- Speaker #0
Bienvenue dans le Retour au Réel, le podcast de ceux qui ne veulent pas seulement critiquer, mais aussi créer. Pour faire suite au podcast de la semaine dernière, où nous avons parlé avec l'abbé Raffraie de conversion au catholicisme, aujourd'hui je reçois Frédéric, qui s'est lui-même converti et qui va parler de sa conversion, de ce que ça a pu changer dans sa vie. Alors bonjour Frédéric.
- Speaker #1
Bonjour Victor.
- Speaker #0
Alors Frédéric, nous vous connaissons par Academia Christiana depuis déjà, je pense, 2018-2019. Je voudrais peut-être qu'on commence un petit peu par te présenter, présenter ton parcours dans ce qu'il peut avoir d'une certaine manière d'original, d'individuel et puis en quoi, d'une certaine manière, ce parcours peut faire écho pour beaucoup de jeunes Français qui, comme toi, se sont posé ces questions. Alors déjà, pour commencer, Frédéric, où es-tu né ?
- Speaker #1
Eh bien écoute, moi je suis né à l'île de la Réunion. d'une famille d'origine malgache, de tradition musulmane. Donc voilà, La Réunion, c'est, si tu veux, c'est plusieurs communautés qui se côtoient. Des communautés plutôt tamoules, donc venant du sud de l'Inde. Des communautés aussi asiatiques. Également des Français qui sont restés pour s'y installer, donc catholiques. Voilà, j'ai un peu grandi dans ce décor, on va dire. et d'une famille de tradition musulmane. Tradition donc pas forcément très pratiquante.
- Speaker #0
Ok, mais du coup, quand tu étais enfant, tu as été quand même éduqué un peu religieusement ou pas du tout ?
- Speaker #1
C'était assez léger en fait. Si tu veux, je ne partais pas à la mosquée quand j'étais petit. J'ai dû y aller peut-être une fois ou deux en tout. Autrement, c'était vraiment des préceptes de vie, ne pas manger de porc, voilà. aimer Allah. On ne m'a jamais parlé, par exemple, de vie intérieure. Mais c'était surtout des règles de vie. Donc, participer au jeûne durant le temps du Ramadan. C'était vraiment très simple comme règle.
- Speaker #0
Et toi, c'était quelque chose que tu as aimé quand tu étais enfant, d'avoir ces obligations, en quelque sorte, un peu rituelles, communautaires ?
- Speaker #1
Disons que pour moi, je le prenais plutôt comme... Comme de la tradition familiale et de la tradition religieuse, mais moi-même, je n'y croyais pas réellement. C'est-à-dire que, dans ma vision des choses, quand on te donne des... Par exemple, ne pas manger de porc ou agir de telle ou telle façon, dans ma vision des choses, il fallait que cela soit cohérent. Donc je posais plein de questions. J'ai notamment un oncle qui est érudit dans la tradition islamique. Ce n'est pas un imam, mais quand je lui posais des questions sur pourquoi telle ou telle règle, pourquoi est-ce qu'on jeûne, par exemple, avant le lever de la lune, ce qu'il me répondait toujours, c'était sur des versets du Coran. Et quand je poussais un peu le raisonnement, je m'arrêtais à un mur. Ce qu'on me disait, c'est Non, mais voilà, tu n'as qu'à faire ça, point. Et c'est vrai que ça m'a toujours un peu dérangé, on va dire. ça m'a toujours questionné parce que je ne comprenais pas je ne voyais pas en quoi c'était cohérent d'agir mais de ne pas expliquer pour quelles raisons est-ce qu'on agissait et du coup comment est-ce que déjà
- Speaker #0
quand t'as ça a été jusqu'à quel âge en gros c'était toute la période où t'as vécu à la Réunion où finalement t'as grandi là-dedans sans forcément une adhésion profonde ouh à cette religion familiale.
- Speaker #1
C'est ça, si tu veux, pour donner un peu une temporalité, ça, ça a été jusqu'à mes 18 ans. Donc, jusqu'à mes 18 ans, on me parlait de Dieu. Alors, ce que ça m'a dit, c'est que c'était souvent d'un ton assez menaçant, dans le sens que quand j'étais petit, j'étais assez turbulent, j'étais assez agité. Et donc, c'était des menaces du genre, voilà, si tu ne fais pas, si tu n'es pas sage, à la... Tu verras ce qui t'arrivera et ainsi de suite. Ce qui fait que pour moi, Dieu, Allah, ça a toujours été un peu le grand méchant, le Dieu qui punit, le Dieu dont il faut se méfier. Et je le dis très simplement, mais par moments, on me disait, ne mange pas de porc, sinon ce qui va t'arriver, c'est des malheurs. et bien il m'est déjà arrivé de manger du cochon en petit. Enfin, ça peut paraître drôle, mais c'est vrai que pour moi à l'époque, en fait, dans ma... dans mon tête de musulman, dans mon esprit de musulman, réellement, voilà, si je me trompais, si je mangeais du porc, et ben d'un coup, voilà, je sais pas, j'aurais une suite de malheurs, mais c'est pas arrivé, quoi, voilà. Donc voilà, on va dire que ça m'a un peu vacciné, ça m'a un peu questionné, mais c'est vraiment quand je suis parti en classe prépa, donc après mes 18 ans, donc la classe prépa, tu sais, c'est après le bac, et j'étais interne, et à ce moment-là... j'ai vraiment un décrochage et c'est à ce moment là que je me suis revendiqué comme étant arrêté là t'étais déjà en gros sur la métropole ou t'étais encore à La Réunion ? non j'étais encore à La Réunion j'étais dans le chef-lu à Saint-Denis mais je n'étais pas chez mes parents à ce moment là donc la semaine j'étais interne à Lille de La Réunion en prépa et puis je revenais le week-end chez moi et donc à ce moment là j'ai vraiment fait une espèce de bascule où je me suis dit que ce n'est pas cohérent, en fait, de croire en un Dieu dont on nous dit qu'il nous ferait du tort si on agit de telle ou telle manière, mais qu'il ne se passe rien.
- Speaker #0
Et juste, je reviens un petit peu sur ton enfance. En gros, à part ta famille, il y avait d'autres musulmans à côté de toi ou tu étais tous ?
- Speaker #1
C'est vrai qu'on a vécu un peu de manière isolée parce que nos parents voulaient un peu nous préserver, on va dire, de... de l'ambiance qu'il peut y avoir dans certaines, je dirais pas communautés, mais dans certains groupes d'amis à l'île de la Réunion. Tu vois, l'île de la Réunion, c'est assez disparate. Tu as des gens qui sont bien élevés, qui vivent un peu entre eux, souvent issus de la métropole. Donc, ils vont être souvent enseignants ou alors cadres de la fonction publique. Et de l'autre côté, tu vas avoir beaucoup de Réunionnais. qui vivent un peu de manière un peu plus libre, où les enfants partent en boîte de nuit, où certains vont fumer du cannabis, ça existe. Et mes parents voulaient vraiment nous protéger de cela. Et donc ceux que l'on contrôlait, c'était vraiment soit des amis de la famille, donc des collègues à mon papa qui est prof de maths, ou alors ma famille du côté de ma maman, donc des musulmans de...... pure tradition.
- Speaker #0
Et à l'école, tu étais à l'école publique, laïque, etc.
- Speaker #1
C'est ça. D'ailleurs, l'école Jules Ferry, ça ne s'invente pas. Moi, parmi mes amis, c'était vraiment divers. J'avais des amis issus de la métropole, d'autres réunionnais, mais en fait, je me rends compte que je n'ai pas forcément côtoyé d'amis musulmans pour la simple et bonne raison que les seuls musulmans qu'il y avait dans mon école étaient d'origine mahoraise ou comorienne. Les autres étaient ou catholiques, ou alors un peu hindous, tamous, mais très peu de musulmans, finalement.
- Speaker #0
En gros, il y avait le facteur un peu ethnique qui fait que, quand on était d'origine malgache, on ne se mélangeait pas trop avec les autres.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Et puis, c'est surtout que en fait, chez les malgaches, t'en as qui peuvent être musulmans, mais t'en as beaucoup qui sont surtout un peu protestants, ou alors un peu... pas catholiques, mais je dirais plutôt chrétiens, et qui ont un culte des ancêtres assez fort. Ça, c'est du côté de mon père, par exemple.
- Speaker #0
Et donc, du coup, je reprends un peu au niveau de la temporalité, tu arrives en prépa, tu commences un peu à te détacher de cette culture religieuse.
- Speaker #1
C'est ça. C'est ça, et puis, en fait, moi, à l'époque, je voulais passer les écoles spéciales militaire de Saint-Cyr. Donc, pour donner un peu un ordre d'idée, c'est... Quand je partais à l'école, on nous a souvent parlé de l'histoire de France. Moi, j'ai encore en mémoire la carte de Philippe Auguste, qui agrandissait son territoire. Et pour moi, c'était assez fascinant de voir qu'en France, finalement, la France, c'était à la fois mon pays, mais en même temps, je suis né sur une île loin de la métropole. Donc, c'était un rapport assez particulier, on va dire. Mais je me suis dit, voilà, chanceux. étant réunionnais, d'avoir un peu gagné, on va dire, un peu pour héritage, une histoire aussi riche. Là, j'ai encore en tête le tableau de Bayard, par exemple, qui nous était présenté. Et c'est vrai que j'ai eu un prof d'histoire qui était très, très fascinant. Donc, j'ai un peu grandi avec cette histoire de France en arrière-plan. Et en classe prépa, je me suis dit, voilà, Fred, ok, voilà. t'es d'origine malgache, t'es à l'île de la Réunion, t'aimes la France, tu veux faire Saint-Cyr, tu veux être officier, tu veux aller dans les régiments un peu péchus et compagnie. Maintenant, tu vois bien qu'être musulman... et être français et ça c'est ma propre réflexion tu vois c'est ici voilà enfin pour moi c'était assez incohérent en fait moi c'était incohérent d'à la fois aimer la france et d'être musulman c'était un peu la réflexion que je m'étais faite et à l'époque si tu te rappelles bien je crois que c'était en 2014 t'avais l'affaire Dieudonné et Soral qui était sortie et c'est à ce moment là justement j'ai commencé un peu à à me renseigner, à me former sur Soral. Je ne vais pas faire toute sa thèse par audio, mais j'ai un peu plongé dans ses écrits, j'ai un peu plongé dans sa réflexion. Et en fait, Soral, c'était un peu l'essayiste qui me donnait un peu une voie de sortie, un peu comme une solution finalement, à mes questionnements d'un point de vue de mon identité. Parce qu'à l'époque, j'étais un peu perdu finalement. Et Soral, c'était vraiment la personne qui m'a un peu aiguillé sur ce chemin-là.
- Speaker #0
Alors, juste peut-être pour nos auditeurs, en gros, parce que Soral, bon, enfin, oui, pour moi, c'est très clair, mais c'est, voilà, vous faites finalement vraiment un peu notre génération. En gros, il y a eu l'effet Soral en 2013-2014. Mais en quoi, justement, ce discours était particulièrement… Justement, en quoi ce discours a pu s'en rentrer dans les détails, etc. En quoi ce discours t'a parlé ? Et c'était quelque chose finalement peut-être d'un peu libérateur ou en tout cas quelque chose qui pouvait d'une certaine manière proposer une voix.
- Speaker #1
Eh bien, alors ça, c'est une très bonne question. Pour moi, en fait, ce que je me suis dit, c'est en fait, Fred, t'es d'origine malgache. Pour parler de manière un peu triviale, ethniquement, moi je ne suis pas français. Ethniquement, quant au roman, t'as mes aïeux, c'était des malgaches qui vivaient à Madagascar. Donc voilà, j'ai pas de français dans mes ancêtres. Et pourtant, ma famille a été accueillie par la France. Mon père aime ce pays. Moi, j'ai un grand-père à Madagascar qui a été parachutiste français. Et c'est vrai qu'en fait, j'étais en plein questionnement sur comment je fais pour m'en sortir. Et Soral, en gros, notamment à l'époque, je crois que c'était... Il me semble que c'était justement... toute cette question de front de la foi, d'égalité et réconciliation, c'était la personne qui a tendu une poignée de main virile aux jeunes issus de l'immigration, aux jeunes de banlieue, aux jeunes musulmans, qui n'étaient pas français, mais qui souhaitaient le devenir. Pour moi, Soral, c'est vraiment un peu ce symbole-là, même si j'en suis un peu revenu. Mais à l'époque, c'est vrai que c'était la personne qui me disait à moi, écoute, certes, tu n'es pas français, tu es de telle origine, mais si tu agis de telle ou telle manière, si tu prouves que tu aimes la France, tu vas être accueilli et assimilé à ce pays-là.
- Speaker #0
C'est amusant ce que tu dis, je rebondis un petit peu, parce que pour moi, c'était un truc qui m'avait marqué à l'époque. En gros... Moi, de mon parcours, pour le coup, de français, de souche, ayant grandi à la métropole, mais très fortement confronté à l'immigration, massivement dès le collège, un peu en douceur au primaire, j'avais toujours, petit à petit, au fur et à mesure de mon adolescence, j'avais grandi dans l'opposition. Finalement, la racaille, et tu as beau être gentil avec eux, en fait, eux n'ont aucune envie d'être sympa avec toi. Donc en fait, il y a une sorte de confrontation entre le petit blanc et Lara Kaye, qui vit de manière communautarisée, qui se réfère à l'islam, même si les gars disent de la drogue et regardent des films pour l'homme. Et puis du coup, il y avait eu aussi, tu vois, le truc qui m'avait particulièrement marqué, je devais avoir 11-12 ans à cette époque-là, c'était quand Jean-Marie Le Pen était arrivé au second tour des élections présidentielles. En 2012. Non, c'est 2002.
- Speaker #1
2002,
- Speaker #0
depuis le départ de droite. Et à ce moment-là... tu avais eu en gros une vraie vague dirigée par les profs, l'éducation nationale etc en disant que la France c'était l'immigration c'était le vivre ensemble etc tout ça ça avait été très fort et du coup tous ceux qui pouvaient être trop blancs d'une certaine manière ils étaient coupables d'être des méchants racistes bref donc il y avait vraiment cette confrontation en gros entre voilà il y a ceux qui aiment euh les gentils immigrés, quelle que soit leur religion, etc. Mais bon, quand même, surtout afro-maghrébins, et puis les méchants. Et du coup, ceux qui ont pris un peu le lead là-dessus, ça a été effectivement politiquement le Parti Socialiste, etc. qui a été finalement assez vite devenu à la fois le parti de l'immigration, mais aussi du progressisme sociétal. Et en fait, ce n'est pas un hasard finalement, je pense, si ça a explosé tout ça, et avec, par l'intermédiaire de ce ras les Dieudonné, parce qu'il ne faut pas oublier que Dieudonné a été longtemps quand même un des adversaires forts de Jean-Marie Le Pen. Même si, évidemment, aujourd'hui, ils se sont rapprochés par grande amitié. Mais à cette époque-là, c'était adreux. Dieudonné était, en gros, le noir, un peu représentant de l'antiracisme face à Jean-Marie Le Pen. Et du coup... je pense 2012-2013, c'est à ce moment-là en gros où le parti socialiste avec François Hollande arrive avec son mariage pour tous, et là du coup, tout d'un coup, Soral débarque un peu en troublion, en s'adressant aux Français issus de l'immigration, en disant en gros, vous voyez, ceux qui prétendent vous défendre, ce sont ceux qui vont libéraliser le mariage homosexuel, et en fait, d'une certaine manière, vous êtes un peu les idiots de la farce. Alors bon, il y avait la question juive, etc., qui a été aussi évidemment... a joué beaucoup dans tout ça. Mais tu vois, un phénomène vraiment très révélateur, c'est qu'en gros, je ne sais plus si c'était 2014 ou 2013, une permanence du Parti Socialiste s'était fait cramer en banlieue parisienne. Alors qu'avant, c'était plutôt la permanence du Front National. Là, en gros, les gars s'étaient attaqués au Parti Socialiste qu'ils avaient identifié, et je pense que ce rallye était largement pour beaucoup. comme étant, voilà, en gros, c'est, ils vous prennent pour des idiots, avec leur truc touche pas à mon pote etc., SOS racisme, et vous êtes de cette manière des idiots utiles de tout ça. Et c'est vrai que je pense que ça, aujourd'hui, on l'a peut-être un peu oublié, pour ceux qui n'ont pas connu vraiment cette époque-là, mais c'était juste pour rajouter un point, il faut dire que ça a été vraiment, je pense, un point marquant dans la vie politique des idées, et même de l'identité, à cette époque-là.
- Speaker #1
Et puis, si tu veux, moi, ce qui m'avait marqué aussi, c'était que finalement, les jeunes issus de l'immigration, les jeunes de banlieue qui s'identifiaient à Soral, le faisaient aussi en réaction, alors je crois que c'était une intifada à l'époque, mais contre les Palestiniens, quoi. C'est-à-dire que Soral a eu un discours pro-palestinien assez violent, enfin violent non, mais assez marqué, de donner par ailleurs dans ses sketchs. mais je vois aussi que c'est un point d'accroche pour ces jeunes de banlieue finalement peut-être un peu plus d'extrême gauche que de la gauche PS pour rejoindre ce camp un peu viril
- Speaker #0
surralien alors on va pas forcément faire notre podcast sur le surralisme parce que ça nous emmènerait trop loin et il y a plein de choses très intéressantes à en dire mais du coup continuons un peu sur ton parcours Tu comprends que finalement, il y a quelque chose, tu as une envie finalement de t'attacher à ce pays qui est la France et ça te paraît possible et cohérent. C'est ça. Mais du coup, ça interroge la religion de tes parents.
- Speaker #1
Exactement. Classe prépa, je passe les concours d'école ingénieure. J'atterrais en métropole à Bourges. Donc ça c'est en 2014. Et là clairement voilà pour moi, la foi islamique, en fait c'était ça, c'était d'abord la foi musulmane n'est pas une foi on va dire cohérente, enfin voilà c'est pas possible. Et en même temps ça m'empêche en fait d'aimer la France. Et j'ai vraiment fait une rencontre mais vraiment mais hasardeuse, enfin pour moi c'est vraiment la main de la Providence Victor. Mais en gros voilà, Bourges, il y a une rue qui s'appelle la rue Moyenne, et donc je me balade un jour. Et je m'étais déjà fait la réflexion que, voilà, ma Fred, t'arrives en métropole, t'as plus tes repères, tu vois, spatials. Pour moi, ne pas avoir de montagne en arrière-plan, donc les montagnes de l'île de la Réunion, c'était assez angoissant, en fait, réellement. Tu vois, c'est aussi bête que ça. Je débarque à Bourges, il n'y a que des champs, en fait, à part de vue. Enfin, je ne comprends pas. Et donc voilà, je marche dans la rue moyenne, et d'un coup, je vois des gens un peu bizarres, avec des chemises un peu colorées, jaunes, rouges, verts, bleus, ainsi de suite. Je m'arrête et je me demande ce qu'ils faisaient là. Et bien c'était des scouts de France et des éclaireurs unionistes, je crois, donc protestants, qui faisaient des soupes populaires pour les personnes défavorisées. j'ai trouvé ça génial Du coup, je leur ai filé un coup de main. Et durant la journée, comme ça, de fil en aiguille, eh bien, voilà, il y a des jeunes qui sont venus me voir pour me parler un peu de scoutisme. Et l'une des responsables m'a proposé d'être chef louveteau au Scout de France. Mais voilà, enfin, je leur ai dit OK, tu vois. Mais pour moi, c'était un oui, comme si on me proposait d'aller faire un foot avec des mecs, tu vois. Enfin, c'est absolument inconscient. et c'est en devenant chef Louveteau au Scout de France. Donc pour ceux qui ne savent pas, le Scout de France, c'est un scoutisme historiquement français, au début créé par le père Sevin, mais on va dire, qui au fil du temps, a essayé de redorer un peu son image en étant un peu du monde. Donc ils ont retiré ce qui est uniforme, béret, signe religieux, pour avoir un peu une image de scoutisme laïque. Voilà, si on devait y mettre un mot. Donc voilà, je suis chef au Scout de France. Et c'est en étant chef au Scout de France qu'en discutant avec des prêtres, avec des jeunes et des moins jeunes, catholiques ou pas d'ailleurs, et surtout en vivant des vertus du scoutisme français, que je me suis dit, pourquoi ne pas être chrétien en fait ? Pourquoi ne pas me convertir à la foi catholique ? Voilà. Et pour ceux qui savent ce que c'est que les scouts de France, je pense que c'est vraiment un miracle que les scouts de France aient réussi à me convertir au catholicisme, parce que c'est vraiment pas gagné. Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé une démarche d'aller voir un prêtre, de lire le Nouveau Testament, de vivre un peu de la vie de la foi, mais sans pour autant y adhérer à 100%. Donc dimanche, je partais pas forcément à la messe, je restais chez moi. et pourtant il y a eu cette démarche qui a été entamée. Et si tu veux, l'un des prêtres qui m'a préparé pour mon baptême, c'est un peu le profil, le prêtre, non pas 68 ans, mais le prêtre gentil, le prêtre de banlieue, qui a passé beaucoup de temps au Maghreb, et quand je lui parlais de l'islam, et que c'est une fois que je le rejetais, et bien je sentais qu'il était un peu... Il essayait un peu de ménager la chèvre et le chou, en me disant oui, mais tu sais, mon frère, l'islam, c'est une belle religion Et je t'avouerais que moi, c'est vraiment le premier truc qui m'a marqué. C'est que trop souvent, dans les diocèses locaux, j'ai fait la rencontre de prêtres, de catholiques, un peu relativistes. Donc voilà, je sais pas si pour toi ça a été le cas aussi.
- Speaker #0
En tout cas, surtout, au fait des quelques relations que j'ai pu avoir avec des musulmans, c'était souvent effectivement, je me suis fait à la réflexion. En gros, je raconte une petite anecdote, tu vois, mais j'étais séminariste, préparé à devenir prêtre, j'étais déjà en soutane. J'avais rencontré lors d'un stage pour le BAFA, pour être animateur de collines de vacances, donc là en l'occurrence de camp de jeunesse catho, en fait c'était un truc laïque, on se retrouvait avec plein de gens, et finalement les mecs avec qui j'avais le plus sympathisé étaient des musulmans, parce que c'était les gars qui s'intéressaient le plus à la religion. En fait en gros le français de souche moyen. Une fois qu'il t'avait posé la question, tu vas jamais baiser ? Ben non. Bon ben, le gars, il a fini de poser ses questions, c'est tout ce qu'il voulait savoir. Le musulman, en fait, il dit, attends, tu crois en trois dieux ? Attends, non, je vais t'expliquer, c'est pas tout à fait comme ça. Et du coup, là, ça lance une conversation et ça durait longtemps. Enfin voilà, ça nous occupait des déjeuners à table, à parler presque de théologie, de religion, de choses un peu plus profondes et sérieuses. Et il se trouve que, là, en l'occurrence, le gars dont je parle... Enfin, c'était toute une bande. Et toute cette bande était fan de Dieudonné. C'était le râle. Ça créait déjà un petit point d'avion. Et donc, du coup, on s'était plutôt bien entendus. Et l'un d'eux m'avait demandé mon numéro après le BAFA et me rappelle un jour. Et donc, je le croise à Paris, je prends un verre, et je lui dis, bon, écoute, là, je dois y aller parce que j'ai la messe. Il me dit, je te raccompagne. Finalement, sur le chemin, dans le métro, au moment où on s'est intéressé sur le métro, je lui dis, bon, finalement, c'était là, tu peux venir voir. Hélo le gars m'accompagne, j'ouvre la porte de Guy et je lui dis Bah, si tu veux rentrer, tu peux. Hélo qui rentre avec joie, curieux, s'assied à côté de moi et assiste à toute la messe. Et donc voilà, et finalement même après la messe, le prêtre en question que je connaissais un petit peu nous propose de prendre un verre, enfin on va finir la discothèque et tout, et je m'étais fait la réflexion à ce moment-là, je m'étais dit mais en fait en gros, mon dieu, si j'avais amené ce gars à une messe moderne, voilà exactement, où on dévoque cette dimension relativiste etc, le gars ne m'aurait pas pris au sérieux. Là en fait je l'ai emmené à une messe où tout le monde était à genoux, et où voilà, il y avait cette ritualité, cette verticalité. Et le gars, justement, une petite question amusante, il me dit, en gros, c'est qui le gars à côté du prêtre ? Je lui dis, c'est un servant de messe. Et lui me dit, un peu naïvement, Tu vois, du coup, quand tu seras prêtre, t'auras aussi un serviteur. Je lui dis, Non, mais ça marche pas.
- Speaker #1
Mais c'est comme ça que ça...
- Speaker #0
Mais tiens, voilà, toute cette dimension, justement, assez un peu autoritaire, en fait, finalement, du catholicisme, un peu verticale, en disant, Ben voilà, il y a une vérité, il y a un rite, etc. C'était justement ça qui lui parlait le plus. Et je parle tout à fait avec toi, c'est quand tu viens quitter justement une voie qui te semble être une voie d'errement, et le premier prêtre que tu croises te dit ah non non mais si mon copain, c'était pas mal, t'avais qu'un truc et tu dis bon bah… Ouais mais ça c'est un mal en fait,
- Speaker #1
c'est ça, complètement. Et puis pareil, dans le Berry, c'était à Issoudun, au centre Jules Chevalier, que j'avais passé justement mon… Le catechuména, ça dure deux ans, et durant ces deux ans, le nouveau converti ou le recommençant va faire des sessions de séminaire au stage pendant un jour ou deux pour pouvoir apprendre les bases du catholicisme. Donc notre Père, le Je vous salue Marie, le Je vous croise en Dieu. Et je me souviens d'une discussion avec une madame cathé, justement, à paroisse. Pareil, mais vraiment gentil, vraiment adorable, qui me fait... Ouais, mais Frédéric, si t'étais resté musulman, ça aurait été bien aussi, tu vois. Mais tu vois, des choses comme ça, t'en as tout le temps, quoi. Et c'est vrai qu'à ce moment-là, pour moi, c'était un peu une angoisse. Bon, maintenant, tu vois, ça va, je veux dire, je vais à la messe en latin, je vais à dépêler le t-shirt, etc. Donc, maintenant, ça me passait un petit peu au-dessus de la tête. Mais c'est vrai que je ne serais pas étonné d'apprendre que beaucoup de jeunes recommençants, par exemple, ne sont pas allés aussi loin dans leur foi catholique à cause de ce genre d'attitude.
- Speaker #0
Comment tu en es venu au catechuméda, déjà après ces premières expériences, scoutisme, discussion avec un prêtre, etc. ?
- Speaker #1
Écoute, c'est simple. Moi, il y a un événement qui m'avait vraiment marqué. Ça devait être en 2015. J'étais étudiant, assis sur mon bureau. Et je lisais à ce moment-là un passage de Saint Jean. Mais pour moi, si tu veux, la Bible, à l'époque, c'était un peu un livre comme un autre. C'était juste un enseignement, on va dire. Et en lisant ce passage que j'ai oublié, je te promets qu'il s'est passé un truc. Il s'est passé un truc. Alors, quoi ? Je ne saurais pas mettre de mots là-dessus, mais c'est comme si que... voilà, enfin, c'est comme si qu'il y avait du mouvement en moi, en fait. Voilà, je lisais ce passage et en même temps c'est... C'était un peu flippant, tu vois. Je me disais, putain, mais Fred, t'es pas un fou, t'es normal. Mais je lisais ce passage-là et il s'est passé un truc. Voilà. Et ça m'avait surpris. Donc j'en parle à mon prêtre et voilà, il m'expliquait un petit peu que c'était un peu le... Finalement, le réveil de la foi, on va dire, une espèce d'éveil. Et c'est vrai que ce passage-là m'avait vraiment marqué. Et donc, en 2015, je fais le choix, on va dire, de démarrer mon catechuménat. Mais à l'époque, pour moi, si tu veux, la foi chrétienne, ça restait encore un peu... voilà, une foi, ok, Dieu, voilà, Dieu, mais c'est pas le vrai Dieu, tu vois, c'est... Pour moi, à l'époque, c'était encore, voilà, le Christ, pour moi, c'était un peu le Dieu des Français, tu vois.
- Speaker #0
C'est hyper intéressant comme approche, parce que c'est... ça montre bien... Tu vois, tu as un peu parfois la critique que font certains chrétiens de gauche, etc., de dire, oui, dans la perspective identitaire, vous faites finalement du christianisme, un élément, l'identité. Et donc, de cette manière, vous vous servez, vous utilisez le christianisme, non pas comme une religion, mais comme un élément identitaire, finalement, presque au même rang que la baguette et le saucisson. Et en fait, je trouve, la critique en soi, elle pourrait tout à fait être pertinente. Évidemment que la vraie religion, la vraie foi, c'est pas juste un joujou culturel, un objet culturel, mais néanmoins, en fait... toi comme moi, dans nos deux parcours, il y a quelque chose d'assez similaire, c'est qu'en fait, il a fallu évidemment cet élément de l'identité, de l'histoire, de la culture, de rattachement à quelque chose, en fait à des racines dans le fond, qui a été le moyen qui permet ensuite de passer de la religion identitaire à la religion. C'est ça,
- Speaker #1
exactement, c'est tout à fait ça. C'est vrai que ce passage-là, en fait, pour moi, il a été assez facilité par la messe traditionnelle, par la messe en latin, où, en fait, tu sens que chaque chose est vraiment ordonnée. Il y a un ordre dans chaque élément, il y a un ordre dans la charité. D'abord, tu aimes Dieu, après Dieu, c'est ton pays, après ton pays, c'est ton village ou ta communauté, ta paroisse, après c'est ta famille, et ainsi de suite. Mais c'est vrai que ce passage-là, pour moi, il était vraiment facilité, on va dire, par la vie de la grâce au sein du Parvois Stradis. Et donc, pour reprendre un peu le fil, donc 2015-2016, toujours Scouts de France, et je fais un stage en Belgique, donc à Bruxelles, voilà, ou au lieu Saint-Lambert, pour ceux qui la connaissent. Et si tu vois l'époque, pareil, je ne vivais pas forcément de la vie de la foi, à savoir... Partir à la messe tous les dimanches, voilà, ça c'est pas bien. Mais j'ai fait là aussi une rencontre absolument improbable. Et euh... Pardon, j'ai ri parce que je sais ce que je vais raconter en fait, c'est pour ça. En gros voilà, donc un soir, dans les rues de Bruxelles, je me baladais. Et je vois un espèce de bâtiment bizarre. Bon, un escalier qui descend. Et j'entends un boucan mais absolument dantesque. Donc je vais voir ce que c'est. Donc j'ouvre la porte. Et puis là, je vois des gens en pleurs, se frappant la poitrine. Et je vois un pasteur congolais, belge, donner un serment. Le cliché, quoi. Je rentre et tout. Je me dis, mais qu'est-ce qui se passe ici ? Donc, quelqu'un vient et me dit, écoutez, c'est une paroisse. Enfin, vraiment, c'est... l'église de Dieu, etc. Ok, je m'assois, je suis assez curieux, en fait. Puis là, je vois un pasteur qui fait un discours, mais très, très cohérent, en fait. Pour moi, c'était un peu d'illuminer. Mais en même temps, j'étais un peu paumé à l'époque, donc je me cherchais un tout petit peu. Donc voilà, le pasteur fait son topo. D'ailleurs, je ne sais même plus de quoi il parlait. Et puis à la fin, je vois qu'il y a une gentille dame qui vient me parler, qui me pose des questions, qui me dit Oui, voilà, t'es chrétien ou pas ? Je lui dis Non, non, pour le moment, non, je me répare pour mon baptême, voilà. Bref, et de cette rencontre-là, en fait, je me suis rendu compte qu'il y avait d'autres chrétiens. Et par moments, on en venait à débattre ensemble. Et c'est vrai qu'avec un peu de recul... je me dis que j'ai eu beaucoup de chance, la providence m'a vraiment souri. Pourquoi ? Parce que j'aurais très bien pu tomber justement dans une communauté, on va dire, protestante, évangélique, mais ça n'a pas été le cas. Donc, lorsqu'on débattait, Jean me donnait des arguments en face, et c'est vrai que, même avec peu de moyens, on va dire, théologiques, j'arrivais quand même à trouver le verset ou le passage, ou l'argument qui me permettait de me défendre. Et pour moi, ça, tu vois, j'ai pas honte de le dire, pour moi, c'est un peu la vie de la grâce aussi. Dieu m'a aidé à ce moment-là, réellement. Dieu m'a aidé, et j'aurais très bien pu finir par un nom protestant, mais ça n'a pas été le cas, par la grâce de Dieu. D'ailleurs, pour la petite anecdote... le bénédicité chez les congolais évangéliques, c'est deux heures. Non, mais c'est juste impossible. Je pense que pour ça, je n'aurais pas pu être évangélique. Bref. Voilà, donc ça, c'était en 2016. Ensuite... Je poursuis mes études, je poursuis mon catéchuménat, et on pose une date pour mon baptême qui était le 31 mars 2018. Et entre-temps, j'ai fait la rencontre d'un chef au Scouts d'Europe qui était mon colloque, donc on se lie d'amitié, il me dit qu'il est patriote, donc on parle un peu de militantisme et de foi et autres. Et grâce à lui, j'ai un peu un pied d'entrée chez les Scouts d'Europe, et je deviens assistant à la troupe de Bourges. pendant quelques années. Et ça, ça a été vraiment une super expérience pour moi. Parce que justement, là, en fait, tu entres dans le concret de la vie de la foi. Voilà, tu as des cérémoniales, tu as des temps de bénédicité, des prières du matin, des prières du soir. Et pour moi, ça a été vraiment un peu les fondations aussi de ma vie chrétienne personnelle. Donc, ça, c'était en 2017. Ensuite, apparemment, tu vois, je continue à me former. politiquement, philosophiquement à côté. Et je vois bien que le soralisme, en fait, c'était hyper intéressant comme point d'accroche, mais qu'au fur et à mesure du temps, toujours désigné comme ennemi, l'espèce de sionisme ou autre, en fait, pour moi, ce n'était pas un peu le constat que je faisais à ce moment-là. Voilà. Donc, à l'époque, je me cherchais encore un petit peu et j'étais tombé sur un livre. où tu voyais un Jésus habillé en chevalier, tu vois. Bon. Je me suis dit, ben moi, je veux rejoindre le groupe des gens qui vénèrent Jésus en chevalier, en fait. Voilà. Donc, je me suis inscrit à l'Académie de la Christiane, et c'était un premier université. Et donc, voilà. Donc, le premier université était à C. Voilà, là, je vois... C'était toi qui m'avais accueilli avec Julien Lange là, à l'époque. Tac. Point de main virile. Ainsi de suite. Ce qu'on nous dit, c'est, ben voilà, vous allez être formé pendant... cinq jours pendant une semaine et vous allez avoir des cours de boxe taille et pour moi ça a été vraiment voilà j'ai pas envie dire une reconversion parce que les mots ont un sens mais pour moi ça a été voilà une espèce de solidification de ma vie de foi de ma vie spirituelle et la construction en fait de ma vision du monde quoi voilà depuis ce moment là en fait bah j'ai la même vision du monde on va dire et J'ai comme ça un peu des espèces de garde-fous solides sur lesquelles m'appuyer pour pouvoir avancer dans la vie.
- Speaker #0
C'est beau, c'est beau, c'est beau. Et du coup, finalement, c'est une suite de belles rencontres qui t'ont fait approfondir les choses. Je vais juste poser un peu la question. Vis-à-vis de ta famille, du coup, ça s'est passé comment ?
- Speaker #1
Alors, vis-à-vis de ma...... J'ai eu beaucoup de chance parce que mes parents sont de tradition musulmane, donc ils ne sont pas insérés dans une communauté musulmane avec de la réunion. Mais pour autant, tu as un peu le poids de la tradition et tu as aussi un peu le poids du regard de la famille sur les gens. Du côté de mon père, ils sont plutôt païens malgaches. Donc il s'en fichait un petit peu Pour lui c'était ok Mais du côté de ma maman par contre C'est un peu plus difficile Parce que tu comprends Tes grands-parents étaient musulmans Tes enquêtantes le sont aussi Et d'ailleurs voilà Moi j'ai un oncle qui est assez érudit Et ce qu'on m'a dit en gros c'est Si tu le croises ou si on va aller voir Ne parle pas de ta conversion Ne parle pas du fait que tu manges du porc Parce que tu comprends Ça fout un peu la honte Voilà de... d'avoir un enfant qui s'est converti et surtout qui a quitté la foi musulmane. Sinon, j'ai vraiment eu beaucoup de chance parce que j'ai toujours mes parents, je suis toujours en contact avec eux. Mais c'est vrai que quand on parle de religion, quand on parle de foi, on est assez rapidement en désaccord et en fait, c'est pas un sujet sur lequel on peut... peut se mettre d'accord.
- Speaker #0
Est-ce que tu as été bien accueilli par les chrétiens ? Une fois ta conversion, ce qui peut y avoir parfois un peu le côté milieu social chez les chrétiens, qui fait que quand on n'en vient pas, ce n'est pas toujours évident de saisir les codes. En gros, les gens nous aiment bien parce qu'on est inconvertis, donc d'une certaine manière, on leur donne un peu raison. Mais bon, par contre, de là à nous inviter à leur table et de rentrer vraiment dans le cercle amical, c'est plus difficile.
- Speaker #1
Oui, c'est clair. Écoute, moi, ce qui a vraiment facilité, on va dire, mon intégration. dans la communauté chrétienne, ça a vraiment été d'être chef au Scout d'Europe, alors au Scout de France, je ne les vois plus parce que je suis un peu trop radical, mais c'est vrai que grâce au Scout d'Europe, j'ai pu me trouver un parrain, j'ai pu me trouver des amis que je vois. Mais ce qui est sûr en tout cas, c'est que je pense qu'il y a un peu la redescente, on va dire, après le baptême, où en fait, c'est pas que tu es un inconnu, mais tout le monde t'oublie. C'est vrai que ça a été un tout petit peu difficile. Mais je pense qu'il faut avoir aussi un peu une intelligence et se dire qu'en gros, chaque famille catholique a aussi ses propres combats et qu'ils ne peuvent pas forcément s'occuper de tout le monde. Pour résumer. Maintenant, moi, ce qui m'a vraiment aidé, c'est aussi un peu de... ça va pas être un petit peu bizarre mais voilà de copier un peu les codes, la gestuelle, le vocabulaire voilà bon peut-être pas jusqu'à porter des pantalons et des polos colorés mais au moins voilà de comprendre un petit peu comment est-ce que les gens interagissent et de faire pareil et c'est vrai que en fait tu as raison il y a un côté justement où ça a été un petit peu plus compliqué c'est un peu voilà des promesses du genre Ah, mais il faudrait que tu viennes manger à la maison un soir. Bah, t'as mon numéro, tu vois, tu peux m'appeler, en fait. Et ça a été souvent ça. Bon, maintenant, j'en suis un peu revenu. Mais je pense que quand on est converti et quand on est recommençant, ça peut être un petit peu pénible de se dire que tu vas passer Noël, soit seul ou alors avec un prêtre. Eh bien, c'est pas grave. C'est pas grave parce que la vie de la grâce aide énormément. Et que partout dans le monde, t'as des gens qui sont dans le même cas que toi. Et voilà, moi, ça a vraiment été la vie de la grâce qui m'a vraiment aidé.
- Speaker #0
Et tu vois, il y a un autre truc aussi, moi, je me suis posé moi-même. Comme je venais pas d'une famille classique, mes parents étaient séparés, etc. J'avais l'impression, en gros... En plus, j'étais plus jeune,
- Speaker #1
j'étais au lycée,
- Speaker #0
finalement. Et donc, dès que j'étais présenté, entre guillemets, à des gens qui venaient de famille... assez traditionnelle de la bourgeoisie chrétienne, assez lambda, de droite, catho, plutôt tradi, etc. J'avais un peu honte. En gros, je me disais, moi, je suis fils unique, je n'ai pas 15 frères et sœurs, je tutoie mes parents, je ne les vouvoie pas, mes parents ne sont pas abonnés au Figaro et à Famille Chrétienne, mais c'est parfois Libération et le Monde. Mais voilà, mes parents sont séparés, donc voilà, un coup chez ma mère, de temps en temps en visite à mon père, etc. Du coup, déjà, j'avais un peu... Parfois, je me souviens même d'une époque où je le cachais. En fait, en gros, je ne parlais pas de ma famille. Je ne disais pas de mon père. J'étais très vague, très évasif. Après, en fait, quand je suis passé par le séminaire et que j'ai découvert finalement un peu que tout ce monde-là n'était pas tout rose, en fait, que c'était pas du tout une sorte de condition. de catholicité que de venir de ce milieu-là, d'avoir une famille nombreuse, un ancêtre militaire et porter une chevalière.
- Speaker #1
Les scouts d'Europe, ouais.
- Speaker #0
Alors moi, j'étais passé par les scouts d'Europe, j'avais quand même des codes. Genre les codes du scoutisme, je les avais. J'étais scout depuis mes 12 ans aux scouts d'Europe, parce que mes parents m'avaient inscrit un peu par hasard là. Et puis, j'ai fait quand même pas mal d'années dans des écoles tradies et tout. Donc en fait, une fois, à partir du moment où je me suis totalement approprié ces codes, où j'ai m'inscrit totalement, en fait, j'ai... à un moment donné, à accepter qui j'étais et d'où je venais, je me suis dit, en fait, j'ai rien à prouver. Enfin, je sais pas... Je ferai ma vie, mais en gros, j'ai pas de... Je peux tout à fait assumer mes origines sans aucun problème, quoi. Et je voulais savoir si toi, en gros, t'avais eu un peu ce sentiment, enfin, comment t'avais, de ta manière, un peu géré ça, parce que je pense que c'est quelque chose qui est dur à vivre pour l'ensemble des gens qui débarquent dans le milieu tradit.
- Speaker #1
Ouais, ouais, bah écoute, ça, c'est un très... C'est un point qui est très, très vrai. En fait, ce que je faisais pour cacher un petit peu le côté un peu, non pas un peu miséreux, mais c'est que j'essayais de me mettre en avant. Je suis ingénieur, j'ai un master 2, j'ai mon papa qui est prof à l'université. En fait, j'essayais un peu de contrebalancer, on va dire, les points négatifs, entre guillemets, par de la réussite sociale. Mais c'est vrai que maintenant, je me rends compte qu'en fait... tout ça c'est plus un vernis et qu'effectivement pendant pas mal de temps j'ai essayé de bien me faire voir en fait voilà, quelque part au lieu d'être simplement vrai. Au lieu d'être vrai. Et en fait, disons que pour moi, les vrais sujets de honte, c'était plutôt le fait de passer les fêtes seules, Noël, la Pentecôte ou autre. Alors après, évidemment que j'ai eu, comme tu le dis, j'ai fait de très belles rencontres. Donc, des gens qui m'invitaient pour la Pentecôte, pour Pâques, pour Noël. Et pour moi, ça a été vraiment une chance. Mais par exemple, là, quand je... quand j'étais routier et que je partais à Vézelay, que tout le monde rentrait chez leurs parents, dans leur famille, pour partager un petit peu cette joie-là. Moi, de mon côté, je me disais, écoute, Fred, tu es chef de clan, tu es viril péchu devant tout le monde, mais tu vas rentrer chez toi seul et sans personne pour partager cette joie-là. Mais en fait, c'est assez récemment que je suis un peu censé... sorti de cet aspect un peu plus social, justement en contenant des gens qui étaient aussi catholiques, mais qui avaient des métiers, entre guillemets, un peu moins bien vus socialement, on va dire, ou qui avaient aussi des parcours un peu plus... Enfin, non pas original, mais un peu différent de ce que donne un peu la bourgeoisie chrétienne. Et le fait de contenir ces gens-là, des gens simples et vrais, moi, ça m'a aidé aussi. Quelque part... C'est une description que j'aime beaucoup, mais porter le poids de ce qu'on est. Certes, ça peut être un fardeau, mais c'est être vrai.
- Speaker #0
Je vais tout appeler l'entretien parce que je pense que c'est même aussi un peu à un moment donné... quelque chose d'assez sain et qui va finalement, qui concourt à la bonne santé mentale et à notre équilibre. En fait, que de ne pas chercher à se travestir. C'est-à-dire qu'en gros, oui, on adopte, on change une fois, mais on reste soi-même. Et puis, je pense que c'est important d'assumer, quand je dis notre identité, je ne parle pas ici que de l'aspect identitaire au sens où on l'entend de manière générale, mais identité au sens large de ce qui constitue notre histoire familiale. notre vécu, etc. Et que il faut l'assumer. Parce que sinon, on est malheureux.
- Speaker #1
Pour donner un exemple tout bête, en gros, moi, j'aime beaucoup la boxe thaï. J'aime beaucoup ça. J'aime aller à la salle de muscu. Et quand j'étais... Quand j'étais scouts d'Europe ou autre, j'avais vu que les sports les mieux vus, c'était justement le golf, le tennis, ce genre de trucs. Et en fait, j'avais cherché justement à m'améliorer dans ces sports-là, mais sans vraiment... Et c'est que récemment, je me suis dit, putain, les mecs, c'est pas la bonne approche. Deviens bon dans ce que t'aimes, et puis si les autres ne t'aiment pas, et bien, tant pis pour eux. Alors,
- Speaker #0
pour conclure un petit peu ce que j'aime bien dans le... dans ce podcast, essayer de finir par des conseils pratiques. Qu'est-ce que tu verrais, toi, comme conseil à donner à l'Église, ou aux catholiques, de manière générale, pour être en mesure, justement, d'évangéliser correctement, de mener à Dieu des jeunes qui auraient ton profil ?
- Speaker #1
Pour moi, la première chose, ça me semble un peu... Paradoxal, mais je pense que la première chose, c'est vraiment de vivre de la vie de la grâce. Ça peut paraître bête, mais je pense que le premier mouvement, c'est vraiment de s'enraciner dans les sacrements, pas que le dimanche, mais aussi peut-être une fois en semaine, pour aider justement à être davantage charritable. Ensuite, c'est d'accueillir le jeune, alors qu'il soit... converti ou recommençant ou autre, tel qu'il est en fait. Donc logistiquement ça veut dire quoi ? Ça veut dire prendre des nouvelles, lui dire Salut ça va ? Tu fais quoi ? etc. Mais aussi l'accepter tel qu'il est et non pas comment dire, voilà, non pas en faire un espèce de cliché du jeune Ah tiens regarde, c'est un ancien musulman, machin, etc. Non. Chaque personne a une individualité. et chercher à comprendre qui il est, comprendre son histoire. Moi, dans mon entourage, j'ai pas mal de gens qui sont dérodés au commençant. Et c'est vrai qu'ils ont tous une histoire assez singulière. Et la richesse de leur personne vient de leur histoire, finalement. Donc, il y a ces deux choses-là. Troisième chose, je pense que c'est vraiment important, c'est pour les gens qui sont au commençant ou même convertis. d'avoir un père spirituel. Je pense qu'on n'insiste pas assez là-dessus. Mais c'est important d'être accompagné spirituellement, d'avoir un regard bienveillant qui t'encourage, qui te dit d'aller de l'avant et surtout qui pose un regard vrai sur ta personne. Je pense que c'est fondamental. Et puis, dernière chose, sur tout ce qu'on vient de se dire, être vrai, en fait. si vous êtes une famille et que vous voulez vraiment accueillir un jeune pour dîner, dites-le lui réellement si c'est pas le cas ne le faites pas attendre pour rien mais voilà cultiver cette vérité avec son prochain et qu'est-ce que tu donnerais justement à
- Speaker #0
un gars qui je sais pas si demain un jeune qui est un peu en recherche de foi nous écoute, qu'est-ce que tu donnerais comme comme conseil pour avancer d'une certaine manière dans ce chemin et par rapport aux difficultés que tu as pu rencontrer ?
- Speaker #1
Alors un jeune qui sera en charge de foi, je pense que la première des choses, c'est vraiment de chercher à bâtir une vraie relation avec Dieu. Mais voilà, vraiment prier, et s'il ne sait pas prier, qu'il essaie quand même, et s'il pense qu'il est nul ou autre, qu'il essaye malgré tout. C'est hyper important parce que Dieu sait ce qu'il... Dieu sait ce qu'il fait, Dieu nous connaît mieux que nous-mêmes, et Dieu guidera chacun d'entre nous sur un chemin bien spécifique. Ensuite, deuxième conseil, c'est de se former, ça c'est important, se former, se former de manière holistique, donc physiquement, spirituellement, intellectuellement, et pour ça, contrôler des communautés comme l'Académie Christiana, ou même localement, des communautés catholiques. Moi, j'ai une préférence pour les communautés tradies parce que les choses sont un peu plus vraies, je trouve, que dans certains diocèses. Mais après, on fait un peu avec ce qu'on a. Ensuite, troisième chose, je pense, c'est de développer la dimension de service parce que c'est hyper important de donner ce qu'on a reçu. Et pour ça, en 30 secondes, moi, dans le village dans lequel j'habite, dans le Berry, J'ai eu beaucoup de chance parce que j'ai pu donner le cathé à des jeunes, aux jeunes de mon village, pendant un an. Et c'est vrai que pour moi, ça a été une expérience vraiment nourrissante. Parce que tu vois vraiment les fruits de la foi chrétienne. Tu vois vraiment, de manière individuelle, leurs jeunes âmes s'éveiller à la vie spirituelle. Et c'est quelque chose... En fait, le fait de voir que ta vie porte du fruit, c'est gratifiant. c'est aussi simple que ça donc si vous avez l'occasion d'aller à l'Ordre de Malte peut-être pas de donner le caté mais d'être chef au scout ou d'autres types de services faites-le parce que quand on donne on reçoit au centuple
- Speaker #0
Merci beaucoup Frédéric pour ce témoignage ces conseils j'espère que ce témoignage aura permis à chacun à vous que nous soyons du côté de ceux qui ont grandi dans les familles chrétiennes, de catholiques déjà convertis ou de gens qui cherchent la foi, de gens qui ne la cherchent pas d'ailleurs, mais qui a bien de chercher un peu. Peu importe, j'espère qu'en tout cas ce témoignage sera nourrissant. En tout cas, moi je l'ai trouvé vraiment intéressant et j'ai même appris les choses. Je ne sais pas trop de ton parcours, mais c'était plus précis. Je te remercie Frédéric, et je vous invite, chers amis du Retour au Réel, à ne pas hésiter à nous faire des retours, si vous voulez rentrer en contact avec Frédéric, parce que son témoignage fait écho à ce que vous vivez, je transmettrai vos messages à Frédéric, et je vous dis à la semaine prochaine dans le Retour au Réel.