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Référence Petite Enfance: les clés du travail en micro-crèche

97. Il lève 10 millions par an pour les crèches ! Tanguy Desandre

97. Il lève 10 millions par an pour les crèches ! Tanguy Desandre

55min |16/06/2025
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Description

Chaque année, il reverse plus de 10 M€ aux crèches. Acteur discret mais décisif pour le financement du secteur, mon invité soutient les gestionnaires indépendants qui peinent à remplir et équilibrer leur structure.

Son objectif : financer la qualité, pour que chaque parent puisse bénéficier du meilleur accueil pour son enfant.


Bonne écoute !


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MERCI ❤️


Montage : Aurélie Clément

Écriture & Voix : Amale Cosma

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. Je suis ravie de t'avoir sur le podcast Tanguy depuis le temps qu'on se connaît. Les auditeurs, je pense qu'ils te connaissent tous, donc j'ai envie de dire, on ne te présente plus, mais présente-toi quand même en deux mots.

  • Speaker #1

    Donc je suis Tanguy Dezendre, j'ai 49 ans, j'ai créé une entreprise qui s'appelle Les Parents Zen avec ma femme Marine il y a 15 ans. Et Les Parents Zen, c'est une entreprise qui... qui propose des réservations de places en crèche aux entreprises et qui réserve ces places en crèche à 4500 crèches qui sont partenaires chez nous partout en France.

  • Speaker #0

    Et avant, pour ceux qui t'ont connu comme moi il y a très longtemps, l'entreprise s'appelait Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Initialement. Et tu es un vieux de la vieille, j'ai envie de dire, parce que pour le secteur, tu me dis, je ne suis pas très connue. Bon, tu n'es peut-être pas connue dans le monde entier, mais dans le secteur quand même, tu es vraiment un pionnier du secteur parce que tu fais partie. de ceux qui ont démarré dans les années 2000. C'est quoi le tout début de ton parcours dans la petite enfance ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours rêvé d'être entrepreneur. J'avais ça dans le sang depuis tout petit. Je cherchais quelque chose à construire. Et puis un jour, en 2006, j'ai rencontré un jeune entrepreneur qui créait une des premières crèches privées en France. Il n'y avait pas encore beaucoup de startups à ce moment-là et du coup, beaucoup de gens le regardaient faire avec beaucoup d'admiration.

  • Speaker #0

    De start-up, tu veux dire en général ? Oui,

  • Speaker #1

    start-up en général.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas une époque encore où c'était aussi répandu de créer sa boîte, etc. C'était moins médiatique peut-être aussi.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas encore du tout médiatique. Mais justement, comme c'était un secteur complètement inconnu, les gens regardaient ça avec beaucoup de curiosité. Et puis, j'ai rencontré ce gars. Et après l'avoir croisé une ou deux fois, il m'a dit « Attends, toi qui as envie de monter ta boîte, viens m'aider à monter la mienne et puis voilà.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que c'était une rencontre amicale, c'était vraiment dans ton cercle privé. Oui,

  • Speaker #1

    c'était amical. Et puis c'est ce que j'ai fait, parce que je me suis dit la petite enfance c'est génial, en plus moi je crois beaucoup au mélange public, associatif, privé, je pense qu'on peut tous aller dans la même direction. Et voilà, c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    Donc par rencontre, tu t'es dit pourquoi pas la petite enfance ? Et est-ce qu'on peut avoir le nom de ce mystérieux pionnier qui était avec toi dans ces... premier temps de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Oui, lui, il est beaucoup plus célèbre que moi, et a raison, d'ailleurs, c'est Rodolphe Carles, de Babylou, c'est le co-fondateur de Babylou, avec son frère. Et effectivement, j'ai passé trois ans et demi chez Babylou à être co-ordinateur petite enfance, co-ordinateur de crèche.

  • Speaker #0

    Vous étiez combien au début ?

  • Speaker #1

    Au bureau, je crois qu'on était six ou sept.

  • Speaker #0

    Donc c'était vraiment les prémices. Oui,

  • Speaker #1

    ils avaient ouvert deux ou trois crèches quand je les ai rejoints.

  • Speaker #0

    Et quand t'es parti ? Trois ans après ?

  • Speaker #1

    120. Ah ouais ? En 2010, oui, presque quatre ans après, 120.

  • Speaker #0

    Un rythme incroyable. Je pense qu'aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le même rythme. Donc au début, tu arrives dans cette entreprise de crèche qui démarre, mais pas sur le même métier que ce que tu fais aujourd'hui.

  • Speaker #1

    J'étais coordinateur, donc il y avait des directrices qui géraient leur crèche. Et puis moi, on m'a demandé d'animer ces directrices. Alors c'était incroyable parce qu'elles m'ont tout appris. Moi, je ne connaissais absolument rien à la petite enfance. J'allais être papa, je ne l'étais pas encore. Donc c'est elles qui m'expliquaient leur métier, qui me faisaient aller sur le terrain. J'ai passé des dizaines de journées sur le terrain. Et puis moi, je les aidais pour tout ce qui était management, administration, recrutement.

  • Speaker #0

    Tu avais déjà cette expérience de gestion d'entreprise, de management.

  • Speaker #1

    De gestion d'équipe, oui.

  • Speaker #0

    Oui, de gestion d'équipe. écoute Tanguy c'est rigolo parce que j'ai l'impression qu'on a partagé cette même réalité. Parce que moi, quand je suis arrivée dans la petite enfance en 2007, donc un tout petit peu après toi, eh bien, je n'étais pas du tout de la petite enfance. J'étais présidente d'une association. Et donc, je me suis confrontée à l'éducatrice de jeunes enfants qui dirigeait le service. Et donc, c'est elle aussi qui m'a tout appris. Moi, j'étais là à son service. Donc, je pense que c'est un peu comme toi. Je voulais trouver des solutions pour elle, l'aider, l'écouter, la soutenir. Elle avait plein de problématiques parce que tu sais ce que c'est, gérer des équipes de terrain, ce n'est pas tous les jours un long fleuve tranquille et on doit tout le temps les aider, les soutenir. Et donc, je pense qu'on a appris le métier finalement de la même manière. Et moi aussi, je suis comme toi. J'ai trouvé ça génial d'avoir ce retour, ce feedback du terrain en permanence.

  • Speaker #1

    C'était passionnant. Et puis, on a fait des tandems avec les directrices qui étaient vraiment géniaux. D'ailleurs, il y a Marie Couronnet qui m'a appris énormément de choses, si elle écoute. Sophie Huillet aussi.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une amie commune qui s'appelle Madame Juaze.

  • Speaker #1

    Exactement, Sylvie, qui nous a rejoints aussi et qui, pareil, m'a appris énormément de choses. C'était une de mes collègues au bout de quelques années, Sylvie.

  • Speaker #0

    Moi, je l'ai connue par la PMI. Elle était ma référente, elle faisait mes visites d'agrément, mes visites de contrôle. Et maintenant, elle travaille à la municipalité à Massy. Alors, qu'est-ce qui a fait que tu aies passé de ce poste de coordinateur à tout d'un coup ce que tu fais aujourd'hui qui est complètement différent ? Parce que finalement, chez Babylou, ce n'est pas toi qui t'occupais de remplir les crèches, alors qu'aujourd'hui, c'est un peu ce que tu fais. Aujourd'hui, pour résumer pour les auditeurs, on peut dire que tu es celui qui remplit les places. Ce n'est pas ce que tu faisais au début.

  • Speaker #1

    Si quand même, donc mon métier c'était de m'assurer que la crèche fonctionne bien, avec la directrice qui s'occupe de l'équipe et des familles, et puis moi qui chapote plus ce qu'il y a autour. Et une de mes missions c'était quand même de faire en sorte que les crèches aient suffisamment de familles, voire de réservations d'entreprises. Donc on avait les premières réservations d'entreprises qui étaient faites par la pharmacie du coin par exemple, qui nous réservait un berceau. Et c'est là qu'avec Marine, ma femme, on s'est dit mais... Les places d'entreprise, c'est hyper bien, mais la plupart des entreprises ne savent absolument pas qu'elles peuvent réserver des berceaux. On pense qu'une crèche d'entreprise, c'est le fait d'ouvrir une crèche pour une entreprise donnée près de son siège, pour que tous les enfants des salariés qui en ont besoin aient une place dans la même crèche.

  • Speaker #0

    Mais déjà, au tout début, quand vous avez démarré, il fallait déjà savoir qu'il y avait des crèches privées, parce que ce n'était pas non plus connu de tous, c'était le début des crèches d'entreprise, des crèches privées. Et en plus, ce que tu dis, c'est que si on savait que ça existait... on ne pouvait pas forcément savoir qu'on y avait droit, qu'on y avait accès. C'est-à-dire que la plupart des gens pensaient que c'était réservé aux très grosses boîtes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. On a une maman qui nous demandait des informations à la crèche. À la fois, la directrice lui disait « Non, mais on ne peut pas vous prendre parce que si vous n'êtes pas salarié d'une entreprise réservataire, on ne peut pas vous accueillir. » Et puis la maman elle-même qui disait « Non, mais moi je ne peux pas parce que mon entreprise ne réserve pas. » Ou alors elle nous disait « Non, mais elle ne fera jamais ça. » Donc moi j'essayais de la convaincre, de lui donner des outils pour qu'elle le fasse. En disant, si, elle, ça va l'arranger cette entreprise, parce que d'abord, elle est très soutenue fiscalement, et puis ça va lui permettre de vous fidéliser, et puis ça va lui permettre d'attirer des nouveaux collaborateurs. Et donc, cette maman, elle était un peu reboostée, et elle allait voir son patron pour lui dire, tiens, mais j'ai trouvé une place en crèche, mais j'aurais besoin que tu participes, est-ce que tu penses que c'est possible ? Et ça a commencé à marcher. Avec Marine, on s'est dit, les crèches d'entreprise, c'est bien, mais... Elles ont deux défauts de naissance. D'abord, créer une crèche pour une entreprise donnée, ça veut dire réserver des places uniquement pour les salariés qui travaillent au siège. Et ça, pour nous, il y avait un problème fondamental, c'était un service qui n'était pas démocratique. C'était encore les salariés de siège des plus belles entreprises de France qui pouvaient bénéficier de la salle de sport, du restaurant, de la crèche, de la conciergerie. Mais c'est toujours les mêmes qui ont tout, donc pas possible. Et puis l'autre défaut, c'est que ces mêmes salariés, On les obligeait à s'occuper tout seuls de leur enfant, d'aller le déposer à côté du bureau le matin, les récupérer le soir, pendant que le conjoint, lui, il ne travaille pas au même endroit, donc il ne s'occupe de rien pendant trois ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça déséquilibre le couple parental.

  • Speaker #1

    Totalement. Et puis s'il y en a un qui s'occupe à 100% d'un enfant, ça va être la maman. Ça ne va pas être le papa.

  • Speaker #0

    Sauf si c'est le papa qui travaille chez L'Oréal.

  • Speaker #1

    Écoute, dans les faits, ça n'arrive pas. Donc le service, il est génial, il est plébiscité par quelques entreprises, mais pour l'utilisateur, il n'est pas encore abouti. Et nous on dit aux entreprises en fait, il ne faut pas que vous ouvriez une crèche rien que pour vous, il faut que vous réserviez des places auprès des gestionnaires, auprès des crèches, pour que chaque salarié ait sa place près de chez lui. Il n'a pas besoin d'aller avec des transports en commun sur le lieu de travail avec son enfant tous les matins, il a sa place à côté de chez lui, il partage la tâche avec le conjoint, on peut avoir une baby-sitter qui récupère l'enfant le soir, bref c'est beaucoup mieux. Et puis c'est un service qui est beaucoup plus démocratique. Parce que le boulanger du coin nous réserve un berceau pour son vendeur ou sa vendeuse, le pharmacien du coin. Ou alors LVMH nous réserve 50 berceaux pour 50 salariés partout en France. Du coup, c'est plus réservé uniquement aux sièges des grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est hyper intéressant. Mais il y a un truc que tu ne m'as pas dit. C'est-à-dire que là, j'ai compris pourquoi tu avais eu l'idée. Et c'est un peu ton côté créatif, ton côté entrepreneur où tu t'es dit tiens, il y a un truc à résoudre et j'ai une idée. mais par contre... Moi, ce dont je me souviens, c'est que dans ces années-là, puisque moi, je suis arrivée, comme je te dis, juste après toi en 2007. Donc, c'est la même période. Tu vois, moi, j'avais une crèche associative. C'était la mairie qui réservait les places. Il n'y avait pas encore de micro crèche en plus. Donc, il n'y avait pas d'autre système que le système PSU, c'est-à-dire le système dans lequel il y avait un tiers financeur. Et la plupart du temps, c'était la mairie initialement. Donc, qu'est-ce qui s'est passé pour que tout d'un coup, on aille chercher les entreprises ? Est-ce que vous, quand vous étiez en train de démarrer avec Babylou... Il y a eu un moment où ça a switché. Est-ce que ce n'était pas les mairies aussi qui réservaient les places quand vous avez démarré ?

  • Speaker #1

    Le modèle économique d'une crèche, en particulier d'une crèche PSU, ne peut pas fonctionner sans qu'il y ait un tiers financeur. Historiquement, c'est les mairies qui jouent ce rôle de tiers financeur. Soit elles animent leur propre crèche et ça leur coûte de l'argent, soit elles subventionnent l'association du coin ou l'entreprise privée du coin sous forme de DSP, par exemple. Mais en tout cas, il faut quelqu'un pour co-financer la crèche. La famille ne suffit pas. Et donc, avec l'arrivée des crèches d'entreprise, c'est l'entreprise qui vient remplacer la mairie comme tiers financeur, en tout cas compléter les places réservées par les mairies comme tiers financeur. Et nous, c'est ça qu'on apporte. Pourquoi est-ce qu'on va chercher des entreprises pour réserver des places ? Parce que les gestionnaires ont besoin de ces réservations d'entreprise pour équilibrer leurs comptes. Sans qu'il y ait de tiers financeur, une crèche PSU ne peut pas vivre.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois moi. Quand j'avais cette crèche associative, je me souviens très bien qu'on avait un prix qui était ridicule. Nos places, elles n'étaient vraiment pas rentables du tout. Donc, on était obligé de tout le temps tirer à droite et à gauche avec des bouts de ficelle de partout. On avait des contrats d'insertion. C'était vraiment une galère et beaucoup, beaucoup de bénévolat, dont le mien en tant que gestionnaire. Et en fait, la ville, elle ne payait vraiment pas cher du tout. Et je me souviens qu'ensuite, quand on a fait de nouveaux projets, etc., le maire me disait... mais vous vous rendez compte, on a de moins en moins de moyens, nous les mairies, on ne peut plus rien faire. Donc j'ai fait plusieurs projets, notamment mon premier projet, c'était à Châtenay-Malabry. Je m'étais dit, je vais ouvrir une crèche de 30 berceaux. Mais en fait, la mairie, elle m'a dit, mais vous vous rendez compte, on n'a pas ces budgets-là. Je crois que je leur avais parlé de 10 000 euros x 30 places. Et en fait, la mairie, elle te dit, attendez, 300 000 euros sur mon budget ? Mais non, ce n'est pas possible. Donc il y a eu... Je pense qu'il y a eu un moment de bascule. Alors, est-ce que c'est les mairies qui n'avaient plus de moyens ou est-ce que c'est plutôt qu'elles se sont dit « Ah tiens, mais il y a un nouveau dispositif avec ces entreprises qui peuvent financer les crèches » et qu'elles ont vu la porte de sortie pour elles en se disant « On va saisir cette opportunité pour faire basculer ça sur les entreprises » . Je ne sais pas. Est-ce que pour toi, c'est les mairies qui avaient moins de moyens ou c'est plutôt les mairies qui se sont dit « Tiens, on peut peut-être se décharger de ça sur le privé » .

  • Speaker #1

    Je crois qu'il y a un peu de ça. Il y a aussi le fait que le privé a ouvert beaucoup de crèches. Donc les mairies qui avaient de l'argent, elles ont quand même pas mal participé. Moi, j'étais basé en Ile-de-France. Il y a énormément de mairies de la Petite Couronne ou de la Grande Couronne qui ont ouvert des crèches avec le privé, qui les ont subventionnées. Et puis, c'est vrai que les autres, elles avaient besoin d'avoir d'autres solutions. Et l'arrivée de ces réservations de places d'entreprise a été un bol d'air absolument immense pour... ajouter ces tiers financeurs nécessaires ?

  • Speaker #0

    C'est une grosse évolution du secteur, cette ouverture au privé et au financement privé aussi. Ce n'est pas juste qu'on avait le droit d'ouvrir des crèches privées, parce qu'effectivement, il y a cette nouveauté-là. C'est-à-dire que d'abord, les crèches, c'était que du public, ce n'était pas du privé. Et puis là, tout d'un coup, on peut ouvrir des crèches privées. Et en plus, on peut les faire financer par les entreprises, on peut les faire financer par du privé. Donc, c'est des grosses évolutions du secteur. Est-ce que tu as vu d'autres évolutions sur les 20 dernières années. dans le secteur et qui ont eu un impact aussi important ?

  • Speaker #1

    Effectivement, la principale évolution, c'est l'émergence du privé qui a apporté non seulement des ouvertures de nouvelles crèches, mais qui a apporté aussi beaucoup d'évolutions, y compris sur l'accueil des enfants, sur la pédagogie, je trouve. Il a favorisé l'émergence des EJE dans l'organisation, parce que je vous parle d'un temps où uniquement les infirmières pouvaient diriger des crèches et d'ailleurs, elles voyaient d'un mauvais œil le fait que les éducatrices en dirigent aussi. comme quoi l'histoire se répète quelques fois. Et puis, les entreprises privées ont aussi beaucoup travaillé sur toutes les pédagogies qu'on voyait à droite et à gauche, et ont fait énormément sur la pédagogie telle qu'on la vit aujourd'hui. Nous, on a apporté notre pierre à l'édifice, effectivement, en permettant à toutes les entreprises de France de réserver des places, et donc en permettant à des gestionnaires d'ouvrir des crèches dans l'espoir qu'ils aient quelques réservations d'entreprises pour équilibrer leurs comptes. Donc ça, ça... beaucoup fluidifier le système, le fait qu'on aille réserver des places et pas juste ouvrir des crèches d'entreprise. Je pense que ça a énormément fluidifié le système. Et puis l'arrivée des micro-crèches, pour moi ça a été aussi une phase extrêmement forte parce que ça a permis d'ouvrir des crèches en zone rurale. Moi je viens d'un village de 100 habitants, donc je connais très très bien le sujet. On voit des petites crèches qui ouvrent dans des bourgs de 500 ou de 1000 habitants et qui sont tout à fait adaptées aux besoins locaux. On voit aussi des micro-crèches qui sont arrivées en zone urbaine, où c'était extrêmement difficile de trouver un local de 300 m² de plein pied avec un jardin. Dans Paris, c'est exceptionnel d'en trouver un. Donc le fait de pouvoir ouvrir des micro-crèches, c'est génial. Ça permet d'arriver là où les besoins sont les plus importants. Voilà, pour moi, c'est les trois grandes évolutions.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a eu une ouverture de micro-crèches dans ton petit village ?

  • Speaker #1

    Non, pas encore dans mon petit village. Il y a 100 habitants, il y a une moyenne d'âge de 70 ans.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que tu essayes de rajeunir la population en créant de l'emploi là-bas.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Donc là, aujourd'hui, juste, il y a une petite école dans la mairie. Il y a 17 enfants pour les trois niveaux de maternelle et l'ECP réunis. Il n'y a pas de quoi faire une crèche.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas encore de quoi faire une crèche. Les évolutions les plus récentes du secteur, Tanguy, tu le sais comme moi, elles sont moins sympas que toutes ces innovations. Là, en ce moment, on vit vraiment une crise depuis deux ans. Ça s'est vraiment corsé. Bon, moi, je pense que la crise, elle existait déjà avant. Enfin, c'est une crise qui était un peu moins visible, mais on la sentait bien, nous, dans les crèches. Il y avait la montée d'une pénurie de professionnels. Il y avait la baisse des financements, donc de moins en moins de temps pour réfléchir à l'accueil. Un temps de plus en plus productif dans les crèches, etc. Mais en 2022, il y a eu un décès qui a choqué vraiment la France en entier et notre secteur en particulier, dans une crèche. Et depuis, c'est vraiment la crise, on attend des réformes. Là, la réforme, elle vient d'être publiée en avril 2025. Est-ce que toi, dans ton activité, tu as des menaces particulières ? Comment tu vis cette crise ? Et ce seraient quoi les menaces pour ton métier ? Est-ce que c'est les mêmes menaces que celles des crèches ? Ou est-ce que... à d'autres types de menaces qui planent sur ton métier ?

  • Speaker #1

    Nous, notre mission, c'est de démocratiser la crèche. Et c'est de faire en sorte, pour démocratiser la crèche, qu'un maximum d'entreprises réservent des places pour leurs salariés et participent ainsi à l'effort d'ouverture de crèches en France. Donc, quand le secteur va mal, nous, ça nous affecte. Tous nos partenaires vont mal, il y en a beaucoup qui ferment, il y en a qui cherchent à se vendre, qui ont des problèmes pour financer leur croissance, etc. ils nous le disent et puis il y a aussi des crèches qui vont mal et du coup on vit quelquefois des incidents malheureusement dans des crèches partenaires parce qu'ils ont du mal à recoter. Bon voilà, ça c'est l'environnement. Et puis pour nous, plus spécifiquement, on vend des réservations de place en crèche qui font bénéficier à nos clients d'un crédit d'impôt de 50%. Alors ça c'est une aide qui est absolument géniale et qui est indispensable au fonctionnement du secteur. Parce que quand on vend une place 12 000 ou 15 000 euros à une entreprise, elle va bénéficier de 50% de crédit d'impôt. C'est-à-dire que l'État va lui prendre un tout petit peu moins d'impôt que ce qui lui prend énormément par ailleurs. Il va lui rembourser 6 000 ou 7 500 euros d'impôt.

  • Speaker #0

    Le crédit d'impôt, parfois on l'appelle le SIFAM, c'est le crédit d'impôt famille. C'est un véritable moteur pour les crèches et pour la création de places en France.

  • Speaker #1

    Il est absolument indispensable. Il faut savoir que le SIFAM était de 25% entre 2004 et 2009.

  • Speaker #0

    Ça, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Il a été doublé en 2009. C'est là qu'il y a eu une explosion de réservation de places en crèche par les entreprises. C'est absolument nécessaire à l'écosystème, ce crédit d'impôt. Et puis je trouve que le système, il est vachement sain. L'État a dit aux entreprises, écoutez, nous on aimerait bien que vous subventionnez les crèches, que vous financiez les crèches. Si vous le faites, on vous rembourse 50% de la dépense. Bon, c'est faire. Toi, t'en prends la moitié, moi je prends l'autre moitié. Et ensemble, on va ouvrir plus de places en crèche pour les salariés qui sont des familles françaises.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est risqué parce que c'est comme tous les dispositifs de ce genre. Au bout d'un moment, l'État, il se dit non, mais ça me coûte trop cher. Stop, j'arrête.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça notre crise. C'est qu'en France, on a toujours des politiques ou des administratifs qui pensent que leurs prédécesseurs ont fait des conneries et qu'eux sont beaucoup plus intelligents que les prédécesseurs. Or, à nouveau, ce système, il est brillant, il est simple. Mais c'est ça aussi qui dérange les gens, c'est qu'il est hyper simple.

  • Speaker #0

    Il a un impact direct, on a pu le voir. toi tu l'as vu surtout quand ils ont passé le crédit d'impôt de 25 à 50 %, et c'est super intéressant, ça a complètement changé les choses.

  • Speaker #1

    Ça a complètement changé les choses. Pour nous, ça nous a permis d'expliquer aux entreprises qu'effectivement, il y avait un deal qui était simple avec l'État, de prendre en charge la moitié de la réservation d'une place en crèche. Et puis là, cet hiver, en janvier, il y a eu une publication de rescrit fiscal par le ministère des Finances qui disait que ces réservations de place en crèche ne font plus bénéficier du crédit d'impôt de 50 % Si. Les entreprises qui réservent des places passent par un intermédiaire comme nous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est-à-dire que si c'est les parents zen qui s'occupent de la réservation de places pour ma micro-crèche, l'entreprise qui réserve n'a plus droit au crédit d'impôt. Donc elle est complètement sanctionnée, pénalisée.

  • Speaker #1

    Exactement. Or, c'est un énorme problème parce que nous, on réserve 1000 places chaque année auprès de gestionnaires de crèche. Ça veut dire qu'on finance chez les gestionnaires de crèche 1000 berceaux un peu partout en France. Et l'immense majorité de ces gestionnaires... ne peuvent pas aller vendre leur place directement à nos clients. Parce que nos clients, c'est qui ? C'est la Banque Populaire Cazepane, c'est des Vinci, des Louis Vuitton Moet & C, LVMH. C'est des énormes entreprises comme ça. Et ça, un gestionnaire qui a deux ou trois micro-crèches en Ardèche, il n'a pas accès à ces entreprises-là. Et puis nos autres clients, C'est à nouveau le boulanger du coin, le pharmacien du coin. Mais le gestionnaire de crèche, il ne sait pas aller convaincre le pharmacien qu'il peut réserver une place en crèche, bénéficier d'avantages fiscaux, etc.

  • Speaker #0

    Là-dessus, je te confirme parce que tu sais qu'Aurélie et moi, chez Références Petites Enfances, on les forme notamment sur ces sujets. Et non seulement ils ne savent pas que ça existe, quand ils savent que ça existe, ils ne savent pas le faire. Et quand ils le font, ils n'ont pas beaucoup de temps pour le faire. Et moi, je dois dire que dans nos crèches, On avait un très bon taux de réservation d'entreprise puisqu'on avait 65% de places entreprises sur nos 130 places. Mais en réalité, il y en avait sur les 65%, on arrivait à en convertir nous 15%. Et les 50 autres pourcents, c'était via des parents zen, etc. D'ailleurs, je vais te poser une question à laquelle tu vas me dire que je n'ai pas la réponse. Est-ce que tu sais, sur l'ensemble des places qui sont réservées par des entreprises aujourd'hui en France, la proportion qui est réservée en direct, c'est-à-dire via directement le gestionnaire ou son équipe, et la proportion qui est réservée par un intermédiaire comme vous.

  • Speaker #1

    En fait, chez les quatre très grands gestionnaires français, eux, ils ont leurs équipes et presque la totalité de leurs berceaux sont réservés par eux-mêmes. Et puis, chez les autres gestionnaires, il y en a très peu qui ont des forces commerciales. Donc, il y en a très peu qui réservent pour eux-mêmes. Nous, on a même beaucoup de gestionnaires qui nous disent Ah, mais j'ai une entreprise à côté de chez moi, j'accueille un salarié de cette entreprise, est-ce que vous pouvez m'aider à leur faire réserver la place ? Parce que moi, je sais que je pourrais le faire, mais je n'ai pas le temps. Nous, on accompagne énormément de gestionnaires qui nous disent, soit, en fait, j'ai besoin de vous, les parents zen, parce que j'ai besoin de votre réseau de présence partout en France. L'entreprise qui est à côté de chez moi, elle a trois sites partout en France, moi, je ne peux pas répondre aux trois sites, donc voilà. Soit, faites le travail, parce que moi, je ne sais pas bien expliquer les sujets fiscaux, les sujets d'organisation, de commission d'attribution, de machin. Bref, faites le boulot. Et ça, il y a énormément de crèches qui nous contactent pour ça.

  • Speaker #0

    Je reviens sur l'événement tragique dont tu as parlé. En janvier 2025, on a été très inquiets parce qu'on a vu ce rescrit sortir. On s'est dit, oula, c'est la fin du CIFAM. En tout cas, ça réduisait drastiquement le SIFAM, puisque le crédit d'impôt, il fallait aller chercher soi-même les places entreprises pour qu'elles y aient droit. Et donc, comme tu dis, il n'y avait plus grand monde qui pouvait se le permettre. Qu'est-ce qui s'est passé ? Rassurons les auditeurs !

  • Speaker #1

    Nous, on a appris ça le 8 janvier. Donc pour nous, en gros, c'est signé la fin de notre activité de réseau. On ne pouvait plus réserver de place en crèche, puisque sans le crédit d'impôt, les entreprises ne réserveront jamais une place en crèche si elles payent la totalité du coût du crédit d'impôt. Donc on a rencontré le ministère des Finances. On leur a expliqué que leur idée, ils pensaient que c'était une idée de bon sens. C'est-à-dire que je pense qu'ils nous voyaient comme des gens qui captent. simplement de la marge sur les berceaux et qui n'apporte pas de valeur ajoutée. Mais moi je leur ai expliqué que nous on représente tous les petits gestionnaires de crèche. Nos partenaires gèrent en moyenne 3,5 crèches. Donc la typologie d'un gestionnaire de crèche qui travaille avec l'épargne en zène, c'est un gestionnaire de crèche qui gère 2 micros ou 3 PSU, 5 crèches, voilà. Et donc lui, il n'a jamais d'équipe qui lui permet d'aller voir des grandes entreprises ou même des petites. Et donc on a expliqué ça et puis on a expliqué aussi que si nous ne pouvons plus réserver des berceaux d'entreprise à des petits gestionnaires, il n'y a plus que les grands acteurs qui ont une organisation qui leur permet d'être au contact des réservataires de place en crèche.

  • Speaker #0

    Ça disqualifiait en fait les petites boîtes de crèche.

  • Speaker #1

    Totalement, les petites boîtes de crèche, elles n'ont pas accès aux réservataires. Nous, on a toute une équipe qui nous met en relation quotidienne. avec des entreprises pour aller réserver des places en crèche. Des petites entreprises, des grandes entreprises, toute la journée, on ne fait que ça, les accompagner pour réserver des places, pour mettre en place un projet de parentalité dans leur entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est colossal en fait comme travail. Et je pense que ça, c'est quelque chose qu'on ne mesure pas forcément quand on n'est pas dans le banc. Oui,

  • Speaker #1

    nous, par exemple, on a quelquefois des cycles de vente de 4 ans pour avoir un nouveau client. Ce n'est pas rare, on a beaucoup de clients qu'on accompagne pendant des années. Parce qu'on propose nos services à un DRH qui nous dit « Ah bah oui, ça m'intéresse, mais là, il faut qu'il aille voir son comité de direction pour débloquer un nouveau budget. » Et puis ensuite, il faut mettre en place le système, la commission d'attribution, etc. Et tout ça, ça met des années. Et donc, tu imagines qu'il faut avoir énormément de patience et énormément de ressources pour pouvoir accompagner ces entreprises.

  • Speaker #0

    Petite digression avant que tu nous dises ce qu'est devenu le Rescrit. Tu vois, moi, j'ai eu des expériences malheureuses parfois avec certains réseaux parce qu'il y a eu des gens qui se sont dit « Tiens, mais ça a l'air super. » J'ai senti le filon, je vais créer ma plateforme de réservation de crèche. Et en fait, on se retrouvait avec une équipe de commerciaux qui essayait de vendre des places en crèche. Mais ça ne marchait pas très bien parce que nous, les familles, elles nous disaient « Dis donc, votre commercial… » C'était bizarre son discours. En fait, ça ne marchait pas parce que c'était des commerciaux qui essayaient de vendre un truc qui est hyper humain et ils n'arrivaient pas à comprendre le métier. Est-ce que ça, c'est des trucs que tu as déjà vécu dans tes recrutements ou est-ce que tu as réussi à instaurer vraiment cet esprit petite enfance ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'ai pas vécu ça dans mes recrutements, mais j'ai beaucoup vécu ça quand People & Maybe qui s'est dit « tiens, on va faire la même chose que les parents zen » . Et nous, à un moment, on avait besoin d'avoir un nouveau partenaire en Haute-Savoie, par exemple. On appelait le gestionnaire. Et ils nous disaient, ah oui, mais vous faites comme People and Baby. Ils m'ont appelé il y a un an, ils m'ont fait miroiter que j'allais gagner des fortunes, et je n'ai plus jamais eu de nouvelles depuis. Et en fait, pendant assez longtemps, on a eu des gens comme ça. Il y a eu Happy Company, c'était souvent avec des noms anglais. Happy Company, People and Baby, etc., qui essayaient de faire le même métier. Nous, non, on essaye d'être très patient, on essaye d'être très pédagogue.

  • Speaker #0

    Oui, tu as le sentiment que tes équipes comprennent bien le métier, et ont ce discours humain, et essayent vraiment de comprendre les familles.

  • Speaker #1

    Il faut comprendre les familles, il faut comprendre les gestionnaires de crèche aussi. Sinon, ça ne fonctionne pas. Et d'ailleurs, je crois qu'on a fait notre réputation là-dessus, sur le fait de porter de l'attention aux autres. Et ça marche bien. Oui,

  • Speaker #0

    je sais que tu étais très concernée par l'accompagnement, le soutien à la parentalité. Et d'ailleurs, c'est aussi dans cet esprit-là que tu avais changé de nom. Et je m'en souviens bien. Je ne sais plus en quelle année c'était. Tu vas peut-être me rappeler ça. Mais quand tu m'as dit, je vais changer de nom. Je vais appeler ma boîte Les Parents Zen. je t'ai dit mais non Tanguy c'est pas dans l'air du tout temps, il faut se recentrer autour de l'enfant, pas des parents, etc. Moi, j'en suis convaincue et toi, tu es convaincue par ton idée, ta vision. Je pense qu'en fait, toi, tu portes vraiment cette vision de soutien à la parentalité. C'était en quelle année déjà que tu as changé de nom ?

  • Speaker #1

    En 2022, il y a trois ans. Ça a été une décision assez courageuse de toute l'équipe parce que Ma Place en Crèche, le nom était déjà pas mal installé.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y en a encore qui t'appellent Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Mais même nous, quelques fois, on fait des lapsus. Bon, voilà. Mais... On a proposé d'autres services aux entreprises aussi qui ne concernaient pas forcément la crèche. Donc on avait besoin de changer de nom pour les parents zen. Et puis on a gardé cette colonne vertébrale de l'accompagnement des parents parce que ça faisait déjà 12 ans que tous les jours on se battait pour trouver une solution aux parents. Il faut quand même avoir en tête que la crèche a été inventée au moment où les deux parents dans un couple sont allés au travail. Donc la crèche est indissociable du fait d'avoir des parents actifs. Et donc, nous, notre rôle, c'est vraiment essayer de faire en sorte que les parents aient bonne conscience quand ils vont travailler, quand ils donnent à accueillir par un organisme comme une crèche. Eh bien, notre vœu, c'est vraiment qu'ils puissent être sereins. Et donc, ce nom, les parents zen, on l'aime énormément. Et cette mission, on l'aime énormément parce que si on pouvait donner bonne conscience aux familles tous les matins quand elles vont travailler, franchement, le tour est joué.

  • Speaker #0

    Se sentir en sécurité pour le parent, c'est primordial. en tout cas. Moi, je peux en témoigner parce que souvent, on diabolise un peu les crèches. On dit oui, mais il faudrait que le congé parental dure plus longtemps, le congé maternité, le congé paternité et tout. Et en fait, moi, je me souviens très bien quand j'ai eu ma fille en 2007. J'avais une trentaine d'années. Eh bien, j'adore ma fille. C'est l'amour de ma vie. Mais je n'étais pas au summum du bonheur et de l'épanouissement quand j'étais toute seule chez moi avec mon bébé. Et en fait, c'était difficile. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui n'osent pas le dire. mais qui vivent un peu cette petite dépression. Enfin, je dis petite dépression, mais parfois, c'est une vraie grosse dépression. Et en tout cas, moi, la crèche, ça m'a un petit peu sauvée. Voilà, fermeture de la parenthèse. Mais pour dire que je sais que pour toi, c'est un vrai pilier, cette valeur d'accompagnement à la parentalité. Moi, je suis beaucoup plus axée sur le service à l'enfant. Mais c'est vrai que pour moi, c'est toujours un gros mystère, un point d'interrogation. On dit l'accompagnement à la parentalité. Moi, j'ai toujours entendu ça. Il faut accompagner les parents, etc. Mais je n'ai jamais vu... quelqu'un qui m'explique vraiment comment je peux faire et c'est quoi l'accompagnement à la parentalité. Je crois que c'est parce qu'il y a encore tout à créer, et puis l'accompagnement à la parentalité, c'est absolument immense. C'est comme si tu parles d'accompagnement à l'enfance ou à la petite enfance. C'est un champ absolument infini. Mais déjà, leur trouver à nouveau une solution d'accueil qui leur permette d'aller travailler. Ensuite, que l'entreprise fasse tout. pour qu'ils se sentent bien à la fois en tant que parents chez eux et en tant que salariés dans l'entreprise et qu'ils puissent tout animer. Ça, c'est deux axes.

  • Speaker #1

    Parce que tu as exploré d'autres choses, tu n'as pas exploré que les crèches pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, on apporte aujourd'hui toute une gamme de solutions pour que les entreprises puissent mettre un cadre de travail le plus ouvert possible aux parents. Les parents dans une entreprise, c'est 89% des salariés. Et puis, on a même un service pour les salariés aidants. pour compléter cette gamme de services pour que chaque salarié qui s'occupe de quelqu'un d'autre dans sa famille puisse venir travailler dans les meilleures conditions. Donc là, on s'éloigne un petit peu de la crèche, mais ça nous permet effectivement, et c'est pour ça qu'on a changé de nom, ça nous permet d'accompagner tous les parents dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Alors, on s'éloigne peut-être un petit peu de la crèche, mais en même temps, je vois que c'est vraiment ton fil conducteur, cet accompagnement des parents. Et en fait, ça montre aussi tes valeurs fortes. Donc moi, je trouve ça intéressant. Et puis encore une fois. C'était un peu mon point d'interrogation pendant toutes ces années, de me dire comment on fait pour accompagner les parents à la parentalité. J'aime bien le fait que toi, tu essayes de répondre à cette question, parce que ça laisse quand même un grand flou. Quand on manage des équipes de terrain, et qu'il y a des gens qui leur disent, quand je dis des gens, ça peut être la PMI par exemple, il faut accompagner les parents à la parentalité. Et qu'en fait, du coup, elles se mettent à donner des conseils, des trucs, alors que ce n'est pas du tout l'objet. En tout cas, nous, ce n'était pas ce qu'on attendait de nos professionnels, de donner un peu des conseils tous azimuts. Mais j'étais un petit peu en peine de dire, oui, mais c'est quoi la solution ? Comment on fait pour les accompagner ? Je pense qu'au bout d'une dizaine d'années, je m'étais résolue à dire, les accompagner, c'est simplement être là, être disponible et leur fournir un accueil serein. Comme tu dis, que ça se passe bien pour qu'eux se sentent bien. Mais ce n'est pas leur donner des conseils dans tous les sens quand ils arrivent le matin à la crèche.

  • Speaker #0

    Nous, on n'est pas forcément très fort dans apporter des conseils, mais néanmoins, on forme nos équipes, on forme nos référentes techniques et nos directrices sur ces sujets de parentalité. Et puis, tu sais qu'on est devenu gestionnaire de crèche aussi, à peu près à la même époque, depuis 2022. Nos crèches, on les appelle aussi les parents zen, parce qu'on veut garder la même mission, de faire en sorte que les parents qui nous confient leur enfant puissent ensuite aller travailler dans les meilleures conditions possibles, sereins. Petit à petit, on forme nos directrices et nos équipes, 1. Leur apporter un maximum quand même de connaissances, d'outils pour pouvoir équilibrer ces deux vies le mieux possible.

  • Speaker #1

    Je pense que ce n'est pas que vous n'êtes pas fort en conseil, c'est que vous n'êtes pas là pour donner des conseils aux parents, mais plutôt pour conseiller les entreprises.

  • Speaker #0

    A l'origine, on est essentiellement là pour conseiller les entreprises. Et puis depuis qu'on est devenu gestionnaire de crèche, on a aussi ça. Juste sur le conseil des entreprises, ce que j'ai déjà un peu effleuré tout à l'heure. c'est qu'en plus c'est un énorme sujet d'équilibre homme-femme. Quand on a réfléchi à tout ça en 2022, quand on a changé de nom, on a fait un petit groupe de travail, et il y a un sujet qui a émergé très fort, c'est que sur notre site internet, on a 20 000, 25 000 familles qui s'inscrivent chaque année pour avoir une place en crèche. Il y a 9 personnes sur 10, 9 parents sur 10 qui sont des femmes qui s'inscrivent. Alors, on fait tout pour que les hommes prennent le plus leur rôle de parents, Mais aujourd'hui, c'est encore 9 femmes sur 10 qui s'occupent de cette organisation qui va venir. En général, ils s'inscrivent au moment où ils attendent un enfant. Eh bien, qui anticipe ce besoin ? Qui s'occupe de ça avant même la naissance ? C'est les mamans. Et donc, le sujet des parents, c'est aussi un énorme sujet de mamans.

  • Speaker #1

    Ça n'a pas changé, ça, depuis 20 ans ? Tu n'as pas vu de gros changements ? C'est toujours, tu m'as dit, 9 sur 10 ?

  • Speaker #0

    9 sur 10, oui, on reste à peu près là. Nous, pour ce qu'on peut voir, il n'y a pas de différence notable.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu vois, c'est incroyable ça. Moi, je pensais que les choses avaient énormément évolué depuis l'époque. Bon, alors revenons à notre escrit, la fausse bonne idée. Donc là, il y a quelqu'un au sommet qui se dit, oulala, mais ces boîtes-là, en fait, c'est des méchants brokers. Ils ne font que de récupérer de la marge. Ils font augmenter les prix. C'est dégueulasse. Donc là, on change tout. On écrit noir sur blanc que le SIFAM ne sera plus accessible quand on passe par une plateforme. Et vous, vous vous dites, oulala, on va aller le voir là-haut. On va aller voir. Alors c'est qui, du coup ? Qui vous êtes allé voir à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    C'est un monsieur qui s'appelle Laurent Martel, qui est le grand patron de la fiscalité en France. D'abord, c'est un jeune grand patron. qui nous a écoutés, il nous a pris en réunion pendant une heure et demie, j'étais assez surpris qu'il nous accorde autant d'attention. Et puis effectivement, il nous a fait comprendre qu'il avait entendu notre point et qu'il allait faire évoluer les choses.

  • Speaker #1

    C'était quoi votre point ?

  • Speaker #0

    Notre argument, c'était d'abord d'expliquer qui on était, et je pense qu'on avait un déficit de notoriété sur notre métier. À quoi on sert dans ce métier ? Parce qu'à nouveau, il n'y aurait pas de réservation de place d'entreprise si on n'avait pas transformé l'offre de... de crèche d'entreprise en place d'entreprise. Ça n'existerait pas aujourd'hui. Ensuite, on permet de mettre en relation des entreprises avec des gestionnaires de crèche partout en France, quelle que soit leur taille. Et puis nous, on est spécialisé chez les petits gestionnaires. On ne travaille quasiment pas avec les quatre grands acteurs français. Et donc, on a vraiment ce rôle à jouer d'intermédiation entre les donneurs d'ordre qui ont besoin de place en crèche pour leurs salariés, les entreprises, et puis les gestionnaires de crèche. Je tiens d'ailleurs à dire que les gestionnaires de crèche, on a 20% de crèche associative dans notre réseau et on a même des crèches publiques.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça que je trouvais intéressant aussi. Mais oui.

  • Speaker #0

    Donc, on a un rôle d'intermédiation, on a un rôle pédagogique aussi parce qu'on explique aux gestionnaires qu'ils peuvent aller rencontrer les entreprises près de chez eux. Nous, on ne cherche pas à être présent absolument partout, à réserver toutes les places en crèche partout en France. On forme les gestionnaires pour leur dire comment proposer des services de crèche à des entreprises. On les forme gratuitement. On a même un partenariat avec la CNAF pour les aider à former les nouveaux gestionnaires. Quand ils se lancent, la CNAF leur dit, il faut que vous compreniez comment on peut vendre ces services à des entreprises. Parce que, ben oui, la CNAF, ça l'intéresse parce qu'elle veut avoir des gestionnaires qui sont équilibrés financièrement et donc durables, pérennes. Et puis nous, on est content de participer. Tu sais, je suis toujours dans ce fil rouge dont je te parlais tout à l'heure, d'associations publiques, privées, associatives. Je ne vois pas pourquoi on ne travaille pas tous ensemble. en fait. On travaille tous ensemble de fait, donc il faut arrêter cet antagonisme de dire privé lucratif.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi, c'est assez dur d'entendre le public nous stigmatiser en disant qu'on est du privé lucratif. En fait, on fait notre boulot et on peut avoir les mêmes idéaux que quelqu'un qui est dans le milieu associatif ou que quelqu'un qui est dans le secteur public. Mais bon, fin de la parenthèse. En tout cas, ce que je vois, c'est que le rescrit a disparu en février, donc il a duré un mois. Il n'a pas eu d'impact. si ce n'est peut-être que ça a permis de re-réfléchir et de ré-argumenter. Est-ce que pour autant, le crédit d'impôt famille est protégé ? Non, il est toujours possible qu'il soit menacé régulièrement de nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, tu vois bien, aujourd'hui, tu as des députés à l'Assemblée nationale qui veulent transformer le système, des sénateurs. On a Bercy, on a Catherine Vautrin qui, au bout de trois semaines d'arrivée, veut changer les règles d'accueil dans les crèches. alors qu'elle a absolument pas eu le temps de se former. Catherine Vautrin, ça fait 4 fois qu'elle est ministre. Je crois qu'elle a été ministre des collectivités publiques, des anciens combattants, de tout et de n'importe quoi, et elle vient nous expliquer comment on doit faire notre travail. C'est vrai qu'en ce moment, on a une inflation normative de tout le monde. Tout le monde se mêle de tout. Et effectivement, dans cet environnement, on a un risque sur le crédit d'impôt, on a un risque que tout change, et c'est pour ça qu'il faut faire peut-être plus de pédagogie qu'avant, expliquer le rôle de chacun. si on ne veut pas que ça mette tout par terre. Parce que si nous, demain, on ne peut plus réserver de place en crèche aux entreprises, j'ai des dizaines, des centaines de gestionnaires de crèche qui tombent au même moment.

  • Speaker #1

    Alors tu vois, ça fait 20 ans presque maintenant que je suis dans ce métier et on a toujours eu cette crainte qui planait en se disant « Ouh là là, mais si un jour le crédit d'impôt famille s'arrêtait ? » On a eu d'autres risques comme ça. Il y a eu par exemple la fiscalisation. de l'avantage en nature. On ne va pas rentrer dans les détails maintenant, parce que sinon, on va perdre tout le monde. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est finalement, depuis que je suis dans ce métier, c'est-à-dire presque 20 ans, je vois que les changements politiques, les changements réglementaires inquiètent régulièrement les gestionnaires de crèche. Mais au final, on est toujours là. Est-ce que toi, c'est plutôt quelque chose qui te rassure ? Est-ce que tu as cette même vision en te disant « Bah écoute, les choses changent, mais nous, on est toujours là » ? Ou bien est-ce que tu es plutôt dans la panique en te disant « C'est la fin des haricots » .

  • Speaker #0

    Je ne suis pas dans la panique. Plus l'actualité est dure et complexe, plus il faut garder la tête froide. Donc c'est ce qu'on a fait début janvier, quand ça nous est tombé dessus. Moi je trouve quand même que les choses se compliquent. Cette séquence avec cet accident horrible qui est arrivé à Lyon, ça a fait exploser un retentissement médiatique énorme, mais pour une bonne raison. C'est qu'on a des gestionnaires de crèches qui faisaient une croissance absolument effrénée, qui rachetait Toutes les crèches, toutes les petites crèches de bonne, de mauvaise qualité, elles achetaient absolument tout en vrac. Et puis du coup, on a eu aussi beaucoup de mauvais gestionnaires de crèches qui se sont créés uniquement dans le but de se revendre ces dernières années. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de reproches à se faire à notre propre écosystème. Il ne faut pas le nier. Franchement, on n'était vraiment pas dans une bonne séquence. Malheureusement, il y a eu beaucoup de lumière médiatique sur nous. Ça a créé aussi énormément d'attention de la part des politiques et des administratifs. J'espère simplement qu'on est dans la période la plus dure et qu'elle va s'améliorer dans les mois à venir. On a un travail immense à faire pour attirer plus de professionnels dans notre secteur et avoir de meilleurs professionnels qu'on forme bien sur le long terme, qu'on garde plus chez nous, dont on freine le turnover, parce qu'on vit ça tous les jours, l'absentéisme, le turnover, les démissions, qui tuent la qualité qu'on essaye de produire en ce moment. J'espère qu'on est dans la période la plus dure, qu'on est vraiment dans le creux de la vague. et qu'on va pouvoir reconstruire. Il faut que l'administration et les politiques acceptent qu'on est dans une situation très difficile et que chaque nouvelle décision va compliquer notre situation. S'ils pouvaient nous lâcher la bride pendant quelques années et nous laisser bien reconstruire cette activité sans s'occuper du fait qu'on soit privé, public ou associatif, ça n'a rien à voir avec le sujet. Laissez-nous construire en patience. De toute façon, les grands acteurs ont arrêté de faire une croissance effrénée. Ils sont plutôt à fermer des crèches aujourd'hui car on n'a plus assez de professionnels pour le secteur et c'est vraiment là-dessus qu'on doit se concentrer.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton idée de dire que le mieux, c'est de garder la tête froide dans la tempête et que ça t'a permis de trouver la solution au problème en janvier 2025. Moi, c'est un peu ce que je me dis, c'est que quand il y a des crises et des rebondissements comme on est en train d'en connaître, Ceux qui s'en sortent, c'est les meilleurs. C'est ceux qui se concentrent, qui se mettent au travail. Et puis, on s'en sort toujours par la qualité, en fait, surtout dans la petite enfance. Est-ce que toi, qui es bien placé pour voir comment ça se passe sur le terrain, puisque tu as quand même un panel assez important de gestionnaires, est-ce que tu peux constater que les faillites ou les fermetures, les problèmes, sont concentrés sur peut-être des structures plus fragiles ou des gestionnaires qui ont peut-être moins de temps ? talent sur la gestion d'entreprise ?

  • Speaker #0

    D'abord, sur ton premier point, pendant la tempête, je dois dire une chose, c'est que moi, j'ai une équipe absolument formidable ici et que là, je fais le malin en te disant oui, il faut garder la tête froide pendant la tempête et tout. En fait, ça, c'est possible parce qu'il y a des gens qui sont incroyables autour de moi. Marine, la première, ma femme, avec qui je dirige l'entreprise. Mais partout, on a des gens qui sont à leur place et qui connaissent chacun leur métier et qui sont extrêmement courageux.

  • Speaker #1

    D'où l'intérêt aussi pour les plus petites structures de se fédérer, d'aller dans les réseaux, d'aller rencontrer les partenaires comme vous. Parce que quand on est tout seul, et moi j'en vois des gesteurs de crèche qui sont tout seuls, c'est vrai que ce n'est pas facile de garder la tête froide et qu'on peut vite se dire mais c'est la fin des haricots. Alors qu'en fait, quand on connaît le secteur, qu'on travaille en réseau, qu'on rencontre du monde, ce n'est pas tout à fait la même chose.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc un, pendant la tempête, avoir une super équipe et faire de la qualité, tu as tout à fait raison. Ça aide énormément. Il y a le fait aussi d'anticiper les problèmes, ne pas se mettre des œillères. C'est un peu ce que tu disais, un jour ça va tomber. Ah oui, donc si un jour ça va tomber, ça veut dire qu'aujourd'hui on prépare à quoi on va ressembler dans un an, dans deux ans, dans trois ans. Et ça, ça se fait dès qu'on a fait le constat que les choses vont changer. Et puis quand même de la souplesse. Tu parlais de l'évolution qu'il y a eu sur la fiscalité de l'avantage en nature il y a quelques années. Eh bien, si tu n'es pas souple, si tu ne fais pas suffisamment de qualité et si tu cours toujours derrière un équilibre, Le jour où tu as un grain de sable qui vient gripper le système, ça se casse la figue. Donc il faut faire tout ça. Il faut faire du réseau, tu as tout à fait raison. Allez contacter les gestionnaires qui sont près de chez vous. Allô, on ne se connaît pas. Ce serait sympa qu'on prenne un café ensemble, qu'on échange sur nos pratiques. Ce ne sont pas des concurrents, ce sont des confrères. Une crèche n'est pas en concurrence avec sa voisine. On fait le même métier comme deux services locaux l'un à côté de l'autre. Bien sûr, il faut aller s'appeler et mieux connaître son métier en échangeant avec les autres.

  • Speaker #1

    Ma question d'après, c'était de savoir si tu constatais quelque chose au niveau des crèches qui sont dans ton réseau. Est-ce que tu vois qui s'en sort mieux ? Est-ce que tu as constaté quelque chose ? Parce que tu as dû voir quand même des crèches en difficulté, des crèches peut-être même des faillites.

  • Speaker #0

    Oui, on voit plein de faillites en ce moment. On voit des banques d'affaires qui essayent de nous vendre des crèches en ce moment. Et malheureusement, ce n'est pas forcément les plus solides qui sont à vendre. On voit aussi des gens qui ont créé leurs crèches dans l'idée de se revendre. Comme il n'y a plus d'acheteurs aujourd'hui. C'est des gens qui ne se sont pas projetés pour être pendant 10 ans, 20 ans gestionnaires de crèche. Et en fait, aujourd'hui, il faut que ces gestionnaires acceptent de travailler sur du temps long. Sinon, ils vont repartir avec leur dette et fermer leur crèche quand même. C'est-à-dire avec des pertes énormes, des banques routes.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être des personnes qui se retrouvent en fait dans de grandes difficultés financières. Ce n'est pas uniquement qu'ils n'ont pas réussi à gagner de l'argent, c'est qu'en plus, ils se retrouvent à devoir payer des grosses grosses dettes sur leur nom propre, leur nom personnel.

  • Speaker #0

    Un gestionnaire aujourd'hui doit travailler sur du temps très long parce que ce n'est pas comme les années précédentes où il suffit qu'il lève un drapeau pour qu'il ait trois acheteurs qui lui proposent des sommes mirobolantes pour acheter ses crèches. Ça n'existe plus, c'est fini. Mettons-nous sur du tournon, acceptons de travailler pour le bien de nos équipes, des familles, des enfants. Pour moi, c'est absolument indispensable de garder sa crèche, de vivre avec, de bien gagner sa vie aussi. Parce que je vois des gestionnaires de crèche qui gagnent, ils ont 2-3 micro-crèches et ils gagnent 25 000 euros. En fait, ce n'est pas suffisant parce qu'au premier coup de vent, ça veut dire qu'on est dans le rouge et qu'on se casse la figure. Mais il faut accepter, quand on est chef d'entreprise, Il faut aussi avoir une petite partie commerciale, s'assurer qu'il y a suffisamment de familles qui rentrent, d'entreprises qui rentrent, pour être sûr de bien gagner sa vie. Et ça n'a vraiment aucun défaut.

  • Speaker #1

    C'est très diabolisé, mais il faut bien se rendre compte quand même d'une chose. C'est que certes, les crèches municipales sont non lucratives, mais qu'à la première difficulté, elles ne sont pas du tout dans la même situation que les crèches privées, parce qu'elles ont toujours les fonds de la mairie. Ce n'est pas juste une crèche. Il y a toute la mairie derrière, il y a tout le budget de la ville. Donc une crèche municipale, même si elle est dans le rouge, elle ne fait pas faillite. Alors que la crèche privée qui ne fait que de la crèche, et bien comme tu dis, si sa marge de manœuvre c'est 25 000 euros, à l'arrivée, quand il y a un problème au premier coup de vent, c'est la faillite.

  • Speaker #0

    J'en vois plein des dossiers comme ça aujourd'hui, où on voit effectivement que les fondateurs se payaient très peu. Et alors c'est sympa parce qu'on dit oui, le privé lucratif, mais 90% des dossiers que je vois... Il n'y a rien de lucratif. Les gens vivent souvent moins bien que quand ils étaient salariés. Simplement, ils sont passionnés par leur métier, ils ont construit leur propre entreprise, ils ont construit un lieu de travail pour des salariés, etc. C'est génial ce qu'ils ont fait. Mais s'ils ne gagnent pas bien leur vie, ils sont fragiles et ça, il ne faut pas.

  • Speaker #1

    Et c'est là qu'on a envie de dire que la passion, c'est un peu l'ennemi de la rentabilité. Les plus passionnés du métier, ce n'est pas forcément ceux qui vont être les plus lucides sur la gestion. Donc, moi, j'ai quand même ce conseil que je place, du coup, pour les auditeurs, c'est ne soyez pas trop dans l'angélisme. La crèche doit être rentable, sinon ça ne marche pas. Et donc, on peut tout à fait avoir une crèche rentable qui est qualitative. On peut tout à fait avoir le souci de l'enfant, de sa famille et de bien faire tout en essayant d'être rentable. Ce n'est pas du tout contradictoire et antinomique.

  • Speaker #0

    Je crois que la passion n'est pas du tout antinomique avec la rentabilité, c'est la mauvaise conscience. qui est antinémique avec la rentabilité. Il ne faut pas avoir mauvaise conscience. C'est très français, ça. Dans les pays anglo-saxons, on n'aurait pas du tout ce sujet-là. En Angleterre, en Allemagne, il faut avoir bonne conscience. C'est même une responsabilité que la crèche gagne bien sa vie. C'est absolument indispensable. Parce que si demain, il y a des gros travaux à faire, si demain, il y a moins de familles qui rentrent, bref, il faut être capable de survivre à ce moment-là. Sinon, on plante le travail d'une décennie. et ça c'est une grande tristesse Ça,

  • Speaker #1

    c'est une grande tristesse quand on voit des crèches fermées. Je suis d'accord avec toi. On sait l'investissement que ça représente et se dire mais ne serait-ce que c'est 200 000 euros de travaux et c'est 30 ou 40 000 euros de matériel, sans parler de l'investissement humain, qui partent à la poubelle. C'est effrayant. En tout cas, je rassure les auditeurs. Je pense que comme toi, on est d'accord sur le fait que ce n'est pas une fatalité. Il y a des outils, il y a des solutions. On peut très bien avoir une crèche qui fonctionne bien, qui est qualitative et qui gagne sa vie. C'était juste une petite parenthèse pour... sortir de l'ombre parce que là, on a évoqué toute la crise et c'est vrai que ça peut faire peur. Et je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont peur en ce moment, des gens qui ont peur de fermer ou des gens qui ont envie d'ouvrir des crèches, mais qui se disent c'était mon rêve depuis 10 ans. Et maintenant que je veux vraiment le faire, le secteur, il n'a pas l'air fameux. Mais en fait, les meilleurs s'en sortiront. Il faut se concentrer, il faut faire du bon boulot et surtout bien se renseigner sur les solutions comme ce dont on parle aujourd'hui, c'est-à-dire avoir des financements par les entreprises. J'embraye sur ma dernière partie de l'épisode. J'ai envie de connaître un peu plus de chiffres sur ton entreprise et de parler de ce qu'on peut apporter en fait aux crèches parce qu'à travers ces chiffres, je pense que ce qu'on va pouvoir voir, c'est que vous êtes un petit peu des lovers de fonds en fait. C'est-à-dire que vous reversez des sommes qui sont assez colossales aux crèches depuis des années et chaque année, tu verses, d'après ce que moi je peux entrevoir, peut-être plus de 10 millions d'euros de financement à des crèches. Vous faites vraiment partie de ce budget des crèches en France aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Sur un réseau de 4500, un peu plus, on a 15 crèches à nous. Donc tout notre chiffre d'affaires, toutes les places qu'on réserve, on va les réserver chez nos partenaires, à l'exception de nos 15 toutes petites crèches.

  • Speaker #1

    Donc c'est 4000, plus de 4000 crèches chez qui vous avez des accords.

  • Speaker #0

    4500, c'est je ne sais plus combien ça fait de gestionnaires, mais plus de 1000 gestionnaires qui gèrent 4500 crèches.

  • Speaker #1

    En général, ils ont combien de crèches en moyenne vos gestionnaires ?

  • Speaker #0

    3,5.

  • Speaker #1

    Et les entreprises, pour qui vous réservez des places ? C'est quelle taille d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques grands groupes qui représentent à peu près la moitié des berceaux qu'on réserve aux gestionnaires, et puis plein de PME et de TPE qui représentent l'autre moitié. On a ce qu'on appelle des berceaux adressés, c'est-à-dire la PME qui nous réserve un berceau pour un enfant qu'elle a identifié, et puis des berceaux commissions, où là on accompagne l'entreprise en montant une grande commission, un peu comme une mairie. pour identifier parmi ses salariés lesquels sont prioritaires et donc auxquels on va réserver une place en crèche. Et c'est à ce moment-là qu'on appelle un gestionnaire en lui disant « tiens, est-ce que tu as une place pour un bébé à partir de septembre 2025 ? » Et là, on discute du prix. Il faut savoir aussi que tous les partenariats qu'on crée avec des gestionnaires ne leur imposent absolument rien. Ils n'ont pas à payer pour faire partie de notre réseau, c'est juste un contrat pour dire on est susceptible de travailler ensemble. Et puis à un moment on les appelle en disant est-ce que tu as une place dispo pour septembre pour un bébé ? Et à ce moment-là on discute aussi du prix, s'ils ont cette place. Et c'est vraiment un échange de gré à gré, il n'y a pas du tout de rapport de force. Le rapport de force il est plutôt en faveur du gestionnaire qui nous dit si tu ne me payes pas tel montant, je ne te réserve pas la place et puis c'est tout. Et donc c'est une relation vraiment entre égaux et c'est aussi pour ça qu'on préfère travailler avec... tous ces gestionnaires indépendants et pas trop les gros, parce que les gros, il y a tout de suite un rapport de force qu'on ne souhaite pas avoir. Et puis, il y a un sujet de qualité aussi. Les gestionnaires indépendants ont quand même cette proximité avec chaque professionnel, avec chaque famille, chaque enfant, que ne peuvent pas avoir les plus grands acteurs. Et nous, on aime beaucoup ça.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 4 500 crèches partenaires. Est-ce que tu as déjà fait le ratio multi-accueil par rapport à micro-crèches ? Je crois que déjà, tu as dit qu'il y avait 20 % de... de tes crèches partenaires qui sont en associatif ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, et quelques municipalités aussi. On pourrait avoir plein de municipalités, mais elles sont sur un temps très long, et c'est plutôt pour une question de réactivité qu'on ne va pas beaucoup solliciter les communes. Et donc ta question, combien de micro-crèches ? Je pense qu'on a un peu plus de la moitié de micro-crèches par rapport aux multi-accueils.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça, c'est une tendance qui s'est confirmée au fur et à mesure des années, ou ça a été comme ça très vite, dès que les micro-crèches ont été ouvertes ?

  • Speaker #0

    Tu sais, il y a eu énormément d'ouvertures de micro-crèches ces dernières années, en particulier en zone très urbaine. On a beaucoup de micro-crèches parce que l'immobilier est plus facile à trouver en micro que sur un multi-accueil.

  • Speaker #1

    Mais pour autant, tu disais qu'en rural, c'est aussi plus accessible d'ouvrir une micro-crèche.

  • Speaker #0

    Oui, en rural, c'est plus accessible parce que ce n'est pas le foncier, là, c'est plutôt le volume de réservation. Le nombre de familles qui ont besoin d'une place en crèche est moindre dans un espace rural, donc la micro-crèche est plus adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus indiqué parce que si tu ouvres un 40 berceaux, ça va être difficile de la remplir. Et tu remplis combien de places par an avec les parents zen ?

  • Speaker #0

    On réserve à peu près un millier de places en ce moment, chaque année.

  • Speaker #1

    C'est stable ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est stable ces dernières années. Alors c'est stable aussi parce que nous, on a eu des problèmes à régler en interne, des crises de croissance. J'espère bien que ça va repartir à la croissance.

  • Speaker #1

    C'est déjà beaucoup, en tout cas 1000 places. Et c'est pour ça que moi, j'ai estimé que tu devais en tout cas verser plus de 10 millions. par an à des crèches. Je trouve que c'est vraiment remarquable pour nous. En tout cas, moi, je l'ai vécu en tant que gestionnaire de crèche et j'invite vraiment les auditeurs à ne pas hésiter. Je sais qu'il y a encore des petits gestionnaires qui ont peur des réseaux, qui ont l'impression que c'est vendre son âme au diable que d'aller dans ces démarches, alors qu'en fait, c'est simplement financer sa crèche. Et je crois qu'on en a parlé suffisamment. C'est vraiment la clé du succès. Pour faire de la qualité, il faut avoir des financements. On arrive à la fin de notre interview, Tanguy. J'espère que ça t'a plu autant qu'à moi, que tu as pu dire tout ce qui te semblait utile au secteur. Est-ce qu'aujourd'hui, tu sais ce qu'on pourrait souhaiter à notre secteur qui souffre depuis quelque temps ?

  • Speaker #0

    Oui, ce qu'on pourrait souhaiter, c'est que chacun accepte les fondamentaux du secteur tels qu'ils sont et qu'on puisse laisser les professionnels travailler sur du long terme avec les règles actuelles. Je pense qu'on a les règles déjà les plus. complexe au monde. Il n'y a pas un pays au monde ailleurs où on nous dit où placer une poignée de porte, où mettre un Oculus dans une crèche et toutes ces bêtises. En fait, si on pouvait juste nous laisser faire notre travail le mieux possible et s'il y en a qui le font mal, qu'on s'adresse à ceux-là exclusivement mais les autres, laissons-nous travailler sur du très long terme parce que c'est un métier difficile. C'est un métier qui demande d'être très concentré, d'être très exigeant. Et donc, si on doit passer la moitié de notre énergie à répondre à des administrations et à remplir du papier, ça nous empêche de bien faire notre travail. Et je pense qu'aujourd'hui, les administratifs nous compliquent la vie et nous empêchent de faire de la qualité. Catherine Vautrin dit « Ah, mais je ne dévoirais pas la qualité. » Elle fait tout le contraire de ce qu'elle dit. En nous apportant de nouvelles contraintes, en nous demandant plus de diplômes, elle nous empêche de recruter les bonnes personnes. On ne recrute plus des salariés, on recrute des diplômes aujourd'hui. Et donc ces gens-là doivent voir un petit peu qu'on a tous envie de bien faire. C'est tous à notre avantage. de bien accueillir les enfants quotidiennement. Il n'y a personne qui se dit « je vais mal les accueillir, comme ça je vais me faire embêter par les administrations, je vais me faire embêter par les familles, tous mes professionnels vont démissionner. » Il n'y a personne qui pense comme ça. Donc laissons-nous travailler sereinement, et tout ira pour le mieux.

  • Speaker #1

    Donc ne pas réglementer et surréglementer, accepter que le temps crèche, c'est le temps long. Donc ça, je le dis souvent, en crèche, ça ne va pas vite. Il faut observer, il faut patienter et se mettre au travail. C'est un travail qui est long. et se concentrer sur la qualité. Donc, c'est ce que tu souhaites pour le secteur. Maintenant, ma dernière question, Tanguy, pour conclure. Si c'était à refaire, est-ce que tu recommencerais ? Est-ce que si tu te reprojettes en 2006, quand tu as commencé à connaître le secteur, tu as pris la bonne décision ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en suis absolument persuadé. On a pris la bonne décision, on a transformé le marché, on a permis à des petits entrepreneurs d'avoir des places en crèche pour leurs salariés et donc de fidéliser leurs salariés. On a permis à des petits gestionnaires d'avoir des revenus supplémentaires et de pouvoir s'équilibrer à long terme. J'adore ce métier. Et puis à nouveau, on a une équipe qui est absolument géniale chez les parents de Z. Comme on fait beaucoup de marketing, les gens croient peut-être qu'on est une grosse entreprise parisienne, etc. Moi, je viens de mon petit village de 100 habitants et on aime justement cette proximité avec les gestionnaires. Je crois qu'on a un rôle indispensable et à moi de mieux le faire connaître, d'ailleurs, ce rôle.

  • Speaker #1

    Je sais que tu as encore plein de trucs à dire. On n'a pas parlé de tout ce que vous faites, la création d'emplois dans les villages, l'aide aux associations. Tu fais plein d'autres trucs et notamment aussi, tu crées des crèches. Il y a encore beaucoup de choses à dire et c'est pour ça que je te propose qu'on refasse un autre épisode sur le podcast. Est-ce que tu reviendras, Tanguy ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Tanguy pour ton témoignage en toute transparence.

  • Speaker #0

    A bientôt Amal, merci pour ton invitation.

  • Speaker #1

    Bye bye Tanguy.

  • Speaker #0

    Bye bye.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout, j'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode, parle-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. A la semaine prochaine.

Description

Chaque année, il reverse plus de 10 M€ aux crèches. Acteur discret mais décisif pour le financement du secteur, mon invité soutient les gestionnaires indépendants qui peinent à remplir et équilibrer leur structure.

Son objectif : financer la qualité, pour que chaque parent puisse bénéficier du meilleur accueil pour son enfant.


Bonne écoute !


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MERCI ❤️


Montage : Aurélie Clément

Écriture & Voix : Amale Cosma

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. Je suis ravie de t'avoir sur le podcast Tanguy depuis le temps qu'on se connaît. Les auditeurs, je pense qu'ils te connaissent tous, donc j'ai envie de dire, on ne te présente plus, mais présente-toi quand même en deux mots.

  • Speaker #1

    Donc je suis Tanguy Dezendre, j'ai 49 ans, j'ai créé une entreprise qui s'appelle Les Parents Zen avec ma femme Marine il y a 15 ans. Et Les Parents Zen, c'est une entreprise qui... qui propose des réservations de places en crèche aux entreprises et qui réserve ces places en crèche à 4500 crèches qui sont partenaires chez nous partout en France.

  • Speaker #0

    Et avant, pour ceux qui t'ont connu comme moi il y a très longtemps, l'entreprise s'appelait Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Initialement. Et tu es un vieux de la vieille, j'ai envie de dire, parce que pour le secteur, tu me dis, je ne suis pas très connue. Bon, tu n'es peut-être pas connue dans le monde entier, mais dans le secteur quand même, tu es vraiment un pionnier du secteur parce que tu fais partie. de ceux qui ont démarré dans les années 2000. C'est quoi le tout début de ton parcours dans la petite enfance ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours rêvé d'être entrepreneur. J'avais ça dans le sang depuis tout petit. Je cherchais quelque chose à construire. Et puis un jour, en 2006, j'ai rencontré un jeune entrepreneur qui créait une des premières crèches privées en France. Il n'y avait pas encore beaucoup de startups à ce moment-là et du coup, beaucoup de gens le regardaient faire avec beaucoup d'admiration.

  • Speaker #0

    De start-up, tu veux dire en général ? Oui,

  • Speaker #1

    start-up en général.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas une époque encore où c'était aussi répandu de créer sa boîte, etc. C'était moins médiatique peut-être aussi.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas encore du tout médiatique. Mais justement, comme c'était un secteur complètement inconnu, les gens regardaient ça avec beaucoup de curiosité. Et puis, j'ai rencontré ce gars. Et après l'avoir croisé une ou deux fois, il m'a dit « Attends, toi qui as envie de monter ta boîte, viens m'aider à monter la mienne et puis voilà.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que c'était une rencontre amicale, c'était vraiment dans ton cercle privé. Oui,

  • Speaker #1

    c'était amical. Et puis c'est ce que j'ai fait, parce que je me suis dit la petite enfance c'est génial, en plus moi je crois beaucoup au mélange public, associatif, privé, je pense qu'on peut tous aller dans la même direction. Et voilà, c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    Donc par rencontre, tu t'es dit pourquoi pas la petite enfance ? Et est-ce qu'on peut avoir le nom de ce mystérieux pionnier qui était avec toi dans ces... premier temps de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Oui, lui, il est beaucoup plus célèbre que moi, et a raison, d'ailleurs, c'est Rodolphe Carles, de Babylou, c'est le co-fondateur de Babylou, avec son frère. Et effectivement, j'ai passé trois ans et demi chez Babylou à être co-ordinateur petite enfance, co-ordinateur de crèche.

  • Speaker #0

    Vous étiez combien au début ?

  • Speaker #1

    Au bureau, je crois qu'on était six ou sept.

  • Speaker #0

    Donc c'était vraiment les prémices. Oui,

  • Speaker #1

    ils avaient ouvert deux ou trois crèches quand je les ai rejoints.

  • Speaker #0

    Et quand t'es parti ? Trois ans après ?

  • Speaker #1

    120. Ah ouais ? En 2010, oui, presque quatre ans après, 120.

  • Speaker #0

    Un rythme incroyable. Je pense qu'aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le même rythme. Donc au début, tu arrives dans cette entreprise de crèche qui démarre, mais pas sur le même métier que ce que tu fais aujourd'hui.

  • Speaker #1

    J'étais coordinateur, donc il y avait des directrices qui géraient leur crèche. Et puis moi, on m'a demandé d'animer ces directrices. Alors c'était incroyable parce qu'elles m'ont tout appris. Moi, je ne connaissais absolument rien à la petite enfance. J'allais être papa, je ne l'étais pas encore. Donc c'est elles qui m'expliquaient leur métier, qui me faisaient aller sur le terrain. J'ai passé des dizaines de journées sur le terrain. Et puis moi, je les aidais pour tout ce qui était management, administration, recrutement.

  • Speaker #0

    Tu avais déjà cette expérience de gestion d'entreprise, de management.

  • Speaker #1

    De gestion d'équipe, oui.

  • Speaker #0

    Oui, de gestion d'équipe. écoute Tanguy c'est rigolo parce que j'ai l'impression qu'on a partagé cette même réalité. Parce que moi, quand je suis arrivée dans la petite enfance en 2007, donc un tout petit peu après toi, eh bien, je n'étais pas du tout de la petite enfance. J'étais présidente d'une association. Et donc, je me suis confrontée à l'éducatrice de jeunes enfants qui dirigeait le service. Et donc, c'est elle aussi qui m'a tout appris. Moi, j'étais là à son service. Donc, je pense que c'est un peu comme toi. Je voulais trouver des solutions pour elle, l'aider, l'écouter, la soutenir. Elle avait plein de problématiques parce que tu sais ce que c'est, gérer des équipes de terrain, ce n'est pas tous les jours un long fleuve tranquille et on doit tout le temps les aider, les soutenir. Et donc, je pense qu'on a appris le métier finalement de la même manière. Et moi aussi, je suis comme toi. J'ai trouvé ça génial d'avoir ce retour, ce feedback du terrain en permanence.

  • Speaker #1

    C'était passionnant. Et puis, on a fait des tandems avec les directrices qui étaient vraiment géniaux. D'ailleurs, il y a Marie Couronnet qui m'a appris énormément de choses, si elle écoute. Sophie Huillet aussi.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une amie commune qui s'appelle Madame Juaze.

  • Speaker #1

    Exactement, Sylvie, qui nous a rejoints aussi et qui, pareil, m'a appris énormément de choses. C'était une de mes collègues au bout de quelques années, Sylvie.

  • Speaker #0

    Moi, je l'ai connue par la PMI. Elle était ma référente, elle faisait mes visites d'agrément, mes visites de contrôle. Et maintenant, elle travaille à la municipalité à Massy. Alors, qu'est-ce qui a fait que tu aies passé de ce poste de coordinateur à tout d'un coup ce que tu fais aujourd'hui qui est complètement différent ? Parce que finalement, chez Babylou, ce n'est pas toi qui t'occupais de remplir les crèches, alors qu'aujourd'hui, c'est un peu ce que tu fais. Aujourd'hui, pour résumer pour les auditeurs, on peut dire que tu es celui qui remplit les places. Ce n'est pas ce que tu faisais au début.

  • Speaker #1

    Si quand même, donc mon métier c'était de m'assurer que la crèche fonctionne bien, avec la directrice qui s'occupe de l'équipe et des familles, et puis moi qui chapote plus ce qu'il y a autour. Et une de mes missions c'était quand même de faire en sorte que les crèches aient suffisamment de familles, voire de réservations d'entreprises. Donc on avait les premières réservations d'entreprises qui étaient faites par la pharmacie du coin par exemple, qui nous réservait un berceau. Et c'est là qu'avec Marine, ma femme, on s'est dit mais... Les places d'entreprise, c'est hyper bien, mais la plupart des entreprises ne savent absolument pas qu'elles peuvent réserver des berceaux. On pense qu'une crèche d'entreprise, c'est le fait d'ouvrir une crèche pour une entreprise donnée près de son siège, pour que tous les enfants des salariés qui en ont besoin aient une place dans la même crèche.

  • Speaker #0

    Mais déjà, au tout début, quand vous avez démarré, il fallait déjà savoir qu'il y avait des crèches privées, parce que ce n'était pas non plus connu de tous, c'était le début des crèches d'entreprise, des crèches privées. Et en plus, ce que tu dis, c'est que si on savait que ça existait... on ne pouvait pas forcément savoir qu'on y avait droit, qu'on y avait accès. C'est-à-dire que la plupart des gens pensaient que c'était réservé aux très grosses boîtes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. On a une maman qui nous demandait des informations à la crèche. À la fois, la directrice lui disait « Non, mais on ne peut pas vous prendre parce que si vous n'êtes pas salarié d'une entreprise réservataire, on ne peut pas vous accueillir. » Et puis la maman elle-même qui disait « Non, mais moi je ne peux pas parce que mon entreprise ne réserve pas. » Ou alors elle nous disait « Non, mais elle ne fera jamais ça. » Donc moi j'essayais de la convaincre, de lui donner des outils pour qu'elle le fasse. En disant, si, elle, ça va l'arranger cette entreprise, parce que d'abord, elle est très soutenue fiscalement, et puis ça va lui permettre de vous fidéliser, et puis ça va lui permettre d'attirer des nouveaux collaborateurs. Et donc, cette maman, elle était un peu reboostée, et elle allait voir son patron pour lui dire, tiens, mais j'ai trouvé une place en crèche, mais j'aurais besoin que tu participes, est-ce que tu penses que c'est possible ? Et ça a commencé à marcher. Avec Marine, on s'est dit, les crèches d'entreprise, c'est bien, mais... Elles ont deux défauts de naissance. D'abord, créer une crèche pour une entreprise donnée, ça veut dire réserver des places uniquement pour les salariés qui travaillent au siège. Et ça, pour nous, il y avait un problème fondamental, c'était un service qui n'était pas démocratique. C'était encore les salariés de siège des plus belles entreprises de France qui pouvaient bénéficier de la salle de sport, du restaurant, de la crèche, de la conciergerie. Mais c'est toujours les mêmes qui ont tout, donc pas possible. Et puis l'autre défaut, c'est que ces mêmes salariés, On les obligeait à s'occuper tout seuls de leur enfant, d'aller le déposer à côté du bureau le matin, les récupérer le soir, pendant que le conjoint, lui, il ne travaille pas au même endroit, donc il ne s'occupe de rien pendant trois ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça déséquilibre le couple parental.

  • Speaker #1

    Totalement. Et puis s'il y en a un qui s'occupe à 100% d'un enfant, ça va être la maman. Ça ne va pas être le papa.

  • Speaker #0

    Sauf si c'est le papa qui travaille chez L'Oréal.

  • Speaker #1

    Écoute, dans les faits, ça n'arrive pas. Donc le service, il est génial, il est plébiscité par quelques entreprises, mais pour l'utilisateur, il n'est pas encore abouti. Et nous on dit aux entreprises en fait, il ne faut pas que vous ouvriez une crèche rien que pour vous, il faut que vous réserviez des places auprès des gestionnaires, auprès des crèches, pour que chaque salarié ait sa place près de chez lui. Il n'a pas besoin d'aller avec des transports en commun sur le lieu de travail avec son enfant tous les matins, il a sa place à côté de chez lui, il partage la tâche avec le conjoint, on peut avoir une baby-sitter qui récupère l'enfant le soir, bref c'est beaucoup mieux. Et puis c'est un service qui est beaucoup plus démocratique. Parce que le boulanger du coin nous réserve un berceau pour son vendeur ou sa vendeuse, le pharmacien du coin. Ou alors LVMH nous réserve 50 berceaux pour 50 salariés partout en France. Du coup, c'est plus réservé uniquement aux sièges des grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est hyper intéressant. Mais il y a un truc que tu ne m'as pas dit. C'est-à-dire que là, j'ai compris pourquoi tu avais eu l'idée. Et c'est un peu ton côté créatif, ton côté entrepreneur où tu t'es dit tiens, il y a un truc à résoudre et j'ai une idée. mais par contre... Moi, ce dont je me souviens, c'est que dans ces années-là, puisque moi, je suis arrivée, comme je te dis, juste après toi en 2007. Donc, c'est la même période. Tu vois, moi, j'avais une crèche associative. C'était la mairie qui réservait les places. Il n'y avait pas encore de micro crèche en plus. Donc, il n'y avait pas d'autre système que le système PSU, c'est-à-dire le système dans lequel il y avait un tiers financeur. Et la plupart du temps, c'était la mairie initialement. Donc, qu'est-ce qui s'est passé pour que tout d'un coup, on aille chercher les entreprises ? Est-ce que vous, quand vous étiez en train de démarrer avec Babylou... Il y a eu un moment où ça a switché. Est-ce que ce n'était pas les mairies aussi qui réservaient les places quand vous avez démarré ?

  • Speaker #1

    Le modèle économique d'une crèche, en particulier d'une crèche PSU, ne peut pas fonctionner sans qu'il y ait un tiers financeur. Historiquement, c'est les mairies qui jouent ce rôle de tiers financeur. Soit elles animent leur propre crèche et ça leur coûte de l'argent, soit elles subventionnent l'association du coin ou l'entreprise privée du coin sous forme de DSP, par exemple. Mais en tout cas, il faut quelqu'un pour co-financer la crèche. La famille ne suffit pas. Et donc, avec l'arrivée des crèches d'entreprise, c'est l'entreprise qui vient remplacer la mairie comme tiers financeur, en tout cas compléter les places réservées par les mairies comme tiers financeur. Et nous, c'est ça qu'on apporte. Pourquoi est-ce qu'on va chercher des entreprises pour réserver des places ? Parce que les gestionnaires ont besoin de ces réservations d'entreprise pour équilibrer leurs comptes. Sans qu'il y ait de tiers financeur, une crèche PSU ne peut pas vivre.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois moi. Quand j'avais cette crèche associative, je me souviens très bien qu'on avait un prix qui était ridicule. Nos places, elles n'étaient vraiment pas rentables du tout. Donc, on était obligé de tout le temps tirer à droite et à gauche avec des bouts de ficelle de partout. On avait des contrats d'insertion. C'était vraiment une galère et beaucoup, beaucoup de bénévolat, dont le mien en tant que gestionnaire. Et en fait, la ville, elle ne payait vraiment pas cher du tout. Et je me souviens qu'ensuite, quand on a fait de nouveaux projets, etc., le maire me disait... mais vous vous rendez compte, on a de moins en moins de moyens, nous les mairies, on ne peut plus rien faire. Donc j'ai fait plusieurs projets, notamment mon premier projet, c'était à Châtenay-Malabry. Je m'étais dit, je vais ouvrir une crèche de 30 berceaux. Mais en fait, la mairie, elle m'a dit, mais vous vous rendez compte, on n'a pas ces budgets-là. Je crois que je leur avais parlé de 10 000 euros x 30 places. Et en fait, la mairie, elle te dit, attendez, 300 000 euros sur mon budget ? Mais non, ce n'est pas possible. Donc il y a eu... Je pense qu'il y a eu un moment de bascule. Alors, est-ce que c'est les mairies qui n'avaient plus de moyens ou est-ce que c'est plutôt qu'elles se sont dit « Ah tiens, mais il y a un nouveau dispositif avec ces entreprises qui peuvent financer les crèches » et qu'elles ont vu la porte de sortie pour elles en se disant « On va saisir cette opportunité pour faire basculer ça sur les entreprises » . Je ne sais pas. Est-ce que pour toi, c'est les mairies qui avaient moins de moyens ou c'est plutôt les mairies qui se sont dit « Tiens, on peut peut-être se décharger de ça sur le privé » .

  • Speaker #1

    Je crois qu'il y a un peu de ça. Il y a aussi le fait que le privé a ouvert beaucoup de crèches. Donc les mairies qui avaient de l'argent, elles ont quand même pas mal participé. Moi, j'étais basé en Ile-de-France. Il y a énormément de mairies de la Petite Couronne ou de la Grande Couronne qui ont ouvert des crèches avec le privé, qui les ont subventionnées. Et puis, c'est vrai que les autres, elles avaient besoin d'avoir d'autres solutions. Et l'arrivée de ces réservations de places d'entreprise a été un bol d'air absolument immense pour... ajouter ces tiers financeurs nécessaires ?

  • Speaker #0

    C'est une grosse évolution du secteur, cette ouverture au privé et au financement privé aussi. Ce n'est pas juste qu'on avait le droit d'ouvrir des crèches privées, parce qu'effectivement, il y a cette nouveauté-là. C'est-à-dire que d'abord, les crèches, c'était que du public, ce n'était pas du privé. Et puis là, tout d'un coup, on peut ouvrir des crèches privées. Et en plus, on peut les faire financer par les entreprises, on peut les faire financer par du privé. Donc, c'est des grosses évolutions du secteur. Est-ce que tu as vu d'autres évolutions sur les 20 dernières années. dans le secteur et qui ont eu un impact aussi important ?

  • Speaker #1

    Effectivement, la principale évolution, c'est l'émergence du privé qui a apporté non seulement des ouvertures de nouvelles crèches, mais qui a apporté aussi beaucoup d'évolutions, y compris sur l'accueil des enfants, sur la pédagogie, je trouve. Il a favorisé l'émergence des EJE dans l'organisation, parce que je vous parle d'un temps où uniquement les infirmières pouvaient diriger des crèches et d'ailleurs, elles voyaient d'un mauvais œil le fait que les éducatrices en dirigent aussi. comme quoi l'histoire se répète quelques fois. Et puis, les entreprises privées ont aussi beaucoup travaillé sur toutes les pédagogies qu'on voyait à droite et à gauche, et ont fait énormément sur la pédagogie telle qu'on la vit aujourd'hui. Nous, on a apporté notre pierre à l'édifice, effectivement, en permettant à toutes les entreprises de France de réserver des places, et donc en permettant à des gestionnaires d'ouvrir des crèches dans l'espoir qu'ils aient quelques réservations d'entreprises pour équilibrer leurs comptes. Donc ça, ça... beaucoup fluidifier le système, le fait qu'on aille réserver des places et pas juste ouvrir des crèches d'entreprise. Je pense que ça a énormément fluidifié le système. Et puis l'arrivée des micro-crèches, pour moi ça a été aussi une phase extrêmement forte parce que ça a permis d'ouvrir des crèches en zone rurale. Moi je viens d'un village de 100 habitants, donc je connais très très bien le sujet. On voit des petites crèches qui ouvrent dans des bourgs de 500 ou de 1000 habitants et qui sont tout à fait adaptées aux besoins locaux. On voit aussi des micro-crèches qui sont arrivées en zone urbaine, où c'était extrêmement difficile de trouver un local de 300 m² de plein pied avec un jardin. Dans Paris, c'est exceptionnel d'en trouver un. Donc le fait de pouvoir ouvrir des micro-crèches, c'est génial. Ça permet d'arriver là où les besoins sont les plus importants. Voilà, pour moi, c'est les trois grandes évolutions.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a eu une ouverture de micro-crèches dans ton petit village ?

  • Speaker #1

    Non, pas encore dans mon petit village. Il y a 100 habitants, il y a une moyenne d'âge de 70 ans.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que tu essayes de rajeunir la population en créant de l'emploi là-bas.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Donc là, aujourd'hui, juste, il y a une petite école dans la mairie. Il y a 17 enfants pour les trois niveaux de maternelle et l'ECP réunis. Il n'y a pas de quoi faire une crèche.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas encore de quoi faire une crèche. Les évolutions les plus récentes du secteur, Tanguy, tu le sais comme moi, elles sont moins sympas que toutes ces innovations. Là, en ce moment, on vit vraiment une crise depuis deux ans. Ça s'est vraiment corsé. Bon, moi, je pense que la crise, elle existait déjà avant. Enfin, c'est une crise qui était un peu moins visible, mais on la sentait bien, nous, dans les crèches. Il y avait la montée d'une pénurie de professionnels. Il y avait la baisse des financements, donc de moins en moins de temps pour réfléchir à l'accueil. Un temps de plus en plus productif dans les crèches, etc. Mais en 2022, il y a eu un décès qui a choqué vraiment la France en entier et notre secteur en particulier, dans une crèche. Et depuis, c'est vraiment la crise, on attend des réformes. Là, la réforme, elle vient d'être publiée en avril 2025. Est-ce que toi, dans ton activité, tu as des menaces particulières ? Comment tu vis cette crise ? Et ce seraient quoi les menaces pour ton métier ? Est-ce que c'est les mêmes menaces que celles des crèches ? Ou est-ce que... à d'autres types de menaces qui planent sur ton métier ?

  • Speaker #1

    Nous, notre mission, c'est de démocratiser la crèche. Et c'est de faire en sorte, pour démocratiser la crèche, qu'un maximum d'entreprises réservent des places pour leurs salariés et participent ainsi à l'effort d'ouverture de crèches en France. Donc, quand le secteur va mal, nous, ça nous affecte. Tous nos partenaires vont mal, il y en a beaucoup qui ferment, il y en a qui cherchent à se vendre, qui ont des problèmes pour financer leur croissance, etc. ils nous le disent et puis il y a aussi des crèches qui vont mal et du coup on vit quelquefois des incidents malheureusement dans des crèches partenaires parce qu'ils ont du mal à recoter. Bon voilà, ça c'est l'environnement. Et puis pour nous, plus spécifiquement, on vend des réservations de place en crèche qui font bénéficier à nos clients d'un crédit d'impôt de 50%. Alors ça c'est une aide qui est absolument géniale et qui est indispensable au fonctionnement du secteur. Parce que quand on vend une place 12 000 ou 15 000 euros à une entreprise, elle va bénéficier de 50% de crédit d'impôt. C'est-à-dire que l'État va lui prendre un tout petit peu moins d'impôt que ce qui lui prend énormément par ailleurs. Il va lui rembourser 6 000 ou 7 500 euros d'impôt.

  • Speaker #0

    Le crédit d'impôt, parfois on l'appelle le SIFAM, c'est le crédit d'impôt famille. C'est un véritable moteur pour les crèches et pour la création de places en France.

  • Speaker #1

    Il est absolument indispensable. Il faut savoir que le SIFAM était de 25% entre 2004 et 2009.

  • Speaker #0

    Ça, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Il a été doublé en 2009. C'est là qu'il y a eu une explosion de réservation de places en crèche par les entreprises. C'est absolument nécessaire à l'écosystème, ce crédit d'impôt. Et puis je trouve que le système, il est vachement sain. L'État a dit aux entreprises, écoutez, nous on aimerait bien que vous subventionnez les crèches, que vous financiez les crèches. Si vous le faites, on vous rembourse 50% de la dépense. Bon, c'est faire. Toi, t'en prends la moitié, moi je prends l'autre moitié. Et ensemble, on va ouvrir plus de places en crèche pour les salariés qui sont des familles françaises.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est risqué parce que c'est comme tous les dispositifs de ce genre. Au bout d'un moment, l'État, il se dit non, mais ça me coûte trop cher. Stop, j'arrête.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça notre crise. C'est qu'en France, on a toujours des politiques ou des administratifs qui pensent que leurs prédécesseurs ont fait des conneries et qu'eux sont beaucoup plus intelligents que les prédécesseurs. Or, à nouveau, ce système, il est brillant, il est simple. Mais c'est ça aussi qui dérange les gens, c'est qu'il est hyper simple.

  • Speaker #0

    Il a un impact direct, on a pu le voir. toi tu l'as vu surtout quand ils ont passé le crédit d'impôt de 25 à 50 %, et c'est super intéressant, ça a complètement changé les choses.

  • Speaker #1

    Ça a complètement changé les choses. Pour nous, ça nous a permis d'expliquer aux entreprises qu'effectivement, il y avait un deal qui était simple avec l'État, de prendre en charge la moitié de la réservation d'une place en crèche. Et puis là, cet hiver, en janvier, il y a eu une publication de rescrit fiscal par le ministère des Finances qui disait que ces réservations de place en crèche ne font plus bénéficier du crédit d'impôt de 50 % Si. Les entreprises qui réservent des places passent par un intermédiaire comme nous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est-à-dire que si c'est les parents zen qui s'occupent de la réservation de places pour ma micro-crèche, l'entreprise qui réserve n'a plus droit au crédit d'impôt. Donc elle est complètement sanctionnée, pénalisée.

  • Speaker #1

    Exactement. Or, c'est un énorme problème parce que nous, on réserve 1000 places chaque année auprès de gestionnaires de crèche. Ça veut dire qu'on finance chez les gestionnaires de crèche 1000 berceaux un peu partout en France. Et l'immense majorité de ces gestionnaires... ne peuvent pas aller vendre leur place directement à nos clients. Parce que nos clients, c'est qui ? C'est la Banque Populaire Cazepane, c'est des Vinci, des Louis Vuitton Moet & C, LVMH. C'est des énormes entreprises comme ça. Et ça, un gestionnaire qui a deux ou trois micro-crèches en Ardèche, il n'a pas accès à ces entreprises-là. Et puis nos autres clients, C'est à nouveau le boulanger du coin, le pharmacien du coin. Mais le gestionnaire de crèche, il ne sait pas aller convaincre le pharmacien qu'il peut réserver une place en crèche, bénéficier d'avantages fiscaux, etc.

  • Speaker #0

    Là-dessus, je te confirme parce que tu sais qu'Aurélie et moi, chez Références Petites Enfances, on les forme notamment sur ces sujets. Et non seulement ils ne savent pas que ça existe, quand ils savent que ça existe, ils ne savent pas le faire. Et quand ils le font, ils n'ont pas beaucoup de temps pour le faire. Et moi, je dois dire que dans nos crèches, On avait un très bon taux de réservation d'entreprise puisqu'on avait 65% de places entreprises sur nos 130 places. Mais en réalité, il y en avait sur les 65%, on arrivait à en convertir nous 15%. Et les 50 autres pourcents, c'était via des parents zen, etc. D'ailleurs, je vais te poser une question à laquelle tu vas me dire que je n'ai pas la réponse. Est-ce que tu sais, sur l'ensemble des places qui sont réservées par des entreprises aujourd'hui en France, la proportion qui est réservée en direct, c'est-à-dire via directement le gestionnaire ou son équipe, et la proportion qui est réservée par un intermédiaire comme vous.

  • Speaker #1

    En fait, chez les quatre très grands gestionnaires français, eux, ils ont leurs équipes et presque la totalité de leurs berceaux sont réservés par eux-mêmes. Et puis, chez les autres gestionnaires, il y en a très peu qui ont des forces commerciales. Donc, il y en a très peu qui réservent pour eux-mêmes. Nous, on a même beaucoup de gestionnaires qui nous disent Ah, mais j'ai une entreprise à côté de chez moi, j'accueille un salarié de cette entreprise, est-ce que vous pouvez m'aider à leur faire réserver la place ? Parce que moi, je sais que je pourrais le faire, mais je n'ai pas le temps. Nous, on accompagne énormément de gestionnaires qui nous disent, soit, en fait, j'ai besoin de vous, les parents zen, parce que j'ai besoin de votre réseau de présence partout en France. L'entreprise qui est à côté de chez moi, elle a trois sites partout en France, moi, je ne peux pas répondre aux trois sites, donc voilà. Soit, faites le travail, parce que moi, je ne sais pas bien expliquer les sujets fiscaux, les sujets d'organisation, de commission d'attribution, de machin. Bref, faites le boulot. Et ça, il y a énormément de crèches qui nous contactent pour ça.

  • Speaker #0

    Je reviens sur l'événement tragique dont tu as parlé. En janvier 2025, on a été très inquiets parce qu'on a vu ce rescrit sortir. On s'est dit, oula, c'est la fin du CIFAM. En tout cas, ça réduisait drastiquement le SIFAM, puisque le crédit d'impôt, il fallait aller chercher soi-même les places entreprises pour qu'elles y aient droit. Et donc, comme tu dis, il n'y avait plus grand monde qui pouvait se le permettre. Qu'est-ce qui s'est passé ? Rassurons les auditeurs !

  • Speaker #1

    Nous, on a appris ça le 8 janvier. Donc pour nous, en gros, c'est signé la fin de notre activité de réseau. On ne pouvait plus réserver de place en crèche, puisque sans le crédit d'impôt, les entreprises ne réserveront jamais une place en crèche si elles payent la totalité du coût du crédit d'impôt. Donc on a rencontré le ministère des Finances. On leur a expliqué que leur idée, ils pensaient que c'était une idée de bon sens. C'est-à-dire que je pense qu'ils nous voyaient comme des gens qui captent. simplement de la marge sur les berceaux et qui n'apporte pas de valeur ajoutée. Mais moi je leur ai expliqué que nous on représente tous les petits gestionnaires de crèche. Nos partenaires gèrent en moyenne 3,5 crèches. Donc la typologie d'un gestionnaire de crèche qui travaille avec l'épargne en zène, c'est un gestionnaire de crèche qui gère 2 micros ou 3 PSU, 5 crèches, voilà. Et donc lui, il n'a jamais d'équipe qui lui permet d'aller voir des grandes entreprises ou même des petites. Et donc on a expliqué ça et puis on a expliqué aussi que si nous ne pouvons plus réserver des berceaux d'entreprise à des petits gestionnaires, il n'y a plus que les grands acteurs qui ont une organisation qui leur permet d'être au contact des réservataires de place en crèche.

  • Speaker #0

    Ça disqualifiait en fait les petites boîtes de crèche.

  • Speaker #1

    Totalement, les petites boîtes de crèche, elles n'ont pas accès aux réservataires. Nous, on a toute une équipe qui nous met en relation quotidienne. avec des entreprises pour aller réserver des places en crèche. Des petites entreprises, des grandes entreprises, toute la journée, on ne fait que ça, les accompagner pour réserver des places, pour mettre en place un projet de parentalité dans leur entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est colossal en fait comme travail. Et je pense que ça, c'est quelque chose qu'on ne mesure pas forcément quand on n'est pas dans le banc. Oui,

  • Speaker #1

    nous, par exemple, on a quelquefois des cycles de vente de 4 ans pour avoir un nouveau client. Ce n'est pas rare, on a beaucoup de clients qu'on accompagne pendant des années. Parce qu'on propose nos services à un DRH qui nous dit « Ah bah oui, ça m'intéresse, mais là, il faut qu'il aille voir son comité de direction pour débloquer un nouveau budget. » Et puis ensuite, il faut mettre en place le système, la commission d'attribution, etc. Et tout ça, ça met des années. Et donc, tu imagines qu'il faut avoir énormément de patience et énormément de ressources pour pouvoir accompagner ces entreprises.

  • Speaker #0

    Petite digression avant que tu nous dises ce qu'est devenu le Rescrit. Tu vois, moi, j'ai eu des expériences malheureuses parfois avec certains réseaux parce qu'il y a eu des gens qui se sont dit « Tiens, mais ça a l'air super. » J'ai senti le filon, je vais créer ma plateforme de réservation de crèche. Et en fait, on se retrouvait avec une équipe de commerciaux qui essayait de vendre des places en crèche. Mais ça ne marchait pas très bien parce que nous, les familles, elles nous disaient « Dis donc, votre commercial… » C'était bizarre son discours. En fait, ça ne marchait pas parce que c'était des commerciaux qui essayaient de vendre un truc qui est hyper humain et ils n'arrivaient pas à comprendre le métier. Est-ce que ça, c'est des trucs que tu as déjà vécu dans tes recrutements ou est-ce que tu as réussi à instaurer vraiment cet esprit petite enfance ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'ai pas vécu ça dans mes recrutements, mais j'ai beaucoup vécu ça quand People & Maybe qui s'est dit « tiens, on va faire la même chose que les parents zen » . Et nous, à un moment, on avait besoin d'avoir un nouveau partenaire en Haute-Savoie, par exemple. On appelait le gestionnaire. Et ils nous disaient, ah oui, mais vous faites comme People and Baby. Ils m'ont appelé il y a un an, ils m'ont fait miroiter que j'allais gagner des fortunes, et je n'ai plus jamais eu de nouvelles depuis. Et en fait, pendant assez longtemps, on a eu des gens comme ça. Il y a eu Happy Company, c'était souvent avec des noms anglais. Happy Company, People and Baby, etc., qui essayaient de faire le même métier. Nous, non, on essaye d'être très patient, on essaye d'être très pédagogue.

  • Speaker #0

    Oui, tu as le sentiment que tes équipes comprennent bien le métier, et ont ce discours humain, et essayent vraiment de comprendre les familles.

  • Speaker #1

    Il faut comprendre les familles, il faut comprendre les gestionnaires de crèche aussi. Sinon, ça ne fonctionne pas. Et d'ailleurs, je crois qu'on a fait notre réputation là-dessus, sur le fait de porter de l'attention aux autres. Et ça marche bien. Oui,

  • Speaker #0

    je sais que tu étais très concernée par l'accompagnement, le soutien à la parentalité. Et d'ailleurs, c'est aussi dans cet esprit-là que tu avais changé de nom. Et je m'en souviens bien. Je ne sais plus en quelle année c'était. Tu vas peut-être me rappeler ça. Mais quand tu m'as dit, je vais changer de nom. Je vais appeler ma boîte Les Parents Zen. je t'ai dit mais non Tanguy c'est pas dans l'air du tout temps, il faut se recentrer autour de l'enfant, pas des parents, etc. Moi, j'en suis convaincue et toi, tu es convaincue par ton idée, ta vision. Je pense qu'en fait, toi, tu portes vraiment cette vision de soutien à la parentalité. C'était en quelle année déjà que tu as changé de nom ?

  • Speaker #1

    En 2022, il y a trois ans. Ça a été une décision assez courageuse de toute l'équipe parce que Ma Place en Crèche, le nom était déjà pas mal installé.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y en a encore qui t'appellent Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Mais même nous, quelques fois, on fait des lapsus. Bon, voilà. Mais... On a proposé d'autres services aux entreprises aussi qui ne concernaient pas forcément la crèche. Donc on avait besoin de changer de nom pour les parents zen. Et puis on a gardé cette colonne vertébrale de l'accompagnement des parents parce que ça faisait déjà 12 ans que tous les jours on se battait pour trouver une solution aux parents. Il faut quand même avoir en tête que la crèche a été inventée au moment où les deux parents dans un couple sont allés au travail. Donc la crèche est indissociable du fait d'avoir des parents actifs. Et donc, nous, notre rôle, c'est vraiment essayer de faire en sorte que les parents aient bonne conscience quand ils vont travailler, quand ils donnent à accueillir par un organisme comme une crèche. Eh bien, notre vœu, c'est vraiment qu'ils puissent être sereins. Et donc, ce nom, les parents zen, on l'aime énormément. Et cette mission, on l'aime énormément parce que si on pouvait donner bonne conscience aux familles tous les matins quand elles vont travailler, franchement, le tour est joué.

  • Speaker #0

    Se sentir en sécurité pour le parent, c'est primordial. en tout cas. Moi, je peux en témoigner parce que souvent, on diabolise un peu les crèches. On dit oui, mais il faudrait que le congé parental dure plus longtemps, le congé maternité, le congé paternité et tout. Et en fait, moi, je me souviens très bien quand j'ai eu ma fille en 2007. J'avais une trentaine d'années. Eh bien, j'adore ma fille. C'est l'amour de ma vie. Mais je n'étais pas au summum du bonheur et de l'épanouissement quand j'étais toute seule chez moi avec mon bébé. Et en fait, c'était difficile. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui n'osent pas le dire. mais qui vivent un peu cette petite dépression. Enfin, je dis petite dépression, mais parfois, c'est une vraie grosse dépression. Et en tout cas, moi, la crèche, ça m'a un petit peu sauvée. Voilà, fermeture de la parenthèse. Mais pour dire que je sais que pour toi, c'est un vrai pilier, cette valeur d'accompagnement à la parentalité. Moi, je suis beaucoup plus axée sur le service à l'enfant. Mais c'est vrai que pour moi, c'est toujours un gros mystère, un point d'interrogation. On dit l'accompagnement à la parentalité. Moi, j'ai toujours entendu ça. Il faut accompagner les parents, etc. Mais je n'ai jamais vu... quelqu'un qui m'explique vraiment comment je peux faire et c'est quoi l'accompagnement à la parentalité. Je crois que c'est parce qu'il y a encore tout à créer, et puis l'accompagnement à la parentalité, c'est absolument immense. C'est comme si tu parles d'accompagnement à l'enfance ou à la petite enfance. C'est un champ absolument infini. Mais déjà, leur trouver à nouveau une solution d'accueil qui leur permette d'aller travailler. Ensuite, que l'entreprise fasse tout. pour qu'ils se sentent bien à la fois en tant que parents chez eux et en tant que salariés dans l'entreprise et qu'ils puissent tout animer. Ça, c'est deux axes.

  • Speaker #1

    Parce que tu as exploré d'autres choses, tu n'as pas exploré que les crèches pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, on apporte aujourd'hui toute une gamme de solutions pour que les entreprises puissent mettre un cadre de travail le plus ouvert possible aux parents. Les parents dans une entreprise, c'est 89% des salariés. Et puis, on a même un service pour les salariés aidants. pour compléter cette gamme de services pour que chaque salarié qui s'occupe de quelqu'un d'autre dans sa famille puisse venir travailler dans les meilleures conditions. Donc là, on s'éloigne un petit peu de la crèche, mais ça nous permet effectivement, et c'est pour ça qu'on a changé de nom, ça nous permet d'accompagner tous les parents dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Alors, on s'éloigne peut-être un petit peu de la crèche, mais en même temps, je vois que c'est vraiment ton fil conducteur, cet accompagnement des parents. Et en fait, ça montre aussi tes valeurs fortes. Donc moi, je trouve ça intéressant. Et puis encore une fois. C'était un peu mon point d'interrogation pendant toutes ces années, de me dire comment on fait pour accompagner les parents à la parentalité. J'aime bien le fait que toi, tu essayes de répondre à cette question, parce que ça laisse quand même un grand flou. Quand on manage des équipes de terrain, et qu'il y a des gens qui leur disent, quand je dis des gens, ça peut être la PMI par exemple, il faut accompagner les parents à la parentalité. Et qu'en fait, du coup, elles se mettent à donner des conseils, des trucs, alors que ce n'est pas du tout l'objet. En tout cas, nous, ce n'était pas ce qu'on attendait de nos professionnels, de donner un peu des conseils tous azimuts. Mais j'étais un petit peu en peine de dire, oui, mais c'est quoi la solution ? Comment on fait pour les accompagner ? Je pense qu'au bout d'une dizaine d'années, je m'étais résolue à dire, les accompagner, c'est simplement être là, être disponible et leur fournir un accueil serein. Comme tu dis, que ça se passe bien pour qu'eux se sentent bien. Mais ce n'est pas leur donner des conseils dans tous les sens quand ils arrivent le matin à la crèche.

  • Speaker #0

    Nous, on n'est pas forcément très fort dans apporter des conseils, mais néanmoins, on forme nos équipes, on forme nos référentes techniques et nos directrices sur ces sujets de parentalité. Et puis, tu sais qu'on est devenu gestionnaire de crèche aussi, à peu près à la même époque, depuis 2022. Nos crèches, on les appelle aussi les parents zen, parce qu'on veut garder la même mission, de faire en sorte que les parents qui nous confient leur enfant puissent ensuite aller travailler dans les meilleures conditions possibles, sereins. Petit à petit, on forme nos directrices et nos équipes, 1. Leur apporter un maximum quand même de connaissances, d'outils pour pouvoir équilibrer ces deux vies le mieux possible.

  • Speaker #1

    Je pense que ce n'est pas que vous n'êtes pas fort en conseil, c'est que vous n'êtes pas là pour donner des conseils aux parents, mais plutôt pour conseiller les entreprises.

  • Speaker #0

    A l'origine, on est essentiellement là pour conseiller les entreprises. Et puis depuis qu'on est devenu gestionnaire de crèche, on a aussi ça. Juste sur le conseil des entreprises, ce que j'ai déjà un peu effleuré tout à l'heure. c'est qu'en plus c'est un énorme sujet d'équilibre homme-femme. Quand on a réfléchi à tout ça en 2022, quand on a changé de nom, on a fait un petit groupe de travail, et il y a un sujet qui a émergé très fort, c'est que sur notre site internet, on a 20 000, 25 000 familles qui s'inscrivent chaque année pour avoir une place en crèche. Il y a 9 personnes sur 10, 9 parents sur 10 qui sont des femmes qui s'inscrivent. Alors, on fait tout pour que les hommes prennent le plus leur rôle de parents, Mais aujourd'hui, c'est encore 9 femmes sur 10 qui s'occupent de cette organisation qui va venir. En général, ils s'inscrivent au moment où ils attendent un enfant. Eh bien, qui anticipe ce besoin ? Qui s'occupe de ça avant même la naissance ? C'est les mamans. Et donc, le sujet des parents, c'est aussi un énorme sujet de mamans.

  • Speaker #1

    Ça n'a pas changé, ça, depuis 20 ans ? Tu n'as pas vu de gros changements ? C'est toujours, tu m'as dit, 9 sur 10 ?

  • Speaker #0

    9 sur 10, oui, on reste à peu près là. Nous, pour ce qu'on peut voir, il n'y a pas de différence notable.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu vois, c'est incroyable ça. Moi, je pensais que les choses avaient énormément évolué depuis l'époque. Bon, alors revenons à notre escrit, la fausse bonne idée. Donc là, il y a quelqu'un au sommet qui se dit, oulala, mais ces boîtes-là, en fait, c'est des méchants brokers. Ils ne font que de récupérer de la marge. Ils font augmenter les prix. C'est dégueulasse. Donc là, on change tout. On écrit noir sur blanc que le SIFAM ne sera plus accessible quand on passe par une plateforme. Et vous, vous vous dites, oulala, on va aller le voir là-haut. On va aller voir. Alors c'est qui, du coup ? Qui vous êtes allé voir à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    C'est un monsieur qui s'appelle Laurent Martel, qui est le grand patron de la fiscalité en France. D'abord, c'est un jeune grand patron. qui nous a écoutés, il nous a pris en réunion pendant une heure et demie, j'étais assez surpris qu'il nous accorde autant d'attention. Et puis effectivement, il nous a fait comprendre qu'il avait entendu notre point et qu'il allait faire évoluer les choses.

  • Speaker #1

    C'était quoi votre point ?

  • Speaker #0

    Notre argument, c'était d'abord d'expliquer qui on était, et je pense qu'on avait un déficit de notoriété sur notre métier. À quoi on sert dans ce métier ? Parce qu'à nouveau, il n'y aurait pas de réservation de place d'entreprise si on n'avait pas transformé l'offre de... de crèche d'entreprise en place d'entreprise. Ça n'existerait pas aujourd'hui. Ensuite, on permet de mettre en relation des entreprises avec des gestionnaires de crèche partout en France, quelle que soit leur taille. Et puis nous, on est spécialisé chez les petits gestionnaires. On ne travaille quasiment pas avec les quatre grands acteurs français. Et donc, on a vraiment ce rôle à jouer d'intermédiation entre les donneurs d'ordre qui ont besoin de place en crèche pour leurs salariés, les entreprises, et puis les gestionnaires de crèche. Je tiens d'ailleurs à dire que les gestionnaires de crèche, on a 20% de crèche associative dans notre réseau et on a même des crèches publiques.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça que je trouvais intéressant aussi. Mais oui.

  • Speaker #0

    Donc, on a un rôle d'intermédiation, on a un rôle pédagogique aussi parce qu'on explique aux gestionnaires qu'ils peuvent aller rencontrer les entreprises près de chez eux. Nous, on ne cherche pas à être présent absolument partout, à réserver toutes les places en crèche partout en France. On forme les gestionnaires pour leur dire comment proposer des services de crèche à des entreprises. On les forme gratuitement. On a même un partenariat avec la CNAF pour les aider à former les nouveaux gestionnaires. Quand ils se lancent, la CNAF leur dit, il faut que vous compreniez comment on peut vendre ces services à des entreprises. Parce que, ben oui, la CNAF, ça l'intéresse parce qu'elle veut avoir des gestionnaires qui sont équilibrés financièrement et donc durables, pérennes. Et puis nous, on est content de participer. Tu sais, je suis toujours dans ce fil rouge dont je te parlais tout à l'heure, d'associations publiques, privées, associatives. Je ne vois pas pourquoi on ne travaille pas tous ensemble. en fait. On travaille tous ensemble de fait, donc il faut arrêter cet antagonisme de dire privé lucratif.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi, c'est assez dur d'entendre le public nous stigmatiser en disant qu'on est du privé lucratif. En fait, on fait notre boulot et on peut avoir les mêmes idéaux que quelqu'un qui est dans le milieu associatif ou que quelqu'un qui est dans le secteur public. Mais bon, fin de la parenthèse. En tout cas, ce que je vois, c'est que le rescrit a disparu en février, donc il a duré un mois. Il n'a pas eu d'impact. si ce n'est peut-être que ça a permis de re-réfléchir et de ré-argumenter. Est-ce que pour autant, le crédit d'impôt famille est protégé ? Non, il est toujours possible qu'il soit menacé régulièrement de nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, tu vois bien, aujourd'hui, tu as des députés à l'Assemblée nationale qui veulent transformer le système, des sénateurs. On a Bercy, on a Catherine Vautrin qui, au bout de trois semaines d'arrivée, veut changer les règles d'accueil dans les crèches. alors qu'elle a absolument pas eu le temps de se former. Catherine Vautrin, ça fait 4 fois qu'elle est ministre. Je crois qu'elle a été ministre des collectivités publiques, des anciens combattants, de tout et de n'importe quoi, et elle vient nous expliquer comment on doit faire notre travail. C'est vrai qu'en ce moment, on a une inflation normative de tout le monde. Tout le monde se mêle de tout. Et effectivement, dans cet environnement, on a un risque sur le crédit d'impôt, on a un risque que tout change, et c'est pour ça qu'il faut faire peut-être plus de pédagogie qu'avant, expliquer le rôle de chacun. si on ne veut pas que ça mette tout par terre. Parce que si nous, demain, on ne peut plus réserver de place en crèche aux entreprises, j'ai des dizaines, des centaines de gestionnaires de crèche qui tombent au même moment.

  • Speaker #1

    Alors tu vois, ça fait 20 ans presque maintenant que je suis dans ce métier et on a toujours eu cette crainte qui planait en se disant « Ouh là là, mais si un jour le crédit d'impôt famille s'arrêtait ? » On a eu d'autres risques comme ça. Il y a eu par exemple la fiscalisation. de l'avantage en nature. On ne va pas rentrer dans les détails maintenant, parce que sinon, on va perdre tout le monde. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est finalement, depuis que je suis dans ce métier, c'est-à-dire presque 20 ans, je vois que les changements politiques, les changements réglementaires inquiètent régulièrement les gestionnaires de crèche. Mais au final, on est toujours là. Est-ce que toi, c'est plutôt quelque chose qui te rassure ? Est-ce que tu as cette même vision en te disant « Bah écoute, les choses changent, mais nous, on est toujours là » ? Ou bien est-ce que tu es plutôt dans la panique en te disant « C'est la fin des haricots » .

  • Speaker #0

    Je ne suis pas dans la panique. Plus l'actualité est dure et complexe, plus il faut garder la tête froide. Donc c'est ce qu'on a fait début janvier, quand ça nous est tombé dessus. Moi je trouve quand même que les choses se compliquent. Cette séquence avec cet accident horrible qui est arrivé à Lyon, ça a fait exploser un retentissement médiatique énorme, mais pour une bonne raison. C'est qu'on a des gestionnaires de crèches qui faisaient une croissance absolument effrénée, qui rachetait Toutes les crèches, toutes les petites crèches de bonne, de mauvaise qualité, elles achetaient absolument tout en vrac. Et puis du coup, on a eu aussi beaucoup de mauvais gestionnaires de crèches qui se sont créés uniquement dans le but de se revendre ces dernières années. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de reproches à se faire à notre propre écosystème. Il ne faut pas le nier. Franchement, on n'était vraiment pas dans une bonne séquence. Malheureusement, il y a eu beaucoup de lumière médiatique sur nous. Ça a créé aussi énormément d'attention de la part des politiques et des administratifs. J'espère simplement qu'on est dans la période la plus dure et qu'elle va s'améliorer dans les mois à venir. On a un travail immense à faire pour attirer plus de professionnels dans notre secteur et avoir de meilleurs professionnels qu'on forme bien sur le long terme, qu'on garde plus chez nous, dont on freine le turnover, parce qu'on vit ça tous les jours, l'absentéisme, le turnover, les démissions, qui tuent la qualité qu'on essaye de produire en ce moment. J'espère qu'on est dans la période la plus dure, qu'on est vraiment dans le creux de la vague. et qu'on va pouvoir reconstruire. Il faut que l'administration et les politiques acceptent qu'on est dans une situation très difficile et que chaque nouvelle décision va compliquer notre situation. S'ils pouvaient nous lâcher la bride pendant quelques années et nous laisser bien reconstruire cette activité sans s'occuper du fait qu'on soit privé, public ou associatif, ça n'a rien à voir avec le sujet. Laissez-nous construire en patience. De toute façon, les grands acteurs ont arrêté de faire une croissance effrénée. Ils sont plutôt à fermer des crèches aujourd'hui car on n'a plus assez de professionnels pour le secteur et c'est vraiment là-dessus qu'on doit se concentrer.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton idée de dire que le mieux, c'est de garder la tête froide dans la tempête et que ça t'a permis de trouver la solution au problème en janvier 2025. Moi, c'est un peu ce que je me dis, c'est que quand il y a des crises et des rebondissements comme on est en train d'en connaître, Ceux qui s'en sortent, c'est les meilleurs. C'est ceux qui se concentrent, qui se mettent au travail. Et puis, on s'en sort toujours par la qualité, en fait, surtout dans la petite enfance. Est-ce que toi, qui es bien placé pour voir comment ça se passe sur le terrain, puisque tu as quand même un panel assez important de gestionnaires, est-ce que tu peux constater que les faillites ou les fermetures, les problèmes, sont concentrés sur peut-être des structures plus fragiles ou des gestionnaires qui ont peut-être moins de temps ? talent sur la gestion d'entreprise ?

  • Speaker #0

    D'abord, sur ton premier point, pendant la tempête, je dois dire une chose, c'est que moi, j'ai une équipe absolument formidable ici et que là, je fais le malin en te disant oui, il faut garder la tête froide pendant la tempête et tout. En fait, ça, c'est possible parce qu'il y a des gens qui sont incroyables autour de moi. Marine, la première, ma femme, avec qui je dirige l'entreprise. Mais partout, on a des gens qui sont à leur place et qui connaissent chacun leur métier et qui sont extrêmement courageux.

  • Speaker #1

    D'où l'intérêt aussi pour les plus petites structures de se fédérer, d'aller dans les réseaux, d'aller rencontrer les partenaires comme vous. Parce que quand on est tout seul, et moi j'en vois des gesteurs de crèche qui sont tout seuls, c'est vrai que ce n'est pas facile de garder la tête froide et qu'on peut vite se dire mais c'est la fin des haricots. Alors qu'en fait, quand on connaît le secteur, qu'on travaille en réseau, qu'on rencontre du monde, ce n'est pas tout à fait la même chose.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc un, pendant la tempête, avoir une super équipe et faire de la qualité, tu as tout à fait raison. Ça aide énormément. Il y a le fait aussi d'anticiper les problèmes, ne pas se mettre des œillères. C'est un peu ce que tu disais, un jour ça va tomber. Ah oui, donc si un jour ça va tomber, ça veut dire qu'aujourd'hui on prépare à quoi on va ressembler dans un an, dans deux ans, dans trois ans. Et ça, ça se fait dès qu'on a fait le constat que les choses vont changer. Et puis quand même de la souplesse. Tu parlais de l'évolution qu'il y a eu sur la fiscalité de l'avantage en nature il y a quelques années. Eh bien, si tu n'es pas souple, si tu ne fais pas suffisamment de qualité et si tu cours toujours derrière un équilibre, Le jour où tu as un grain de sable qui vient gripper le système, ça se casse la figue. Donc il faut faire tout ça. Il faut faire du réseau, tu as tout à fait raison. Allez contacter les gestionnaires qui sont près de chez vous. Allô, on ne se connaît pas. Ce serait sympa qu'on prenne un café ensemble, qu'on échange sur nos pratiques. Ce ne sont pas des concurrents, ce sont des confrères. Une crèche n'est pas en concurrence avec sa voisine. On fait le même métier comme deux services locaux l'un à côté de l'autre. Bien sûr, il faut aller s'appeler et mieux connaître son métier en échangeant avec les autres.

  • Speaker #1

    Ma question d'après, c'était de savoir si tu constatais quelque chose au niveau des crèches qui sont dans ton réseau. Est-ce que tu vois qui s'en sort mieux ? Est-ce que tu as constaté quelque chose ? Parce que tu as dû voir quand même des crèches en difficulté, des crèches peut-être même des faillites.

  • Speaker #0

    Oui, on voit plein de faillites en ce moment. On voit des banques d'affaires qui essayent de nous vendre des crèches en ce moment. Et malheureusement, ce n'est pas forcément les plus solides qui sont à vendre. On voit aussi des gens qui ont créé leurs crèches dans l'idée de se revendre. Comme il n'y a plus d'acheteurs aujourd'hui. C'est des gens qui ne se sont pas projetés pour être pendant 10 ans, 20 ans gestionnaires de crèche. Et en fait, aujourd'hui, il faut que ces gestionnaires acceptent de travailler sur du temps long. Sinon, ils vont repartir avec leur dette et fermer leur crèche quand même. C'est-à-dire avec des pertes énormes, des banques routes.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être des personnes qui se retrouvent en fait dans de grandes difficultés financières. Ce n'est pas uniquement qu'ils n'ont pas réussi à gagner de l'argent, c'est qu'en plus, ils se retrouvent à devoir payer des grosses grosses dettes sur leur nom propre, leur nom personnel.

  • Speaker #0

    Un gestionnaire aujourd'hui doit travailler sur du temps très long parce que ce n'est pas comme les années précédentes où il suffit qu'il lève un drapeau pour qu'il ait trois acheteurs qui lui proposent des sommes mirobolantes pour acheter ses crèches. Ça n'existe plus, c'est fini. Mettons-nous sur du tournon, acceptons de travailler pour le bien de nos équipes, des familles, des enfants. Pour moi, c'est absolument indispensable de garder sa crèche, de vivre avec, de bien gagner sa vie aussi. Parce que je vois des gestionnaires de crèche qui gagnent, ils ont 2-3 micro-crèches et ils gagnent 25 000 euros. En fait, ce n'est pas suffisant parce qu'au premier coup de vent, ça veut dire qu'on est dans le rouge et qu'on se casse la figure. Mais il faut accepter, quand on est chef d'entreprise, Il faut aussi avoir une petite partie commerciale, s'assurer qu'il y a suffisamment de familles qui rentrent, d'entreprises qui rentrent, pour être sûr de bien gagner sa vie. Et ça n'a vraiment aucun défaut.

  • Speaker #1

    C'est très diabolisé, mais il faut bien se rendre compte quand même d'une chose. C'est que certes, les crèches municipales sont non lucratives, mais qu'à la première difficulté, elles ne sont pas du tout dans la même situation que les crèches privées, parce qu'elles ont toujours les fonds de la mairie. Ce n'est pas juste une crèche. Il y a toute la mairie derrière, il y a tout le budget de la ville. Donc une crèche municipale, même si elle est dans le rouge, elle ne fait pas faillite. Alors que la crèche privée qui ne fait que de la crèche, et bien comme tu dis, si sa marge de manœuvre c'est 25 000 euros, à l'arrivée, quand il y a un problème au premier coup de vent, c'est la faillite.

  • Speaker #0

    J'en vois plein des dossiers comme ça aujourd'hui, où on voit effectivement que les fondateurs se payaient très peu. Et alors c'est sympa parce qu'on dit oui, le privé lucratif, mais 90% des dossiers que je vois... Il n'y a rien de lucratif. Les gens vivent souvent moins bien que quand ils étaient salariés. Simplement, ils sont passionnés par leur métier, ils ont construit leur propre entreprise, ils ont construit un lieu de travail pour des salariés, etc. C'est génial ce qu'ils ont fait. Mais s'ils ne gagnent pas bien leur vie, ils sont fragiles et ça, il ne faut pas.

  • Speaker #1

    Et c'est là qu'on a envie de dire que la passion, c'est un peu l'ennemi de la rentabilité. Les plus passionnés du métier, ce n'est pas forcément ceux qui vont être les plus lucides sur la gestion. Donc, moi, j'ai quand même ce conseil que je place, du coup, pour les auditeurs, c'est ne soyez pas trop dans l'angélisme. La crèche doit être rentable, sinon ça ne marche pas. Et donc, on peut tout à fait avoir une crèche rentable qui est qualitative. On peut tout à fait avoir le souci de l'enfant, de sa famille et de bien faire tout en essayant d'être rentable. Ce n'est pas du tout contradictoire et antinomique.

  • Speaker #0

    Je crois que la passion n'est pas du tout antinomique avec la rentabilité, c'est la mauvaise conscience. qui est antinémique avec la rentabilité. Il ne faut pas avoir mauvaise conscience. C'est très français, ça. Dans les pays anglo-saxons, on n'aurait pas du tout ce sujet-là. En Angleterre, en Allemagne, il faut avoir bonne conscience. C'est même une responsabilité que la crèche gagne bien sa vie. C'est absolument indispensable. Parce que si demain, il y a des gros travaux à faire, si demain, il y a moins de familles qui rentrent, bref, il faut être capable de survivre à ce moment-là. Sinon, on plante le travail d'une décennie. et ça c'est une grande tristesse Ça,

  • Speaker #1

    c'est une grande tristesse quand on voit des crèches fermées. Je suis d'accord avec toi. On sait l'investissement que ça représente et se dire mais ne serait-ce que c'est 200 000 euros de travaux et c'est 30 ou 40 000 euros de matériel, sans parler de l'investissement humain, qui partent à la poubelle. C'est effrayant. En tout cas, je rassure les auditeurs. Je pense que comme toi, on est d'accord sur le fait que ce n'est pas une fatalité. Il y a des outils, il y a des solutions. On peut très bien avoir une crèche qui fonctionne bien, qui est qualitative et qui gagne sa vie. C'était juste une petite parenthèse pour... sortir de l'ombre parce que là, on a évoqué toute la crise et c'est vrai que ça peut faire peur. Et je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont peur en ce moment, des gens qui ont peur de fermer ou des gens qui ont envie d'ouvrir des crèches, mais qui se disent c'était mon rêve depuis 10 ans. Et maintenant que je veux vraiment le faire, le secteur, il n'a pas l'air fameux. Mais en fait, les meilleurs s'en sortiront. Il faut se concentrer, il faut faire du bon boulot et surtout bien se renseigner sur les solutions comme ce dont on parle aujourd'hui, c'est-à-dire avoir des financements par les entreprises. J'embraye sur ma dernière partie de l'épisode. J'ai envie de connaître un peu plus de chiffres sur ton entreprise et de parler de ce qu'on peut apporter en fait aux crèches parce qu'à travers ces chiffres, je pense que ce qu'on va pouvoir voir, c'est que vous êtes un petit peu des lovers de fonds en fait. C'est-à-dire que vous reversez des sommes qui sont assez colossales aux crèches depuis des années et chaque année, tu verses, d'après ce que moi je peux entrevoir, peut-être plus de 10 millions d'euros de financement à des crèches. Vous faites vraiment partie de ce budget des crèches en France aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Sur un réseau de 4500, un peu plus, on a 15 crèches à nous. Donc tout notre chiffre d'affaires, toutes les places qu'on réserve, on va les réserver chez nos partenaires, à l'exception de nos 15 toutes petites crèches.

  • Speaker #1

    Donc c'est 4000, plus de 4000 crèches chez qui vous avez des accords.

  • Speaker #0

    4500, c'est je ne sais plus combien ça fait de gestionnaires, mais plus de 1000 gestionnaires qui gèrent 4500 crèches.

  • Speaker #1

    En général, ils ont combien de crèches en moyenne vos gestionnaires ?

  • Speaker #0

    3,5.

  • Speaker #1

    Et les entreprises, pour qui vous réservez des places ? C'est quelle taille d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques grands groupes qui représentent à peu près la moitié des berceaux qu'on réserve aux gestionnaires, et puis plein de PME et de TPE qui représentent l'autre moitié. On a ce qu'on appelle des berceaux adressés, c'est-à-dire la PME qui nous réserve un berceau pour un enfant qu'elle a identifié, et puis des berceaux commissions, où là on accompagne l'entreprise en montant une grande commission, un peu comme une mairie. pour identifier parmi ses salariés lesquels sont prioritaires et donc auxquels on va réserver une place en crèche. Et c'est à ce moment-là qu'on appelle un gestionnaire en lui disant « tiens, est-ce que tu as une place pour un bébé à partir de septembre 2025 ? » Et là, on discute du prix. Il faut savoir aussi que tous les partenariats qu'on crée avec des gestionnaires ne leur imposent absolument rien. Ils n'ont pas à payer pour faire partie de notre réseau, c'est juste un contrat pour dire on est susceptible de travailler ensemble. Et puis à un moment on les appelle en disant est-ce que tu as une place dispo pour septembre pour un bébé ? Et à ce moment-là on discute aussi du prix, s'ils ont cette place. Et c'est vraiment un échange de gré à gré, il n'y a pas du tout de rapport de force. Le rapport de force il est plutôt en faveur du gestionnaire qui nous dit si tu ne me payes pas tel montant, je ne te réserve pas la place et puis c'est tout. Et donc c'est une relation vraiment entre égaux et c'est aussi pour ça qu'on préfère travailler avec... tous ces gestionnaires indépendants et pas trop les gros, parce que les gros, il y a tout de suite un rapport de force qu'on ne souhaite pas avoir. Et puis, il y a un sujet de qualité aussi. Les gestionnaires indépendants ont quand même cette proximité avec chaque professionnel, avec chaque famille, chaque enfant, que ne peuvent pas avoir les plus grands acteurs. Et nous, on aime beaucoup ça.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 4 500 crèches partenaires. Est-ce que tu as déjà fait le ratio multi-accueil par rapport à micro-crèches ? Je crois que déjà, tu as dit qu'il y avait 20 % de... de tes crèches partenaires qui sont en associatif ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, et quelques municipalités aussi. On pourrait avoir plein de municipalités, mais elles sont sur un temps très long, et c'est plutôt pour une question de réactivité qu'on ne va pas beaucoup solliciter les communes. Et donc ta question, combien de micro-crèches ? Je pense qu'on a un peu plus de la moitié de micro-crèches par rapport aux multi-accueils.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça, c'est une tendance qui s'est confirmée au fur et à mesure des années, ou ça a été comme ça très vite, dès que les micro-crèches ont été ouvertes ?

  • Speaker #0

    Tu sais, il y a eu énormément d'ouvertures de micro-crèches ces dernières années, en particulier en zone très urbaine. On a beaucoup de micro-crèches parce que l'immobilier est plus facile à trouver en micro que sur un multi-accueil.

  • Speaker #1

    Mais pour autant, tu disais qu'en rural, c'est aussi plus accessible d'ouvrir une micro-crèche.

  • Speaker #0

    Oui, en rural, c'est plus accessible parce que ce n'est pas le foncier, là, c'est plutôt le volume de réservation. Le nombre de familles qui ont besoin d'une place en crèche est moindre dans un espace rural, donc la micro-crèche est plus adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus indiqué parce que si tu ouvres un 40 berceaux, ça va être difficile de la remplir. Et tu remplis combien de places par an avec les parents zen ?

  • Speaker #0

    On réserve à peu près un millier de places en ce moment, chaque année.

  • Speaker #1

    C'est stable ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est stable ces dernières années. Alors c'est stable aussi parce que nous, on a eu des problèmes à régler en interne, des crises de croissance. J'espère bien que ça va repartir à la croissance.

  • Speaker #1

    C'est déjà beaucoup, en tout cas 1000 places. Et c'est pour ça que moi, j'ai estimé que tu devais en tout cas verser plus de 10 millions. par an à des crèches. Je trouve que c'est vraiment remarquable pour nous. En tout cas, moi, je l'ai vécu en tant que gestionnaire de crèche et j'invite vraiment les auditeurs à ne pas hésiter. Je sais qu'il y a encore des petits gestionnaires qui ont peur des réseaux, qui ont l'impression que c'est vendre son âme au diable que d'aller dans ces démarches, alors qu'en fait, c'est simplement financer sa crèche. Et je crois qu'on en a parlé suffisamment. C'est vraiment la clé du succès. Pour faire de la qualité, il faut avoir des financements. On arrive à la fin de notre interview, Tanguy. J'espère que ça t'a plu autant qu'à moi, que tu as pu dire tout ce qui te semblait utile au secteur. Est-ce qu'aujourd'hui, tu sais ce qu'on pourrait souhaiter à notre secteur qui souffre depuis quelque temps ?

  • Speaker #0

    Oui, ce qu'on pourrait souhaiter, c'est que chacun accepte les fondamentaux du secteur tels qu'ils sont et qu'on puisse laisser les professionnels travailler sur du long terme avec les règles actuelles. Je pense qu'on a les règles déjà les plus. complexe au monde. Il n'y a pas un pays au monde ailleurs où on nous dit où placer une poignée de porte, où mettre un Oculus dans une crèche et toutes ces bêtises. En fait, si on pouvait juste nous laisser faire notre travail le mieux possible et s'il y en a qui le font mal, qu'on s'adresse à ceux-là exclusivement mais les autres, laissons-nous travailler sur du très long terme parce que c'est un métier difficile. C'est un métier qui demande d'être très concentré, d'être très exigeant. Et donc, si on doit passer la moitié de notre énergie à répondre à des administrations et à remplir du papier, ça nous empêche de bien faire notre travail. Et je pense qu'aujourd'hui, les administratifs nous compliquent la vie et nous empêchent de faire de la qualité. Catherine Vautrin dit « Ah, mais je ne dévoirais pas la qualité. » Elle fait tout le contraire de ce qu'elle dit. En nous apportant de nouvelles contraintes, en nous demandant plus de diplômes, elle nous empêche de recruter les bonnes personnes. On ne recrute plus des salariés, on recrute des diplômes aujourd'hui. Et donc ces gens-là doivent voir un petit peu qu'on a tous envie de bien faire. C'est tous à notre avantage. de bien accueillir les enfants quotidiennement. Il n'y a personne qui se dit « je vais mal les accueillir, comme ça je vais me faire embêter par les administrations, je vais me faire embêter par les familles, tous mes professionnels vont démissionner. » Il n'y a personne qui pense comme ça. Donc laissons-nous travailler sereinement, et tout ira pour le mieux.

  • Speaker #1

    Donc ne pas réglementer et surréglementer, accepter que le temps crèche, c'est le temps long. Donc ça, je le dis souvent, en crèche, ça ne va pas vite. Il faut observer, il faut patienter et se mettre au travail. C'est un travail qui est long. et se concentrer sur la qualité. Donc, c'est ce que tu souhaites pour le secteur. Maintenant, ma dernière question, Tanguy, pour conclure. Si c'était à refaire, est-ce que tu recommencerais ? Est-ce que si tu te reprojettes en 2006, quand tu as commencé à connaître le secteur, tu as pris la bonne décision ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en suis absolument persuadé. On a pris la bonne décision, on a transformé le marché, on a permis à des petits entrepreneurs d'avoir des places en crèche pour leurs salariés et donc de fidéliser leurs salariés. On a permis à des petits gestionnaires d'avoir des revenus supplémentaires et de pouvoir s'équilibrer à long terme. J'adore ce métier. Et puis à nouveau, on a une équipe qui est absolument géniale chez les parents de Z. Comme on fait beaucoup de marketing, les gens croient peut-être qu'on est une grosse entreprise parisienne, etc. Moi, je viens de mon petit village de 100 habitants et on aime justement cette proximité avec les gestionnaires. Je crois qu'on a un rôle indispensable et à moi de mieux le faire connaître, d'ailleurs, ce rôle.

  • Speaker #1

    Je sais que tu as encore plein de trucs à dire. On n'a pas parlé de tout ce que vous faites, la création d'emplois dans les villages, l'aide aux associations. Tu fais plein d'autres trucs et notamment aussi, tu crées des crèches. Il y a encore beaucoup de choses à dire et c'est pour ça que je te propose qu'on refasse un autre épisode sur le podcast. Est-ce que tu reviendras, Tanguy ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Tanguy pour ton témoignage en toute transparence.

  • Speaker #0

    A bientôt Amal, merci pour ton invitation.

  • Speaker #1

    Bye bye Tanguy.

  • Speaker #0

    Bye bye.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout, j'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode, parle-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. A la semaine prochaine.

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Description

Chaque année, il reverse plus de 10 M€ aux crèches. Acteur discret mais décisif pour le financement du secteur, mon invité soutient les gestionnaires indépendants qui peinent à remplir et équilibrer leur structure.

Son objectif : financer la qualité, pour que chaque parent puisse bénéficier du meilleur accueil pour son enfant.


Bonne écoute !


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MERCI ❤️


Montage : Aurélie Clément

Écriture & Voix : Amale Cosma

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. Je suis ravie de t'avoir sur le podcast Tanguy depuis le temps qu'on se connaît. Les auditeurs, je pense qu'ils te connaissent tous, donc j'ai envie de dire, on ne te présente plus, mais présente-toi quand même en deux mots.

  • Speaker #1

    Donc je suis Tanguy Dezendre, j'ai 49 ans, j'ai créé une entreprise qui s'appelle Les Parents Zen avec ma femme Marine il y a 15 ans. Et Les Parents Zen, c'est une entreprise qui... qui propose des réservations de places en crèche aux entreprises et qui réserve ces places en crèche à 4500 crèches qui sont partenaires chez nous partout en France.

  • Speaker #0

    Et avant, pour ceux qui t'ont connu comme moi il y a très longtemps, l'entreprise s'appelait Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Initialement. Et tu es un vieux de la vieille, j'ai envie de dire, parce que pour le secteur, tu me dis, je ne suis pas très connue. Bon, tu n'es peut-être pas connue dans le monde entier, mais dans le secteur quand même, tu es vraiment un pionnier du secteur parce que tu fais partie. de ceux qui ont démarré dans les années 2000. C'est quoi le tout début de ton parcours dans la petite enfance ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours rêvé d'être entrepreneur. J'avais ça dans le sang depuis tout petit. Je cherchais quelque chose à construire. Et puis un jour, en 2006, j'ai rencontré un jeune entrepreneur qui créait une des premières crèches privées en France. Il n'y avait pas encore beaucoup de startups à ce moment-là et du coup, beaucoup de gens le regardaient faire avec beaucoup d'admiration.

  • Speaker #0

    De start-up, tu veux dire en général ? Oui,

  • Speaker #1

    start-up en général.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas une époque encore où c'était aussi répandu de créer sa boîte, etc. C'était moins médiatique peut-être aussi.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas encore du tout médiatique. Mais justement, comme c'était un secteur complètement inconnu, les gens regardaient ça avec beaucoup de curiosité. Et puis, j'ai rencontré ce gars. Et après l'avoir croisé une ou deux fois, il m'a dit « Attends, toi qui as envie de monter ta boîte, viens m'aider à monter la mienne et puis voilà.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que c'était une rencontre amicale, c'était vraiment dans ton cercle privé. Oui,

  • Speaker #1

    c'était amical. Et puis c'est ce que j'ai fait, parce que je me suis dit la petite enfance c'est génial, en plus moi je crois beaucoup au mélange public, associatif, privé, je pense qu'on peut tous aller dans la même direction. Et voilà, c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    Donc par rencontre, tu t'es dit pourquoi pas la petite enfance ? Et est-ce qu'on peut avoir le nom de ce mystérieux pionnier qui était avec toi dans ces... premier temps de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Oui, lui, il est beaucoup plus célèbre que moi, et a raison, d'ailleurs, c'est Rodolphe Carles, de Babylou, c'est le co-fondateur de Babylou, avec son frère. Et effectivement, j'ai passé trois ans et demi chez Babylou à être co-ordinateur petite enfance, co-ordinateur de crèche.

  • Speaker #0

    Vous étiez combien au début ?

  • Speaker #1

    Au bureau, je crois qu'on était six ou sept.

  • Speaker #0

    Donc c'était vraiment les prémices. Oui,

  • Speaker #1

    ils avaient ouvert deux ou trois crèches quand je les ai rejoints.

  • Speaker #0

    Et quand t'es parti ? Trois ans après ?

  • Speaker #1

    120. Ah ouais ? En 2010, oui, presque quatre ans après, 120.

  • Speaker #0

    Un rythme incroyable. Je pense qu'aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le même rythme. Donc au début, tu arrives dans cette entreprise de crèche qui démarre, mais pas sur le même métier que ce que tu fais aujourd'hui.

  • Speaker #1

    J'étais coordinateur, donc il y avait des directrices qui géraient leur crèche. Et puis moi, on m'a demandé d'animer ces directrices. Alors c'était incroyable parce qu'elles m'ont tout appris. Moi, je ne connaissais absolument rien à la petite enfance. J'allais être papa, je ne l'étais pas encore. Donc c'est elles qui m'expliquaient leur métier, qui me faisaient aller sur le terrain. J'ai passé des dizaines de journées sur le terrain. Et puis moi, je les aidais pour tout ce qui était management, administration, recrutement.

  • Speaker #0

    Tu avais déjà cette expérience de gestion d'entreprise, de management.

  • Speaker #1

    De gestion d'équipe, oui.

  • Speaker #0

    Oui, de gestion d'équipe. écoute Tanguy c'est rigolo parce que j'ai l'impression qu'on a partagé cette même réalité. Parce que moi, quand je suis arrivée dans la petite enfance en 2007, donc un tout petit peu après toi, eh bien, je n'étais pas du tout de la petite enfance. J'étais présidente d'une association. Et donc, je me suis confrontée à l'éducatrice de jeunes enfants qui dirigeait le service. Et donc, c'est elle aussi qui m'a tout appris. Moi, j'étais là à son service. Donc, je pense que c'est un peu comme toi. Je voulais trouver des solutions pour elle, l'aider, l'écouter, la soutenir. Elle avait plein de problématiques parce que tu sais ce que c'est, gérer des équipes de terrain, ce n'est pas tous les jours un long fleuve tranquille et on doit tout le temps les aider, les soutenir. Et donc, je pense qu'on a appris le métier finalement de la même manière. Et moi aussi, je suis comme toi. J'ai trouvé ça génial d'avoir ce retour, ce feedback du terrain en permanence.

  • Speaker #1

    C'était passionnant. Et puis, on a fait des tandems avec les directrices qui étaient vraiment géniaux. D'ailleurs, il y a Marie Couronnet qui m'a appris énormément de choses, si elle écoute. Sophie Huillet aussi.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une amie commune qui s'appelle Madame Juaze.

  • Speaker #1

    Exactement, Sylvie, qui nous a rejoints aussi et qui, pareil, m'a appris énormément de choses. C'était une de mes collègues au bout de quelques années, Sylvie.

  • Speaker #0

    Moi, je l'ai connue par la PMI. Elle était ma référente, elle faisait mes visites d'agrément, mes visites de contrôle. Et maintenant, elle travaille à la municipalité à Massy. Alors, qu'est-ce qui a fait que tu aies passé de ce poste de coordinateur à tout d'un coup ce que tu fais aujourd'hui qui est complètement différent ? Parce que finalement, chez Babylou, ce n'est pas toi qui t'occupais de remplir les crèches, alors qu'aujourd'hui, c'est un peu ce que tu fais. Aujourd'hui, pour résumer pour les auditeurs, on peut dire que tu es celui qui remplit les places. Ce n'est pas ce que tu faisais au début.

  • Speaker #1

    Si quand même, donc mon métier c'était de m'assurer que la crèche fonctionne bien, avec la directrice qui s'occupe de l'équipe et des familles, et puis moi qui chapote plus ce qu'il y a autour. Et une de mes missions c'était quand même de faire en sorte que les crèches aient suffisamment de familles, voire de réservations d'entreprises. Donc on avait les premières réservations d'entreprises qui étaient faites par la pharmacie du coin par exemple, qui nous réservait un berceau. Et c'est là qu'avec Marine, ma femme, on s'est dit mais... Les places d'entreprise, c'est hyper bien, mais la plupart des entreprises ne savent absolument pas qu'elles peuvent réserver des berceaux. On pense qu'une crèche d'entreprise, c'est le fait d'ouvrir une crèche pour une entreprise donnée près de son siège, pour que tous les enfants des salariés qui en ont besoin aient une place dans la même crèche.

  • Speaker #0

    Mais déjà, au tout début, quand vous avez démarré, il fallait déjà savoir qu'il y avait des crèches privées, parce que ce n'était pas non plus connu de tous, c'était le début des crèches d'entreprise, des crèches privées. Et en plus, ce que tu dis, c'est que si on savait que ça existait... on ne pouvait pas forcément savoir qu'on y avait droit, qu'on y avait accès. C'est-à-dire que la plupart des gens pensaient que c'était réservé aux très grosses boîtes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. On a une maman qui nous demandait des informations à la crèche. À la fois, la directrice lui disait « Non, mais on ne peut pas vous prendre parce que si vous n'êtes pas salarié d'une entreprise réservataire, on ne peut pas vous accueillir. » Et puis la maman elle-même qui disait « Non, mais moi je ne peux pas parce que mon entreprise ne réserve pas. » Ou alors elle nous disait « Non, mais elle ne fera jamais ça. » Donc moi j'essayais de la convaincre, de lui donner des outils pour qu'elle le fasse. En disant, si, elle, ça va l'arranger cette entreprise, parce que d'abord, elle est très soutenue fiscalement, et puis ça va lui permettre de vous fidéliser, et puis ça va lui permettre d'attirer des nouveaux collaborateurs. Et donc, cette maman, elle était un peu reboostée, et elle allait voir son patron pour lui dire, tiens, mais j'ai trouvé une place en crèche, mais j'aurais besoin que tu participes, est-ce que tu penses que c'est possible ? Et ça a commencé à marcher. Avec Marine, on s'est dit, les crèches d'entreprise, c'est bien, mais... Elles ont deux défauts de naissance. D'abord, créer une crèche pour une entreprise donnée, ça veut dire réserver des places uniquement pour les salariés qui travaillent au siège. Et ça, pour nous, il y avait un problème fondamental, c'était un service qui n'était pas démocratique. C'était encore les salariés de siège des plus belles entreprises de France qui pouvaient bénéficier de la salle de sport, du restaurant, de la crèche, de la conciergerie. Mais c'est toujours les mêmes qui ont tout, donc pas possible. Et puis l'autre défaut, c'est que ces mêmes salariés, On les obligeait à s'occuper tout seuls de leur enfant, d'aller le déposer à côté du bureau le matin, les récupérer le soir, pendant que le conjoint, lui, il ne travaille pas au même endroit, donc il ne s'occupe de rien pendant trois ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça déséquilibre le couple parental.

  • Speaker #1

    Totalement. Et puis s'il y en a un qui s'occupe à 100% d'un enfant, ça va être la maman. Ça ne va pas être le papa.

  • Speaker #0

    Sauf si c'est le papa qui travaille chez L'Oréal.

  • Speaker #1

    Écoute, dans les faits, ça n'arrive pas. Donc le service, il est génial, il est plébiscité par quelques entreprises, mais pour l'utilisateur, il n'est pas encore abouti. Et nous on dit aux entreprises en fait, il ne faut pas que vous ouvriez une crèche rien que pour vous, il faut que vous réserviez des places auprès des gestionnaires, auprès des crèches, pour que chaque salarié ait sa place près de chez lui. Il n'a pas besoin d'aller avec des transports en commun sur le lieu de travail avec son enfant tous les matins, il a sa place à côté de chez lui, il partage la tâche avec le conjoint, on peut avoir une baby-sitter qui récupère l'enfant le soir, bref c'est beaucoup mieux. Et puis c'est un service qui est beaucoup plus démocratique. Parce que le boulanger du coin nous réserve un berceau pour son vendeur ou sa vendeuse, le pharmacien du coin. Ou alors LVMH nous réserve 50 berceaux pour 50 salariés partout en France. Du coup, c'est plus réservé uniquement aux sièges des grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est hyper intéressant. Mais il y a un truc que tu ne m'as pas dit. C'est-à-dire que là, j'ai compris pourquoi tu avais eu l'idée. Et c'est un peu ton côté créatif, ton côté entrepreneur où tu t'es dit tiens, il y a un truc à résoudre et j'ai une idée. mais par contre... Moi, ce dont je me souviens, c'est que dans ces années-là, puisque moi, je suis arrivée, comme je te dis, juste après toi en 2007. Donc, c'est la même période. Tu vois, moi, j'avais une crèche associative. C'était la mairie qui réservait les places. Il n'y avait pas encore de micro crèche en plus. Donc, il n'y avait pas d'autre système que le système PSU, c'est-à-dire le système dans lequel il y avait un tiers financeur. Et la plupart du temps, c'était la mairie initialement. Donc, qu'est-ce qui s'est passé pour que tout d'un coup, on aille chercher les entreprises ? Est-ce que vous, quand vous étiez en train de démarrer avec Babylou... Il y a eu un moment où ça a switché. Est-ce que ce n'était pas les mairies aussi qui réservaient les places quand vous avez démarré ?

  • Speaker #1

    Le modèle économique d'une crèche, en particulier d'une crèche PSU, ne peut pas fonctionner sans qu'il y ait un tiers financeur. Historiquement, c'est les mairies qui jouent ce rôle de tiers financeur. Soit elles animent leur propre crèche et ça leur coûte de l'argent, soit elles subventionnent l'association du coin ou l'entreprise privée du coin sous forme de DSP, par exemple. Mais en tout cas, il faut quelqu'un pour co-financer la crèche. La famille ne suffit pas. Et donc, avec l'arrivée des crèches d'entreprise, c'est l'entreprise qui vient remplacer la mairie comme tiers financeur, en tout cas compléter les places réservées par les mairies comme tiers financeur. Et nous, c'est ça qu'on apporte. Pourquoi est-ce qu'on va chercher des entreprises pour réserver des places ? Parce que les gestionnaires ont besoin de ces réservations d'entreprise pour équilibrer leurs comptes. Sans qu'il y ait de tiers financeur, une crèche PSU ne peut pas vivre.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois moi. Quand j'avais cette crèche associative, je me souviens très bien qu'on avait un prix qui était ridicule. Nos places, elles n'étaient vraiment pas rentables du tout. Donc, on était obligé de tout le temps tirer à droite et à gauche avec des bouts de ficelle de partout. On avait des contrats d'insertion. C'était vraiment une galère et beaucoup, beaucoup de bénévolat, dont le mien en tant que gestionnaire. Et en fait, la ville, elle ne payait vraiment pas cher du tout. Et je me souviens qu'ensuite, quand on a fait de nouveaux projets, etc., le maire me disait... mais vous vous rendez compte, on a de moins en moins de moyens, nous les mairies, on ne peut plus rien faire. Donc j'ai fait plusieurs projets, notamment mon premier projet, c'était à Châtenay-Malabry. Je m'étais dit, je vais ouvrir une crèche de 30 berceaux. Mais en fait, la mairie, elle m'a dit, mais vous vous rendez compte, on n'a pas ces budgets-là. Je crois que je leur avais parlé de 10 000 euros x 30 places. Et en fait, la mairie, elle te dit, attendez, 300 000 euros sur mon budget ? Mais non, ce n'est pas possible. Donc il y a eu... Je pense qu'il y a eu un moment de bascule. Alors, est-ce que c'est les mairies qui n'avaient plus de moyens ou est-ce que c'est plutôt qu'elles se sont dit « Ah tiens, mais il y a un nouveau dispositif avec ces entreprises qui peuvent financer les crèches » et qu'elles ont vu la porte de sortie pour elles en se disant « On va saisir cette opportunité pour faire basculer ça sur les entreprises » . Je ne sais pas. Est-ce que pour toi, c'est les mairies qui avaient moins de moyens ou c'est plutôt les mairies qui se sont dit « Tiens, on peut peut-être se décharger de ça sur le privé » .

  • Speaker #1

    Je crois qu'il y a un peu de ça. Il y a aussi le fait que le privé a ouvert beaucoup de crèches. Donc les mairies qui avaient de l'argent, elles ont quand même pas mal participé. Moi, j'étais basé en Ile-de-France. Il y a énormément de mairies de la Petite Couronne ou de la Grande Couronne qui ont ouvert des crèches avec le privé, qui les ont subventionnées. Et puis, c'est vrai que les autres, elles avaient besoin d'avoir d'autres solutions. Et l'arrivée de ces réservations de places d'entreprise a été un bol d'air absolument immense pour... ajouter ces tiers financeurs nécessaires ?

  • Speaker #0

    C'est une grosse évolution du secteur, cette ouverture au privé et au financement privé aussi. Ce n'est pas juste qu'on avait le droit d'ouvrir des crèches privées, parce qu'effectivement, il y a cette nouveauté-là. C'est-à-dire que d'abord, les crèches, c'était que du public, ce n'était pas du privé. Et puis là, tout d'un coup, on peut ouvrir des crèches privées. Et en plus, on peut les faire financer par les entreprises, on peut les faire financer par du privé. Donc, c'est des grosses évolutions du secteur. Est-ce que tu as vu d'autres évolutions sur les 20 dernières années. dans le secteur et qui ont eu un impact aussi important ?

  • Speaker #1

    Effectivement, la principale évolution, c'est l'émergence du privé qui a apporté non seulement des ouvertures de nouvelles crèches, mais qui a apporté aussi beaucoup d'évolutions, y compris sur l'accueil des enfants, sur la pédagogie, je trouve. Il a favorisé l'émergence des EJE dans l'organisation, parce que je vous parle d'un temps où uniquement les infirmières pouvaient diriger des crèches et d'ailleurs, elles voyaient d'un mauvais œil le fait que les éducatrices en dirigent aussi. comme quoi l'histoire se répète quelques fois. Et puis, les entreprises privées ont aussi beaucoup travaillé sur toutes les pédagogies qu'on voyait à droite et à gauche, et ont fait énormément sur la pédagogie telle qu'on la vit aujourd'hui. Nous, on a apporté notre pierre à l'édifice, effectivement, en permettant à toutes les entreprises de France de réserver des places, et donc en permettant à des gestionnaires d'ouvrir des crèches dans l'espoir qu'ils aient quelques réservations d'entreprises pour équilibrer leurs comptes. Donc ça, ça... beaucoup fluidifier le système, le fait qu'on aille réserver des places et pas juste ouvrir des crèches d'entreprise. Je pense que ça a énormément fluidifié le système. Et puis l'arrivée des micro-crèches, pour moi ça a été aussi une phase extrêmement forte parce que ça a permis d'ouvrir des crèches en zone rurale. Moi je viens d'un village de 100 habitants, donc je connais très très bien le sujet. On voit des petites crèches qui ouvrent dans des bourgs de 500 ou de 1000 habitants et qui sont tout à fait adaptées aux besoins locaux. On voit aussi des micro-crèches qui sont arrivées en zone urbaine, où c'était extrêmement difficile de trouver un local de 300 m² de plein pied avec un jardin. Dans Paris, c'est exceptionnel d'en trouver un. Donc le fait de pouvoir ouvrir des micro-crèches, c'est génial. Ça permet d'arriver là où les besoins sont les plus importants. Voilà, pour moi, c'est les trois grandes évolutions.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a eu une ouverture de micro-crèches dans ton petit village ?

  • Speaker #1

    Non, pas encore dans mon petit village. Il y a 100 habitants, il y a une moyenne d'âge de 70 ans.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que tu essayes de rajeunir la population en créant de l'emploi là-bas.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Donc là, aujourd'hui, juste, il y a une petite école dans la mairie. Il y a 17 enfants pour les trois niveaux de maternelle et l'ECP réunis. Il n'y a pas de quoi faire une crèche.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas encore de quoi faire une crèche. Les évolutions les plus récentes du secteur, Tanguy, tu le sais comme moi, elles sont moins sympas que toutes ces innovations. Là, en ce moment, on vit vraiment une crise depuis deux ans. Ça s'est vraiment corsé. Bon, moi, je pense que la crise, elle existait déjà avant. Enfin, c'est une crise qui était un peu moins visible, mais on la sentait bien, nous, dans les crèches. Il y avait la montée d'une pénurie de professionnels. Il y avait la baisse des financements, donc de moins en moins de temps pour réfléchir à l'accueil. Un temps de plus en plus productif dans les crèches, etc. Mais en 2022, il y a eu un décès qui a choqué vraiment la France en entier et notre secteur en particulier, dans une crèche. Et depuis, c'est vraiment la crise, on attend des réformes. Là, la réforme, elle vient d'être publiée en avril 2025. Est-ce que toi, dans ton activité, tu as des menaces particulières ? Comment tu vis cette crise ? Et ce seraient quoi les menaces pour ton métier ? Est-ce que c'est les mêmes menaces que celles des crèches ? Ou est-ce que... à d'autres types de menaces qui planent sur ton métier ?

  • Speaker #1

    Nous, notre mission, c'est de démocratiser la crèche. Et c'est de faire en sorte, pour démocratiser la crèche, qu'un maximum d'entreprises réservent des places pour leurs salariés et participent ainsi à l'effort d'ouverture de crèches en France. Donc, quand le secteur va mal, nous, ça nous affecte. Tous nos partenaires vont mal, il y en a beaucoup qui ferment, il y en a qui cherchent à se vendre, qui ont des problèmes pour financer leur croissance, etc. ils nous le disent et puis il y a aussi des crèches qui vont mal et du coup on vit quelquefois des incidents malheureusement dans des crèches partenaires parce qu'ils ont du mal à recoter. Bon voilà, ça c'est l'environnement. Et puis pour nous, plus spécifiquement, on vend des réservations de place en crèche qui font bénéficier à nos clients d'un crédit d'impôt de 50%. Alors ça c'est une aide qui est absolument géniale et qui est indispensable au fonctionnement du secteur. Parce que quand on vend une place 12 000 ou 15 000 euros à une entreprise, elle va bénéficier de 50% de crédit d'impôt. C'est-à-dire que l'État va lui prendre un tout petit peu moins d'impôt que ce qui lui prend énormément par ailleurs. Il va lui rembourser 6 000 ou 7 500 euros d'impôt.

  • Speaker #0

    Le crédit d'impôt, parfois on l'appelle le SIFAM, c'est le crédit d'impôt famille. C'est un véritable moteur pour les crèches et pour la création de places en France.

  • Speaker #1

    Il est absolument indispensable. Il faut savoir que le SIFAM était de 25% entre 2004 et 2009.

  • Speaker #0

    Ça, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Il a été doublé en 2009. C'est là qu'il y a eu une explosion de réservation de places en crèche par les entreprises. C'est absolument nécessaire à l'écosystème, ce crédit d'impôt. Et puis je trouve que le système, il est vachement sain. L'État a dit aux entreprises, écoutez, nous on aimerait bien que vous subventionnez les crèches, que vous financiez les crèches. Si vous le faites, on vous rembourse 50% de la dépense. Bon, c'est faire. Toi, t'en prends la moitié, moi je prends l'autre moitié. Et ensemble, on va ouvrir plus de places en crèche pour les salariés qui sont des familles françaises.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est risqué parce que c'est comme tous les dispositifs de ce genre. Au bout d'un moment, l'État, il se dit non, mais ça me coûte trop cher. Stop, j'arrête.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça notre crise. C'est qu'en France, on a toujours des politiques ou des administratifs qui pensent que leurs prédécesseurs ont fait des conneries et qu'eux sont beaucoup plus intelligents que les prédécesseurs. Or, à nouveau, ce système, il est brillant, il est simple. Mais c'est ça aussi qui dérange les gens, c'est qu'il est hyper simple.

  • Speaker #0

    Il a un impact direct, on a pu le voir. toi tu l'as vu surtout quand ils ont passé le crédit d'impôt de 25 à 50 %, et c'est super intéressant, ça a complètement changé les choses.

  • Speaker #1

    Ça a complètement changé les choses. Pour nous, ça nous a permis d'expliquer aux entreprises qu'effectivement, il y avait un deal qui était simple avec l'État, de prendre en charge la moitié de la réservation d'une place en crèche. Et puis là, cet hiver, en janvier, il y a eu une publication de rescrit fiscal par le ministère des Finances qui disait que ces réservations de place en crèche ne font plus bénéficier du crédit d'impôt de 50 % Si. Les entreprises qui réservent des places passent par un intermédiaire comme nous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est-à-dire que si c'est les parents zen qui s'occupent de la réservation de places pour ma micro-crèche, l'entreprise qui réserve n'a plus droit au crédit d'impôt. Donc elle est complètement sanctionnée, pénalisée.

  • Speaker #1

    Exactement. Or, c'est un énorme problème parce que nous, on réserve 1000 places chaque année auprès de gestionnaires de crèche. Ça veut dire qu'on finance chez les gestionnaires de crèche 1000 berceaux un peu partout en France. Et l'immense majorité de ces gestionnaires... ne peuvent pas aller vendre leur place directement à nos clients. Parce que nos clients, c'est qui ? C'est la Banque Populaire Cazepane, c'est des Vinci, des Louis Vuitton Moet & C, LVMH. C'est des énormes entreprises comme ça. Et ça, un gestionnaire qui a deux ou trois micro-crèches en Ardèche, il n'a pas accès à ces entreprises-là. Et puis nos autres clients, C'est à nouveau le boulanger du coin, le pharmacien du coin. Mais le gestionnaire de crèche, il ne sait pas aller convaincre le pharmacien qu'il peut réserver une place en crèche, bénéficier d'avantages fiscaux, etc.

  • Speaker #0

    Là-dessus, je te confirme parce que tu sais qu'Aurélie et moi, chez Références Petites Enfances, on les forme notamment sur ces sujets. Et non seulement ils ne savent pas que ça existe, quand ils savent que ça existe, ils ne savent pas le faire. Et quand ils le font, ils n'ont pas beaucoup de temps pour le faire. Et moi, je dois dire que dans nos crèches, On avait un très bon taux de réservation d'entreprise puisqu'on avait 65% de places entreprises sur nos 130 places. Mais en réalité, il y en avait sur les 65%, on arrivait à en convertir nous 15%. Et les 50 autres pourcents, c'était via des parents zen, etc. D'ailleurs, je vais te poser une question à laquelle tu vas me dire que je n'ai pas la réponse. Est-ce que tu sais, sur l'ensemble des places qui sont réservées par des entreprises aujourd'hui en France, la proportion qui est réservée en direct, c'est-à-dire via directement le gestionnaire ou son équipe, et la proportion qui est réservée par un intermédiaire comme vous.

  • Speaker #1

    En fait, chez les quatre très grands gestionnaires français, eux, ils ont leurs équipes et presque la totalité de leurs berceaux sont réservés par eux-mêmes. Et puis, chez les autres gestionnaires, il y en a très peu qui ont des forces commerciales. Donc, il y en a très peu qui réservent pour eux-mêmes. Nous, on a même beaucoup de gestionnaires qui nous disent Ah, mais j'ai une entreprise à côté de chez moi, j'accueille un salarié de cette entreprise, est-ce que vous pouvez m'aider à leur faire réserver la place ? Parce que moi, je sais que je pourrais le faire, mais je n'ai pas le temps. Nous, on accompagne énormément de gestionnaires qui nous disent, soit, en fait, j'ai besoin de vous, les parents zen, parce que j'ai besoin de votre réseau de présence partout en France. L'entreprise qui est à côté de chez moi, elle a trois sites partout en France, moi, je ne peux pas répondre aux trois sites, donc voilà. Soit, faites le travail, parce que moi, je ne sais pas bien expliquer les sujets fiscaux, les sujets d'organisation, de commission d'attribution, de machin. Bref, faites le boulot. Et ça, il y a énormément de crèches qui nous contactent pour ça.

  • Speaker #0

    Je reviens sur l'événement tragique dont tu as parlé. En janvier 2025, on a été très inquiets parce qu'on a vu ce rescrit sortir. On s'est dit, oula, c'est la fin du CIFAM. En tout cas, ça réduisait drastiquement le SIFAM, puisque le crédit d'impôt, il fallait aller chercher soi-même les places entreprises pour qu'elles y aient droit. Et donc, comme tu dis, il n'y avait plus grand monde qui pouvait se le permettre. Qu'est-ce qui s'est passé ? Rassurons les auditeurs !

  • Speaker #1

    Nous, on a appris ça le 8 janvier. Donc pour nous, en gros, c'est signé la fin de notre activité de réseau. On ne pouvait plus réserver de place en crèche, puisque sans le crédit d'impôt, les entreprises ne réserveront jamais une place en crèche si elles payent la totalité du coût du crédit d'impôt. Donc on a rencontré le ministère des Finances. On leur a expliqué que leur idée, ils pensaient que c'était une idée de bon sens. C'est-à-dire que je pense qu'ils nous voyaient comme des gens qui captent. simplement de la marge sur les berceaux et qui n'apporte pas de valeur ajoutée. Mais moi je leur ai expliqué que nous on représente tous les petits gestionnaires de crèche. Nos partenaires gèrent en moyenne 3,5 crèches. Donc la typologie d'un gestionnaire de crèche qui travaille avec l'épargne en zène, c'est un gestionnaire de crèche qui gère 2 micros ou 3 PSU, 5 crèches, voilà. Et donc lui, il n'a jamais d'équipe qui lui permet d'aller voir des grandes entreprises ou même des petites. Et donc on a expliqué ça et puis on a expliqué aussi que si nous ne pouvons plus réserver des berceaux d'entreprise à des petits gestionnaires, il n'y a plus que les grands acteurs qui ont une organisation qui leur permet d'être au contact des réservataires de place en crèche.

  • Speaker #0

    Ça disqualifiait en fait les petites boîtes de crèche.

  • Speaker #1

    Totalement, les petites boîtes de crèche, elles n'ont pas accès aux réservataires. Nous, on a toute une équipe qui nous met en relation quotidienne. avec des entreprises pour aller réserver des places en crèche. Des petites entreprises, des grandes entreprises, toute la journée, on ne fait que ça, les accompagner pour réserver des places, pour mettre en place un projet de parentalité dans leur entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est colossal en fait comme travail. Et je pense que ça, c'est quelque chose qu'on ne mesure pas forcément quand on n'est pas dans le banc. Oui,

  • Speaker #1

    nous, par exemple, on a quelquefois des cycles de vente de 4 ans pour avoir un nouveau client. Ce n'est pas rare, on a beaucoup de clients qu'on accompagne pendant des années. Parce qu'on propose nos services à un DRH qui nous dit « Ah bah oui, ça m'intéresse, mais là, il faut qu'il aille voir son comité de direction pour débloquer un nouveau budget. » Et puis ensuite, il faut mettre en place le système, la commission d'attribution, etc. Et tout ça, ça met des années. Et donc, tu imagines qu'il faut avoir énormément de patience et énormément de ressources pour pouvoir accompagner ces entreprises.

  • Speaker #0

    Petite digression avant que tu nous dises ce qu'est devenu le Rescrit. Tu vois, moi, j'ai eu des expériences malheureuses parfois avec certains réseaux parce qu'il y a eu des gens qui se sont dit « Tiens, mais ça a l'air super. » J'ai senti le filon, je vais créer ma plateforme de réservation de crèche. Et en fait, on se retrouvait avec une équipe de commerciaux qui essayait de vendre des places en crèche. Mais ça ne marchait pas très bien parce que nous, les familles, elles nous disaient « Dis donc, votre commercial… » C'était bizarre son discours. En fait, ça ne marchait pas parce que c'était des commerciaux qui essayaient de vendre un truc qui est hyper humain et ils n'arrivaient pas à comprendre le métier. Est-ce que ça, c'est des trucs que tu as déjà vécu dans tes recrutements ou est-ce que tu as réussi à instaurer vraiment cet esprit petite enfance ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'ai pas vécu ça dans mes recrutements, mais j'ai beaucoup vécu ça quand People & Maybe qui s'est dit « tiens, on va faire la même chose que les parents zen » . Et nous, à un moment, on avait besoin d'avoir un nouveau partenaire en Haute-Savoie, par exemple. On appelait le gestionnaire. Et ils nous disaient, ah oui, mais vous faites comme People and Baby. Ils m'ont appelé il y a un an, ils m'ont fait miroiter que j'allais gagner des fortunes, et je n'ai plus jamais eu de nouvelles depuis. Et en fait, pendant assez longtemps, on a eu des gens comme ça. Il y a eu Happy Company, c'était souvent avec des noms anglais. Happy Company, People and Baby, etc., qui essayaient de faire le même métier. Nous, non, on essaye d'être très patient, on essaye d'être très pédagogue.

  • Speaker #0

    Oui, tu as le sentiment que tes équipes comprennent bien le métier, et ont ce discours humain, et essayent vraiment de comprendre les familles.

  • Speaker #1

    Il faut comprendre les familles, il faut comprendre les gestionnaires de crèche aussi. Sinon, ça ne fonctionne pas. Et d'ailleurs, je crois qu'on a fait notre réputation là-dessus, sur le fait de porter de l'attention aux autres. Et ça marche bien. Oui,

  • Speaker #0

    je sais que tu étais très concernée par l'accompagnement, le soutien à la parentalité. Et d'ailleurs, c'est aussi dans cet esprit-là que tu avais changé de nom. Et je m'en souviens bien. Je ne sais plus en quelle année c'était. Tu vas peut-être me rappeler ça. Mais quand tu m'as dit, je vais changer de nom. Je vais appeler ma boîte Les Parents Zen. je t'ai dit mais non Tanguy c'est pas dans l'air du tout temps, il faut se recentrer autour de l'enfant, pas des parents, etc. Moi, j'en suis convaincue et toi, tu es convaincue par ton idée, ta vision. Je pense qu'en fait, toi, tu portes vraiment cette vision de soutien à la parentalité. C'était en quelle année déjà que tu as changé de nom ?

  • Speaker #1

    En 2022, il y a trois ans. Ça a été une décision assez courageuse de toute l'équipe parce que Ma Place en Crèche, le nom était déjà pas mal installé.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y en a encore qui t'appellent Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Mais même nous, quelques fois, on fait des lapsus. Bon, voilà. Mais... On a proposé d'autres services aux entreprises aussi qui ne concernaient pas forcément la crèche. Donc on avait besoin de changer de nom pour les parents zen. Et puis on a gardé cette colonne vertébrale de l'accompagnement des parents parce que ça faisait déjà 12 ans que tous les jours on se battait pour trouver une solution aux parents. Il faut quand même avoir en tête que la crèche a été inventée au moment où les deux parents dans un couple sont allés au travail. Donc la crèche est indissociable du fait d'avoir des parents actifs. Et donc, nous, notre rôle, c'est vraiment essayer de faire en sorte que les parents aient bonne conscience quand ils vont travailler, quand ils donnent à accueillir par un organisme comme une crèche. Eh bien, notre vœu, c'est vraiment qu'ils puissent être sereins. Et donc, ce nom, les parents zen, on l'aime énormément. Et cette mission, on l'aime énormément parce que si on pouvait donner bonne conscience aux familles tous les matins quand elles vont travailler, franchement, le tour est joué.

  • Speaker #0

    Se sentir en sécurité pour le parent, c'est primordial. en tout cas. Moi, je peux en témoigner parce que souvent, on diabolise un peu les crèches. On dit oui, mais il faudrait que le congé parental dure plus longtemps, le congé maternité, le congé paternité et tout. Et en fait, moi, je me souviens très bien quand j'ai eu ma fille en 2007. J'avais une trentaine d'années. Eh bien, j'adore ma fille. C'est l'amour de ma vie. Mais je n'étais pas au summum du bonheur et de l'épanouissement quand j'étais toute seule chez moi avec mon bébé. Et en fait, c'était difficile. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui n'osent pas le dire. mais qui vivent un peu cette petite dépression. Enfin, je dis petite dépression, mais parfois, c'est une vraie grosse dépression. Et en tout cas, moi, la crèche, ça m'a un petit peu sauvée. Voilà, fermeture de la parenthèse. Mais pour dire que je sais que pour toi, c'est un vrai pilier, cette valeur d'accompagnement à la parentalité. Moi, je suis beaucoup plus axée sur le service à l'enfant. Mais c'est vrai que pour moi, c'est toujours un gros mystère, un point d'interrogation. On dit l'accompagnement à la parentalité. Moi, j'ai toujours entendu ça. Il faut accompagner les parents, etc. Mais je n'ai jamais vu... quelqu'un qui m'explique vraiment comment je peux faire et c'est quoi l'accompagnement à la parentalité. Je crois que c'est parce qu'il y a encore tout à créer, et puis l'accompagnement à la parentalité, c'est absolument immense. C'est comme si tu parles d'accompagnement à l'enfance ou à la petite enfance. C'est un champ absolument infini. Mais déjà, leur trouver à nouveau une solution d'accueil qui leur permette d'aller travailler. Ensuite, que l'entreprise fasse tout. pour qu'ils se sentent bien à la fois en tant que parents chez eux et en tant que salariés dans l'entreprise et qu'ils puissent tout animer. Ça, c'est deux axes.

  • Speaker #1

    Parce que tu as exploré d'autres choses, tu n'as pas exploré que les crèches pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, on apporte aujourd'hui toute une gamme de solutions pour que les entreprises puissent mettre un cadre de travail le plus ouvert possible aux parents. Les parents dans une entreprise, c'est 89% des salariés. Et puis, on a même un service pour les salariés aidants. pour compléter cette gamme de services pour que chaque salarié qui s'occupe de quelqu'un d'autre dans sa famille puisse venir travailler dans les meilleures conditions. Donc là, on s'éloigne un petit peu de la crèche, mais ça nous permet effectivement, et c'est pour ça qu'on a changé de nom, ça nous permet d'accompagner tous les parents dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Alors, on s'éloigne peut-être un petit peu de la crèche, mais en même temps, je vois que c'est vraiment ton fil conducteur, cet accompagnement des parents. Et en fait, ça montre aussi tes valeurs fortes. Donc moi, je trouve ça intéressant. Et puis encore une fois. C'était un peu mon point d'interrogation pendant toutes ces années, de me dire comment on fait pour accompagner les parents à la parentalité. J'aime bien le fait que toi, tu essayes de répondre à cette question, parce que ça laisse quand même un grand flou. Quand on manage des équipes de terrain, et qu'il y a des gens qui leur disent, quand je dis des gens, ça peut être la PMI par exemple, il faut accompagner les parents à la parentalité. Et qu'en fait, du coup, elles se mettent à donner des conseils, des trucs, alors que ce n'est pas du tout l'objet. En tout cas, nous, ce n'était pas ce qu'on attendait de nos professionnels, de donner un peu des conseils tous azimuts. Mais j'étais un petit peu en peine de dire, oui, mais c'est quoi la solution ? Comment on fait pour les accompagner ? Je pense qu'au bout d'une dizaine d'années, je m'étais résolue à dire, les accompagner, c'est simplement être là, être disponible et leur fournir un accueil serein. Comme tu dis, que ça se passe bien pour qu'eux se sentent bien. Mais ce n'est pas leur donner des conseils dans tous les sens quand ils arrivent le matin à la crèche.

  • Speaker #0

    Nous, on n'est pas forcément très fort dans apporter des conseils, mais néanmoins, on forme nos équipes, on forme nos référentes techniques et nos directrices sur ces sujets de parentalité. Et puis, tu sais qu'on est devenu gestionnaire de crèche aussi, à peu près à la même époque, depuis 2022. Nos crèches, on les appelle aussi les parents zen, parce qu'on veut garder la même mission, de faire en sorte que les parents qui nous confient leur enfant puissent ensuite aller travailler dans les meilleures conditions possibles, sereins. Petit à petit, on forme nos directrices et nos équipes, 1. Leur apporter un maximum quand même de connaissances, d'outils pour pouvoir équilibrer ces deux vies le mieux possible.

  • Speaker #1

    Je pense que ce n'est pas que vous n'êtes pas fort en conseil, c'est que vous n'êtes pas là pour donner des conseils aux parents, mais plutôt pour conseiller les entreprises.

  • Speaker #0

    A l'origine, on est essentiellement là pour conseiller les entreprises. Et puis depuis qu'on est devenu gestionnaire de crèche, on a aussi ça. Juste sur le conseil des entreprises, ce que j'ai déjà un peu effleuré tout à l'heure. c'est qu'en plus c'est un énorme sujet d'équilibre homme-femme. Quand on a réfléchi à tout ça en 2022, quand on a changé de nom, on a fait un petit groupe de travail, et il y a un sujet qui a émergé très fort, c'est que sur notre site internet, on a 20 000, 25 000 familles qui s'inscrivent chaque année pour avoir une place en crèche. Il y a 9 personnes sur 10, 9 parents sur 10 qui sont des femmes qui s'inscrivent. Alors, on fait tout pour que les hommes prennent le plus leur rôle de parents, Mais aujourd'hui, c'est encore 9 femmes sur 10 qui s'occupent de cette organisation qui va venir. En général, ils s'inscrivent au moment où ils attendent un enfant. Eh bien, qui anticipe ce besoin ? Qui s'occupe de ça avant même la naissance ? C'est les mamans. Et donc, le sujet des parents, c'est aussi un énorme sujet de mamans.

  • Speaker #1

    Ça n'a pas changé, ça, depuis 20 ans ? Tu n'as pas vu de gros changements ? C'est toujours, tu m'as dit, 9 sur 10 ?

  • Speaker #0

    9 sur 10, oui, on reste à peu près là. Nous, pour ce qu'on peut voir, il n'y a pas de différence notable.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu vois, c'est incroyable ça. Moi, je pensais que les choses avaient énormément évolué depuis l'époque. Bon, alors revenons à notre escrit, la fausse bonne idée. Donc là, il y a quelqu'un au sommet qui se dit, oulala, mais ces boîtes-là, en fait, c'est des méchants brokers. Ils ne font que de récupérer de la marge. Ils font augmenter les prix. C'est dégueulasse. Donc là, on change tout. On écrit noir sur blanc que le SIFAM ne sera plus accessible quand on passe par une plateforme. Et vous, vous vous dites, oulala, on va aller le voir là-haut. On va aller voir. Alors c'est qui, du coup ? Qui vous êtes allé voir à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    C'est un monsieur qui s'appelle Laurent Martel, qui est le grand patron de la fiscalité en France. D'abord, c'est un jeune grand patron. qui nous a écoutés, il nous a pris en réunion pendant une heure et demie, j'étais assez surpris qu'il nous accorde autant d'attention. Et puis effectivement, il nous a fait comprendre qu'il avait entendu notre point et qu'il allait faire évoluer les choses.

  • Speaker #1

    C'était quoi votre point ?

  • Speaker #0

    Notre argument, c'était d'abord d'expliquer qui on était, et je pense qu'on avait un déficit de notoriété sur notre métier. À quoi on sert dans ce métier ? Parce qu'à nouveau, il n'y aurait pas de réservation de place d'entreprise si on n'avait pas transformé l'offre de... de crèche d'entreprise en place d'entreprise. Ça n'existerait pas aujourd'hui. Ensuite, on permet de mettre en relation des entreprises avec des gestionnaires de crèche partout en France, quelle que soit leur taille. Et puis nous, on est spécialisé chez les petits gestionnaires. On ne travaille quasiment pas avec les quatre grands acteurs français. Et donc, on a vraiment ce rôle à jouer d'intermédiation entre les donneurs d'ordre qui ont besoin de place en crèche pour leurs salariés, les entreprises, et puis les gestionnaires de crèche. Je tiens d'ailleurs à dire que les gestionnaires de crèche, on a 20% de crèche associative dans notre réseau et on a même des crèches publiques.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça que je trouvais intéressant aussi. Mais oui.

  • Speaker #0

    Donc, on a un rôle d'intermédiation, on a un rôle pédagogique aussi parce qu'on explique aux gestionnaires qu'ils peuvent aller rencontrer les entreprises près de chez eux. Nous, on ne cherche pas à être présent absolument partout, à réserver toutes les places en crèche partout en France. On forme les gestionnaires pour leur dire comment proposer des services de crèche à des entreprises. On les forme gratuitement. On a même un partenariat avec la CNAF pour les aider à former les nouveaux gestionnaires. Quand ils se lancent, la CNAF leur dit, il faut que vous compreniez comment on peut vendre ces services à des entreprises. Parce que, ben oui, la CNAF, ça l'intéresse parce qu'elle veut avoir des gestionnaires qui sont équilibrés financièrement et donc durables, pérennes. Et puis nous, on est content de participer. Tu sais, je suis toujours dans ce fil rouge dont je te parlais tout à l'heure, d'associations publiques, privées, associatives. Je ne vois pas pourquoi on ne travaille pas tous ensemble. en fait. On travaille tous ensemble de fait, donc il faut arrêter cet antagonisme de dire privé lucratif.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi, c'est assez dur d'entendre le public nous stigmatiser en disant qu'on est du privé lucratif. En fait, on fait notre boulot et on peut avoir les mêmes idéaux que quelqu'un qui est dans le milieu associatif ou que quelqu'un qui est dans le secteur public. Mais bon, fin de la parenthèse. En tout cas, ce que je vois, c'est que le rescrit a disparu en février, donc il a duré un mois. Il n'a pas eu d'impact. si ce n'est peut-être que ça a permis de re-réfléchir et de ré-argumenter. Est-ce que pour autant, le crédit d'impôt famille est protégé ? Non, il est toujours possible qu'il soit menacé régulièrement de nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, tu vois bien, aujourd'hui, tu as des députés à l'Assemblée nationale qui veulent transformer le système, des sénateurs. On a Bercy, on a Catherine Vautrin qui, au bout de trois semaines d'arrivée, veut changer les règles d'accueil dans les crèches. alors qu'elle a absolument pas eu le temps de se former. Catherine Vautrin, ça fait 4 fois qu'elle est ministre. Je crois qu'elle a été ministre des collectivités publiques, des anciens combattants, de tout et de n'importe quoi, et elle vient nous expliquer comment on doit faire notre travail. C'est vrai qu'en ce moment, on a une inflation normative de tout le monde. Tout le monde se mêle de tout. Et effectivement, dans cet environnement, on a un risque sur le crédit d'impôt, on a un risque que tout change, et c'est pour ça qu'il faut faire peut-être plus de pédagogie qu'avant, expliquer le rôle de chacun. si on ne veut pas que ça mette tout par terre. Parce que si nous, demain, on ne peut plus réserver de place en crèche aux entreprises, j'ai des dizaines, des centaines de gestionnaires de crèche qui tombent au même moment.

  • Speaker #1

    Alors tu vois, ça fait 20 ans presque maintenant que je suis dans ce métier et on a toujours eu cette crainte qui planait en se disant « Ouh là là, mais si un jour le crédit d'impôt famille s'arrêtait ? » On a eu d'autres risques comme ça. Il y a eu par exemple la fiscalisation. de l'avantage en nature. On ne va pas rentrer dans les détails maintenant, parce que sinon, on va perdre tout le monde. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est finalement, depuis que je suis dans ce métier, c'est-à-dire presque 20 ans, je vois que les changements politiques, les changements réglementaires inquiètent régulièrement les gestionnaires de crèche. Mais au final, on est toujours là. Est-ce que toi, c'est plutôt quelque chose qui te rassure ? Est-ce que tu as cette même vision en te disant « Bah écoute, les choses changent, mais nous, on est toujours là » ? Ou bien est-ce que tu es plutôt dans la panique en te disant « C'est la fin des haricots » .

  • Speaker #0

    Je ne suis pas dans la panique. Plus l'actualité est dure et complexe, plus il faut garder la tête froide. Donc c'est ce qu'on a fait début janvier, quand ça nous est tombé dessus. Moi je trouve quand même que les choses se compliquent. Cette séquence avec cet accident horrible qui est arrivé à Lyon, ça a fait exploser un retentissement médiatique énorme, mais pour une bonne raison. C'est qu'on a des gestionnaires de crèches qui faisaient une croissance absolument effrénée, qui rachetait Toutes les crèches, toutes les petites crèches de bonne, de mauvaise qualité, elles achetaient absolument tout en vrac. Et puis du coup, on a eu aussi beaucoup de mauvais gestionnaires de crèches qui se sont créés uniquement dans le but de se revendre ces dernières années. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de reproches à se faire à notre propre écosystème. Il ne faut pas le nier. Franchement, on n'était vraiment pas dans une bonne séquence. Malheureusement, il y a eu beaucoup de lumière médiatique sur nous. Ça a créé aussi énormément d'attention de la part des politiques et des administratifs. J'espère simplement qu'on est dans la période la plus dure et qu'elle va s'améliorer dans les mois à venir. On a un travail immense à faire pour attirer plus de professionnels dans notre secteur et avoir de meilleurs professionnels qu'on forme bien sur le long terme, qu'on garde plus chez nous, dont on freine le turnover, parce qu'on vit ça tous les jours, l'absentéisme, le turnover, les démissions, qui tuent la qualité qu'on essaye de produire en ce moment. J'espère qu'on est dans la période la plus dure, qu'on est vraiment dans le creux de la vague. et qu'on va pouvoir reconstruire. Il faut que l'administration et les politiques acceptent qu'on est dans une situation très difficile et que chaque nouvelle décision va compliquer notre situation. S'ils pouvaient nous lâcher la bride pendant quelques années et nous laisser bien reconstruire cette activité sans s'occuper du fait qu'on soit privé, public ou associatif, ça n'a rien à voir avec le sujet. Laissez-nous construire en patience. De toute façon, les grands acteurs ont arrêté de faire une croissance effrénée. Ils sont plutôt à fermer des crèches aujourd'hui car on n'a plus assez de professionnels pour le secteur et c'est vraiment là-dessus qu'on doit se concentrer.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton idée de dire que le mieux, c'est de garder la tête froide dans la tempête et que ça t'a permis de trouver la solution au problème en janvier 2025. Moi, c'est un peu ce que je me dis, c'est que quand il y a des crises et des rebondissements comme on est en train d'en connaître, Ceux qui s'en sortent, c'est les meilleurs. C'est ceux qui se concentrent, qui se mettent au travail. Et puis, on s'en sort toujours par la qualité, en fait, surtout dans la petite enfance. Est-ce que toi, qui es bien placé pour voir comment ça se passe sur le terrain, puisque tu as quand même un panel assez important de gestionnaires, est-ce que tu peux constater que les faillites ou les fermetures, les problèmes, sont concentrés sur peut-être des structures plus fragiles ou des gestionnaires qui ont peut-être moins de temps ? talent sur la gestion d'entreprise ?

  • Speaker #0

    D'abord, sur ton premier point, pendant la tempête, je dois dire une chose, c'est que moi, j'ai une équipe absolument formidable ici et que là, je fais le malin en te disant oui, il faut garder la tête froide pendant la tempête et tout. En fait, ça, c'est possible parce qu'il y a des gens qui sont incroyables autour de moi. Marine, la première, ma femme, avec qui je dirige l'entreprise. Mais partout, on a des gens qui sont à leur place et qui connaissent chacun leur métier et qui sont extrêmement courageux.

  • Speaker #1

    D'où l'intérêt aussi pour les plus petites structures de se fédérer, d'aller dans les réseaux, d'aller rencontrer les partenaires comme vous. Parce que quand on est tout seul, et moi j'en vois des gesteurs de crèche qui sont tout seuls, c'est vrai que ce n'est pas facile de garder la tête froide et qu'on peut vite se dire mais c'est la fin des haricots. Alors qu'en fait, quand on connaît le secteur, qu'on travaille en réseau, qu'on rencontre du monde, ce n'est pas tout à fait la même chose.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc un, pendant la tempête, avoir une super équipe et faire de la qualité, tu as tout à fait raison. Ça aide énormément. Il y a le fait aussi d'anticiper les problèmes, ne pas se mettre des œillères. C'est un peu ce que tu disais, un jour ça va tomber. Ah oui, donc si un jour ça va tomber, ça veut dire qu'aujourd'hui on prépare à quoi on va ressembler dans un an, dans deux ans, dans trois ans. Et ça, ça se fait dès qu'on a fait le constat que les choses vont changer. Et puis quand même de la souplesse. Tu parlais de l'évolution qu'il y a eu sur la fiscalité de l'avantage en nature il y a quelques années. Eh bien, si tu n'es pas souple, si tu ne fais pas suffisamment de qualité et si tu cours toujours derrière un équilibre, Le jour où tu as un grain de sable qui vient gripper le système, ça se casse la figue. Donc il faut faire tout ça. Il faut faire du réseau, tu as tout à fait raison. Allez contacter les gestionnaires qui sont près de chez vous. Allô, on ne se connaît pas. Ce serait sympa qu'on prenne un café ensemble, qu'on échange sur nos pratiques. Ce ne sont pas des concurrents, ce sont des confrères. Une crèche n'est pas en concurrence avec sa voisine. On fait le même métier comme deux services locaux l'un à côté de l'autre. Bien sûr, il faut aller s'appeler et mieux connaître son métier en échangeant avec les autres.

  • Speaker #1

    Ma question d'après, c'était de savoir si tu constatais quelque chose au niveau des crèches qui sont dans ton réseau. Est-ce que tu vois qui s'en sort mieux ? Est-ce que tu as constaté quelque chose ? Parce que tu as dû voir quand même des crèches en difficulté, des crèches peut-être même des faillites.

  • Speaker #0

    Oui, on voit plein de faillites en ce moment. On voit des banques d'affaires qui essayent de nous vendre des crèches en ce moment. Et malheureusement, ce n'est pas forcément les plus solides qui sont à vendre. On voit aussi des gens qui ont créé leurs crèches dans l'idée de se revendre. Comme il n'y a plus d'acheteurs aujourd'hui. C'est des gens qui ne se sont pas projetés pour être pendant 10 ans, 20 ans gestionnaires de crèche. Et en fait, aujourd'hui, il faut que ces gestionnaires acceptent de travailler sur du temps long. Sinon, ils vont repartir avec leur dette et fermer leur crèche quand même. C'est-à-dire avec des pertes énormes, des banques routes.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être des personnes qui se retrouvent en fait dans de grandes difficultés financières. Ce n'est pas uniquement qu'ils n'ont pas réussi à gagner de l'argent, c'est qu'en plus, ils se retrouvent à devoir payer des grosses grosses dettes sur leur nom propre, leur nom personnel.

  • Speaker #0

    Un gestionnaire aujourd'hui doit travailler sur du temps très long parce que ce n'est pas comme les années précédentes où il suffit qu'il lève un drapeau pour qu'il ait trois acheteurs qui lui proposent des sommes mirobolantes pour acheter ses crèches. Ça n'existe plus, c'est fini. Mettons-nous sur du tournon, acceptons de travailler pour le bien de nos équipes, des familles, des enfants. Pour moi, c'est absolument indispensable de garder sa crèche, de vivre avec, de bien gagner sa vie aussi. Parce que je vois des gestionnaires de crèche qui gagnent, ils ont 2-3 micro-crèches et ils gagnent 25 000 euros. En fait, ce n'est pas suffisant parce qu'au premier coup de vent, ça veut dire qu'on est dans le rouge et qu'on se casse la figure. Mais il faut accepter, quand on est chef d'entreprise, Il faut aussi avoir une petite partie commerciale, s'assurer qu'il y a suffisamment de familles qui rentrent, d'entreprises qui rentrent, pour être sûr de bien gagner sa vie. Et ça n'a vraiment aucun défaut.

  • Speaker #1

    C'est très diabolisé, mais il faut bien se rendre compte quand même d'une chose. C'est que certes, les crèches municipales sont non lucratives, mais qu'à la première difficulté, elles ne sont pas du tout dans la même situation que les crèches privées, parce qu'elles ont toujours les fonds de la mairie. Ce n'est pas juste une crèche. Il y a toute la mairie derrière, il y a tout le budget de la ville. Donc une crèche municipale, même si elle est dans le rouge, elle ne fait pas faillite. Alors que la crèche privée qui ne fait que de la crèche, et bien comme tu dis, si sa marge de manœuvre c'est 25 000 euros, à l'arrivée, quand il y a un problème au premier coup de vent, c'est la faillite.

  • Speaker #0

    J'en vois plein des dossiers comme ça aujourd'hui, où on voit effectivement que les fondateurs se payaient très peu. Et alors c'est sympa parce qu'on dit oui, le privé lucratif, mais 90% des dossiers que je vois... Il n'y a rien de lucratif. Les gens vivent souvent moins bien que quand ils étaient salariés. Simplement, ils sont passionnés par leur métier, ils ont construit leur propre entreprise, ils ont construit un lieu de travail pour des salariés, etc. C'est génial ce qu'ils ont fait. Mais s'ils ne gagnent pas bien leur vie, ils sont fragiles et ça, il ne faut pas.

  • Speaker #1

    Et c'est là qu'on a envie de dire que la passion, c'est un peu l'ennemi de la rentabilité. Les plus passionnés du métier, ce n'est pas forcément ceux qui vont être les plus lucides sur la gestion. Donc, moi, j'ai quand même ce conseil que je place, du coup, pour les auditeurs, c'est ne soyez pas trop dans l'angélisme. La crèche doit être rentable, sinon ça ne marche pas. Et donc, on peut tout à fait avoir une crèche rentable qui est qualitative. On peut tout à fait avoir le souci de l'enfant, de sa famille et de bien faire tout en essayant d'être rentable. Ce n'est pas du tout contradictoire et antinomique.

  • Speaker #0

    Je crois que la passion n'est pas du tout antinomique avec la rentabilité, c'est la mauvaise conscience. qui est antinémique avec la rentabilité. Il ne faut pas avoir mauvaise conscience. C'est très français, ça. Dans les pays anglo-saxons, on n'aurait pas du tout ce sujet-là. En Angleterre, en Allemagne, il faut avoir bonne conscience. C'est même une responsabilité que la crèche gagne bien sa vie. C'est absolument indispensable. Parce que si demain, il y a des gros travaux à faire, si demain, il y a moins de familles qui rentrent, bref, il faut être capable de survivre à ce moment-là. Sinon, on plante le travail d'une décennie. et ça c'est une grande tristesse Ça,

  • Speaker #1

    c'est une grande tristesse quand on voit des crèches fermées. Je suis d'accord avec toi. On sait l'investissement que ça représente et se dire mais ne serait-ce que c'est 200 000 euros de travaux et c'est 30 ou 40 000 euros de matériel, sans parler de l'investissement humain, qui partent à la poubelle. C'est effrayant. En tout cas, je rassure les auditeurs. Je pense que comme toi, on est d'accord sur le fait que ce n'est pas une fatalité. Il y a des outils, il y a des solutions. On peut très bien avoir une crèche qui fonctionne bien, qui est qualitative et qui gagne sa vie. C'était juste une petite parenthèse pour... sortir de l'ombre parce que là, on a évoqué toute la crise et c'est vrai que ça peut faire peur. Et je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont peur en ce moment, des gens qui ont peur de fermer ou des gens qui ont envie d'ouvrir des crèches, mais qui se disent c'était mon rêve depuis 10 ans. Et maintenant que je veux vraiment le faire, le secteur, il n'a pas l'air fameux. Mais en fait, les meilleurs s'en sortiront. Il faut se concentrer, il faut faire du bon boulot et surtout bien se renseigner sur les solutions comme ce dont on parle aujourd'hui, c'est-à-dire avoir des financements par les entreprises. J'embraye sur ma dernière partie de l'épisode. J'ai envie de connaître un peu plus de chiffres sur ton entreprise et de parler de ce qu'on peut apporter en fait aux crèches parce qu'à travers ces chiffres, je pense que ce qu'on va pouvoir voir, c'est que vous êtes un petit peu des lovers de fonds en fait. C'est-à-dire que vous reversez des sommes qui sont assez colossales aux crèches depuis des années et chaque année, tu verses, d'après ce que moi je peux entrevoir, peut-être plus de 10 millions d'euros de financement à des crèches. Vous faites vraiment partie de ce budget des crèches en France aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Sur un réseau de 4500, un peu plus, on a 15 crèches à nous. Donc tout notre chiffre d'affaires, toutes les places qu'on réserve, on va les réserver chez nos partenaires, à l'exception de nos 15 toutes petites crèches.

  • Speaker #1

    Donc c'est 4000, plus de 4000 crèches chez qui vous avez des accords.

  • Speaker #0

    4500, c'est je ne sais plus combien ça fait de gestionnaires, mais plus de 1000 gestionnaires qui gèrent 4500 crèches.

  • Speaker #1

    En général, ils ont combien de crèches en moyenne vos gestionnaires ?

  • Speaker #0

    3,5.

  • Speaker #1

    Et les entreprises, pour qui vous réservez des places ? C'est quelle taille d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques grands groupes qui représentent à peu près la moitié des berceaux qu'on réserve aux gestionnaires, et puis plein de PME et de TPE qui représentent l'autre moitié. On a ce qu'on appelle des berceaux adressés, c'est-à-dire la PME qui nous réserve un berceau pour un enfant qu'elle a identifié, et puis des berceaux commissions, où là on accompagne l'entreprise en montant une grande commission, un peu comme une mairie. pour identifier parmi ses salariés lesquels sont prioritaires et donc auxquels on va réserver une place en crèche. Et c'est à ce moment-là qu'on appelle un gestionnaire en lui disant « tiens, est-ce que tu as une place pour un bébé à partir de septembre 2025 ? » Et là, on discute du prix. Il faut savoir aussi que tous les partenariats qu'on crée avec des gestionnaires ne leur imposent absolument rien. Ils n'ont pas à payer pour faire partie de notre réseau, c'est juste un contrat pour dire on est susceptible de travailler ensemble. Et puis à un moment on les appelle en disant est-ce que tu as une place dispo pour septembre pour un bébé ? Et à ce moment-là on discute aussi du prix, s'ils ont cette place. Et c'est vraiment un échange de gré à gré, il n'y a pas du tout de rapport de force. Le rapport de force il est plutôt en faveur du gestionnaire qui nous dit si tu ne me payes pas tel montant, je ne te réserve pas la place et puis c'est tout. Et donc c'est une relation vraiment entre égaux et c'est aussi pour ça qu'on préfère travailler avec... tous ces gestionnaires indépendants et pas trop les gros, parce que les gros, il y a tout de suite un rapport de force qu'on ne souhaite pas avoir. Et puis, il y a un sujet de qualité aussi. Les gestionnaires indépendants ont quand même cette proximité avec chaque professionnel, avec chaque famille, chaque enfant, que ne peuvent pas avoir les plus grands acteurs. Et nous, on aime beaucoup ça.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 4 500 crèches partenaires. Est-ce que tu as déjà fait le ratio multi-accueil par rapport à micro-crèches ? Je crois que déjà, tu as dit qu'il y avait 20 % de... de tes crèches partenaires qui sont en associatif ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, et quelques municipalités aussi. On pourrait avoir plein de municipalités, mais elles sont sur un temps très long, et c'est plutôt pour une question de réactivité qu'on ne va pas beaucoup solliciter les communes. Et donc ta question, combien de micro-crèches ? Je pense qu'on a un peu plus de la moitié de micro-crèches par rapport aux multi-accueils.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça, c'est une tendance qui s'est confirmée au fur et à mesure des années, ou ça a été comme ça très vite, dès que les micro-crèches ont été ouvertes ?

  • Speaker #0

    Tu sais, il y a eu énormément d'ouvertures de micro-crèches ces dernières années, en particulier en zone très urbaine. On a beaucoup de micro-crèches parce que l'immobilier est plus facile à trouver en micro que sur un multi-accueil.

  • Speaker #1

    Mais pour autant, tu disais qu'en rural, c'est aussi plus accessible d'ouvrir une micro-crèche.

  • Speaker #0

    Oui, en rural, c'est plus accessible parce que ce n'est pas le foncier, là, c'est plutôt le volume de réservation. Le nombre de familles qui ont besoin d'une place en crèche est moindre dans un espace rural, donc la micro-crèche est plus adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus indiqué parce que si tu ouvres un 40 berceaux, ça va être difficile de la remplir. Et tu remplis combien de places par an avec les parents zen ?

  • Speaker #0

    On réserve à peu près un millier de places en ce moment, chaque année.

  • Speaker #1

    C'est stable ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est stable ces dernières années. Alors c'est stable aussi parce que nous, on a eu des problèmes à régler en interne, des crises de croissance. J'espère bien que ça va repartir à la croissance.

  • Speaker #1

    C'est déjà beaucoup, en tout cas 1000 places. Et c'est pour ça que moi, j'ai estimé que tu devais en tout cas verser plus de 10 millions. par an à des crèches. Je trouve que c'est vraiment remarquable pour nous. En tout cas, moi, je l'ai vécu en tant que gestionnaire de crèche et j'invite vraiment les auditeurs à ne pas hésiter. Je sais qu'il y a encore des petits gestionnaires qui ont peur des réseaux, qui ont l'impression que c'est vendre son âme au diable que d'aller dans ces démarches, alors qu'en fait, c'est simplement financer sa crèche. Et je crois qu'on en a parlé suffisamment. C'est vraiment la clé du succès. Pour faire de la qualité, il faut avoir des financements. On arrive à la fin de notre interview, Tanguy. J'espère que ça t'a plu autant qu'à moi, que tu as pu dire tout ce qui te semblait utile au secteur. Est-ce qu'aujourd'hui, tu sais ce qu'on pourrait souhaiter à notre secteur qui souffre depuis quelque temps ?

  • Speaker #0

    Oui, ce qu'on pourrait souhaiter, c'est que chacun accepte les fondamentaux du secteur tels qu'ils sont et qu'on puisse laisser les professionnels travailler sur du long terme avec les règles actuelles. Je pense qu'on a les règles déjà les plus. complexe au monde. Il n'y a pas un pays au monde ailleurs où on nous dit où placer une poignée de porte, où mettre un Oculus dans une crèche et toutes ces bêtises. En fait, si on pouvait juste nous laisser faire notre travail le mieux possible et s'il y en a qui le font mal, qu'on s'adresse à ceux-là exclusivement mais les autres, laissons-nous travailler sur du très long terme parce que c'est un métier difficile. C'est un métier qui demande d'être très concentré, d'être très exigeant. Et donc, si on doit passer la moitié de notre énergie à répondre à des administrations et à remplir du papier, ça nous empêche de bien faire notre travail. Et je pense qu'aujourd'hui, les administratifs nous compliquent la vie et nous empêchent de faire de la qualité. Catherine Vautrin dit « Ah, mais je ne dévoirais pas la qualité. » Elle fait tout le contraire de ce qu'elle dit. En nous apportant de nouvelles contraintes, en nous demandant plus de diplômes, elle nous empêche de recruter les bonnes personnes. On ne recrute plus des salariés, on recrute des diplômes aujourd'hui. Et donc ces gens-là doivent voir un petit peu qu'on a tous envie de bien faire. C'est tous à notre avantage. de bien accueillir les enfants quotidiennement. Il n'y a personne qui se dit « je vais mal les accueillir, comme ça je vais me faire embêter par les administrations, je vais me faire embêter par les familles, tous mes professionnels vont démissionner. » Il n'y a personne qui pense comme ça. Donc laissons-nous travailler sereinement, et tout ira pour le mieux.

  • Speaker #1

    Donc ne pas réglementer et surréglementer, accepter que le temps crèche, c'est le temps long. Donc ça, je le dis souvent, en crèche, ça ne va pas vite. Il faut observer, il faut patienter et se mettre au travail. C'est un travail qui est long. et se concentrer sur la qualité. Donc, c'est ce que tu souhaites pour le secteur. Maintenant, ma dernière question, Tanguy, pour conclure. Si c'était à refaire, est-ce que tu recommencerais ? Est-ce que si tu te reprojettes en 2006, quand tu as commencé à connaître le secteur, tu as pris la bonne décision ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en suis absolument persuadé. On a pris la bonne décision, on a transformé le marché, on a permis à des petits entrepreneurs d'avoir des places en crèche pour leurs salariés et donc de fidéliser leurs salariés. On a permis à des petits gestionnaires d'avoir des revenus supplémentaires et de pouvoir s'équilibrer à long terme. J'adore ce métier. Et puis à nouveau, on a une équipe qui est absolument géniale chez les parents de Z. Comme on fait beaucoup de marketing, les gens croient peut-être qu'on est une grosse entreprise parisienne, etc. Moi, je viens de mon petit village de 100 habitants et on aime justement cette proximité avec les gestionnaires. Je crois qu'on a un rôle indispensable et à moi de mieux le faire connaître, d'ailleurs, ce rôle.

  • Speaker #1

    Je sais que tu as encore plein de trucs à dire. On n'a pas parlé de tout ce que vous faites, la création d'emplois dans les villages, l'aide aux associations. Tu fais plein d'autres trucs et notamment aussi, tu crées des crèches. Il y a encore beaucoup de choses à dire et c'est pour ça que je te propose qu'on refasse un autre épisode sur le podcast. Est-ce que tu reviendras, Tanguy ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Tanguy pour ton témoignage en toute transparence.

  • Speaker #0

    A bientôt Amal, merci pour ton invitation.

  • Speaker #1

    Bye bye Tanguy.

  • Speaker #0

    Bye bye.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout, j'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode, parle-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. A la semaine prochaine.

Description

Chaque année, il reverse plus de 10 M€ aux crèches. Acteur discret mais décisif pour le financement du secteur, mon invité soutient les gestionnaires indépendants qui peinent à remplir et équilibrer leur structure.

Son objectif : financer la qualité, pour que chaque parent puisse bénéficier du meilleur accueil pour son enfant.


Bonne écoute !


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MERCI ❤️


Montage : Aurélie Clément

Écriture & Voix : Amale Cosma

Visuel : Emmanuel Perez agence cmondada.com


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    A quoi ressemblerait ta crèche si tu pouvais t'entourer des meilleurs ? Moi, c'est ce que j'ai fait. Pendant les 15 dernières années, de la crèche collective associative à la micro-crèche privée, j'ai tout expérimenté. La petite enfance est un métier à forte contrainte, mais aussi à forte valeur ajoutée. Avec les meilleurs psys, pédiatres, directeurs pédagogiques et les meilleures formations, j'ai pu développer la qualité d'accueil et la qualité de vie au travail. Alors si toi aussi tu es motivé par la qualité, Bienvenue dans Références Petite Enfance, bienvenue dans ton podcast. Je suis ravie de t'avoir sur le podcast Tanguy depuis le temps qu'on se connaît. Les auditeurs, je pense qu'ils te connaissent tous, donc j'ai envie de dire, on ne te présente plus, mais présente-toi quand même en deux mots.

  • Speaker #1

    Donc je suis Tanguy Dezendre, j'ai 49 ans, j'ai créé une entreprise qui s'appelle Les Parents Zen avec ma femme Marine il y a 15 ans. Et Les Parents Zen, c'est une entreprise qui... qui propose des réservations de places en crèche aux entreprises et qui réserve ces places en crèche à 4500 crèches qui sont partenaires chez nous partout en France.

  • Speaker #0

    Et avant, pour ceux qui t'ont connu comme moi il y a très longtemps, l'entreprise s'appelait Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait.

  • Speaker #0

    Initialement. Et tu es un vieux de la vieille, j'ai envie de dire, parce que pour le secteur, tu me dis, je ne suis pas très connue. Bon, tu n'es peut-être pas connue dans le monde entier, mais dans le secteur quand même, tu es vraiment un pionnier du secteur parce que tu fais partie. de ceux qui ont démarré dans les années 2000. C'est quoi le tout début de ton parcours dans la petite enfance ?

  • Speaker #1

    J'ai toujours rêvé d'être entrepreneur. J'avais ça dans le sang depuis tout petit. Je cherchais quelque chose à construire. Et puis un jour, en 2006, j'ai rencontré un jeune entrepreneur qui créait une des premières crèches privées en France. Il n'y avait pas encore beaucoup de startups à ce moment-là et du coup, beaucoup de gens le regardaient faire avec beaucoup d'admiration.

  • Speaker #0

    De start-up, tu veux dire en général ? Oui,

  • Speaker #1

    start-up en général.

  • Speaker #0

    Ce n'était pas une époque encore où c'était aussi répandu de créer sa boîte, etc. C'était moins médiatique peut-être aussi.

  • Speaker #1

    Ce n'était pas encore du tout médiatique. Mais justement, comme c'était un secteur complètement inconnu, les gens regardaient ça avec beaucoup de curiosité. Et puis, j'ai rencontré ce gars. Et après l'avoir croisé une ou deux fois, il m'a dit « Attends, toi qui as envie de monter ta boîte, viens m'aider à monter la mienne et puis voilà.

  • Speaker #0

    Ça veut dire que c'était une rencontre amicale, c'était vraiment dans ton cercle privé. Oui,

  • Speaker #1

    c'était amical. Et puis c'est ce que j'ai fait, parce que je me suis dit la petite enfance c'est génial, en plus moi je crois beaucoup au mélange public, associatif, privé, je pense qu'on peut tous aller dans la même direction. Et voilà, c'est ce que j'ai fait.

  • Speaker #0

    Donc par rencontre, tu t'es dit pourquoi pas la petite enfance ? Et est-ce qu'on peut avoir le nom de ce mystérieux pionnier qui était avec toi dans ces... premier temps de la petite enfance.

  • Speaker #1

    Oui, lui, il est beaucoup plus célèbre que moi, et a raison, d'ailleurs, c'est Rodolphe Carles, de Babylou, c'est le co-fondateur de Babylou, avec son frère. Et effectivement, j'ai passé trois ans et demi chez Babylou à être co-ordinateur petite enfance, co-ordinateur de crèche.

  • Speaker #0

    Vous étiez combien au début ?

  • Speaker #1

    Au bureau, je crois qu'on était six ou sept.

  • Speaker #0

    Donc c'était vraiment les prémices. Oui,

  • Speaker #1

    ils avaient ouvert deux ou trois crèches quand je les ai rejoints.

  • Speaker #0

    Et quand t'es parti ? Trois ans après ?

  • Speaker #1

    120. Ah ouais ? En 2010, oui, presque quatre ans après, 120.

  • Speaker #0

    Un rythme incroyable. Je pense qu'aujourd'hui, ce n'est plus tout à fait le même rythme. Donc au début, tu arrives dans cette entreprise de crèche qui démarre, mais pas sur le même métier que ce que tu fais aujourd'hui.

  • Speaker #1

    J'étais coordinateur, donc il y avait des directrices qui géraient leur crèche. Et puis moi, on m'a demandé d'animer ces directrices. Alors c'était incroyable parce qu'elles m'ont tout appris. Moi, je ne connaissais absolument rien à la petite enfance. J'allais être papa, je ne l'étais pas encore. Donc c'est elles qui m'expliquaient leur métier, qui me faisaient aller sur le terrain. J'ai passé des dizaines de journées sur le terrain. Et puis moi, je les aidais pour tout ce qui était management, administration, recrutement.

  • Speaker #0

    Tu avais déjà cette expérience de gestion d'entreprise, de management.

  • Speaker #1

    De gestion d'équipe, oui.

  • Speaker #0

    Oui, de gestion d'équipe. écoute Tanguy c'est rigolo parce que j'ai l'impression qu'on a partagé cette même réalité. Parce que moi, quand je suis arrivée dans la petite enfance en 2007, donc un tout petit peu après toi, eh bien, je n'étais pas du tout de la petite enfance. J'étais présidente d'une association. Et donc, je me suis confrontée à l'éducatrice de jeunes enfants qui dirigeait le service. Et donc, c'est elle aussi qui m'a tout appris. Moi, j'étais là à son service. Donc, je pense que c'est un peu comme toi. Je voulais trouver des solutions pour elle, l'aider, l'écouter, la soutenir. Elle avait plein de problématiques parce que tu sais ce que c'est, gérer des équipes de terrain, ce n'est pas tous les jours un long fleuve tranquille et on doit tout le temps les aider, les soutenir. Et donc, je pense qu'on a appris le métier finalement de la même manière. Et moi aussi, je suis comme toi. J'ai trouvé ça génial d'avoir ce retour, ce feedback du terrain en permanence.

  • Speaker #1

    C'était passionnant. Et puis, on a fait des tandems avec les directrices qui étaient vraiment géniaux. D'ailleurs, il y a Marie Couronnet qui m'a appris énormément de choses, si elle écoute. Sophie Huillet aussi.

  • Speaker #0

    Et puis, on a une amie commune qui s'appelle Madame Juaze.

  • Speaker #1

    Exactement, Sylvie, qui nous a rejoints aussi et qui, pareil, m'a appris énormément de choses. C'était une de mes collègues au bout de quelques années, Sylvie.

  • Speaker #0

    Moi, je l'ai connue par la PMI. Elle était ma référente, elle faisait mes visites d'agrément, mes visites de contrôle. Et maintenant, elle travaille à la municipalité à Massy. Alors, qu'est-ce qui a fait que tu aies passé de ce poste de coordinateur à tout d'un coup ce que tu fais aujourd'hui qui est complètement différent ? Parce que finalement, chez Babylou, ce n'est pas toi qui t'occupais de remplir les crèches, alors qu'aujourd'hui, c'est un peu ce que tu fais. Aujourd'hui, pour résumer pour les auditeurs, on peut dire que tu es celui qui remplit les places. Ce n'est pas ce que tu faisais au début.

  • Speaker #1

    Si quand même, donc mon métier c'était de m'assurer que la crèche fonctionne bien, avec la directrice qui s'occupe de l'équipe et des familles, et puis moi qui chapote plus ce qu'il y a autour. Et une de mes missions c'était quand même de faire en sorte que les crèches aient suffisamment de familles, voire de réservations d'entreprises. Donc on avait les premières réservations d'entreprises qui étaient faites par la pharmacie du coin par exemple, qui nous réservait un berceau. Et c'est là qu'avec Marine, ma femme, on s'est dit mais... Les places d'entreprise, c'est hyper bien, mais la plupart des entreprises ne savent absolument pas qu'elles peuvent réserver des berceaux. On pense qu'une crèche d'entreprise, c'est le fait d'ouvrir une crèche pour une entreprise donnée près de son siège, pour que tous les enfants des salariés qui en ont besoin aient une place dans la même crèche.

  • Speaker #0

    Mais déjà, au tout début, quand vous avez démarré, il fallait déjà savoir qu'il y avait des crèches privées, parce que ce n'était pas non plus connu de tous, c'était le début des crèches d'entreprise, des crèches privées. Et en plus, ce que tu dis, c'est que si on savait que ça existait... on ne pouvait pas forcément savoir qu'on y avait droit, qu'on y avait accès. C'est-à-dire que la plupart des gens pensaient que c'était réservé aux très grosses boîtes.

  • Speaker #1

    Tout à fait. On a une maman qui nous demandait des informations à la crèche. À la fois, la directrice lui disait « Non, mais on ne peut pas vous prendre parce que si vous n'êtes pas salarié d'une entreprise réservataire, on ne peut pas vous accueillir. » Et puis la maman elle-même qui disait « Non, mais moi je ne peux pas parce que mon entreprise ne réserve pas. » Ou alors elle nous disait « Non, mais elle ne fera jamais ça. » Donc moi j'essayais de la convaincre, de lui donner des outils pour qu'elle le fasse. En disant, si, elle, ça va l'arranger cette entreprise, parce que d'abord, elle est très soutenue fiscalement, et puis ça va lui permettre de vous fidéliser, et puis ça va lui permettre d'attirer des nouveaux collaborateurs. Et donc, cette maman, elle était un peu reboostée, et elle allait voir son patron pour lui dire, tiens, mais j'ai trouvé une place en crèche, mais j'aurais besoin que tu participes, est-ce que tu penses que c'est possible ? Et ça a commencé à marcher. Avec Marine, on s'est dit, les crèches d'entreprise, c'est bien, mais... Elles ont deux défauts de naissance. D'abord, créer une crèche pour une entreprise donnée, ça veut dire réserver des places uniquement pour les salariés qui travaillent au siège. Et ça, pour nous, il y avait un problème fondamental, c'était un service qui n'était pas démocratique. C'était encore les salariés de siège des plus belles entreprises de France qui pouvaient bénéficier de la salle de sport, du restaurant, de la crèche, de la conciergerie. Mais c'est toujours les mêmes qui ont tout, donc pas possible. Et puis l'autre défaut, c'est que ces mêmes salariés, On les obligeait à s'occuper tout seuls de leur enfant, d'aller le déposer à côté du bureau le matin, les récupérer le soir, pendant que le conjoint, lui, il ne travaille pas au même endroit, donc il ne s'occupe de rien pendant trois ans.

  • Speaker #0

    Ah oui, donc ça déséquilibre le couple parental.

  • Speaker #1

    Totalement. Et puis s'il y en a un qui s'occupe à 100% d'un enfant, ça va être la maman. Ça ne va pas être le papa.

  • Speaker #0

    Sauf si c'est le papa qui travaille chez L'Oréal.

  • Speaker #1

    Écoute, dans les faits, ça n'arrive pas. Donc le service, il est génial, il est plébiscité par quelques entreprises, mais pour l'utilisateur, il n'est pas encore abouti. Et nous on dit aux entreprises en fait, il ne faut pas que vous ouvriez une crèche rien que pour vous, il faut que vous réserviez des places auprès des gestionnaires, auprès des crèches, pour que chaque salarié ait sa place près de chez lui. Il n'a pas besoin d'aller avec des transports en commun sur le lieu de travail avec son enfant tous les matins, il a sa place à côté de chez lui, il partage la tâche avec le conjoint, on peut avoir une baby-sitter qui récupère l'enfant le soir, bref c'est beaucoup mieux. Et puis c'est un service qui est beaucoup plus démocratique. Parce que le boulanger du coin nous réserve un berceau pour son vendeur ou sa vendeuse, le pharmacien du coin. Ou alors LVMH nous réserve 50 berceaux pour 50 salariés partout en France. Du coup, c'est plus réservé uniquement aux sièges des grandes entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, ça c'est hyper intéressant. Mais il y a un truc que tu ne m'as pas dit. C'est-à-dire que là, j'ai compris pourquoi tu avais eu l'idée. Et c'est un peu ton côté créatif, ton côté entrepreneur où tu t'es dit tiens, il y a un truc à résoudre et j'ai une idée. mais par contre... Moi, ce dont je me souviens, c'est que dans ces années-là, puisque moi, je suis arrivée, comme je te dis, juste après toi en 2007. Donc, c'est la même période. Tu vois, moi, j'avais une crèche associative. C'était la mairie qui réservait les places. Il n'y avait pas encore de micro crèche en plus. Donc, il n'y avait pas d'autre système que le système PSU, c'est-à-dire le système dans lequel il y avait un tiers financeur. Et la plupart du temps, c'était la mairie initialement. Donc, qu'est-ce qui s'est passé pour que tout d'un coup, on aille chercher les entreprises ? Est-ce que vous, quand vous étiez en train de démarrer avec Babylou... Il y a eu un moment où ça a switché. Est-ce que ce n'était pas les mairies aussi qui réservaient les places quand vous avez démarré ?

  • Speaker #1

    Le modèle économique d'une crèche, en particulier d'une crèche PSU, ne peut pas fonctionner sans qu'il y ait un tiers financeur. Historiquement, c'est les mairies qui jouent ce rôle de tiers financeur. Soit elles animent leur propre crèche et ça leur coûte de l'argent, soit elles subventionnent l'association du coin ou l'entreprise privée du coin sous forme de DSP, par exemple. Mais en tout cas, il faut quelqu'un pour co-financer la crèche. La famille ne suffit pas. Et donc, avec l'arrivée des crèches d'entreprise, c'est l'entreprise qui vient remplacer la mairie comme tiers financeur, en tout cas compléter les places réservées par les mairies comme tiers financeur. Et nous, c'est ça qu'on apporte. Pourquoi est-ce qu'on va chercher des entreprises pour réserver des places ? Parce que les gestionnaires ont besoin de ces réservations d'entreprise pour équilibrer leurs comptes. Sans qu'il y ait de tiers financeur, une crèche PSU ne peut pas vivre.

  • Speaker #0

    Oui, tu vois moi. Quand j'avais cette crèche associative, je me souviens très bien qu'on avait un prix qui était ridicule. Nos places, elles n'étaient vraiment pas rentables du tout. Donc, on était obligé de tout le temps tirer à droite et à gauche avec des bouts de ficelle de partout. On avait des contrats d'insertion. C'était vraiment une galère et beaucoup, beaucoup de bénévolat, dont le mien en tant que gestionnaire. Et en fait, la ville, elle ne payait vraiment pas cher du tout. Et je me souviens qu'ensuite, quand on a fait de nouveaux projets, etc., le maire me disait... mais vous vous rendez compte, on a de moins en moins de moyens, nous les mairies, on ne peut plus rien faire. Donc j'ai fait plusieurs projets, notamment mon premier projet, c'était à Châtenay-Malabry. Je m'étais dit, je vais ouvrir une crèche de 30 berceaux. Mais en fait, la mairie, elle m'a dit, mais vous vous rendez compte, on n'a pas ces budgets-là. Je crois que je leur avais parlé de 10 000 euros x 30 places. Et en fait, la mairie, elle te dit, attendez, 300 000 euros sur mon budget ? Mais non, ce n'est pas possible. Donc il y a eu... Je pense qu'il y a eu un moment de bascule. Alors, est-ce que c'est les mairies qui n'avaient plus de moyens ou est-ce que c'est plutôt qu'elles se sont dit « Ah tiens, mais il y a un nouveau dispositif avec ces entreprises qui peuvent financer les crèches » et qu'elles ont vu la porte de sortie pour elles en se disant « On va saisir cette opportunité pour faire basculer ça sur les entreprises » . Je ne sais pas. Est-ce que pour toi, c'est les mairies qui avaient moins de moyens ou c'est plutôt les mairies qui se sont dit « Tiens, on peut peut-être se décharger de ça sur le privé » .

  • Speaker #1

    Je crois qu'il y a un peu de ça. Il y a aussi le fait que le privé a ouvert beaucoup de crèches. Donc les mairies qui avaient de l'argent, elles ont quand même pas mal participé. Moi, j'étais basé en Ile-de-France. Il y a énormément de mairies de la Petite Couronne ou de la Grande Couronne qui ont ouvert des crèches avec le privé, qui les ont subventionnées. Et puis, c'est vrai que les autres, elles avaient besoin d'avoir d'autres solutions. Et l'arrivée de ces réservations de places d'entreprise a été un bol d'air absolument immense pour... ajouter ces tiers financeurs nécessaires ?

  • Speaker #0

    C'est une grosse évolution du secteur, cette ouverture au privé et au financement privé aussi. Ce n'est pas juste qu'on avait le droit d'ouvrir des crèches privées, parce qu'effectivement, il y a cette nouveauté-là. C'est-à-dire que d'abord, les crèches, c'était que du public, ce n'était pas du privé. Et puis là, tout d'un coup, on peut ouvrir des crèches privées. Et en plus, on peut les faire financer par les entreprises, on peut les faire financer par du privé. Donc, c'est des grosses évolutions du secteur. Est-ce que tu as vu d'autres évolutions sur les 20 dernières années. dans le secteur et qui ont eu un impact aussi important ?

  • Speaker #1

    Effectivement, la principale évolution, c'est l'émergence du privé qui a apporté non seulement des ouvertures de nouvelles crèches, mais qui a apporté aussi beaucoup d'évolutions, y compris sur l'accueil des enfants, sur la pédagogie, je trouve. Il a favorisé l'émergence des EJE dans l'organisation, parce que je vous parle d'un temps où uniquement les infirmières pouvaient diriger des crèches et d'ailleurs, elles voyaient d'un mauvais œil le fait que les éducatrices en dirigent aussi. comme quoi l'histoire se répète quelques fois. Et puis, les entreprises privées ont aussi beaucoup travaillé sur toutes les pédagogies qu'on voyait à droite et à gauche, et ont fait énormément sur la pédagogie telle qu'on la vit aujourd'hui. Nous, on a apporté notre pierre à l'édifice, effectivement, en permettant à toutes les entreprises de France de réserver des places, et donc en permettant à des gestionnaires d'ouvrir des crèches dans l'espoir qu'ils aient quelques réservations d'entreprises pour équilibrer leurs comptes. Donc ça, ça... beaucoup fluidifier le système, le fait qu'on aille réserver des places et pas juste ouvrir des crèches d'entreprise. Je pense que ça a énormément fluidifié le système. Et puis l'arrivée des micro-crèches, pour moi ça a été aussi une phase extrêmement forte parce que ça a permis d'ouvrir des crèches en zone rurale. Moi je viens d'un village de 100 habitants, donc je connais très très bien le sujet. On voit des petites crèches qui ouvrent dans des bourgs de 500 ou de 1000 habitants et qui sont tout à fait adaptées aux besoins locaux. On voit aussi des micro-crèches qui sont arrivées en zone urbaine, où c'était extrêmement difficile de trouver un local de 300 m² de plein pied avec un jardin. Dans Paris, c'est exceptionnel d'en trouver un. Donc le fait de pouvoir ouvrir des micro-crèches, c'est génial. Ça permet d'arriver là où les besoins sont les plus importants. Voilà, pour moi, c'est les trois grandes évolutions.

  • Speaker #0

    Est-ce qu'il y a eu une ouverture de micro-crèches dans ton petit village ?

  • Speaker #1

    Non, pas encore dans mon petit village. Il y a 100 habitants, il y a une moyenne d'âge de 70 ans.

  • Speaker #0

    Oui, je sais que tu essayes de rajeunir la population en créant de l'emploi là-bas.

  • Speaker #1

    Exactement, oui. Donc là, aujourd'hui, juste, il y a une petite école dans la mairie. Il y a 17 enfants pour les trois niveaux de maternelle et l'ECP réunis. Il n'y a pas de quoi faire une crèche.

  • Speaker #0

    Il n'y a pas encore de quoi faire une crèche. Les évolutions les plus récentes du secteur, Tanguy, tu le sais comme moi, elles sont moins sympas que toutes ces innovations. Là, en ce moment, on vit vraiment une crise depuis deux ans. Ça s'est vraiment corsé. Bon, moi, je pense que la crise, elle existait déjà avant. Enfin, c'est une crise qui était un peu moins visible, mais on la sentait bien, nous, dans les crèches. Il y avait la montée d'une pénurie de professionnels. Il y avait la baisse des financements, donc de moins en moins de temps pour réfléchir à l'accueil. Un temps de plus en plus productif dans les crèches, etc. Mais en 2022, il y a eu un décès qui a choqué vraiment la France en entier et notre secteur en particulier, dans une crèche. Et depuis, c'est vraiment la crise, on attend des réformes. Là, la réforme, elle vient d'être publiée en avril 2025. Est-ce que toi, dans ton activité, tu as des menaces particulières ? Comment tu vis cette crise ? Et ce seraient quoi les menaces pour ton métier ? Est-ce que c'est les mêmes menaces que celles des crèches ? Ou est-ce que... à d'autres types de menaces qui planent sur ton métier ?

  • Speaker #1

    Nous, notre mission, c'est de démocratiser la crèche. Et c'est de faire en sorte, pour démocratiser la crèche, qu'un maximum d'entreprises réservent des places pour leurs salariés et participent ainsi à l'effort d'ouverture de crèches en France. Donc, quand le secteur va mal, nous, ça nous affecte. Tous nos partenaires vont mal, il y en a beaucoup qui ferment, il y en a qui cherchent à se vendre, qui ont des problèmes pour financer leur croissance, etc. ils nous le disent et puis il y a aussi des crèches qui vont mal et du coup on vit quelquefois des incidents malheureusement dans des crèches partenaires parce qu'ils ont du mal à recoter. Bon voilà, ça c'est l'environnement. Et puis pour nous, plus spécifiquement, on vend des réservations de place en crèche qui font bénéficier à nos clients d'un crédit d'impôt de 50%. Alors ça c'est une aide qui est absolument géniale et qui est indispensable au fonctionnement du secteur. Parce que quand on vend une place 12 000 ou 15 000 euros à une entreprise, elle va bénéficier de 50% de crédit d'impôt. C'est-à-dire que l'État va lui prendre un tout petit peu moins d'impôt que ce qui lui prend énormément par ailleurs. Il va lui rembourser 6 000 ou 7 500 euros d'impôt.

  • Speaker #0

    Le crédit d'impôt, parfois on l'appelle le SIFAM, c'est le crédit d'impôt famille. C'est un véritable moteur pour les crèches et pour la création de places en France.

  • Speaker #1

    Il est absolument indispensable. Il faut savoir que le SIFAM était de 25% entre 2004 et 2009.

  • Speaker #0

    Ça, je ne savais pas.

  • Speaker #1

    Il a été doublé en 2009. C'est là qu'il y a eu une explosion de réservation de places en crèche par les entreprises. C'est absolument nécessaire à l'écosystème, ce crédit d'impôt. Et puis je trouve que le système, il est vachement sain. L'État a dit aux entreprises, écoutez, nous on aimerait bien que vous subventionnez les crèches, que vous financiez les crèches. Si vous le faites, on vous rembourse 50% de la dépense. Bon, c'est faire. Toi, t'en prends la moitié, moi je prends l'autre moitié. Et ensemble, on va ouvrir plus de places en crèche pour les salariés qui sont des familles françaises.

  • Speaker #0

    Mais du coup, c'est risqué parce que c'est comme tous les dispositifs de ce genre. Au bout d'un moment, l'État, il se dit non, mais ça me coûte trop cher. Stop, j'arrête.

  • Speaker #1

    En fait, c'est ça notre crise. C'est qu'en France, on a toujours des politiques ou des administratifs qui pensent que leurs prédécesseurs ont fait des conneries et qu'eux sont beaucoup plus intelligents que les prédécesseurs. Or, à nouveau, ce système, il est brillant, il est simple. Mais c'est ça aussi qui dérange les gens, c'est qu'il est hyper simple.

  • Speaker #0

    Il a un impact direct, on a pu le voir. toi tu l'as vu surtout quand ils ont passé le crédit d'impôt de 25 à 50 %, et c'est super intéressant, ça a complètement changé les choses.

  • Speaker #1

    Ça a complètement changé les choses. Pour nous, ça nous a permis d'expliquer aux entreprises qu'effectivement, il y avait un deal qui était simple avec l'État, de prendre en charge la moitié de la réservation d'une place en crèche. Et puis là, cet hiver, en janvier, il y a eu une publication de rescrit fiscal par le ministère des Finances qui disait que ces réservations de place en crèche ne font plus bénéficier du crédit d'impôt de 50 % Si. Les entreprises qui réservent des places passent par un intermédiaire comme nous.

  • Speaker #0

    Oui, c'est-à-dire que si c'est les parents zen qui s'occupent de la réservation de places pour ma micro-crèche, l'entreprise qui réserve n'a plus droit au crédit d'impôt. Donc elle est complètement sanctionnée, pénalisée.

  • Speaker #1

    Exactement. Or, c'est un énorme problème parce que nous, on réserve 1000 places chaque année auprès de gestionnaires de crèche. Ça veut dire qu'on finance chez les gestionnaires de crèche 1000 berceaux un peu partout en France. Et l'immense majorité de ces gestionnaires... ne peuvent pas aller vendre leur place directement à nos clients. Parce que nos clients, c'est qui ? C'est la Banque Populaire Cazepane, c'est des Vinci, des Louis Vuitton Moet & C, LVMH. C'est des énormes entreprises comme ça. Et ça, un gestionnaire qui a deux ou trois micro-crèches en Ardèche, il n'a pas accès à ces entreprises-là. Et puis nos autres clients, C'est à nouveau le boulanger du coin, le pharmacien du coin. Mais le gestionnaire de crèche, il ne sait pas aller convaincre le pharmacien qu'il peut réserver une place en crèche, bénéficier d'avantages fiscaux, etc.

  • Speaker #0

    Là-dessus, je te confirme parce que tu sais qu'Aurélie et moi, chez Références Petites Enfances, on les forme notamment sur ces sujets. Et non seulement ils ne savent pas que ça existe, quand ils savent que ça existe, ils ne savent pas le faire. Et quand ils le font, ils n'ont pas beaucoup de temps pour le faire. Et moi, je dois dire que dans nos crèches, On avait un très bon taux de réservation d'entreprise puisqu'on avait 65% de places entreprises sur nos 130 places. Mais en réalité, il y en avait sur les 65%, on arrivait à en convertir nous 15%. Et les 50 autres pourcents, c'était via des parents zen, etc. D'ailleurs, je vais te poser une question à laquelle tu vas me dire que je n'ai pas la réponse. Est-ce que tu sais, sur l'ensemble des places qui sont réservées par des entreprises aujourd'hui en France, la proportion qui est réservée en direct, c'est-à-dire via directement le gestionnaire ou son équipe, et la proportion qui est réservée par un intermédiaire comme vous.

  • Speaker #1

    En fait, chez les quatre très grands gestionnaires français, eux, ils ont leurs équipes et presque la totalité de leurs berceaux sont réservés par eux-mêmes. Et puis, chez les autres gestionnaires, il y en a très peu qui ont des forces commerciales. Donc, il y en a très peu qui réservent pour eux-mêmes. Nous, on a même beaucoup de gestionnaires qui nous disent Ah, mais j'ai une entreprise à côté de chez moi, j'accueille un salarié de cette entreprise, est-ce que vous pouvez m'aider à leur faire réserver la place ? Parce que moi, je sais que je pourrais le faire, mais je n'ai pas le temps. Nous, on accompagne énormément de gestionnaires qui nous disent, soit, en fait, j'ai besoin de vous, les parents zen, parce que j'ai besoin de votre réseau de présence partout en France. L'entreprise qui est à côté de chez moi, elle a trois sites partout en France, moi, je ne peux pas répondre aux trois sites, donc voilà. Soit, faites le travail, parce que moi, je ne sais pas bien expliquer les sujets fiscaux, les sujets d'organisation, de commission d'attribution, de machin. Bref, faites le boulot. Et ça, il y a énormément de crèches qui nous contactent pour ça.

  • Speaker #0

    Je reviens sur l'événement tragique dont tu as parlé. En janvier 2025, on a été très inquiets parce qu'on a vu ce rescrit sortir. On s'est dit, oula, c'est la fin du CIFAM. En tout cas, ça réduisait drastiquement le SIFAM, puisque le crédit d'impôt, il fallait aller chercher soi-même les places entreprises pour qu'elles y aient droit. Et donc, comme tu dis, il n'y avait plus grand monde qui pouvait se le permettre. Qu'est-ce qui s'est passé ? Rassurons les auditeurs !

  • Speaker #1

    Nous, on a appris ça le 8 janvier. Donc pour nous, en gros, c'est signé la fin de notre activité de réseau. On ne pouvait plus réserver de place en crèche, puisque sans le crédit d'impôt, les entreprises ne réserveront jamais une place en crèche si elles payent la totalité du coût du crédit d'impôt. Donc on a rencontré le ministère des Finances. On leur a expliqué que leur idée, ils pensaient que c'était une idée de bon sens. C'est-à-dire que je pense qu'ils nous voyaient comme des gens qui captent. simplement de la marge sur les berceaux et qui n'apporte pas de valeur ajoutée. Mais moi je leur ai expliqué que nous on représente tous les petits gestionnaires de crèche. Nos partenaires gèrent en moyenne 3,5 crèches. Donc la typologie d'un gestionnaire de crèche qui travaille avec l'épargne en zène, c'est un gestionnaire de crèche qui gère 2 micros ou 3 PSU, 5 crèches, voilà. Et donc lui, il n'a jamais d'équipe qui lui permet d'aller voir des grandes entreprises ou même des petites. Et donc on a expliqué ça et puis on a expliqué aussi que si nous ne pouvons plus réserver des berceaux d'entreprise à des petits gestionnaires, il n'y a plus que les grands acteurs qui ont une organisation qui leur permet d'être au contact des réservataires de place en crèche.

  • Speaker #0

    Ça disqualifiait en fait les petites boîtes de crèche.

  • Speaker #1

    Totalement, les petites boîtes de crèche, elles n'ont pas accès aux réservataires. Nous, on a toute une équipe qui nous met en relation quotidienne. avec des entreprises pour aller réserver des places en crèche. Des petites entreprises, des grandes entreprises, toute la journée, on ne fait que ça, les accompagner pour réserver des places, pour mettre en place un projet de parentalité dans leur entreprise.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça, c'est colossal en fait comme travail. Et je pense que ça, c'est quelque chose qu'on ne mesure pas forcément quand on n'est pas dans le banc. Oui,

  • Speaker #1

    nous, par exemple, on a quelquefois des cycles de vente de 4 ans pour avoir un nouveau client. Ce n'est pas rare, on a beaucoup de clients qu'on accompagne pendant des années. Parce qu'on propose nos services à un DRH qui nous dit « Ah bah oui, ça m'intéresse, mais là, il faut qu'il aille voir son comité de direction pour débloquer un nouveau budget. » Et puis ensuite, il faut mettre en place le système, la commission d'attribution, etc. Et tout ça, ça met des années. Et donc, tu imagines qu'il faut avoir énormément de patience et énormément de ressources pour pouvoir accompagner ces entreprises.

  • Speaker #0

    Petite digression avant que tu nous dises ce qu'est devenu le Rescrit. Tu vois, moi, j'ai eu des expériences malheureuses parfois avec certains réseaux parce qu'il y a eu des gens qui se sont dit « Tiens, mais ça a l'air super. » J'ai senti le filon, je vais créer ma plateforme de réservation de crèche. Et en fait, on se retrouvait avec une équipe de commerciaux qui essayait de vendre des places en crèche. Mais ça ne marchait pas très bien parce que nous, les familles, elles nous disaient « Dis donc, votre commercial… » C'était bizarre son discours. En fait, ça ne marchait pas parce que c'était des commerciaux qui essayaient de vendre un truc qui est hyper humain et ils n'arrivaient pas à comprendre le métier. Est-ce que ça, c'est des trucs que tu as déjà vécu dans tes recrutements ou est-ce que tu as réussi à instaurer vraiment cet esprit petite enfance ?

  • Speaker #1

    Alors moi, je n'ai pas vécu ça dans mes recrutements, mais j'ai beaucoup vécu ça quand People & Maybe qui s'est dit « tiens, on va faire la même chose que les parents zen » . Et nous, à un moment, on avait besoin d'avoir un nouveau partenaire en Haute-Savoie, par exemple. On appelait le gestionnaire. Et ils nous disaient, ah oui, mais vous faites comme People and Baby. Ils m'ont appelé il y a un an, ils m'ont fait miroiter que j'allais gagner des fortunes, et je n'ai plus jamais eu de nouvelles depuis. Et en fait, pendant assez longtemps, on a eu des gens comme ça. Il y a eu Happy Company, c'était souvent avec des noms anglais. Happy Company, People and Baby, etc., qui essayaient de faire le même métier. Nous, non, on essaye d'être très patient, on essaye d'être très pédagogue.

  • Speaker #0

    Oui, tu as le sentiment que tes équipes comprennent bien le métier, et ont ce discours humain, et essayent vraiment de comprendre les familles.

  • Speaker #1

    Il faut comprendre les familles, il faut comprendre les gestionnaires de crèche aussi. Sinon, ça ne fonctionne pas. Et d'ailleurs, je crois qu'on a fait notre réputation là-dessus, sur le fait de porter de l'attention aux autres. Et ça marche bien. Oui,

  • Speaker #0

    je sais que tu étais très concernée par l'accompagnement, le soutien à la parentalité. Et d'ailleurs, c'est aussi dans cet esprit-là que tu avais changé de nom. Et je m'en souviens bien. Je ne sais plus en quelle année c'était. Tu vas peut-être me rappeler ça. Mais quand tu m'as dit, je vais changer de nom. Je vais appeler ma boîte Les Parents Zen. je t'ai dit mais non Tanguy c'est pas dans l'air du tout temps, il faut se recentrer autour de l'enfant, pas des parents, etc. Moi, j'en suis convaincue et toi, tu es convaincue par ton idée, ta vision. Je pense qu'en fait, toi, tu portes vraiment cette vision de soutien à la parentalité. C'était en quelle année déjà que tu as changé de nom ?

  • Speaker #1

    En 2022, il y a trois ans. Ça a été une décision assez courageuse de toute l'équipe parce que Ma Place en Crèche, le nom était déjà pas mal installé.

  • Speaker #0

    Je pense qu'il y en a encore qui t'appellent Ma Place en Crèche.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Mais même nous, quelques fois, on fait des lapsus. Bon, voilà. Mais... On a proposé d'autres services aux entreprises aussi qui ne concernaient pas forcément la crèche. Donc on avait besoin de changer de nom pour les parents zen. Et puis on a gardé cette colonne vertébrale de l'accompagnement des parents parce que ça faisait déjà 12 ans que tous les jours on se battait pour trouver une solution aux parents. Il faut quand même avoir en tête que la crèche a été inventée au moment où les deux parents dans un couple sont allés au travail. Donc la crèche est indissociable du fait d'avoir des parents actifs. Et donc, nous, notre rôle, c'est vraiment essayer de faire en sorte que les parents aient bonne conscience quand ils vont travailler, quand ils donnent à accueillir par un organisme comme une crèche. Eh bien, notre vœu, c'est vraiment qu'ils puissent être sereins. Et donc, ce nom, les parents zen, on l'aime énormément. Et cette mission, on l'aime énormément parce que si on pouvait donner bonne conscience aux familles tous les matins quand elles vont travailler, franchement, le tour est joué.

  • Speaker #0

    Se sentir en sécurité pour le parent, c'est primordial. en tout cas. Moi, je peux en témoigner parce que souvent, on diabolise un peu les crèches. On dit oui, mais il faudrait que le congé parental dure plus longtemps, le congé maternité, le congé paternité et tout. Et en fait, moi, je me souviens très bien quand j'ai eu ma fille en 2007. J'avais une trentaine d'années. Eh bien, j'adore ma fille. C'est l'amour de ma vie. Mais je n'étais pas au summum du bonheur et de l'épanouissement quand j'étais toute seule chez moi avec mon bébé. Et en fait, c'était difficile. Et je pense qu'il y a beaucoup de gens qui n'osent pas le dire. mais qui vivent un peu cette petite dépression. Enfin, je dis petite dépression, mais parfois, c'est une vraie grosse dépression. Et en tout cas, moi, la crèche, ça m'a un petit peu sauvée. Voilà, fermeture de la parenthèse. Mais pour dire que je sais que pour toi, c'est un vrai pilier, cette valeur d'accompagnement à la parentalité. Moi, je suis beaucoup plus axée sur le service à l'enfant. Mais c'est vrai que pour moi, c'est toujours un gros mystère, un point d'interrogation. On dit l'accompagnement à la parentalité. Moi, j'ai toujours entendu ça. Il faut accompagner les parents, etc. Mais je n'ai jamais vu... quelqu'un qui m'explique vraiment comment je peux faire et c'est quoi l'accompagnement à la parentalité. Je crois que c'est parce qu'il y a encore tout à créer, et puis l'accompagnement à la parentalité, c'est absolument immense. C'est comme si tu parles d'accompagnement à l'enfance ou à la petite enfance. C'est un champ absolument infini. Mais déjà, leur trouver à nouveau une solution d'accueil qui leur permette d'aller travailler. Ensuite, que l'entreprise fasse tout. pour qu'ils se sentent bien à la fois en tant que parents chez eux et en tant que salariés dans l'entreprise et qu'ils puissent tout animer. Ça, c'est deux axes.

  • Speaker #1

    Parce que tu as exploré d'autres choses, tu n'as pas exploré que les crèches pour les entreprises.

  • Speaker #0

    Oui, effectivement, on apporte aujourd'hui toute une gamme de solutions pour que les entreprises puissent mettre un cadre de travail le plus ouvert possible aux parents. Les parents dans une entreprise, c'est 89% des salariés. Et puis, on a même un service pour les salariés aidants. pour compléter cette gamme de services pour que chaque salarié qui s'occupe de quelqu'un d'autre dans sa famille puisse venir travailler dans les meilleures conditions. Donc là, on s'éloigne un petit peu de la crèche, mais ça nous permet effectivement, et c'est pour ça qu'on a changé de nom, ça nous permet d'accompagner tous les parents dans une entreprise.

  • Speaker #1

    Alors, on s'éloigne peut-être un petit peu de la crèche, mais en même temps, je vois que c'est vraiment ton fil conducteur, cet accompagnement des parents. Et en fait, ça montre aussi tes valeurs fortes. Donc moi, je trouve ça intéressant. Et puis encore une fois. C'était un peu mon point d'interrogation pendant toutes ces années, de me dire comment on fait pour accompagner les parents à la parentalité. J'aime bien le fait que toi, tu essayes de répondre à cette question, parce que ça laisse quand même un grand flou. Quand on manage des équipes de terrain, et qu'il y a des gens qui leur disent, quand je dis des gens, ça peut être la PMI par exemple, il faut accompagner les parents à la parentalité. Et qu'en fait, du coup, elles se mettent à donner des conseils, des trucs, alors que ce n'est pas du tout l'objet. En tout cas, nous, ce n'était pas ce qu'on attendait de nos professionnels, de donner un peu des conseils tous azimuts. Mais j'étais un petit peu en peine de dire, oui, mais c'est quoi la solution ? Comment on fait pour les accompagner ? Je pense qu'au bout d'une dizaine d'années, je m'étais résolue à dire, les accompagner, c'est simplement être là, être disponible et leur fournir un accueil serein. Comme tu dis, que ça se passe bien pour qu'eux se sentent bien. Mais ce n'est pas leur donner des conseils dans tous les sens quand ils arrivent le matin à la crèche.

  • Speaker #0

    Nous, on n'est pas forcément très fort dans apporter des conseils, mais néanmoins, on forme nos équipes, on forme nos référentes techniques et nos directrices sur ces sujets de parentalité. Et puis, tu sais qu'on est devenu gestionnaire de crèche aussi, à peu près à la même époque, depuis 2022. Nos crèches, on les appelle aussi les parents zen, parce qu'on veut garder la même mission, de faire en sorte que les parents qui nous confient leur enfant puissent ensuite aller travailler dans les meilleures conditions possibles, sereins. Petit à petit, on forme nos directrices et nos équipes, 1. Leur apporter un maximum quand même de connaissances, d'outils pour pouvoir équilibrer ces deux vies le mieux possible.

  • Speaker #1

    Je pense que ce n'est pas que vous n'êtes pas fort en conseil, c'est que vous n'êtes pas là pour donner des conseils aux parents, mais plutôt pour conseiller les entreprises.

  • Speaker #0

    A l'origine, on est essentiellement là pour conseiller les entreprises. Et puis depuis qu'on est devenu gestionnaire de crèche, on a aussi ça. Juste sur le conseil des entreprises, ce que j'ai déjà un peu effleuré tout à l'heure. c'est qu'en plus c'est un énorme sujet d'équilibre homme-femme. Quand on a réfléchi à tout ça en 2022, quand on a changé de nom, on a fait un petit groupe de travail, et il y a un sujet qui a émergé très fort, c'est que sur notre site internet, on a 20 000, 25 000 familles qui s'inscrivent chaque année pour avoir une place en crèche. Il y a 9 personnes sur 10, 9 parents sur 10 qui sont des femmes qui s'inscrivent. Alors, on fait tout pour que les hommes prennent le plus leur rôle de parents, Mais aujourd'hui, c'est encore 9 femmes sur 10 qui s'occupent de cette organisation qui va venir. En général, ils s'inscrivent au moment où ils attendent un enfant. Eh bien, qui anticipe ce besoin ? Qui s'occupe de ça avant même la naissance ? C'est les mamans. Et donc, le sujet des parents, c'est aussi un énorme sujet de mamans.

  • Speaker #1

    Ça n'a pas changé, ça, depuis 20 ans ? Tu n'as pas vu de gros changements ? C'est toujours, tu m'as dit, 9 sur 10 ?

  • Speaker #0

    9 sur 10, oui, on reste à peu près là. Nous, pour ce qu'on peut voir, il n'y a pas de différence notable.

  • Speaker #1

    Ah oui, tu vois, c'est incroyable ça. Moi, je pensais que les choses avaient énormément évolué depuis l'époque. Bon, alors revenons à notre escrit, la fausse bonne idée. Donc là, il y a quelqu'un au sommet qui se dit, oulala, mais ces boîtes-là, en fait, c'est des méchants brokers. Ils ne font que de récupérer de la marge. Ils font augmenter les prix. C'est dégueulasse. Donc là, on change tout. On écrit noir sur blanc que le SIFAM ne sera plus accessible quand on passe par une plateforme. Et vous, vous vous dites, oulala, on va aller le voir là-haut. On va aller voir. Alors c'est qui, du coup ? Qui vous êtes allé voir à ce moment-là ?

  • Speaker #0

    C'est un monsieur qui s'appelle Laurent Martel, qui est le grand patron de la fiscalité en France. D'abord, c'est un jeune grand patron. qui nous a écoutés, il nous a pris en réunion pendant une heure et demie, j'étais assez surpris qu'il nous accorde autant d'attention. Et puis effectivement, il nous a fait comprendre qu'il avait entendu notre point et qu'il allait faire évoluer les choses.

  • Speaker #1

    C'était quoi votre point ?

  • Speaker #0

    Notre argument, c'était d'abord d'expliquer qui on était, et je pense qu'on avait un déficit de notoriété sur notre métier. À quoi on sert dans ce métier ? Parce qu'à nouveau, il n'y aurait pas de réservation de place d'entreprise si on n'avait pas transformé l'offre de... de crèche d'entreprise en place d'entreprise. Ça n'existerait pas aujourd'hui. Ensuite, on permet de mettre en relation des entreprises avec des gestionnaires de crèche partout en France, quelle que soit leur taille. Et puis nous, on est spécialisé chez les petits gestionnaires. On ne travaille quasiment pas avec les quatre grands acteurs français. Et donc, on a vraiment ce rôle à jouer d'intermédiation entre les donneurs d'ordre qui ont besoin de place en crèche pour leurs salariés, les entreprises, et puis les gestionnaires de crèche. Je tiens d'ailleurs à dire que les gestionnaires de crèche, on a 20% de crèche associative dans notre réseau et on a même des crèches publiques.

  • Speaker #1

    Oui, c'est ça que je trouvais intéressant aussi. Mais oui.

  • Speaker #0

    Donc, on a un rôle d'intermédiation, on a un rôle pédagogique aussi parce qu'on explique aux gestionnaires qu'ils peuvent aller rencontrer les entreprises près de chez eux. Nous, on ne cherche pas à être présent absolument partout, à réserver toutes les places en crèche partout en France. On forme les gestionnaires pour leur dire comment proposer des services de crèche à des entreprises. On les forme gratuitement. On a même un partenariat avec la CNAF pour les aider à former les nouveaux gestionnaires. Quand ils se lancent, la CNAF leur dit, il faut que vous compreniez comment on peut vendre ces services à des entreprises. Parce que, ben oui, la CNAF, ça l'intéresse parce qu'elle veut avoir des gestionnaires qui sont équilibrés financièrement et donc durables, pérennes. Et puis nous, on est content de participer. Tu sais, je suis toujours dans ce fil rouge dont je te parlais tout à l'heure, d'associations publiques, privées, associatives. Je ne vois pas pourquoi on ne travaille pas tous ensemble. en fait. On travaille tous ensemble de fait, donc il faut arrêter cet antagonisme de dire privé lucratif.

  • Speaker #1

    Je suis d'accord avec toi, c'est assez dur d'entendre le public nous stigmatiser en disant qu'on est du privé lucratif. En fait, on fait notre boulot et on peut avoir les mêmes idéaux que quelqu'un qui est dans le milieu associatif ou que quelqu'un qui est dans le secteur public. Mais bon, fin de la parenthèse. En tout cas, ce que je vois, c'est que le rescrit a disparu en février, donc il a duré un mois. Il n'a pas eu d'impact. si ce n'est peut-être que ça a permis de re-réfléchir et de ré-argumenter. Est-ce que pour autant, le crédit d'impôt famille est protégé ? Non, il est toujours possible qu'il soit menacé régulièrement de nouveau.

  • Speaker #0

    En fait, tu vois bien, aujourd'hui, tu as des députés à l'Assemblée nationale qui veulent transformer le système, des sénateurs. On a Bercy, on a Catherine Vautrin qui, au bout de trois semaines d'arrivée, veut changer les règles d'accueil dans les crèches. alors qu'elle a absolument pas eu le temps de se former. Catherine Vautrin, ça fait 4 fois qu'elle est ministre. Je crois qu'elle a été ministre des collectivités publiques, des anciens combattants, de tout et de n'importe quoi, et elle vient nous expliquer comment on doit faire notre travail. C'est vrai qu'en ce moment, on a une inflation normative de tout le monde. Tout le monde se mêle de tout. Et effectivement, dans cet environnement, on a un risque sur le crédit d'impôt, on a un risque que tout change, et c'est pour ça qu'il faut faire peut-être plus de pédagogie qu'avant, expliquer le rôle de chacun. si on ne veut pas que ça mette tout par terre. Parce que si nous, demain, on ne peut plus réserver de place en crèche aux entreprises, j'ai des dizaines, des centaines de gestionnaires de crèche qui tombent au même moment.

  • Speaker #1

    Alors tu vois, ça fait 20 ans presque maintenant que je suis dans ce métier et on a toujours eu cette crainte qui planait en se disant « Ouh là là, mais si un jour le crédit d'impôt famille s'arrêtait ? » On a eu d'autres risques comme ça. Il y a eu par exemple la fiscalisation. de l'avantage en nature. On ne va pas rentrer dans les détails maintenant, parce que sinon, on va perdre tout le monde. Mais voilà, ce que je veux dire, c'est finalement, depuis que je suis dans ce métier, c'est-à-dire presque 20 ans, je vois que les changements politiques, les changements réglementaires inquiètent régulièrement les gestionnaires de crèche. Mais au final, on est toujours là. Est-ce que toi, c'est plutôt quelque chose qui te rassure ? Est-ce que tu as cette même vision en te disant « Bah écoute, les choses changent, mais nous, on est toujours là » ? Ou bien est-ce que tu es plutôt dans la panique en te disant « C'est la fin des haricots » .

  • Speaker #0

    Je ne suis pas dans la panique. Plus l'actualité est dure et complexe, plus il faut garder la tête froide. Donc c'est ce qu'on a fait début janvier, quand ça nous est tombé dessus. Moi je trouve quand même que les choses se compliquent. Cette séquence avec cet accident horrible qui est arrivé à Lyon, ça a fait exploser un retentissement médiatique énorme, mais pour une bonne raison. C'est qu'on a des gestionnaires de crèches qui faisaient une croissance absolument effrénée, qui rachetait Toutes les crèches, toutes les petites crèches de bonne, de mauvaise qualité, elles achetaient absolument tout en vrac. Et puis du coup, on a eu aussi beaucoup de mauvais gestionnaires de crèches qui se sont créés uniquement dans le but de se revendre ces dernières années. Donc c'est vrai qu'on a beaucoup de reproches à se faire à notre propre écosystème. Il ne faut pas le nier. Franchement, on n'était vraiment pas dans une bonne séquence. Malheureusement, il y a eu beaucoup de lumière médiatique sur nous. Ça a créé aussi énormément d'attention de la part des politiques et des administratifs. J'espère simplement qu'on est dans la période la plus dure et qu'elle va s'améliorer dans les mois à venir. On a un travail immense à faire pour attirer plus de professionnels dans notre secteur et avoir de meilleurs professionnels qu'on forme bien sur le long terme, qu'on garde plus chez nous, dont on freine le turnover, parce qu'on vit ça tous les jours, l'absentéisme, le turnover, les démissions, qui tuent la qualité qu'on essaye de produire en ce moment. J'espère qu'on est dans la période la plus dure, qu'on est vraiment dans le creux de la vague. et qu'on va pouvoir reconstruire. Il faut que l'administration et les politiques acceptent qu'on est dans une situation très difficile et que chaque nouvelle décision va compliquer notre situation. S'ils pouvaient nous lâcher la bride pendant quelques années et nous laisser bien reconstruire cette activité sans s'occuper du fait qu'on soit privé, public ou associatif, ça n'a rien à voir avec le sujet. Laissez-nous construire en patience. De toute façon, les grands acteurs ont arrêté de faire une croissance effrénée. Ils sont plutôt à fermer des crèches aujourd'hui car on n'a plus assez de professionnels pour le secteur et c'est vraiment là-dessus qu'on doit se concentrer.

  • Speaker #1

    J'aime bien ton idée de dire que le mieux, c'est de garder la tête froide dans la tempête et que ça t'a permis de trouver la solution au problème en janvier 2025. Moi, c'est un peu ce que je me dis, c'est que quand il y a des crises et des rebondissements comme on est en train d'en connaître, Ceux qui s'en sortent, c'est les meilleurs. C'est ceux qui se concentrent, qui se mettent au travail. Et puis, on s'en sort toujours par la qualité, en fait, surtout dans la petite enfance. Est-ce que toi, qui es bien placé pour voir comment ça se passe sur le terrain, puisque tu as quand même un panel assez important de gestionnaires, est-ce que tu peux constater que les faillites ou les fermetures, les problèmes, sont concentrés sur peut-être des structures plus fragiles ou des gestionnaires qui ont peut-être moins de temps ? talent sur la gestion d'entreprise ?

  • Speaker #0

    D'abord, sur ton premier point, pendant la tempête, je dois dire une chose, c'est que moi, j'ai une équipe absolument formidable ici et que là, je fais le malin en te disant oui, il faut garder la tête froide pendant la tempête et tout. En fait, ça, c'est possible parce qu'il y a des gens qui sont incroyables autour de moi. Marine, la première, ma femme, avec qui je dirige l'entreprise. Mais partout, on a des gens qui sont à leur place et qui connaissent chacun leur métier et qui sont extrêmement courageux.

  • Speaker #1

    D'où l'intérêt aussi pour les plus petites structures de se fédérer, d'aller dans les réseaux, d'aller rencontrer les partenaires comme vous. Parce que quand on est tout seul, et moi j'en vois des gesteurs de crèche qui sont tout seuls, c'est vrai que ce n'est pas facile de garder la tête froide et qu'on peut vite se dire mais c'est la fin des haricots. Alors qu'en fait, quand on connaît le secteur, qu'on travaille en réseau, qu'on rencontre du monde, ce n'est pas tout à fait la même chose.

  • Speaker #0

    Tout à fait. Donc un, pendant la tempête, avoir une super équipe et faire de la qualité, tu as tout à fait raison. Ça aide énormément. Il y a le fait aussi d'anticiper les problèmes, ne pas se mettre des œillères. C'est un peu ce que tu disais, un jour ça va tomber. Ah oui, donc si un jour ça va tomber, ça veut dire qu'aujourd'hui on prépare à quoi on va ressembler dans un an, dans deux ans, dans trois ans. Et ça, ça se fait dès qu'on a fait le constat que les choses vont changer. Et puis quand même de la souplesse. Tu parlais de l'évolution qu'il y a eu sur la fiscalité de l'avantage en nature il y a quelques années. Eh bien, si tu n'es pas souple, si tu ne fais pas suffisamment de qualité et si tu cours toujours derrière un équilibre, Le jour où tu as un grain de sable qui vient gripper le système, ça se casse la figue. Donc il faut faire tout ça. Il faut faire du réseau, tu as tout à fait raison. Allez contacter les gestionnaires qui sont près de chez vous. Allô, on ne se connaît pas. Ce serait sympa qu'on prenne un café ensemble, qu'on échange sur nos pratiques. Ce ne sont pas des concurrents, ce sont des confrères. Une crèche n'est pas en concurrence avec sa voisine. On fait le même métier comme deux services locaux l'un à côté de l'autre. Bien sûr, il faut aller s'appeler et mieux connaître son métier en échangeant avec les autres.

  • Speaker #1

    Ma question d'après, c'était de savoir si tu constatais quelque chose au niveau des crèches qui sont dans ton réseau. Est-ce que tu vois qui s'en sort mieux ? Est-ce que tu as constaté quelque chose ? Parce que tu as dû voir quand même des crèches en difficulté, des crèches peut-être même des faillites.

  • Speaker #0

    Oui, on voit plein de faillites en ce moment. On voit des banques d'affaires qui essayent de nous vendre des crèches en ce moment. Et malheureusement, ce n'est pas forcément les plus solides qui sont à vendre. On voit aussi des gens qui ont créé leurs crèches dans l'idée de se revendre. Comme il n'y a plus d'acheteurs aujourd'hui. C'est des gens qui ne se sont pas projetés pour être pendant 10 ans, 20 ans gestionnaires de crèche. Et en fait, aujourd'hui, il faut que ces gestionnaires acceptent de travailler sur du temps long. Sinon, ils vont repartir avec leur dette et fermer leur crèche quand même. C'est-à-dire avec des pertes énormes, des banques routes.

  • Speaker #1

    Oui, ça peut être des personnes qui se retrouvent en fait dans de grandes difficultés financières. Ce n'est pas uniquement qu'ils n'ont pas réussi à gagner de l'argent, c'est qu'en plus, ils se retrouvent à devoir payer des grosses grosses dettes sur leur nom propre, leur nom personnel.

  • Speaker #0

    Un gestionnaire aujourd'hui doit travailler sur du temps très long parce que ce n'est pas comme les années précédentes où il suffit qu'il lève un drapeau pour qu'il ait trois acheteurs qui lui proposent des sommes mirobolantes pour acheter ses crèches. Ça n'existe plus, c'est fini. Mettons-nous sur du tournon, acceptons de travailler pour le bien de nos équipes, des familles, des enfants. Pour moi, c'est absolument indispensable de garder sa crèche, de vivre avec, de bien gagner sa vie aussi. Parce que je vois des gestionnaires de crèche qui gagnent, ils ont 2-3 micro-crèches et ils gagnent 25 000 euros. En fait, ce n'est pas suffisant parce qu'au premier coup de vent, ça veut dire qu'on est dans le rouge et qu'on se casse la figure. Mais il faut accepter, quand on est chef d'entreprise, Il faut aussi avoir une petite partie commerciale, s'assurer qu'il y a suffisamment de familles qui rentrent, d'entreprises qui rentrent, pour être sûr de bien gagner sa vie. Et ça n'a vraiment aucun défaut.

  • Speaker #1

    C'est très diabolisé, mais il faut bien se rendre compte quand même d'une chose. C'est que certes, les crèches municipales sont non lucratives, mais qu'à la première difficulté, elles ne sont pas du tout dans la même situation que les crèches privées, parce qu'elles ont toujours les fonds de la mairie. Ce n'est pas juste une crèche. Il y a toute la mairie derrière, il y a tout le budget de la ville. Donc une crèche municipale, même si elle est dans le rouge, elle ne fait pas faillite. Alors que la crèche privée qui ne fait que de la crèche, et bien comme tu dis, si sa marge de manœuvre c'est 25 000 euros, à l'arrivée, quand il y a un problème au premier coup de vent, c'est la faillite.

  • Speaker #0

    J'en vois plein des dossiers comme ça aujourd'hui, où on voit effectivement que les fondateurs se payaient très peu. Et alors c'est sympa parce qu'on dit oui, le privé lucratif, mais 90% des dossiers que je vois... Il n'y a rien de lucratif. Les gens vivent souvent moins bien que quand ils étaient salariés. Simplement, ils sont passionnés par leur métier, ils ont construit leur propre entreprise, ils ont construit un lieu de travail pour des salariés, etc. C'est génial ce qu'ils ont fait. Mais s'ils ne gagnent pas bien leur vie, ils sont fragiles et ça, il ne faut pas.

  • Speaker #1

    Et c'est là qu'on a envie de dire que la passion, c'est un peu l'ennemi de la rentabilité. Les plus passionnés du métier, ce n'est pas forcément ceux qui vont être les plus lucides sur la gestion. Donc, moi, j'ai quand même ce conseil que je place, du coup, pour les auditeurs, c'est ne soyez pas trop dans l'angélisme. La crèche doit être rentable, sinon ça ne marche pas. Et donc, on peut tout à fait avoir une crèche rentable qui est qualitative. On peut tout à fait avoir le souci de l'enfant, de sa famille et de bien faire tout en essayant d'être rentable. Ce n'est pas du tout contradictoire et antinomique.

  • Speaker #0

    Je crois que la passion n'est pas du tout antinomique avec la rentabilité, c'est la mauvaise conscience. qui est antinémique avec la rentabilité. Il ne faut pas avoir mauvaise conscience. C'est très français, ça. Dans les pays anglo-saxons, on n'aurait pas du tout ce sujet-là. En Angleterre, en Allemagne, il faut avoir bonne conscience. C'est même une responsabilité que la crèche gagne bien sa vie. C'est absolument indispensable. Parce que si demain, il y a des gros travaux à faire, si demain, il y a moins de familles qui rentrent, bref, il faut être capable de survivre à ce moment-là. Sinon, on plante le travail d'une décennie. et ça c'est une grande tristesse Ça,

  • Speaker #1

    c'est une grande tristesse quand on voit des crèches fermées. Je suis d'accord avec toi. On sait l'investissement que ça représente et se dire mais ne serait-ce que c'est 200 000 euros de travaux et c'est 30 ou 40 000 euros de matériel, sans parler de l'investissement humain, qui partent à la poubelle. C'est effrayant. En tout cas, je rassure les auditeurs. Je pense que comme toi, on est d'accord sur le fait que ce n'est pas une fatalité. Il y a des outils, il y a des solutions. On peut très bien avoir une crèche qui fonctionne bien, qui est qualitative et qui gagne sa vie. C'était juste une petite parenthèse pour... sortir de l'ombre parce que là, on a évoqué toute la crise et c'est vrai que ça peut faire peur. Et je sais qu'il y a beaucoup de gens qui ont peur en ce moment, des gens qui ont peur de fermer ou des gens qui ont envie d'ouvrir des crèches, mais qui se disent c'était mon rêve depuis 10 ans. Et maintenant que je veux vraiment le faire, le secteur, il n'a pas l'air fameux. Mais en fait, les meilleurs s'en sortiront. Il faut se concentrer, il faut faire du bon boulot et surtout bien se renseigner sur les solutions comme ce dont on parle aujourd'hui, c'est-à-dire avoir des financements par les entreprises. J'embraye sur ma dernière partie de l'épisode. J'ai envie de connaître un peu plus de chiffres sur ton entreprise et de parler de ce qu'on peut apporter en fait aux crèches parce qu'à travers ces chiffres, je pense que ce qu'on va pouvoir voir, c'est que vous êtes un petit peu des lovers de fonds en fait. C'est-à-dire que vous reversez des sommes qui sont assez colossales aux crèches depuis des années et chaque année, tu verses, d'après ce que moi je peux entrevoir, peut-être plus de 10 millions d'euros de financement à des crèches. Vous faites vraiment partie de ce budget des crèches en France aujourd'hui.

  • Speaker #0

    Sur un réseau de 4500, un peu plus, on a 15 crèches à nous. Donc tout notre chiffre d'affaires, toutes les places qu'on réserve, on va les réserver chez nos partenaires, à l'exception de nos 15 toutes petites crèches.

  • Speaker #1

    Donc c'est 4000, plus de 4000 crèches chez qui vous avez des accords.

  • Speaker #0

    4500, c'est je ne sais plus combien ça fait de gestionnaires, mais plus de 1000 gestionnaires qui gèrent 4500 crèches.

  • Speaker #1

    En général, ils ont combien de crèches en moyenne vos gestionnaires ?

  • Speaker #0

    3,5.

  • Speaker #1

    Et les entreprises, pour qui vous réservez des places ? C'est quelle taille d'entreprise ?

  • Speaker #0

    Il y a quelques grands groupes qui représentent à peu près la moitié des berceaux qu'on réserve aux gestionnaires, et puis plein de PME et de TPE qui représentent l'autre moitié. On a ce qu'on appelle des berceaux adressés, c'est-à-dire la PME qui nous réserve un berceau pour un enfant qu'elle a identifié, et puis des berceaux commissions, où là on accompagne l'entreprise en montant une grande commission, un peu comme une mairie. pour identifier parmi ses salariés lesquels sont prioritaires et donc auxquels on va réserver une place en crèche. Et c'est à ce moment-là qu'on appelle un gestionnaire en lui disant « tiens, est-ce que tu as une place pour un bébé à partir de septembre 2025 ? » Et là, on discute du prix. Il faut savoir aussi que tous les partenariats qu'on crée avec des gestionnaires ne leur imposent absolument rien. Ils n'ont pas à payer pour faire partie de notre réseau, c'est juste un contrat pour dire on est susceptible de travailler ensemble. Et puis à un moment on les appelle en disant est-ce que tu as une place dispo pour septembre pour un bébé ? Et à ce moment-là on discute aussi du prix, s'ils ont cette place. Et c'est vraiment un échange de gré à gré, il n'y a pas du tout de rapport de force. Le rapport de force il est plutôt en faveur du gestionnaire qui nous dit si tu ne me payes pas tel montant, je ne te réserve pas la place et puis c'est tout. Et donc c'est une relation vraiment entre égaux et c'est aussi pour ça qu'on préfère travailler avec... tous ces gestionnaires indépendants et pas trop les gros, parce que les gros, il y a tout de suite un rapport de force qu'on ne souhaite pas avoir. Et puis, il y a un sujet de qualité aussi. Les gestionnaires indépendants ont quand même cette proximité avec chaque professionnel, avec chaque famille, chaque enfant, que ne peuvent pas avoir les plus grands acteurs. Et nous, on aime beaucoup ça.

  • Speaker #1

    Donc, tu as 4 500 crèches partenaires. Est-ce que tu as déjà fait le ratio multi-accueil par rapport à micro-crèches ? Je crois que déjà, tu as dit qu'il y avait 20 % de... de tes crèches partenaires qui sont en associatif ?

  • Speaker #0

    Tout à fait, et quelques municipalités aussi. On pourrait avoir plein de municipalités, mais elles sont sur un temps très long, et c'est plutôt pour une question de réactivité qu'on ne va pas beaucoup solliciter les communes. Et donc ta question, combien de micro-crèches ? Je pense qu'on a un peu plus de la moitié de micro-crèches par rapport aux multi-accueils.

  • Speaker #1

    D'accord. Ça, c'est une tendance qui s'est confirmée au fur et à mesure des années, ou ça a été comme ça très vite, dès que les micro-crèches ont été ouvertes ?

  • Speaker #0

    Tu sais, il y a eu énormément d'ouvertures de micro-crèches ces dernières années, en particulier en zone très urbaine. On a beaucoup de micro-crèches parce que l'immobilier est plus facile à trouver en micro que sur un multi-accueil.

  • Speaker #1

    Mais pour autant, tu disais qu'en rural, c'est aussi plus accessible d'ouvrir une micro-crèche.

  • Speaker #0

    Oui, en rural, c'est plus accessible parce que ce n'est pas le foncier, là, c'est plutôt le volume de réservation. Le nombre de familles qui ont besoin d'une place en crèche est moindre dans un espace rural, donc la micro-crèche est plus adaptée.

  • Speaker #1

    Oui, c'est plus indiqué parce que si tu ouvres un 40 berceaux, ça va être difficile de la remplir. Et tu remplis combien de places par an avec les parents zen ?

  • Speaker #0

    On réserve à peu près un millier de places en ce moment, chaque année.

  • Speaker #1

    C'est stable ? Oui,

  • Speaker #0

    c'est stable ces dernières années. Alors c'est stable aussi parce que nous, on a eu des problèmes à régler en interne, des crises de croissance. J'espère bien que ça va repartir à la croissance.

  • Speaker #1

    C'est déjà beaucoup, en tout cas 1000 places. Et c'est pour ça que moi, j'ai estimé que tu devais en tout cas verser plus de 10 millions. par an à des crèches. Je trouve que c'est vraiment remarquable pour nous. En tout cas, moi, je l'ai vécu en tant que gestionnaire de crèche et j'invite vraiment les auditeurs à ne pas hésiter. Je sais qu'il y a encore des petits gestionnaires qui ont peur des réseaux, qui ont l'impression que c'est vendre son âme au diable que d'aller dans ces démarches, alors qu'en fait, c'est simplement financer sa crèche. Et je crois qu'on en a parlé suffisamment. C'est vraiment la clé du succès. Pour faire de la qualité, il faut avoir des financements. On arrive à la fin de notre interview, Tanguy. J'espère que ça t'a plu autant qu'à moi, que tu as pu dire tout ce qui te semblait utile au secteur. Est-ce qu'aujourd'hui, tu sais ce qu'on pourrait souhaiter à notre secteur qui souffre depuis quelque temps ?

  • Speaker #0

    Oui, ce qu'on pourrait souhaiter, c'est que chacun accepte les fondamentaux du secteur tels qu'ils sont et qu'on puisse laisser les professionnels travailler sur du long terme avec les règles actuelles. Je pense qu'on a les règles déjà les plus. complexe au monde. Il n'y a pas un pays au monde ailleurs où on nous dit où placer une poignée de porte, où mettre un Oculus dans une crèche et toutes ces bêtises. En fait, si on pouvait juste nous laisser faire notre travail le mieux possible et s'il y en a qui le font mal, qu'on s'adresse à ceux-là exclusivement mais les autres, laissons-nous travailler sur du très long terme parce que c'est un métier difficile. C'est un métier qui demande d'être très concentré, d'être très exigeant. Et donc, si on doit passer la moitié de notre énergie à répondre à des administrations et à remplir du papier, ça nous empêche de bien faire notre travail. Et je pense qu'aujourd'hui, les administratifs nous compliquent la vie et nous empêchent de faire de la qualité. Catherine Vautrin dit « Ah, mais je ne dévoirais pas la qualité. » Elle fait tout le contraire de ce qu'elle dit. En nous apportant de nouvelles contraintes, en nous demandant plus de diplômes, elle nous empêche de recruter les bonnes personnes. On ne recrute plus des salariés, on recrute des diplômes aujourd'hui. Et donc ces gens-là doivent voir un petit peu qu'on a tous envie de bien faire. C'est tous à notre avantage. de bien accueillir les enfants quotidiennement. Il n'y a personne qui se dit « je vais mal les accueillir, comme ça je vais me faire embêter par les administrations, je vais me faire embêter par les familles, tous mes professionnels vont démissionner. » Il n'y a personne qui pense comme ça. Donc laissons-nous travailler sereinement, et tout ira pour le mieux.

  • Speaker #1

    Donc ne pas réglementer et surréglementer, accepter que le temps crèche, c'est le temps long. Donc ça, je le dis souvent, en crèche, ça ne va pas vite. Il faut observer, il faut patienter et se mettre au travail. C'est un travail qui est long. et se concentrer sur la qualité. Donc, c'est ce que tu souhaites pour le secteur. Maintenant, ma dernière question, Tanguy, pour conclure. Si c'était à refaire, est-ce que tu recommencerais ? Est-ce que si tu te reprojettes en 2006, quand tu as commencé à connaître le secteur, tu as pris la bonne décision ?

  • Speaker #0

    Oui, j'en suis absolument persuadé. On a pris la bonne décision, on a transformé le marché, on a permis à des petits entrepreneurs d'avoir des places en crèche pour leurs salariés et donc de fidéliser leurs salariés. On a permis à des petits gestionnaires d'avoir des revenus supplémentaires et de pouvoir s'équilibrer à long terme. J'adore ce métier. Et puis à nouveau, on a une équipe qui est absolument géniale chez les parents de Z. Comme on fait beaucoup de marketing, les gens croient peut-être qu'on est une grosse entreprise parisienne, etc. Moi, je viens de mon petit village de 100 habitants et on aime justement cette proximité avec les gestionnaires. Je crois qu'on a un rôle indispensable et à moi de mieux le faire connaître, d'ailleurs, ce rôle.

  • Speaker #1

    Je sais que tu as encore plein de trucs à dire. On n'a pas parlé de tout ce que vous faites, la création d'emplois dans les villages, l'aide aux associations. Tu fais plein d'autres trucs et notamment aussi, tu crées des crèches. Il y a encore beaucoup de choses à dire et c'est pour ça que je te propose qu'on refasse un autre épisode sur le podcast. Est-ce que tu reviendras, Tanguy ?

  • Speaker #0

    Avec grand plaisir, merci beaucoup.

  • Speaker #1

    Merci beaucoup Tanguy pour ton témoignage en toute transparence.

  • Speaker #0

    A bientôt Amal, merci pour ton invitation.

  • Speaker #1

    Bye bye Tanguy.

  • Speaker #0

    Bye bye.

  • Speaker #1

    Merci d'avoir écouté cet épisode jusqu'au bout, j'espère qu'il t'a plu et que tu en ressors inspiré. Si c'est le cas, abonne-toi pour ne rater aucun épisode, parle-en autour de toi et surtout laisse-moi une note 5 étoiles et un avis sur Apple Podcasts ou Spotify. A la semaine prochaine.

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