Isabelle RESTORYBonjour et bienvenue dans le podcast Restory. Je suis Isabelle, coach spécialisé en accompagnement post-divorce et séparation. Aujourd'hui, nous allons explorer ensemble un territoire méconnu mais essentiel de votre parcours. Celui des deuils que personne ne voit, que personne ne nomme, mais qui pèse parfois plus lourd que tout le reste. Ces deuils silencieux qui n'ont pas droit aux condoléances, pas de rituel pour les honorer, pas de reconnaissance sociale pour les légitimer, et pourtant ils sont bien là et ils demandent eux aussi à être traversés. J'avoue que c'est un thème qui me tient particulièrement à cœur. Alors installez-vous confortablement, cet épisode va peut-être mettre des mots sur des réalités que vous ressentez sans pouvoir les nommer. Avec Rostori, nous donnons enfin une voix à ce qui n'ose pas se dire. Mais enfin, tu n'es pas veuf, tu divorces, c'est différent. Au moins, vous êtes vivants tous les deux. C'était votre choix après tout. Mais tu vas t'en remettre, ce n'est qu'une rupture. Ces phrases, vous les avez peut-être entendues, je les ai entendues, ou pire, vous les êtes peut-être dites à vous-même pour minimiser ce que vous traversiez. Mais voici une vérité que notre société peine à reconnaître, un divorce, c'est une accumulation de deuils. Des deuils réels, profonds, légitimes, mais aussi des deuils invisibles aux yeux du monde. Quand quelqu'un perd un proche par la mort, la société comprend, elle entoure, elle console, elle respecte le temps du chagrin. Mais quand quelqu'un perd un proche par le divorce, la société minimise. Elle conseille, elle juge, elle presse de passer à autre chose. Pourtant, vous le savez au fond de vous, ce que vous traversez c'est bien un deuil, ou plutôt une constellation de deuil. Le deuil de cette personne que vous aimez et qui existe toujours mais qui n'est plus à vous. Le deuil de votre couple, de cette entité unique que vous formiez ensemble. Le deuil de vos projets communs, de vos rêves partagés. Le deuil de votre quotidien, de vos rituels à deux. Le deuil de votre identité de couple, de ce nous qui n'existe plus. Ces deuils sont réels, ces deuils sont normaux. Ces deuils méritent d'être honorés. Aujourd'hui, je veux vous donner la permission de les vivre pleinement, sans honte, sans excuses, sans minimisation. Pour mieux comprendre ce que vous traversez, dressons ensemble la carte de ces deuils invisibles, car nommer, c'est déjà commencer à traverser. Alors il y a d'abord le deuil de la personne en elle-même. C'est peut-être le plus déroutant de tous, vous pleurez quelqu'un qui est toujours là, qui continue sa vie mais qui n'est plus accessible comme avant. Cette personne que vous avez aimée, dont vous avez partagé l'intimité, vos secrets, vos fous rires, cette personne existe toujours mais elle vous est devenue étrangère. C'est le deuil le plus incompris. Enfin, il va bien. Oui, mais pour vous, cette personne-là, celle qui était vôtre, elle, elle a disparu. Il y a ensuite le deuil de l'identité conjugale. Pendant des années, vous étiez nous, vous preniez des décisions à deux, vous vous présentiez comme un couple, vous pensiez votre avenir ensemble. Cette identité partagée, cette façon d'être au monde à deux, tout cela s'effrite. Vous devez réapprendre à dire « je » au lieu de « nous » , à prendre des décisions seules, à vous présenter comme une personne individuelle. Et puis il y a le deuil des projets communs. Ce voyage que vous aviez prévu, cette maison que vous vouliez acheter, ces enfants que vous vouliez avoir ensemble ou cette famille recomposée que vous imaginiez, cette retraite que vous planifiez à deux. Les futurs possibles meurent d'un coup et avec eux une partie de votre motivation, de votre élan vital. Il ne faut pas oublier également le deuil du quotidien partagé, le café du matin pris ensemble. Cette façon qu'il avait ou qu'elle avait de vous dire bonjour, vos séries regardées en duo, vos rituels du week-end, ces petits riens qui tissaient votre intimité au jour le jour. Ce quotidien banal mais précieux n'existe plus et son absence se ressent dans chaque geste de votre journée. Enfin, il y a le deuil de la sécurité affective, car vous aviez construit une sécurité émotionnelle autour de cette relation. Vous saviez que quelqu'un vous attendait, se souciait de vous, partageait vos joies et vos peines. Cette base sécurisante, elle s'évanouit. Et avec elle... C'est parfois votre confiance en l'amour, en la possibilité d'être aimé durablement, qui vacille. Est-ce que vous reconnaissez certains de ces deuils ? Il est normal que cette liste vous bouleverse. Ces pertes sont réelles, même si elles ne portent pas le nom de deuil dans notre société. Maintenant que nous avons cartographié ces deuils invisibles, comprenons pourquoi ils sont particulièrement difficiles à traverser. Le premier obstacle, c'est que votre société, notre société ne reconnaît pas ces deuils. Il n'y a pas de cérémonie pour enterrer votre couple, pas de condoléances pour la mort de projet commun, pas de congé de deuil pour pleurer votre identité perdue. Cette absence de reconnaissance vous isole dans votre chagrin, vous avez l'impression d'être trop sensible, de dramatiser, de ne pas savoir tourner la page. Et pourtant. Dans un deuil classique, la perte est claire, la personne n'est plus là. Dans le divorce ou la séparation, la perte est ambiguë, car la personne existe toujours, mais votre relation à elle a changé radicalement. Cette ambiguïté brouille votre processus de deuil, votre cerveau peine à accepter définitivement la perte, puisque l'objet de cette perte est toujours présent. Et puis, il y a la culpabilité associée à tout cela. C'est moi qui ai voulu divorcer, je n'ai pas le droit d'être triste. C'était notre choix, je ne peux pas me plaindre. D'autres vivent pire, je devrais être reconnaissante. Cette culpabilité empoisonne votre deuil. Elle vous interdit de le vivre pleinement, de le légitimer, de vous y autoriser. Et puis, il y a la pression du rebond. Votre entourage, souvent bien intentionné malgré tout, vous pousse rapidement vers la reconstruction. Il faut que tu sortes, tu devrais rencontrer quelqu'un d'autre, pense positif. Cette pression court-circuit de votre processus naturel de deuil qui nécessite du temps. Vous n'avez pas le temps de digérer vos pertes avant qu'on vous pousse vers le « après » . C'est un moment aussi où nos émotions sont enchevêtrées, car contrairement à un deuil classique, le deuil du divorce mélange tous les sentiments, tristesse, colère, soulagement, peur, culpabilité, espoir. Cette complexité émotionnelle rend le processus plus long et plus chaotique. Vous avez l'impression de faire du surplace, de ne pas avancer normalement. Mais voici la vérité libératrice, il n'y a pas de normal dans le deuil du divorce, il y a seulement votre rythme, votre processus, votre façon unique de métaboliser ces pertes multiples. Alors vous savez qu'avec Rostori J'aime vous proposer aussi des exercices pratiques pour être dans l'action, pour devenir moteur de sa reconstruction. Et donc je vais vous proposer un petit rituel qui est le rituel du deuil choisi. Puisque notre société ne nous offre pas de rituel pour honorer vos deuils invisibles, et bien nous allons en créer un ensemble. Un rituel qui va donner une forme concrète à ces pertes abstraites. Je vous propose de prendre une feuille et de noter tous les deuils que vous vivez. Et soyez assez précis. Par exemple, je fais le deuil de nos petits-déj du dimanche au lit. Je fais le deuil de ce voyage en Italie qu'on avait prévu. Je fais le deuil de sa façon de me consoler quand j'avais peur. Je fais le deuil de notre complicité de parents. Écrivez tout ce qui vous vient, même si ça vous paraît petit ou ridicule. Il n'y a pas d'échelle particulière, ça doit juste sortir de votre cœur. Pour chaque deuil identifié maintenant, trouvez un petit objet qui leur présente. Une photo pour vos projets communs, un objet de votre quotidien partagé, un symbole peut-être de votre intimité perdue, une lettre que vous écrivez à vous-même. Et vous allez choisir un moment et un lieu où vous ne serez pas dérangé. Allumez une bougie si cela vous parle. Pour chaque objet, tenez-le dans vos mains et dites à voix haute « Je reconnais la réalité de cette perte. J'honore ce qui a existé. J'autorise mon chagrin. » Puis, selon ce qui résonne en vous, rangez l'objet dans une boîte des souvenirs honorés. Brûlez-le si c'est possible de le faire et si vous le souhaitez, en sécurité évidemment. Terminez votre rituel en formulant une intention pour l'avenir. J'ai honoré ce qui n'est plus, je me donne le droit de pleurer ses pertes et quand je serai prête, je me donnerai aussi le droit de reconstruire. Et ce rituel peut être répété chaque fois qu'un nouveau deuil invisible remonte à la surface. Maintenant que vous avez honoré vos deuils invisibles, parlons de quelque chose d'essentiel, le temps nécessaire pour les traverser. Alors il n'y a pas de calendrier officiel pour le deuil du divorce, non non. Pas de « après six mois ça devrait aller mieux » ou de « au bout d'un an tu devrais avoir tourné la page » . Chaque deuil a son rythme. Chaque personne a sa façon de métaboliser les pertes. et vos deuils invisibles ont le droit de prendre Le temps qu'ils prennent. Le deuil invisible ne suit pas une progression logique. Vous pouvez vous sentir mieux pendant des semaines, puis être submergé par une vague de tristesse devant un détail insignifiant. C'est normal. C'est ok. Le deuil avance par vagues, par couches successives. Et chaque fois qu'une nouvelle facette de votre perte se révèle, elle demande à être pleurée. Certains moments, certains lieux, certaines situations vont réactiver vos deuils invisibles. Les anniversaires de votre rencontre, de votre mariage, les lieux que vous fréquentiez ensemble, les couples heureux que vous croisez, les fêtes de famille où vous étiez habitués à aller ensemble. Ces déclencheurs ne sont pas des rechutes, ils sont des rappels naturels de ce que vous avez perdu. Alors, accueillez-les avec bienveillance et construisez votre nouveau rapport au temps. Votre ancienne vie était rythmée par votre couple, vos projets communs, votre quotidien partagé. Il vous faut maintenant créer un nouveau rapport au temps. Le temps du présent, qu'est-ce qui compte pour vous aujourd'hui ? Le temps du passé ? Comment honorer ce qui a été sans s'y enfermer ? Le temps du futur, quels nouveaux rêves ont-ils le droit d'émerger ? Et vous pouvez simultanément être soulagé d'être sorti de cette relation et pleurer ce qu'elle avait de beau, être en colère contre votre ex et avoir de la nostalgie pour certains moments, ou avoir hâte de reconstruire et avoir peur de l'avenir. Ces contradictions sont la signature même du deuil invisible. Elle ne signifie pas que vous êtes confus, elle signifie que vous êtes humain, tout simplement. J'aimerais terminer cet épisode sur une vérité essentielle. Vos deuils invisibles, une fois traversés, vous libèrent. Chaque deuil conscient que vous traversez fait de l'espace pour ce qui veut naître en vous. Clarifie vos vraies valeurs en révélant ce qui compte vraiment. Renforce votre capacité à aimer sans s'oublier. Développe votre compassion envers votre propre humanité et celle des autres. Vous n'êtes pas en train de perdre du temps en pleurant, vous êtes en train d'investir dans votre capacité future à aimer et être aimé sainement. Vous n'êtes pas trop sensible parce que vous ressentez ces deuils, vous êtes authentique, et cette authenticité, c'est votre plus grande force pour reconstruire. Ces deuils invisibles ne vous affaiblissent pas. Ils vous révèlent la profondeur de votre capacité à aimer, et donc votre capacité à aimer à nouveau. Le jour viendra où vous regarderez en arrière avec gratitude, gratitude de ce qui a été, gratitude pour votre courage à traverser ce qui n'est plus. Je vous propose une phrase d'ancrage que je vous invite à répéter chaque fois que vous minimisez vos deuils. Mes deuils invisibles sont réels et légitimes. Je leur donne le temps et l'espace qu'ils méritent. Mes deuils invisibles sont réels et légitimes. Je leur donne le temps et l'espace qu'ils méritent. Vos larmes ont le droit d'exister, même si personne ne les comprend. Si cet épisode a résonné en vous, c'est que vous aviez besoin d'entendre ces mots. Vos deuils invisibles ne sont plus seuls maintenant, ils ont été nommés, reconnus, honorés. Soyez fiers de votre courage à les traverser. Pour continuer ce travail de reconnaissance et d'apaisement, Je vous propose également de nous retrouver sur Instagram, de retrouver également les méditations guidées que je vous propose, qui peuvent vous accompagner sur ce parcours. Le prochain épisode explorera les rituels de passage, ces moments symboliques qui marquent la fin d'une époque et l'ouverture d'une autre. Avec Restory, même vos larmes invisibles comptent et construisent votre renaissance. Et donc avec Restory, réécrivez votre histoire. A très bientôt.