- Speaker #0
Détendez-vous. C'est normal d'avoir mal. . Bonjour, je suis Amandine Mousset et je vous accueille sur le podcast So Over It qui vous parle de santé des femmes et de leur parcours de soins. Vous entendrez ici des professionnels de santé et du soin, avec qui on parlera de thématiques souvent invisibles dans la société. Par ces échanges, j'espère que vous vous sentirez informés, confiantes,
- Speaker #1
déculpabilisés et rassurés pour pouvoir avancer sereinement dans votre parcours de santé,
- Speaker #0
qu'elle soit physique, psychique ou sociale, et y trouver les soins que vous méritez.
- Speaker #1
Vous n'êtes pas seul,
- Speaker #0
ici il n'y a aucun tabou.
- Speaker #1
Bienvenue dans cet épisode de So Over It, le podcast qui donne corps à la santé des femmes. Aujourd'hui, on aborde un sujet à la fois intime et universel, les douleurs pendant les rapports sexuels. Vulvodynie, dyspareunie, vaginisme, ces mots sont encore largement méconnus, alors que 8 à 22% des femmes souffrent de douleurs lors des rapports pénétratifs. Pourtant, combien de fois ce sujet est-il abordé en consultation médicale ? Comment peut-on soulager ce qu'on ne peut pas nommer ? Pour ouvrir la parole et offrir des clés de compréhension et de soin, J'ai le plaisir d'accueillir aujourd'hui Chloé Dacruz, kinésithérapeute spécialisée en pelvipérinéologie, sexologue et autrice de Loft à Vulve. Avec elle, nous allons explorer les différentes causes de ces douleurs, comprendre en quoi le périnée joue un rôle central, et surtout rappeler ceci. Non, ce n'est pas normal d'avoir mal. Et oui, on peut et on doit consulter. Chloé, bienvenue. Je suis trop contente que tu nous rejoignes sur Soverit.
- Speaker #0
Merci beaucoup. Moi aussi, je suis trop contente d'être là.
- Speaker #1
Je suis hyper heureuse qu'on parle de ce sujet aujourd'hui, je sais que tu en parles largement sur les réseaux sociaux, c'est comme ça que je t'ai connue, et c'est hyper important parce qu'on en parle très peu. Déjà la douleur féminine est un grand tabou, mais alors en plus les douleurs intimes, sexuelles, c'est encore plus tabou. On mélange l'anatomie féminine et la sexualité féminine, donc c'est hyper compliqué d'en parler. Et donc aujourd'hui on va pouvoir aborder plein de choses ensemble. Et je voulais qu'on puisse un peu en savoir un peu plus sur toi, ton parcours et ce qui t'a amené à travailler. sur ces sujets-là ?
- Speaker #0
Avec plaisir. Alors, moi, je m'appelle Chloé Dacruz. Je suis kinésithérapeute et sexologue clinicienne. Je suis l'autrice du livre « Love, ta vulve, retrouver une sexualité sans douleur » qui est paru l'année dernière chez Hachette. Et je crée aussi du contenu sur Instagram depuis quelques années sur un compte qui s'appelle « Love, ta vulve » où je parle justement de comment retrouver une sexualité sans douleur, essayer de se soigner du vaginisme et des douleurs pendant les rapports. Ce qui s'est passé, c'est qu'en fait, je me suis spécialisée très progressivement dans le soin des douleurs vulvaires et périnéales qui concernaient les troubles sexuels féminins. C'est-à-dire que je m'occupe des personnes qui ont des douleurs pendant les rapports, ce qu'on appelle les dyspareunies, des personnes qui souffrent de vaginisme, et aussi d'autres douleurs de la vulve et du périnée, comme les vulvodynies, qui sont des hypersensibilités vulvaires, dont on parlera un petit peu après. Et en fait, au départ, j'étais formée de manière assez générale, j'ai fait de la kiné classique. J'ai fait une formation de périnéo en me disant que ça allait peut-être me servir un jour. Et ce qui s'est passé, c'est qu'au fur et à mesure, ça m'a de plus en plus plu. Mais non seulement ça, c'est que je suis tombée sur des femmes qui souffraient de douleurs au toucher pelvien ou carrément qui n'étaient pas à l'aise. Je l'ai senti, mais je ne connaissais rien du tout sur ces sujets-là à l'époque. Parce que la formation classique de périnéo, c'était vraiment autour des troubles urinaires et du postpartum. Donc pas du tout sur les douleurs. Moi, je n'y connaissais vraiment rien. Et finalement, je suis tombée dans un cabinet où j'ai travaillé dans le 11e arrondissement à Paris. Et les filles étaient spécialisées, mes collègues, sur ces troubles-là. Donc grâce à leurs conseils et surtout grâce à mes patientes, je me suis formée progressivement, en vrai un peu sur le tas, même si après j'ai fait des formations complémentaires. Et en m'occupant d'elles, en me renseignant, en réfléchissant par moi-même comment les aider. Et encore une fois, avec des conseils de Sidola, je me suis vraiment spécialisée sur ces sujets-là. Et aujourd'hui, je travaille uniquement en cabinet et je m'occupe de soigner les femmes et les personnes avec une vulve en rééducation du périnée pour leur faire conscientiser et surtout leur faire prendre conscience et relâcher leur périnée et être plus à l'aise dans leur sexualité en passant par le sang de leur douleur.
- Speaker #1
Et oui, parce qu'en fait, ce qui est assez dingue, c'est que dans les cursus classiques, déjà l'anatomie féminine ne fait pas partie du cursus général. C'est vraiment une volonté de se spécialiser sur tout ce qui est périnée. Et en plus, on est très orienté postpartum, périnatalité, quand on parle de périnée, et on parle assez peu de périnée dans d'autres cadres. Et dans la vie des femmes, c'est d'ailleurs, c'est vrai, c'est souvent le moment où on entend parler de son périnée pour la première fois, c'est la grossesse avec la peur de la déchirure, la peur de l'épisio, et puis après, la peur de ne plus avoir de continence. Et donc du coup, c'est une volonté individuelle des soignants de vraiment se spécialiser sur ces sujets-là.
- Speaker #0
Exactement, et puis moi, j'aime beaucoup travailler sur ces sujets-là. avec eux. En vrai, je ne savais même pas que je voulais faire de la rééducation dans ma vie, et encore moins de la rééducation du périnée, mais c'est un sujet qui porte, c'est un sujet qui est important, parce qu'il y a peu de personnes qui connaissent tous ces troubles-là, et plus on en parle, plus les personnes ont aussi envie de se faire soigner, et quand j'espère qu'elles entendent des personnes qui en parlent avec bienveillance, ça les pousse à consulter, parce que la douleur, ce n'est pas normal, normaliser la douleur, ce n'est pas bon pour le corps, puisque la douleur n'est pas bonne pour le cerveau. Ni pour rien du tout d'ailleurs. Et c'est important de savoir qu'il y a des solutions et que parfois rencontrer une personne peut permettre d'en rencontrer d'autres qui sont spécialisées, qui connaissent. Donc voilà, moi, via mon Instagram, j'essaye de pousser les personnes à consulter pour qu'elles puissent se soigner et bénéficier d'une vie comme tout le monde et d'avoir une sexualité qui leur convient, une sexualité qu'elles choisissent et surtout pour leur plaisir, sans se forcer pour les autres ou pour... pour être dans les normes de la société.
- Speaker #1
Oui, parce qu'en fait, c'est aussi un autre sujet, c'est de se rendre compte que ce n'est pas normal d'avoir mal pendant les rapports. Pour beaucoup de femmes, c'est ce qu'elles ont toujours expérimenté. Et donc, ça paraît comme étant un classique du rapport, de « ça fait un peu mal » . D'ailleurs, on parle souvent du premier rapport, genre « bah, t'auras un peu mal » , « c'est nier, nanana » , tous ces mythes-là. Et donc, du coup, on intègre que le rapport peut être douloureux. Et ça met du temps avant de prendre conscience que ce n'est pas normal, parce que c'est extrêmement tabou, donc personne n'en parle. À ton avis, pourquoi ça reste tabou ?
- Speaker #0
Déjà, je tiens à souligner que ce qui est terrible dans le fait de dire que les premiers rapports sont douloureux, c'est qu'après, on se dit que c'est normal que ce soit douloureux. Moi, j'ai beaucoup de patientes qui viennent me voir après des années de rapports douloureux parce qu'elles se sont dit que c'était normal, parce que peut-être elles avaient un petit vagin, parce que... Parce que j'en sais rien, mais c'est vrai que les rapports font mal, les règles font mal, tout fait mal. À un moment, si la douleur, c'est normal, ça sert à quoi que j'aille consulter ? Donc voilà, c'est vrai que la santé des femmes, dans tous les cas, c'est quelque chose qui est mis à mal depuis des années. Le patriarcat est passé par là et vraiment depuis très, très longtemps. Ce sont des sujets tabous qui sont aussi conditionnés par parfois des cultures, des religions. Je reçois beaucoup de femmes, beaucoup de patientes qui attendent le mariage pour avoir des rapports. Et c'est vrai que souvent, je leur explique, parce qu'effectivement, il y en a qui ont trouvé leur sexualité sans pénétration, par exemple, avant le mariage. Mais quand ce n'est pas le cas, en fait, tu passes de rien à tout. Et donc, d'un coup, à 25-30 ans, tu dois avoir un rapport avec pénétration parce que c'est bon, tu as le droit maintenant, tu es mariée. Alors, chacun ses choix, évidemment. On n'est pas là pour stigmatiser ou faire des amalgames. Mais comme c'est des cas de personnes que je retrouve souvent en séance, je tiens à en parler. Parce que c'est vrai que quand tu ne t'autorises pas à te regarder, quand tu ne t'autorises pas à te toucher, quand tu ne t'autorises pas à explorer ton plaisir avant, ça fait beaucoup d'un coup. Et tu te retrouves avec des blocages comme le vaginisme. Et voilà, c'est quelque chose qui est emprunt. Et même dans le cas où tu n'es pas forcément dans les tabous. Parce que j'ai pas mal de patientes qui me disent, moi je comprends pas, jamais eu de violence, moi ça va dans ma tête, parler de sexualité à mes copines, pas de problème et tout. Sauf que, bah oui, mais en fait la sexualité c'est quelque chose qui se construit depuis l'âge de 3 ans, le moment où on sait qu'on a une vulve, un pénis, qu'on commence un petit peu à s'en préoccuper, de manière inconsciente, notre sexualité se crée, notre rapport à notre intimité se crée. Et souvent je fais une métaphore, c'est que j'explique à mes patients que la vie c'est comme un livre avec des pages qu'on tourne, qu'on écrit, etc. Et puis certaines pages vont être, comment dire, crochetées par le fait d'avoir des souvenirs, positifs ou négatifs. Mais en fait c'est des pages qu'on va oublier. Et c'est vrai qu'à certains moments, à des moments un peu triggering, des moments qui vont nous rappeler, ces pages, hop, elles vont réapparaître. Et donc voilà, il y a beaucoup de choses qui se passent dans le cerveau, beaucoup de choses qui se passent dans l'inconscient, et ça c'est une partie du cerveau que beaucoup de personnes soit ne connaissent pas, soit n'admettent pas. Mais c'est vrai que quand je dis « bah oui, mais c'est dans votre inconscient » , c'est des choses... dont vous n'avez pas forcément de souvenirs, mais qui ont pu avoir forcément un impact sur votre sexualité d'aujourd'hui, votre manière dont vous appropriez votre corps, dont vous interagissez avec l'autre personne. Donc voilà, c'est vrai que je ne sais plus d'où je suis partie.
- Speaker #1
Non, mais c'était hyper intéressant. Et tu as parlé plusieurs fois du terme de s'approprier son corps, de le découvrir, etc. Et c'est vrai qu'aussi dans les raisons, je pense, du tabou, c'est qu'on manque d'éducation. Normalement on est censé avoir des séances d'éducation à la vie affective et sexuelle en France. On voit que dans les chiffres c'est pas vraiment le cas. Donc voilà tu parlais de à partir de 3 ans on découvre son anatomie etc. Dans la réalité des faits, l'anatomie masculine est extrêmement décrite, dessinée, enfin voilà on la voit partout. Les vulves, les clitoris etc. on n'en voit pas tant que ça, ça commence. C'est représenté dans les manuels depuis peu de temps mais c'est vrai qu'il y avait quand même un gros manque de connaissance de l'anatomie des femmes. Je suis tombée sur une stat que j'ai trouvé absolument hallucinante. 36% des femmes connaissent trop mal leur anatomie pour situer et décrire la douleur qu'elles ressentent. C'est une médecin qui a fait une thèse là-dessus, sa thèse de médecine générale. Elle s'appelle Sabine Lannes, ou Lannes, je ne sais pas si j'écorche son nom, qui est sortie en 2021. Et je trouve ça hyper intéressant aussi de se dire, on a ce manque de découverte de soi et qui du coup, forcément, quand on connaît moins son intimité, c'est plus compliqué d'exploiter sa sexualité librement.
- Speaker #0
Ça, c'est certain, de toute façon. Je pense qu'il n'y a pas d'études sur ça, mais il n'y a plus, à mon avis, de 50% des femmes qui n'ont jamais regardé leur vulve dans un miroir. À partir de là, et c'est ce que j'explique aussi à mes patientes, c'est comment voulez-vous partager une zone que vous n'avez vous-même jamais vue, que votre corps n'a pas forcément intégré, qui n'est pas réalisée dans votre schéma corporel. Le schéma corporel, c'est la manière dont on voit son corps dans l'espace. Donc voilà, moi je le dis, et après chacun fait comme il veut. La base, c'est de regarder sa vulve dans un miroir. Et moi, je le fais, j'avoue, tous les jours ou presque. Avec mes patientes, j'ai toujours un petit miroir à côté pour leur montrer, pour leur expliquer. Et voilà, typiquement, la semaine dernière, je l'ai fait avec différentes patientes. Et il y en a une qui avait l'impression qu'elle avait une boule. Et en fait, c'était son gland du clitoris. Il y en avait qui ne mettaient pas la crème au bon endroit. Donc moi, je suis attendrie. en même temps je suis là, c'est vrai que à quel point c'est caché, à quel point c'est tabou, à quel point on ne s'autorise pas à premièrement se regarder pour mieux se connaître. C'est vrai que s'approprier son corps, pour moi, c'est la base. Et malheureusement, du fait de ces blocages, conscients ou inconscients, les personnes n'y pensent même pas. Moi, on me dit, j'y ai jamais pensé.
- Speaker #1
Même, j'ai regardé un spectacle d'une humoriste, pas nommée Florence Foresti, il n'y a pas longtemps, qui m'a vraiment estomaquée parce que... Jusqu'à il n'y a pas très longtemps, j'ai trouvé génial.
- Speaker #0
Je ne sais pas ce que tu vas me dire, mais moi aussi, j'ai un truc qui m'a choquée.
- Speaker #1
À un moment donné, elle parle des vulves.
- Speaker #0
Et c'est moche.
- Speaker #1
Elle dit c'est moche, ça me dégoûte. Elle parle de dégoût.
- Speaker #0
Ça m'a choquée.
- Speaker #1
Elle dit je ne comprends pas cette obsession des féministes à vouloir dessiner des clitoris, des vulves. Moi, les vulves, ça me dégoûte. Et je me dis, c'est difficile.
- Speaker #0
Comment veux-tu ? Avec cette audience-là,
- Speaker #1
de véhiculer ce genre de propos sur les vulves. Parce que du coup, je trouve que ça participe. Cette problématique, quand on voit les statistiques, en fait, ça la regarde et il n'y a pas de problème. Mais quand on voit l'ampleur de la portée qu'ont eu ces propos-là, qui ont été relayés sur des grandes chaînes nationales, sur les réseaux sociaux, sur les audiences qu'elle a, et qu'après on voit que ça se traduit vraiment factuellement dans le parcours de soins et le parcours de santé, on se dit que c'est quand même dommage de ne pas utiliser sa voix pour, au contraire, avoir un impact positif sur le quotidien des femmes.
- Speaker #0
Ou mal utilisé, tu vois, typiquement, moi... Je ne l'ai même pas regardé son spectacle. J'ai juste vu passer ça sur les réseaux. Et j'ai vu les commentaires genre, moi aussi, je trouve ça moche et cela. Mais allez, s'il vous plaît, aidez-nous. Faites un petit effort. Soit tu ne dis rien, mais tu ne dis pas ça. Perpétuer une image négative du corps féminin comme ça, c'est terrible.
- Speaker #1
Puis en tant que femme, c'est dur.
- Speaker #0
Déjà, c'est une zone qui fait peur, qui est inconnue, qui est cachée la majorité du temps. Tu vois, tu disais, le pénis, c'est plus représenté, etc. Déjà le pénis c'est extérieures. Ça se voit, c'est facile. Les organes génitaux féminins, majoritairement, sont à l'intérieur et tout ce qu'on peut voir, c'est pas si grand que ça. Et puis, il faut ouvrir et il faut partir à la recherche. Quand les patientes, elles me disent qu'elles ont regardé leur vulve, je leur dis, mais vous avez ouvert entre les lèvres internes ou entre les petites lèvres, comme on appelait ça ? Beaucoup de fois, non. Et c'est pareil avec le clitoris. Les recherches récentes datent de 1998.
- Speaker #1
Et puis, ce n'était pas dans les manuels avant. 2019, c'est ça, c'est très récent.
- Speaker #0
2019, donc c'est terrible. Enfin, je veux dire, tu m'étonnes qu'on ne dessine pas des clitoris sur les tables de l'école, en fait. Mais vivement, heureusement qu'il y a des associations ou des groupes comme le groupe du clito, qui vendent des images trop sympas sur le clitoris.
- Speaker #1
Je passe ta vue à l'accueil ici, donc on a la cité audacieuse. Et à l'accueil, tu as des planches d'anatomie du clitoris, justement.
- Speaker #0
Ah non,
- Speaker #1
je trouve ça super chouette. Donc, tu as ce truc d'éducation où, à la fin, on nous apprend à être dégoûtés de notre anatomie, dans le pire des cas, dans le meilleur des cas, à surtout pas regarder ce qui se passe ou à la connaître.
- Speaker #0
Le dégoût, c'est une émotion qui ressort beaucoup, beaucoup, beaucoup en ces ans. Mais heureusement, ça se travaille. Il faut savoir que le dégoût, les filles, ça se travaille.
- Speaker #1
Il y a quand même des films d'horreur qui font les vagins avec des dents, qui attaquent les verbes. Il y a quand même des trucs autour de l'anatomie féminine qui est extraordinaire. Tu vois, c'est quand même assez dingue. Tu as ce truc-là de manque d'éducation. Dans le pire des cas, on t'amène à dégoûter ton anatomie. Dans le meilleur des cas, à ne juste pas le connaître.
- Speaker #0
Tu regardes sur les réseaux, on se fait censurer à tout va. C'est très dur de faire de la santé fémine.
- Speaker #1
Comme moi, tu parles beaucoup de santé féminine. Et moi aussi, je suis beaucoup censurée. Pas officiellement.
- Speaker #0
Oui, moi non plus.
- Speaker #1
Mais par contre, personne ne voit tes posts. Il y a un truc.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Les stories, c'est pareil, des fois j'en ai 800, des fois j'en ai 150, bref.
- Speaker #1
Et tu sais que quand tu as le mot règle ou douleur ou des trucs comme ça, ça dévisse.
- Speaker #0
Puis tu dois écrire les mots n'importe comment. Enfin bref, c'est une parenthèse.
- Speaker #1
Mais c'est hyper important.
- Speaker #0
C'est dur de voir que tu n'es pas aidée dans la société sur ces sujets-là. Heureusement qu'on fait des podcasts comme ça où la parole est libre. Et des articles, parfois, c'est plus libre aussi. Des blogs, etc.
- Speaker #1
Des newsletters. C'est des petits mouvements de résistance, en vrai.
- Speaker #0
D'ailleurs, j'ai aussi fait un site internet qui est lovetavulv.fr qu'on mettra en référence du podcast.
- Speaker #1
D'ailleurs, en légende, on met toujours plein de ressources pour, si après, vous vous réorientez dans votre parcours de santé, consulter des ouvrages pour continuer à creuser les sujets, savoir où trouver des soignants spécialisés, etc. Donc, il y aura, comme d'habitude, en légende, toutes ces ressources-là, dont... toi tout ce que tu crées aussi qui est hyper important et puis au delà du manque d'éducation, quand la femme prend conscience, ou la personne avulve évidemment, quand on va dire les femmes ça englobe évidemment les personnes avulves prend conscience qu'il y a un souci que c'est pas normal d'avoir mal et qu'elle prend son courage de main et qu'elle va consulter là aussi l'accueil n'est pas forcément bon, il n'est pas forcément bienveillant, je suis tombée sur une étude de 2024 de l'université de Washington 6 femmes sur 10 qui consultent pour des douleurs pelviennes chroniques sont vulgaces, c'est-à-dire qu'en gros, on leur a dit que leur ressenti n'était pas réel, qu'il n'y avait rien. Et 20% étaient réorientés en psychiatrie, sans aucun traitement médical. Donc c'est d'une violence inouïe.
- Speaker #0
Oui, c'est sûr que c'est terrible. Moi, je reçois des patientes qui ont vu 3, 5, 6 zionicaux et je ne sais même pas, plein de personnes différentes. C'est dur, après tu te décourages, après tu n'as plus confiance dans le professionnel soignant. Ensuite, ben Moi, franchement, quand je les reçois, ils ont vu beaucoup de personnes parce que la kiné, c'est après les médecins déjà. Donc, quand tu as fait plusieurs médecins pour essayer de trouver ce que tu as, que tu as vu peut-être une kiné avant moi.
- Speaker #1
Et en plus, il te faut une ordonnance. Tu ne peux pas y aller comme ça de toi-même en kiné.
- Speaker #0
Oui, bien sûr, bien sûr. Tu as besoin d'une ordonnance. Après, parfois, j'ai des patientes qui m'ont juste trouvé et qui viennent me voir et je leur fais faire une ordonnance après coup. Par exemple, oui, voilà, si vous trouvez quelqu'un de spécialisé, que vous pensez que cette personne peut vous aider, allez la voir avec ou sans ordonnance. dans tous les cas si vous en avez une vous vous ferez rembourser par la suite Mais c'est vrai que c'est dur et surtout c'est la confiance après qui est rompue. Et moi, je mets plusieurs semaines avant que les personnes me fassent confiance. Et ça fait partie d'une des raisons pour lesquelles le traitement est long. C'est 15 à 25 séances, parfois plus. C'est des mois et des mois de rééducation. Au bout d'un moment, le courant passe et tout se passe bien, elles sont contentes, elles progressent. C'est vrai que les premières séances, ce n'est pas les plus faciles. Tu te mets à nu et tu es nue avec ta douleur. Ce n'est pas le deal-down.
- Speaker #1
Tu es extrêmement vulnérable. Effectivement, je vois beaucoup de femmes qui sont en rupture avec le parcours de santé parce qu'elles ont été exposées de multiples fois à du gaslighting, à des violences médicales, à la négation de leur douleur. Du coup, elles ont du mal à faire confiance.
- Speaker #0
C'est pour ça qu'il faut savoir qu'il y a quand même des personnes spécialisées. Tous les génicaux ne sont pas spécialisés dans tous les troubles dont on va parler aujourd'hui. Que ce soit les dyspareunies, le vaginisme, l'endométriose ou les vulvodynies, il y a des personnes qui connaissent tel et tel et tel problème. Ce n'est pas tout le monde, donc n'hésitez pas à creuser, creuser, creuser et ne pas vous laisser avoir, parser dans votre tête ou aller voir un psy.
- Speaker #1
C'est en ça qu'on bénit le travail des associations de patientes, des assos qui font des annuaires pour référencer les pros, SAIF, spécialisés sur les sujets.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Que l'onglet formation dans Doctolib est ultra intéressant aussi, parce qu'on peut creuser si les gens se forment régulièrement ou pas, ou s'ils sont restés sur le dernier diplôme. Encore faut-il qu'ils mettent à jour, évidemment.
- Speaker #0
Encore faut-il lire les présentations Doctolib, parce que même des fois, j'ai des hommes qui viennent pour vous dire, non, non, mais il faut lire les présentations, regarder les formations. Ça vaut le coup,
- Speaker #1
c'est des indications.
- Speaker #0
On mettra les annuaires en ressources aussi, vous pouvez trouver des pros de santé spécialisés.
- Speaker #1
Exactement. Et étant donné qu'on sait que de nommer les choses, c'est déjà commencer à comprendre et pouvoir du coup... Euh bah... prendre en charge les problématiques. Moi, je voulais revenir sur une donnée que tu as mis dans ton livre, que j'ai trouvé hyper intéressante. Tu as fait une recherche Google, tu as regardé sur Google les recherches, les requêtes. Et donc, tu as douleur pendant le rapport sexuel, c'est 23 800 000 recherches. Donc, le terme qui n'est pas le terme médical. Et par contre, quand on cherche dyspareunie, qui est le terme réel de cette problématique, il n'y a que 191 000 recherches. Et je trouve que ça montre bien. On ne sait même pas de quoi on parle et du manque d'infos. Donc je pense qu'on va prendre un petit peu de temps pour nommer les choses et expliquer les différences pour que du coup, chacune qui écoute ce podcast et qui soit potentiellement concernée puisse se réorienter de façon efficace en fonction de sa problématique. On va beaucoup parler aujourd'hui de disparonnie, vulvodinie et vaginisme. Les trois sont souvent un peu confondus. Des fois, ça se mélange, les problématiques, des fois pas du tout. Et donc du coup, les prises en soins sont complètement différentes. Donc est-ce que ça te va si on parle un petit peu de ces trois sujets ? et que tu puisses un petit peu les expliquer, les nommer et faire un peu de pédagogie là-dessus ?
- Speaker #0
Bien sûr, bien sûr. Alors tout d'abord, justement ce que tu disais, les douleurs pendant les rapports, en fait ça s'appelle des dyspareunies. Dys, c'est douleur il me semble, et pareunie, c'est l'accouplement, ou je pense que c'est ça, donc des douleurs pendant les rapports. Ça englobe tous les types de douleurs pendant les rapports. Ça peut être des sensations de brûlure, de tiraillement, ça peut être des sensations quand même, peu importe les sensations, qu'elles soient douloureuses, c'est pas normal. Elles peuvent être pendant ou après et ou après la pénétration, superficielles et ou profondes, parfois il y a les deux. La majorité des cas, c'est des douleurs superficielles quand même à l'entrée du vagin. Donc si c'est que à l'entrée, c'est quand même pas normal, parce que parfois on me dit oui, mais moi c'est juste à l'entrée et après ça va. Non, non, non, justement le périnée c'est à l'entrée, si ça se contracte devant ou si c'est gênant devant, c'est qu'il y a un problème, c'est pas après. D'ailleurs si on met du temps à se détendre, c'est pareil, c'est peut-être qu'il y a un souci au niveau de... de son périnée ou autre, enfin voilà, faut vraiment...
- Speaker #1
Et on parlera du périnée après, on reviendra dans le détail sur ce périnée dont on entend beaucoup parler, mais on ne sait pas forcément ce que c'est, on prendra le temps d'en parler aussi.
- Speaker #0
Complètement, complètement. Et aussi il faut savoir que ça peut être depuis le début des rapports, ou secondaire à une ou des causes physiques ou psycho-émotionnelles. Donc ça c'est pour les dyspareunies, donc dans les causes des dyspareunies, on peut avoir la vulvodynie, qui est un inconfort vulvaire chronique de plus de trois mois, en gros tout ce qui est chronique c'est quand ça dure, chronique, c'est à partir de trois mois, sous la forme souvent de brûlures au niveau de la vulve. Mais ça peut aussi être des picotements ou des démangeaisons. C'est la pathologie vraiment où les médecins vont vous dire, vous n'avez rien, mademoiselle, car il n'y a pas de lésion visible, en fait. Et c'est ça qui peut entraîner une errance médicale de parfois plusieurs années, parce que quand tu n'as rien physiquement, bon, tu n'as rien, quoi. Non, ça ne se passe pas comme ça, et on expliquera un petit peu pourquoi tout à l'heure. Mais voilà, beaucoup de patientes ont vu plusieurs pros de santé avant. d'en trouver un qui a pu leur donner leur diagnostic. Et je reçois aussi beaucoup de patients qui souffrent de vulvodynie et qui viennent avec des antécédents de mycoses et ou de cystites à répétition.
- Speaker #1
Ça c'est énorme à les statistiques, les mycoses et les cystites.
- Speaker #0
Pas normal, et surtout si c'est post-rapport. Donc comment on sait ? Il faut faire des examens. Pour les mycoses, c'est des prélèvements vaginaux. Pour les cystites, c'est des ECBU. Et si vous en avez plus de 3 à 5 par an, c'est que c'est à répétition. Donc si c'est des vraies mycoses, il y a des traitements pour les mycoses, c'est des traitements oraux sur six mois. Parce que les ovules à répétition, ce n'est pas toujours bon. Ça détruit la flore. Pour la flore, il y a d'autres formes de médicaments, vraiment des médicaments par voie orale. Et pour les cystites, c'est pareil, il faut faire attention. Si c'est post-rapport, souvent c'est un jeudi parce que je n'ai pas du tout la science infuse. Mais ce que je retrouve souvent au cabinet, c'est dû à des périnées hypertoniques quand même. Parce que la brûlure devient mécanique. Quand c'est serré et que ça frotte vers l'urètre, à la fin du rapport, ça brûle quand on va faire pipi. Et il n'y a rien aux examens ECBU. Alors,
- Speaker #1
tu peux expliquer ce que c'est un examen ECBU ?
- Speaker #0
Alors, un examen ECBU, c'est quand on fait une analyse d'urine. OK. Et pour voir quel germe peut être...
- Speaker #1
Donc, c'est une analyse d'urine.
- Speaker #0
Exactement. Et donc, ce qui se passe, c'est que, aussi, pour les cystites, les personnes prennent du monuril, du monuril, du monuril, boivent, je ne sais pas...
- Speaker #1
Des antibiomanurils ? Oui,
- Speaker #0
c'est ça, pardon. Du jus de canneberge à tort et à travers. Enfin, bref, il peut y avoir d'autres causes que ça. Et surtout, quand vos problèmes sont post-rapport, il faut essayer de penser à toutes ces autres choses, parce que les vulvodynies, et c'est ça qui peut porter à confusion, parfois, elles peuvent être spontanées, c'est-à-dire pas forcément... provoqué. J'ai des patientes qui ont des brûlures, des démangeaisons, des gènes toute la journée, par pique ou de manière constante. Et ça, c'est la forme la plus inconnue de vulvo ou vestibulodinie. En fait, on a vulvodinie, vestibulodinie et clitoridinie. Ça dépend de la localisation de la douleur ou de l'inconfort.
- Speaker #1
Donc, petite leçon d'anatomie.
- Speaker #0
Petite leçon d'anatomie. Je dis inconfort parce que parfois, les personnes ne se plaignent pas forcément de douleur. mais elles sont gênées. Donc il faut rappeler qu'on n'est jamais rien censé sentir en bas.
- Speaker #1
Donc au niveau du clitoris, au niveau du vestibule, donc du genou de la vestibule,
- Speaker #0
au niveau de la vulve globale. Donc la douleur, je répète, elle n'est jamais normale et on n'est jamais censé sentir d'inconfort en bas. La différence avec le vaginisme, c'est que le vaginisme, ça va être une impossibilité partielle ou totale de pénétration vaginale due à une contraction involontaire des muscles du périnée, involontaire et réflexe. et souvent inconscientes, qui viennent resserrer le vagin. Ce n'est pas le vagin qui se contracte ou qui est fermé, c'est le muscle qui se contracte autour du vagin. Il faut dissocier l'organe du muscle. Et c'est ce que je répète souvent quand je fais mes petites séances d'éducation à l'anatomie. Donc voilà, ça bloque. Et parfois, on peut quand même avoir une pénétration, mais elle n'est pas partielle. Elle est partielle, pardon. pas complète. Mais c'est pour ça que c'est difficile parfois de différencier le vaginisme partiel de la disparonie. Et aussi, parfois, on dit que le vaginisme, ça peut être une forme plus sévère de disparonie. Ça veut dire qu'à force d'avoir des douleurs, le cerveau, comme il va anticiper la douleur, on va se contracter. Et à force, on va se contracter presque dans son quotidien. Notre périnée va être plus tendue et on va avoir ce réflexe involontaire jusqu'à ne plus pouvoir du tout avoir de pénétration.
- Speaker #1
Est-ce que la douleur tout le temps, tout le temps, tout le temps, même les vulvodyniques, tout le temps de la brûlure, etc., ça emmène de la contraction musculaire globale et le périnée aussi du coup ?
- Speaker #0
C'est ça, de partout, de partout. Donc dans le vaginisme, on n'a pas forcément de douleur, c'est la particularité, mais c'est vraiment le muscle qui serre tellement fort qu'il empêche partiellement ou totalement une ration. Ça peut survenir dès les premiers rapports aussi, de manière primaire on appelle ça, ou secondaire à une vie sexuelle sans problème. Donc les causes, c'est généralement psychologique. trauma, inconscient, rapports forcés. Quand je dis ces rapports forcés, ça peut être bien sûr malheureusement des viols, mais je veux dire des rapports où on se force. Ça, c'est quelque chose qui me touche particulièrement comme sujet. Quand on se force, le corps ne se met pas en place pour accepter ou accueillir une pénétration.
- Speaker #1
Et de ton retour clinique ? Est-ce que tu as beaucoup de femmes qui se forcent alors qu'elles ont mal ?
- Speaker #0
La majorité se force alors qu'elles ont mal, ça c'est très très triste. Mais bon, je les comprends, à un moment tu as aussi envie d'avoir une vie normale, mais c'est vrai que c'est un cercle vicieux terrible, parce que, en tout cas, ça le perpétue. Parce que si tu as mal, tu vas anticiper la douleur, tu vas te contracter, tu vas avoir mal encore, et ainsi de suite. Et puis ça, si tu continues dans un degré élevé de douleur... En fait, déjà, ton désir, il va s'effacer, il va faire place à de l'anticipation, voire de l'évitement des rapports. Et donc tout ça, ça va complètement altérer ton excitation. Et à partir du moment où il n'y a plus d'excitation, il n'y a plus de détente des muscles, il n'y a plus de décontraction vaginale, il n'y a plus de lubrification. Donc à partir de là, c'est vrai que c'est compliqué. Et voilà, je voulais aussi dire dans les causes psychologiques, il y a tout ce qui est tabou. On parlait de méconnaissance du corps et là on parlait de peur de la douleur. Mais ça peut être aussi lié à des causes physiques, hypertonie, endométriose, pathologie de la sphère génitale, cancer, postpartum. Il y a plein de causes qui peuvent être à l'origine de vaginisme. C'est un grand mot, mais il ne faut pas qu'il fasse peur. Il faut juste se dire que c'est le muscle qui se contracte par réflexe.
- Speaker #1
Et qu'il y a des solutions.
- Speaker #0
C'est un grand mot qui fait très bien.
- Speaker #1
C'est genre une grosse contracture musculaire.
- Speaker #0
C'est ça. En fait, moi j'explique ça. Soit tu as l'hypertonie qui cause le vaginisme, ça veut dire que le muscle est tout le temps trop tendu. Soit ton muscle, à la base, il est souple. Et en fait, au moment où on l'approche, il se contracte. Et c'est un réflexe. Donc, tu peux avoir aucun autre trouble que celui-là, que le moment où ça se contracte par réflexe, ou alors avoir le côté hypertonique avec tout ce qui va avec. Tu as un ventre très tendu, tu as des constipations. Parfois, tu as des fuites urinaires à l'écart.
- Speaker #1
Exactement, ça c'est un faux ami. Les gens pensent que les fuites, c'est de l'hypertonie.
- Speaker #0
c'est une dysfonction excuse-moi euh Comme l'hypotonie, ton muscle n'est pas efficace à partir du moment où il est dans un ou l'autre des sens. Quand tu es trop tendu, après quand tu veux te serrer pour retenir une envie de faire pipi un gaz suite à un effort, c'est dur. Le muscle, il est déjà en train de se serrer. Il pousse, il essaye, mais il n'y arrive pas. Et du coup, tu as tes abdos qui poussent par-dessus et c'est là que ça crée des fuites. Donc oui, les fuites urinaires, notamment à l'effort chez les jeunes femmes. et qui font du sport, c'est possiblement dû à un périnée hypertonique.
- Speaker #1
Il y a beaucoup de sportifs qui ont des problématiques de fuites urinaires, d'ailleurs.
- Speaker #0
Complètement. Mais donc, l'important, c'est de savoir qu'on peut s'occuper de tout ça. Il y a des professionnels sensibilisés comme moi et qu'on peut essayer de vous aider pour trouver des solutions.
- Speaker #1
Et justement, peut-être qu'on peut parler, expliquer le périnée, parce que ce n'est pas forcément clair pour tout le monde ce qu'est le périnée. Là, en ce moment, il y a des comptes Instagram de l'enfer où il y a des influenceuses qui disent de suivre mon claque-monde-doigt, et à chaque claque-monde-doigt, il faut que vous contractiez le périnée, un truc comme ça. Je pense que c'est important d'expliquer le périnée pour que quand on est face à ce genre de contenu, on puisse se dire je passe et qu'on puisse du coup consulter les bonnes personnes et vraiment comprendre ce qu'est le périnée. Même dans les cours de sport, il y a des consignes parfois qui ne sont pas du tout adaptées. Moi, je travaille dans la pratique corporelle, donc je sais que j'ai beaucoup de retours de femmes qui ont des hypertonies et qui ont des douleurs majorées suite à certains cours de sport. Donc peut-être qu'on peut parler un petit peu du périnée pour que ce soit clair et que ce ne soit pas juste un concept un peu flou. Un truc dont on entend parler, et vu qu'on entend beaucoup parler, du coup, on n'ose pas demander exactement ce que c'est au bout d'un moment. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Genre,
- Speaker #1
je sais ce que c'est que le pérenné. Bien sûr, je sais ce que c'est que le pérenné.
- Speaker #0
Mais voyons. Aucune idée. Non, mais ce que tu disais avec les nanas qui font les contractions, là. Moi, en vrai, je ne trouve pas ça si naze. C'est juste qu'effectivement, fais-le pour tester. Mais si tu ne sais pas dans quel état est ton pérenné, ne le fais pas tous les jours, ne le fais pas plusieurs fois par jour. Fais-le une fois, voilà. tu t'essayes de sentir un petit peu, mais après fais-toi guider si tu sens que tu en as besoin.
- Speaker #1
La rééducation, c'est chez un pro de santé.
- Speaker #0
exactement, donc le périnée c'est un muscle qui tapisse le bassin et qui soutient les organes pelviens mais tout le corps finalement, donc comme tout muscle il doit être efficace, c'est à dire tonique pour faire ses fonctions du quotidien de soutien mais aussi de rétention car il doit être aussi souple pour se relâcher quand on a besoin notamment pour aller aux toilettes et lors des rapports évidemment, donc lors des rapports par exemple l'excitation génitale ça va entraîner un relâchement de ces muscles qui va faciliter la pénétration Mais si on anticipe une douleur par peur ou crainte, il va se contracter, ce qui va créer de la douleur. Et le cerveau, au fur et à mesure, va se conditionner par l'information sexe égale pénétration égale douleur. Et il va protéger le corps en se contractant. Et d'ailleurs, quand on souffre de vulvodynie, les muscles tendus peuvent maintenir ou augmenter les douleurs. D'où l'importance de prendre soin de sa santé mentale et de sa tension globale. Les souvenirs négatifs ou traumatisants et ou inconscients car ça en est souvent le cas, font partie des causes de ces contractions involontaires. Donc voilà, le périnée est censé avoir une tension de base et il tourne autour de cette tension. Et on en parlait juste avant, mais trop tendu, c'est trop tout le temps tendu, c'est hypertonique. Trop tout le temps détendu, c'est hypotonique. Donc pas d'inquiétude non plus après l'accouchement. La rééducation, ce n'est pas non plus hyper difficile. On peut avoir des cas de personnes qui ont... des accouchements plus difficiles, des déchirures ou des épisiotomies. Mais dans la majorité des cas, même pour renforcer le muscle et lui faire retrouver une fonction normale, ce n'est pas si compliqué. Parce que souvent, on a peur que quelque chose tombe. On serre tout le temps son ventre ou on serre tout le temps son périnée, parce qu'on se dit qu'on doit le serrer volontairement pour qu'il soit fort, tonique. Oui,
- Speaker #1
et puis il y a beaucoup aussi de trucs de « il faut être très tonique, il faut être très serré en bas pour que les tirs sexuels dégarent » . Exact.
- Speaker #0
Même rapport au ventre plat.
- Speaker #1
Le ventre plat et tout. Donc, il y a quand même un mythe autour du périnée qu'il faut être bien, bien serré.
- Speaker #0
C'est ça.
- Speaker #1
Et donc, les femmes pensent qu'il faut l'engager régulièrement. Il y a le jeu du stop pipi qui a été très... Voilà, on a été beaucoup exposées à ça. Moi, je suis allée en 1989 et il y a eu beaucoup de trucs sur le stop pipi, la méthode Kegel, regarder des séries de télé qui parlaient de... Voilà, est-ce que t'as fêté Kegel ?
- Speaker #0
Surtout, pour avoir du plaisir, il faut avoir un périnée.
- Speaker #1
Exactement. Après, il est vrai que le périnée joue un rôle dans le plaisir et dans l'orgasme. et qui peut d'ailleurs aussi induire des douleurs à l'orgasme. Est-ce qu'on peut parler un peu de cette interaction entre le périnée et le pétis sexuel, le périnée et le clitoris aussi, pour que peut-être les femmes puissent comprendre ces douleurs qui peuvent survenir après l'orgasme, qui peuvent survenir pendant l'orgasme, ou des problématiques à atteindre l'orgasme ? qui sont peut-être plus au périnée parfois.
- Speaker #0
Une partie du périnée recouvre le clitoris, du gland à ses piliers et à ses bulbes, parce que le clitoris, il a une tête et un corps, on va dire, et son corps, il a quatre bras, deux de chaque côté. Il est à cheval sur l'entrée du vagin, donc à l'avant du bassin. Lors de l'orgasme, on va en fait se contracter sur son clitoris pour avoir du plaisir, et par des stimulations internes ou externes, on peut parvenir à l'orgasme, qui est en fait une hyper contraction. musculaire et ensuite un relâchement. Ce qui se passe c'est que pour commencer on va parler du périnée hypertonique. En fait le périnée hypertonique on l'a dit c'est pas un périnée qui est finalement si musclé que ça, si efficace que ça. Donc les personnes vont essayer de se contacter sur un muscle qui est déjà très tendu et elles vont pas forcément y arriver ou alors elles vont y arriver après un effort incommensurable mais qui va donner des douleurs dans le bas ventre et des douleurs au niveau du périnée. Et c'est ce que je te disais tout à l'heure quand on en parlait. Après, souvent, c'est des personnes qui vont avoir du mal à relâcher quand elles vont faire pipi. Ça va mettre du temps après sur les toilettes. Donc voilà, peut-être que ça va vous parler. Mais sinon aussi, après, il y a toutes les problématiques d'hypersensibilité, comme les clitoridinies, où ça va faire mal. Et tu disais, ça fait mal après le rapport, après l'orgasme. Mais en fait, j'ai beaucoup de patientes qui viennent pour des douleurs à l'excitation. Parce qu'en fait... La région douloureuse, elle s'est ciblée là, et du fait qu'on se tende sur son clitoris, donc sur la région douloureuse, qu'il y ait pénétration ou stimulation externe, et qu'on se contracte très très très fort, en fait, ça peut créer ces douleurs-là. Donc il y a une cause soit musculaire, soit nerveuse, mais s'il y a des choses qui vous ont parlé dans ce que je viens de dire, tant mieux, et encore une fois, on peut trouver des solutions.
- Speaker #1
Exactement, parce qu'on ne pense pas à consulter pour ça, et ce n'est pas au niveau du périnée, parce qu'on n'a pas ce mécanisme. D'ailleurs, tu parles du clitoris, de ses bras, etc. En fait, on parle souvent du clitoris à l'extérieur, mais le clitoris est aussi à l'intérieur du vagin. Et ça, souvent, on l'oublie.
- Speaker #0
Ce n'est pas vraiment à l'intérieur du vagin. En fait, il est à cheval sur l'entrée du vagin, recouvert par les muscles. Au final, il est très, très proche de l'extérieur du corps. Et les muscles, en fait, ne sont pas si épais. Quand tu touches ton gland, tu descends sur les côtés. Finalement, la stimulation, elle va être... Très facile, même par l'extérieur, même des bulbes ou des piliers. Mais donc, c'est à cheval dessus. Et par exemple, lors de la pénétration, le pénis, s'il y a une pénétration avec un pénis, par exemple, le pénis, il va un petit peu comprimer les bulbes. Il va un peu comprimer l'urètre qu'il y a au-dessus. Ça va caresser, moi, ce que j'appelle le cou, le genou, le cou du clitoris. Et vu qu'il y a une contraction par-dessus tout ça, c'est ça qui va donner le plaisir. Donc, effectivement, il n'y a pas que le gland. Il y a les parties internes et tout ça, c'est hyper bien représenté. Il y a beaucoup de vidéos en 3D. Moi, ce que j'adore, c'est Anatomy 3D Lyon. Oui,
- Speaker #1
on l'aime tous.
- Speaker #0
J'adore. Et il y a aujourd'hui, avec l'intelligence artificielle, des super vidéos aussi. Donc, n'hésitez pas à les regarder. Plus vous verrez ce que c'est en vrai, plus vous le repérez sur vous-même. Et ça, je le dis toujours à mes patientes, notamment quand j'essaye de leur apprendre comment respirer. Je leur dis, mais regardez des vidéos de respiration. Où sont vos poumons ? C'est quoi votre diaphragme ? Comment ça bouge, etc. Parce que moi, je suis kiné, donc mon corps, je le connais d'extérieur à l'intérieur. Je le vois comme en 3D, en radiographie. Et c'est une chance, mais ce n'est pas pour tout le monde comme ça. Et encore, moi, j'ai mis du temps avant de pouvoir avoir ce recul. Mais voilà, pour pouvoir comprendre, visualisez, regardez, interrogez-vous, lisez, écoutez.
- Speaker #1
Parce qu'on nous a raconté beaucoup de bêtises avec ces histoires de plaisir vaginal, plaisir clitoridien. où on a décorrélé les deux, et du coup les femmes pensent que la pénétration n'a rien à voir avec le clitoris, alors que le clitoris est complètement intégré à tout ça, et le périnée aussi.
- Speaker #0
C'est ça, je disais dans un de mes posts qu'il y a 18,4% de femmes qui ont des orgasmes uniquement avec pénétration, donc je veux dire, la majorité c'est sans pénétration, la majorité des femmes ont du plaisir par l'extérieur du clitoris, pas par la partie cachée, enfin bref.
- Speaker #1
Et c'est une sexualité aussi ?
- Speaker #0
C'est une sexualité, mais complètement. Ce que je disais, c'est que les préliminaires, ce n'est pas que le début du sexe, c'est le sexe. Il n'y a pas de préliminaire d'ailleurs, mais les rapports sans pénétration, pour dire le mot plus large, c'est ça le sexe. De toute façon, le sexe, c'est un petit peu tout ce qui tourne autour de ce qui nous donne du plaisir avec le corps, avec le mental. Donc, c'est utile de savoir que le clitoris, c'est le seul organe qui est vraiment uniquement à but de plaisir.
- Speaker #1
C'est important pour les femmes qui ont mal, justement parce qu'on parle de douleur pendant les rapports, mais souvent On sous-entend des rapports pénétratifs, et les femmes ont l'impression de ne pas avoir de sexualité en évitant les rapports pénétratifs, alors que ça reste une sexualité aussi, et je pense que c'est important de le savoir et de le dire, pour déculpabiliser peut-être aussi.
- Speaker #0
C'est vrai. Oui, oui, c'est complètement vrai. Et puis notamment pour le maintien du désir, parce que quand tu te forces à avoir des rapports, comme j'ai dit tout à l'heure, après, ton désir, il tombe dans tes chaussettes. Bonjour pour réactiver les choses et en fait, après, t'es vite et tout ça, mais tu te forces quand même parce que t'as peur que ton mec te quitte, te trompe et t'as peur de pas être normal et tu veux être normal à tout prix. Et voilà, c'est... Mais par rapport à ça, moi j'ai reçu aussi des femmes d'orientation bisexuelle, etc., qui viennent me voir pour des douleurs pendant les rapports. Donc ça ne concerne pas que les personnes hétéros, ça ne concerne pas que les personnes qui utilisent la pénétration non plus, et ça ne concerne pas que les gens en couple. Parce qu'il y a plein de femmes qui n'osent pas se soigner parce qu'elles sont célibataires et que ça ne va pas servir à grand-chose. Non, les filles, l'idée c'est de retrouver un corps qui vous convient, corps avec lequel vous pouvez faire après ce que vous voulez, avoir le choix de faire ce que vous voulez.
- Speaker #1
Et la masturbation, c'est de la sexualité.
- Speaker #0
Bien sûr.
- Speaker #1
Sur ce côté, justement, on a l'impression qu'on est le seul à avoir ce truc-là, que c'est hyper tabou, qu'on a un cas unique et que c'est hyper honteux. Je voulais revenir sur quelques statistiques qui peuvent peut-être aider celles qui écoutent à se rendre compte que c'est un phénomène qui est énorme, qu'on n'en parle pas, mais qu'en fait, elles ne sont pas du tout anormales ou isolées. 8 à 20% des femmes vont connaître des douleurs vulvaires au cours de leur vie, parmi lesquelles 10% des vulvodynies. Il y a 10 ans d'errance médicale en moyenne. Il y a 2 millions de femmes qui souffrent de cystites. 20% des femmes par an ont des mycoses récidivantes. 6% des femmes ont des dyspareunies. Et on dit même que ça peut être 0 à 20% des femmes. Une femme sur 10 a de l'endométriose, et on sait que l'endométriose induit des douleurs pendant les rapports. Bien sûr. pour le périnée ou aussi à cause parfois de lésions qui peuvent venir un petit peu gêner à la pénétration. Une femme sur sept a un syndrome de désavère polycystique. Le syndrome de congestion pelvienne, c'est assez large aussi et ça peut aussi induire des douleurs pendant les rapports. Il y a aussi la ménopause qui peut provoquer un syndrome génitourinaire. Donc en fait, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de femmes qui sont concernées. Donc vraiment, n'ayez pas de honte à consulter pour le sujet. C'est un sujet que les soignants qualifiés connaissent. Il n'y a vraiment pas de honte à avoir et vous n'êtes vraiment pas seule, si vous nous écoutez, à souffrir de ces problématiques-là. Je pense que c'est important des fois de le rappeler.
- Speaker #0
Oui, moi je reçois beaucoup, beaucoup de jeunes femmes. Je tiens à le dire, parce que parfois on se dit « ah mais moi je suis jeune, pourquoi j'ai ce problème-là ? » Et puis voilà, par exemple, je n'ai pas le souvenir d'avoir de violences, machin. Non, non, je reçois beaucoup, beaucoup de femmes entre 19 et 30 ans, 18 et 30 ans. J'ai aussi quelques femmes en pré-ménopause, ménopause, post-ménopause. mais la majorité que moi je reçois alors peut-être c'est parce que c'est moi je sais pas mais C'est des patientes, des jeunes femmes. Donc n'ayez pas peur. Si vous êtes jeune et que vous avez ces troubles-là, ne vous restez pas avec. Si vous pouvez, n'hésitez pas à consulter.
- Speaker #1
Et d'ailleurs, je voulais revenir sur ce sujet de la douleur qui existe même s'il n'y a pas de cause visible. Parce que tu parlais de la vulvodynie où des fois c'est compliqué de diagnostiquer parce qu'aux examens, ils n'ont rien trouvé pour les cystites, les mycoses, tout ça. Est-ce que tu peux expliquer qu'on est légitime à consulter même quand la douleur n'a pas de cause visible, diagnostiqués, etc. pour que les personnes puissent se sentir un peu plus légitimes à aller chercher une aide sur le sujet ?
- Speaker #0
Oui, bien sûr. En gros, typiquement, dans le cas des vulvodynies, la douleur existe en cause physique. C'est une cause notamment nerveuse. Les douleurs, ça peut être différents types. Ça peut être des types de douleurs que l'on ressent comme ça et où on voit la plaie. Mais pour certaines d'autres, on ne les voit pas. Et lorsque cette douleur est due à une lésion de nerfs, on appelle ça une douleur neuropathique. Et ça peut être aussi dû à un dérèglement du système de la douleur. Et là, c'est une douleur nociplastique. Ça crée une hypersensibilité nerveuse qui n'est pas visible à l'œil nu. Et la vulvodynie, en fait, c'est un peu des deux. Ça peut être l'un ou l'autre, ou l'un et l'autre. Mais il faut savoir que c'est un problème de nerfs, et que les nerfs, c'est microscopique. On ne peut pas voir si on a une douleur à cet endroit-là. Et il ne faut pas s'y méprendre. Donc, il y a des tests comme le swab test ou le test du coton-tige qui permet de diagnostiquer les vulvos vestibuloclite oridini. On pose tout doucement le coton sur les zones douloureuses et si ça reproduit la douleur, c'est que le test est positif. Si avant, tous les autres examens sont revenus négatifs, d'accord ? Ça, c'est vraiment un test secondaire. Quand on n'a rien d'autre, on fait le swab test et s'il y a une douleur alors qu'il n'y a rien de visible, c'est potentiellement une vulvodynie. Et voilà, je vous invite à écouter le podcast du médecin de la douleur de l'épisode 2 d'Ariana Costadura. Et vraiment, la douleur, c'est un sujet qui est complexe. J'espère que j'ai un peu bien expliqué là.
- Speaker #1
Non, mais carrément, il y a plein d'infos dans le podcast. Il y a plein aussi de références, pareil, de livres, de BD.
- Speaker #0
C'est ça. Mais aucune douleur n'est normale. Et ce n'est pas parce qu'elle ne se voit pas qu'il ne faut pas la prendre en considération. Donc, si quelqu'un vous dit qu'il n'y a rien et qu'il ne peut rien faire pour vous, C'est juste qu'en fait, cette personne ne sait pas ou ne connaît pas. Donc, il y a d'autres personnes qui sont peut-être plus sensibilisées ou plus spécialisées. Ce n'est pas de leur faute si certains génicaux, certains médecins ne connaissent pas. C'est qu'en fait, ils ne sont pas formés. Donc, après, le problème, il est vraiment dans un sens beaucoup plus large. Et pointer du doigt les médecins, voilà. Alors certes, les violences obstétricales, moi, je suis absolument... C'est horrible. Mais par contre, la méconnaissance du fait d'un manque de formation, c'est autre chose. Donc voilà, si la personne, elle dit qu'elle ne peut pas vous aider, creusez, creusez.
- Speaker #1
Il y a des personnes qui sont qualifiées.
- Speaker #0
Oui, voilà, encore une fois, on mettra les ressources.
- Speaker #1
Et ce test du coton-tige, qui le pratique ?
- Speaker #0
Alors, ça peut être pratiqué par les médecins, tout type de médecins, notamment gynéco-spécialisés, dermatologues spécialisés. Il y a des personnes spécialisées pour ces problématiques-là, qu'on retrouverait dans les annuaires. Et certaines sages-femmes aussi. Les kinés le font. Moi, je ne le fais pas, j'avoue, je laisse ça aux médecins, mais surtout les professionnels de santé médecins.
- Speaker #1
J'ai découvert un truc en lisant ton livre, c'est le rôle des dermatos dans ces parcours-là. Je pense que personne ne l'imagine à consulter un dermato pour des douleurs sexuelles pendant les rapports. Donc, je pense que ça vaut peut-être le coup d'en parler rapidement.
- Speaker #0
Oui, bien sûr, parce que les dyspareunies peuvent être causées par plein de facteurs. Ça peut être des facteurs infectieux, des IST, des serpents. herpès, des chlamédias, puis mycocystite, la classique. Mais c'est vrai que à force d'avoir des douleurs, la peau peut changer. En tout cas, les dermatologues peuvent être amenés à diagnostiquer et vous aider sur ces sujets-là. Mais par contre, oui, non, c'est des dermatologues vulvaires le mieux, parce que vraiment, tous les dermatologues ne connaissent pas encore une fois. Je suis désolée, mais...
- Speaker #1
Non, bien sûr.
- Speaker #0
Mais bon, voilà, il y a des... Moi, je suis à Paris, donc nous, on a de la chance, on est bien entourés. Il y a pas mal de dermatologues vulvaires spécialisés à Paris et encore pas mal.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Sur les doigts de la main.
- Speaker #1
C'est moins un désert médical, surtout.
- Speaker #0
Oui, c'est moins un désert médical qu'ailleurs. Mais en tout cas, exactement. J'ai souvent des patients qui font « Ah bon, les dermatologues ? Ah bon, il y a ça ? » Et oui, ça peut vous aider, notamment quand c'est des douleurs qu'on ne voit pas.
- Speaker #1
Tu parlais de crèmes aussi, il y a des crèmes spécialisées.
- Speaker #0
La vulvodynie, ça se traite par la rééducation du périnée, bien sûr. On en parlait juste après. Mais il y a des traitements justement pour la douleur. Parce que si on ne traite pas la douleur, en fait, c'est difficile après d'agir sur quelque chose où on a mal. Il y a des crèmes anesthésiantes, des crèmes à base de lidocaïne. Donc attention, et je le répète souvent quand je fais ce type de podcast, ce n'est pas le traitement de l'autruche. En gros, c'est vraiment pour désensibiliser l'hypersensibilité. c'est pour aider les nerfs à retrouver une sensibilité normale à ce que le système de la douleur revienne à la normale. Donc, c'est normal et on va anesthésier le truc. Non, non, c'est que c'est hypersensible. C'est comme le périnée hypertonique. C'est hyperactif. Voilà, il est hypersensible. Et le nerf, on va lui appliquer la pommade une à deux à cinq fois par jour, en tout cas, en général, c'est matin et soir, pour désensibiliser. C'est sur un à trois mois. Donc, parfois, ces pommades ne fonctionnent pas. Et à ce moment-là, c'est des antalgiques plus puissants qu'il faut prendre. Et ça, ça fait un petit peu peur parce que ce sont des antidépresseurs ou antipéleptiques à faible dose. Pour information, le Laroxyl, c'est un antidépresseur à 75 gouttes. Pour les vulvodynis, c'est de 2 à 20 gouttes. En moyenne, mes patientes prennent une dizaine de gouttes. Et c'est vrai que ça les aide parce que les douleurs neuropathiques, elles peuvent être en fait dans tout le corps. Ça peut être la nuque, les bras, ça peut être même des douleurs neuropathiques d'endométriose. On prescrit ces médicaments-là pour l'endométriose.
- Speaker #1
C'est ce dont on parlait dans l'épisode 2, justement. C'est que... Et moi, j'ai ce rapport-là aussi avec le mouvement, où quand tu as une douleur chronique de fond, tu as besoin d'abord d'apprendre le système nerveux central à plus surréagir à la douleur, parce qu'au bout d'un moment, tu as une hypersensibilisation centrale. C'est-à-dire que le moindre message est perçu comme un danger par le corps qui réagit très très fort avec un message douloureux, même si à la base, le stimuli n'est pas si douloureux que ça, ou si intrusif que ça. Et donc, tu as besoin de faire désescalader le système, comme si tu avais une alarme qui était un peu... hyper sensible, les larmes incendies chez toi qui s'allument dès que tu fais cuire un truc, du coup, tu as besoin un peu de la reprogrammer pour qu'elle ne se mette plus en alarme dès qu'il se passe quelque chose, avant de pouvoir recommencer à cuisiner. Donc moi, je parle beaucoup de ça par rapport au mouvement, de dire que ces traitements médicaux font un peu peur, mais des fois, ils sont super utiles. Et en collaboration avec d'autres choses, évidemment, ce n'est pas juste ce traitement-là. C'est aussi apprendre à bouger en sécurité, c'est se réapproprier son corps, c'est peut-être travailler en hypnose, en TCC, tout ce qui peut aider. Et là, c'est exactement le même principe, c'est d'aider le corps à désescalader ce système de douleur pour qu'après, tu puisses intervenir en thérapie manuelle.
- Speaker #0
C'est ça. De toute façon, la douleur n'est pas bonne. Il faut absolument traiter la douleur, parce que ça, ça fait un peu disjoncter le cerveau. Et justement, comme tu l'expliquais, ton système d'alarme normal, on va dire que tu es une petite maison, et bien là, c'est le système normal pour, je ne sais pas, le magasin Louis Vuitton sur les Champs-Elysées. On a un système d'alarme énorme. Bref, c'est les médecins de la douleur. C'est important, ça. Ce n'est pas très connu non plus. On en verra peut-être, mais les algologues, les médecins de la douleur, spécialisé dans les sphères pelviennes quand même. vont vous aider à trouver des traitements adaptés, des traitements qui vont être à bon dosage. N'ayez pas peur de vous faire aider. Et il faut comprendre pourquoi on prend certains médicaments. Parce que si vous ne comprenez pas, vous n'adhérez pas au traitement et ça ne marchera pas forcément. Et en plus, de toute façon, vous ne le ferez pas forcément. Donc, par l'un ou par l'autre côté.
- Speaker #1
C'est des médicaments qui font peur. Anti-épileptique, anti-adresseur, ça fait flipper.
- Speaker #0
Mais à faible dose, c'est juste des antalgiques puissants. Et pour les vulvodynies qui durent depuis des années, parfois c'est nécessaire et souvent c'est nécessaire. En ce moment, j'ai pas mal de patientes qui sont obligées de prendre ce type de traitement. Et par contre, après, quand ça soulage ta douleur, quand tu as des douleurs au quotidien, c'est quand même un soulagement. Mais oui, il faut que ce soit bien dosé.
- Speaker #1
Exactement. Et peut-être qu'après, on peut parler de toi, comment tu travailles après en kiné ?
- Speaker #0
Oui, oui, oui, tout à fait. Moi, en kiné... Donc j'accueille, je fais un bilan où déjà, j'écoute la patiente, je légitime sa plainte, ça c'est normal, de la rassurer aussi sur le fait qu'il y ait des solutions. Ça c'est vraiment un bilan où moi je ne fais pas d'examen du périnée. L'examen du périnée, moi dans mes séances, il ne vient qu'au troisième rendez-vous, parce que déjà j'ai envie qu'elle me connaisse un petit peu mieux, j'ai envie qu'elle soit un petit peu plus en confiance et qu'elle comprenne pourquoi elles sont là et qu'elle comprenne un petit peu mieux leur corps. Donc moi, le deuxième séance, il est uniquement sur de l'éducation anatomique, thérapeutique. Je leur explique ce que c'est que leur périnée, le rapport avec l'excitation, ce que c'est que le désir et la fonction de leurs organes, quoi. Où c'est placé. J'ai un petit modèle de périnée 3D. Voilà, déjà, ça les aide énormément de voir les choses. Donc après, souvent, quand je leur demande au bout de dix séances, elles se souviennent plus très bien. Il y en a qui se reconnaîtront. Mais voilà, il y a quelques bases que je rappelle. Ce modèle, je l'ai toujours avec moi, donc ça les aide. Et ensuite, la rééducation, ça consiste en un bilan du périnée. C'est un bilan un peu superficiel quand même. Moi, je ne vais pas directement d'intra-vaginal. Le périnée, ça reste quand même... Les premières fibres musculaires sont assez superficielles. Donc, je teste l'entrée, je teste un petit peu les côtés, pas forcément sur la vulve. Je leur fais... Je leur demande ce que c'est pour elles, contracter, relâcher leurs muscles. À partir de là, on peut aussi voir s'il y a de l'hypertonie ou pas. Si tu arrives à serrer et que c'est bien mobile, c'est que ton périnée, ça va, il est OK. C'est surtout la douleur qui peut être problématique. Mais si ton périnée, tu n'arrives pas à le serrer, que c'est un petit peu compliqué ou bien juste, tu ne le conscientises pas, là, on va réapprendre tout ça. Et il y a un énorme travail sur la respiration, la décontraction globale. Au début, je fais beaucoup de touchés qui ne sont pas forcément sur l'entrée du vagin. j'alterne parce que Si les personnes sont tout le temps en train de craindre la douleur, elles n'arrivent pas à se détendre. Donc les cinq premiers rendez-vous, je fais pas mal d'aller-retour, entrer du vagin sur le côté, et on fait la respiration, on apprend à contracter et relâcher le périnée. C'est pas parce qu'on a besoin de détendre qu'il ne faut pas savoir contracter. La contraction n'est pas mauvaise. Elle est mauvaise si elle est inconsciente et si elle est involontaire. Donc voilà, on fait desserrer, relâcher, j'apprends à détendre, je guide avec le doigt. On ne va pas modeler le vagin ni modeler le périnée. On apprend uniquement à décontracter. moi je guide la détente volontaire. Je leur explique tout ce que je fais, je leur explique dans quel sens ça doit aller. Et c'est aussi pour ça que ça prend du temps, parce que c'est pas facile à comprendre toutes ces choses-là. Et au fur et à mesure, on arrive à insérer un doigt sans douleur du tout, parce que c'est pas censé prendre de la place à l'intérieur, c'est pas censé gêner. Parce qu'après, quand ça doit bouger, c'est pas de mouvement, évidemment, en séance, mais je veux dire lors des rapports, avec pénétration, il y a des va-et-vient. Donc imaginez ce que vous rentrez à l'intérieur de vous, ça prend de l'espace. et typiquement euh Par exemple, les tampons. Si vous n'arrivez pas à insérer le tampon, si vous l'insérez et qu'il prend de la place dans votre vagin, c'est soit qu'il est mal placé, soit que c'est trop serré à l'intérieur. Et souvent, c'est le cas des personnes qui, quand elles retirent leur tampon, elles ont plus de mal à le retirer que parfois à l'insérer. Enfin bref, je m'éloigne un peu du sujet.
- Speaker #1
C'est hyper intéressant parce qu'il y a aussi ce mythe de j'ai un vagin qui est trop petit.
- Speaker #0
C'est ça. Ce n'est jamais un problème de vagin, sauf autour de la ménopause parce qu'il y a une chute des hormones. Voilà, des oestrogènes. Et il peut y avoir de l'atrophie, de la sécheresse vaginale. Mais c'est rare qu'il y ait de la sécheresse vaginale quand on est plus jeune. Souvent, c'est que c'est trop tendu. Donc, de toute façon, le vagin, il va avoir du mal à se lubrifier parce que tout est comprimé, quoi. Et autrement, je ne sais plus ce que je voulais dire.
- Speaker #1
Non, non, tu parlais de ce que tu faisais en rééducation. Et c'était très intéressant parce que tu travaillais beaucoup sur la respiration les premières séances. Je pense que ça va faire sourire mes élèves et mes consultantes parce que je suis... psychologique sur la respiration, je passe énormément de temps à travailler la respiration.
- Speaker #0
C'est hyper important.
- Speaker #1
Dans le cas des douleurs pelviennes, je l'applique beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et des fois, les gens sont surpris que je passe autant de temps sur la respiration. Ils disent « on pense qu'on a des douleurs de bassin et on passe notre temps à respirer, à travailler le diaphragme, la cachetauracie. Qu'est-ce qu'elle fait ? Elle est perdue. » Et donc je trouve ça C'est intéressant qu'on en parle aussi et je pense que ça les fera sourire. Comme ça, elles pourront voir que je ne suis pas complètement barjo.
- Speaker #0
Ah non, moi je suis pareil que toi. C'est très contemplatif en séance. Allez, on inspire par le nez, on expire par la bouche, on s'en sécote, on bat le ventre, machin. Parce qu'en fait, déjà pour revenir sur le périnée et la respiration, le périnée, il bouge avec votre respiration toute la journée. Quand vous inspirez, le périnée, ça baisse et se décontracte. Ça, c'est quelque chose à retenir. Quand on inspire, le corps, il se remplit d'air. Il y a un mouvement qui va du haut vers le bas. Ça se détend à l'inspiration. Si on veut serrer, on peut serrer plutôt sur une expire. Mais retenez que c'est ça, parce que très souvent, moi, je pose la question au départ et je fais « Alors, sur quel moment de votre respiration, votre périnée se décontracte ? » « Sur l'expiration. » Non, mais je fais exprès, tout le monde répond ça. Mais du coup, après, j'explique pour qu'elle retienne. Et parfois, encore une fois, ce n'est pas simple, au bout d'une dizaine de séances, elle se trompe encore. Et parce que quand on a un périnée hypertonique ou des tensions, on va respirer de manière inversée. On va respirer en inspirant vers le haut. haut du corps, alors qu'en fait, quand on inspire, le ventre, il doit se détendre et se gonfler. Et donc, le périnée se détend, puisque périnée et ventre, c'est un petit peu des muscles qui servent à la même chose, au soutien. Périnée tendue, ventre tendu, ventre tendu, périnée tendue, enfin bref, les deux sont liés. Donc, la respiration, elle a un énorme rôle à jouer dans tout ça. Et ça fait partie énorme de la rééducation que je fais.
- Speaker #1
Et donc, tu disais, on en parlait avant, que c'est des suivis qui prenaient quand même du temps. Ça se fait pas en cinq séances. on voit que c'est vraiment progressif, qu'on commence par la respiration La conscience corporelle aussi beaucoup, la réappropriation de son anatomie, sa découverte. Et je sais que tu travailles aussi beaucoup en pluridisciplinaire, on en a parlé un petit peu, les médecins de la douleur, les dermatos. Et après, on parle aussi beaucoup de reprogrammation neuromusculaire. Comment ça se passe ? En quoi ça consiste ?
- Speaker #0
La reprogrammation neuromusculaire, c'est un peu comment réapprendre au corps à bouger ou à réagir autrement, notamment quand il a pris des mauvaises habitudes ou quand un muscle ou un mouvement, il ne fonctionne plus comme il faut. C'est reprogrammer, par exemple, ton périnée à se décontracter, à ne pas anticiper le contact. C'est tout un rapport de réapprentissage et le mouvement, ça se réapprend. C'est le principe de la rééducation. Ton coude, il est dans un plâtre pendant des mois, tu le reprogrammes à bouger, tu le reprogrammes à tendre, à se plier, etc. Ton périnée, c'est pareil. Déjà, Le périnée, c'est quelque chose qui fonctionne totalement inconsciemment. On éternue, il sert, on tousse, il sert. On va aux toilettes, on relâche, on ne s'en rend pas compte, parce que j'espère que vous relâchez aux toilettes et que vous ne poussez pas. Petite parenthèse.
- Speaker #1
Vous avez un petit tabouret pour surélever, idéalement, dans le luxe.
- Speaker #0
Yes, mais on ne pousse pas, on relâche. Et voilà, en tout cas, le périnée aussi, ça se reprogramme dans son mouvement. Encore une fois, un muscle, ça doit être efficace, aussi bien dans sa tonicité que dans sa souplesse. Vous voyez des sportifs de haut niveau jouer encore, je ne sais plus quand, Djokovic. Ok, il est hyper tonique et tout, mais il faisait le grand écart. Donc, un muscle, c'est dans sa souplesse qu'il peut se contracter. S'il est déjà trop tendu, il n'y arrive pas.
- Speaker #1
Non, mais c'est hyper intéressant. Et c'est vrai que du coup, ce travail de réapprendre au corps à faire différemment, on en trouve beaucoup aussi de parler avec mon métier, où tu réapprends au corps à faire des choses qu'il n'est plus habitué à faire, à remettre du mouvement à des zones qui ne sont plus habituées à bouger, parce qu'il y a des parties du corps qu'on n'utilise plus quand il y a de la douleur. Bien sûr. On ne sait plus les repérer, on ne sait plus avoir de sensations, donc de remettre des sensations, de remettre du mouvement. Ça fait partie du travail aussi thérapeutique. Bien sûr. Quel lieu en kiné, quel lieu via du mouvement, la respiration. Il y a aussi parfois des suivis en psychothérapie qui peuvent être intéressants. Pas comme les autres médecins qu'on voit en psychiatrie, comme on en parlait dans les statistiques, mais c'est vrai qu'il y a des retentissements psychologiques forts à la douleur. Bien sûr. Surtout quand ça a un impact aussi fort sur la sexualité, sur l'intimité. Donc parfois vraiment cette prise en soin est vraiment pluridisciplinaire. Il ne faut pas hésiter à trouver l'équipe qui nous convient, les approches qui nous conviennent, les trucs qui nous parlent plus ou moins. Franchement, en tant qu'individu, on peut choisir d'aller vers tel ou tel type d'approche. Mais je sais qu'il y a quand même des retentissements psychologiques qui sont forts sur la douleur. Et ça peut faire partie aussi des protocoles de soins. Et ça peut aussi aider après sur l'aspect corporel. Et inversement, l'aspect corporel peut aider sur la partie psychologique. On en parlait...
- Speaker #0
On n'enregistrait pas, c'est dommage, mais on en parlait juste avant d'enregistrer le podcast, que c'est compliqué de dissocier le corps et l'esprit dans ces thématiques-là.
- Speaker #1
Bien sûr, bien sûr. Et puis, peu importe lequel on commence, l'un peut aider à aller vers l'autre et l'autre peut aider à aller vers l'un. Parfois, j'ai des personnes qui viennent, qui ont fait d'abord de la psychothérapie ou de la sexothérapie. Il y en a qui viennent d'abord me voir et au bout d'un certain nombre de séances, vont voir les sexothérapeutes qui peuvent les aider. Les deux sont liés. De toute façon, la santé mentale est liée à votre santé intime. Si vous n'êtes pas disponible émotionnellement, si vous êtes tout le temps trop tendu, préoccupé par des problèmes familiaux, préoccupé par votre travail, etc. Où vous voulez trouver le désir dans tout ça ? Franchement, j'ai lu le super livre de Margot Thérault, La Malbaise, qui vient de sortir. Franchement, je l'ai adoré. Elle explique très bien tout ça. Voilà, on trouve où le désir quand on a une charge mentale tellement élevée ? Je ne parle même pas des mamans, mais même mes petites... de patientes qui sont dans leurs études, elles ont une chair mentale énorme, tout ce qui se passe dans leur tête. C'est ça, elles se mettent la pression parce qu'on a des personnes qui sont souvent perfectionnistes, qui veulent tout contrôler, qui veulent être parfaites sur tous les points, mais on ne peut pas être parfait sur tous les points. Je me dis ça à moi-même, parce que moi-même, je suis très perfectionniste. Je ne dirais pas qu'en ce moment,
- Speaker #0
je suis épuisée non plus.
- Speaker #1
Mais en tout cas, juste pour revenir sur le parcours de soins, sachez que dans l'idée, il faut trouver un médecin qui vous diagnostique, qui vous donne un traitement de la douleur si vous en avez besoin. Ensuite, un traitement corporel par des sages-femmes ou des kinés spécialisés. Il y a aussi des ostéopathes qui sont très utiles, qui complémentent notre travail. Et ensuite, tout ce qui est psychothérapie, sexothérapie, pour essayer de retrouver une sexualité qui vous convient, pouvoir communiquer avec votre partenaire, l'intégrer dans tout ça. Tout s'entremêle et moi, je trouve que c'est bien d'avoir au moins un peu des trois. Et encore une fois, je sais que ce n'est pas facile parce que parfois, c'est souvent des traitements qui sont longs et qui coûtent cher. Mais sachez que c'est le parcours de soins et comme ça, vous aurez une petite idée de par quoi commencer.
- Speaker #0
Oui, exactement. Puis après, s'orienter, faire des choix, prioriser.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Après, il y a aussi des choses qu'on peut faire. L'exercice de respiration, on peut les faire à la maison.
- Speaker #1
Oui, la cohérence cardiaque.
- Speaker #0
La cohérence cardiaque, il y a plein de choses. Il y a plein de choses qu'on peut faire à la maison aussi, qui peuvent aider. Des automassages, il y a des tutos, il y a plein de trucs maintenant qui existent. C'est pas forcément la chose la plus accessible immédiatement, mais en tout cas...
- Speaker #1
Non mais tu sais, même masser le ventre, moi je leur recommande souvent, souvent, souvent de masser leur ventre, parce que ça les aide énormément à se décontracter le périnée, parce que si tu as un ventre comprimé, tout tendu, les abdominaux, surtout les transverses, les muscles de la sangle abdominale, s'ils sont contractés, c'est les muscles du côté du ventre.
- Speaker #0
Ils travaillent ensemble, les périnées et les transverses.
- Speaker #1
Exactement. Souvent on a des sportives, encore une fois, qui peuvent avoir des troubles du périnée, parce qu'elles sont tout le temps trop tendues. typiquement les danseuses classiques,
- Speaker #0
les filles qui font de la gym,
- Speaker #1
qui en ont fait pendant 10 ans, même qui ont arrêté, elles ont cette habitude, cette posture. La posture, c'est aussi quelque chose que je travaille avec mes patientes, je leur montre comment se tenir, comment ne pas se tenir, et aussi de ne pas tout le temps trop tendre, et des fois relâcher. Voilà, c'est un grand monde.
- Speaker #0
Et puis c'est vrai que le massage, c'est aussi un moyen de se rapproprier son corps, d'être dans ses sensations. C'est ça. Et je pense que tout ce qui va permettre d'être dans ces sensations corporelles et dans son corps, elle le sera appropriée, c'est quelque chose qui est bénéfique.
- Speaker #1
Bien sûr, de redonner du plaisir à se toucher.
- Speaker #0
Il y a des femmes, c'est de la danse. Il y a des femmes, c'est de la yoga. Il y a des femmes, c'est de la pole dance. Enfin, il y a plein de trucs, en fait. Et ça ne fait pas partie de la thérapie en tant que telle, mais en vrai, c'est aussi thérapeutique de pouvoir trouver des pratiques corporelles dans lesquelles on peut explorer son corps et ses sensations.
- Speaker #1
Et se redonner confiance en soi. Parce que l'estime de soi, la confiance en soi, ce sont aussi des piliers. de la manière dont vous allez interagir avec votre intimité. Donc, la danse, le théâtre, plein, plein de choses. Le chant, peu importe. En vrai, la course à pied, le sport, vous choisissez, mais faites-vous du bien, faites-vous des compliments, des affirmations positives. Moi, j'y crois trop. Le cerveau, il croit que ce qu'on lui dit. Donc, si vous dites que vous êtes nul toute la journée, il va se dire, je suis nul. Par contre, si vous dites, je vais passer une journée merveilleuse, je suis génial, je suis forte, je suis intelligente, voilà. Le cerveau, il va prendre ça très positivement et ça va l'empêcher de ruminer, parce que les ruminations et les pensées parasites, c'est le pire pour tout le monde et surtout pour aussi les patientes que je suis, par exemple.
- Speaker #0
Et donc, du coup, la grande question qui revient beaucoup et qui concerne pas mal de personnes, est-ce qu'on peut retrouver une sexualité sans douleur ?
- Speaker #1
Alors, bien sûr et heureusement. Le plus dur, en fait, au départ, c'est surtout l'acceptation du problème et de faire confiance aux soignants. Parce qu'après plusieurs échecs thérapeutiques, les patientes ont souvent du mal à y croire. Elles ont peur de consulter par peur d'être jugées ou maltraitées. Donc voilà, ensuite j'insiste, c'est aussi une prise en charge pluridisciplinaire. Et ce que je disais, c'était qu'il y a besoin d'un traitement médical adapté, d'un accompagnement en rééducation et de consultation en sexothérapie. Car ces douleurs ont des conséquences irrémédiables sur la sexualité. Et les sexologues, c'est bien évidemment la clé de voûte de ces traitements. Moi, je travaille avec beaucoup de sexologues. Des personnes que j'admire, des personnes que je trouve hyper pédagogues, compétentes, qui peuvent vous aider. Vous savez, quand vous allez voir des professionnels de la santé mentale, vous n'êtes pas obligés d'aller dans le deep tout de suite. Vous pouvez déjà...
- Speaker #0
Sur trois générations... Oui,
- Speaker #1
vous pouvez déjà parler de ce dont vous avez envie, ce qui vous met à l'aise, de jauger un peu l'autre. Mais par contre, essayez d'y retourner une fois ou deux pour voir ce que ça peut vous apporter, parce que parfois, la première fois, ce n'est pas forcément la plus utile. Oui, c'est ça, ce n'est pas là où... la personne va vous donner le plus de conseils.
- Speaker #0
Et on fera un épisode avec une sexo à la rentrée aussi pour découvrir un peu ce métier, ce que ça peut apporter dans le parcours de soins. Oui, oui,
- Speaker #1
je vais conseiller des noms.
- Speaker #0
Très bien.
- Speaker #1
Mais voilà, en tout cas, je voulais dire que l'enjeu, il reste aussi économique, car tous ces soins, ça coûte très cher et c'est peu remboursé. On en revient à l'importance de la santé sexuelle, qui fait partie du bien-être de la personne et de sa santé globale. Ça mérite vraiment toute notre attention. Et la définition d'ailleurs de la santé sexuelle, c'est que c'est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social, associé à la sexualité, qui ne consiste pas uniquement en l'absence de maladies, de dysfonctions ou d'infirmités. Elle a besoin d'une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles. et la possibilité d'avoir des expériences sexuelles qui apportent du plaisir en toute sécurité et sans contraintes, discrimination ou violence.
- Speaker #0
On souhaite ça à tout le monde.
- Speaker #1
Oui, j'espère aussi. Très très fort. Très très fort.
- Speaker #0
Je pense que ça va être le mot de la fin. Je pense que c'est très bien comme ça. C'est vraiment tout ce qu'on souhaite à chacune des femmes qui nous écoutent.
- Speaker #1
J'espère que je n'ai rien oublié, que j'ai dit le plus important. En tout cas, vous pouvez retrouver plein d'infos sur mon compte, dans mon livre et sur le site internet.
- Speaker #0
Oui, on va vous mettre... plein plein plein de ressources pour compléter, que vous puissiez compléter vos recherches, creuser les sujets qui vous intéressent. Si vous envoyez des questions, envoyez des questions. En tout cas, je voulais vraiment te remercier Clu pour ta participation. Avec plaisir. Je trouve que c'était important de mettre des mots M O T S sur les mots M A U X. Exactement. Maintenant vous taperez sur Google disparunis au Ville Vaudigny et pas douleurs pendant les rapports. Uniquement oui. Derrière ces termes encore trop méconnus, ce qu'a vraiment déjà été vécu par des millions de femmes, je vous le rappelle, vous n'êtes vraiment pas seuls. Souvent, c'est dans le silence, la solitude ou l'incompréhension, mais je vous rassure, c'est jamais dans votre tête. C'est pas normal d'avoir mal, et oui, il y a des solutions qui existent, on en a parlé aujourd'hui. Grâce à une meilleure compréhension de votre corps, à des accompagnements pluridisciplinaires et à une parole libérée, il est possible de retrouver une sexualité épanouie et sans douleur, promis. Alors, si vous vous reconnaissez dans ce que vous avez entendu aujourd'hui, sachez que vous n'êtes pas seul, parlez-en. À un ou une professionnelle de santé, à une association, à une amie de confiance. Car chaque douleur exprimée est une première étape vers le soin. On l'a dit, c'est vraiment le premier pas. Cet épisode a été enregistré à la Cité Audacieuse, dans le studio La Poudre, un lieu engagé, tout comme ce podcast, pour faire entendre la voix des femmes et leur santé. Vous retrouverez en légende de l'épisode de nombreuses ressources, références et contacts pour aller plus loin, vous informer, vous faire accompagner. Et surtout, n'oubliez pas de mettre des étoiles, de vous abonner et de laisser un commentaire sur votre plateforme d'écoute préférée. C'est ce qui donne de la visibilité à ce podcast et qui permet à d'autres femmes de découvrir ces informations essentielles. Merci pour votre écoute et comme toujours, prenez soin de vous, de votre corps et surtout, aimez votre vulve. A très vite dans ce Overheats.