- Speaker #0
Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles et plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Graphie Ratamoane. Bonjour Graphie.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois VM. Je suis très enjouée de t'interviewer. On enregistre aujourd'hui cette interview dans mon salon après une petite balade en forêt. Cher Graphie, tu as monté PNY en 2012 avec Rudy. Au départ... T'es en cuisine et ton associé en salle, avec une seule envie, faire venir tout Paris. Il y a eu tellement de monde que vous avez dû ouvrir un deuxième restaurant pour désengorger le premier, et ainsi de suite, jusqu'à votre groupe actuel. Ça, c'est ta success story. Vous avez levé des fonds, eu une plantade d'un autre concept, grâce auquel vous prenez conscience de la valeur de PNY. Vous avez structuré, déstructuré le siège, découvert la franchise. Aujourd'hui, PNY, c'est 18 millions de chiffres d'affaires hors taxes et le titre du meilleur burger de Paris, décerné par François-Régis Gaudry. Bon, maintenant, Graphie, j'ai un aveu à te faire. Quand je t'ai contactée, je ne connaissais pas PNY et encore moins son incroyable succès. Bon, oui, pardon, personne n'est parfait. Entre-temps, je dois dire que PNY a fait la joie de mes enfants, y compris des végétariens. Je t'ai contacté sur une intuition, suite à la lecture d'un de tes posts, qui mettait en avant ta spontanéité, ton humanité et ta valeur cardinale, liberté. Mon intuition ? Que tu es de ces leaders authentiques et inspirants. Et la suite est ici, maintenant dans notre rencontre dans Soi.V.M. Comment tu fais, graphie, pour conserver tant de simplicité, sans perdre les pieds face à un tel succès ?
- Speaker #1
Tu commences fort,
- Speaker #0
tout de suite.
- Speaker #1
Peut-être parce que je ne pense pas que c'est un succès, tout simplement. Je pense que pour dire que quelque chose est un succès ou pas, il faudrait qu'il y ait une fin. C'est un peu comme si ça venait acter l'état d'une chose. Nous, aujourd'hui, on est encore en chemin. Voilà, tout simplement.
- Speaker #0
Et donc, c'est cette notion, j'entends, du chemin qui te fait garder les pieds sur le chemin.
- Speaker #1
Voilà, exactement.
- Speaker #0
Et alors, c'est pas rien ça, dis donc, d'avoir cette conscience du chemin et d'avoir les pieds bien ancrés. Et est-ce que tu peux me partager un peu de ton histoire et de ton parcours qui t'a amenée jusque là ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Nous, ça fait 12 ans maintenant, je pense qu'on a ouvert le premier restaurant. Ça vient d'une idée de mon associé. En fait, à l'époque, on ne se connaissait pas. Et il m'envoie un message Facebook en me disant « Salut Graphie, on ne se connaît pas, c'est Clément qui m'a parlé de toi » . Est-ce que ça te dirait d'ouvrir un restaurant de burgers avec moi ? Et moi, je lui ai dit, écoute, on va peut-être commencer par prendre un café. Ça serait une première bonne étape avant de se lancer. Donc, on prend ce café et le fit a été immédiat. En fait, non seulement on a fité, mais en plus, on a compris tout de suite qu'on avait un peu la même vision des choses, la même vision de où on voulait aller et qu'en plus, on sentait qu'on allait être hyper complémentaires. C'est comme ça qu'on se lance dans l'aventure.
- Speaker #0
Donc, vision partagée et complémentarité. Vous ne vous connaissiez pas, mais vous partagiez quand même la même école ? Oui. HEC ?
- Speaker #1
Oui. Après, l'école, elle est très grande, c'est un campus, donc on peut tout à fait faire toute sa scolarité sans croiser qui que ce soit. Et puis, Rudy, mon associé, aime bien dire que nous n'étions pas sur les mêmes fuseaux horaires. Pendant que lui faisait la fête la nuit, eh bien moi, je... Moi, je suis très scolaire, donc j'étais en cours. J'étais peut-être la seule en cours à 8h du matin. Le vendredi, qui est le lendemain, nos fameuses soirées sont le jeudi soir. Mais je m'égare. Oui, on ne se connaissait pas pour autant. Mais en revanche, comme je passais mon temps à dire que je voulais monter ma boîte et qu'en plus, j'avais choisi une spécialité entrepreneuriat, eh bien, tout se sait au final.
- Speaker #0
Et moi, je nomme HEC parce que dans ton parcours, ce n'est quand même pas rien d'accéder à ton parcours, je veux dire pour n'importe quel parcours. Toi, à la base, je crois que tes parents viennent du Sri Lanka. Oui. Comment ça se passe ? Comment t'arrives à avoir envie et t'obtiens l'entrée de la meilleure école de commerce de France ?
- Speaker #1
Ah, il serait content aussi ! Comment ça se passe ? Eh bien, en effet, mon père fuit la guerre pour arriver en France. Donc, au Sri Lanka, il avait une vie installée, il avait une carrière qui était lancée. Il était, entre guillemets, quelqu'un au Sri Lanka. quand on doit fuir la guerre ? Et que dans un simple vol de 12 heures, on se retrouve dans un pays dont on ne parle pas la langue. Bon, il n'y a pas... Et homme de ménage, pour subvenir à ses besoins, il n'y a pas 36 choix. C'est soit on s'écroule, soit on se dit qu'on avance. Et j'ai eu de la chance, il a décidé d'avancer. Et en fait, en ayant vécu ça, je pense qu'il est devenu stoïcien. Sans le savoir, parce que je pense qu'il ne connaît pas ce mouvement de pensée. Mais clairement, il l'est. Et donc, moi, je grandis avec un papa qui passe son temps, qui m'enseigne que la vie, elle est courte, que la vie, elle est éphémère, qu'elle est précieuse et qu'il faut en tirer le maximum. Et pour lui, tirer le maximum de sa vie, c'était... Il sait exactement ce que ça veut dire. Ça veut dire ne prêter absolument aucune attention à ce qu'on ne peut contrôler pour garder toute son énergie, pour embrasser le destin que l'on choisit. Donc ça, c'est vraiment son leitmotiv dans la vie. Il n'a jamais lu Marc Aurel, mais il te dit que ce qui barre ta route, ça devient ton chemin. Donc c'est vraiment un... Enfin, je grandis là-dedans. Donc avec un papa qui m'apprend que tout est possible quelque part. Et l'autre pilier de ma vie, c'est ma mère. Ma mère qui, elle, pour la décrire, c'est un peu l'aristocrate déchue. Ok. Voilà. C'est quelqu'un qui, en gros, c'est pas parce qu'on bouffe des knackis qu'il ne faut pas qu'on se tienne droit, tu vois. C'est quelqu'un qui m'apprend qu'il faut être digne en toutes circonstances, il faut avoir bon goût, il faut toujours sauver son honneur. Voilà. Peu importe les circonstances. et qu'en plus, il y a un truc pratique, c'est que pour elle, le travail vient à bout de tous les obstacles. Donc en fait, entre un papa qui... qui m'élève dans tout est possible et une maman qui me donne les moyens, cette exigence, ce goût de l'effort, ce goût du travail, petit à petit, on y arrive. Parce que c'est un peu comme si j'avais le vouloir et le pouvoir en même temps. Tu sais, souvent, on dit quand on veut, on peut. Je pense qu'en fait, il y a aussi un peu de quand on peut, on veut. Avec mes parents, j'ai les deux. Et c'est un peu le fait d'avoir les deux qui me fait dire que je ne me pose aucune limite et je me donne les moyens d'y aller.
- Speaker #0
Ça crée complémentarité.
- Speaker #1
Quand on veut,
- Speaker #0
on peut. Et quand on peut, on veut. À la fois, tout est possible. et à la fois les valeurs aussi de... de se donner les moyens, que le travail permet tout. Mais tu dis ça avec beaucoup de simplicité. Je suis très touchée d'entendre que dans l'adversité que peut être aussi l'immigration, il y a un héritage de valeurs, de forces dont tu t'empares.
- Speaker #1
Oui, c'est joliment dit parce que c'est vrai que souvent, on a malheureusement une mauvaise image de l'immigration. Mais quelque part, quand on se met à la place de ces personnes, c'est des personnes qui, déjà, qui rarement font le déplacement par plaisir. C'est souvent pour fuir la guerre, la misère, enfin quelque chose. Donc, elles arrivent dans des circonstances difficiles. Quand on arrive dans un pays dont on ne parle pas la langue, eh bien, ça demande de sacrées ressources pour se reconstruire, pour reconstruire une vie en repartant de zéro.
- Speaker #0
Merci. Qu'est-ce qui fait que toi, de tout ça, tu fais HEC et tu choisis de faire entrepreneur et tu disais tout à l'heure, tu choisis une spécialité entrepreneur. C'est quoi ce goût de l'entrepreneuriat qui est déjà présent chez toi ?
- Speaker #1
Alors ça, ça me vient, moi j'ai grandi à la même époque que un peu tous ces self-made men en Inde. donc j'étais assez fascinée par ces parcours de vie de ces personnes qui en... En l'espace d'une génération, passe de la rue à une vie stable. Ça me fascinait. Et moi, avec des parents, en étant la première génération, étant née de parents immigrés, au départ, on a une vie très modeste. Donc j'aspire à ça, j'aspire à m'en sortir. Et par m'en sortir, ce que je veux dire, c'est tout simplement pas avoir peur de ne pas avoir de toi sur la tête. C'est ça. Et je pense que l'enfant que j'étais a associé cette image de self-made man à ça et a construit quelque chose comme « il faut que je monte ma boîte pour m'en sortir » . Je pense que je me mets là dans ma tête de quand j'avais 5 ans ou 6 ans. Donc tout ça est très flou et très lointain.
- Speaker #0
C'est ton rêve à toi ?
- Speaker #1
Oui, je pense que ça vient de là. Un mélange de toutes ces histoires que je trouvais incroyables, encore une fois des histoires qui montrent que c'est possible, et le « pourquoi pas moi ? »
- Speaker #0
Et tu l'incarnes si bien, le « c'est possible et pourquoi pas moi ? » Et alors ce possible, comment il est devenu possible ? Donc toi tu dis à qui veut l'entendre que tu as envie de monter ta boîte. Il y a un copain en commun qui vous met en contact avec Rudy, et là tu me dis, coup de cœur immédiat, on est aligné à la fois sur un une intuition commune des valeurs et à la fois, on est très complémentaires. Et de là, il se passe quoi ?
- Speaker #1
Alors de là, il s'avère qu'à mon époque, pour valider le diplôme, il faut que je monte ma boîte. Donc ce que je lui dis, c'est que ça tombe parfaitement bien. Faisons ça sur PNY. Faisons l'exercice sur PNY. Comme ça, moi, en plus, ça me permet de valider mon année. Allons-y.
- Speaker #0
Parce que PNY, c'était déjà... Tout de suite, ça a été PNY ?
- Speaker #1
Non, ça ne s'appelait pas comme ça. On n'avait pas de nom. Le nom est arrivé plus tard. Mais en tout cas, ça a toujours été d'ouvrir un restaurant de burgers. On se lance dans ce cadre-là. Et moi, je crois vachement à la magie des rencontres. Je pense que ce n'est pas arrivé de nulle part que je rencontre ce type. Précisément au moment où je devais monter une boîte. J'aime bien m'accrocher à ce genre de signe que nous envoie l'univers. J'aime rester ouverte à la rencontre. Parce que je trouve qu'il se passe toujours quelque chose de magique. Et voilà, Piano Eye est né de ça, de cette espèce de petite bonne étoile.
- Speaker #0
De cette bonne étoile, mais du coup de l'espace, comme tu viens de le dire, que tu laisses à la rencontre de cette petite magie. Donc j'entends aussi dans ce que tu dis de l'intuition. Tu as conscientisé que tu étais intuitive déjà à ce moment-là ou ça se passe comme ça sans que tu le conscientises ?
- Speaker #1
Non, je ne conscientise rien du tout. C'est vraiment l'insouciance de l'étudiant. J'ai un copain qui me propose de jouer à la dînette. Ah bah oui, allez, je suis chaude. Allons-y, ça m'amuse, faisons-le.
- Speaker #0
C'est le flow.
- Speaker #1
Oui, c'est ça. Je ne réfléchis pas deux secondes. Je ne me dis même pas. En fait, c'est marrant parce que il faut se remettre quand même une quinzaine d'années en arrière. Oui. La restauration n'avait pas autant le vent. en poupe qu'aujourd'hui. Et la première personne qui me ramène à la réalité des choses, c'est il y a un espèce de grand jury final à l'école qui s'appelle le jury de la H, qui porte bien son nom. Et à cette jury, il y a un des membres qui... Enfin, on pitch le projet et qui me dit « Mais enfin, madame, on n'avait tout de même pas fait HEC pour ouvrir un restaurant. » Et là, je pense que c'est la première fois depuis qu'on travaillait dessus où je me suis... Ouh ouh ! où j'ai eu un retour à la réalité. Parce que nous, on était dans notre délire, dans notre jeu. Et après, sorti de là, avec Rudy, on s'est regardé et on s'est dit « Non, nous, on est chaud, on a très envie de faire ça, on veut ouvrir notre restaurant. »
- Speaker #0
Et tu lui as répondu quoi ? La réponse était attendue de ta part quand il t'a dit ça ?
- Speaker #1
Quand il m'a posé la question, si, je lui ai dit. Je rigole parce que c'est un peu une... Je lui ai dit que je ne voulais pas attendre la crise de la quarantaine pour le faire.
- Speaker #0
Alors pourquoi tu rigoles comme ça là maintenant ?
- Speaker #1
Non mais parce que j'ai toujours été très bonne élève, mais j'ai aussi ce côté un peu rebelle. Et d'ailleurs c'est marrant parce que le directeur de la majeure, qui ensuite maintenant me fait intervenir auprès des étudiants, il me présente toujours un peu comme ça. Il me présente en disant « Graphie, je vous la présente » . J'ai toujours cru que c'était une erreur de casting. Et en fait, quelque part, je trouve ça bien parce qu'en gros, j'arrive pour clôturer souvent le séminaire des étudiants. C'est comme si c'était pour dire que, OK, on vous apprend plein de trucs, mais à la fin, faites ce que vous voulez. Parce que vous ne serez jamais aussi fort que quand vous serez parfaitement aligné entre ce que vous pensez, ce que vous ressentez, ce que vous dites et ce que vous faites.
- Speaker #0
C'est alignement. tête, cœur, corps,
- Speaker #1
tripe,
- Speaker #0
hérité, dis-moi si je me trompe aussi, de ton papa, cheville au corps, que tu as, et aujourd'hui que t'enseignes et que tu transmets.
- Speaker #1
J'espère.
- Speaker #0
J'ai l'impression en tout cas. Même s'il y a une boutade dans l'air avec erreur de casting. J'ai l'impression qu'il y a tout ça en toi, cette complémentarité de liberté, d'espace des possibles, et en même temps de se donner les moyens. Quand tu es avec Rudy, ton associé, comment ça se passe au quotidien à ce moment-là, quand vous montez les débuts du PNY ? Tu m'as parlé, tu m'as partagé cette douche froide, et en même temps, tu me dis, on est sortis de là en se disant, si, si, si, on est chaud, nous on a envie de ça. Et alors après, ça se passe comment ?
- Speaker #1
Alors après, ça se passe comment ? Ce qui est bien avec la restauration, c'est que quelque part, tout le monde sait à peu près dans sa tête ce qu'il faut faire pour en monter un. ... On a cette chance de ne pas être dans de la start-up internet où il faut un peu tout inventer, etc. Nous, on se lance dans l'un des plus vieux métiers du monde. Donc, quelque part, on sait ce qu'il faut faire. On sait qu'il faut aller trouver un local, etc. Les fournisseurs, les architectes, tout ça. Maintenant, ce qu'on se dit, c'est qu'on veut faire ça bien. C'est encore une fois notre côté bon élève qui ressort. Et on se dit qu'il faut qu'on pallie absolument notre manque d'expérience. parce que ni enfin Moi, j'ai travaillé chez McDo et lui, il a un peu travaillé dans une trattoria italienne, mais c'est très faible comme expérience de la restauration. Donc, il faut qu'on pallie ce manque en allant interroger, interviewer la terre entière. Donc, on podcastait avant les podcasts. Donc, on a vraiment rencontré tout le monde et c'est comme ça qu'on s'est enrichi et on a raconté notre idée, mais je pense à une bonne centaine de personnes. Et au fur et à mesure des rencontres, le projet se possède. Chacun, de son expérience, nous dit « faites attention à ci, faites attention à ça » . Petit à petit, les pieds noirs se dessinent et on trouve le premier local. On le signe, on le finance et on l'ouvre.
- Speaker #0
Wow ! Puis après, il y a tous les autres. En termes de, tu me dis, avec Rudy, vous êtes alignés sur les valeurs. Après, il y a des recrutements, il y a des équipes en place. Comment ça se passe, justement, en termes de leadership, pour toi, Rudy, l'équipe ? Comment ça se développe, le humain, chez PNY ?
- Speaker #1
Alors, encore une fois, il faut se remettre. Il y a 12 ans, 12-13 ans, la restauration était beaucoup plus archaïque. C'était un monde où les heures sup' n'étaient pas payées, il fallait faire des coupures, tu ne pouvais pas prendre ton week-end, les vacances, c'est quand on peut. passer C'était un monde très archaïque. Et nous, quand on se lance, on dit qu'on veut faire quelque chose de basique, qui est de respecter le code du travail. Et tous les restaurateurs qu'on rencontre, en tout cas beaucoup, nous disent que ça va être compliqué parce que c'est un métier de centimier, c'est difficile, etc. Et nous, on est vraiment portés par ça. on s'est dit C'est important. Le staff, c'est ce qui est le plus important pour nous dans une entreprise.
- Speaker #0
Et ça, vous l'avez vraiment chevillé au corps, j'ai l'impression.
- Speaker #1
Dès le départ, pour des raisons différentes, je pense. Moi, en étant Sri-Lankaise, je ne sais pas si tu sais, mais dans beaucoup de cuisines parisiennes, en cuisine, c'est des Sri-Lankais, des Bengladais. Et donc, moi, j'ai toujours vu mes oncles. travailler en cuisine et... Alors, pas tous se faire exploiter, parce que ce n'est pas vrai. J'ai quelques-uns qui ont la chance d'avoir des patrons merveilleux et avec qui ça se passait très bien, mais j'en connais... où ça a été très très dur et du coup, moi je veux pas reproduire ça et Rudy, lui, il aime l'humanité toi aussi ?
- Speaker #0
oui, moi aussi vous êtes deux humanistes et je sais plus pourquoi j'ai ça parce qu'on parlait du rapport à l'équipe et toi tu me dis de toute façon, dès le départ, pour nous il y avait respecter le code du travail et puis il y avait cette notion que le staff c'est vraiment essentiel. C'est ça.
- Speaker #1
Et on se met à écrire partout « staff first, clients second » et ça on le tient, on le tient, on le tient et c'est jamais parti. En gros, c'est comme si on avait pris un peu d'avance sur la restauration en respectant le code du travail. Mais une fois qu'on avait fait ça, on s'est dit on peut faire ça, puis ça, puis ça. et aujourd'hui... Ma RH, je pense qu'elle est à 50% du temps assistante sociale. Elle est aidée pour régler la facture d'électricité d'un tel parce qu'il n'y arrive pas. Que des choses comme ça. Et puis aussi, comme ça fait longtemps qu'on existe et que je pense qu'on a fait en sorte de jamais la mettre à l'envers à qui que ce soit, la réputation se construit.
- Speaker #0
C'est quoi la mettre à l'envers à quelqu'un ?
- Speaker #1
C'est un milieu assez dur. Ne serait-ce que payer les heures sup. Ok,
- Speaker #0
ne serait-ce que ça. Merci de le souligner.
- Speaker #1
Après, ce qui est bien, c'est que la restauration a changé. Depuis, il change et maintenant, c'est plutôt l'inverse. Maintenant, des gens qui ne respectent pas le code du travail, je ne sais même pas si ça existe encore. Mais c'est vrai qu'à l'époque, ça permet au staff de nous faire confiance tout de suite.
- Speaker #0
Il y a une réputation qui se met en place aussi, et vous êtes aussi portée par ça. Et tu dis staff first et client seconde. Et pour avoir été, moi, dernièrement, dans un PNY, j'ai eu beaucoup l'impression d'être client first. Ça aussi, ça fait quand même partie de vos valeurs, non ?
- Speaker #1
En fait, ce qu'on se dit, c'est que si le staff est bien, forcément, ça ruisselle. et puis il y a il y a Souvent, quand on va au travail, on nous impose d'être quelqu'un d'autre. Et nous, on s'est dit qu'on allait faire tout l'inverse, qu'on allait permettre au staff... Je ne sais pas si tu connais le slogan de McDo, c'est « Venez comme vous êtes » . Oui. Voilà, le « Venez comme vous êtes » , on s'est dit, on ne va pas l'appliquer qu'au client, on va surtout l'appliquer au staff.
- Speaker #0
Et comment tu te l'appliques à toi ?
- Speaker #1
À moi, moi ? Ouais. À moi, moi ? Bah moi...
- Speaker #0
C'est naturel, je t'ai dit ça.
- Speaker #1
Oui. Alors là...
- Speaker #0
Et chez Rudi aussi, que je ne connais pas, c'est naturel comme ça. Oui,
- Speaker #1
en permettant au staff de venir comme il est, c'est-à-dire habillé comme il veut, mettre la playlist qu'il veut au restaurant, il se passe quelque chose, encore une fois, d'alignement. Et donc, quand tu es à l'aise dans tes baskets, tu ne peux que mettre à l'aise la personne que tu accueilles. Alors que si tu es avec ton costume, avec ton script, si on t'oblige à dire à toutes les personnes qui arrivent Bonjour, aujourd'hui, la spécialité du jour, c'est machin. Très vite, c'est un robot. Il n'y a plus cette connexion humaine qui se produit.
- Speaker #0
Et tu nommes là, donc, Venez comme vous êtes, pour le staff aussi d'abord, que toi, tu as naturellement d'être comme tu es. Et donc, ça s'incarne et c'est en systémie, du coup. Pour les clients, du coup, ça les rend à l'aise aussi. Excuse-moi, ce que je voulais dire, c'est... Tu permets à chacun, chacune qui bosse chez PNY d'être habillée comme il a envie, de mettre la playlist qu'il veut. Est-ce qu'il y a d'autres ingrédients ou d'autres rituels qui font que tu permets cet espace d'authenticité dans les équipes ?
- Speaker #1
Ah oui, bonne question. Je pense qu'il y a beaucoup qui résident dans le fait de ne pas poser de script. Souvent en restauration, enfin dans le retail, tu as beaucoup ça. Si le client dit ça, dites ça. C'est un peu comme dans un call center. les espèces d'arbres de réponses. Nous, on laisse complètement libre cours à ça. On laisse énormément d'autonomie. Et en faisant ça, il se produit quelque chose de magique. Je pense que quand tu laisses l'autonomie aux gens, en effet, ils s'approprient cette liberté, mais tu ne peux pas avoir la liberté sans être responsable. En fait, quand tu prends la liberté, T'es obligé de prendre la responsabilité qui va avec. C'est comme si tu attrapais le même objet. Alors ça convient pas à tout le monde, j'imagine. En tout cas, nous on recrute des personnes qui cherchent ça, à être autonomes. Donc on laisse... énormément les gens tranquilles.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as eu des moments où c'était plus compliqué, où il y a eu des dérives de ça ? Bien sûr. Un peu comme dans une famille où tu testes un peu les limites. Dans l'entreprise, des fois, c'est aussi un autre écosystème où parfois des personnes cherchent aussi un peu les limites.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Et là,
- Speaker #0
tu es quel leader à ce moment-là ? Dans l'adversité, tu es quel leader ?
- Speaker #1
Alors, ce que je pense, c'est que c'est pas parce que... Enfin, l'autonomie, ça va... Ça ne va pas à l'encontre de la performance. Ce n'est pas du tout antinomique. Souvent, on se dit que l'autonomie, c'est laisser faire. Alors que ce n'est pas ça. Nous, on laisse l'autonomie. Moi, ce que j'aime faire, ce qui me porte, c'est d'aller tirer le meilleur de chacun, tout le temps.
- Speaker #0
Tu donnes le pouvoir d'agir au meilleur de soi à chacun.
- Speaker #1
C'est ça. Et en plus, Rudy, lui, il a cette force. Des fois, je me demande même comment il fait. C'est qu'il place la barre haute. Et il a cette énergie, il ne se lasse jamais de la placer si haute. Et en fait, ça, ça tire toute la boîte vers cette espèce de recherche d'excellence, de performance, parce que ce n'est pas deux gros mots qui s'affrontent.
- Speaker #0
Bien sûr. Et ça, je l'entends bien, cette coexistence d'espace. d'authenticité, d'autonomie, qui n'est en aucun cas antinomique avec la performance. Ce que je me permettais d'aller chercher là, c'est est-ce qu'il y a eu des moments difficiles et dans ces moments plus complexes ou qui présentent plus d'adversité, c'est quoi tes forces à toi à ce moment-là ?
- Speaker #1
Ma force à moi, c'est de toujours laisser une deuxième chance. Et quand je laisse une deuxième chance, je la laisse, mais avec tout mon cœur. C'est-à-dire que pour que je ne fasse plus confiance à quelqu'un, il faut vraiment, mais vraiment y aller. Et du coup, la deuxième chance que je lui laisse, c'est une vraie deuxième chance. C'est-à-dire que j'y crois peut-être même plus que la personne. Et en fait, quand tu as quelqu'un qui te fait confiance, je pense que c'est libérateur. soit tu saisis cette opportunité et voilà sinon on se sépare de la personne c'est comme ça,
- Speaker #0
c'est la vie et je ressens la sincérité presque j'ai envie de nommer d'une certaine foi chez toi en l'humain moi je te vois les auditeurs et les éditrices ne te voient pas mais ton visage quand tu exprimes ça et quand tu dis une vraie deuxième chance ça se voit sur ton visage à quel point c'est C'est présent. Si je te parle de foi, c'est un gros mot ou pas ? Pas du tout. Pas du tout. T'as la foi ?
- Speaker #1
Ah, c'est une belle question. Je pense que tout entrepreneur à la foi, en tout cas, je parle de l'espèce que je connais, parce que c'est notre moteur, c'est notre carburant. En fait, l'entrepreneur, le fondateur, je pense que c'est la personne qui a une espèce de jauge d'énergie. qui arrivent avec ça le matin et qui en distribuent pour que la boîte grandisse, le staff soit bien, etc. Et t'es obligée d'avoir la foi, la flamme, enfin on appelle ça comme on veut, et je pense que le moment où tu l'as plu, il faut passer à autre chose.
- Speaker #0
En tout cas, je vois qu'elle t'habite, la foi, la flamme, graphie. Je voulais voir avec toi, tu parlais d'ouverture. d'autonomie et je crois que tu as aussi des pratiques assez innovantes dans ton management. J'avais entendu aussi en préparant cette interview que tu laissais des espaces à un moment donné de décision de ses propres salaires pour certaines fonctions.
- Speaker #1
Oui, alors je pense qu'une entreprise, c'est un organisme un peu vivant, c'est même complètement vivant. Et donc, il y a des moments... Dans l'histoire d'une entreprise où tout est tellement installé, peut-être même on peut parler d'alignement pour une entreprise. Tu sais, quand ça roule, que c'est là, que c'est bien installé, que les gens sont là depuis longtemps, qu'ils connaissent presque la boîte mieux que toi, presque. Et à ce moment-là, je pense qu'on ne risque rien à... Demandez à ces personnes combien elles souhaiteraient être payées. Et nous, on a vécu un peu ce moment d'épiphanie. C'était en décembre 2018, où vraiment, on était bien. Avec des gens dans lesquels on avait complètement confiance. Et on s'est dit...
- Speaker #0
On va remplacer le système de variables, qui est quelque chose d'assez classique dans la restauration, par un libre choix du salaire.
- Speaker #1
Et ça, c'était pour tes responsables ?
- Speaker #0
Pour les directeurs de restaurant.
- Speaker #1
Les directeurs de restaurant.
- Speaker #0
Voilà. C'est quelque chose qui peut faire peur, parce qu'on va se dire, mais qu'est-ce qu'ils vont nous annoncer ? D'autant plus que je leur avais dit que ce ne serait pas une négociation, c'est-à-dire que le chiffre qu'ils me diraient, je l'accepterais, mais sans... Sans négocier.
- Speaker #1
Je reconnais ton côté audacieuse.
- Speaker #0
Eh bien, ça peut faire peur, mais je savais qu'ils prendraient la bonne décision pour la boîte parce qu'en fait, on est tous adultes. Il ne faut pas sous-estimer ça.
- Speaker #1
Donc un espace de co-responsabilité.
- Speaker #0
Et maintenant, je pense aussi, je mets un bémol là-dessus, c'est que Il y a des moments dans l'histoire d'une entreprise où ça peut ne pas être possible. Il ne faut pas se dire, demain, je débarque dans ma boîte, je dis, allez hop, on choisit son salaire. Non, c'est tout un espèce de cheminement qui fait qu'à un moment donné, dans cette histoire-là, c'est possible.
- Speaker #1
Donc, cette connexion à ce qui est juste, au bon moment, cette exigence, cette authenticité, cet espace de liberté qui n'est pas qu'un mot. Et donc, j'entends aussi un espace de sécurité que tu crées parce que tu incarnes tout ça. Ça porte haut le succès de PNY. Aujourd'hui, c'est quoi pour toi demain, PNY ?
- Speaker #0
Très bonne question. Nous, on est animés par l'idée de devenir culte. C'est peut-être le mot qui résume le plus un peu ce qu'on veut faire. On ne veut pas spécialement avoir le plus grand réseau. Ce n'est pas ça. Nous, ce qui nous anime, c'est de voir que 10 ans, 12 ans après, on a encore la queue devant le restaurant. Tu disais que tu étais allée manger et tu as fait la queue. Quelque part, un restaurant où on fait la queue 12 ans après sa création, c'est ça qui nous... Voilà, c'est ce qui rallume ma foi.
- Speaker #1
Qui rallume ta foi. Et peut-être juste là pour préciser, parce qu'on en a parlé un peu tout à l'heure, hors micro, il y a ce succès, il y a cette taille, il y a ce développement. Et puis tout à l'heure, tu m'as dit, en même temps, il y a un moment donné où pour nous, ce qui compte, c'est qu'on pourrait grossir encore beaucoup plus. Ce qui compte, c'est de rester fidèles à nos valeurs du beau,
- Speaker #0
du bon,
- Speaker #1
du convivial. Et donc, je précise ça parce que quand tu dis culte, j'ai l'impression que tu parles de ça. Oui.
- Speaker #0
d'abord. Oui, complètement. Complètement. On est beaucoup plus animés par ça, par le fait que le client soit tellement content qu'il y revienne et qu'il y re-revienne, qu'on fera tout pour ça. Alors que le maillage, en tout cas le maillage rapide, c'est une autre logique. C'est une autre logique entrepreneuriale. Et d'ailleurs, il n'y a pas... l'un meilleur que l'autre. C'est simplement celle que nous, on a choisie. C'est plus d'aller lentement et faire des belles unités l'une après l'autre. Et je me perds dans mes forcées.
- Speaker #1
J'ai l'impression que dans ce que tu dis, tu es presque plus dans le robuste, fidèle à vos valeurs que de te laisser griser par une course à une hyper-croissance qui aurait pu être encore plus grande si vous l'aviez voulu. Je me trompe ou pas en disant ça ?
- Speaker #0
peut dire ça comme ça à ceci près que je pense qu'il y a des concepts qui sont faits pour être démultipliés, qui ont dans leur ADN même le fait de couvrir le territoire et je trouve que c'est ni mauvais ni... En fait, je pense qu'il n'y a pas de bonne ou de mauvaise voie. Il y a simplement celle que tu choisis et celle avec laquelle toi, t'es à l'aise. Le sillon que tu... toi tu veux creuser.
- Speaker #1
Et ce goût du beau et du bon, je fais PNY, qui reste, et moi je suis impressionnée par ça, c'est ce que tu disais quand tu disais devenir culte, c'est après 12 ans avoir toujours la queue devant les restaurants. Qu'est-ce qui fait que c'est... Enfin, pardon, parce que tu me dis à la fois, tu m'as déjà dit, c'est ce qui rallume ma foi. Mais qu'est-ce qui fait que ça reste comme ça ?
- Speaker #0
C'est... Avec Rudy, on est plus... plutôt des endurants que des sprinters. Et donc, on n'a aucun sujet à refaire exactement la même chose tous les jours, jour après jour. Et je pense que c'est ça qui fait... Parce qu'en fait, le burger que tu manges là, c'est en gros exactement le même que celui que tu as pu manger il y a 12 ans, servi exactement de la même façon, dans exactement le même cadre. Et souvent, ce qui se passe, c'est au bout d'un moment, tu te fais choper par l'heure. Je ne sais pas, une espèce de lassitude peut-être. C'est peut-être ce qu'il y a de plus difficile dans la restauration. C'est le métier où on remet le couvert. Très vite, enfin, s'enlacer. Tenir un an, deux ans, trois ans, c'est une chose. Tenir sur une décennie, c'en est une autre.
- Speaker #1
Tu signes tes postes en disant que tu écris pour te souvenir que la vie est un jeu dont nous pouvons changer les règles. Et donc, moi, j'aime bien mettre ça en parallèle de ce que tu viens de me dire, de l'endurance, de remettre le couvert et à la fois cet espace de liberté incroyable où il y a du jeu et la possibilité de changer les règles. C'est quoi, toi, les règles que tu as envie de changer dans la vie ?
- Speaker #0
Oh là là ! Bonne question. En fait, je pense qu'on oublie très vite que cette vie est éphémère. Il paraît que je vais vivre 85 ans, normalement. Mais 85 ans, comme ça, ça peut paraître incroyablement long, mais d'une autre façon, c'est aussi incroyablement court. Parce qu'en fait, on a 85 petites cases. Quand tu te dis qu'il n'y a que ces 85 petites cases, je peux à la fois emprunter les mots de mon père qui te dirait que du coup, rien n'est grave, et en même temps emprunter les mots de ma mère qui te dirait du coup que tout est important. Et donc, en ayant ces deux balances, je me dis qu'aujourd'hui, je suis presque capable de ne fixer aucune règle. Parce que dans cette vie qui est aussi éphémère, les choses qui portent vraiment à conséquence... Il n'y en a pas tant que ça.
- Speaker #1
C'est quoi le truc le plus fou que tu as fait ?
- Speaker #0
Je trouve rien de fou, c'est terrible. C'est une blague avec mon mari qui n'en peut plus. Parce que oui,
- Speaker #1
dans tout ça, pardon, je n'ai pas précisé, mais tu as aussi une famille, un amoureux et deux enfants.
- Speaker #0
C'est ça, deux petits bouts. non mais c'est une anecdote mais qui illustre bien ce que pour Une de ses grand-mères, pour Noël, je m'étais dit qu'on pourrait lui offrir la possibilité d'écrire un livre sur son histoire. Je trouvais ça hyper beau comme cadeau. Et là, mon mari me dit, attends, on va quand même en parler à mon père pour être sûr que ce n'est pas déplacé, machin, non, non, non. Et je lui dis, comment ça déplacer ? Qu'est-ce qui peut se passer ? Il me fait, je ne sais pas, c'est compliqué d'écrire un livre et tout. Et là, je lui fais, non, on parle juste d'écrire un livre. Et lui, il me fait, ah bah oui, si c'est juste écrire un livre. Et donc, j'ai un peu ça avec moi. C'est que je trouve que rien n'est spécialement dingue. Et c'est pour ça que pour rejoindre la première question...
- Speaker #1
Rien n'est impossible.
- Speaker #0
Ouais. Et pour rejoindre ta première question qui est le succès, de la même façon, je ne trouve pas que c'est spécialement succès. Parce qu'au final, on a juste ouvert des restaurants, tu vois.
- Speaker #1
Quelle simplicité, Grécie, parce que je ne peux pas te le dire avec tellement de sincérité, mais je pense que ça peut faire rougir plus d'un, tu vois, d'ouvrir toute une chaîne pour laquelle...
- Speaker #0
Oui, ça ne s'est pas fait comme ça, tu vois, ça s'est fait, c'est un long chemin, c'est 15 ans d'une vie, tu vois, ça a été une pierre après l'autre. Forcément, moi, j'ai vu l'édifice se construire. se déconstruire, se reconstruire. Et donc, quand tu es dedans, tu te dis que je mets juste une pierre après l'autre.
- Speaker #1
Tu mets juste une pierre après l'autre, tu fais confiance, tu incarnes cette liberté que tu as chevillée au corps et tu proposes des espaces de liberté à ton management, au staff, staff first. Tu laisses la créativité s'exprimer. Bon, c'est pas rien. Le leadership, quand même. J'ai aussi envie de te poser des questions parce que tu as pris la présidence de l'association Incroyable Territoire du groupe SOS cette année. Dans tout ça, c'est quoi qui t'a amenée à prendre cette présidence ?
- Speaker #0
Alors là, oui, ça c'est une autre toute petite casquette que j'ai, parce que je suis vraiment présidente honorifique. Mais c'est un combat qui me tient à cœur. L'objet de cette association, c'est de lutter contre la désertification des centres-villes. Donc vraiment d'aller dans la petite ville de 3000-4000 habitants et de faire en sorte que ce rideau baissé, on le ressoulève.
- Speaker #1
Pourquoi tu es sensible à ça ?
- Speaker #0
Tu me lances sur un sujet là !
- Speaker #1
Bah oui, volontairement !
- Speaker #0
Je suis sensible, alors je vais partir un peu loin, mais je suis sensible à ce sujet parce que j'ai envie qu'on retrouve le rêve français. Je trouve qu'on s'est laissé emporter par un autre rêve, qui je pense n'est pas le nôtre, qui est le rêve américain. qui est un rêve qui a été construit pour un pays avec son peuple et son territoire, qui ne correspond pas du tout, ou en tout cas pas forcément, à ce à quoi je pense les Français aspirent. Et je pense qu'il serait temps qu'on fasse une petite pause et qu'on se demande...
- Speaker #1
Au-delà d'un contexte là où le rêve américain, il est un petit peu...
- Speaker #0
de faire une petite pause et que collectivement on se demande C'est quoi notre rêve, à nous, Français ? Et j'en mettrais ma main à couper que ce n'est certainement pas aller dans de l'hyper-optimisation pour être dans l'hyper-productivité, pour pouvoir être dans l'hyper-consommation. Je suis sûre et certaine que ça ne serait pas du tout ça. Je pense que ce serait plutôt tout l'inverse. Ça serait plutôt de prendre le temps. d'apprendre à prendre le temps. On a cette chance en France, je suis peut-être très chauvine, je ne sais pas, mais j'ai l'impression que les gens nous rêvent, que l'étranger nous rêve, qu'on le fascine avec nos repas à rallonge, avec cette espèce d'art de vivre, avec... En France, on est capable de passer des heures et des heures à sculpter. à sculpter, à peindre, à écrire, à affiner son fromage. Et j'aimerais qu'on se demande c'est quoi notre rêve et qu'on essaye de le construire nous collectivement plutôt que de foncer tête baissée sur ce rêve américain qui est certainement pas le nôtre.
- Speaker #1
Tu parles un peu de l'élégance à la française, du goût de la vie, de prendre le temps de goûter à ce goût de la vie.
- Speaker #0
Oui. Oui, je pense que les gens, ce qu'ils aiment bien, dans le fond, c'est le lien social, d'être avec d'autres personnes. C'est, tu vois, quand quelqu'un te raconte son week-end, il te racontera plus facilement à quel point le barbecue qu'il a fait était sympa, que je suis allée acheter je ne sais quoi. et j'aimerais qu'on aille plus là-dedans. C'est quelque chose qui nous ressemblerait plus, je pense.
- Speaker #1
Merci de le poser ici à l'état un peu macro. Et toi, c'est quoi, toi, qui te fait le plus vibrer dans cette vie-là ?
- Speaker #0
Dans ma vie actuelle ? Ouais.
- Speaker #1
À moi ? Ouais, à toi.
- Speaker #0
Moi, ce qui me fait vibrer le plus, c'est clairement le... Ce que j'aime vraiment le plus, c'est quand je vois le staff qui se célèbrent. Ça, c'est vraiment... Limite, je prends une espèce de position méta et je les regarde fêter ce qu'ils ont fait, ce qu'ils ont accompli, machin. Et là, je les regarde et je suis là, je suis hyper émue et fière qu'ils soient allés si loin, de s'être poussés dans leur retranchement et d'avoir créé je ne sais quoi. Ouais, ça, je pense que c'est ce que je préfère, oui.
- Speaker #1
Génial. Et tu célèbres quoi ? toi, je te l'ai dit, je viens de chercher qu'est-ce que tu as envie de célébrer de toi ?
- Speaker #0
de moi, moi, moi ?
- Speaker #1
de toi, toi, toi ?
- Speaker #0
ah là là, c'est difficile comme question c'est difficile c'est difficile parce que quelque part ça m'oblige à me féliciter et ça je sais pas faire t'as le droit en même temps je pense que ça serait d'avoir cette foi dans l'humanité qui est complètement intacte. Et de jamais lâcher l'affaire, parce qu'évidemment, il y a des moments où... Je suis là, mais mince. Mais de toujours réussir à revenir et à avoir... Et avoir cette foi.
- Speaker #1
Et tu nous invites, et je reprends tes mots, à être rêveur, audacieux, hors normes, pour créer ce nouveau monde. Oui. Alors moi, j'ai envie de t'inviter à un petit voyage. Est-ce que tu es d'accord ?
- Speaker #0
Allons-y.
- Speaker #1
Alors, je te propose de fermer les yeux. Et je te propose de voyager dans le temps. Et on est en 2035. On est dans ce nouveau monde. Graphie, en 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?
- Speaker #0
Alors j'ai évidemment mon côté optimiste qui prend le dessus. Et du coup, moi, je vois cette utopie que j'ai aujourd'hui dans ma tête se réaliser. Je sais que beaucoup de gens se disent que le monde va mal et qu'on est en train de descendre aux enfers. Mais je pense qu'on est, encore une fois, j'ai tellement foi dans l'humanité que je sais qu'on va retrouver. je ne sais comment, les ressorts pour plutôt aller vers l'utopie. En gros, on est à une bifurcation. Je suis sûre qu'on va réussir à prendre le bon embranchement.
- Speaker #1
Et à laquelle couleur et à laquelle saveur ton utopie ?
- Speaker #0
Eh bien, c'est un monde où on a déplacé le sens du mot réussite. C'est-à-dire que je vais réutiliser la même caricature que tout à l'heure. Aujourd'hui, on s'est dit que réussir, c'est avoir une Lamborghini. C'est vraiment une caricature, mais je crois que tu vois l'idée. Et moi, j'aimerais bien déplacer ce réussir vers autre chose. Réussir, c'est peut-être par exemple être mécène. À la Renaissance, le summum de la réussite, c'était de devenir mécène,
- Speaker #1
de redistribuer.
- Speaker #0
Oui, et puis, il n'y aurait pas eu de Michel-Ange sur mes scènes. Rudy dirait que la vie irait tellement mieux si tout le monde écrivait de la poésie.
- Speaker #1
Moi, j'ai l'impression d'avoir vécu un petit moment poétique avec toi. Et je te remercie pour toute ta joie, ta fraîcheur et j'ose dire ta candeur. Merci, Graffy.
- Speaker #0
Merci à toi.
- Speaker #1
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