- Speaker #0
Bonjour à toutes et tous, je suis Stéphanie Pelleret-Delga. Vous écoutez le podcast Sois.Vis.Aime. Oser un leadership authentique et inspirant, au service de soi, des autres, de son écosystème et du vivant. Tous les mois, je reçois des dirigeantes, dirigeants, experts, expertes. entrepreneurs, entrepreneuses qui ont fait ce chemin entre vulnérabilité et puissance, qui ouvrent leur cœur et partagent leurs expériences professionnelles les plus personnelles. Par leur parcours et personnalité, ils, elles, sèment des graines sources d'inspiration. Et vous, quelles graines avez-vous envie de semer ? Quel leadership souhaitez-vous incarner ? À mon micro ! Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'accueillir Isabelle Desplat. Bonjour Isabelle.
- Speaker #1
Bonjour Stéphanie, ravi d'être là.
- Speaker #0
Merci d'avoir accepté mon invitation dans Sois-VM. J'en suis joyeuse et honorée. On enregistre aujourd'hui cette interview dans mon salon, après une petite balade en forêt et un petit moment méditatif.
- Speaker #1
Comme tu sais les mener.
- Speaker #0
Merci, j'étais quand même avec une maître. Alors, chère Isabelle, tu es formatrice en qualité relationnelle, coopération et gouvernance partagée, et tu es psychopraticienne IFS, Internal Family System. Après un début de carrière assez classique, où tu te confrontes à la quête individualiste et matérialiste de certains, tu décides de t'intéresser plus spécifiquement, dès les années 2000, à notre place dans la nature et comment coopérer avec elle sans la détruire. Tu rencontres Pierre Rabhi, avec qui tu participes à la fondation. les colibris et au mouvement citoyen qu'il a initié, dont tu assures la présidence, jusqu'en 2014, puis la direction opérationnelle jusqu'à début 2016. Dans ce cadre et d'autres, tu as eu l'occasion d'approfondir des dynamiques collectives et tu œuvres sur ces sujets d'intelligence collective et de gouvernance partagée. Tu constates aussi les difficultés des relations interpersonnelles. Et tu te sers de la communication non violente dont tu es certifié depuis 2005. Et même dans ces espaces de médiation avec la communication non violente CNV, tu fais le constat de porter en toi les conflits que tu tentais de résoudre à l'extérieur. Alors tu le constates en toi, tu le constates aussi chez ceux qui t'entourent. Et ça t'amène à t'intéresser à la sphère intra-personnelle et notamment aux enseignements de Richard Schwartz avec l'IFS. Donc, je répète, l'Internal Family System. Aujourd'hui, tu formes des personnes engagées dans des projets à valeur ajoutée sociétale et des organisations humaines vivantes. Tu as une approche intégrative de la formation et de l'accompagnement qui inclut et relie gouvernance de soi et gouvernance collective. Alors, si tu veux bien, Isabelle, j'aimerais bien qu'on revienne un peu sur ton parcours, qui est, j'ai le sentiment, à la source de tout ce qui fait aujourd'hui ta pratique. Est-ce que tu veux bien revenir un peu sur ce cheminement ?
- Speaker #1
Tout à fait. D'abord Stéphanie, j'ai envie de te dire que je suis honorée aussi de ton invitation.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Et inspirée par le super résumé de parcours que tu viens de faire et qui me permet d'en voir la cohérence. Effectivement, depuis aussi longtemps que je me souvienne, je me demande comment faire pour vivre en paix sur cette planète. Et en tant que jeune adulte, j'ai commencé à voir que tout le monde n'avait pas forcément à manger à sa faim, qu'il y avait des... Des clans qui dominaient d'autres, qui avaient du racisme, qui avaient une nature qui souffrait. On en parlait déjà il y a 30 ans. Je devrais rajouter plutôt 10 ans encore. Donc il y a 40 ans, on commençait à s'en rendre compte un petit peu, tout doucement. Et donc, en voyant finalement ce qu'on pourrait appeler les souffrances dans le monde, je me suis demandé comment changer ça. Et ça, c'est la question qui me tient depuis très très longtemps. C'est comment... contribuer à créer un monde qui soit bon à vivre pour tout le monde, au sein duquel tout le monde puisse s'épanouir, tous les êtres vivants aussi, et cheminer dans la paix en fait. Et si je fais un raccourci saisissant, je pourrais dire que ça m'a mis du temps pour comprendre que le monde que je voulais changer à l'extérieur, en fait il est la résultante de chacun et chacune d'entre nous, donc de notre conscience. Il m'a fallu toutes ces décennies pour avoir... que il y a, et je vais citer Aldous Huxley qui le dit merveilleusement bien, il n'y a qu'un seul endroit dans l'univers que vous pouvez être certain de faire évoluer, c'est vous. Donc si ça peut économiser du temps à certaines personnes de se dire, voilà, avec mes petits bras musclés, mes grandes idées, je vais transformer le monde extérieur, oui, c'est sûr, et je continue d'être hyper motivée par les personnes qui engagent des projets de changement pour le mieux, et le meilleur, et en même temps, ce que je vois aussi c'est que quand on n'a pas compris Et ressenti même d'où part le projet qu'on porte. Et je parle plus aujourd'hui de création que de changement d'ailleurs, parce que quand on change quelque chose, on hérite de ce qui était là avant. On essaye de le transformer, mais on a souvent la même énergie à l'envers. On essaye de réparer et c'est moins libre que de créer. Et donc aussi bien je continue d'être quelqu'un qui a envie de créer et qui soutient les créateurs, les créatifs culturels, les créateurs de monde. En même temps, j'ai conscience que le plus important va être d'identifier d'où part mon élan. C'est quoi cette étincelle qui vibre à l'intérieur de quelqu'un qui porte un projet ? Et c'est quoi, enfin, où se fabrique la réalité ? Parce que la réalité, elle se fabrique là, en fait. Donc, si je pousse un petit peu, ça va là ?
- Speaker #0
C'est super, vas-y, pousse !
- Speaker #1
J'ai été marquée dans tout mon parcours que tu as bien résumé, donc je ne vais pas le reprendre, mais à force de travailler avec des collectifs, tout en traversant moi aussi des crises existentielles à des moments et de sens, j'ai été ramenée à cet endroit où la réalité se fabrique à l'intérieur de nous et qui est partiellement consciente et majoritairement inconsciente. Et là aussi, je vais citer une phrase que j'aime bien de Carl Jung qui dit « Tant que vous n'aurez pas rendu conscient l'inconscient, il dirigera votre vie. » et vous appellerez ça le destin. Alors quand on affirme que la réalité se fabrique à l'intérieur des êtres humains, dans leur conscience, voire dans leur inconscience, on se rend compte que ce n'est pas juste tourner l'attention vers l'extérieur qui va nous aider, c'est vraiment d'aller faire une exploration profonde de nos schémas intérieurs, de nos héritages, de nos représentations, de ce dont nous sommes tissés par nos expériences de vie. les traumas éventuels hérités, enfin ça c'est pas éventuel du tout, c'est absolument certain, les traumas collectifs hérités, et qui vont faire leur chemin en nous pour structurer une représentation du monde et des autres, qui va définir notre rapport au monde. Et la réalité qui nous entoure, aujourd'hui il y a pas mal de gens qui le démontrent, n'est qu'un reflet de notre intériorité. Certains mystiques même ont accès à cet endroit où ils perçoivent à quel point la réalité que chacun perçoit, elle est le résultat juste de sa propre perception et que nous sommes les créateurs instantanés de notre réalité à chaque instant. Alors ça change un peu la perspective sur comment être au monde et comment contribuer à la paix, c'est sûr. Voilà, je fais un gros résumé.
- Speaker #0
Un gros résumé, mais que de précieux dans ton résumé. Parce que j'ai eu la chance, justement, et je trouve que dans ce résumé, le fil rouge de l'IFS aujourd'hui que tu utilises dans tes différentes activités.
- Speaker #1
C'est sûr.
- Speaker #0
Moi, j'ai eu cette chance d'être initiée et formée par toi à l'IFS. Et justement, j'ai été très touchée et marquée par la justesse et la profondeur avec laquelle tu nous invites à expérimenter cette approche. Et finalement, à aller à cet endroit-là que tu nommes dans ce que tu viens de nous partager. Depuis quel espace ? En moi, j'ai envie de créer ce que je souhaite créer. Et du coup, si on rentre un peu concrètement dans ton parcours par rapport à toute cette sensibilité, ces constats, à un moment donné, tu te formes auprès de
- Speaker #1
Richard Schwartz.
- Speaker #0
Voilà, merci beaucoup. Cet outil qui est quand même assez simple, il porte beaucoup de pression en lui. Est-ce que tu veux bien nous en parler un peu plus ?
- Speaker #1
Beaucoup de précieux.
- Speaker #0
Oui. Tout à fait.
- Speaker #1
Alors, à ce moment-là, moi, je suis déjà dans le métier de la transmission, de la CNV, de l'accompagnement de collectifs sur des gouvernances partagées. Je suis aussi en responsabilité dans le mouvement Colibri. Et je découvre cette approche de Richard Schwartz. Je vais l'appeler Dick Schwartz parce que c'est plus court et c'est son surnom, qui arrivent en Europe à travers ... Une femme, j'ai envie d'honorer les personnes qui amènent des grands trésors comme ça. Nana Mikael, une allemande qui est venue superviser les formateurs CNV français pendant un moment, il y a une vingtaine d'années, et qui, pour nous superviser, utilise à un moment des figurines, des petits personnages, des objets, et qui nous aide à découvrir que dans notre monde intérieur, il y a justement des figures différentes, comme des petits personnages qui vivent en nous. qui ont différents âges, qui ont différentes intentions pour nous, qui ont leur histoire, qui ont des blessures, pour certains et certaines, qui ont des croyances, un chevillé au corps, et qui ont une capacité, en fait, à vivre notre vie à notre place. Quand on n'a pas conscience que ce petit monde vit à travers nous, eh bien, on laisse ce petit monde... piloter notre vie, en fait, à notre insu. Et ça fait partie de l'inconscient dont parlait Jung, pour moi. C'est de ne pas se rendre compte à quel point nous pouvons être identifiés, par exemple, à une part de nous qui est très admirative de notre père ou de notre mère, et on va continuer d'essayer de ressembler à ce personnage, ou à un autre d'ailleurs. Ou qu'on a des parts de nous qui sont blessées par des relations avec des figures d'attachement d'origine et qu'on va devenir évitant dans des formes de relations plus intimes par la suite. Sans se rendre compte que tout ça, c'est directement issu de notre histoire. Donc, tant qu'on n'a pas de conscience que ces petits personnages-là, finalement, prennent la main, et sont, enfin, comment dire, même sont aux commandes de notre destin, on peut avoir l'impression d'être balotté, voire impuissant, et que, voilà, on n'a pas beaucoup de pouvoir sur notre vie. Bon, ces petits personnages... que Dick Schwarz appelle dans l'IFS des parts de soi, on pourrait aussi appeler ça des petits êtres en nous, eh bien, ils ne sont pas le tout de notre personne. Cette première réalité qu'on appelle parfois aussi la multiplicité de la psyché, c'est le premier pilier de l'Internal Family System, dont Richard Schwarz est devenu conscient en écoutant ses patients. Il entendait certains patients dire « il y a une petite voix en moi qui dit ça, puis il y a une autre petite voix qui dit ça » et c'est comme ça qu'il a découvert ces petits personnages parce qu'il ne s'est pas contenté de laisser les patients dire ça. Il leur a dit « ok, mais si tu demandes à cette petite voix qui dit ça, et pourquoi elle dit ça, et ce qu'elle veut, et ce qu'elle veut pour toi, et pourquoi ? » Et bien en fait, en devenant tout simplement curieux, il a découvert tout ce que je suis en train de vous dire, c'est tout ce petit monde intérieur. On y reviendra peut-être après, mais déjà... découvrir qu'à l'intérieur de nous, on est multiple, on n'est pas monolithique, c'est intéressant, pour plein de raisons. D'abord parce que ça permet de voir qu'on héberge à l'intérieur de nous aussi de la multiplicité, donc c'est plus facile pour se relier à des gens qui ne sont pas eux-mêmes non plus monobloques. Donc on a souvent des parties de nous qui sont en résonance avec celles des autres, et ça nous permet de nous relier à cet endroit-là, plus facilement de se trouver en sympathie, en proximité, et que bien souvent les fractures de la société, elles nous traversent nous à l'intérieur. Et on n'est pas, alors souvent on cliff parce qu'on identifie quelqu'un à une partie de lui qui est assez dominante, et puis soi-même on s'identifie à une autre. Mais quand on va un peu plus dans la subtilité, on s'aperçoit que finalement, à l'intérieur de nous, il y a beaucoup de nuances. Et que toutes ces nuances, quand on s'en approche, contrairement à ce que fait beaucoup la société hyper, comment dire, de l'instantané, avec des phrases coup de poing.
- Speaker #0
Tu veux dire la société de consommation ou de performance ?
- Speaker #1
Oui, je pense aux réseaux sociaux, dans lesquels les dialogues sont réduits à leur plus simple expression d'affirmation péremptoire, plutôt que d'aller regarder les choses dans leur profondeur. En fait, c'est dans la profondeur à la fois de soi et des sujets qu'on va goûter ces nuances et qu'on va se rendre compte que les autres ne sont pas si loin que nous. On a peut-être des parts de nous qui ont certaines... Les appréhensions dans la vie, déjà, ne serait-ce que ça, pour toucher notre vulnérabilité et se rapprocher, ça peut être utile. Mais quand on regarde la sphère politique aussi, on peut avoir... Enfin, moi, je suis toujours sidérée, je n'arrive jamais à savoir de quel côté politique je suis, parce que je vois que j'ai des parties de moi qui sont tout à fait d'accord avec l'idée de solidarité et de partage et d'inclusion. Et puis d'autres parties de moi qui ont très à cœur qu'on ait aussi de la liberté d'entreprendre. et qu'on laisse vraiment les coudes et franches à ceux qui savent avoir des initiatives. Je viens ici de résumer des valeurs qui sont de gauche et de droite. Pourquoi est-ce qu'on devrait être de gauche ou de droite ? Déjà ça, bon. Alors qu'à l'intérieur de nous, on a tout ce petit monde qui a à la fois besoin de sécurité et de liberté.
- Speaker #0
Et à la fois là, tu nommes, je trouve quelque chose d'important, qui est que dans ce petit monde, des fois il y a des oppositions de droite, de gauche, et que ces oppositions... Elles sont aussi un petit peu à l'image des oppositions que peut y avoir dans un collectif, dans une gouvernance partagée, dans un projet participatif. Et comment conscientiser que ces oppositions à l'intérieur de moi contribuent éventuellement à des oppositions à l'extérieur ? Comment on conscientise ? Ce que peut-être je crois subir à un moment donné comme un clivage, comme une opposition, est aussi le reflet de ce que je vis, peut-être que je porte en moi.
- Speaker #1
D'accord. Alors, je vais répondre à ça. Je vois qu'en t'entendant questionner, je pensais que tu allais demander comment on va résoudre ces clivages-là à l'intérieur de soi. Et je vais te répondre aussi à ça, parce que c'est le deuxième pilier. Je préfère commencer par le deuxième pilier pour qu'il y ait une vision globale du modèle.
- Speaker #0
Carrément.
- Speaker #1
Et après, on pourra aller regarder des situations différentes. Mais c'est vrai qu'on pourrait se trouver un petit peu perdu. Oui, c'est ça. Au milieu de ces dilemmes, au milieu de cette impression d'être peut-être éparse ou complètement paradoxale, qui peut émerger en m'écoutant là, même en se disant « Mais oui, c'est vrai, il y a une part de moi qui veut un truc. » Et puis, par exemple, qui a envie de se lancer dans l'aventure d'un projet, s'installer à son compte et il y en a une autre qui est complètement frileuse et qui ne dit jamais de la vie « Tu vas faire ça ! » Tout ça, chacun de nous les connaît, ces tensions. Heureusement, il existe à l'intérieur de nous, et c'est ce que Richard Schwarz a mis en évidence en écoutant ses patients. Quand il avait la capacité de donner la parole à toutes ces petites voix suffisamment pour qu'elles se sentent accueillies et qu'elles se détendent, émergeait, et continue d'émerger dans chaque séance de thérapie et d'accompagnement, un espace chez la personne qui est écoutée, qui n'est pas elle. identifier un personnage, et qui n'est pas justement dans une vision tranchée, définitive, fermée, obtue, mais qui a de l'ouverture, de la curiosité, de la confiance, qui se sent connectée au part d'un côté et de l'autre, qui se sent connectée aussi aux personnes avec qui on parle à l'extérieur. qui a beaucoup de clarté sur ce qui se passe en soi. Donc, je suis en train de vous donner quelques petites qualités, là, de te donner, Stéphanie, quelques petites qualités, qui commencent par un C, et qui définissent cet espace à l'intérieur de nous, ou cette instance que Dick Schwarz appelle le self, avec un grand S, pour ne pas le confondre avec le petit moi, ou le self. Et cette instance en nous, cette essence, en fait, c'est le fondement de tout être humain. Tout être humain a un self. un soi, avec un grand S aussi, qu'on peut nommer comme ça, qui est la vérité la plus profonde de l'être humain, derrière les voiles de sa personnalité. Et c'est étonnant parce que ce modèle psychospirituel, qui est un modèle d'abord psychothérapeutique aux Etats-Unis, reconnu, evidence-based, pour avoir prouvé son efficacité à travers suffisamment d'études, est aussi un modèle psychospirituel, justement. Et ça, c'est la nouveauté, je trouve, qui amène l'IFS. C'est d'introduire l'existence d'une dimension de l'être humain qui n'est pas souvent abordée, en tout cas dans la société courante. C'est que nous avons tous une dimension spirituelle. Je ne suis pas en train de parler de religion, même si les religions, bien sûr, et les traditions spirituelles nomment à cette existence-là depuis toujours. Qu'est-ce qu'on l'appelle le cœur profond, qu'on l'appelle le Bouddha intérieur, qu'on l'appelle le Christ en soi. Toutes les traditions, ou le vide, ou souvent le soi d'ailleurs avec un grand S, mentionnent le fait que l'être humain n'est pas réductible à sa personnalité, qu'on pourrait voir comme le niveau horizontal, et le soi comme un niveau vertical, qui inclut et qui transcende cette personnalité et en crée l'unité. Tout à l'heure on a pu avoir peur d'être un peu dispersé, mais en fait grâce à cette instance centrale, qui est aussi le centre de l'être, qui peut être visualisé comme à la fois un point de rassemblement, il y a une unité qui va se développer au fur et à mesure dans le cheminement d'un être humain qui devient conscient de tous ces aspects autour de ce centre de son être. Donc ça, c'est pour poser un petit peu les deux aspects qui sont effectivement assez simples. Et quand je parle de ce modèle-là, des gens souvent... Ça leur parle ? Ils disent, bah évidemment, en fait. J'aime bien parce que ce modèle, c'est un modèle qui n'apprend rien qu'on ne sache déjà. Tout le monde a l'expérience d'avoir cet éraillement, et tout le monde a aussi l'expérience à des moments d'être complètement transcendé, et sans voix, devant de la beauté. impressionnantes, que ce soit dans la nature, dans la beauté d'un coucher de soleil ou le regard d'un enfant. Ça, c'est l'endroit qui me bouleverse le plus. Où là, il y a un grand silence qui se fait et on sent bien qu'on n'est pas nos petites voix intérieures. On est plutôt ce grand silence.
- Speaker #0
Merci. Merci d'avoir présenté avec ces deux piliers à la fois la multiplicité des parts et à la fois cette unité, le self ou le soi, avec un grand S. Merci de les avoir décrits. qu'est-ce qu'il y a derrière la multiplicité des parts, et ce grand soi, ce self et de là, toi, t'as aussi une spécificité, parce que t'as développé, je trouve que tu as aussi un petit peu sorti enfin c'est toi qui le dis, t'as sorti de sa source d'origine ce modèle thérapeutique, reconnu pour inviter justement à aller se connecter à ce fameux espace pour pouvoir préparer la Merci. paix et construire un monde nouveau. Donc, dans ce que tu transmets, enseignes, tu aussi nous invites à ne pas être uniquement dans un aspect thérapeutique, mais à réellement, et c'est ce que tu nommais tout à l'heure, porter un projet depuis le bon endroit en nous.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et notamment, tu parles de self-leadership et tu développes aussi Merci. la self-gouvernance. Tu parles du concept de self-gouvernance. Et si tu veux bien, je veux bien qu'on parle un petit peu de cette articulation là, avec l'IFS, du développement du self-leadership et du concept de self-gouvernance. Une gouvernance donc qui encourage l'autonomie, la souveraineté, inspirée par le self ou le soi.
- Speaker #1
C'est ça. En fait, à l'origine, ce qui s'est passé, c'est que quand je me suis formée à l'IFS, donc au modèle thérapeutique de l'IFS, en 2008-2009, c'est Dick Schwarz lui-même qui est venu faire la première formation en France au CHU de Caen, organisée par François Ledos, que j'honore aussi pour cette initiative. Et j'ai été... complètement bluffé de la simplicité de ce modèle et de l'évidence que selon qu'on va dans le monde que ce soit pour porter des projets ou pour coopérer pour oeuvrer au sein de différentes communautés humaines on va le faire très différemment si on le fait à partir de certaines parts de nous qui sont blessées, qui sont meurtries qui sont terrifiées Merci ! qui ont besoin de prendre une revanche, qui ont besoin de se cacher, qui ont besoin de se prouver, enfin tout ce qu'on connaît en gros. Et tout ce qu'on connaît dans les mécanismes de défense qui sont souvent une seconde peau pour l'être humain dans les relations et qui ont pas mal de dégâts collatéraux. Et quand j'ai vu si explicitement et simplement exprimer le fait que derrière toutes ces couches-là existe ce soit qui a... la capacité d'harmoniser notre système intérieur, d'accueillir et de guérir les blessures, et surtout qu'il y avait toutes ces qualités qui sont nécessaires pour se comporter d'une manière constructive dans le monde et dans les relations. J'ai dit à Dick Schwarz, mais ça c'est extraordinaire, ce n'est pas juste un modèle psychothérapeutique, c'est un modèle de conscience et de transformation personnelle qui doit être mis au service des porteurs de projets. et des acteurs du changement. Bon, pour reprendre ce mot que j'ai un peu décrié tout à l'heure, mais je veux dire des gens qui sont porteurs de...
- Speaker #0
Création.
- Speaker #1
Mais c'est ça, des créateurs, des créateurs de nouvelles formes de vie, par exemple, et qui portent des visions qui sont puissantes et qui seront entachées si elles sont vécues à partir de ces petits personnages très, très limités. Parce que les parts de soi... ont une perspective limitée. Certes, elles ont aussi plein de qualités, mais elles ont souvent une perspective très limitée et limitante, surtout si ce sont des parts de nous qui ont souffert dans l'enfance. Donc évidemment, là, on voit un continuum entre la thérapie et la production d'une société nouvelle. C'est qu'il y a un moment où devenir conscient de ça, c'est précieux. Et en même temps, l'idée, et c'est ça que j'ai formulé à Dick Schwarz à ce moment-là, c'est que je voyais vraiment l'utilité d'aller amener cet outil-là des personnes qui sont Des gens qui vont créer des projets de genre d'économie sociale et solidaire, des projets au service de l'écologie, du soin de l'enfance, du soin des communautés humaines en général, y compris de nos politiques. Et il m'a dit que c'est exactement là-dedans qu'il était motivé en ce moment d'aller, à ce moment-là, c'était déjà il y a 12 ans. C'est de sortir l'IFS du cabinet du thérapeute. Il y a 12 ans, c'était déjà en germe, dans son cœur en tout cas. Et l'IFS a commencé à aller vers le monde de l'éducation, vers le monde de la médiation, du management. travailler beaucoup dans le champ social aussi sur toutes les dynamiques d'inclusion parce que quand on exclut ou quand on domine c'est pour revenir un petit peu à la question que tu posais tout à l'heure, c'est bien souvent que à l'intérieur de soi, il y a ces rapports de domination et d'exclusion. Et donc, Dick Schwarz, avec son équipe, avait à cœur d'adresser les questions de société avec l'IFS, ce que ne font pas tous les modèles de psychothérapie, donc je salue beaucoup ça. Je suis allée aux Etats-Unis pour le congrès de l'IFS plusieurs années de suite, et il y avait une année où le thème c'était « Toutes les parties sont les bienvenues » . C'est un slogan dans l'IFS, ça, c'est pour que chacun sente que Vraiment, il peut accueillir toutes les parts de soi sans les juger, ce qui est l'une des clés de la transformation, c'est d'arrêter de juger ces parts de soi mal aimées. Et donc le thème c'était « Toutes les parts de soi sont les bienvenues ? Est-ce que c'est vrai ? » Point d'interrogation. Et le Congrès s'est ouvert là-dessus pendant 5 jours pour aller questionner nos modèles sociaux, nos façons d'inclure dans les stages, d'inclure dans nos organisations, et de vérifier si on n'était pas encore subrepticement en train d'exclure des personnes. à l'image de l'exclusion qu'on pouvait vivre envers soi-même, parce qu'elles étaient porteuses de dimensions qui n'étaient pas vues dans leur beauté. Alors il y avait pas mal d'ateliers sur le racisme, sur le sexisme, le patriarcat, donc c'était assez pionnier, parce que maintenant c'est des sujets qui sont beaucoup plus à l'ordre du jour, mais à l'époque c'était moins le cas.
- Speaker #0
Et là, par exemple, juste par rapport à nos auditeurs, ceux qui vont nous écouter, est-ce qu'on pourrait prendre un petit exemple ? Tu vois, quand tu nommes le sexisme, le patriarcat, est-ce que tu peux prendre un exemple ? Oui, tout à fait.
- Speaker #1
Très bien. En fait, j'ai encore souvenir justement du témoignage d'un homme là-bas qui faisait une conférence dans laquelle il donnait son témoignage, qui était un homme noir américain. et qui nous racontait son cheminement avec l'IFS. Et quand il a démarré cette introspection, lors d'une séance d'accompagnement, il a dit à son thérapeute qu'il voyait qu'il y avait une part de lui qui croyait que les Noirs étaient inférieurs aux Blancs. Et je n'étais pas la seule à être stupéfaite de ça, parce que parfois on peut voir le racisme comme quelque chose qui est porté de l'extérieur. Par exemple, les Blancs qui ont humilié les Noirs et qui croient que les Noirs... Si on remonte à l'époque où cette domination a commencé, avec cette grande période malheureuse de l'esclavage, des Blancs ont dominé les Noirs, les ont mis sous leur domination en les méprisant, en les humiliant. Et on peut avoir une lecture purement extérieure du phénomène en se disant, voilà, il faut que les Blancs arrêtent de mépriser les Noirs. Sauf que ce qu'on ignore à ce moment-là, c'est que... Il y a une dimension qui s'est intégrée dans la psyché des personnes noires qui ont été à ce moment-là humiliées et utilisées malgré leur volonté, c'est qu'elles ont intégré subtilement le message qu'elles sont inférieures. Et que beaucoup de ces personnes continuent de porter en elles cette croyance que les noires sont inférieures. Et du coup, c'est comme si elles étaient devenues elles-mêmes complices. de leur infériorité et de leur domination. Donc cet homme-là, quand il découvre que cette domination, il la porte en lui-même, il a pu accueillir son histoire personnelle, voir d'où elle lui venait.
- Speaker #0
Et excuse-moi, juste pour donner une image, donc là, à ce moment-là, c'est qu'il est en capacité d'entendre cette part-là, qui va lui dire, en fait, je pense que, si tu prends la voie de la voix.
- Speaker #1
C'est vrai qu'effectivement, de... Tu as conscience que dans l'IFS, on procède dans une écoute à l'intérieur de soi qui donne la parole à tous ces personnages, à toutes ces petites voix. C'est une réalité, ce n'est pas juste... Alors là, évidemment, il faut l'avoir expérimenté pour s'en rendre compte. Peut-être qu'on fera une petite expérience plus tard. Mais effectivement, quand il se met à l'écoute, à partir de ce soi qui est l'instance qui est capable de tout accueillir en nous et qu'il se met à l'écoute, il entend une petite voix en lui qui dit « Les noirs sont inférieurs aux blancs » .
- Speaker #0
Il a gardé sa curiosité pour cette petite voix en lui demandant « mais pourquoi ? Et d'où tu tiens ça ? » Il a vu qu'il avait hérité de ça. Il n'avait pas forcément, lui, eu des expériences qui le confortaient dans cette croyance, mais il l'avait héritée. Et elle avait été socialement validée par son clan d'appartenance, parce qu'il avait été à un moment important de croire ça pour pouvoir survivre dans les conditions de domination blanche.
- Speaker #1
Et donc cette part-là, elle avait aussi une intention positive d'aider à la survie dans ces conditions-là.
- Speaker #0
Tout à fait, et de respecter l'appartenance aussi, de respecter l'appartenance du clan au clan, qui est quand même aussi une des conditions pour survivre en milieu hostile, c'est de rester en lien. Et puis c'est une façon aussi d'honorer l'histoire. Il y a toujours des parts de nous qui restent fidèles à des aspects qui ne sont pas forcément au service de notre vie aujourd'hui et qu'on contesterait si on avait le choix et la clairvoyance de le faire et le discernement pour. Mais à notre insu, comme ça, nous pouvons porter des croyances par loyauté et fidélité. Totalement inconsciemment, juste pour les mettre en lumière. Absolument. On peut vivre avec, et elles peuvent dicter nos comportements, jusqu'à ce qu'on se rende compte que c'est ça qui nous dictait nos comportements. Jusqu'à les mettre en lumière, effectivement. Donc cet homme-là, il a pu se libérer de ça. Il est devenu lui-même thérapeute en IFS. Il travaille merveilleusement. Il y a pas mal... Il y a une belle communauté, il y a une femme incroyable dont j'ai oublié le nom. Tu veux le chercher ? Oui, je vais le chercher, mais là je ne peux pas le trouver là comme ça.
- Speaker #1
On pourra le mettre dans les notes de l'épisode.
- Speaker #0
Qui a commencé à vouloir travailler sur l'inclusion, et je n'aime pas le mot lutte contre le racisme, parce que finalement elle a bien vu que ce n'était pas seulement une lutte à l'extérieur, mais un travail intérieur, créer toute une communauté de thérapeutes conscients que le racisme naît à l'intérieur de soi. Et elle a créé une communauté en ligne incroyable. Il y a des milliers de personnes qui se réunissent pour faire des séances de soutien aux personnes racisées pour aller retrouver cet endroit de souveraineté en elles où elles peuvent se libérer de ça. Donc c'est extraordinaire. Donc voilà, ça c'est un exemple.
- Speaker #1
Et quel exemple bouleversant. Vraiment bouleversant. Pouvoir à un moment donné conscientiser qu'à l'intérieur de moi aussi, Je porte cette responsabilité-là. Waouh !
- Speaker #0
C'est ça. C'est aussi ce que mettait en évidence Marshall Rosenberg, à sa manière, le fondateur de la CNV, le fait qu'on peut être porteur d'images ennemies d'autrui. Et là, ce que je trouve marquant, c'est de se rendre compte que ces images ennemies d'autrui, qui vont évidemment générer des comportements de lutte, de mépris, de jugement. En fait, ça s'origine d'abord dans notre monde intérieur, dans notre structure intérieure.
- Speaker #1
Et alors, puisque tu nommes là la CNV, je te propose aussi que peut-être tu puisses prendre un petit exemple, c'est-à-dire comment cet outil-là, on a bien compris par rapport à l'IFS, comment l'outil reflétait et était soutien de pouvoir conscientiser que j'ai quelque chose en moi qui porte ça. Est-ce qu'on pourrait faire la même chose avec la CNV ? Quand tu dis on porte des images ennemies ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Est-ce que tu as un exemple ?
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Par exemple, on peut prendre une image ennemie. Puisque j'ai parlé tout à l'heure du sexisme, je peux avoir une image ennemie des hommes. Parce que je trouve que les hommes, en général, manquent de sensibilité. Je vais dire des choses un petit peu convenues ou un peu caricaturales. Mais qu'ils manquent de nuances, qu'il a un Ils font usage de leurs paroles pour dénigrer, pour couper, pour trancher, au lieu d'être dans des attitudes d'écoute qui vont créer l'unité. Là, je suis en train de sortir un petit peu des caricatures entre le féminin et le masculin, j'en ai conscience. Eh bien, ça peut être justement... Alors là, si tu aimerais que je regarde comment la CNV peut m'aider à cet endroit-là.
- Speaker #1
Exactement. Alors,
- Speaker #0
je suis... Si par exemple, je vois un homme qui se comporte d'une manière... que je vais juger absolument puante, parce qu'en réunion, il prend la parole pour 80% du temps, alors que sa collègue n'a plus 20% du temps pour parler, par exemple. Et hop, ça va activer en moi cette image que vraiment, les hommes sont égocentriques, qu'il n'y en a que pour eux, que voilà.
- Speaker #1
L'image, elle vient renforcer tes croyances, les croyances à l'intérieur.
- Speaker #0
Alors, en l'occurrence, oui. Bon, ça, c'est un phénomène d'amplification. Mais si la CNV ne va pas forcément s'intéresser tout de suite à ça, mais déjà... À mes jugements. Je vais me dire, tiens, je vois que j'ai un jugement sur cet homme qui l'occupe toute la place. Et donc, là, j'étais en train de voir que j'avais envie de faire un lien entre la CNV et l'IFS, parce que c'est intéressant aussi à des moments de se rendre compte que, tiens, si j'ai le jugement, c'est peut-être une part de moi qui a ce jugement, et je pourrais aller un peu plus loin sur comprendre pourquoi elle réagit si fort. Et peut-être parce qu'elle, elle a subi ça dans le passé, ce qui va faire une caisse de résonance à l'événement ponctuel, au temps T, avec des événements ponctuels au temps T-1, T-2, ou de toute mon histoire. Bon, ça, je le mets de côté, mais c'est intéressant parfois de voir quand même qu'il y a des mécanismes d'amplification de mes réactions qui sont liés à, justement, des parts de moi qui ont vécu des choses. Si je reste avec juste la situation dans un tenté où je suis dans une réunion et je vois ce comportement d'un homme et je commence à le juger, avec la CNV, ce que je vais faire, c'est que je vais tourner mon attention vers ce que je ressens et descendre de ma tête qui juge vers mon cœur qui ressent et me demander qu'est-ce que je ressens quand je vois ça. Et déjà, ça c'est une traversée qui peut être très salutaire, parce qu'à partir de l'endroit du ressenti, je commence à me relier à quelque chose qui est beaucoup plus vivant, qui est moins figé, et qui me rapproche de moi, alors que quand je parle de mon jugement sur l'autre, je parle de l'autre, et je suis en train de me couper de moi-même. Donc la première étape, qui consiste à observer qu'est-ce que je ressens, va m'aider peut-être à voir que je ressens peut-être de l'agacement, certes, mais peut-être aussi de la tristesse. du découragement. Et vous voyez comment là, je ralentis un peu, parce que ce n'est pas la même chose d'être dans les jugements qui fusent du cerveau où l'influx nerveux va très très vite, à commencer à ralentir pour aller écouter ce qui est vivant en moi en lien avec une situation. Et là, c'est déjà une mise à l'écoute, pleine d'empathie pour ce que je ressens, et grâce à la CNV, j'ai appris. que si je ressens ça, c'est parce que ça me parle de choses qui sont importantes, que j'aimerais vivre et que je ne vis pas là dans l'instant. Donc si j'écoute cette tristesse, peut-être ce découragement, je me rends compte que ça me parle peut-être d'une envie qui est plus d'équité dans les prises de parole en général, dans les réunions, plus d'équité de traitement entre les hommes et les femmes, plus de valorisation des qualités des femmes avec tout ce qu'elles pourraient amener au monde. Et là, je suis en train de me relier à quelque chose qui a beaucoup de prix, beaucoup de valeur en moi. Et j'ai quitté le monde du jugement. le jugement contre, pour me relier à quelque chose qui a vraiment du goût et de l'énergie. Et c'est pour cela que j'ai envie de me mettre en mouvement. Et c'est vrai que le processus de la CNV, il a déjà énormément transformé son énergie contre en énergie pour ce que je veux vivre. Et si j'allais voir l'homme qui a animé cette réunion et passé 80% de son temps à parler, ça ne va pas faire la même chose si j'arrive en lui disant Vous avez parlé 80% du temps et vous êtes vraiment un mec... masculinistes, dominants comme je les exècre. T'imagines la conversation qui va suivre derrière. Et ça ne va pas être pareil que si je vais le voir en lui disant d'abord peut-être des choses que j'ai appréciées dans ce qu'il a fait, mais après que je puisse lui dire aussi que je suis un peu triste de voir que selon certains schémas récurrents, l'homme a à peu près 80% de la parole dans des réunions et que... et que j'aspire tellement à voir que les qualités des femmes puissent aussi être vues, mises au service, et que les hommes puissent soutenir ça. Et que je suis un peu triste de voir que, dans le contexte de cette réunion, je pourrais préciser quelle réunion il s'agit, si en plus il est sur des beaux sujets, on ne puisse pas vivre cette équité. Et puis je demande à la personne ce que ça lui fait d'entendre ce que je viens de dire.
- Speaker #1
Merci. Dili, je serai là. Tout le précieux de la CNV aussi, pour pacifier. sa relation à soi et pouvoir être dans un mode aussi plus pacifié à l'autre. Merci de partager avec cet outil aussi au service de la paix. Et tu dis, si tu veux la paix, prépare la paix. Se désarmer intérieurement, c'est faire le travail, déloger les endroits de nous et en prendre soin avec compassion de ce qui a souffert. Et là, tu viens de magnifiquement l'illustrer avec aussi les deux exemples. celui avec le travail qu'on peut faire en soi avec l'IFS, mais aussi cette approche de la CNV. J'aimerais bien que tu nous partages un petit peu par rapport à toutes les expériences que tu as pu avoir de communauté, de collectif. Tu es aussi une experte des modes de gouvernance. Aujourd'hui, au-delà des stages que tu donnes à des porteurs de projets, à des créateurs qui souhaitent avoir de l'impact, comment ? Cette intention de servir l'impact depuis un endroit qui soit conscient. Comment on peut amener ça dans une organisation ?
- Speaker #0
Pour répondre à ta question, j'ai envie de reprendre sur la question d'avant, où tu me disais, et du coup tu parles de self-leadership, qu'est-ce que c'est ? Et self-gouvernance aussi, donc c'est de ça que ça parle. Déjà le self-leadership, c'est l'objectif de l'IFS, c'est de développer dans chaque être humain qui pratique ça, une capacité à se laisser conduire davantage vers le self que de ces parties qui sont... pour certaines blessées, est du coup limitante et emprunte de comportements qui ne vont pas faciliter les relations, la coopération. Et donc ça, c'est la définition du self-leadership. Ça concerne chaque personne et sa propre souveraineté. Et ensuite, si on porte ça au collectif et donc aux organisations, on peut bien se rendre compte que dans une réunion, quand tout le monde est sur les dents, aux prises avec ses mécanismes de défense, qui vont passer pour certains par l'agressivité, la domination, la rébellion. Pour d'autres, par la soumission, l'écrasement, je ne dis rien, je me tais, mais je n'en pense pas moins. Eh bien, l'issue d'une réunion dans laquelle ce sont nos mécanismes de défense, et donc nous, on appelle ça les parties protectrices en IFS, qui sont aux commandes d'une réunion, et c'est malheureusement la majorité des réunions que je vois en entreprise, c'est que tout le monde est sur les dents. Alors bon, heureusement, il y a des managers qui arrivent à créer des conditions vraiment de sécurité qui font que les personnes sentent qu'elles peuvent s'exprimer librement sans avoir forcément de s'en prendre de coups. Donc il y a beaucoup de travail sur cette posture de management ouvert, coach qui a conscience des mécanismes de stérilisation du dialogue dès lors que quelqu'un a peur. on pourrait faire tout un...
- Speaker #1
C'est vraiment très important, ça. C'est-à-dire que c'est ce socle de sécurité qui va amener un échange fructueux et sain.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Et ce socle de sécurité, il est amené dans tout ce que toi, tu partages. Exactement. Et proposes ici.
- Speaker #0
C'est ça. Alors l'IFS va un peu droit au cœur, c'est-à-dire que le self en nous est cet endroit où on trouve de la sécurité, justement, et qui donne de la sécurité à notre système intérieur, mais aussi va ancrer pour les autres. Ce qui fait que, d'ailleurs, Dick Schwarz l'appelle comme ça, parfois il dit que les personnes qui sont vraiment animées par beaucoup de cette énergie du self, on sent qu'on peut être pleinement soi-même à leur côté. On est accueilli comme on est.
- Speaker #1
Et quel bonheur, cette sensation ! Et quel bonheur,
- Speaker #0
voilà. Et évidemment, dans les équipes et les organisations où être soi-même est bienvenu et encouragé, ça va générer les avantages et les immenses bénéfices de la... de la coopération légère et joyeuse, de la créativité, parce qu'on va oser dire des trucs un peu farfelus qui sont sûrement les bonnes idées de demain. Donc c'est fou comment le... J'allais aussi parler du système nerveux, parce que tout ça, ça vient s'inscrire dans le système nerveux. Comment quand on est soit tout seul, mais alors encore plus ensemble, dans des états de peur, on va stériliser complètement la coopération. On ne va pouvoir produire que des choses qui se sont déjà faites. Il n'y a aucune créativité dans un groupe qui a peur. Parce que quand on a peur, on a peur de l'inconnu, on veut maintenir l'existant et on ne peut pas innover. Ne serait-ce que ça. Donc, self-gouvernance, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'à un moment, un manager ou des membres d'équipe vont avoir à cœur de faire en sorte que le self et toutes ses qualités soient celui, cette énergie-là, qui soient invités en premier chef. Et ça, ça passe par un certain nombre de moyens. Ça passe par des moyens de devenir, et de prendre par exemple des moments de respiration, de centrage en début de réunion, pour devenir conscients des parts de nous qui sont là, et de savoir aussi les accueillir. Il y a plein de méthodes et des formats d'animation qui permettent de donner la parole à ces petites voix, par exemple. Il y a les chapeaux de Bono, il y a l'utilisation des post-it, il y a le process work, il y a plein d'outils collectifs qui sont finalement ... Une manière d'utiliser l'IFS en collectif, dans la mesure où devenir conscient de ses petites voix, ça permet de s'en décoller. Et c'est l'un des moyens privilégiés pour augmenter l'espace de liberté et de conscience en soi, c'est de se désidentifier, donc de se décoller de ses petites parts de soi.
- Speaker #1
Ce qui gratte très très fort à un moment donné. coller à ça. Je trouve que c'est important à comprendre, c'est pour ça que je me permets de le répéter.
- Speaker #0
Merci beaucoup, oui, parce que moi je parle à des moments comme si tout le monde comprenait ça, mais c'est pas évident.
- Speaker #1
Oui, tu parles très très bien, merci.
- Speaker #0
Et donc, ce décollement, c'est-à-dire cette conscience qu'il y a en moi une petite voix, tant que je n'en ai pas pris conscience, en fait, cette voix, elle parle à travers moi. Si je suis très énervée, je vais dire, mais qui a laissé cette porte ouverte encore ? Il y a plein de courants d'air ici. L'énergie avec laquelle je pars là, c'est une énergie identifiée, collée. Tu l'entends là. Si à un moment, c'est un exemple hyper simple, mais si à un moment j'ai conscience que je commence à avoir cette part qui réagit en moi, je sais que c'est une part de moi, parce que le self ne fait pas ça, le self est détendu tout le temps, il peut accueillir tout ce qui se passe. Donc j'ai conscience qu'il y a une part de moi qui est très agacée parce que quelqu'un a réouvert cette porte ou cette fenêtre et que j'ai froid. Je vais d'abord l'accueillir, moi, c'est ça le processus intérieur. L'accueillir, moi, et montrer à cette part de moi que je l'ai vue, qu'elle a besoin peut-être de confort et de chaleur. Et je vais parler à partir de, non pas à partir de cette part, mais pour cette part, en disant, il y a une part de moi qui est assez agacée de voir que cette porte est à nouveau ouverte, est-ce que vous seriez d'accord ? que nous la fermions et qu'on la laisse fermer jusqu'à la fin de la réunion. Je n'ai pas la même énergie pour le dire parce qu'en moi, il y a de l'espace. Et du coup, ça donne de l'espace à l'extérieur aussi. C'est un tout petit exemple. Mais quand je parle depuis une part agacée, je vais stimuler les mécanismes de réaction aussi de défense chez les interlocuteurs présents. Donc, je crée un contexte et un climat de réunion tendu.
- Speaker #1
Et donc, c'est self-gouvernance, c'est bien ces espaces collectifs. où tout le monde est encouragé à s'exprimer depuis son propre self.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Et j'imagine que selon les types de gouvernance et d'organisation, c'est une organisation un peu classique, au leader aussi d'incarner cet espace-là, et donc d'avoir certainement cette hygiène de conscience de soi, de connaissance de soi, et de pouvoir être ouvert du coup à l'altérité, et d'inviter à... chacun a cette maturité de soi à soi.
- Speaker #0
Exactement. Et comme le leader est d'abord modélisant, ce n'est pas forcément un formateur, mais c'est quelqu'un qui, en s'exprimant, va donner une idée inspirante de comment le faire. Donc, un manager qui sait utiliser ce langage-là d'une manière ou d'une autre, mais qui met en conscience qu'à un moment, il vit peut-être un tiraillement, que d'un côté, quand il écoute une idée, Il aimerait bien encourager cet élan, les idées et les innovations, et que d'un autre, il a aussi à cœur de garantir la continuité par rapport à, je ne sais pas, une stratégie initiale. Il met en évidence, à l'intérieur de lui, le fait qu'il y a peut-être justement des voix qui ne disent pas tout à fait la même chose. Et ça, ça crée beaucoup d'accueil, ça crée beaucoup d'ouverture. Et du coup, ça va encourager les personnes, plutôt que de cliver en choisissant un camp pour ou contre. à exprimer elles aussi leurs nuances. On revient un petit peu à ce qu'on disait tout à l'heure. Et du coup, plus ce qui est vécu à l'intérieur est formulé et est accueilli, plus ça fait émerger ces qualités de centrage, de connexion, de créativité, d'ouverture, qui sont les qualités du self en soi. Donc voilà, la self-gouvernance, telle que je la rêve et que je la vis dans certaines réunions où j'apporte des sujets chauds, pour qu'on puisse regarder comment on va réussir à se relier ensemble. à travers des sujets chauds, c'est redonner les commandes à la sagesse inspirée qui traverse chacun de nous et qui, quand elle est mise en commun, elle est démultipliée. Et donc c'est un changement de niveau de conscience et on en est là aujourd'hui. On ne peut pas faire face aux défis collectifs, qu'ils soient politiques, sociétaux, écologiques, sociaux, démocratiques, ou de quartier même, ou familiaux, si on ne change pas de niveau de conscience. Il s'agit d'aller rejoindre cet endroit en nous qui a toutes ces ressources-là. J'ai tellement de gratitude pour un homme qui est capable, comme dit Schwarz, d'amener si simplement l'évidence de la dimension spirituelle chez chaque être humain, et qui du coup va contribuer à ce que cet endroit-là soit reconnu et vécu et partagé, y compris en organisation.
- Speaker #1
Et tellement en organisation aussi, je trouve, et merci de pouvoir nommer Merci. Richard Schwartz dit « Une personne guidée par le self est facile à repérer. Vous avez l'impression que la lumière est allumée et qu'il y a quelqu'un à l'intérieur. » Alors merci Isabelle d'être facile à repérer. J'honore ton humilité, ta capacité à expérimenter ton goût de l'autre et d'incarner plus que tout cet espace depuis lequel tu partages. Tu me regardes là comme si j'en disais un peu trop.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
On arrive vers la fin de... Cette interview, je voudrais te proposer un petit voyage. Est-ce que tu es d'accord ?
- Speaker #0
Oui, et puis j'aimerais ensuite donner une petite citation qui me tient à cœur pour encourager à tous ceux qui écoutent ce podcast.
- Speaker #1
Tu veux la donner maintenant ou après ?
- Speaker #0
Maintenant, comme tu veux.
- Speaker #1
Ausha.
- Speaker #0
Allez, je vais la donner maintenant alors. C'est une citation de Georges Didier que j'utilise aussi en stage. Parce que finalement, ce qui me semble le plus important aujourd'hui... pour pouvoir avancer et créer un monde désirable pour chacun et pour tous et toutes, c'est de se relier à ce qui en nous est le plus vivant, le plus vibrant, le plus joyeux. Et ça, c'est ce qui apporte aussi beaucoup pour moi l'IFS, c'est de nous relier à notre source. Source, ça commence par un S comme le self et comme sagesse d'ailleurs et comme sécurité. Tout à l'heure, on a vu plusieurs S qui sont pour moi vraiment des... Des qualités aussi qui émergent quand on est dans le self. Et donc cet être source et conscient que nous sommes tous et chacune, chacun, source de quelque chose de singulier, me paraît très important et Georges Didier le dit très très bien. Il dit « chacun, chacune » est porteur d'une réponse à l'inaccompli du monde. Une réponse qu'il est venu exprimer pour sa propre évolution et celle de l'univers. Voilà, l'univers étant bien sûr. à plein d'échelles, mais déjà notre univers de proximité, comme pourquoi pas l'univers cosmique, si on regarde les choses en termes quantiques.
- Speaker #1
Merci. Moi, je te propose un petit voyage cosmique. Je te propose de fermer les yeux, si tu es d'accord, de pouvoir éventuellement décroiser tes jambes, elles le sont déjà. Peut-être mettre la main sur ton cœur, et je vais te proposer de voyager en 2040. En 2040, qu'est-ce qui fait battre ton cœur ?
- Speaker #0
Moi, en 2040, ce qui fait battre le bon cœur, c'est de voir plein de gens qui se sont emparés de leur souveraineté créatrice et qui se soutiennent mutuellement partout sur les territoires, dans les villages, dans les écoles, dans les familles, dans les entreprises, dans les organisations, dans les ONG, dans les gouvernements, pour mettre en œuvre les meilleures idées qui soient au service du vivant. Et qu'il y a une joie à coopérer, c'est cette joie à s'encourager mutuellement, à donner le meilleur de soi. que j'appelle de tous mes voeux, et que je vois dans certaines communautés humaines déjà, comme l'Intérieur des Changements, comme le réseau des formatrices en CNV, comme le réseau des praticiens IFS, où il y a vraiment cette coopération joyeuse où on s'encourage à donner le meilleur de nous. Et ce qui existe déjà dans certaines communautés humaines, en 2040, c'est évident que pour reconstruire le monde, ou continuer de construire comme on le veut, et bien, ce sera répandu dans toutes les sphères de la société. Merci Isabelle.
- Speaker #1
Si vous avez aimé ce podcast, vous pouvez favoriser sa diffusion en lui donnant 5 étoiles sur Apple Podcasts. Et puis, vous pouvez bien sûr vous abonner sur toutes les plateformes Spotify, Apple Podcasts ou toutes autres plateformes que vous souhaitez. A bientôt sur Sois, vie, aime.