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Soi.s, Vi.e.s, Aime - Oser un leadership authentique et inspirant au service de Soi, des autres, de son écosystème et du vivant.

#23 Incarner un leader d'En-Vie pour des transformations durables avec Nina Cambadélis

#23 Incarner un leader d'En-Vie pour des transformations durables avec Nina Cambadélis

43min |24/10/2025
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#23 Incarner un leader d'En-Vie pour des transformations durables avec Nina Cambadélis

#23 Incarner un leader d'En-Vie pour des transformations durables avec Nina Cambadélis

43min |24/10/2025
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Description

Dans cet épisode, Nina Cambadélis raconte son déclic à 14 ans, ou plutôt le choc des élections présidentielles de 2002 avec la montée de l’extrême droite. Depuis ce jour là, elle sait qu’elle s’engagera au service de  la paix et des liens.   


Si elle commence sa carrière dans la diplomatie, elle choisit rapidement de s’orienter vers le développement durable.


Chez Véolia en Asie et au Japon, où elle est membre du Comex, elle va  développer des projets de transformation RSE.

Jeune, femme et étrangère dans une culture qu’elle découvre, elle apprend la résilience et la force de l’incarnation.


Pour Nina, l’entreprise est un écosystème vivant.

Elle comprend qu’aucun changement n’est durable si les leaders ne l’incarnent pas eux-mêmes, ce qui passe aussi par des transformations intérieures individuelles .

Elle se forme, sème, et ouvre une gouvernance où chaque collaborateur devient acteur de la durabilité, en consacrant une partie de son temps à cet engagement.


Depuis 2022,  Nina a crée Armunia Conseil et oeuvre à catalyser des transformations durables.

Nous échangeons sur la notion de réussite, mot que Nina a revisité dans la cadre de l l’oeuvre collective Les 101 mots de la RSE, sous la direction de Fabrice Bonnifet .

Et c’est peut-être tout le précieux de son message : une invitation à changer de paradigme, à redéfinir la réussite comme un chemin de sens, de cohérence, de vivant, de joie et de courage au service de plus grand — celui d’écouter son cœur et de passer à l’action.


C’est une jeune femme, c’est une grande dame, Nina sait de quoi elle parle.

Elle accompagne les leaders à être des leaders d’En-Vie au service de transformations durables !

Des leaders qui relient écologie intérieure et extérieure, conscience de soi et action collective.

Des leaders, connectés à ce qui fait sens, à la vie en soi et autour, qui inspire et rassemble.


.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes, entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles les plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous ? Quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? Mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nina Kambadelis. Bonjour Nina.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Soi, Vie, Aime. Je suis ravie. On enregistre aujourd'hui cette interview après une petite balade en forêt. Chère Nina, tu as travaillé 15 ans dans le développement durable. Tu as notamment été directrice développement durable et raison d'être de Veolia en Asie. membre du COMEX de Veolia, Japon. De toutes ces années, tu as appris une chose, ce n'est pas la planète qui est en crise, c'est l'humanité. Ta conviction, c'est l'envie et non la peur qui est moteur de changement. Tu as fondé Harmonia, un cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des dirigeants et des équipes vers des transformations durables. Passionné par l'émergence de leaders de demain, et des enjeux de transformation, tu as à cœur de révéler des leaders d'envie, des catalyseurs de changements stratèges, engagés, inspirants et vivifiants. Cher Nina, tu as vécu sur plusieurs continents, œuvré dans de grands groupes, fondé Harmonia. Qu'est-ce qui, aujourd'hui, pour toi, est source d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Merci pour cette belle présentation.

  • Speaker #0

    Avec joie.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce qui est source d'inspiration pour moi ? Eh bien, merci pour ce chemin qu'on a fait dans la nature. Je crois que c'est vraiment la nature qui m'inspire aujourd'hui. La connexion aux êtres vivants, aux éléments, et de me laisser émerveiller par la beauté et la sagesse aussi de ces organismes. Finalement, on fonctionne d'une manière hyper complexe, autonome, résiliente, capable d'être en sous-optimalité, si je reprends le principe d'Olivier Hamon, et en même temps de faire face à une adversité quand il y a. Et je crois que c'est ce retour fondamentaux qui m'inspire beaucoup en ce moment. Merci de m'avoir reconnectée à ça tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Merci pour ce moment partagé. Et tu parles d'émerveillement, tu parles de résilience. Est-ce qu'il y a eu des moments clés dans ta vie qui ont été un peu comme des points de bascule et qui t'ont amené justement à être dans cet engagement profond pour la durabilité et le vivant ?

  • Speaker #1

    Ce qui me vient, c'est ce que j'ai commencé à te raconter tout à l'heure, qui était le 21 avril 2002. J'avais 14 ans. Et j'ai vécu un choc pour moi. Il y avait le Front National qui passait au deuxième tour des élections présidentielles. Et je crois que ce jour-là, j'ai vraiment touché du doigt, aussi étrange que cela puisse paraître, mais j'ai touché du doigt le pouvoir destructeur de la peur. Et ça peut être naïf, en tout cas ça peut paraître naïf. Mais j'étais seule, je me revois sur mon canapé à pleurer. Vraiment, le monde s'effondrait. Tout ce en quoi je croyais sur le vivre ensemble, la diversité. Et je me suis promis à ce moment-là d'œuvrer pour la paix. Le lien, bon, voilà. Mais c'était ça, ce moment-là. Et du coup, ça a été un fil directeur tout au long de ma vie. J'ai commencé à lire les journaux tous les jours, à essayer de comprendre le monde, donc ensuite par des études de philo, à essayer de voir comment créer des liens entre des gens différents pour transformer la peur potentielle de l'autre en ouverture, en fait, et en richesse. J'ai eu une belle expérience en diplomatie qui était absolument intellectuellement passionnante, stimulante et pour autant qui m'a permis de comprendre que ce n'était pas mon monde non plus et que moi j'avais besoin d'un impact et d'une action très plus tangible pour me sentir utile. Donc je me suis tournée vers le développement durable. en entreprise, parce que ça me paraissait être un moyen, en fait le fait de contribuer au développement territorial, la protection des ressources, me paraissait être un moyen, en tout cas de prévention de guerre, de contribuer à la paix, parce qu'on le voit aujourd'hui avec les enjeux de rareté des ressources, les guerres peuvent se créer beaucoup plus facilement, et puis l'insécurité. Et donc je me suis lancée dans cette nouvelle aventure-là. Et c'était vraiment passionnant, j'ai eu une chance incroyable. À ce moment-là, je travaillais en direct pour le DG de la zone Asie de Veolia. Et j'allais sur le terrain essayer de comprendre ce qu'on amenait réellement d'un point de vue humain, d'un point de vue environnemental, d'un point de vue social, d'un point de vue économique. Et là où il y avait des manquements aussi, les besoins des gens sur le terrain qui étaient au cœur du réacteur. Donc c'était génial parce que je faisais le pont entre un très haut niveau stratégique et un niveau opérationnel très concret, sur une multidisciplinarité. Donc j'ai adoré ça. Et puis ensuite, j'ai réalisé que c'était important de mettre les enjeux de RSE au cœur du business. Au cœur de la stratégie, parce que pour moi, la philosophie, l'ARSE, c'est une philosophie de vie, en fait. Et c'est une philosophie pratique qui doit guider nos actions. Ça ne doit pas être quelque chose d'anecdotique ou d'à côté. Et je me suis dit, bon, là, il faut que j'aille un cran plus loin pour toucher du doigt ça, pour toucher le cœur de l'entreprise. Donc, j'ai accepté une mission au Japon. Tu parlais de résilience. Alors là, j'en ai eu sacrément besoin.

  • Speaker #0

    Ah oui ? À l'endroit, j'imagine, de la famille ou des liens, c'est ça que tu nommes quand tu dis ça ou c'est autre chose ? Ah non, non,

  • Speaker #1

    la résilience, le choc culturel, la façon de travailler. J'étais très jeune à l'époque. Avec quel âge ? C'est une bonne question, mais j'avais un peu plus de 30 ans. Et je suis arrivée au COMEX, jeune, femme, étrangère, donc tu vois, triple tard. Plus ou moins bien reçue, on va dire ça comme ça. en charge d'une mission de transformation qu'on appelait évolution. Et donc on se demandait bien à quoi j'allais servir. Moi aussi d'ailleurs. Et donc voilà, il m'a fallu beaucoup de résilience, tout ça pour dire que je me suis rendue compte de deux choses à ce moment-là. Tu parlais de déclic. D'abord que c'était bien d'avoir de la stratégie, d'avoir des gens brillants, d'avoir... des KPI, des process, etc. Mais que si les leaders n'incarnaient pas le changement, s'ils ne donnaient pas envie aux autres de les rejoindre, on n'irait pas très loin. Donc je me suis formée à ce moment-là au coaching, comme un outil de leadership en fait, pour rendre toutes les personnes qui appartenaient à cet écosystème acteurs du changement. Et puis ça a été une révolution et une révélation. Pour moi déjà, parce que j'ai pu redormir. Et puis ensuite pour l'équipe, pour l'organisation. Et en fait, ça a été un déclic pour moi de me dire que ce qui allait permettre de mettre la RSE au cœur des activités, c'était une transformation d'état d'esprit et de façon d'être. Et c'est ce que je fais aujourd'hui. J'accompagne les leaders à, comme tu dis, à se révéler et à laisser un héritage dont ils seront fiers.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Et quand tu parles de ce déclic, quand tu as rendu les différentes parties prenantes acteurs, actrices de ce changement par des changements de posture, j'entends. C'est quoi qui a été aidant pour ça ? C'est quoi qui a fait qu'à un moment donné, la sauce a la prise ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Merci pour la question, très bonne question. Alors plusieurs choses je pense, c'est vraiment, il n'y a pas, en tout cas moi je ne crois pas à une solution, mais plutôt à une interconnection de solutions. Et ce qui a beaucoup aidé, alors déjà c'est le fait de se connecter à une vision, qui était notre raison d'être, mais aussi à une vision de à quoi on peut servir. à quoi ressemblera le monde si on a contribué à nos objectifs. Et ça, ça permet de sortir des égaux individuels de chacun, des objectifs, de PNL, etc. Et de se recentrer vers un horizon commun où chacun peut avoir sa place. Donc ça, ça a été vraiment très important, je pense, très fondateur. Et de co-créer, en fait, cette définition, ou plutôt ce dévoilement de notre raison d'être. Parce qu'en fait, elle était là. Donc ça, c'est un élément clé qui a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    C'est l'adhésion au rêve un petit peu, à ce qui va donner l'envie, justement. Exactement. OK.

  • Speaker #1

    Et puis après, ce qui aide, je crois beaucoup que ce qui aide, c'est le fait de permettre de créer un espace où chacun va trouver sa place, sa manière de contribuer, de façon très concrète. dans un momentum collectif. Donc nous, ce qu'on a fait très concrètement, c'est qu'on a, en 2019, la raison d'être était, chez Veolia, dévoilée.

  • Speaker #0

    Tu pourrais nous la partager ? Oui,

  • Speaker #1

    alors c'est une page et demie, donc oui, je pourrais la repartager, mais le principe, c'est quand même...

  • Speaker #0

    Si tu la résumais, je veux dire pour que ce soit concret pour nos auditeurs. Oui,

  • Speaker #1

    alors un motto qui était beaucoup utilisé, c'était de ressourcer le monde.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Voilà. Merci. De rien. Et en fait, ce qu'on a fait à ce moment-là, c'est qu'on s'est dit, il faut... Moi, ma conviction, c'est que tout le monde est acteur des enjeux de durabilité. Chacun a sa clé, en fait. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une nouvelle gouvernance. On avait une équipe de développement durable. Mais on a identifié des représentants dans toute l'Asie, en RH, en santé et sécurité, en opération, en commercial, en marketing, à tous les niveaux, opération, etc. Et on a mis en place, et ça j'ai eu beaucoup de chance parce que c'était le CEO qui était très porteur là-dessus, on a mis en place 60% pour leur travail habituel et 40% pour les enjeux de raison d'être. Et on a mis en place une autre gouvernance et ensuite on a développé ensemble avec les patrons de pays quatre grands axes de contribution sur les opérations, les offres, sur la gouvernance et comment on retient et on déploie nos talents et parties prenantes. Et on a identifié avec les acteurs de terrain les grands thèmes, les grands enjeux, les effets de levier. Et on a développé des pilotes. Voilà, et ça a créé un mouvement. Donc, pour répondre rapidement à ta question, je pense que ce qui aide, c'est à la fois se connecter au rêve et à la fois agir de façon très pratico-pratique, tout en se laissant dépasser par la magie du collectif.

  • Speaker #0

    Fameuse intelligence collective. Tout à fait. 1 plus 1 égale 3. Et tu parlais de changement intérieur aussi. Et c'est ça que j'aime aussi, moi, dans ton travail. C'est ce lien que tu fais. entre l'écologie intérieure et être au service du vivant de façon un peu plus globale à travers ces différentes activités. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ? En quoi c'est important ? En quoi c'est vibrant pour toi, Nina, ce lien écologie intérieure et écologie plus grande que ce soit au vivant ?

  • Speaker #1

    Merci. En fait, je crois profondément que la durabilité commence en nous. C'était Tom Peters qui disait que le changement est une porte qui ne s'ouvre que de l'intérieur. Je crois difficilement à la solidité et à la véracité d'actions de durabilité qui ne partent pas de soi. donc pour moi en fait c'est on est soi-même un ensemble de cellules un organisme vivant un être vivant et donc c'est si on est en paix intérieure avec qui on est ce qu'on a vécu ce qu'on veut être c'est par de vulnérabilité aussi c'est par d'ombre, de peur qu'on va pouvoir rayonner ça à l'extérieur je crois vraiment à cet effet reflet Merci. Et je crois aussi que ce qu'on vit à l'extérieur nous informe de ce qu'il y a à voir à l'intérieur. Il y a vraiment une connexion entre les deux. Et c'est pour ça que je parle de leader d'envie, parce que pour moi, un leader d'envie, c'est quelqu'un qui va avoir une capacité d'influence sur une organisation de décision et qui va être différent subtilement, parce que c'est quelqu'un qui va s'être reconnecté à la vie en soi. Et c'est un chemin de vie.

  • Speaker #0

    qui peut durer des fois longtemps tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est la beauté de la vie mais qui va accepter comme tu disais avant faire tomber ce masque déjà de soi à soi, donc de s'ouvrir à soi en fait, première chose je crois que je l'ai dit hors micro c'est une petite discussion de tout à l'heure merci pour le partage c'est quelqu'un qui se connecte à soi qui est capable, mais pas que à se regarder le nombril, mais à voir qu'est-ce qui est ... Qu'est-ce que la vie veut amener à travers cette personne ? Et puis, c'est quelqu'un qui va aussi prendre conscience de son interconnection avec ce qui l'entoure, donc les êtres humains qui l'entourent, les clients, les fournisseurs, etc. Mais plus grand que ça aussi, la terre qui nous accueille, qui nous héberge pour on ne sait pas combien de temps encore. Et qui va être capable de se projeter vers une vision qui va rassembler ça, ces enjeux-là, d'économie, d'humanité et de biosphère, qui va être aussi capable d'incarner, qui va donner envie en fait. Ce que tu disais quand tu reprenais que pour moi c'est l'envie qui va nous faire changer, et non pas la peur, même si elle est souvent là, à côté de nous. Et qui va aussi, du coup, donner envie aux autres d'y aller et partager sa confiance qu'on peut y aller ensemble, mais que le leader ne sait pas forcément tout, loin de là. Et c'est en acceptant de se faire dépasser par le collectif que quelque chose de beau va arriver. Donc, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    De ne pas tout savoir, d'être connecté aux différentes parties prenantes, de laisser surprendre. et dans ces... différentes parties prenantes. Ce qui me vient là aussi, c'est cette notion d'altérité. Parce que tu captes dans la nature le respect et la richesse, surtout, de tout ce qui se joue aux lisières, aux connexions des différences, au plus à la richesse des différences. J'ai l'impression, dans ce que tu dis, que le leader d'envie, il est riche de ça. Il est riche de sa conscience. de la pluralité des différences.

  • Speaker #1

    Exactement, merci de le nommer comme ça. C'est intéressant, ça me fait penser en fait à un leader que j'ai accompagné et que j'ai eu la chance d'accompagner et qui était brillant, vraiment intellectuellement hyper stimulant, qui avait fait beaucoup de choses dans son entreprise, qui avait un vrai goût de bousculer les normes, d'aller plus loin dans vraiment une notion d'excellence et qui se retrouvaient un peu en... pétré parce que pas entendu par ses pairs, notamment. Vu potentiellement comme arrogant, condescendant, trop exigeant, trop dur. Alors que lui, il avait l'impression d'être hypersensible et de justement devoir le maintenir. Et en fait, c'était intéressant. Je te parlais en dehors du micro de reflet. Et on a fait un reflet entre sa façon d'être père et sa façon d'être leader.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et il y a eu un truc qui s'est passé intérieurement pour lui à ce moment-là. Ça a ouvert une porte. Et en fait, ça lui a permis de dire, mais quel héritage je veux laisser en fait ? Qu'est-ce que je veux amener ? Qu'est-ce que je veux incarner ? Quel modèle je veux montrer dans cette entreprise pour montrer que c'est possible ? Et en fait, il s'est dit, non mais en fait, je veux... Alors ça, c'est mes mots, mais je veux réconcilier un peu les notions d'humanisme et d'excellence. Et de montrer qu'on peut faire les deux. et donc en fait pour lui, tout s'est éclairé dans le sens où il n'était pas là pour protéger ses équipes contre ses pairs, mais plutôt pour co-construire avec ses pairs et comment leur donner une place à eux. Et là, tout s'est ouvert, en fait. Quand il a ouvert ce pont-là, tout s'est ouvert. Ce qu'il ne cherchait pas. Mais du coup, le COMEX l'a fait monter parce qu'il avait débloqué ça. Et je pense que cette relation à l'altérité et de voir qu'est-ce qui nous bloque, en fait, qu'est-ce qui... Qu'est-ce qui nous freine, nous permet d'être plus puissant au final ?

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage. Et dans ce que tu décris là, en plus, quand tu le décris sur ton visage, là, les auditeurs et les auditrices ne le voient pas, mais quand tu as parlé de se débloquer, il y a eu comme des fétillements, des étoiles qui se sont mises sur ton visage. Dans ce que tu nous partages là, ce parallèle-là, à un moment donné qui lui a permis de débloquer quelque chose, tu dis ?

  • Speaker #1

    En fait, il s'est rendu compte qu'il avait été très protecteur, je pense, avec ses enfants. et donc très protecteur avec ses équipes, tout en étant très exigeant, avec un enjeu de confiance plus ou moins facile à gérer. Et qu'en fait, il s'est dit, mais qu'est-ce que je suis en train de jouer ? Quelle posture je suis en train d'avoir ? Est-ce que c'est le type de personne que je veux être ? Et quel est l'impact que ça peut laisser ? Et en prenant conscience de ça, il s'est dit, moi j'ai envie d'incarner un style de management et de leadership qui ouvre tout ça. qui donne le pouvoir à chacun, qui permet de grandir ensemble, qui est, il appelait ça, alors s'il m'entend, un leadership hybride. Voilà, ça lui parlait pour lui. Et je pense que c'était de réconcilier ces deux enjeux-là que je te disais, tu vois, d'excellence opérationnelle, financière, avec un humanisme de connexion aux autres.

  • Speaker #0

    Et de faire confiance aux équipes en présence et de ne pas être dans l'hyper contrôle au service. d'une ultra-performance.

  • Speaker #1

    Et de ne pas être dans l'hyper-protection aussi, de l'un contre l'autre.

  • Speaker #0

    Et donc, sûrement de réconcilier des parts en lui. Du coup, j'entends à travers ce que tu dis. Là, on fait un peu de psychologie. On verra si ça lui parle. Dans ce leadership hybride, si je reprends tes mots et qu'il reprenne ses mots à lui, de faire la paix, en tout cas, c'est ça que tu nommais.

  • Speaker #1

    Et une réconciliation. Et qui donne bizarrement un sentiment de liberté. Beaucoup de gens que j'accompagne et que je vois, quand ils cheminent, je trouve que c'est assez magique, ils parlent de sentiments d'être apaisés. Et puis après, souvent ce que j'entends, c'est du coup, je me sens plus libre.

  • Speaker #0

    Et l'apaisement donne des ailes. Et les ailes, tu crois qu'elles donnent quoi ? J'ai l'impression qu'elles donnent de la créativité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    qui nourrit cette envie dont tu parles. Et dans Envie, il y a la vie. Le chant des oiseaux, je m'en suis doutée. Du coup, j'avais bien envie de t'entendre le dire.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, quand j'écris leader d'Envie, j'écris en-vie. Oui.

  • Speaker #0

    Merci. Merci pour tout ça. Et du coup, toi, aujourd'hui, dans la vie, en tant que Nina, Oui. donc au-delà de tous tes rôles de maman, d'accompagnante de mentor quand l'envie elle est pas là comment tu t'y prends ? qu'est-ce qui est aidant pour toi ?

  • Speaker #1

    en fait, merci de le ressouligner pour moi l'envie c'est vraiment une boussole et c'est à la fois une boussole et un objectif, c'est-à-dire que pour moi c'est le symbole d'une nouvelle réussite et de se dire que la réussite n'est pas tellement sur des enjeux de statut, de PNL, de pouvoir, mais plutôt sur la capacité aujourd'hui à se sentir en vie, à se sentir utile, à se sentir à sa juste place. Et chacun a sa manière de savoir ça, de savoir ce que c'est et son symbole. J'avais un dirigeant avec qui je parlais qui disait... Moi, mon symbole de ma réussite et de ma reconnexion à l'envie, c'est que j'arrive en vélo quand tous mes pères, parce que c'est patron d'entreprise, arrivent en voiture. Bon, bref. Donc, chacun a son petit symbole intérieur. Mais pour revenir...

  • Speaker #0

    Et le tien, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Je crois que le mien, c'est de me sentir en énergie, quand je sens que l'énergie me traverse. Et pour répondre à ta question de comment je fais quand... l'envie n'est pas là, c'est très difficile d'accepter ça, d'abord, je trouve. Et en même temps, c'est quand on accepte, parce que c'est comme un système vivant, on ne peut pas être tout le temps à son maximal, et tant mieux d'ailleurs, parce que sinon on ne serait pas résilient. Comme les saisons. Comme les saisons, etc. Effectivement. Eh bien, c'est d'accepter de peut-être se recentrer. et déjà accepter ce moment qui nous traverse et puis d'essayer de voir qu'est-ce qu'il y a à creuser et à regarder qui est peut-être inconfortable mais qu'on peut transformer. Et l'autre point, c'est de se reconnecter soit à des gens, soit à des activités qui nous mettent en joie. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le fais. Donc ça va être me balader dans la nature, me connecter aux arbres. Être avec ma fille, écrire, écouter des podcasts, rencontrer des gens inspirants comme toi. Et ça, ça me remet en joie, ça me remet en énergie. Et du coup, hop, je peux récupérer le mouvement pour faire face à ce qui doit être.

  • Speaker #0

    Donc c'est dans ton corps, j'entends, que la boussole est dans ton corps.

  • Speaker #1

    Beaucoup dans mon corps, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile de parler du corps dans tes accompagnements ?

  • Speaker #1

    Ah, ouf, grand sujet ! Non, parce que notre société occidentalisée ne laisse pas beaucoup de place au corps. Il n'y a pas beaucoup d'estime pour le corps. Ce qui est important, c'est l'intellect, la stimulation intellectuelle, le mental, tout ça. C'est ça le plus important. Et donc le corps, c'est bizarre, puis on ne comprend rien. Donc non, ce n'est pas facile, mais en fait, ça vient. Ça vient assez vite. Et par contre, c'est vrai que c'était une cliente qui me disait ça. Je crois que j'interpelle beaucoup. Et au début, c'est très bizarre. Je demande beaucoup comment tu te sens, où tu ressens ça, qu'est-ce que... Et en fait, au début, et moi-même, quand j'ai commencé, je me disais, mais n'importe quoi, c'est quoi ces questions ? Quand on me l'a posé, cette question, je n'arrivais pas du tout à ressentir. Donc je disais, je pense que c'est... tatatatata Et puis au fur et à mesure de le faire, petit à petit, la connexion se fait et ça vient naturellement.

  • Speaker #0

    Cette fameuse écoute du corps, qui je pense est une sacrée boussole, la boussole, celle qui ne ment pas. Dans tout ce cheminement, tu as écrit dans le cadre du livre « Les 101 mots de la RSE » sous la direction de Fabrice Boniflet. Et tu es définie... Ta vision de la réussite, est-ce que tu veux bien nous en partager quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment une belle aventure collective pour le coup. C'est sans un mot de la réussite et un vrai élan de différents acteurs de tous horizons qui partagent cette envie d'agir pour un monde plus connecté, humain, responsable, qui relie les mondes. Et j'ai choisi le mot réussite, ou plutôt le mot réussite est venu à moi. Je me souviens très bien, j'ai reçu cette proposition et je me suis dit, ah mais sur quoi je vais contribuer ? Et puis le mot réussir est venu. Et je crois que c'est important aujourd'hui parce que je crois profondément au pouvoir des récits et des modèles. Et que quand on se connecte à une réussite qui nous déconnecte de nous, du corps ou de la nature, on avance consciemment ou inconsciemment dans cette direction-là. Et qu'aujourd'hui, on a besoin de nouveaux modèles de réussite. Et pour moi, la réussite, c'est vraiment cette capacité à se reconnecter avec le vivant, se reconnecter avec ce qu'on est appelé à être. relier l'être et le faire, se connecter de cœur à cœur au-delà de la raison, contribuer à quelque chose qui pour nous a vraiment du sens, à plus grand que nous, et se laisser traverser en fait par ça. Je crois beaucoup à la notion de transcendance, qui nous relie à plus grand que nous, et d'accepter qu'on n'est rien, et c'est déjà beaucoup, mais qu'un miracle de la vie. Et donc d'accepter ça et de se dire, eh bien là-dessus, avec où je suis, qui je suis, mon histoire, et à l'instant T, comment je veux contribuer en fait, qu'est-ce que je veux laisser comme trace, quel effet je veux donner. Et généralement quand on se connecte à cette ambition-là, et je crois beaucoup au pouvoir de l'ambition, pas forcément d'être ambitieux, mais avoir le pouvoir de l'ambition, eh bien on ouvre un autre pan de réussite.

  • Speaker #0

    Et ça peut être un psy qui voit quelqu'un se libérer de ses traumas, ça peut être un artiste qui crée une autre façon de voir le monde, ça peut être un PDG qui prend le courage de transformer sa gouvernance et son organisation pour aller vers une organisation plus opale, qui était présentée par Frédéric Laloux dans Reinventing Organization. Ça peut prendre plein de formes. Je crois vraiment au pouvoir de la complémentarité là-dessus. Il n'y a pas une manière d'être.

  • Speaker #1

    Chacun a sa touche à porter au puzzle. Et dans ce que tu dis, j'entends que la réussite, c'est de pouvoir écouter ce qui vibre à l'intérieur dans ce que tu proposes. Et donc, selon ce qui vibre à l'intérieur, déjà pouvoir être à la joie de pouvoir connecter avec cette vibration. Et puis, convier peut-être un peu le courage d'y aller et de se donner les moyens. Au-delà de ce que peuvent attendre les autres.

  • Speaker #0

    C'est ça que j'entends. Très bon point, merci.

  • Speaker #1

    C'est un beau programme, je trouve. Et c'est aussi ce à quoi tu citais tout à l'heure Olivier Hamon. Et moi, j'adore quand il dit que la performance est obsolète. Connectez-vous à la robustesse. Je ne sais pas pourquoi c'est ce parallèle qui me vient entre ce que tu nous proposes là par rapport à la réussite. C'est de pouvoir décoller un peu des dictats de ce à quoi on a été peut-être invité dans cette course perpétuelle à toujours plus et reconnecter, comme tu l'as dit, à l'essentiel. Je trouve que là-dessus aussi, l'invitation à la robustesse d'Olivier Hamon est assez chouette et ton invitation. à pouvoir projeter la réussite autrement que par les injonctions, mais par ce qui connecte et vibre à l'intérieur. C'est hyper libérateur.

  • Speaker #0

    Oui. Et en même temps, comme tu disais, ça appelle le courage de faire différemment, de faire ce pas de côté. Moi, j'aime beaucoup cette notion de courage. Pour moi, c'est la force du cœur. Et c'est même la rage du cœur. Et donc, c'est ce qui va nous pousser à, malgré... tout ce qu'on attend de nous, les interdits, les peurs, etc., à braver ces peurs et à aller vers un nouveau paradigme. Et tu vois, ça me fait penser, quand tu parlais de la robustesse et de la performance, ça me fait penser à ce courage, en fait. Ça me fait penser à BirdSorg, tu sais, l'organisation d'infirmiers aux Pays-Bas et qui ont eu vraiment ce courage de dire, mais en fait le système de croissance volumétrique où on finalement chronomètre le temps de chaque infirmier dans chaque espace, où son emploi du temps est décidé par des gens qui ne sont pas infirmiers, pas sur le terrain, ne fonctionnent pas. Et donc on va être dans cette robustesse finalement, dans cette agilité, dans ce pouvoir de l'interdépendance, de redonner du pouvoir à tous. Et oui, là, le CEO a quand même pris le courage de se dire on est quatre, on va créer des petits groupes. d'infirmiers qui vont eux-mêmes décider de leur emploi du temps, de leur rémunération, de leur organisation, et de voir qu'en fait ils sont passés de 4 à 16 000, qu'il y avait une étude de Ernest EY qui disait, je pense que c'était dans les années 2010-2012, qui disait que si toutes les entités de soins faisaient ça aux Pays-Bas, il y aurait moins 40% de dépenses de l'État. Et donc, en fait, pour moi, c'est vraiment la preuve... qu'on peut relier les enjeux d'économie, d'humanité et de biosphère, parce que du coup, ça fait aussi beaucoup plus de sens. Et que ce n'est pas indissociable, en fait. Et que ce n'est pas des petits bouts à rafistoler, comme si, comme ça, de façon cosmétique, mais quelque chose de beaucoup plus profond. Un paradigme qui change de vision, en fait. Et ça, ça n'aurait pas pu commencer si lui... n'avait pas eu ce courage et cette conviction et cette confiance dans l'incertitude, en fait, d'essayer, d'essayer, d'expérimenter.

  • Speaker #1

    De connecter à sa conviction, d'avoir ce courage-là et puis de mettre en place aussi ce qui va permettre ça, de par des espaces de sécurité, de dialogue, d'écoute. Dans ces organisations, il y a beaucoup de soins pris à Steph Place. un espace où il y a cette raison d'être déjà qui est évolutive. Et en plus, chacun, chacune est vraiment tel qu'il est, comme il est. Merci de partager ici ça. Ça me fait penser à un épisode avec Duc sur l'organisation Opal qu'il a mis en place avec Officiance. On y parle notamment de cette safe place. Génial. Sans aller toujours vers un modèle de gouvernance Opal, je trouve que c'est assez extraordinaire le pouvoir que ça donne d'autoriser chacun, chacune, à être dans son authenticité sans se sentir jugé et de pouvoir créer cet état d'esprit. Tu le vois, toi, beaucoup en entreprise, ce type de place. Comment tu ressens la place qui est faite aux émotions dans l'entreprise aujourd'hui, Nina ?

  • Speaker #0

    Grande question. Merci pour cette belle question. La place aux émotions, elle prend sa place aujourd'hui. Je crois que les bouleversements avec la crise, l'épidémie du Covid, les prises de conscience aussi. des enjeux climatiques et puis les enjeux géopolitiques actuels, bousculent beaucoup de gens, rendent les frontières personnelles et professionnelles plus poreuses et donc les émotions s'invitent de plus en plus et sont parfois plus accueillies aussi. Moi ce que j'aime bien rappeler dans l'émotion, c'est que c'est une énergie en mouvement et qui nous met en mouvement. Et donc de voir en fait quel message elle nous donne pour justement se reconnecter à soi et à l'autre et recréer des ponts aussi plutôt que de faire des murs. Et j'ai l'impression qu'il faut créer ces safe places, bien sûr, mais quand tu crées ce cocon de sécurité psychologique en suspension de genougement, en accueil inconditionnel de ce qui est et de qui est la personne, les émotions se libèrent même pour des dirigeants. Et c'est là où il y a une bascule qui se fait, en règle générale de ce que je vois.

  • Speaker #1

    Ce fameux lien intérieur-extérieur, ce fameux lien, je pense qu'il nous anime toutes les deux, de ce qui est vivant chez ce leader qui va avoir le courage, l'envie de changer un modèle d'affaires selon un bilan qu'il pourra faire de son activité, des impacts qu'il a. Et ça passe par l'écoute de soi et de ce qui est vivant. Et donc, ces fameuses émotions qui sont, comme tu le dis, très justement porteuses de messages.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ce n'est pas qu'au niveau individuel. Moi, je me souviens, j'ai accompagné une entité, une entité d'une entreprise du Cade 40 qui est spécialisée sur la question d'innovation, de prospective, etc. Et c'était un coaching un peu d'organisation. et en fait euh c'est C'est hyper intéressant parce que je les ai aidés sur des questions de gouvernance, de vivions et de feuilles de route parce que ce qui marchait à 5 ne fonctionnait plus trop à 80. Et en fait, c'est aussi l'émergence non contrôlée d'une émotion, d'une personne, qui a permis de mettre au devant de la table un problème relationnel, organisationnel, managérial. et cette crise. a permis un rééquilibrage du modèle de leadership et un assainissement, on va dire ça comme ça, au regard de ce qui était important et de ce qui était nécessaire à l'instant T, de l'équipe.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi un rééquilibrage ? Derrière ce mot-là, rééquilibrage du modèle de leadership, c'est quoi qui se passe en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, clairement, ce qui est sorti, c'est qu'il y avait... Ce qui avait été utile jusqu'à un instant T en termes de personnalité, de façon de fonctionner, ne l'était plus. Et qu'un certain type de management, très micro-management, très dur, etc., bloquait l'entreprise dans son développement plus qu'autre chose. Donc elle était devenue la limite du développement de l'entreprise. Et en fait, je crois que c'est grâce à cette explosion d'émotions, qui n'était pas de la part du DG, mais qui touchait le DG, que le DG a pris le courage de dire, en fait, non, on remet à plat que c'est quoi notre standard de leadership et de management qu'on veut aujourd'hui pour la vision vers laquelle on avance. Et donc, il a assumé de dire, en fait, ce qui était OK jusqu'à présent, ne l'est plus aujourd'hui. Et ça a permis de recréer une dynamique et un mouvement et un engagement de l'équipe et un respect. Donc parfois, l'émotion, tout ça pour dire, fait peur. D'ailleurs, quand je l'ai eue le lendemain, il n'était pas au top. Mais moi, je crois beaucoup dans le pouvoir de la crise. Tu sais, en chinois, on le dit, c'est à la fois le danger et l'opportunité. Et je crois beaucoup que dans la crise, on peut avoir cette étincelle, cette lumière qui s'ouvre si on est capable de le voir. Et parfois, on a besoin de recul et de soutien pour voir la lumière, parce que ce n'est pas toujours évident. Mais il y a cette opportunité-là qui peut aider.

  • Speaker #1

    Merci. Et puis, dans la crise aussi, pouvoir se remettre en cause et accepter qu'il y ait des points de vue différents. Toujours cette fameuse altérité.

  • Speaker #0

    Oui, absolument.

  • Speaker #1

    Et le conflit pour ça. Et aussi, autoriser le conflit, c'est aussi pouvoir développer les idées, la créativité. Et donc, merci de mettre là le pouvoir de... L'émotion dans peut-être la main tendue à écouter plus, en fait, le collectif ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un bon point ce que tu dis, parce qu'en fait, ce que je peux voir, en tout cas, c'est que parfois le lanceur d'alerte est le problème, alors qu'il n'est que le symptôme d'un système qui a besoin de se regarder et peut-être d'évoluer. Et donc, c'est comment aussi voir la personne qui va mal ou celle qui parle plus fort. comme un point de vigilance sur le système et pas simplement sur elle. Ce n'est pas elle l'enjeu, c'est ce que ça nous dit aussi du système dans lequel on est.

  • Speaker #1

    Et ça, ça appelle à une sacrée force d'écoute, vraiment dans cette écoute profonde, cette écoute du cœur, où tu ne prends pas à titre personnel ce qui est dit, mais vraiment comme aller dans le monde de l'autre. sans que ton égo te dise danger, danger, danger, danger. Donc, c'est chouette et c'est précieux d'amener ça dans les groupes, effectivement. Et c'est la base, comme tu le dis, de beaucoup de bascules. Merci de l'expliquer comme ça. On va arriver, Nina, à la fin de cette interview. Et j'ai envie de te proposer un petit voyage.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Alors, je te propose, tu as les jambes décroisées, parfait, de pouvoir fermer les yeux. Et je vais t'inviter en... 2035, on est au mois de mai 2035. Au mois de mai 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors, au mois de mai 2035, je suis dans une maison remplie de lumière, connectée à une forêt, sûrement. Et au-delà de... Mon sentiment de tranquillité et d'apaisement ou de paix intérieure dans ma vie personnelle, ce qui me fait battre mon cœur, c'est de sentir que je suis au bon endroit pour aider des organisations, des dirigeants, des mouvements à cheminer, à se dépasser, à se regarder. et à se relier à ce qui est plus grand qu'eux et à pouvoir avancer avec une vraie cohérence entre ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent porter, ce qu'ils veulent dire et l'impact qu'ils amènent. Et je crois que ce qui fait battre mon cœur, puisque je me protège dans une vision positive, j'essaye d'éviter le scénario. qui est probable négatif, mais ce qui fait battre mon cœur, c'est de me dire qu'on a... Ça y est, on a compris. On a compris qu'il était temps de refaçonner nos modèles de réussite, de refaçonner notre mode de consommation, de production, d'interaction, de relation, parce qu'on avait une chance incroyable d'être sur cette terre et que les ressources étaient là. de manière aussi finie et que c'était une rareté à honorer, à célébrer et qu'en fait on est beaucoup plus heureux, beaucoup plus heureux collectivement, beaucoup plus soudés, beaucoup plus connectés. C'est un peu cet élan de solidarité qu'on peut voir dans des moments très difficiles, qu'on peut voir parfois en France. Je pense à la crise du Bataclan ou d'autres, où il y a eu une vraie solidarité, une humanité qui s'est dégagée. Ben voilà, on est connectés à ça. Et on ouvre une nouvelle ère.

  • Speaker #1

    Merci Nina.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

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Description

Dans cet épisode, Nina Cambadélis raconte son déclic à 14 ans, ou plutôt le choc des élections présidentielles de 2002 avec la montée de l’extrême droite. Depuis ce jour là, elle sait qu’elle s’engagera au service de  la paix et des liens.   


Si elle commence sa carrière dans la diplomatie, elle choisit rapidement de s’orienter vers le développement durable.


Chez Véolia en Asie et au Japon, où elle est membre du Comex, elle va  développer des projets de transformation RSE.

Jeune, femme et étrangère dans une culture qu’elle découvre, elle apprend la résilience et la force de l’incarnation.


Pour Nina, l’entreprise est un écosystème vivant.

Elle comprend qu’aucun changement n’est durable si les leaders ne l’incarnent pas eux-mêmes, ce qui passe aussi par des transformations intérieures individuelles .

Elle se forme, sème, et ouvre une gouvernance où chaque collaborateur devient acteur de la durabilité, en consacrant une partie de son temps à cet engagement.


Depuis 2022,  Nina a crée Armunia Conseil et oeuvre à catalyser des transformations durables.

Nous échangeons sur la notion de réussite, mot que Nina a revisité dans la cadre de l l’oeuvre collective Les 101 mots de la RSE, sous la direction de Fabrice Bonnifet .

Et c’est peut-être tout le précieux de son message : une invitation à changer de paradigme, à redéfinir la réussite comme un chemin de sens, de cohérence, de vivant, de joie et de courage au service de plus grand — celui d’écouter son cœur et de passer à l’action.


C’est une jeune femme, c’est une grande dame, Nina sait de quoi elle parle.

Elle accompagne les leaders à être des leaders d’En-Vie au service de transformations durables !

Des leaders qui relient écologie intérieure et extérieure, conscience de soi et action collective.

Des leaders, connectés à ce qui fait sens, à la vie en soi et autour, qui inspire et rassemble.


.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes, entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles les plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous ? Quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? Mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nina Kambadelis. Bonjour Nina.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Soi, Vie, Aime. Je suis ravie. On enregistre aujourd'hui cette interview après une petite balade en forêt. Chère Nina, tu as travaillé 15 ans dans le développement durable. Tu as notamment été directrice développement durable et raison d'être de Veolia en Asie. membre du COMEX de Veolia, Japon. De toutes ces années, tu as appris une chose, ce n'est pas la planète qui est en crise, c'est l'humanité. Ta conviction, c'est l'envie et non la peur qui est moteur de changement. Tu as fondé Harmonia, un cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des dirigeants et des équipes vers des transformations durables. Passionné par l'émergence de leaders de demain, et des enjeux de transformation, tu as à cœur de révéler des leaders d'envie, des catalyseurs de changements stratèges, engagés, inspirants et vivifiants. Cher Nina, tu as vécu sur plusieurs continents, œuvré dans de grands groupes, fondé Harmonia. Qu'est-ce qui, aujourd'hui, pour toi, est source d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Merci pour cette belle présentation.

  • Speaker #0

    Avec joie.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce qui est source d'inspiration pour moi ? Eh bien, merci pour ce chemin qu'on a fait dans la nature. Je crois que c'est vraiment la nature qui m'inspire aujourd'hui. La connexion aux êtres vivants, aux éléments, et de me laisser émerveiller par la beauté et la sagesse aussi de ces organismes. Finalement, on fonctionne d'une manière hyper complexe, autonome, résiliente, capable d'être en sous-optimalité, si je reprends le principe d'Olivier Hamon, et en même temps de faire face à une adversité quand il y a. Et je crois que c'est ce retour fondamentaux qui m'inspire beaucoup en ce moment. Merci de m'avoir reconnectée à ça tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Merci pour ce moment partagé. Et tu parles d'émerveillement, tu parles de résilience. Est-ce qu'il y a eu des moments clés dans ta vie qui ont été un peu comme des points de bascule et qui t'ont amené justement à être dans cet engagement profond pour la durabilité et le vivant ?

  • Speaker #1

    Ce qui me vient, c'est ce que j'ai commencé à te raconter tout à l'heure, qui était le 21 avril 2002. J'avais 14 ans. Et j'ai vécu un choc pour moi. Il y avait le Front National qui passait au deuxième tour des élections présidentielles. Et je crois que ce jour-là, j'ai vraiment touché du doigt, aussi étrange que cela puisse paraître, mais j'ai touché du doigt le pouvoir destructeur de la peur. Et ça peut être naïf, en tout cas ça peut paraître naïf. Mais j'étais seule, je me revois sur mon canapé à pleurer. Vraiment, le monde s'effondrait. Tout ce en quoi je croyais sur le vivre ensemble, la diversité. Et je me suis promis à ce moment-là d'œuvrer pour la paix. Le lien, bon, voilà. Mais c'était ça, ce moment-là. Et du coup, ça a été un fil directeur tout au long de ma vie. J'ai commencé à lire les journaux tous les jours, à essayer de comprendre le monde, donc ensuite par des études de philo, à essayer de voir comment créer des liens entre des gens différents pour transformer la peur potentielle de l'autre en ouverture, en fait, et en richesse. J'ai eu une belle expérience en diplomatie qui était absolument intellectuellement passionnante, stimulante et pour autant qui m'a permis de comprendre que ce n'était pas mon monde non plus et que moi j'avais besoin d'un impact et d'une action très plus tangible pour me sentir utile. Donc je me suis tournée vers le développement durable. en entreprise, parce que ça me paraissait être un moyen, en fait le fait de contribuer au développement territorial, la protection des ressources, me paraissait être un moyen, en tout cas de prévention de guerre, de contribuer à la paix, parce qu'on le voit aujourd'hui avec les enjeux de rareté des ressources, les guerres peuvent se créer beaucoup plus facilement, et puis l'insécurité. Et donc je me suis lancée dans cette nouvelle aventure-là. Et c'était vraiment passionnant, j'ai eu une chance incroyable. À ce moment-là, je travaillais en direct pour le DG de la zone Asie de Veolia. Et j'allais sur le terrain essayer de comprendre ce qu'on amenait réellement d'un point de vue humain, d'un point de vue environnemental, d'un point de vue social, d'un point de vue économique. Et là où il y avait des manquements aussi, les besoins des gens sur le terrain qui étaient au cœur du réacteur. Donc c'était génial parce que je faisais le pont entre un très haut niveau stratégique et un niveau opérationnel très concret, sur une multidisciplinarité. Donc j'ai adoré ça. Et puis ensuite, j'ai réalisé que c'était important de mettre les enjeux de RSE au cœur du business. Au cœur de la stratégie, parce que pour moi, la philosophie, l'ARSE, c'est une philosophie de vie, en fait. Et c'est une philosophie pratique qui doit guider nos actions. Ça ne doit pas être quelque chose d'anecdotique ou d'à côté. Et je me suis dit, bon, là, il faut que j'aille un cran plus loin pour toucher du doigt ça, pour toucher le cœur de l'entreprise. Donc, j'ai accepté une mission au Japon. Tu parlais de résilience. Alors là, j'en ai eu sacrément besoin.

  • Speaker #0

    Ah oui ? À l'endroit, j'imagine, de la famille ou des liens, c'est ça que tu nommes quand tu dis ça ou c'est autre chose ? Ah non, non,

  • Speaker #1

    la résilience, le choc culturel, la façon de travailler. J'étais très jeune à l'époque. Avec quel âge ? C'est une bonne question, mais j'avais un peu plus de 30 ans. Et je suis arrivée au COMEX, jeune, femme, étrangère, donc tu vois, triple tard. Plus ou moins bien reçue, on va dire ça comme ça. en charge d'une mission de transformation qu'on appelait évolution. Et donc on se demandait bien à quoi j'allais servir. Moi aussi d'ailleurs. Et donc voilà, il m'a fallu beaucoup de résilience, tout ça pour dire que je me suis rendue compte de deux choses à ce moment-là. Tu parlais de déclic. D'abord que c'était bien d'avoir de la stratégie, d'avoir des gens brillants, d'avoir... des KPI, des process, etc. Mais que si les leaders n'incarnaient pas le changement, s'ils ne donnaient pas envie aux autres de les rejoindre, on n'irait pas très loin. Donc je me suis formée à ce moment-là au coaching, comme un outil de leadership en fait, pour rendre toutes les personnes qui appartenaient à cet écosystème acteurs du changement. Et puis ça a été une révolution et une révélation. Pour moi déjà, parce que j'ai pu redormir. Et puis ensuite pour l'équipe, pour l'organisation. Et en fait, ça a été un déclic pour moi de me dire que ce qui allait permettre de mettre la RSE au cœur des activités, c'était une transformation d'état d'esprit et de façon d'être. Et c'est ce que je fais aujourd'hui. J'accompagne les leaders à, comme tu dis, à se révéler et à laisser un héritage dont ils seront fiers.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Et quand tu parles de ce déclic, quand tu as rendu les différentes parties prenantes acteurs, actrices de ce changement par des changements de posture, j'entends. C'est quoi qui a été aidant pour ça ? C'est quoi qui a fait qu'à un moment donné, la sauce a la prise ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Merci pour la question, très bonne question. Alors plusieurs choses je pense, c'est vraiment, il n'y a pas, en tout cas moi je ne crois pas à une solution, mais plutôt à une interconnection de solutions. Et ce qui a beaucoup aidé, alors déjà c'est le fait de se connecter à une vision, qui était notre raison d'être, mais aussi à une vision de à quoi on peut servir. à quoi ressemblera le monde si on a contribué à nos objectifs. Et ça, ça permet de sortir des égaux individuels de chacun, des objectifs, de PNL, etc. Et de se recentrer vers un horizon commun où chacun peut avoir sa place. Donc ça, ça a été vraiment très important, je pense, très fondateur. Et de co-créer, en fait, cette définition, ou plutôt ce dévoilement de notre raison d'être. Parce qu'en fait, elle était là. Donc ça, c'est un élément clé qui a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    C'est l'adhésion au rêve un petit peu, à ce qui va donner l'envie, justement. Exactement. OK.

  • Speaker #1

    Et puis après, ce qui aide, je crois beaucoup que ce qui aide, c'est le fait de permettre de créer un espace où chacun va trouver sa place, sa manière de contribuer, de façon très concrète. dans un momentum collectif. Donc nous, ce qu'on a fait très concrètement, c'est qu'on a, en 2019, la raison d'être était, chez Veolia, dévoilée.

  • Speaker #0

    Tu pourrais nous la partager ? Oui,

  • Speaker #1

    alors c'est une page et demie, donc oui, je pourrais la repartager, mais le principe, c'est quand même...

  • Speaker #0

    Si tu la résumais, je veux dire pour que ce soit concret pour nos auditeurs. Oui,

  • Speaker #1

    alors un motto qui était beaucoup utilisé, c'était de ressourcer le monde.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Voilà. Merci. De rien. Et en fait, ce qu'on a fait à ce moment-là, c'est qu'on s'est dit, il faut... Moi, ma conviction, c'est que tout le monde est acteur des enjeux de durabilité. Chacun a sa clé, en fait. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une nouvelle gouvernance. On avait une équipe de développement durable. Mais on a identifié des représentants dans toute l'Asie, en RH, en santé et sécurité, en opération, en commercial, en marketing, à tous les niveaux, opération, etc. Et on a mis en place, et ça j'ai eu beaucoup de chance parce que c'était le CEO qui était très porteur là-dessus, on a mis en place 60% pour leur travail habituel et 40% pour les enjeux de raison d'être. Et on a mis en place une autre gouvernance et ensuite on a développé ensemble avec les patrons de pays quatre grands axes de contribution sur les opérations, les offres, sur la gouvernance et comment on retient et on déploie nos talents et parties prenantes. Et on a identifié avec les acteurs de terrain les grands thèmes, les grands enjeux, les effets de levier. Et on a développé des pilotes. Voilà, et ça a créé un mouvement. Donc, pour répondre rapidement à ta question, je pense que ce qui aide, c'est à la fois se connecter au rêve et à la fois agir de façon très pratico-pratique, tout en se laissant dépasser par la magie du collectif.

  • Speaker #0

    Fameuse intelligence collective. Tout à fait. 1 plus 1 égale 3. Et tu parlais de changement intérieur aussi. Et c'est ça que j'aime aussi, moi, dans ton travail. C'est ce lien que tu fais. entre l'écologie intérieure et être au service du vivant de façon un peu plus globale à travers ces différentes activités. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ? En quoi c'est important ? En quoi c'est vibrant pour toi, Nina, ce lien écologie intérieure et écologie plus grande que ce soit au vivant ?

  • Speaker #1

    Merci. En fait, je crois profondément que la durabilité commence en nous. C'était Tom Peters qui disait que le changement est une porte qui ne s'ouvre que de l'intérieur. Je crois difficilement à la solidité et à la véracité d'actions de durabilité qui ne partent pas de soi. donc pour moi en fait c'est on est soi-même un ensemble de cellules un organisme vivant un être vivant et donc c'est si on est en paix intérieure avec qui on est ce qu'on a vécu ce qu'on veut être c'est par de vulnérabilité aussi c'est par d'ombre, de peur qu'on va pouvoir rayonner ça à l'extérieur je crois vraiment à cet effet reflet Merci. Et je crois aussi que ce qu'on vit à l'extérieur nous informe de ce qu'il y a à voir à l'intérieur. Il y a vraiment une connexion entre les deux. Et c'est pour ça que je parle de leader d'envie, parce que pour moi, un leader d'envie, c'est quelqu'un qui va avoir une capacité d'influence sur une organisation de décision et qui va être différent subtilement, parce que c'est quelqu'un qui va s'être reconnecté à la vie en soi. Et c'est un chemin de vie.

  • Speaker #0

    qui peut durer des fois longtemps tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est la beauté de la vie mais qui va accepter comme tu disais avant faire tomber ce masque déjà de soi à soi, donc de s'ouvrir à soi en fait, première chose je crois que je l'ai dit hors micro c'est une petite discussion de tout à l'heure merci pour le partage c'est quelqu'un qui se connecte à soi qui est capable, mais pas que à se regarder le nombril, mais à voir qu'est-ce qui est ... Qu'est-ce que la vie veut amener à travers cette personne ? Et puis, c'est quelqu'un qui va aussi prendre conscience de son interconnection avec ce qui l'entoure, donc les êtres humains qui l'entourent, les clients, les fournisseurs, etc. Mais plus grand que ça aussi, la terre qui nous accueille, qui nous héberge pour on ne sait pas combien de temps encore. Et qui va être capable de se projeter vers une vision qui va rassembler ça, ces enjeux-là, d'économie, d'humanité et de biosphère, qui va être aussi capable d'incarner, qui va donner envie en fait. Ce que tu disais quand tu reprenais que pour moi c'est l'envie qui va nous faire changer, et non pas la peur, même si elle est souvent là, à côté de nous. Et qui va aussi, du coup, donner envie aux autres d'y aller et partager sa confiance qu'on peut y aller ensemble, mais que le leader ne sait pas forcément tout, loin de là. Et c'est en acceptant de se faire dépasser par le collectif que quelque chose de beau va arriver. Donc, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    De ne pas tout savoir, d'être connecté aux différentes parties prenantes, de laisser surprendre. et dans ces... différentes parties prenantes. Ce qui me vient là aussi, c'est cette notion d'altérité. Parce que tu captes dans la nature le respect et la richesse, surtout, de tout ce qui se joue aux lisières, aux connexions des différences, au plus à la richesse des différences. J'ai l'impression, dans ce que tu dis, que le leader d'envie, il est riche de ça. Il est riche de sa conscience. de la pluralité des différences.

  • Speaker #1

    Exactement, merci de le nommer comme ça. C'est intéressant, ça me fait penser en fait à un leader que j'ai accompagné et que j'ai eu la chance d'accompagner et qui était brillant, vraiment intellectuellement hyper stimulant, qui avait fait beaucoup de choses dans son entreprise, qui avait un vrai goût de bousculer les normes, d'aller plus loin dans vraiment une notion d'excellence et qui se retrouvaient un peu en... pétré parce que pas entendu par ses pairs, notamment. Vu potentiellement comme arrogant, condescendant, trop exigeant, trop dur. Alors que lui, il avait l'impression d'être hypersensible et de justement devoir le maintenir. Et en fait, c'était intéressant. Je te parlais en dehors du micro de reflet. Et on a fait un reflet entre sa façon d'être père et sa façon d'être leader.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et il y a eu un truc qui s'est passé intérieurement pour lui à ce moment-là. Ça a ouvert une porte. Et en fait, ça lui a permis de dire, mais quel héritage je veux laisser en fait ? Qu'est-ce que je veux amener ? Qu'est-ce que je veux incarner ? Quel modèle je veux montrer dans cette entreprise pour montrer que c'est possible ? Et en fait, il s'est dit, non mais en fait, je veux... Alors ça, c'est mes mots, mais je veux réconcilier un peu les notions d'humanisme et d'excellence. Et de montrer qu'on peut faire les deux. et donc en fait pour lui, tout s'est éclairé dans le sens où il n'était pas là pour protéger ses équipes contre ses pairs, mais plutôt pour co-construire avec ses pairs et comment leur donner une place à eux. Et là, tout s'est ouvert, en fait. Quand il a ouvert ce pont-là, tout s'est ouvert. Ce qu'il ne cherchait pas. Mais du coup, le COMEX l'a fait monter parce qu'il avait débloqué ça. Et je pense que cette relation à l'altérité et de voir qu'est-ce qui nous bloque, en fait, qu'est-ce qui... Qu'est-ce qui nous freine, nous permet d'être plus puissant au final ?

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage. Et dans ce que tu décris là, en plus, quand tu le décris sur ton visage, là, les auditeurs et les auditrices ne le voient pas, mais quand tu as parlé de se débloquer, il y a eu comme des fétillements, des étoiles qui se sont mises sur ton visage. Dans ce que tu nous partages là, ce parallèle-là, à un moment donné qui lui a permis de débloquer quelque chose, tu dis ?

  • Speaker #1

    En fait, il s'est rendu compte qu'il avait été très protecteur, je pense, avec ses enfants. et donc très protecteur avec ses équipes, tout en étant très exigeant, avec un enjeu de confiance plus ou moins facile à gérer. Et qu'en fait, il s'est dit, mais qu'est-ce que je suis en train de jouer ? Quelle posture je suis en train d'avoir ? Est-ce que c'est le type de personne que je veux être ? Et quel est l'impact que ça peut laisser ? Et en prenant conscience de ça, il s'est dit, moi j'ai envie d'incarner un style de management et de leadership qui ouvre tout ça. qui donne le pouvoir à chacun, qui permet de grandir ensemble, qui est, il appelait ça, alors s'il m'entend, un leadership hybride. Voilà, ça lui parlait pour lui. Et je pense que c'était de réconcilier ces deux enjeux-là que je te disais, tu vois, d'excellence opérationnelle, financière, avec un humanisme de connexion aux autres.

  • Speaker #0

    Et de faire confiance aux équipes en présence et de ne pas être dans l'hyper contrôle au service. d'une ultra-performance.

  • Speaker #1

    Et de ne pas être dans l'hyper-protection aussi, de l'un contre l'autre.

  • Speaker #0

    Et donc, sûrement de réconcilier des parts en lui. Du coup, j'entends à travers ce que tu dis. Là, on fait un peu de psychologie. On verra si ça lui parle. Dans ce leadership hybride, si je reprends tes mots et qu'il reprenne ses mots à lui, de faire la paix, en tout cas, c'est ça que tu nommais.

  • Speaker #1

    Et une réconciliation. Et qui donne bizarrement un sentiment de liberté. Beaucoup de gens que j'accompagne et que je vois, quand ils cheminent, je trouve que c'est assez magique, ils parlent de sentiments d'être apaisés. Et puis après, souvent ce que j'entends, c'est du coup, je me sens plus libre.

  • Speaker #0

    Et l'apaisement donne des ailes. Et les ailes, tu crois qu'elles donnent quoi ? J'ai l'impression qu'elles donnent de la créativité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    qui nourrit cette envie dont tu parles. Et dans Envie, il y a la vie. Le chant des oiseaux, je m'en suis doutée. Du coup, j'avais bien envie de t'entendre le dire.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, quand j'écris leader d'Envie, j'écris en-vie. Oui.

  • Speaker #0

    Merci. Merci pour tout ça. Et du coup, toi, aujourd'hui, dans la vie, en tant que Nina, Oui. donc au-delà de tous tes rôles de maman, d'accompagnante de mentor quand l'envie elle est pas là comment tu t'y prends ? qu'est-ce qui est aidant pour toi ?

  • Speaker #1

    en fait, merci de le ressouligner pour moi l'envie c'est vraiment une boussole et c'est à la fois une boussole et un objectif, c'est-à-dire que pour moi c'est le symbole d'une nouvelle réussite et de se dire que la réussite n'est pas tellement sur des enjeux de statut, de PNL, de pouvoir, mais plutôt sur la capacité aujourd'hui à se sentir en vie, à se sentir utile, à se sentir à sa juste place. Et chacun a sa manière de savoir ça, de savoir ce que c'est et son symbole. J'avais un dirigeant avec qui je parlais qui disait... Moi, mon symbole de ma réussite et de ma reconnexion à l'envie, c'est que j'arrive en vélo quand tous mes pères, parce que c'est patron d'entreprise, arrivent en voiture. Bon, bref. Donc, chacun a son petit symbole intérieur. Mais pour revenir...

  • Speaker #0

    Et le tien, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Je crois que le mien, c'est de me sentir en énergie, quand je sens que l'énergie me traverse. Et pour répondre à ta question de comment je fais quand... l'envie n'est pas là, c'est très difficile d'accepter ça, d'abord, je trouve. Et en même temps, c'est quand on accepte, parce que c'est comme un système vivant, on ne peut pas être tout le temps à son maximal, et tant mieux d'ailleurs, parce que sinon on ne serait pas résilient. Comme les saisons. Comme les saisons, etc. Effectivement. Eh bien, c'est d'accepter de peut-être se recentrer. et déjà accepter ce moment qui nous traverse et puis d'essayer de voir qu'est-ce qu'il y a à creuser et à regarder qui est peut-être inconfortable mais qu'on peut transformer. Et l'autre point, c'est de se reconnecter soit à des gens, soit à des activités qui nous mettent en joie. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le fais. Donc ça va être me balader dans la nature, me connecter aux arbres. Être avec ma fille, écrire, écouter des podcasts, rencontrer des gens inspirants comme toi. Et ça, ça me remet en joie, ça me remet en énergie. Et du coup, hop, je peux récupérer le mouvement pour faire face à ce qui doit être.

  • Speaker #0

    Donc c'est dans ton corps, j'entends, que la boussole est dans ton corps.

  • Speaker #1

    Beaucoup dans mon corps, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile de parler du corps dans tes accompagnements ?

  • Speaker #1

    Ah, ouf, grand sujet ! Non, parce que notre société occidentalisée ne laisse pas beaucoup de place au corps. Il n'y a pas beaucoup d'estime pour le corps. Ce qui est important, c'est l'intellect, la stimulation intellectuelle, le mental, tout ça. C'est ça le plus important. Et donc le corps, c'est bizarre, puis on ne comprend rien. Donc non, ce n'est pas facile, mais en fait, ça vient. Ça vient assez vite. Et par contre, c'est vrai que c'était une cliente qui me disait ça. Je crois que j'interpelle beaucoup. Et au début, c'est très bizarre. Je demande beaucoup comment tu te sens, où tu ressens ça, qu'est-ce que... Et en fait, au début, et moi-même, quand j'ai commencé, je me disais, mais n'importe quoi, c'est quoi ces questions ? Quand on me l'a posé, cette question, je n'arrivais pas du tout à ressentir. Donc je disais, je pense que c'est... tatatatata Et puis au fur et à mesure de le faire, petit à petit, la connexion se fait et ça vient naturellement.

  • Speaker #0

    Cette fameuse écoute du corps, qui je pense est une sacrée boussole, la boussole, celle qui ne ment pas. Dans tout ce cheminement, tu as écrit dans le cadre du livre « Les 101 mots de la RSE » sous la direction de Fabrice Boniflet. Et tu es définie... Ta vision de la réussite, est-ce que tu veux bien nous en partager quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment une belle aventure collective pour le coup. C'est sans un mot de la réussite et un vrai élan de différents acteurs de tous horizons qui partagent cette envie d'agir pour un monde plus connecté, humain, responsable, qui relie les mondes. Et j'ai choisi le mot réussite, ou plutôt le mot réussite est venu à moi. Je me souviens très bien, j'ai reçu cette proposition et je me suis dit, ah mais sur quoi je vais contribuer ? Et puis le mot réussir est venu. Et je crois que c'est important aujourd'hui parce que je crois profondément au pouvoir des récits et des modèles. Et que quand on se connecte à une réussite qui nous déconnecte de nous, du corps ou de la nature, on avance consciemment ou inconsciemment dans cette direction-là. Et qu'aujourd'hui, on a besoin de nouveaux modèles de réussite. Et pour moi, la réussite, c'est vraiment cette capacité à se reconnecter avec le vivant, se reconnecter avec ce qu'on est appelé à être. relier l'être et le faire, se connecter de cœur à cœur au-delà de la raison, contribuer à quelque chose qui pour nous a vraiment du sens, à plus grand que nous, et se laisser traverser en fait par ça. Je crois beaucoup à la notion de transcendance, qui nous relie à plus grand que nous, et d'accepter qu'on n'est rien, et c'est déjà beaucoup, mais qu'un miracle de la vie. Et donc d'accepter ça et de se dire, eh bien là-dessus, avec où je suis, qui je suis, mon histoire, et à l'instant T, comment je veux contribuer en fait, qu'est-ce que je veux laisser comme trace, quel effet je veux donner. Et généralement quand on se connecte à cette ambition-là, et je crois beaucoup au pouvoir de l'ambition, pas forcément d'être ambitieux, mais avoir le pouvoir de l'ambition, eh bien on ouvre un autre pan de réussite.

  • Speaker #0

    Et ça peut être un psy qui voit quelqu'un se libérer de ses traumas, ça peut être un artiste qui crée une autre façon de voir le monde, ça peut être un PDG qui prend le courage de transformer sa gouvernance et son organisation pour aller vers une organisation plus opale, qui était présentée par Frédéric Laloux dans Reinventing Organization. Ça peut prendre plein de formes. Je crois vraiment au pouvoir de la complémentarité là-dessus. Il n'y a pas une manière d'être.

  • Speaker #1

    Chacun a sa touche à porter au puzzle. Et dans ce que tu dis, j'entends que la réussite, c'est de pouvoir écouter ce qui vibre à l'intérieur dans ce que tu proposes. Et donc, selon ce qui vibre à l'intérieur, déjà pouvoir être à la joie de pouvoir connecter avec cette vibration. Et puis, convier peut-être un peu le courage d'y aller et de se donner les moyens. Au-delà de ce que peuvent attendre les autres.

  • Speaker #0

    C'est ça que j'entends. Très bon point, merci.

  • Speaker #1

    C'est un beau programme, je trouve. Et c'est aussi ce à quoi tu citais tout à l'heure Olivier Hamon. Et moi, j'adore quand il dit que la performance est obsolète. Connectez-vous à la robustesse. Je ne sais pas pourquoi c'est ce parallèle qui me vient entre ce que tu nous proposes là par rapport à la réussite. C'est de pouvoir décoller un peu des dictats de ce à quoi on a été peut-être invité dans cette course perpétuelle à toujours plus et reconnecter, comme tu l'as dit, à l'essentiel. Je trouve que là-dessus aussi, l'invitation à la robustesse d'Olivier Hamon est assez chouette et ton invitation. à pouvoir projeter la réussite autrement que par les injonctions, mais par ce qui connecte et vibre à l'intérieur. C'est hyper libérateur.

  • Speaker #0

    Oui. Et en même temps, comme tu disais, ça appelle le courage de faire différemment, de faire ce pas de côté. Moi, j'aime beaucoup cette notion de courage. Pour moi, c'est la force du cœur. Et c'est même la rage du cœur. Et donc, c'est ce qui va nous pousser à, malgré... tout ce qu'on attend de nous, les interdits, les peurs, etc., à braver ces peurs et à aller vers un nouveau paradigme. Et tu vois, ça me fait penser, quand tu parlais de la robustesse et de la performance, ça me fait penser à ce courage, en fait. Ça me fait penser à BirdSorg, tu sais, l'organisation d'infirmiers aux Pays-Bas et qui ont eu vraiment ce courage de dire, mais en fait le système de croissance volumétrique où on finalement chronomètre le temps de chaque infirmier dans chaque espace, où son emploi du temps est décidé par des gens qui ne sont pas infirmiers, pas sur le terrain, ne fonctionnent pas. Et donc on va être dans cette robustesse finalement, dans cette agilité, dans ce pouvoir de l'interdépendance, de redonner du pouvoir à tous. Et oui, là, le CEO a quand même pris le courage de se dire on est quatre, on va créer des petits groupes. d'infirmiers qui vont eux-mêmes décider de leur emploi du temps, de leur rémunération, de leur organisation, et de voir qu'en fait ils sont passés de 4 à 16 000, qu'il y avait une étude de Ernest EY qui disait, je pense que c'était dans les années 2010-2012, qui disait que si toutes les entités de soins faisaient ça aux Pays-Bas, il y aurait moins 40% de dépenses de l'État. Et donc, en fait, pour moi, c'est vraiment la preuve... qu'on peut relier les enjeux d'économie, d'humanité et de biosphère, parce que du coup, ça fait aussi beaucoup plus de sens. Et que ce n'est pas indissociable, en fait. Et que ce n'est pas des petits bouts à rafistoler, comme si, comme ça, de façon cosmétique, mais quelque chose de beaucoup plus profond. Un paradigme qui change de vision, en fait. Et ça, ça n'aurait pas pu commencer si lui... n'avait pas eu ce courage et cette conviction et cette confiance dans l'incertitude, en fait, d'essayer, d'essayer, d'expérimenter.

  • Speaker #1

    De connecter à sa conviction, d'avoir ce courage-là et puis de mettre en place aussi ce qui va permettre ça, de par des espaces de sécurité, de dialogue, d'écoute. Dans ces organisations, il y a beaucoup de soins pris à Steph Place. un espace où il y a cette raison d'être déjà qui est évolutive. Et en plus, chacun, chacune est vraiment tel qu'il est, comme il est. Merci de partager ici ça. Ça me fait penser à un épisode avec Duc sur l'organisation Opal qu'il a mis en place avec Officiance. On y parle notamment de cette safe place. Génial. Sans aller toujours vers un modèle de gouvernance Opal, je trouve que c'est assez extraordinaire le pouvoir que ça donne d'autoriser chacun, chacune, à être dans son authenticité sans se sentir jugé et de pouvoir créer cet état d'esprit. Tu le vois, toi, beaucoup en entreprise, ce type de place. Comment tu ressens la place qui est faite aux émotions dans l'entreprise aujourd'hui, Nina ?

  • Speaker #0

    Grande question. Merci pour cette belle question. La place aux émotions, elle prend sa place aujourd'hui. Je crois que les bouleversements avec la crise, l'épidémie du Covid, les prises de conscience aussi. des enjeux climatiques et puis les enjeux géopolitiques actuels, bousculent beaucoup de gens, rendent les frontières personnelles et professionnelles plus poreuses et donc les émotions s'invitent de plus en plus et sont parfois plus accueillies aussi. Moi ce que j'aime bien rappeler dans l'émotion, c'est que c'est une énergie en mouvement et qui nous met en mouvement. Et donc de voir en fait quel message elle nous donne pour justement se reconnecter à soi et à l'autre et recréer des ponts aussi plutôt que de faire des murs. Et j'ai l'impression qu'il faut créer ces safe places, bien sûr, mais quand tu crées ce cocon de sécurité psychologique en suspension de genougement, en accueil inconditionnel de ce qui est et de qui est la personne, les émotions se libèrent même pour des dirigeants. Et c'est là où il y a une bascule qui se fait, en règle générale de ce que je vois.

  • Speaker #1

    Ce fameux lien intérieur-extérieur, ce fameux lien, je pense qu'il nous anime toutes les deux, de ce qui est vivant chez ce leader qui va avoir le courage, l'envie de changer un modèle d'affaires selon un bilan qu'il pourra faire de son activité, des impacts qu'il a. Et ça passe par l'écoute de soi et de ce qui est vivant. Et donc, ces fameuses émotions qui sont, comme tu le dis, très justement porteuses de messages.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ce n'est pas qu'au niveau individuel. Moi, je me souviens, j'ai accompagné une entité, une entité d'une entreprise du Cade 40 qui est spécialisée sur la question d'innovation, de prospective, etc. Et c'était un coaching un peu d'organisation. et en fait euh c'est C'est hyper intéressant parce que je les ai aidés sur des questions de gouvernance, de vivions et de feuilles de route parce que ce qui marchait à 5 ne fonctionnait plus trop à 80. Et en fait, c'est aussi l'émergence non contrôlée d'une émotion, d'une personne, qui a permis de mettre au devant de la table un problème relationnel, organisationnel, managérial. et cette crise. a permis un rééquilibrage du modèle de leadership et un assainissement, on va dire ça comme ça, au regard de ce qui était important et de ce qui était nécessaire à l'instant T, de l'équipe.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi un rééquilibrage ? Derrière ce mot-là, rééquilibrage du modèle de leadership, c'est quoi qui se passe en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, clairement, ce qui est sorti, c'est qu'il y avait... Ce qui avait été utile jusqu'à un instant T en termes de personnalité, de façon de fonctionner, ne l'était plus. Et qu'un certain type de management, très micro-management, très dur, etc., bloquait l'entreprise dans son développement plus qu'autre chose. Donc elle était devenue la limite du développement de l'entreprise. Et en fait, je crois que c'est grâce à cette explosion d'émotions, qui n'était pas de la part du DG, mais qui touchait le DG, que le DG a pris le courage de dire, en fait, non, on remet à plat que c'est quoi notre standard de leadership et de management qu'on veut aujourd'hui pour la vision vers laquelle on avance. Et donc, il a assumé de dire, en fait, ce qui était OK jusqu'à présent, ne l'est plus aujourd'hui. Et ça a permis de recréer une dynamique et un mouvement et un engagement de l'équipe et un respect. Donc parfois, l'émotion, tout ça pour dire, fait peur. D'ailleurs, quand je l'ai eue le lendemain, il n'était pas au top. Mais moi, je crois beaucoup dans le pouvoir de la crise. Tu sais, en chinois, on le dit, c'est à la fois le danger et l'opportunité. Et je crois beaucoup que dans la crise, on peut avoir cette étincelle, cette lumière qui s'ouvre si on est capable de le voir. Et parfois, on a besoin de recul et de soutien pour voir la lumière, parce que ce n'est pas toujours évident. Mais il y a cette opportunité-là qui peut aider.

  • Speaker #1

    Merci. Et puis, dans la crise aussi, pouvoir se remettre en cause et accepter qu'il y ait des points de vue différents. Toujours cette fameuse altérité.

  • Speaker #0

    Oui, absolument.

  • Speaker #1

    Et le conflit pour ça. Et aussi, autoriser le conflit, c'est aussi pouvoir développer les idées, la créativité. Et donc, merci de mettre là le pouvoir de... L'émotion dans peut-être la main tendue à écouter plus, en fait, le collectif ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un bon point ce que tu dis, parce qu'en fait, ce que je peux voir, en tout cas, c'est que parfois le lanceur d'alerte est le problème, alors qu'il n'est que le symptôme d'un système qui a besoin de se regarder et peut-être d'évoluer. Et donc, c'est comment aussi voir la personne qui va mal ou celle qui parle plus fort. comme un point de vigilance sur le système et pas simplement sur elle. Ce n'est pas elle l'enjeu, c'est ce que ça nous dit aussi du système dans lequel on est.

  • Speaker #1

    Et ça, ça appelle à une sacrée force d'écoute, vraiment dans cette écoute profonde, cette écoute du cœur, où tu ne prends pas à titre personnel ce qui est dit, mais vraiment comme aller dans le monde de l'autre. sans que ton égo te dise danger, danger, danger, danger. Donc, c'est chouette et c'est précieux d'amener ça dans les groupes, effectivement. Et c'est la base, comme tu le dis, de beaucoup de bascules. Merci de l'expliquer comme ça. On va arriver, Nina, à la fin de cette interview. Et j'ai envie de te proposer un petit voyage.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Alors, je te propose, tu as les jambes décroisées, parfait, de pouvoir fermer les yeux. Et je vais t'inviter en... 2035, on est au mois de mai 2035. Au mois de mai 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors, au mois de mai 2035, je suis dans une maison remplie de lumière, connectée à une forêt, sûrement. Et au-delà de... Mon sentiment de tranquillité et d'apaisement ou de paix intérieure dans ma vie personnelle, ce qui me fait battre mon cœur, c'est de sentir que je suis au bon endroit pour aider des organisations, des dirigeants, des mouvements à cheminer, à se dépasser, à se regarder. et à se relier à ce qui est plus grand qu'eux et à pouvoir avancer avec une vraie cohérence entre ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent porter, ce qu'ils veulent dire et l'impact qu'ils amènent. Et je crois que ce qui fait battre mon cœur, puisque je me protège dans une vision positive, j'essaye d'éviter le scénario. qui est probable négatif, mais ce qui fait battre mon cœur, c'est de me dire qu'on a... Ça y est, on a compris. On a compris qu'il était temps de refaçonner nos modèles de réussite, de refaçonner notre mode de consommation, de production, d'interaction, de relation, parce qu'on avait une chance incroyable d'être sur cette terre et que les ressources étaient là. de manière aussi finie et que c'était une rareté à honorer, à célébrer et qu'en fait on est beaucoup plus heureux, beaucoup plus heureux collectivement, beaucoup plus soudés, beaucoup plus connectés. C'est un peu cet élan de solidarité qu'on peut voir dans des moments très difficiles, qu'on peut voir parfois en France. Je pense à la crise du Bataclan ou d'autres, où il y a eu une vraie solidarité, une humanité qui s'est dégagée. Ben voilà, on est connectés à ça. Et on ouvre une nouvelle ère.

  • Speaker #1

    Merci Nina.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

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Description

Dans cet épisode, Nina Cambadélis raconte son déclic à 14 ans, ou plutôt le choc des élections présidentielles de 2002 avec la montée de l’extrême droite. Depuis ce jour là, elle sait qu’elle s’engagera au service de  la paix et des liens.   


Si elle commence sa carrière dans la diplomatie, elle choisit rapidement de s’orienter vers le développement durable.


Chez Véolia en Asie et au Japon, où elle est membre du Comex, elle va  développer des projets de transformation RSE.

Jeune, femme et étrangère dans une culture qu’elle découvre, elle apprend la résilience et la force de l’incarnation.


Pour Nina, l’entreprise est un écosystème vivant.

Elle comprend qu’aucun changement n’est durable si les leaders ne l’incarnent pas eux-mêmes, ce qui passe aussi par des transformations intérieures individuelles .

Elle se forme, sème, et ouvre une gouvernance où chaque collaborateur devient acteur de la durabilité, en consacrant une partie de son temps à cet engagement.


Depuis 2022,  Nina a crée Armunia Conseil et oeuvre à catalyser des transformations durables.

Nous échangeons sur la notion de réussite, mot que Nina a revisité dans la cadre de l l’oeuvre collective Les 101 mots de la RSE, sous la direction de Fabrice Bonnifet .

Et c’est peut-être tout le précieux de son message : une invitation à changer de paradigme, à redéfinir la réussite comme un chemin de sens, de cohérence, de vivant, de joie et de courage au service de plus grand — celui d’écouter son cœur et de passer à l’action.


C’est une jeune femme, c’est une grande dame, Nina sait de quoi elle parle.

Elle accompagne les leaders à être des leaders d’En-Vie au service de transformations durables !

Des leaders qui relient écologie intérieure et extérieure, conscience de soi et action collective.

Des leaders, connectés à ce qui fait sens, à la vie en soi et autour, qui inspire et rassemble.


.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes, entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles les plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous ? Quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? Mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nina Kambadelis. Bonjour Nina.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Soi, Vie, Aime. Je suis ravie. On enregistre aujourd'hui cette interview après une petite balade en forêt. Chère Nina, tu as travaillé 15 ans dans le développement durable. Tu as notamment été directrice développement durable et raison d'être de Veolia en Asie. membre du COMEX de Veolia, Japon. De toutes ces années, tu as appris une chose, ce n'est pas la planète qui est en crise, c'est l'humanité. Ta conviction, c'est l'envie et non la peur qui est moteur de changement. Tu as fondé Harmonia, un cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des dirigeants et des équipes vers des transformations durables. Passionné par l'émergence de leaders de demain, et des enjeux de transformation, tu as à cœur de révéler des leaders d'envie, des catalyseurs de changements stratèges, engagés, inspirants et vivifiants. Cher Nina, tu as vécu sur plusieurs continents, œuvré dans de grands groupes, fondé Harmonia. Qu'est-ce qui, aujourd'hui, pour toi, est source d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Merci pour cette belle présentation.

  • Speaker #0

    Avec joie.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce qui est source d'inspiration pour moi ? Eh bien, merci pour ce chemin qu'on a fait dans la nature. Je crois que c'est vraiment la nature qui m'inspire aujourd'hui. La connexion aux êtres vivants, aux éléments, et de me laisser émerveiller par la beauté et la sagesse aussi de ces organismes. Finalement, on fonctionne d'une manière hyper complexe, autonome, résiliente, capable d'être en sous-optimalité, si je reprends le principe d'Olivier Hamon, et en même temps de faire face à une adversité quand il y a. Et je crois que c'est ce retour fondamentaux qui m'inspire beaucoup en ce moment. Merci de m'avoir reconnectée à ça tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Merci pour ce moment partagé. Et tu parles d'émerveillement, tu parles de résilience. Est-ce qu'il y a eu des moments clés dans ta vie qui ont été un peu comme des points de bascule et qui t'ont amené justement à être dans cet engagement profond pour la durabilité et le vivant ?

  • Speaker #1

    Ce qui me vient, c'est ce que j'ai commencé à te raconter tout à l'heure, qui était le 21 avril 2002. J'avais 14 ans. Et j'ai vécu un choc pour moi. Il y avait le Front National qui passait au deuxième tour des élections présidentielles. Et je crois que ce jour-là, j'ai vraiment touché du doigt, aussi étrange que cela puisse paraître, mais j'ai touché du doigt le pouvoir destructeur de la peur. Et ça peut être naïf, en tout cas ça peut paraître naïf. Mais j'étais seule, je me revois sur mon canapé à pleurer. Vraiment, le monde s'effondrait. Tout ce en quoi je croyais sur le vivre ensemble, la diversité. Et je me suis promis à ce moment-là d'œuvrer pour la paix. Le lien, bon, voilà. Mais c'était ça, ce moment-là. Et du coup, ça a été un fil directeur tout au long de ma vie. J'ai commencé à lire les journaux tous les jours, à essayer de comprendre le monde, donc ensuite par des études de philo, à essayer de voir comment créer des liens entre des gens différents pour transformer la peur potentielle de l'autre en ouverture, en fait, et en richesse. J'ai eu une belle expérience en diplomatie qui était absolument intellectuellement passionnante, stimulante et pour autant qui m'a permis de comprendre que ce n'était pas mon monde non plus et que moi j'avais besoin d'un impact et d'une action très plus tangible pour me sentir utile. Donc je me suis tournée vers le développement durable. en entreprise, parce que ça me paraissait être un moyen, en fait le fait de contribuer au développement territorial, la protection des ressources, me paraissait être un moyen, en tout cas de prévention de guerre, de contribuer à la paix, parce qu'on le voit aujourd'hui avec les enjeux de rareté des ressources, les guerres peuvent se créer beaucoup plus facilement, et puis l'insécurité. Et donc je me suis lancée dans cette nouvelle aventure-là. Et c'était vraiment passionnant, j'ai eu une chance incroyable. À ce moment-là, je travaillais en direct pour le DG de la zone Asie de Veolia. Et j'allais sur le terrain essayer de comprendre ce qu'on amenait réellement d'un point de vue humain, d'un point de vue environnemental, d'un point de vue social, d'un point de vue économique. Et là où il y avait des manquements aussi, les besoins des gens sur le terrain qui étaient au cœur du réacteur. Donc c'était génial parce que je faisais le pont entre un très haut niveau stratégique et un niveau opérationnel très concret, sur une multidisciplinarité. Donc j'ai adoré ça. Et puis ensuite, j'ai réalisé que c'était important de mettre les enjeux de RSE au cœur du business. Au cœur de la stratégie, parce que pour moi, la philosophie, l'ARSE, c'est une philosophie de vie, en fait. Et c'est une philosophie pratique qui doit guider nos actions. Ça ne doit pas être quelque chose d'anecdotique ou d'à côté. Et je me suis dit, bon, là, il faut que j'aille un cran plus loin pour toucher du doigt ça, pour toucher le cœur de l'entreprise. Donc, j'ai accepté une mission au Japon. Tu parlais de résilience. Alors là, j'en ai eu sacrément besoin.

  • Speaker #0

    Ah oui ? À l'endroit, j'imagine, de la famille ou des liens, c'est ça que tu nommes quand tu dis ça ou c'est autre chose ? Ah non, non,

  • Speaker #1

    la résilience, le choc culturel, la façon de travailler. J'étais très jeune à l'époque. Avec quel âge ? C'est une bonne question, mais j'avais un peu plus de 30 ans. Et je suis arrivée au COMEX, jeune, femme, étrangère, donc tu vois, triple tard. Plus ou moins bien reçue, on va dire ça comme ça. en charge d'une mission de transformation qu'on appelait évolution. Et donc on se demandait bien à quoi j'allais servir. Moi aussi d'ailleurs. Et donc voilà, il m'a fallu beaucoup de résilience, tout ça pour dire que je me suis rendue compte de deux choses à ce moment-là. Tu parlais de déclic. D'abord que c'était bien d'avoir de la stratégie, d'avoir des gens brillants, d'avoir... des KPI, des process, etc. Mais que si les leaders n'incarnaient pas le changement, s'ils ne donnaient pas envie aux autres de les rejoindre, on n'irait pas très loin. Donc je me suis formée à ce moment-là au coaching, comme un outil de leadership en fait, pour rendre toutes les personnes qui appartenaient à cet écosystème acteurs du changement. Et puis ça a été une révolution et une révélation. Pour moi déjà, parce que j'ai pu redormir. Et puis ensuite pour l'équipe, pour l'organisation. Et en fait, ça a été un déclic pour moi de me dire que ce qui allait permettre de mettre la RSE au cœur des activités, c'était une transformation d'état d'esprit et de façon d'être. Et c'est ce que je fais aujourd'hui. J'accompagne les leaders à, comme tu dis, à se révéler et à laisser un héritage dont ils seront fiers.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Et quand tu parles de ce déclic, quand tu as rendu les différentes parties prenantes acteurs, actrices de ce changement par des changements de posture, j'entends. C'est quoi qui a été aidant pour ça ? C'est quoi qui a fait qu'à un moment donné, la sauce a la prise ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Merci pour la question, très bonne question. Alors plusieurs choses je pense, c'est vraiment, il n'y a pas, en tout cas moi je ne crois pas à une solution, mais plutôt à une interconnection de solutions. Et ce qui a beaucoup aidé, alors déjà c'est le fait de se connecter à une vision, qui était notre raison d'être, mais aussi à une vision de à quoi on peut servir. à quoi ressemblera le monde si on a contribué à nos objectifs. Et ça, ça permet de sortir des égaux individuels de chacun, des objectifs, de PNL, etc. Et de se recentrer vers un horizon commun où chacun peut avoir sa place. Donc ça, ça a été vraiment très important, je pense, très fondateur. Et de co-créer, en fait, cette définition, ou plutôt ce dévoilement de notre raison d'être. Parce qu'en fait, elle était là. Donc ça, c'est un élément clé qui a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    C'est l'adhésion au rêve un petit peu, à ce qui va donner l'envie, justement. Exactement. OK.

  • Speaker #1

    Et puis après, ce qui aide, je crois beaucoup que ce qui aide, c'est le fait de permettre de créer un espace où chacun va trouver sa place, sa manière de contribuer, de façon très concrète. dans un momentum collectif. Donc nous, ce qu'on a fait très concrètement, c'est qu'on a, en 2019, la raison d'être était, chez Veolia, dévoilée.

  • Speaker #0

    Tu pourrais nous la partager ? Oui,

  • Speaker #1

    alors c'est une page et demie, donc oui, je pourrais la repartager, mais le principe, c'est quand même...

  • Speaker #0

    Si tu la résumais, je veux dire pour que ce soit concret pour nos auditeurs. Oui,

  • Speaker #1

    alors un motto qui était beaucoup utilisé, c'était de ressourcer le monde.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Voilà. Merci. De rien. Et en fait, ce qu'on a fait à ce moment-là, c'est qu'on s'est dit, il faut... Moi, ma conviction, c'est que tout le monde est acteur des enjeux de durabilité. Chacun a sa clé, en fait. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une nouvelle gouvernance. On avait une équipe de développement durable. Mais on a identifié des représentants dans toute l'Asie, en RH, en santé et sécurité, en opération, en commercial, en marketing, à tous les niveaux, opération, etc. Et on a mis en place, et ça j'ai eu beaucoup de chance parce que c'était le CEO qui était très porteur là-dessus, on a mis en place 60% pour leur travail habituel et 40% pour les enjeux de raison d'être. Et on a mis en place une autre gouvernance et ensuite on a développé ensemble avec les patrons de pays quatre grands axes de contribution sur les opérations, les offres, sur la gouvernance et comment on retient et on déploie nos talents et parties prenantes. Et on a identifié avec les acteurs de terrain les grands thèmes, les grands enjeux, les effets de levier. Et on a développé des pilotes. Voilà, et ça a créé un mouvement. Donc, pour répondre rapidement à ta question, je pense que ce qui aide, c'est à la fois se connecter au rêve et à la fois agir de façon très pratico-pratique, tout en se laissant dépasser par la magie du collectif.

  • Speaker #0

    Fameuse intelligence collective. Tout à fait. 1 plus 1 égale 3. Et tu parlais de changement intérieur aussi. Et c'est ça que j'aime aussi, moi, dans ton travail. C'est ce lien que tu fais. entre l'écologie intérieure et être au service du vivant de façon un peu plus globale à travers ces différentes activités. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ? En quoi c'est important ? En quoi c'est vibrant pour toi, Nina, ce lien écologie intérieure et écologie plus grande que ce soit au vivant ?

  • Speaker #1

    Merci. En fait, je crois profondément que la durabilité commence en nous. C'était Tom Peters qui disait que le changement est une porte qui ne s'ouvre que de l'intérieur. Je crois difficilement à la solidité et à la véracité d'actions de durabilité qui ne partent pas de soi. donc pour moi en fait c'est on est soi-même un ensemble de cellules un organisme vivant un être vivant et donc c'est si on est en paix intérieure avec qui on est ce qu'on a vécu ce qu'on veut être c'est par de vulnérabilité aussi c'est par d'ombre, de peur qu'on va pouvoir rayonner ça à l'extérieur je crois vraiment à cet effet reflet Merci. Et je crois aussi que ce qu'on vit à l'extérieur nous informe de ce qu'il y a à voir à l'intérieur. Il y a vraiment une connexion entre les deux. Et c'est pour ça que je parle de leader d'envie, parce que pour moi, un leader d'envie, c'est quelqu'un qui va avoir une capacité d'influence sur une organisation de décision et qui va être différent subtilement, parce que c'est quelqu'un qui va s'être reconnecté à la vie en soi. Et c'est un chemin de vie.

  • Speaker #0

    qui peut durer des fois longtemps tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est la beauté de la vie mais qui va accepter comme tu disais avant faire tomber ce masque déjà de soi à soi, donc de s'ouvrir à soi en fait, première chose je crois que je l'ai dit hors micro c'est une petite discussion de tout à l'heure merci pour le partage c'est quelqu'un qui se connecte à soi qui est capable, mais pas que à se regarder le nombril, mais à voir qu'est-ce qui est ... Qu'est-ce que la vie veut amener à travers cette personne ? Et puis, c'est quelqu'un qui va aussi prendre conscience de son interconnection avec ce qui l'entoure, donc les êtres humains qui l'entourent, les clients, les fournisseurs, etc. Mais plus grand que ça aussi, la terre qui nous accueille, qui nous héberge pour on ne sait pas combien de temps encore. Et qui va être capable de se projeter vers une vision qui va rassembler ça, ces enjeux-là, d'économie, d'humanité et de biosphère, qui va être aussi capable d'incarner, qui va donner envie en fait. Ce que tu disais quand tu reprenais que pour moi c'est l'envie qui va nous faire changer, et non pas la peur, même si elle est souvent là, à côté de nous. Et qui va aussi, du coup, donner envie aux autres d'y aller et partager sa confiance qu'on peut y aller ensemble, mais que le leader ne sait pas forcément tout, loin de là. Et c'est en acceptant de se faire dépasser par le collectif que quelque chose de beau va arriver. Donc, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    De ne pas tout savoir, d'être connecté aux différentes parties prenantes, de laisser surprendre. et dans ces... différentes parties prenantes. Ce qui me vient là aussi, c'est cette notion d'altérité. Parce que tu captes dans la nature le respect et la richesse, surtout, de tout ce qui se joue aux lisières, aux connexions des différences, au plus à la richesse des différences. J'ai l'impression, dans ce que tu dis, que le leader d'envie, il est riche de ça. Il est riche de sa conscience. de la pluralité des différences.

  • Speaker #1

    Exactement, merci de le nommer comme ça. C'est intéressant, ça me fait penser en fait à un leader que j'ai accompagné et que j'ai eu la chance d'accompagner et qui était brillant, vraiment intellectuellement hyper stimulant, qui avait fait beaucoup de choses dans son entreprise, qui avait un vrai goût de bousculer les normes, d'aller plus loin dans vraiment une notion d'excellence et qui se retrouvaient un peu en... pétré parce que pas entendu par ses pairs, notamment. Vu potentiellement comme arrogant, condescendant, trop exigeant, trop dur. Alors que lui, il avait l'impression d'être hypersensible et de justement devoir le maintenir. Et en fait, c'était intéressant. Je te parlais en dehors du micro de reflet. Et on a fait un reflet entre sa façon d'être père et sa façon d'être leader.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et il y a eu un truc qui s'est passé intérieurement pour lui à ce moment-là. Ça a ouvert une porte. Et en fait, ça lui a permis de dire, mais quel héritage je veux laisser en fait ? Qu'est-ce que je veux amener ? Qu'est-ce que je veux incarner ? Quel modèle je veux montrer dans cette entreprise pour montrer que c'est possible ? Et en fait, il s'est dit, non mais en fait, je veux... Alors ça, c'est mes mots, mais je veux réconcilier un peu les notions d'humanisme et d'excellence. Et de montrer qu'on peut faire les deux. et donc en fait pour lui, tout s'est éclairé dans le sens où il n'était pas là pour protéger ses équipes contre ses pairs, mais plutôt pour co-construire avec ses pairs et comment leur donner une place à eux. Et là, tout s'est ouvert, en fait. Quand il a ouvert ce pont-là, tout s'est ouvert. Ce qu'il ne cherchait pas. Mais du coup, le COMEX l'a fait monter parce qu'il avait débloqué ça. Et je pense que cette relation à l'altérité et de voir qu'est-ce qui nous bloque, en fait, qu'est-ce qui... Qu'est-ce qui nous freine, nous permet d'être plus puissant au final ?

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage. Et dans ce que tu décris là, en plus, quand tu le décris sur ton visage, là, les auditeurs et les auditrices ne le voient pas, mais quand tu as parlé de se débloquer, il y a eu comme des fétillements, des étoiles qui se sont mises sur ton visage. Dans ce que tu nous partages là, ce parallèle-là, à un moment donné qui lui a permis de débloquer quelque chose, tu dis ?

  • Speaker #1

    En fait, il s'est rendu compte qu'il avait été très protecteur, je pense, avec ses enfants. et donc très protecteur avec ses équipes, tout en étant très exigeant, avec un enjeu de confiance plus ou moins facile à gérer. Et qu'en fait, il s'est dit, mais qu'est-ce que je suis en train de jouer ? Quelle posture je suis en train d'avoir ? Est-ce que c'est le type de personne que je veux être ? Et quel est l'impact que ça peut laisser ? Et en prenant conscience de ça, il s'est dit, moi j'ai envie d'incarner un style de management et de leadership qui ouvre tout ça. qui donne le pouvoir à chacun, qui permet de grandir ensemble, qui est, il appelait ça, alors s'il m'entend, un leadership hybride. Voilà, ça lui parlait pour lui. Et je pense que c'était de réconcilier ces deux enjeux-là que je te disais, tu vois, d'excellence opérationnelle, financière, avec un humanisme de connexion aux autres.

  • Speaker #0

    Et de faire confiance aux équipes en présence et de ne pas être dans l'hyper contrôle au service. d'une ultra-performance.

  • Speaker #1

    Et de ne pas être dans l'hyper-protection aussi, de l'un contre l'autre.

  • Speaker #0

    Et donc, sûrement de réconcilier des parts en lui. Du coup, j'entends à travers ce que tu dis. Là, on fait un peu de psychologie. On verra si ça lui parle. Dans ce leadership hybride, si je reprends tes mots et qu'il reprenne ses mots à lui, de faire la paix, en tout cas, c'est ça que tu nommais.

  • Speaker #1

    Et une réconciliation. Et qui donne bizarrement un sentiment de liberté. Beaucoup de gens que j'accompagne et que je vois, quand ils cheminent, je trouve que c'est assez magique, ils parlent de sentiments d'être apaisés. Et puis après, souvent ce que j'entends, c'est du coup, je me sens plus libre.

  • Speaker #0

    Et l'apaisement donne des ailes. Et les ailes, tu crois qu'elles donnent quoi ? J'ai l'impression qu'elles donnent de la créativité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    qui nourrit cette envie dont tu parles. Et dans Envie, il y a la vie. Le chant des oiseaux, je m'en suis doutée. Du coup, j'avais bien envie de t'entendre le dire.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, quand j'écris leader d'Envie, j'écris en-vie. Oui.

  • Speaker #0

    Merci. Merci pour tout ça. Et du coup, toi, aujourd'hui, dans la vie, en tant que Nina, Oui. donc au-delà de tous tes rôles de maman, d'accompagnante de mentor quand l'envie elle est pas là comment tu t'y prends ? qu'est-ce qui est aidant pour toi ?

  • Speaker #1

    en fait, merci de le ressouligner pour moi l'envie c'est vraiment une boussole et c'est à la fois une boussole et un objectif, c'est-à-dire que pour moi c'est le symbole d'une nouvelle réussite et de se dire que la réussite n'est pas tellement sur des enjeux de statut, de PNL, de pouvoir, mais plutôt sur la capacité aujourd'hui à se sentir en vie, à se sentir utile, à se sentir à sa juste place. Et chacun a sa manière de savoir ça, de savoir ce que c'est et son symbole. J'avais un dirigeant avec qui je parlais qui disait... Moi, mon symbole de ma réussite et de ma reconnexion à l'envie, c'est que j'arrive en vélo quand tous mes pères, parce que c'est patron d'entreprise, arrivent en voiture. Bon, bref. Donc, chacun a son petit symbole intérieur. Mais pour revenir...

  • Speaker #0

    Et le tien, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Je crois que le mien, c'est de me sentir en énergie, quand je sens que l'énergie me traverse. Et pour répondre à ta question de comment je fais quand... l'envie n'est pas là, c'est très difficile d'accepter ça, d'abord, je trouve. Et en même temps, c'est quand on accepte, parce que c'est comme un système vivant, on ne peut pas être tout le temps à son maximal, et tant mieux d'ailleurs, parce que sinon on ne serait pas résilient. Comme les saisons. Comme les saisons, etc. Effectivement. Eh bien, c'est d'accepter de peut-être se recentrer. et déjà accepter ce moment qui nous traverse et puis d'essayer de voir qu'est-ce qu'il y a à creuser et à regarder qui est peut-être inconfortable mais qu'on peut transformer. Et l'autre point, c'est de se reconnecter soit à des gens, soit à des activités qui nous mettent en joie. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le fais. Donc ça va être me balader dans la nature, me connecter aux arbres. Être avec ma fille, écrire, écouter des podcasts, rencontrer des gens inspirants comme toi. Et ça, ça me remet en joie, ça me remet en énergie. Et du coup, hop, je peux récupérer le mouvement pour faire face à ce qui doit être.

  • Speaker #0

    Donc c'est dans ton corps, j'entends, que la boussole est dans ton corps.

  • Speaker #1

    Beaucoup dans mon corps, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile de parler du corps dans tes accompagnements ?

  • Speaker #1

    Ah, ouf, grand sujet ! Non, parce que notre société occidentalisée ne laisse pas beaucoup de place au corps. Il n'y a pas beaucoup d'estime pour le corps. Ce qui est important, c'est l'intellect, la stimulation intellectuelle, le mental, tout ça. C'est ça le plus important. Et donc le corps, c'est bizarre, puis on ne comprend rien. Donc non, ce n'est pas facile, mais en fait, ça vient. Ça vient assez vite. Et par contre, c'est vrai que c'était une cliente qui me disait ça. Je crois que j'interpelle beaucoup. Et au début, c'est très bizarre. Je demande beaucoup comment tu te sens, où tu ressens ça, qu'est-ce que... Et en fait, au début, et moi-même, quand j'ai commencé, je me disais, mais n'importe quoi, c'est quoi ces questions ? Quand on me l'a posé, cette question, je n'arrivais pas du tout à ressentir. Donc je disais, je pense que c'est... tatatatata Et puis au fur et à mesure de le faire, petit à petit, la connexion se fait et ça vient naturellement.

  • Speaker #0

    Cette fameuse écoute du corps, qui je pense est une sacrée boussole, la boussole, celle qui ne ment pas. Dans tout ce cheminement, tu as écrit dans le cadre du livre « Les 101 mots de la RSE » sous la direction de Fabrice Boniflet. Et tu es définie... Ta vision de la réussite, est-ce que tu veux bien nous en partager quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment une belle aventure collective pour le coup. C'est sans un mot de la réussite et un vrai élan de différents acteurs de tous horizons qui partagent cette envie d'agir pour un monde plus connecté, humain, responsable, qui relie les mondes. Et j'ai choisi le mot réussite, ou plutôt le mot réussite est venu à moi. Je me souviens très bien, j'ai reçu cette proposition et je me suis dit, ah mais sur quoi je vais contribuer ? Et puis le mot réussir est venu. Et je crois que c'est important aujourd'hui parce que je crois profondément au pouvoir des récits et des modèles. Et que quand on se connecte à une réussite qui nous déconnecte de nous, du corps ou de la nature, on avance consciemment ou inconsciemment dans cette direction-là. Et qu'aujourd'hui, on a besoin de nouveaux modèles de réussite. Et pour moi, la réussite, c'est vraiment cette capacité à se reconnecter avec le vivant, se reconnecter avec ce qu'on est appelé à être. relier l'être et le faire, se connecter de cœur à cœur au-delà de la raison, contribuer à quelque chose qui pour nous a vraiment du sens, à plus grand que nous, et se laisser traverser en fait par ça. Je crois beaucoup à la notion de transcendance, qui nous relie à plus grand que nous, et d'accepter qu'on n'est rien, et c'est déjà beaucoup, mais qu'un miracle de la vie. Et donc d'accepter ça et de se dire, eh bien là-dessus, avec où je suis, qui je suis, mon histoire, et à l'instant T, comment je veux contribuer en fait, qu'est-ce que je veux laisser comme trace, quel effet je veux donner. Et généralement quand on se connecte à cette ambition-là, et je crois beaucoup au pouvoir de l'ambition, pas forcément d'être ambitieux, mais avoir le pouvoir de l'ambition, eh bien on ouvre un autre pan de réussite.

  • Speaker #0

    Et ça peut être un psy qui voit quelqu'un se libérer de ses traumas, ça peut être un artiste qui crée une autre façon de voir le monde, ça peut être un PDG qui prend le courage de transformer sa gouvernance et son organisation pour aller vers une organisation plus opale, qui était présentée par Frédéric Laloux dans Reinventing Organization. Ça peut prendre plein de formes. Je crois vraiment au pouvoir de la complémentarité là-dessus. Il n'y a pas une manière d'être.

  • Speaker #1

    Chacun a sa touche à porter au puzzle. Et dans ce que tu dis, j'entends que la réussite, c'est de pouvoir écouter ce qui vibre à l'intérieur dans ce que tu proposes. Et donc, selon ce qui vibre à l'intérieur, déjà pouvoir être à la joie de pouvoir connecter avec cette vibration. Et puis, convier peut-être un peu le courage d'y aller et de se donner les moyens. Au-delà de ce que peuvent attendre les autres.

  • Speaker #0

    C'est ça que j'entends. Très bon point, merci.

  • Speaker #1

    C'est un beau programme, je trouve. Et c'est aussi ce à quoi tu citais tout à l'heure Olivier Hamon. Et moi, j'adore quand il dit que la performance est obsolète. Connectez-vous à la robustesse. Je ne sais pas pourquoi c'est ce parallèle qui me vient entre ce que tu nous proposes là par rapport à la réussite. C'est de pouvoir décoller un peu des dictats de ce à quoi on a été peut-être invité dans cette course perpétuelle à toujours plus et reconnecter, comme tu l'as dit, à l'essentiel. Je trouve que là-dessus aussi, l'invitation à la robustesse d'Olivier Hamon est assez chouette et ton invitation. à pouvoir projeter la réussite autrement que par les injonctions, mais par ce qui connecte et vibre à l'intérieur. C'est hyper libérateur.

  • Speaker #0

    Oui. Et en même temps, comme tu disais, ça appelle le courage de faire différemment, de faire ce pas de côté. Moi, j'aime beaucoup cette notion de courage. Pour moi, c'est la force du cœur. Et c'est même la rage du cœur. Et donc, c'est ce qui va nous pousser à, malgré... tout ce qu'on attend de nous, les interdits, les peurs, etc., à braver ces peurs et à aller vers un nouveau paradigme. Et tu vois, ça me fait penser, quand tu parlais de la robustesse et de la performance, ça me fait penser à ce courage, en fait. Ça me fait penser à BirdSorg, tu sais, l'organisation d'infirmiers aux Pays-Bas et qui ont eu vraiment ce courage de dire, mais en fait le système de croissance volumétrique où on finalement chronomètre le temps de chaque infirmier dans chaque espace, où son emploi du temps est décidé par des gens qui ne sont pas infirmiers, pas sur le terrain, ne fonctionnent pas. Et donc on va être dans cette robustesse finalement, dans cette agilité, dans ce pouvoir de l'interdépendance, de redonner du pouvoir à tous. Et oui, là, le CEO a quand même pris le courage de se dire on est quatre, on va créer des petits groupes. d'infirmiers qui vont eux-mêmes décider de leur emploi du temps, de leur rémunération, de leur organisation, et de voir qu'en fait ils sont passés de 4 à 16 000, qu'il y avait une étude de Ernest EY qui disait, je pense que c'était dans les années 2010-2012, qui disait que si toutes les entités de soins faisaient ça aux Pays-Bas, il y aurait moins 40% de dépenses de l'État. Et donc, en fait, pour moi, c'est vraiment la preuve... qu'on peut relier les enjeux d'économie, d'humanité et de biosphère, parce que du coup, ça fait aussi beaucoup plus de sens. Et que ce n'est pas indissociable, en fait. Et que ce n'est pas des petits bouts à rafistoler, comme si, comme ça, de façon cosmétique, mais quelque chose de beaucoup plus profond. Un paradigme qui change de vision, en fait. Et ça, ça n'aurait pas pu commencer si lui... n'avait pas eu ce courage et cette conviction et cette confiance dans l'incertitude, en fait, d'essayer, d'essayer, d'expérimenter.

  • Speaker #1

    De connecter à sa conviction, d'avoir ce courage-là et puis de mettre en place aussi ce qui va permettre ça, de par des espaces de sécurité, de dialogue, d'écoute. Dans ces organisations, il y a beaucoup de soins pris à Steph Place. un espace où il y a cette raison d'être déjà qui est évolutive. Et en plus, chacun, chacune est vraiment tel qu'il est, comme il est. Merci de partager ici ça. Ça me fait penser à un épisode avec Duc sur l'organisation Opal qu'il a mis en place avec Officiance. On y parle notamment de cette safe place. Génial. Sans aller toujours vers un modèle de gouvernance Opal, je trouve que c'est assez extraordinaire le pouvoir que ça donne d'autoriser chacun, chacune, à être dans son authenticité sans se sentir jugé et de pouvoir créer cet état d'esprit. Tu le vois, toi, beaucoup en entreprise, ce type de place. Comment tu ressens la place qui est faite aux émotions dans l'entreprise aujourd'hui, Nina ?

  • Speaker #0

    Grande question. Merci pour cette belle question. La place aux émotions, elle prend sa place aujourd'hui. Je crois que les bouleversements avec la crise, l'épidémie du Covid, les prises de conscience aussi. des enjeux climatiques et puis les enjeux géopolitiques actuels, bousculent beaucoup de gens, rendent les frontières personnelles et professionnelles plus poreuses et donc les émotions s'invitent de plus en plus et sont parfois plus accueillies aussi. Moi ce que j'aime bien rappeler dans l'émotion, c'est que c'est une énergie en mouvement et qui nous met en mouvement. Et donc de voir en fait quel message elle nous donne pour justement se reconnecter à soi et à l'autre et recréer des ponts aussi plutôt que de faire des murs. Et j'ai l'impression qu'il faut créer ces safe places, bien sûr, mais quand tu crées ce cocon de sécurité psychologique en suspension de genougement, en accueil inconditionnel de ce qui est et de qui est la personne, les émotions se libèrent même pour des dirigeants. Et c'est là où il y a une bascule qui se fait, en règle générale de ce que je vois.

  • Speaker #1

    Ce fameux lien intérieur-extérieur, ce fameux lien, je pense qu'il nous anime toutes les deux, de ce qui est vivant chez ce leader qui va avoir le courage, l'envie de changer un modèle d'affaires selon un bilan qu'il pourra faire de son activité, des impacts qu'il a. Et ça passe par l'écoute de soi et de ce qui est vivant. Et donc, ces fameuses émotions qui sont, comme tu le dis, très justement porteuses de messages.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ce n'est pas qu'au niveau individuel. Moi, je me souviens, j'ai accompagné une entité, une entité d'une entreprise du Cade 40 qui est spécialisée sur la question d'innovation, de prospective, etc. Et c'était un coaching un peu d'organisation. et en fait euh c'est C'est hyper intéressant parce que je les ai aidés sur des questions de gouvernance, de vivions et de feuilles de route parce que ce qui marchait à 5 ne fonctionnait plus trop à 80. Et en fait, c'est aussi l'émergence non contrôlée d'une émotion, d'une personne, qui a permis de mettre au devant de la table un problème relationnel, organisationnel, managérial. et cette crise. a permis un rééquilibrage du modèle de leadership et un assainissement, on va dire ça comme ça, au regard de ce qui était important et de ce qui était nécessaire à l'instant T, de l'équipe.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi un rééquilibrage ? Derrière ce mot-là, rééquilibrage du modèle de leadership, c'est quoi qui se passe en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, clairement, ce qui est sorti, c'est qu'il y avait... Ce qui avait été utile jusqu'à un instant T en termes de personnalité, de façon de fonctionner, ne l'était plus. Et qu'un certain type de management, très micro-management, très dur, etc., bloquait l'entreprise dans son développement plus qu'autre chose. Donc elle était devenue la limite du développement de l'entreprise. Et en fait, je crois que c'est grâce à cette explosion d'émotions, qui n'était pas de la part du DG, mais qui touchait le DG, que le DG a pris le courage de dire, en fait, non, on remet à plat que c'est quoi notre standard de leadership et de management qu'on veut aujourd'hui pour la vision vers laquelle on avance. Et donc, il a assumé de dire, en fait, ce qui était OK jusqu'à présent, ne l'est plus aujourd'hui. Et ça a permis de recréer une dynamique et un mouvement et un engagement de l'équipe et un respect. Donc parfois, l'émotion, tout ça pour dire, fait peur. D'ailleurs, quand je l'ai eue le lendemain, il n'était pas au top. Mais moi, je crois beaucoup dans le pouvoir de la crise. Tu sais, en chinois, on le dit, c'est à la fois le danger et l'opportunité. Et je crois beaucoup que dans la crise, on peut avoir cette étincelle, cette lumière qui s'ouvre si on est capable de le voir. Et parfois, on a besoin de recul et de soutien pour voir la lumière, parce que ce n'est pas toujours évident. Mais il y a cette opportunité-là qui peut aider.

  • Speaker #1

    Merci. Et puis, dans la crise aussi, pouvoir se remettre en cause et accepter qu'il y ait des points de vue différents. Toujours cette fameuse altérité.

  • Speaker #0

    Oui, absolument.

  • Speaker #1

    Et le conflit pour ça. Et aussi, autoriser le conflit, c'est aussi pouvoir développer les idées, la créativité. Et donc, merci de mettre là le pouvoir de... L'émotion dans peut-être la main tendue à écouter plus, en fait, le collectif ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un bon point ce que tu dis, parce qu'en fait, ce que je peux voir, en tout cas, c'est que parfois le lanceur d'alerte est le problème, alors qu'il n'est que le symptôme d'un système qui a besoin de se regarder et peut-être d'évoluer. Et donc, c'est comment aussi voir la personne qui va mal ou celle qui parle plus fort. comme un point de vigilance sur le système et pas simplement sur elle. Ce n'est pas elle l'enjeu, c'est ce que ça nous dit aussi du système dans lequel on est.

  • Speaker #1

    Et ça, ça appelle à une sacrée force d'écoute, vraiment dans cette écoute profonde, cette écoute du cœur, où tu ne prends pas à titre personnel ce qui est dit, mais vraiment comme aller dans le monde de l'autre. sans que ton égo te dise danger, danger, danger, danger. Donc, c'est chouette et c'est précieux d'amener ça dans les groupes, effectivement. Et c'est la base, comme tu le dis, de beaucoup de bascules. Merci de l'expliquer comme ça. On va arriver, Nina, à la fin de cette interview. Et j'ai envie de te proposer un petit voyage.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Alors, je te propose, tu as les jambes décroisées, parfait, de pouvoir fermer les yeux. Et je vais t'inviter en... 2035, on est au mois de mai 2035. Au mois de mai 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors, au mois de mai 2035, je suis dans une maison remplie de lumière, connectée à une forêt, sûrement. Et au-delà de... Mon sentiment de tranquillité et d'apaisement ou de paix intérieure dans ma vie personnelle, ce qui me fait battre mon cœur, c'est de sentir que je suis au bon endroit pour aider des organisations, des dirigeants, des mouvements à cheminer, à se dépasser, à se regarder. et à se relier à ce qui est plus grand qu'eux et à pouvoir avancer avec une vraie cohérence entre ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent porter, ce qu'ils veulent dire et l'impact qu'ils amènent. Et je crois que ce qui fait battre mon cœur, puisque je me protège dans une vision positive, j'essaye d'éviter le scénario. qui est probable négatif, mais ce qui fait battre mon cœur, c'est de me dire qu'on a... Ça y est, on a compris. On a compris qu'il était temps de refaçonner nos modèles de réussite, de refaçonner notre mode de consommation, de production, d'interaction, de relation, parce qu'on avait une chance incroyable d'être sur cette terre et que les ressources étaient là. de manière aussi finie et que c'était une rareté à honorer, à célébrer et qu'en fait on est beaucoup plus heureux, beaucoup plus heureux collectivement, beaucoup plus soudés, beaucoup plus connectés. C'est un peu cet élan de solidarité qu'on peut voir dans des moments très difficiles, qu'on peut voir parfois en France. Je pense à la crise du Bataclan ou d'autres, où il y a eu une vraie solidarité, une humanité qui s'est dégagée. Ben voilà, on est connectés à ça. Et on ouvre une nouvelle ère.

  • Speaker #1

    Merci Nina.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

    Si vous avez aimé ce podcast, vous pouvez favoriser sa diffusion en lui donnant 5 étoiles sur Apple Podcast. Et puis, vous pouvez bien sûr vous abonner sur toutes les plateformes Spotify, Apple Podcast ou toute autre plateforme que vous souhaitez. A bientôt sur Sois, Vie, Aime.

Description

Dans cet épisode, Nina Cambadélis raconte son déclic à 14 ans, ou plutôt le choc des élections présidentielles de 2002 avec la montée de l’extrême droite. Depuis ce jour là, elle sait qu’elle s’engagera au service de  la paix et des liens.   


Si elle commence sa carrière dans la diplomatie, elle choisit rapidement de s’orienter vers le développement durable.


Chez Véolia en Asie et au Japon, où elle est membre du Comex, elle va  développer des projets de transformation RSE.

Jeune, femme et étrangère dans une culture qu’elle découvre, elle apprend la résilience et la force de l’incarnation.


Pour Nina, l’entreprise est un écosystème vivant.

Elle comprend qu’aucun changement n’est durable si les leaders ne l’incarnent pas eux-mêmes, ce qui passe aussi par des transformations intérieures individuelles .

Elle se forme, sème, et ouvre une gouvernance où chaque collaborateur devient acteur de la durabilité, en consacrant une partie de son temps à cet engagement.


Depuis 2022,  Nina a crée Armunia Conseil et oeuvre à catalyser des transformations durables.

Nous échangeons sur la notion de réussite, mot que Nina a revisité dans la cadre de l l’oeuvre collective Les 101 mots de la RSE, sous la direction de Fabrice Bonnifet .

Et c’est peut-être tout le précieux de son message : une invitation à changer de paradigme, à redéfinir la réussite comme un chemin de sens, de cohérence, de vivant, de joie et de courage au service de plus grand — celui d’écouter son cœur et de passer à l’action.


C’est une jeune femme, c’est une grande dame, Nina sait de quoi elle parle.

Elle accompagne les leaders à être des leaders d’En-Vie au service de transformations durables !

Des leaders qui relient écologie intérieure et extérieure, conscience de soi et action collective.

Des leaders, connectés à ce qui fait sens, à la vie en soi et autour, qui inspire et rassemble.


.


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes, entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles les plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous ? Quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? Mon micro, aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Nina Kambadelis. Bonjour Nina.

  • Speaker #1

    Bonjour Stéphanie.

  • Speaker #0

    Merci d'être là dans Soi, Vie, Aime. Je suis ravie. On enregistre aujourd'hui cette interview après une petite balade en forêt. Chère Nina, tu as travaillé 15 ans dans le développement durable. Tu as notamment été directrice développement durable et raison d'être de Veolia en Asie. membre du COMEX de Veolia, Japon. De toutes ces années, tu as appris une chose, ce n'est pas la planète qui est en crise, c'est l'humanité. Ta conviction, c'est l'envie et non la peur qui est moteur de changement. Tu as fondé Harmonia, un cabinet de conseil spécialisé dans l'accompagnement des dirigeants et des équipes vers des transformations durables. Passionné par l'émergence de leaders de demain, et des enjeux de transformation, tu as à cœur de révéler des leaders d'envie, des catalyseurs de changements stratèges, engagés, inspirants et vivifiants. Cher Nina, tu as vécu sur plusieurs continents, œuvré dans de grands groupes, fondé Harmonia. Qu'est-ce qui, aujourd'hui, pour toi, est source d'inspiration ?

  • Speaker #1

    Merci pour cette belle présentation.

  • Speaker #0

    Avec joie.

  • Speaker #1

    Alors, qu'est-ce qui est source d'inspiration pour moi ? Eh bien, merci pour ce chemin qu'on a fait dans la nature. Je crois que c'est vraiment la nature qui m'inspire aujourd'hui. La connexion aux êtres vivants, aux éléments, et de me laisser émerveiller par la beauté et la sagesse aussi de ces organismes. Finalement, on fonctionne d'une manière hyper complexe, autonome, résiliente, capable d'être en sous-optimalité, si je reprends le principe d'Olivier Hamon, et en même temps de faire face à une adversité quand il y a. Et je crois que c'est ce retour fondamentaux qui m'inspire beaucoup en ce moment. Merci de m'avoir reconnectée à ça tout à l'heure.

  • Speaker #0

    Merci à toi. Merci pour ce moment partagé. Et tu parles d'émerveillement, tu parles de résilience. Est-ce qu'il y a eu des moments clés dans ta vie qui ont été un peu comme des points de bascule et qui t'ont amené justement à être dans cet engagement profond pour la durabilité et le vivant ?

  • Speaker #1

    Ce qui me vient, c'est ce que j'ai commencé à te raconter tout à l'heure, qui était le 21 avril 2002. J'avais 14 ans. Et j'ai vécu un choc pour moi. Il y avait le Front National qui passait au deuxième tour des élections présidentielles. Et je crois que ce jour-là, j'ai vraiment touché du doigt, aussi étrange que cela puisse paraître, mais j'ai touché du doigt le pouvoir destructeur de la peur. Et ça peut être naïf, en tout cas ça peut paraître naïf. Mais j'étais seule, je me revois sur mon canapé à pleurer. Vraiment, le monde s'effondrait. Tout ce en quoi je croyais sur le vivre ensemble, la diversité. Et je me suis promis à ce moment-là d'œuvrer pour la paix. Le lien, bon, voilà. Mais c'était ça, ce moment-là. Et du coup, ça a été un fil directeur tout au long de ma vie. J'ai commencé à lire les journaux tous les jours, à essayer de comprendre le monde, donc ensuite par des études de philo, à essayer de voir comment créer des liens entre des gens différents pour transformer la peur potentielle de l'autre en ouverture, en fait, et en richesse. J'ai eu une belle expérience en diplomatie qui était absolument intellectuellement passionnante, stimulante et pour autant qui m'a permis de comprendre que ce n'était pas mon monde non plus et que moi j'avais besoin d'un impact et d'une action très plus tangible pour me sentir utile. Donc je me suis tournée vers le développement durable. en entreprise, parce que ça me paraissait être un moyen, en fait le fait de contribuer au développement territorial, la protection des ressources, me paraissait être un moyen, en tout cas de prévention de guerre, de contribuer à la paix, parce qu'on le voit aujourd'hui avec les enjeux de rareté des ressources, les guerres peuvent se créer beaucoup plus facilement, et puis l'insécurité. Et donc je me suis lancée dans cette nouvelle aventure-là. Et c'était vraiment passionnant, j'ai eu une chance incroyable. À ce moment-là, je travaillais en direct pour le DG de la zone Asie de Veolia. Et j'allais sur le terrain essayer de comprendre ce qu'on amenait réellement d'un point de vue humain, d'un point de vue environnemental, d'un point de vue social, d'un point de vue économique. Et là où il y avait des manquements aussi, les besoins des gens sur le terrain qui étaient au cœur du réacteur. Donc c'était génial parce que je faisais le pont entre un très haut niveau stratégique et un niveau opérationnel très concret, sur une multidisciplinarité. Donc j'ai adoré ça. Et puis ensuite, j'ai réalisé que c'était important de mettre les enjeux de RSE au cœur du business. Au cœur de la stratégie, parce que pour moi, la philosophie, l'ARSE, c'est une philosophie de vie, en fait. Et c'est une philosophie pratique qui doit guider nos actions. Ça ne doit pas être quelque chose d'anecdotique ou d'à côté. Et je me suis dit, bon, là, il faut que j'aille un cran plus loin pour toucher du doigt ça, pour toucher le cœur de l'entreprise. Donc, j'ai accepté une mission au Japon. Tu parlais de résilience. Alors là, j'en ai eu sacrément besoin.

  • Speaker #0

    Ah oui ? À l'endroit, j'imagine, de la famille ou des liens, c'est ça que tu nommes quand tu dis ça ou c'est autre chose ? Ah non, non,

  • Speaker #1

    la résilience, le choc culturel, la façon de travailler. J'étais très jeune à l'époque. Avec quel âge ? C'est une bonne question, mais j'avais un peu plus de 30 ans. Et je suis arrivée au COMEX, jeune, femme, étrangère, donc tu vois, triple tard. Plus ou moins bien reçue, on va dire ça comme ça. en charge d'une mission de transformation qu'on appelait évolution. Et donc on se demandait bien à quoi j'allais servir. Moi aussi d'ailleurs. Et donc voilà, il m'a fallu beaucoup de résilience, tout ça pour dire que je me suis rendue compte de deux choses à ce moment-là. Tu parlais de déclic. D'abord que c'était bien d'avoir de la stratégie, d'avoir des gens brillants, d'avoir... des KPI, des process, etc. Mais que si les leaders n'incarnaient pas le changement, s'ils ne donnaient pas envie aux autres de les rejoindre, on n'irait pas très loin. Donc je me suis formée à ce moment-là au coaching, comme un outil de leadership en fait, pour rendre toutes les personnes qui appartenaient à cet écosystème acteurs du changement. Et puis ça a été une révolution et une révélation. Pour moi déjà, parce que j'ai pu redormir. Et puis ensuite pour l'équipe, pour l'organisation. Et en fait, ça a été un déclic pour moi de me dire que ce qui allait permettre de mettre la RSE au cœur des activités, c'était une transformation d'état d'esprit et de façon d'être. Et c'est ce que je fais aujourd'hui. J'accompagne les leaders à, comme tu dis, à se révéler et à laisser un héritage dont ils seront fiers.

  • Speaker #0

    Merci beaucoup. Et quand tu parles de ce déclic, quand tu as rendu les différentes parties prenantes acteurs, actrices de ce changement par des changements de posture, j'entends. C'est quoi qui a été aidant pour ça ? C'est quoi qui a fait qu'à un moment donné, la sauce a la prise ?

  • Speaker #1

    Vaste question. Merci pour la question, très bonne question. Alors plusieurs choses je pense, c'est vraiment, il n'y a pas, en tout cas moi je ne crois pas à une solution, mais plutôt à une interconnection de solutions. Et ce qui a beaucoup aidé, alors déjà c'est le fait de se connecter à une vision, qui était notre raison d'être, mais aussi à une vision de à quoi on peut servir. à quoi ressemblera le monde si on a contribué à nos objectifs. Et ça, ça permet de sortir des égaux individuels de chacun, des objectifs, de PNL, etc. Et de se recentrer vers un horizon commun où chacun peut avoir sa place. Donc ça, ça a été vraiment très important, je pense, très fondateur. Et de co-créer, en fait, cette définition, ou plutôt ce dévoilement de notre raison d'être. Parce qu'en fait, elle était là. Donc ça, c'est un élément clé qui a beaucoup aidé.

  • Speaker #0

    C'est l'adhésion au rêve un petit peu, à ce qui va donner l'envie, justement. Exactement. OK.

  • Speaker #1

    Et puis après, ce qui aide, je crois beaucoup que ce qui aide, c'est le fait de permettre de créer un espace où chacun va trouver sa place, sa manière de contribuer, de façon très concrète. dans un momentum collectif. Donc nous, ce qu'on a fait très concrètement, c'est qu'on a, en 2019, la raison d'être était, chez Veolia, dévoilée.

  • Speaker #0

    Tu pourrais nous la partager ? Oui,

  • Speaker #1

    alors c'est une page et demie, donc oui, je pourrais la repartager, mais le principe, c'est quand même...

  • Speaker #0

    Si tu la résumais, je veux dire pour que ce soit concret pour nos auditeurs. Oui,

  • Speaker #1

    alors un motto qui était beaucoup utilisé, c'était de ressourcer le monde.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Voilà. Merci. De rien. Et en fait, ce qu'on a fait à ce moment-là, c'est qu'on s'est dit, il faut... Moi, ma conviction, c'est que tout le monde est acteur des enjeux de durabilité. Chacun a sa clé, en fait. Donc, ce qu'on a fait, c'est qu'on a créé une nouvelle gouvernance. On avait une équipe de développement durable. Mais on a identifié des représentants dans toute l'Asie, en RH, en santé et sécurité, en opération, en commercial, en marketing, à tous les niveaux, opération, etc. Et on a mis en place, et ça j'ai eu beaucoup de chance parce que c'était le CEO qui était très porteur là-dessus, on a mis en place 60% pour leur travail habituel et 40% pour les enjeux de raison d'être. Et on a mis en place une autre gouvernance et ensuite on a développé ensemble avec les patrons de pays quatre grands axes de contribution sur les opérations, les offres, sur la gouvernance et comment on retient et on déploie nos talents et parties prenantes. Et on a identifié avec les acteurs de terrain les grands thèmes, les grands enjeux, les effets de levier. Et on a développé des pilotes. Voilà, et ça a créé un mouvement. Donc, pour répondre rapidement à ta question, je pense que ce qui aide, c'est à la fois se connecter au rêve et à la fois agir de façon très pratico-pratique, tout en se laissant dépasser par la magie du collectif.

  • Speaker #0

    Fameuse intelligence collective. Tout à fait. 1 plus 1 égale 3. Et tu parlais de changement intérieur aussi. Et c'est ça que j'aime aussi, moi, dans ton travail. C'est ce lien que tu fais. entre l'écologie intérieure et être au service du vivant de façon un peu plus globale à travers ces différentes activités. Est-ce que tu veux bien nous en dire un peu plus ? En quoi c'est important ? En quoi c'est vibrant pour toi, Nina, ce lien écologie intérieure et écologie plus grande que ce soit au vivant ?

  • Speaker #1

    Merci. En fait, je crois profondément que la durabilité commence en nous. C'était Tom Peters qui disait que le changement est une porte qui ne s'ouvre que de l'intérieur. Je crois difficilement à la solidité et à la véracité d'actions de durabilité qui ne partent pas de soi. donc pour moi en fait c'est on est soi-même un ensemble de cellules un organisme vivant un être vivant et donc c'est si on est en paix intérieure avec qui on est ce qu'on a vécu ce qu'on veut être c'est par de vulnérabilité aussi c'est par d'ombre, de peur qu'on va pouvoir rayonner ça à l'extérieur je crois vraiment à cet effet reflet Merci. Et je crois aussi que ce qu'on vit à l'extérieur nous informe de ce qu'il y a à voir à l'intérieur. Il y a vraiment une connexion entre les deux. Et c'est pour ça que je parle de leader d'envie, parce que pour moi, un leader d'envie, c'est quelqu'un qui va avoir une capacité d'influence sur une organisation de décision et qui va être différent subtilement, parce que c'est quelqu'un qui va s'être reconnecté à la vie en soi. Et c'est un chemin de vie.

  • Speaker #0

    qui peut durer des fois longtemps tout à fait,

  • Speaker #1

    c'est la beauté de la vie mais qui va accepter comme tu disais avant faire tomber ce masque déjà de soi à soi, donc de s'ouvrir à soi en fait, première chose je crois que je l'ai dit hors micro c'est une petite discussion de tout à l'heure merci pour le partage c'est quelqu'un qui se connecte à soi qui est capable, mais pas que à se regarder le nombril, mais à voir qu'est-ce qui est ... Qu'est-ce que la vie veut amener à travers cette personne ? Et puis, c'est quelqu'un qui va aussi prendre conscience de son interconnection avec ce qui l'entoure, donc les êtres humains qui l'entourent, les clients, les fournisseurs, etc. Mais plus grand que ça aussi, la terre qui nous accueille, qui nous héberge pour on ne sait pas combien de temps encore. Et qui va être capable de se projeter vers une vision qui va rassembler ça, ces enjeux-là, d'économie, d'humanité et de biosphère, qui va être aussi capable d'incarner, qui va donner envie en fait. Ce que tu disais quand tu reprenais que pour moi c'est l'envie qui va nous faire changer, et non pas la peur, même si elle est souvent là, à côté de nous. Et qui va aussi, du coup, donner envie aux autres d'y aller et partager sa confiance qu'on peut y aller ensemble, mais que le leader ne sait pas forcément tout, loin de là. Et c'est en acceptant de se faire dépasser par le collectif que quelque chose de beau va arriver. Donc, voilà, c'est ça.

  • Speaker #0

    De ne pas tout savoir, d'être connecté aux différentes parties prenantes, de laisser surprendre. et dans ces... différentes parties prenantes. Ce qui me vient là aussi, c'est cette notion d'altérité. Parce que tu captes dans la nature le respect et la richesse, surtout, de tout ce qui se joue aux lisières, aux connexions des différences, au plus à la richesse des différences. J'ai l'impression, dans ce que tu dis, que le leader d'envie, il est riche de ça. Il est riche de sa conscience. de la pluralité des différences.

  • Speaker #1

    Exactement, merci de le nommer comme ça. C'est intéressant, ça me fait penser en fait à un leader que j'ai accompagné et que j'ai eu la chance d'accompagner et qui était brillant, vraiment intellectuellement hyper stimulant, qui avait fait beaucoup de choses dans son entreprise, qui avait un vrai goût de bousculer les normes, d'aller plus loin dans vraiment une notion d'excellence et qui se retrouvaient un peu en... pétré parce que pas entendu par ses pairs, notamment. Vu potentiellement comme arrogant, condescendant, trop exigeant, trop dur. Alors que lui, il avait l'impression d'être hypersensible et de justement devoir le maintenir. Et en fait, c'était intéressant. Je te parlais en dehors du micro de reflet. Et on a fait un reflet entre sa façon d'être père et sa façon d'être leader.

  • Speaker #0

    Oui.

  • Speaker #1

    Et il y a eu un truc qui s'est passé intérieurement pour lui à ce moment-là. Ça a ouvert une porte. Et en fait, ça lui a permis de dire, mais quel héritage je veux laisser en fait ? Qu'est-ce que je veux amener ? Qu'est-ce que je veux incarner ? Quel modèle je veux montrer dans cette entreprise pour montrer que c'est possible ? Et en fait, il s'est dit, non mais en fait, je veux... Alors ça, c'est mes mots, mais je veux réconcilier un peu les notions d'humanisme et d'excellence. Et de montrer qu'on peut faire les deux. et donc en fait pour lui, tout s'est éclairé dans le sens où il n'était pas là pour protéger ses équipes contre ses pairs, mais plutôt pour co-construire avec ses pairs et comment leur donner une place à eux. Et là, tout s'est ouvert, en fait. Quand il a ouvert ce pont-là, tout s'est ouvert. Ce qu'il ne cherchait pas. Mais du coup, le COMEX l'a fait monter parce qu'il avait débloqué ça. Et je pense que cette relation à l'altérité et de voir qu'est-ce qui nous bloque, en fait, qu'est-ce qui... Qu'est-ce qui nous freine, nous permet d'être plus puissant au final ?

  • Speaker #0

    Merci pour ce partage. Et dans ce que tu décris là, en plus, quand tu le décris sur ton visage, là, les auditeurs et les auditrices ne le voient pas, mais quand tu as parlé de se débloquer, il y a eu comme des fétillements, des étoiles qui se sont mises sur ton visage. Dans ce que tu nous partages là, ce parallèle-là, à un moment donné qui lui a permis de débloquer quelque chose, tu dis ?

  • Speaker #1

    En fait, il s'est rendu compte qu'il avait été très protecteur, je pense, avec ses enfants. et donc très protecteur avec ses équipes, tout en étant très exigeant, avec un enjeu de confiance plus ou moins facile à gérer. Et qu'en fait, il s'est dit, mais qu'est-ce que je suis en train de jouer ? Quelle posture je suis en train d'avoir ? Est-ce que c'est le type de personne que je veux être ? Et quel est l'impact que ça peut laisser ? Et en prenant conscience de ça, il s'est dit, moi j'ai envie d'incarner un style de management et de leadership qui ouvre tout ça. qui donne le pouvoir à chacun, qui permet de grandir ensemble, qui est, il appelait ça, alors s'il m'entend, un leadership hybride. Voilà, ça lui parlait pour lui. Et je pense que c'était de réconcilier ces deux enjeux-là que je te disais, tu vois, d'excellence opérationnelle, financière, avec un humanisme de connexion aux autres.

  • Speaker #0

    Et de faire confiance aux équipes en présence et de ne pas être dans l'hyper contrôle au service. d'une ultra-performance.

  • Speaker #1

    Et de ne pas être dans l'hyper-protection aussi, de l'un contre l'autre.

  • Speaker #0

    Et donc, sûrement de réconcilier des parts en lui. Du coup, j'entends à travers ce que tu dis. Là, on fait un peu de psychologie. On verra si ça lui parle. Dans ce leadership hybride, si je reprends tes mots et qu'il reprenne ses mots à lui, de faire la paix, en tout cas, c'est ça que tu nommais.

  • Speaker #1

    Et une réconciliation. Et qui donne bizarrement un sentiment de liberté. Beaucoup de gens que j'accompagne et que je vois, quand ils cheminent, je trouve que c'est assez magique, ils parlent de sentiments d'être apaisés. Et puis après, souvent ce que j'entends, c'est du coup, je me sens plus libre.

  • Speaker #0

    Et l'apaisement donne des ailes. Et les ailes, tu crois qu'elles donnent quoi ? J'ai l'impression qu'elles donnent de la créativité.

  • Speaker #1

    Oui.

  • Speaker #0

    qui nourrit cette envie dont tu parles. Et dans Envie, il y a la vie. Le chant des oiseaux, je m'en suis doutée. Du coup, j'avais bien envie de t'entendre le dire.

  • Speaker #1

    D'ailleurs, quand j'écris leader d'Envie, j'écris en-vie. Oui.

  • Speaker #0

    Merci. Merci pour tout ça. Et du coup, toi, aujourd'hui, dans la vie, en tant que Nina, Oui. donc au-delà de tous tes rôles de maman, d'accompagnante de mentor quand l'envie elle est pas là comment tu t'y prends ? qu'est-ce qui est aidant pour toi ?

  • Speaker #1

    en fait, merci de le ressouligner pour moi l'envie c'est vraiment une boussole et c'est à la fois une boussole et un objectif, c'est-à-dire que pour moi c'est le symbole d'une nouvelle réussite et de se dire que la réussite n'est pas tellement sur des enjeux de statut, de PNL, de pouvoir, mais plutôt sur la capacité aujourd'hui à se sentir en vie, à se sentir utile, à se sentir à sa juste place. Et chacun a sa manière de savoir ça, de savoir ce que c'est et son symbole. J'avais un dirigeant avec qui je parlais qui disait... Moi, mon symbole de ma réussite et de ma reconnexion à l'envie, c'est que j'arrive en vélo quand tous mes pères, parce que c'est patron d'entreprise, arrivent en voiture. Bon, bref. Donc, chacun a son petit symbole intérieur. Mais pour revenir...

  • Speaker #0

    Et le tien, c'est quoi ?

  • Speaker #1

    Je crois que le mien, c'est de me sentir en énergie, quand je sens que l'énergie me traverse. Et pour répondre à ta question de comment je fais quand... l'envie n'est pas là, c'est très difficile d'accepter ça, d'abord, je trouve. Et en même temps, c'est quand on accepte, parce que c'est comme un système vivant, on ne peut pas être tout le temps à son maximal, et tant mieux d'ailleurs, parce que sinon on ne serait pas résilient. Comme les saisons. Comme les saisons, etc. Effectivement. Eh bien, c'est d'accepter de peut-être se recentrer. et déjà accepter ce moment qui nous traverse et puis d'essayer de voir qu'est-ce qu'il y a à creuser et à regarder qui est peut-être inconfortable mais qu'on peut transformer. Et l'autre point, c'est de se reconnecter soit à des gens, soit à des activités qui nous mettent en joie. En tout cas, moi, c'est comme ça que je le fais. Donc ça va être me balader dans la nature, me connecter aux arbres. Être avec ma fille, écrire, écouter des podcasts, rencontrer des gens inspirants comme toi. Et ça, ça me remet en joie, ça me remet en énergie. Et du coup, hop, je peux récupérer le mouvement pour faire face à ce qui doit être.

  • Speaker #0

    Donc c'est dans ton corps, j'entends, que la boussole est dans ton corps.

  • Speaker #1

    Beaucoup dans mon corps, oui.

  • Speaker #0

    Est-ce que c'est facile de parler du corps dans tes accompagnements ?

  • Speaker #1

    Ah, ouf, grand sujet ! Non, parce que notre société occidentalisée ne laisse pas beaucoup de place au corps. Il n'y a pas beaucoup d'estime pour le corps. Ce qui est important, c'est l'intellect, la stimulation intellectuelle, le mental, tout ça. C'est ça le plus important. Et donc le corps, c'est bizarre, puis on ne comprend rien. Donc non, ce n'est pas facile, mais en fait, ça vient. Ça vient assez vite. Et par contre, c'est vrai que c'était une cliente qui me disait ça. Je crois que j'interpelle beaucoup. Et au début, c'est très bizarre. Je demande beaucoup comment tu te sens, où tu ressens ça, qu'est-ce que... Et en fait, au début, et moi-même, quand j'ai commencé, je me disais, mais n'importe quoi, c'est quoi ces questions ? Quand on me l'a posé, cette question, je n'arrivais pas du tout à ressentir. Donc je disais, je pense que c'est... tatatatata Et puis au fur et à mesure de le faire, petit à petit, la connexion se fait et ça vient naturellement.

  • Speaker #0

    Cette fameuse écoute du corps, qui je pense est une sacrée boussole, la boussole, celle qui ne ment pas. Dans tout ce cheminement, tu as écrit dans le cadre du livre « Les 101 mots de la RSE » sous la direction de Fabrice Boniflet. Et tu es définie... Ta vision de la réussite, est-ce que tu veux bien nous en partager quelque chose ?

  • Speaker #1

    C'était vraiment une belle aventure collective pour le coup. C'est sans un mot de la réussite et un vrai élan de différents acteurs de tous horizons qui partagent cette envie d'agir pour un monde plus connecté, humain, responsable, qui relie les mondes. Et j'ai choisi le mot réussite, ou plutôt le mot réussite est venu à moi. Je me souviens très bien, j'ai reçu cette proposition et je me suis dit, ah mais sur quoi je vais contribuer ? Et puis le mot réussir est venu. Et je crois que c'est important aujourd'hui parce que je crois profondément au pouvoir des récits et des modèles. Et que quand on se connecte à une réussite qui nous déconnecte de nous, du corps ou de la nature, on avance consciemment ou inconsciemment dans cette direction-là. Et qu'aujourd'hui, on a besoin de nouveaux modèles de réussite. Et pour moi, la réussite, c'est vraiment cette capacité à se reconnecter avec le vivant, se reconnecter avec ce qu'on est appelé à être. relier l'être et le faire, se connecter de cœur à cœur au-delà de la raison, contribuer à quelque chose qui pour nous a vraiment du sens, à plus grand que nous, et se laisser traverser en fait par ça. Je crois beaucoup à la notion de transcendance, qui nous relie à plus grand que nous, et d'accepter qu'on n'est rien, et c'est déjà beaucoup, mais qu'un miracle de la vie. Et donc d'accepter ça et de se dire, eh bien là-dessus, avec où je suis, qui je suis, mon histoire, et à l'instant T, comment je veux contribuer en fait, qu'est-ce que je veux laisser comme trace, quel effet je veux donner. Et généralement quand on se connecte à cette ambition-là, et je crois beaucoup au pouvoir de l'ambition, pas forcément d'être ambitieux, mais avoir le pouvoir de l'ambition, eh bien on ouvre un autre pan de réussite.

  • Speaker #0

    Et ça peut être un psy qui voit quelqu'un se libérer de ses traumas, ça peut être un artiste qui crée une autre façon de voir le monde, ça peut être un PDG qui prend le courage de transformer sa gouvernance et son organisation pour aller vers une organisation plus opale, qui était présentée par Frédéric Laloux dans Reinventing Organization. Ça peut prendre plein de formes. Je crois vraiment au pouvoir de la complémentarité là-dessus. Il n'y a pas une manière d'être.

  • Speaker #1

    Chacun a sa touche à porter au puzzle. Et dans ce que tu dis, j'entends que la réussite, c'est de pouvoir écouter ce qui vibre à l'intérieur dans ce que tu proposes. Et donc, selon ce qui vibre à l'intérieur, déjà pouvoir être à la joie de pouvoir connecter avec cette vibration. Et puis, convier peut-être un peu le courage d'y aller et de se donner les moyens. Au-delà de ce que peuvent attendre les autres.

  • Speaker #0

    C'est ça que j'entends. Très bon point, merci.

  • Speaker #1

    C'est un beau programme, je trouve. Et c'est aussi ce à quoi tu citais tout à l'heure Olivier Hamon. Et moi, j'adore quand il dit que la performance est obsolète. Connectez-vous à la robustesse. Je ne sais pas pourquoi c'est ce parallèle qui me vient entre ce que tu nous proposes là par rapport à la réussite. C'est de pouvoir décoller un peu des dictats de ce à quoi on a été peut-être invité dans cette course perpétuelle à toujours plus et reconnecter, comme tu l'as dit, à l'essentiel. Je trouve que là-dessus aussi, l'invitation à la robustesse d'Olivier Hamon est assez chouette et ton invitation. à pouvoir projeter la réussite autrement que par les injonctions, mais par ce qui connecte et vibre à l'intérieur. C'est hyper libérateur.

  • Speaker #0

    Oui. Et en même temps, comme tu disais, ça appelle le courage de faire différemment, de faire ce pas de côté. Moi, j'aime beaucoup cette notion de courage. Pour moi, c'est la force du cœur. Et c'est même la rage du cœur. Et donc, c'est ce qui va nous pousser à, malgré... tout ce qu'on attend de nous, les interdits, les peurs, etc., à braver ces peurs et à aller vers un nouveau paradigme. Et tu vois, ça me fait penser, quand tu parlais de la robustesse et de la performance, ça me fait penser à ce courage, en fait. Ça me fait penser à BirdSorg, tu sais, l'organisation d'infirmiers aux Pays-Bas et qui ont eu vraiment ce courage de dire, mais en fait le système de croissance volumétrique où on finalement chronomètre le temps de chaque infirmier dans chaque espace, où son emploi du temps est décidé par des gens qui ne sont pas infirmiers, pas sur le terrain, ne fonctionnent pas. Et donc on va être dans cette robustesse finalement, dans cette agilité, dans ce pouvoir de l'interdépendance, de redonner du pouvoir à tous. Et oui, là, le CEO a quand même pris le courage de se dire on est quatre, on va créer des petits groupes. d'infirmiers qui vont eux-mêmes décider de leur emploi du temps, de leur rémunération, de leur organisation, et de voir qu'en fait ils sont passés de 4 à 16 000, qu'il y avait une étude de Ernest EY qui disait, je pense que c'était dans les années 2010-2012, qui disait que si toutes les entités de soins faisaient ça aux Pays-Bas, il y aurait moins 40% de dépenses de l'État. Et donc, en fait, pour moi, c'est vraiment la preuve... qu'on peut relier les enjeux d'économie, d'humanité et de biosphère, parce que du coup, ça fait aussi beaucoup plus de sens. Et que ce n'est pas indissociable, en fait. Et que ce n'est pas des petits bouts à rafistoler, comme si, comme ça, de façon cosmétique, mais quelque chose de beaucoup plus profond. Un paradigme qui change de vision, en fait. Et ça, ça n'aurait pas pu commencer si lui... n'avait pas eu ce courage et cette conviction et cette confiance dans l'incertitude, en fait, d'essayer, d'essayer, d'expérimenter.

  • Speaker #1

    De connecter à sa conviction, d'avoir ce courage-là et puis de mettre en place aussi ce qui va permettre ça, de par des espaces de sécurité, de dialogue, d'écoute. Dans ces organisations, il y a beaucoup de soins pris à Steph Place. un espace où il y a cette raison d'être déjà qui est évolutive. Et en plus, chacun, chacune est vraiment tel qu'il est, comme il est. Merci de partager ici ça. Ça me fait penser à un épisode avec Duc sur l'organisation Opal qu'il a mis en place avec Officiance. On y parle notamment de cette safe place. Génial. Sans aller toujours vers un modèle de gouvernance Opal, je trouve que c'est assez extraordinaire le pouvoir que ça donne d'autoriser chacun, chacune, à être dans son authenticité sans se sentir jugé et de pouvoir créer cet état d'esprit. Tu le vois, toi, beaucoup en entreprise, ce type de place. Comment tu ressens la place qui est faite aux émotions dans l'entreprise aujourd'hui, Nina ?

  • Speaker #0

    Grande question. Merci pour cette belle question. La place aux émotions, elle prend sa place aujourd'hui. Je crois que les bouleversements avec la crise, l'épidémie du Covid, les prises de conscience aussi. des enjeux climatiques et puis les enjeux géopolitiques actuels, bousculent beaucoup de gens, rendent les frontières personnelles et professionnelles plus poreuses et donc les émotions s'invitent de plus en plus et sont parfois plus accueillies aussi. Moi ce que j'aime bien rappeler dans l'émotion, c'est que c'est une énergie en mouvement et qui nous met en mouvement. Et donc de voir en fait quel message elle nous donne pour justement se reconnecter à soi et à l'autre et recréer des ponts aussi plutôt que de faire des murs. Et j'ai l'impression qu'il faut créer ces safe places, bien sûr, mais quand tu crées ce cocon de sécurité psychologique en suspension de genougement, en accueil inconditionnel de ce qui est et de qui est la personne, les émotions se libèrent même pour des dirigeants. Et c'est là où il y a une bascule qui se fait, en règle générale de ce que je vois.

  • Speaker #1

    Ce fameux lien intérieur-extérieur, ce fameux lien, je pense qu'il nous anime toutes les deux, de ce qui est vivant chez ce leader qui va avoir le courage, l'envie de changer un modèle d'affaires selon un bilan qu'il pourra faire de son activité, des impacts qu'il a. Et ça passe par l'écoute de soi et de ce qui est vivant. Et donc, ces fameuses émotions qui sont, comme tu le dis, très justement porteuses de messages.

  • Speaker #0

    Et tu vois, ce n'est pas qu'au niveau individuel. Moi, je me souviens, j'ai accompagné une entité, une entité d'une entreprise du Cade 40 qui est spécialisée sur la question d'innovation, de prospective, etc. Et c'était un coaching un peu d'organisation. et en fait euh c'est C'est hyper intéressant parce que je les ai aidés sur des questions de gouvernance, de vivions et de feuilles de route parce que ce qui marchait à 5 ne fonctionnait plus trop à 80. Et en fait, c'est aussi l'émergence non contrôlée d'une émotion, d'une personne, qui a permis de mettre au devant de la table un problème relationnel, organisationnel, managérial. et cette crise. a permis un rééquilibrage du modèle de leadership et un assainissement, on va dire ça comme ça, au regard de ce qui était important et de ce qui était nécessaire à l'instant T, de l'équipe.

  • Speaker #1

    Et c'est quoi un rééquilibrage ? Derrière ce mot-là, rééquilibrage du modèle de leadership, c'est quoi qui se passe en fait ?

  • Speaker #0

    En fait, clairement, ce qui est sorti, c'est qu'il y avait... Ce qui avait été utile jusqu'à un instant T en termes de personnalité, de façon de fonctionner, ne l'était plus. Et qu'un certain type de management, très micro-management, très dur, etc., bloquait l'entreprise dans son développement plus qu'autre chose. Donc elle était devenue la limite du développement de l'entreprise. Et en fait, je crois que c'est grâce à cette explosion d'émotions, qui n'était pas de la part du DG, mais qui touchait le DG, que le DG a pris le courage de dire, en fait, non, on remet à plat que c'est quoi notre standard de leadership et de management qu'on veut aujourd'hui pour la vision vers laquelle on avance. Et donc, il a assumé de dire, en fait, ce qui était OK jusqu'à présent, ne l'est plus aujourd'hui. Et ça a permis de recréer une dynamique et un mouvement et un engagement de l'équipe et un respect. Donc parfois, l'émotion, tout ça pour dire, fait peur. D'ailleurs, quand je l'ai eue le lendemain, il n'était pas au top. Mais moi, je crois beaucoup dans le pouvoir de la crise. Tu sais, en chinois, on le dit, c'est à la fois le danger et l'opportunité. Et je crois beaucoup que dans la crise, on peut avoir cette étincelle, cette lumière qui s'ouvre si on est capable de le voir. Et parfois, on a besoin de recul et de soutien pour voir la lumière, parce que ce n'est pas toujours évident. Mais il y a cette opportunité-là qui peut aider.

  • Speaker #1

    Merci. Et puis, dans la crise aussi, pouvoir se remettre en cause et accepter qu'il y ait des points de vue différents. Toujours cette fameuse altérité.

  • Speaker #0

    Oui, absolument.

  • Speaker #1

    Et le conflit pour ça. Et aussi, autoriser le conflit, c'est aussi pouvoir développer les idées, la créativité. Et donc, merci de mettre là le pouvoir de... L'émotion dans peut-être la main tendue à écouter plus, en fait, le collectif ?

  • Speaker #0

    Oui, c'est un bon point ce que tu dis, parce qu'en fait, ce que je peux voir, en tout cas, c'est que parfois le lanceur d'alerte est le problème, alors qu'il n'est que le symptôme d'un système qui a besoin de se regarder et peut-être d'évoluer. Et donc, c'est comment aussi voir la personne qui va mal ou celle qui parle plus fort. comme un point de vigilance sur le système et pas simplement sur elle. Ce n'est pas elle l'enjeu, c'est ce que ça nous dit aussi du système dans lequel on est.

  • Speaker #1

    Et ça, ça appelle à une sacrée force d'écoute, vraiment dans cette écoute profonde, cette écoute du cœur, où tu ne prends pas à titre personnel ce qui est dit, mais vraiment comme aller dans le monde de l'autre. sans que ton égo te dise danger, danger, danger, danger. Donc, c'est chouette et c'est précieux d'amener ça dans les groupes, effectivement. Et c'est la base, comme tu le dis, de beaucoup de bascules. Merci de l'expliquer comme ça. On va arriver, Nina, à la fin de cette interview. Et j'ai envie de te proposer un petit voyage.

  • Speaker #0

    Très bien.

  • Speaker #1

    Alors, je te propose, tu as les jambes décroisées, parfait, de pouvoir fermer les yeux. Et je vais t'inviter en... 2035, on est au mois de mai 2035. Au mois de mai 2035, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?

  • Speaker #0

    Alors, au mois de mai 2035, je suis dans une maison remplie de lumière, connectée à une forêt, sûrement. Et au-delà de... Mon sentiment de tranquillité et d'apaisement ou de paix intérieure dans ma vie personnelle, ce qui me fait battre mon cœur, c'est de sentir que je suis au bon endroit pour aider des organisations, des dirigeants, des mouvements à cheminer, à se dépasser, à se regarder. et à se relier à ce qui est plus grand qu'eux et à pouvoir avancer avec une vraie cohérence entre ce qu'ils sont, ce qu'ils veulent porter, ce qu'ils veulent dire et l'impact qu'ils amènent. Et je crois que ce qui fait battre mon cœur, puisque je me protège dans une vision positive, j'essaye d'éviter le scénario. qui est probable négatif, mais ce qui fait battre mon cœur, c'est de me dire qu'on a... Ça y est, on a compris. On a compris qu'il était temps de refaçonner nos modèles de réussite, de refaçonner notre mode de consommation, de production, d'interaction, de relation, parce qu'on avait une chance incroyable d'être sur cette terre et que les ressources étaient là. de manière aussi finie et que c'était une rareté à honorer, à célébrer et qu'en fait on est beaucoup plus heureux, beaucoup plus heureux collectivement, beaucoup plus soudés, beaucoup plus connectés. C'est un peu cet élan de solidarité qu'on peut voir dans des moments très difficiles, qu'on peut voir parfois en France. Je pense à la crise du Bataclan ou d'autres, où il y a eu une vraie solidarité, une humanité qui s'est dégagée. Ben voilà, on est connectés à ça. Et on ouvre une nouvelle ère.

  • Speaker #1

    Merci Nina.

  • Speaker #0

    Merci.

  • Speaker #1

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