Speaker #0Bienvenue chez Reset Your Mind,  vous écoutez le  72e épisode.  Vous savez ce que j'entends le plus souvent en ce moment dans les sessions de coaching ?  Je n'ai plus aucune visibilité.  J'avance dans le brouillard.  On est encore en train de revoir la stratégie.  Ou alors,  tous les budgets ont été cutés,  on attend une décision du board.  Si vous ressentez ça,  vous n'êtes pas seul.  Si vous avez eu ces propos-là ou ces pensées-là récemment,  vous n'êtes pas seul.  Parce que ce n'est pas juste vous,  votre équipe ou votre entreprise,  c'est toute la société actuellement qui vit une forme de tétonique collective.  Et je vais être assez claire,  vous n'avez pas un problème personnel avec l'incertitude et cette période d'entre-deux.  C'est votre cerveau qui,  comme le mien,  est programmé pour la détester.  Oui.  Notre cerveau déteste l'incertitude,  littéralement.  Pourquoi ?  Parce que le cerveau est une machine à créer du sens.  Merci Stéphane Boller pour cette citation d'ailleurs.  Son rôle premier n'est pas d'être rationnel ou logique,  mais de donner une cohérence à ce que nous lui vivons.  Parce qu'il en a besoin.  S'il n'y a pas de cohérence,  il bug,  tout simplement.  Or,  quand il n'a pas d'informations claires,  il panique.  Plutôt que d'accepter le vide,  il va préférer fabriquer des récits.  Mais attention,  ce ne sont pas des récits neutres ni objectifs.  Ce sont souvent des scénarii catastrophes.  Et si tout s'écroulait ?  Et si je perdais mon job ?  Et si je me plantais ?  Et si je prenais la mauvaise décision ?  Et si cela se savait ?  Parce que pour votre cerveau,  un scénario inquiétant vaut mieux que pas de scénario du tout.  vaut mieux  que l'incertitude.  Le chaos est insupportable.  L'absence de sens,  elle,  est insoutenable.  Alors,  il invente une histoire.  Quitte à ce qu'elle soit anxiogène.  C'est ce que les neurosciences appellent le biais ou le besoin de prédictibilité.  Nous avons besoin de croire que nous savons ce qui va arriver.  Pas pour être heureux,  mais simplement pour nous sentir en sécurité.  Et c'est exactement là que ça coince aujourd'hui.  Les marchés bougent,  le monde s'accélère,  les repères politiques et sociaux vacillent,  même nos repères personnels se brouillent.  Résultat,  nous vivons en alerte permanente.  Notre cerveau tourne à plein régime,  cherchant du sens là où il n'y en a pas toujours,  et en fabriquant au passage beaucoup d'angoisse inutile.  Les conséquences sont assez mesurables.  Selon une étude publiée dans le Harvard Business Review de 2022,  l'incertitude prolongée réduit la productivité des équipes de  32% en moyenne.  32%.  J'aurais tendance à dire,  quitte à ce que cette productivité soit baissée de 32%,  autant passer 32%  de plus au repos.  Cela n'en cache que moi.  Résultat de cette incertitude,  c'est que nous vivons tous en alerte permanente.  Notre cerveau tourne à plein régime,  cherchant du sens là où il n'y en a pas toujours,  et fabriquant au passage beaucoup,  beaucoup d'angoisse inutile.  Et cette angoisse,  elle vient drainer votre énergie.  Tous ces scénarios,  catastrophes que vous racontez,  qui potentiellement vous traversent,  alors même que vous ne voulez pas y croire,  eh bien,  ils vous consomment de l'énergie.  En coaching,  le fait d'être sur le qui-vive comme ça en permanence,  je l'appelle l'hypervigilance.  C'est ce mode où votre système nerveux reste constamment en alerte,  comme s'il y a un danger pour vous surgir à tout moment.  Votre cerveau scanne tout,  les micro-silences en réunion,  la moindre expression de votre boss ou de votre client,  ce qu'il a tiqué,  lever les sourcils,  fermer les yeux à ce moment-là de la phrase.  Votre corps,  lui,  reste prêt à réagir.  Tension musculaire,  respiration courte,  sommeil léger,  énergie dispersée.  Je suis sûre que ça vous parle.  Cette respiration courte,  vous savez,  juste en surface,  là.  Ça fait combien de temps ?  que vous n'avez pas pris une inspiration,  une expiration pleine et entière.  Le problème,  c'est que ce mécanisme d'hypervigilance,  alors il est bénéfique à la base,  mais il est conçu pour des menaces ponctuelles,  un bruit,  suspect,  dans la savane,  l'ombre d'un prédateur.  Mais aujourd'hui,  il est activé en continu face à ces marchés instables,  à ces décisions floues,  à cet avenir incertain,  ce mode d'hypervigilance.  est alimentée par toutes ces informations,  par toutes ces notifications,  toutes ces mails que vous recevez,  de notifications,  de news,  d'informations pour avoir la dernière information est up to date,  que ce soit dans la vie perso ou dans la vie pro d'ailleurs.  Avez-vous déjà comptabilisé en une journée le nombre de notifications que vous receviez ?  Professionnelles ou personnelles ?  Message WhatsApp ou autre ?  Faites le calcul un jour,  vous verrez,  vous pourriez avoir une sacrée surprise.  Les effets pervers de cette hyper-vigilance sur votre leadership,  cela va exacerber une incapacité à déléguer.  Vous êtes tellement en alerte que vous croyez voir chaque risque,  chaque erreur potentielle comme une fin,  comme la mort.  Résultat,  vous reprenez les dossiers de votre équipe par sécurité.  Vous les privez d'apprentissage,  vous les privez de leur espace de responsabilité aussi,  quelque part.  Deuxième effet pervers,  c'est le micro-contrôle permanent.  Et ça,  si vous avez été micromanagé,  je pense que ça vous a laissé des traces.  Votre hypervigilance vous pousse à vérifier,  revérifier,  surveiller,  pour avoir la bonne information.  Certes,  c'est chouette,  mais ce n'est plus du management.  C'est une tour de contrôle.  Au lieu de rassurer,  vous retransmettez votre stress à toute l'équipe.  C'est contagieux.  Et c'est bien plus néfaste que vous ne pouvez l'imaginer.  Troisième conséquence,  c'est des décisions court-termistes.  L'hypervigilance réduit votre horizon temporel.  Vous voulez juste éviter la prochaine erreur,  la prochaine crise.  Vous passez votre temps à éteindre des feux au lieu de bâtir une stratégie plus long terme.  Et ça fait la parfaite transition vers la quatrième conséquence ou le quatrième effet pervers de cette hypervigilance,  en tout cas que moi j'identifie,  c'est la perte de vision.  Votre énergie est engloutie dans la réaction.  Réagir à la dernière menace,  à la dernière information.  Or,  un leader ou une leader est attendu sur la projection.  Résultat,  vous êtes perçu comme fiable,  mais pas comme visionnaire.  Pas comme la personne ou le potentiel qui va permettre d'aller plus loin,  d'aller innover.  C'est un peu comme vivre avec un détecteur de fumée tellement sensible qui se déclenche au moindre toast grillé.  À la longue,  vous ne voyez plus vraiment les incendies et votre équipe n'entend même plus l'alarme qui se déclenche tout le temps.  Le cerveau est une machine à créer du sens,  et comme il déteste le vide,  il ne se contente pas d'imaginer l'avenir.  Il réécrit aussi le passé.  C'est pour ça que les histoires que l'on se raconte a posteriori paraissent si logiques.  Mais attention,  cette logique,  c'est souvent une illusion.  Vous connaissez certainement cette expression que l'histoire est réécrite par les vainqueurs.  Donc forcément,  elle est biaisée et loin d'être aussi factuelle,  aussi neutre qu'on aimerait.  Vous savez d'ailleurs ce que votre cerveau fait de mieux après con ?  Eh bien il criche.  Il prend le chaos,  l'imprévisible,  les galères interminables et il les réarrange pour en faire une belle histoire cohérente.  Oui,  oui,  c'est ce que l'on appelle le biais rétrospectif.  Le biais rétrospectif,  c'est cette tendance à croire,  une fois que quelque chose est arrivé,  que c'était évident,  que ça ne pouvait pas tourner autrement.  Bien sûr qu'Apple allait réussir.  Bien sûr qu'Amazon allait dominer le e-commerce et révolutionner nos modes d'achat.  Bien sûr que j'allais prendre ce poste,  c'était logique.  Oh,  Apple a été au bord de la faillite.  Amazon a perdu de l'argent pendant plus de dix ans.  Tesla,  par exemple,  rôlait la banqueroute.  Et vous,  sur le moment,  vous doutiez,  vous hésitiez,  vous avez peur,  comme tout le monde.  Mais votre cerveau,  lui,  ne supporte pas l'idée que la vie soit incohérente.  Alors,  il lisse l'histoire.  Il complète les trous.  Il les remplit,  il gomme les hésitations,  il supprime les échecs,  il oublie les détours et il ne garde que le résultat propre et net.  En tout cas,  c'est ce qui glorifie.  Le biais rétrospectif,  c'est son arme favorite pour se rassurer.  Si le passé paraît logique,  alors l'avenir sera maîtrisable et prédictif.  L'incertitude est trop inconfortable.  à gérer dans notre société.  Notre éducation a renforcé en plus notre intolérance à cet inconfort.  Il fait trop chaud,  on met la clim.  Il fait trop froid,  on met le chauffage.  Un peu trop de soleil,  des lunettes de soleil,  une casquette,  un chapeau.  Vous voyez où je veux en venir ?  Le danger,  c'est qu'à force de réécrire l'histoire,  on oublie que le chemin est toujours chaotique.  On croit que notre parcours devrait être linéaire,  fluide,  évident,  alors qu'en fait,  le parcours est cabossé.  Le parcours est long,  le parcours est lent,  le parcours fait des pauses,  il fait des essais,  il fait des erreurs,  il se casse la figure.  Mais ce bien nous piège,  doublement.  Il nous rend jaloux ou envieux des autres,  parce qu'on ne voit pas que leur résultat final est lissé,  et que c'est toute une histoire que l'on se raconte.  Il nous fait douter de nous-mêmes,  parce que notre chemin à nous,  il semble un peu trop désordonné.  J'ai cette citation de Bernie Brown qui me revient alors que j'enregistre cet épisode,  mais j'avoue ne plus savoir précisément de quel livre il vient.  Toutefois,  elle dit  « Nous aimons les histoires nettes et claires,  mais la vie est compliquée,  confuse et totalement imparfaite. »  Alors,  qu'en pensez-vous ?  C'est quand même dingue,  non ?  Notre cerveau préférera toujours un mensonge rassurant à un vide insupportable.  C'est fou !  Prenons un exemple pour illustrer,  je suis certaine que cela vous parlera.  Une start-up que tout le monde admire aujourd'hui,  sur LinkedIn,  tu ne vois que la levée de fonds.  Les partenariats prestigieux,  les communiqués de presse qui claquent.  Et vous vous dites certainement,  ah bien sûr qu'ils allaient cartonner,  l'idée est tellement géniale.  Mais si vous regardez l'histoire réelle plus en détail,  celle qu'on ne raconte pas forcément,  ou celle qu'on raconte dans les interviews qui sont un peu plus longs,  et que nous sommes un peu trop fainéants pour écouter la plupart du temps.  L'histoire réelle,  derrière la plupart des entreprises,  c'est des pivots.  Et pas un,  pas deux,  mais chercher le bon business model,  chercher la bonne approche.  Un produit aussi,  qui a été abandonné après avoir englouti des millions d'euros.  Des fondateurs.  qui ont failli jeter l'éponge,  et certainement plus d'une fois,  des licenciements douloureux aussi,  et des mois passés à survivre la boule au ventre avant que ça ne décolle,  en guettant la trésorerie et en s'assurant qu'on peut payer les salariés.  Ça,  vous ne le voyez pas.  Parce que votre cerveau et la communication des entreprises réécrivent l'histoire.  Le biais rétrospectif y transforme une succession de zigzags en trajectoires lisses et logiques.  Or,  La plupart des success stories ressemblent beaucoup plus à une route de montagne pleine de virages,  de verglas,  de nids de poules et demi-tours,  qu'à une autoroute rectiligne.  Pourquoi j'ai tendance à penser que c'est pire aujourd'hui ?  Et bien jusqu'ici,  on arrivait à composer.  Nos parents pouvaient bâtir une carrière assez linéaire,  mine de rien.  Les cycles de marché étaient longs,  prévisibles.  Aujourd'hui,  tout va beaucoup plus vite.  Vraiment très vite.  Ok.  Mais j'ai l'impression que ce biais rétrospectif est exacerbé aussi.  encore plus.  Pourquoi ?  Principalement,  en tout cas,  je pense,  parce que nous vivons dans un monde saturé d'images finales et bien évidemment idéalisées.  Sur LinkedIn,  Instagram,  Twitter,  on ne voit que le résultat.  La levée de fond,  célébrée avec des sourires et des ballons,  le marathon,  terminé avec un chrono glorieux,  ou la nomination,  annoncée avec un portrait impeccable de ce nouveau titre,  de ce nouveau poste remporté.  Mais ce que l'on ne voit pas,  ou très rarement,  ce sont les nuits blanches,  les pivots douloureux,  les blessures,  les refus,  les moments de solitude,  les liquidations aussi,  avant d'arriver à une société qui fonctionne vraiment,  qui trouve son équilibre.  Tout ce qui fait que le chemin est cabossé.  Les exploits deviennent alors une nouvelle normalité.  Résultat,  notre cerveau,  déjà programmé pour lisser l'histoire,  trouve dans les réseaux sociaux une caisse de résonance gigantesque.  On croit...  que le succès est linéaire.  On se compare,  on se sent en retard,  on se sent moins capable.  Si vous m'écoutez depuis quelques temps,  vous savez que je cours.  Mais je ne cours pas de marathon.  Je n'ai jamais dépassé la barre des 18 km et croyez-moi,  je trouve que c'est déjà bien assez,  en tout cas que c'est un exploit pour moi.  Mais même courir 5 km dans l'absolu,  c'est un exploit pour plus de 85%  de la population qui ne court pas,  qui n'en est pas capable.  Oui,  oui.  Alors de là à penser que vous pouvez courir un 10 km ou un marathon du jour au lendemain comme un pro,  avec un chrono de pro,  je pense qu'il y a quelques pas entre les deux.  Cela me fait penser d'ailleurs à une news que j'ai vu passer et que vous avez certainement vu passer aussi sur les réseaux sociaux,  où plus de 60 personnes des personnes interrogées pensaient être en capacité de faire atterrir un avion sans même avoir été formé.  Really ?  Trêve de discrétion.  Revenons à notre sujet.  Il y a 30 ans,  une carrière,  ça se lisait dans la durée,  dans des cycles longs.  Aujourd'hui,  c'est l'instantanéité qui prime,  qui amplifie,  qui met en scène.  L'incertitude devient donc encore plus insupportable et plus souvent mise en avant.  Donc plus souvent,  votre système va être trigger par cette incertitude parce qu'il va y être exposé plus fréquemment.  Et parce que l'on a l'impression aussi que tout le monde,  sauf vous,  C'est exactement où ils vont.  Une étude de Deloitte de 2023 montre que 62%  des cadres estiment que les réseaux sociaux accentuent leur sentiment d'être à la traîne.  62%.  Croyez-vous vraiment que cette proportion soit réelle ?  Que 62%  d'entre nous sommes vraiment à la traîne ?  J'avoue que je le vois fréquemment en coaching,  quasiment chaque semaine.  Des entreprises qui repoussent des décisions par peur de se tromper et qui finissent par rater le coche.  Des individus qui reportent leur choix aussi en attendant une stabilité qui ne vient jamais vraiment.  Ou encore ces coachés qui me disent,  voilà,  le problème c'est celui-ci,  j'ai du mal à prendre la parole en public,  je veux être plus assertif,  j'ai du mal à gérer mon stress,  qu'est-ce qu'il faut que je fasse ?  Problème,  solution,  immédiateté.  Parce qu'entre les deux,  il y a un chemin à faire mais qui est incertain.  Et nous n'avons pas appris à apprivoiser l'incertitude.  Nous avons appris à la fuir.  Sauf que fuir,  eh bien ça épuise.  Autre chiffre,  pour ceux et celles qui aiment les chiffres.  64%  des Français d'aujourd'hui disent se sentir paralysés par l'incertitude.  C'est Ipsos et encore c'est une étude de 2023.  Imaginez aujourd'hui.  Alors que le contexte économique a encore complètement changé.  64%  paralysés par l'incertitude.  C'est un peu lourd,  non ?  J'ai connu cette peur paralysante de l'incertitude.  Pas dans une salle de réunion.  En tout cas,  ce n'est pas l'élément qui a été le plus marquant pour moi dans ma vie.  Mais plutôt un accident de vie.  Alors,  avec le recul,  pas si grave que ça.  Mais quand j'étais dedans,  je peux vous assurer que j'étais vraiment...  mal et dans cette incertitude.  Il y a quelques années,  je me suis tout simplement arraché les ligaments croisés latéraux d'un genou.  Donc,  complètement HS suite à un accident.  En une fraction de seconde,  plus d'indépendance,  plus de mouvements fluides.  Moi qui ai toujours été très indépendante,  qui ai toujours eu tendance à aller vite,  foncer,  avancer,  je me suis retrouvée en l'espace d'un claquement de doigts,  clouée au sol.  Littéralement,  et en tout cas c'est vraiment comme ça que je l'ai ressenti.  Et là,  l'incertitude a pris une autre dimension.  Combien de temps ça va durer ?  Est-ce que je remarcherai vraiment normalement ?  Est-ce que je pourrais rejoindre avec mes enfants,  courir avec eux,  les porter ?  Parce que je n'avais aucune intention d'être sur le bord de la touche et de ne pas courir avec eux,  de ne pas participer avec eux.  Je me souviens à quel point chaque geste du quotidien était une épreuve.  Monter un escalier,  c'était une expédition.  Porter mes enfants,  qui à l'époque étaient encore très petits,  en supplice.  Même rester debout longtemps.  était inconfortable et me déclenchait des douleurs assez désagréables.  C'était pas seulement physique.  Après tout,  ce n'est qu'un genou.  Et peut-être vous qui m'écoutez avez-vous déjà traversé pire.  Mais j'avoue que moralement,  ça a été un coup de massue.  L'impression d'être diminuée,  d'avoir perdu une part de moi sur laquelle j'avais l'habitude de compter en fait.  Et pendant des mois,  j'ai dû apprendre à vivre avec cet inconfort et cette incertitude.  avec l'incapacité,  avec cette absence de visibilité sur la suite.  Et il y a eu l'opération,  puis la rééducation.  La rééducation,  c'est exactement ça.  Une longue traversée de l'incertitude.  J'y ai côtoyé des personnes bien plus atteintes que moi,  soyons très clairs et très honnêtes.  Mais qui,  malgré cette incertitude,  puisque certaines des personnes que j'ai côtoyées avaient leurs pronostics vitals engagés,  très clairement,  malgré ça,  elles continuaient d'avancer.  Chaque semaine,  un petit peu,  un pas en avant,  parfois deux pas en arrière.  Et la douleur qui revient,  et parfois en doute.  Mais est-ce que ça va vraiment revenir un jour ?  J'ai donc passé des mois à apprivoiser cette imperfection,  à accepter d'être vulnérable.  À supporter aussi le regard de compassion des autres,  ou d'impatience.  Mon propre regard d'impatience.  À apprendre à demander de l'aide aussi.  Et puis un jour,  j'ai enfin pu enfiler des baskets.  Un défi pour moi-même,  puisque je n'avais jamais vraiment couru avant.  Et je pense que je n'aurais jamais couru si je n'avais pas eu cet accident avec l'orchid.  J'ai commencé par courir une minute,  deux minutes,  dix minutes.  Une victoire pour moi.  Mais pas une victoire contre le monde,  pas une victoire contre les autres.  Vraiment une victoire contre ma propre peur de ne plus être capable.  J'ai compris à ce moment-là.  que l'incertitude ne disparaîtrait jamais.  Mais que l'on peut se reconstruire au milieu,  dans un contexte d'incertitude.  On peut se reconstruire autrement,  plus fort,  plus puissant,  plus résilient.  Et que l'on peut transformer l'inconfort en énergie.  Et ça,  personne ne peut jamais vous l'enlever.  Vous me dites beaucoup,  mais quand tout redeviendra stable,  alors ça ira mieux.  Non,  je ne crois pas.  Parce que si vous attendez que la stabilité revienne,  vous risquez d'attendre longtemps.  La vraie question ne serait-elle pas plutôt,  qu'est-ce qui chez moi reste solide quand tout vacille ?  Comment puis-je nourrir ce socle pour qu'il tienne,  quoi qu'il arrive ?  Encore et encore,  même lorsque le sol se dérobe.  C'est ça,  la accountability personnelle.  Ce n'est pas un concept à la mode,  pas une punchline LinkedIn,  une discipline,  une hygiène mentale,  une rigueur envers soi-même.  Je traduirais la accountability personnelle par une fiabilité.  envers soi-même,  être son meilleur backup,  être son meilleur soutien,  quoi qu'il arrive,  quoi qu'il advienne.  Alors très concrètement,  qu'est-ce que ça veut dire ?  Tenir sa parole envers soi-même,  tout d'abord.  Si vous dites que vous vous levez à 7h pour écrire,  vous vous levez.  Si vous vous dites je prends 10 minutes tous les jours pour marcher,  vous le faites.  No matter what,  quoi qu'il se passe,  quoi qu'il arrive.  Pas pour prouver quelque chose aux autres ou au monde,  juste pour vous entraîner à vous faire conscience.  à compter sur vous.  Ça consiste aussi à choisir au lieu de subir et d'assumer sa responsabilité.  À chaque fois que vous dites oui par réflexe,  vous renforcez votre sentiment d'impuissance.  Vous renforcez votre position de victime.  À chaque fois que vous choisissez,  même un petit non,  même un tout petit pas,  vous reconstituez votre pouvoir.  Et enfin,  il y a un aspect de s'engager,  même sans certitude.  La plupart d'entre nous attendent d'avoir toutes les garanties pour agir.  Spoiler,  elles ne viendront jamais.  Celles et ceux qui avancent dans l'incertitude ne sont pas les plus clairvoyants.  Ce sont les courageux,  si je puis dire.  Ceux qui décident,  malgré le brouillard,  de prendre une voie.  Parce qu'ils sont alignés avec cette voie.  J'ai souvent cette réflexion en coaching de dire mais quelles sont les conséquences que tu es prête ou que tu préfères assumer ?  Parce qu'il y en aura toujours.  Et celles où tu es le plus à l'aise pour les assumer,  c'est là où tes décisions doivent te porter.  Alors c'est bien beau Stéphanie,  me direz-vous,  mais comment est-ce qu'on fait pour regagner en confiance en soi,  pour redevenir accountable vis-à-vis de soi-même,  devenir ce meilleur soutien ?  Parce que parfois on le perd de vue et c'est complètement humain.  Je dirais qu'il y a trois étapes.  En tout cas,  c'est les trois étapes  que je partage régulièrement avec mes coachés,  ou en tout cas sur lesquels je les fais beaucoup,  beaucoup travailler.  Le premier,  c'est le rétroviseur.  Vous souvenir de toutes vos épreuves passées,  les moments où vous pensiez tomber,  où vous êtes peut-être tombé,  mais où vous avez su rebondir.  Et qu'est-ce que ça vous a appris ?  La confiance ne se construit pas en regardant les autres faire,  en essayant d'atteindre la perfection du premier coup.  La confiance,  elle se construit en regardant  Vos propres traces de pas.  Vos propres actions.  Le deuxième levier,  c'est les engagements.  Claire.  Pas des vœux pieux.  Des choix réalistes et mesurables.  Et de vous mettre en action vers ces engagements.  Quoi qu'il en coûte,  quoi qu'il advienne.  Qu'est-ce que vous pouvez décider aujourd'hui que vous serez capable d'honorer demain ?  Et on a la fâcheuse tendance de faire des big bang.  Ne dites pas demain je cours 10 km,  si vous n'avez jamais couru.  Demain...  Dites-vous,  je me lève et je cours un kilomètre.  Et même si c'est dix minutes,  c'est pas grave.  Mais c'est toujours mieux que rien.  Et le troisième levier,  c'est les rituels d'ancrage.  Votre sport,  votre journal,  votre marche,  votre méditation,  peu importe.  Ces rituels ne sont pas un luxe.  Ce sont des fondations qui vous apportent des...  des bouffées d'oxygène,  dans toute cette angoisse,  dans toute cette incertitude ambiante.  C'est ce qui vous permet de rester solide dans vos pieds,  dans vos appuis,  d'onduler,  de ployer en fonction de la marée,  en fonction du vent,  et de rester justement ancré.  S'il y a quelque chose que j'aimerais que vous emportiez aujourd'hui,  c'est vraiment que la confiance n'arrive pas avant l'action.  N'attendez pas d'avoir confiance en vous pour vous y aller.  La confiance se construit dans l'action.  Et plus vous vous mettrez en action,  et plus le mouvement appelle le mouvement.  Donc,  plus le mouvement appellera la confiance.  Chaque fois que vous tenez parole envers vous-même,  vous posez une brique invisible qui petit à petit bâtit un mur intérieur,  un socle,  un pilier qui devient votre unique certitude dans un monde incertain et qui se déploie,  qui est polymorphe,  que vous pouvez venir alimenter et rendre plus résistant chaque jour.  Je vous partage ici quelques questions que je pose assez régulièrement en coaching à quelques mots près.  Quand avez-vous tenu parole envers vous-même ?  pour la dernière fois ?  Quand avez-vous pu compter sur vous la dernière fois ?  No matter what.  Quelle est la petite promesse que vous pouvez vous faire et tenir dès aujourd'hui ?  Qu'est-ce que vous choisissez vraiment plutôt que de subir ?  Quel rituel d'ancrage me recentre en tout angle autour de moi ?  Qu'est-ce qui me fait du bien ?  On a le droit de se faire du bien ?  Pour conclure,  j'ai envie de vous inviter à retenir ceci,  à privoiser l'incertitude et accepter l'inconfort.  que cela génère est certainement une des plus grandes ressources.  Nager dans le courant plutôt qu'à contre-courant.  L'incertitude n'est pas une anomalie.  C'est notre état naturel et je pense que c'est extrêmement important de lui laisser la place qu'elle doit avoir plutôt que de la repousser.  Il y a vraiment cette image de nager dans le courant plutôt qu'à contre-courant.  Votre cerveau voudra toujours inventer des scénarii,  réécrire le passé,  inventer une logique rassurante pour vous convaincre  que l'avenir n'est pas si dangereux que ça,  in fine.  Mais la seule certitude dans tout ça,  c'est votre corps,  votre esprit,  vos capacités à choisir vos réactions,  votre capacité à pouvoir compter sur vous.  Vous avez déjà traversé des tempêtes,  vous avez déjà tenu debout quand tout vacillait,  et vous pouvez le refaire.  Je ne dis pas que ce sera agréable,  mais vous êtes capable,  vous êtes déjà assez.  Pas quand vous aurez tout prévu.  Pas quand vous aurez éliminé l'incertitude.  Pas quand vous aurez coché toutes les cases.  Non,  vous êtes déjà assez,  ici et maintenant.  Je voudrais vous laisser avec cette phrase de Viktor Frankl.  Entre le stimulus et la réponse,  il y a un espace.  Et dans cet espace réside notre pouvoir de choisir notre réponse.  Et dans notre réponse se trouve notre croissance et notre liberté.  Alors la prochaine fois que le brouillard vous envahit,  souvenez-vous,  vous n'avez pas besoin de tout contrôler,  vous n'avez pas besoin de tout savoir avant de vous lancer.  Vous avez juste besoin de revenir à cet espace et de vous choisir.  Si vous êtes concerné par cet état d'incertitude constant et permanent,  by design,  dans lequel nous évoluons,  et bien n'hésitez pas à me partager ce que vous traversez en commentaire ou ce que cet épisode vous a inspiré,  je serai ravie de vous lire et d'y répondre.  Merci mille fois d'avoir écouté cet épisode.  J'espère qu'il vous a plu.  Si vous avez cinq minutes,  prenez-les pour noter ou commenter cet épisode.  Grâce à vos avis,  Reset Your Mind commence à être connu.  Et j'avoue que j'ai très envie de voir jusqu'où nous pouvons aller ensemble.  À très vite !