- Lucie
Salut, c'est Lucie.
- Alban
Salut, c'est Alban.
- Lucie
Rentonnaire et parent de deux petites filles.
- Alban
Bienvenue dans Sous les Aurores.
- Lucie
Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.
- Alban
Sous les Aurores, c'est le podcast haut en couleur qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.
- Lucie
Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.
- Alban
Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin. et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,
- Lucie
moment de rire et d'émotion,
- Alban
et surtout, beaucoup de belles découvertes.
- Lucie
Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de Sous les aurores.
- Alban
Bonjour à tous et bienvenue sur un nouvel épisode de Sous les aurores. Aujourd'hui, un invité auquel on a eu accès grâce à une autre invitée sur ce podcast. On te remercie beaucoup Raphaël de nous avoir mis en relation avec le monsieur que nous recevons aujourd'hui. Il nous vient de loin, mais je ne préfère pas vous en dire trop pour l'instant.
- Lucie
On est très heureux de te recevoir.
- Timo
Je suis très heureux d'être là.
- Lucie
Merci beaucoup. Et pour d'abord apprendre à te connaître un peu plus, je vais te poser quelques petites questions. Comment tu t'appelles ? Depuis combien de temps tu viens en Norvège ? Dans quel domaine travailles-tu ? Et si tu peux nous partager un culture-choc qui t'a marqué à ton arrivée ou que tu continues de vivre au quotidien ?
- Timo
On va commencer par le nom. Je m'appelle Timo Virma Vita, je suis franco-franc-landais. Je suis arrivé en Norvège en août 2020. Je suis guide arctique, si on peut dire ça comme ça, et photographe. Et donc du coup, un culture-choc, pas plus que ça. Je me suis mangé peut-être la fierté norvégienne un peu en pleine tronche. de manière un peu bonne enfant, on va dire. Donc ça va.
- Alban
Je pense qu'un élément important aussi qu'il faut préciser, c'est que tu parles de ton arrivée en Norvège, mais où est-ce que tu vis en Norvège ?
- Timo
Je suis arrivé en août 2020 à Alta. J'ai passé quatre mois là-bas.
- Lucie
Donc Alta, pour les auditeurs, c'est une ville très au nord, c'est ça ?
- Timo
C'est ça.
- Alban
Encore plus haut que Tromsø.
- Timo
C'est dans le Finnmark. Oui, voilà. C'est un peu plus au nord que Tromsø. Et ensuite, de là... Je suis parti au mois de décembre à Longyearbyen, sur l'archipel de Svalbard. Et puis, je vis là-bas depuis décembre 2020.
- Lucie
Wow ! Et en plus, tu es arrivé en plein Covid ?
- Timo
Oui, c'est pour ça en fait. Donc, je faisais un an de formation. C'est une formation sur justement, guide dans les milieux polaires, qui s'appelle Arctic Nature Guide. Et qui se fait... Svalbard normalement. Et là, à cause du Covid, le premier semestre, il le faisait à Alta. Donc il y avait les vacances de Noël et comme c'était Covid, la plupart des gens, ils sont partis voir leur famille pendant Noël et moi je voulais pas repartir de la Norvège parce que je me suis dit que s'il y avait un autre lockdown, je l'avais dans le... Voilà quoi. Donc du coup, je suis parti, j'ai booké directement les billets pour Svalbard, étant donné que c'était mon objectif.
- Lucie
On va revenir sur ton parcours. Mais avant, j'ai quand même une petite anecdote parce qu'on parle du Covid et de Svalbard. Et nous, on a eu une petite histoire avec le Covid et Svalbard. C'est que normalement, en 2020, j'ai eu 30 ans en octobre. Et pour mes 30 ans, on avait prévu de faire un voyage au Svalbard, qui était réservé depuis assez longtemps. On avait trop hâte. Et du coup, le matin même, on avait nos valises qui étaient prêtes. On allait partir à l'aéroport et là, on a eu un appel de Oslo Comuna qui nous a dit qu'on n'était qu'à contact et qu'on devait s'enfermer. Et là, voilà l'anniversaire.
- Alban
On a sauvé les îles Valbar du Covid.
- Lucie
Si on était parti un jour plus tôt, on aurait peut-être refilé le Covid.
- Timo
Tout le monde l'a eu. Oui,
- Lucie
oui.
- Alban
Avant d'en arriver là où tu vis maintenant, j'aimerais revenir sur tes origines. C'est pas anodin et maintenant je t'en dis un peu plus. Je voulais garder ça pour le podcast. J'ai fait moi un an d'échange en Finlande.
- Timo
D'accord, ok.
- Alban
Et j'ai adoré la Finlande et c'est ça qui m'a ensuite donné plus tard envie de m'installer dans les pays nordiques.
- Timo
Ouais, ouais, ouais.
- Alban
Bon et là je vais te sortir mon finlandais. Moi, pervertuloa, mitakoulo, et voilà. Et après, je peux compter jusqu'à 10.
- Timo
Ok, on va faire le podcast en fin de mois. C'est parti.
- Lucie
Moi, tu m'as déjà perdu.
- Timo
Il m'a dit « Salut, bienvenue, comment ça va ? »
- Lucie
C'est l'essentiel.
- Alban
C'est pas mal. Du coup, parle-nous un peu de ton schéma d'enfance franco-finlandais, où tu as grandi. Oui,
- Timo
oui. Mon schéma d'enfance, écoute, mère finlandaise, père français. Donc, j'ai grandi en région parisienne, pas loin de Versailles en gros. Toute la famille du côté de ma mère finlandaise du coup. Depuis que je suis petit, toutes les vacances scolaires en Finlande. Puis la langue finlandaise à la maison quoi, avec ma mère. Mon père, pas du tout. Puis vers l'adolescence. Un gros rapprochement avec la Finlande à cause du métal parce que du coup en France, la musique quoi, parce qu'en France c'était pas populaire donc du coup c'était encore plus cool d'être bizarre.
- Alban
Ah bah tu venais du pays du métal !
- Timo
C'est ça ouais ! Du coup une grosse fierté à ce niveau là. J'avais jamais vraiment chopé le train pour partir. Quand j'avais 24 ans, bah pareil quoi, j'avais pas vraiment de schéma professionnel en France et un jour j'en ai eu marre j'ai fait bon vas-y je vends tout et je me casse quoi. J'avais rencontré un mec qui travaillait, qui était manager dans un hôtel de neige et de glace en Laponie. Et qui m'avait dit, si tu veux venir bosser là-dedans. Et du coup, j'ai fait, ouais, vas-y. Sauf que généralement, les gens qui travaillent là-dedans, c'est des saisons. Donc, c'est des saisonniers. Et puis, moi, je n'avais même pas réfléchi à ça. Je m'étais barré là-bas, j'ai acheté une voiture. Et puis, quand la saison était terminée, j'étais un peu en mode, genre, ah merde, qu'est-ce que je fais ?
- Alban
Qu'est-ce que je vais faire ? Non.
- Timo
Et puis finalement, après, j'ai fait des petits jobs. Je suis resté en fait en Laponie tout le temps. Depuis 2016, j'ai quitté la France. Mais j'avais la double nationalité franco-fondandaise depuis que je suis petit. Donc du coup, pour aller en Finlande, c'était facile. Depuis, je parlais la langue et tout. Donc du coup...
- Lucie
Ton intégration, ça devait...
- Timo
Non, c'était différent parce que t'es en France, tu te sens beaucoup plus Finlandais que les autres. Et c'est normal. Et t'es en Finlande, tu te sens beaucoup plus français que les autres. Oui, mal aussi. Mais après... Quand je travaille dans le tourisme, c'est des milieux très internationaux. Donc, quelque part, je ne me sentais pas hyper français non plus. Je venais dans un truc où il y avait des gens de partout. Et puis, moi, j'avais le privilège, on va dire, d'être un local, finalement. Du coup, j'ai pu m'adapter super rapidement là-bas. Ce qui a été différent quand je suis venu en Norvège, pour le coup.
- Alban
C'est très beau teasing parce que l'image, je trouve, que la Finlande a en Norvège,
- Timo
c'est un pays cheap.
- Alban
Oui, ça c'est vrai. La booze cruise et l'alcool cheap. Mais c'est surtout que les gens sont beaucoup plus froids, qui sont complètement différents. Les Norvégiens n'ont rien à voir avec la Finlande. Ils sont très, très réservés. Et moi, quand je suis arrivé ici, un peu béatement, je me disais, vous savez, moi, je viens en Norvège, mais parce qu'à la base, j'aime la Finlande. Quoi ? Donc, les gens ne comprenaient pas du tout. Et du coup, j'explique simplement, je leur dis non, bien sûr, vous n'avez mis à l'ordre. rien à voir, mais le respect,
- Timo
la propriété. C'est très important pour les Norvégiens de ne rien avoir avec les autres. C'est toujours quand même un petit peu mieux d'être Norvégien.
- Alban
Il y a un petit plus. Et du coup,
- Lucie
tu es en Laponie.
- Timo
Je bosse dans une grande boîte de tourisme qui s'appelle La Plaine Safarise. Et puis du coup, tout au long de l'année, je fais des jobs un peu différents. Donc l'hiver, je guide et je suis... Je suis tour coordinator, je bosse et au bureau et sur le terrain. C'est pour une boîte française qui envoyait des centaines de touristes par semaine. Ensuite, l'été, je faisais de la maintenance pour un des hôtels. L'automne, je bosse au recrutement et l'hiver, la saison reprend et on recommence. Je fais ça pendant quatre ans.
- Lucie
Et les activités, du coup, en hiver, c'est guide ?
- Timo
Ouais, c'est motoneche, chancle, truc comme ça. Mais c'est très... Dans le tourisme, tu peux dire que c'est très fast-food. C'est des groupes de minimum 30 personnes. Oui, là, c'est plutôt du tourisme de masse. C'est très mass-tourisme.
- Lucie
Ça te dérangeait ?
- Timo
La première année, c'est trop cool. Tu sors du cadre... français ou le travail ça doit être pénible sinon tu devrais tu serais pas payé pour et comme ça tu arrives là bas et tu fais un training en motoneige et tu apprends que tu es payé le jour du training juste conduire une motoneige dans les bois tu fais mais c'est mon taf ça c'est bizarre première année non non des étoiles plein les yeux quoi on va dire et après au fur et à mesure je vois vite la réalité je vois très vite en fait les conséquences du truc je voulais essayer de voir voir un peu faire quelque chose d'un peu moins mass touristique. Et puis aussi, À 25 ans, t'as envie de te prouver des trucs à toi-même et tout, donc t'as un peu envie d'être Mike Horn aussi quand tu passes dans le tourisme. Enfin, dans le tourisme d'aventure, on va dire.
- Alban
Et est-ce que tu penses que justement tes origines finlandaises ont contribué à ça ?
- Timo
Ouais, ouais, à fond. Je pense qu'il y a aussi le fait que comme j'avais pas suivi d'études particulières, il y a aussi au bout d'un moment, t'as envie de te prouver que t'es indépendant, que t'es... je sais pas, moi, fort, que tu sais, te débrouiller tout seul. Et donc, du coup, après, ça, tu peux l'étendre à plein de choses.
- Alban
Le décliner sur plein de choses.
- Timo
Ouais, ouais, c'est ça.
- Alban
Est-ce que t'as le sissou ?
- Timo
Ça dépend. J'adore. Ça dépend. Je suis très franco-frolandais, tu vois. Je choisis mes jours.
- Alban
D'accord.
- Lucie
Tu peux expliquer ce que c'est,
- Alban
le sissou ? Je vais te demander à toi de savoir.
- Timo
Le sissou, en gros, c'est le fait de pouvoir, comment tu dis en français, overcome. c'est un peu la résilience de la résilience par rapport aux difficultés généralement tu vas dire physique Alban qui a sa jambe coincée sous une pierre de 100 kilos et bien normalement tu n'arrives pas à soulever 100 kilos mais là avec le sissou tu vas y arriver parce que tu as une bonne raison c'est vraiment un état d'esprit c'est même un art de vivre phalandais aussi il y avait les 3 S il y avait le sissou,
- Alban
le sauna et j'ai oublié le 3ème ah ouais ?
- Timo
Abus ! je ne le sais pas.
- Alban
Ah bon ? Il faudrait que tu vérifies mes sources. Il y en a un de troisième, mais je vis que c'était...
- Timo
Peut-être Suomi, je n'en sais rien.
- Lucie
Et qu'est-ce qui t'a sensibilisé à l'écologie, la nature ? Est-ce que tu as toujours baigné dans ça ?
- Timo
Toujours un peu. Toujours un peu. Même en France, tu vois, ma soeur, elle... Elle, elle avait commencé à faire des trucs vraiment genre zéro déchet, etc. Avant que je parte même en...
- Lucie
Ça venait de vos parents ?
- Timo
En fait, je pense que quand tu nais franco-nordique, je pense de manière générale, surtout si tu vis en région parisienne, tu vois un gros contraste entre quand tu pars en vacances dans un pays où il y a beaucoup moins de... personne déjà et beaucoup moins de pollution etc etc et beaucoup plus de nature un peu je la considère plus comme untouched parce que quand tu vis au Svalbard tu vois vraiment ce que c'est quelque chose de untouched et donc du coup je pense que quand tu vois ce contraste là tu donnes beaucoup de valeur à ça et donc du coup je pense que tu grandis avec une certaine certaine compréhension de ça donc je pense que ça on l'a depuis qu'on est petit quoi et ensuite ça se développe de plus en plus Avec le travail, là où je suis, je vois des glaciers fondre, je vois des glaciers diminuer énormément d'année en année, je vois plein d'animaux magnifiques qui sont menacés d'extinction. Et puis après, comme tout le monde, je me renseigne. Oui,
- Lucie
du coup, ça te touche de plus en plus.
- Timo
Bien sûr, bien sûr. Sachant que je suis une personne qui doit avoir une des empreintes carbone les pires de l'univers. Parce que quand tu vis à Longyearbyen, c'est horrible. Mais bon, malheureusement, oui.
- Lucie
Par rapport au fait de prendre l'avion ?
- Timo
Par rapport au fait de prendre l'avion, par rapport à comment l'énergie est là-bas. Et là, on est passé du charbon à quelque chose de beaucoup plus green qu'on appelle le diesel. Donc du coup, c'est que des choses comme ça.
- Lucie
Est-ce que tu peux nous expliquer comment tu es passé de la Laponie à la Norvège ?
- Timo
Du coup, par cette formation, j'étais en Laponie. Puis je me suis un petit peu lassé du côté masterisme, justement. et il y avait cette formation dont une personne Une pote m'avait parlé, qui se passait au Svalbard justement, qui s'appelait Arctic Nature Guy, et qui m'avait dit, peut-être que ça t'intéresserait, parce qu'on avait justement parlé, et puis moi je me disais, est-ce que je devrais faire la formation, parce que je n'avais pas suivi de formation à proprement parler, universitaire ni rien. Et il y en a une, justement en Laponie, là où j'habitais, à côté. Je me disais, peut-être que je devrais faire ça une année. Elle me dit, tu ne vas rien apprendre par rapport à ce que tu as déjà fait. Elle m'a dit, par contre, il y a celle-ci, Svalbard et tout. Du coup, c'était sur dossier. En mai, j'étais encore en Laponie. Puis j'ai paqué toutes mes affaires. Je suis parti en juin en France pour deux mois. Et puis après, en août, je suis parti.
- Lucie
Et comment ça se passe, une formation de guide arctique ? Vous êtes combien ? Est-ce que c'est beaucoup théorique, pratique ?
- Timo
Alors, c'est une bonne question. Je pense que ma première réflexion, c'est hyper déçu.
- Alban
Ah ouais ?
- Timo
Hyper déçu parce qu'ils te vendent ça sur Internet en mode genre « Ouais, est-ce que tu l'as en toi ? » Punaise,
- Alban
mais attends, moi je vous imagine tout le pot de baie, aller ramasser de l'huile baie,
- Timo
chasser... Énormément de teasing et surtout, en fait, ils te demandent déjà des années d'expérience professionnelle pour pouvoir ne serait-ce que postuler, en fait.
- Lucie
Est-ce que tu sais s'il y a beaucoup de gens qui postulent ?
- Timo
A priori, oui, parce qu'ils en... Ils disent qu'il y a énormément de candidatures et qu'ils en prennent qu'à peu près 20. Quand j'arrive, en fait, ils ne mettent pas ça sur le site, mais cette formation-là est la deuxième année d'un cursus de 3 ans universitaire norvégien. Donc, tu te retrouves avec déjà plus de la moitié de la classe qui sont des Norvégiens de 18 balais qui font ça parce qu'ils ne savent pas trop ce qu'ils veulent étudier. Et puis, Freelift Live, c'est marrant. Freelift Live, c'est littéralement traduit en anglais Free Air Live, mais Freelift, c'est le fait... d'être dehors. Et free-lifesleeves, c'est le lifestyle de tu sors, tu hikes.
- Lucie
C'est un concept très norvégien.
- Timo
Ouais, voilà. Je rencontre pas du tout personne que j'expectais attendait je m'attendais à en tout et je vais que voir des aventuriers non pas nécessairement mais en fait ce que je me disais c'est je me disais surtout genre a vu ce qu'ils demandent je vais rencontrer des guides en fait de d'endroits différents je vais rencontrer pas moi des américains des gens qui ont déjà une expérience des trucs ouais voilà et puis qui ont déjà une expérience et un intérêt ouais voilà Un vrai encas. Et donc là, du coup, tu te rends compte un peu. Donc, tu ne sais pas vraiment qui est là par vocation, qui est là parce qu'il s'est... Par défaut. Par défaut, en gros, quoi. Et puis... Et aussi, je me retrouve avec que des Norvégiens danois, donc, enfin, scandinaves, quoi. Que des Allemands et moi. Donc, du coup, en fait, la classe, elle se divise en gars qui parlent scandinave, en gars qui parlent... Enfin, en gars, il y avait des filles aussi. Je veux dire, en personne qui parle scandinave, en personne qui parle allemand. Et puis, bah, ouais, moi au milieu. Donc, un peu à l'écart, quoi.
- Lucie
Oui, parce que danois et norvégiens, ils peuvent se comprendre.
- Timo
Oui, à fond, à fond, à fond. Danois, suédois,
- Lucie
norvégiens. Mais finlandais,
- Timo
ça n'a rien à voir. C'est un avoir, un avenir total.
- Lucie
Et l'allemand, pareil. Tu te sens un peu seul.
- Timo
Mais oui, un peu bizarre. Et puis, encore une fois, du coup, on en parlait tout à l'heure. Je m'en mange un peu la fierté norvégienne. Tu sais, tu as les blagues à la con sur les Belges. En France, du coup, généralement, pour les Norvégiens, les Finlandais, c'est toujours le Suédois, les Bébils, tu vois. Et là, comme il n'y avait pas de Suédois, ils aimaient bien faire toutes leurs blagues sur les Finlandais, etc.
- Alban
C'est quoi un peu les stéréotypes ou les blagues norvégiennes sur les Suédois ?
- Timo
En fait, ce n'est même pas vraiment des blagues. Au final, c'est juste une histoire de mettre que la Norvège, c'est quand même mieux. Les Norvégiens, c'est quand même mieux. et tout ça par exemple c'est quelque chose qui m'avait un peu choqué juste du fait que En Finlande, je trouve que c'était quand même beaucoup moins... Tu en as toujours des blagues, tu sais, genre, « Ouais, ben, celui-là, c'est un blaireau, tu vois. » Mais je n'ai jamais trouvé ça aussi intense, en fait, que ce que je me mangeais dans la tronche. Et donc, je trouvais ça, en fait, hyper compétitif dès le début. Alors que moi, je n'étais pas là pour la compète, en fait, à la base. Après, ça a commencé à être un peu plus intéressant, quoi. Puis c'est pareil, des gars qui, au début, veulent faire les gros bras, et puis, au fait, ils s'épuisent vite. Et en fait, c'est des gens comme tout le monde. et après, aujourd'hui, c'est des bons potes. Mais au début, il y avait un peu de ça. Donc, un peu déçu par la formation à la base.
- Lucie
Ça a duré combien de temps ?
- Timo
Un an. C'est une formation d'un an. Après, le contenu, c'était cool. Ça commence par un stage, un truc sur glacier. Du coup, tu apprends tout de A à Z. La sécu. Moi, j'ai foutu les pieds sur un glacier, par exemple.
- Lucie
Et tu vas direct sur le glacier ?
- Timo
Non, tu fais une semaine de cours avant. une semaine de cours théorique sur ce que c'est qu'un glacier pourquoi c'est là comment ça marche etc les différents types de glaciers c'était en anglais la formation ? c'était en anglais ah ouais donc du coup de la théorie comme ça et ensuite de la pratique donc du coup tu pars une semaine sur un glacier puis tu fais un base camp et puis t'es dans ton ton campement t'es par groupe et puis tu vas faire ce que t'as à faire sur le glacier mais du coup t'apprends pas mal de bases ensuite il y avait faire des treks de plusieurs jours Mais en gros, ce n'était pas des treks en suivant un trail ou quoi. C'est plus genre, bon, on est là. Et puis, pareil, tu n'es toujours pas groupe. Et puis, le but, c'est d'aller là. Et puis ensuite, un groupe va guider toute la classe tous les jours. Et puis, du coup, le groupe choisit la route qu'il prend. Il explique pourquoi, etc. Et beaucoup de... Tu t'attends, en fait, à ce que ce soit énormément sur, comme tu disais, des hard skills, en fait. On appelle ça des hard skills. Genre... le fait de savoir faire beaucoup de choses. Et en fait, finalement, tu dois travailler énormément sur ce qu'on va plus appeler les soft skills, à savoir comment tu gères un groupe. Parce que quand tu es guide, finalement, ceux qui payent pour aller voir un glacier, ce n'est pas nécessairement que des gens qualifiés du tout. Et donc, du coup, comment toi, tu gères ça derrière. Et je pense que ça, ça a été... frustrant pour beaucoup de monde qui était là justement pour être un peu en mode compétitif. Comment gérer un client délicat par contre. Et beaucoup plus dans ça justement que de... Je trouvais ça assez intéressant justement. Parce que du coup, tu redescends très vite du côté tu veux être un explorateur ben non, tu vas gérer un groupe de relous. Limite, c'est ça.
- Lucie
Je pense que les formateurs au revoir Ils ont l'expérience, ils savent à quoi vous allez faire face.
- Timo
Oui, carrément.
- Lucie
Tu ressors, tu as l'impression d'avoir appris beaucoup ?
- Timo
Je ressors en me disant que c'était quand même un peu overrated. Pourquoi ? Parce que je me dis quand même, même aujourd'hui, que si le processus de recrutement avait été tel que je l'avais imaginé au début, je pense que j'en aurais quand même plus appris beaucoup plus parce que j'aurais été avec des gens qui auraient plus eu la volonté d'aller un peu plus en profondeur dans les sujets. Tant que là, quand tu as des gens de 18-20 ans, eux, c'est genre « Ah ben non, l'école, elle est finie. Nous, on veut aller au bar. Nous, on veut faire ci. Nous, on veut faire ça. » Et puis, le côté norvégien, peut-être nordique, de manière générale, à dire que quand tu n'es pas au taf, tu n'es pas au taf. Quand tu n'es pas en formation ben non t'es pas en formation quoi du Alors que moi, j'avais plus le côté de ben non, moi, je fais cette formation parce que ça m'intéresse. Donc, en fait, mon temps libre ou ma formation,
- Lucie
je le corrèle.
- Timo
Mais c'était très différent.
- Lucie
Donc, par exemple, tu avais envie d'en parler après la journée.
- Timo
Donc, du coup, tu te retrouves un peu genre bon, ben non, ok. Et la deuxième partie de la formation, il y avait un stage à faire dans une boîte de tourisme. Justement, tu devais faire deux mois de stage. Et là, c'est là où j'ai commencé à aimer plus. parce que du coup, je retrouvais dans un univers professionnel avec des gens qui étaient des vrais guides, quoi. Pas des gars qui jouaient au guide dans une formation sans savoir ce que c'est vraiment que de guider des touristes, quoi, finalement. À partir de là, ça a été plus facile. Parce qu'en fait, je suis rentré dans une boîte pour laquelle j'ai bossé pendant trois ans après, à Tuites. Parce que pareil, j'étais le seul à avoir un profil, entre guillemets, professionnel déjà de base.
- Alban
Tu étais facilement... recrutables, on va dire.
- Timo
Oui, exactement. J'étais le premier qui avait conduit des motoneiges avant ou des trucs comme ça. Forcément, pour une boîte qui fait ça, c'est beaucoup plus intéressant. Bien sûr.
- Lucie
Question plus pratique pour ceux qui seraient intéressés par une formation comme ça. Tu avais anticipé et tu avais financièrement mis de l'argent de côté pendant cette formation. Tu travaillais à côté ou est-ce qu'il y a des aides de l'État norvégien ?
- Timo
Non, aucune aide. Moi, ce que j'avais fait, c'était quand j'avais travaillé, quand j'avais vu la formation un an et demi avant, j'ai commencé à mettre de côté. Je devais avoir peut-être 10 000 balles de côté.
- Lucie
Même dans le nord de la Norvège, j'imagine que c'est quand même assez cher le coût de la vie ?
- Timo
Oui, plus là-bas même, je pense qu'ici, sur beaucoup de choses.
- Lucie
Comme quoi, par exemple ?
- Timo
La bouffe, comme tout est importé, c'est forcément plus cher. Et là-bas ? Mais c'est kiff-kiff en vrai parce qu'on regardait ça avec ma copine. Et en fait, il y a certains trucs, pour des raisons qu'on ne sait pas trop, qui sont plus chers ici que là-bas. Et puis d'autres trucs, c'est l'inverse. Du coup, ça équilibre un peu. Le logement là-bas, hyper cher. Et en faire, pas possible.
- Alban
Donc là, Alta toujours ?
- Timo
Non, Asphalt Barrage. Non, non, quand tu fais la formation, peut-être que je m'éloigne un peu du sujet, quand tu fais la formation, après, t'es étudiant, donc du coup, c'est logement étudiant, etc. Du coup, c'est Sabchip Naden, je ne sais pas comment ça s'appelle, qui gère ça, mais du coup, pas d'aide.
- Lucie
Et du coup, tu fais les stages au Svalbard ? Et tu enchaînes direct par... Du TAF, ouais. Un CDI direct ?
- Timo
Un CDI, c'est des contrats saisonniers qui renouvellent.
- Alban
Et est-ce que le boulot t'a plu directement ? Ouais,
- Timo
ouais, ouais. Ça me plaisait parce que, en plus, c'était période Covid, des groupes beaucoup plus petits. On n'avait quasiment que des Norvégiens parce que c'était la seule destination de voyage accessible pour les Norvégiens. Il n'y avait pas de Covid.
- Alban
Tu as failli avoir un couple de Français qui n'avaient plus venir.
- Timo
Mais c'était vraiment cool parce que du coup, en fait, comparé à ce que j'avais habitué, j'étais habitué en Finlande, il y avait beaucoup moins de personnes. dans les groupes, donc des groupes beaucoup plus petits. Donc, j'avais l'impression d'être beaucoup plus proche des gens que je guidais. Et aussi, très différent là où en Laponie, pendant... Sors faire une excursion de trois heures de motoneige, tu couvres quasiment aucune distance parce qu'en fait, en trois heures, le temps d'expliquer comment ça marche, je le fous de tout le monde sur la motoneige. Tu fais des petits chemins de forêt, donc du coup, tu roules assez lentement, etc. Svalbard, la forêt, ça n'existe pas. Il n'y a que des vallées immenses. Et si tu ne bourrines pas un peu... t'arrives nulle part en fait. Donc du coup, t'as moins d'obstacles. Donc du coup, les gens arrivent à conduire un peu plus. Et les journées sont beaucoup plus longues aussi sur les excursions. Donc c'est entre 5 et 12 heures.
- Lucie
Pour ceux qui connaissent pas, comment tu décrirais le Svalbard ? Comment c'est ?
- Timo
Svalbard, c'est des terres désolées. C'est à 78 degrés d'or, la capitale. Ça s'étend jusqu'à 80 degrés nord presque. Donc du coup, c'est des cailloux, des grandes montagnes plates et plein de vallées. C'est comme ça. Et l'hiver, beaucoup de glace. Et la mer, c'est un archipel, donc des petites îles. Mais c'est...
- Lucie
Il n'y a qu'une seule ville ?
- Timo
C'est comme l'Islande, mais sans les parties, avec un peu de végétation.
- Lucie
D'accord, il n'y a vraiment pas du tout de végétation.
- Timo
Pas du tout, oui. La végétation qu'il y a, c'est des... des rudiments de plantes qui arrivent à se suffire à elles-mêmes. Du coup, il y a très peu de végétation à 60% du territoire qui est recouvert par les glaciers.
- Lucie
Et il y a des routes, des infrastructures ?
- Timo
Donc, il y a la ville de Longyearbyen qui a, je crois, peut-être au total 30 kilomètres de route, depuis l'aéroport jusqu'à la mine 7 où c'est la fin. Et puis ensuite, toutes les petites routes qu'il y a dans le... dans la ville en elle-même, et c'est tout.
- Lucie
Il n'y a pas d'autres villes sur l'île ?
- Timo
Si, il y a la ville russe de Barentsburg, et il y a l'ancienne ville russe de Pyramiden, qui a abandonné. Et ensuite, il y a un campement scientifique de New Orleans, du coup, plus au nord.
- Alban
Quels ont été les grands changements pour toi, comparé à ta vie en Laponie ? Ensuite, Alta, une autre ville norvégienne. et de passer au Svalbard ? Quels ont été les surprises ? Qu'est-ce qui a changé dans ton quotidien ?
- Timo
On peut faire un aspect négatif, un aspect positif. Un aspect négatif, je pense, c'est le manque d'indépendance parce que du coup, tu passes d'un endroit... Moi, j'étais en Laponie, j'étais quand même assez bien dans le sens où tu es dans un endroit où tu as le citizenship, la nationalité, tu as une voiture, tu as ton... Voilà quoi. Ta vie, elle est bien. Et ensuite, d'un coup, tu redeviens... un étudiant j'avais pas de voiture Alta sans voiture c'est chiant à mourir quoi à part j'allais à la salle de sport tous les jours le matin et le soir parce que j'avais rien d'autre à foutre quoi puis le fait de pas parler la langue aussi donc au début j'étais motivé je voulais essayer de trouver un moyen de le faire et puis il n'y avait rien qui collait avec l'emploi du temps de la formation donc du coup c'était pas possible et Svalbard il y a Merci. quand même le fait que pendant le Covid, du coup, j'ai vraiment été coincé sur l'île deux ans et demi. Et puis c'est une ville de 2500 habitants maximum, donc 2500 quand l'université est pleine. Donc du coup, c'est genre aux alentours de 2000 habitants pendant le Covid peut-être. Donc deux ans et demi là dedans, tu deviens un peu taré à la fin. Ça, c'était peut-être les aspects négatifs, le côté où tu te sens peut-être un peu coincé, isolé, coincé. et puis... Pas vraiment isolé dans le sens où tu es loin de tout, mais plus coincé dans le sens où tu es coincé dans ce bateau-là avec ces gens-là et tu n'as pas le choix.
- Lucie
Mais est-ce que vu que vous êtes tous dans le même bateau, est-ce qu'il y a un peu une solidarité ? Les gens deviennent amis très facilement parce que vous êtes coincés sur la même ligne ?
- Timo
Alors ça, c'est très intéressant parce qu'il y a plein de gens qui te disent que oui. Et moi, je ne ressentais pas du tout ça. Moi, comparé par exemple à la solidarité que j'ai eue avec les collègues et les gens... quand je vivais en Laponie, parce que c'était un tout petit village finalement, là où je vivais surtout l'été, où c'était pas la haute saison, où il n'y avait qu'un petit peu des touristes finlandais vite fait, mais c'était beaucoup plus petit que la ville de Longyearbyen finalement. Désolé, mais moi, la solidarité, bof quoi.
- Lucie
Vous trouvez les gens plutôt individualistes ?
- Timo
Ouais, très individualistes. Un petit truc. Ouais, ouais, ouais. Sinon, c'est genre, je vais t'aider, mais à partir du moment où t'as un truc intéressant à proposer. Si c'est juste parce que t'as besoin d'aide, j'ai autre chose
- Lucie
Les points positifs, le salaire. Forcément, ça fait du bien comparé au salaire finlandais. Le salaire norvégien, c'est toujours cool. Surtout avec les taxes de Svalbard. Parce que du coup, au Svalbard, tu ne payes que 16% de taxes. Sur ton salaire, tu gagnes quand même beaucoup mieux ta vie. Puis, j'ai rencontré ma copine. J'ai rencontré ma copine deux semaines après que je suis arrivé. Mais comment ça,
- Alban
les gens ne sont pas chaleureux ?
- Timo
Ça a l'air plutôt... Non,
- Lucie
du coup, voilà. Puis ensuite, gros, gros aspect positif, c'est ce que tu vois tous les jours quand tu sors. Même si tu vois aujourd'hui, j'ai terminé avec la boîte pour laquelle j'ai bossé pendant trois ans et je suis un peu plus content d'avoir fini parce que quand tu fais les mêmes trips tous les jours, tu deviens complètement abruti par ça. Et puis, t'en as marre. Puis c'est genre, allez, je vais emmener voir. 10 personnes, voire une colonie de morts, ça ne t'en a plus rien à foutre. Ah oui,
- Timo
tu perds un peu de...
- Lucie
Tu perds beaucoup, pas parce que ce n'est pas intéressant de voir des morts, mais tu perds juste parce que c'est les mêmes timings, c'est des trips qui sont courts.
- Timo
C'est trop répétitif.
- Lucie
Je répète les mêmes choses tous les jours, je fais les mêmes blagues au même moment tous les jours, je fais le même truc tous les jours. Par exemple, moi, en tant que photographe, je n'ai pas le temps de faire de la photo du tout parce que je pilote un bateau. La priorité, c'est les gens qui n'ont jamais vu des morts. ce que je pilote c'est eux ils envoient pour la première fois donc du coup moi je suis derrière, j'explique etc puis les gens tu les hostes donc du coup tu leur sers du café tu leur fuis la bouffée tu leur expliques plein de choses sur les morts c'est tout donc finalement mon intérêt perso à moi à parler d'une à la fin c'était... on n'avait plus beaucoup et puis aussi le fait que t'as l'impression que tu peux toujours en apprendre plus tous les jours les gens ils te posent une question à laquelle tu sais pas répondre et tu fais ah c'est une bonne question bah... On va regarder quand on rentre, mais là, je n'ai pas accès à Internet. Donc du coup, il ne faut pas checker ça. Après avoir déménagé en Flandre aussi, je suis devenu un gros kéké tuning de la motoneige aussi. Et puis, il ne y a pas de restrictions sur la reconditionnement des motoneiges. Il n'y a pas de...
- Timo
Tout le monde se déplace en motoneige ?
- Lucie
L'hiver, oui. L'hiver, si tu n'as pas de motoneige, tu es coincé en ville.
- Timo
D'accord.
- Lucie
Je crois qu'il y a genre 1,8 motoneiges par habitant. Il y a plus de motoneiges qu'à l'habitant, à Svalbard.
- Alban
Est-ce que ça coûte très cher une motoneige ?
- Lucie
Oui. Ouais, c'est ridicule. C'est ridicule. Combien à peu près ? Là, les prix augmentent tous les ans. C'est un peu comme à Noël. Au-dessous de 200 000 couronnes, t'as pas grand-chose. Non, en neuf. Mais après, bien évidemment, en seconde main, tu peux acheter... C'est comme les voitures après. T'as à manger et à boire.
- Timo
Oui, bien sûr.
- Lucie
Tu peux acheter une merde pour 2 000 couronnes. Si elle marche, tant mieux. Si elle marche pas, tant pis.
- Alban
Donc, c'est plus ou moins 1 000 euros.
- Lucie
Ouais. Ouais, c'est cher. Une motoneige, tu as la sensation de liberté parce que tu peux aller vraiment partout à partir du moment où tu sais ce que tu fais. De la même manière qu'un skieur qui fait du hors-piste, lui, il va analyser toute la descente. Avec la motoneige, c'est pareil, mais tu vas analyser la montée. Il y a ce côté-là, le côté adrénaline là-dessus qui est assez cool.
- Timo
Tout à l'heure, Alban parlait des types de profils qu'il y a au Svalbard.
- Lucie
Oui, ça, c'est très intéressant aussi. Tu as les gens comme moi qui font... guide photographe, etc. Un profil qu'il y a beaucoup, c'est les Norvégiens qui vont là-bas pour vivre une aventure. Donc moi, j'aime bien dire que les endroits un peu remote comme ça, ça commence en Laponie, t'as beaucoup d'âmes perdues qui se retrouvent là-dedans. Qu'est-ce que j'entends par là ? Tu peux avoir beaucoup de gens qui vont là-bas parce que c'est l'aventure. Et là-dedans, ça peut être aussi bien quelqu'un qui est motivé, comme moi, par une vocation professionnelle, que quelqu'un qui est un construction worker, qui a postulé pour un job là-bas et qui l'a eu. Et donc, du coup, ça fait des profils un peu différents.
- Alban
Avant de faire mon VIE, mon volontaire international en entreprise, j'avais terminé mes études en France. Avant ça, il y avait eu mon échange en Finlande. et j'étais en demande. La Finlande n'avait pas été suffisante, j'avais besoin d'extrême, on va dire. Et j'avais entendu parler des services civiques. Et il y avait notamment, je m'intéressais, c'est quelqu'un qui m'en avait parlé, d'un service civique en Antarctique. Mais sauf qu'il y avait peu de postes, c'était généralement très technique. Électricien, courrier, ou alors plutôt un profil d'ingénieur. Le seul où je me suis dit, je vais tenter ma chance, c'était pâtissier. Mais je n'avais aucun...
- Lucie
Mais je suis français !
- Timo
Faire des banana bread ! Parce qu'il adore faire des banana bread !
- Alban
Ça, c'était à l'issue de mon master. Donc je pense que c'était avant que je m'oriente complètement sur un VIE, on va dire la voie beaucoup plus raisonnable. J'avais besoin encore d'une aventure électrochoc.
- Timo
T'étais un peu l'âme perdue.
- Lucie
Mais complètement. Pré-un pâtissier, tu commences demain. Ok.
- Alban
Mais dans tout YouTube,
- Lucie
comment faire des croissants ?
- Alban
C'était exactement ça. Et dans ma lettre de motivation... J'avais écrit, voilà la timeline avant le départ pour la saison d'hiver en Antarctique. Je vais suivre. Là, j'ai plusieurs mois pour suivre une formation accélérée de pâtissier. Donc, j'étais à fond. Je n'ai jamais eu de réponse. J'attends toujours l'Institut Émile quelque chose de l'Antarctique, s'il vous plaît. J'attends toujours ma réponse huit ans plus tard. Mais donc, tu parles de ces profils qui ont besoin d'aventure. et qui, du coup, vont peut-être chercher un travail qu'ils pourraient avoir dans une ville, on va dire, lambda. Ils cherchent le côté un peu extrême.
- Lucie
Oui, c'est ça, je pense. Et puis, il y a des sources polaires, il y a des glaciers, c'est intéressant.
- Timo
Puis, j'imagine aussi, tu parlais qu'il y a moins de taxes. Peut-être que pour certains métiers, c'est aussi intéressant d'aller faire plein d'argent et de repartir.
- Lucie
Si tu es flic en Norvège, Svalbard, c'est le meilleur endroit au monde.
- Timo
Parce qu'il n'y a rien à...
- Lucie
Il n'y a pas de criminalité. Tu dois avoir un salaire qui doit être à peu près 4 fois le salaire moyen d'un flic français, voire plus. Peut-être jusqu'à 10 fois même. Tu as une maison pour laquelle tu ne payes pas. Tu as une voiture pour laquelle tu ne payes pas. Et puis, tu as accès à des motoneiges, des trucs. Tu ne payes rien.
- Alban
Attends, mais peut-être qu'il n'est pas trop tard pour que je devienne policier. J'arrête la pâtisserie, je vais au policier.
- Lucie
Et alors là, petit coup de gueule, mais si tu as un problème avec quelqu'un, ils n'ont rien à foutre. Pour te donner un exemple, on était à un bar là-bas, à KB, et deux gars qui commencent à s'échauffer, et puis t'appelles les flics, tu leur fais « faudrait que vous veniez, parce que ça part en couille là » . « Oh, pff, non, c'est samedi soir, ils ont autre chose à foutre, quoi » . Ah ouais,
- Timo
vous devez régler tout.
- Lucie
Mais par contre, tu mets une patate à un mec, tu peux être banni de l'île.
- Timo
Ah oui. D'accord.
- Alban
Donc c'est vraiment... Est-ce que tu penses qu'il faut que... vivre avec une espèce de discipline en plus, quelque part ?
- Lucie
Oui et non, parce qu'elle se fait d'elle-même. Parce que quand tu es dans un endroit aussi isolé, aussi petit, tout se sait. Du coup, si tu n'as pas envie de passer pour quelqu'un de bizarre, il vaut mieux être un minimum normal. Mais il y a plein de profils un peu spéciaux aussi.
- Timo
Et comment tu as réussi à te sociabiliser ?
- Lucie
Je travaille toujours dessus. Mais non, après, ça, ça se fait facilement parce que c'est un endroit petit. Il y a beaucoup de tourisme. Tu as beaucoup de pairs, finalement. Donc, du coup, c'est par pair, P-I-R-E-S. Je veux dire, tu as beaucoup de collègues, pas nécessairement de ta boîte, mais ce que je veux dire, c'est, voilà, quoi, tu as beaucoup de gens qui bossent dans le tourisme.
- Timo
Deux collègues qui deviennent des amis,
- Lucie
du coup. Ouais, plus ou moins, ça dépend. Et puis, voilà, quoi. Et puis, tout le monde se connaît. De vue, presque. Puis, t'as vu ma dégaine, je veux dire. Moi, je suis reconnaissable.
- Alban
Même là-bas ?
- Lucie
Bah ouais, ouais. Bien sûr. Donc, du coup...
- Timo
Pour ceux qui nous écoutent en podcast et qui n'ont pas la vidéo, Timo a une barbe avec une tresse. Voilà.
- Lucie
Mais d'ordre général, je veux dire, c'est... J'aime pas dire, les gens sont gentils, parce que ça veut rien dire. Mais d'ordre général, je veux dire, t'as pas de problème, quoi. Ce n'est pas un endroit où tu as des problèmes. Mais c'est...
- Timo
Une bonne atmosphère ?
- Lucie
Oui, d'ordre général, entre les gens, je dirais oui. Après, là, il y a eu... Là, on a d'approche un topic qui est complètement différent. Mais il y a eu un nouveau white paper. Je ne sais pas comment on appelle ça. Mais en gros, des nouvelles législations. Et en fait, il y a un côté... très limite au niveau des étrangers maintenant là-bas, mais ça c'est politique, ça devient politique, mais t'as l'impression qu'il est vraiment un clivage entre les Norvégiens et le reste. Donc du coup, ça c'est bizarre, ça c'est très bizarre. par exemple la copine elle trouve que ça se ressent pas plus que ça elle le voit quand même, elle trouve que la société elle a changé depuis qu'elle y est, elle y est depuis 10 ans donc elle aime moins qu'au début elle trouve qu'il y a moins un sentiment d'entraide et les gens sont plus individualistes justement mais ça c'est parce qu'il y a énormément de turnover donc les gens restent pas du coup ils viennent à 2-3 ans et puis après ils retournent au mainland c'est exactement ce que j'allais te demander est-ce que il
- Alban
y a euh... Un vieux grand-père qui a vécu toute sa vie aux Alpes-Bas.
- Lucie
C'est quelque chose d'irréductible, bien sûr. Il y en a qui sont là-bas depuis 30, 40 ans.
- Alban
Mais ça représente une minorité ?
- Lucie
Ça représente 2% peut-être.
- Timo
Est-ce qu'il y a une communauté française ?
- Lucie
Il y a des Français, mais de là à dire qu'il y a une communauté française, je n'irais pas dire ça. Il y a une communauté Thaï, une communauté Philippines, les deux plus grosses communautés, après les Norvégiens. J'adore. Pourquoi ? Parce que... Alors, je ne sais pas d'où ça vient exactement, mais je sais que les Philippines, ils bossent beaucoup sur les bateaux. Et je pense que ça vient un peu par là. Et bien évidemment, ils font les taffes que les Norvégiens ne veulent pas faire. Donc, le ménage, la cuisine, les trucs comme ça.
- Alban
Juste cause Valbard.
- Timo
Oui, oui. Mais la raison pour laquelle tu as beaucoup de gens, justement, qui sont de pays plus loin, mais c'est parce que tu n'as pas besoin de visa pour travailler au Svalbard. Pour personne.
- Lucie
Non, pour personne. Au cas pour le moment. c'est un bon moyen pour eux généralement le schéma classique quand je discutais j'ai pas mal de potes surtout un bon pote philippin là-bas et lui il m'explique que les gens ils bossent tout le temps parce qu'en fait ils envoient beaucoup de de blé au bled comment c'est le climat tout au long de l'année au Zvalbard ?
- Timo
Voilà pour cette première partie.
- Alban
Restez installés confortablement. La conversation continue dans le prochain épisode où Thimo nous parle du soleil de minuit, des galères de logement au Svalbard et de l'arrivée de leur bébé au bout du monde.
- Lucie
A tout de suite.