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Science en lumière

Impact des écrans chez l’enfant : repères concrets pour les parents (avec la Dr Claire Duchesne)

Impact des écrans chez l’enfant : repères concrets pour les parents (avec la Dr Claire Duchesne)

21min |19/10/2025|

33

Play
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21min |19/10/2025|

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Description

Dans cet épisode, on part d’une observation clinique frappante de la Dr Claire Duchesne : dans les transports, les regards des tout-petits croisent de moins en moins ceux des adultes… pris par leurs écrans. Sans jugement, on explore l’impact des écrans (smartphone, TV, tablette, YouTube) sur les apprentissages et le développement — de la maternelle au CM2 : tolérance à la frustration, attention, sommeil, langage, motricité, relations sociales.
On parle aussi des « 3 moments critiques » (matin avant l’école, repas, soir) et d’outils concrets : contrôle du contexte plutôt que du seul temps d’écran, 5 C de la professeure Claire Ballès (Curiosité, Confiance, Conversation, Cadre, Clairvoyance), et la boussole de l’intentionnalité (usage choisi vs scrolling passif).
Objectif : aider chaque famille à (re)prendre le contrôle, sans culpabiliser, pour protéger le sommeil, l’attention et le lien.
→ À la fin, une question simple à se poser avant d’allumer l’écran : « Pourquoi maintenant ? Quelle est mon intention ? »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on va explorer un sujet qui nous touche tous de près ou de loin, l'impact des écrans sur nos enfants.

  • Speaker #1

    Oui, un sujet omniprésent.

  • Speaker #0

    Exactement, et notre point de départ c'est une intervention très intéressante d'une médecin généraliste, le docteur Claire Duchesne. Elle a partagé une observation assez frappante.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Laquelle ?

  • Speaker #0

    Elle remarquait que dans les transports en commun, par exemple, les regards des tout-petits ne croisent presque plus ceux des adultes. Pourquoi ? Parce que nous-mêmes, adultes, on est souvent captivés par nos propres écrans.

  • Speaker #1

    C'est une image forte, effectivement. Et ce qui est important, je crois, c'est de souligner l'approche de cette médecin. Elle ne cherche pas à juger.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Elle reconnaît que chaque famille a sa réalité, ses contraintes. Son but, c'est plutôt d'informer, d'analyser l'impact de ces fameux écrans. ... Alors ça comprend tout, smartphone, télé, tablette, YouTube.

  • Speaker #0

    Oui, tout ce qui a un écran en gros.

  • Speaker #1

    Voilà. Analyser leur impact sur les apprentissages des enfants, que ce soit à la maternelle ou en élémentaire, et elle aborde ça comme un véritable enjeu de santé publique.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc notre objectif ici, c'est d'explorer ensemble ces constats, les risques qu'elles soulèvent, mais aussi et surtout les pistes, les recommandations pratiques qu'elles proposent, pour aider chacun à y voir plus clair.

  • Speaker #1

    C'est ça. pour mieux naviguer dans cet environnement numérique.

  • Speaker #0

    Alors commençons par les plus jeunes, les enfants en maternelle. Il y a des chiffres qui sont cités qui interpellent quand même pas mal.

  • Speaker #1

    Oui, des chiffres de l'Académie de médecine. Par exemple, 83% des enfants de 2 ans regarderaient la télévision. C'est énorme.

  • Speaker #0

    4 enfants sur 5, quasiment.

  • Speaker #1

    Voilà. Et un autre chiffre qui m'a particulièrement marqué. 60% de ces mêmes enfants de 2 ans mangeraient devant un écran.

  • Speaker #0

    Pendant les repas ?

  • Speaker #1

    Pendant les repas. quand on sait l'importance de ce moment. Et ça contraste fortement avec les recommandations officielles.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que Santé publique France est très claire là-dessus. C'est zéro écran avant 3 ans, et ensuite entre 3 et 5 ans, il faut limiter très fortement.

  • Speaker #1

    La source mentionne même une précision, zéro écran pendant les repas, et ce jusqu'à 6 ans.

  • Speaker #0

    Pourtant, la réalité semble bien différente. Une étude de 2023 montrait que les moins de 3 ans passaient en moyenne 2h30 par jour devant un écran.

  • Speaker #1

    2h30 ? C'est considérable à cet âge-là. Ça pose forcément la question de l'impact sur leur développement, sur leurs tout premiers apprentissages.

  • Speaker #0

    Justement, la source donne une anecdote pour illustrer ça. Une petite fille, Léa, 4 ans.

  • Speaker #1

    Oui, Léa, elle est capable de faire un bateau magnifique sur une tablette, très facilement. Mais quand on lui donne une feuille, des crayons, et qu'on lui demande de dessiner ce même bateau...

  • Speaker #0

    Là, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Bah, c'est la catastrophe. Elle est frustrée, ses traits ne sont pas assurés du tout, elle dépasse en coloriant. C'est comme si l'habilité numérique ne se transférait pas aux gestes graphiques réels.

  • Speaker #0

    C'est fascinant ça. Ça veut dire que ce qu'on apprend sur l'écran, ça reste un peu virtuel.

  • Speaker #1

    Quelle explication donne le docteur Duchesne à ça ? Qu'est-ce qui se passe au fond ?

  • Speaker #0

    Alors, le mécanisme qu'elle met en avant, c'est celui de la rentabilité, effort, plaisir. Rentabilité, effort, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    L'écran, ça offre une satisfaction immédiate, un plaisir maximal. Pour un effort qui est minime, voire inexistant, on tapote, on glisse et hop, il se passe quelque chose de gratifiant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Or, les apprentissages fondamentaux de la petite enfance, apprendre à parler, à dessiner, à empiler des cubes, à interagir avec les autres, tout ça, ça demande de l'effort, ça demande de la patience, d'accepter de se tromper, de recommencer.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    Donc le risque, si je comprends bien, c'est que l'enfant s'habitue à cette facilité de l'écran, à cette gratification instantanée.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que du coup, quand il est confronté à des activités qui demandent un effort soutenu, comme à l'école, ça devient beaucoup plus difficile pour lui. Il n'a pas entraîné ce muscle de l'effort.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est comme si on court-circuitait cette phase essentielle d'apprentissage par l'essai, l'erreur, la persévérance. L'enfant risque d'arriver à l'école moins bien préparé, moins outillé pour affronter la nécessité de l'effort.

  • Speaker #0

    Et ce constat, il semble s'amplifier quand on passe à l'école élémentaire, non ? La source parle du cas de Victor, 6 ans, OCP. Son histoire est assez parlante.

  • Speaker #1

    Oui, Victor. C'est un peu l'exemple de l'impact des confinements aussi. Parents, télétravail, isolement, son temps d'écran a explosé. Et les conséquences décrites par le médecin sont assez lourdes.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    On parle de retard intellectuel, mais aussi moteur. Et surtout, de grosses difficultés de comportement. Une concentration quasi nulle, une agitation constante. Et ça, évidemment, ça pèse énormément sur toute la famille. Les parents se sentent démunis.

  • Speaker #0

    Cet exemple de Victor, ce n'est pas un cas isolé, si j'en crois la source. Le docteur Duchesne observe des tendances plus générales en consultation. Est-ce qu'on peut dégager des problèmes récurrents ?

  • Speaker #1

    Oui, elle décrit un ensemble de difficultés qui semblent liées. Au cœur de tout ça, il y aurait une moindre tolérance à la frustration. Une difficulté à gérer ses émotions en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, et comment ça se manifeste ?

  • Speaker #1

    Par une irritabilité plus grande, de l'hyperactivité, des problèmes d'attention bien sûr. et aussi des difficultés dans les relations avec les autres enfants, les amis. C'est comme si la capacité à attendre son tour, à différer un désir, à négocier, était moins développée.

  • Speaker #0

    Et sur les apprentissages scolaires, proprement dit ?

  • Speaker #1

    On retrouve cette histoire d'effort, complètement. Les difficultés touchent le langage, écrit comme oral, les maths, la mémoire, la vitesse de raisonnement, le fil conducteur, ça reste cette habitude du plaisir facile qui rend l'effort nécessaire à l'école particulièrement. Euh, pénible. Presque contre-nature pour ces enfants.

  • Speaker #0

    Toutes ces préoccupations autour du bien-être, de l'anxiété, du sommeil, ça devient tellement prégnant qu'on voit apparaître des outils pour essayer de dépister ça tôt. La source mentionne le BITS test, utilisé dès le CE2.

  • Speaker #1

    Oui, le BITS test. C'est un outil tout simple, quatre petites questions.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    En gros, est-ce que tu te sens harcelé ? Est-ce que tu dors bien ? Est-ce que tu fumes ? Et est-ce que tu te sens stressé à l'école ou à la maison ? C'est rapide, facile à faire passer et ça se développe parce que ça permet de repérer des signes de mal-être.

  • Speaker #0

    Notamment l'anxiété et les problèmes de sommeil, qui toucheraient d'après la source 1 à 2 enfants ou ados sur 10 de façon clinique.

  • Speaker #1

    C'est ça et le lien que fait le docteur Duchesne, attention, c'est une conviction clinique forte basée sur ses observations.

  • Speaker #0

    Pas une preuve scientifique formelle issue de cette seule source.

  • Speaker #1

    Voilà, mais une forte présomption. Elle observe une augmentation très nette des troubles anxieux. on parle de terreur nocturne de pleurs fréquentes, de retraits, d'énurésie, de phobie, même de toxe et des troubles du sommeil. Et pour elle, cette augmentation est clairement liée au mésusage des écrans. Le BITS test aide à mettre en lumière ces problèmes qui explosent en parallèle du temps d'écran.

  • Speaker #0

    Le tableau est quand même assez préoccupant. Mais l'intervention ne s'arrête pas au constat, heureusement. Elle propose des pistes, des repères pratiques. Et l'angle est intéressant. Elle suggère de moins se focaliser sur la durée.

  • Speaker #1

    Oui, que sur les moments où l'enfant est exposé aux écrans. C'est une approche très pragmatique, je trouve.

  • Speaker #0

    Et il y aurait trois moments particulièrement critiques.

  • Speaker #1

    Exactement, trois moments clés. Le premier, et c'est vraiment martelé dans la source comme le message à retenir, c'est le matin, avant de partir à l'école.

  • Speaker #0

    Et la règle, c'est ?

  • Speaker #1

    Zéro écran, aucun. La source est formelle, même cinq petites minutes devant un dessin animé ou un jeu, ça suffirait à annuler tous les bénéfices du sommeil de la nuit.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même, c'est radical.

  • Speaker #1

    C'est radical, mais... Et l'idée derrière, c'est que le cerveau a besoin d'un temps calme pour émerger, pour passer de l'état de sommeil à l'état de veille propice aux apprentissages. N'importe quelle autre activité est préférable. Lire un peu, écouter une histoire, regarder par la fenêtre, prendre son petit déjeuner tranquillement.

  • Speaker #0

    Tréserver cet état mental pour la journée d'école.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Deuxième moment clé, les repas. On a ce chiffre en tête, là, des 60% d'enfants de 2 ans qui mangent avec un écran. L'argument qu'on entend souvent, c'est « oui, mais ils ne regardent pas vraiment » .

  • Speaker #1

    Oui, l'écran est juste allumé en fond sonore. Sauf qu'une étude citée montre le contraire. Des chercheurs ont observé 200 enfants pendant 20 minutes avec une télé allumée. Résultat, en moyenne, leur regard était attiré par l'écran 80 fois.

  • Speaker #0

    80 fois en 20 minutes. Donc oui, ils regardent.

  • Speaker #1

    Ils regardent. Mais au-delà de ça, la source insiste sur l'importance du repas comme moment d'échange. C'est là qu'on parle, qu'on partage sa journée, qu'on renforce les liens. C'est crucial pour le développement du langage, pour le lien affectif. Surtout quand ils grandissent et deviennent ados. L'écran y fait barrage à tout ça.

  • Speaker #0

    Logique. Et le troisième repère, c'est le soir, avant de dormir. Là aussi, j'imagine, c'est...

  • Speaker #1

    Abstinence d'écran recommandé, oui. Pour une raison très physiologique, cette fois.

  • Speaker #0

    La fameuse lumière bleue ?

  • Speaker #1

    Exactement. La lumière émise par les écrans bloque la production de mélatonine. C'est l'hormone qui dit à notre cerveau « ok, c'est l'heure de dormir » . Donc si on regarde un écran le soir, on retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Et on dort moins bien, même une fois endormi ?

  • Speaker #1

    Oui, la qualité du sommeil est altérée, il est moins réparateur. C'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Et comme alternative, le soir, la source suggère quoi ? Des choses simples, j'imagine.

  • Speaker #1

    Très simples. Lire un livre, écouter de la musique douce, discuter calmement, ou même ne rien faire de spécial, s'ennuyer un peu.

  • Speaker #0

    Ah, l'ennui ! C'est intéressant que la source le valorise, parce qu'on a tendance à vouloir le fuir à tout prix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est presque contre-culturel. Mais l'ennui est présenté ici non pas comme un vide angoissant, mais comme un espace nécessaire. Un espace pour que l'imagination se déploie, pour que la créativité émerge, pour le jeu intérieur. Laisser un enfant flotter un peu, sans stimulation externe constante, ça lui permettrait de puiser dans ses propres ressources.

  • Speaker #0

    C'est une perspective intéressante. Donc ces trois moments matin, repas, soir, ce serait un peu la base, le socle à préserver. Mais bon, les enfants grandissent, les défis changent. Qu'en est-il des plus grands en CM1, CM2 ?

  • Speaker #1

    Alors là, effectivement, le paysage se complexifie. L'autonomie augmente, le premier smartphone arrive parfois.

  • Speaker #0

    Oui, l'accès à Internet devient plus personnel, les consoles, YouTube avec des recherches par centre d'intérêt.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les risques évoluent. La source donne l'exemple de Martin, 11 ans.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui lui arrive à Martin ?

  • Speaker #1

    Lui, son truc, c'est de scroller sur son téléphone le soir, dans son lui, pour, dit-il, se vider la tête. Ça part d'une intention, qui peut sembler compréhensible, décompressée après la journée.

  • Speaker #0

    Mais ça dérape.

  • Speaker #1

    Ça dérape complètement. Il entre dans une spirale d'hyperconnexion. Son sommeil est perturbé, il devient anxieux, ses notes chutent, il se désintéresse de ses activités habituelles. Au point qu'un suivi psychologique devient nécessaire.

  • Speaker #0

    Ça montre bien que même un usage qui paraît juste très créatif peut avoir des conséquences lourdes. et qu'il faut être vigilant tôt.

  • Speaker #1

    Oui, cette vigilance précoce est essentielle. Et les chiffres généraux confirment cette immersion croissante. On apprend que 87% des 12-19 ans sont sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    C'est énorme !

  • Speaker #1

    Et ils y passent combien de temps ?

  • Speaker #0

    En moyenne, 2h12 par jour en 2023.

  • Speaker #1

    Et dès 11 ans, les plateformes comme YouTube, Instagram, Snapchat sont déjà très populaires.

  • Speaker #0

    Les scientifiques liés à ces médias sociaux, tels que le docteur Duchesne les observe en cabinet, quels sont les points les plus préoccupants ?

  • Speaker #1

    Alors. Il y a d'abord l'exposition à des contenus qui sont tout simplement inappropriés ou dangereux pour leur âge. Violence, défis stupides, incitations à consommer de l'alcool ou des drogues. D'où l'importance, bien sûr, du contrôle parental technique, mais surtout du dialogue.

  • Speaker #0

    Et ensuite, un risque majeur, le cyberharcèlement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un fléau. Les rumeurs, les moqueries, les humiliations qui circulent en ligne peuvent avoir des effets absolument dévastateurs sur des jeunes qui sont en pleine construction identitaire.

  • Speaker #0

    La source parle aussi d'un phénomène qu'elle appelle la dépression liée à Facebook. C'est quoi exactement ?

  • Speaker #1

    C'est un terme qui vient de certaines recherches. Ça décrit l'apparition de symptômes qui ressemblent à une dépression, l'isolement, une très mauvaise image de soi, des plaintes physiques, des troubles du sommeil, de l'appétit, et qui seraient liés à un temps excessif passé sur les réseaux.

  • Speaker #0

    Et ça peut être couplé aux faux mots, j'ai lu ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, la fear of missing out. Cette angoisse... permanente de rater quelque chose d'important, de fun, qui se passe en ligne sans nous. Ça pousse à vérifier son téléphone compulsivement.

  • Speaker #0

    D'accord, il y a aussi l'influence de la publicité, bien sûr.

  • Speaker #1

    Qui façonne les désirs, les tendances. Et on retrouve toujours l'impact majeur sur le sommeil et l'anxiété. La source rappelle que 70% des 12-19 ans manqueraient de sommeil. C'est énorme.

  • Speaker #0

    Un dernier point, et pas des moindres, l'estime de soi et l'image corporelle. C'est un sujet sensible à cet âge.

  • Speaker #1

    Très sensible. La comparaison permanente avec les vies apparemment parfaites des autres, les corps retouchés, ça peut vraiment miner la confiance en soi. Il y a même une étude un peu paradoxale citée.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Des collégiens se sentaient mieux en regardant leur propre profil Facebook, une image qu'ils maîtrisent, qu'ils idéalisent, qu'en se regardant dans un miroir. Ça peut masquer une vraie fragilité et parfois, malheureusement, contribuer à des troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est complexe. Et d'ailleurs, la source rappelle que la majorité numérique en France est fixé à 15 ans maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, depuis la loi de juillet 2023. Théoriquement, avant 15 ans, il faut l'accord des parents pour s'inscrire sur un réseau social.

  • Speaker #0

    Bon, face à tout ça, ce tableau assez chargé, quelles sont les pistes de solutions proposées ? Le rôle des adultes semble absolument central.

  • Speaker #1

    Indispensable même. Et la toute première étape, suggère la source, c'est peut-être que nous, adultes, on interroge notre propre rapport aux écrans.

  • Speaker #0

    Se regarder un peu soi-même avant de faire la leçon ?

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. Il y a cette anecdote très parlante de la maman qui reçoit une notification sur son téléphone et qui dit à son fils « Non, je ne regarde pas maintenant, je fais quelque chose de beaucoup plus important, je suis avec toi » .

  • Speaker #0

    C'est un choix conscient, une priorisation.

  • Speaker #1

    Exactement, un acte fort. Et la source utilise des phrases qui marquent, du genre « Nos portables ont remplacé nos appareils photos, nos montres, nos réveils, ne les laissons pas remplacer nos familles » .

  • Speaker #0

    C'est Dian Di. Ou encore, le petit enfant... a besoin de liens plutôt que de biens.

  • Speaker #1

    Voilà. Ces phrases, elles visent à nous râper que la gestion des écrans, ce n'est pas juste une question technique, de contrôle parental ou de temps limité. C'est avant tout une question de choix de vie, de valeurs qu'on veut transmettre. C'est notre responsabilité d'adultes de créer un environnement où le lien humain prime.

  • Speaker #0

    Et pour nous aider à structurer cette approche, la source présente un outil, les 5 C de la professeure Claire Ballès. C'est intéressant comme repère.

  • Speaker #1

    Oui, ce sont des balises pour guider l'accompagnement des enfants dans ce monde numérique. Le premier C, c'est la curiosité.

  • Speaker #0

    La curiosité, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    S'intéresser sincèrement, sans jugement a priori, à ce que l'enfant fait en ligne. Qu'est-ce qui l'attire ? Qu'est-ce qu'il y trouve ? Qu'est-ce qui le passionne ou l'inquiète ? C'est la base pour ouvrir le dialogue.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, la curiosité ?

  • Speaker #1

    Le deuxième C, la confiance. Elle ne s'impose pas, elle se construit petit à petit. Justement, grâce à ce dialogue ouvert, basé sur la curiosité. C'est cette confiance qui fera que l'enfant osera venir nous parler, s'il rencontre un problème, s'il voit quelque chose qui le choque.

  • Speaker #0

    Logique. Ce qui mène au troisième C, la conversation.

  • Speaker #1

    Exactement. Il ne s'agit pas de vouloir tout savoir, de fliquer, l'enfant a droit à son jardin secret, mais de créer un climat où il se sent en sécurité pour nous inviter parfois, dans son monde numérique, sans craindre une réaction de panique ou une interdiction brutale.

  • Speaker #0

    Très important. Le quatrième C, c'est le cadre. Là, on revient aux règles.

  • Speaker #1

    Indispensable, le cadre. Il faut des règles claires, adaptées à l'âge, quand on peut utiliser les écrans, combien de temps, où et pour faire quoi. Mais le point crucial ici, c'est l'exemplarité de l'adulte.

  • Speaker #0

    Ah oui, difficile d'imposer des limites si on est soi-même scotché à son téléphone.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. L'adulte doit montrer qu'il est aussi capable de se déconnecter, de poser son téléphone, pour être... vraiment présents. Et enfin, le cinquième C, la clairvoyance. Aider l'enfant à développer son esprit critique, à comprendre que les plateformes, les jeux, les réseaux sociaux ont leurs propres intérêts, souvent commerciaux, qui ne sont pas forcément les siens. C'est là qu'intervient la fameuse phrase « si c'est gratuit,

  • Speaker #0

    c'est toi le produit » .

  • Speaker #1

    Voilà, comprendre un peu les mécanismes qui sont en jeu derrière l'écran.

  • Speaker #0

    Et cette idée de clairvoyance, de comprendre pourquoi on fait les choses. Ça nous amène à une autre notion évoquée, l'intentionnalité de l'usage.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une idée intéressante. Un usage intentionnel, c'est-à-dire prendre son téléphone avec un but précis, chercher une info, contacter quelqu'un, regarder une vidéo qu'on a choisie, cet usage-là serait plus positif, moins aliénant.

  • Speaker #0

    Que le scrolling passif, celui où on erre sans but, juste pour tuer le temps ou par habitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Prendre conscience du pourquoi on se connecte à un instant. quelle est notre intention réelle, ça pourrait être une clé pour un usage plus maîtrisé et plus satisfaisant.

  • Speaker #0

    Donc si on essaye de synthétiser un peu tout ce qu'on a exploré à partir des notes de cette médecin, le message fort qui se dégage, c'est que reprendre un certain contrôle sur les écrans, ce n'est pas tant se priver de quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est plutôt une reconquête, une reconquête de temps, d'attention, d'énergie pour des choses qui ont peut-être plus de valeur intrinsèque, le développement personnel, le sommeil. Les relations humaines, la créativité, le jeu, même l'ennui fécond dont on parlait.

  • Speaker #0

    C'est prendre soin de l'humain, en fait, chez les enfants, mais aussi en nous et dans nos familles. La source conclut joliment sur cette idée, redevenir pleinement humain.

  • Speaker #1

    C'est une belle conclusion.

  • Speaker #0

    Et pour laisser une dernière piste de réflexion à ceux qui nous écoutent, peut-être que cette notion d'intentionnalité, c'est la plus universelle finalement. Au-delà de compter les minutes ou d'appliquer des règles strictes, Si la véritable compétence à cultiver, pour nous adultes comme pour les plus jeunes, c'était cette capacité à faire une pause, juste avant de saisir l'appareil, et à se demander « Pourquoi je fais ça, là, maintenant ? Quelle est mon intention ? »

  • Speaker #1

    C'est une question puissante.

  • Speaker #0

    Est-ce que cette simple question posée régulièrement ne serait pas le meilleur garde-fou contre ce risque évoqué par la source de « gaspiller sa vie en défilement passif et un peu vide » ? Voilà, je laisse cette question ouverte. Matière à réflexion.

Description

Dans cet épisode, on part d’une observation clinique frappante de la Dr Claire Duchesne : dans les transports, les regards des tout-petits croisent de moins en moins ceux des adultes… pris par leurs écrans. Sans jugement, on explore l’impact des écrans (smartphone, TV, tablette, YouTube) sur les apprentissages et le développement — de la maternelle au CM2 : tolérance à la frustration, attention, sommeil, langage, motricité, relations sociales.
On parle aussi des « 3 moments critiques » (matin avant l’école, repas, soir) et d’outils concrets : contrôle du contexte plutôt que du seul temps d’écran, 5 C de la professeure Claire Ballès (Curiosité, Confiance, Conversation, Cadre, Clairvoyance), et la boussole de l’intentionnalité (usage choisi vs scrolling passif).
Objectif : aider chaque famille à (re)prendre le contrôle, sans culpabiliser, pour protéger le sommeil, l’attention et le lien.
→ À la fin, une question simple à se poser avant d’allumer l’écran : « Pourquoi maintenant ? Quelle est mon intention ? »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on va explorer un sujet qui nous touche tous de près ou de loin, l'impact des écrans sur nos enfants.

  • Speaker #1

    Oui, un sujet omniprésent.

  • Speaker #0

    Exactement, et notre point de départ c'est une intervention très intéressante d'une médecin généraliste, le docteur Claire Duchesne. Elle a partagé une observation assez frappante.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Laquelle ?

  • Speaker #0

    Elle remarquait que dans les transports en commun, par exemple, les regards des tout-petits ne croisent presque plus ceux des adultes. Pourquoi ? Parce que nous-mêmes, adultes, on est souvent captivés par nos propres écrans.

  • Speaker #1

    C'est une image forte, effectivement. Et ce qui est important, je crois, c'est de souligner l'approche de cette médecin. Elle ne cherche pas à juger.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Elle reconnaît que chaque famille a sa réalité, ses contraintes. Son but, c'est plutôt d'informer, d'analyser l'impact de ces fameux écrans. ... Alors ça comprend tout, smartphone, télé, tablette, YouTube.

  • Speaker #0

    Oui, tout ce qui a un écran en gros.

  • Speaker #1

    Voilà. Analyser leur impact sur les apprentissages des enfants, que ce soit à la maternelle ou en élémentaire, et elle aborde ça comme un véritable enjeu de santé publique.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc notre objectif ici, c'est d'explorer ensemble ces constats, les risques qu'elles soulèvent, mais aussi et surtout les pistes, les recommandations pratiques qu'elles proposent, pour aider chacun à y voir plus clair.

  • Speaker #1

    C'est ça. pour mieux naviguer dans cet environnement numérique.

  • Speaker #0

    Alors commençons par les plus jeunes, les enfants en maternelle. Il y a des chiffres qui sont cités qui interpellent quand même pas mal.

  • Speaker #1

    Oui, des chiffres de l'Académie de médecine. Par exemple, 83% des enfants de 2 ans regarderaient la télévision. C'est énorme.

  • Speaker #0

    4 enfants sur 5, quasiment.

  • Speaker #1

    Voilà. Et un autre chiffre qui m'a particulièrement marqué. 60% de ces mêmes enfants de 2 ans mangeraient devant un écran.

  • Speaker #0

    Pendant les repas ?

  • Speaker #1

    Pendant les repas. quand on sait l'importance de ce moment. Et ça contraste fortement avec les recommandations officielles.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que Santé publique France est très claire là-dessus. C'est zéro écran avant 3 ans, et ensuite entre 3 et 5 ans, il faut limiter très fortement.

  • Speaker #1

    La source mentionne même une précision, zéro écran pendant les repas, et ce jusqu'à 6 ans.

  • Speaker #0

    Pourtant, la réalité semble bien différente. Une étude de 2023 montrait que les moins de 3 ans passaient en moyenne 2h30 par jour devant un écran.

  • Speaker #1

    2h30 ? C'est considérable à cet âge-là. Ça pose forcément la question de l'impact sur leur développement, sur leurs tout premiers apprentissages.

  • Speaker #0

    Justement, la source donne une anecdote pour illustrer ça. Une petite fille, Léa, 4 ans.

  • Speaker #1

    Oui, Léa, elle est capable de faire un bateau magnifique sur une tablette, très facilement. Mais quand on lui donne une feuille, des crayons, et qu'on lui demande de dessiner ce même bateau...

  • Speaker #0

    Là, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Bah, c'est la catastrophe. Elle est frustrée, ses traits ne sont pas assurés du tout, elle dépasse en coloriant. C'est comme si l'habilité numérique ne se transférait pas aux gestes graphiques réels.

  • Speaker #0

    C'est fascinant ça. Ça veut dire que ce qu'on apprend sur l'écran, ça reste un peu virtuel.

  • Speaker #1

    Quelle explication donne le docteur Duchesne à ça ? Qu'est-ce qui se passe au fond ?

  • Speaker #0

    Alors, le mécanisme qu'elle met en avant, c'est celui de la rentabilité, effort, plaisir. Rentabilité, effort, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    L'écran, ça offre une satisfaction immédiate, un plaisir maximal. Pour un effort qui est minime, voire inexistant, on tapote, on glisse et hop, il se passe quelque chose de gratifiant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Or, les apprentissages fondamentaux de la petite enfance, apprendre à parler, à dessiner, à empiler des cubes, à interagir avec les autres, tout ça, ça demande de l'effort, ça demande de la patience, d'accepter de se tromper, de recommencer.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    Donc le risque, si je comprends bien, c'est que l'enfant s'habitue à cette facilité de l'écran, à cette gratification instantanée.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que du coup, quand il est confronté à des activités qui demandent un effort soutenu, comme à l'école, ça devient beaucoup plus difficile pour lui. Il n'a pas entraîné ce muscle de l'effort.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est comme si on court-circuitait cette phase essentielle d'apprentissage par l'essai, l'erreur, la persévérance. L'enfant risque d'arriver à l'école moins bien préparé, moins outillé pour affronter la nécessité de l'effort.

  • Speaker #0

    Et ce constat, il semble s'amplifier quand on passe à l'école élémentaire, non ? La source parle du cas de Victor, 6 ans, OCP. Son histoire est assez parlante.

  • Speaker #1

    Oui, Victor. C'est un peu l'exemple de l'impact des confinements aussi. Parents, télétravail, isolement, son temps d'écran a explosé. Et les conséquences décrites par le médecin sont assez lourdes.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    On parle de retard intellectuel, mais aussi moteur. Et surtout, de grosses difficultés de comportement. Une concentration quasi nulle, une agitation constante. Et ça, évidemment, ça pèse énormément sur toute la famille. Les parents se sentent démunis.

  • Speaker #0

    Cet exemple de Victor, ce n'est pas un cas isolé, si j'en crois la source. Le docteur Duchesne observe des tendances plus générales en consultation. Est-ce qu'on peut dégager des problèmes récurrents ?

  • Speaker #1

    Oui, elle décrit un ensemble de difficultés qui semblent liées. Au cœur de tout ça, il y aurait une moindre tolérance à la frustration. Une difficulté à gérer ses émotions en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, et comment ça se manifeste ?

  • Speaker #1

    Par une irritabilité plus grande, de l'hyperactivité, des problèmes d'attention bien sûr. et aussi des difficultés dans les relations avec les autres enfants, les amis. C'est comme si la capacité à attendre son tour, à différer un désir, à négocier, était moins développée.

  • Speaker #0

    Et sur les apprentissages scolaires, proprement dit ?

  • Speaker #1

    On retrouve cette histoire d'effort, complètement. Les difficultés touchent le langage, écrit comme oral, les maths, la mémoire, la vitesse de raisonnement, le fil conducteur, ça reste cette habitude du plaisir facile qui rend l'effort nécessaire à l'école particulièrement. Euh, pénible. Presque contre-nature pour ces enfants.

  • Speaker #0

    Toutes ces préoccupations autour du bien-être, de l'anxiété, du sommeil, ça devient tellement prégnant qu'on voit apparaître des outils pour essayer de dépister ça tôt. La source mentionne le BITS test, utilisé dès le CE2.

  • Speaker #1

    Oui, le BITS test. C'est un outil tout simple, quatre petites questions.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    En gros, est-ce que tu te sens harcelé ? Est-ce que tu dors bien ? Est-ce que tu fumes ? Et est-ce que tu te sens stressé à l'école ou à la maison ? C'est rapide, facile à faire passer et ça se développe parce que ça permet de repérer des signes de mal-être.

  • Speaker #0

    Notamment l'anxiété et les problèmes de sommeil, qui toucheraient d'après la source 1 à 2 enfants ou ados sur 10 de façon clinique.

  • Speaker #1

    C'est ça et le lien que fait le docteur Duchesne, attention, c'est une conviction clinique forte basée sur ses observations.

  • Speaker #0

    Pas une preuve scientifique formelle issue de cette seule source.

  • Speaker #1

    Voilà, mais une forte présomption. Elle observe une augmentation très nette des troubles anxieux. on parle de terreur nocturne de pleurs fréquentes, de retraits, d'énurésie, de phobie, même de toxe et des troubles du sommeil. Et pour elle, cette augmentation est clairement liée au mésusage des écrans. Le BITS test aide à mettre en lumière ces problèmes qui explosent en parallèle du temps d'écran.

  • Speaker #0

    Le tableau est quand même assez préoccupant. Mais l'intervention ne s'arrête pas au constat, heureusement. Elle propose des pistes, des repères pratiques. Et l'angle est intéressant. Elle suggère de moins se focaliser sur la durée.

  • Speaker #1

    Oui, que sur les moments où l'enfant est exposé aux écrans. C'est une approche très pragmatique, je trouve.

  • Speaker #0

    Et il y aurait trois moments particulièrement critiques.

  • Speaker #1

    Exactement, trois moments clés. Le premier, et c'est vraiment martelé dans la source comme le message à retenir, c'est le matin, avant de partir à l'école.

  • Speaker #0

    Et la règle, c'est ?

  • Speaker #1

    Zéro écran, aucun. La source est formelle, même cinq petites minutes devant un dessin animé ou un jeu, ça suffirait à annuler tous les bénéfices du sommeil de la nuit.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même, c'est radical.

  • Speaker #1

    C'est radical, mais... Et l'idée derrière, c'est que le cerveau a besoin d'un temps calme pour émerger, pour passer de l'état de sommeil à l'état de veille propice aux apprentissages. N'importe quelle autre activité est préférable. Lire un peu, écouter une histoire, regarder par la fenêtre, prendre son petit déjeuner tranquillement.

  • Speaker #0

    Tréserver cet état mental pour la journée d'école.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Deuxième moment clé, les repas. On a ce chiffre en tête, là, des 60% d'enfants de 2 ans qui mangent avec un écran. L'argument qu'on entend souvent, c'est « oui, mais ils ne regardent pas vraiment » .

  • Speaker #1

    Oui, l'écran est juste allumé en fond sonore. Sauf qu'une étude citée montre le contraire. Des chercheurs ont observé 200 enfants pendant 20 minutes avec une télé allumée. Résultat, en moyenne, leur regard était attiré par l'écran 80 fois.

  • Speaker #0

    80 fois en 20 minutes. Donc oui, ils regardent.

  • Speaker #1

    Ils regardent. Mais au-delà de ça, la source insiste sur l'importance du repas comme moment d'échange. C'est là qu'on parle, qu'on partage sa journée, qu'on renforce les liens. C'est crucial pour le développement du langage, pour le lien affectif. Surtout quand ils grandissent et deviennent ados. L'écran y fait barrage à tout ça.

  • Speaker #0

    Logique. Et le troisième repère, c'est le soir, avant de dormir. Là aussi, j'imagine, c'est...

  • Speaker #1

    Abstinence d'écran recommandé, oui. Pour une raison très physiologique, cette fois.

  • Speaker #0

    La fameuse lumière bleue ?

  • Speaker #1

    Exactement. La lumière émise par les écrans bloque la production de mélatonine. C'est l'hormone qui dit à notre cerveau « ok, c'est l'heure de dormir » . Donc si on regarde un écran le soir, on retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Et on dort moins bien, même une fois endormi ?

  • Speaker #1

    Oui, la qualité du sommeil est altérée, il est moins réparateur. C'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Et comme alternative, le soir, la source suggère quoi ? Des choses simples, j'imagine.

  • Speaker #1

    Très simples. Lire un livre, écouter de la musique douce, discuter calmement, ou même ne rien faire de spécial, s'ennuyer un peu.

  • Speaker #0

    Ah, l'ennui ! C'est intéressant que la source le valorise, parce qu'on a tendance à vouloir le fuir à tout prix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est presque contre-culturel. Mais l'ennui est présenté ici non pas comme un vide angoissant, mais comme un espace nécessaire. Un espace pour que l'imagination se déploie, pour que la créativité émerge, pour le jeu intérieur. Laisser un enfant flotter un peu, sans stimulation externe constante, ça lui permettrait de puiser dans ses propres ressources.

  • Speaker #0

    C'est une perspective intéressante. Donc ces trois moments matin, repas, soir, ce serait un peu la base, le socle à préserver. Mais bon, les enfants grandissent, les défis changent. Qu'en est-il des plus grands en CM1, CM2 ?

  • Speaker #1

    Alors là, effectivement, le paysage se complexifie. L'autonomie augmente, le premier smartphone arrive parfois.

  • Speaker #0

    Oui, l'accès à Internet devient plus personnel, les consoles, YouTube avec des recherches par centre d'intérêt.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les risques évoluent. La source donne l'exemple de Martin, 11 ans.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui lui arrive à Martin ?

  • Speaker #1

    Lui, son truc, c'est de scroller sur son téléphone le soir, dans son lui, pour, dit-il, se vider la tête. Ça part d'une intention, qui peut sembler compréhensible, décompressée après la journée.

  • Speaker #0

    Mais ça dérape.

  • Speaker #1

    Ça dérape complètement. Il entre dans une spirale d'hyperconnexion. Son sommeil est perturbé, il devient anxieux, ses notes chutent, il se désintéresse de ses activités habituelles. Au point qu'un suivi psychologique devient nécessaire.

  • Speaker #0

    Ça montre bien que même un usage qui paraît juste très créatif peut avoir des conséquences lourdes. et qu'il faut être vigilant tôt.

  • Speaker #1

    Oui, cette vigilance précoce est essentielle. Et les chiffres généraux confirment cette immersion croissante. On apprend que 87% des 12-19 ans sont sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    C'est énorme !

  • Speaker #1

    Et ils y passent combien de temps ?

  • Speaker #0

    En moyenne, 2h12 par jour en 2023.

  • Speaker #1

    Et dès 11 ans, les plateformes comme YouTube, Instagram, Snapchat sont déjà très populaires.

  • Speaker #0

    Les scientifiques liés à ces médias sociaux, tels que le docteur Duchesne les observe en cabinet, quels sont les points les plus préoccupants ?

  • Speaker #1

    Alors. Il y a d'abord l'exposition à des contenus qui sont tout simplement inappropriés ou dangereux pour leur âge. Violence, défis stupides, incitations à consommer de l'alcool ou des drogues. D'où l'importance, bien sûr, du contrôle parental technique, mais surtout du dialogue.

  • Speaker #0

    Et ensuite, un risque majeur, le cyberharcèlement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un fléau. Les rumeurs, les moqueries, les humiliations qui circulent en ligne peuvent avoir des effets absolument dévastateurs sur des jeunes qui sont en pleine construction identitaire.

  • Speaker #0

    La source parle aussi d'un phénomène qu'elle appelle la dépression liée à Facebook. C'est quoi exactement ?

  • Speaker #1

    C'est un terme qui vient de certaines recherches. Ça décrit l'apparition de symptômes qui ressemblent à une dépression, l'isolement, une très mauvaise image de soi, des plaintes physiques, des troubles du sommeil, de l'appétit, et qui seraient liés à un temps excessif passé sur les réseaux.

  • Speaker #0

    Et ça peut être couplé aux faux mots, j'ai lu ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, la fear of missing out. Cette angoisse... permanente de rater quelque chose d'important, de fun, qui se passe en ligne sans nous. Ça pousse à vérifier son téléphone compulsivement.

  • Speaker #0

    D'accord, il y a aussi l'influence de la publicité, bien sûr.

  • Speaker #1

    Qui façonne les désirs, les tendances. Et on retrouve toujours l'impact majeur sur le sommeil et l'anxiété. La source rappelle que 70% des 12-19 ans manqueraient de sommeil. C'est énorme.

  • Speaker #0

    Un dernier point, et pas des moindres, l'estime de soi et l'image corporelle. C'est un sujet sensible à cet âge.

  • Speaker #1

    Très sensible. La comparaison permanente avec les vies apparemment parfaites des autres, les corps retouchés, ça peut vraiment miner la confiance en soi. Il y a même une étude un peu paradoxale citée.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Des collégiens se sentaient mieux en regardant leur propre profil Facebook, une image qu'ils maîtrisent, qu'ils idéalisent, qu'en se regardant dans un miroir. Ça peut masquer une vraie fragilité et parfois, malheureusement, contribuer à des troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est complexe. Et d'ailleurs, la source rappelle que la majorité numérique en France est fixé à 15 ans maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, depuis la loi de juillet 2023. Théoriquement, avant 15 ans, il faut l'accord des parents pour s'inscrire sur un réseau social.

  • Speaker #0

    Bon, face à tout ça, ce tableau assez chargé, quelles sont les pistes de solutions proposées ? Le rôle des adultes semble absolument central.

  • Speaker #1

    Indispensable même. Et la toute première étape, suggère la source, c'est peut-être que nous, adultes, on interroge notre propre rapport aux écrans.

  • Speaker #0

    Se regarder un peu soi-même avant de faire la leçon ?

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. Il y a cette anecdote très parlante de la maman qui reçoit une notification sur son téléphone et qui dit à son fils « Non, je ne regarde pas maintenant, je fais quelque chose de beaucoup plus important, je suis avec toi » .

  • Speaker #0

    C'est un choix conscient, une priorisation.

  • Speaker #1

    Exactement, un acte fort. Et la source utilise des phrases qui marquent, du genre « Nos portables ont remplacé nos appareils photos, nos montres, nos réveils, ne les laissons pas remplacer nos familles » .

  • Speaker #0

    C'est Dian Di. Ou encore, le petit enfant... a besoin de liens plutôt que de biens.

  • Speaker #1

    Voilà. Ces phrases, elles visent à nous râper que la gestion des écrans, ce n'est pas juste une question technique, de contrôle parental ou de temps limité. C'est avant tout une question de choix de vie, de valeurs qu'on veut transmettre. C'est notre responsabilité d'adultes de créer un environnement où le lien humain prime.

  • Speaker #0

    Et pour nous aider à structurer cette approche, la source présente un outil, les 5 C de la professeure Claire Ballès. C'est intéressant comme repère.

  • Speaker #1

    Oui, ce sont des balises pour guider l'accompagnement des enfants dans ce monde numérique. Le premier C, c'est la curiosité.

  • Speaker #0

    La curiosité, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    S'intéresser sincèrement, sans jugement a priori, à ce que l'enfant fait en ligne. Qu'est-ce qui l'attire ? Qu'est-ce qu'il y trouve ? Qu'est-ce qui le passionne ou l'inquiète ? C'est la base pour ouvrir le dialogue.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, la curiosité ?

  • Speaker #1

    Le deuxième C, la confiance. Elle ne s'impose pas, elle se construit petit à petit. Justement, grâce à ce dialogue ouvert, basé sur la curiosité. C'est cette confiance qui fera que l'enfant osera venir nous parler, s'il rencontre un problème, s'il voit quelque chose qui le choque.

  • Speaker #0

    Logique. Ce qui mène au troisième C, la conversation.

  • Speaker #1

    Exactement. Il ne s'agit pas de vouloir tout savoir, de fliquer, l'enfant a droit à son jardin secret, mais de créer un climat où il se sent en sécurité pour nous inviter parfois, dans son monde numérique, sans craindre une réaction de panique ou une interdiction brutale.

  • Speaker #0

    Très important. Le quatrième C, c'est le cadre. Là, on revient aux règles.

  • Speaker #1

    Indispensable, le cadre. Il faut des règles claires, adaptées à l'âge, quand on peut utiliser les écrans, combien de temps, où et pour faire quoi. Mais le point crucial ici, c'est l'exemplarité de l'adulte.

  • Speaker #0

    Ah oui, difficile d'imposer des limites si on est soi-même scotché à son téléphone.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. L'adulte doit montrer qu'il est aussi capable de se déconnecter, de poser son téléphone, pour être... vraiment présents. Et enfin, le cinquième C, la clairvoyance. Aider l'enfant à développer son esprit critique, à comprendre que les plateformes, les jeux, les réseaux sociaux ont leurs propres intérêts, souvent commerciaux, qui ne sont pas forcément les siens. C'est là qu'intervient la fameuse phrase « si c'est gratuit,

  • Speaker #0

    c'est toi le produit » .

  • Speaker #1

    Voilà, comprendre un peu les mécanismes qui sont en jeu derrière l'écran.

  • Speaker #0

    Et cette idée de clairvoyance, de comprendre pourquoi on fait les choses. Ça nous amène à une autre notion évoquée, l'intentionnalité de l'usage.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une idée intéressante. Un usage intentionnel, c'est-à-dire prendre son téléphone avec un but précis, chercher une info, contacter quelqu'un, regarder une vidéo qu'on a choisie, cet usage-là serait plus positif, moins aliénant.

  • Speaker #0

    Que le scrolling passif, celui où on erre sans but, juste pour tuer le temps ou par habitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Prendre conscience du pourquoi on se connecte à un instant. quelle est notre intention réelle, ça pourrait être une clé pour un usage plus maîtrisé et plus satisfaisant.

  • Speaker #0

    Donc si on essaye de synthétiser un peu tout ce qu'on a exploré à partir des notes de cette médecin, le message fort qui se dégage, c'est que reprendre un certain contrôle sur les écrans, ce n'est pas tant se priver de quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est plutôt une reconquête, une reconquête de temps, d'attention, d'énergie pour des choses qui ont peut-être plus de valeur intrinsèque, le développement personnel, le sommeil. Les relations humaines, la créativité, le jeu, même l'ennui fécond dont on parlait.

  • Speaker #0

    C'est prendre soin de l'humain, en fait, chez les enfants, mais aussi en nous et dans nos familles. La source conclut joliment sur cette idée, redevenir pleinement humain.

  • Speaker #1

    C'est une belle conclusion.

  • Speaker #0

    Et pour laisser une dernière piste de réflexion à ceux qui nous écoutent, peut-être que cette notion d'intentionnalité, c'est la plus universelle finalement. Au-delà de compter les minutes ou d'appliquer des règles strictes, Si la véritable compétence à cultiver, pour nous adultes comme pour les plus jeunes, c'était cette capacité à faire une pause, juste avant de saisir l'appareil, et à se demander « Pourquoi je fais ça, là, maintenant ? Quelle est mon intention ? »

  • Speaker #1

    C'est une question puissante.

  • Speaker #0

    Est-ce que cette simple question posée régulièrement ne serait pas le meilleur garde-fou contre ce risque évoqué par la source de « gaspiller sa vie en défilement passif et un peu vide » ? Voilà, je laisse cette question ouverte. Matière à réflexion.

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Description

Dans cet épisode, on part d’une observation clinique frappante de la Dr Claire Duchesne : dans les transports, les regards des tout-petits croisent de moins en moins ceux des adultes… pris par leurs écrans. Sans jugement, on explore l’impact des écrans (smartphone, TV, tablette, YouTube) sur les apprentissages et le développement — de la maternelle au CM2 : tolérance à la frustration, attention, sommeil, langage, motricité, relations sociales.
On parle aussi des « 3 moments critiques » (matin avant l’école, repas, soir) et d’outils concrets : contrôle du contexte plutôt que du seul temps d’écran, 5 C de la professeure Claire Ballès (Curiosité, Confiance, Conversation, Cadre, Clairvoyance), et la boussole de l’intentionnalité (usage choisi vs scrolling passif).
Objectif : aider chaque famille à (re)prendre le contrôle, sans culpabiliser, pour protéger le sommeil, l’attention et le lien.
→ À la fin, une question simple à se poser avant d’allumer l’écran : « Pourquoi maintenant ? Quelle est mon intention ? »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on va explorer un sujet qui nous touche tous de près ou de loin, l'impact des écrans sur nos enfants.

  • Speaker #1

    Oui, un sujet omniprésent.

  • Speaker #0

    Exactement, et notre point de départ c'est une intervention très intéressante d'une médecin généraliste, le docteur Claire Duchesne. Elle a partagé une observation assez frappante.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Laquelle ?

  • Speaker #0

    Elle remarquait que dans les transports en commun, par exemple, les regards des tout-petits ne croisent presque plus ceux des adultes. Pourquoi ? Parce que nous-mêmes, adultes, on est souvent captivés par nos propres écrans.

  • Speaker #1

    C'est une image forte, effectivement. Et ce qui est important, je crois, c'est de souligner l'approche de cette médecin. Elle ne cherche pas à juger.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Elle reconnaît que chaque famille a sa réalité, ses contraintes. Son but, c'est plutôt d'informer, d'analyser l'impact de ces fameux écrans. ... Alors ça comprend tout, smartphone, télé, tablette, YouTube.

  • Speaker #0

    Oui, tout ce qui a un écran en gros.

  • Speaker #1

    Voilà. Analyser leur impact sur les apprentissages des enfants, que ce soit à la maternelle ou en élémentaire, et elle aborde ça comme un véritable enjeu de santé publique.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc notre objectif ici, c'est d'explorer ensemble ces constats, les risques qu'elles soulèvent, mais aussi et surtout les pistes, les recommandations pratiques qu'elles proposent, pour aider chacun à y voir plus clair.

  • Speaker #1

    C'est ça. pour mieux naviguer dans cet environnement numérique.

  • Speaker #0

    Alors commençons par les plus jeunes, les enfants en maternelle. Il y a des chiffres qui sont cités qui interpellent quand même pas mal.

  • Speaker #1

    Oui, des chiffres de l'Académie de médecine. Par exemple, 83% des enfants de 2 ans regarderaient la télévision. C'est énorme.

  • Speaker #0

    4 enfants sur 5, quasiment.

  • Speaker #1

    Voilà. Et un autre chiffre qui m'a particulièrement marqué. 60% de ces mêmes enfants de 2 ans mangeraient devant un écran.

  • Speaker #0

    Pendant les repas ?

  • Speaker #1

    Pendant les repas. quand on sait l'importance de ce moment. Et ça contraste fortement avec les recommandations officielles.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que Santé publique France est très claire là-dessus. C'est zéro écran avant 3 ans, et ensuite entre 3 et 5 ans, il faut limiter très fortement.

  • Speaker #1

    La source mentionne même une précision, zéro écran pendant les repas, et ce jusqu'à 6 ans.

  • Speaker #0

    Pourtant, la réalité semble bien différente. Une étude de 2023 montrait que les moins de 3 ans passaient en moyenne 2h30 par jour devant un écran.

  • Speaker #1

    2h30 ? C'est considérable à cet âge-là. Ça pose forcément la question de l'impact sur leur développement, sur leurs tout premiers apprentissages.

  • Speaker #0

    Justement, la source donne une anecdote pour illustrer ça. Une petite fille, Léa, 4 ans.

  • Speaker #1

    Oui, Léa, elle est capable de faire un bateau magnifique sur une tablette, très facilement. Mais quand on lui donne une feuille, des crayons, et qu'on lui demande de dessiner ce même bateau...

  • Speaker #0

    Là, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Bah, c'est la catastrophe. Elle est frustrée, ses traits ne sont pas assurés du tout, elle dépasse en coloriant. C'est comme si l'habilité numérique ne se transférait pas aux gestes graphiques réels.

  • Speaker #0

    C'est fascinant ça. Ça veut dire que ce qu'on apprend sur l'écran, ça reste un peu virtuel.

  • Speaker #1

    Quelle explication donne le docteur Duchesne à ça ? Qu'est-ce qui se passe au fond ?

  • Speaker #0

    Alors, le mécanisme qu'elle met en avant, c'est celui de la rentabilité, effort, plaisir. Rentabilité, effort, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    L'écran, ça offre une satisfaction immédiate, un plaisir maximal. Pour un effort qui est minime, voire inexistant, on tapote, on glisse et hop, il se passe quelque chose de gratifiant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Or, les apprentissages fondamentaux de la petite enfance, apprendre à parler, à dessiner, à empiler des cubes, à interagir avec les autres, tout ça, ça demande de l'effort, ça demande de la patience, d'accepter de se tromper, de recommencer.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    Donc le risque, si je comprends bien, c'est que l'enfant s'habitue à cette facilité de l'écran, à cette gratification instantanée.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que du coup, quand il est confronté à des activités qui demandent un effort soutenu, comme à l'école, ça devient beaucoup plus difficile pour lui. Il n'a pas entraîné ce muscle de l'effort.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est comme si on court-circuitait cette phase essentielle d'apprentissage par l'essai, l'erreur, la persévérance. L'enfant risque d'arriver à l'école moins bien préparé, moins outillé pour affronter la nécessité de l'effort.

  • Speaker #0

    Et ce constat, il semble s'amplifier quand on passe à l'école élémentaire, non ? La source parle du cas de Victor, 6 ans, OCP. Son histoire est assez parlante.

  • Speaker #1

    Oui, Victor. C'est un peu l'exemple de l'impact des confinements aussi. Parents, télétravail, isolement, son temps d'écran a explosé. Et les conséquences décrites par le médecin sont assez lourdes.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    On parle de retard intellectuel, mais aussi moteur. Et surtout, de grosses difficultés de comportement. Une concentration quasi nulle, une agitation constante. Et ça, évidemment, ça pèse énormément sur toute la famille. Les parents se sentent démunis.

  • Speaker #0

    Cet exemple de Victor, ce n'est pas un cas isolé, si j'en crois la source. Le docteur Duchesne observe des tendances plus générales en consultation. Est-ce qu'on peut dégager des problèmes récurrents ?

  • Speaker #1

    Oui, elle décrit un ensemble de difficultés qui semblent liées. Au cœur de tout ça, il y aurait une moindre tolérance à la frustration. Une difficulté à gérer ses émotions en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, et comment ça se manifeste ?

  • Speaker #1

    Par une irritabilité plus grande, de l'hyperactivité, des problèmes d'attention bien sûr. et aussi des difficultés dans les relations avec les autres enfants, les amis. C'est comme si la capacité à attendre son tour, à différer un désir, à négocier, était moins développée.

  • Speaker #0

    Et sur les apprentissages scolaires, proprement dit ?

  • Speaker #1

    On retrouve cette histoire d'effort, complètement. Les difficultés touchent le langage, écrit comme oral, les maths, la mémoire, la vitesse de raisonnement, le fil conducteur, ça reste cette habitude du plaisir facile qui rend l'effort nécessaire à l'école particulièrement. Euh, pénible. Presque contre-nature pour ces enfants.

  • Speaker #0

    Toutes ces préoccupations autour du bien-être, de l'anxiété, du sommeil, ça devient tellement prégnant qu'on voit apparaître des outils pour essayer de dépister ça tôt. La source mentionne le BITS test, utilisé dès le CE2.

  • Speaker #1

    Oui, le BITS test. C'est un outil tout simple, quatre petites questions.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    En gros, est-ce que tu te sens harcelé ? Est-ce que tu dors bien ? Est-ce que tu fumes ? Et est-ce que tu te sens stressé à l'école ou à la maison ? C'est rapide, facile à faire passer et ça se développe parce que ça permet de repérer des signes de mal-être.

  • Speaker #0

    Notamment l'anxiété et les problèmes de sommeil, qui toucheraient d'après la source 1 à 2 enfants ou ados sur 10 de façon clinique.

  • Speaker #1

    C'est ça et le lien que fait le docteur Duchesne, attention, c'est une conviction clinique forte basée sur ses observations.

  • Speaker #0

    Pas une preuve scientifique formelle issue de cette seule source.

  • Speaker #1

    Voilà, mais une forte présomption. Elle observe une augmentation très nette des troubles anxieux. on parle de terreur nocturne de pleurs fréquentes, de retraits, d'énurésie, de phobie, même de toxe et des troubles du sommeil. Et pour elle, cette augmentation est clairement liée au mésusage des écrans. Le BITS test aide à mettre en lumière ces problèmes qui explosent en parallèle du temps d'écran.

  • Speaker #0

    Le tableau est quand même assez préoccupant. Mais l'intervention ne s'arrête pas au constat, heureusement. Elle propose des pistes, des repères pratiques. Et l'angle est intéressant. Elle suggère de moins se focaliser sur la durée.

  • Speaker #1

    Oui, que sur les moments où l'enfant est exposé aux écrans. C'est une approche très pragmatique, je trouve.

  • Speaker #0

    Et il y aurait trois moments particulièrement critiques.

  • Speaker #1

    Exactement, trois moments clés. Le premier, et c'est vraiment martelé dans la source comme le message à retenir, c'est le matin, avant de partir à l'école.

  • Speaker #0

    Et la règle, c'est ?

  • Speaker #1

    Zéro écran, aucun. La source est formelle, même cinq petites minutes devant un dessin animé ou un jeu, ça suffirait à annuler tous les bénéfices du sommeil de la nuit.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même, c'est radical.

  • Speaker #1

    C'est radical, mais... Et l'idée derrière, c'est que le cerveau a besoin d'un temps calme pour émerger, pour passer de l'état de sommeil à l'état de veille propice aux apprentissages. N'importe quelle autre activité est préférable. Lire un peu, écouter une histoire, regarder par la fenêtre, prendre son petit déjeuner tranquillement.

  • Speaker #0

    Tréserver cet état mental pour la journée d'école.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Deuxième moment clé, les repas. On a ce chiffre en tête, là, des 60% d'enfants de 2 ans qui mangent avec un écran. L'argument qu'on entend souvent, c'est « oui, mais ils ne regardent pas vraiment » .

  • Speaker #1

    Oui, l'écran est juste allumé en fond sonore. Sauf qu'une étude citée montre le contraire. Des chercheurs ont observé 200 enfants pendant 20 minutes avec une télé allumée. Résultat, en moyenne, leur regard était attiré par l'écran 80 fois.

  • Speaker #0

    80 fois en 20 minutes. Donc oui, ils regardent.

  • Speaker #1

    Ils regardent. Mais au-delà de ça, la source insiste sur l'importance du repas comme moment d'échange. C'est là qu'on parle, qu'on partage sa journée, qu'on renforce les liens. C'est crucial pour le développement du langage, pour le lien affectif. Surtout quand ils grandissent et deviennent ados. L'écran y fait barrage à tout ça.

  • Speaker #0

    Logique. Et le troisième repère, c'est le soir, avant de dormir. Là aussi, j'imagine, c'est...

  • Speaker #1

    Abstinence d'écran recommandé, oui. Pour une raison très physiologique, cette fois.

  • Speaker #0

    La fameuse lumière bleue ?

  • Speaker #1

    Exactement. La lumière émise par les écrans bloque la production de mélatonine. C'est l'hormone qui dit à notre cerveau « ok, c'est l'heure de dormir » . Donc si on regarde un écran le soir, on retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Et on dort moins bien, même une fois endormi ?

  • Speaker #1

    Oui, la qualité du sommeil est altérée, il est moins réparateur. C'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Et comme alternative, le soir, la source suggère quoi ? Des choses simples, j'imagine.

  • Speaker #1

    Très simples. Lire un livre, écouter de la musique douce, discuter calmement, ou même ne rien faire de spécial, s'ennuyer un peu.

  • Speaker #0

    Ah, l'ennui ! C'est intéressant que la source le valorise, parce qu'on a tendance à vouloir le fuir à tout prix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est presque contre-culturel. Mais l'ennui est présenté ici non pas comme un vide angoissant, mais comme un espace nécessaire. Un espace pour que l'imagination se déploie, pour que la créativité émerge, pour le jeu intérieur. Laisser un enfant flotter un peu, sans stimulation externe constante, ça lui permettrait de puiser dans ses propres ressources.

  • Speaker #0

    C'est une perspective intéressante. Donc ces trois moments matin, repas, soir, ce serait un peu la base, le socle à préserver. Mais bon, les enfants grandissent, les défis changent. Qu'en est-il des plus grands en CM1, CM2 ?

  • Speaker #1

    Alors là, effectivement, le paysage se complexifie. L'autonomie augmente, le premier smartphone arrive parfois.

  • Speaker #0

    Oui, l'accès à Internet devient plus personnel, les consoles, YouTube avec des recherches par centre d'intérêt.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les risques évoluent. La source donne l'exemple de Martin, 11 ans.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui lui arrive à Martin ?

  • Speaker #1

    Lui, son truc, c'est de scroller sur son téléphone le soir, dans son lui, pour, dit-il, se vider la tête. Ça part d'une intention, qui peut sembler compréhensible, décompressée après la journée.

  • Speaker #0

    Mais ça dérape.

  • Speaker #1

    Ça dérape complètement. Il entre dans une spirale d'hyperconnexion. Son sommeil est perturbé, il devient anxieux, ses notes chutent, il se désintéresse de ses activités habituelles. Au point qu'un suivi psychologique devient nécessaire.

  • Speaker #0

    Ça montre bien que même un usage qui paraît juste très créatif peut avoir des conséquences lourdes. et qu'il faut être vigilant tôt.

  • Speaker #1

    Oui, cette vigilance précoce est essentielle. Et les chiffres généraux confirment cette immersion croissante. On apprend que 87% des 12-19 ans sont sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    C'est énorme !

  • Speaker #1

    Et ils y passent combien de temps ?

  • Speaker #0

    En moyenne, 2h12 par jour en 2023.

  • Speaker #1

    Et dès 11 ans, les plateformes comme YouTube, Instagram, Snapchat sont déjà très populaires.

  • Speaker #0

    Les scientifiques liés à ces médias sociaux, tels que le docteur Duchesne les observe en cabinet, quels sont les points les plus préoccupants ?

  • Speaker #1

    Alors. Il y a d'abord l'exposition à des contenus qui sont tout simplement inappropriés ou dangereux pour leur âge. Violence, défis stupides, incitations à consommer de l'alcool ou des drogues. D'où l'importance, bien sûr, du contrôle parental technique, mais surtout du dialogue.

  • Speaker #0

    Et ensuite, un risque majeur, le cyberharcèlement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un fléau. Les rumeurs, les moqueries, les humiliations qui circulent en ligne peuvent avoir des effets absolument dévastateurs sur des jeunes qui sont en pleine construction identitaire.

  • Speaker #0

    La source parle aussi d'un phénomène qu'elle appelle la dépression liée à Facebook. C'est quoi exactement ?

  • Speaker #1

    C'est un terme qui vient de certaines recherches. Ça décrit l'apparition de symptômes qui ressemblent à une dépression, l'isolement, une très mauvaise image de soi, des plaintes physiques, des troubles du sommeil, de l'appétit, et qui seraient liés à un temps excessif passé sur les réseaux.

  • Speaker #0

    Et ça peut être couplé aux faux mots, j'ai lu ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, la fear of missing out. Cette angoisse... permanente de rater quelque chose d'important, de fun, qui se passe en ligne sans nous. Ça pousse à vérifier son téléphone compulsivement.

  • Speaker #0

    D'accord, il y a aussi l'influence de la publicité, bien sûr.

  • Speaker #1

    Qui façonne les désirs, les tendances. Et on retrouve toujours l'impact majeur sur le sommeil et l'anxiété. La source rappelle que 70% des 12-19 ans manqueraient de sommeil. C'est énorme.

  • Speaker #0

    Un dernier point, et pas des moindres, l'estime de soi et l'image corporelle. C'est un sujet sensible à cet âge.

  • Speaker #1

    Très sensible. La comparaison permanente avec les vies apparemment parfaites des autres, les corps retouchés, ça peut vraiment miner la confiance en soi. Il y a même une étude un peu paradoxale citée.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Des collégiens se sentaient mieux en regardant leur propre profil Facebook, une image qu'ils maîtrisent, qu'ils idéalisent, qu'en se regardant dans un miroir. Ça peut masquer une vraie fragilité et parfois, malheureusement, contribuer à des troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est complexe. Et d'ailleurs, la source rappelle que la majorité numérique en France est fixé à 15 ans maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, depuis la loi de juillet 2023. Théoriquement, avant 15 ans, il faut l'accord des parents pour s'inscrire sur un réseau social.

  • Speaker #0

    Bon, face à tout ça, ce tableau assez chargé, quelles sont les pistes de solutions proposées ? Le rôle des adultes semble absolument central.

  • Speaker #1

    Indispensable même. Et la toute première étape, suggère la source, c'est peut-être que nous, adultes, on interroge notre propre rapport aux écrans.

  • Speaker #0

    Se regarder un peu soi-même avant de faire la leçon ?

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. Il y a cette anecdote très parlante de la maman qui reçoit une notification sur son téléphone et qui dit à son fils « Non, je ne regarde pas maintenant, je fais quelque chose de beaucoup plus important, je suis avec toi » .

  • Speaker #0

    C'est un choix conscient, une priorisation.

  • Speaker #1

    Exactement, un acte fort. Et la source utilise des phrases qui marquent, du genre « Nos portables ont remplacé nos appareils photos, nos montres, nos réveils, ne les laissons pas remplacer nos familles » .

  • Speaker #0

    C'est Dian Di. Ou encore, le petit enfant... a besoin de liens plutôt que de biens.

  • Speaker #1

    Voilà. Ces phrases, elles visent à nous râper que la gestion des écrans, ce n'est pas juste une question technique, de contrôle parental ou de temps limité. C'est avant tout une question de choix de vie, de valeurs qu'on veut transmettre. C'est notre responsabilité d'adultes de créer un environnement où le lien humain prime.

  • Speaker #0

    Et pour nous aider à structurer cette approche, la source présente un outil, les 5 C de la professeure Claire Ballès. C'est intéressant comme repère.

  • Speaker #1

    Oui, ce sont des balises pour guider l'accompagnement des enfants dans ce monde numérique. Le premier C, c'est la curiosité.

  • Speaker #0

    La curiosité, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    S'intéresser sincèrement, sans jugement a priori, à ce que l'enfant fait en ligne. Qu'est-ce qui l'attire ? Qu'est-ce qu'il y trouve ? Qu'est-ce qui le passionne ou l'inquiète ? C'est la base pour ouvrir le dialogue.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, la curiosité ?

  • Speaker #1

    Le deuxième C, la confiance. Elle ne s'impose pas, elle se construit petit à petit. Justement, grâce à ce dialogue ouvert, basé sur la curiosité. C'est cette confiance qui fera que l'enfant osera venir nous parler, s'il rencontre un problème, s'il voit quelque chose qui le choque.

  • Speaker #0

    Logique. Ce qui mène au troisième C, la conversation.

  • Speaker #1

    Exactement. Il ne s'agit pas de vouloir tout savoir, de fliquer, l'enfant a droit à son jardin secret, mais de créer un climat où il se sent en sécurité pour nous inviter parfois, dans son monde numérique, sans craindre une réaction de panique ou une interdiction brutale.

  • Speaker #0

    Très important. Le quatrième C, c'est le cadre. Là, on revient aux règles.

  • Speaker #1

    Indispensable, le cadre. Il faut des règles claires, adaptées à l'âge, quand on peut utiliser les écrans, combien de temps, où et pour faire quoi. Mais le point crucial ici, c'est l'exemplarité de l'adulte.

  • Speaker #0

    Ah oui, difficile d'imposer des limites si on est soi-même scotché à son téléphone.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. L'adulte doit montrer qu'il est aussi capable de se déconnecter, de poser son téléphone, pour être... vraiment présents. Et enfin, le cinquième C, la clairvoyance. Aider l'enfant à développer son esprit critique, à comprendre que les plateformes, les jeux, les réseaux sociaux ont leurs propres intérêts, souvent commerciaux, qui ne sont pas forcément les siens. C'est là qu'intervient la fameuse phrase « si c'est gratuit,

  • Speaker #0

    c'est toi le produit » .

  • Speaker #1

    Voilà, comprendre un peu les mécanismes qui sont en jeu derrière l'écran.

  • Speaker #0

    Et cette idée de clairvoyance, de comprendre pourquoi on fait les choses. Ça nous amène à une autre notion évoquée, l'intentionnalité de l'usage.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une idée intéressante. Un usage intentionnel, c'est-à-dire prendre son téléphone avec un but précis, chercher une info, contacter quelqu'un, regarder une vidéo qu'on a choisie, cet usage-là serait plus positif, moins aliénant.

  • Speaker #0

    Que le scrolling passif, celui où on erre sans but, juste pour tuer le temps ou par habitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Prendre conscience du pourquoi on se connecte à un instant. quelle est notre intention réelle, ça pourrait être une clé pour un usage plus maîtrisé et plus satisfaisant.

  • Speaker #0

    Donc si on essaye de synthétiser un peu tout ce qu'on a exploré à partir des notes de cette médecin, le message fort qui se dégage, c'est que reprendre un certain contrôle sur les écrans, ce n'est pas tant se priver de quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est plutôt une reconquête, une reconquête de temps, d'attention, d'énergie pour des choses qui ont peut-être plus de valeur intrinsèque, le développement personnel, le sommeil. Les relations humaines, la créativité, le jeu, même l'ennui fécond dont on parlait.

  • Speaker #0

    C'est prendre soin de l'humain, en fait, chez les enfants, mais aussi en nous et dans nos familles. La source conclut joliment sur cette idée, redevenir pleinement humain.

  • Speaker #1

    C'est une belle conclusion.

  • Speaker #0

    Et pour laisser une dernière piste de réflexion à ceux qui nous écoutent, peut-être que cette notion d'intentionnalité, c'est la plus universelle finalement. Au-delà de compter les minutes ou d'appliquer des règles strictes, Si la véritable compétence à cultiver, pour nous adultes comme pour les plus jeunes, c'était cette capacité à faire une pause, juste avant de saisir l'appareil, et à se demander « Pourquoi je fais ça, là, maintenant ? Quelle est mon intention ? »

  • Speaker #1

    C'est une question puissante.

  • Speaker #0

    Est-ce que cette simple question posée régulièrement ne serait pas le meilleur garde-fou contre ce risque évoqué par la source de « gaspiller sa vie en défilement passif et un peu vide » ? Voilà, je laisse cette question ouverte. Matière à réflexion.

Description

Dans cet épisode, on part d’une observation clinique frappante de la Dr Claire Duchesne : dans les transports, les regards des tout-petits croisent de moins en moins ceux des adultes… pris par leurs écrans. Sans jugement, on explore l’impact des écrans (smartphone, TV, tablette, YouTube) sur les apprentissages et le développement — de la maternelle au CM2 : tolérance à la frustration, attention, sommeil, langage, motricité, relations sociales.
On parle aussi des « 3 moments critiques » (matin avant l’école, repas, soir) et d’outils concrets : contrôle du contexte plutôt que du seul temps d’écran, 5 C de la professeure Claire Ballès (Curiosité, Confiance, Conversation, Cadre, Clairvoyance), et la boussole de l’intentionnalité (usage choisi vs scrolling passif).
Objectif : aider chaque famille à (re)prendre le contrôle, sans culpabiliser, pour protéger le sommeil, l’attention et le lien.
→ À la fin, une question simple à se poser avant d’allumer l’écran : « Pourquoi maintenant ? Quelle est mon intention ? »


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour, aujourd'hui on va explorer un sujet qui nous touche tous de près ou de loin, l'impact des écrans sur nos enfants.

  • Speaker #1

    Oui, un sujet omniprésent.

  • Speaker #0

    Exactement, et notre point de départ c'est une intervention très intéressante d'une médecin généraliste, le docteur Claire Duchesne. Elle a partagé une observation assez frappante.

  • Speaker #1

    Ah oui ? Laquelle ?

  • Speaker #0

    Elle remarquait que dans les transports en commun, par exemple, les regards des tout-petits ne croisent presque plus ceux des adultes. Pourquoi ? Parce que nous-mêmes, adultes, on est souvent captivés par nos propres écrans.

  • Speaker #1

    C'est une image forte, effectivement. Et ce qui est important, je crois, c'est de souligner l'approche de cette médecin. Elle ne cherche pas à juger.

  • Speaker #0

    Non, pas du tout.

  • Speaker #1

    Elle reconnaît que chaque famille a sa réalité, ses contraintes. Son but, c'est plutôt d'informer, d'analyser l'impact de ces fameux écrans. ... Alors ça comprend tout, smartphone, télé, tablette, YouTube.

  • Speaker #0

    Oui, tout ce qui a un écran en gros.

  • Speaker #1

    Voilà. Analyser leur impact sur les apprentissages des enfants, que ce soit à la maternelle ou en élémentaire, et elle aborde ça comme un véritable enjeu de santé publique.

  • Speaker #0

    D'accord. Donc notre objectif ici, c'est d'explorer ensemble ces constats, les risques qu'elles soulèvent, mais aussi et surtout les pistes, les recommandations pratiques qu'elles proposent, pour aider chacun à y voir plus clair.

  • Speaker #1

    C'est ça. pour mieux naviguer dans cet environnement numérique.

  • Speaker #0

    Alors commençons par les plus jeunes, les enfants en maternelle. Il y a des chiffres qui sont cités qui interpellent quand même pas mal.

  • Speaker #1

    Oui, des chiffres de l'Académie de médecine. Par exemple, 83% des enfants de 2 ans regarderaient la télévision. C'est énorme.

  • Speaker #0

    4 enfants sur 5, quasiment.

  • Speaker #1

    Voilà. Et un autre chiffre qui m'a particulièrement marqué. 60% de ces mêmes enfants de 2 ans mangeraient devant un écran.

  • Speaker #0

    Pendant les repas ?

  • Speaker #1

    Pendant les repas. quand on sait l'importance de ce moment. Et ça contraste fortement avec les recommandations officielles.

  • Speaker #0

    Ah oui, parce que Santé publique France est très claire là-dessus. C'est zéro écran avant 3 ans, et ensuite entre 3 et 5 ans, il faut limiter très fortement.

  • Speaker #1

    La source mentionne même une précision, zéro écran pendant les repas, et ce jusqu'à 6 ans.

  • Speaker #0

    Pourtant, la réalité semble bien différente. Une étude de 2023 montrait que les moins de 3 ans passaient en moyenne 2h30 par jour devant un écran.

  • Speaker #1

    2h30 ? C'est considérable à cet âge-là. Ça pose forcément la question de l'impact sur leur développement, sur leurs tout premiers apprentissages.

  • Speaker #0

    Justement, la source donne une anecdote pour illustrer ça. Une petite fille, Léa, 4 ans.

  • Speaker #1

    Oui, Léa, elle est capable de faire un bateau magnifique sur une tablette, très facilement. Mais quand on lui donne une feuille, des crayons, et qu'on lui demande de dessiner ce même bateau...

  • Speaker #0

    Là, c'est plus compliqué.

  • Speaker #1

    Bah, c'est la catastrophe. Elle est frustrée, ses traits ne sont pas assurés du tout, elle dépasse en coloriant. C'est comme si l'habilité numérique ne se transférait pas aux gestes graphiques réels.

  • Speaker #0

    C'est fascinant ça. Ça veut dire que ce qu'on apprend sur l'écran, ça reste un peu virtuel.

  • Speaker #1

    Quelle explication donne le docteur Duchesne à ça ? Qu'est-ce qui se passe au fond ?

  • Speaker #0

    Alors, le mécanisme qu'elle met en avant, c'est celui de la rentabilité, effort, plaisir. Rentabilité, effort, plaisir.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    L'écran, ça offre une satisfaction immédiate, un plaisir maximal. Pour un effort qui est minime, voire inexistant, on tapote, on glisse et hop, il se passe quelque chose de gratifiant.

  • Speaker #1

    D'accord.

  • Speaker #0

    Or, les apprentissages fondamentaux de la petite enfance, apprendre à parler, à dessiner, à empiler des cubes, à interagir avec les autres, tout ça, ça demande de l'effort, ça demande de la patience, d'accepter de se tromper, de recommencer.

  • Speaker #1

    Je vois.

  • Speaker #0

    Donc le risque, si je comprends bien, c'est que l'enfant s'habitue à cette facilité de l'écran, à cette gratification instantanée.

  • Speaker #1

    Exactement.

  • Speaker #0

    Et que du coup, quand il est confronté à des activités qui demandent un effort soutenu, comme à l'école, ça devient beaucoup plus difficile pour lui. Il n'a pas entraîné ce muscle de l'effort.

  • Speaker #1

    C'est tout à fait ça. C'est comme si on court-circuitait cette phase essentielle d'apprentissage par l'essai, l'erreur, la persévérance. L'enfant risque d'arriver à l'école moins bien préparé, moins outillé pour affronter la nécessité de l'effort.

  • Speaker #0

    Et ce constat, il semble s'amplifier quand on passe à l'école élémentaire, non ? La source parle du cas de Victor, 6 ans, OCP. Son histoire est assez parlante.

  • Speaker #1

    Oui, Victor. C'est un peu l'exemple de l'impact des confinements aussi. Parents, télétravail, isolement, son temps d'écran a explosé. Et les conséquences décrites par le médecin sont assez lourdes.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    On parle de retard intellectuel, mais aussi moteur. Et surtout, de grosses difficultés de comportement. Une concentration quasi nulle, une agitation constante. Et ça, évidemment, ça pèse énormément sur toute la famille. Les parents se sentent démunis.

  • Speaker #0

    Cet exemple de Victor, ce n'est pas un cas isolé, si j'en crois la source. Le docteur Duchesne observe des tendances plus générales en consultation. Est-ce qu'on peut dégager des problèmes récurrents ?

  • Speaker #1

    Oui, elle décrit un ensemble de difficultés qui semblent liées. Au cœur de tout ça, il y aurait une moindre tolérance à la frustration. Une difficulté à gérer ses émotions en fait.

  • Speaker #0

    D'accord, et comment ça se manifeste ?

  • Speaker #1

    Par une irritabilité plus grande, de l'hyperactivité, des problèmes d'attention bien sûr. et aussi des difficultés dans les relations avec les autres enfants, les amis. C'est comme si la capacité à attendre son tour, à différer un désir, à négocier, était moins développée.

  • Speaker #0

    Et sur les apprentissages scolaires, proprement dit ?

  • Speaker #1

    On retrouve cette histoire d'effort, complètement. Les difficultés touchent le langage, écrit comme oral, les maths, la mémoire, la vitesse de raisonnement, le fil conducteur, ça reste cette habitude du plaisir facile qui rend l'effort nécessaire à l'école particulièrement. Euh, pénible. Presque contre-nature pour ces enfants.

  • Speaker #0

    Toutes ces préoccupations autour du bien-être, de l'anxiété, du sommeil, ça devient tellement prégnant qu'on voit apparaître des outils pour essayer de dépister ça tôt. La source mentionne le BITS test, utilisé dès le CE2.

  • Speaker #1

    Oui, le BITS test. C'est un outil tout simple, quatre petites questions.

  • Speaker #0

    Lesquelles ?

  • Speaker #1

    En gros, est-ce que tu te sens harcelé ? Est-ce que tu dors bien ? Est-ce que tu fumes ? Et est-ce que tu te sens stressé à l'école ou à la maison ? C'est rapide, facile à faire passer et ça se développe parce que ça permet de repérer des signes de mal-être.

  • Speaker #0

    Notamment l'anxiété et les problèmes de sommeil, qui toucheraient d'après la source 1 à 2 enfants ou ados sur 10 de façon clinique.

  • Speaker #1

    C'est ça et le lien que fait le docteur Duchesne, attention, c'est une conviction clinique forte basée sur ses observations.

  • Speaker #0

    Pas une preuve scientifique formelle issue de cette seule source.

  • Speaker #1

    Voilà, mais une forte présomption. Elle observe une augmentation très nette des troubles anxieux. on parle de terreur nocturne de pleurs fréquentes, de retraits, d'énurésie, de phobie, même de toxe et des troubles du sommeil. Et pour elle, cette augmentation est clairement liée au mésusage des écrans. Le BITS test aide à mettre en lumière ces problèmes qui explosent en parallèle du temps d'écran.

  • Speaker #0

    Le tableau est quand même assez préoccupant. Mais l'intervention ne s'arrête pas au constat, heureusement. Elle propose des pistes, des repères pratiques. Et l'angle est intéressant. Elle suggère de moins se focaliser sur la durée.

  • Speaker #1

    Oui, que sur les moments où l'enfant est exposé aux écrans. C'est une approche très pragmatique, je trouve.

  • Speaker #0

    Et il y aurait trois moments particulièrement critiques.

  • Speaker #1

    Exactement, trois moments clés. Le premier, et c'est vraiment martelé dans la source comme le message à retenir, c'est le matin, avant de partir à l'école.

  • Speaker #0

    Et la règle, c'est ?

  • Speaker #1

    Zéro écran, aucun. La source est formelle, même cinq petites minutes devant un dessin animé ou un jeu, ça suffirait à annuler tous les bénéfices du sommeil de la nuit.

  • Speaker #0

    Ah oui, quand même, c'est radical.

  • Speaker #1

    C'est radical, mais... Et l'idée derrière, c'est que le cerveau a besoin d'un temps calme pour émerger, pour passer de l'état de sommeil à l'état de veille propice aux apprentissages. N'importe quelle autre activité est préférable. Lire un peu, écouter une histoire, regarder par la fenêtre, prendre son petit déjeuner tranquillement.

  • Speaker #0

    Tréserver cet état mental pour la journée d'école.

  • Speaker #1

    C'est ça.

  • Speaker #0

    Deuxième moment clé, les repas. On a ce chiffre en tête, là, des 60% d'enfants de 2 ans qui mangent avec un écran. L'argument qu'on entend souvent, c'est « oui, mais ils ne regardent pas vraiment » .

  • Speaker #1

    Oui, l'écran est juste allumé en fond sonore. Sauf qu'une étude citée montre le contraire. Des chercheurs ont observé 200 enfants pendant 20 minutes avec une télé allumée. Résultat, en moyenne, leur regard était attiré par l'écran 80 fois.

  • Speaker #0

    80 fois en 20 minutes. Donc oui, ils regardent.

  • Speaker #1

    Ils regardent. Mais au-delà de ça, la source insiste sur l'importance du repas comme moment d'échange. C'est là qu'on parle, qu'on partage sa journée, qu'on renforce les liens. C'est crucial pour le développement du langage, pour le lien affectif. Surtout quand ils grandissent et deviennent ados. L'écran y fait barrage à tout ça.

  • Speaker #0

    Logique. Et le troisième repère, c'est le soir, avant de dormir. Là aussi, j'imagine, c'est...

  • Speaker #1

    Abstinence d'écran recommandé, oui. Pour une raison très physiologique, cette fois.

  • Speaker #0

    La fameuse lumière bleue ?

  • Speaker #1

    Exactement. La lumière émise par les écrans bloque la production de mélatonine. C'est l'hormone qui dit à notre cerveau « ok, c'est l'heure de dormir » . Donc si on regarde un écran le soir, on retarde l'endormissement.

  • Speaker #0

    Et on dort moins bien, même une fois endormi ?

  • Speaker #1

    Oui, la qualité du sommeil est altérée, il est moins réparateur. C'est un cercle vicieux.

  • Speaker #0

    Et comme alternative, le soir, la source suggère quoi ? Des choses simples, j'imagine.

  • Speaker #1

    Très simples. Lire un livre, écouter de la musique douce, discuter calmement, ou même ne rien faire de spécial, s'ennuyer un peu.

  • Speaker #0

    Ah, l'ennui ! C'est intéressant que la source le valorise, parce qu'on a tendance à vouloir le fuir à tout prix aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Oui, c'est presque contre-culturel. Mais l'ennui est présenté ici non pas comme un vide angoissant, mais comme un espace nécessaire. Un espace pour que l'imagination se déploie, pour que la créativité émerge, pour le jeu intérieur. Laisser un enfant flotter un peu, sans stimulation externe constante, ça lui permettrait de puiser dans ses propres ressources.

  • Speaker #0

    C'est une perspective intéressante. Donc ces trois moments matin, repas, soir, ce serait un peu la base, le socle à préserver. Mais bon, les enfants grandissent, les défis changent. Qu'en est-il des plus grands en CM1, CM2 ?

  • Speaker #1

    Alors là, effectivement, le paysage se complexifie. L'autonomie augmente, le premier smartphone arrive parfois.

  • Speaker #0

    Oui, l'accès à Internet devient plus personnel, les consoles, YouTube avec des recherches par centre d'intérêt.

  • Speaker #1

    Tout à fait. Et les risques évoluent. La source donne l'exemple de Martin, 11 ans.

  • Speaker #0

    Qu'est-ce qui lui arrive à Martin ?

  • Speaker #1

    Lui, son truc, c'est de scroller sur son téléphone le soir, dans son lui, pour, dit-il, se vider la tête. Ça part d'une intention, qui peut sembler compréhensible, décompressée après la journée.

  • Speaker #0

    Mais ça dérape.

  • Speaker #1

    Ça dérape complètement. Il entre dans une spirale d'hyperconnexion. Son sommeil est perturbé, il devient anxieux, ses notes chutent, il se désintéresse de ses activités habituelles. Au point qu'un suivi psychologique devient nécessaire.

  • Speaker #0

    Ça montre bien que même un usage qui paraît juste très créatif peut avoir des conséquences lourdes. et qu'il faut être vigilant tôt.

  • Speaker #1

    Oui, cette vigilance précoce est essentielle. Et les chiffres généraux confirment cette immersion croissante. On apprend que 87% des 12-19 ans sont sur les réseaux sociaux.

  • Speaker #0

    C'est énorme !

  • Speaker #1

    Et ils y passent combien de temps ?

  • Speaker #0

    En moyenne, 2h12 par jour en 2023.

  • Speaker #1

    Et dès 11 ans, les plateformes comme YouTube, Instagram, Snapchat sont déjà très populaires.

  • Speaker #0

    Les scientifiques liés à ces médias sociaux, tels que le docteur Duchesne les observe en cabinet, quels sont les points les plus préoccupants ?

  • Speaker #1

    Alors. Il y a d'abord l'exposition à des contenus qui sont tout simplement inappropriés ou dangereux pour leur âge. Violence, défis stupides, incitations à consommer de l'alcool ou des drogues. D'où l'importance, bien sûr, du contrôle parental technique, mais surtout du dialogue.

  • Speaker #0

    Et ensuite, un risque majeur, le cyberharcèlement.

  • Speaker #1

    Oui, c'est un fléau. Les rumeurs, les moqueries, les humiliations qui circulent en ligne peuvent avoir des effets absolument dévastateurs sur des jeunes qui sont en pleine construction identitaire.

  • Speaker #0

    La source parle aussi d'un phénomène qu'elle appelle la dépression liée à Facebook. C'est quoi exactement ?

  • Speaker #1

    C'est un terme qui vient de certaines recherches. Ça décrit l'apparition de symptômes qui ressemblent à une dépression, l'isolement, une très mauvaise image de soi, des plaintes physiques, des troubles du sommeil, de l'appétit, et qui seraient liés à un temps excessif passé sur les réseaux.

  • Speaker #0

    Et ça peut être couplé aux faux mots, j'ai lu ça aussi.

  • Speaker #1

    Oui, la fear of missing out. Cette angoisse... permanente de rater quelque chose d'important, de fun, qui se passe en ligne sans nous. Ça pousse à vérifier son téléphone compulsivement.

  • Speaker #0

    D'accord, il y a aussi l'influence de la publicité, bien sûr.

  • Speaker #1

    Qui façonne les désirs, les tendances. Et on retrouve toujours l'impact majeur sur le sommeil et l'anxiété. La source rappelle que 70% des 12-19 ans manqueraient de sommeil. C'est énorme.

  • Speaker #0

    Un dernier point, et pas des moindres, l'estime de soi et l'image corporelle. C'est un sujet sensible à cet âge.

  • Speaker #1

    Très sensible. La comparaison permanente avec les vies apparemment parfaites des autres, les corps retouchés, ça peut vraiment miner la confiance en soi. Il y a même une étude un peu paradoxale citée.

  • Speaker #0

    Ah oui ?

  • Speaker #1

    Des collégiens se sentaient mieux en regardant leur propre profil Facebook, une image qu'ils maîtrisent, qu'ils idéalisent, qu'en se regardant dans un miroir. Ça peut masquer une vraie fragilité et parfois, malheureusement, contribuer à des troubles du comportement alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est complexe. Et d'ailleurs, la source rappelle que la majorité numérique en France est fixé à 15 ans maintenant.

  • Speaker #1

    Oui, depuis la loi de juillet 2023. Théoriquement, avant 15 ans, il faut l'accord des parents pour s'inscrire sur un réseau social.

  • Speaker #0

    Bon, face à tout ça, ce tableau assez chargé, quelles sont les pistes de solutions proposées ? Le rôle des adultes semble absolument central.

  • Speaker #1

    Indispensable même. Et la toute première étape, suggère la source, c'est peut-être que nous, adultes, on interroge notre propre rapport aux écrans.

  • Speaker #0

    Se regarder un peu soi-même avant de faire la leçon ?

  • Speaker #1

    C'est un peu ça, oui. Il y a cette anecdote très parlante de la maman qui reçoit une notification sur son téléphone et qui dit à son fils « Non, je ne regarde pas maintenant, je fais quelque chose de beaucoup plus important, je suis avec toi » .

  • Speaker #0

    C'est un choix conscient, une priorisation.

  • Speaker #1

    Exactement, un acte fort. Et la source utilise des phrases qui marquent, du genre « Nos portables ont remplacé nos appareils photos, nos montres, nos réveils, ne les laissons pas remplacer nos familles » .

  • Speaker #0

    C'est Dian Di. Ou encore, le petit enfant... a besoin de liens plutôt que de biens.

  • Speaker #1

    Voilà. Ces phrases, elles visent à nous râper que la gestion des écrans, ce n'est pas juste une question technique, de contrôle parental ou de temps limité. C'est avant tout une question de choix de vie, de valeurs qu'on veut transmettre. C'est notre responsabilité d'adultes de créer un environnement où le lien humain prime.

  • Speaker #0

    Et pour nous aider à structurer cette approche, la source présente un outil, les 5 C de la professeure Claire Ballès. C'est intéressant comme repère.

  • Speaker #1

    Oui, ce sont des balises pour guider l'accompagnement des enfants dans ce monde numérique. Le premier C, c'est la curiosité.

  • Speaker #0

    La curiosité, c'est-à-dire ?

  • Speaker #1

    S'intéresser sincèrement, sans jugement a priori, à ce que l'enfant fait en ligne. Qu'est-ce qui l'attire ? Qu'est-ce qu'il y trouve ? Qu'est-ce qui le passionne ou l'inquiète ? C'est la base pour ouvrir le dialogue.

  • Speaker #0

    D'accord. Et après, la curiosité ?

  • Speaker #1

    Le deuxième C, la confiance. Elle ne s'impose pas, elle se construit petit à petit. Justement, grâce à ce dialogue ouvert, basé sur la curiosité. C'est cette confiance qui fera que l'enfant osera venir nous parler, s'il rencontre un problème, s'il voit quelque chose qui le choque.

  • Speaker #0

    Logique. Ce qui mène au troisième C, la conversation.

  • Speaker #1

    Exactement. Il ne s'agit pas de vouloir tout savoir, de fliquer, l'enfant a droit à son jardin secret, mais de créer un climat où il se sent en sécurité pour nous inviter parfois, dans son monde numérique, sans craindre une réaction de panique ou une interdiction brutale.

  • Speaker #0

    Très important. Le quatrième C, c'est le cadre. Là, on revient aux règles.

  • Speaker #1

    Indispensable, le cadre. Il faut des règles claires, adaptées à l'âge, quand on peut utiliser les écrans, combien de temps, où et pour faire quoi. Mais le point crucial ici, c'est l'exemplarité de l'adulte.

  • Speaker #0

    Ah oui, difficile d'imposer des limites si on est soi-même scotché à son téléphone.

  • Speaker #1

    C'est exactement ça. L'adulte doit montrer qu'il est aussi capable de se déconnecter, de poser son téléphone, pour être... vraiment présents. Et enfin, le cinquième C, la clairvoyance. Aider l'enfant à développer son esprit critique, à comprendre que les plateformes, les jeux, les réseaux sociaux ont leurs propres intérêts, souvent commerciaux, qui ne sont pas forcément les siens. C'est là qu'intervient la fameuse phrase « si c'est gratuit,

  • Speaker #0

    c'est toi le produit » .

  • Speaker #1

    Voilà, comprendre un peu les mécanismes qui sont en jeu derrière l'écran.

  • Speaker #0

    Et cette idée de clairvoyance, de comprendre pourquoi on fait les choses. Ça nous amène à une autre notion évoquée, l'intentionnalité de l'usage.

  • Speaker #1

    Tout à fait. C'est une idée intéressante. Un usage intentionnel, c'est-à-dire prendre son téléphone avec un but précis, chercher une info, contacter quelqu'un, regarder une vidéo qu'on a choisie, cet usage-là serait plus positif, moins aliénant.

  • Speaker #0

    Que le scrolling passif, celui où on erre sans but, juste pour tuer le temps ou par habitude.

  • Speaker #1

    Exactement. Prendre conscience du pourquoi on se connecte à un instant. quelle est notre intention réelle, ça pourrait être une clé pour un usage plus maîtrisé et plus satisfaisant.

  • Speaker #0

    Donc si on essaye de synthétiser un peu tout ce qu'on a exploré à partir des notes de cette médecin, le message fort qui se dégage, c'est que reprendre un certain contrôle sur les écrans, ce n'est pas tant se priver de quelque chose.

  • Speaker #1

    C'est plutôt une reconquête, une reconquête de temps, d'attention, d'énergie pour des choses qui ont peut-être plus de valeur intrinsèque, le développement personnel, le sommeil. Les relations humaines, la créativité, le jeu, même l'ennui fécond dont on parlait.

  • Speaker #0

    C'est prendre soin de l'humain, en fait, chez les enfants, mais aussi en nous et dans nos familles. La source conclut joliment sur cette idée, redevenir pleinement humain.

  • Speaker #1

    C'est une belle conclusion.

  • Speaker #0

    Et pour laisser une dernière piste de réflexion à ceux qui nous écoutent, peut-être que cette notion d'intentionnalité, c'est la plus universelle finalement. Au-delà de compter les minutes ou d'appliquer des règles strictes, Si la véritable compétence à cultiver, pour nous adultes comme pour les plus jeunes, c'était cette capacité à faire une pause, juste avant de saisir l'appareil, et à se demander « Pourquoi je fais ça, là, maintenant ? Quelle est mon intention ? »

  • Speaker #1

    C'est une question puissante.

  • Speaker #0

    Est-ce que cette simple question posée régulièrement ne serait pas le meilleur garde-fou contre ce risque évoqué par la source de « gaspiller sa vie en défilement passif et un peu vide » ? Voilà, je laisse cette question ouverte. Matière à réflexion.

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