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Science en lumière

Alcool et pharmacologie

Alcool et pharmacologie

08min |06/05/2025|

21

Play
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Alcool et pharmacologie

Alcool et pharmacologie

08min |06/05/2025|

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Description

Ce podcast de Science en lumière se concentre sur l'alcoolodépendance et ses traitements, en offrant une analyse détaillée et éclairée sur les aspects médicaux et thérapeutiques de cette condition. Les orateurs abordent le sujet en explorant les risques associés à l'alcoolodépendance, notamment le syndrome de sevrage alcoolique, qui peut se manifester par de l'anxiété, des tremblements, des nausées, et dans des cas graves, par des convulsions ou un délirium trémens, une urgence médicale vitale.

Le podcast met l'accent sur l'importance de la prise en charge médicale lors du sevrage, en soulignant l'utilisation des benzodiazépines (comme le diazepam) et de la vitamine B1 (thiamine) pour prévenir des complications graves. Il déconseille l'utilisation de certains médicaments, comme les neuroleptiques et les bêtas-bloquants, qui sont jugés inefficaces ou potentiellement nuisibles dans ce contexte.

Après la phase aiguë, les orateurs discutent des traitements à long terme pour maintenir l'abstinence ou contrôler la consommation, tels que l acamprosate, la naltrexone, et le disulfiram. Ce dernier médicament, bien que puissant, peut provoquer des effets secondaires graves s'il est combiné avec de l'alcool, notamment une réaction cardiovasculaire potentiellement dangereuse.

Enfin, le podcast aborde l'usage controversé de produits anti-gueule de bois et la nécessité de diffuser des informations fiables et pratiques sur ces traitements pour améliorer la prévention de l'alcoolodépendance et ses risques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, aujourd'hui on fait une plongée dans des documents de la revue Prescrire.

  • Speaker #1

    Oui, décrypter un sujet complexe, l'alcoolodépendance, le syndrome de sevrage, et puis les différentes approches thérapeutiques.

  • Speaker #0

    Exactement, l'idée c'est vraiment de clarifier les points clés pour bien saisir comment on prend ça en charge.

  • Speaker #1

    Alors, pour commencer, l'alcoolodépendance c'est bien cette perte de contrôle sur la consommation d'alcool.

  • Speaker #0

    Une vraie maladie chronique.

  • Speaker #1

    Tout à fait, chronique, grave. Et qui peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Et, point crucial dès le départ, si on arrête ou si on réduit très fortement l'alcool d'un coup, chez quelqu'un de dépendant...

  • Speaker #1

    Là, c'est le risque.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est l'exposition directe au syndrome de sevrage alcoolique.

  • Speaker #1

    Justement, ce syndrome de sevrage, ça se manifeste comment, concrètement ? C'est pas juste un petit malaise, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Ah non, loin de là. Ça survient donc après l'arrêt ou une grosse diminution. Souvent, au début, c'est de l'anxiété, de l'agitation, la personne tremble, elle a des sueurs, des nausées, le cœur qui bat très vite.

  • Speaker #1

    Déjà pas très agréable.

  • Speaker #0

    Non, mais surtout, le vrai danger, c'est que ça peut évoluer. Ça peut aller vers des convulsions ou pire, le délirium trémens.

  • Speaker #1

    Le délirium trémens, ça c'est une urgence vitale.

  • Speaker #0

    Absolument, une urgence médicale absolue. Et alors, face à ce risque, pour éviter ces complications graves, que nous disent les sources sur la prévention ? Qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Le pilier, vraiment. pour prévenir les formes sévères, surtout les convulsions, ce sont les benzodiazépines, le diazepam par exemple.

  • Speaker #0

    Le Valium, pour donner un nom connu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est vraiment considéré comme le traitement de référence, le premier choix. Bien sûr, ça ne s'administre pas n'importe comment, il faut de la prudence, une surveillance médicale.

  • Speaker #0

    Oui, et prescrire insiste aussi énormément sur autre chose, la vitamine B1, la thiamine. Pourquoi c'est si central ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est fondamental. Chez les personnes incolodépendantes, La carence en thiamine, elle est très fréquente.

  • Speaker #0

    À cause de la mauvaise alimentation, souvent ?

  • Speaker #1

    Oui, malnutrition, mais aussi des problèmes d'absorption liés à l'alcool lui-même. Et cette carence, elle peut entraîner une complication neurologique terrible, parfois irréversible, l'encéphalopathie de Gaillet ou Erniquet.

  • Speaker #0

    Une atteinte du cerveau, donc ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'où l'importance capitale de donner de la thiamine systématiquement à ces patients, à risque. Au début, si on suspecte une grosse carence, c'est mieux en intraveineuse ou intramusculaire.

  • Speaker #0

    T'as juste des comprimés au début ?

  • Speaker #1

    Non, pour être sûr que ça passe bien. Nous, pas le faire, c'est prendre un risque majeur de lésion cérébrale.

  • Speaker #0

    D'accord, donc priorités absolues, benzodiazépine et vitamine B1. Mais on entend parfois parler d'autres médicaments utilisés dans le sevrage, les neuroleptiques par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, mais là, les sources sont claires. Leur place est très limitée, voire déconseillée. Pour les neuroleptiques, on n'a pas de preuve d'efficacité sur la prévention du délirium thromens. Et en plus, ils pourraient même augmenter le risque de convulsion en abaissant le seuil épileptogène. Donc, mauvaise idée.

  • Speaker #0

    Et les bêtas bloquants ? Pour le cœur qui s'emballe ?

  • Speaker #1

    Ils peuvent calmer certains symptômes, comme les palpitations, oui. Mais ça ne traite pas la cause du sevrage. L'efficacité est limitée sur l'ensemble du tableau. Quant à la cloniline ? Oui. Efficacité modeste aussi, et pas mal d'effets secondaires. Risque de chute de tension, grosse sédation. Donc on reste sur les benzos et la BA.

  • Speaker #0

    Très clair. Bon, une fois que cette phase aiguë du sevrage est gérée, L'enjeu change. Il faut maintenir l'abstinence ou au moins contrôler la consommation. Quelles aides existent-ils ?

  • Speaker #1

    Alors, la base, et c'est essentiel, c'est le soutien psychologique et social. Ça, c'est non négociable.

  • Speaker #0

    Indispensable.

  • Speaker #1

    Après, côté médicaments, on parle souvent de la camprosate en premier choix. Même si, il faut le dire, son efficacité est jugée plutôt modeste.

  • Speaker #0

    D'accord. Une autre option ?

  • Speaker #1

    La naltrexone aussi, qui agit plutôt sur l'envie de boire, le craving.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a ce médicament au nom assez connu, le disulfiram. Avec un fonctionnement très différent, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui, très particulier. Le disulfiram, lui, il va bloquer une enzyme. Une enzyme qui est nécessaire pour dégrader un produit toxique issu de l'alcool. Lequel ? L'acétaldehyde. Et donc, si la personne prend du disulfuram et qu'elle boit de l'alcool...

  • Speaker #0

    Même un tout petit peu ?

  • Speaker #1

    Même une toute petite quantité. Et attention, ça peut être l'alcool caché dans des sauces, des médicaments, des parfums même. Eh bien, cet acétaldehyde toxique s'accumule dans le corps.

  • Speaker #0

    Et ça provoque le fameux effet en tabuse. Concrètement, qu'est-ce qui se passe ? C'est juste désagréable ou c'est dangereux ?

  • Speaker #1

    C'est d'abord très très désagréable. Des bouffées de chaleur terribles. Le visage, le cou tout rouge, des sueurs abondantes, mal de tête violent, nausées, le cœur qui tape fort, des vertiges.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même !

  • Speaker #1

    Mais ça ne s'arrête pas là. Le vrai risque, il est cardiovasculaire. On peut avoir une chute de tension très importante, des troubles du rythme cardiaque graves.

  • Speaker #0

    Jusqu'où ça peut aller ?

  • Speaker #1

    Jusqu'au collapsus cardiovasculaire, voire à l'infarctus du myocarde. Donc oui, c'est potentiellement très dangereux.

  • Speaker #0

    Et il faut savoir aussi que d'autres médicaments peuvent faire ça, hein ? Si on prend de l'alcool avec...

  • Speaker #1

    Tout à fait. Le métronidazole, un antibiotique et antiparasitaire courant, ou certaines céphalosporines, d'autres antibiotiques, pris avec de l'alcool, ça peut déclencher une réaction similaire. C'est une information de sécurité cruciale.

  • Speaker #0

    Vraiment. Un mot sur le baclophène qui a fait pas mal parler de lui. Quelle place selon Prescria ?

  • Speaker #1

    Le baclophène s'est plutôt envisagé en cas d'échec des autres traitements. L'efficacité semble modeste aux doses habituelles. Le souci, c'est pour obtenir un effet net sur la consommation d'alcool. il faut parfois monter à des doses très élevées. Et là ? Et là, la balance bénéfice-risque devient franchement défavorable. Beaucoup d'effets indésirables neuropsychiques, plus de troubles psy, de dépression, de sédation importante, et aussi plus d'hospitalisation rapportée. Donc, prudence.

  • Speaker #0

    D'accord. Et pour finir, que pensez-vous de ces produits type Alkoholor, vendus comme des solutions miracle anti-gueule de bois ?

  • Speaker #1

    Les sources sont très claires là-dessus. Aucune preuve scientifique d'efficacité. Zéro. potentiellement du charlatanisme.

  • Speaker #0

    Et ça peut même être dangereux si ça donne une fausse sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Bon, si on essaie de résumer, le sevrage, c'est une période critique à haut risque. Prise en charge médicale indispensable, avec au premier plan benzodiazépine et vitamine B1. C'est ça. Ensuite, pour aider à tenir sur la durée, à rester abstinent ou à contrôler, il y a le soutien psy et social et des médicaments comme la camprosate, l'analtrexone ou le disulfiram, avec cet effet dissuasif puissant mais potentiellement dangereux.

  • Speaker #1

    C'est une bonne synthèse, oui. La gestion de l'alcoolodépendance, c'est vraiment complexe. Chaque choix thérapeutique doit peser très soigneusement les bénéfices et les risques pour la personne. C'est du cas par cas.

  • Speaker #0

    Et toute cette complexité, notamment autour des interactions, de cet effet entabus qui peut survenir même avec des traces d'alcool dans un plat, ça soulève une question, je trouve. Comment faire pour que ces informations qui sont vitales circulent mieux ? Pas seulement chez les médecins, mais plus largement, pour une meilleure prévention pour tout le monde.

  • Speaker #1

    C'est une excellente question pour terminer. La diffusion de l'information fiable est un enjeu majeur.

Description

Ce podcast de Science en lumière se concentre sur l'alcoolodépendance et ses traitements, en offrant une analyse détaillée et éclairée sur les aspects médicaux et thérapeutiques de cette condition. Les orateurs abordent le sujet en explorant les risques associés à l'alcoolodépendance, notamment le syndrome de sevrage alcoolique, qui peut se manifester par de l'anxiété, des tremblements, des nausées, et dans des cas graves, par des convulsions ou un délirium trémens, une urgence médicale vitale.

Le podcast met l'accent sur l'importance de la prise en charge médicale lors du sevrage, en soulignant l'utilisation des benzodiazépines (comme le diazepam) et de la vitamine B1 (thiamine) pour prévenir des complications graves. Il déconseille l'utilisation de certains médicaments, comme les neuroleptiques et les bêtas-bloquants, qui sont jugés inefficaces ou potentiellement nuisibles dans ce contexte.

Après la phase aiguë, les orateurs discutent des traitements à long terme pour maintenir l'abstinence ou contrôler la consommation, tels que l acamprosate, la naltrexone, et le disulfiram. Ce dernier médicament, bien que puissant, peut provoquer des effets secondaires graves s'il est combiné avec de l'alcool, notamment une réaction cardiovasculaire potentiellement dangereuse.

Enfin, le podcast aborde l'usage controversé de produits anti-gueule de bois et la nécessité de diffuser des informations fiables et pratiques sur ces traitements pour améliorer la prévention de l'alcoolodépendance et ses risques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, aujourd'hui on fait une plongée dans des documents de la revue Prescrire.

  • Speaker #1

    Oui, décrypter un sujet complexe, l'alcoolodépendance, le syndrome de sevrage, et puis les différentes approches thérapeutiques.

  • Speaker #0

    Exactement, l'idée c'est vraiment de clarifier les points clés pour bien saisir comment on prend ça en charge.

  • Speaker #1

    Alors, pour commencer, l'alcoolodépendance c'est bien cette perte de contrôle sur la consommation d'alcool.

  • Speaker #0

    Une vraie maladie chronique.

  • Speaker #1

    Tout à fait, chronique, grave. Et qui peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Et, point crucial dès le départ, si on arrête ou si on réduit très fortement l'alcool d'un coup, chez quelqu'un de dépendant...

  • Speaker #1

    Là, c'est le risque.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est l'exposition directe au syndrome de sevrage alcoolique.

  • Speaker #1

    Justement, ce syndrome de sevrage, ça se manifeste comment, concrètement ? C'est pas juste un petit malaise, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Ah non, loin de là. Ça survient donc après l'arrêt ou une grosse diminution. Souvent, au début, c'est de l'anxiété, de l'agitation, la personne tremble, elle a des sueurs, des nausées, le cœur qui bat très vite.

  • Speaker #1

    Déjà pas très agréable.

  • Speaker #0

    Non, mais surtout, le vrai danger, c'est que ça peut évoluer. Ça peut aller vers des convulsions ou pire, le délirium trémens.

  • Speaker #1

    Le délirium trémens, ça c'est une urgence vitale.

  • Speaker #0

    Absolument, une urgence médicale absolue. Et alors, face à ce risque, pour éviter ces complications graves, que nous disent les sources sur la prévention ? Qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Le pilier, vraiment. pour prévenir les formes sévères, surtout les convulsions, ce sont les benzodiazépines, le diazepam par exemple.

  • Speaker #0

    Le Valium, pour donner un nom connu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est vraiment considéré comme le traitement de référence, le premier choix. Bien sûr, ça ne s'administre pas n'importe comment, il faut de la prudence, une surveillance médicale.

  • Speaker #0

    Oui, et prescrire insiste aussi énormément sur autre chose, la vitamine B1, la thiamine. Pourquoi c'est si central ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est fondamental. Chez les personnes incolodépendantes, La carence en thiamine, elle est très fréquente.

  • Speaker #0

    À cause de la mauvaise alimentation, souvent ?

  • Speaker #1

    Oui, malnutrition, mais aussi des problèmes d'absorption liés à l'alcool lui-même. Et cette carence, elle peut entraîner une complication neurologique terrible, parfois irréversible, l'encéphalopathie de Gaillet ou Erniquet.

  • Speaker #0

    Une atteinte du cerveau, donc ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'où l'importance capitale de donner de la thiamine systématiquement à ces patients, à risque. Au début, si on suspecte une grosse carence, c'est mieux en intraveineuse ou intramusculaire.

  • Speaker #0

    T'as juste des comprimés au début ?

  • Speaker #1

    Non, pour être sûr que ça passe bien. Nous, pas le faire, c'est prendre un risque majeur de lésion cérébrale.

  • Speaker #0

    D'accord, donc priorités absolues, benzodiazépine et vitamine B1. Mais on entend parfois parler d'autres médicaments utilisés dans le sevrage, les neuroleptiques par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, mais là, les sources sont claires. Leur place est très limitée, voire déconseillée. Pour les neuroleptiques, on n'a pas de preuve d'efficacité sur la prévention du délirium thromens. Et en plus, ils pourraient même augmenter le risque de convulsion en abaissant le seuil épileptogène. Donc, mauvaise idée.

  • Speaker #0

    Et les bêtas bloquants ? Pour le cœur qui s'emballe ?

  • Speaker #1

    Ils peuvent calmer certains symptômes, comme les palpitations, oui. Mais ça ne traite pas la cause du sevrage. L'efficacité est limitée sur l'ensemble du tableau. Quant à la cloniline ? Oui. Efficacité modeste aussi, et pas mal d'effets secondaires. Risque de chute de tension, grosse sédation. Donc on reste sur les benzos et la BA.

  • Speaker #0

    Très clair. Bon, une fois que cette phase aiguë du sevrage est gérée, L'enjeu change. Il faut maintenir l'abstinence ou au moins contrôler la consommation. Quelles aides existent-ils ?

  • Speaker #1

    Alors, la base, et c'est essentiel, c'est le soutien psychologique et social. Ça, c'est non négociable.

  • Speaker #0

    Indispensable.

  • Speaker #1

    Après, côté médicaments, on parle souvent de la camprosate en premier choix. Même si, il faut le dire, son efficacité est jugée plutôt modeste.

  • Speaker #0

    D'accord. Une autre option ?

  • Speaker #1

    La naltrexone aussi, qui agit plutôt sur l'envie de boire, le craving.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a ce médicament au nom assez connu, le disulfiram. Avec un fonctionnement très différent, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui, très particulier. Le disulfiram, lui, il va bloquer une enzyme. Une enzyme qui est nécessaire pour dégrader un produit toxique issu de l'alcool. Lequel ? L'acétaldehyde. Et donc, si la personne prend du disulfuram et qu'elle boit de l'alcool...

  • Speaker #0

    Même un tout petit peu ?

  • Speaker #1

    Même une toute petite quantité. Et attention, ça peut être l'alcool caché dans des sauces, des médicaments, des parfums même. Eh bien, cet acétaldehyde toxique s'accumule dans le corps.

  • Speaker #0

    Et ça provoque le fameux effet en tabuse. Concrètement, qu'est-ce qui se passe ? C'est juste désagréable ou c'est dangereux ?

  • Speaker #1

    C'est d'abord très très désagréable. Des bouffées de chaleur terribles. Le visage, le cou tout rouge, des sueurs abondantes, mal de tête violent, nausées, le cœur qui tape fort, des vertiges.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même !

  • Speaker #1

    Mais ça ne s'arrête pas là. Le vrai risque, il est cardiovasculaire. On peut avoir une chute de tension très importante, des troubles du rythme cardiaque graves.

  • Speaker #0

    Jusqu'où ça peut aller ?

  • Speaker #1

    Jusqu'au collapsus cardiovasculaire, voire à l'infarctus du myocarde. Donc oui, c'est potentiellement très dangereux.

  • Speaker #0

    Et il faut savoir aussi que d'autres médicaments peuvent faire ça, hein ? Si on prend de l'alcool avec...

  • Speaker #1

    Tout à fait. Le métronidazole, un antibiotique et antiparasitaire courant, ou certaines céphalosporines, d'autres antibiotiques, pris avec de l'alcool, ça peut déclencher une réaction similaire. C'est une information de sécurité cruciale.

  • Speaker #0

    Vraiment. Un mot sur le baclophène qui a fait pas mal parler de lui. Quelle place selon Prescria ?

  • Speaker #1

    Le baclophène s'est plutôt envisagé en cas d'échec des autres traitements. L'efficacité semble modeste aux doses habituelles. Le souci, c'est pour obtenir un effet net sur la consommation d'alcool. il faut parfois monter à des doses très élevées. Et là ? Et là, la balance bénéfice-risque devient franchement défavorable. Beaucoup d'effets indésirables neuropsychiques, plus de troubles psy, de dépression, de sédation importante, et aussi plus d'hospitalisation rapportée. Donc, prudence.

  • Speaker #0

    D'accord. Et pour finir, que pensez-vous de ces produits type Alkoholor, vendus comme des solutions miracle anti-gueule de bois ?

  • Speaker #1

    Les sources sont très claires là-dessus. Aucune preuve scientifique d'efficacité. Zéro. potentiellement du charlatanisme.

  • Speaker #0

    Et ça peut même être dangereux si ça donne une fausse sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Bon, si on essaie de résumer, le sevrage, c'est une période critique à haut risque. Prise en charge médicale indispensable, avec au premier plan benzodiazépine et vitamine B1. C'est ça. Ensuite, pour aider à tenir sur la durée, à rester abstinent ou à contrôler, il y a le soutien psy et social et des médicaments comme la camprosate, l'analtrexone ou le disulfiram, avec cet effet dissuasif puissant mais potentiellement dangereux.

  • Speaker #1

    C'est une bonne synthèse, oui. La gestion de l'alcoolodépendance, c'est vraiment complexe. Chaque choix thérapeutique doit peser très soigneusement les bénéfices et les risques pour la personne. C'est du cas par cas.

  • Speaker #0

    Et toute cette complexité, notamment autour des interactions, de cet effet entabus qui peut survenir même avec des traces d'alcool dans un plat, ça soulève une question, je trouve. Comment faire pour que ces informations qui sont vitales circulent mieux ? Pas seulement chez les médecins, mais plus largement, pour une meilleure prévention pour tout le monde.

  • Speaker #1

    C'est une excellente question pour terminer. La diffusion de l'information fiable est un enjeu majeur.

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Ce podcast de Science en lumière se concentre sur l'alcoolodépendance et ses traitements, en offrant une analyse détaillée et éclairée sur les aspects médicaux et thérapeutiques de cette condition. Les orateurs abordent le sujet en explorant les risques associés à l'alcoolodépendance, notamment le syndrome de sevrage alcoolique, qui peut se manifester par de l'anxiété, des tremblements, des nausées, et dans des cas graves, par des convulsions ou un délirium trémens, une urgence médicale vitale.

Le podcast met l'accent sur l'importance de la prise en charge médicale lors du sevrage, en soulignant l'utilisation des benzodiazépines (comme le diazepam) et de la vitamine B1 (thiamine) pour prévenir des complications graves. Il déconseille l'utilisation de certains médicaments, comme les neuroleptiques et les bêtas-bloquants, qui sont jugés inefficaces ou potentiellement nuisibles dans ce contexte.

Après la phase aiguë, les orateurs discutent des traitements à long terme pour maintenir l'abstinence ou contrôler la consommation, tels que l acamprosate, la naltrexone, et le disulfiram. Ce dernier médicament, bien que puissant, peut provoquer des effets secondaires graves s'il est combiné avec de l'alcool, notamment une réaction cardiovasculaire potentiellement dangereuse.

Enfin, le podcast aborde l'usage controversé de produits anti-gueule de bois et la nécessité de diffuser des informations fiables et pratiques sur ces traitements pour améliorer la prévention de l'alcoolodépendance et ses risques.


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, aujourd'hui on fait une plongée dans des documents de la revue Prescrire.

  • Speaker #1

    Oui, décrypter un sujet complexe, l'alcoolodépendance, le syndrome de sevrage, et puis les différentes approches thérapeutiques.

  • Speaker #0

    Exactement, l'idée c'est vraiment de clarifier les points clés pour bien saisir comment on prend ça en charge.

  • Speaker #1

    Alors, pour commencer, l'alcoolodépendance c'est bien cette perte de contrôle sur la consommation d'alcool.

  • Speaker #0

    Une vraie maladie chronique.

  • Speaker #1

    Tout à fait, chronique, grave. Et qui peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Et, point crucial dès le départ, si on arrête ou si on réduit très fortement l'alcool d'un coup, chez quelqu'un de dépendant...

  • Speaker #1

    Là, c'est le risque.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est l'exposition directe au syndrome de sevrage alcoolique.

  • Speaker #1

    Justement, ce syndrome de sevrage, ça se manifeste comment, concrètement ? C'est pas juste un petit malaise, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Ah non, loin de là. Ça survient donc après l'arrêt ou une grosse diminution. Souvent, au début, c'est de l'anxiété, de l'agitation, la personne tremble, elle a des sueurs, des nausées, le cœur qui bat très vite.

  • Speaker #1

    Déjà pas très agréable.

  • Speaker #0

    Non, mais surtout, le vrai danger, c'est que ça peut évoluer. Ça peut aller vers des convulsions ou pire, le délirium trémens.

  • Speaker #1

    Le délirium trémens, ça c'est une urgence vitale.

  • Speaker #0

    Absolument, une urgence médicale absolue. Et alors, face à ce risque, pour éviter ces complications graves, que nous disent les sources sur la prévention ? Qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Le pilier, vraiment. pour prévenir les formes sévères, surtout les convulsions, ce sont les benzodiazépines, le diazepam par exemple.

  • Speaker #0

    Le Valium, pour donner un nom connu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est vraiment considéré comme le traitement de référence, le premier choix. Bien sûr, ça ne s'administre pas n'importe comment, il faut de la prudence, une surveillance médicale.

  • Speaker #0

    Oui, et prescrire insiste aussi énormément sur autre chose, la vitamine B1, la thiamine. Pourquoi c'est si central ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est fondamental. Chez les personnes incolodépendantes, La carence en thiamine, elle est très fréquente.

  • Speaker #0

    À cause de la mauvaise alimentation, souvent ?

  • Speaker #1

    Oui, malnutrition, mais aussi des problèmes d'absorption liés à l'alcool lui-même. Et cette carence, elle peut entraîner une complication neurologique terrible, parfois irréversible, l'encéphalopathie de Gaillet ou Erniquet.

  • Speaker #0

    Une atteinte du cerveau, donc ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'où l'importance capitale de donner de la thiamine systématiquement à ces patients, à risque. Au début, si on suspecte une grosse carence, c'est mieux en intraveineuse ou intramusculaire.

  • Speaker #0

    T'as juste des comprimés au début ?

  • Speaker #1

    Non, pour être sûr que ça passe bien. Nous, pas le faire, c'est prendre un risque majeur de lésion cérébrale.

  • Speaker #0

    D'accord, donc priorités absolues, benzodiazépine et vitamine B1. Mais on entend parfois parler d'autres médicaments utilisés dans le sevrage, les neuroleptiques par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, mais là, les sources sont claires. Leur place est très limitée, voire déconseillée. Pour les neuroleptiques, on n'a pas de preuve d'efficacité sur la prévention du délirium thromens. Et en plus, ils pourraient même augmenter le risque de convulsion en abaissant le seuil épileptogène. Donc, mauvaise idée.

  • Speaker #0

    Et les bêtas bloquants ? Pour le cœur qui s'emballe ?

  • Speaker #1

    Ils peuvent calmer certains symptômes, comme les palpitations, oui. Mais ça ne traite pas la cause du sevrage. L'efficacité est limitée sur l'ensemble du tableau. Quant à la cloniline ? Oui. Efficacité modeste aussi, et pas mal d'effets secondaires. Risque de chute de tension, grosse sédation. Donc on reste sur les benzos et la BA.

  • Speaker #0

    Très clair. Bon, une fois que cette phase aiguë du sevrage est gérée, L'enjeu change. Il faut maintenir l'abstinence ou au moins contrôler la consommation. Quelles aides existent-ils ?

  • Speaker #1

    Alors, la base, et c'est essentiel, c'est le soutien psychologique et social. Ça, c'est non négociable.

  • Speaker #0

    Indispensable.

  • Speaker #1

    Après, côté médicaments, on parle souvent de la camprosate en premier choix. Même si, il faut le dire, son efficacité est jugée plutôt modeste.

  • Speaker #0

    D'accord. Une autre option ?

  • Speaker #1

    La naltrexone aussi, qui agit plutôt sur l'envie de boire, le craving.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a ce médicament au nom assez connu, le disulfiram. Avec un fonctionnement très différent, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui, très particulier. Le disulfiram, lui, il va bloquer une enzyme. Une enzyme qui est nécessaire pour dégrader un produit toxique issu de l'alcool. Lequel ? L'acétaldehyde. Et donc, si la personne prend du disulfuram et qu'elle boit de l'alcool...

  • Speaker #0

    Même un tout petit peu ?

  • Speaker #1

    Même une toute petite quantité. Et attention, ça peut être l'alcool caché dans des sauces, des médicaments, des parfums même. Eh bien, cet acétaldehyde toxique s'accumule dans le corps.

  • Speaker #0

    Et ça provoque le fameux effet en tabuse. Concrètement, qu'est-ce qui se passe ? C'est juste désagréable ou c'est dangereux ?

  • Speaker #1

    C'est d'abord très très désagréable. Des bouffées de chaleur terribles. Le visage, le cou tout rouge, des sueurs abondantes, mal de tête violent, nausées, le cœur qui tape fort, des vertiges.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même !

  • Speaker #1

    Mais ça ne s'arrête pas là. Le vrai risque, il est cardiovasculaire. On peut avoir une chute de tension très importante, des troubles du rythme cardiaque graves.

  • Speaker #0

    Jusqu'où ça peut aller ?

  • Speaker #1

    Jusqu'au collapsus cardiovasculaire, voire à l'infarctus du myocarde. Donc oui, c'est potentiellement très dangereux.

  • Speaker #0

    Et il faut savoir aussi que d'autres médicaments peuvent faire ça, hein ? Si on prend de l'alcool avec...

  • Speaker #1

    Tout à fait. Le métronidazole, un antibiotique et antiparasitaire courant, ou certaines céphalosporines, d'autres antibiotiques, pris avec de l'alcool, ça peut déclencher une réaction similaire. C'est une information de sécurité cruciale.

  • Speaker #0

    Vraiment. Un mot sur le baclophène qui a fait pas mal parler de lui. Quelle place selon Prescria ?

  • Speaker #1

    Le baclophène s'est plutôt envisagé en cas d'échec des autres traitements. L'efficacité semble modeste aux doses habituelles. Le souci, c'est pour obtenir un effet net sur la consommation d'alcool. il faut parfois monter à des doses très élevées. Et là ? Et là, la balance bénéfice-risque devient franchement défavorable. Beaucoup d'effets indésirables neuropsychiques, plus de troubles psy, de dépression, de sédation importante, et aussi plus d'hospitalisation rapportée. Donc, prudence.

  • Speaker #0

    D'accord. Et pour finir, que pensez-vous de ces produits type Alkoholor, vendus comme des solutions miracle anti-gueule de bois ?

  • Speaker #1

    Les sources sont très claires là-dessus. Aucune preuve scientifique d'efficacité. Zéro. potentiellement du charlatanisme.

  • Speaker #0

    Et ça peut même être dangereux si ça donne une fausse sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Bon, si on essaie de résumer, le sevrage, c'est une période critique à haut risque. Prise en charge médicale indispensable, avec au premier plan benzodiazépine et vitamine B1. C'est ça. Ensuite, pour aider à tenir sur la durée, à rester abstinent ou à contrôler, il y a le soutien psy et social et des médicaments comme la camprosate, l'analtrexone ou le disulfiram, avec cet effet dissuasif puissant mais potentiellement dangereux.

  • Speaker #1

    C'est une bonne synthèse, oui. La gestion de l'alcoolodépendance, c'est vraiment complexe. Chaque choix thérapeutique doit peser très soigneusement les bénéfices et les risques pour la personne. C'est du cas par cas.

  • Speaker #0

    Et toute cette complexité, notamment autour des interactions, de cet effet entabus qui peut survenir même avec des traces d'alcool dans un plat, ça soulève une question, je trouve. Comment faire pour que ces informations qui sont vitales circulent mieux ? Pas seulement chez les médecins, mais plus largement, pour une meilleure prévention pour tout le monde.

  • Speaker #1

    C'est une excellente question pour terminer. La diffusion de l'information fiable est un enjeu majeur.

Description

Ce podcast de Science en lumière se concentre sur l'alcoolodépendance et ses traitements, en offrant une analyse détaillée et éclairée sur les aspects médicaux et thérapeutiques de cette condition. Les orateurs abordent le sujet en explorant les risques associés à l'alcoolodépendance, notamment le syndrome de sevrage alcoolique, qui peut se manifester par de l'anxiété, des tremblements, des nausées, et dans des cas graves, par des convulsions ou un délirium trémens, une urgence médicale vitale.

Le podcast met l'accent sur l'importance de la prise en charge médicale lors du sevrage, en soulignant l'utilisation des benzodiazépines (comme le diazepam) et de la vitamine B1 (thiamine) pour prévenir des complications graves. Il déconseille l'utilisation de certains médicaments, comme les neuroleptiques et les bêtas-bloquants, qui sont jugés inefficaces ou potentiellement nuisibles dans ce contexte.

Après la phase aiguë, les orateurs discutent des traitements à long terme pour maintenir l'abstinence ou contrôler la consommation, tels que l acamprosate, la naltrexone, et le disulfiram. Ce dernier médicament, bien que puissant, peut provoquer des effets secondaires graves s'il est combiné avec de l'alcool, notamment une réaction cardiovasculaire potentiellement dangereuse.

Enfin, le podcast aborde l'usage controversé de produits anti-gueule de bois et la nécessité de diffuser des informations fiables et pratiques sur ces traitements pour améliorer la prévention de l'alcoolodépendance et ses risques.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue, aujourd'hui on fait une plongée dans des documents de la revue Prescrire.

  • Speaker #1

    Oui, décrypter un sujet complexe, l'alcoolodépendance, le syndrome de sevrage, et puis les différentes approches thérapeutiques.

  • Speaker #0

    Exactement, l'idée c'est vraiment de clarifier les points clés pour bien saisir comment on prend ça en charge.

  • Speaker #1

    Alors, pour commencer, l'alcoolodépendance c'est bien cette perte de contrôle sur la consommation d'alcool.

  • Speaker #0

    Une vraie maladie chronique.

  • Speaker #1

    Tout à fait, chronique, grave. Et qui peut être mortelle.

  • Speaker #0

    Et, point crucial dès le départ, si on arrête ou si on réduit très fortement l'alcool d'un coup, chez quelqu'un de dépendant...

  • Speaker #1

    Là, c'est le risque.

  • Speaker #0

    Ben oui, c'est l'exposition directe au syndrome de sevrage alcoolique.

  • Speaker #1

    Justement, ce syndrome de sevrage, ça se manifeste comment, concrètement ? C'est pas juste un petit malaise, j'imagine ?

  • Speaker #0

    Ah non, loin de là. Ça survient donc après l'arrêt ou une grosse diminution. Souvent, au début, c'est de l'anxiété, de l'agitation, la personne tremble, elle a des sueurs, des nausées, le cœur qui bat très vite.

  • Speaker #1

    Déjà pas très agréable.

  • Speaker #0

    Non, mais surtout, le vrai danger, c'est que ça peut évoluer. Ça peut aller vers des convulsions ou pire, le délirium trémens.

  • Speaker #1

    Le délirium trémens, ça c'est une urgence vitale.

  • Speaker #0

    Absolument, une urgence médicale absolue. Et alors, face à ce risque, pour éviter ces complications graves, que nous disent les sources sur la prévention ? Qu'est-ce qu'on fait ?

  • Speaker #1

    Le pilier, vraiment. pour prévenir les formes sévères, surtout les convulsions, ce sont les benzodiazépines, le diazepam par exemple.

  • Speaker #0

    Le Valium, pour donner un nom connu.

  • Speaker #1

    Voilà, c'est vraiment considéré comme le traitement de référence, le premier choix. Bien sûr, ça ne s'administre pas n'importe comment, il faut de la prudence, une surveillance médicale.

  • Speaker #0

    Oui, et prescrire insiste aussi énormément sur autre chose, la vitamine B1, la thiamine. Pourquoi c'est si central ?

  • Speaker #1

    Alors ça, c'est fondamental. Chez les personnes incolodépendantes, La carence en thiamine, elle est très fréquente.

  • Speaker #0

    À cause de la mauvaise alimentation, souvent ?

  • Speaker #1

    Oui, malnutrition, mais aussi des problèmes d'absorption liés à l'alcool lui-même. Et cette carence, elle peut entraîner une complication neurologique terrible, parfois irréversible, l'encéphalopathie de Gaillet ou Erniquet.

  • Speaker #0

    Une atteinte du cerveau, donc ?

  • Speaker #1

    Exactement. D'où l'importance capitale de donner de la thiamine systématiquement à ces patients, à risque. Au début, si on suspecte une grosse carence, c'est mieux en intraveineuse ou intramusculaire.

  • Speaker #0

    T'as juste des comprimés au début ?

  • Speaker #1

    Non, pour être sûr que ça passe bien. Nous, pas le faire, c'est prendre un risque majeur de lésion cérébrale.

  • Speaker #0

    D'accord, donc priorités absolues, benzodiazépine et vitamine B1. Mais on entend parfois parler d'autres médicaments utilisés dans le sevrage, les neuroleptiques par exemple.

  • Speaker #1

    Oui, mais là, les sources sont claires. Leur place est très limitée, voire déconseillée. Pour les neuroleptiques, on n'a pas de preuve d'efficacité sur la prévention du délirium thromens. Et en plus, ils pourraient même augmenter le risque de convulsion en abaissant le seuil épileptogène. Donc, mauvaise idée.

  • Speaker #0

    Et les bêtas bloquants ? Pour le cœur qui s'emballe ?

  • Speaker #1

    Ils peuvent calmer certains symptômes, comme les palpitations, oui. Mais ça ne traite pas la cause du sevrage. L'efficacité est limitée sur l'ensemble du tableau. Quant à la cloniline ? Oui. Efficacité modeste aussi, et pas mal d'effets secondaires. Risque de chute de tension, grosse sédation. Donc on reste sur les benzos et la BA.

  • Speaker #0

    Très clair. Bon, une fois que cette phase aiguë du sevrage est gérée, L'enjeu change. Il faut maintenir l'abstinence ou au moins contrôler la consommation. Quelles aides existent-ils ?

  • Speaker #1

    Alors, la base, et c'est essentiel, c'est le soutien psychologique et social. Ça, c'est non négociable.

  • Speaker #0

    Indispensable.

  • Speaker #1

    Après, côté médicaments, on parle souvent de la camprosate en premier choix. Même si, il faut le dire, son efficacité est jugée plutôt modeste.

  • Speaker #0

    D'accord. Une autre option ?

  • Speaker #1

    La naltrexone aussi, qui agit plutôt sur l'envie de boire, le craving.

  • Speaker #0

    Et puis, il y a ce médicament au nom assez connu, le disulfiram. Avec un fonctionnement très différent, non ?

  • Speaker #1

    Ah oui, très particulier. Le disulfiram, lui, il va bloquer une enzyme. Une enzyme qui est nécessaire pour dégrader un produit toxique issu de l'alcool. Lequel ? L'acétaldehyde. Et donc, si la personne prend du disulfuram et qu'elle boit de l'alcool...

  • Speaker #0

    Même un tout petit peu ?

  • Speaker #1

    Même une toute petite quantité. Et attention, ça peut être l'alcool caché dans des sauces, des médicaments, des parfums même. Eh bien, cet acétaldehyde toxique s'accumule dans le corps.

  • Speaker #0

    Et ça provoque le fameux effet en tabuse. Concrètement, qu'est-ce qui se passe ? C'est juste désagréable ou c'est dangereux ?

  • Speaker #1

    C'est d'abord très très désagréable. Des bouffées de chaleur terribles. Le visage, le cou tout rouge, des sueurs abondantes, mal de tête violent, nausées, le cœur qui tape fort, des vertiges.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même !

  • Speaker #1

    Mais ça ne s'arrête pas là. Le vrai risque, il est cardiovasculaire. On peut avoir une chute de tension très importante, des troubles du rythme cardiaque graves.

  • Speaker #0

    Jusqu'où ça peut aller ?

  • Speaker #1

    Jusqu'au collapsus cardiovasculaire, voire à l'infarctus du myocarde. Donc oui, c'est potentiellement très dangereux.

  • Speaker #0

    Et il faut savoir aussi que d'autres médicaments peuvent faire ça, hein ? Si on prend de l'alcool avec...

  • Speaker #1

    Tout à fait. Le métronidazole, un antibiotique et antiparasitaire courant, ou certaines céphalosporines, d'autres antibiotiques, pris avec de l'alcool, ça peut déclencher une réaction similaire. C'est une information de sécurité cruciale.

  • Speaker #0

    Vraiment. Un mot sur le baclophène qui a fait pas mal parler de lui. Quelle place selon Prescria ?

  • Speaker #1

    Le baclophène s'est plutôt envisagé en cas d'échec des autres traitements. L'efficacité semble modeste aux doses habituelles. Le souci, c'est pour obtenir un effet net sur la consommation d'alcool. il faut parfois monter à des doses très élevées. Et là ? Et là, la balance bénéfice-risque devient franchement défavorable. Beaucoup d'effets indésirables neuropsychiques, plus de troubles psy, de dépression, de sédation importante, et aussi plus d'hospitalisation rapportée. Donc, prudence.

  • Speaker #0

    D'accord. Et pour finir, que pensez-vous de ces produits type Alkoholor, vendus comme des solutions miracle anti-gueule de bois ?

  • Speaker #1

    Les sources sont très claires là-dessus. Aucune preuve scientifique d'efficacité. Zéro. potentiellement du charlatanisme.

  • Speaker #0

    Et ça peut même être dangereux si ça donne une fausse sécurité.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Bon, si on essaie de résumer, le sevrage, c'est une période critique à haut risque. Prise en charge médicale indispensable, avec au premier plan benzodiazépine et vitamine B1. C'est ça. Ensuite, pour aider à tenir sur la durée, à rester abstinent ou à contrôler, il y a le soutien psy et social et des médicaments comme la camprosate, l'analtrexone ou le disulfiram, avec cet effet dissuasif puissant mais potentiellement dangereux.

  • Speaker #1

    C'est une bonne synthèse, oui. La gestion de l'alcoolodépendance, c'est vraiment complexe. Chaque choix thérapeutique doit peser très soigneusement les bénéfices et les risques pour la personne. C'est du cas par cas.

  • Speaker #0

    Et toute cette complexité, notamment autour des interactions, de cet effet entabus qui peut survenir même avec des traces d'alcool dans un plat, ça soulève une question, je trouve. Comment faire pour que ces informations qui sont vitales circulent mieux ? Pas seulement chez les médecins, mais plus largement, pour une meilleure prévention pour tout le monde.

  • Speaker #1

    C'est une excellente question pour terminer. La diffusion de l'information fiable est un enjeu majeur.

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