- Speaker #0
Bienvenue sur Sololitude, le podcast qui s'adresse aux mamans solos par choix. Oui, vous avez bien entendu, c'est un réel désir de devenir maman solo qui nous pousse à choisir ce nouveau mode de vie. Depuis la loi en 2021 sur la PMA qui autorise les femmes seules et homosexuelles à devenir mère, nous sommes alors de plus en plus nombreuses à opter pour avoir un enfant sans homme. Cela ne veut pas dire que nous sommes contre les hommes,
- Speaker #1
loin de là.
- Speaker #0
Juste que la vie nous a menés à des histoires de vie différentes et réfléchies. C'est à partir de là que je m'intéresse à ce véritable choix, ce qui incite les femmes d'aujourd'hui à faire un bébé toute seule. Pour me présenter, je suis Émilie Aveline, ancienne infirmière depuis plus de 15 ans, praticienne en hypnose depuis 10 ans, et j'accompagne régulièrement des femmes lors de leur parcours de parentalité. Ici, j'interviewe des mamans, mais aussi des professionnels, afin d'étayer cette réflexion et d'apprendre des aléas de la parentalité, avec tous les questionnements et bouleversements de ces langues. Bienvenue sur Sololitude, bonne écoute ! Aujourd'hui je reçois Solène Heréac, consultante en parentalité et formatrice. Je la reçois pour parler des violences éducatives ordinaires, autrement appelées VEO. La culture de la violence en France est remise en question ici car trop souvent banalisée. Or cela engendre des dégâts psychologiques et j'y reviendrai plus tard dans une autre émission. Cette interview a pour but de faire de la prévention, de mettre en lumière ce qui peut blesser, souvent même inconsciemment, car je le rappelle, ces violences sont normalisées, donc non vues, non conscientisées. Alors ne culpabilisez pas si vous vous retrouvez dans certains exemples. C'est la première marche pour revoir son positionnement en tant que parent, même juste, j'ai envie de dire, en tant qu'être humain envers nos tout-petits. Solène donc, elle soutient la parentalité, elle accompagne aussi les difficultés, améliore la communication, et a fait de la prévention par le biais de groupes de paroles et de conférences. Elle adopte une perspective intégrative de la prévention des violences éducatives ordinaires qui allie comme ici la sensibilisation, le développement des compétences parentales, le soutien et la promotion d'une culture de la non-violence. Vous allez voir, on en est loin, mais c'est l'idée. Elle est aussi engagée au sein de l'association Stop VEO, le groupe Enfants sans violence que vous retrouvez facilement sur internet et en lien. pour laquelle elle est référente régionale et intervenante. Si elle est aujourd'hui mobilisée sur ce sujet, c'est en grande partie parce qu'elle a été confrontée elle-même au VO dans son propre parcours, mais finalement, vous allez voir, on s'y retrouve tous un petit peu quand même dedans, plus ou moins à différents degrés. Cette expérience, bien que douloureuse, lui a donné une force aussi et une détermination à convertir son vécu en un engagement profond, dans ce qu'elle met en pratique aujourd'hui. Je vous souhaite une bonne écoute. Let's go ! Bonjour Solène ! Bonjour ! Merci d'être avec moi aujourd'hui. Donc on va faire connaissance et tu vas nous expliquer ton rôle, ce qui t'a amenée jusqu'ici aujourd'hui. Donc toi tu es consultante en parentalité et tu t'es formée aussi donc au VO, donc aux violences éducatives ordinaires. Alors déjà pour moi il y a un truc qui colle pas entre violences et ordinaires.
- Speaker #1
Je te l'accorde.
- Speaker #0
Il y a un truc qui ne va pas dans mon zabeau, c'est bizarre. Mais tu vas nous expliquer tout ça.
- Speaker #1
Il y a une forme d'oxymore, d'accrocher ces deux termes ensemble. C'est voulu. L'idée, c'est de faire réagir aussi sur le fait que la violence ne pourra jamais être éducative. Et la notion d'ordinaire, c'est parce que ce sont des violences qui sont banalisées. Donc, si tu veux que je te donne la définition, on va dire plus généraliste. Les violences éducatives ordinaires, c'est toutes les petites violences. Je dis petites, là. avec mes doigts pour faire décrocher parce qu'il n'y a pas de petite violence, qui sont utilisés à des fins éducatives pour faire avancer l'enfant dans le chemin qu'on voudrait lui faire prendre, c'est-à-dire qu'il écoute quand on lui demande quelque chose. Et s'il n'écoute pas, on va utiliser soit des violences physiques, donc les fessées, les tapes, pincer, griffer parfois, mordre, ou des violences psychologiques, le fait d'humilier un enfant, de le critiquer, de le rabaisser, ou des violences verbales. Le fait de l'insulter par exemple, de lui faire peur, il y a plein de choses qu'on peut mettre derrière. Tout ça a des fins éducatives et on dit ordinaires parce qu'elles sont banalisées par la société. Elles font partie même parfois des conseils qu'on peut recevoir quand on est jeune parent, des générations passées et même encore de certaines générations qui vont dire « ça n'a jamais fait de mal à personne, tu peux lui faire ça, comme ça il va t'écouter » .
- Speaker #0
Ok, donc en fait ce sont des choses qui sont, comme tu dis, banalisées, donc des choses auxquelles on n'a pas forcément conscience. donc là ici l'idée c'est pouvoir les mettre en conscience de pouvoir se dire ah mince Ça, c'est considéré comme une VO. L'idée, c'est vraiment de mettre de la lumière dessus, de pouvoir se dire que là, il y a des limites qui ont été mises il n'y a pas si longtemps que ça, par une loi.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Donc, ça date de 2019.
- Speaker #1
C'est ça. 10 juillet, la loi du 10 juillet 2019. Pour rappeler, cette loi, c'est une loi qui est au code civil. Donc, ça, c'est pour rassurer un peu les parents qui, un jour, ont fait les gros yeux et se disent, ah là là, j'ai allé en prison. Non. On est très loin de tout ça. L'idée de cette loi, c'est vraiment une loi pédagogique pour accompagner les parents vers une prise de conscience et vers l'idée que l'éducation ne peut pas être violente en fait. Mais il faut pouvoir définir ce qu'est la violence dans l'éducation. Donc cette loi, elle est vraiment là pour accompagner cette prise de conscience. Idéalement, avec des programmes à disposition des familles, des informations, ça prend un peu de temps. Ça fait presque six ans maintenant que la loi est passée. Cet accompagnement de l'État se fait en filigrane tout doucement, mais il y a des choses, notamment là depuis le début janvier 2025, cette notion d'éducation non-violente apparaît dans les carnets de santé. Donc ça c'est un grand changement. C'est une première grande marche aussi de dire, dès la naissance, les informations viennent aussi dire, la violence ne peut pas faire partie de l'éducation.
- Speaker #0
Ok, ça c'est tout récent.
- Speaker #1
C'est tout récent.
- Speaker #0
Ok, et aussi au niveau des maternités ? où la prévention est faite beaucoup sur la prévention des bébés secoués. Donc il y a une grosse étape en maternité, à partir de la maternité, on nous en parle,
- Speaker #1
mais ça s'arrête là. Ça s'arrête là. Et moi c'est vrai que c'est quelque chose, quand j'ai découvert moi dans mon histoire de mère, les violences éducatives ordinaires, je me suis dit mon Dieu c'est fou, parce qu'on m'a appris, j'avais une super sage-femme, et elle m'a appris tellement de choses, on découvre tout. Comment il allait falloir respirer au moment de l'accouchement, les pousser, l'allaitement, tout ça. Mais on ne m'a pas dit, mais quand ton enfant va avoir deux ans, prépare-toi, il va se rouler par terre au supermarché et tu vas être totalement démuni. Et en fait, c'est normal. Et ce n'est pas une fessée ou ce n'est pas le fait de le tirer violemment qui va régler cette difficulté-là. C'est lié à son immaturité. Tout ça, on ne nous l'apprend pas. Alors, il y a encore des choses à développer. Et tant mieux, on se pose ces questions-là aujourd'hui.
- Speaker #0
Oui, on ne nous apprend pas ce que... C'est quoi vraiment être parent ? Comme si c'était quelque chose de complètement normal, facile et naturel.
- Speaker #1
Iné. Iné, absolument pas. Il y a une formule qui dit on ne naît pas parent, on le devient. Et je crois qu'on apprend tous les jours de notre vie de parent. Et au-delà du jeune enfant. Moi, mes enfants sont grands, même s'ils n'ont que 11 et 8 ans. Mais je me doute que je vais apprendre encore tous les jours encore plus. Et même quand ils seront adultes. J'apprendrai encore de ma parentalité, ça nous construit aussi. Mais c'est vrai qu'il y a un peu cette image là de tu vas apprendre ça sur le tas, tu vas voir. Sauf que...
- Speaker #0
Tu vas voir, ça va bien se passer.
- Speaker #1
Ça va bien se passer. C'est assez édulcoré, assez rose. Oui. Sauf que dans la réalité, il y a des difficultés. Et ce n'est pas si facile de les verbaliser. De les verbaliser. Vendredi,
- Speaker #0
de l'aide à ce moment-là. Peut-être que du fait de cette banalisation de la difficulté de la parentalité, de devenir parent, d'être parent, C'est peut-être aussi de banaliser ces violences-là, ces V.E.O. Puisque finalement, il n'y a pas tant, ça commence à arriver, d'espace pour verbaliser, comme tu dis. Donc, les violences, il peut y avoir aussi un côté honteux, culpabilisant, où on se dit, mince, mais là, j'ai donné une petite tape, je n'aurais pas dû, là, j'ai mal parlé, je n'aurais pas dû. Comment je peux verbaliser ça, en fait,
- Speaker #1
auprès de qui ? Qui va m'écouter ? C'est ça. Et moi, ça a été ma prise de conscience, et c'est ce qui m'a amenée... parcours professionnel à faire ce que je fais en tant que consultant de parentalité parce qu'il n'y avait pas d'espace pour ça en fait vraiment la loi a apporté beaucoup de choses positives mais malheureusement parfois elle a été aussi reçue comme d'accord donc en plus si je fais ce genre de choses je suis pas le bon parent donc en fait je peux exprimer ça à personne mais pourtant aujourd'hui face à tel comportement de mon enfant j'ai ces réactions là et qu'est ce que j'en fais je peux pas en parler j'ai honte, on peut ressentir cette honte là parce que On veut être le meilleur parent pour son enfant et c'est bien normal. Et ça ne veut pas dire qu'on est un mauvais parent. Donc, c'est important d'avoir des espaces pour ça. Il y a des groupes de parole qui se développent de plus en plus pour pouvoir aborder la VO ou les VO dans l'éducation. Comment on tend à faire sans ou en tout cas à faire moins. Tout à fait.
- Speaker #0
Et c'est ce qu'on essaie d'oeuvrer au maximum dans nos professions. Oui,
- Speaker #1
c'est ça.
- Speaker #0
Pour créer ces espaces-là. que les violences puissent vraiment diminuer aussi.
- Speaker #1
Je pense que c'est aussi ton objectif. Oui, ça l'est aussi. Tout en ayant aussi en tête que parfois, je pense que c'est sûrement la même chose pour toi, on a des parents qui voudraient que du jour au lendemain, tout disparaisse dans leur parentalité de ces violences-là. C'est un long chemin aussi de pouvoir déconstruire des choses qui nous ont été transmises aussi. Parfois, ça nous imprègne un peu trop, c'est difficile. Donc, il n'y a pas de recette miracle pour que du jour au lendemain, la VO s'efface dans nos pratiques éducatives. Par contre, le fait de se questionner, c'est déjà une marche énorme. Là où c'est plus difficile, c'est quand on ne se remet pas du tout en question dans ses pratiques. Que ce soit en parentalité ou dans tout, au travail, au jeu des gens. Je pense que tu as aussi... pu évoluer avec des gens dans ton environnement où jamais ces personnes ne se remettent en question, là c'est plus dur. Oui, oui, oui. Quand on se pose la question de comment je peux faire autrement, déjà il y a une grande marge de franchie.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Et la seconde étape c'est d'aller trouver vraiment le professionnel vers qui on peut le partager, se sentir vraiment écouté et non jugé. Parce que des fois ça révèle aussi des choses profondes comme tu l'as dit, des choses d'une autre histoire. Et il y a des choses qui sont parfois à travailler.
- Speaker #1
C'est ancré et c'est sûr que quand on va regarder nos rapports avec nos enfants, c'est très compliqué de ne pas aller regarder les rapports qu'on a pu soi-même avoir avec ses propres parents. Et parfois, certains n'ont pas envie ou ne sont pas prêts, ce n'est pas le moment, et ça, ça leur appartient, d'aller regarder ça. Mais ça permet de répondre à certaines questions.
- Speaker #0
Parce que juste avant, on discutait un petit peu et on disait, parfois, se dire, devenir parent, avoir son bébé, hop, on fait. un peu la razzia de ce qui s'est passé avant. On créait un nouveau livre et puis ce qui s'est passé avant, de toute façon je ne serais pas comme mes parents, comme si ça n'avait pas existé.
- Speaker #1
Or, ça fait partie de notre histoire.
- Speaker #0
Ça fait partie de notre histoire et ce livre-là, il est toujours dans la bibliothèque quelque part.
- Speaker #1
C'est ça. Parfois c'est trop douloureux d'aller l'ouvrir à ce moment-là, quand on est jeune parent, mais malgré tout, il y a des pages qu'il faut pouvoir relire avec. cette nouvelle vision du monde qu'on a quand on est jeune parent, jeune parent ou même parent plus tard parce qu'on dit souvent qu'à l'adolescence il y a un rapport de force qui s'installe et quand on questionne avec les, dans mes accompagnements, quand je questionne avec les parents les rapports qu'ils ont pu avoir eux avec leurs parents à leur adolescence, bizarrement là il y avait une zone de tension assez forte donc il y a des choses qui se rejouent beaucoup donc parfois il est nécessaire d'aller regarder ce qui s'est passé dans sa relation avec ses parents, ça n'explique pas tout mais ça peut expliquer pas mal de choses.
- Speaker #0
C'est pas mal de les expliquer, de les comprendre, de les travailler, de porter un autre regard aussi sur sa propre histoire et avec ses propres parents. Il y a aussi eu beaucoup et il y a toujours aussi beaucoup de parents qui ne sont pas en capacité non plus d'apporter le meilleur. C'est pas toujours facile. Un bon nombre de nos grands-parents, arrière-grands-parents et parents n'ont pas reçu ces... l'aspect sécuritaire, l'aspect de l'amour, pouvoir verbaliser les choses. C'est une nouvelle ère dans laquelle on rentre aussi, mine de rien. Les adultes d'aujourd'hui payent un petit peu ce qui se passait hier, mais en tout cas, on est sur une jolie évolution.
- Speaker #1
C'est ça, c'est énorme. Il faut aussi entendre ça, je te rejoins pleinement, sur le fait de dire que nos parents n'ont pas tout fait bien. En vrai, ils n'avaient pas d'autres ressources. Et leurs parents encore moins. Et là, j'ai encore ma mamie qui a 95 ans, de son histoire, elle a vécu des choses très très dures, et si elle avait eu à disposition ce qu'on a maintenant, peut-être que son histoire et celle de ma mère et la mienne, par déclinaison, auraient été tout à fait différentes, mais il n'y avait pas ces choses-là à l'époque. Et ça fait partie de notre histoire familiale, ça il faut l'entendre. Mais ça ne vient pas dire qu'on n'a pas le droit d'exprimer ce qui nous a manqué, ce qui nous a blessés, on ne condamne pas pour autant nos parents. après chacun selon ce qu'il a vécu aussi parfois c'était trop dur et on a le droit aussi de se dire on coupe les ponts parce que c'est trop de souffrance mais malgré tout de pouvoir entre guillemets réparer l'enfant qu'on a été ça permet d'avancer aussi dans sa relation avec ses enfants à l'instant t et oui et c'est la tuer mettre en mots exactement et là je suis touché tu vois parce
- Speaker #0
que justement au cabinet en fait je reçois trop trop trop trop de patients à oui blessés d'adultes blessés Et qui se questionnent énormément sur leur parentalité, qui ne veulent absolument pas être comme leurs parents vers leurs enfants. Et je me suis dit, mais non, mais là il y a vraiment quelque chose à faire. Et c'est hyper important de pouvoir venir écouter et rassurer, et puis guider aussi, et donner des clés pour une meilleure parentalité, pour devenir le parent qu'on a envie d'être.
- Speaker #1
Et puis trouver aussi, moi c'est quelque chose que je dis souvent aux familles, aux parents que j'accompagne, C'est légitime ce qu'on ressent en fait. Il n'y a pas de... Et la VO, je fais le pont avec le sujet qui nous intéresse aujourd'hui, la VO elle est aussi là. On vient dire aux enfants ce que tu ressens, c'est pas normal, t'as pas à pleurer pour ça, c'est pas normal d'être en colère pour ça. Et quand on grandit dans ce climat-là, même si nos parents, je le redis encore, n'ont pas fait ça de manière consciente pour nous blesser, ce qu'on doit ressentir pour soi. Et quand on devient parent et que ces émotions-là, elles sont encore là, parce qu'on les a mis de côté sous le tapis, mais la poussière, elle est toujours là malgré tout, et on se dit, mais est-ce que j'ai le droit de ressentir ça ? Bien sûr, c'est légitime. On a le droit de ressentir ça. Il faut cet espace que toi, tu proposes dans tes accompagnements et que je propose aussi. Voilà, un espace où on peut s'autoriser à dire ce qu'on a pu ressentir quand on était enfant. C'est OK de pouvoir l'exprimer. Parfois, nos parents ne sont peut-être pas les personnes à qui on peut les exprimer.
- Speaker #0
aussi. Maintenant, pour refaire ce pont vers les VO et puis aussi sur la parentalité, parfois, lorsqu'on est deux parents, deux hommes, deux femmes, un homme, une femme, on n'a pas toujours eu la même éducation.
- Speaker #1
C'est pas rare. La même éducation.
- Speaker #0
Donc, pour se mettre d'accord et OK sur la même éducation pour le même enfant ou les mêmes enfants, c'est vraiment un espace de challenge. et pour un parent qui est solo aussi c'est encore complètement différent parce que là il n'y a pas non plus un autre regard et une autre façon d'analyser de regarder ce qui se passe aussi pour l'autre dans le couple et comment l'autre réagit est-ce que je peux m'en inspirer blablabla c'est vrai que c'est quand même pas simple du tout d'avoir
- Speaker #1
un appui ou pas aussi avec le conjoint comment comment faire comment toi tu accompagnes alors moi je travaille beaucoup sur la subjectivité Le fait de... comprendre que l'autre voit les choses dans un prisme qui n'est pas le nôtre. Et ça, c'est important, on va vers l'autre. Parce que comme tu le dis, on n'est pas en clone quand on est en couple. Et généralement, étrangement, on choisit quand même des profils qui ne nous ressemblent pas tant. On vient combler des choses en prenant chez l'autre des choses que nous, on n'a pas en nous. Et c'est ce qui donne quelque chose d'harmonieux, généralement. Et c'est vrai que quand on voit... son Ausha qui va réagir d'une certaine façon face à une situation et nous on va dire c'est bizarre moi je réagis pas du tout comme ça on va pouvoir aller regarder ce que ça vient dire de nous ça on n'aura pas toujours une réponse grâce à ça mais en tout cas ça permet d'avoir cet effet un peu de miroir en disant tiens moi quand mon enfant se roule par terre au supermarché pour le paquet de bonbons moi ça me met dans un état émotionnel intense et j'ai envie de faire arrêter cette scène par tous les moyens mon compagnon lui il réagit pas ou ma compagne il réagit pas pourquoi c'est différent chez lui Et là on va regarder ce qui s'est passé, on va essayer de comprendre dans son histoire, ses modèles, ce que ça amène. Quand on est parent solo, c'est plus compliqué parce qu'on ne peut pas forcément comparer. Et en même temps, tu vois, en t'entendant tout à l'heure dire ça, je me dis, parfois c'est moins compliqué. Parce que... Il y a les deux. Il y a les deux. Parce que quand on a un Ausha qui est dans une démarche pro-VO, c'est-à-dire, mais je dis pro, pas pro-conscient, c'est... Parce que dans son histoire, c'était normal de recevoir des brimades et tout ça. Il va le faire et l'autre parent va être observateur de ça, il va vouloir lutter contre ça. Donc on va rentrer en rapport de force. Ça peut être plus compliqué que quand on est tout seul. Alors, on ne se fait pas pour tircuter, entre guillemets. On dit bon, c'est mon mode de fonctionnement et c'est comme ça. Donc, il n'y a pas de bonne dynamique, on va dire. Chacun fait avec ce qu'il a aussi. Mais c'est vrai que d'avoir quelqu'un avec qui on peut en parler, Ça peut être un bon ami aussi, c'est pas forcément un Ausha.
- Speaker #0
Ça peut être une autre personne.
- Speaker #1
Ça peut être une tierce personne, ça peut être une personne avec qui on est assez en confiance pour dire ce que ça génère chez nous à ce moment.
- Speaker #0
Après si on reprend cet exemple qui est assez typique de cet enfant de deux ans qui pique sa crise pour le paquet de bonbons à la caisse du supermarché.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
et il pète sa crise comme on l'entend bien souvent. Moi j'ai des poils que c'est... hérisse quand j'entends ça parce qu'il ne pète pas non c'est jusque là il ya une émotion qui le déborde et ne sait pas quoi en faire une salle gérer c'est à nous parents de leur apprendre à gérer ça sauf que beaucoup d'adultes ne savent même pas gérer même leur démission comment vous pouvez vous gérer
- Speaker #1
sa propre émotion quand on sait pas le faire pour gérer l'émotion il ya une incohérence c'est juste pas possible moi ce que j'aime à dire aussi aux parents quand on est sur ce genre d'exemple là c'est Est-ce que dans cette situation, si vous aviez été dans un supermarché totalement vide, est-ce que vous auriez réagi de la même façon ? Le regard de la société, le regard de l'autre, le manque de confiance qu'on a. Et c'est normal, parce que les modèles éducatifs ne nous ont pas forcément nourri de confiance, mais on se retrouve sous le joug des regards de la société, entre guillemets, qui nous regarde. Ce parent doit réagir. Et en plus, tu le disais, c'est une émotion qui traverse l'enfant, l'enfant ne maîtrise pas ça. Ça y est, petit à petit, on sent que ces messages-là commencent un peu à imprégner les nouvelles générations de parents. Mais malgré tout, il y a encore aujourd'hui, il suffit d'aller regarder un peu, malheureusement, c'est ce que je fais des fois sur les réseaux sociaux, des commentaires qui disent, mais... des enfants rois en puissance, il y a beaucoup de croyances autour de l'émotion chez le jeune enfant et le fait que l'adulte doit absolument réagir, intervenir, canaliser, faire que ça s'arrête. Et oui,
- Speaker #0
il y avait un bouton.
- Speaker #1
Si seulement, on l'aurait trouvé, ça ne marcherait pas comme ça.
- Speaker #0
Du monde.
- Speaker #1
Et voilà l'idée de se dire, les regards des autres, ok, mais d'abord mon enfant, ma relation. C'est pas être égoïste, c'est pas... C'est se dire de toute façon, si là je commence à regarder la petite grand-mère qui me regarde de biais, si je commence à m'arrêter sur tout ce qu'il y a autour, je suis pas disponible à mon enfant. Et mon enfant, de toute façon, il est plus vraiment là, puisque l'émotion l'a attrapé. Et il sait pas du tout comment faire. Il a besoin de moi, à ce moment-là. Mais tout ça, c'est des choses... Tu vois, moi, je disais, mon grand garçon, mon grand, il a 11 ans. Il y a 11 ans, on ne parlait très... On parlait très peu de ça. Et du coup on voit les choses qui évoluent aussi, donc tant mieux, mais ça prend du temps pour que ça imprègne la société.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
tout à fait.
- Speaker #0
Donc il y a ce regard de la société aussi qui est très prégnant et qui va venir nous mettre encore plus mal, et on arrive en panique et on se dit « mon dieu, je suis un mauvais parent parce que je n'arrive pas à canaliser mon enfant » . Et c'est ce que le regard des gens me renvoie, ça c'est ce qu'on imagine dans sa tête. Oui. Ce n'est pas forcément vrai.
- Speaker #1
Ce que disent les gens, non.
- Speaker #0
Parce qu'il y a peut-être des parents autour qui disent « ah, j'ai vécu ça aussi » .
- Speaker #1
Oui. Justement, ces parents-là, montrez-vous dans ces moments-là. Moi, c'est ce que je fais. Allez,
- Speaker #0
un coup de main,
- Speaker #1
un sourire. Voilà, un sourire, rien qu'un sourire. C'est tellement aidant pour cette maman ou ce papa qui vit ça, qui se sent si seul face à cette situation. Ça change tout. Ça change tout et ça change aussi le regard des autres. C'est-à-dire de sentir que, ah tiens, elle, elle fait un petit sourire appuyé à cette maman. Bon, alors, je vais peut-être défoncer un peu les sourcils parce que peut-être qu'en vrai, ce qui se passe, ce n'est pas si simple. Exactement. Mais on a besoin de cette équipe là qui nous soutient et petit à petit on avance vers ça.
- Speaker #0
Et puis aussi que l'enfant à ce moment là, est-ce que c'était le bon moment pour partir aussi faire des courses avec lui ? Est-ce qu'on pouvait pas les faire à un autre moment ? Est-ce qu'il a fait sa sieste ? Est-ce qu'il a mangé ? Qu'est-ce qui se passe aussi pour lui à ce moment là ? Parce qu'il faut savoir aussi que un tout petit, On est sur un enfant de deux ans,
- Speaker #1
mais il y a d'autres frustrations qui arrivent quand ils sont plus grands.
- Speaker #0
Et un magasin, un supermarché par exemple, ou une pièce de forêt, ce qu'on veut, c'est beaucoup de stimuli.
- Speaker #1
C'est une stupéfiation.
- Speaker #0
Voilà, ce sont des sur-stimulations chez les tout-petits. Ils ne peuvent pas gérer, ça fait trop d'informations dans leur petit cerveau en un rien de temps. Ça fait trop trop trop trop trop. Même nous, bah au bout d'un moment on ne peut plus et on a besoin de s'isoler.
- Speaker #1
Et puis, on vit la frustration, on en vit au quotidien. Petit comme grand, après c'est la gestion de la frustration. Et bien sûr que l'enfant qui est tout petit n'a pas les capacités pour pouvoir gérer cette frustration. Pour autant, il va être confronté à ça. Et aujourd'hui, je le dis assez souvent quand je donne des formations, il y a des grands, ils ne savent toujours pas gérer leur frustration. Ils font leur équipe de footpair, ils cassent tout. Et on ne leur dit pas que ce sont des enfants rois pour le coup. Mais la frustration, on doit apprendre à vivre avec. tout de suite chercher comment l'éviter. Par contre, on va éviter de la générer. C'est-à-dire qu'emmener un enfant, je reprends ce que tu donnais comme contexte, emmener un enfant au supermarché alors qu'il est 18h30, qu'il est fatigué, il a deux ans, il y a la surstimulation, il y a le paquet de bonbons et c'est bientôt l'heure de manger, ça fait beaucoup peut-être. Du coup, peut-être qu'on peut nous réfléchir, mais des fois, il n'y a pas le choix. Donc, alors là, peut-être que la frustration, elle va être là et on va la prendre pour ce qu'elle est, c'est-à-dire quelque chose qui fait partie de la vie. Et ça ne veut pas dire qu'on va acheter le paquet de bonbons. Aussi. Ça veut juste dire qu'on va accepter ça, verbaliser à l'enfant ce qui est en train de se passer pour lui, parce que lui, il découvre pleinement là, et on va passer à autre chose. Mais ça ne va pas être facile. Ça, il faut l'accepter.
- Speaker #0
C'est ça. Et comme tu disais très justement là, verbaliser à l'enfant ce qu'il se passe pour lui.
- Speaker #1
Pour lui, et moi, j'ajouterais aussi, tu vois, Amélie, pour nous.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Ça, c'est important, sans verbaliser l'enfant, mais dire, tu vois là... Je vois que pour toi, c'est difficile. Et moi, je vais t'avouer que c'est difficile aussi parce que je suis fatiguée. Et c'est vrai que ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour toi et moi qu'on aille faire les courses. Mais maintenant qu'on est rendu au magasin, tu sais mon chat, on va aller faire ses courses. Donc, on va aller peut-être un peu plus vite. On va éviter de flâner dans les rayons, mais on va faire les courses. Dire ce qu'on ressent en tant que parent, c'est important. Pas dire ce qu'on reproche parce que ça ne sert à rien derrière l'enfant. à chaque fois tu me fais ton numéro, ça, ça n'a aucun intérêt à me dire. Là, tu vois... Je sens que c'est difficile pour toi, ça l'est aussi pour moi. Donc, on fait équipe ensemble, on va vite aller chercher ce qui nous manque et on va vite rentrer à la maison, on sera tranquilles tous les deux. Parce que ce n'est pas un combat, c'est une équipe. On est une équipe avec notre enfant. Et lui, il apprend de ça. aussi. C'est ce qui va aussi lui donner plus tard des ressources et peut-être que la fois d'après, il saura alors bon là l'exemple qu'on a utilisé c'est un enfant de 2 ans mais un enfant de 4-5 ans il va savoir dire des choses, des expériences qu'il aura vécu. Donc il va peut-être dire bon bah là je regarde pas, je passe tout droit je regarde pas le présentoir avec les kinder ou notre chocolat ou je sais quoi parce que je sais que je vais tenter parce que c'est aussi à nous de leur montrer ce qui peut nous attirer. Et oui,
- Speaker #0
de rentrer par le jeu aussi. Tiens, je t'y mets.
- Speaker #1
Voilà, c'est ça. On fait ensemble. On a une mission, c'est d'aller acheter des œufs, de la salade. Tout ça. Et pour nous, ça simplifie les choses et ça amène de la légèreté aussi. Parce que les courses à 18h30, quand on a la semaine dans les jambes, ce n'est pas une partie de plaisir forcément. C'est sûr.
- Speaker #0
Et de prendre les choses de cette manière-là, par ce biais-là, permet aussi de diminuer le risque de VEO.
- Speaker #1
C'est ça. C'est ça. Ça évite de rentrer dans un rapport de force encore une fois et de reprendre. Quand on a vécu une situation où il y a eu une crise, par exemple au supermarché, on va avoir tendance à revenir. Ce que ça s'est passé, tu te rappelles la dernière fois, tu m'avais fait ta crise, tu ne refais pas ça. Sauf que l'enfant, lui, il va entendre crise, supermarché, il y avait eu un truc. Ça va tout de suite l'activer là-dessus. Alors que si on dit, on a une mission, c'est d'aller faire les courses, tu es dans mon équipe. on va passer sur quelque chose de positif et on ne va pas relancer et donc on risque moins de nourrir un rapport de force et donc d'avoir recours à des VO qui vont être la dernière fois, quand tu as fait ça, c'était infernal et d'être dans les violences verbales avec cet enfant qui lui se rappelle peut-être.
- Speaker #0
Et de rappeler un mauvais souvenir.
- Speaker #1
C'est ça et de tout de suite se mettre en alerte aussi en tant que parent. Oui, oui, oui,
- Speaker #0
parce qu'impossiblement c'est ce qu'on a encore.
- Speaker #1
C'est sûr,
- Speaker #0
c'est sûr. Je vais au supermarché avec mon enfant,
- Speaker #1
c'est ça. Et alors du coup, on va se dire je ne vais plus y aller. Et alors, quand on peut faire autrement, c'est bien, mais au supermarché, ça fait partie de la vie aussi. L'enfant, on parle de supermarché, on pourrait parler de plein d'autres endroits où parfois il y a des crises, la piscine, on va sortir de la piscine.
- Speaker #0
Une salle d'attente.
- Speaker #1
Une salle d'attente. Il y a toujours des endroits où ça peut arriver, mais pour autant, on ne va pas faire abstraction à chaque fois. On ne va pas éviter. Il faut pouvoir se confronter aussi.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
tout à fait.
- Speaker #0
Ça peut être aussi un moment du quotidien, un moment du repas, un moment du coucher, un moment de mettre ses chaussures.
- Speaker #1
Le brossage des dents, partir.
- Speaker #0
Là aussi, comment gérer nous, notre timing, notre temps de sommeil, notre état de fatigue aussi quand on a des gros journées. Ou pas forcément,
- Speaker #1
mais on peut...
- Speaker #0
Le quotidien aussi.
- Speaker #1
C'est ça, le poids du quotidien. Et puis, la violence éducative ordinaire, elle s'immisce partout. Elles s'immiscent dans tout et même sans être dans un état de fatigue. Parfois, on a juste envie que les choses roulent toutes seules. Les enfants ne font pas toujours en sorte que tout roule tout seul. Ce n'est pas conscient. Mais parfois, ils ont aussi le droit, et tant mieux, de dire non. Les enfants se disent « mince, là, la journée se profilait bien. Et là, il y a une opposition. Qu'est-ce que je fais de cette opposition ? Est-ce que j'y vais en frontal parce que je veux que mon enfant se soumette ? » Je crois aussi les traits, mais il y a quand même un peu de ça dans le fond de notre esprit à ce moment-là. Je veux qu'il m'écoute parce que je suis l'adulte ou est-ce que je veux comprendre ce qui se passe chez lui ? Ça ne veut pas dire que je vais pour autant dire oui à tout. Mais là, lui, il me dit non pour ça. Peut-être qu'il y a un besoin chez lui à ce moment-là, que moi, je ne vois pas parce que moi, j'ai mes propres besoins. Aller vers l'autre, c'est aussi ça. Et ce n'est pas que quand ils sont jeunes enfants, quand ils grandissent. Moi, je disais, j'ai un garçon de 11 ans. Des fois, on n'est pas d'accord. Et pour autant, des fois, moi aussi, je... Je m'entends dire des choses et il me dit « Mais là, maman, en fait, tu ne m'écoutes pas, tu n'entends pas ce que je te dis. » Et tu as bien raison de pouvoir me le dire. Il a cet espace-là et ça, c'est important. Il n'est pas irrespectueux pour autant. Oui. Mais il me dit que là, j'ai atteint, je ne l'entends pas, je ne regarde pas ce qui se passe chez lui, je ne pense qu'à ce qui se passe chez moi. Et c'est important qu'il puisse me dire que là, il ne se sent pas respecté.
- Speaker #0
Oui. Oui, oui, oui. Et que lorsque l'enfant se met en opposition. face à son parent, ce n'est pas forcément non plus de l'irrespect.
- Speaker #1
Non, non. Ou alors, moi, je sais que j'ai des parents qui disent en fait, ils ne m'aiment pas. Ils me disent non à tout. Donc, c'est comme une forme de rejet. Ce n'est pas ça du tout. Mais justement, en fait, quand l'enfant s'autorise à dire non, c'est plutôt bon signe. Mais oui,
- Speaker #0
c'est dans sa construction.
- Speaker #1
Voilà. Il s'affirme en fait. Il est un être individuel. Alors, c'est dur pour nos parents. C'est vrai. Je vois comme c'est dur de les voir grandir et de les voir se défaire de nous et construire. Mais on est tellement fiers aussi de voir construire un petit être comme ça et de les voir devenir qui ils sont indépendamment de nous. Et c'est le but. Et c'est le but. Mais c'est vrai que parfois, le parent qui se retrouve face à un enfant qui s'oppose se sent rejeté pleinement, alors que ce n'est pas lui qui est rejeté. C'est ce qu'il essaye d'empêcher à faire de l'enfant. Il a besoin de voler de ses propres ailes et d'apprendre aussi.
- Speaker #0
C'est ça. Ce n'est pas de lui respecter, ce n'est pas se confronter aux parents pour le rejeter, ce n'est pas lui dire que je ne t'aime pas et il dégage. Ces mots-là,
- Speaker #1
ce n'est pas du tout ça. Mais c'est dur. C'est dur d'entendre en tant que parent son enfant qui est fâché et qui va dire que je ne t'aime pas de toute façon, que tu es méchante. On respire. On respire un bon coup et on peut comprendre que pour le parent, ça vient d'activer des choses. Et on revient sur le début de nos discussions. Peut-être que ça renvoie à des choses beaucoup plus profondes, d'entendre que peut-être notre parent... Il y a eu des choses dans notre relation avec notre parent à un moment donné qui ont un écho dans ces mots-là que notre enfant nous envoie. Qu'est-ce que ça vient dire aussi ?
- Speaker #0
Tu vois, par exemple, avec mon enfant, lorsqu'il me dit non, ça me scotche qu'il me dise non. Comment ça tu lui dis non ? Comme s'il n'avait pas le droit de dire non. C'est quand même terrible. Et donc, comme ça m'interpelle, je le laisse avec son nom.
- Speaker #1
Et je dis, ok.
- Speaker #0
Dans ma petite tête, je sais que dans quelques minutes, je l'y reviens. Mais je ne veux pas rentrer dans ces crises qui ne vont s'avérer à rien. Ou lui va s'énerver, ou moi je vais m'énerver. Sinon, pour le moment, ok. Je vais contourner le truc, je vais le faire différemment, je vais le proposer d'une autre manière. Et sinon,
- Speaker #1
ça passe. Mais oui. Et puis le nom, ça me fait penser, j'avais une maman qui m'expliquait qu'elle avait beaucoup de mal à installer son enfant dans le siège auto. Tu sais, il y a un âge où les petits, ils veulent plus se cambrer. Voilà, ils se cambrent. Et du coup,
- Speaker #0
elle me disait, voilà, pliez.
- Speaker #1
Et du coup, elle en était à questionner ses horaires de travail parce qu'elle arrivait toujours en retard à cause de ça. Et elle ne voulait pas contraindre son enfant. Et du coup, dans la discussion, elle arrivait à dire que peut-être c'était son rôle à un moment donné aussi. Le nom, parfois, c'est un nom aussi parce qu'il y a la sécurité. Et on est le cadre, parent. Ça, c'est une sacrée responsabilité. C'est vrai que c'est dur. Et quand on parlait tout à l'heure de la société, oui, la société vient nous dire ça. Parce que quand il y a des dérives, on nous dit, oui, mais c'est les parents. Le cadre, il est fondamental. Et l'enfant, il doit entendre aussi la limite du parent. Mais il a le droit, lui, de donner sa propre limite. Et cet enfant qui se cambre dans le siège, ben oui, on entend qu'il y a un besoin derrière. Mais là, le besoin pour le parent, il n'a pas le choix, parce que s'il se fait arrêter, de toute façon, ça ne va pas le faire. c'est d'attacher son enfant. pas le choix. Mais en tout cas, on peut verbaliser à l'enfant. Les devoirs, c'est des choses que moi je vois souvent avec les familles que j'accompagne. Les devoirs, il y a souvent des conflits. Mais à un moment donné, théoriquement, il ne devrait pas y avoir des devoirs écrits, d'accord, mais entre la théorie et la pratique. Mais à un moment donné, c'est aussi de dire peut-être que votre enfant, là, il ne veut pas à ce moment-là, parce qu'il revient de sa journée, il est fatigué, il n'est pas en disposition, mais il faudra le faire. Et ça, c'est à vous de trouver la meilleure manière de faire avec lui. En entendant ce que lui vous exprime par son nom. Pourquoi nom ? Peut-être qu'il y a des difficultés sur telle notion, et que du coup, on a envie de se plonger dans ses devoirs, parce qu'il est en difficulté là-dessus. Mais le nom dit toujours quelque chose.
- Speaker #0
C'est ça. Le nom exprime un besoin que l'enfant est dans. Il est en train de dire, ben non, là je ne peux pas, je suis en difficulté, mais là il y a un besoin pour moi. Et bien c'est, qu'est-ce que tu veux ? De quoi tu as besoin ? Qu'est-ce que tu es en train de me raconter en fait ? Donc c'est vraiment d'être... Comme tu disais tout à l'heure, être en équipe, ce n'est pas là où on est adversaire. C'est ça. Si on est en équipe, ça peut arriver. Tu peux m'expliquer et puis on va essayer de trouver la solution ensemble.
- Speaker #1
Et il y a le nom du parent aussi. Parce que les enfants, ils entendent plus souvent le nom du parent. On a plus de facilité pour leur dire.
- Speaker #0
On a l'éducation super positive.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et il y a le parent qui va dire non tout le temps et qui va même crier plusieurs fois dans la journée.
- Speaker #1
Quel est l'équilibre dans tout ça ? Et c'est vrai que c'est un vrai travail d'équilibriste d'être parent, parce qu'on essaie de faire toujours le mieux sur les accompagnements. En ce moment, j'ai beaucoup sur les écrans, par exemple. Mais oui, en même temps, c'est de leur génération. Mais j'ai peur parce que je vois les dérives. Il ne s'agit pas de dire non tout le temps à tous les enfants. C'est-à-dire que là aussi, il y a un besoin. Quand ils sont... Moi, je vois, j'ai un... Pré-ado, il n'exprime pas de besoin, mais je vois autour de lui ce qui se passe et je sais que c'est un besoin qui risque d'arriver. Et pour autant, je suis sensibilisée à cette question, je suis d'un temps à l'autre sur ce thème. Je ne vais pas l'exclure de cette réalité-là, c'est la sienne aussi. Mais par contre, je vais lui poser le cadre et les limites et je vais lui donner les informations nécessaires pour qu'il comprenne pourquoi en fait, moi, ça m'alerte. Et ce que je vois comme danger et ce que lui, il voit aussi comme bénéfice, parce qu'il y a des bénéfices.
- Speaker #0
et de le faire ensemble. Et on peut créer des règles. ensemble avec l'enfant, ces âges-là, 11 ans, là c'est facile. On peut créer les règles ensemble. que ce ne soient pas que les règles du parent, parce que ça peut amener ces indistinguitions.
- Speaker #1
Ils sont fort de propositions. Ils ont plein d'imagination. Ils ont plein d'idées et parfois, c'est peut-être des craintes aussi que peuvent avoir certains adultes, de dire ça va être irréalisable ce qu'ils vont me proposer, ils vont demander des trucs incroyables, on ne pourra pas. Non, en fait, ils sont plutôt pragmatiques les enfants. Ils ont conscience en fait de tous les éléments et de pourquoi. Donc voilà, il faut leur faire confiance et leur donner cet espace-là. Quand ils veulent sortir, il y a des âges où ils ont besoin de plus de liberté aussi. Parfois, on peut être un peu effrayé de tout ça, encore peut-être plus. La réalité, l'actualité nous effraient peut-être, mais ils sont assez sérieux si on leur a mis les jalons aussi, et s'ils savent que derrière, ils ont des parents qui vont être là aussi attentifs à eux, qui vont leur donner la possibilité de montrer qu'on peut leur faire confiance.
- Speaker #0
C'est ça. Et de les responsabiliser aussi. Là, mettons, par exemple, pour les devoirs, pour éviter que ça parte en crise, ou si c'est la crise, mettons, je ne sais pas, par exemple, tous les vendredis soirs, parce que chacun est épuisé aussi de sa semaine, parce qu'on a envie de passer à autre chose, peut-être de revoir ce moment-là, à quel moment on fait les devoirs dans le week-end.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Ce sera peut-être mieux, je ne sais pas, le dimanche matin ou le dimanche soir. Voir avec l'enfant ce que lui va proposer. Et là, il s'engage aussi quelque part. Là, c'est un biais d'engagement.
- Speaker #1
J'ai pris une décision et du coup je dois m'y tenir. Et je m'y tiens.
- Speaker #0
Dans le sens de responsabiliser l'enfant, et qu'il se dit, là je deviens grand, je suis un peu plus pris au sérieux et on m'écoute.
- Speaker #1
Ça crée complètement le stress. Mais dès le plus jeune âge, c'est des choses qui peuvent être mises en place. Tu parlais tout à l'heure du fait de mettre les chaussures. On peut les emmener aussi à ça. c'est-à-dire... Ils ont tellement envie de faire les enfants. Ils ont tellement envie d'être actifs. Alors ça prend un temps fou pour nous parents quand on est dans la course du quotidien. Mais il y a des petites choses, on peut leur donner ce pouvoir-là. Parce qu'ils en ont besoin. Et ça évite justement ces séquences de frustration. On va rentrer en rapport de force parce qu'on va se dire « Non, moi je n'ai pas le temps pour ça. » Et on avance. S'ils ont un tout petit peu d'espace pour ça, c'est...
- Speaker #0
Est-ce que c'est du coup à nous parents de prendre un peu plus le temps ? un peu plus de marge peut-être le matin pour laisser ce temps-là à l'enfant aussi, le temps qu'il s'habille, le temps qu'il mette ses chaussures, qu'il décide d'allacher ses jouets ou son livre.
- Speaker #1
Il y a le fait de pouvoir anticiper pour soi en tant que parent. Idéalement, c'est vrai que quand on est prêt avant nos enfants, c'est mieux, plutôt que d'être soi-même en train de courir et en se disant « Allez, on va espérer que pendant que je me brosse les dents, il va être en train de mettre ses chaussures. » Et on arrive et en fait, il n'était pas du tout à son affaire des chaussures, il était en train de faire une tour. mais c'est aussi de... faire les choses avec l'enfant, il y a plein de dispositifs, tu vois moi je me présente ça souvent aux familles, avec des petits tableaux quand ils sont en âge de pouvoir mettre des séquences, là je vais me brosser, ils sont actifs en fait, ils sont dans le moment, alors ça marche pas à tous les coups, faut être honnête, c'est comme tout, c'est un outil, c'est comme tout, mais au moins il y a un repère spatio-temporaire, c'est-à-dire il y a ce truc là dans le couloir, dans l'entrée où l'enfant il va pouvoir se référer, et Et le parent va être là en soutien. Et ça... fonctionnent généralement bien. Bien sûr d'imaginer que l'enfant va tout faire tout seul en disant juste parce que du haut de l'escalier on va dire tu penses à bien brosser tes doigts, à mettre tes chaussures, à faire ton sac il y a peu de chances que ça marche quand même, il y a vraiment peu de chances que ça marche. Mais quand on les rend actifs ils sont tellement contents, tellement fiers de dire t'as vu j'ai fait.
- Speaker #0
Et à nous de le voir aussi, de le voir,
- Speaker #1
de le savoir parce qu'on a tendance à très facilement voir ce qui va pas On va facilement voir le bol qui n'a pas été débarrassé. Ça, c'est une petite pensée pour mon fils ce matin, qui avait laissé tout. Et la première chose que j'ai vue, c'est ça. Et après, en fait, je me suis dit, mais regarde, j'ai un garçon qui a les cheveux très longs. Donc, il était coiffé, prêt. Et quand il est arrivé, j'allais juste faire la réfection pour le bol. Et en fait, il est arrivé, il a mis le bol au lave-vaisseur. Voilà, OK. Ça ne sert à rien de créer des problèmes là où il n'y en a pas, en fait. Parce qu'on fonctionne chacun de notre façon. Et moi, ce que j'attendais, c'était qu'il soit prêt. Et il l'était. Et moi, j'étais à la bourre.
- Speaker #0
Comme quoi, il y a des astuces qu'on peut trouver. Il y a des petites techniques qu'on peut mettre en place quand même assez facilement aussi. Mais il y a aussi une part de responsabilité de l'adulte, de se connaître. Que quand on a nos propres émotions aussi, il faut voir qu'est-ce qu'on en fait. Et si l'enfant nous renvoie aussi une émotion négative, entre guillemets, disons de la colère ou des grands pleurs, quelque chose qui ne le débat vraiment, que ça vienne nous toucher, là c'est un peu difficile de venir souffler et de dire « bon allez » . ça va aller et puis on va aller le prendre par le jeu. C'est là où souvent ça peut vite déborder. Et il y a quand même beaucoup d'enfants qui sont encore victimes de violences physiques. C'est assez hallucinant de voir que c'est quelque chose qui est...
- Speaker #1
La maltraitance est encore très présente. Et les chiffres ne baissent pas. On dit qu'un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents. Moi j'interviens avec une association qui s'appelle Stop V.O. Enfance sans violence et avec cette association on part du postulat qu'il y a un continuum entre les violences éducatives ordinaires qui sont pour certains, encore une fois je vais faire des guillemets avec mes doigts, mais des petites violences, mais qui laissent la porte ouverte à des violences caractérisées qui peuvent amener à la mort d'enfants. On a des articles de presse malheureusement qui arrivent régulièrement qui décrivent des situations d'enfants qui... sont morts sous les coups pour ne pas avoir écouté leurs parents. Parce que le petit Bastien, si ça veut rappeler un souvenir à certains, il a été mis dans une machine à laver à trois ans par son père parce qu'il n'écoutait pas. Et bien sûr, c'est des cas particuliers. Mais à partir du moment où on s'autorise à avoir des rapports comme ça avec les enfants, c'est-à-dire considérer que l'enfant doit se soumettre, et que c'est parfois par la violence qu'on va réussir à les faire se soumettre, alors les choses ne vont pas se régler. on est dans C'est un phénomène qu'on appelle l'adultisme, vraiment de penser que l'adulte a tout pouvoir sur l'enfant parce que lui sait, parce que l'adulte, il a son expérience. Mais l'enfant, il a tout à apprendre. Et ce n'est pas en soumettant, ce n'est pas en faisant mal, ce n'est pas en brimant que l'enfant apprend. Ça ne marche pas. On le sait. Donc, il y a encore beaucoup de choses à faire évoluer. Il y a une prise de conscience qui se fait petit à petit. Il y a des actualités qui posent des mots, même si c'est des choses douloureuses. mieux. Il y a des affaires qui mettent en lumière le fait que les maltraitances, ce ne sont pas que des maltraitances, des agressions sexuelles, les maltraitances notamment à Bétharam, là c'est de ce dont je parle, des élèves témoignent aussi de ce qu'ils ont pu vivre comme violences physiques et psychologiques, au-delà, pour certains, il n'y avait pas d'agressions sexuelles. L'emprise, la peur, parce que c'était vraiment un système, c'était vraiment comme ça. Et aujourd'hui encore, ça existe dans certains endroits. Heureusement, il y a des associations qui militent, qui mettent la lumière là-dessus, et qui viennent déconstruire ces croyances qui disent que l'éducation, ça doit être une forme de soumission. Non, ce n'est pas ça l'éducation. Mais on est un pays qui est assez ancré là-dedans, on sait que ça prend du temps, les choses changent petit à petit. On a des cultures, notamment les pays du Nord, comme la Suède, qui nous montrent aussi un autre regard de la place qu'on peut laisser aux enfants dans une société. Il y a des choses qui évoluent en France aussi. On a des conseils municipaux enfants, par exemple, qui se mettent en place un peu partout. Oui,
- Speaker #0
c'est vrai.
- Speaker #1
C'est des choses qui sont intéressantes, où on va donner un peu de pouvoir aux enfants, un petit peu, pas autant qu'on voudrait peut-être, mais c'est déjà ça. Et on tend à, et ça c'est déjà énorme.
- Speaker #0
Oui, et ce qu'il faut oublier, c'est que ces enfants, c'est les adultes de demain, c'est notre futur, c'est eux qui seront plus tard chefs d'État, qui seront partis du ministère, qui se seront... nos boulangers, nos infirmiers, etc. Moi,
- Speaker #1
j'ai un grand espoir de ces générations. Et tu vois, au-delà du fait de dire que les enfants d'aujourd'hui sont les adultes de demain, moi j'ai envie de dire que les enfants d'aujourd'hui sont les enfants d'aujourd'hui. C'est leur place d'enfants. Ils ont des droits. Et en fait, quand on vient parler des droits de l'enfant, moi pour Stovio, je suis référente régionale, donc je... Je vais présenter l'association auprès de collectivités et un jour j'ai une personne qui m'a dit « Vous parlez des droits de l'enfant, mais où sont les devoirs des enfants ? » Et je me suis dit « Ouais, on a du chemin parce que ça vient dire que dans l'esprit de certaines personnes, les enfants se doivent de faire les choses. » Mais en fait, l'enfance, c'est déjà tellement important. On le voit aujourd'hui, toi tu le vis avec tes patients, moi je le vis avec le mien, comme l'enfance peut impacter toute une vie. Et si cette enfance-là n'est pas nourrie de moments de légèreté, de joie, où ils ont de la place pour pouvoir exprimer leur aspiration, leur place d'enfant, alors en effet, quand ils seront adultes, peut-être que ce sera plus compliqué. C'est un espace qui est tellement à protéger.
- Speaker #0
Oh oui, mais tellement à protéger. Et il y a tellement d'études, de livres aussi sur les neurosciences, etc., sur l'impact. des violences sur le cerveau du tout petit, c'est juste mais incroyable. Les incidences à la vie d'adulte, Alice elle est longue comme le bras, je les mettrai prochainement, mais... C'est le risque de cancer,
- Speaker #1
de diabète,
- Speaker #0
d'hypertension, des troubles alimentaires.
- Speaker #1
Il y a des impacts qui sont de l'ordre physiologique, de l'ordre psychologique. Il y a des impacts sociétaux aussi, c'est-à-dire que quand on grandit dans un climat où on peut subir des violences physiques ou verbales parce qu'on n'a pas fait les choses comme l'autre l'attendait. peut-être que quand on va devenir adulte, alors on aura ce même mode de fonctionnement, conscient ou inconscient. Peut-être qu'on agira comme ça avec son épouse ou son époux. Les violences conjugales, c'est Mathieu Pallin qui a écrit un livre sur les personnes, des hommes qui sont dans un centre, parce qu'ils ont été accusés, condamnés à des peines parce qu'ils étaient violents avec leur conjointe. Et quand j'ai eu la chance d'échanger avec lui... Il expliquait que ces personnes-là, dans leur enfance, n'ont pas une éducation non violente, loin de là. Donc forcément, ça imbibe, ça imprègne aussi notre rapport à l'autre. Donc ça a un poids très, très lourd. Et tu le disais, les maladies, les troubles psychologiques, en France, on est quand même un gros consommateur de donsiolytiques. Et donc, voilà, il y a un effet important sur la société qu'il faut regarder. Pour autant Moi, je redis encore, il y a des choses qui changent et c'est vraiment rassurant aussi de voir que, au montant A, mais comme tu le disais sur les études, il y a plus de 150 études qui peuvent démontrer l'impact des violences éducatives ordinaires sur le développement de l'enfant et de l'adulte en devenir. Aucune étude ne montre que l'éducation non violente, elle, a un impact négatif. Donc, à moins qu'ils n'aient pas été mettre à vouloir faire ces études-là, mais aujourd'hui, on ne voit pas le côté négatif. Il y a des peurs. Les peurs, oui.
- Speaker #0
Mais on sait aussi très bien maintenant que... en donnant de la sécurité affective à un enfant, il est tout petit, ça crée un adulte beaucoup plus confiant,
- Speaker #1
beaucoup plus sûr de lui,
- Speaker #0
avec des capacités aussi de valorisation, etc. et des stigmes de soin qui sont vraiment importants.
- Speaker #1
Et puis l'enfant quand il grandit dans ce contexte là, il va aussi reconnaître les comportements qui sont pas ok. Quand on banalise des comportements qui sont... voilà, alors on va peut-être avoir plus de mal à questionner le fait que l'enseignant a eu tel mot, ou le conjoint, ou l'entraîneur de sport, ou le patron, ou le collègue, tout ça, ça s'apprend.
- Speaker #0
Le seuil de tolérance.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Le curseur n'est pas au même niveau.
- Speaker #1
Et puis souvent, il y a des argumentaires qui viennent avec, c'est-à-dire, quand on parle de VO, je fais ça pour ton bien, mais si on transpose aux violences conjugales, je ne fais ça pas parce que je t'aime. Et non, en fait, la violence ne peut jamais être une excuse. Ce n'est pas possible. Mais ça, on se doit de le répéter parce que, encore aujourd'hui, c'est bien ancré.
- Speaker #0
Trop ancré.
- Speaker #1
Trop ancré.
- Speaker #0
Trop ancré.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Et toi, parce qu'on arrive presque à la fin, qu'est-ce qui t'a amenée à vouloir te spécialiser dans ce domaine des VE ?
- Speaker #1
Alors, moi, je l'ai dit, j'ai deux enfants. Et puis comme beaucoup de jeunes parents, j'ai découvert l'AVO sur le tas face aux colères de mon fils. Je ne savais pas que ça allait se passer comme ça. Je ne savais pas qu'un enfant allait avoir des tempêtes émotionnelles. Je ne sais pas si ça va être tempête émotionnelle, on appelait ça décapril. Oui,
- Speaker #0
décapril, décapril. Les tempêtes émotionnelles, c'est Catherine Guéguerre.
- Speaker #1
Voilà,
- Speaker #0
très géométrique.
- Speaker #1
Voilà, et ça fait beaucoup plus de sens quand on le dit comme ça. Mais voilà, moi j'ai découvert ça avec mon garçon. Et j'ai surtout découvert les émotions que ça faisait rejaillir chez moi, qui étaient de l'ordre des émotions enfouies, parce que mon histoire d'enfant n'était pas celle que je voulais pour mes enfants. J'ai eu une enfance compliquée avec une mère seule, avec des problèmes d'addiction et un parcours un peu chaotique autour de ça. Donc moi je m'étais dit, tu vois l'image du livre, en fait le livre de mon enfant je le mets sur l'étagère au loin, tout en haut même. Et j'ai réécrit un nouveau livre. Sauf qu'en fait, non, ça m'a rattrapée. Et la colère que je ressentais vis-à-vis de mon fils, ça ne lui appartenait pas du tout. Et donc, je me suis rendue compte de ça par la force des choses. Et puis, j'ai toujours la chance d'avoir mon mari qui, lui, ne réagissait pas du tout de la même façon. Et je me disais, mais ce n'est pas possible. Pourquoi lui, ça ne l'active pas comme ça ? Pourquoi lui, il n'est pas en colère ? Et du coup, j'ai travaillé sur ça, sur moi. Et j'ai compris énormément de choses grâce à ça. De mon histoire aussi. Et quand tout à l'heure on disait, ça ne veut pas dire qu'on est obligé de condamner nos parents, c'est surtout important, moi ça a été important pour moi de me dire, ok, l'histoire de ma mère est la sienne, elle ne m'appartient pas. Et faire ce travail-là, ça prend du temps, mais après on est quand même en paix. Je me sens beaucoup plus en paix avec moi-même et plus en paix aussi avec mes enfants. De dire, en fait, je ne suis pas en train... de leur refiler quelque chose, de leur faire porter quelque chose qui ne leur appartient pas du tout, qui ne m'appartenait déjà pas. Mais voilà, ça a été le point de départ sur la prise de conscience sur les VO, parce que oui, mon fils a pris des fessées, il a été puni, et j'en suis pas fière, mais je me dis que beaucoup de gens le vivent, et j'ai eu vraiment envie de mettre à mon expérience. aussi au service des parents qui vivent ça et qui se sentent aussi mal que j'ai pu me sentir, c'est-à-dire se dire mais j'aime mes enfants mais en fait je souffre énormément parce que j'ai l'impression qu'ils se doivent de m'obéir. Il y avait vraiment ce truc, ils doivent se soumettre en fait mais c'était pas ça que ça venait de dire de moi.
- Speaker #0
Totalement, parce qu'on n'a pas d'autres modèles éducatifs que cette soumission quelque part. Et c'était une psychologue qui t'a accompagnée ?
- Speaker #1
Oui, j'ai une super psychologue. Ça a pris du temps, mais moi je ne peux que conseiller les parents quand j'en accompagne et je vois que c'est un travail plus profond qu'il faut entreprendre, je ne peux que conseiller d'aller voir un psychologue. Alors il y a des psychologues avec qui ça passe, d'autres ça passe pas, c'est pas grave on va frapper à une autre porte. Oui, oui. Parce que c'est pas les relations, dans n'importe quelle relation humaine, il y a des gens avec qui ça match et d'autres avec qui ça match pas, mais quand on ressent que c'est le moment alors il faut s'en saisir. Parce que c'est tellement libérateur. On n'a pas à vivre avec des poids comme ça. C'est important de s'en libérer.
- Speaker #0
Oui. Et ça a changé la relation après avec ton fils ?
- Speaker #1
Ça a changé la relation avec mes deux enfants. Avec les deux ?
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
ta fille est née aussi. Ma fille est née, mais elle était plus petite. Et puis bon, c'est ma fille. Et moi, ma problématique, elle était avec ma mère. Donc j'avais aussi des peurs de retransmettre. Il y a quelque chose d'assez particulier là, rapport mère-fille. Et non, non, j'ai une chance inouïe. Je suis tellement... tellement fière d'être la maman de ces deux enfants là parce que justement il nous pousse aussi à être les meilleurs de nous mêmes et ils ont aussi je dis ils je dis tous les ça s'inclu pas que les miens c'est tous les enfants du monde ils ont aussi cette capacité à être tellement bienveillant avec nous et ils nous offrent la bienveillance qu'on devrait pouvoir ça oui ça portait à nous mêmes et moi ça arrive des fois je l'ai dit tout à l'heure mais des fois je me fâche aussi, parce que je suis sensibilisée et que je donne des formations et que j'accompagne les parents.
- Speaker #0
Que tu t'épiles, non bien sûr.
- Speaker #1
Bien sûr que non, et il faut rester authentique un minimum, mais par contre quand mon fils me dit, non mais là maman c'est de la violence éducative ordinaire ce que tu fais là. Ok mon petit bonhomme, je crois que t'as mis le doigt sur ce qui n'allait pas. Et c'est super en fait, moi je suis trop reconnaissante de voir qu'il est en capacité de me mettre un stop et me dire en fait là, tu... Je suis des blocs, quand il me dit ça, il ne me le dit pas de cette façon, mais c'est ce que je retends, c'est la maman, c'est pas ok. Parce que du coup, il y a de l'espace dans notre relation pour ça. Moi, là où je serais vraiment peinée, c'est qu'il ne puisse plus me dire des choses et qu'on ait une distance.
- Speaker #0
Et que le dialogue se ronde.
- Speaker #1
C'est ça. La clé de la relation, c'est la communication. Alors, il y a des moments où ce n'est pas le moment. On sent que ce n'est pas le bon moment, mais quand on ne peut plus communiquer, alors là, il faut s'inquiéter.
- Speaker #0
Ne pas attendre le moment trop critique.
- Speaker #1
C'est ça. Ok, super.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a quelque chose que tu aimerais ajouter ?
- Speaker #1
Non, juste... Je ne sais pas si on l'a assez dit, mais je sais que c'est un sujet qui peut être culpabilisant, la question des violences éducatives ordinaires. La culpabilité, elle ne nous aide pas forcément à s'autoriser à dire les choses. Ce n'est pas faire aveu de faiblesse. C'est difficile d'être parent. on est dans une réalité où il y a des injonctions paradoxales de tous côtés. Il faut se faire confiance. Ça c'est la clé d'entendre ce que notre corps dit parce que il y a les mots et puis il y a ce qui se passe au creux de notre ventre là au moment où on se retrouve dans une situation où on sent que ça va pas et ça nous prend au niveau du ventre. C'est important aussi de s'autoriser à dire en fait c'est pas ce que je veux, je me sens pas bien et c'est ok de le dire vraiment. C'est vrai qu'on a un poids. Je dis les femmes, mais ce n'est pas vrai parce que les hommes, ils ont aussi cette image de l'autorité. C'est le papa qui doit être preuve d'autorité. C'est ce qui est totalement faux. Moi, clairement, dans notre couple, si mon mari entend cette interview, il ne dira pas non. Je suis plus autoritaire que lui et c'est OK, en fait. Mais c'est vrai que parfois, on a un peu ce poids-là. Les hommes doivent être le côté cadre, autoritaire. Et puis la maman, c'est l'amour. pas forcément... et puis on peut être et cadre et amour.
- Speaker #0
Et quand on est solo, on est tout.
- Speaker #1
Et ben voilà, et on est nous-mêmes en fait. Et c'est justement...
- Speaker #0
Un lien avec le sexe, le genre, c'est on est nous-mêmes.
- Speaker #1
On est qui on est, et c'est en accueillant qui on est qu'on va pouvoir faire...
- Speaker #0
Et sans culpabiliser puisqu'on a encore plein de choses à apprendre sur... sur l'éducation,
- Speaker #1
sur la parentalité.
- Speaker #0
Énormément de choses à apprendre, ce n'est pas pour culpabiliser, c'est pour faire de la prévention. Et lorsqu'on a conscience des choses, et lorsqu'on les voit, comme si on n'avait pas confiance, on ne sait pas. Quand on les voit, on fait « Ah, c'est là où on peut réagir. » C'est tout l'objectif de la sélection.
- Speaker #1
C'est vrai que le sujet des VO a amené des choses qu'on ne voulait pas voir ou qu'on ne voyait pas. Et il y a peut-être eu un petit travers avec la loi, c'est-à-dire qu'à un moment donné, on s'est mis à voir tout. C'est-à-dire que le parent qui se retrouvait à dire non, il frustrait son enfant, il ne faut pas faire ça parce que ça abîme le cerveau. Il y a eu des gros raccourcis qui ont été faits, donc il faut aussi déculpabiliser sur le fait que le parent, il a le droit de dire non, il a le droit de poser ses limites, le cadre, il est fondamental, la sécurité de l'enfant, c'est la responsabilité de l'adulte. Donc voilà, il faut se déculpabiliser aussi, c'est pas parce qu'on dit non à l'enfant que forcément il ne va pas nous aimer ou qu'on le brime. Par contre, il y a des noms qui peuvent aussi se discuter, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, avec l'enfant. Et puis il y a des noms sur lesquels ils sont non négociables. Il y a des noms non négociables, puis il y a des noms qui ne sont pas toujours légitimes de la part des parents. Et on peut aussi se remettre soi-même en question là-dessus.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci à toi, c'est super.
- Speaker #0
Et je vais mettre le lien vers tes différents réseaux pour savoir où on peut te retrouver.
- Speaker #1
Super.
- Speaker #0
Merci beaucoup pour ton intervention, c'était très chouette.
- Speaker #1
Merci à toi, Milly.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode, j'espère qu'il vous a plu. Vous pouvez m'aider en vous abonnant, en appuyant sur le petit cœur, liker et aider les autres parents qui en auraient besoin en partageant ce podcast autour de vous. Vous pouvez retrouver toutes les émissions sur le site internet de Sololitude, sur la page Facebook et Instagram au nom de Sololitude et de emily.avelyne. Donc, Emily, c'est E-M-I-L-I-E. A bientôt pour un prochain épisode de ce longitude.