bienvenue sur le podcast. Donc, je te dis à la prochaine Julie.
- Speaker #1
Merci beaucoup.
- Speaker #0
À bientôt.
- Speaker #1
À bientôt.