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#5 - DE L’EXPATRIATION AU SUCCÈS LITTÉRAIRE : LE PARCOURS INSPIRANT DE LORELOU DESJARDINS cover
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Sous les Aurores

#5 - DE L’EXPATRIATION AU SUCCÈS LITTÉRAIRE : LE PARCOURS INSPIRANT DE LORELOU DESJARDINS

#5 - DE L’EXPATRIATION AU SUCCÈS LITTÉRAIRE : LE PARCOURS INSPIRANT DE LORELOU DESJARDINS

1h35 |01/04/2025
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1h35 |01/04/2025
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Description

Dans cet épisode captivant de Sous les Aurores, Lucie et Alban reçoivent Lorelou Desjardins (aka "A frog in the fjord"), une marseillaise installée en Norvège depuis 15 ans. Au fil d’une conversation sincère et pleine d’humour, Lorelou nous raconte ses premiers chocs culturels – des datings avec des norvégiens aux invitations impossibles à gérer – sa découverte de la vie norvégienne, ainsi que son incroyable parcours de blogueuse virale devenue auteure à succès de Au Coin du Fjord. Un épisode riche en anecdotes sur l’intégration, les codes sociaux et l’apprentissage du norvégien, pour qui souhaite comprendre la vie d’expatrié-e et d'immigré-e dans un pays aux coutumes uniques.


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Alban

    Psst Si vous avez écouté l'épisode 3 sur notre routine quotidienne assez mouvementée, nous sommes super heureux de partager avec vous que nous avons reçu une place en crèche pour Gabriela. Donc à partir d'août, les deux filles seront ensemble dans le même jardin d'enfants. Et ça, ça va sacrément nous faciliter la vie. Alors, à très bientôt chez nous, sous les aurores

  • Lucie

    Salut, c'est Lucie Salut, c'est Alban Trentenaire et parent de deux petites filles. Bienvenue dans Sous les aurores Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.

  • Alban

    Sous les aurores c'est le podcast haut en couleurs qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.

  • Lucie

    Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.

  • Alban

    Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,

  • Lucie

    moments de rire et d'émotion et surtout,

  • Alban

    beaucoup de belles découvertes.

  • Lucie

    Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de

  • Alban

    Sous les Aurores. Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les Aurores. Aujourd'hui, nous recevons une compatriote. Je suis un peu fier de la recevoir. Je ne savais même pas qu'on venait plus ou moins de la même région. Donc, bienvenue à toi.

  • Lucie

    Je vais commencer par te poser quelques petites questions juste pour en apprendre un peu plus sur toi. Est-ce que tu pourrais nous dire comment tu t'appelles Depuis combien de temps tu vis en Norvège Dans quel domaine travailles-tu Et si tu peux nous citer un petit culture-choc que tu as vécu à ton arrivée ou que tu continues de vivre au quotidien.

  • Lorelou Desjardins

    Je m'appelle Lorelou Desjardins. Je suis en Norvège depuis 15 ans. Ça va faire 15 ans là, dans un mois et demi à peu près. Je suis juriste à la base en droit international, mais j'ai évolué dans une carrière un peu en parallèle ici en Norvège où j'ai fait des choses un peu différentes. Là, je suis en train de monter ma boîte. Et quelque chose, un choc culturel, c'est ça Oui. Il y en a tellement. Je pense que les chocs culturels, en fait, ils sont différents au début et aujourd'hui. Donc, il y a des choses qui étaient un choc culturel pour moi au début. Par exemple, je me rappelle les... Les gens qui se mettaient à faire du sport à 9h du matin, qui sortaient avec leur ski, leur truc moulant fluo, je trouvais ça un peu étrange. Moi, je viens de Marseille, déjà le ski, bon... Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est plus au niveau du conformisme. Il y a un trait au niveau de conformité en Norvège. Donc, c'est ce genre de choc culturel où je ne me suis toujours pas habituée. Ça, il y a aussi un côté où il n'y a pas beaucoup de spontanéité, des fois en Norvège. Donc, c'est ce genre de choses où, malgré ces 15 ans ici, ça continue de m'étonner. Des fois, j'oublie, j'invite des gens. Ah, mais passe dans deux heures. Et puis, ils me disent, mais dans deux heures, mais moi, c'est prévu depuis quatre mois. Est-ce que c'est réel

  • Alban

    D'ailleurs, et avant de passer à la suite, le contexte d'aujourd'hui est assez particulier parce que tu avais un rendez-vous avant et tu me dis, je sors, je suis en route pour venir vous rencontrer, mais je n'ai pas mangé. Et moi, tout de suite, je me dis, mais... la pichoune, je vais lui faire des pâtes ou quelque chose. Et quand tu es arrivé, tu m'as dit ça, c'est un truc qui ne pourrait jamais arriver en Norvège, de demander comme ça à last minute.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, alors tu peux, en fait, tu préviens les gens que peut-être tu vas leur prendre un bout de pain avec un petit bout de fromage. Comme ça, ils sont préparés psychologiquement. En général, ils en ont.

  • Alban

    Le plus tôt, c'est le mieux. Non,

  • Lorelou Desjardins

    non, voilà, ils en ont, c'est sûr. Ça ne leur demande pas d'efforts particuliers. Ils ont une grosse boîte en plastique dans leur frigo avec tous les trucs qu'ils vont mettre sur le pain. Sur le pain, ouais. Mais c'est vrai, quand tu m'as dit je vais te faire des pages, je dis ah c'est étonnant.

  • Alban

    C'est très toi.

  • Lucie

    Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce qui t'a amené en Norvège

  • Lorelou Desjardins

    J'habitais au Danemark. J'étais juriste au Danemark en droit de l'homme, dans l'Institut danois pour les droits de l'homme. Et moi, j'étais spécialisée sur le droit. Alors, comment expliquer ça C'est en fait les droits de l'homme par rapport aux entreprises multinationales. Donc tout ce qui est droit du travail chez les enfants, dans les compagnies qui font des chaussures par exemple, pharmaceutiques, pétrole, gaz, compagnies minières, etc. Donc j'étais un genre de... Je conseillais toutes ces compagnies sur le droit international. J'écrivais beaucoup de rapports. Sauf que mon contrat a terminé, j'avais un petit ami danois. Moi, la Scandinavie, ça ne me disait pas plus que ça, pour être tout à fait honnête. Mais bon, je me disais, bon, quand même, je vais rester autour parce que j'avais envie de rester avec lui. Je ne trouvais pas de travail à Copenhague. Impossible de trouver un travail. Je ne parlais pas danois. J'ai commencé à étendre mes recherches à Lune. Donc, c'est de l'autre côté de la frontière, c'est en Suède. Malmö. Et puis un jour, une collègue norvégienne m'a dit, tu sais, il y a un poste en Norvège, à Oslo. Franchement, c'est vraiment ton profil, tu devrais postuler. Et puis j'ai postulé, je l'ai eu. Mais c'était un travail temporaire. Et moi, dans ma tête, je me disais, c'est juste une étape pour rentrer au Danemark. Je me disais, là, si je vais en Norvège, en plus, ils avaient accepté de me payer des cours de norvégien. Je me disais, si je parle une langue scandinave, je vais rentrer au Danemark au bout d'un an. Puis ça sera plus facile pour moi de trouver un travail à Copenhague.

  • Lucie

    D'accord. Donc, c'était juste une étape à la base.

  • Lorelou Desjardins

    C'était juste une étape. Je ne connaissais rien sur la Norvège. Ça ne m'intéressait pas.

  • Lucie

    Et le titanite danois devait rester au Danemark pendant le...

  • Lorelou Desjardins

    Alors non, il devait venir.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    d'accord. Oui, mais il m'a quitté avant de venir.

  • Alban

    Classe. Classe.

  • Lucie

    C'était trop.

  • Lorelou Desjardins

    Eh bien, c'est exactement ça. Mais non. Oui, la Norvège, en fait, il est venu quelques fois. J'avais pris un appart. pour qu'on vive là et tout. On vivait ensemble déjà à Copenhague. Et au bout de quelques mois, il m'a dit, écoute, moi, je ne vais pas y arriver. La différence culturelle est trop grande. Et à ce moment-là, je lui ai dit, non, mais attends, moi, je viens de Marseille. J'habite à Oslo. Toi, tu es Danois, en fait. Tu comprends ce qu'ils disent. Et toi, tu...

  • Lucie

    Oui, c'est clair, parce qu'en plus, tu es Norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Tu manges des patates. Tu m'aimes.

  • Lucie

    C'est vrai que les Norvégiens et Danois, ils peuvent se comprendre.

  • Lorelou Desjardins

    C'est la même langue écrite.

  • Lucie

    Ça fait une adaptation un peu plus facile.

  • Lorelou Desjardins

    Complètement, il aurait même pu trouver du travail.

  • Lucie

    Et tu étais venue au Danemark pour lui

  • Lorelou Desjardins

    Non, pas du tout, je ne connaissais pas. J'avais trouvé ce travail au Danemark. D'accord,

  • Lucie

    ok.

  • Lorelou Desjardins

    Mais disons qu'au bout de quelques mois, en gros, il me plante là.

  • Lucie

    Ok.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis là, je me dis, oui, mais du coup, qu'est-ce que je fais Parce que j'avais quand même un travail passionnant. Je travaillais pour une organisation environnementale sur les questions de déforestation, droit des peuples autochtones en Indonésie. Je travaillais sur le droit à la terre. J'allais en Indonésie, dans la jungle. C'était un travail extraordinaire. J'avais des super collègues, très, très bonne ambiance de travail.

  • Alban

    Donc ça, c'était déjà sur Oslo.

  • Lorelou Desjardins

    Ça, c'était déjà sur Oslo. Et puis là, je me dis, je vais rester là. C'est une super opportunité. Je commençais ma carrière parce que je n'avais pas travaillé énormément, finalement. Donc, je me suis dit, je vais rester et puis on verra bien. Et puis, au début, je me suis laissée deux ans. Et puis, je me suis dit, si je n'aime pas trop, je partirai ailleurs. Ce n'est pas grave. Et puis, voilà, nous sommes ici. Mais c'est vrai que très longtemps, je me suis dit non, mais c'est temporaire. Très longtemps. Ça a pris presque six ans. Je me disais non, mais c'est temporaire, je vais partir bientôt. Et puis au bout d'un moment, je me suis rendu compte que c'est quoi temporaire C'est quoi temporaire Est-ce que c'est 5 ans Est-ce que c'est 10 ans Parce que si on reste quelque part de façon temporaire pendant 20 ans, il faut peut-être arrêter de louer un entre-sol sans lumière. Oui. C'est ça ma situation, c'était ça. Oui,

  • Lucie

    parce que tant que tu te dis que tu restes... pas là à Duitaméternam, tu ne fais pas des grands projets immobiliers ou autres.

  • Lorelou Desjardins

    Exactement. Et puis même au niveau de mon travail, ça m'intéressait. Et puis c'est vrai qu'au bout d'un moment, je me disais, c'est quoi mes opportunités, mon développement de carrière, qu'est-ce que je fais Et puis je suis restée pour plein de raisons différentes.

  • Lucie

    Justement, au-delà du travail, est-ce que la ville d'Oslo te plaisait La vie norvégienne te plaisait

  • Lorelou Desjardins

    Alors, la ville d'Oslo était très différente il y a 15 ans. Donc c'était très très différent. Il y avait par exemple maintenant, si tu sors un mercredi ou un jeudi soir, il y a plein de cafés, il y a des gens en terrasse, ça, ça n'existait pas. Je me rappelle, mon premier appartement, c'était en colocation à Oulafluyeusplas, qui est à Grunerloca, qui est vraiment l'endroit qui bouge. Et j'étais arrivée là, il n'y avait personne dans les rues. Et la fille qui m'avait loué l'appartement, elle m'avait dit, tu sais, ça bouge vraiment ici. Et j'étais là, ah oui, ça a l'air, oui, ça a l'air super comme quartier. En fait, effectivement, pour le standard de l'époque, en tout cas, ça bougeait vachement, mais ça bougeait à partir du vendredi à 15h jusqu'au samedi 2h du matin. Et puis, le reste du temps, il n'y avait pas grand chose. Alors que si tu vas sur cette place aujourd'hui, il y a plein de cafés, plein de restos, des petites boutiques de vêtements, des fripes, des cafés avec des concepts différents. énormément de choses.

  • Lucie

    Même tout, on l'a vu en 6 ans, je trouve.

  • Alban

    D'ailleurs, Gruner-le-Cas, c'est vraiment un bon quartier pour arriver, en général, vingtaine, début trentaine, c'est sympa. C'est très actif.

  • Lorelou Desjardins

    Mais c'est vrai qu'effectivement, Oslo, c'était quand même sympa, parce que moi, j'avais vécu à Paris, où quand même, il n'y a pas beaucoup de nature, on travaille beaucoup. Alors là, j'avais du temps. C'est-à-dire que je travaillais à temps plein, mais j'avais quand même beaucoup de temps.

  • Lucie

    Est-ce que ça restait sur des horaires norvégiens Ça restait sur des horaires norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, je sortais à 16h et puis après, j'allais faire du yoga. J'allais, je ne sais pas, j'allais boire des coups avec des copines. Alors, j'ai écrit un livre.

  • Alban

    Quand même, si tu t'y prenais six mois à l'avance, j'espère, pour planifier le verre.

  • Lorelou Desjardins

    Au moins deux. C'est vrai que j'ai écrit un livre, par exemple, tout en travaillant à temps plein.

  • Lucie

    Oui, ce qui aurait été peut-être... plus difficile dans une autre capitale.

  • Lorelou Desjardins

    Ce qui aurait été peut-être plus difficile, c'est-à-dire que je partais du travail à 16h, je rentrais, je mangeais un peu tôt, et puis j'enchaînais, j'écrivais entre 4 et 6h par soir, et je recommençais le lendemain, après le travail. Bon, maintenant, avec des enfants, ça ne serait pas possible, mais disons que cette vie permet quand même d'avoir une vie à côté, en fait, tout simplement. Et puis, les opportunités de travail étaient aussi au rendez-vous. Je me rendais compte que j'avais des opportunités ici. Et puis aussi, plus on reste loin de la France, finalement, plus on est déconnecté. Ce que je faisais ici, personne ne comprenait vraiment ce que c'était. Ça devient un peu compliqué. Nos références de travail, en fait, elles n'ont pas trop de valeur en France.

  • Lucie

    Du coup, ça s'aligne au niveau du travail. Personnellement, tu y trouves ton compte parce que tu as une deuxième petite journée après le travail et tu peux faire des choses qui te plaisent. mais est-ce que du coup au contraire il y a eu des choses qui ont été un peu plus difficiles à adopter en étant là

  • Lorelou Desjardins

    Alors les premières années franchement ça allait les dix premières années Quand j'étais pas encore sûr de rester pendant ces dix premières années Non avant d'avoir des enfants c'est-à-dire qu'à partir du moment où j'ai eu un enfant et en plus il est né juste avant le Covid alors là ça a été brutal Parce qu'en fait, ça, c'est un secret pour personne. C'est-à-dire qu'à partir du moment où on a une famille et qu'on est loin de notre famille, les Norvégiens, quand même, ils ont leur famille sur place et puis qui les aident beaucoup. Qui les aident à acheter un appartement, qui les aident à déménager, qui les aident à faire des travaux, qui les aident à garder les enfants, etc. On se retrouve quand même en décalage avec les autres parents parce que nous, on a... pas grand monde. Alors moi, j'utilise des babysitters qui est choquant pour beaucoup de Norvégiens.

  • Alban

    C'est vrai, au final, c'est quelque chose qui n'est pas hyper répandu, tu trouves Non.

  • Lorelou Desjardins

    Eux, ils font vraiment confiance aux gens de la famille. Alors après, la deuxième chose, c'est que la manière d'élever les enfants est un peu différente dans le sens où, en France, bon, après, je ne vis plus en France depuis un certain temps, mais en tout cas, moi, quand je grandissais, dans les années 80-90, bon, c'était un peu le bordel, c'est-à-dire que On avait des enfants, mais bon, on faisait quand même des fêtes à la maison. Et puis, on a invité des gens à dîner. Puis, les enfants s'endormaient. Puis, on les mettait au lit. Et puis, bon, c'est un peu... Alors qu'ici, pas du tout. Non, les enfants, ils vont se coucher à 19h. Donc, on ne peut pas rester. Ah, mais nous, on mange à 17h. Donc là, du coup, il est 16h30. Donc, il faut qu'on rentre pour manger. Et si on commence à leur dire, oui, mais on vous invite à manger. Ah non, non, non, parce que ça, ce n'est pas prévu. Parce qu'en fait, après, il y a quelqu'un qui va passer chez moi. Parce que j'ai vendu un truc sur Fyne. Alors là, tout est compliqué.

  • Alban

    Et en plus, j'ai mon enfant à coucher. Mais avant ça, il faut qu'il remange un bout de pain. Là, vraiment, c'est pas possible.

  • Lorelou Desjardins

    Là, franchement, tout est bloqué. Voilà, non, c'est pas possible. Ah d'accord, bon, c'est pas grave. Donc, c'est vrai qu'à partir du moment où on a des enfants...

  • Lucie

    Mais même avant, je trouvais que... C'est vrai que tu parlais d'inviter des Norvégiens à dîner. On trouvait... On se demandait, est-ce que c'est pas très français d'inviter des gens à dîner et tout Est-ce que... Nous, on invitait des Norvégiens à dîner. Alors, s'ils n'avaient pas d'enfants, parfois, ils acceptaient.

  • Alban

    Je te remercie, ma collègue. Toi, tu as fait l'effort, tu nous as réinvités chez toi et j'apprécie grandement. Par contre, toi, l'autre collègue, tu ne nous as jamais invités.

  • Lucie

    Non, mais il y a beaucoup de gens qui ne nous invitaient pas chez eux.

  • Alban

    Est-ce que toi, avec ton expérience, on nous avait dit, en fait, quand tu reçois les gens chez toi, surtout nous, on va faire un petit apéritif, un petit dîner, peut-être si on est foufou, petit dessert. Et ça, paraît-il que ça leur mettrait une pression de fou. Et que du coup, ils n'oseraient pas te recevoir en retour. Ça les stresserait trop.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, il y a plusieurs choses qui leur mettent la pression. Le niveau de la nourriture, ta décoration d'intérieur.

  • Alban

    Malheureusement, je pense qu'on les implacera peut-être pas trop.

  • Lucie

    Non, mais il faut expliquer qu'on rigolait sur ça juste avant d'enregistrer. Parce que nous, on est dans une maison qui n'a pas encore été rénovée. Et du coup, c'est vrai que ça peut choquer certains Norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Vous avez des murs propres, c'est juste que c'est des tapisseries un peu anciennes, mais c'est vrai que pour eux, vous êtes dans une maison à rénover. Urgence

  • Alban

    Vous êtes un peu maltraitante d'ailleurs d'avoir emménagé direct comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, moi, les dix premières années, j'ai été dans des relations... Ou célibataire, mais c'est vrai que je suis hyper sociable. Donc, par exemple, je ne me faisais pas trop inviter, mais moi, je faisais plein de fêtes. Alors, je faisais des fêtes, j'invitais plein de gens, j'invitais tous les gens que je connaissais. Et puis, du coup, quand même, les gens me réinvitaient. Et puis après, on allait dans un bar. Donc, j'ai beaucoup fait partie de groupes comme ça. Et puis, je voulais absolument apprendre le norvégien. J'ai trouvé des gens avec qui partager. Donc, moi, un soir, ils m'invitaient à dîner. On ne parlait que français. Et puis l'autre soir, je l'invitais à dîner, on ne parlait que norvégien. Et donc, j'ai fait comme ça des sprog café, ça s'appelle.

  • Lucie

    Ouais, des café pour la langue.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, je me suis mise dans une chorale. J'ai fait des voyages dans toute la Norvège, toute seule, à vélo. Génial. Donc, en fait, je me suis retrouvée aussi, par exemple, à dire à mes collègues, ouais, tu ne connais pas quelqu'un dans telle région, je vais partir en vélo là-bas toute seule. Alors, du coup, ils me regardaient genre, ok.

  • Alban

    T'étais pas censée rénover ta maison toi là-bas

  • Lorelou Desjardins

    Avant de partir Non mais c'est surtout, ils comprenaient pas quelqu'un qui vient du sud de la France c'était très bizarre que je décide d'aller dans le trône de lac j'avais fait un tour du trône de lac à vélo toute seule, ils étaient là mais pourquoi tu fais ça en fait Tu pourrais juste rentrer dans ta famille aller en Espagne et donc j'avais fait aussi la Norvège du Nord alors les Lofoten à vélo avant que ça soit si touristique J'ai fait aussi le nord de la Norvège, vers Tromsø. Je suis allée dans des festivals de musique, Samy. En fait, j'ai fait plein de choses. Et du coup, c'est vrai que j'ai rencontré beaucoup de gens. Après, j'ai écrit un blog. Donc, en fait, comme j'essayais de ramasser un peu des informations sur la Norvège, je voyageais beaucoup. Donc, les gens, ça attirait quand même les Norvégiens parce que souvent, on me disait, ah ouais, tu vas aller là, au fin fond de Tromsø. Mais moi, j'y suis jamais allée. C'est intéressant. Et du coup, des fois, c'était... Tu dis que les gens ne t'invitent pas, mais en fait, du coup, là, ils me disaient Ah, mais attends, moi, j'ai une tante qui vit là-bas. Si tu veux, je te donne son numéro. Et bizarrement...

  • Lucie

    Et là,

  • Lorelou Desjardins

    tu étais bienvenue. Et là, j'étais la bienvenue. Trop bien. On me disait Ah, mais c'est génial. C'est quoi ton projet Et j'ai eu ce retour aussi de Français qui faisaient des projets un peu fous. Parce qu'en fait, quand c'est totalement hors cadre... Alors là, les Norvégiens, du coup, ils disent Ah ouais, là, c'est hors cadre. Là, du coup, ils t'aident. Et pareil, si j'avais besoin d'aide ou de recettes, par exemple, les gens m'aidaient toujours.

  • Lucie

    Oui, il y a des choses qu'ils aiment bien partager. Mais d'ailleurs, je disais, ils ne nous invitent pas, ce qui n'est pas tout à fait vrai, parce que quand il s'agit de partir dans leur chalet...

  • Alban

    Oui, oui,

  • Lucie

    oui. Ou en chalet, du moins, ensemble. Là, pour le coup, ils étaient beaucoup plus...

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, vous avez de la chance, parce qu'il y a plein de gens qui ne se font jamais invités.

  • Alban

    Je pense qu'il y a des...

  • Lucie

    On a marqué des points, sans le savoir.

  • Alban

    Oui, on n'est pas si mauvais. Non, mais je pense qu'il y a des gens, c'est aussi peut-être générationnel, ou juste des profils, des caractères. La collègue à laquelle je pense, elle était peut-être un peu plus âgée. Je pense que ceux qui ont aussi eu une expérience à l'international, peut-être au moins un Erasmus, un échange, ils sont peut-être un peu plus réceptifs à ça. Et aussi, ils se disent peut-être, ils ont fait ça, je leur rends. Comme ça, on les quitte, tu vois. Je ne sais pas s'il y a cet entrain vraiment...

  • Lorelou Desjardins

    Et puis, il trouve ça sympa quand même que tu apprennes le norvégien, que tu sois là. Alors après, il faut bien dire ce qui est, c'est que nous, on est français, on a une image positive en Norvège. Ce n'est pas comme ça pour tout le monde. Il faut quand même accepter la réalité. Donc, il y a quand même une espèce de... Il y a quand même une espèce de bonne image dont on profite sans vraiment avoir travaillé pour ça. Oui,

  • Lucie

    c'est clair.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par contre, moi, c'est vrai, quand je dis que je viens de Marseille, à Marseille, alors là, ils savent plus où c'est. Ils savent, ils se trouvent au Nice, Paris. Après, non.

  • Alban

    Mais c'est...

  • Lucie

    C'est pas la Provence,

  • Alban

    c'est Aix-en-Provence. Est-ce que c'est Nice ou...

  • Lucie

    Aix-en-Provence, il le cite.

  • Alban

    Oui, un peu, oui, oui. Mais je dis toujours, comme eux, je sais que c'est, voilà, c'est French Riviera. Je dis, je suis juste avant Provence.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, Marseille, c'est pas trop la Riviera.

  • Alban

    Voilà, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    C'est juste à côté.

  • Lucie

    C'est Marseille bébé, quoi. C'est moins...

  • Alban

    Mais du coup, grande question, il n'y a toujours pas de vol direct pour Marseille, mais on va dire qu'il y en avait eu fut un temps.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, je n'ai pas vécu cette période.

  • Alban

    Oh là là, là je dors.

  • Lorelou Desjardins

    Si entendu parler, apparemment, il y en a eu un avec Ryanair.

  • Alban

    Voilà, ce spectacle.

  • Lorelou Desjardins

    Il y a eu un conflit.

  • Alban

    Ah ben Marseille, voilà.

  • Lorelou Desjardins

    Non, non, il y a eu un conflit. Alors, je ne sais pas pourquoi ils ont arrêté le vol avec Marseille. Mais en tout cas, Ryanair a cessé d'opérer en Norvège à cause d'un conflit de droits du travail. C'est-à-dire qu'eux, ils voulaient avoir d'autres règles qui s'appliquaient à leurs employés. Et ça n'a pas été accepté.

  • Alban

    plus de 24 heures par jour.

  • Lorelou Desjardins

    Et en fait, ils ont carrément... Alors, il y a un aéroport qui s'appelle Rue Guesche, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, qui a pratiquement fermé. Qui a du coup pratiquement fermé, parce que c'était que Ryanair qui opérait des vols de là.

  • Lucie

    Donc ils ont arrêté complètement, mais maintenant, là, ils reprennent.

  • Lorelou Desjardins

    Ryanair est sorti de Norvège. C'était le seul qui faisait ses vols. Mais j'ai encore un espoir.

  • Alban

    soit que Norwegian en fasse un moi je mise tout sur le nouveau terminal de Marseille je me dis là,

  • Lorelou Desjardins

    ça ils ont plus de place nous on est prêts à la Norvège d'y aller je pense pas que ça va avoir avec Marseille je pense que ça va avoir avec le public norvégien je pense qu'ils connaissent pas très bien cette partie là de la France mais Marseille est en train de devenir une capitale européenne avec Du tourisme, moi quand j'étais petite, il n'y avait pas de tourisme à Marseille.

  • Lucie

    Mais du coup, tu parlais, tu as été plutôt bien accueillie, j'ai l'impression. Comment ça s'est passé,

  • Lorelou Desjardins

    ton intégration J'ai été très bien accueillie. J'ai été très, très bien accueillie.

  • Lucie

    Ça a été facile pour toi de créer du lien avec les Norvégiens

  • Lorelou Desjardins

    Moi, je pense que ça a été facile. Après, j'ai fait beaucoup d'efforts. J'ai vraiment essayé de comprendre la société norvégienne. J'ai vraiment essayé de parler norvégien. Au début, je n'avais pas de contact avec la communauté française. J'étais vraiment à fond pour m'intégrer, me faire des amis, des activités, voyager. Je voulais découvrir toute la Norvège. Donc, je pense que j'ai quand même mis beaucoup d'énergie là-dedans. Donc, effectivement, les gens te rendent aussi.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Lorelou Desjardins

    C'est clair que le jour où tu parles norvégien, tout change. Parce qu'en fait, je me rappelle, je parlais très mal norvégien. Et j'avais une copine, ma première copine norvégienne, qui avait vécu longtemps au Brésil. Elle avait appris le portugais. Elle m'avait dit, au tout début de notre relation, elle m'avait dit, tu sais quoi, on ne va pas parler en anglais. Je sais que tu ne parles pas bien de norvégien, mais ce n'est pas grave. Mais on ne va pas parler en anglais. On ne va parler qu'en norvégien. Et du coup, ça m'a permis d'avoir une amie avec qui j'ai construit une amitié en norvégien. Parce que ça, c'est important. C'est très difficile de passer d'une langue à l'autre dans une relation, qu'elle soit amoureuse ou amicale. Et en fait, au bout d'un moment, quand j'arrivais à faire des phrases en sujet verbe complément, là, elle a commencé à m'inviter à des fêtes.

  • Alban

    Elle s'est dit, ça y est, la petite française, elle est prête.

  • Lorelou Desjardins

    Ça m'avait étonnée. Je lui avais dit, mais je ne savais pas que tu allais à toutes ces fêtes. Genre, mais en fait, moi, je suis toute seule. Je m'ennuie chez moi. C'est l'hiver. Et puis, en fait, il y avait toute cette vie sociale dont je ne connaissais pas l'existence. Et là, elle m'a dit, oui, mais maintenant, on peut t'inviter parce qu'on n'est pas... tous obligés de parler anglais pour toi.

  • Alban

    Ah, oui, oui.

  • Lorelou Desjardins

    Donc même si je parlais pas très bien, c'était mieux que rien en fait. Bien sûr. Et du coup, de là, alors les Norvégiens adorent quand on apprend leur langue, je sais pas si c'est toujours le cas, mais j'imagine. Donc c'est vrai que moi je leur posais des questions toute la journée, mes collègues, je leur disais, mais du coup, c'est quoi la différence entre Kouchli et Hugli Alors là, oh là là, ils sont lancés, ils peuvent te parler pendant 45 minutes. J'adore. Ou bien, alors les questions sur les dialectes, moi j'adore les langues. Mais alors du coup, toi tu dis iaï elle, elle dit èg l'autre, il dit èg Alors du coup, c'est quoi Alors, ils sont fascinés. Les questions, tu veux lancer un sujet là dans un dîner avec des Norvégiens.

  • Alban

    Oui, sur les langues, ça marche bien, oui.

  • Lucie

    Tu parles bien norvégien maintenant. Est-ce que tu arrives à parler avec tous les Norvégiens Parce qu'il y en a quand même pas mal qui ont des dialectes. Est-ce que tu les comprends tous Je les comprends tous,

  • Lorelou Desjardins

    oui.

  • Alban

    C'est un peu noir, tu vois.

  • Lorelou Desjardins

    Et même d'ailleurs, le test que j'ai passé en norvégien, qui est un test de C1, à l'oral et à l'écrit, à l'oral, il y a des tests sur les dialectes.

  • Lucie

    D'accord. Ah ouais, gros niveau là. Moi, je ne parle pas très bien norvégien, voire pas du tout. Et c'est vrai que j'ai toujours ce petit... Bon, maintenant, j'aurais pu l'excuser, où je me dis, de toute façon, je vais... comprendre, je vais apprendre le boc mal, mais il y en aura plein avec qui je ne pourrai pas parler parce qu'ils parleront dans leur dialecte.

  • Lorelou Desjardins

    Ah, c'est beau comme excuse.

  • Alban

    Quinze ans plus tard.

  • Lucie

    Donc voilà, je m'étais mis ça dans mes excuses. J'ai d'autres excuses.

  • Lorelou Desjardins

    Un petit peu d'excuses.

  • Lucie

    Voilà, ça en fait partie. Je me dis,

  • Lorelou Desjardins

    de toute façon... Déjà, premièrement... le Bukmål et le Nunorsk qui sont les deux langues officielles de la Norvège sont des langues écrites donc les dialectes c'est la couche du dessus c'est à dire que personne parle de le Nunorsk en fait le Nunorsk c'est une langue écrite, le Bukmål c'est une langue écrite Bukmål ça veut dire la langue des livres c'est hérité du danois parce que la Norvège était sous occupation danoise pendant presque 500 ans entre le Danemark et la Suède Donc, en fait, c'est un genre de Danois norvégianisé, même si les Norvégiens n'aiment pas trop qu'on dise ça, mais bon, c'est la réalité. Et en fait, quand ils ont essayé de reconstruire leur nation, en fait, et qu'est-ce que ça veut dire d'être Norvégien, l'identité nationale, il y a eu une équipe de Norvégiens qui sont partis dans toutes les contrées norvégiennes pour savoir quelle était la vraie langue de la Norvège. Et là, ils ont créé la langue écrite du Nunos, qui veut dire nouveau Norvégien. Avec justement tous ces dialectes, mais que tu pourrais dire que c'était en fait des langues. Et donc, ils en ont fait une langue officielle. Ils ont fait un espèce de mélange, une langue officielle. Mais après, ça, c'est différent dans le sens où si tu vas dans des contrées, des vallées, des montagnes, des villages, des îles, etc. Ils ont leur dialecte propre. Mais ça ne veut pas dire que c'est la manière correcte d'écrire. D'accord.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que je les comprendrais du coup s'ils me parlent Probablement pas.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça, c'est comme ça. C'est-à-dire que ça prend du temps. des fois je rencontre des gens...

  • Lucie

    Du coup, mon excuse, elle est un tout petit peu valable quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il faut quand même apprendre le norvégien. Il faut apprendre à écrire et à le lire et à le parler. Tous ces gens regardent la télé et donc ils comprennent le bookmall. En fait, ce que tu entends le plus à Oslo, c'est le dialecte d'Oslo, qui est... C'est un dialecte aussi en réalité. Tu as des sociolectes. Moi, j'en suis au point. Quand quelqu'un parle, je sais de quel quartier, c'est-à-dire s'ils viennent des quartiers bourgeois d'Oslo ou des quartiers prolétaires d'Oslo.

  • Alban

    Apparemment, oui. Ceinture noire d'accent aussi dans Oslo. Et c'est super intéressant, mais parfois, les gens m'en ont parlé de ça. Alors, rapidement, j'aime bien aussi les langues. Je ne parle pas super bien norvégien, mais ça m'intéresse. Et rapidement, j'avais vu la différence entre l'accent d'Oslo et une collègue de Bergen, par exemple.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est très fort comme différence.

  • Alban

    C'est faux. Je rigole parce qu'elle ne sait peut-être pas qu'elle aurait remarqué.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça, c'est très intéressant. Donc moi, j'ai un enfant qui va avoir 5 ans. Puis j'ai deux beaux enfants qui ont 12 et 15. Et mon mari est philologue. Donc ça veut dire...

  • Alban

    Il s'intéresse au fil.

  • Lorelou Desjardins

    Non, c'est la science des langages.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Et donc, il est très, très bon en langue. Il parle 7 langues. Il parle parfaitement norvégien, mieux que moi. D'où le ceinture noire, là. Mieux que moi. Non, il parle mieux que moi parce qu'en fait, moi, les gens savent que je ne suis pas norvégienne. Quand je vous la bouge, j'ai un accent.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Je parle correctement, mais j'ai un accent. Lui, il n'a pas d'accent. Punaise. Très énervant. Mais du coup, ce qui est intéressant, c'est que nous, on corrige les enfants en norvégien. Mais non. A ti, Sissi. J'adore. A Sissi, on les corrige.

  • Lucie

    Moi, c'est ma fille qui me corrige. Génial. Ma fille de trois ans.

  • Alban

    On pose souvent la question aux invités. Est-ce que pour toi, 15 ans plus tard, on va dire peut-être, c'est toujours aussi quand même important de parler norvégien, que ce soit pour travailler ou nouer des liens sociaux, par exemple

  • Lorelou Desjardins

    Ah mais c'est important plus que jamais. Quand on commence à parler norvégien, c'est un monde... Moi, je compare ça, c'est comme si quand tu ne parles pas norvégien, tu es dans un train, tu vis dans un train, et quand tu parles norvégien, on ouvre la porte du train et tu découvres le monde. C'est-à-dire que tu peux lire les journaux, tu peux écrire dans les journaux. Moi, j'écris dans les journaux norvégiens. Tu peux regarder la télévision, tu peux participer aux débats publics, tu peux assister à des réunions de l'école de tes enfants. Tu peux assister aux réunions du syndic. Tu peux proposer des changements dans ton syndic. Tu peux devenir... Moi, j'ai été... Comment ça s'appelle Board member. Tu peux participer au syndicat. Tu peux être bénévole. Tu peux devenir bénévole de la Croix-Rouge et faire je ne sais quoi pour les enfants malades. J'en sais rien. Mais en tout cas, tu fais partie de la société. Et je pense que c'est... Si je peux envoyer un appel à tous les gens qui nous écoutent. Je pense que c'est une erreur. Alors, à part si vous venez pour six mois, à ce moment-là, effectivement, bon, je ne vais pas juger. Moi, je pense que même pour six mois, ça vaut la peine d'apprendre une langue, mais les bases. Je pense que c'est se tromper, en tout cas, que de croire que parce qu'il parle anglais,

  • Lucie

    c'est suffisant.

  • Lorelou Desjardins

    Que c'est suffisant parce qu'en fait, la réalité, oui, il parle anglais, c'est vrai. La réalité, c'est que si tu es dans un travail et que tu as... une pause déjeuner, ils préfèrent parler norvégien parce que c'est leur langue. Ils préfèrent parler norvégien. Et puis, s'ils t'invitent... Moi, j'ai été invitée à des repas de Noël chez des Norvégiens. Je pense que si je ne parlais pas norvégien, ils ont toutes les grands-mères. C'est trop compliqué.

  • Alban

    Oui, c'est sûr. Il faut faire changer tout le monde.

  • Lorelou Desjardins

    Il faut faire changer tout le monde. Au début, c'est mignon, mais après, le souci, c'est que quand on reste là un peu plus longtemps et qu'on ne parle pas norvégien... ça devient un petit peu problématique pour trouver un travail.

  • Alban

    Pour évoluer, comme tu disais tout à l'heure.

  • Lorelou Desjardins

    Pour évoluer.

  • Alban

    Tu l'as senti peut-être aussi.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, moi je l'ai senti aussi. Donc c'est vrai que... Et puis, par exemple, les Norvégiens adorent lire le journal. Je ne sais pas si vous avez remarqué.

  • Alban

    Dégue. Pas que Végué, il y a un nombre de journaux complètement incroyables. Il y a quand même un journal ici qui s'appelle La lutte des classes, Classe Kampen. Il faut le faire quand même. Donc, il y a des journaux locaux, des journaux politiques, des journaux financiers. Les Norvégiens adorent lire le journal. Et lire le journal, c'est aussi une manière de s'informer. Quand les gens disent que c'est dur de se faire des amis, déjà, il faut apprendre ce qui se passe dans sa communauté.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Alban

    Moi par exemple cette année j'ai participé à quelque chose qui s'appelle TV Action avec mon fils où en fait c'est un genre de téléthon tous les ans mais pour une organisation différente Oui mais il faut parler norvégien pour faire ça On fait du porte-à-porte, ils nous donnent plein de papiers qu'il faut lire après on récolte de l'argent, il faut un peu comprendre le système et puis ça par exemple c'est le genre de choses, là tu gagnes des points dans ton quartier Tu arrives avec ton petit enfant. En plus, cette année, c'était pour donner pour une association pour les enfants malades du cancer. Tu arrives avec ton petit enfant, on récolte de l'argent pour les enfants malades du cancer. Là, ton voisin te regarde. Bon, on va te donner de l'argent. Allez,

  • Lucie

    c'est parti, on sort le vif. On ne peut pas combattre.

  • Alban

    Et en fait, c'est aussi tout le bénévolat. En fait, il y a énormément de valeurs sociales au bénévolat. Ça, il faut le comprendre. Si vous vous sentez seul. si vous n'avez pas d'amis, etc. Tout ce qui est bénévolat, donner de son temps pour la communauté. Et ça, ça vient de la culture chrétienne, toute la religion, etc. Mais bon, pareil, sans parler norvégien, c'est compliqué. Les Norvégiens se plaignent souvent, et il y a aussi des études qui montrent ça, que les immigrés ne participent pas dans toute la vie associative et communautaire. dans leur quartier, dans leurs écoles. Par exemple, vous qui avez des enfants, il faut savoir que quand vous êtes invité à une dugnade, il faut y aller.

  • Lucie

    Alors là. Déjà, je savais, Laure et Lou, que tu allais me mettre dedans parce que je te dis que Lucie va ensuite me rappeler tous les sujets qu'on ne fait pas et qu'on devrait faire.

  • Lorelou Desjardins

    On a eu les dugnades et on a dit il y a cours de piscine,

  • Lucie

    on ne peut pas venir. Et j'ai quand même dit, mais est-ce qu'on peut participer Moi, je me suis dit, je vais leur faire des crêpes, je vais leur faire un truc, tu vois. Ils m'ont dit non, il y aura un prochain, t'inquiète. Mais là, j'ai commis une erreur de fou.

  • Alban

    Alors, j'avais été invitée à une dugnade une fois dans mon syndic. Attendez,

  • Lorelou Desjardins

    pause. Il faut qu'on explique dugnade. Oui,

  • Lucie

    c'est vrai.

  • Lorelou Desjardins

    Pour ceux qui ne sont pas encore en Norvège ou qui n'habitent pas en Norvège, comment tu définirais le dugnade

  • Alban

    Alors, moi, je dis la dugnade, mais de toute évidence, il n'y a pas de la ou de le.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est vrai.

  • Alban

    Alors, la dugnade, c'est... Comment décrire ça En fait, c'est donner de son temps pour la communauté. Mais ça peut être n'importe quelle communauté. Ça peut être une communauté dont on est membre. Alors, dont on est membre, qu'on le veuille ou non. On ne sait pas.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, par exemple, on a une maison ou un appartement.

  • Alban

    Exactement. Il peut y avoir... T'es membre d'un syndic.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà. Donc, tu fais la dugnade de ton immeuble, de ton quartier.

  • Alban

    Tu fais la dugnade de ton immeuble. Et en fait, souvent, on t'appelle. C'est-à-dire que tu reçois un papier dans ta boîte aux lettres qui dit La dugnade sera le mardi 13 novembre de 14h à 16h. Venez avec des sacs plastiques et je ne sais pas quoi. Et voilà, râteau et pelle. On va repeindre toutes les barrières. On va ramasser toutes les feuilles mortes. On va nettoyer le quartier. On va faire ci, on va faire ça. Après, il y a les dugnades pour les enfants. Alors, il y a des grosses blagues en Norvège, parce qu'en fait, les Norvégiens n'aiment pas non plus aller à la dugnade, mais c'est une obligation sociale. Donc, ça les gonfle. Et donc, les blagues, c'est du style, surtout ne laisse pas ton enfant commencer la fanfare, parce que là, tu vas devoir te mettre à mi-temps tellement il y a de dugnade.

  • Lucie

    Oui, c'est ça. Mais en fait, avec les enfants, t'es dedans. Pourquoi la fanfare Parce que tous les enfants défilent le 17 mai devant le Palais du Roi et Karl Johan, qui est les Champs-Élysées.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils font la fanfare Je ne sais pas.

  • Alban

    Alors la fanfare, ça peut être plein de choses différentes. Ils font des dugnades pour avoir plus d'argent, pour acheter des instruments de musique. Ils font des dugnades pour partir en voyage. Après, tu as des dugnades. En fait, tu as des dugnades à partir du moment où tu as des enfants déjà assez foutus.

  • Lorelou Desjardins

    Pourquoi ce n'est pas les enfants qui font le dugnade d'ailleurs

  • Alban

    Pourquoi c'est les parents Parce que les parents, tu dois faire des gâteaux, tu dois vendre les gâteaux, tu dois être derrière le stand pour vendre les gâteaux. Tu ne peux pas demander à un enfant de 5 ans quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Non, t'inquiète pas, je ne vais pas travailler pour l'enfant.

  • Alban

    Non, mais si tu veux, c'est... Non, c'est les parents qui doivent prendre la responsabilité. Et puis après, il peut y avoir d'autres dugnades. Mais alors, il y a différents niveaux de dugnades. Oh punaise. Alors, le niveau bas...

  • Lorelou Desjardins

    Nous, on est ceinture blanche en dugnade.

  • Alban

    Le niveau nul, les nuls, les pires, c'est nous, les immigrés. On se dit, oh, j'ai pas envie, il fait froid dehors. On n'y va pas. Ou j'ai piscine, ou...

  • Lorelou Desjardins

    Attends, moi, j'ai une réclamation. C'est que les dugnades, à chaque fois, on nous envoie deux semaines. Alors qu'ils sont hyper... Dans l'anticipation, on nous le dit deux semaines à l'avance à chaque soir.

  • Alban

    Ah ça c'est pas bien, il faut se plaindre. Ok,

  • Lucie

    on peut se plaindre. On ne peut pas, c'est en Norvégien, on ne peut pas se plaindre. Voilà. Apprenez le Norvégien et vous pourrez vous plaindre.

  • Lorelou Desjardins

    Non,

  • Alban

    tu y vas. Là, tu veux gagner des points. Tu vas voir les gens qui organisent le Dugnad. Tu dis, moi, j'avais vraiment envie de venir au Dugnad. C'est très important pour moi de faire partie de cette communauté. J'avais vraiment envie de rencontrer mes voisins. J'avais envie de faire des gaufres en plus. Et vous m'avez dit ça deux semaines avant. Je n'ai pas eu le temps de me préparer.

  • Lucie

    J'ai hésité à annuler mes vacances.

  • Alban

    J'ai hésité à annuler mes vacances à Svalbard.

  • Lucie

    Marrant de lui,

  • Alban

    je vois. Mais bon, ma mère était malade. Donc, du coup, je me suis dit quand même, je vais m'occuper d'elle. Non, je rigole. Et là, la prochaine fois, je peux te parayer. Ils vont te l'envoyer en avance.

  • Lucie

    Punaise.

  • Lorelou Desjardins

    Non, mais c'est bravo qu'on le fasse.

  • Alban

    Mais donc, les ceintures. Alors, ceinture blanche, les nuls, c'est les gens qui ne vont pas. Ça, ce n'est pas bien. deuxième niveau, tu n'y vas pas, mais tu as une très bonne excuse. Tu leur dis, je ne peux pas venir, je suis désolée, mais je ferai deux heures de travail communautaire la semaine prochaine, seule. Envoyez-moi les choses à faire. Ça, c'est le deuxième niveau. S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire...

  • Lorelou Desjardins

    C'est que le niveau 2, en plus.

  • Alban

    S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire, vous me le dites, je le ferai. Alors, troisième niveau, tu vas à la dugnade, tu participes. Ça, c'est en fait le niveau basique. C'est ce que tout le monde est supposé faire. Donc, tu vas à la dugnade, tu fais tout ce que tu as à faire. Tu montres bien à tes voisins que tu es là. C'est important. Quatrième niveau, tu amènes tes enfants à la dugnade. Tu leur apprends dès le plus jeune âge à travailler pour la communauté gratuitement. Cinquième niveau, tu es la personne qui organise le dugnade.

  • Lucie

    T'en es où, toi, sur l'échelle des niveaux

  • Alban

    Moi, je suis à 4.

  • Lucie

    T'es balèze.

  • Alban

    Non, je suis à 5, en fait, parce que moi, je suis dans le syndic. Je suis membre du syndic. Mais je ne suis pas encore à 5. Je suis à 4,5 parce que j'y suis allée avec mon fils pour bien lui apprendre. Je lui ai donné les sacs plastiques, les râteaux et tout. Travailler, travailler. Alors, je suis membre du syndic dans le STUELA, qui est le conseil d'administration. Mais par exemple, vraiment, le dernier niveau, c'est t'organises l'éducnat, t'organises une fête. C'est toi qui organises, c'est toi qui envoies les messages, c'est toi qui imprimes les papiers.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça a un travail à plein de temps, là.

  • Lucie

    En fait, il te faut, jusqu'à l'âge de la retraite, à 67 ans, c'est bon, tu es prêt à tout organiser tellement tu dois faire deux choses.

  • Alban

    Et là où il faut faire attention, c'est OK. Alors ça, ça vaut pour plein de choses dans la société norvégienne. Quand on vit vraiment ici, il faut participer. On peut avoir une excuse une fois, mais il faut quand même participer. Les Norvégiens, ils n'ont pas envie d'aller à la dugnade.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils le font quand même.

  • Alban

    Mais ils le font quand même. Parce que c'est comme ça. Et il y a même certains groupes où on peut payer pour sortir de la dugnade. Mais oui. Ça, c'est pas terrible, ça. Mais oui,

  • Lorelou Desjardins

    hein. C'est niveau moins un.

  • Alban

    Ouais, ça, c'est pas terrible.

  • Lucie

    Bah oui.

  • Lorelou Desjardins

    Même moi, j'oserais pas, je pense.

  • Lucie

    Quoi Bon, c'est un autre sujet.

  • Alban

    Non, mais si.

  • Lorelou Desjardins

    Si c'était avec des Français, j'oserais. Mais là, ici, j'oserais pas faire ça.

  • Lucie

    Ouais, on en reparlera.

  • Lorelou Desjardins

    On parlait de l'intégration. Donc, au niveau des amis, j'ai cru comprendre que ça allait. Tu as fait des efforts et ils te l'ont bien rendu. Mais comme le petit Danois, il est retourné au Danemark.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Après,

  • Alban

    c'est ça. Il faisait deux mètres. Un muret.

  • Lorelou Desjardins

    Le petit grand Danois, il est reparti au Danemark. Est-ce que tu as fait des rencontres avec des Norvégiens

  • Alban

    Amoureuse, tu veux dire Oui. Alors oui, j'ai été même en couple avec un Norvégien plusieurs années.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment de dater avec un Norvégien

  • Alban

    Je ne le conseillerais pas. Ça dépend. Non, mais ça dépend des gens. Les gens en Norvège sont aussi différents que ceux ailleurs. Bien sûr. Les gens ont des personnalités différentes, etc. Donc, je ne peux pas dire pour tout le monde. Mais disons qu'en tout cas, pour moi, ce que j'ai trouvé compliqué, c'est que je ne suis pas norvégienne. Je considère que j'ai fait beaucoup d'efforts pour m'intégrer. J'ai toujours été dans un travail où j'étais la seule étrangère. Je suis en immersion totale toute la journée. Je ne parle que norvégien tout le temps. Et donc, c'est vrai que là, de me retrouver dans une vie de couple où je suis avec une personne norvégienne, j'avais l'impression de me perdre un peu quand même. C'est-à-dire que là, j'allais vraiment... C'était pratiquement de l'assimilation dans le sens où là, je devais vraiment devenir complètement norvégienne et je n'avais pas envie. Parce que je ne suis pas vraiment... On est quand même toujours un peu de là où on vient. Bien sûr. Je me rappelle une fois sa mère... Alors lui, il vient d'un petit village du sud de la Norvège. Et sa mère, une fois, en plus, on mangeait le dîner à 13h30. Le dîner Le dîner. Alors ça, déjà dur. C'est un peu la campagne, quoi. Et ça, déjà un peu dur. Et puis, elle m'avait fait un truc qui s'appelle l'abscaus, qui est en gros des patates, des carottes et de la viande cuite.

  • Lorelou Desjardins

    OK.

  • Alban

    Pendant longtemps. Bon, pas non plus un truc de fou, quoi. Enfin, c'est bon, mais voilà. Du coup... Elle me dit, t'as de la chance de goûter tous ces plats typiquement norvégiens. Et là, je lui ai dit, mais je crois qu'il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont déjà pensé à faire cuire des patates de la viande années 40 ensemble. Tu as vraiment dit ça Oh là là, ça ne lui a pas plu du tout. Oh, punaise. Toi, tu sais mettre à l'aise les belles-mères quand même.

  • Lucie

    Bizarrement, le lendemain, le Norvégien a dit,

  • Lorelou Desjardins

    c'est fini. Non, mais en fait, pour être tout à fait honnête, c'était il y a longtemps. Je ne sais pas si je l'ai pensé très fort aussi, je lui ai dit. Mais c'est vrai que cette pression de... Alors, c'est cette phrase norvégienne que j'ai entendue de nombreuses fois. Sånn er det i Norge Je ne sais pas si vous l'avez entendu. Ça veut dire quoi

  • Alban

    C'est comme ça en Norvège. Donc, c'est la fin de la conversation. Et ça, c'est quelque chose qui revient. Non, mais c'est comme ça en Norvège. Donc, c'est comme ça que ça va être. Et c'est comme ça que ça doit être. Donc ça, c'est quelque chose d'un petit peu compliqué. C'est vrai, quand tu es dans une relation de couple... où en fait, oui, où tu dois devenir norvégienne, tu dois te plier quand même à toutes les règles. Alors que là, c'est vrai que mon mari, il n'est pas norvégien. Bon, ben, on est, j'appelle ça, moi, on est des immigrés parfaits, les immigrés des posters, là. Et puis après, on ferme la porte de chez nous. Et puis bon, on fait ce qu'on veut, quoi.

  • Lucie

    Bon, t'as tenté l'expérience, mais c'était pas probant. Tu te perdais dans le truc.

  • Alban

    Ouais, je me perdais un peu dans le truc. Après, il y a une autre chose.

  • Lorelou Desjardins

    Parce que tu parlais norvégien avec lui.

  • Alban

    Oui, je parlais norvégien avec lui, ouais, tout à fait. Après, c'est un peu difficile aussi quand tu es étranger en Norvège. Je ne sais pas si vous voulez rentrer dans ce genre de sujet, mais quand tu dates, c'est-à-dire quand tu essaies d'avoir des relations amoureuses en Norvège et que tu es étranger, tu as aussi beaucoup de questions. C'est un peu un entretien d'embauche. C'est genre, oui, mais du coup, tu vas rentrer quand dans ton pays Parce que là, moi, je ne veux pas investir du temps dans quelqu'un qui rentre dans son pays dans deux ans. Ça ne m'intéresse pas.

  • Lorelou Desjardins

    Toi, tu répondais quoi Parce que tu étais encore là temporairement

  • Alban

    Alors oui, ça dépendait des fois. Je ne me rappelle plus exactement. J'avoue que ça paraît il y a très longtemps. Mais donc, ce n'est pas très spontané. Ce n'est pas, on va apprendre à se connaître et puis on verra. Non, non. Mais du coup, tu possèdes ton appartement Parce que si du coup, on achète ensemble un jour, il faut qu'on ait une part égale.

  • Lorelou Desjardins

    Mais dès le premier rendez-vous Ah,

  • Alban

    le premier rendez-vous. Ah oui. Donc, ils te demandent si tu possèdes ton appartement ou si tu loues. Où est-ce que tu possèdes ton appartement est-ce que t'as un travail fixe est-ce que t'aimes skier et oui forcément sinon eux ils ont prévu plein de week-end au ski si t'aimes pas skier ça va pas le faire donc souvent les couples mixtes que tu vois en Norvège ils se sont rencontrés à l'extérieur de la Norvège très souvent parce que là les Norvégiens à l'extérieur ils ont évidemment pas ce genre d'attente mais donc c'est vrai qu'il y a un moment et puis après t'as tout le truc des enfants il y a plein de choses fou

  • Lorelou Desjardins

    Mais tu penses que s'ils datent avec une Norvégienne, ils vont lui poser les mêmes questions Ah oui. Bah oui,

  • Lucie

    de la part, t'es tout.

  • Alban

    Ah oui, c'est pareil. Ah non, ça, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Tu dois dater quelqu'un qui est de ton niveau, quoi. Parce que si... Ça ira pas très loin, quoi.

  • Alban

    Ouais, moi, on m'avait demandé, si je me rappelle, ça, c'est parce que j'étais étrangère, mais est-ce que toi, t'as tes propres amis Parce que j'ai pas envie que tu sois dépendant de mes amis et qu'après, si on se sépare, du coup, t'as plus d'amis. Ouais, ouais. Ça m'embêterait. Toi, t'es là, mais on n'est pas ensemble, en fait. Donc, pourquoi tu penses ça Je vais prendre tes amis, c'est toi qui en auras plus Juste Mais en fait on est pas ensemble là Je te connais pas, pourquoi tu parles de quand on sera pas ensemble Et je crois que le pire C'était un gars Qui m'avait dit, deuxième rendez-vous Deuxième rendez-vous hein On s'était même pas embrassés Il me dit, du coup toi tu vas avoir des enfants A quel moment Je me dis, je sais pas Il me dit, quelle année Alors je sais pas Euh

  • Lucie

    Mais sache que ce sera en août de cette année-là, par contre. Pour avoir ta place en crèche.

  • Alban

    Alors, attends, laisse-moi sortir mon calendrier. Donc, j'ai prévu de tomber enceinte en mars de 2022. C'est ça. Donc, il me dit ça et je lui dis, mais pourquoi Je ne comprends pas. Il me dit, alors moi, j'avais un plan, c'était d'avoir un enfant. Donc, quand j'avais 33 ans, je ne sais pas quel âge il avait. Là, il était en retard sur son planning.

  • Lorelou Desjardins

    Ah mince.

  • Alban

    Ah oui, c'est un problème, ça. Oui. Donc là, il était en train de faire construire une maison dans le jardin de sa mère. Ouf. Ah,

  • Lucie

    ok, bon. Délicat.

  • Alban

    Et du coup, il voulait savoir si là, j'étais prête à avoir un enfant, genre là, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Mais pratique, quand même, d'avoir la mamie sur place.

  • Alban

    Ça chauffe, on était, encore une fois, pas du tout ensemble.

  • Lucie

    J'adore.

  • Lorelou Desjardins

    Mais écoute, au moins, c'est clair. Tu sais à quoi t'attendre, toi. Tu sais que si tu commences une relation avec lui, tu vas être en cloque dans quelques mois, quoi.

  • Alban

    Ouais, enfin, bon. Et donc là, du coup, j'avais répondu, écoute, je ne sais pas, je n'ai pas de réponse à ta question, mais je te tiens au courant. Si tu veux, dans le développement de notre relation, je te tiens au courant. Et puis, au bout d'un moment, je lui avais dit, on était sortis ensemble, au bout d'un moment, je lui ai dit, écoute, je ne pense pas que... En fait, du coup, j'avais été très honnête avec lui très rapidement parce que...

  • Lucie

    Je savais quel était le projet.

  • Alban

    Je connaissais le projet. En gros, il m'avait dit, moi, je n'ai pas de temps à perdre. Le moment où tu décides que tu as envie de faire un enfant avec moi, de rester avec moi vraiment, ou que tu ne veux pas, tu me le dis tout de suite.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Du coup, je lui avais dit, ah mais il avait super bien pris.

  • Lucie

    Pas trop de retard, ça allait

  • Alban

    Bon, ça l'avait un peu retardé quand même. Ça, c'était un petit problème.

  • Lucie

    Ouais, coup dur là, coup dur. Bon ben, t'as fait classe, mais coup dur pour lui.

  • Alban

    Coup dur pour lui. Alors, je sais que les gens qui se rencontrent à l'extérieur de la Norvège, c'est différent. Mais quand on a des relations amoureuses en Norvège, c'est un peu transactionnel. Et du coup, moi, je trouve que ça enlève un peu de la magie, quoi. C'est pas très... Parce que...

  • Lorelou Desjardins

    Bon, alors j'ai jamais...

  • Alban

    Ça fait pas rêver, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais. Non, je comprends. Mais c'est marrant parce que moi, j'avais une image un peu différente. Je n'ai jamais été en Norvège, mais j'entendais que, justement, au contraire de demander si tu veux des enfants, si tu veux te marier et tout, ils étaient plutôt pas très sérieux, plutôt...

  • Alban

    Alors oui, tout à fait. Alors ça, c'est l'envers du décor. C'est-à-dire, t'en as, ils sont hyper sérieux. Ça dépend de l'âge, en fait. Et puis, les gens, ils sont hyper sérieux. Mais effectivement, il y a aussi... Il y a aussi des âges ou même des personnalités qui n'ont pas envie de s'attacher. Alors ça aussi, c'est très compliqué. C'est qu'en fait, quand tu es avec un Norvégien, tant que tu n'as pas... Alors ça, j'ai mis longtemps à comprendre. Parce que moi, j'avais l'impression qu'on était en couple. Pas du tout. Ah ouais Ah non, ça, je n'avais pas compris. Alors soit avec un,

  • Lucie

    la semaine d'après, tu allais tomber enceinte. Mais avec l'autre, tu es resté longtemps et tu n'étais pas en couple.

  • Alban

    Donc en fait, moi, je croyais qu'on était en couple.

  • Lorelou Desjardins

    Et comment tu as découvert le pot au rose

  • Lucie

    Le jour de son mariage, mais pas avec moi. Je ne ressens pas.

  • Lorelou Desjardins

    Je t'aime bien quand même, alors...

  • Alban

    Restons amis, mais comment ça, restons amis Non, en fait, je ne sais plus. Je l'écris dans mon livre, je ne me rappelle plus de cette histoire. Mais en gros, en fait, tu comprends que la personne, elle est avec quelqu'un d'autre. Et puis tu te dis, mais du coup, on est... Mais qu'est-ce qui se passe Alors là, j'ai parlé à ma copine norvégienne. Je lui ai dit, mais je ne comprends pas très bien. Et puis là, elle me dit, mais est-ce que vous avez eu la conversation Quelle conversation Alors en fait, il faut avoir une conversation sans... dans un moment où personne n'a bu sur le statut de cette relation. Et là, il faut décider, est-ce qu'on est chat à l'estin, qui veut dire petit ami, ou pas. Et tu ne l'avais pas eu cette conversation Je ne savais même pas que cette conversation existait.

  • Lucie

    Oui, voilà, comme quoi,

  • Alban

    je connais tous les codes. Il faut connaître les codes. Donc en fait, une fois que tu as cette compétence, encore une fois, il y a des ceintures. J'adore,

  • Lucie

    on va voir les niveaux.

  • Alban

    Alors le niveau, si Arresta, c'est déjà un niveau quand même assez avancé. Le niveau d'avant, c'est qu'en fait, tu vois quelqu'un, tu passes la nuit chez lui ou elle. plusieurs fois mais cette personne quasi ne te calcule pas dans la rue la semaine d'après. Donc voilà, ça c'est niveau 1. Niveau 2, c'est on est chien à Alesta. Alors là, il commence à t'inviter, à te présenter à sa famille, à ses amis. Là, c'est plus sérieux, beaucoup plus sérieux. Après, tu as Samboer, ça veut dire qu'on vit ensemble en concubinage, mais on n'est pas mariés.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis après,

  • Alban

    tu as mariage. Et puis surtout, tu as enfants. D'avoir des enfants quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il y a quand même un truc qui est à la chance.

  • Alban

    Ça rapproche.

  • Lucie

    Ou pas, d'ailleurs. C'est ça.

  • Alban

    Donc, mais c'est vrai que c'était... Il y avait beaucoup de gens, en tout cas à l'époque où j'étais dans ces... Voilà, où je faisais des dates et tout ça, il y en avait beaucoup qui avaient envie juste de s'amuser un peu. Après, je pense que c'est partout. Mais c'était difficile de... Je me rappelle, j'avais pris un petit coup dans mon amour propre quand j'avais compris que, par exemple, un mec que je voyais... vous voyez, avaient cinq copines en même temps.

  • Lucie

    Wow

  • Alban

    Ça m'avait un peu blessée, quoi.

  • Lucie

    Je peux le comprendre. Pas trop besoin d'aller chercher pour savoir que, oui, une relation... Ah,

  • Alban

    mais moi, je t'attendais. J'avais pas compris que...

  • Lucie

    Mais moi, j'allais acheter l'appart, là. J'allais acheter l'appart pour être avec toi.

  • Alban

    Et je raconte ça dans mon livre, c'est le jour où on va à Ikea. Et là, il dit, ah non, je ne peux pas. Il reste trop d'engagement d'aller à Ikea ensemble. Ah ben oui. Il faut choisir des meubles.

  • Lucie

    Un endroit sacré comme ça. Ikea, c'est... La prochaine étape, c'est l'église.

  • Alban

    Tous les gens vont savoir qu'on est en couple. Je dis, mais les gens s'en foutent. Les gens... Ils rachètent notre place. Ils rigolent. Ils s'en foutent de nous.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    c'est génial J'adore Tu sais que quand tu vas à Ikea avec ton cum, c'est bouffoir,

  • Alban

    c'est bien engagé. Ah oui,

  • Lucie

    c'est sérieux. Pour notre prochain épisode, nous cherchons une jeune femme, moins jeune homme, qui est allée avec son ou sa partenaire chez Ikea, pour nous raconter quelle expérience ultime ils ont pu vivre en allant en couple à Ikea.

  • Alban

    Voilà, thérapie de couple. Oui,

  • Lucie

    oui, oui.

  • Alban

    Mais oui, donc en fait, c'est vrai qu'il y a un moment, je me suis dit, alors je m'intègre en Norvège, j'aime ce pays. Mais c'est peut-être un peu trop de me demander de vivre vraiment une vie norvégienne totale. Je mange tôt, mais quand même pas si tôt. De manger que des tubes, c'était un peu trop pour moi.

  • Lorelou Desjardins

    Du coup, après, tu t'es dirigée plutôt vers l'international.

  • Alban

    Je me suis dirigée vers l'international.

  • Lucie

    Donc, tu nous as déjà donné plein de conseils et d'anecdotes sur ton parcours. Mais comment tu en es venue à beaucoup voyager à Norvège et puis finir par un blog qui, je crois, est devenu un livre Comment ça s'est passé un peu tout ça C'est ça.

  • Alban

    Alors, j'ai commencé à écrire un blog qui s'appelle A Frog in the Fjord, donc une grenouille dans le fjord en anglais, qui était un blog anonyme à l'époque où j'écrivais de façon un peu humoristique sur toutes mes frustrations en Norvège, en fait. toute la culture, l'apprentissage de la langue, tout. Ça m'énervait. D'un autre côté, je trouvais ça rigolo, mais je trouvais ça quand même assez difficile. Donc j'ai commencé à écrire là-dessus, de façon anonyme, aussi sur toute ma vie amoureuse. Donc c'est pour ça que c'était anonyme, parce que j'avais pas forcément envie que les gens sachent que c'était moi. Et puis, il y a certains de mes articles de blog qui sont devenus viraux aux Etats-Unis et en Norvège, qui ont été partagés des milliers, voire des centaines de milliers de fois. Et là, les... Les journaux et les médias norvégiens ont commencé à me contacter avec mon petit mail anonyme en me disant Mais qui es-tu Est-ce qu'on peut t'interviewer Est-ce qu'on peut publier tes articles dans le journal Là, j'ai été prise d'une panique totale. D'ailleurs, à l'époque, je vivais dans un appartement pas très loin d'ici. Moi, j'écrivais de mon petit entre-sol sombre dans mon pyjama. Et puis, je me retrouvais avec les plus gros, l'équivalent du monde, par exemple, à me contacter. Je me disais Mais qu'est-ce que c'est ça Et puis moi, j'ai dit non, parce qu'en fait, je me suis dit Ça va passer Tout ça, c'est qu'une mode. Là, il voit mon article qui est beaucoup lu, mais ça ne va pas durer. Pourquoi est-ce que moi, je vais sortir avec mon nom Bon, voilà. Tu as d'abord dit non. J'ai d'abord dit non pendant assez longtemps. Et puis finalement, il y a plusieurs articles qui ont été viraux. Et là, je me suis dit, et les médias continuaient vraiment. Là, on m'a offert un certain nombre de choses. On m'a offert une chronique, en fait, une tribune dans Vegé, qui est un gros journal norvégien. On m'a offert plusieurs trucs comme ça, payés en plus. Et puis là, je me suis dit, mais on dirait que ça ne part pas, en fait. On dirait qu'ils sont vraiment intéressés. Et puis, j'ai commencé à écrire anonymement. Alors, il y a une anecdote assez drôle, parce que les premiers articles que j'ai écrits, c'était avec un nom d'emprunt. Et là, je me rappelle les journalistes norvégiens qui me regardaient. Et maintenant que je connais la société norvégienne, je comprends qu'ils disaient mais qu'est-ce qu'elle fout, quoi C'est qui cette Française Parce qu'en fait, je les voyais et ils disaient mais pourquoi tu veux être anonyme Enfin, ils ne comprenaient pas. Et je disais oui, mais je ne veux pas que ça impacte ma carrière. Et puis, il y en a un qui m'a dit non mais attends, l'anonymat, c'est pour les gens qu'on protège. Si tu avais été la maîtresse du roi de Norvège, oui, là, on comprend. Mais en fait, là, t'écris sur les différences culturelles avec les Norvégiens. Pourquoi t'as besoin qu'on te protège Ce que t'écris, c'est pas... Ils comprenaient pas du tout. Mais c'est parce que moi, j'avais pas compris que ça allait pas impacter ma carrière de façon négative. Que c'était que positif. Je l'avais pas compris.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, mais moi, je peux comprendre. Tu peux te dire, je critique certains aspects.

  • Alban

    Oui, puis je parlais de ma vie hyper personnelle. Avec mes dates, mes trucs.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, non. Moi, je peux comprendre que ça t'ait fait peur au début.

  • Alban

    Oui, mais en tout cas, c'est vrai qu'après ça, j'ai compris qu'il n'y avait pas de risque. J'ai commencé à sortir à écrire avec mon nom. Et puis, j'écrivais de plus en plus. Mon blog a vraiment eu beaucoup, beaucoup de lecteurs. Il y a un moment, j'avais un million de lecteurs par an.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, ils étaient en Norvège Beaucoup en Norvège,

  • Alban

    beaucoup en Norvège, oui. Et puis là, on m'a proposé d'écrire un livre. Mais moi, je n'avais pas envie d'écrire un livre. juste de compiler mes articles. Il y a plusieurs maisons d'édition qui m'ont proposé d'écrire un livre. Et j'ai dit oui à celles qui me proposaient un vrai projet de livre avec une histoire. Parce que moi, en fait, je voulais raconter c'est quoi de déménager en Norvège et de s'intégrer en Norvège. Et donc, c'est ce livre-là que j'ai écrit, qui a été traduit d'abord en norvégien. Donc, il est sorti d'abord en norvégien.

  • Lucie

    Mais toi, à la base, tu l'as écrit en français.

  • Alban

    Non, je l'ai écrit en anglais.

  • Lucie

    Ok, d'accord.

  • Alban

    pour que les éditeurs et tout ça puissent le lire quand même et écouter. Mais c'est vrai qu'il a été traduit en norvégien. Il est sorti en norvégien en 2017. En norvégien, il s'appelle Enflurskifjorden, Künstenoblenorsk, qui veut dire une grenouille dans le fjord de l'art d'être norvégien. Et il a été très, très lu. Il a très, très bien vendu en Norvège. J'ai été beaucoup invitée sur des plateaux télé, la radio, etc. Mais moi, en fait, quand même... Mon projet de départ, c'était de sortir ce livre en anglais, en français ou dans plusieurs langues, mais en tout cas en anglais, c'est clair. Pour que les étrangers aient accès à des informations, en fait. Donc, le principe du livre, c'est de raconter mon histoire. Mais finalement, le but, c'est de raconter la Norvège au travers de mon histoire, qui est une histoire personnelle, mais qui est aussi un peu une histoire plus ou moins pas de tout le monde, mais en tout cas d'apprendre la langue, de se faire des amis, etc. C'est l'histoire un peu de tout le monde. Et la maison d'édition norvégienne n'était pas intéressée dans ce livre en anglais, ni en français, ni en rien du tout. Ils voulaient que la version norvégienne. Donc, j'ai récupéré les droits. Et là, j'ai passé de longues années à essayer de le faire publier, chose que je n'ai pas réussi à faire. Et donc, à la fin, je me suis dit, c'est pas grave. J'ai décidé de monter ma propre maison d'édition. Et donc, j'ai publié ce livre en anglais. Donc, je l'ai publié après en français. Là, je viens de le publier en espagnol. Et... Le livre en anglais a très, très bien marché. Et le livre en français marche aussi très bien en France. Je le vends très bien en France. Et alors, le livre en espagnol vient de sortir. Donc, on va voir. Et puis là, j'écris d'autres livres. Là, j'apprends aussi. Je suis dans une école. Alors là, c'est niveau de dessus. Je suis dans une école d'écriture toute l'année, là, pour apprendre à écrire des livres pour enfants en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, d'accord. Non, mais toi, tu passes les ceintures noires de... dans tous les domaines.

  • Lucie

    Le cerveau n'arrive même plus à processer. J'entends, là, les neurones se touchent.

  • Lorelou Desjardins

    Déjà, bon, on ne veut pas me publier. Je monte ma boîte d'édition. Genre, je n'ai pas...

  • Lucie

    Et puis en plus... Non,

  • Lorelou Desjardins

    mais... The sky is the limit.

  • Lucie

    Ce qui me tue, c'est qu'elle est niveau C1+++, à savoir comprendre de quel quartier dans la fin fond de la Norvège pourquoi la personne a cet accent. Mais tu suis une école pour écrire des livres où je me dis, mais les phrases vont être hyper simples. Enfin, qu'est-ce que...

  • Alban

    Non, mais j'avais envie d'apprendre un style d'écriture, déjà en norvégien, parce que ce n'est pas ma langue. Et puis de rencontrer des gens, d'autres écrivains. Je ne sais pas, j'avais envie de faire ça. Et en fait, j'ai eu très peur qu'ils ne me prennent pas parce que le norvégien n'est pas ma langue maternelle. Mais bon, finalement, j'ai été prise, donc c'est cool. Mais c'est super intéressant. Et d'ailleurs, j'ai quelques projets en tête de livres pour enfants. mais bon après non mais c'est intéressant de connaître comment ils écrivent des livres pour enfants est-ce que t'écris pas un livre pour enfants de la même manière pour un enfant de 4 ans ou un enfant de 14 ans en fait c'est toutes ces choses là et puis ils te donnent des exercices il y a une manière aussi d'écrire en Norvège quand même c'est pas la même c'est pas la même écriture qu'en France c'est en fait en Norvège par exemple dans les journaux ils partent du principe en fait comme c'est pas une société élitiste Il part du principe, par exemple, dans un journal, il faut que quelqu'un qui a 17 ans et qui ne termine pas le lycée puisse lire tous les articles qui sont dans le journal.

  • Lucie

    Ça, c'est bien, en vrai.

  • Alban

    Du coup, c'est une autre manière d'écrire. C'est une autre manière d'écrire.

  • Lorelou Desjardins

    C'est plus simplement.

  • Alban

    J'écris plus simplement. Et c'est pour ça aussi, je pense, que j'ai pu écrire pour ces journaux. C'est que j'écris plus simplement que dans ma langue maternelle, c'est clair. J'écris plus simplement que, je ne sais pas, un journaliste politique norvégien. Parce que ce n'est pas ma langue et que, oui, je parle très bien, mais quand même, je n'ai pas le même vocabulaire. On ne peut pas comparer quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, tu parlais à la base de ton blog qui racontait tes frustrations. Est-ce que tu pourrais nous raconter les plus grosses frustrations que tu avais

  • Alban

    Alors, c'était la langue, c'était difficile. La langue, se faire des amis. les gens qui te... Tu vois, moi, j'avais rencontré des gens dans une fête et puis trop sympa. Ils me racontent leur vie. Je me dis, je me suis fait des amis. C'est génial. Et puis, ils m'invitent à un concert qui est la semaine d'après. Alors moi, en plus, je ne bois pas beaucoup. Je bois, mais très peu. Donc voilà, je ne suis jamais... Eux, ils sont complètement défaits. Mais moi, je ne le suis pas. Je suis totalement réveillée.

  • Lucie

    Prête pour le dugnad.

  • Alban

    prête pour le digne prête pour l'invitation et en plus j'ai assez de bonnes mémoires donc en fait cette personne qui me raconte sa vie en long large en travers moi je me rappelle de tout parce que je me dis je me suis fait un ami c'est génial c'est pour la vie on va se faire rire voilà ils vont m'inviter à la hutte au chalet et en fait ils m'invitent à un concert je dis à ma copine c'est quoi on va y aller au concert c'est génial on arrive là-bas ils nous regardent genre mais t'es qui toi Qu'est-ce que tu fous là Et puis moi je lui dis Oui mais tu te rappelles, je suis la fille avec qui t'as parlé Tu sais de ça, que t'avais C'est des soucis Bon j'avais pas été la plus maligne ce jour-là Mais oui tu sais Qu'est-ce que c'est que la réaction là Non c'est pas ça J'avais des soucis avec une fille au travail dont il était amoureux

  • Lucie

    Ah quand même, c'est pas mal Tu te rappelles,

  • Alban

    t'étais amoureux Le mec il se décompose Il se décompose Et là, il me tourne le dos, quoi. Je fais, ah, j'avais peut-être pas d'acte.

  • Lucie

    Je viens tourner devant la belle-mère pour lui parler de son plat patate, viande.

  • Alban

    Donc, en fait, ça, ce genre de choses, c'est brutal. C'est brutal parce que... Ou bien des gens...

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il avait un petit peu, quand il était saoul, il s'en rappelait pas.

  • Alban

    Voilà, et puis après, on me dit, oui, mais t'étais saoule. Ah non, j'étais pas saoule, moi. Ah, toi, t'étais saoule, toi J'avais pas compris. Et après, il t'explique, non, mais en fait, quand on est saoule, il n'y a rien qui compte. Ah, d'accord, j'étais pas au courant. Mais du coup, après, c'est difficile à comprendre parce que quand ils sont sous, c'est aussi là qu'ils disent la vérité. Alors, c'est pas simple.

  • Lucie

    On va voir ton traducteur. Sous, pas sous, vérité, pas faux.

  • Alban

    Alors, ils sont sous. Donc là, soit ils font n'importe quoi et il faut faire comme si ça n'avait pas existé. Soit ils sont en train de te dire la vérité. Alors là, voilà. Donc là, t'es là. Donc, ce genre de choses.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, quand tu veux demander...

  • Alban

    J'écrivais des mails, je disais, oh là là, vous savez pas ce qui m'est arrivé. Non, mais j'en peux plus. Mais c'est n'importe quoi. Voilà. Ce genre de choses. Ou bien sur la langue, où par exemple, j'ai dit des choses, moi j'avais l'impression de dire un truc tout à fait sensé, puis en fait j'ai mal prononcé, donc j'ai dit un autre mot qui voulait dire complètement autre chose, et là tout le monde se fout de ma gueule. Ou bien les gens pareils sont hyper choqués. Voilà, donc c'est des choses comme ça. Après c'était très innocent, c'était drôle, et voilà, c'est pour ça je pense que ça a pris.

  • Lorelou Desjardins

    Mais du coup t'as eu quand même des frustrations parce que tout à l'heure on disait que tu t'étais bien intégrée, mais en fait une fois que tu parlais bien norvégien.

  • Alban

    Ouais, mais alors moi, je le prenais avec humour. Toutes ces frustrations, je le prenais avec humour. Parce que là, il y avait quand même des gens autour de moi. Mais c'est vrai que, par exemple... Alors, c'est ça qui est aussi un peu compliqué en Norvège. C'est que si on a des frustrations dont on parle avec humour, ça passe. Quand on commence à être vraiment critique, là, ça devient un peu plus compliqué. Parce que là, c'est trop critique. Ils ont plus de mal à lutter.

  • Lucie

    Ton blog et ensuite même ton livre, tu as dit, a beaucoup pris en Norvège. Pas que, mais beaucoup en Norvège.

  • Alban

    Parce que c'était sur le point de vue.

  • Lucie

    Ça veut dire qu'ils étaient prêts à recevoir cette espèce de critique, mais bienveillante en tout cas.

  • Alban

    Très bienveillante et ça ne peut pas être sur n'importe quoi. Il y a un moment, j'ai commencé à écrire sur des sujets politiques. Là, on m'a bien fait comprendre que, oui, oui, mais par exemple, j'avais écrit un article une fois. Est-ce que le norvégien est un langage de l'amour Alors, gros hit. Justement, j'avais pris des exemples du NUNORCH. Je ne parlais pas du tout NUNORCH, bien sûr. J'ai demandé à des collègues qui écrivaient en NUNORCH pour leur poser des questions. Donc, si tu veux, j'écris cet article. Alors, évidemment, c'est très léger comme article. Si tu écris deux mois plus tard sur... Est-ce que la politique migratoire de la Norvège fait honneur aux réfugiés Après, ils sont là, ouais, mais pourquoi tu écris sur ça Moi, je préférais quand tu écrivais sur Hugli et Kouchli. Donc, c'est ça. Alors, je dois dire, le plus grand défi, après 15 ans ici, et je parle bien norvégien, moi, mon plus grand défi ici, c'est de savoir ce que les gens pensent. C'est vraiment ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'est pas clair. Pourtant, tu leur parles norvégien, toi.

  • Alban

    Oui, mais en fait, c'est une langue où il y a beaucoup de... Alors, ils appellent ça in de fostot In de fostot ça veut dire compris de l'intérieur Tout est un peu implicite en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que tu dirais même l'hypocrite parfois

  • Alban

    C'est toi qui l'as dit.

  • Lorelou Desjardins

    C'est toi qui te l'as dit.

  • Lucie

    Et t'es même pas bourrée.

  • Lorelou Desjardins

    J'ai pris un peu.

  • Lucie

    On dirait hypocrite de ne pas forcément dire ce qu'on pense.

  • Alban

    Alors, ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est qu'ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Ils ne veulent pas blesser les gens, ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Donc, je n'appellerais pas ça... Un homme. Je n'appellerais pas ça...

  • Lucie

    Elle n'est toujours pas bourrée.

  • Alban

    Donc, je n'appellerais pas ça de l'hypocrisie, mais ce n'est pas très direct. Et en fait, ce que je trouve le plus difficile en étant étranger, c'est que tu ne sais pas vraiment ce qui se passe. Tu ne sais pas... Tu n'es pas invité à un truc. Ah, pourquoi Tout le monde est invité sauf moi. OK, qu'est-ce qui s'est passé Tu vois, c'est... Et moi, j'ai beaucoup travaillé dans... Alors, j'ai travaillé beaucoup dans le public, dans des agences gouvernementales. Oh là là Alors là... Tout est ineforschtot.

  • Lucie

    Ah ouais. Personne ne se dit rien.

  • Alban

    Tout est indirect. C'est pas facile.

  • Lucie

    Tu intériorises.

  • Alban

    Non, c'est pas facile.

  • Lorelou Desjardins

    C'est sûr d'avancer parfois.

  • Alban

    Et puis, tu ne peux pas trop montrer tes émotions.

  • Lorelou Desjardins

    Ah non,

  • Alban

    c'est pas bien ça Ah non, il ne faut pas trop montrer. Surtout pas la colère.

  • Lucie

    Mais quand on n'est que colère, comment on fait

  • Alban

    Eh ben,

  • Lucie

    tu vas skier Oui, voilà, c'est ça, en fait.

  • Lorelou Desjardins

    Tiens, un petit tour dans la forêt, comme te dit le médecin.

  • Alban

    Voilà. Eux aussi, ils sont en colère, mais ils extériorisent d'une autre manière. Ils vont skier.

  • Lorelou Desjardins

    C'est vrai que je ne les vois pas souvent en colère.

  • Alban

    Ils boivent. Ils sont aussi en colère, mais ils le montrent d'une autre manière. Et en fait, moi, je donne des cours en entreprise, dans des universités, dans plein d'endroits sur la culture norvégienne du travail. Et ça, c'est une chose fondamentale. C'est que déjà, si t'es pas d'accord avec quelqu'un, il y a une manière bien précise de leur dire, en Norvège, pour que ça passe bien.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment

  • Alban

    Eh ben, il faut faire attention à comment les mots qu'on utilise. Il faut dire beaucoup de choses positives avant de dire une toute petite chose indirectement négative. Et aussi, il faut comprendre que si quelqu'un prend autant de pincettes avec toi, il est en train de te faire une critique, en fait. Parce que j'ai assisté aux deux, c'est-à-dire j'ai assisté à des étrangers... qui vont franco genre Ouais, mais c'était nul, en fait, là, ce que t'as fait dans ton projet hier. Alors là, déjà, non, ça, c'est pas possible, tu peux pas dire ça dans les gens. Mais dans l'autre sens, des gens, en fait, qui se prennent plein de critiques de leur chef, mais qui n'ont pas compris que c'était des critiques.

  • Lucie

    Mais oui, c'est ça aussi.

  • Alban

    Parce que c'est tellement caché. C'est tellement caché dans plein de choses positives que la personne ne comprend pas. Et l'autre chose, c'est quelles émotions montrer. Alors ça, après, si vous travaillez dans des compagnies internationales, c'est tout à fait différent, mais c'est vrai que au niveau des émotions, Alors, la question que je pose toujours dans mon cours, c'est, à votre avis, est-ce qu'il vaut mieux pleurer au travail ou être en colère C'est quoi le pire Le pire Ouais.

  • Lorelou Desjardins

    Bah, être en colère, j'imagine, avec ce que tu m'as dit, mais...

  • Alban

    Être en colère. Ah oui. Il vaut mieux pleurer.

  • Lucie

    Ok. Attends, ça, c'est ce qu'ils pensent,

  • Alban

    eux Ah oui.

  • Lucie

    Waouh. Moi, je fais les deux maintenant.

  • Alban

    Tu pleures en étant en colère

  • Lucie

    J'alterne, je décide selon le jour.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui,

  • Lucie

    c'est assez évocateur.

  • Lorelou Desjardins

    Tu vois, nous, au bout de six ans, on apprend des trucs.

  • Alban

    Absolument, oui. Et donc, alors ça, il y a des gens, ça met du temps. Parfois, déjà, ils ne le savent pas au bout de très longtemps.

  • Lucie

    Ben oui.

  • Alban

    Donc, en fait, c'est toutes ces nuances. Et alors après, on peut décider ou non de donner de l'importance à toutes ces choses. Bien sûr. Mais c'est vrai que... Par exemple, quand on a des enfants, parce que quand on est adulte, on peut décider ma chine ne m'a pas invité à sa fête de Noël alors qu'elle a invité tous les autres, je peux vivre avec ça Par contre, quand on a un enfant, dans le système norvégien, il faut bien comprendre que c'est… Il y a quand même une pression sociale de la conformité, ce qui veut dire que les enfants, ils ont envie d'être conformes. Enfin, en France aussi. Moi, je me rappelle, à 12 ans, je voulais avoir le même sac à dos, les mêmes trucs. Bon, ça, c'est normal. Mais c'est vrai qu'on ne veut pas non plus arriver dans une situation où les enfants se sentent en marge. Ce n'est pas simple.

  • Lorelou Desjardins

    Je suis en train de refaire tous mes one-to-one avec mon chef et je me dis, est-ce qu'en fait, il me disait des critiques quand il était en train de me dire que tout était génial

  • Lucie

    Toi, je ne sais pas s'il te faisait des critiques, mais toi, clairement, tu en as fait.

  • Alban

    Ton chef est norvégien Oui. Et tu travailles dans une entreprise norvégienne Américaine. Ouais, alors là, c'est un peu différent. Il y a des variantes quand même. C'est-à-dire que si tu es, par exemple, dans une institution publique, comme j'ai été. la seule étrangère, là c'est toutes les règles norvégiennes les plus pures qui s'appliquent. Si t'es dans le privé, déjà c'est plus direct. Là, il y a un souci de performance. Si t'es dans le privé, dans une compagnie étrangère, là c'est aussi une autre culture. Au début, il faut bien commencer.

  • Lorelou Desjardins

    T'as un petit conseil

  • Alban

    Il faut toujours être positif. Souris. Souris, toujours. Positif.

  • Lucie

    Pleure dans le noir, enfermée. Ne sois jamais en colère.

  • Alban

    En fait, c'est ça que j'ai... Alors, moi, je suis une personne pas très calme, à la base. J'utilise beaucoup l'humour, mais je suis aussi un petit peu énervée, un petit peu en colère. Il y a des choses quand même qui me mettent en colère. Et c'est vrai que quand je vois des gens qui réussissent très bien en Norvège, les Norvégiennes, surtout les femmes, c'est des femmes qui sont toujours positives. Et quoi qu'il arrive, positifs.

  • Lucie

    Est-ce que tu penses que c'est un espèce de masque où elle s'en convainc Bien sûr que c'est un masque.

  • Alban

    C'est un masque. C'est un énorme masque. Mais du coup, je vais juste vous donner un exemple. Par exemple, dans toutes les organisations et les compagnies, il y a des réorganisations. Les Norvégiens, ils adorent les réorganisations. Donc, par exemple, les réorganisations, typiquement, il y a plein de gens qui ne sont pas contents. Parce qu'une réorganisation, ça permet de reformer des équipes, de bouger des chefs que tu n'aimes pas trop un peu au placard. Il y a plein de stratégies là-dedans, mais ça, c'est partout dans le monde. Donc, par exemple, si tu demandes dans mon précédent boulot, on était en pleine réorganisation. La fille des ressources humaines, de toute évidence, son travail est un peu compliqué en pleine réorganisation. Les gens ne sont pas contents, ils se plaignent, etc. Et un matin, on était à la machine à café, et puis je lui dis, alors, ça va, Ingrid Comment ça va C'est pas trop dur, là, la réorganisation Et puis elle me regarde et me dit, ah, mais tu vas dégozobra. Je me dis, ah, ça va tellement bien. Dégozobra. Non, dégozobra. Non, dégozobra. Il faut drener, c'est folie. Mais dégozobra. Oui, il y a quelques défis, mais bon, c'est comme ça. Alors déjà, elle prononce le mot défi. Ça, ça peut vouloir dire, c'est très compliqué. Oui. C'est très difficile. En fait, dès qu'il...

  • Lucie

    tu vois Dès qu'il y a une once de critique, ça veut dire qu'en fait, derrière...

  • Alban

    C'est compliqué. Ouais. Voilà. Et t'as aussi, les gens réagissent comme ça aussi quand ils parlent de leur vie personnelle. Alors ça, moi, ça me perturbe. Encore au travail, je peux comprendre. Tu dis, bon, on est dans un monde professionnel, on ne va pas commencer à dire, non mais l'autre, tu te rends compte de ce qu'elle m'a dit et puis c'est quoi cette équipe Bien sûr, tu ne peux pas commencer à faire ça. Ça,

  • Lucie

    on le fait en France.

  • Lorelou Desjardins

    Mais attends.

  • Alban

    Mais dans la vie personnelle, moi, ce qui me tue... C'est quand les gens, ils te disent, tu leur dis, alors, tu as quelqu'un que tu n'as pas vu depuis longtemps. Parce que moi, maintenant, je suis là depuis longtemps, donc j'ai suivi un peu des gens. Tu leur dis, ça va Et puis là, souvent, les femmes, elles te disent, ça va tellement bien. Tu sais, bon, tu sais, on a divorcé avec Trucmuche il y a six mois. Mais bon, ça va tellement bien. On est devenus des super bons amis. Et puis, tu sais, mon père, il a l'Alzheimer, tu sais. Mais tu sais, vraiment, on s'est organisé.

  • Lucie

    Elle te raconte ça Il va mieux depuis qu'il a l'Alzheimer, vraiment. Ça, ça manquait.

  • Alban

    En fait, t'as l'impression qu'elle te raconte ses vacances à Ténérife, alors qu'en fait, elle te raconte des trucs horribles. Moi, j'ai envie de l'inviter chez moi à prendre un café. Je lui dis, mais t'es sûre que ça t'a l'air d'aller bien T'es énervée Tu perds Vas-y,

  • Lucie

    dis-moi tout, là.

  • Lorelou Desjardins

    Là, je revis un moment, il n'y a pas si longtemps. Tu sais, quand tu viens de donner naissance à ton enfant, on te met dans un groupe de... Un barcelope. Un groupe de mamans. Et donc, alors moi, la première, j'en avais pas eu parce que c'était pendant le Covid. La deuxième, on me met dans ce barcelgroupeux. Première réunion, je suis pratiquement une des seules à être maman pour la deuxième fois. J'ai ma petite expérience. La première, ça a quand même été un peu, voilà, une avancée. Broken roll,

  • Alban

    je vais te dire, pendant le Covid.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, et du coup, je me dis, bon, je suis la seule à avoir eu deux enfants. Je vais leur demander comment ça va. Première réunion, on est à la LCS Tachoun, au truc de santé.

  • Alban

    Donc, les enfants, ils ont quel âge Un mois. Oui, petit, oui. Oui,

  • Lorelou Desjardins

    tout petit. Donc, moi, je me rappelle ma première fille. Au bout d'un mois, j'étais au bout de ma vie avec l'allaitement. Je n'avais pas dormi.

  • Lucie

    On l'a eu en plein hiver.

  • Lorelou Desjardins

    J'étais au bout de ma vie. Et du coup, je me dis, les pauvres, il doit y en avoir pas mal qui sont dans le même cas. Je vais les rassurer. Je vais leur dire que tout ça passe et tout. Et là, je leur dis, alors les filles, comment ça se passe et tout Et là, toutes. Génial, l'allaitement au top. Ils dorment super bien. Et là, elles me sortent toutes ça. Et là, je dis, mais soit c'est toutes des menteuses, soit je n'ai vraiment pas eu de chance.

  • Alban

    Ni l'un ni l'autre.

  • Lucie

    Et oui,

  • Alban

    voilà. C'est ni l'un ni l'autre.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, ouais.

  • Alban

    Elle s'est fait ce qu'elle pouvait être. T'étais une maman complètement normale. Moi, au bout d'un mois, j'étais aussi au bout de ma vie. Mais pareil, j'avais toutes ces mamans. Ah, ça va Le pire encore, parce que moi, j'ai une césarienne, donc je ne pouvais rien porter. Et moi, j'ai rien pu porter pendant très longtemps. Donc, je n'ai pas porté mon bébé en truc-muche, là, avec le sac, je ne sais pas. Ouais, voilà. Et donc là, j'avais une maman. Ah là là, moi, je ne le porte que comme ça. Mais c'est la meilleure manière. C'est la seule manière. Et moi, j'étais là.

  • Lucie

    Nous ne faisons qu'un.

  • Alban

    Oui, mais moi, je ne peux pas. Parce que sinon, je vais mourir. C'est ça l'impression que j'avais, moi. J'étais tellement mal. Je me disais, déjà, j'arrive à prendre une douche de temps en temps. J'arrive à me nourrir à peu près. J'arrive à le nourrir. Je me disais, déjà, je m'en sors bien.

  • Lucie

    Clairement, c'était ça. Nous, on revenait de là, quoi. Aujourd'hui, on l'a habillé, on l'a changé. Une fois tous les 18 jours, c'est pas mal. Maintenant, on est bien.

  • Alban

    T'as dormi 4 heures, t'étais content.

  • Lorelou Desjardins

    Et pour revenir à mon barcel groupeux,

  • Alban

    du coup,

  • Lorelou Desjardins

    la seule qui a commencé à dire, c'est ma copine qui est américaine, qui a commencé à dire, moi, ça a été quand même un petit peu compliqué avec l'allaitement, mais je crois qu'on est sur la bonne voie.

  • Alban

    Restons positifs.

  • Lorelou Desjardins

    Et là, bon... Il y en a deux qui m'ont dit que, elle et moi, du coup, qui disions bon, ça a été un petit peu quand même, voilà. Et là, il y en a une ou deux, je ne me rappelle plus, qui a dit peut-être que moi aussi, ça a été un peu compliqué, mais ça va maintenant. Et là, je me suis dit, on ne pourra pas être copine des filles parce que je ne sens pas que c'est sincère.

  • Alban

    Alors, c'est exactement ça. Mais moi, personnellement, je ne suis pas d'accord avec l'idée de faire comme eux. Parce qu'en fait, si on fait comme eux, on entretient cette idée que tout est parfait, qui est faux. Parce que c'est faux dans leur vie et c'est faux dans la nôtre. La fille qui me dit, mais ça c'est une vraie histoire, qu'elle vient de divorcer avec son père à Alzheimer. Désolée, mais il n'y a personne dans ce monde à qui il peut arriver ça en l'espace de six mois et qui va bien. Ce n'est pas possible. Donc moi, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de lui dire, écoute, viens, je ne sais pas, on prend un café. Mais en fait, eux, ils ne veulent pas te déranger, mais ils te tentent quand même un peu une perche. Mais ce que j'ai remarqué, c'est que quand tu t'ouvres, comme tu as fait toi dans ton bar Chalgrépa, et que tu dis, moi, ça a été difficile, alors tu vas être surprise, c'est que quand même, il y a beaucoup de gens qui, là, te disent, ah oui, mais en fait, moi aussi, ce n'est pas facile. Du coup, tu leur donnes l'autorisation, comme tu leur montres que toi, tu n'es pas parfaite. Tu leur donnes l'autorisation à elles aussi ou à eux aussi. de dire, ah oui, nous aussi, c'est compliqué, tu vois. Et donc, en fait, moi, je suis pour ce genre de choses parce que je trouve que les gens ne parlent pas assez de leurs soucis. En France, peut-être, on a tendance à se plaindre trop.

  • Lucie

    On parle trop de soucis. Nous, on ne sait pas ce qui va bien.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, ici, on n'a pas le droit de se plaindre ni de nos enfants, ni de notre compagnon. Il y a un nombre de sujets très rétifs.

  • Alban

    Tu as envie de te plaindre parfois des enfants et de ton compagnon Je ne connais pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Moi, j'en parle. Il parle tous les enfants partout. Moi, jamais. Les autres.

  • Lucie

    Oui, là, je comprends.

  • Lorelou Desjardins

    Tu me pourrais apporter.

  • Alban

    Tu veux un petit verre d'alcool Non, non, mais c'est ça. Et je trouve ça un petit peu... C'est un peu oppressant, des fois. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils disent qu'il y a beaucoup de problèmes de dépression et de solitude en Norvège.

  • Lorelou Desjardins

    Ce n'est pas pour le climat, en fait.

  • Alban

    Ce n'est pas forcément que pour le climat. C'est aussi parce que c'est... très compliqué d'être vulnérable.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, il faut être pratiquant,

  • Alban

    quoi. Par exemple, tu vois, pour moi, si j'ai une bonne relation avec quelqu'un, même quelqu'un que je connais pas depuis très longtemps, si vraiment j'ai un problème ou si je me sens pas bien un jour, je vais l'appeler. Je lui dis, est-ce que t'as 5 minutes Je me sens pas bien, c'est pas ce qui m'est arrivé.

  • Lucie

    Parce qu'ils font pas ça avec leurs amis

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, peut-être, mais ils en ont pas beaucoup d'amis. Et ils ne le font pas toujours. En fait, c'est ça que j'ai trouvé. Et c'est ça qui me rend le plus triste, je pense, pour eux. C'est qu'au début, je me disais, ouais, mais ils font ça avec leurs amis très proches. Et puis, je me rends compte que pas toujours, en fait. Que cette vulnérabilité, elle n'est pas toujours possible. Ça dépend des gens et ça dépend des amitiés qu'on a. Mais ça m'a l'air un petit peu compliqué. Il y a quand même un peu cette façade. Et si tu regardes sur Instagram et des choses comme ça, alors là,

  • Alban

    c'est puissance 2000.

  • Lucie

    Au final, je me rends compte que j'ai eu de la chance avec ma fameuse collègue qu'on a invitée à la maison et qui nous a aussi invitées chez elle et son mari. Lucie venait de tomber enceinte quasiment. Elle nous reçoit pour le dîner. Elle venait d'avoir son bébé, ça faisait je pense trois mois. Elle nous dit...

  • Lorelou Desjardins

    On ne lui avait pas dit qu'on...

  • Lucie

    Voilà, elle n'était pas au courant qu'on attendait un enfant. Et elle nous dit, l'accouchement... Donc une Norvégienne. L'accouchement, c'est terrible et horrible. et après elle commence à rentrer un peu dans les détails c'est son mari trop mignon qui dit oui oui mais maintenant ça commence à aller mieux il a 18 ans donc ça va elle s'en remet tout juste mais du coup j'avais adoré qu'elle soit aussi ouverte sur ça parce que ce sont je trouve des témoignages comme ça et puis on s'est pas penché sur le sujet en en discutant nous aussi pareil, un premier accouchement, première enfance ça a été délicat, une fois de plus milieu de l'hiver t'es pas chez toi,

  • Alban

    c'est pour tout le monde c'est qui Même Florence Forestier, elle a fait un sketch là-dessus. Il y a plein d'humoristes féminines qui font des sketchs là-dessus. Même si l'accouchement se passe bien, quand même, un être humain, tu es responsable de la survie d'un être humain.

  • Lucie

    De traverser avant que... En plus...

  • Alban

    Voilà, donc c'est quand même qu'il y a un rythme complètement différent. Tu ne sais pas ce que tu fais. Comme dit mon père, mes parents ont quatre enfants, mon père, il dit, c'est quand même la chose la plus difficile que tu fais et personne ne te donne un cours pour savoir comment tu le fais. Ça,

  • Lorelou Desjardins

    c'est clair.

  • Lucie

    Complètement.

  • Alban

    Donc, je veux dire, est-ce que c'est vraiment possible de rencontrer un parent qui te dit que tout s'est toujours très bien passé et qu'il n'a jamais rencontré aucun obstacle Moi, je ne crois pas.

  • Lorelou Desjardins

    La Norvégienne, très positive, qui ne voit pas le problème.

  • Alban

    Des gossobras, ça c'est la fin. Des gossobras. Toi, t'es là. Mais celle-là,

  • Lucie

    elle va bien, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Je vais la retenir au travail. Ouais. D'égo sobra.

  • Alban

    D'égo sobra. Le conseil quand tu commences un nouveau travail, il ne faut pas trop se plaindre. Premièrement, il faut commencer par dire une chose positive.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Après, il faut dire une deuxième chose positive. Après, il faut dire une chose un peu négative, que tu pensais dire au début. Et après, tu dois montrer trois solutions potentielles. Oui.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Comme ça, oui, tu montres que déjà, tu es content d'être là, que tu es positif, que tu as une critique, mais que tu as déjà pensé aux solutions. Et là, par exemple, un chef, tu dis, j'ai pensé à ces trois solutions, qu'est-ce que tu en penses Qu'est-ce que tu préfères Et donc là, la personne choisit.

  • Lucie

    Tu leur laisses le choix.

  • Alban

    Tu leur laisses le choix, mais tu leur as aussi un peu prémâché le travail. Tu ne viens pas en disant, non mais attends, mais c'est quoi ces réunions le lundi matin Mais non, mais moi, je ne suis pas d'accord. Parce que la culture ne sert à rien.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça,

  • Alban

    c'est compliqué. Mais par exemple, au lieu de dire, non, mais c'est quoi ces réunions C'est n'importe quoi. Tu commences par dire, écoute, je voulais te dire, moi, je trouve que la culture des réunions, elle est vraiment super dans cette équipe, parce qu'on a des réunions où on sait où on va, il y a un agenda. Je trouve que vraiment, tout le monde participe. C'est vraiment super, blablabla. Par contre, je trouve que le lundi matin, tu vois, on vient d'arriver. C'est un peu frais du week-end. Est-ce que, par exemple, on ne pourrait pas mettre cette même réunion d'équipe, soit, par exemple, le mardi à 10h, ou, par exemple, le jeudi, parce qu'il y a machin qui revient de truc-muche, ou bien le mercredi, tu vois OK. Et du coup, pour eux, ils vont enregistrer que c'est une critique.

  • Lorelou Desjardins

    Mais que tu l'as bien enrobée.

  • Alban

    Très clairement, mais tu l'as bien enrobée et que tu es constructif.

  • Lucie

    Tu l'as déranglée comme il fallait, quoi.

  • Alban

    Les listening oriented comme ils disent. Orienté vers les solutions. Et non pas problème orienté vers les problèmes.

  • Lorelou Desjardins

    On a commencé à aborder le thème des enfants, de la maternité. Toi, après avoir rencontré quelqu'un qui n'était pas norvégien, vous avez décidé de former une famille. Comment ça s'est passé cette étape-là en Norvège

  • Alban

    Ça s'est bien passé, mais on est deux étrangers de deux cultures différentes dans une troisième culture.

  • Lorelou Desjardins

    Oui. Donc,

  • Alban

    ce n'est pas hyper simple. L'avantage qu'on a, c'est qu'on parle bien norvégien tous les deux. Donc, ça facilite. Ils ont quand même un peu des dogmes en Norvège. Il faut bien dire ce qui est sur l'éducation des enfants. Donc, il y a des choses qui sont extraordinaires. Moi, mon fils, il fait des démarches dans la forêt de 5 kilomètres avec son petit sac à dos. Il creuse dans la terre avec des bouts de bois. Il monte aux arbres. Enfin, il a une vie extraordinaire. Franchement, tu le vois, il est super content. Donc, il y a des choses qui sont super. Ils sont beaucoup dehors. On leur apprend à respecter les autres. On leur apprend à vivre en communauté. On leur apprend plein de choses comme ça. Ils ont quand même des principes d'éducation, comme nous aussi, on a des principes d'éducation en France.

  • Lorelou Desjardins

    Tu peux décrire la nourriture typique qu'on donne dans les jardins d'enfants La nourriture typique,

  • Alban

    c'est du pain carré avec des tubes, en fait, des pâtes liquides dans des tubes. Ça a l'air appétissant. De différentes couleurs. Alors, tu as une pâte en tube qui est rose, qui s'appelle caviar, qui n'est pas du caviar, qui est un genre de tarama très salé. Tu as un autre tube qui est un pâté de foie. Tu as un autre tube qui est un fromage liquide saveur crevette. Un autre tube, fromage liquide saveur bacon.

  • Lucie

    Fifty shades of tube.

  • Alban

    Fifty shades of tube, exactement. Voilà, donc c'est quand même un peu spécial. Ils leur donnent de temps en temps un petit fruit, mais comme j'ai expliqué, en fait, ce n'est pas une culture de la nourriture. Donc, ils ne vont pas non plus les encourager à manger un petit bout de chou-fleur. Ils vont mettre ça devant leurs yeux et puis s'ils ne le veulent pas, bon ben voilà. Donc, c'est vrai que ça, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Toi, ça a été compliqué pour toi de voir...

  • Alban

    Ça a été très compliqué pour moi. Ça, ça a été très, très compliqué. Et je me rappelle, ça faisait 11 ans que j'étais en Norvège quand il est rentré au Barnahage, le jardin d'enfants. Et là, je me rappelle, j'ai dit à mes copines, dont certaines françaises, danoises, etc., qui ont eu des enfants ici, je leur ai dit, mais moi, c'est hors de question. Elles m'ont dit, si, tu vas te plier à ça, parce que tu n'auras pas le choix. C'est un rouleau compresseur pratiquement idéologique.

  • Lorelou Desjardins

    Et alors, tu t'es pliée à ça Eh bien,

  • Alban

    je ne m'y suis pas pliée.

  • Lucie

    L'irréductible.

  • Lorelou Desjardins

    Comment t'as fait À force de beaucoup de discussions, d'enrobage, de critiques Déjà,

  • Alban

    mon enfant a eu quelques soucis un peu de santé. Il avait mal au ventre quand il mangeait la nourriture de là-bas. Je ne pense pas qu'il soit particulièrement allergique. Je pense que c'était très industriel comme nourriture. Je pense qu'il n'avait pas l'habitude. C'était très salé. En tout cas, il a réagi à certains trucs. Je me suis un petit peu servi de ça. Il a vraiment réagi, mais c'est vrai que du coup, j'ai arrêté de goûter. Après, quand même, il y a beaucoup d'enfants qui ont des problèmes intestinaux à cause de cette nourriture. J'ai remarqué quand même, quand il mangeait trop de pain, il n'était pas bien. Mais ça, c'est tous les enfants. Voilà, c'est pas bon. Et donc, en fait, je me suis un peu servie de ça. Alors souvent, au début, quand même, j'ai essayé. Je me suis dit non, mais ça va le faire et tout. Je l'ai mis dans un jardin d'enfants où il y avait de la nourriture chaude tous les jours. Mais ça n'a pas fonctionné. Il n'était pas bien. Donc, en fait, je me suis un peu servie de ça en disant écoutez, on a essayé. On voit que ce n'est pas le meilleur pour lui. Mais par contre, à chaque nouvelle barna haguet, parce que malheureusement, on a déménagé. On n'a pas eu de place au début parce qu'il est né. à la mauvaise période de l'année, comme c'est les Norvégiens, en janvier, donc ça, ça a été trop long, il n'y a pas eu de place. Je me rappelle quand j'étais enceinte, les gens me disaient Mais t'es folle Tu vas accoucher en janvier Mais comment tu vas faire Alors, je crois pas que j'ai le choix, en fait. Là, je suis enceinte de 6 mois. Alors, je comprends pas très bien, donc on arrête les grossettes parce qu'on a pas de place en crèche. Je comprends pas votre logique.

  • Lucie

    On attend un enfant. Félicitations, c'est pour quand Décembre. Toutes mes condoléances. Après, tu comprends, parce que c'est pour avoir la place à temps en jardin d'enfant et que c'est compliqué si tu ne l'as pas.

  • Alban

    Oui, enfin, ça ne dure pas 20 ans. Tu te débrouilles. Ça va bien se passer quand même. On va trouver la place en crèche. Oui, c'est vrai. Mais c'est sûr que ça a été compliqué. Du coup, il a pas mal bougé de crèche. Mais c'est vrai que j'ai été obligée de reprendre ce fil chaque fois.

  • Lorelou Desjardins

    Comment il t'accueillait quand tu leur en parlais Très mal.

  • Alban

    Très, très mal. Et en fait, ce qu'on a fait, c'est qu'on lui a appris à manger à la cuillère très vite. Alors, j'ai de la chance, j'ai un enfant qui aime beaucoup manger. Donc, il mangeait. Il mangeait ce qu'on lui envoyait. Et nous, on lui envoie de la nourriture chaude dans un thermos. Donc, en plus, je me pliais à toutes leurs conditions. Ah non, non, on ne peut rien chauffer. Ah non, non, on ne peut rien faire. Ah non, non, on ne peut pas lui donner à manger à la cuillère. On ne peut pas ci, on ne peut pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Vous n'inquiétez pas, j'ai une solution. Je suis solution oriented.

  • Alban

    Voilà, donc on lui a appris à manger très tôt. où on lui faisait des choses à manger qui étaient faciles à attraper avec les doigts, à manger avec les mains. Après, on lui a mis beaucoup de choses, on le fait toujours, dans des thermos, donc c'est déjà chaud, on réchauffait tout le matin. Par contre, j'ai quand même eu quelques batailles de gagnées, dans le sens où pratiquement tous les jardins d'enfants où on est allés, où ça a été une bataille au début, à la fin de l'année, ils me disent Ah ouais, quand même, il mange bien votre enfant. Ah ouais, quand même, c'est pas la même chose. Les soupes de potiron et les omelettes et les salades de patates et les spaghettis bolognaises. Et donc, on lui fait des trucs différents. tous les jours. Et là, il me disait, quand même, quand il loue son petit thermos, on aimerait bien nous aussi... Taper dedans. On aimerait bien nous aussi taper dedans. C'est quand même...

  • Lorelou Desjardins

    On t'a même demandé la recette une fois.

  • Alban

    On m'a demandé, une dame du jardin d'enfants qui m'a dit, c'est intéressant ce que vous aviez là dans le mat' paquet, donc la boîte de votre fils. Et c'est quoi Je lui dis, c'est une omelette ou patate Ah, c'est intéressant, ça se fait comment C'est difficile à faire, non Mais alors, vous prenez un œuf, vous prenez une patate. C'est très dur.

  • Lucie

    Attention quand même, veillez à les puncher entre les deux.

  • Lorelou Desjardins

    Comment tu as réussi à leur faire accepter ça Quel a été le tips

  • Alban

    Alors, il faut toujours partir de la perspective de l'enfant et dire que c'est mieux pour cet enfant. Il ne faut pas dire que c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Ton principe d'éducation.

  • Alban

    Voilà. Il ne faut surtout pas dire que c'est ton principe d'éducation parce que ça, ça n'a pas de valeur pour eux. Ce qui a de la valeur pour eux, c'est que tu fais le mieux pour ton enfant. Et donc, si tu leur dis, mon enfant, quand il mange des tubes, quand il mange trop de pain, il n'est pas bien, il a mal au ventre, il dort mal, il est fatigué, etc. Je vois que quand il mange des petits plats cuisinés, des choses fraîches, des légumes, il est mieux, il n'a plus mal au ventre, il dort mieux, blablabla. Là, du coup, bon, c'est pour le bien-être de l'enfant avant tout. et puis oui oui là moi je suis sortie du bois pratiquement enfin pas encore totalement parce qu'il me reste en fait à partir du moment où il rentre à l'école à 6 ans là c'est il n'y a plus de cantine c'est plus les jardins d'enfants qui donnent la nourriture donc là on en voit ce qu'on veut mais en fait il y a une expression en norvégien brødlei ça veut dire qu'on n'en peut plus du pain et ça on me dit ça les gens me disent ah mon enfant il est brûlé

  • Lorelou Desjardins

    Il n'en peut plus du pain.

  • Alban

    Il n'en peut plus du pain. Ils n'en peuvent plus. Ils n'en peuvent plus. C'est trop de pain. C'est très répétitif. Est-ce que tu imagines si on te sert des tranches de pain avec les mêmes trois tubes, deux fois par jour, tous les jours Parce que c'est ça dans le jardin d'enfant de mon fils, c'est ça. Ce n'est pas très folklore. Alors, je ne te dis pas que mon fils, il aime tout ce qu'on fait. Des fois, il dit à maman, j'ai pas mangé, j'aimais pas, c'était pas bon, c'était trop ci, c'était trop ça. Bien sûr, mais ça, on a tous des goûts. Et puis, des fois, t'as pas faim. Des fois, t'as faim. C'est comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que t'as hésité à mettre ton fils dans le système français

  • Alban

    Alors déjà, en Norvège, il y a une école française, mais c'est à partir de 3 ans, puisque c'est la maternelle. Donc déjà, de 1 à 3 ans, il faut bien trouver. Moi, j'habite un peu loin, très loin même. Donc, au niveau logistique... J'étais pas très motivée, c'est un peu trop loin pour moi.

  • Lucie

    Et si t'avais été à côté, tu te serais posé la question Ouais,

  • Alban

    je pense que si j'avais été à côté, ça aurait été quelque chose de très différent, surtout à partir de l'école primaire. D'accord. Je pense pas nécessairement à l'âge barnahagais, donc de 1 à 6 ans. Là, ils sont dehors, ils jouent dans la terre, bon voilà, ils font un peu leur vie. C'est vrai qu'à partir du moment où t'es un parent étranger et que t'es en Norvège, t'as tout un choix. que vous connaissez certainement. C'était, alors attends, est-ce que je veux que mon enfant et des copains dans le quartier soient invités ça et là, et aillent des anniversaires chez le voisin Ou est-ce que je veux que mon enfant parle et écrive correctement le français C'est toutes ces questions. L'école française, c'est quand même une école privée. C'est des questions. Après, c'est vrai que moi, je suis à l'extérieur d'Oslo. Après, j'ai pensé à d'autres alternatives. J'ai pensé, par exemple, aux écoles Steiner, parce que dans les écoles Steiner, il n'y a pas d'écran. Et il y a de la très bonne nourriture, qu'ils font eux-mêmes, avec les trucs bio du jardin, etc. J'ai pensé aux écoles Montessori. Alors là, pour le coup, pour moi, l'école Montessori, elle est extrêmement loin, donc encore plus loin, donc ce n'est pas d'actualité. Mais c'est vrai qu'on pense à plusieurs choses et ça dépend de tes principes comme parent.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que... Tu as pensé à plusieurs choses aussi, parce que du fait du système norvégien, l'éducation à la norvégienne après la primaire. Parce qu'on entend beaucoup que le système norvégien, c'est un peu plus laxiste, peut-être. C'est beaucoup plus laxiste. J'essaie de mettre les mots.

  • Alban

    C'est très laxiste. Non, ce n'est pas laxiste, c'est juste que ce n'est pas le même niveau d'apprentissage. et pas de la même manière. Il y a beaucoup d'écrans. Même dès le primaire Oui, dès le CP. Donc il y a beaucoup d'écrans. Là, il y a des débats, par exemple, d'après le Norvégien, ça te permet, entre autres, de suivre ce genre de débats politiques. Il y a beaucoup de débats maintenant contre l'utilisation des écrans. Et puis ils finissent tôt, ils finissent très tôt. Ils finissent entre midi et demi, 13h30. Donc après, ils ont les activités après l'école, mais ce n'est pas de faire du piano ou du sport ou de la natation. C'est un genre de centre aéré tous les jours, en fait, dans toute l'après-midi.

  • Lucie

    Ah bon, ils ne peuvent pas aller faire du sport

  • Alban

    Il n'y a rien qui est mis en place. La société n'est pas structurée de cette façon-là. Donc si tu fais du sport, c'est le soir, c'est après l'école. Alors qu'en fait, cette partie de l'après-midi... Du coup, elle ne sert pas à ça. Elle sert à faire des activités extrascolaires, des jeux, etc. Alors, selon les écoles, j'ai entendu dire que l'après-midi, elle est passée sur un iPad. Et puis, si tu as une autre école qui est un peu différente, là, ils ont des vraies activités pédagogiques. Mais du coup, c'est des gens qui ne sont pas forcément... Ce n'est pas des instits. Ils font cette partie-là après l'école.

  • Lorelou Desjardins

    Mais d'ailleurs, je vois que ça va être l'heure pour nous, parents, d'aller chercher nos enfants dans nos structures respectives.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il y a encore un tas de sujets qu'on aimerait aborder avec toi. Ce serait sympa qu'on puisse le faire à un autre moment. Mais déjà, tu nous as donné plein de conseils et de clés aussi pour...

  • Lucie

    Parfois.

  • Lorelou Desjardins

    Ça va être plus dur ce soir, il va falloir débriefer entre nous deux, mais ça, c'est à nous de le faire.

  • Alban

    Alors après, c'est... C'est ma perspective, je ne suis pas non plus... Et je plaisante avec des choses qu'on savait déjà un petit peu.

  • Lucie

    Je pense que quand tu vis là, tu t'en rends compte plus ou moins.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent et qui sont intéressés, on a parlé d'un blog, d'un livre. Comment on peut un peu te suivre Quelles sont tes prochaines actualités

  • Alban

    Alors, le blog, celui en anglais, il s'appelle afroginthefjord.com. J'ai aussi un site qui s'appelle aucoindufjord.com. où j'essaye de partager des informations sur la Norvège en français. Et puis, j'ai mon livre qui s'appelle Au coin du fjord, les aventures d'une française en Norvège qui est disponible dans les librairies en Norvège et qui est malheureusement juste disponible en ce moment sur Amazon en France, mais qui va, j'espère, arriver dans les librairies. J'essaye de trouver des accords. Et puis, je suis en train d'écrire d'autres livres. Wow Oui. Voilà, qui vont sortir. Toujours sur la Norvège Toujours sur la Norvège. Et puis, je suis en train, comme j'ai dit, de monter mon entreprise. Alors, je vais faire plusieurs choses. Je vais donner des cours. Je fais du conseil en entreprise. J'écris beaucoup d'articles pour des municipalités, des communes.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est toujours pour parler des différences culturelles, se comprendre les uns les autres, mieux s'appréhender Oui.

  • Alban

    Donc, j'ai quitté, en fait, ma carrière dans le droit, pour l'instant, et dans la durabilité pour me concentrer là-dessus. Mais par contre, je vais probablement retourner un peu droit sur le droit du travail, des choses comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'était vraiment un plaisir de te recevoir.

  • Alban

    Eh bien, écoute, c'est de rien.

  • Lorelou Desjardins

    Je vous reçois en mat... collègues du Sud, ça m'a fait plaisir.

  • Lucie

    C'est de Marseillais, mais sans accent.

  • Alban

    Il vient pas de Marseille, il vient de Miramas.

  • Lorelou Desjardins

    Je te raconte tout ça aussi.

  • Lucie

    Oui, mais pour la Parisienne, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Pas de problème.

  • Lucie

    Et pour clôturer, est-ce que tu as une phrase favorite qui te fait penser à la vie ici

  • Alban

    Je vais vous raconter une blague sur les Norvégiens. Comment voit-on la différence entre un Norvégien introverti et un Norvégien extraverti Un Norvégien introverti, quand il te parle, il regarde ses chaussures. Un Norvégien extraverti, il regarde tes chaussures.

  • Lucie

    Pas mal.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est la vérité S'il vous plaît, les Norvégiens francophones, dites-nous. Est-ce que ça vous a fait rire ou pas, vous aussi

  • Lucie

    Merci beaucoup, Laure-Lou. Merci à vous. Merci de nous avoir écoutés. Et puis, on vous dit à très bientôt chez nous.

  • Lorelou Desjardins

    Sous les aurores.

  • Lucie

    Si cet épisode vous a plu, pensez à nous laisser une note et un avis sur votre application d'écoute préférée.

  • Lorelou Desjardins

    Ou un commentaire sur YouTube, ça nous aide énormément à faire grandir le podcast.

  • Lucie

    Merci et à très vite pour le prochain épisode.

Description

Dans cet épisode captivant de Sous les Aurores, Lucie et Alban reçoivent Lorelou Desjardins (aka "A frog in the fjord"), une marseillaise installée en Norvège depuis 15 ans. Au fil d’une conversation sincère et pleine d’humour, Lorelou nous raconte ses premiers chocs culturels – des datings avec des norvégiens aux invitations impossibles à gérer – sa découverte de la vie norvégienne, ainsi que son incroyable parcours de blogueuse virale devenue auteure à succès de Au Coin du Fjord. Un épisode riche en anecdotes sur l’intégration, les codes sociaux et l’apprentissage du norvégien, pour qui souhaite comprendre la vie d’expatrié-e et d'immigré-e dans un pays aux coutumes uniques.


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Transcription

  • Alban

    Psst Si vous avez écouté l'épisode 3 sur notre routine quotidienne assez mouvementée, nous sommes super heureux de partager avec vous que nous avons reçu une place en crèche pour Gabriela. Donc à partir d'août, les deux filles seront ensemble dans le même jardin d'enfants. Et ça, ça va sacrément nous faciliter la vie. Alors, à très bientôt chez nous, sous les aurores

  • Lucie

    Salut, c'est Lucie Salut, c'est Alban Trentenaire et parent de deux petites filles. Bienvenue dans Sous les aurores Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.

  • Alban

    Sous les aurores c'est le podcast haut en couleurs qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.

  • Lucie

    Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.

  • Alban

    Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,

  • Lucie

    moments de rire et d'émotion et surtout,

  • Alban

    beaucoup de belles découvertes.

  • Lucie

    Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de

  • Alban

    Sous les Aurores. Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les Aurores. Aujourd'hui, nous recevons une compatriote. Je suis un peu fier de la recevoir. Je ne savais même pas qu'on venait plus ou moins de la même région. Donc, bienvenue à toi.

  • Lucie

    Je vais commencer par te poser quelques petites questions juste pour en apprendre un peu plus sur toi. Est-ce que tu pourrais nous dire comment tu t'appelles Depuis combien de temps tu vis en Norvège Dans quel domaine travailles-tu Et si tu peux nous citer un petit culture-choc que tu as vécu à ton arrivée ou que tu continues de vivre au quotidien.

  • Lorelou Desjardins

    Je m'appelle Lorelou Desjardins. Je suis en Norvège depuis 15 ans. Ça va faire 15 ans là, dans un mois et demi à peu près. Je suis juriste à la base en droit international, mais j'ai évolué dans une carrière un peu en parallèle ici en Norvège où j'ai fait des choses un peu différentes. Là, je suis en train de monter ma boîte. Et quelque chose, un choc culturel, c'est ça Oui. Il y en a tellement. Je pense que les chocs culturels, en fait, ils sont différents au début et aujourd'hui. Donc, il y a des choses qui étaient un choc culturel pour moi au début. Par exemple, je me rappelle les... Les gens qui se mettaient à faire du sport à 9h du matin, qui sortaient avec leur ski, leur truc moulant fluo, je trouvais ça un peu étrange. Moi, je viens de Marseille, déjà le ski, bon... Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est plus au niveau du conformisme. Il y a un trait au niveau de conformité en Norvège. Donc, c'est ce genre de choc culturel où je ne me suis toujours pas habituée. Ça, il y a aussi un côté où il n'y a pas beaucoup de spontanéité, des fois en Norvège. Donc, c'est ce genre de choses où, malgré ces 15 ans ici, ça continue de m'étonner. Des fois, j'oublie, j'invite des gens. Ah, mais passe dans deux heures. Et puis, ils me disent, mais dans deux heures, mais moi, c'est prévu depuis quatre mois. Est-ce que c'est réel

  • Alban

    D'ailleurs, et avant de passer à la suite, le contexte d'aujourd'hui est assez particulier parce que tu avais un rendez-vous avant et tu me dis, je sors, je suis en route pour venir vous rencontrer, mais je n'ai pas mangé. Et moi, tout de suite, je me dis, mais... la pichoune, je vais lui faire des pâtes ou quelque chose. Et quand tu es arrivé, tu m'as dit ça, c'est un truc qui ne pourrait jamais arriver en Norvège, de demander comme ça à last minute.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, alors tu peux, en fait, tu préviens les gens que peut-être tu vas leur prendre un bout de pain avec un petit bout de fromage. Comme ça, ils sont préparés psychologiquement. En général, ils en ont.

  • Alban

    Le plus tôt, c'est le mieux. Non,

  • Lorelou Desjardins

    non, voilà, ils en ont, c'est sûr. Ça ne leur demande pas d'efforts particuliers. Ils ont une grosse boîte en plastique dans leur frigo avec tous les trucs qu'ils vont mettre sur le pain. Sur le pain, ouais. Mais c'est vrai, quand tu m'as dit je vais te faire des pages, je dis ah c'est étonnant.

  • Alban

    C'est très toi.

  • Lucie

    Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce qui t'a amené en Norvège

  • Lorelou Desjardins

    J'habitais au Danemark. J'étais juriste au Danemark en droit de l'homme, dans l'Institut danois pour les droits de l'homme. Et moi, j'étais spécialisée sur le droit. Alors, comment expliquer ça C'est en fait les droits de l'homme par rapport aux entreprises multinationales. Donc tout ce qui est droit du travail chez les enfants, dans les compagnies qui font des chaussures par exemple, pharmaceutiques, pétrole, gaz, compagnies minières, etc. Donc j'étais un genre de... Je conseillais toutes ces compagnies sur le droit international. J'écrivais beaucoup de rapports. Sauf que mon contrat a terminé, j'avais un petit ami danois. Moi, la Scandinavie, ça ne me disait pas plus que ça, pour être tout à fait honnête. Mais bon, je me disais, bon, quand même, je vais rester autour parce que j'avais envie de rester avec lui. Je ne trouvais pas de travail à Copenhague. Impossible de trouver un travail. Je ne parlais pas danois. J'ai commencé à étendre mes recherches à Lune. Donc, c'est de l'autre côté de la frontière, c'est en Suède. Malmö. Et puis un jour, une collègue norvégienne m'a dit, tu sais, il y a un poste en Norvège, à Oslo. Franchement, c'est vraiment ton profil, tu devrais postuler. Et puis j'ai postulé, je l'ai eu. Mais c'était un travail temporaire. Et moi, dans ma tête, je me disais, c'est juste une étape pour rentrer au Danemark. Je me disais, là, si je vais en Norvège, en plus, ils avaient accepté de me payer des cours de norvégien. Je me disais, si je parle une langue scandinave, je vais rentrer au Danemark au bout d'un an. Puis ça sera plus facile pour moi de trouver un travail à Copenhague.

  • Lucie

    D'accord. Donc, c'était juste une étape à la base.

  • Lorelou Desjardins

    C'était juste une étape. Je ne connaissais rien sur la Norvège. Ça ne m'intéressait pas.

  • Lucie

    Et le titanite danois devait rester au Danemark pendant le...

  • Lorelou Desjardins

    Alors non, il devait venir.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    d'accord. Oui, mais il m'a quitté avant de venir.

  • Alban

    Classe. Classe.

  • Lucie

    C'était trop.

  • Lorelou Desjardins

    Eh bien, c'est exactement ça. Mais non. Oui, la Norvège, en fait, il est venu quelques fois. J'avais pris un appart. pour qu'on vive là et tout. On vivait ensemble déjà à Copenhague. Et au bout de quelques mois, il m'a dit, écoute, moi, je ne vais pas y arriver. La différence culturelle est trop grande. Et à ce moment-là, je lui ai dit, non, mais attends, moi, je viens de Marseille. J'habite à Oslo. Toi, tu es Danois, en fait. Tu comprends ce qu'ils disent. Et toi, tu...

  • Lucie

    Oui, c'est clair, parce qu'en plus, tu es Norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Tu manges des patates. Tu m'aimes.

  • Lucie

    C'est vrai que les Norvégiens et Danois, ils peuvent se comprendre.

  • Lorelou Desjardins

    C'est la même langue écrite.

  • Lucie

    Ça fait une adaptation un peu plus facile.

  • Lorelou Desjardins

    Complètement, il aurait même pu trouver du travail.

  • Lucie

    Et tu étais venue au Danemark pour lui

  • Lorelou Desjardins

    Non, pas du tout, je ne connaissais pas. J'avais trouvé ce travail au Danemark. D'accord,

  • Lucie

    ok.

  • Lorelou Desjardins

    Mais disons qu'au bout de quelques mois, en gros, il me plante là.

  • Lucie

    Ok.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis là, je me dis, oui, mais du coup, qu'est-ce que je fais Parce que j'avais quand même un travail passionnant. Je travaillais pour une organisation environnementale sur les questions de déforestation, droit des peuples autochtones en Indonésie. Je travaillais sur le droit à la terre. J'allais en Indonésie, dans la jungle. C'était un travail extraordinaire. J'avais des super collègues, très, très bonne ambiance de travail.

  • Alban

    Donc ça, c'était déjà sur Oslo.

  • Lorelou Desjardins

    Ça, c'était déjà sur Oslo. Et puis là, je me dis, je vais rester là. C'est une super opportunité. Je commençais ma carrière parce que je n'avais pas travaillé énormément, finalement. Donc, je me suis dit, je vais rester et puis on verra bien. Et puis, au début, je me suis laissée deux ans. Et puis, je me suis dit, si je n'aime pas trop, je partirai ailleurs. Ce n'est pas grave. Et puis, voilà, nous sommes ici. Mais c'est vrai que très longtemps, je me suis dit non, mais c'est temporaire. Très longtemps. Ça a pris presque six ans. Je me disais non, mais c'est temporaire, je vais partir bientôt. Et puis au bout d'un moment, je me suis rendu compte que c'est quoi temporaire C'est quoi temporaire Est-ce que c'est 5 ans Est-ce que c'est 10 ans Parce que si on reste quelque part de façon temporaire pendant 20 ans, il faut peut-être arrêter de louer un entre-sol sans lumière. Oui. C'est ça ma situation, c'était ça. Oui,

  • Lucie

    parce que tant que tu te dis que tu restes... pas là à Duitaméternam, tu ne fais pas des grands projets immobiliers ou autres.

  • Lorelou Desjardins

    Exactement. Et puis même au niveau de mon travail, ça m'intéressait. Et puis c'est vrai qu'au bout d'un moment, je me disais, c'est quoi mes opportunités, mon développement de carrière, qu'est-ce que je fais Et puis je suis restée pour plein de raisons différentes.

  • Lucie

    Justement, au-delà du travail, est-ce que la ville d'Oslo te plaisait La vie norvégienne te plaisait

  • Lorelou Desjardins

    Alors, la ville d'Oslo était très différente il y a 15 ans. Donc c'était très très différent. Il y avait par exemple maintenant, si tu sors un mercredi ou un jeudi soir, il y a plein de cafés, il y a des gens en terrasse, ça, ça n'existait pas. Je me rappelle, mon premier appartement, c'était en colocation à Oulafluyeusplas, qui est à Grunerloca, qui est vraiment l'endroit qui bouge. Et j'étais arrivée là, il n'y avait personne dans les rues. Et la fille qui m'avait loué l'appartement, elle m'avait dit, tu sais, ça bouge vraiment ici. Et j'étais là, ah oui, ça a l'air, oui, ça a l'air super comme quartier. En fait, effectivement, pour le standard de l'époque, en tout cas, ça bougeait vachement, mais ça bougeait à partir du vendredi à 15h jusqu'au samedi 2h du matin. Et puis, le reste du temps, il n'y avait pas grand chose. Alors que si tu vas sur cette place aujourd'hui, il y a plein de cafés, plein de restos, des petites boutiques de vêtements, des fripes, des cafés avec des concepts différents. énormément de choses.

  • Lucie

    Même tout, on l'a vu en 6 ans, je trouve.

  • Alban

    D'ailleurs, Gruner-le-Cas, c'est vraiment un bon quartier pour arriver, en général, vingtaine, début trentaine, c'est sympa. C'est très actif.

  • Lorelou Desjardins

    Mais c'est vrai qu'effectivement, Oslo, c'était quand même sympa, parce que moi, j'avais vécu à Paris, où quand même, il n'y a pas beaucoup de nature, on travaille beaucoup. Alors là, j'avais du temps. C'est-à-dire que je travaillais à temps plein, mais j'avais quand même beaucoup de temps.

  • Lucie

    Est-ce que ça restait sur des horaires norvégiens Ça restait sur des horaires norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, je sortais à 16h et puis après, j'allais faire du yoga. J'allais, je ne sais pas, j'allais boire des coups avec des copines. Alors, j'ai écrit un livre.

  • Alban

    Quand même, si tu t'y prenais six mois à l'avance, j'espère, pour planifier le verre.

  • Lorelou Desjardins

    Au moins deux. C'est vrai que j'ai écrit un livre, par exemple, tout en travaillant à temps plein.

  • Lucie

    Oui, ce qui aurait été peut-être... plus difficile dans une autre capitale.

  • Lorelou Desjardins

    Ce qui aurait été peut-être plus difficile, c'est-à-dire que je partais du travail à 16h, je rentrais, je mangeais un peu tôt, et puis j'enchaînais, j'écrivais entre 4 et 6h par soir, et je recommençais le lendemain, après le travail. Bon, maintenant, avec des enfants, ça ne serait pas possible, mais disons que cette vie permet quand même d'avoir une vie à côté, en fait, tout simplement. Et puis, les opportunités de travail étaient aussi au rendez-vous. Je me rendais compte que j'avais des opportunités ici. Et puis aussi, plus on reste loin de la France, finalement, plus on est déconnecté. Ce que je faisais ici, personne ne comprenait vraiment ce que c'était. Ça devient un peu compliqué. Nos références de travail, en fait, elles n'ont pas trop de valeur en France.

  • Lucie

    Du coup, ça s'aligne au niveau du travail. Personnellement, tu y trouves ton compte parce que tu as une deuxième petite journée après le travail et tu peux faire des choses qui te plaisent. mais est-ce que du coup au contraire il y a eu des choses qui ont été un peu plus difficiles à adopter en étant là

  • Lorelou Desjardins

    Alors les premières années franchement ça allait les dix premières années Quand j'étais pas encore sûr de rester pendant ces dix premières années Non avant d'avoir des enfants c'est-à-dire qu'à partir du moment où j'ai eu un enfant et en plus il est né juste avant le Covid alors là ça a été brutal Parce qu'en fait, ça, c'est un secret pour personne. C'est-à-dire qu'à partir du moment où on a une famille et qu'on est loin de notre famille, les Norvégiens, quand même, ils ont leur famille sur place et puis qui les aident beaucoup. Qui les aident à acheter un appartement, qui les aident à déménager, qui les aident à faire des travaux, qui les aident à garder les enfants, etc. On se retrouve quand même en décalage avec les autres parents parce que nous, on a... pas grand monde. Alors moi, j'utilise des babysitters qui est choquant pour beaucoup de Norvégiens.

  • Alban

    C'est vrai, au final, c'est quelque chose qui n'est pas hyper répandu, tu trouves Non.

  • Lorelou Desjardins

    Eux, ils font vraiment confiance aux gens de la famille. Alors après, la deuxième chose, c'est que la manière d'élever les enfants est un peu différente dans le sens où, en France, bon, après, je ne vis plus en France depuis un certain temps, mais en tout cas, moi, quand je grandissais, dans les années 80-90, bon, c'était un peu le bordel, c'est-à-dire que On avait des enfants, mais bon, on faisait quand même des fêtes à la maison. Et puis, on a invité des gens à dîner. Puis, les enfants s'endormaient. Puis, on les mettait au lit. Et puis, bon, c'est un peu... Alors qu'ici, pas du tout. Non, les enfants, ils vont se coucher à 19h. Donc, on ne peut pas rester. Ah, mais nous, on mange à 17h. Donc là, du coup, il est 16h30. Donc, il faut qu'on rentre pour manger. Et si on commence à leur dire, oui, mais on vous invite à manger. Ah non, non, non, parce que ça, ce n'est pas prévu. Parce qu'en fait, après, il y a quelqu'un qui va passer chez moi. Parce que j'ai vendu un truc sur Fyne. Alors là, tout est compliqué.

  • Alban

    Et en plus, j'ai mon enfant à coucher. Mais avant ça, il faut qu'il remange un bout de pain. Là, vraiment, c'est pas possible.

  • Lorelou Desjardins

    Là, franchement, tout est bloqué. Voilà, non, c'est pas possible. Ah d'accord, bon, c'est pas grave. Donc, c'est vrai qu'à partir du moment où on a des enfants...

  • Lucie

    Mais même avant, je trouvais que... C'est vrai que tu parlais d'inviter des Norvégiens à dîner. On trouvait... On se demandait, est-ce que c'est pas très français d'inviter des gens à dîner et tout Est-ce que... Nous, on invitait des Norvégiens à dîner. Alors, s'ils n'avaient pas d'enfants, parfois, ils acceptaient.

  • Alban

    Je te remercie, ma collègue. Toi, tu as fait l'effort, tu nous as réinvités chez toi et j'apprécie grandement. Par contre, toi, l'autre collègue, tu ne nous as jamais invités.

  • Lucie

    Non, mais il y a beaucoup de gens qui ne nous invitaient pas chez eux.

  • Alban

    Est-ce que toi, avec ton expérience, on nous avait dit, en fait, quand tu reçois les gens chez toi, surtout nous, on va faire un petit apéritif, un petit dîner, peut-être si on est foufou, petit dessert. Et ça, paraît-il que ça leur mettrait une pression de fou. Et que du coup, ils n'oseraient pas te recevoir en retour. Ça les stresserait trop.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, il y a plusieurs choses qui leur mettent la pression. Le niveau de la nourriture, ta décoration d'intérieur.

  • Alban

    Malheureusement, je pense qu'on les implacera peut-être pas trop.

  • Lucie

    Non, mais il faut expliquer qu'on rigolait sur ça juste avant d'enregistrer. Parce que nous, on est dans une maison qui n'a pas encore été rénovée. Et du coup, c'est vrai que ça peut choquer certains Norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Vous avez des murs propres, c'est juste que c'est des tapisseries un peu anciennes, mais c'est vrai que pour eux, vous êtes dans une maison à rénover. Urgence

  • Alban

    Vous êtes un peu maltraitante d'ailleurs d'avoir emménagé direct comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, moi, les dix premières années, j'ai été dans des relations... Ou célibataire, mais c'est vrai que je suis hyper sociable. Donc, par exemple, je ne me faisais pas trop inviter, mais moi, je faisais plein de fêtes. Alors, je faisais des fêtes, j'invitais plein de gens, j'invitais tous les gens que je connaissais. Et puis, du coup, quand même, les gens me réinvitaient. Et puis après, on allait dans un bar. Donc, j'ai beaucoup fait partie de groupes comme ça. Et puis, je voulais absolument apprendre le norvégien. J'ai trouvé des gens avec qui partager. Donc, moi, un soir, ils m'invitaient à dîner. On ne parlait que français. Et puis l'autre soir, je l'invitais à dîner, on ne parlait que norvégien. Et donc, j'ai fait comme ça des sprog café, ça s'appelle.

  • Lucie

    Ouais, des café pour la langue.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, je me suis mise dans une chorale. J'ai fait des voyages dans toute la Norvège, toute seule, à vélo. Génial. Donc, en fait, je me suis retrouvée aussi, par exemple, à dire à mes collègues, ouais, tu ne connais pas quelqu'un dans telle région, je vais partir en vélo là-bas toute seule. Alors, du coup, ils me regardaient genre, ok.

  • Alban

    T'étais pas censée rénover ta maison toi là-bas

  • Lorelou Desjardins

    Avant de partir Non mais c'est surtout, ils comprenaient pas quelqu'un qui vient du sud de la France c'était très bizarre que je décide d'aller dans le trône de lac j'avais fait un tour du trône de lac à vélo toute seule, ils étaient là mais pourquoi tu fais ça en fait Tu pourrais juste rentrer dans ta famille aller en Espagne et donc j'avais fait aussi la Norvège du Nord alors les Lofoten à vélo avant que ça soit si touristique J'ai fait aussi le nord de la Norvège, vers Tromsø. Je suis allée dans des festivals de musique, Samy. En fait, j'ai fait plein de choses. Et du coup, c'est vrai que j'ai rencontré beaucoup de gens. Après, j'ai écrit un blog. Donc, en fait, comme j'essayais de ramasser un peu des informations sur la Norvège, je voyageais beaucoup. Donc, les gens, ça attirait quand même les Norvégiens parce que souvent, on me disait, ah ouais, tu vas aller là, au fin fond de Tromsø. Mais moi, j'y suis jamais allée. C'est intéressant. Et du coup, des fois, c'était... Tu dis que les gens ne t'invitent pas, mais en fait, du coup, là, ils me disaient Ah, mais attends, moi, j'ai une tante qui vit là-bas. Si tu veux, je te donne son numéro. Et bizarrement...

  • Lucie

    Et là,

  • Lorelou Desjardins

    tu étais bienvenue. Et là, j'étais la bienvenue. Trop bien. On me disait Ah, mais c'est génial. C'est quoi ton projet Et j'ai eu ce retour aussi de Français qui faisaient des projets un peu fous. Parce qu'en fait, quand c'est totalement hors cadre... Alors là, les Norvégiens, du coup, ils disent Ah ouais, là, c'est hors cadre. Là, du coup, ils t'aident. Et pareil, si j'avais besoin d'aide ou de recettes, par exemple, les gens m'aidaient toujours.

  • Lucie

    Oui, il y a des choses qu'ils aiment bien partager. Mais d'ailleurs, je disais, ils ne nous invitent pas, ce qui n'est pas tout à fait vrai, parce que quand il s'agit de partir dans leur chalet...

  • Alban

    Oui, oui,

  • Lucie

    oui. Ou en chalet, du moins, ensemble. Là, pour le coup, ils étaient beaucoup plus...

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, vous avez de la chance, parce qu'il y a plein de gens qui ne se font jamais invités.

  • Alban

    Je pense qu'il y a des...

  • Lucie

    On a marqué des points, sans le savoir.

  • Alban

    Oui, on n'est pas si mauvais. Non, mais je pense qu'il y a des gens, c'est aussi peut-être générationnel, ou juste des profils, des caractères. La collègue à laquelle je pense, elle était peut-être un peu plus âgée. Je pense que ceux qui ont aussi eu une expérience à l'international, peut-être au moins un Erasmus, un échange, ils sont peut-être un peu plus réceptifs à ça. Et aussi, ils se disent peut-être, ils ont fait ça, je leur rends. Comme ça, on les quitte, tu vois. Je ne sais pas s'il y a cet entrain vraiment...

  • Lorelou Desjardins

    Et puis, il trouve ça sympa quand même que tu apprennes le norvégien, que tu sois là. Alors après, il faut bien dire ce qui est, c'est que nous, on est français, on a une image positive en Norvège. Ce n'est pas comme ça pour tout le monde. Il faut quand même accepter la réalité. Donc, il y a quand même une espèce de... Il y a quand même une espèce de bonne image dont on profite sans vraiment avoir travaillé pour ça. Oui,

  • Lucie

    c'est clair.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par contre, moi, c'est vrai, quand je dis que je viens de Marseille, à Marseille, alors là, ils savent plus où c'est. Ils savent, ils se trouvent au Nice, Paris. Après, non.

  • Alban

    Mais c'est...

  • Lucie

    C'est pas la Provence,

  • Alban

    c'est Aix-en-Provence. Est-ce que c'est Nice ou...

  • Lucie

    Aix-en-Provence, il le cite.

  • Alban

    Oui, un peu, oui, oui. Mais je dis toujours, comme eux, je sais que c'est, voilà, c'est French Riviera. Je dis, je suis juste avant Provence.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, Marseille, c'est pas trop la Riviera.

  • Alban

    Voilà, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    C'est juste à côté.

  • Lucie

    C'est Marseille bébé, quoi. C'est moins...

  • Alban

    Mais du coup, grande question, il n'y a toujours pas de vol direct pour Marseille, mais on va dire qu'il y en avait eu fut un temps.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, je n'ai pas vécu cette période.

  • Alban

    Oh là là, là je dors.

  • Lorelou Desjardins

    Si entendu parler, apparemment, il y en a eu un avec Ryanair.

  • Alban

    Voilà, ce spectacle.

  • Lorelou Desjardins

    Il y a eu un conflit.

  • Alban

    Ah ben Marseille, voilà.

  • Lorelou Desjardins

    Non, non, il y a eu un conflit. Alors, je ne sais pas pourquoi ils ont arrêté le vol avec Marseille. Mais en tout cas, Ryanair a cessé d'opérer en Norvège à cause d'un conflit de droits du travail. C'est-à-dire qu'eux, ils voulaient avoir d'autres règles qui s'appliquaient à leurs employés. Et ça n'a pas été accepté.

  • Alban

    plus de 24 heures par jour.

  • Lorelou Desjardins

    Et en fait, ils ont carrément... Alors, il y a un aéroport qui s'appelle Rue Guesche, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, qui a pratiquement fermé. Qui a du coup pratiquement fermé, parce que c'était que Ryanair qui opérait des vols de là.

  • Lucie

    Donc ils ont arrêté complètement, mais maintenant, là, ils reprennent.

  • Lorelou Desjardins

    Ryanair est sorti de Norvège. C'était le seul qui faisait ses vols. Mais j'ai encore un espoir.

  • Alban

    soit que Norwegian en fasse un moi je mise tout sur le nouveau terminal de Marseille je me dis là,

  • Lorelou Desjardins

    ça ils ont plus de place nous on est prêts à la Norvège d'y aller je pense pas que ça va avoir avec Marseille je pense que ça va avoir avec le public norvégien je pense qu'ils connaissent pas très bien cette partie là de la France mais Marseille est en train de devenir une capitale européenne avec Du tourisme, moi quand j'étais petite, il n'y avait pas de tourisme à Marseille.

  • Lucie

    Mais du coup, tu parlais, tu as été plutôt bien accueillie, j'ai l'impression. Comment ça s'est passé,

  • Lorelou Desjardins

    ton intégration J'ai été très bien accueillie. J'ai été très, très bien accueillie.

  • Lucie

    Ça a été facile pour toi de créer du lien avec les Norvégiens

  • Lorelou Desjardins

    Moi, je pense que ça a été facile. Après, j'ai fait beaucoup d'efforts. J'ai vraiment essayé de comprendre la société norvégienne. J'ai vraiment essayé de parler norvégien. Au début, je n'avais pas de contact avec la communauté française. J'étais vraiment à fond pour m'intégrer, me faire des amis, des activités, voyager. Je voulais découvrir toute la Norvège. Donc, je pense que j'ai quand même mis beaucoup d'énergie là-dedans. Donc, effectivement, les gens te rendent aussi.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Lorelou Desjardins

    C'est clair que le jour où tu parles norvégien, tout change. Parce qu'en fait, je me rappelle, je parlais très mal norvégien. Et j'avais une copine, ma première copine norvégienne, qui avait vécu longtemps au Brésil. Elle avait appris le portugais. Elle m'avait dit, au tout début de notre relation, elle m'avait dit, tu sais quoi, on ne va pas parler en anglais. Je sais que tu ne parles pas bien de norvégien, mais ce n'est pas grave. Mais on ne va pas parler en anglais. On ne va parler qu'en norvégien. Et du coup, ça m'a permis d'avoir une amie avec qui j'ai construit une amitié en norvégien. Parce que ça, c'est important. C'est très difficile de passer d'une langue à l'autre dans une relation, qu'elle soit amoureuse ou amicale. Et en fait, au bout d'un moment, quand j'arrivais à faire des phrases en sujet verbe complément, là, elle a commencé à m'inviter à des fêtes.

  • Alban

    Elle s'est dit, ça y est, la petite française, elle est prête.

  • Lorelou Desjardins

    Ça m'avait étonnée. Je lui avais dit, mais je ne savais pas que tu allais à toutes ces fêtes. Genre, mais en fait, moi, je suis toute seule. Je m'ennuie chez moi. C'est l'hiver. Et puis, en fait, il y avait toute cette vie sociale dont je ne connaissais pas l'existence. Et là, elle m'a dit, oui, mais maintenant, on peut t'inviter parce qu'on n'est pas... tous obligés de parler anglais pour toi.

  • Alban

    Ah, oui, oui.

  • Lorelou Desjardins

    Donc même si je parlais pas très bien, c'était mieux que rien en fait. Bien sûr. Et du coup, de là, alors les Norvégiens adorent quand on apprend leur langue, je sais pas si c'est toujours le cas, mais j'imagine. Donc c'est vrai que moi je leur posais des questions toute la journée, mes collègues, je leur disais, mais du coup, c'est quoi la différence entre Kouchli et Hugli Alors là, oh là là, ils sont lancés, ils peuvent te parler pendant 45 minutes. J'adore. Ou bien, alors les questions sur les dialectes, moi j'adore les langues. Mais alors du coup, toi tu dis iaï elle, elle dit èg l'autre, il dit èg Alors du coup, c'est quoi Alors, ils sont fascinés. Les questions, tu veux lancer un sujet là dans un dîner avec des Norvégiens.

  • Alban

    Oui, sur les langues, ça marche bien, oui.

  • Lucie

    Tu parles bien norvégien maintenant. Est-ce que tu arrives à parler avec tous les Norvégiens Parce qu'il y en a quand même pas mal qui ont des dialectes. Est-ce que tu les comprends tous Je les comprends tous,

  • Lorelou Desjardins

    oui.

  • Alban

    C'est un peu noir, tu vois.

  • Lorelou Desjardins

    Et même d'ailleurs, le test que j'ai passé en norvégien, qui est un test de C1, à l'oral et à l'écrit, à l'oral, il y a des tests sur les dialectes.

  • Lucie

    D'accord. Ah ouais, gros niveau là. Moi, je ne parle pas très bien norvégien, voire pas du tout. Et c'est vrai que j'ai toujours ce petit... Bon, maintenant, j'aurais pu l'excuser, où je me dis, de toute façon, je vais... comprendre, je vais apprendre le boc mal, mais il y en aura plein avec qui je ne pourrai pas parler parce qu'ils parleront dans leur dialecte.

  • Lorelou Desjardins

    Ah, c'est beau comme excuse.

  • Alban

    Quinze ans plus tard.

  • Lucie

    Donc voilà, je m'étais mis ça dans mes excuses. J'ai d'autres excuses.

  • Lorelou Desjardins

    Un petit peu d'excuses.

  • Lucie

    Voilà, ça en fait partie. Je me dis,

  • Lorelou Desjardins

    de toute façon... Déjà, premièrement... le Bukmål et le Nunorsk qui sont les deux langues officielles de la Norvège sont des langues écrites donc les dialectes c'est la couche du dessus c'est à dire que personne parle de le Nunorsk en fait le Nunorsk c'est une langue écrite, le Bukmål c'est une langue écrite Bukmål ça veut dire la langue des livres c'est hérité du danois parce que la Norvège était sous occupation danoise pendant presque 500 ans entre le Danemark et la Suède Donc, en fait, c'est un genre de Danois norvégianisé, même si les Norvégiens n'aiment pas trop qu'on dise ça, mais bon, c'est la réalité. Et en fait, quand ils ont essayé de reconstruire leur nation, en fait, et qu'est-ce que ça veut dire d'être Norvégien, l'identité nationale, il y a eu une équipe de Norvégiens qui sont partis dans toutes les contrées norvégiennes pour savoir quelle était la vraie langue de la Norvège. Et là, ils ont créé la langue écrite du Nunos, qui veut dire nouveau Norvégien. Avec justement tous ces dialectes, mais que tu pourrais dire que c'était en fait des langues. Et donc, ils en ont fait une langue officielle. Ils ont fait un espèce de mélange, une langue officielle. Mais après, ça, c'est différent dans le sens où si tu vas dans des contrées, des vallées, des montagnes, des villages, des îles, etc. Ils ont leur dialecte propre. Mais ça ne veut pas dire que c'est la manière correcte d'écrire. D'accord.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que je les comprendrais du coup s'ils me parlent Probablement pas.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça, c'est comme ça. C'est-à-dire que ça prend du temps. des fois je rencontre des gens...

  • Lucie

    Du coup, mon excuse, elle est un tout petit peu valable quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il faut quand même apprendre le norvégien. Il faut apprendre à écrire et à le lire et à le parler. Tous ces gens regardent la télé et donc ils comprennent le bookmall. En fait, ce que tu entends le plus à Oslo, c'est le dialecte d'Oslo, qui est... C'est un dialecte aussi en réalité. Tu as des sociolectes. Moi, j'en suis au point. Quand quelqu'un parle, je sais de quel quartier, c'est-à-dire s'ils viennent des quartiers bourgeois d'Oslo ou des quartiers prolétaires d'Oslo.

  • Alban

    Apparemment, oui. Ceinture noire d'accent aussi dans Oslo. Et c'est super intéressant, mais parfois, les gens m'en ont parlé de ça. Alors, rapidement, j'aime bien aussi les langues. Je ne parle pas super bien norvégien, mais ça m'intéresse. Et rapidement, j'avais vu la différence entre l'accent d'Oslo et une collègue de Bergen, par exemple.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est très fort comme différence.

  • Alban

    C'est faux. Je rigole parce qu'elle ne sait peut-être pas qu'elle aurait remarqué.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça, c'est très intéressant. Donc moi, j'ai un enfant qui va avoir 5 ans. Puis j'ai deux beaux enfants qui ont 12 et 15. Et mon mari est philologue. Donc ça veut dire...

  • Alban

    Il s'intéresse au fil.

  • Lorelou Desjardins

    Non, c'est la science des langages.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Et donc, il est très, très bon en langue. Il parle 7 langues. Il parle parfaitement norvégien, mieux que moi. D'où le ceinture noire, là. Mieux que moi. Non, il parle mieux que moi parce qu'en fait, moi, les gens savent que je ne suis pas norvégienne. Quand je vous la bouge, j'ai un accent.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Je parle correctement, mais j'ai un accent. Lui, il n'a pas d'accent. Punaise. Très énervant. Mais du coup, ce qui est intéressant, c'est que nous, on corrige les enfants en norvégien. Mais non. A ti, Sissi. J'adore. A Sissi, on les corrige.

  • Lucie

    Moi, c'est ma fille qui me corrige. Génial. Ma fille de trois ans.

  • Alban

    On pose souvent la question aux invités. Est-ce que pour toi, 15 ans plus tard, on va dire peut-être, c'est toujours aussi quand même important de parler norvégien, que ce soit pour travailler ou nouer des liens sociaux, par exemple

  • Lorelou Desjardins

    Ah mais c'est important plus que jamais. Quand on commence à parler norvégien, c'est un monde... Moi, je compare ça, c'est comme si quand tu ne parles pas norvégien, tu es dans un train, tu vis dans un train, et quand tu parles norvégien, on ouvre la porte du train et tu découvres le monde. C'est-à-dire que tu peux lire les journaux, tu peux écrire dans les journaux. Moi, j'écris dans les journaux norvégiens. Tu peux regarder la télévision, tu peux participer aux débats publics, tu peux assister à des réunions de l'école de tes enfants. Tu peux assister aux réunions du syndic. Tu peux proposer des changements dans ton syndic. Tu peux devenir... Moi, j'ai été... Comment ça s'appelle Board member. Tu peux participer au syndicat. Tu peux être bénévole. Tu peux devenir bénévole de la Croix-Rouge et faire je ne sais quoi pour les enfants malades. J'en sais rien. Mais en tout cas, tu fais partie de la société. Et je pense que c'est... Si je peux envoyer un appel à tous les gens qui nous écoutent. Je pense que c'est une erreur. Alors, à part si vous venez pour six mois, à ce moment-là, effectivement, bon, je ne vais pas juger. Moi, je pense que même pour six mois, ça vaut la peine d'apprendre une langue, mais les bases. Je pense que c'est se tromper, en tout cas, que de croire que parce qu'il parle anglais,

  • Lucie

    c'est suffisant.

  • Lorelou Desjardins

    Que c'est suffisant parce qu'en fait, la réalité, oui, il parle anglais, c'est vrai. La réalité, c'est que si tu es dans un travail et que tu as... une pause déjeuner, ils préfèrent parler norvégien parce que c'est leur langue. Ils préfèrent parler norvégien. Et puis, s'ils t'invitent... Moi, j'ai été invitée à des repas de Noël chez des Norvégiens. Je pense que si je ne parlais pas norvégien, ils ont toutes les grands-mères. C'est trop compliqué.

  • Alban

    Oui, c'est sûr. Il faut faire changer tout le monde.

  • Lorelou Desjardins

    Il faut faire changer tout le monde. Au début, c'est mignon, mais après, le souci, c'est que quand on reste là un peu plus longtemps et qu'on ne parle pas norvégien... ça devient un petit peu problématique pour trouver un travail.

  • Alban

    Pour évoluer, comme tu disais tout à l'heure.

  • Lorelou Desjardins

    Pour évoluer.

  • Alban

    Tu l'as senti peut-être aussi.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, moi je l'ai senti aussi. Donc c'est vrai que... Et puis, par exemple, les Norvégiens adorent lire le journal. Je ne sais pas si vous avez remarqué.

  • Alban

    Dégue. Pas que Végué, il y a un nombre de journaux complètement incroyables. Il y a quand même un journal ici qui s'appelle La lutte des classes, Classe Kampen. Il faut le faire quand même. Donc, il y a des journaux locaux, des journaux politiques, des journaux financiers. Les Norvégiens adorent lire le journal. Et lire le journal, c'est aussi une manière de s'informer. Quand les gens disent que c'est dur de se faire des amis, déjà, il faut apprendre ce qui se passe dans sa communauté.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Alban

    Moi par exemple cette année j'ai participé à quelque chose qui s'appelle TV Action avec mon fils où en fait c'est un genre de téléthon tous les ans mais pour une organisation différente Oui mais il faut parler norvégien pour faire ça On fait du porte-à-porte, ils nous donnent plein de papiers qu'il faut lire après on récolte de l'argent, il faut un peu comprendre le système et puis ça par exemple c'est le genre de choses, là tu gagnes des points dans ton quartier Tu arrives avec ton petit enfant. En plus, cette année, c'était pour donner pour une association pour les enfants malades du cancer. Tu arrives avec ton petit enfant, on récolte de l'argent pour les enfants malades du cancer. Là, ton voisin te regarde. Bon, on va te donner de l'argent. Allez,

  • Lucie

    c'est parti, on sort le vif. On ne peut pas combattre.

  • Alban

    Et en fait, c'est aussi tout le bénévolat. En fait, il y a énormément de valeurs sociales au bénévolat. Ça, il faut le comprendre. Si vous vous sentez seul. si vous n'avez pas d'amis, etc. Tout ce qui est bénévolat, donner de son temps pour la communauté. Et ça, ça vient de la culture chrétienne, toute la religion, etc. Mais bon, pareil, sans parler norvégien, c'est compliqué. Les Norvégiens se plaignent souvent, et il y a aussi des études qui montrent ça, que les immigrés ne participent pas dans toute la vie associative et communautaire. dans leur quartier, dans leurs écoles. Par exemple, vous qui avez des enfants, il faut savoir que quand vous êtes invité à une dugnade, il faut y aller.

  • Lucie

    Alors là. Déjà, je savais, Laure et Lou, que tu allais me mettre dedans parce que je te dis que Lucie va ensuite me rappeler tous les sujets qu'on ne fait pas et qu'on devrait faire.

  • Lorelou Desjardins

    On a eu les dugnades et on a dit il y a cours de piscine,

  • Lucie

    on ne peut pas venir. Et j'ai quand même dit, mais est-ce qu'on peut participer Moi, je me suis dit, je vais leur faire des crêpes, je vais leur faire un truc, tu vois. Ils m'ont dit non, il y aura un prochain, t'inquiète. Mais là, j'ai commis une erreur de fou.

  • Alban

    Alors, j'avais été invitée à une dugnade une fois dans mon syndic. Attendez,

  • Lorelou Desjardins

    pause. Il faut qu'on explique dugnade. Oui,

  • Lucie

    c'est vrai.

  • Lorelou Desjardins

    Pour ceux qui ne sont pas encore en Norvège ou qui n'habitent pas en Norvège, comment tu définirais le dugnade

  • Alban

    Alors, moi, je dis la dugnade, mais de toute évidence, il n'y a pas de la ou de le.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est vrai.

  • Alban

    Alors, la dugnade, c'est... Comment décrire ça En fait, c'est donner de son temps pour la communauté. Mais ça peut être n'importe quelle communauté. Ça peut être une communauté dont on est membre. Alors, dont on est membre, qu'on le veuille ou non. On ne sait pas.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, par exemple, on a une maison ou un appartement.

  • Alban

    Exactement. Il peut y avoir... T'es membre d'un syndic.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà. Donc, tu fais la dugnade de ton immeuble, de ton quartier.

  • Alban

    Tu fais la dugnade de ton immeuble. Et en fait, souvent, on t'appelle. C'est-à-dire que tu reçois un papier dans ta boîte aux lettres qui dit La dugnade sera le mardi 13 novembre de 14h à 16h. Venez avec des sacs plastiques et je ne sais pas quoi. Et voilà, râteau et pelle. On va repeindre toutes les barrières. On va ramasser toutes les feuilles mortes. On va nettoyer le quartier. On va faire ci, on va faire ça. Après, il y a les dugnades pour les enfants. Alors, il y a des grosses blagues en Norvège, parce qu'en fait, les Norvégiens n'aiment pas non plus aller à la dugnade, mais c'est une obligation sociale. Donc, ça les gonfle. Et donc, les blagues, c'est du style, surtout ne laisse pas ton enfant commencer la fanfare, parce que là, tu vas devoir te mettre à mi-temps tellement il y a de dugnade.

  • Lucie

    Oui, c'est ça. Mais en fait, avec les enfants, t'es dedans. Pourquoi la fanfare Parce que tous les enfants défilent le 17 mai devant le Palais du Roi et Karl Johan, qui est les Champs-Élysées.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils font la fanfare Je ne sais pas.

  • Alban

    Alors la fanfare, ça peut être plein de choses différentes. Ils font des dugnades pour avoir plus d'argent, pour acheter des instruments de musique. Ils font des dugnades pour partir en voyage. Après, tu as des dugnades. En fait, tu as des dugnades à partir du moment où tu as des enfants déjà assez foutus.

  • Lorelou Desjardins

    Pourquoi ce n'est pas les enfants qui font le dugnade d'ailleurs

  • Alban

    Pourquoi c'est les parents Parce que les parents, tu dois faire des gâteaux, tu dois vendre les gâteaux, tu dois être derrière le stand pour vendre les gâteaux. Tu ne peux pas demander à un enfant de 5 ans quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Non, t'inquiète pas, je ne vais pas travailler pour l'enfant.

  • Alban

    Non, mais si tu veux, c'est... Non, c'est les parents qui doivent prendre la responsabilité. Et puis après, il peut y avoir d'autres dugnades. Mais alors, il y a différents niveaux de dugnades. Oh punaise. Alors, le niveau bas...

  • Lorelou Desjardins

    Nous, on est ceinture blanche en dugnade.

  • Alban

    Le niveau nul, les nuls, les pires, c'est nous, les immigrés. On se dit, oh, j'ai pas envie, il fait froid dehors. On n'y va pas. Ou j'ai piscine, ou...

  • Lorelou Desjardins

    Attends, moi, j'ai une réclamation. C'est que les dugnades, à chaque fois, on nous envoie deux semaines. Alors qu'ils sont hyper... Dans l'anticipation, on nous le dit deux semaines à l'avance à chaque soir.

  • Alban

    Ah ça c'est pas bien, il faut se plaindre. Ok,

  • Lucie

    on peut se plaindre. On ne peut pas, c'est en Norvégien, on ne peut pas se plaindre. Voilà. Apprenez le Norvégien et vous pourrez vous plaindre.

  • Lorelou Desjardins

    Non,

  • Alban

    tu y vas. Là, tu veux gagner des points. Tu vas voir les gens qui organisent le Dugnad. Tu dis, moi, j'avais vraiment envie de venir au Dugnad. C'est très important pour moi de faire partie de cette communauté. J'avais vraiment envie de rencontrer mes voisins. J'avais envie de faire des gaufres en plus. Et vous m'avez dit ça deux semaines avant. Je n'ai pas eu le temps de me préparer.

  • Lucie

    J'ai hésité à annuler mes vacances.

  • Alban

    J'ai hésité à annuler mes vacances à Svalbard.

  • Lucie

    Marrant de lui,

  • Alban

    je vois. Mais bon, ma mère était malade. Donc, du coup, je me suis dit quand même, je vais m'occuper d'elle. Non, je rigole. Et là, la prochaine fois, je peux te parayer. Ils vont te l'envoyer en avance.

  • Lucie

    Punaise.

  • Lorelou Desjardins

    Non, mais c'est bravo qu'on le fasse.

  • Alban

    Mais donc, les ceintures. Alors, ceinture blanche, les nuls, c'est les gens qui ne vont pas. Ça, ce n'est pas bien. deuxième niveau, tu n'y vas pas, mais tu as une très bonne excuse. Tu leur dis, je ne peux pas venir, je suis désolée, mais je ferai deux heures de travail communautaire la semaine prochaine, seule. Envoyez-moi les choses à faire. Ça, c'est le deuxième niveau. S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire...

  • Lorelou Desjardins

    C'est que le niveau 2, en plus.

  • Alban

    S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire, vous me le dites, je le ferai. Alors, troisième niveau, tu vas à la dugnade, tu participes. Ça, c'est en fait le niveau basique. C'est ce que tout le monde est supposé faire. Donc, tu vas à la dugnade, tu fais tout ce que tu as à faire. Tu montres bien à tes voisins que tu es là. C'est important. Quatrième niveau, tu amènes tes enfants à la dugnade. Tu leur apprends dès le plus jeune âge à travailler pour la communauté gratuitement. Cinquième niveau, tu es la personne qui organise le dugnade.

  • Lucie

    T'en es où, toi, sur l'échelle des niveaux

  • Alban

    Moi, je suis à 4.

  • Lucie

    T'es balèze.

  • Alban

    Non, je suis à 5, en fait, parce que moi, je suis dans le syndic. Je suis membre du syndic. Mais je ne suis pas encore à 5. Je suis à 4,5 parce que j'y suis allée avec mon fils pour bien lui apprendre. Je lui ai donné les sacs plastiques, les râteaux et tout. Travailler, travailler. Alors, je suis membre du syndic dans le STUELA, qui est le conseil d'administration. Mais par exemple, vraiment, le dernier niveau, c'est t'organises l'éducnat, t'organises une fête. C'est toi qui organises, c'est toi qui envoies les messages, c'est toi qui imprimes les papiers.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça a un travail à plein de temps, là.

  • Lucie

    En fait, il te faut, jusqu'à l'âge de la retraite, à 67 ans, c'est bon, tu es prêt à tout organiser tellement tu dois faire deux choses.

  • Alban

    Et là où il faut faire attention, c'est OK. Alors ça, ça vaut pour plein de choses dans la société norvégienne. Quand on vit vraiment ici, il faut participer. On peut avoir une excuse une fois, mais il faut quand même participer. Les Norvégiens, ils n'ont pas envie d'aller à la dugnade.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils le font quand même.

  • Alban

    Mais ils le font quand même. Parce que c'est comme ça. Et il y a même certains groupes où on peut payer pour sortir de la dugnade. Mais oui. Ça, c'est pas terrible, ça. Mais oui,

  • Lorelou Desjardins

    hein. C'est niveau moins un.

  • Alban

    Ouais, ça, c'est pas terrible.

  • Lucie

    Bah oui.

  • Lorelou Desjardins

    Même moi, j'oserais pas, je pense.

  • Lucie

    Quoi Bon, c'est un autre sujet.

  • Alban

    Non, mais si.

  • Lorelou Desjardins

    Si c'était avec des Français, j'oserais. Mais là, ici, j'oserais pas faire ça.

  • Lucie

    Ouais, on en reparlera.

  • Lorelou Desjardins

    On parlait de l'intégration. Donc, au niveau des amis, j'ai cru comprendre que ça allait. Tu as fait des efforts et ils te l'ont bien rendu. Mais comme le petit Danois, il est retourné au Danemark.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Après,

  • Alban

    c'est ça. Il faisait deux mètres. Un muret.

  • Lorelou Desjardins

    Le petit grand Danois, il est reparti au Danemark. Est-ce que tu as fait des rencontres avec des Norvégiens

  • Alban

    Amoureuse, tu veux dire Oui. Alors oui, j'ai été même en couple avec un Norvégien plusieurs années.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment de dater avec un Norvégien

  • Alban

    Je ne le conseillerais pas. Ça dépend. Non, mais ça dépend des gens. Les gens en Norvège sont aussi différents que ceux ailleurs. Bien sûr. Les gens ont des personnalités différentes, etc. Donc, je ne peux pas dire pour tout le monde. Mais disons qu'en tout cas, pour moi, ce que j'ai trouvé compliqué, c'est que je ne suis pas norvégienne. Je considère que j'ai fait beaucoup d'efforts pour m'intégrer. J'ai toujours été dans un travail où j'étais la seule étrangère. Je suis en immersion totale toute la journée. Je ne parle que norvégien tout le temps. Et donc, c'est vrai que là, de me retrouver dans une vie de couple où je suis avec une personne norvégienne, j'avais l'impression de me perdre un peu quand même. C'est-à-dire que là, j'allais vraiment... C'était pratiquement de l'assimilation dans le sens où là, je devais vraiment devenir complètement norvégienne et je n'avais pas envie. Parce que je ne suis pas vraiment... On est quand même toujours un peu de là où on vient. Bien sûr. Je me rappelle une fois sa mère... Alors lui, il vient d'un petit village du sud de la Norvège. Et sa mère, une fois, en plus, on mangeait le dîner à 13h30. Le dîner Le dîner. Alors ça, déjà dur. C'est un peu la campagne, quoi. Et ça, déjà un peu dur. Et puis, elle m'avait fait un truc qui s'appelle l'abscaus, qui est en gros des patates, des carottes et de la viande cuite.

  • Lorelou Desjardins

    OK.

  • Alban

    Pendant longtemps. Bon, pas non plus un truc de fou, quoi. Enfin, c'est bon, mais voilà. Du coup... Elle me dit, t'as de la chance de goûter tous ces plats typiquement norvégiens. Et là, je lui ai dit, mais je crois qu'il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont déjà pensé à faire cuire des patates de la viande années 40 ensemble. Tu as vraiment dit ça Oh là là, ça ne lui a pas plu du tout. Oh, punaise. Toi, tu sais mettre à l'aise les belles-mères quand même.

  • Lucie

    Bizarrement, le lendemain, le Norvégien a dit,

  • Lorelou Desjardins

    c'est fini. Non, mais en fait, pour être tout à fait honnête, c'était il y a longtemps. Je ne sais pas si je l'ai pensé très fort aussi, je lui ai dit. Mais c'est vrai que cette pression de... Alors, c'est cette phrase norvégienne que j'ai entendue de nombreuses fois. Sånn er det i Norge Je ne sais pas si vous l'avez entendu. Ça veut dire quoi

  • Alban

    C'est comme ça en Norvège. Donc, c'est la fin de la conversation. Et ça, c'est quelque chose qui revient. Non, mais c'est comme ça en Norvège. Donc, c'est comme ça que ça va être. Et c'est comme ça que ça doit être. Donc ça, c'est quelque chose d'un petit peu compliqué. C'est vrai, quand tu es dans une relation de couple... où en fait, oui, où tu dois devenir norvégienne, tu dois te plier quand même à toutes les règles. Alors que là, c'est vrai que mon mari, il n'est pas norvégien. Bon, ben, on est, j'appelle ça, moi, on est des immigrés parfaits, les immigrés des posters, là. Et puis après, on ferme la porte de chez nous. Et puis bon, on fait ce qu'on veut, quoi.

  • Lucie

    Bon, t'as tenté l'expérience, mais c'était pas probant. Tu te perdais dans le truc.

  • Alban

    Ouais, je me perdais un peu dans le truc. Après, il y a une autre chose.

  • Lorelou Desjardins

    Parce que tu parlais norvégien avec lui.

  • Alban

    Oui, je parlais norvégien avec lui, ouais, tout à fait. Après, c'est un peu difficile aussi quand tu es étranger en Norvège. Je ne sais pas si vous voulez rentrer dans ce genre de sujet, mais quand tu dates, c'est-à-dire quand tu essaies d'avoir des relations amoureuses en Norvège et que tu es étranger, tu as aussi beaucoup de questions. C'est un peu un entretien d'embauche. C'est genre, oui, mais du coup, tu vas rentrer quand dans ton pays Parce que là, moi, je ne veux pas investir du temps dans quelqu'un qui rentre dans son pays dans deux ans. Ça ne m'intéresse pas.

  • Lorelou Desjardins

    Toi, tu répondais quoi Parce que tu étais encore là temporairement

  • Alban

    Alors oui, ça dépendait des fois. Je ne me rappelle plus exactement. J'avoue que ça paraît il y a très longtemps. Mais donc, ce n'est pas très spontané. Ce n'est pas, on va apprendre à se connaître et puis on verra. Non, non. Mais du coup, tu possèdes ton appartement Parce que si du coup, on achète ensemble un jour, il faut qu'on ait une part égale.

  • Lorelou Desjardins

    Mais dès le premier rendez-vous Ah,

  • Alban

    le premier rendez-vous. Ah oui. Donc, ils te demandent si tu possèdes ton appartement ou si tu loues. Où est-ce que tu possèdes ton appartement est-ce que t'as un travail fixe est-ce que t'aimes skier et oui forcément sinon eux ils ont prévu plein de week-end au ski si t'aimes pas skier ça va pas le faire donc souvent les couples mixtes que tu vois en Norvège ils se sont rencontrés à l'extérieur de la Norvège très souvent parce que là les Norvégiens à l'extérieur ils ont évidemment pas ce genre d'attente mais donc c'est vrai qu'il y a un moment et puis après t'as tout le truc des enfants il y a plein de choses fou

  • Lorelou Desjardins

    Mais tu penses que s'ils datent avec une Norvégienne, ils vont lui poser les mêmes questions Ah oui. Bah oui,

  • Lucie

    de la part, t'es tout.

  • Alban

    Ah oui, c'est pareil. Ah non, ça, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Tu dois dater quelqu'un qui est de ton niveau, quoi. Parce que si... Ça ira pas très loin, quoi.

  • Alban

    Ouais, moi, on m'avait demandé, si je me rappelle, ça, c'est parce que j'étais étrangère, mais est-ce que toi, t'as tes propres amis Parce que j'ai pas envie que tu sois dépendant de mes amis et qu'après, si on se sépare, du coup, t'as plus d'amis. Ouais, ouais. Ça m'embêterait. Toi, t'es là, mais on n'est pas ensemble, en fait. Donc, pourquoi tu penses ça Je vais prendre tes amis, c'est toi qui en auras plus Juste Mais en fait on est pas ensemble là Je te connais pas, pourquoi tu parles de quand on sera pas ensemble Et je crois que le pire C'était un gars Qui m'avait dit, deuxième rendez-vous Deuxième rendez-vous hein On s'était même pas embrassés Il me dit, du coup toi tu vas avoir des enfants A quel moment Je me dis, je sais pas Il me dit, quelle année Alors je sais pas Euh

  • Lucie

    Mais sache que ce sera en août de cette année-là, par contre. Pour avoir ta place en crèche.

  • Alban

    Alors, attends, laisse-moi sortir mon calendrier. Donc, j'ai prévu de tomber enceinte en mars de 2022. C'est ça. Donc, il me dit ça et je lui dis, mais pourquoi Je ne comprends pas. Il me dit, alors moi, j'avais un plan, c'était d'avoir un enfant. Donc, quand j'avais 33 ans, je ne sais pas quel âge il avait. Là, il était en retard sur son planning.

  • Lorelou Desjardins

    Ah mince.

  • Alban

    Ah oui, c'est un problème, ça. Oui. Donc là, il était en train de faire construire une maison dans le jardin de sa mère. Ouf. Ah,

  • Lucie

    ok, bon. Délicat.

  • Alban

    Et du coup, il voulait savoir si là, j'étais prête à avoir un enfant, genre là, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Mais pratique, quand même, d'avoir la mamie sur place.

  • Alban

    Ça chauffe, on était, encore une fois, pas du tout ensemble.

  • Lucie

    J'adore.

  • Lorelou Desjardins

    Mais écoute, au moins, c'est clair. Tu sais à quoi t'attendre, toi. Tu sais que si tu commences une relation avec lui, tu vas être en cloque dans quelques mois, quoi.

  • Alban

    Ouais, enfin, bon. Et donc là, du coup, j'avais répondu, écoute, je ne sais pas, je n'ai pas de réponse à ta question, mais je te tiens au courant. Si tu veux, dans le développement de notre relation, je te tiens au courant. Et puis, au bout d'un moment, je lui avais dit, on était sortis ensemble, au bout d'un moment, je lui ai dit, écoute, je ne pense pas que... En fait, du coup, j'avais été très honnête avec lui très rapidement parce que...

  • Lucie

    Je savais quel était le projet.

  • Alban

    Je connaissais le projet. En gros, il m'avait dit, moi, je n'ai pas de temps à perdre. Le moment où tu décides que tu as envie de faire un enfant avec moi, de rester avec moi vraiment, ou que tu ne veux pas, tu me le dis tout de suite.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Du coup, je lui avais dit, ah mais il avait super bien pris.

  • Lucie

    Pas trop de retard, ça allait

  • Alban

    Bon, ça l'avait un peu retardé quand même. Ça, c'était un petit problème.

  • Lucie

    Ouais, coup dur là, coup dur. Bon ben, t'as fait classe, mais coup dur pour lui.

  • Alban

    Coup dur pour lui. Alors, je sais que les gens qui se rencontrent à l'extérieur de la Norvège, c'est différent. Mais quand on a des relations amoureuses en Norvège, c'est un peu transactionnel. Et du coup, moi, je trouve que ça enlève un peu de la magie, quoi. C'est pas très... Parce que...

  • Lorelou Desjardins

    Bon, alors j'ai jamais...

  • Alban

    Ça fait pas rêver, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais. Non, je comprends. Mais c'est marrant parce que moi, j'avais une image un peu différente. Je n'ai jamais été en Norvège, mais j'entendais que, justement, au contraire de demander si tu veux des enfants, si tu veux te marier et tout, ils étaient plutôt pas très sérieux, plutôt...

  • Alban

    Alors oui, tout à fait. Alors ça, c'est l'envers du décor. C'est-à-dire, t'en as, ils sont hyper sérieux. Ça dépend de l'âge, en fait. Et puis, les gens, ils sont hyper sérieux. Mais effectivement, il y a aussi... Il y a aussi des âges ou même des personnalités qui n'ont pas envie de s'attacher. Alors ça aussi, c'est très compliqué. C'est qu'en fait, quand tu es avec un Norvégien, tant que tu n'as pas... Alors ça, j'ai mis longtemps à comprendre. Parce que moi, j'avais l'impression qu'on était en couple. Pas du tout. Ah ouais Ah non, ça, je n'avais pas compris. Alors soit avec un,

  • Lucie

    la semaine d'après, tu allais tomber enceinte. Mais avec l'autre, tu es resté longtemps et tu n'étais pas en couple.

  • Alban

    Donc en fait, moi, je croyais qu'on était en couple.

  • Lorelou Desjardins

    Et comment tu as découvert le pot au rose

  • Lucie

    Le jour de son mariage, mais pas avec moi. Je ne ressens pas.

  • Lorelou Desjardins

    Je t'aime bien quand même, alors...

  • Alban

    Restons amis, mais comment ça, restons amis Non, en fait, je ne sais plus. Je l'écris dans mon livre, je ne me rappelle plus de cette histoire. Mais en gros, en fait, tu comprends que la personne, elle est avec quelqu'un d'autre. Et puis tu te dis, mais du coup, on est... Mais qu'est-ce qui se passe Alors là, j'ai parlé à ma copine norvégienne. Je lui ai dit, mais je ne comprends pas très bien. Et puis là, elle me dit, mais est-ce que vous avez eu la conversation Quelle conversation Alors en fait, il faut avoir une conversation sans... dans un moment où personne n'a bu sur le statut de cette relation. Et là, il faut décider, est-ce qu'on est chat à l'estin, qui veut dire petit ami, ou pas. Et tu ne l'avais pas eu cette conversation Je ne savais même pas que cette conversation existait.

  • Lucie

    Oui, voilà, comme quoi,

  • Alban

    je connais tous les codes. Il faut connaître les codes. Donc en fait, une fois que tu as cette compétence, encore une fois, il y a des ceintures. J'adore,

  • Lucie

    on va voir les niveaux.

  • Alban

    Alors le niveau, si Arresta, c'est déjà un niveau quand même assez avancé. Le niveau d'avant, c'est qu'en fait, tu vois quelqu'un, tu passes la nuit chez lui ou elle. plusieurs fois mais cette personne quasi ne te calcule pas dans la rue la semaine d'après. Donc voilà, ça c'est niveau 1. Niveau 2, c'est on est chien à Alesta. Alors là, il commence à t'inviter, à te présenter à sa famille, à ses amis. Là, c'est plus sérieux, beaucoup plus sérieux. Après, tu as Samboer, ça veut dire qu'on vit ensemble en concubinage, mais on n'est pas mariés.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis après,

  • Alban

    tu as mariage. Et puis surtout, tu as enfants. D'avoir des enfants quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il y a quand même un truc qui est à la chance.

  • Alban

    Ça rapproche.

  • Lucie

    Ou pas, d'ailleurs. C'est ça.

  • Alban

    Donc, mais c'est vrai que c'était... Il y avait beaucoup de gens, en tout cas à l'époque où j'étais dans ces... Voilà, où je faisais des dates et tout ça, il y en avait beaucoup qui avaient envie juste de s'amuser un peu. Après, je pense que c'est partout. Mais c'était difficile de... Je me rappelle, j'avais pris un petit coup dans mon amour propre quand j'avais compris que, par exemple, un mec que je voyais... vous voyez, avaient cinq copines en même temps.

  • Lucie

    Wow

  • Alban

    Ça m'avait un peu blessée, quoi.

  • Lucie

    Je peux le comprendre. Pas trop besoin d'aller chercher pour savoir que, oui, une relation... Ah,

  • Alban

    mais moi, je t'attendais. J'avais pas compris que...

  • Lucie

    Mais moi, j'allais acheter l'appart, là. J'allais acheter l'appart pour être avec toi.

  • Alban

    Et je raconte ça dans mon livre, c'est le jour où on va à Ikea. Et là, il dit, ah non, je ne peux pas. Il reste trop d'engagement d'aller à Ikea ensemble. Ah ben oui. Il faut choisir des meubles.

  • Lucie

    Un endroit sacré comme ça. Ikea, c'est... La prochaine étape, c'est l'église.

  • Alban

    Tous les gens vont savoir qu'on est en couple. Je dis, mais les gens s'en foutent. Les gens... Ils rachètent notre place. Ils rigolent. Ils s'en foutent de nous.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    c'est génial J'adore Tu sais que quand tu vas à Ikea avec ton cum, c'est bouffoir,

  • Alban

    c'est bien engagé. Ah oui,

  • Lucie

    c'est sérieux. Pour notre prochain épisode, nous cherchons une jeune femme, moins jeune homme, qui est allée avec son ou sa partenaire chez Ikea, pour nous raconter quelle expérience ultime ils ont pu vivre en allant en couple à Ikea.

  • Alban

    Voilà, thérapie de couple. Oui,

  • Lucie

    oui, oui.

  • Alban

    Mais oui, donc en fait, c'est vrai qu'il y a un moment, je me suis dit, alors je m'intègre en Norvège, j'aime ce pays. Mais c'est peut-être un peu trop de me demander de vivre vraiment une vie norvégienne totale. Je mange tôt, mais quand même pas si tôt. De manger que des tubes, c'était un peu trop pour moi.

  • Lorelou Desjardins

    Du coup, après, tu t'es dirigée plutôt vers l'international.

  • Alban

    Je me suis dirigée vers l'international.

  • Lucie

    Donc, tu nous as déjà donné plein de conseils et d'anecdotes sur ton parcours. Mais comment tu en es venue à beaucoup voyager à Norvège et puis finir par un blog qui, je crois, est devenu un livre Comment ça s'est passé un peu tout ça C'est ça.

  • Alban

    Alors, j'ai commencé à écrire un blog qui s'appelle A Frog in the Fjord, donc une grenouille dans le fjord en anglais, qui était un blog anonyme à l'époque où j'écrivais de façon un peu humoristique sur toutes mes frustrations en Norvège, en fait. toute la culture, l'apprentissage de la langue, tout. Ça m'énervait. D'un autre côté, je trouvais ça rigolo, mais je trouvais ça quand même assez difficile. Donc j'ai commencé à écrire là-dessus, de façon anonyme, aussi sur toute ma vie amoureuse. Donc c'est pour ça que c'était anonyme, parce que j'avais pas forcément envie que les gens sachent que c'était moi. Et puis, il y a certains de mes articles de blog qui sont devenus viraux aux Etats-Unis et en Norvège, qui ont été partagés des milliers, voire des centaines de milliers de fois. Et là, les... Les journaux et les médias norvégiens ont commencé à me contacter avec mon petit mail anonyme en me disant Mais qui es-tu Est-ce qu'on peut t'interviewer Est-ce qu'on peut publier tes articles dans le journal Là, j'ai été prise d'une panique totale. D'ailleurs, à l'époque, je vivais dans un appartement pas très loin d'ici. Moi, j'écrivais de mon petit entre-sol sombre dans mon pyjama. Et puis, je me retrouvais avec les plus gros, l'équivalent du monde, par exemple, à me contacter. Je me disais Mais qu'est-ce que c'est ça Et puis moi, j'ai dit non, parce qu'en fait, je me suis dit Ça va passer Tout ça, c'est qu'une mode. Là, il voit mon article qui est beaucoup lu, mais ça ne va pas durer. Pourquoi est-ce que moi, je vais sortir avec mon nom Bon, voilà. Tu as d'abord dit non. J'ai d'abord dit non pendant assez longtemps. Et puis finalement, il y a plusieurs articles qui ont été viraux. Et là, je me suis dit, et les médias continuaient vraiment. Là, on m'a offert un certain nombre de choses. On m'a offert une chronique, en fait, une tribune dans Vegé, qui est un gros journal norvégien. On m'a offert plusieurs trucs comme ça, payés en plus. Et puis là, je me suis dit, mais on dirait que ça ne part pas, en fait. On dirait qu'ils sont vraiment intéressés. Et puis, j'ai commencé à écrire anonymement. Alors, il y a une anecdote assez drôle, parce que les premiers articles que j'ai écrits, c'était avec un nom d'emprunt. Et là, je me rappelle les journalistes norvégiens qui me regardaient. Et maintenant que je connais la société norvégienne, je comprends qu'ils disaient mais qu'est-ce qu'elle fout, quoi C'est qui cette Française Parce qu'en fait, je les voyais et ils disaient mais pourquoi tu veux être anonyme Enfin, ils ne comprenaient pas. Et je disais oui, mais je ne veux pas que ça impacte ma carrière. Et puis, il y en a un qui m'a dit non mais attends, l'anonymat, c'est pour les gens qu'on protège. Si tu avais été la maîtresse du roi de Norvège, oui, là, on comprend. Mais en fait, là, t'écris sur les différences culturelles avec les Norvégiens. Pourquoi t'as besoin qu'on te protège Ce que t'écris, c'est pas... Ils comprenaient pas du tout. Mais c'est parce que moi, j'avais pas compris que ça allait pas impacter ma carrière de façon négative. Que c'était que positif. Je l'avais pas compris.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, mais moi, je peux comprendre. Tu peux te dire, je critique certains aspects.

  • Alban

    Oui, puis je parlais de ma vie hyper personnelle. Avec mes dates, mes trucs.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, non. Moi, je peux comprendre que ça t'ait fait peur au début.

  • Alban

    Oui, mais en tout cas, c'est vrai qu'après ça, j'ai compris qu'il n'y avait pas de risque. J'ai commencé à sortir à écrire avec mon nom. Et puis, j'écrivais de plus en plus. Mon blog a vraiment eu beaucoup, beaucoup de lecteurs. Il y a un moment, j'avais un million de lecteurs par an.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, ils étaient en Norvège Beaucoup en Norvège,

  • Alban

    beaucoup en Norvège, oui. Et puis là, on m'a proposé d'écrire un livre. Mais moi, je n'avais pas envie d'écrire un livre. juste de compiler mes articles. Il y a plusieurs maisons d'édition qui m'ont proposé d'écrire un livre. Et j'ai dit oui à celles qui me proposaient un vrai projet de livre avec une histoire. Parce que moi, en fait, je voulais raconter c'est quoi de déménager en Norvège et de s'intégrer en Norvège. Et donc, c'est ce livre-là que j'ai écrit, qui a été traduit d'abord en norvégien. Donc, il est sorti d'abord en norvégien.

  • Lucie

    Mais toi, à la base, tu l'as écrit en français.

  • Alban

    Non, je l'ai écrit en anglais.

  • Lucie

    Ok, d'accord.

  • Alban

    pour que les éditeurs et tout ça puissent le lire quand même et écouter. Mais c'est vrai qu'il a été traduit en norvégien. Il est sorti en norvégien en 2017. En norvégien, il s'appelle Enflurskifjorden, Künstenoblenorsk, qui veut dire une grenouille dans le fjord de l'art d'être norvégien. Et il a été très, très lu. Il a très, très bien vendu en Norvège. J'ai été beaucoup invitée sur des plateaux télé, la radio, etc. Mais moi, en fait, quand même... Mon projet de départ, c'était de sortir ce livre en anglais, en français ou dans plusieurs langues, mais en tout cas en anglais, c'est clair. Pour que les étrangers aient accès à des informations, en fait. Donc, le principe du livre, c'est de raconter mon histoire. Mais finalement, le but, c'est de raconter la Norvège au travers de mon histoire, qui est une histoire personnelle, mais qui est aussi un peu une histoire plus ou moins pas de tout le monde, mais en tout cas d'apprendre la langue, de se faire des amis, etc. C'est l'histoire un peu de tout le monde. Et la maison d'édition norvégienne n'était pas intéressée dans ce livre en anglais, ni en français, ni en rien du tout. Ils voulaient que la version norvégienne. Donc, j'ai récupéré les droits. Et là, j'ai passé de longues années à essayer de le faire publier, chose que je n'ai pas réussi à faire. Et donc, à la fin, je me suis dit, c'est pas grave. J'ai décidé de monter ma propre maison d'édition. Et donc, j'ai publié ce livre en anglais. Donc, je l'ai publié après en français. Là, je viens de le publier en espagnol. Et... Le livre en anglais a très, très bien marché. Et le livre en français marche aussi très bien en France. Je le vends très bien en France. Et alors, le livre en espagnol vient de sortir. Donc, on va voir. Et puis là, j'écris d'autres livres. Là, j'apprends aussi. Je suis dans une école. Alors là, c'est niveau de dessus. Je suis dans une école d'écriture toute l'année, là, pour apprendre à écrire des livres pour enfants en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, d'accord. Non, mais toi, tu passes les ceintures noires de... dans tous les domaines.

  • Lucie

    Le cerveau n'arrive même plus à processer. J'entends, là, les neurones se touchent.

  • Lorelou Desjardins

    Déjà, bon, on ne veut pas me publier. Je monte ma boîte d'édition. Genre, je n'ai pas...

  • Lucie

    Et puis en plus... Non,

  • Lorelou Desjardins

    mais... The sky is the limit.

  • Lucie

    Ce qui me tue, c'est qu'elle est niveau C1+++, à savoir comprendre de quel quartier dans la fin fond de la Norvège pourquoi la personne a cet accent. Mais tu suis une école pour écrire des livres où je me dis, mais les phrases vont être hyper simples. Enfin, qu'est-ce que...

  • Alban

    Non, mais j'avais envie d'apprendre un style d'écriture, déjà en norvégien, parce que ce n'est pas ma langue. Et puis de rencontrer des gens, d'autres écrivains. Je ne sais pas, j'avais envie de faire ça. Et en fait, j'ai eu très peur qu'ils ne me prennent pas parce que le norvégien n'est pas ma langue maternelle. Mais bon, finalement, j'ai été prise, donc c'est cool. Mais c'est super intéressant. Et d'ailleurs, j'ai quelques projets en tête de livres pour enfants. mais bon après non mais c'est intéressant de connaître comment ils écrivent des livres pour enfants est-ce que t'écris pas un livre pour enfants de la même manière pour un enfant de 4 ans ou un enfant de 14 ans en fait c'est toutes ces choses là et puis ils te donnent des exercices il y a une manière aussi d'écrire en Norvège quand même c'est pas la même c'est pas la même écriture qu'en France c'est en fait en Norvège par exemple dans les journaux ils partent du principe en fait comme c'est pas une société élitiste Il part du principe, par exemple, dans un journal, il faut que quelqu'un qui a 17 ans et qui ne termine pas le lycée puisse lire tous les articles qui sont dans le journal.

  • Lucie

    Ça, c'est bien, en vrai.

  • Alban

    Du coup, c'est une autre manière d'écrire. C'est une autre manière d'écrire.

  • Lorelou Desjardins

    C'est plus simplement.

  • Alban

    J'écris plus simplement. Et c'est pour ça aussi, je pense, que j'ai pu écrire pour ces journaux. C'est que j'écris plus simplement que dans ma langue maternelle, c'est clair. J'écris plus simplement que, je ne sais pas, un journaliste politique norvégien. Parce que ce n'est pas ma langue et que, oui, je parle très bien, mais quand même, je n'ai pas le même vocabulaire. On ne peut pas comparer quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, tu parlais à la base de ton blog qui racontait tes frustrations. Est-ce que tu pourrais nous raconter les plus grosses frustrations que tu avais

  • Alban

    Alors, c'était la langue, c'était difficile. La langue, se faire des amis. les gens qui te... Tu vois, moi, j'avais rencontré des gens dans une fête et puis trop sympa. Ils me racontent leur vie. Je me dis, je me suis fait des amis. C'est génial. Et puis, ils m'invitent à un concert qui est la semaine d'après. Alors moi, en plus, je ne bois pas beaucoup. Je bois, mais très peu. Donc voilà, je ne suis jamais... Eux, ils sont complètement défaits. Mais moi, je ne le suis pas. Je suis totalement réveillée.

  • Lucie

    Prête pour le dugnad.

  • Alban

    prête pour le digne prête pour l'invitation et en plus j'ai assez de bonnes mémoires donc en fait cette personne qui me raconte sa vie en long large en travers moi je me rappelle de tout parce que je me dis je me suis fait un ami c'est génial c'est pour la vie on va se faire rire voilà ils vont m'inviter à la hutte au chalet et en fait ils m'invitent à un concert je dis à ma copine c'est quoi on va y aller au concert c'est génial on arrive là-bas ils nous regardent genre mais t'es qui toi Qu'est-ce que tu fous là Et puis moi je lui dis Oui mais tu te rappelles, je suis la fille avec qui t'as parlé Tu sais de ça, que t'avais C'est des soucis Bon j'avais pas été la plus maligne ce jour-là Mais oui tu sais Qu'est-ce que c'est que la réaction là Non c'est pas ça J'avais des soucis avec une fille au travail dont il était amoureux

  • Lucie

    Ah quand même, c'est pas mal Tu te rappelles,

  • Alban

    t'étais amoureux Le mec il se décompose Il se décompose Et là, il me tourne le dos, quoi. Je fais, ah, j'avais peut-être pas d'acte.

  • Lucie

    Je viens tourner devant la belle-mère pour lui parler de son plat patate, viande.

  • Alban

    Donc, en fait, ça, ce genre de choses, c'est brutal. C'est brutal parce que... Ou bien des gens...

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il avait un petit peu, quand il était saoul, il s'en rappelait pas.

  • Alban

    Voilà, et puis après, on me dit, oui, mais t'étais saoule. Ah non, j'étais pas saoule, moi. Ah, toi, t'étais saoule, toi J'avais pas compris. Et après, il t'explique, non, mais en fait, quand on est saoule, il n'y a rien qui compte. Ah, d'accord, j'étais pas au courant. Mais du coup, après, c'est difficile à comprendre parce que quand ils sont sous, c'est aussi là qu'ils disent la vérité. Alors, c'est pas simple.

  • Lucie

    On va voir ton traducteur. Sous, pas sous, vérité, pas faux.

  • Alban

    Alors, ils sont sous. Donc là, soit ils font n'importe quoi et il faut faire comme si ça n'avait pas existé. Soit ils sont en train de te dire la vérité. Alors là, voilà. Donc là, t'es là. Donc, ce genre de choses.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, quand tu veux demander...

  • Alban

    J'écrivais des mails, je disais, oh là là, vous savez pas ce qui m'est arrivé. Non, mais j'en peux plus. Mais c'est n'importe quoi. Voilà. Ce genre de choses. Ou bien sur la langue, où par exemple, j'ai dit des choses, moi j'avais l'impression de dire un truc tout à fait sensé, puis en fait j'ai mal prononcé, donc j'ai dit un autre mot qui voulait dire complètement autre chose, et là tout le monde se fout de ma gueule. Ou bien les gens pareils sont hyper choqués. Voilà, donc c'est des choses comme ça. Après c'était très innocent, c'était drôle, et voilà, c'est pour ça je pense que ça a pris.

  • Lorelou Desjardins

    Mais du coup t'as eu quand même des frustrations parce que tout à l'heure on disait que tu t'étais bien intégrée, mais en fait une fois que tu parlais bien norvégien.

  • Alban

    Ouais, mais alors moi, je le prenais avec humour. Toutes ces frustrations, je le prenais avec humour. Parce que là, il y avait quand même des gens autour de moi. Mais c'est vrai que, par exemple... Alors, c'est ça qui est aussi un peu compliqué en Norvège. C'est que si on a des frustrations dont on parle avec humour, ça passe. Quand on commence à être vraiment critique, là, ça devient un peu plus compliqué. Parce que là, c'est trop critique. Ils ont plus de mal à lutter.

  • Lucie

    Ton blog et ensuite même ton livre, tu as dit, a beaucoup pris en Norvège. Pas que, mais beaucoup en Norvège.

  • Alban

    Parce que c'était sur le point de vue.

  • Lucie

    Ça veut dire qu'ils étaient prêts à recevoir cette espèce de critique, mais bienveillante en tout cas.

  • Alban

    Très bienveillante et ça ne peut pas être sur n'importe quoi. Il y a un moment, j'ai commencé à écrire sur des sujets politiques. Là, on m'a bien fait comprendre que, oui, oui, mais par exemple, j'avais écrit un article une fois. Est-ce que le norvégien est un langage de l'amour Alors, gros hit. Justement, j'avais pris des exemples du NUNORCH. Je ne parlais pas du tout NUNORCH, bien sûr. J'ai demandé à des collègues qui écrivaient en NUNORCH pour leur poser des questions. Donc, si tu veux, j'écris cet article. Alors, évidemment, c'est très léger comme article. Si tu écris deux mois plus tard sur... Est-ce que la politique migratoire de la Norvège fait honneur aux réfugiés Après, ils sont là, ouais, mais pourquoi tu écris sur ça Moi, je préférais quand tu écrivais sur Hugli et Kouchli. Donc, c'est ça. Alors, je dois dire, le plus grand défi, après 15 ans ici, et je parle bien norvégien, moi, mon plus grand défi ici, c'est de savoir ce que les gens pensent. C'est vraiment ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'est pas clair. Pourtant, tu leur parles norvégien, toi.

  • Alban

    Oui, mais en fait, c'est une langue où il y a beaucoup de... Alors, ils appellent ça in de fostot In de fostot ça veut dire compris de l'intérieur Tout est un peu implicite en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que tu dirais même l'hypocrite parfois

  • Alban

    C'est toi qui l'as dit.

  • Lorelou Desjardins

    C'est toi qui te l'as dit.

  • Lucie

    Et t'es même pas bourrée.

  • Lorelou Desjardins

    J'ai pris un peu.

  • Lucie

    On dirait hypocrite de ne pas forcément dire ce qu'on pense.

  • Alban

    Alors, ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est qu'ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Ils ne veulent pas blesser les gens, ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Donc, je n'appellerais pas ça... Un homme. Je n'appellerais pas ça...

  • Lucie

    Elle n'est toujours pas bourrée.

  • Alban

    Donc, je n'appellerais pas ça de l'hypocrisie, mais ce n'est pas très direct. Et en fait, ce que je trouve le plus difficile en étant étranger, c'est que tu ne sais pas vraiment ce qui se passe. Tu ne sais pas... Tu n'es pas invité à un truc. Ah, pourquoi Tout le monde est invité sauf moi. OK, qu'est-ce qui s'est passé Tu vois, c'est... Et moi, j'ai beaucoup travaillé dans... Alors, j'ai travaillé beaucoup dans le public, dans des agences gouvernementales. Oh là là Alors là... Tout est ineforschtot.

  • Lucie

    Ah ouais. Personne ne se dit rien.

  • Alban

    Tout est indirect. C'est pas facile.

  • Lucie

    Tu intériorises.

  • Alban

    Non, c'est pas facile.

  • Lorelou Desjardins

    C'est sûr d'avancer parfois.

  • Alban

    Et puis, tu ne peux pas trop montrer tes émotions.

  • Lorelou Desjardins

    Ah non,

  • Alban

    c'est pas bien ça Ah non, il ne faut pas trop montrer. Surtout pas la colère.

  • Lucie

    Mais quand on n'est que colère, comment on fait

  • Alban

    Eh ben,

  • Lucie

    tu vas skier Oui, voilà, c'est ça, en fait.

  • Lorelou Desjardins

    Tiens, un petit tour dans la forêt, comme te dit le médecin.

  • Alban

    Voilà. Eux aussi, ils sont en colère, mais ils extériorisent d'une autre manière. Ils vont skier.

  • Lorelou Desjardins

    C'est vrai que je ne les vois pas souvent en colère.

  • Alban

    Ils boivent. Ils sont aussi en colère, mais ils le montrent d'une autre manière. Et en fait, moi, je donne des cours en entreprise, dans des universités, dans plein d'endroits sur la culture norvégienne du travail. Et ça, c'est une chose fondamentale. C'est que déjà, si t'es pas d'accord avec quelqu'un, il y a une manière bien précise de leur dire, en Norvège, pour que ça passe bien.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment

  • Alban

    Eh ben, il faut faire attention à comment les mots qu'on utilise. Il faut dire beaucoup de choses positives avant de dire une toute petite chose indirectement négative. Et aussi, il faut comprendre que si quelqu'un prend autant de pincettes avec toi, il est en train de te faire une critique, en fait. Parce que j'ai assisté aux deux, c'est-à-dire j'ai assisté à des étrangers... qui vont franco genre Ouais, mais c'était nul, en fait, là, ce que t'as fait dans ton projet hier. Alors là, déjà, non, ça, c'est pas possible, tu peux pas dire ça dans les gens. Mais dans l'autre sens, des gens, en fait, qui se prennent plein de critiques de leur chef, mais qui n'ont pas compris que c'était des critiques.

  • Lucie

    Mais oui, c'est ça aussi.

  • Alban

    Parce que c'est tellement caché. C'est tellement caché dans plein de choses positives que la personne ne comprend pas. Et l'autre chose, c'est quelles émotions montrer. Alors ça, après, si vous travaillez dans des compagnies internationales, c'est tout à fait différent, mais c'est vrai que au niveau des émotions, Alors, la question que je pose toujours dans mon cours, c'est, à votre avis, est-ce qu'il vaut mieux pleurer au travail ou être en colère C'est quoi le pire Le pire Ouais.

  • Lorelou Desjardins

    Bah, être en colère, j'imagine, avec ce que tu m'as dit, mais...

  • Alban

    Être en colère. Ah oui. Il vaut mieux pleurer.

  • Lucie

    Ok. Attends, ça, c'est ce qu'ils pensent,

  • Alban

    eux Ah oui.

  • Lucie

    Waouh. Moi, je fais les deux maintenant.

  • Alban

    Tu pleures en étant en colère

  • Lucie

    J'alterne, je décide selon le jour.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui,

  • Lucie

    c'est assez évocateur.

  • Lorelou Desjardins

    Tu vois, nous, au bout de six ans, on apprend des trucs.

  • Alban

    Absolument, oui. Et donc, alors ça, il y a des gens, ça met du temps. Parfois, déjà, ils ne le savent pas au bout de très longtemps.

  • Lucie

    Ben oui.

  • Alban

    Donc, en fait, c'est toutes ces nuances. Et alors après, on peut décider ou non de donner de l'importance à toutes ces choses. Bien sûr. Mais c'est vrai que... Par exemple, quand on a des enfants, parce que quand on est adulte, on peut décider ma chine ne m'a pas invité à sa fête de Noël alors qu'elle a invité tous les autres, je peux vivre avec ça Par contre, quand on a un enfant, dans le système norvégien, il faut bien comprendre que c'est… Il y a quand même une pression sociale de la conformité, ce qui veut dire que les enfants, ils ont envie d'être conformes. Enfin, en France aussi. Moi, je me rappelle, à 12 ans, je voulais avoir le même sac à dos, les mêmes trucs. Bon, ça, c'est normal. Mais c'est vrai qu'on ne veut pas non plus arriver dans une situation où les enfants se sentent en marge. Ce n'est pas simple.

  • Lorelou Desjardins

    Je suis en train de refaire tous mes one-to-one avec mon chef et je me dis, est-ce qu'en fait, il me disait des critiques quand il était en train de me dire que tout était génial

  • Lucie

    Toi, je ne sais pas s'il te faisait des critiques, mais toi, clairement, tu en as fait.

  • Alban

    Ton chef est norvégien Oui. Et tu travailles dans une entreprise norvégienne Américaine. Ouais, alors là, c'est un peu différent. Il y a des variantes quand même. C'est-à-dire que si tu es, par exemple, dans une institution publique, comme j'ai été. la seule étrangère, là c'est toutes les règles norvégiennes les plus pures qui s'appliquent. Si t'es dans le privé, déjà c'est plus direct. Là, il y a un souci de performance. Si t'es dans le privé, dans une compagnie étrangère, là c'est aussi une autre culture. Au début, il faut bien commencer.

  • Lorelou Desjardins

    T'as un petit conseil

  • Alban

    Il faut toujours être positif. Souris. Souris, toujours. Positif.

  • Lucie

    Pleure dans le noir, enfermée. Ne sois jamais en colère.

  • Alban

    En fait, c'est ça que j'ai... Alors, moi, je suis une personne pas très calme, à la base. J'utilise beaucoup l'humour, mais je suis aussi un petit peu énervée, un petit peu en colère. Il y a des choses quand même qui me mettent en colère. Et c'est vrai que quand je vois des gens qui réussissent très bien en Norvège, les Norvégiennes, surtout les femmes, c'est des femmes qui sont toujours positives. Et quoi qu'il arrive, positifs.

  • Lucie

    Est-ce que tu penses que c'est un espèce de masque où elle s'en convainc Bien sûr que c'est un masque.

  • Alban

    C'est un masque. C'est un énorme masque. Mais du coup, je vais juste vous donner un exemple. Par exemple, dans toutes les organisations et les compagnies, il y a des réorganisations. Les Norvégiens, ils adorent les réorganisations. Donc, par exemple, les réorganisations, typiquement, il y a plein de gens qui ne sont pas contents. Parce qu'une réorganisation, ça permet de reformer des équipes, de bouger des chefs que tu n'aimes pas trop un peu au placard. Il y a plein de stratégies là-dedans, mais ça, c'est partout dans le monde. Donc, par exemple, si tu demandes dans mon précédent boulot, on était en pleine réorganisation. La fille des ressources humaines, de toute évidence, son travail est un peu compliqué en pleine réorganisation. Les gens ne sont pas contents, ils se plaignent, etc. Et un matin, on était à la machine à café, et puis je lui dis, alors, ça va, Ingrid Comment ça va C'est pas trop dur, là, la réorganisation Et puis elle me regarde et me dit, ah, mais tu vas dégozobra. Je me dis, ah, ça va tellement bien. Dégozobra. Non, dégozobra. Non, dégozobra. Il faut drener, c'est folie. Mais dégozobra. Oui, il y a quelques défis, mais bon, c'est comme ça. Alors déjà, elle prononce le mot défi. Ça, ça peut vouloir dire, c'est très compliqué. Oui. C'est très difficile. En fait, dès qu'il...

  • Lucie

    tu vois Dès qu'il y a une once de critique, ça veut dire qu'en fait, derrière...

  • Alban

    C'est compliqué. Ouais. Voilà. Et t'as aussi, les gens réagissent comme ça aussi quand ils parlent de leur vie personnelle. Alors ça, moi, ça me perturbe. Encore au travail, je peux comprendre. Tu dis, bon, on est dans un monde professionnel, on ne va pas commencer à dire, non mais l'autre, tu te rends compte de ce qu'elle m'a dit et puis c'est quoi cette équipe Bien sûr, tu ne peux pas commencer à faire ça. Ça,

  • Lucie

    on le fait en France.

  • Lorelou Desjardins

    Mais attends.

  • Alban

    Mais dans la vie personnelle, moi, ce qui me tue... C'est quand les gens, ils te disent, tu leur dis, alors, tu as quelqu'un que tu n'as pas vu depuis longtemps. Parce que moi, maintenant, je suis là depuis longtemps, donc j'ai suivi un peu des gens. Tu leur dis, ça va Et puis là, souvent, les femmes, elles te disent, ça va tellement bien. Tu sais, bon, tu sais, on a divorcé avec Trucmuche il y a six mois. Mais bon, ça va tellement bien. On est devenus des super bons amis. Et puis, tu sais, mon père, il a l'Alzheimer, tu sais. Mais tu sais, vraiment, on s'est organisé.

  • Lucie

    Elle te raconte ça Il va mieux depuis qu'il a l'Alzheimer, vraiment. Ça, ça manquait.

  • Alban

    En fait, t'as l'impression qu'elle te raconte ses vacances à Ténérife, alors qu'en fait, elle te raconte des trucs horribles. Moi, j'ai envie de l'inviter chez moi à prendre un café. Je lui dis, mais t'es sûre que ça t'a l'air d'aller bien T'es énervée Tu perds Vas-y,

  • Lucie

    dis-moi tout, là.

  • Lorelou Desjardins

    Là, je revis un moment, il n'y a pas si longtemps. Tu sais, quand tu viens de donner naissance à ton enfant, on te met dans un groupe de... Un barcelope. Un groupe de mamans. Et donc, alors moi, la première, j'en avais pas eu parce que c'était pendant le Covid. La deuxième, on me met dans ce barcelgroupeux. Première réunion, je suis pratiquement une des seules à être maman pour la deuxième fois. J'ai ma petite expérience. La première, ça a quand même été un peu, voilà, une avancée. Broken roll,

  • Alban

    je vais te dire, pendant le Covid.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, et du coup, je me dis, bon, je suis la seule à avoir eu deux enfants. Je vais leur demander comment ça va. Première réunion, on est à la LCS Tachoun, au truc de santé.

  • Alban

    Donc, les enfants, ils ont quel âge Un mois. Oui, petit, oui. Oui,

  • Lorelou Desjardins

    tout petit. Donc, moi, je me rappelle ma première fille. Au bout d'un mois, j'étais au bout de ma vie avec l'allaitement. Je n'avais pas dormi.

  • Lucie

    On l'a eu en plein hiver.

  • Lorelou Desjardins

    J'étais au bout de ma vie. Et du coup, je me dis, les pauvres, il doit y en avoir pas mal qui sont dans le même cas. Je vais les rassurer. Je vais leur dire que tout ça passe et tout. Et là, je leur dis, alors les filles, comment ça se passe et tout Et là, toutes. Génial, l'allaitement au top. Ils dorment super bien. Et là, elles me sortent toutes ça. Et là, je dis, mais soit c'est toutes des menteuses, soit je n'ai vraiment pas eu de chance.

  • Alban

    Ni l'un ni l'autre.

  • Lucie

    Et oui,

  • Alban

    voilà. C'est ni l'un ni l'autre.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, ouais.

  • Alban

    Elle s'est fait ce qu'elle pouvait être. T'étais une maman complètement normale. Moi, au bout d'un mois, j'étais aussi au bout de ma vie. Mais pareil, j'avais toutes ces mamans. Ah, ça va Le pire encore, parce que moi, j'ai une césarienne, donc je ne pouvais rien porter. Et moi, j'ai rien pu porter pendant très longtemps. Donc, je n'ai pas porté mon bébé en truc-muche, là, avec le sac, je ne sais pas. Ouais, voilà. Et donc là, j'avais une maman. Ah là là, moi, je ne le porte que comme ça. Mais c'est la meilleure manière. C'est la seule manière. Et moi, j'étais là.

  • Lucie

    Nous ne faisons qu'un.

  • Alban

    Oui, mais moi, je ne peux pas. Parce que sinon, je vais mourir. C'est ça l'impression que j'avais, moi. J'étais tellement mal. Je me disais, déjà, j'arrive à prendre une douche de temps en temps. J'arrive à me nourrir à peu près. J'arrive à le nourrir. Je me disais, déjà, je m'en sors bien.

  • Lucie

    Clairement, c'était ça. Nous, on revenait de là, quoi. Aujourd'hui, on l'a habillé, on l'a changé. Une fois tous les 18 jours, c'est pas mal. Maintenant, on est bien.

  • Alban

    T'as dormi 4 heures, t'étais content.

  • Lorelou Desjardins

    Et pour revenir à mon barcel groupeux,

  • Alban

    du coup,

  • Lorelou Desjardins

    la seule qui a commencé à dire, c'est ma copine qui est américaine, qui a commencé à dire, moi, ça a été quand même un petit peu compliqué avec l'allaitement, mais je crois qu'on est sur la bonne voie.

  • Alban

    Restons positifs.

  • Lorelou Desjardins

    Et là, bon... Il y en a deux qui m'ont dit que, elle et moi, du coup, qui disions bon, ça a été un petit peu quand même, voilà. Et là, il y en a une ou deux, je ne me rappelle plus, qui a dit peut-être que moi aussi, ça a été un peu compliqué, mais ça va maintenant. Et là, je me suis dit, on ne pourra pas être copine des filles parce que je ne sens pas que c'est sincère.

  • Alban

    Alors, c'est exactement ça. Mais moi, personnellement, je ne suis pas d'accord avec l'idée de faire comme eux. Parce qu'en fait, si on fait comme eux, on entretient cette idée que tout est parfait, qui est faux. Parce que c'est faux dans leur vie et c'est faux dans la nôtre. La fille qui me dit, mais ça c'est une vraie histoire, qu'elle vient de divorcer avec son père à Alzheimer. Désolée, mais il n'y a personne dans ce monde à qui il peut arriver ça en l'espace de six mois et qui va bien. Ce n'est pas possible. Donc moi, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de lui dire, écoute, viens, je ne sais pas, on prend un café. Mais en fait, eux, ils ne veulent pas te déranger, mais ils te tentent quand même un peu une perche. Mais ce que j'ai remarqué, c'est que quand tu t'ouvres, comme tu as fait toi dans ton bar Chalgrépa, et que tu dis, moi, ça a été difficile, alors tu vas être surprise, c'est que quand même, il y a beaucoup de gens qui, là, te disent, ah oui, mais en fait, moi aussi, ce n'est pas facile. Du coup, tu leur donnes l'autorisation, comme tu leur montres que toi, tu n'es pas parfaite. Tu leur donnes l'autorisation à elles aussi ou à eux aussi. de dire, ah oui, nous aussi, c'est compliqué, tu vois. Et donc, en fait, moi, je suis pour ce genre de choses parce que je trouve que les gens ne parlent pas assez de leurs soucis. En France, peut-être, on a tendance à se plaindre trop.

  • Lucie

    On parle trop de soucis. Nous, on ne sait pas ce qui va bien.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, ici, on n'a pas le droit de se plaindre ni de nos enfants, ni de notre compagnon. Il y a un nombre de sujets très rétifs.

  • Alban

    Tu as envie de te plaindre parfois des enfants et de ton compagnon Je ne connais pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Moi, j'en parle. Il parle tous les enfants partout. Moi, jamais. Les autres.

  • Lucie

    Oui, là, je comprends.

  • Lorelou Desjardins

    Tu me pourrais apporter.

  • Alban

    Tu veux un petit verre d'alcool Non, non, mais c'est ça. Et je trouve ça un petit peu... C'est un peu oppressant, des fois. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils disent qu'il y a beaucoup de problèmes de dépression et de solitude en Norvège.

  • Lorelou Desjardins

    Ce n'est pas pour le climat, en fait.

  • Alban

    Ce n'est pas forcément que pour le climat. C'est aussi parce que c'est... très compliqué d'être vulnérable.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, il faut être pratiquant,

  • Alban

    quoi. Par exemple, tu vois, pour moi, si j'ai une bonne relation avec quelqu'un, même quelqu'un que je connais pas depuis très longtemps, si vraiment j'ai un problème ou si je me sens pas bien un jour, je vais l'appeler. Je lui dis, est-ce que t'as 5 minutes Je me sens pas bien, c'est pas ce qui m'est arrivé.

  • Lucie

    Parce qu'ils font pas ça avec leurs amis

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, peut-être, mais ils en ont pas beaucoup d'amis. Et ils ne le font pas toujours. En fait, c'est ça que j'ai trouvé. Et c'est ça qui me rend le plus triste, je pense, pour eux. C'est qu'au début, je me disais, ouais, mais ils font ça avec leurs amis très proches. Et puis, je me rends compte que pas toujours, en fait. Que cette vulnérabilité, elle n'est pas toujours possible. Ça dépend des gens et ça dépend des amitiés qu'on a. Mais ça m'a l'air un petit peu compliqué. Il y a quand même un peu cette façade. Et si tu regardes sur Instagram et des choses comme ça, alors là,

  • Alban

    c'est puissance 2000.

  • Lucie

    Au final, je me rends compte que j'ai eu de la chance avec ma fameuse collègue qu'on a invitée à la maison et qui nous a aussi invitées chez elle et son mari. Lucie venait de tomber enceinte quasiment. Elle nous reçoit pour le dîner. Elle venait d'avoir son bébé, ça faisait je pense trois mois. Elle nous dit...

  • Lorelou Desjardins

    On ne lui avait pas dit qu'on...

  • Lucie

    Voilà, elle n'était pas au courant qu'on attendait un enfant. Et elle nous dit, l'accouchement... Donc une Norvégienne. L'accouchement, c'est terrible et horrible. et après elle commence à rentrer un peu dans les détails c'est son mari trop mignon qui dit oui oui mais maintenant ça commence à aller mieux il a 18 ans donc ça va elle s'en remet tout juste mais du coup j'avais adoré qu'elle soit aussi ouverte sur ça parce que ce sont je trouve des témoignages comme ça et puis on s'est pas penché sur le sujet en en discutant nous aussi pareil, un premier accouchement, première enfance ça a été délicat, une fois de plus milieu de l'hiver t'es pas chez toi,

  • Alban

    c'est pour tout le monde c'est qui Même Florence Forestier, elle a fait un sketch là-dessus. Il y a plein d'humoristes féminines qui font des sketchs là-dessus. Même si l'accouchement se passe bien, quand même, un être humain, tu es responsable de la survie d'un être humain.

  • Lucie

    De traverser avant que... En plus...

  • Alban

    Voilà, donc c'est quand même qu'il y a un rythme complètement différent. Tu ne sais pas ce que tu fais. Comme dit mon père, mes parents ont quatre enfants, mon père, il dit, c'est quand même la chose la plus difficile que tu fais et personne ne te donne un cours pour savoir comment tu le fais. Ça,

  • Lorelou Desjardins

    c'est clair.

  • Lucie

    Complètement.

  • Alban

    Donc, je veux dire, est-ce que c'est vraiment possible de rencontrer un parent qui te dit que tout s'est toujours très bien passé et qu'il n'a jamais rencontré aucun obstacle Moi, je ne crois pas.

  • Lorelou Desjardins

    La Norvégienne, très positive, qui ne voit pas le problème.

  • Alban

    Des gossobras, ça c'est la fin. Des gossobras. Toi, t'es là. Mais celle-là,

  • Lucie

    elle va bien, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Je vais la retenir au travail. Ouais. D'égo sobra.

  • Alban

    D'égo sobra. Le conseil quand tu commences un nouveau travail, il ne faut pas trop se plaindre. Premièrement, il faut commencer par dire une chose positive.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Après, il faut dire une deuxième chose positive. Après, il faut dire une chose un peu négative, que tu pensais dire au début. Et après, tu dois montrer trois solutions potentielles. Oui.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Comme ça, oui, tu montres que déjà, tu es content d'être là, que tu es positif, que tu as une critique, mais que tu as déjà pensé aux solutions. Et là, par exemple, un chef, tu dis, j'ai pensé à ces trois solutions, qu'est-ce que tu en penses Qu'est-ce que tu préfères Et donc là, la personne choisit.

  • Lucie

    Tu leur laisses le choix.

  • Alban

    Tu leur laisses le choix, mais tu leur as aussi un peu prémâché le travail. Tu ne viens pas en disant, non mais attends, mais c'est quoi ces réunions le lundi matin Mais non, mais moi, je ne suis pas d'accord. Parce que la culture ne sert à rien.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça,

  • Alban

    c'est compliqué. Mais par exemple, au lieu de dire, non, mais c'est quoi ces réunions C'est n'importe quoi. Tu commences par dire, écoute, je voulais te dire, moi, je trouve que la culture des réunions, elle est vraiment super dans cette équipe, parce qu'on a des réunions où on sait où on va, il y a un agenda. Je trouve que vraiment, tout le monde participe. C'est vraiment super, blablabla. Par contre, je trouve que le lundi matin, tu vois, on vient d'arriver. C'est un peu frais du week-end. Est-ce que, par exemple, on ne pourrait pas mettre cette même réunion d'équipe, soit, par exemple, le mardi à 10h, ou, par exemple, le jeudi, parce qu'il y a machin qui revient de truc-muche, ou bien le mercredi, tu vois OK. Et du coup, pour eux, ils vont enregistrer que c'est une critique.

  • Lorelou Desjardins

    Mais que tu l'as bien enrobée.

  • Alban

    Très clairement, mais tu l'as bien enrobée et que tu es constructif.

  • Lucie

    Tu l'as déranglée comme il fallait, quoi.

  • Alban

    Les listening oriented comme ils disent. Orienté vers les solutions. Et non pas problème orienté vers les problèmes.

  • Lorelou Desjardins

    On a commencé à aborder le thème des enfants, de la maternité. Toi, après avoir rencontré quelqu'un qui n'était pas norvégien, vous avez décidé de former une famille. Comment ça s'est passé cette étape-là en Norvège

  • Alban

    Ça s'est bien passé, mais on est deux étrangers de deux cultures différentes dans une troisième culture.

  • Lorelou Desjardins

    Oui. Donc,

  • Alban

    ce n'est pas hyper simple. L'avantage qu'on a, c'est qu'on parle bien norvégien tous les deux. Donc, ça facilite. Ils ont quand même un peu des dogmes en Norvège. Il faut bien dire ce qui est sur l'éducation des enfants. Donc, il y a des choses qui sont extraordinaires. Moi, mon fils, il fait des démarches dans la forêt de 5 kilomètres avec son petit sac à dos. Il creuse dans la terre avec des bouts de bois. Il monte aux arbres. Enfin, il a une vie extraordinaire. Franchement, tu le vois, il est super content. Donc, il y a des choses qui sont super. Ils sont beaucoup dehors. On leur apprend à respecter les autres. On leur apprend à vivre en communauté. On leur apprend plein de choses comme ça. Ils ont quand même des principes d'éducation, comme nous aussi, on a des principes d'éducation en France.

  • Lorelou Desjardins

    Tu peux décrire la nourriture typique qu'on donne dans les jardins d'enfants La nourriture typique,

  • Alban

    c'est du pain carré avec des tubes, en fait, des pâtes liquides dans des tubes. Ça a l'air appétissant. De différentes couleurs. Alors, tu as une pâte en tube qui est rose, qui s'appelle caviar, qui n'est pas du caviar, qui est un genre de tarama très salé. Tu as un autre tube qui est un pâté de foie. Tu as un autre tube qui est un fromage liquide saveur crevette. Un autre tube, fromage liquide saveur bacon.

  • Lucie

    Fifty shades of tube.

  • Alban

    Fifty shades of tube, exactement. Voilà, donc c'est quand même un peu spécial. Ils leur donnent de temps en temps un petit fruit, mais comme j'ai expliqué, en fait, ce n'est pas une culture de la nourriture. Donc, ils ne vont pas non plus les encourager à manger un petit bout de chou-fleur. Ils vont mettre ça devant leurs yeux et puis s'ils ne le veulent pas, bon ben voilà. Donc, c'est vrai que ça, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Toi, ça a été compliqué pour toi de voir...

  • Alban

    Ça a été très compliqué pour moi. Ça, ça a été très, très compliqué. Et je me rappelle, ça faisait 11 ans que j'étais en Norvège quand il est rentré au Barnahage, le jardin d'enfants. Et là, je me rappelle, j'ai dit à mes copines, dont certaines françaises, danoises, etc., qui ont eu des enfants ici, je leur ai dit, mais moi, c'est hors de question. Elles m'ont dit, si, tu vas te plier à ça, parce que tu n'auras pas le choix. C'est un rouleau compresseur pratiquement idéologique.

  • Lorelou Desjardins

    Et alors, tu t'es pliée à ça Eh bien,

  • Alban

    je ne m'y suis pas pliée.

  • Lucie

    L'irréductible.

  • Lorelou Desjardins

    Comment t'as fait À force de beaucoup de discussions, d'enrobage, de critiques Déjà,

  • Alban

    mon enfant a eu quelques soucis un peu de santé. Il avait mal au ventre quand il mangeait la nourriture de là-bas. Je ne pense pas qu'il soit particulièrement allergique. Je pense que c'était très industriel comme nourriture. Je pense qu'il n'avait pas l'habitude. C'était très salé. En tout cas, il a réagi à certains trucs. Je me suis un petit peu servi de ça. Il a vraiment réagi, mais c'est vrai que du coup, j'ai arrêté de goûter. Après, quand même, il y a beaucoup d'enfants qui ont des problèmes intestinaux à cause de cette nourriture. J'ai remarqué quand même, quand il mangeait trop de pain, il n'était pas bien. Mais ça, c'est tous les enfants. Voilà, c'est pas bon. Et donc, en fait, je me suis un peu servie de ça. Alors souvent, au début, quand même, j'ai essayé. Je me suis dit non, mais ça va le faire et tout. Je l'ai mis dans un jardin d'enfants où il y avait de la nourriture chaude tous les jours. Mais ça n'a pas fonctionné. Il n'était pas bien. Donc, en fait, je me suis un peu servie de ça en disant écoutez, on a essayé. On voit que ce n'est pas le meilleur pour lui. Mais par contre, à chaque nouvelle barna haguet, parce que malheureusement, on a déménagé. On n'a pas eu de place au début parce qu'il est né. à la mauvaise période de l'année, comme c'est les Norvégiens, en janvier, donc ça, ça a été trop long, il n'y a pas eu de place. Je me rappelle quand j'étais enceinte, les gens me disaient Mais t'es folle Tu vas accoucher en janvier Mais comment tu vas faire Alors, je crois pas que j'ai le choix, en fait. Là, je suis enceinte de 6 mois. Alors, je comprends pas très bien, donc on arrête les grossettes parce qu'on a pas de place en crèche. Je comprends pas votre logique.

  • Lucie

    On attend un enfant. Félicitations, c'est pour quand Décembre. Toutes mes condoléances. Après, tu comprends, parce que c'est pour avoir la place à temps en jardin d'enfant et que c'est compliqué si tu ne l'as pas.

  • Alban

    Oui, enfin, ça ne dure pas 20 ans. Tu te débrouilles. Ça va bien se passer quand même. On va trouver la place en crèche. Oui, c'est vrai. Mais c'est sûr que ça a été compliqué. Du coup, il a pas mal bougé de crèche. Mais c'est vrai que j'ai été obligée de reprendre ce fil chaque fois.

  • Lorelou Desjardins

    Comment il t'accueillait quand tu leur en parlais Très mal.

  • Alban

    Très, très mal. Et en fait, ce qu'on a fait, c'est qu'on lui a appris à manger à la cuillère très vite. Alors, j'ai de la chance, j'ai un enfant qui aime beaucoup manger. Donc, il mangeait. Il mangeait ce qu'on lui envoyait. Et nous, on lui envoie de la nourriture chaude dans un thermos. Donc, en plus, je me pliais à toutes leurs conditions. Ah non, non, on ne peut rien chauffer. Ah non, non, on ne peut rien faire. Ah non, non, on ne peut pas lui donner à manger à la cuillère. On ne peut pas ci, on ne peut pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Vous n'inquiétez pas, j'ai une solution. Je suis solution oriented.

  • Alban

    Voilà, donc on lui a appris à manger très tôt. où on lui faisait des choses à manger qui étaient faciles à attraper avec les doigts, à manger avec les mains. Après, on lui a mis beaucoup de choses, on le fait toujours, dans des thermos, donc c'est déjà chaud, on réchauffait tout le matin. Par contre, j'ai quand même eu quelques batailles de gagnées, dans le sens où pratiquement tous les jardins d'enfants où on est allés, où ça a été une bataille au début, à la fin de l'année, ils me disent Ah ouais, quand même, il mange bien votre enfant. Ah ouais, quand même, c'est pas la même chose. Les soupes de potiron et les omelettes et les salades de patates et les spaghettis bolognaises. Et donc, on lui fait des trucs différents. tous les jours. Et là, il me disait, quand même, quand il loue son petit thermos, on aimerait bien nous aussi... Taper dedans. On aimerait bien nous aussi taper dedans. C'est quand même...

  • Lorelou Desjardins

    On t'a même demandé la recette une fois.

  • Alban

    On m'a demandé, une dame du jardin d'enfants qui m'a dit, c'est intéressant ce que vous aviez là dans le mat' paquet, donc la boîte de votre fils. Et c'est quoi Je lui dis, c'est une omelette ou patate Ah, c'est intéressant, ça se fait comment C'est difficile à faire, non Mais alors, vous prenez un œuf, vous prenez une patate. C'est très dur.

  • Lucie

    Attention quand même, veillez à les puncher entre les deux.

  • Lorelou Desjardins

    Comment tu as réussi à leur faire accepter ça Quel a été le tips

  • Alban

    Alors, il faut toujours partir de la perspective de l'enfant et dire que c'est mieux pour cet enfant. Il ne faut pas dire que c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Ton principe d'éducation.

  • Alban

    Voilà. Il ne faut surtout pas dire que c'est ton principe d'éducation parce que ça, ça n'a pas de valeur pour eux. Ce qui a de la valeur pour eux, c'est que tu fais le mieux pour ton enfant. Et donc, si tu leur dis, mon enfant, quand il mange des tubes, quand il mange trop de pain, il n'est pas bien, il a mal au ventre, il dort mal, il est fatigué, etc. Je vois que quand il mange des petits plats cuisinés, des choses fraîches, des légumes, il est mieux, il n'a plus mal au ventre, il dort mieux, blablabla. Là, du coup, bon, c'est pour le bien-être de l'enfant avant tout. et puis oui oui là moi je suis sortie du bois pratiquement enfin pas encore totalement parce qu'il me reste en fait à partir du moment où il rentre à l'école à 6 ans là c'est il n'y a plus de cantine c'est plus les jardins d'enfants qui donnent la nourriture donc là on en voit ce qu'on veut mais en fait il y a une expression en norvégien brødlei ça veut dire qu'on n'en peut plus du pain et ça on me dit ça les gens me disent ah mon enfant il est brûlé

  • Lorelou Desjardins

    Il n'en peut plus du pain.

  • Alban

    Il n'en peut plus du pain. Ils n'en peuvent plus. Ils n'en peuvent plus. C'est trop de pain. C'est très répétitif. Est-ce que tu imagines si on te sert des tranches de pain avec les mêmes trois tubes, deux fois par jour, tous les jours Parce que c'est ça dans le jardin d'enfant de mon fils, c'est ça. Ce n'est pas très folklore. Alors, je ne te dis pas que mon fils, il aime tout ce qu'on fait. Des fois, il dit à maman, j'ai pas mangé, j'aimais pas, c'était pas bon, c'était trop ci, c'était trop ça. Bien sûr, mais ça, on a tous des goûts. Et puis, des fois, t'as pas faim. Des fois, t'as faim. C'est comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que t'as hésité à mettre ton fils dans le système français

  • Alban

    Alors déjà, en Norvège, il y a une école française, mais c'est à partir de 3 ans, puisque c'est la maternelle. Donc déjà, de 1 à 3 ans, il faut bien trouver. Moi, j'habite un peu loin, très loin même. Donc, au niveau logistique... J'étais pas très motivée, c'est un peu trop loin pour moi.

  • Lucie

    Et si t'avais été à côté, tu te serais posé la question Ouais,

  • Alban

    je pense que si j'avais été à côté, ça aurait été quelque chose de très différent, surtout à partir de l'école primaire. D'accord. Je pense pas nécessairement à l'âge barnahagais, donc de 1 à 6 ans. Là, ils sont dehors, ils jouent dans la terre, bon voilà, ils font un peu leur vie. C'est vrai qu'à partir du moment où t'es un parent étranger et que t'es en Norvège, t'as tout un choix. que vous connaissez certainement. C'était, alors attends, est-ce que je veux que mon enfant et des copains dans le quartier soient invités ça et là, et aillent des anniversaires chez le voisin Ou est-ce que je veux que mon enfant parle et écrive correctement le français C'est toutes ces questions. L'école française, c'est quand même une école privée. C'est des questions. Après, c'est vrai que moi, je suis à l'extérieur d'Oslo. Après, j'ai pensé à d'autres alternatives. J'ai pensé, par exemple, aux écoles Steiner, parce que dans les écoles Steiner, il n'y a pas d'écran. Et il y a de la très bonne nourriture, qu'ils font eux-mêmes, avec les trucs bio du jardin, etc. J'ai pensé aux écoles Montessori. Alors là, pour le coup, pour moi, l'école Montessori, elle est extrêmement loin, donc encore plus loin, donc ce n'est pas d'actualité. Mais c'est vrai qu'on pense à plusieurs choses et ça dépend de tes principes comme parent.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que... Tu as pensé à plusieurs choses aussi, parce que du fait du système norvégien, l'éducation à la norvégienne après la primaire. Parce qu'on entend beaucoup que le système norvégien, c'est un peu plus laxiste, peut-être. C'est beaucoup plus laxiste. J'essaie de mettre les mots.

  • Alban

    C'est très laxiste. Non, ce n'est pas laxiste, c'est juste que ce n'est pas le même niveau d'apprentissage. et pas de la même manière. Il y a beaucoup d'écrans. Même dès le primaire Oui, dès le CP. Donc il y a beaucoup d'écrans. Là, il y a des débats, par exemple, d'après le Norvégien, ça te permet, entre autres, de suivre ce genre de débats politiques. Il y a beaucoup de débats maintenant contre l'utilisation des écrans. Et puis ils finissent tôt, ils finissent très tôt. Ils finissent entre midi et demi, 13h30. Donc après, ils ont les activités après l'école, mais ce n'est pas de faire du piano ou du sport ou de la natation. C'est un genre de centre aéré tous les jours, en fait, dans toute l'après-midi.

  • Lucie

    Ah bon, ils ne peuvent pas aller faire du sport

  • Alban

    Il n'y a rien qui est mis en place. La société n'est pas structurée de cette façon-là. Donc si tu fais du sport, c'est le soir, c'est après l'école. Alors qu'en fait, cette partie de l'après-midi... Du coup, elle ne sert pas à ça. Elle sert à faire des activités extrascolaires, des jeux, etc. Alors, selon les écoles, j'ai entendu dire que l'après-midi, elle est passée sur un iPad. Et puis, si tu as une autre école qui est un peu différente, là, ils ont des vraies activités pédagogiques. Mais du coup, c'est des gens qui ne sont pas forcément... Ce n'est pas des instits. Ils font cette partie-là après l'école.

  • Lorelou Desjardins

    Mais d'ailleurs, je vois que ça va être l'heure pour nous, parents, d'aller chercher nos enfants dans nos structures respectives.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il y a encore un tas de sujets qu'on aimerait aborder avec toi. Ce serait sympa qu'on puisse le faire à un autre moment. Mais déjà, tu nous as donné plein de conseils et de clés aussi pour...

  • Lucie

    Parfois.

  • Lorelou Desjardins

    Ça va être plus dur ce soir, il va falloir débriefer entre nous deux, mais ça, c'est à nous de le faire.

  • Alban

    Alors après, c'est... C'est ma perspective, je ne suis pas non plus... Et je plaisante avec des choses qu'on savait déjà un petit peu.

  • Lucie

    Je pense que quand tu vis là, tu t'en rends compte plus ou moins.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent et qui sont intéressés, on a parlé d'un blog, d'un livre. Comment on peut un peu te suivre Quelles sont tes prochaines actualités

  • Alban

    Alors, le blog, celui en anglais, il s'appelle afroginthefjord.com. J'ai aussi un site qui s'appelle aucoindufjord.com. où j'essaye de partager des informations sur la Norvège en français. Et puis, j'ai mon livre qui s'appelle Au coin du fjord, les aventures d'une française en Norvège qui est disponible dans les librairies en Norvège et qui est malheureusement juste disponible en ce moment sur Amazon en France, mais qui va, j'espère, arriver dans les librairies. J'essaye de trouver des accords. Et puis, je suis en train d'écrire d'autres livres. Wow Oui. Voilà, qui vont sortir. Toujours sur la Norvège Toujours sur la Norvège. Et puis, je suis en train, comme j'ai dit, de monter mon entreprise. Alors, je vais faire plusieurs choses. Je vais donner des cours. Je fais du conseil en entreprise. J'écris beaucoup d'articles pour des municipalités, des communes.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est toujours pour parler des différences culturelles, se comprendre les uns les autres, mieux s'appréhender Oui.

  • Alban

    Donc, j'ai quitté, en fait, ma carrière dans le droit, pour l'instant, et dans la durabilité pour me concentrer là-dessus. Mais par contre, je vais probablement retourner un peu droit sur le droit du travail, des choses comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'était vraiment un plaisir de te recevoir.

  • Alban

    Eh bien, écoute, c'est de rien.

  • Lorelou Desjardins

    Je vous reçois en mat... collègues du Sud, ça m'a fait plaisir.

  • Lucie

    C'est de Marseillais, mais sans accent.

  • Alban

    Il vient pas de Marseille, il vient de Miramas.

  • Lorelou Desjardins

    Je te raconte tout ça aussi.

  • Lucie

    Oui, mais pour la Parisienne, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Pas de problème.

  • Lucie

    Et pour clôturer, est-ce que tu as une phrase favorite qui te fait penser à la vie ici

  • Alban

    Je vais vous raconter une blague sur les Norvégiens. Comment voit-on la différence entre un Norvégien introverti et un Norvégien extraverti Un Norvégien introverti, quand il te parle, il regarde ses chaussures. Un Norvégien extraverti, il regarde tes chaussures.

  • Lucie

    Pas mal.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est la vérité S'il vous plaît, les Norvégiens francophones, dites-nous. Est-ce que ça vous a fait rire ou pas, vous aussi

  • Lucie

    Merci beaucoup, Laure-Lou. Merci à vous. Merci de nous avoir écoutés. Et puis, on vous dit à très bientôt chez nous.

  • Lorelou Desjardins

    Sous les aurores.

  • Lucie

    Si cet épisode vous a plu, pensez à nous laisser une note et un avis sur votre application d'écoute préférée.

  • Lorelou Desjardins

    Ou un commentaire sur YouTube, ça nous aide énormément à faire grandir le podcast.

  • Lucie

    Merci et à très vite pour le prochain épisode.

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Description

Dans cet épisode captivant de Sous les Aurores, Lucie et Alban reçoivent Lorelou Desjardins (aka "A frog in the fjord"), une marseillaise installée en Norvège depuis 15 ans. Au fil d’une conversation sincère et pleine d’humour, Lorelou nous raconte ses premiers chocs culturels – des datings avec des norvégiens aux invitations impossibles à gérer – sa découverte de la vie norvégienne, ainsi que son incroyable parcours de blogueuse virale devenue auteure à succès de Au Coin du Fjord. Un épisode riche en anecdotes sur l’intégration, les codes sociaux et l’apprentissage du norvégien, pour qui souhaite comprendre la vie d’expatrié-e et d'immigré-e dans un pays aux coutumes uniques.


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Transcription

  • Alban

    Psst Si vous avez écouté l'épisode 3 sur notre routine quotidienne assez mouvementée, nous sommes super heureux de partager avec vous que nous avons reçu une place en crèche pour Gabriela. Donc à partir d'août, les deux filles seront ensemble dans le même jardin d'enfants. Et ça, ça va sacrément nous faciliter la vie. Alors, à très bientôt chez nous, sous les aurores

  • Lucie

    Salut, c'est Lucie Salut, c'est Alban Trentenaire et parent de deux petites filles. Bienvenue dans Sous les aurores Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.

  • Alban

    Sous les aurores c'est le podcast haut en couleurs qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.

  • Lucie

    Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.

  • Alban

    Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,

  • Lucie

    moments de rire et d'émotion et surtout,

  • Alban

    beaucoup de belles découvertes.

  • Lucie

    Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de

  • Alban

    Sous les Aurores. Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les Aurores. Aujourd'hui, nous recevons une compatriote. Je suis un peu fier de la recevoir. Je ne savais même pas qu'on venait plus ou moins de la même région. Donc, bienvenue à toi.

  • Lucie

    Je vais commencer par te poser quelques petites questions juste pour en apprendre un peu plus sur toi. Est-ce que tu pourrais nous dire comment tu t'appelles Depuis combien de temps tu vis en Norvège Dans quel domaine travailles-tu Et si tu peux nous citer un petit culture-choc que tu as vécu à ton arrivée ou que tu continues de vivre au quotidien.

  • Lorelou Desjardins

    Je m'appelle Lorelou Desjardins. Je suis en Norvège depuis 15 ans. Ça va faire 15 ans là, dans un mois et demi à peu près. Je suis juriste à la base en droit international, mais j'ai évolué dans une carrière un peu en parallèle ici en Norvège où j'ai fait des choses un peu différentes. Là, je suis en train de monter ma boîte. Et quelque chose, un choc culturel, c'est ça Oui. Il y en a tellement. Je pense que les chocs culturels, en fait, ils sont différents au début et aujourd'hui. Donc, il y a des choses qui étaient un choc culturel pour moi au début. Par exemple, je me rappelle les... Les gens qui se mettaient à faire du sport à 9h du matin, qui sortaient avec leur ski, leur truc moulant fluo, je trouvais ça un peu étrange. Moi, je viens de Marseille, déjà le ski, bon... Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est plus au niveau du conformisme. Il y a un trait au niveau de conformité en Norvège. Donc, c'est ce genre de choc culturel où je ne me suis toujours pas habituée. Ça, il y a aussi un côté où il n'y a pas beaucoup de spontanéité, des fois en Norvège. Donc, c'est ce genre de choses où, malgré ces 15 ans ici, ça continue de m'étonner. Des fois, j'oublie, j'invite des gens. Ah, mais passe dans deux heures. Et puis, ils me disent, mais dans deux heures, mais moi, c'est prévu depuis quatre mois. Est-ce que c'est réel

  • Alban

    D'ailleurs, et avant de passer à la suite, le contexte d'aujourd'hui est assez particulier parce que tu avais un rendez-vous avant et tu me dis, je sors, je suis en route pour venir vous rencontrer, mais je n'ai pas mangé. Et moi, tout de suite, je me dis, mais... la pichoune, je vais lui faire des pâtes ou quelque chose. Et quand tu es arrivé, tu m'as dit ça, c'est un truc qui ne pourrait jamais arriver en Norvège, de demander comme ça à last minute.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, alors tu peux, en fait, tu préviens les gens que peut-être tu vas leur prendre un bout de pain avec un petit bout de fromage. Comme ça, ils sont préparés psychologiquement. En général, ils en ont.

  • Alban

    Le plus tôt, c'est le mieux. Non,

  • Lorelou Desjardins

    non, voilà, ils en ont, c'est sûr. Ça ne leur demande pas d'efforts particuliers. Ils ont une grosse boîte en plastique dans leur frigo avec tous les trucs qu'ils vont mettre sur le pain. Sur le pain, ouais. Mais c'est vrai, quand tu m'as dit je vais te faire des pages, je dis ah c'est étonnant.

  • Alban

    C'est très toi.

  • Lucie

    Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce qui t'a amené en Norvège

  • Lorelou Desjardins

    J'habitais au Danemark. J'étais juriste au Danemark en droit de l'homme, dans l'Institut danois pour les droits de l'homme. Et moi, j'étais spécialisée sur le droit. Alors, comment expliquer ça C'est en fait les droits de l'homme par rapport aux entreprises multinationales. Donc tout ce qui est droit du travail chez les enfants, dans les compagnies qui font des chaussures par exemple, pharmaceutiques, pétrole, gaz, compagnies minières, etc. Donc j'étais un genre de... Je conseillais toutes ces compagnies sur le droit international. J'écrivais beaucoup de rapports. Sauf que mon contrat a terminé, j'avais un petit ami danois. Moi, la Scandinavie, ça ne me disait pas plus que ça, pour être tout à fait honnête. Mais bon, je me disais, bon, quand même, je vais rester autour parce que j'avais envie de rester avec lui. Je ne trouvais pas de travail à Copenhague. Impossible de trouver un travail. Je ne parlais pas danois. J'ai commencé à étendre mes recherches à Lune. Donc, c'est de l'autre côté de la frontière, c'est en Suède. Malmö. Et puis un jour, une collègue norvégienne m'a dit, tu sais, il y a un poste en Norvège, à Oslo. Franchement, c'est vraiment ton profil, tu devrais postuler. Et puis j'ai postulé, je l'ai eu. Mais c'était un travail temporaire. Et moi, dans ma tête, je me disais, c'est juste une étape pour rentrer au Danemark. Je me disais, là, si je vais en Norvège, en plus, ils avaient accepté de me payer des cours de norvégien. Je me disais, si je parle une langue scandinave, je vais rentrer au Danemark au bout d'un an. Puis ça sera plus facile pour moi de trouver un travail à Copenhague.

  • Lucie

    D'accord. Donc, c'était juste une étape à la base.

  • Lorelou Desjardins

    C'était juste une étape. Je ne connaissais rien sur la Norvège. Ça ne m'intéressait pas.

  • Lucie

    Et le titanite danois devait rester au Danemark pendant le...

  • Lorelou Desjardins

    Alors non, il devait venir.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    d'accord. Oui, mais il m'a quitté avant de venir.

  • Alban

    Classe. Classe.

  • Lucie

    C'était trop.

  • Lorelou Desjardins

    Eh bien, c'est exactement ça. Mais non. Oui, la Norvège, en fait, il est venu quelques fois. J'avais pris un appart. pour qu'on vive là et tout. On vivait ensemble déjà à Copenhague. Et au bout de quelques mois, il m'a dit, écoute, moi, je ne vais pas y arriver. La différence culturelle est trop grande. Et à ce moment-là, je lui ai dit, non, mais attends, moi, je viens de Marseille. J'habite à Oslo. Toi, tu es Danois, en fait. Tu comprends ce qu'ils disent. Et toi, tu...

  • Lucie

    Oui, c'est clair, parce qu'en plus, tu es Norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Tu manges des patates. Tu m'aimes.

  • Lucie

    C'est vrai que les Norvégiens et Danois, ils peuvent se comprendre.

  • Lorelou Desjardins

    C'est la même langue écrite.

  • Lucie

    Ça fait une adaptation un peu plus facile.

  • Lorelou Desjardins

    Complètement, il aurait même pu trouver du travail.

  • Lucie

    Et tu étais venue au Danemark pour lui

  • Lorelou Desjardins

    Non, pas du tout, je ne connaissais pas. J'avais trouvé ce travail au Danemark. D'accord,

  • Lucie

    ok.

  • Lorelou Desjardins

    Mais disons qu'au bout de quelques mois, en gros, il me plante là.

  • Lucie

    Ok.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis là, je me dis, oui, mais du coup, qu'est-ce que je fais Parce que j'avais quand même un travail passionnant. Je travaillais pour une organisation environnementale sur les questions de déforestation, droit des peuples autochtones en Indonésie. Je travaillais sur le droit à la terre. J'allais en Indonésie, dans la jungle. C'était un travail extraordinaire. J'avais des super collègues, très, très bonne ambiance de travail.

  • Alban

    Donc ça, c'était déjà sur Oslo.

  • Lorelou Desjardins

    Ça, c'était déjà sur Oslo. Et puis là, je me dis, je vais rester là. C'est une super opportunité. Je commençais ma carrière parce que je n'avais pas travaillé énormément, finalement. Donc, je me suis dit, je vais rester et puis on verra bien. Et puis, au début, je me suis laissée deux ans. Et puis, je me suis dit, si je n'aime pas trop, je partirai ailleurs. Ce n'est pas grave. Et puis, voilà, nous sommes ici. Mais c'est vrai que très longtemps, je me suis dit non, mais c'est temporaire. Très longtemps. Ça a pris presque six ans. Je me disais non, mais c'est temporaire, je vais partir bientôt. Et puis au bout d'un moment, je me suis rendu compte que c'est quoi temporaire C'est quoi temporaire Est-ce que c'est 5 ans Est-ce que c'est 10 ans Parce que si on reste quelque part de façon temporaire pendant 20 ans, il faut peut-être arrêter de louer un entre-sol sans lumière. Oui. C'est ça ma situation, c'était ça. Oui,

  • Lucie

    parce que tant que tu te dis que tu restes... pas là à Duitaméternam, tu ne fais pas des grands projets immobiliers ou autres.

  • Lorelou Desjardins

    Exactement. Et puis même au niveau de mon travail, ça m'intéressait. Et puis c'est vrai qu'au bout d'un moment, je me disais, c'est quoi mes opportunités, mon développement de carrière, qu'est-ce que je fais Et puis je suis restée pour plein de raisons différentes.

  • Lucie

    Justement, au-delà du travail, est-ce que la ville d'Oslo te plaisait La vie norvégienne te plaisait

  • Lorelou Desjardins

    Alors, la ville d'Oslo était très différente il y a 15 ans. Donc c'était très très différent. Il y avait par exemple maintenant, si tu sors un mercredi ou un jeudi soir, il y a plein de cafés, il y a des gens en terrasse, ça, ça n'existait pas. Je me rappelle, mon premier appartement, c'était en colocation à Oulafluyeusplas, qui est à Grunerloca, qui est vraiment l'endroit qui bouge. Et j'étais arrivée là, il n'y avait personne dans les rues. Et la fille qui m'avait loué l'appartement, elle m'avait dit, tu sais, ça bouge vraiment ici. Et j'étais là, ah oui, ça a l'air, oui, ça a l'air super comme quartier. En fait, effectivement, pour le standard de l'époque, en tout cas, ça bougeait vachement, mais ça bougeait à partir du vendredi à 15h jusqu'au samedi 2h du matin. Et puis, le reste du temps, il n'y avait pas grand chose. Alors que si tu vas sur cette place aujourd'hui, il y a plein de cafés, plein de restos, des petites boutiques de vêtements, des fripes, des cafés avec des concepts différents. énormément de choses.

  • Lucie

    Même tout, on l'a vu en 6 ans, je trouve.

  • Alban

    D'ailleurs, Gruner-le-Cas, c'est vraiment un bon quartier pour arriver, en général, vingtaine, début trentaine, c'est sympa. C'est très actif.

  • Lorelou Desjardins

    Mais c'est vrai qu'effectivement, Oslo, c'était quand même sympa, parce que moi, j'avais vécu à Paris, où quand même, il n'y a pas beaucoup de nature, on travaille beaucoup. Alors là, j'avais du temps. C'est-à-dire que je travaillais à temps plein, mais j'avais quand même beaucoup de temps.

  • Lucie

    Est-ce que ça restait sur des horaires norvégiens Ça restait sur des horaires norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, je sortais à 16h et puis après, j'allais faire du yoga. J'allais, je ne sais pas, j'allais boire des coups avec des copines. Alors, j'ai écrit un livre.

  • Alban

    Quand même, si tu t'y prenais six mois à l'avance, j'espère, pour planifier le verre.

  • Lorelou Desjardins

    Au moins deux. C'est vrai que j'ai écrit un livre, par exemple, tout en travaillant à temps plein.

  • Lucie

    Oui, ce qui aurait été peut-être... plus difficile dans une autre capitale.

  • Lorelou Desjardins

    Ce qui aurait été peut-être plus difficile, c'est-à-dire que je partais du travail à 16h, je rentrais, je mangeais un peu tôt, et puis j'enchaînais, j'écrivais entre 4 et 6h par soir, et je recommençais le lendemain, après le travail. Bon, maintenant, avec des enfants, ça ne serait pas possible, mais disons que cette vie permet quand même d'avoir une vie à côté, en fait, tout simplement. Et puis, les opportunités de travail étaient aussi au rendez-vous. Je me rendais compte que j'avais des opportunités ici. Et puis aussi, plus on reste loin de la France, finalement, plus on est déconnecté. Ce que je faisais ici, personne ne comprenait vraiment ce que c'était. Ça devient un peu compliqué. Nos références de travail, en fait, elles n'ont pas trop de valeur en France.

  • Lucie

    Du coup, ça s'aligne au niveau du travail. Personnellement, tu y trouves ton compte parce que tu as une deuxième petite journée après le travail et tu peux faire des choses qui te plaisent. mais est-ce que du coup au contraire il y a eu des choses qui ont été un peu plus difficiles à adopter en étant là

  • Lorelou Desjardins

    Alors les premières années franchement ça allait les dix premières années Quand j'étais pas encore sûr de rester pendant ces dix premières années Non avant d'avoir des enfants c'est-à-dire qu'à partir du moment où j'ai eu un enfant et en plus il est né juste avant le Covid alors là ça a été brutal Parce qu'en fait, ça, c'est un secret pour personne. C'est-à-dire qu'à partir du moment où on a une famille et qu'on est loin de notre famille, les Norvégiens, quand même, ils ont leur famille sur place et puis qui les aident beaucoup. Qui les aident à acheter un appartement, qui les aident à déménager, qui les aident à faire des travaux, qui les aident à garder les enfants, etc. On se retrouve quand même en décalage avec les autres parents parce que nous, on a... pas grand monde. Alors moi, j'utilise des babysitters qui est choquant pour beaucoup de Norvégiens.

  • Alban

    C'est vrai, au final, c'est quelque chose qui n'est pas hyper répandu, tu trouves Non.

  • Lorelou Desjardins

    Eux, ils font vraiment confiance aux gens de la famille. Alors après, la deuxième chose, c'est que la manière d'élever les enfants est un peu différente dans le sens où, en France, bon, après, je ne vis plus en France depuis un certain temps, mais en tout cas, moi, quand je grandissais, dans les années 80-90, bon, c'était un peu le bordel, c'est-à-dire que On avait des enfants, mais bon, on faisait quand même des fêtes à la maison. Et puis, on a invité des gens à dîner. Puis, les enfants s'endormaient. Puis, on les mettait au lit. Et puis, bon, c'est un peu... Alors qu'ici, pas du tout. Non, les enfants, ils vont se coucher à 19h. Donc, on ne peut pas rester. Ah, mais nous, on mange à 17h. Donc là, du coup, il est 16h30. Donc, il faut qu'on rentre pour manger. Et si on commence à leur dire, oui, mais on vous invite à manger. Ah non, non, non, parce que ça, ce n'est pas prévu. Parce qu'en fait, après, il y a quelqu'un qui va passer chez moi. Parce que j'ai vendu un truc sur Fyne. Alors là, tout est compliqué.

  • Alban

    Et en plus, j'ai mon enfant à coucher. Mais avant ça, il faut qu'il remange un bout de pain. Là, vraiment, c'est pas possible.

  • Lorelou Desjardins

    Là, franchement, tout est bloqué. Voilà, non, c'est pas possible. Ah d'accord, bon, c'est pas grave. Donc, c'est vrai qu'à partir du moment où on a des enfants...

  • Lucie

    Mais même avant, je trouvais que... C'est vrai que tu parlais d'inviter des Norvégiens à dîner. On trouvait... On se demandait, est-ce que c'est pas très français d'inviter des gens à dîner et tout Est-ce que... Nous, on invitait des Norvégiens à dîner. Alors, s'ils n'avaient pas d'enfants, parfois, ils acceptaient.

  • Alban

    Je te remercie, ma collègue. Toi, tu as fait l'effort, tu nous as réinvités chez toi et j'apprécie grandement. Par contre, toi, l'autre collègue, tu ne nous as jamais invités.

  • Lucie

    Non, mais il y a beaucoup de gens qui ne nous invitaient pas chez eux.

  • Alban

    Est-ce que toi, avec ton expérience, on nous avait dit, en fait, quand tu reçois les gens chez toi, surtout nous, on va faire un petit apéritif, un petit dîner, peut-être si on est foufou, petit dessert. Et ça, paraît-il que ça leur mettrait une pression de fou. Et que du coup, ils n'oseraient pas te recevoir en retour. Ça les stresserait trop.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, il y a plusieurs choses qui leur mettent la pression. Le niveau de la nourriture, ta décoration d'intérieur.

  • Alban

    Malheureusement, je pense qu'on les implacera peut-être pas trop.

  • Lucie

    Non, mais il faut expliquer qu'on rigolait sur ça juste avant d'enregistrer. Parce que nous, on est dans une maison qui n'a pas encore été rénovée. Et du coup, c'est vrai que ça peut choquer certains Norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Vous avez des murs propres, c'est juste que c'est des tapisseries un peu anciennes, mais c'est vrai que pour eux, vous êtes dans une maison à rénover. Urgence

  • Alban

    Vous êtes un peu maltraitante d'ailleurs d'avoir emménagé direct comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, moi, les dix premières années, j'ai été dans des relations... Ou célibataire, mais c'est vrai que je suis hyper sociable. Donc, par exemple, je ne me faisais pas trop inviter, mais moi, je faisais plein de fêtes. Alors, je faisais des fêtes, j'invitais plein de gens, j'invitais tous les gens que je connaissais. Et puis, du coup, quand même, les gens me réinvitaient. Et puis après, on allait dans un bar. Donc, j'ai beaucoup fait partie de groupes comme ça. Et puis, je voulais absolument apprendre le norvégien. J'ai trouvé des gens avec qui partager. Donc, moi, un soir, ils m'invitaient à dîner. On ne parlait que français. Et puis l'autre soir, je l'invitais à dîner, on ne parlait que norvégien. Et donc, j'ai fait comme ça des sprog café, ça s'appelle.

  • Lucie

    Ouais, des café pour la langue.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, je me suis mise dans une chorale. J'ai fait des voyages dans toute la Norvège, toute seule, à vélo. Génial. Donc, en fait, je me suis retrouvée aussi, par exemple, à dire à mes collègues, ouais, tu ne connais pas quelqu'un dans telle région, je vais partir en vélo là-bas toute seule. Alors, du coup, ils me regardaient genre, ok.

  • Alban

    T'étais pas censée rénover ta maison toi là-bas

  • Lorelou Desjardins

    Avant de partir Non mais c'est surtout, ils comprenaient pas quelqu'un qui vient du sud de la France c'était très bizarre que je décide d'aller dans le trône de lac j'avais fait un tour du trône de lac à vélo toute seule, ils étaient là mais pourquoi tu fais ça en fait Tu pourrais juste rentrer dans ta famille aller en Espagne et donc j'avais fait aussi la Norvège du Nord alors les Lofoten à vélo avant que ça soit si touristique J'ai fait aussi le nord de la Norvège, vers Tromsø. Je suis allée dans des festivals de musique, Samy. En fait, j'ai fait plein de choses. Et du coup, c'est vrai que j'ai rencontré beaucoup de gens. Après, j'ai écrit un blog. Donc, en fait, comme j'essayais de ramasser un peu des informations sur la Norvège, je voyageais beaucoup. Donc, les gens, ça attirait quand même les Norvégiens parce que souvent, on me disait, ah ouais, tu vas aller là, au fin fond de Tromsø. Mais moi, j'y suis jamais allée. C'est intéressant. Et du coup, des fois, c'était... Tu dis que les gens ne t'invitent pas, mais en fait, du coup, là, ils me disaient Ah, mais attends, moi, j'ai une tante qui vit là-bas. Si tu veux, je te donne son numéro. Et bizarrement...

  • Lucie

    Et là,

  • Lorelou Desjardins

    tu étais bienvenue. Et là, j'étais la bienvenue. Trop bien. On me disait Ah, mais c'est génial. C'est quoi ton projet Et j'ai eu ce retour aussi de Français qui faisaient des projets un peu fous. Parce qu'en fait, quand c'est totalement hors cadre... Alors là, les Norvégiens, du coup, ils disent Ah ouais, là, c'est hors cadre. Là, du coup, ils t'aident. Et pareil, si j'avais besoin d'aide ou de recettes, par exemple, les gens m'aidaient toujours.

  • Lucie

    Oui, il y a des choses qu'ils aiment bien partager. Mais d'ailleurs, je disais, ils ne nous invitent pas, ce qui n'est pas tout à fait vrai, parce que quand il s'agit de partir dans leur chalet...

  • Alban

    Oui, oui,

  • Lucie

    oui. Ou en chalet, du moins, ensemble. Là, pour le coup, ils étaient beaucoup plus...

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, vous avez de la chance, parce qu'il y a plein de gens qui ne se font jamais invités.

  • Alban

    Je pense qu'il y a des...

  • Lucie

    On a marqué des points, sans le savoir.

  • Alban

    Oui, on n'est pas si mauvais. Non, mais je pense qu'il y a des gens, c'est aussi peut-être générationnel, ou juste des profils, des caractères. La collègue à laquelle je pense, elle était peut-être un peu plus âgée. Je pense que ceux qui ont aussi eu une expérience à l'international, peut-être au moins un Erasmus, un échange, ils sont peut-être un peu plus réceptifs à ça. Et aussi, ils se disent peut-être, ils ont fait ça, je leur rends. Comme ça, on les quitte, tu vois. Je ne sais pas s'il y a cet entrain vraiment...

  • Lorelou Desjardins

    Et puis, il trouve ça sympa quand même que tu apprennes le norvégien, que tu sois là. Alors après, il faut bien dire ce qui est, c'est que nous, on est français, on a une image positive en Norvège. Ce n'est pas comme ça pour tout le monde. Il faut quand même accepter la réalité. Donc, il y a quand même une espèce de... Il y a quand même une espèce de bonne image dont on profite sans vraiment avoir travaillé pour ça. Oui,

  • Lucie

    c'est clair.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par contre, moi, c'est vrai, quand je dis que je viens de Marseille, à Marseille, alors là, ils savent plus où c'est. Ils savent, ils se trouvent au Nice, Paris. Après, non.

  • Alban

    Mais c'est...

  • Lucie

    C'est pas la Provence,

  • Alban

    c'est Aix-en-Provence. Est-ce que c'est Nice ou...

  • Lucie

    Aix-en-Provence, il le cite.

  • Alban

    Oui, un peu, oui, oui. Mais je dis toujours, comme eux, je sais que c'est, voilà, c'est French Riviera. Je dis, je suis juste avant Provence.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, Marseille, c'est pas trop la Riviera.

  • Alban

    Voilà, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    C'est juste à côté.

  • Lucie

    C'est Marseille bébé, quoi. C'est moins...

  • Alban

    Mais du coup, grande question, il n'y a toujours pas de vol direct pour Marseille, mais on va dire qu'il y en avait eu fut un temps.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, je n'ai pas vécu cette période.

  • Alban

    Oh là là, là je dors.

  • Lorelou Desjardins

    Si entendu parler, apparemment, il y en a eu un avec Ryanair.

  • Alban

    Voilà, ce spectacle.

  • Lorelou Desjardins

    Il y a eu un conflit.

  • Alban

    Ah ben Marseille, voilà.

  • Lorelou Desjardins

    Non, non, il y a eu un conflit. Alors, je ne sais pas pourquoi ils ont arrêté le vol avec Marseille. Mais en tout cas, Ryanair a cessé d'opérer en Norvège à cause d'un conflit de droits du travail. C'est-à-dire qu'eux, ils voulaient avoir d'autres règles qui s'appliquaient à leurs employés. Et ça n'a pas été accepté.

  • Alban

    plus de 24 heures par jour.

  • Lorelou Desjardins

    Et en fait, ils ont carrément... Alors, il y a un aéroport qui s'appelle Rue Guesche, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, qui a pratiquement fermé. Qui a du coup pratiquement fermé, parce que c'était que Ryanair qui opérait des vols de là.

  • Lucie

    Donc ils ont arrêté complètement, mais maintenant, là, ils reprennent.

  • Lorelou Desjardins

    Ryanair est sorti de Norvège. C'était le seul qui faisait ses vols. Mais j'ai encore un espoir.

  • Alban

    soit que Norwegian en fasse un moi je mise tout sur le nouveau terminal de Marseille je me dis là,

  • Lorelou Desjardins

    ça ils ont plus de place nous on est prêts à la Norvège d'y aller je pense pas que ça va avoir avec Marseille je pense que ça va avoir avec le public norvégien je pense qu'ils connaissent pas très bien cette partie là de la France mais Marseille est en train de devenir une capitale européenne avec Du tourisme, moi quand j'étais petite, il n'y avait pas de tourisme à Marseille.

  • Lucie

    Mais du coup, tu parlais, tu as été plutôt bien accueillie, j'ai l'impression. Comment ça s'est passé,

  • Lorelou Desjardins

    ton intégration J'ai été très bien accueillie. J'ai été très, très bien accueillie.

  • Lucie

    Ça a été facile pour toi de créer du lien avec les Norvégiens

  • Lorelou Desjardins

    Moi, je pense que ça a été facile. Après, j'ai fait beaucoup d'efforts. J'ai vraiment essayé de comprendre la société norvégienne. J'ai vraiment essayé de parler norvégien. Au début, je n'avais pas de contact avec la communauté française. J'étais vraiment à fond pour m'intégrer, me faire des amis, des activités, voyager. Je voulais découvrir toute la Norvège. Donc, je pense que j'ai quand même mis beaucoup d'énergie là-dedans. Donc, effectivement, les gens te rendent aussi.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Lorelou Desjardins

    C'est clair que le jour où tu parles norvégien, tout change. Parce qu'en fait, je me rappelle, je parlais très mal norvégien. Et j'avais une copine, ma première copine norvégienne, qui avait vécu longtemps au Brésil. Elle avait appris le portugais. Elle m'avait dit, au tout début de notre relation, elle m'avait dit, tu sais quoi, on ne va pas parler en anglais. Je sais que tu ne parles pas bien de norvégien, mais ce n'est pas grave. Mais on ne va pas parler en anglais. On ne va parler qu'en norvégien. Et du coup, ça m'a permis d'avoir une amie avec qui j'ai construit une amitié en norvégien. Parce que ça, c'est important. C'est très difficile de passer d'une langue à l'autre dans une relation, qu'elle soit amoureuse ou amicale. Et en fait, au bout d'un moment, quand j'arrivais à faire des phrases en sujet verbe complément, là, elle a commencé à m'inviter à des fêtes.

  • Alban

    Elle s'est dit, ça y est, la petite française, elle est prête.

  • Lorelou Desjardins

    Ça m'avait étonnée. Je lui avais dit, mais je ne savais pas que tu allais à toutes ces fêtes. Genre, mais en fait, moi, je suis toute seule. Je m'ennuie chez moi. C'est l'hiver. Et puis, en fait, il y avait toute cette vie sociale dont je ne connaissais pas l'existence. Et là, elle m'a dit, oui, mais maintenant, on peut t'inviter parce qu'on n'est pas... tous obligés de parler anglais pour toi.

  • Alban

    Ah, oui, oui.

  • Lorelou Desjardins

    Donc même si je parlais pas très bien, c'était mieux que rien en fait. Bien sûr. Et du coup, de là, alors les Norvégiens adorent quand on apprend leur langue, je sais pas si c'est toujours le cas, mais j'imagine. Donc c'est vrai que moi je leur posais des questions toute la journée, mes collègues, je leur disais, mais du coup, c'est quoi la différence entre Kouchli et Hugli Alors là, oh là là, ils sont lancés, ils peuvent te parler pendant 45 minutes. J'adore. Ou bien, alors les questions sur les dialectes, moi j'adore les langues. Mais alors du coup, toi tu dis iaï elle, elle dit èg l'autre, il dit èg Alors du coup, c'est quoi Alors, ils sont fascinés. Les questions, tu veux lancer un sujet là dans un dîner avec des Norvégiens.

  • Alban

    Oui, sur les langues, ça marche bien, oui.

  • Lucie

    Tu parles bien norvégien maintenant. Est-ce que tu arrives à parler avec tous les Norvégiens Parce qu'il y en a quand même pas mal qui ont des dialectes. Est-ce que tu les comprends tous Je les comprends tous,

  • Lorelou Desjardins

    oui.

  • Alban

    C'est un peu noir, tu vois.

  • Lorelou Desjardins

    Et même d'ailleurs, le test que j'ai passé en norvégien, qui est un test de C1, à l'oral et à l'écrit, à l'oral, il y a des tests sur les dialectes.

  • Lucie

    D'accord. Ah ouais, gros niveau là. Moi, je ne parle pas très bien norvégien, voire pas du tout. Et c'est vrai que j'ai toujours ce petit... Bon, maintenant, j'aurais pu l'excuser, où je me dis, de toute façon, je vais... comprendre, je vais apprendre le boc mal, mais il y en aura plein avec qui je ne pourrai pas parler parce qu'ils parleront dans leur dialecte.

  • Lorelou Desjardins

    Ah, c'est beau comme excuse.

  • Alban

    Quinze ans plus tard.

  • Lucie

    Donc voilà, je m'étais mis ça dans mes excuses. J'ai d'autres excuses.

  • Lorelou Desjardins

    Un petit peu d'excuses.

  • Lucie

    Voilà, ça en fait partie. Je me dis,

  • Lorelou Desjardins

    de toute façon... Déjà, premièrement... le Bukmål et le Nunorsk qui sont les deux langues officielles de la Norvège sont des langues écrites donc les dialectes c'est la couche du dessus c'est à dire que personne parle de le Nunorsk en fait le Nunorsk c'est une langue écrite, le Bukmål c'est une langue écrite Bukmål ça veut dire la langue des livres c'est hérité du danois parce que la Norvège était sous occupation danoise pendant presque 500 ans entre le Danemark et la Suède Donc, en fait, c'est un genre de Danois norvégianisé, même si les Norvégiens n'aiment pas trop qu'on dise ça, mais bon, c'est la réalité. Et en fait, quand ils ont essayé de reconstruire leur nation, en fait, et qu'est-ce que ça veut dire d'être Norvégien, l'identité nationale, il y a eu une équipe de Norvégiens qui sont partis dans toutes les contrées norvégiennes pour savoir quelle était la vraie langue de la Norvège. Et là, ils ont créé la langue écrite du Nunos, qui veut dire nouveau Norvégien. Avec justement tous ces dialectes, mais que tu pourrais dire que c'était en fait des langues. Et donc, ils en ont fait une langue officielle. Ils ont fait un espèce de mélange, une langue officielle. Mais après, ça, c'est différent dans le sens où si tu vas dans des contrées, des vallées, des montagnes, des villages, des îles, etc. Ils ont leur dialecte propre. Mais ça ne veut pas dire que c'est la manière correcte d'écrire. D'accord.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que je les comprendrais du coup s'ils me parlent Probablement pas.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça, c'est comme ça. C'est-à-dire que ça prend du temps. des fois je rencontre des gens...

  • Lucie

    Du coup, mon excuse, elle est un tout petit peu valable quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il faut quand même apprendre le norvégien. Il faut apprendre à écrire et à le lire et à le parler. Tous ces gens regardent la télé et donc ils comprennent le bookmall. En fait, ce que tu entends le plus à Oslo, c'est le dialecte d'Oslo, qui est... C'est un dialecte aussi en réalité. Tu as des sociolectes. Moi, j'en suis au point. Quand quelqu'un parle, je sais de quel quartier, c'est-à-dire s'ils viennent des quartiers bourgeois d'Oslo ou des quartiers prolétaires d'Oslo.

  • Alban

    Apparemment, oui. Ceinture noire d'accent aussi dans Oslo. Et c'est super intéressant, mais parfois, les gens m'en ont parlé de ça. Alors, rapidement, j'aime bien aussi les langues. Je ne parle pas super bien norvégien, mais ça m'intéresse. Et rapidement, j'avais vu la différence entre l'accent d'Oslo et une collègue de Bergen, par exemple.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est très fort comme différence.

  • Alban

    C'est faux. Je rigole parce qu'elle ne sait peut-être pas qu'elle aurait remarqué.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça, c'est très intéressant. Donc moi, j'ai un enfant qui va avoir 5 ans. Puis j'ai deux beaux enfants qui ont 12 et 15. Et mon mari est philologue. Donc ça veut dire...

  • Alban

    Il s'intéresse au fil.

  • Lorelou Desjardins

    Non, c'est la science des langages.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Et donc, il est très, très bon en langue. Il parle 7 langues. Il parle parfaitement norvégien, mieux que moi. D'où le ceinture noire, là. Mieux que moi. Non, il parle mieux que moi parce qu'en fait, moi, les gens savent que je ne suis pas norvégienne. Quand je vous la bouge, j'ai un accent.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Je parle correctement, mais j'ai un accent. Lui, il n'a pas d'accent. Punaise. Très énervant. Mais du coup, ce qui est intéressant, c'est que nous, on corrige les enfants en norvégien. Mais non. A ti, Sissi. J'adore. A Sissi, on les corrige.

  • Lucie

    Moi, c'est ma fille qui me corrige. Génial. Ma fille de trois ans.

  • Alban

    On pose souvent la question aux invités. Est-ce que pour toi, 15 ans plus tard, on va dire peut-être, c'est toujours aussi quand même important de parler norvégien, que ce soit pour travailler ou nouer des liens sociaux, par exemple

  • Lorelou Desjardins

    Ah mais c'est important plus que jamais. Quand on commence à parler norvégien, c'est un monde... Moi, je compare ça, c'est comme si quand tu ne parles pas norvégien, tu es dans un train, tu vis dans un train, et quand tu parles norvégien, on ouvre la porte du train et tu découvres le monde. C'est-à-dire que tu peux lire les journaux, tu peux écrire dans les journaux. Moi, j'écris dans les journaux norvégiens. Tu peux regarder la télévision, tu peux participer aux débats publics, tu peux assister à des réunions de l'école de tes enfants. Tu peux assister aux réunions du syndic. Tu peux proposer des changements dans ton syndic. Tu peux devenir... Moi, j'ai été... Comment ça s'appelle Board member. Tu peux participer au syndicat. Tu peux être bénévole. Tu peux devenir bénévole de la Croix-Rouge et faire je ne sais quoi pour les enfants malades. J'en sais rien. Mais en tout cas, tu fais partie de la société. Et je pense que c'est... Si je peux envoyer un appel à tous les gens qui nous écoutent. Je pense que c'est une erreur. Alors, à part si vous venez pour six mois, à ce moment-là, effectivement, bon, je ne vais pas juger. Moi, je pense que même pour six mois, ça vaut la peine d'apprendre une langue, mais les bases. Je pense que c'est se tromper, en tout cas, que de croire que parce qu'il parle anglais,

  • Lucie

    c'est suffisant.

  • Lorelou Desjardins

    Que c'est suffisant parce qu'en fait, la réalité, oui, il parle anglais, c'est vrai. La réalité, c'est que si tu es dans un travail et que tu as... une pause déjeuner, ils préfèrent parler norvégien parce que c'est leur langue. Ils préfèrent parler norvégien. Et puis, s'ils t'invitent... Moi, j'ai été invitée à des repas de Noël chez des Norvégiens. Je pense que si je ne parlais pas norvégien, ils ont toutes les grands-mères. C'est trop compliqué.

  • Alban

    Oui, c'est sûr. Il faut faire changer tout le monde.

  • Lorelou Desjardins

    Il faut faire changer tout le monde. Au début, c'est mignon, mais après, le souci, c'est que quand on reste là un peu plus longtemps et qu'on ne parle pas norvégien... ça devient un petit peu problématique pour trouver un travail.

  • Alban

    Pour évoluer, comme tu disais tout à l'heure.

  • Lorelou Desjardins

    Pour évoluer.

  • Alban

    Tu l'as senti peut-être aussi.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, moi je l'ai senti aussi. Donc c'est vrai que... Et puis, par exemple, les Norvégiens adorent lire le journal. Je ne sais pas si vous avez remarqué.

  • Alban

    Dégue. Pas que Végué, il y a un nombre de journaux complètement incroyables. Il y a quand même un journal ici qui s'appelle La lutte des classes, Classe Kampen. Il faut le faire quand même. Donc, il y a des journaux locaux, des journaux politiques, des journaux financiers. Les Norvégiens adorent lire le journal. Et lire le journal, c'est aussi une manière de s'informer. Quand les gens disent que c'est dur de se faire des amis, déjà, il faut apprendre ce qui se passe dans sa communauté.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Alban

    Moi par exemple cette année j'ai participé à quelque chose qui s'appelle TV Action avec mon fils où en fait c'est un genre de téléthon tous les ans mais pour une organisation différente Oui mais il faut parler norvégien pour faire ça On fait du porte-à-porte, ils nous donnent plein de papiers qu'il faut lire après on récolte de l'argent, il faut un peu comprendre le système et puis ça par exemple c'est le genre de choses, là tu gagnes des points dans ton quartier Tu arrives avec ton petit enfant. En plus, cette année, c'était pour donner pour une association pour les enfants malades du cancer. Tu arrives avec ton petit enfant, on récolte de l'argent pour les enfants malades du cancer. Là, ton voisin te regarde. Bon, on va te donner de l'argent. Allez,

  • Lucie

    c'est parti, on sort le vif. On ne peut pas combattre.

  • Alban

    Et en fait, c'est aussi tout le bénévolat. En fait, il y a énormément de valeurs sociales au bénévolat. Ça, il faut le comprendre. Si vous vous sentez seul. si vous n'avez pas d'amis, etc. Tout ce qui est bénévolat, donner de son temps pour la communauté. Et ça, ça vient de la culture chrétienne, toute la religion, etc. Mais bon, pareil, sans parler norvégien, c'est compliqué. Les Norvégiens se plaignent souvent, et il y a aussi des études qui montrent ça, que les immigrés ne participent pas dans toute la vie associative et communautaire. dans leur quartier, dans leurs écoles. Par exemple, vous qui avez des enfants, il faut savoir que quand vous êtes invité à une dugnade, il faut y aller.

  • Lucie

    Alors là. Déjà, je savais, Laure et Lou, que tu allais me mettre dedans parce que je te dis que Lucie va ensuite me rappeler tous les sujets qu'on ne fait pas et qu'on devrait faire.

  • Lorelou Desjardins

    On a eu les dugnades et on a dit il y a cours de piscine,

  • Lucie

    on ne peut pas venir. Et j'ai quand même dit, mais est-ce qu'on peut participer Moi, je me suis dit, je vais leur faire des crêpes, je vais leur faire un truc, tu vois. Ils m'ont dit non, il y aura un prochain, t'inquiète. Mais là, j'ai commis une erreur de fou.

  • Alban

    Alors, j'avais été invitée à une dugnade une fois dans mon syndic. Attendez,

  • Lorelou Desjardins

    pause. Il faut qu'on explique dugnade. Oui,

  • Lucie

    c'est vrai.

  • Lorelou Desjardins

    Pour ceux qui ne sont pas encore en Norvège ou qui n'habitent pas en Norvège, comment tu définirais le dugnade

  • Alban

    Alors, moi, je dis la dugnade, mais de toute évidence, il n'y a pas de la ou de le.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est vrai.

  • Alban

    Alors, la dugnade, c'est... Comment décrire ça En fait, c'est donner de son temps pour la communauté. Mais ça peut être n'importe quelle communauté. Ça peut être une communauté dont on est membre. Alors, dont on est membre, qu'on le veuille ou non. On ne sait pas.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, par exemple, on a une maison ou un appartement.

  • Alban

    Exactement. Il peut y avoir... T'es membre d'un syndic.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà. Donc, tu fais la dugnade de ton immeuble, de ton quartier.

  • Alban

    Tu fais la dugnade de ton immeuble. Et en fait, souvent, on t'appelle. C'est-à-dire que tu reçois un papier dans ta boîte aux lettres qui dit La dugnade sera le mardi 13 novembre de 14h à 16h. Venez avec des sacs plastiques et je ne sais pas quoi. Et voilà, râteau et pelle. On va repeindre toutes les barrières. On va ramasser toutes les feuilles mortes. On va nettoyer le quartier. On va faire ci, on va faire ça. Après, il y a les dugnades pour les enfants. Alors, il y a des grosses blagues en Norvège, parce qu'en fait, les Norvégiens n'aiment pas non plus aller à la dugnade, mais c'est une obligation sociale. Donc, ça les gonfle. Et donc, les blagues, c'est du style, surtout ne laisse pas ton enfant commencer la fanfare, parce que là, tu vas devoir te mettre à mi-temps tellement il y a de dugnade.

  • Lucie

    Oui, c'est ça. Mais en fait, avec les enfants, t'es dedans. Pourquoi la fanfare Parce que tous les enfants défilent le 17 mai devant le Palais du Roi et Karl Johan, qui est les Champs-Élysées.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils font la fanfare Je ne sais pas.

  • Alban

    Alors la fanfare, ça peut être plein de choses différentes. Ils font des dugnades pour avoir plus d'argent, pour acheter des instruments de musique. Ils font des dugnades pour partir en voyage. Après, tu as des dugnades. En fait, tu as des dugnades à partir du moment où tu as des enfants déjà assez foutus.

  • Lorelou Desjardins

    Pourquoi ce n'est pas les enfants qui font le dugnade d'ailleurs

  • Alban

    Pourquoi c'est les parents Parce que les parents, tu dois faire des gâteaux, tu dois vendre les gâteaux, tu dois être derrière le stand pour vendre les gâteaux. Tu ne peux pas demander à un enfant de 5 ans quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Non, t'inquiète pas, je ne vais pas travailler pour l'enfant.

  • Alban

    Non, mais si tu veux, c'est... Non, c'est les parents qui doivent prendre la responsabilité. Et puis après, il peut y avoir d'autres dugnades. Mais alors, il y a différents niveaux de dugnades. Oh punaise. Alors, le niveau bas...

  • Lorelou Desjardins

    Nous, on est ceinture blanche en dugnade.

  • Alban

    Le niveau nul, les nuls, les pires, c'est nous, les immigrés. On se dit, oh, j'ai pas envie, il fait froid dehors. On n'y va pas. Ou j'ai piscine, ou...

  • Lorelou Desjardins

    Attends, moi, j'ai une réclamation. C'est que les dugnades, à chaque fois, on nous envoie deux semaines. Alors qu'ils sont hyper... Dans l'anticipation, on nous le dit deux semaines à l'avance à chaque soir.

  • Alban

    Ah ça c'est pas bien, il faut se plaindre. Ok,

  • Lucie

    on peut se plaindre. On ne peut pas, c'est en Norvégien, on ne peut pas se plaindre. Voilà. Apprenez le Norvégien et vous pourrez vous plaindre.

  • Lorelou Desjardins

    Non,

  • Alban

    tu y vas. Là, tu veux gagner des points. Tu vas voir les gens qui organisent le Dugnad. Tu dis, moi, j'avais vraiment envie de venir au Dugnad. C'est très important pour moi de faire partie de cette communauté. J'avais vraiment envie de rencontrer mes voisins. J'avais envie de faire des gaufres en plus. Et vous m'avez dit ça deux semaines avant. Je n'ai pas eu le temps de me préparer.

  • Lucie

    J'ai hésité à annuler mes vacances.

  • Alban

    J'ai hésité à annuler mes vacances à Svalbard.

  • Lucie

    Marrant de lui,

  • Alban

    je vois. Mais bon, ma mère était malade. Donc, du coup, je me suis dit quand même, je vais m'occuper d'elle. Non, je rigole. Et là, la prochaine fois, je peux te parayer. Ils vont te l'envoyer en avance.

  • Lucie

    Punaise.

  • Lorelou Desjardins

    Non, mais c'est bravo qu'on le fasse.

  • Alban

    Mais donc, les ceintures. Alors, ceinture blanche, les nuls, c'est les gens qui ne vont pas. Ça, ce n'est pas bien. deuxième niveau, tu n'y vas pas, mais tu as une très bonne excuse. Tu leur dis, je ne peux pas venir, je suis désolée, mais je ferai deux heures de travail communautaire la semaine prochaine, seule. Envoyez-moi les choses à faire. Ça, c'est le deuxième niveau. S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire...

  • Lorelou Desjardins

    C'est que le niveau 2, en plus.

  • Alban

    S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire, vous me le dites, je le ferai. Alors, troisième niveau, tu vas à la dugnade, tu participes. Ça, c'est en fait le niveau basique. C'est ce que tout le monde est supposé faire. Donc, tu vas à la dugnade, tu fais tout ce que tu as à faire. Tu montres bien à tes voisins que tu es là. C'est important. Quatrième niveau, tu amènes tes enfants à la dugnade. Tu leur apprends dès le plus jeune âge à travailler pour la communauté gratuitement. Cinquième niveau, tu es la personne qui organise le dugnade.

  • Lucie

    T'en es où, toi, sur l'échelle des niveaux

  • Alban

    Moi, je suis à 4.

  • Lucie

    T'es balèze.

  • Alban

    Non, je suis à 5, en fait, parce que moi, je suis dans le syndic. Je suis membre du syndic. Mais je ne suis pas encore à 5. Je suis à 4,5 parce que j'y suis allée avec mon fils pour bien lui apprendre. Je lui ai donné les sacs plastiques, les râteaux et tout. Travailler, travailler. Alors, je suis membre du syndic dans le STUELA, qui est le conseil d'administration. Mais par exemple, vraiment, le dernier niveau, c'est t'organises l'éducnat, t'organises une fête. C'est toi qui organises, c'est toi qui envoies les messages, c'est toi qui imprimes les papiers.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça a un travail à plein de temps, là.

  • Lucie

    En fait, il te faut, jusqu'à l'âge de la retraite, à 67 ans, c'est bon, tu es prêt à tout organiser tellement tu dois faire deux choses.

  • Alban

    Et là où il faut faire attention, c'est OK. Alors ça, ça vaut pour plein de choses dans la société norvégienne. Quand on vit vraiment ici, il faut participer. On peut avoir une excuse une fois, mais il faut quand même participer. Les Norvégiens, ils n'ont pas envie d'aller à la dugnade.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils le font quand même.

  • Alban

    Mais ils le font quand même. Parce que c'est comme ça. Et il y a même certains groupes où on peut payer pour sortir de la dugnade. Mais oui. Ça, c'est pas terrible, ça. Mais oui,

  • Lorelou Desjardins

    hein. C'est niveau moins un.

  • Alban

    Ouais, ça, c'est pas terrible.

  • Lucie

    Bah oui.

  • Lorelou Desjardins

    Même moi, j'oserais pas, je pense.

  • Lucie

    Quoi Bon, c'est un autre sujet.

  • Alban

    Non, mais si.

  • Lorelou Desjardins

    Si c'était avec des Français, j'oserais. Mais là, ici, j'oserais pas faire ça.

  • Lucie

    Ouais, on en reparlera.

  • Lorelou Desjardins

    On parlait de l'intégration. Donc, au niveau des amis, j'ai cru comprendre que ça allait. Tu as fait des efforts et ils te l'ont bien rendu. Mais comme le petit Danois, il est retourné au Danemark.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Après,

  • Alban

    c'est ça. Il faisait deux mètres. Un muret.

  • Lorelou Desjardins

    Le petit grand Danois, il est reparti au Danemark. Est-ce que tu as fait des rencontres avec des Norvégiens

  • Alban

    Amoureuse, tu veux dire Oui. Alors oui, j'ai été même en couple avec un Norvégien plusieurs années.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment de dater avec un Norvégien

  • Alban

    Je ne le conseillerais pas. Ça dépend. Non, mais ça dépend des gens. Les gens en Norvège sont aussi différents que ceux ailleurs. Bien sûr. Les gens ont des personnalités différentes, etc. Donc, je ne peux pas dire pour tout le monde. Mais disons qu'en tout cas, pour moi, ce que j'ai trouvé compliqué, c'est que je ne suis pas norvégienne. Je considère que j'ai fait beaucoup d'efforts pour m'intégrer. J'ai toujours été dans un travail où j'étais la seule étrangère. Je suis en immersion totale toute la journée. Je ne parle que norvégien tout le temps. Et donc, c'est vrai que là, de me retrouver dans une vie de couple où je suis avec une personne norvégienne, j'avais l'impression de me perdre un peu quand même. C'est-à-dire que là, j'allais vraiment... C'était pratiquement de l'assimilation dans le sens où là, je devais vraiment devenir complètement norvégienne et je n'avais pas envie. Parce que je ne suis pas vraiment... On est quand même toujours un peu de là où on vient. Bien sûr. Je me rappelle une fois sa mère... Alors lui, il vient d'un petit village du sud de la Norvège. Et sa mère, une fois, en plus, on mangeait le dîner à 13h30. Le dîner Le dîner. Alors ça, déjà dur. C'est un peu la campagne, quoi. Et ça, déjà un peu dur. Et puis, elle m'avait fait un truc qui s'appelle l'abscaus, qui est en gros des patates, des carottes et de la viande cuite.

  • Lorelou Desjardins

    OK.

  • Alban

    Pendant longtemps. Bon, pas non plus un truc de fou, quoi. Enfin, c'est bon, mais voilà. Du coup... Elle me dit, t'as de la chance de goûter tous ces plats typiquement norvégiens. Et là, je lui ai dit, mais je crois qu'il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont déjà pensé à faire cuire des patates de la viande années 40 ensemble. Tu as vraiment dit ça Oh là là, ça ne lui a pas plu du tout. Oh, punaise. Toi, tu sais mettre à l'aise les belles-mères quand même.

  • Lucie

    Bizarrement, le lendemain, le Norvégien a dit,

  • Lorelou Desjardins

    c'est fini. Non, mais en fait, pour être tout à fait honnête, c'était il y a longtemps. Je ne sais pas si je l'ai pensé très fort aussi, je lui ai dit. Mais c'est vrai que cette pression de... Alors, c'est cette phrase norvégienne que j'ai entendue de nombreuses fois. Sånn er det i Norge Je ne sais pas si vous l'avez entendu. Ça veut dire quoi

  • Alban

    C'est comme ça en Norvège. Donc, c'est la fin de la conversation. Et ça, c'est quelque chose qui revient. Non, mais c'est comme ça en Norvège. Donc, c'est comme ça que ça va être. Et c'est comme ça que ça doit être. Donc ça, c'est quelque chose d'un petit peu compliqué. C'est vrai, quand tu es dans une relation de couple... où en fait, oui, où tu dois devenir norvégienne, tu dois te plier quand même à toutes les règles. Alors que là, c'est vrai que mon mari, il n'est pas norvégien. Bon, ben, on est, j'appelle ça, moi, on est des immigrés parfaits, les immigrés des posters, là. Et puis après, on ferme la porte de chez nous. Et puis bon, on fait ce qu'on veut, quoi.

  • Lucie

    Bon, t'as tenté l'expérience, mais c'était pas probant. Tu te perdais dans le truc.

  • Alban

    Ouais, je me perdais un peu dans le truc. Après, il y a une autre chose.

  • Lorelou Desjardins

    Parce que tu parlais norvégien avec lui.

  • Alban

    Oui, je parlais norvégien avec lui, ouais, tout à fait. Après, c'est un peu difficile aussi quand tu es étranger en Norvège. Je ne sais pas si vous voulez rentrer dans ce genre de sujet, mais quand tu dates, c'est-à-dire quand tu essaies d'avoir des relations amoureuses en Norvège et que tu es étranger, tu as aussi beaucoup de questions. C'est un peu un entretien d'embauche. C'est genre, oui, mais du coup, tu vas rentrer quand dans ton pays Parce que là, moi, je ne veux pas investir du temps dans quelqu'un qui rentre dans son pays dans deux ans. Ça ne m'intéresse pas.

  • Lorelou Desjardins

    Toi, tu répondais quoi Parce que tu étais encore là temporairement

  • Alban

    Alors oui, ça dépendait des fois. Je ne me rappelle plus exactement. J'avoue que ça paraît il y a très longtemps. Mais donc, ce n'est pas très spontané. Ce n'est pas, on va apprendre à se connaître et puis on verra. Non, non. Mais du coup, tu possèdes ton appartement Parce que si du coup, on achète ensemble un jour, il faut qu'on ait une part égale.

  • Lorelou Desjardins

    Mais dès le premier rendez-vous Ah,

  • Alban

    le premier rendez-vous. Ah oui. Donc, ils te demandent si tu possèdes ton appartement ou si tu loues. Où est-ce que tu possèdes ton appartement est-ce que t'as un travail fixe est-ce que t'aimes skier et oui forcément sinon eux ils ont prévu plein de week-end au ski si t'aimes pas skier ça va pas le faire donc souvent les couples mixtes que tu vois en Norvège ils se sont rencontrés à l'extérieur de la Norvège très souvent parce que là les Norvégiens à l'extérieur ils ont évidemment pas ce genre d'attente mais donc c'est vrai qu'il y a un moment et puis après t'as tout le truc des enfants il y a plein de choses fou

  • Lorelou Desjardins

    Mais tu penses que s'ils datent avec une Norvégienne, ils vont lui poser les mêmes questions Ah oui. Bah oui,

  • Lucie

    de la part, t'es tout.

  • Alban

    Ah oui, c'est pareil. Ah non, ça, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Tu dois dater quelqu'un qui est de ton niveau, quoi. Parce que si... Ça ira pas très loin, quoi.

  • Alban

    Ouais, moi, on m'avait demandé, si je me rappelle, ça, c'est parce que j'étais étrangère, mais est-ce que toi, t'as tes propres amis Parce que j'ai pas envie que tu sois dépendant de mes amis et qu'après, si on se sépare, du coup, t'as plus d'amis. Ouais, ouais. Ça m'embêterait. Toi, t'es là, mais on n'est pas ensemble, en fait. Donc, pourquoi tu penses ça Je vais prendre tes amis, c'est toi qui en auras plus Juste Mais en fait on est pas ensemble là Je te connais pas, pourquoi tu parles de quand on sera pas ensemble Et je crois que le pire C'était un gars Qui m'avait dit, deuxième rendez-vous Deuxième rendez-vous hein On s'était même pas embrassés Il me dit, du coup toi tu vas avoir des enfants A quel moment Je me dis, je sais pas Il me dit, quelle année Alors je sais pas Euh

  • Lucie

    Mais sache que ce sera en août de cette année-là, par contre. Pour avoir ta place en crèche.

  • Alban

    Alors, attends, laisse-moi sortir mon calendrier. Donc, j'ai prévu de tomber enceinte en mars de 2022. C'est ça. Donc, il me dit ça et je lui dis, mais pourquoi Je ne comprends pas. Il me dit, alors moi, j'avais un plan, c'était d'avoir un enfant. Donc, quand j'avais 33 ans, je ne sais pas quel âge il avait. Là, il était en retard sur son planning.

  • Lorelou Desjardins

    Ah mince.

  • Alban

    Ah oui, c'est un problème, ça. Oui. Donc là, il était en train de faire construire une maison dans le jardin de sa mère. Ouf. Ah,

  • Lucie

    ok, bon. Délicat.

  • Alban

    Et du coup, il voulait savoir si là, j'étais prête à avoir un enfant, genre là, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Mais pratique, quand même, d'avoir la mamie sur place.

  • Alban

    Ça chauffe, on était, encore une fois, pas du tout ensemble.

  • Lucie

    J'adore.

  • Lorelou Desjardins

    Mais écoute, au moins, c'est clair. Tu sais à quoi t'attendre, toi. Tu sais que si tu commences une relation avec lui, tu vas être en cloque dans quelques mois, quoi.

  • Alban

    Ouais, enfin, bon. Et donc là, du coup, j'avais répondu, écoute, je ne sais pas, je n'ai pas de réponse à ta question, mais je te tiens au courant. Si tu veux, dans le développement de notre relation, je te tiens au courant. Et puis, au bout d'un moment, je lui avais dit, on était sortis ensemble, au bout d'un moment, je lui ai dit, écoute, je ne pense pas que... En fait, du coup, j'avais été très honnête avec lui très rapidement parce que...

  • Lucie

    Je savais quel était le projet.

  • Alban

    Je connaissais le projet. En gros, il m'avait dit, moi, je n'ai pas de temps à perdre. Le moment où tu décides que tu as envie de faire un enfant avec moi, de rester avec moi vraiment, ou que tu ne veux pas, tu me le dis tout de suite.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Du coup, je lui avais dit, ah mais il avait super bien pris.

  • Lucie

    Pas trop de retard, ça allait

  • Alban

    Bon, ça l'avait un peu retardé quand même. Ça, c'était un petit problème.

  • Lucie

    Ouais, coup dur là, coup dur. Bon ben, t'as fait classe, mais coup dur pour lui.

  • Alban

    Coup dur pour lui. Alors, je sais que les gens qui se rencontrent à l'extérieur de la Norvège, c'est différent. Mais quand on a des relations amoureuses en Norvège, c'est un peu transactionnel. Et du coup, moi, je trouve que ça enlève un peu de la magie, quoi. C'est pas très... Parce que...

  • Lorelou Desjardins

    Bon, alors j'ai jamais...

  • Alban

    Ça fait pas rêver, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais. Non, je comprends. Mais c'est marrant parce que moi, j'avais une image un peu différente. Je n'ai jamais été en Norvège, mais j'entendais que, justement, au contraire de demander si tu veux des enfants, si tu veux te marier et tout, ils étaient plutôt pas très sérieux, plutôt...

  • Alban

    Alors oui, tout à fait. Alors ça, c'est l'envers du décor. C'est-à-dire, t'en as, ils sont hyper sérieux. Ça dépend de l'âge, en fait. Et puis, les gens, ils sont hyper sérieux. Mais effectivement, il y a aussi... Il y a aussi des âges ou même des personnalités qui n'ont pas envie de s'attacher. Alors ça aussi, c'est très compliqué. C'est qu'en fait, quand tu es avec un Norvégien, tant que tu n'as pas... Alors ça, j'ai mis longtemps à comprendre. Parce que moi, j'avais l'impression qu'on était en couple. Pas du tout. Ah ouais Ah non, ça, je n'avais pas compris. Alors soit avec un,

  • Lucie

    la semaine d'après, tu allais tomber enceinte. Mais avec l'autre, tu es resté longtemps et tu n'étais pas en couple.

  • Alban

    Donc en fait, moi, je croyais qu'on était en couple.

  • Lorelou Desjardins

    Et comment tu as découvert le pot au rose

  • Lucie

    Le jour de son mariage, mais pas avec moi. Je ne ressens pas.

  • Lorelou Desjardins

    Je t'aime bien quand même, alors...

  • Alban

    Restons amis, mais comment ça, restons amis Non, en fait, je ne sais plus. Je l'écris dans mon livre, je ne me rappelle plus de cette histoire. Mais en gros, en fait, tu comprends que la personne, elle est avec quelqu'un d'autre. Et puis tu te dis, mais du coup, on est... Mais qu'est-ce qui se passe Alors là, j'ai parlé à ma copine norvégienne. Je lui ai dit, mais je ne comprends pas très bien. Et puis là, elle me dit, mais est-ce que vous avez eu la conversation Quelle conversation Alors en fait, il faut avoir une conversation sans... dans un moment où personne n'a bu sur le statut de cette relation. Et là, il faut décider, est-ce qu'on est chat à l'estin, qui veut dire petit ami, ou pas. Et tu ne l'avais pas eu cette conversation Je ne savais même pas que cette conversation existait.

  • Lucie

    Oui, voilà, comme quoi,

  • Alban

    je connais tous les codes. Il faut connaître les codes. Donc en fait, une fois que tu as cette compétence, encore une fois, il y a des ceintures. J'adore,

  • Lucie

    on va voir les niveaux.

  • Alban

    Alors le niveau, si Arresta, c'est déjà un niveau quand même assez avancé. Le niveau d'avant, c'est qu'en fait, tu vois quelqu'un, tu passes la nuit chez lui ou elle. plusieurs fois mais cette personne quasi ne te calcule pas dans la rue la semaine d'après. Donc voilà, ça c'est niveau 1. Niveau 2, c'est on est chien à Alesta. Alors là, il commence à t'inviter, à te présenter à sa famille, à ses amis. Là, c'est plus sérieux, beaucoup plus sérieux. Après, tu as Samboer, ça veut dire qu'on vit ensemble en concubinage, mais on n'est pas mariés.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis après,

  • Alban

    tu as mariage. Et puis surtout, tu as enfants. D'avoir des enfants quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il y a quand même un truc qui est à la chance.

  • Alban

    Ça rapproche.

  • Lucie

    Ou pas, d'ailleurs. C'est ça.

  • Alban

    Donc, mais c'est vrai que c'était... Il y avait beaucoup de gens, en tout cas à l'époque où j'étais dans ces... Voilà, où je faisais des dates et tout ça, il y en avait beaucoup qui avaient envie juste de s'amuser un peu. Après, je pense que c'est partout. Mais c'était difficile de... Je me rappelle, j'avais pris un petit coup dans mon amour propre quand j'avais compris que, par exemple, un mec que je voyais... vous voyez, avaient cinq copines en même temps.

  • Lucie

    Wow

  • Alban

    Ça m'avait un peu blessée, quoi.

  • Lucie

    Je peux le comprendre. Pas trop besoin d'aller chercher pour savoir que, oui, une relation... Ah,

  • Alban

    mais moi, je t'attendais. J'avais pas compris que...

  • Lucie

    Mais moi, j'allais acheter l'appart, là. J'allais acheter l'appart pour être avec toi.

  • Alban

    Et je raconte ça dans mon livre, c'est le jour où on va à Ikea. Et là, il dit, ah non, je ne peux pas. Il reste trop d'engagement d'aller à Ikea ensemble. Ah ben oui. Il faut choisir des meubles.

  • Lucie

    Un endroit sacré comme ça. Ikea, c'est... La prochaine étape, c'est l'église.

  • Alban

    Tous les gens vont savoir qu'on est en couple. Je dis, mais les gens s'en foutent. Les gens... Ils rachètent notre place. Ils rigolent. Ils s'en foutent de nous.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    c'est génial J'adore Tu sais que quand tu vas à Ikea avec ton cum, c'est bouffoir,

  • Alban

    c'est bien engagé. Ah oui,

  • Lucie

    c'est sérieux. Pour notre prochain épisode, nous cherchons une jeune femme, moins jeune homme, qui est allée avec son ou sa partenaire chez Ikea, pour nous raconter quelle expérience ultime ils ont pu vivre en allant en couple à Ikea.

  • Alban

    Voilà, thérapie de couple. Oui,

  • Lucie

    oui, oui.

  • Alban

    Mais oui, donc en fait, c'est vrai qu'il y a un moment, je me suis dit, alors je m'intègre en Norvège, j'aime ce pays. Mais c'est peut-être un peu trop de me demander de vivre vraiment une vie norvégienne totale. Je mange tôt, mais quand même pas si tôt. De manger que des tubes, c'était un peu trop pour moi.

  • Lorelou Desjardins

    Du coup, après, tu t'es dirigée plutôt vers l'international.

  • Alban

    Je me suis dirigée vers l'international.

  • Lucie

    Donc, tu nous as déjà donné plein de conseils et d'anecdotes sur ton parcours. Mais comment tu en es venue à beaucoup voyager à Norvège et puis finir par un blog qui, je crois, est devenu un livre Comment ça s'est passé un peu tout ça C'est ça.

  • Alban

    Alors, j'ai commencé à écrire un blog qui s'appelle A Frog in the Fjord, donc une grenouille dans le fjord en anglais, qui était un blog anonyme à l'époque où j'écrivais de façon un peu humoristique sur toutes mes frustrations en Norvège, en fait. toute la culture, l'apprentissage de la langue, tout. Ça m'énervait. D'un autre côté, je trouvais ça rigolo, mais je trouvais ça quand même assez difficile. Donc j'ai commencé à écrire là-dessus, de façon anonyme, aussi sur toute ma vie amoureuse. Donc c'est pour ça que c'était anonyme, parce que j'avais pas forcément envie que les gens sachent que c'était moi. Et puis, il y a certains de mes articles de blog qui sont devenus viraux aux Etats-Unis et en Norvège, qui ont été partagés des milliers, voire des centaines de milliers de fois. Et là, les... Les journaux et les médias norvégiens ont commencé à me contacter avec mon petit mail anonyme en me disant Mais qui es-tu Est-ce qu'on peut t'interviewer Est-ce qu'on peut publier tes articles dans le journal Là, j'ai été prise d'une panique totale. D'ailleurs, à l'époque, je vivais dans un appartement pas très loin d'ici. Moi, j'écrivais de mon petit entre-sol sombre dans mon pyjama. Et puis, je me retrouvais avec les plus gros, l'équivalent du monde, par exemple, à me contacter. Je me disais Mais qu'est-ce que c'est ça Et puis moi, j'ai dit non, parce qu'en fait, je me suis dit Ça va passer Tout ça, c'est qu'une mode. Là, il voit mon article qui est beaucoup lu, mais ça ne va pas durer. Pourquoi est-ce que moi, je vais sortir avec mon nom Bon, voilà. Tu as d'abord dit non. J'ai d'abord dit non pendant assez longtemps. Et puis finalement, il y a plusieurs articles qui ont été viraux. Et là, je me suis dit, et les médias continuaient vraiment. Là, on m'a offert un certain nombre de choses. On m'a offert une chronique, en fait, une tribune dans Vegé, qui est un gros journal norvégien. On m'a offert plusieurs trucs comme ça, payés en plus. Et puis là, je me suis dit, mais on dirait que ça ne part pas, en fait. On dirait qu'ils sont vraiment intéressés. Et puis, j'ai commencé à écrire anonymement. Alors, il y a une anecdote assez drôle, parce que les premiers articles que j'ai écrits, c'était avec un nom d'emprunt. Et là, je me rappelle les journalistes norvégiens qui me regardaient. Et maintenant que je connais la société norvégienne, je comprends qu'ils disaient mais qu'est-ce qu'elle fout, quoi C'est qui cette Française Parce qu'en fait, je les voyais et ils disaient mais pourquoi tu veux être anonyme Enfin, ils ne comprenaient pas. Et je disais oui, mais je ne veux pas que ça impacte ma carrière. Et puis, il y en a un qui m'a dit non mais attends, l'anonymat, c'est pour les gens qu'on protège. Si tu avais été la maîtresse du roi de Norvège, oui, là, on comprend. Mais en fait, là, t'écris sur les différences culturelles avec les Norvégiens. Pourquoi t'as besoin qu'on te protège Ce que t'écris, c'est pas... Ils comprenaient pas du tout. Mais c'est parce que moi, j'avais pas compris que ça allait pas impacter ma carrière de façon négative. Que c'était que positif. Je l'avais pas compris.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, mais moi, je peux comprendre. Tu peux te dire, je critique certains aspects.

  • Alban

    Oui, puis je parlais de ma vie hyper personnelle. Avec mes dates, mes trucs.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, non. Moi, je peux comprendre que ça t'ait fait peur au début.

  • Alban

    Oui, mais en tout cas, c'est vrai qu'après ça, j'ai compris qu'il n'y avait pas de risque. J'ai commencé à sortir à écrire avec mon nom. Et puis, j'écrivais de plus en plus. Mon blog a vraiment eu beaucoup, beaucoup de lecteurs. Il y a un moment, j'avais un million de lecteurs par an.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, ils étaient en Norvège Beaucoup en Norvège,

  • Alban

    beaucoup en Norvège, oui. Et puis là, on m'a proposé d'écrire un livre. Mais moi, je n'avais pas envie d'écrire un livre. juste de compiler mes articles. Il y a plusieurs maisons d'édition qui m'ont proposé d'écrire un livre. Et j'ai dit oui à celles qui me proposaient un vrai projet de livre avec une histoire. Parce que moi, en fait, je voulais raconter c'est quoi de déménager en Norvège et de s'intégrer en Norvège. Et donc, c'est ce livre-là que j'ai écrit, qui a été traduit d'abord en norvégien. Donc, il est sorti d'abord en norvégien.

  • Lucie

    Mais toi, à la base, tu l'as écrit en français.

  • Alban

    Non, je l'ai écrit en anglais.

  • Lucie

    Ok, d'accord.

  • Alban

    pour que les éditeurs et tout ça puissent le lire quand même et écouter. Mais c'est vrai qu'il a été traduit en norvégien. Il est sorti en norvégien en 2017. En norvégien, il s'appelle Enflurskifjorden, Künstenoblenorsk, qui veut dire une grenouille dans le fjord de l'art d'être norvégien. Et il a été très, très lu. Il a très, très bien vendu en Norvège. J'ai été beaucoup invitée sur des plateaux télé, la radio, etc. Mais moi, en fait, quand même... Mon projet de départ, c'était de sortir ce livre en anglais, en français ou dans plusieurs langues, mais en tout cas en anglais, c'est clair. Pour que les étrangers aient accès à des informations, en fait. Donc, le principe du livre, c'est de raconter mon histoire. Mais finalement, le but, c'est de raconter la Norvège au travers de mon histoire, qui est une histoire personnelle, mais qui est aussi un peu une histoire plus ou moins pas de tout le monde, mais en tout cas d'apprendre la langue, de se faire des amis, etc. C'est l'histoire un peu de tout le monde. Et la maison d'édition norvégienne n'était pas intéressée dans ce livre en anglais, ni en français, ni en rien du tout. Ils voulaient que la version norvégienne. Donc, j'ai récupéré les droits. Et là, j'ai passé de longues années à essayer de le faire publier, chose que je n'ai pas réussi à faire. Et donc, à la fin, je me suis dit, c'est pas grave. J'ai décidé de monter ma propre maison d'édition. Et donc, j'ai publié ce livre en anglais. Donc, je l'ai publié après en français. Là, je viens de le publier en espagnol. Et... Le livre en anglais a très, très bien marché. Et le livre en français marche aussi très bien en France. Je le vends très bien en France. Et alors, le livre en espagnol vient de sortir. Donc, on va voir. Et puis là, j'écris d'autres livres. Là, j'apprends aussi. Je suis dans une école. Alors là, c'est niveau de dessus. Je suis dans une école d'écriture toute l'année, là, pour apprendre à écrire des livres pour enfants en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, d'accord. Non, mais toi, tu passes les ceintures noires de... dans tous les domaines.

  • Lucie

    Le cerveau n'arrive même plus à processer. J'entends, là, les neurones se touchent.

  • Lorelou Desjardins

    Déjà, bon, on ne veut pas me publier. Je monte ma boîte d'édition. Genre, je n'ai pas...

  • Lucie

    Et puis en plus... Non,

  • Lorelou Desjardins

    mais... The sky is the limit.

  • Lucie

    Ce qui me tue, c'est qu'elle est niveau C1+++, à savoir comprendre de quel quartier dans la fin fond de la Norvège pourquoi la personne a cet accent. Mais tu suis une école pour écrire des livres où je me dis, mais les phrases vont être hyper simples. Enfin, qu'est-ce que...

  • Alban

    Non, mais j'avais envie d'apprendre un style d'écriture, déjà en norvégien, parce que ce n'est pas ma langue. Et puis de rencontrer des gens, d'autres écrivains. Je ne sais pas, j'avais envie de faire ça. Et en fait, j'ai eu très peur qu'ils ne me prennent pas parce que le norvégien n'est pas ma langue maternelle. Mais bon, finalement, j'ai été prise, donc c'est cool. Mais c'est super intéressant. Et d'ailleurs, j'ai quelques projets en tête de livres pour enfants. mais bon après non mais c'est intéressant de connaître comment ils écrivent des livres pour enfants est-ce que t'écris pas un livre pour enfants de la même manière pour un enfant de 4 ans ou un enfant de 14 ans en fait c'est toutes ces choses là et puis ils te donnent des exercices il y a une manière aussi d'écrire en Norvège quand même c'est pas la même c'est pas la même écriture qu'en France c'est en fait en Norvège par exemple dans les journaux ils partent du principe en fait comme c'est pas une société élitiste Il part du principe, par exemple, dans un journal, il faut que quelqu'un qui a 17 ans et qui ne termine pas le lycée puisse lire tous les articles qui sont dans le journal.

  • Lucie

    Ça, c'est bien, en vrai.

  • Alban

    Du coup, c'est une autre manière d'écrire. C'est une autre manière d'écrire.

  • Lorelou Desjardins

    C'est plus simplement.

  • Alban

    J'écris plus simplement. Et c'est pour ça aussi, je pense, que j'ai pu écrire pour ces journaux. C'est que j'écris plus simplement que dans ma langue maternelle, c'est clair. J'écris plus simplement que, je ne sais pas, un journaliste politique norvégien. Parce que ce n'est pas ma langue et que, oui, je parle très bien, mais quand même, je n'ai pas le même vocabulaire. On ne peut pas comparer quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, tu parlais à la base de ton blog qui racontait tes frustrations. Est-ce que tu pourrais nous raconter les plus grosses frustrations que tu avais

  • Alban

    Alors, c'était la langue, c'était difficile. La langue, se faire des amis. les gens qui te... Tu vois, moi, j'avais rencontré des gens dans une fête et puis trop sympa. Ils me racontent leur vie. Je me dis, je me suis fait des amis. C'est génial. Et puis, ils m'invitent à un concert qui est la semaine d'après. Alors moi, en plus, je ne bois pas beaucoup. Je bois, mais très peu. Donc voilà, je ne suis jamais... Eux, ils sont complètement défaits. Mais moi, je ne le suis pas. Je suis totalement réveillée.

  • Lucie

    Prête pour le dugnad.

  • Alban

    prête pour le digne prête pour l'invitation et en plus j'ai assez de bonnes mémoires donc en fait cette personne qui me raconte sa vie en long large en travers moi je me rappelle de tout parce que je me dis je me suis fait un ami c'est génial c'est pour la vie on va se faire rire voilà ils vont m'inviter à la hutte au chalet et en fait ils m'invitent à un concert je dis à ma copine c'est quoi on va y aller au concert c'est génial on arrive là-bas ils nous regardent genre mais t'es qui toi Qu'est-ce que tu fous là Et puis moi je lui dis Oui mais tu te rappelles, je suis la fille avec qui t'as parlé Tu sais de ça, que t'avais C'est des soucis Bon j'avais pas été la plus maligne ce jour-là Mais oui tu sais Qu'est-ce que c'est que la réaction là Non c'est pas ça J'avais des soucis avec une fille au travail dont il était amoureux

  • Lucie

    Ah quand même, c'est pas mal Tu te rappelles,

  • Alban

    t'étais amoureux Le mec il se décompose Il se décompose Et là, il me tourne le dos, quoi. Je fais, ah, j'avais peut-être pas d'acte.

  • Lucie

    Je viens tourner devant la belle-mère pour lui parler de son plat patate, viande.

  • Alban

    Donc, en fait, ça, ce genre de choses, c'est brutal. C'est brutal parce que... Ou bien des gens...

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il avait un petit peu, quand il était saoul, il s'en rappelait pas.

  • Alban

    Voilà, et puis après, on me dit, oui, mais t'étais saoule. Ah non, j'étais pas saoule, moi. Ah, toi, t'étais saoule, toi J'avais pas compris. Et après, il t'explique, non, mais en fait, quand on est saoule, il n'y a rien qui compte. Ah, d'accord, j'étais pas au courant. Mais du coup, après, c'est difficile à comprendre parce que quand ils sont sous, c'est aussi là qu'ils disent la vérité. Alors, c'est pas simple.

  • Lucie

    On va voir ton traducteur. Sous, pas sous, vérité, pas faux.

  • Alban

    Alors, ils sont sous. Donc là, soit ils font n'importe quoi et il faut faire comme si ça n'avait pas existé. Soit ils sont en train de te dire la vérité. Alors là, voilà. Donc là, t'es là. Donc, ce genre de choses.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, quand tu veux demander...

  • Alban

    J'écrivais des mails, je disais, oh là là, vous savez pas ce qui m'est arrivé. Non, mais j'en peux plus. Mais c'est n'importe quoi. Voilà. Ce genre de choses. Ou bien sur la langue, où par exemple, j'ai dit des choses, moi j'avais l'impression de dire un truc tout à fait sensé, puis en fait j'ai mal prononcé, donc j'ai dit un autre mot qui voulait dire complètement autre chose, et là tout le monde se fout de ma gueule. Ou bien les gens pareils sont hyper choqués. Voilà, donc c'est des choses comme ça. Après c'était très innocent, c'était drôle, et voilà, c'est pour ça je pense que ça a pris.

  • Lorelou Desjardins

    Mais du coup t'as eu quand même des frustrations parce que tout à l'heure on disait que tu t'étais bien intégrée, mais en fait une fois que tu parlais bien norvégien.

  • Alban

    Ouais, mais alors moi, je le prenais avec humour. Toutes ces frustrations, je le prenais avec humour. Parce que là, il y avait quand même des gens autour de moi. Mais c'est vrai que, par exemple... Alors, c'est ça qui est aussi un peu compliqué en Norvège. C'est que si on a des frustrations dont on parle avec humour, ça passe. Quand on commence à être vraiment critique, là, ça devient un peu plus compliqué. Parce que là, c'est trop critique. Ils ont plus de mal à lutter.

  • Lucie

    Ton blog et ensuite même ton livre, tu as dit, a beaucoup pris en Norvège. Pas que, mais beaucoup en Norvège.

  • Alban

    Parce que c'était sur le point de vue.

  • Lucie

    Ça veut dire qu'ils étaient prêts à recevoir cette espèce de critique, mais bienveillante en tout cas.

  • Alban

    Très bienveillante et ça ne peut pas être sur n'importe quoi. Il y a un moment, j'ai commencé à écrire sur des sujets politiques. Là, on m'a bien fait comprendre que, oui, oui, mais par exemple, j'avais écrit un article une fois. Est-ce que le norvégien est un langage de l'amour Alors, gros hit. Justement, j'avais pris des exemples du NUNORCH. Je ne parlais pas du tout NUNORCH, bien sûr. J'ai demandé à des collègues qui écrivaient en NUNORCH pour leur poser des questions. Donc, si tu veux, j'écris cet article. Alors, évidemment, c'est très léger comme article. Si tu écris deux mois plus tard sur... Est-ce que la politique migratoire de la Norvège fait honneur aux réfugiés Après, ils sont là, ouais, mais pourquoi tu écris sur ça Moi, je préférais quand tu écrivais sur Hugli et Kouchli. Donc, c'est ça. Alors, je dois dire, le plus grand défi, après 15 ans ici, et je parle bien norvégien, moi, mon plus grand défi ici, c'est de savoir ce que les gens pensent. C'est vraiment ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'est pas clair. Pourtant, tu leur parles norvégien, toi.

  • Alban

    Oui, mais en fait, c'est une langue où il y a beaucoup de... Alors, ils appellent ça in de fostot In de fostot ça veut dire compris de l'intérieur Tout est un peu implicite en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que tu dirais même l'hypocrite parfois

  • Alban

    C'est toi qui l'as dit.

  • Lorelou Desjardins

    C'est toi qui te l'as dit.

  • Lucie

    Et t'es même pas bourrée.

  • Lorelou Desjardins

    J'ai pris un peu.

  • Lucie

    On dirait hypocrite de ne pas forcément dire ce qu'on pense.

  • Alban

    Alors, ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est qu'ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Ils ne veulent pas blesser les gens, ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Donc, je n'appellerais pas ça... Un homme. Je n'appellerais pas ça...

  • Lucie

    Elle n'est toujours pas bourrée.

  • Alban

    Donc, je n'appellerais pas ça de l'hypocrisie, mais ce n'est pas très direct. Et en fait, ce que je trouve le plus difficile en étant étranger, c'est que tu ne sais pas vraiment ce qui se passe. Tu ne sais pas... Tu n'es pas invité à un truc. Ah, pourquoi Tout le monde est invité sauf moi. OK, qu'est-ce qui s'est passé Tu vois, c'est... Et moi, j'ai beaucoup travaillé dans... Alors, j'ai travaillé beaucoup dans le public, dans des agences gouvernementales. Oh là là Alors là... Tout est ineforschtot.

  • Lucie

    Ah ouais. Personne ne se dit rien.

  • Alban

    Tout est indirect. C'est pas facile.

  • Lucie

    Tu intériorises.

  • Alban

    Non, c'est pas facile.

  • Lorelou Desjardins

    C'est sûr d'avancer parfois.

  • Alban

    Et puis, tu ne peux pas trop montrer tes émotions.

  • Lorelou Desjardins

    Ah non,

  • Alban

    c'est pas bien ça Ah non, il ne faut pas trop montrer. Surtout pas la colère.

  • Lucie

    Mais quand on n'est que colère, comment on fait

  • Alban

    Eh ben,

  • Lucie

    tu vas skier Oui, voilà, c'est ça, en fait.

  • Lorelou Desjardins

    Tiens, un petit tour dans la forêt, comme te dit le médecin.

  • Alban

    Voilà. Eux aussi, ils sont en colère, mais ils extériorisent d'une autre manière. Ils vont skier.

  • Lorelou Desjardins

    C'est vrai que je ne les vois pas souvent en colère.

  • Alban

    Ils boivent. Ils sont aussi en colère, mais ils le montrent d'une autre manière. Et en fait, moi, je donne des cours en entreprise, dans des universités, dans plein d'endroits sur la culture norvégienne du travail. Et ça, c'est une chose fondamentale. C'est que déjà, si t'es pas d'accord avec quelqu'un, il y a une manière bien précise de leur dire, en Norvège, pour que ça passe bien.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment

  • Alban

    Eh ben, il faut faire attention à comment les mots qu'on utilise. Il faut dire beaucoup de choses positives avant de dire une toute petite chose indirectement négative. Et aussi, il faut comprendre que si quelqu'un prend autant de pincettes avec toi, il est en train de te faire une critique, en fait. Parce que j'ai assisté aux deux, c'est-à-dire j'ai assisté à des étrangers... qui vont franco genre Ouais, mais c'était nul, en fait, là, ce que t'as fait dans ton projet hier. Alors là, déjà, non, ça, c'est pas possible, tu peux pas dire ça dans les gens. Mais dans l'autre sens, des gens, en fait, qui se prennent plein de critiques de leur chef, mais qui n'ont pas compris que c'était des critiques.

  • Lucie

    Mais oui, c'est ça aussi.

  • Alban

    Parce que c'est tellement caché. C'est tellement caché dans plein de choses positives que la personne ne comprend pas. Et l'autre chose, c'est quelles émotions montrer. Alors ça, après, si vous travaillez dans des compagnies internationales, c'est tout à fait différent, mais c'est vrai que au niveau des émotions, Alors, la question que je pose toujours dans mon cours, c'est, à votre avis, est-ce qu'il vaut mieux pleurer au travail ou être en colère C'est quoi le pire Le pire Ouais.

  • Lorelou Desjardins

    Bah, être en colère, j'imagine, avec ce que tu m'as dit, mais...

  • Alban

    Être en colère. Ah oui. Il vaut mieux pleurer.

  • Lucie

    Ok. Attends, ça, c'est ce qu'ils pensent,

  • Alban

    eux Ah oui.

  • Lucie

    Waouh. Moi, je fais les deux maintenant.

  • Alban

    Tu pleures en étant en colère

  • Lucie

    J'alterne, je décide selon le jour.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui,

  • Lucie

    c'est assez évocateur.

  • Lorelou Desjardins

    Tu vois, nous, au bout de six ans, on apprend des trucs.

  • Alban

    Absolument, oui. Et donc, alors ça, il y a des gens, ça met du temps. Parfois, déjà, ils ne le savent pas au bout de très longtemps.

  • Lucie

    Ben oui.

  • Alban

    Donc, en fait, c'est toutes ces nuances. Et alors après, on peut décider ou non de donner de l'importance à toutes ces choses. Bien sûr. Mais c'est vrai que... Par exemple, quand on a des enfants, parce que quand on est adulte, on peut décider ma chine ne m'a pas invité à sa fête de Noël alors qu'elle a invité tous les autres, je peux vivre avec ça Par contre, quand on a un enfant, dans le système norvégien, il faut bien comprendre que c'est… Il y a quand même une pression sociale de la conformité, ce qui veut dire que les enfants, ils ont envie d'être conformes. Enfin, en France aussi. Moi, je me rappelle, à 12 ans, je voulais avoir le même sac à dos, les mêmes trucs. Bon, ça, c'est normal. Mais c'est vrai qu'on ne veut pas non plus arriver dans une situation où les enfants se sentent en marge. Ce n'est pas simple.

  • Lorelou Desjardins

    Je suis en train de refaire tous mes one-to-one avec mon chef et je me dis, est-ce qu'en fait, il me disait des critiques quand il était en train de me dire que tout était génial

  • Lucie

    Toi, je ne sais pas s'il te faisait des critiques, mais toi, clairement, tu en as fait.

  • Alban

    Ton chef est norvégien Oui. Et tu travailles dans une entreprise norvégienne Américaine. Ouais, alors là, c'est un peu différent. Il y a des variantes quand même. C'est-à-dire que si tu es, par exemple, dans une institution publique, comme j'ai été. la seule étrangère, là c'est toutes les règles norvégiennes les plus pures qui s'appliquent. Si t'es dans le privé, déjà c'est plus direct. Là, il y a un souci de performance. Si t'es dans le privé, dans une compagnie étrangère, là c'est aussi une autre culture. Au début, il faut bien commencer.

  • Lorelou Desjardins

    T'as un petit conseil

  • Alban

    Il faut toujours être positif. Souris. Souris, toujours. Positif.

  • Lucie

    Pleure dans le noir, enfermée. Ne sois jamais en colère.

  • Alban

    En fait, c'est ça que j'ai... Alors, moi, je suis une personne pas très calme, à la base. J'utilise beaucoup l'humour, mais je suis aussi un petit peu énervée, un petit peu en colère. Il y a des choses quand même qui me mettent en colère. Et c'est vrai que quand je vois des gens qui réussissent très bien en Norvège, les Norvégiennes, surtout les femmes, c'est des femmes qui sont toujours positives. Et quoi qu'il arrive, positifs.

  • Lucie

    Est-ce que tu penses que c'est un espèce de masque où elle s'en convainc Bien sûr que c'est un masque.

  • Alban

    C'est un masque. C'est un énorme masque. Mais du coup, je vais juste vous donner un exemple. Par exemple, dans toutes les organisations et les compagnies, il y a des réorganisations. Les Norvégiens, ils adorent les réorganisations. Donc, par exemple, les réorganisations, typiquement, il y a plein de gens qui ne sont pas contents. Parce qu'une réorganisation, ça permet de reformer des équipes, de bouger des chefs que tu n'aimes pas trop un peu au placard. Il y a plein de stratégies là-dedans, mais ça, c'est partout dans le monde. Donc, par exemple, si tu demandes dans mon précédent boulot, on était en pleine réorganisation. La fille des ressources humaines, de toute évidence, son travail est un peu compliqué en pleine réorganisation. Les gens ne sont pas contents, ils se plaignent, etc. Et un matin, on était à la machine à café, et puis je lui dis, alors, ça va, Ingrid Comment ça va C'est pas trop dur, là, la réorganisation Et puis elle me regarde et me dit, ah, mais tu vas dégozobra. Je me dis, ah, ça va tellement bien. Dégozobra. Non, dégozobra. Non, dégozobra. Il faut drener, c'est folie. Mais dégozobra. Oui, il y a quelques défis, mais bon, c'est comme ça. Alors déjà, elle prononce le mot défi. Ça, ça peut vouloir dire, c'est très compliqué. Oui. C'est très difficile. En fait, dès qu'il...

  • Lucie

    tu vois Dès qu'il y a une once de critique, ça veut dire qu'en fait, derrière...

  • Alban

    C'est compliqué. Ouais. Voilà. Et t'as aussi, les gens réagissent comme ça aussi quand ils parlent de leur vie personnelle. Alors ça, moi, ça me perturbe. Encore au travail, je peux comprendre. Tu dis, bon, on est dans un monde professionnel, on ne va pas commencer à dire, non mais l'autre, tu te rends compte de ce qu'elle m'a dit et puis c'est quoi cette équipe Bien sûr, tu ne peux pas commencer à faire ça. Ça,

  • Lucie

    on le fait en France.

  • Lorelou Desjardins

    Mais attends.

  • Alban

    Mais dans la vie personnelle, moi, ce qui me tue... C'est quand les gens, ils te disent, tu leur dis, alors, tu as quelqu'un que tu n'as pas vu depuis longtemps. Parce que moi, maintenant, je suis là depuis longtemps, donc j'ai suivi un peu des gens. Tu leur dis, ça va Et puis là, souvent, les femmes, elles te disent, ça va tellement bien. Tu sais, bon, tu sais, on a divorcé avec Trucmuche il y a six mois. Mais bon, ça va tellement bien. On est devenus des super bons amis. Et puis, tu sais, mon père, il a l'Alzheimer, tu sais. Mais tu sais, vraiment, on s'est organisé.

  • Lucie

    Elle te raconte ça Il va mieux depuis qu'il a l'Alzheimer, vraiment. Ça, ça manquait.

  • Alban

    En fait, t'as l'impression qu'elle te raconte ses vacances à Ténérife, alors qu'en fait, elle te raconte des trucs horribles. Moi, j'ai envie de l'inviter chez moi à prendre un café. Je lui dis, mais t'es sûre que ça t'a l'air d'aller bien T'es énervée Tu perds Vas-y,

  • Lucie

    dis-moi tout, là.

  • Lorelou Desjardins

    Là, je revis un moment, il n'y a pas si longtemps. Tu sais, quand tu viens de donner naissance à ton enfant, on te met dans un groupe de... Un barcelope. Un groupe de mamans. Et donc, alors moi, la première, j'en avais pas eu parce que c'était pendant le Covid. La deuxième, on me met dans ce barcelgroupeux. Première réunion, je suis pratiquement une des seules à être maman pour la deuxième fois. J'ai ma petite expérience. La première, ça a quand même été un peu, voilà, une avancée. Broken roll,

  • Alban

    je vais te dire, pendant le Covid.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, et du coup, je me dis, bon, je suis la seule à avoir eu deux enfants. Je vais leur demander comment ça va. Première réunion, on est à la LCS Tachoun, au truc de santé.

  • Alban

    Donc, les enfants, ils ont quel âge Un mois. Oui, petit, oui. Oui,

  • Lorelou Desjardins

    tout petit. Donc, moi, je me rappelle ma première fille. Au bout d'un mois, j'étais au bout de ma vie avec l'allaitement. Je n'avais pas dormi.

  • Lucie

    On l'a eu en plein hiver.

  • Lorelou Desjardins

    J'étais au bout de ma vie. Et du coup, je me dis, les pauvres, il doit y en avoir pas mal qui sont dans le même cas. Je vais les rassurer. Je vais leur dire que tout ça passe et tout. Et là, je leur dis, alors les filles, comment ça se passe et tout Et là, toutes. Génial, l'allaitement au top. Ils dorment super bien. Et là, elles me sortent toutes ça. Et là, je dis, mais soit c'est toutes des menteuses, soit je n'ai vraiment pas eu de chance.

  • Alban

    Ni l'un ni l'autre.

  • Lucie

    Et oui,

  • Alban

    voilà. C'est ni l'un ni l'autre.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, ouais.

  • Alban

    Elle s'est fait ce qu'elle pouvait être. T'étais une maman complètement normale. Moi, au bout d'un mois, j'étais aussi au bout de ma vie. Mais pareil, j'avais toutes ces mamans. Ah, ça va Le pire encore, parce que moi, j'ai une césarienne, donc je ne pouvais rien porter. Et moi, j'ai rien pu porter pendant très longtemps. Donc, je n'ai pas porté mon bébé en truc-muche, là, avec le sac, je ne sais pas. Ouais, voilà. Et donc là, j'avais une maman. Ah là là, moi, je ne le porte que comme ça. Mais c'est la meilleure manière. C'est la seule manière. Et moi, j'étais là.

  • Lucie

    Nous ne faisons qu'un.

  • Alban

    Oui, mais moi, je ne peux pas. Parce que sinon, je vais mourir. C'est ça l'impression que j'avais, moi. J'étais tellement mal. Je me disais, déjà, j'arrive à prendre une douche de temps en temps. J'arrive à me nourrir à peu près. J'arrive à le nourrir. Je me disais, déjà, je m'en sors bien.

  • Lucie

    Clairement, c'était ça. Nous, on revenait de là, quoi. Aujourd'hui, on l'a habillé, on l'a changé. Une fois tous les 18 jours, c'est pas mal. Maintenant, on est bien.

  • Alban

    T'as dormi 4 heures, t'étais content.

  • Lorelou Desjardins

    Et pour revenir à mon barcel groupeux,

  • Alban

    du coup,

  • Lorelou Desjardins

    la seule qui a commencé à dire, c'est ma copine qui est américaine, qui a commencé à dire, moi, ça a été quand même un petit peu compliqué avec l'allaitement, mais je crois qu'on est sur la bonne voie.

  • Alban

    Restons positifs.

  • Lorelou Desjardins

    Et là, bon... Il y en a deux qui m'ont dit que, elle et moi, du coup, qui disions bon, ça a été un petit peu quand même, voilà. Et là, il y en a une ou deux, je ne me rappelle plus, qui a dit peut-être que moi aussi, ça a été un peu compliqué, mais ça va maintenant. Et là, je me suis dit, on ne pourra pas être copine des filles parce que je ne sens pas que c'est sincère.

  • Alban

    Alors, c'est exactement ça. Mais moi, personnellement, je ne suis pas d'accord avec l'idée de faire comme eux. Parce qu'en fait, si on fait comme eux, on entretient cette idée que tout est parfait, qui est faux. Parce que c'est faux dans leur vie et c'est faux dans la nôtre. La fille qui me dit, mais ça c'est une vraie histoire, qu'elle vient de divorcer avec son père à Alzheimer. Désolée, mais il n'y a personne dans ce monde à qui il peut arriver ça en l'espace de six mois et qui va bien. Ce n'est pas possible. Donc moi, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de lui dire, écoute, viens, je ne sais pas, on prend un café. Mais en fait, eux, ils ne veulent pas te déranger, mais ils te tentent quand même un peu une perche. Mais ce que j'ai remarqué, c'est que quand tu t'ouvres, comme tu as fait toi dans ton bar Chalgrépa, et que tu dis, moi, ça a été difficile, alors tu vas être surprise, c'est que quand même, il y a beaucoup de gens qui, là, te disent, ah oui, mais en fait, moi aussi, ce n'est pas facile. Du coup, tu leur donnes l'autorisation, comme tu leur montres que toi, tu n'es pas parfaite. Tu leur donnes l'autorisation à elles aussi ou à eux aussi. de dire, ah oui, nous aussi, c'est compliqué, tu vois. Et donc, en fait, moi, je suis pour ce genre de choses parce que je trouve que les gens ne parlent pas assez de leurs soucis. En France, peut-être, on a tendance à se plaindre trop.

  • Lucie

    On parle trop de soucis. Nous, on ne sait pas ce qui va bien.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, ici, on n'a pas le droit de se plaindre ni de nos enfants, ni de notre compagnon. Il y a un nombre de sujets très rétifs.

  • Alban

    Tu as envie de te plaindre parfois des enfants et de ton compagnon Je ne connais pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Moi, j'en parle. Il parle tous les enfants partout. Moi, jamais. Les autres.

  • Lucie

    Oui, là, je comprends.

  • Lorelou Desjardins

    Tu me pourrais apporter.

  • Alban

    Tu veux un petit verre d'alcool Non, non, mais c'est ça. Et je trouve ça un petit peu... C'est un peu oppressant, des fois. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils disent qu'il y a beaucoup de problèmes de dépression et de solitude en Norvège.

  • Lorelou Desjardins

    Ce n'est pas pour le climat, en fait.

  • Alban

    Ce n'est pas forcément que pour le climat. C'est aussi parce que c'est... très compliqué d'être vulnérable.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, il faut être pratiquant,

  • Alban

    quoi. Par exemple, tu vois, pour moi, si j'ai une bonne relation avec quelqu'un, même quelqu'un que je connais pas depuis très longtemps, si vraiment j'ai un problème ou si je me sens pas bien un jour, je vais l'appeler. Je lui dis, est-ce que t'as 5 minutes Je me sens pas bien, c'est pas ce qui m'est arrivé.

  • Lucie

    Parce qu'ils font pas ça avec leurs amis

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, peut-être, mais ils en ont pas beaucoup d'amis. Et ils ne le font pas toujours. En fait, c'est ça que j'ai trouvé. Et c'est ça qui me rend le plus triste, je pense, pour eux. C'est qu'au début, je me disais, ouais, mais ils font ça avec leurs amis très proches. Et puis, je me rends compte que pas toujours, en fait. Que cette vulnérabilité, elle n'est pas toujours possible. Ça dépend des gens et ça dépend des amitiés qu'on a. Mais ça m'a l'air un petit peu compliqué. Il y a quand même un peu cette façade. Et si tu regardes sur Instagram et des choses comme ça, alors là,

  • Alban

    c'est puissance 2000.

  • Lucie

    Au final, je me rends compte que j'ai eu de la chance avec ma fameuse collègue qu'on a invitée à la maison et qui nous a aussi invitées chez elle et son mari. Lucie venait de tomber enceinte quasiment. Elle nous reçoit pour le dîner. Elle venait d'avoir son bébé, ça faisait je pense trois mois. Elle nous dit...

  • Lorelou Desjardins

    On ne lui avait pas dit qu'on...

  • Lucie

    Voilà, elle n'était pas au courant qu'on attendait un enfant. Et elle nous dit, l'accouchement... Donc une Norvégienne. L'accouchement, c'est terrible et horrible. et après elle commence à rentrer un peu dans les détails c'est son mari trop mignon qui dit oui oui mais maintenant ça commence à aller mieux il a 18 ans donc ça va elle s'en remet tout juste mais du coup j'avais adoré qu'elle soit aussi ouverte sur ça parce que ce sont je trouve des témoignages comme ça et puis on s'est pas penché sur le sujet en en discutant nous aussi pareil, un premier accouchement, première enfance ça a été délicat, une fois de plus milieu de l'hiver t'es pas chez toi,

  • Alban

    c'est pour tout le monde c'est qui Même Florence Forestier, elle a fait un sketch là-dessus. Il y a plein d'humoristes féminines qui font des sketchs là-dessus. Même si l'accouchement se passe bien, quand même, un être humain, tu es responsable de la survie d'un être humain.

  • Lucie

    De traverser avant que... En plus...

  • Alban

    Voilà, donc c'est quand même qu'il y a un rythme complètement différent. Tu ne sais pas ce que tu fais. Comme dit mon père, mes parents ont quatre enfants, mon père, il dit, c'est quand même la chose la plus difficile que tu fais et personne ne te donne un cours pour savoir comment tu le fais. Ça,

  • Lorelou Desjardins

    c'est clair.

  • Lucie

    Complètement.

  • Alban

    Donc, je veux dire, est-ce que c'est vraiment possible de rencontrer un parent qui te dit que tout s'est toujours très bien passé et qu'il n'a jamais rencontré aucun obstacle Moi, je ne crois pas.

  • Lorelou Desjardins

    La Norvégienne, très positive, qui ne voit pas le problème.

  • Alban

    Des gossobras, ça c'est la fin. Des gossobras. Toi, t'es là. Mais celle-là,

  • Lucie

    elle va bien, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Je vais la retenir au travail. Ouais. D'égo sobra.

  • Alban

    D'égo sobra. Le conseil quand tu commences un nouveau travail, il ne faut pas trop se plaindre. Premièrement, il faut commencer par dire une chose positive.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Après, il faut dire une deuxième chose positive. Après, il faut dire une chose un peu négative, que tu pensais dire au début. Et après, tu dois montrer trois solutions potentielles. Oui.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Comme ça, oui, tu montres que déjà, tu es content d'être là, que tu es positif, que tu as une critique, mais que tu as déjà pensé aux solutions. Et là, par exemple, un chef, tu dis, j'ai pensé à ces trois solutions, qu'est-ce que tu en penses Qu'est-ce que tu préfères Et donc là, la personne choisit.

  • Lucie

    Tu leur laisses le choix.

  • Alban

    Tu leur laisses le choix, mais tu leur as aussi un peu prémâché le travail. Tu ne viens pas en disant, non mais attends, mais c'est quoi ces réunions le lundi matin Mais non, mais moi, je ne suis pas d'accord. Parce que la culture ne sert à rien.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça,

  • Alban

    c'est compliqué. Mais par exemple, au lieu de dire, non, mais c'est quoi ces réunions C'est n'importe quoi. Tu commences par dire, écoute, je voulais te dire, moi, je trouve que la culture des réunions, elle est vraiment super dans cette équipe, parce qu'on a des réunions où on sait où on va, il y a un agenda. Je trouve que vraiment, tout le monde participe. C'est vraiment super, blablabla. Par contre, je trouve que le lundi matin, tu vois, on vient d'arriver. C'est un peu frais du week-end. Est-ce que, par exemple, on ne pourrait pas mettre cette même réunion d'équipe, soit, par exemple, le mardi à 10h, ou, par exemple, le jeudi, parce qu'il y a machin qui revient de truc-muche, ou bien le mercredi, tu vois OK. Et du coup, pour eux, ils vont enregistrer que c'est une critique.

  • Lorelou Desjardins

    Mais que tu l'as bien enrobée.

  • Alban

    Très clairement, mais tu l'as bien enrobée et que tu es constructif.

  • Lucie

    Tu l'as déranglée comme il fallait, quoi.

  • Alban

    Les listening oriented comme ils disent. Orienté vers les solutions. Et non pas problème orienté vers les problèmes.

  • Lorelou Desjardins

    On a commencé à aborder le thème des enfants, de la maternité. Toi, après avoir rencontré quelqu'un qui n'était pas norvégien, vous avez décidé de former une famille. Comment ça s'est passé cette étape-là en Norvège

  • Alban

    Ça s'est bien passé, mais on est deux étrangers de deux cultures différentes dans une troisième culture.

  • Lorelou Desjardins

    Oui. Donc,

  • Alban

    ce n'est pas hyper simple. L'avantage qu'on a, c'est qu'on parle bien norvégien tous les deux. Donc, ça facilite. Ils ont quand même un peu des dogmes en Norvège. Il faut bien dire ce qui est sur l'éducation des enfants. Donc, il y a des choses qui sont extraordinaires. Moi, mon fils, il fait des démarches dans la forêt de 5 kilomètres avec son petit sac à dos. Il creuse dans la terre avec des bouts de bois. Il monte aux arbres. Enfin, il a une vie extraordinaire. Franchement, tu le vois, il est super content. Donc, il y a des choses qui sont super. Ils sont beaucoup dehors. On leur apprend à respecter les autres. On leur apprend à vivre en communauté. On leur apprend plein de choses comme ça. Ils ont quand même des principes d'éducation, comme nous aussi, on a des principes d'éducation en France.

  • Lorelou Desjardins

    Tu peux décrire la nourriture typique qu'on donne dans les jardins d'enfants La nourriture typique,

  • Alban

    c'est du pain carré avec des tubes, en fait, des pâtes liquides dans des tubes. Ça a l'air appétissant. De différentes couleurs. Alors, tu as une pâte en tube qui est rose, qui s'appelle caviar, qui n'est pas du caviar, qui est un genre de tarama très salé. Tu as un autre tube qui est un pâté de foie. Tu as un autre tube qui est un fromage liquide saveur crevette. Un autre tube, fromage liquide saveur bacon.

  • Lucie

    Fifty shades of tube.

  • Alban

    Fifty shades of tube, exactement. Voilà, donc c'est quand même un peu spécial. Ils leur donnent de temps en temps un petit fruit, mais comme j'ai expliqué, en fait, ce n'est pas une culture de la nourriture. Donc, ils ne vont pas non plus les encourager à manger un petit bout de chou-fleur. Ils vont mettre ça devant leurs yeux et puis s'ils ne le veulent pas, bon ben voilà. Donc, c'est vrai que ça, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Toi, ça a été compliqué pour toi de voir...

  • Alban

    Ça a été très compliqué pour moi. Ça, ça a été très, très compliqué. Et je me rappelle, ça faisait 11 ans que j'étais en Norvège quand il est rentré au Barnahage, le jardin d'enfants. Et là, je me rappelle, j'ai dit à mes copines, dont certaines françaises, danoises, etc., qui ont eu des enfants ici, je leur ai dit, mais moi, c'est hors de question. Elles m'ont dit, si, tu vas te plier à ça, parce que tu n'auras pas le choix. C'est un rouleau compresseur pratiquement idéologique.

  • Lorelou Desjardins

    Et alors, tu t'es pliée à ça Eh bien,

  • Alban

    je ne m'y suis pas pliée.

  • Lucie

    L'irréductible.

  • Lorelou Desjardins

    Comment t'as fait À force de beaucoup de discussions, d'enrobage, de critiques Déjà,

  • Alban

    mon enfant a eu quelques soucis un peu de santé. Il avait mal au ventre quand il mangeait la nourriture de là-bas. Je ne pense pas qu'il soit particulièrement allergique. Je pense que c'était très industriel comme nourriture. Je pense qu'il n'avait pas l'habitude. C'était très salé. En tout cas, il a réagi à certains trucs. Je me suis un petit peu servi de ça. Il a vraiment réagi, mais c'est vrai que du coup, j'ai arrêté de goûter. Après, quand même, il y a beaucoup d'enfants qui ont des problèmes intestinaux à cause de cette nourriture. J'ai remarqué quand même, quand il mangeait trop de pain, il n'était pas bien. Mais ça, c'est tous les enfants. Voilà, c'est pas bon. Et donc, en fait, je me suis un peu servie de ça. Alors souvent, au début, quand même, j'ai essayé. Je me suis dit non, mais ça va le faire et tout. Je l'ai mis dans un jardin d'enfants où il y avait de la nourriture chaude tous les jours. Mais ça n'a pas fonctionné. Il n'était pas bien. Donc, en fait, je me suis un peu servie de ça en disant écoutez, on a essayé. On voit que ce n'est pas le meilleur pour lui. Mais par contre, à chaque nouvelle barna haguet, parce que malheureusement, on a déménagé. On n'a pas eu de place au début parce qu'il est né. à la mauvaise période de l'année, comme c'est les Norvégiens, en janvier, donc ça, ça a été trop long, il n'y a pas eu de place. Je me rappelle quand j'étais enceinte, les gens me disaient Mais t'es folle Tu vas accoucher en janvier Mais comment tu vas faire Alors, je crois pas que j'ai le choix, en fait. Là, je suis enceinte de 6 mois. Alors, je comprends pas très bien, donc on arrête les grossettes parce qu'on a pas de place en crèche. Je comprends pas votre logique.

  • Lucie

    On attend un enfant. Félicitations, c'est pour quand Décembre. Toutes mes condoléances. Après, tu comprends, parce que c'est pour avoir la place à temps en jardin d'enfant et que c'est compliqué si tu ne l'as pas.

  • Alban

    Oui, enfin, ça ne dure pas 20 ans. Tu te débrouilles. Ça va bien se passer quand même. On va trouver la place en crèche. Oui, c'est vrai. Mais c'est sûr que ça a été compliqué. Du coup, il a pas mal bougé de crèche. Mais c'est vrai que j'ai été obligée de reprendre ce fil chaque fois.

  • Lorelou Desjardins

    Comment il t'accueillait quand tu leur en parlais Très mal.

  • Alban

    Très, très mal. Et en fait, ce qu'on a fait, c'est qu'on lui a appris à manger à la cuillère très vite. Alors, j'ai de la chance, j'ai un enfant qui aime beaucoup manger. Donc, il mangeait. Il mangeait ce qu'on lui envoyait. Et nous, on lui envoie de la nourriture chaude dans un thermos. Donc, en plus, je me pliais à toutes leurs conditions. Ah non, non, on ne peut rien chauffer. Ah non, non, on ne peut rien faire. Ah non, non, on ne peut pas lui donner à manger à la cuillère. On ne peut pas ci, on ne peut pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Vous n'inquiétez pas, j'ai une solution. Je suis solution oriented.

  • Alban

    Voilà, donc on lui a appris à manger très tôt. où on lui faisait des choses à manger qui étaient faciles à attraper avec les doigts, à manger avec les mains. Après, on lui a mis beaucoup de choses, on le fait toujours, dans des thermos, donc c'est déjà chaud, on réchauffait tout le matin. Par contre, j'ai quand même eu quelques batailles de gagnées, dans le sens où pratiquement tous les jardins d'enfants où on est allés, où ça a été une bataille au début, à la fin de l'année, ils me disent Ah ouais, quand même, il mange bien votre enfant. Ah ouais, quand même, c'est pas la même chose. Les soupes de potiron et les omelettes et les salades de patates et les spaghettis bolognaises. Et donc, on lui fait des trucs différents. tous les jours. Et là, il me disait, quand même, quand il loue son petit thermos, on aimerait bien nous aussi... Taper dedans. On aimerait bien nous aussi taper dedans. C'est quand même...

  • Lorelou Desjardins

    On t'a même demandé la recette une fois.

  • Alban

    On m'a demandé, une dame du jardin d'enfants qui m'a dit, c'est intéressant ce que vous aviez là dans le mat' paquet, donc la boîte de votre fils. Et c'est quoi Je lui dis, c'est une omelette ou patate Ah, c'est intéressant, ça se fait comment C'est difficile à faire, non Mais alors, vous prenez un œuf, vous prenez une patate. C'est très dur.

  • Lucie

    Attention quand même, veillez à les puncher entre les deux.

  • Lorelou Desjardins

    Comment tu as réussi à leur faire accepter ça Quel a été le tips

  • Alban

    Alors, il faut toujours partir de la perspective de l'enfant et dire que c'est mieux pour cet enfant. Il ne faut pas dire que c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Ton principe d'éducation.

  • Alban

    Voilà. Il ne faut surtout pas dire que c'est ton principe d'éducation parce que ça, ça n'a pas de valeur pour eux. Ce qui a de la valeur pour eux, c'est que tu fais le mieux pour ton enfant. Et donc, si tu leur dis, mon enfant, quand il mange des tubes, quand il mange trop de pain, il n'est pas bien, il a mal au ventre, il dort mal, il est fatigué, etc. Je vois que quand il mange des petits plats cuisinés, des choses fraîches, des légumes, il est mieux, il n'a plus mal au ventre, il dort mieux, blablabla. Là, du coup, bon, c'est pour le bien-être de l'enfant avant tout. et puis oui oui là moi je suis sortie du bois pratiquement enfin pas encore totalement parce qu'il me reste en fait à partir du moment où il rentre à l'école à 6 ans là c'est il n'y a plus de cantine c'est plus les jardins d'enfants qui donnent la nourriture donc là on en voit ce qu'on veut mais en fait il y a une expression en norvégien brødlei ça veut dire qu'on n'en peut plus du pain et ça on me dit ça les gens me disent ah mon enfant il est brûlé

  • Lorelou Desjardins

    Il n'en peut plus du pain.

  • Alban

    Il n'en peut plus du pain. Ils n'en peuvent plus. Ils n'en peuvent plus. C'est trop de pain. C'est très répétitif. Est-ce que tu imagines si on te sert des tranches de pain avec les mêmes trois tubes, deux fois par jour, tous les jours Parce que c'est ça dans le jardin d'enfant de mon fils, c'est ça. Ce n'est pas très folklore. Alors, je ne te dis pas que mon fils, il aime tout ce qu'on fait. Des fois, il dit à maman, j'ai pas mangé, j'aimais pas, c'était pas bon, c'était trop ci, c'était trop ça. Bien sûr, mais ça, on a tous des goûts. Et puis, des fois, t'as pas faim. Des fois, t'as faim. C'est comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que t'as hésité à mettre ton fils dans le système français

  • Alban

    Alors déjà, en Norvège, il y a une école française, mais c'est à partir de 3 ans, puisque c'est la maternelle. Donc déjà, de 1 à 3 ans, il faut bien trouver. Moi, j'habite un peu loin, très loin même. Donc, au niveau logistique... J'étais pas très motivée, c'est un peu trop loin pour moi.

  • Lucie

    Et si t'avais été à côté, tu te serais posé la question Ouais,

  • Alban

    je pense que si j'avais été à côté, ça aurait été quelque chose de très différent, surtout à partir de l'école primaire. D'accord. Je pense pas nécessairement à l'âge barnahagais, donc de 1 à 6 ans. Là, ils sont dehors, ils jouent dans la terre, bon voilà, ils font un peu leur vie. C'est vrai qu'à partir du moment où t'es un parent étranger et que t'es en Norvège, t'as tout un choix. que vous connaissez certainement. C'était, alors attends, est-ce que je veux que mon enfant et des copains dans le quartier soient invités ça et là, et aillent des anniversaires chez le voisin Ou est-ce que je veux que mon enfant parle et écrive correctement le français C'est toutes ces questions. L'école française, c'est quand même une école privée. C'est des questions. Après, c'est vrai que moi, je suis à l'extérieur d'Oslo. Après, j'ai pensé à d'autres alternatives. J'ai pensé, par exemple, aux écoles Steiner, parce que dans les écoles Steiner, il n'y a pas d'écran. Et il y a de la très bonne nourriture, qu'ils font eux-mêmes, avec les trucs bio du jardin, etc. J'ai pensé aux écoles Montessori. Alors là, pour le coup, pour moi, l'école Montessori, elle est extrêmement loin, donc encore plus loin, donc ce n'est pas d'actualité. Mais c'est vrai qu'on pense à plusieurs choses et ça dépend de tes principes comme parent.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que... Tu as pensé à plusieurs choses aussi, parce que du fait du système norvégien, l'éducation à la norvégienne après la primaire. Parce qu'on entend beaucoup que le système norvégien, c'est un peu plus laxiste, peut-être. C'est beaucoup plus laxiste. J'essaie de mettre les mots.

  • Alban

    C'est très laxiste. Non, ce n'est pas laxiste, c'est juste que ce n'est pas le même niveau d'apprentissage. et pas de la même manière. Il y a beaucoup d'écrans. Même dès le primaire Oui, dès le CP. Donc il y a beaucoup d'écrans. Là, il y a des débats, par exemple, d'après le Norvégien, ça te permet, entre autres, de suivre ce genre de débats politiques. Il y a beaucoup de débats maintenant contre l'utilisation des écrans. Et puis ils finissent tôt, ils finissent très tôt. Ils finissent entre midi et demi, 13h30. Donc après, ils ont les activités après l'école, mais ce n'est pas de faire du piano ou du sport ou de la natation. C'est un genre de centre aéré tous les jours, en fait, dans toute l'après-midi.

  • Lucie

    Ah bon, ils ne peuvent pas aller faire du sport

  • Alban

    Il n'y a rien qui est mis en place. La société n'est pas structurée de cette façon-là. Donc si tu fais du sport, c'est le soir, c'est après l'école. Alors qu'en fait, cette partie de l'après-midi... Du coup, elle ne sert pas à ça. Elle sert à faire des activités extrascolaires, des jeux, etc. Alors, selon les écoles, j'ai entendu dire que l'après-midi, elle est passée sur un iPad. Et puis, si tu as une autre école qui est un peu différente, là, ils ont des vraies activités pédagogiques. Mais du coup, c'est des gens qui ne sont pas forcément... Ce n'est pas des instits. Ils font cette partie-là après l'école.

  • Lorelou Desjardins

    Mais d'ailleurs, je vois que ça va être l'heure pour nous, parents, d'aller chercher nos enfants dans nos structures respectives.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il y a encore un tas de sujets qu'on aimerait aborder avec toi. Ce serait sympa qu'on puisse le faire à un autre moment. Mais déjà, tu nous as donné plein de conseils et de clés aussi pour...

  • Lucie

    Parfois.

  • Lorelou Desjardins

    Ça va être plus dur ce soir, il va falloir débriefer entre nous deux, mais ça, c'est à nous de le faire.

  • Alban

    Alors après, c'est... C'est ma perspective, je ne suis pas non plus... Et je plaisante avec des choses qu'on savait déjà un petit peu.

  • Lucie

    Je pense que quand tu vis là, tu t'en rends compte plus ou moins.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent et qui sont intéressés, on a parlé d'un blog, d'un livre. Comment on peut un peu te suivre Quelles sont tes prochaines actualités

  • Alban

    Alors, le blog, celui en anglais, il s'appelle afroginthefjord.com. J'ai aussi un site qui s'appelle aucoindufjord.com. où j'essaye de partager des informations sur la Norvège en français. Et puis, j'ai mon livre qui s'appelle Au coin du fjord, les aventures d'une française en Norvège qui est disponible dans les librairies en Norvège et qui est malheureusement juste disponible en ce moment sur Amazon en France, mais qui va, j'espère, arriver dans les librairies. J'essaye de trouver des accords. Et puis, je suis en train d'écrire d'autres livres. Wow Oui. Voilà, qui vont sortir. Toujours sur la Norvège Toujours sur la Norvège. Et puis, je suis en train, comme j'ai dit, de monter mon entreprise. Alors, je vais faire plusieurs choses. Je vais donner des cours. Je fais du conseil en entreprise. J'écris beaucoup d'articles pour des municipalités, des communes.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est toujours pour parler des différences culturelles, se comprendre les uns les autres, mieux s'appréhender Oui.

  • Alban

    Donc, j'ai quitté, en fait, ma carrière dans le droit, pour l'instant, et dans la durabilité pour me concentrer là-dessus. Mais par contre, je vais probablement retourner un peu droit sur le droit du travail, des choses comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'était vraiment un plaisir de te recevoir.

  • Alban

    Eh bien, écoute, c'est de rien.

  • Lorelou Desjardins

    Je vous reçois en mat... collègues du Sud, ça m'a fait plaisir.

  • Lucie

    C'est de Marseillais, mais sans accent.

  • Alban

    Il vient pas de Marseille, il vient de Miramas.

  • Lorelou Desjardins

    Je te raconte tout ça aussi.

  • Lucie

    Oui, mais pour la Parisienne, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Pas de problème.

  • Lucie

    Et pour clôturer, est-ce que tu as une phrase favorite qui te fait penser à la vie ici

  • Alban

    Je vais vous raconter une blague sur les Norvégiens. Comment voit-on la différence entre un Norvégien introverti et un Norvégien extraverti Un Norvégien introverti, quand il te parle, il regarde ses chaussures. Un Norvégien extraverti, il regarde tes chaussures.

  • Lucie

    Pas mal.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est la vérité S'il vous plaît, les Norvégiens francophones, dites-nous. Est-ce que ça vous a fait rire ou pas, vous aussi

  • Lucie

    Merci beaucoup, Laure-Lou. Merci à vous. Merci de nous avoir écoutés. Et puis, on vous dit à très bientôt chez nous.

  • Lorelou Desjardins

    Sous les aurores.

  • Lucie

    Si cet épisode vous a plu, pensez à nous laisser une note et un avis sur votre application d'écoute préférée.

  • Lorelou Desjardins

    Ou un commentaire sur YouTube, ça nous aide énormément à faire grandir le podcast.

  • Lucie

    Merci et à très vite pour le prochain épisode.

Description

Dans cet épisode captivant de Sous les Aurores, Lucie et Alban reçoivent Lorelou Desjardins (aka "A frog in the fjord"), une marseillaise installée en Norvège depuis 15 ans. Au fil d’une conversation sincère et pleine d’humour, Lorelou nous raconte ses premiers chocs culturels – des datings avec des norvégiens aux invitations impossibles à gérer – sa découverte de la vie norvégienne, ainsi que son incroyable parcours de blogueuse virale devenue auteure à succès de Au Coin du Fjord. Un épisode riche en anecdotes sur l’intégration, les codes sociaux et l’apprentissage du norvégien, pour qui souhaite comprendre la vie d’expatrié-e et d'immigré-e dans un pays aux coutumes uniques.


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Transcription

  • Alban

    Psst Si vous avez écouté l'épisode 3 sur notre routine quotidienne assez mouvementée, nous sommes super heureux de partager avec vous que nous avons reçu une place en crèche pour Gabriela. Donc à partir d'août, les deux filles seront ensemble dans le même jardin d'enfants. Et ça, ça va sacrément nous faciliter la vie. Alors, à très bientôt chez nous, sous les aurores

  • Lucie

    Salut, c'est Lucie Salut, c'est Alban Trentenaire et parent de deux petites filles. Bienvenue dans Sous les aurores Le premier podcast réalisé par un couple de Français en Norvège.

  • Alban

    Sous les aurores c'est le podcast haut en couleurs qui vous emmène vivre toutes les nuances de l'expatriation et de l'immigration en Norvège et bien au-delà.

  • Lucie

    Que vous soyez déjà expatrié, immigré, que vous rêviez de le devenir ou que vous soyez simplement curieux de découvrir d'autres façons de vivre, ce podcast est fait pour vous.

  • Alban

    Alors, mettez-vous à l'aise, servez-vous une bonne tasse de thé ou un verre de vin et rejoignez-nous sous les aurores. Au menu, discussion sincère,

  • Lucie

    moments de rire et d'émotion et surtout,

  • Alban

    beaucoup de belles découvertes.

  • Lucie

    Alors, bienvenue chez nous sur un nouvel épisode de

  • Alban

    Sous les Aurores. Bonjour à tous et bienvenue dans un nouvel épisode de Sous les Aurores. Aujourd'hui, nous recevons une compatriote. Je suis un peu fier de la recevoir. Je ne savais même pas qu'on venait plus ou moins de la même région. Donc, bienvenue à toi.

  • Lucie

    Je vais commencer par te poser quelques petites questions juste pour en apprendre un peu plus sur toi. Est-ce que tu pourrais nous dire comment tu t'appelles Depuis combien de temps tu vis en Norvège Dans quel domaine travailles-tu Et si tu peux nous citer un petit culture-choc que tu as vécu à ton arrivée ou que tu continues de vivre au quotidien.

  • Lorelou Desjardins

    Je m'appelle Lorelou Desjardins. Je suis en Norvège depuis 15 ans. Ça va faire 15 ans là, dans un mois et demi à peu près. Je suis juriste à la base en droit international, mais j'ai évolué dans une carrière un peu en parallèle ici en Norvège où j'ai fait des choses un peu différentes. Là, je suis en train de monter ma boîte. Et quelque chose, un choc culturel, c'est ça Oui. Il y en a tellement. Je pense que les chocs culturels, en fait, ils sont différents au début et aujourd'hui. Donc, il y a des choses qui étaient un choc culturel pour moi au début. Par exemple, je me rappelle les... Les gens qui se mettaient à faire du sport à 9h du matin, qui sortaient avec leur ski, leur truc moulant fluo, je trouvais ça un peu étrange. Moi, je viens de Marseille, déjà le ski, bon... Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, c'est plus au niveau du conformisme. Il y a un trait au niveau de conformité en Norvège. Donc, c'est ce genre de choc culturel où je ne me suis toujours pas habituée. Ça, il y a aussi un côté où il n'y a pas beaucoup de spontanéité, des fois en Norvège. Donc, c'est ce genre de choses où, malgré ces 15 ans ici, ça continue de m'étonner. Des fois, j'oublie, j'invite des gens. Ah, mais passe dans deux heures. Et puis, ils me disent, mais dans deux heures, mais moi, c'est prévu depuis quatre mois. Est-ce que c'est réel

  • Alban

    D'ailleurs, et avant de passer à la suite, le contexte d'aujourd'hui est assez particulier parce que tu avais un rendez-vous avant et tu me dis, je sors, je suis en route pour venir vous rencontrer, mais je n'ai pas mangé. Et moi, tout de suite, je me dis, mais... la pichoune, je vais lui faire des pâtes ou quelque chose. Et quand tu es arrivé, tu m'as dit ça, c'est un truc qui ne pourrait jamais arriver en Norvège, de demander comme ça à last minute.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, alors tu peux, en fait, tu préviens les gens que peut-être tu vas leur prendre un bout de pain avec un petit bout de fromage. Comme ça, ils sont préparés psychologiquement. En général, ils en ont.

  • Alban

    Le plus tôt, c'est le mieux. Non,

  • Lorelou Desjardins

    non, voilà, ils en ont, c'est sûr. Ça ne leur demande pas d'efforts particuliers. Ils ont une grosse boîte en plastique dans leur frigo avec tous les trucs qu'ils vont mettre sur le pain. Sur le pain, ouais. Mais c'est vrai, quand tu m'as dit je vais te faire des pages, je dis ah c'est étonnant.

  • Alban

    C'est très toi.

  • Lucie

    Est-ce que tu peux nous raconter un peu ce qui t'a amené en Norvège

  • Lorelou Desjardins

    J'habitais au Danemark. J'étais juriste au Danemark en droit de l'homme, dans l'Institut danois pour les droits de l'homme. Et moi, j'étais spécialisée sur le droit. Alors, comment expliquer ça C'est en fait les droits de l'homme par rapport aux entreprises multinationales. Donc tout ce qui est droit du travail chez les enfants, dans les compagnies qui font des chaussures par exemple, pharmaceutiques, pétrole, gaz, compagnies minières, etc. Donc j'étais un genre de... Je conseillais toutes ces compagnies sur le droit international. J'écrivais beaucoup de rapports. Sauf que mon contrat a terminé, j'avais un petit ami danois. Moi, la Scandinavie, ça ne me disait pas plus que ça, pour être tout à fait honnête. Mais bon, je me disais, bon, quand même, je vais rester autour parce que j'avais envie de rester avec lui. Je ne trouvais pas de travail à Copenhague. Impossible de trouver un travail. Je ne parlais pas danois. J'ai commencé à étendre mes recherches à Lune. Donc, c'est de l'autre côté de la frontière, c'est en Suède. Malmö. Et puis un jour, une collègue norvégienne m'a dit, tu sais, il y a un poste en Norvège, à Oslo. Franchement, c'est vraiment ton profil, tu devrais postuler. Et puis j'ai postulé, je l'ai eu. Mais c'était un travail temporaire. Et moi, dans ma tête, je me disais, c'est juste une étape pour rentrer au Danemark. Je me disais, là, si je vais en Norvège, en plus, ils avaient accepté de me payer des cours de norvégien. Je me disais, si je parle une langue scandinave, je vais rentrer au Danemark au bout d'un an. Puis ça sera plus facile pour moi de trouver un travail à Copenhague.

  • Lucie

    D'accord. Donc, c'était juste une étape à la base.

  • Lorelou Desjardins

    C'était juste une étape. Je ne connaissais rien sur la Norvège. Ça ne m'intéressait pas.

  • Lucie

    Et le titanite danois devait rester au Danemark pendant le...

  • Lorelou Desjardins

    Alors non, il devait venir.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    d'accord. Oui, mais il m'a quitté avant de venir.

  • Alban

    Classe. Classe.

  • Lucie

    C'était trop.

  • Lorelou Desjardins

    Eh bien, c'est exactement ça. Mais non. Oui, la Norvège, en fait, il est venu quelques fois. J'avais pris un appart. pour qu'on vive là et tout. On vivait ensemble déjà à Copenhague. Et au bout de quelques mois, il m'a dit, écoute, moi, je ne vais pas y arriver. La différence culturelle est trop grande. Et à ce moment-là, je lui ai dit, non, mais attends, moi, je viens de Marseille. J'habite à Oslo. Toi, tu es Danois, en fait. Tu comprends ce qu'ils disent. Et toi, tu...

  • Lucie

    Oui, c'est clair, parce qu'en plus, tu es Norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Tu manges des patates. Tu m'aimes.

  • Lucie

    C'est vrai que les Norvégiens et Danois, ils peuvent se comprendre.

  • Lorelou Desjardins

    C'est la même langue écrite.

  • Lucie

    Ça fait une adaptation un peu plus facile.

  • Lorelou Desjardins

    Complètement, il aurait même pu trouver du travail.

  • Lucie

    Et tu étais venue au Danemark pour lui

  • Lorelou Desjardins

    Non, pas du tout, je ne connaissais pas. J'avais trouvé ce travail au Danemark. D'accord,

  • Lucie

    ok.

  • Lorelou Desjardins

    Mais disons qu'au bout de quelques mois, en gros, il me plante là.

  • Lucie

    Ok.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis là, je me dis, oui, mais du coup, qu'est-ce que je fais Parce que j'avais quand même un travail passionnant. Je travaillais pour une organisation environnementale sur les questions de déforestation, droit des peuples autochtones en Indonésie. Je travaillais sur le droit à la terre. J'allais en Indonésie, dans la jungle. C'était un travail extraordinaire. J'avais des super collègues, très, très bonne ambiance de travail.

  • Alban

    Donc ça, c'était déjà sur Oslo.

  • Lorelou Desjardins

    Ça, c'était déjà sur Oslo. Et puis là, je me dis, je vais rester là. C'est une super opportunité. Je commençais ma carrière parce que je n'avais pas travaillé énormément, finalement. Donc, je me suis dit, je vais rester et puis on verra bien. Et puis, au début, je me suis laissée deux ans. Et puis, je me suis dit, si je n'aime pas trop, je partirai ailleurs. Ce n'est pas grave. Et puis, voilà, nous sommes ici. Mais c'est vrai que très longtemps, je me suis dit non, mais c'est temporaire. Très longtemps. Ça a pris presque six ans. Je me disais non, mais c'est temporaire, je vais partir bientôt. Et puis au bout d'un moment, je me suis rendu compte que c'est quoi temporaire C'est quoi temporaire Est-ce que c'est 5 ans Est-ce que c'est 10 ans Parce que si on reste quelque part de façon temporaire pendant 20 ans, il faut peut-être arrêter de louer un entre-sol sans lumière. Oui. C'est ça ma situation, c'était ça. Oui,

  • Lucie

    parce que tant que tu te dis que tu restes... pas là à Duitaméternam, tu ne fais pas des grands projets immobiliers ou autres.

  • Lorelou Desjardins

    Exactement. Et puis même au niveau de mon travail, ça m'intéressait. Et puis c'est vrai qu'au bout d'un moment, je me disais, c'est quoi mes opportunités, mon développement de carrière, qu'est-ce que je fais Et puis je suis restée pour plein de raisons différentes.

  • Lucie

    Justement, au-delà du travail, est-ce que la ville d'Oslo te plaisait La vie norvégienne te plaisait

  • Lorelou Desjardins

    Alors, la ville d'Oslo était très différente il y a 15 ans. Donc c'était très très différent. Il y avait par exemple maintenant, si tu sors un mercredi ou un jeudi soir, il y a plein de cafés, il y a des gens en terrasse, ça, ça n'existait pas. Je me rappelle, mon premier appartement, c'était en colocation à Oulafluyeusplas, qui est à Grunerloca, qui est vraiment l'endroit qui bouge. Et j'étais arrivée là, il n'y avait personne dans les rues. Et la fille qui m'avait loué l'appartement, elle m'avait dit, tu sais, ça bouge vraiment ici. Et j'étais là, ah oui, ça a l'air, oui, ça a l'air super comme quartier. En fait, effectivement, pour le standard de l'époque, en tout cas, ça bougeait vachement, mais ça bougeait à partir du vendredi à 15h jusqu'au samedi 2h du matin. Et puis, le reste du temps, il n'y avait pas grand chose. Alors que si tu vas sur cette place aujourd'hui, il y a plein de cafés, plein de restos, des petites boutiques de vêtements, des fripes, des cafés avec des concepts différents. énormément de choses.

  • Lucie

    Même tout, on l'a vu en 6 ans, je trouve.

  • Alban

    D'ailleurs, Gruner-le-Cas, c'est vraiment un bon quartier pour arriver, en général, vingtaine, début trentaine, c'est sympa. C'est très actif.

  • Lorelou Desjardins

    Mais c'est vrai qu'effectivement, Oslo, c'était quand même sympa, parce que moi, j'avais vécu à Paris, où quand même, il n'y a pas beaucoup de nature, on travaille beaucoup. Alors là, j'avais du temps. C'est-à-dire que je travaillais à temps plein, mais j'avais quand même beaucoup de temps.

  • Lucie

    Est-ce que ça restait sur des horaires norvégiens Ça restait sur des horaires norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, je sortais à 16h et puis après, j'allais faire du yoga. J'allais, je ne sais pas, j'allais boire des coups avec des copines. Alors, j'ai écrit un livre.

  • Alban

    Quand même, si tu t'y prenais six mois à l'avance, j'espère, pour planifier le verre.

  • Lorelou Desjardins

    Au moins deux. C'est vrai que j'ai écrit un livre, par exemple, tout en travaillant à temps plein.

  • Lucie

    Oui, ce qui aurait été peut-être... plus difficile dans une autre capitale.

  • Lorelou Desjardins

    Ce qui aurait été peut-être plus difficile, c'est-à-dire que je partais du travail à 16h, je rentrais, je mangeais un peu tôt, et puis j'enchaînais, j'écrivais entre 4 et 6h par soir, et je recommençais le lendemain, après le travail. Bon, maintenant, avec des enfants, ça ne serait pas possible, mais disons que cette vie permet quand même d'avoir une vie à côté, en fait, tout simplement. Et puis, les opportunités de travail étaient aussi au rendez-vous. Je me rendais compte que j'avais des opportunités ici. Et puis aussi, plus on reste loin de la France, finalement, plus on est déconnecté. Ce que je faisais ici, personne ne comprenait vraiment ce que c'était. Ça devient un peu compliqué. Nos références de travail, en fait, elles n'ont pas trop de valeur en France.

  • Lucie

    Du coup, ça s'aligne au niveau du travail. Personnellement, tu y trouves ton compte parce que tu as une deuxième petite journée après le travail et tu peux faire des choses qui te plaisent. mais est-ce que du coup au contraire il y a eu des choses qui ont été un peu plus difficiles à adopter en étant là

  • Lorelou Desjardins

    Alors les premières années franchement ça allait les dix premières années Quand j'étais pas encore sûr de rester pendant ces dix premières années Non avant d'avoir des enfants c'est-à-dire qu'à partir du moment où j'ai eu un enfant et en plus il est né juste avant le Covid alors là ça a été brutal Parce qu'en fait, ça, c'est un secret pour personne. C'est-à-dire qu'à partir du moment où on a une famille et qu'on est loin de notre famille, les Norvégiens, quand même, ils ont leur famille sur place et puis qui les aident beaucoup. Qui les aident à acheter un appartement, qui les aident à déménager, qui les aident à faire des travaux, qui les aident à garder les enfants, etc. On se retrouve quand même en décalage avec les autres parents parce que nous, on a... pas grand monde. Alors moi, j'utilise des babysitters qui est choquant pour beaucoup de Norvégiens.

  • Alban

    C'est vrai, au final, c'est quelque chose qui n'est pas hyper répandu, tu trouves Non.

  • Lorelou Desjardins

    Eux, ils font vraiment confiance aux gens de la famille. Alors après, la deuxième chose, c'est que la manière d'élever les enfants est un peu différente dans le sens où, en France, bon, après, je ne vis plus en France depuis un certain temps, mais en tout cas, moi, quand je grandissais, dans les années 80-90, bon, c'était un peu le bordel, c'est-à-dire que On avait des enfants, mais bon, on faisait quand même des fêtes à la maison. Et puis, on a invité des gens à dîner. Puis, les enfants s'endormaient. Puis, on les mettait au lit. Et puis, bon, c'est un peu... Alors qu'ici, pas du tout. Non, les enfants, ils vont se coucher à 19h. Donc, on ne peut pas rester. Ah, mais nous, on mange à 17h. Donc là, du coup, il est 16h30. Donc, il faut qu'on rentre pour manger. Et si on commence à leur dire, oui, mais on vous invite à manger. Ah non, non, non, parce que ça, ce n'est pas prévu. Parce qu'en fait, après, il y a quelqu'un qui va passer chez moi. Parce que j'ai vendu un truc sur Fyne. Alors là, tout est compliqué.

  • Alban

    Et en plus, j'ai mon enfant à coucher. Mais avant ça, il faut qu'il remange un bout de pain. Là, vraiment, c'est pas possible.

  • Lorelou Desjardins

    Là, franchement, tout est bloqué. Voilà, non, c'est pas possible. Ah d'accord, bon, c'est pas grave. Donc, c'est vrai qu'à partir du moment où on a des enfants...

  • Lucie

    Mais même avant, je trouvais que... C'est vrai que tu parlais d'inviter des Norvégiens à dîner. On trouvait... On se demandait, est-ce que c'est pas très français d'inviter des gens à dîner et tout Est-ce que... Nous, on invitait des Norvégiens à dîner. Alors, s'ils n'avaient pas d'enfants, parfois, ils acceptaient.

  • Alban

    Je te remercie, ma collègue. Toi, tu as fait l'effort, tu nous as réinvités chez toi et j'apprécie grandement. Par contre, toi, l'autre collègue, tu ne nous as jamais invités.

  • Lucie

    Non, mais il y a beaucoup de gens qui ne nous invitaient pas chez eux.

  • Alban

    Est-ce que toi, avec ton expérience, on nous avait dit, en fait, quand tu reçois les gens chez toi, surtout nous, on va faire un petit apéritif, un petit dîner, peut-être si on est foufou, petit dessert. Et ça, paraît-il que ça leur mettrait une pression de fou. Et que du coup, ils n'oseraient pas te recevoir en retour. Ça les stresserait trop.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, il y a plusieurs choses qui leur mettent la pression. Le niveau de la nourriture, ta décoration d'intérieur.

  • Alban

    Malheureusement, je pense qu'on les implacera peut-être pas trop.

  • Lucie

    Non, mais il faut expliquer qu'on rigolait sur ça juste avant d'enregistrer. Parce que nous, on est dans une maison qui n'a pas encore été rénovée. Et du coup, c'est vrai que ça peut choquer certains Norvégiens.

  • Lorelou Desjardins

    Vous avez des murs propres, c'est juste que c'est des tapisseries un peu anciennes, mais c'est vrai que pour eux, vous êtes dans une maison à rénover. Urgence

  • Alban

    Vous êtes un peu maltraitante d'ailleurs d'avoir emménagé direct comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, moi, les dix premières années, j'ai été dans des relations... Ou célibataire, mais c'est vrai que je suis hyper sociable. Donc, par exemple, je ne me faisais pas trop inviter, mais moi, je faisais plein de fêtes. Alors, je faisais des fêtes, j'invitais plein de gens, j'invitais tous les gens que je connaissais. Et puis, du coup, quand même, les gens me réinvitaient. Et puis après, on allait dans un bar. Donc, j'ai beaucoup fait partie de groupes comme ça. Et puis, je voulais absolument apprendre le norvégien. J'ai trouvé des gens avec qui partager. Donc, moi, un soir, ils m'invitaient à dîner. On ne parlait que français. Et puis l'autre soir, je l'invitais à dîner, on ne parlait que norvégien. Et donc, j'ai fait comme ça des sprog café, ça s'appelle.

  • Lucie

    Ouais, des café pour la langue.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, je me suis mise dans une chorale. J'ai fait des voyages dans toute la Norvège, toute seule, à vélo. Génial. Donc, en fait, je me suis retrouvée aussi, par exemple, à dire à mes collègues, ouais, tu ne connais pas quelqu'un dans telle région, je vais partir en vélo là-bas toute seule. Alors, du coup, ils me regardaient genre, ok.

  • Alban

    T'étais pas censée rénover ta maison toi là-bas

  • Lorelou Desjardins

    Avant de partir Non mais c'est surtout, ils comprenaient pas quelqu'un qui vient du sud de la France c'était très bizarre que je décide d'aller dans le trône de lac j'avais fait un tour du trône de lac à vélo toute seule, ils étaient là mais pourquoi tu fais ça en fait Tu pourrais juste rentrer dans ta famille aller en Espagne et donc j'avais fait aussi la Norvège du Nord alors les Lofoten à vélo avant que ça soit si touristique J'ai fait aussi le nord de la Norvège, vers Tromsø. Je suis allée dans des festivals de musique, Samy. En fait, j'ai fait plein de choses. Et du coup, c'est vrai que j'ai rencontré beaucoup de gens. Après, j'ai écrit un blog. Donc, en fait, comme j'essayais de ramasser un peu des informations sur la Norvège, je voyageais beaucoup. Donc, les gens, ça attirait quand même les Norvégiens parce que souvent, on me disait, ah ouais, tu vas aller là, au fin fond de Tromsø. Mais moi, j'y suis jamais allée. C'est intéressant. Et du coup, des fois, c'était... Tu dis que les gens ne t'invitent pas, mais en fait, du coup, là, ils me disaient Ah, mais attends, moi, j'ai une tante qui vit là-bas. Si tu veux, je te donne son numéro. Et bizarrement...

  • Lucie

    Et là,

  • Lorelou Desjardins

    tu étais bienvenue. Et là, j'étais la bienvenue. Trop bien. On me disait Ah, mais c'est génial. C'est quoi ton projet Et j'ai eu ce retour aussi de Français qui faisaient des projets un peu fous. Parce qu'en fait, quand c'est totalement hors cadre... Alors là, les Norvégiens, du coup, ils disent Ah ouais, là, c'est hors cadre. Là, du coup, ils t'aident. Et pareil, si j'avais besoin d'aide ou de recettes, par exemple, les gens m'aidaient toujours.

  • Lucie

    Oui, il y a des choses qu'ils aiment bien partager. Mais d'ailleurs, je disais, ils ne nous invitent pas, ce qui n'est pas tout à fait vrai, parce que quand il s'agit de partir dans leur chalet...

  • Alban

    Oui, oui,

  • Lucie

    oui. Ou en chalet, du moins, ensemble. Là, pour le coup, ils étaient beaucoup plus...

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, vous avez de la chance, parce qu'il y a plein de gens qui ne se font jamais invités.

  • Alban

    Je pense qu'il y a des...

  • Lucie

    On a marqué des points, sans le savoir.

  • Alban

    Oui, on n'est pas si mauvais. Non, mais je pense qu'il y a des gens, c'est aussi peut-être générationnel, ou juste des profils, des caractères. La collègue à laquelle je pense, elle était peut-être un peu plus âgée. Je pense que ceux qui ont aussi eu une expérience à l'international, peut-être au moins un Erasmus, un échange, ils sont peut-être un peu plus réceptifs à ça. Et aussi, ils se disent peut-être, ils ont fait ça, je leur rends. Comme ça, on les quitte, tu vois. Je ne sais pas s'il y a cet entrain vraiment...

  • Lorelou Desjardins

    Et puis, il trouve ça sympa quand même que tu apprennes le norvégien, que tu sois là. Alors après, il faut bien dire ce qui est, c'est que nous, on est français, on a une image positive en Norvège. Ce n'est pas comme ça pour tout le monde. Il faut quand même accepter la réalité. Donc, il y a quand même une espèce de... Il y a quand même une espèce de bonne image dont on profite sans vraiment avoir travaillé pour ça. Oui,

  • Lucie

    c'est clair.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par contre, moi, c'est vrai, quand je dis que je viens de Marseille, à Marseille, alors là, ils savent plus où c'est. Ils savent, ils se trouvent au Nice, Paris. Après, non.

  • Alban

    Mais c'est...

  • Lucie

    C'est pas la Provence,

  • Alban

    c'est Aix-en-Provence. Est-ce que c'est Nice ou...

  • Lucie

    Aix-en-Provence, il le cite.

  • Alban

    Oui, un peu, oui, oui. Mais je dis toujours, comme eux, je sais que c'est, voilà, c'est French Riviera. Je dis, je suis juste avant Provence.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, Marseille, c'est pas trop la Riviera.

  • Alban

    Voilà, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    C'est juste à côté.

  • Lucie

    C'est Marseille bébé, quoi. C'est moins...

  • Alban

    Mais du coup, grande question, il n'y a toujours pas de vol direct pour Marseille, mais on va dire qu'il y en avait eu fut un temps.

  • Lorelou Desjardins

    Alors, je n'ai pas vécu cette période.

  • Alban

    Oh là là, là je dors.

  • Lorelou Desjardins

    Si entendu parler, apparemment, il y en a eu un avec Ryanair.

  • Alban

    Voilà, ce spectacle.

  • Lorelou Desjardins

    Il y a eu un conflit.

  • Alban

    Ah ben Marseille, voilà.

  • Lorelou Desjardins

    Non, non, il y a eu un conflit. Alors, je ne sais pas pourquoi ils ont arrêté le vol avec Marseille. Mais en tout cas, Ryanair a cessé d'opérer en Norvège à cause d'un conflit de droits du travail. C'est-à-dire qu'eux, ils voulaient avoir d'autres règles qui s'appliquaient à leurs employés. Et ça n'a pas été accepté.

  • Alban

    plus de 24 heures par jour.

  • Lorelou Desjardins

    Et en fait, ils ont carrément... Alors, il y a un aéroport qui s'appelle Rue Guesche, je ne sais pas si vous en avez entendu parler, qui a pratiquement fermé. Qui a du coup pratiquement fermé, parce que c'était que Ryanair qui opérait des vols de là.

  • Lucie

    Donc ils ont arrêté complètement, mais maintenant, là, ils reprennent.

  • Lorelou Desjardins

    Ryanair est sorti de Norvège. C'était le seul qui faisait ses vols. Mais j'ai encore un espoir.

  • Alban

    soit que Norwegian en fasse un moi je mise tout sur le nouveau terminal de Marseille je me dis là,

  • Lorelou Desjardins

    ça ils ont plus de place nous on est prêts à la Norvège d'y aller je pense pas que ça va avoir avec Marseille je pense que ça va avoir avec le public norvégien je pense qu'ils connaissent pas très bien cette partie là de la France mais Marseille est en train de devenir une capitale européenne avec Du tourisme, moi quand j'étais petite, il n'y avait pas de tourisme à Marseille.

  • Lucie

    Mais du coup, tu parlais, tu as été plutôt bien accueillie, j'ai l'impression. Comment ça s'est passé,

  • Lorelou Desjardins

    ton intégration J'ai été très bien accueillie. J'ai été très, très bien accueillie.

  • Lucie

    Ça a été facile pour toi de créer du lien avec les Norvégiens

  • Lorelou Desjardins

    Moi, je pense que ça a été facile. Après, j'ai fait beaucoup d'efforts. J'ai vraiment essayé de comprendre la société norvégienne. J'ai vraiment essayé de parler norvégien. Au début, je n'avais pas de contact avec la communauté française. J'étais vraiment à fond pour m'intégrer, me faire des amis, des activités, voyager. Je voulais découvrir toute la Norvège. Donc, je pense que j'ai quand même mis beaucoup d'énergie là-dedans. Donc, effectivement, les gens te rendent aussi.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Lorelou Desjardins

    C'est clair que le jour où tu parles norvégien, tout change. Parce qu'en fait, je me rappelle, je parlais très mal norvégien. Et j'avais une copine, ma première copine norvégienne, qui avait vécu longtemps au Brésil. Elle avait appris le portugais. Elle m'avait dit, au tout début de notre relation, elle m'avait dit, tu sais quoi, on ne va pas parler en anglais. Je sais que tu ne parles pas bien de norvégien, mais ce n'est pas grave. Mais on ne va pas parler en anglais. On ne va parler qu'en norvégien. Et du coup, ça m'a permis d'avoir une amie avec qui j'ai construit une amitié en norvégien. Parce que ça, c'est important. C'est très difficile de passer d'une langue à l'autre dans une relation, qu'elle soit amoureuse ou amicale. Et en fait, au bout d'un moment, quand j'arrivais à faire des phrases en sujet verbe complément, là, elle a commencé à m'inviter à des fêtes.

  • Alban

    Elle s'est dit, ça y est, la petite française, elle est prête.

  • Lorelou Desjardins

    Ça m'avait étonnée. Je lui avais dit, mais je ne savais pas que tu allais à toutes ces fêtes. Genre, mais en fait, moi, je suis toute seule. Je m'ennuie chez moi. C'est l'hiver. Et puis, en fait, il y avait toute cette vie sociale dont je ne connaissais pas l'existence. Et là, elle m'a dit, oui, mais maintenant, on peut t'inviter parce qu'on n'est pas... tous obligés de parler anglais pour toi.

  • Alban

    Ah, oui, oui.

  • Lorelou Desjardins

    Donc même si je parlais pas très bien, c'était mieux que rien en fait. Bien sûr. Et du coup, de là, alors les Norvégiens adorent quand on apprend leur langue, je sais pas si c'est toujours le cas, mais j'imagine. Donc c'est vrai que moi je leur posais des questions toute la journée, mes collègues, je leur disais, mais du coup, c'est quoi la différence entre Kouchli et Hugli Alors là, oh là là, ils sont lancés, ils peuvent te parler pendant 45 minutes. J'adore. Ou bien, alors les questions sur les dialectes, moi j'adore les langues. Mais alors du coup, toi tu dis iaï elle, elle dit èg l'autre, il dit èg Alors du coup, c'est quoi Alors, ils sont fascinés. Les questions, tu veux lancer un sujet là dans un dîner avec des Norvégiens.

  • Alban

    Oui, sur les langues, ça marche bien, oui.

  • Lucie

    Tu parles bien norvégien maintenant. Est-ce que tu arrives à parler avec tous les Norvégiens Parce qu'il y en a quand même pas mal qui ont des dialectes. Est-ce que tu les comprends tous Je les comprends tous,

  • Lorelou Desjardins

    oui.

  • Alban

    C'est un peu noir, tu vois.

  • Lorelou Desjardins

    Et même d'ailleurs, le test que j'ai passé en norvégien, qui est un test de C1, à l'oral et à l'écrit, à l'oral, il y a des tests sur les dialectes.

  • Lucie

    D'accord. Ah ouais, gros niveau là. Moi, je ne parle pas très bien norvégien, voire pas du tout. Et c'est vrai que j'ai toujours ce petit... Bon, maintenant, j'aurais pu l'excuser, où je me dis, de toute façon, je vais... comprendre, je vais apprendre le boc mal, mais il y en aura plein avec qui je ne pourrai pas parler parce qu'ils parleront dans leur dialecte.

  • Lorelou Desjardins

    Ah, c'est beau comme excuse.

  • Alban

    Quinze ans plus tard.

  • Lucie

    Donc voilà, je m'étais mis ça dans mes excuses. J'ai d'autres excuses.

  • Lorelou Desjardins

    Un petit peu d'excuses.

  • Lucie

    Voilà, ça en fait partie. Je me dis,

  • Lorelou Desjardins

    de toute façon... Déjà, premièrement... le Bukmål et le Nunorsk qui sont les deux langues officielles de la Norvège sont des langues écrites donc les dialectes c'est la couche du dessus c'est à dire que personne parle de le Nunorsk en fait le Nunorsk c'est une langue écrite, le Bukmål c'est une langue écrite Bukmål ça veut dire la langue des livres c'est hérité du danois parce que la Norvège était sous occupation danoise pendant presque 500 ans entre le Danemark et la Suède Donc, en fait, c'est un genre de Danois norvégianisé, même si les Norvégiens n'aiment pas trop qu'on dise ça, mais bon, c'est la réalité. Et en fait, quand ils ont essayé de reconstruire leur nation, en fait, et qu'est-ce que ça veut dire d'être Norvégien, l'identité nationale, il y a eu une équipe de Norvégiens qui sont partis dans toutes les contrées norvégiennes pour savoir quelle était la vraie langue de la Norvège. Et là, ils ont créé la langue écrite du Nunos, qui veut dire nouveau Norvégien. Avec justement tous ces dialectes, mais que tu pourrais dire que c'était en fait des langues. Et donc, ils en ont fait une langue officielle. Ils ont fait un espèce de mélange, une langue officielle. Mais après, ça, c'est différent dans le sens où si tu vas dans des contrées, des vallées, des montagnes, des villages, des îles, etc. Ils ont leur dialecte propre. Mais ça ne veut pas dire que c'est la manière correcte d'écrire. D'accord.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que je les comprendrais du coup s'ils me parlent Probablement pas.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça, c'est comme ça. C'est-à-dire que ça prend du temps. des fois je rencontre des gens...

  • Lucie

    Du coup, mon excuse, elle est un tout petit peu valable quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il faut quand même apprendre le norvégien. Il faut apprendre à écrire et à le lire et à le parler. Tous ces gens regardent la télé et donc ils comprennent le bookmall. En fait, ce que tu entends le plus à Oslo, c'est le dialecte d'Oslo, qui est... C'est un dialecte aussi en réalité. Tu as des sociolectes. Moi, j'en suis au point. Quand quelqu'un parle, je sais de quel quartier, c'est-à-dire s'ils viennent des quartiers bourgeois d'Oslo ou des quartiers prolétaires d'Oslo.

  • Alban

    Apparemment, oui. Ceinture noire d'accent aussi dans Oslo. Et c'est super intéressant, mais parfois, les gens m'en ont parlé de ça. Alors, rapidement, j'aime bien aussi les langues. Je ne parle pas super bien norvégien, mais ça m'intéresse. Et rapidement, j'avais vu la différence entre l'accent d'Oslo et une collègue de Bergen, par exemple.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est très fort comme différence.

  • Alban

    C'est faux. Je rigole parce qu'elle ne sait peut-être pas qu'elle aurait remarqué.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça, c'est très intéressant. Donc moi, j'ai un enfant qui va avoir 5 ans. Puis j'ai deux beaux enfants qui ont 12 et 15. Et mon mari est philologue. Donc ça veut dire...

  • Alban

    Il s'intéresse au fil.

  • Lorelou Desjardins

    Non, c'est la science des langages.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Et donc, il est très, très bon en langue. Il parle 7 langues. Il parle parfaitement norvégien, mieux que moi. D'où le ceinture noire, là. Mieux que moi. Non, il parle mieux que moi parce qu'en fait, moi, les gens savent que je ne suis pas norvégienne. Quand je vous la bouge, j'ai un accent.

  • Alban

    D'accord.

  • Lorelou Desjardins

    Je parle correctement, mais j'ai un accent. Lui, il n'a pas d'accent. Punaise. Très énervant. Mais du coup, ce qui est intéressant, c'est que nous, on corrige les enfants en norvégien. Mais non. A ti, Sissi. J'adore. A Sissi, on les corrige.

  • Lucie

    Moi, c'est ma fille qui me corrige. Génial. Ma fille de trois ans.

  • Alban

    On pose souvent la question aux invités. Est-ce que pour toi, 15 ans plus tard, on va dire peut-être, c'est toujours aussi quand même important de parler norvégien, que ce soit pour travailler ou nouer des liens sociaux, par exemple

  • Lorelou Desjardins

    Ah mais c'est important plus que jamais. Quand on commence à parler norvégien, c'est un monde... Moi, je compare ça, c'est comme si quand tu ne parles pas norvégien, tu es dans un train, tu vis dans un train, et quand tu parles norvégien, on ouvre la porte du train et tu découvres le monde. C'est-à-dire que tu peux lire les journaux, tu peux écrire dans les journaux. Moi, j'écris dans les journaux norvégiens. Tu peux regarder la télévision, tu peux participer aux débats publics, tu peux assister à des réunions de l'école de tes enfants. Tu peux assister aux réunions du syndic. Tu peux proposer des changements dans ton syndic. Tu peux devenir... Moi, j'ai été... Comment ça s'appelle Board member. Tu peux participer au syndicat. Tu peux être bénévole. Tu peux devenir bénévole de la Croix-Rouge et faire je ne sais quoi pour les enfants malades. J'en sais rien. Mais en tout cas, tu fais partie de la société. Et je pense que c'est... Si je peux envoyer un appel à tous les gens qui nous écoutent. Je pense que c'est une erreur. Alors, à part si vous venez pour six mois, à ce moment-là, effectivement, bon, je ne vais pas juger. Moi, je pense que même pour six mois, ça vaut la peine d'apprendre une langue, mais les bases. Je pense que c'est se tromper, en tout cas, que de croire que parce qu'il parle anglais,

  • Lucie

    c'est suffisant.

  • Lorelou Desjardins

    Que c'est suffisant parce qu'en fait, la réalité, oui, il parle anglais, c'est vrai. La réalité, c'est que si tu es dans un travail et que tu as... une pause déjeuner, ils préfèrent parler norvégien parce que c'est leur langue. Ils préfèrent parler norvégien. Et puis, s'ils t'invitent... Moi, j'ai été invitée à des repas de Noël chez des Norvégiens. Je pense que si je ne parlais pas norvégien, ils ont toutes les grands-mères. C'est trop compliqué.

  • Alban

    Oui, c'est sûr. Il faut faire changer tout le monde.

  • Lorelou Desjardins

    Il faut faire changer tout le monde. Au début, c'est mignon, mais après, le souci, c'est que quand on reste là un peu plus longtemps et qu'on ne parle pas norvégien... ça devient un petit peu problématique pour trouver un travail.

  • Alban

    Pour évoluer, comme tu disais tout à l'heure.

  • Lorelou Desjardins

    Pour évoluer.

  • Alban

    Tu l'as senti peut-être aussi.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, moi je l'ai senti aussi. Donc c'est vrai que... Et puis, par exemple, les Norvégiens adorent lire le journal. Je ne sais pas si vous avez remarqué.

  • Alban

    Dégue. Pas que Végué, il y a un nombre de journaux complètement incroyables. Il y a quand même un journal ici qui s'appelle La lutte des classes, Classe Kampen. Il faut le faire quand même. Donc, il y a des journaux locaux, des journaux politiques, des journaux financiers. Les Norvégiens adorent lire le journal. Et lire le journal, c'est aussi une manière de s'informer. Quand les gens disent que c'est dur de se faire des amis, déjà, il faut apprendre ce qui se passe dans sa communauté.

  • Lucie

    Bien sûr.

  • Alban

    Moi par exemple cette année j'ai participé à quelque chose qui s'appelle TV Action avec mon fils où en fait c'est un genre de téléthon tous les ans mais pour une organisation différente Oui mais il faut parler norvégien pour faire ça On fait du porte-à-porte, ils nous donnent plein de papiers qu'il faut lire après on récolte de l'argent, il faut un peu comprendre le système et puis ça par exemple c'est le genre de choses, là tu gagnes des points dans ton quartier Tu arrives avec ton petit enfant. En plus, cette année, c'était pour donner pour une association pour les enfants malades du cancer. Tu arrives avec ton petit enfant, on récolte de l'argent pour les enfants malades du cancer. Là, ton voisin te regarde. Bon, on va te donner de l'argent. Allez,

  • Lucie

    c'est parti, on sort le vif. On ne peut pas combattre.

  • Alban

    Et en fait, c'est aussi tout le bénévolat. En fait, il y a énormément de valeurs sociales au bénévolat. Ça, il faut le comprendre. Si vous vous sentez seul. si vous n'avez pas d'amis, etc. Tout ce qui est bénévolat, donner de son temps pour la communauté. Et ça, ça vient de la culture chrétienne, toute la religion, etc. Mais bon, pareil, sans parler norvégien, c'est compliqué. Les Norvégiens se plaignent souvent, et il y a aussi des études qui montrent ça, que les immigrés ne participent pas dans toute la vie associative et communautaire. dans leur quartier, dans leurs écoles. Par exemple, vous qui avez des enfants, il faut savoir que quand vous êtes invité à une dugnade, il faut y aller.

  • Lucie

    Alors là. Déjà, je savais, Laure et Lou, que tu allais me mettre dedans parce que je te dis que Lucie va ensuite me rappeler tous les sujets qu'on ne fait pas et qu'on devrait faire.

  • Lorelou Desjardins

    On a eu les dugnades et on a dit il y a cours de piscine,

  • Lucie

    on ne peut pas venir. Et j'ai quand même dit, mais est-ce qu'on peut participer Moi, je me suis dit, je vais leur faire des crêpes, je vais leur faire un truc, tu vois. Ils m'ont dit non, il y aura un prochain, t'inquiète. Mais là, j'ai commis une erreur de fou.

  • Alban

    Alors, j'avais été invitée à une dugnade une fois dans mon syndic. Attendez,

  • Lorelou Desjardins

    pause. Il faut qu'on explique dugnade. Oui,

  • Lucie

    c'est vrai.

  • Lorelou Desjardins

    Pour ceux qui ne sont pas encore en Norvège ou qui n'habitent pas en Norvège, comment tu définirais le dugnade

  • Alban

    Alors, moi, je dis la dugnade, mais de toute évidence, il n'y a pas de la ou de le.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, c'est vrai.

  • Alban

    Alors, la dugnade, c'est... Comment décrire ça En fait, c'est donner de son temps pour la communauté. Mais ça peut être n'importe quelle communauté. Ça peut être une communauté dont on est membre. Alors, dont on est membre, qu'on le veuille ou non. On ne sait pas.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, par exemple, on a une maison ou un appartement.

  • Alban

    Exactement. Il peut y avoir... T'es membre d'un syndic.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà. Donc, tu fais la dugnade de ton immeuble, de ton quartier.

  • Alban

    Tu fais la dugnade de ton immeuble. Et en fait, souvent, on t'appelle. C'est-à-dire que tu reçois un papier dans ta boîte aux lettres qui dit La dugnade sera le mardi 13 novembre de 14h à 16h. Venez avec des sacs plastiques et je ne sais pas quoi. Et voilà, râteau et pelle. On va repeindre toutes les barrières. On va ramasser toutes les feuilles mortes. On va nettoyer le quartier. On va faire ci, on va faire ça. Après, il y a les dugnades pour les enfants. Alors, il y a des grosses blagues en Norvège, parce qu'en fait, les Norvégiens n'aiment pas non plus aller à la dugnade, mais c'est une obligation sociale. Donc, ça les gonfle. Et donc, les blagues, c'est du style, surtout ne laisse pas ton enfant commencer la fanfare, parce que là, tu vas devoir te mettre à mi-temps tellement il y a de dugnade.

  • Lucie

    Oui, c'est ça. Mais en fait, avec les enfants, t'es dedans. Pourquoi la fanfare Parce que tous les enfants défilent le 17 mai devant le Palais du Roi et Karl Johan, qui est les Champs-Élysées.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils font la fanfare Je ne sais pas.

  • Alban

    Alors la fanfare, ça peut être plein de choses différentes. Ils font des dugnades pour avoir plus d'argent, pour acheter des instruments de musique. Ils font des dugnades pour partir en voyage. Après, tu as des dugnades. En fait, tu as des dugnades à partir du moment où tu as des enfants déjà assez foutus.

  • Lorelou Desjardins

    Pourquoi ce n'est pas les enfants qui font le dugnade d'ailleurs

  • Alban

    Pourquoi c'est les parents Parce que les parents, tu dois faire des gâteaux, tu dois vendre les gâteaux, tu dois être derrière le stand pour vendre les gâteaux. Tu ne peux pas demander à un enfant de 5 ans quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Non, t'inquiète pas, je ne vais pas travailler pour l'enfant.

  • Alban

    Non, mais si tu veux, c'est... Non, c'est les parents qui doivent prendre la responsabilité. Et puis après, il peut y avoir d'autres dugnades. Mais alors, il y a différents niveaux de dugnades. Oh punaise. Alors, le niveau bas...

  • Lorelou Desjardins

    Nous, on est ceinture blanche en dugnade.

  • Alban

    Le niveau nul, les nuls, les pires, c'est nous, les immigrés. On se dit, oh, j'ai pas envie, il fait froid dehors. On n'y va pas. Ou j'ai piscine, ou...

  • Lorelou Desjardins

    Attends, moi, j'ai une réclamation. C'est que les dugnades, à chaque fois, on nous envoie deux semaines. Alors qu'ils sont hyper... Dans l'anticipation, on nous le dit deux semaines à l'avance à chaque soir.

  • Alban

    Ah ça c'est pas bien, il faut se plaindre. Ok,

  • Lucie

    on peut se plaindre. On ne peut pas, c'est en Norvégien, on ne peut pas se plaindre. Voilà. Apprenez le Norvégien et vous pourrez vous plaindre.

  • Lorelou Desjardins

    Non,

  • Alban

    tu y vas. Là, tu veux gagner des points. Tu vas voir les gens qui organisent le Dugnad. Tu dis, moi, j'avais vraiment envie de venir au Dugnad. C'est très important pour moi de faire partie de cette communauté. J'avais vraiment envie de rencontrer mes voisins. J'avais envie de faire des gaufres en plus. Et vous m'avez dit ça deux semaines avant. Je n'ai pas eu le temps de me préparer.

  • Lucie

    J'ai hésité à annuler mes vacances.

  • Alban

    J'ai hésité à annuler mes vacances à Svalbard.

  • Lucie

    Marrant de lui,

  • Alban

    je vois. Mais bon, ma mère était malade. Donc, du coup, je me suis dit quand même, je vais m'occuper d'elle. Non, je rigole. Et là, la prochaine fois, je peux te parayer. Ils vont te l'envoyer en avance.

  • Lucie

    Punaise.

  • Lorelou Desjardins

    Non, mais c'est bravo qu'on le fasse.

  • Alban

    Mais donc, les ceintures. Alors, ceinture blanche, les nuls, c'est les gens qui ne vont pas. Ça, ce n'est pas bien. deuxième niveau, tu n'y vas pas, mais tu as une très bonne excuse. Tu leur dis, je ne peux pas venir, je suis désolée, mais je ferai deux heures de travail communautaire la semaine prochaine, seule. Envoyez-moi les choses à faire. Ça, c'est le deuxième niveau. S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire...

  • Lorelou Desjardins

    C'est que le niveau 2, en plus.

  • Alban

    S'il y a des choses que vous n'arrivez pas à faire, vous me le dites, je le ferai. Alors, troisième niveau, tu vas à la dugnade, tu participes. Ça, c'est en fait le niveau basique. C'est ce que tout le monde est supposé faire. Donc, tu vas à la dugnade, tu fais tout ce que tu as à faire. Tu montres bien à tes voisins que tu es là. C'est important. Quatrième niveau, tu amènes tes enfants à la dugnade. Tu leur apprends dès le plus jeune âge à travailler pour la communauté gratuitement. Cinquième niveau, tu es la personne qui organise le dugnade.

  • Lucie

    T'en es où, toi, sur l'échelle des niveaux

  • Alban

    Moi, je suis à 4.

  • Lucie

    T'es balèze.

  • Alban

    Non, je suis à 5, en fait, parce que moi, je suis dans le syndic. Je suis membre du syndic. Mais je ne suis pas encore à 5. Je suis à 4,5 parce que j'y suis allée avec mon fils pour bien lui apprendre. Je lui ai donné les sacs plastiques, les râteaux et tout. Travailler, travailler. Alors, je suis membre du syndic dans le STUELA, qui est le conseil d'administration. Mais par exemple, vraiment, le dernier niveau, c'est t'organises l'éducnat, t'organises une fête. C'est toi qui organises, c'est toi qui envoies les messages, c'est toi qui imprimes les papiers.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ça a un travail à plein de temps, là.

  • Lucie

    En fait, il te faut, jusqu'à l'âge de la retraite, à 67 ans, c'est bon, tu es prêt à tout organiser tellement tu dois faire deux choses.

  • Alban

    Et là où il faut faire attention, c'est OK. Alors ça, ça vaut pour plein de choses dans la société norvégienne. Quand on vit vraiment ici, il faut participer. On peut avoir une excuse une fois, mais il faut quand même participer. Les Norvégiens, ils n'ont pas envie d'aller à la dugnade.

  • Lorelou Desjardins

    Mais ils le font quand même.

  • Alban

    Mais ils le font quand même. Parce que c'est comme ça. Et il y a même certains groupes où on peut payer pour sortir de la dugnade. Mais oui. Ça, c'est pas terrible, ça. Mais oui,

  • Lorelou Desjardins

    hein. C'est niveau moins un.

  • Alban

    Ouais, ça, c'est pas terrible.

  • Lucie

    Bah oui.

  • Lorelou Desjardins

    Même moi, j'oserais pas, je pense.

  • Lucie

    Quoi Bon, c'est un autre sujet.

  • Alban

    Non, mais si.

  • Lorelou Desjardins

    Si c'était avec des Français, j'oserais. Mais là, ici, j'oserais pas faire ça.

  • Lucie

    Ouais, on en reparlera.

  • Lorelou Desjardins

    On parlait de l'intégration. Donc, au niveau des amis, j'ai cru comprendre que ça allait. Tu as fait des efforts et ils te l'ont bien rendu. Mais comme le petit Danois, il est retourné au Danemark.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Après,

  • Alban

    c'est ça. Il faisait deux mètres. Un muret.

  • Lorelou Desjardins

    Le petit grand Danois, il est reparti au Danemark. Est-ce que tu as fait des rencontres avec des Norvégiens

  • Alban

    Amoureuse, tu veux dire Oui. Alors oui, j'ai été même en couple avec un Norvégien plusieurs années.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment de dater avec un Norvégien

  • Alban

    Je ne le conseillerais pas. Ça dépend. Non, mais ça dépend des gens. Les gens en Norvège sont aussi différents que ceux ailleurs. Bien sûr. Les gens ont des personnalités différentes, etc. Donc, je ne peux pas dire pour tout le monde. Mais disons qu'en tout cas, pour moi, ce que j'ai trouvé compliqué, c'est que je ne suis pas norvégienne. Je considère que j'ai fait beaucoup d'efforts pour m'intégrer. J'ai toujours été dans un travail où j'étais la seule étrangère. Je suis en immersion totale toute la journée. Je ne parle que norvégien tout le temps. Et donc, c'est vrai que là, de me retrouver dans une vie de couple où je suis avec une personne norvégienne, j'avais l'impression de me perdre un peu quand même. C'est-à-dire que là, j'allais vraiment... C'était pratiquement de l'assimilation dans le sens où là, je devais vraiment devenir complètement norvégienne et je n'avais pas envie. Parce que je ne suis pas vraiment... On est quand même toujours un peu de là où on vient. Bien sûr. Je me rappelle une fois sa mère... Alors lui, il vient d'un petit village du sud de la Norvège. Et sa mère, une fois, en plus, on mangeait le dîner à 13h30. Le dîner Le dîner. Alors ça, déjà dur. C'est un peu la campagne, quoi. Et ça, déjà un peu dur. Et puis, elle m'avait fait un truc qui s'appelle l'abscaus, qui est en gros des patates, des carottes et de la viande cuite.

  • Lorelou Desjardins

    OK.

  • Alban

    Pendant longtemps. Bon, pas non plus un truc de fou, quoi. Enfin, c'est bon, mais voilà. Du coup... Elle me dit, t'as de la chance de goûter tous ces plats typiquement norvégiens. Et là, je lui ai dit, mais je crois qu'il y a beaucoup de gens dans le monde qui ont déjà pensé à faire cuire des patates de la viande années 40 ensemble. Tu as vraiment dit ça Oh là là, ça ne lui a pas plu du tout. Oh, punaise. Toi, tu sais mettre à l'aise les belles-mères quand même.

  • Lucie

    Bizarrement, le lendemain, le Norvégien a dit,

  • Lorelou Desjardins

    c'est fini. Non, mais en fait, pour être tout à fait honnête, c'était il y a longtemps. Je ne sais pas si je l'ai pensé très fort aussi, je lui ai dit. Mais c'est vrai que cette pression de... Alors, c'est cette phrase norvégienne que j'ai entendue de nombreuses fois. Sånn er det i Norge Je ne sais pas si vous l'avez entendu. Ça veut dire quoi

  • Alban

    C'est comme ça en Norvège. Donc, c'est la fin de la conversation. Et ça, c'est quelque chose qui revient. Non, mais c'est comme ça en Norvège. Donc, c'est comme ça que ça va être. Et c'est comme ça que ça doit être. Donc ça, c'est quelque chose d'un petit peu compliqué. C'est vrai, quand tu es dans une relation de couple... où en fait, oui, où tu dois devenir norvégienne, tu dois te plier quand même à toutes les règles. Alors que là, c'est vrai que mon mari, il n'est pas norvégien. Bon, ben, on est, j'appelle ça, moi, on est des immigrés parfaits, les immigrés des posters, là. Et puis après, on ferme la porte de chez nous. Et puis bon, on fait ce qu'on veut, quoi.

  • Lucie

    Bon, t'as tenté l'expérience, mais c'était pas probant. Tu te perdais dans le truc.

  • Alban

    Ouais, je me perdais un peu dans le truc. Après, il y a une autre chose.

  • Lorelou Desjardins

    Parce que tu parlais norvégien avec lui.

  • Alban

    Oui, je parlais norvégien avec lui, ouais, tout à fait. Après, c'est un peu difficile aussi quand tu es étranger en Norvège. Je ne sais pas si vous voulez rentrer dans ce genre de sujet, mais quand tu dates, c'est-à-dire quand tu essaies d'avoir des relations amoureuses en Norvège et que tu es étranger, tu as aussi beaucoup de questions. C'est un peu un entretien d'embauche. C'est genre, oui, mais du coup, tu vas rentrer quand dans ton pays Parce que là, moi, je ne veux pas investir du temps dans quelqu'un qui rentre dans son pays dans deux ans. Ça ne m'intéresse pas.

  • Lorelou Desjardins

    Toi, tu répondais quoi Parce que tu étais encore là temporairement

  • Alban

    Alors oui, ça dépendait des fois. Je ne me rappelle plus exactement. J'avoue que ça paraît il y a très longtemps. Mais donc, ce n'est pas très spontané. Ce n'est pas, on va apprendre à se connaître et puis on verra. Non, non. Mais du coup, tu possèdes ton appartement Parce que si du coup, on achète ensemble un jour, il faut qu'on ait une part égale.

  • Lorelou Desjardins

    Mais dès le premier rendez-vous Ah,

  • Alban

    le premier rendez-vous. Ah oui. Donc, ils te demandent si tu possèdes ton appartement ou si tu loues. Où est-ce que tu possèdes ton appartement est-ce que t'as un travail fixe est-ce que t'aimes skier et oui forcément sinon eux ils ont prévu plein de week-end au ski si t'aimes pas skier ça va pas le faire donc souvent les couples mixtes que tu vois en Norvège ils se sont rencontrés à l'extérieur de la Norvège très souvent parce que là les Norvégiens à l'extérieur ils ont évidemment pas ce genre d'attente mais donc c'est vrai qu'il y a un moment et puis après t'as tout le truc des enfants il y a plein de choses fou

  • Lorelou Desjardins

    Mais tu penses que s'ils datent avec une Norvégienne, ils vont lui poser les mêmes questions Ah oui. Bah oui,

  • Lucie

    de la part, t'es tout.

  • Alban

    Ah oui, c'est pareil. Ah non, ça, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Tu dois dater quelqu'un qui est de ton niveau, quoi. Parce que si... Ça ira pas très loin, quoi.

  • Alban

    Ouais, moi, on m'avait demandé, si je me rappelle, ça, c'est parce que j'étais étrangère, mais est-ce que toi, t'as tes propres amis Parce que j'ai pas envie que tu sois dépendant de mes amis et qu'après, si on se sépare, du coup, t'as plus d'amis. Ouais, ouais. Ça m'embêterait. Toi, t'es là, mais on n'est pas ensemble, en fait. Donc, pourquoi tu penses ça Je vais prendre tes amis, c'est toi qui en auras plus Juste Mais en fait on est pas ensemble là Je te connais pas, pourquoi tu parles de quand on sera pas ensemble Et je crois que le pire C'était un gars Qui m'avait dit, deuxième rendez-vous Deuxième rendez-vous hein On s'était même pas embrassés Il me dit, du coup toi tu vas avoir des enfants A quel moment Je me dis, je sais pas Il me dit, quelle année Alors je sais pas Euh

  • Lucie

    Mais sache que ce sera en août de cette année-là, par contre. Pour avoir ta place en crèche.

  • Alban

    Alors, attends, laisse-moi sortir mon calendrier. Donc, j'ai prévu de tomber enceinte en mars de 2022. C'est ça. Donc, il me dit ça et je lui dis, mais pourquoi Je ne comprends pas. Il me dit, alors moi, j'avais un plan, c'était d'avoir un enfant. Donc, quand j'avais 33 ans, je ne sais pas quel âge il avait. Là, il était en retard sur son planning.

  • Lorelou Desjardins

    Ah mince.

  • Alban

    Ah oui, c'est un problème, ça. Oui. Donc là, il était en train de faire construire une maison dans le jardin de sa mère. Ouf. Ah,

  • Lucie

    ok, bon. Délicat.

  • Alban

    Et du coup, il voulait savoir si là, j'étais prête à avoir un enfant, genre là, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Mais pratique, quand même, d'avoir la mamie sur place.

  • Alban

    Ça chauffe, on était, encore une fois, pas du tout ensemble.

  • Lucie

    J'adore.

  • Lorelou Desjardins

    Mais écoute, au moins, c'est clair. Tu sais à quoi t'attendre, toi. Tu sais que si tu commences une relation avec lui, tu vas être en cloque dans quelques mois, quoi.

  • Alban

    Ouais, enfin, bon. Et donc là, du coup, j'avais répondu, écoute, je ne sais pas, je n'ai pas de réponse à ta question, mais je te tiens au courant. Si tu veux, dans le développement de notre relation, je te tiens au courant. Et puis, au bout d'un moment, je lui avais dit, on était sortis ensemble, au bout d'un moment, je lui ai dit, écoute, je ne pense pas que... En fait, du coup, j'avais été très honnête avec lui très rapidement parce que...

  • Lucie

    Je savais quel était le projet.

  • Alban

    Je connaissais le projet. En gros, il m'avait dit, moi, je n'ai pas de temps à perdre. Le moment où tu décides que tu as envie de faire un enfant avec moi, de rester avec moi vraiment, ou que tu ne veux pas, tu me le dis tout de suite.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Du coup, je lui avais dit, ah mais il avait super bien pris.

  • Lucie

    Pas trop de retard, ça allait

  • Alban

    Bon, ça l'avait un peu retardé quand même. Ça, c'était un petit problème.

  • Lucie

    Ouais, coup dur là, coup dur. Bon ben, t'as fait classe, mais coup dur pour lui.

  • Alban

    Coup dur pour lui. Alors, je sais que les gens qui se rencontrent à l'extérieur de la Norvège, c'est différent. Mais quand on a des relations amoureuses en Norvège, c'est un peu transactionnel. Et du coup, moi, je trouve que ça enlève un peu de la magie, quoi. C'est pas très... Parce que...

  • Lorelou Desjardins

    Bon, alors j'ai jamais...

  • Alban

    Ça fait pas rêver, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais. Non, je comprends. Mais c'est marrant parce que moi, j'avais une image un peu différente. Je n'ai jamais été en Norvège, mais j'entendais que, justement, au contraire de demander si tu veux des enfants, si tu veux te marier et tout, ils étaient plutôt pas très sérieux, plutôt...

  • Alban

    Alors oui, tout à fait. Alors ça, c'est l'envers du décor. C'est-à-dire, t'en as, ils sont hyper sérieux. Ça dépend de l'âge, en fait. Et puis, les gens, ils sont hyper sérieux. Mais effectivement, il y a aussi... Il y a aussi des âges ou même des personnalités qui n'ont pas envie de s'attacher. Alors ça aussi, c'est très compliqué. C'est qu'en fait, quand tu es avec un Norvégien, tant que tu n'as pas... Alors ça, j'ai mis longtemps à comprendre. Parce que moi, j'avais l'impression qu'on était en couple. Pas du tout. Ah ouais Ah non, ça, je n'avais pas compris. Alors soit avec un,

  • Lucie

    la semaine d'après, tu allais tomber enceinte. Mais avec l'autre, tu es resté longtemps et tu n'étais pas en couple.

  • Alban

    Donc en fait, moi, je croyais qu'on était en couple.

  • Lorelou Desjardins

    Et comment tu as découvert le pot au rose

  • Lucie

    Le jour de son mariage, mais pas avec moi. Je ne ressens pas.

  • Lorelou Desjardins

    Je t'aime bien quand même, alors...

  • Alban

    Restons amis, mais comment ça, restons amis Non, en fait, je ne sais plus. Je l'écris dans mon livre, je ne me rappelle plus de cette histoire. Mais en gros, en fait, tu comprends que la personne, elle est avec quelqu'un d'autre. Et puis tu te dis, mais du coup, on est... Mais qu'est-ce qui se passe Alors là, j'ai parlé à ma copine norvégienne. Je lui ai dit, mais je ne comprends pas très bien. Et puis là, elle me dit, mais est-ce que vous avez eu la conversation Quelle conversation Alors en fait, il faut avoir une conversation sans... dans un moment où personne n'a bu sur le statut de cette relation. Et là, il faut décider, est-ce qu'on est chat à l'estin, qui veut dire petit ami, ou pas. Et tu ne l'avais pas eu cette conversation Je ne savais même pas que cette conversation existait.

  • Lucie

    Oui, voilà, comme quoi,

  • Alban

    je connais tous les codes. Il faut connaître les codes. Donc en fait, une fois que tu as cette compétence, encore une fois, il y a des ceintures. J'adore,

  • Lucie

    on va voir les niveaux.

  • Alban

    Alors le niveau, si Arresta, c'est déjà un niveau quand même assez avancé. Le niveau d'avant, c'est qu'en fait, tu vois quelqu'un, tu passes la nuit chez lui ou elle. plusieurs fois mais cette personne quasi ne te calcule pas dans la rue la semaine d'après. Donc voilà, ça c'est niveau 1. Niveau 2, c'est on est chien à Alesta. Alors là, il commence à t'inviter, à te présenter à sa famille, à ses amis. Là, c'est plus sérieux, beaucoup plus sérieux. Après, tu as Samboer, ça veut dire qu'on vit ensemble en concubinage, mais on n'est pas mariés.

  • Lorelou Desjardins

    Et puis après,

  • Alban

    tu as mariage. Et puis surtout, tu as enfants. D'avoir des enfants quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il y a quand même un truc qui est à la chance.

  • Alban

    Ça rapproche.

  • Lucie

    Ou pas, d'ailleurs. C'est ça.

  • Alban

    Donc, mais c'est vrai que c'était... Il y avait beaucoup de gens, en tout cas à l'époque où j'étais dans ces... Voilà, où je faisais des dates et tout ça, il y en avait beaucoup qui avaient envie juste de s'amuser un peu. Après, je pense que c'est partout. Mais c'était difficile de... Je me rappelle, j'avais pris un petit coup dans mon amour propre quand j'avais compris que, par exemple, un mec que je voyais... vous voyez, avaient cinq copines en même temps.

  • Lucie

    Wow

  • Alban

    Ça m'avait un peu blessée, quoi.

  • Lucie

    Je peux le comprendre. Pas trop besoin d'aller chercher pour savoir que, oui, une relation... Ah,

  • Alban

    mais moi, je t'attendais. J'avais pas compris que...

  • Lucie

    Mais moi, j'allais acheter l'appart, là. J'allais acheter l'appart pour être avec toi.

  • Alban

    Et je raconte ça dans mon livre, c'est le jour où on va à Ikea. Et là, il dit, ah non, je ne peux pas. Il reste trop d'engagement d'aller à Ikea ensemble. Ah ben oui. Il faut choisir des meubles.

  • Lucie

    Un endroit sacré comme ça. Ikea, c'est... La prochaine étape, c'est l'église.

  • Alban

    Tous les gens vont savoir qu'on est en couple. Je dis, mais les gens s'en foutent. Les gens... Ils rachètent notre place. Ils rigolent. Ils s'en foutent de nous.

  • Lucie

    Ah,

  • Lorelou Desjardins

    c'est génial J'adore Tu sais que quand tu vas à Ikea avec ton cum, c'est bouffoir,

  • Alban

    c'est bien engagé. Ah oui,

  • Lucie

    c'est sérieux. Pour notre prochain épisode, nous cherchons une jeune femme, moins jeune homme, qui est allée avec son ou sa partenaire chez Ikea, pour nous raconter quelle expérience ultime ils ont pu vivre en allant en couple à Ikea.

  • Alban

    Voilà, thérapie de couple. Oui,

  • Lucie

    oui, oui.

  • Alban

    Mais oui, donc en fait, c'est vrai qu'il y a un moment, je me suis dit, alors je m'intègre en Norvège, j'aime ce pays. Mais c'est peut-être un peu trop de me demander de vivre vraiment une vie norvégienne totale. Je mange tôt, mais quand même pas si tôt. De manger que des tubes, c'était un peu trop pour moi.

  • Lorelou Desjardins

    Du coup, après, tu t'es dirigée plutôt vers l'international.

  • Alban

    Je me suis dirigée vers l'international.

  • Lucie

    Donc, tu nous as déjà donné plein de conseils et d'anecdotes sur ton parcours. Mais comment tu en es venue à beaucoup voyager à Norvège et puis finir par un blog qui, je crois, est devenu un livre Comment ça s'est passé un peu tout ça C'est ça.

  • Alban

    Alors, j'ai commencé à écrire un blog qui s'appelle A Frog in the Fjord, donc une grenouille dans le fjord en anglais, qui était un blog anonyme à l'époque où j'écrivais de façon un peu humoristique sur toutes mes frustrations en Norvège, en fait. toute la culture, l'apprentissage de la langue, tout. Ça m'énervait. D'un autre côté, je trouvais ça rigolo, mais je trouvais ça quand même assez difficile. Donc j'ai commencé à écrire là-dessus, de façon anonyme, aussi sur toute ma vie amoureuse. Donc c'est pour ça que c'était anonyme, parce que j'avais pas forcément envie que les gens sachent que c'était moi. Et puis, il y a certains de mes articles de blog qui sont devenus viraux aux Etats-Unis et en Norvège, qui ont été partagés des milliers, voire des centaines de milliers de fois. Et là, les... Les journaux et les médias norvégiens ont commencé à me contacter avec mon petit mail anonyme en me disant Mais qui es-tu Est-ce qu'on peut t'interviewer Est-ce qu'on peut publier tes articles dans le journal Là, j'ai été prise d'une panique totale. D'ailleurs, à l'époque, je vivais dans un appartement pas très loin d'ici. Moi, j'écrivais de mon petit entre-sol sombre dans mon pyjama. Et puis, je me retrouvais avec les plus gros, l'équivalent du monde, par exemple, à me contacter. Je me disais Mais qu'est-ce que c'est ça Et puis moi, j'ai dit non, parce qu'en fait, je me suis dit Ça va passer Tout ça, c'est qu'une mode. Là, il voit mon article qui est beaucoup lu, mais ça ne va pas durer. Pourquoi est-ce que moi, je vais sortir avec mon nom Bon, voilà. Tu as d'abord dit non. J'ai d'abord dit non pendant assez longtemps. Et puis finalement, il y a plusieurs articles qui ont été viraux. Et là, je me suis dit, et les médias continuaient vraiment. Là, on m'a offert un certain nombre de choses. On m'a offert une chronique, en fait, une tribune dans Vegé, qui est un gros journal norvégien. On m'a offert plusieurs trucs comme ça, payés en plus. Et puis là, je me suis dit, mais on dirait que ça ne part pas, en fait. On dirait qu'ils sont vraiment intéressés. Et puis, j'ai commencé à écrire anonymement. Alors, il y a une anecdote assez drôle, parce que les premiers articles que j'ai écrits, c'était avec un nom d'emprunt. Et là, je me rappelle les journalistes norvégiens qui me regardaient. Et maintenant que je connais la société norvégienne, je comprends qu'ils disaient mais qu'est-ce qu'elle fout, quoi C'est qui cette Française Parce qu'en fait, je les voyais et ils disaient mais pourquoi tu veux être anonyme Enfin, ils ne comprenaient pas. Et je disais oui, mais je ne veux pas que ça impacte ma carrière. Et puis, il y en a un qui m'a dit non mais attends, l'anonymat, c'est pour les gens qu'on protège. Si tu avais été la maîtresse du roi de Norvège, oui, là, on comprend. Mais en fait, là, t'écris sur les différences culturelles avec les Norvégiens. Pourquoi t'as besoin qu'on te protège Ce que t'écris, c'est pas... Ils comprenaient pas du tout. Mais c'est parce que moi, j'avais pas compris que ça allait pas impacter ma carrière de façon négative. Que c'était que positif. Je l'avais pas compris.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, mais moi, je peux comprendre. Tu peux te dire, je critique certains aspects.

  • Alban

    Oui, puis je parlais de ma vie hyper personnelle. Avec mes dates, mes trucs.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, non. Moi, je peux comprendre que ça t'ait fait peur au début.

  • Alban

    Oui, mais en tout cas, c'est vrai qu'après ça, j'ai compris qu'il n'y avait pas de risque. J'ai commencé à sortir à écrire avec mon nom. Et puis, j'écrivais de plus en plus. Mon blog a vraiment eu beaucoup, beaucoup de lecteurs. Il y a un moment, j'avais un million de lecteurs par an.

  • Lorelou Desjardins

    Oui, ils étaient en Norvège Beaucoup en Norvège,

  • Alban

    beaucoup en Norvège, oui. Et puis là, on m'a proposé d'écrire un livre. Mais moi, je n'avais pas envie d'écrire un livre. juste de compiler mes articles. Il y a plusieurs maisons d'édition qui m'ont proposé d'écrire un livre. Et j'ai dit oui à celles qui me proposaient un vrai projet de livre avec une histoire. Parce que moi, en fait, je voulais raconter c'est quoi de déménager en Norvège et de s'intégrer en Norvège. Et donc, c'est ce livre-là que j'ai écrit, qui a été traduit d'abord en norvégien. Donc, il est sorti d'abord en norvégien.

  • Lucie

    Mais toi, à la base, tu l'as écrit en français.

  • Alban

    Non, je l'ai écrit en anglais.

  • Lucie

    Ok, d'accord.

  • Alban

    pour que les éditeurs et tout ça puissent le lire quand même et écouter. Mais c'est vrai qu'il a été traduit en norvégien. Il est sorti en norvégien en 2017. En norvégien, il s'appelle Enflurskifjorden, Künstenoblenorsk, qui veut dire une grenouille dans le fjord de l'art d'être norvégien. Et il a été très, très lu. Il a très, très bien vendu en Norvège. J'ai été beaucoup invitée sur des plateaux télé, la radio, etc. Mais moi, en fait, quand même... Mon projet de départ, c'était de sortir ce livre en anglais, en français ou dans plusieurs langues, mais en tout cas en anglais, c'est clair. Pour que les étrangers aient accès à des informations, en fait. Donc, le principe du livre, c'est de raconter mon histoire. Mais finalement, le but, c'est de raconter la Norvège au travers de mon histoire, qui est une histoire personnelle, mais qui est aussi un peu une histoire plus ou moins pas de tout le monde, mais en tout cas d'apprendre la langue, de se faire des amis, etc. C'est l'histoire un peu de tout le monde. Et la maison d'édition norvégienne n'était pas intéressée dans ce livre en anglais, ni en français, ni en rien du tout. Ils voulaient que la version norvégienne. Donc, j'ai récupéré les droits. Et là, j'ai passé de longues années à essayer de le faire publier, chose que je n'ai pas réussi à faire. Et donc, à la fin, je me suis dit, c'est pas grave. J'ai décidé de monter ma propre maison d'édition. Et donc, j'ai publié ce livre en anglais. Donc, je l'ai publié après en français. Là, je viens de le publier en espagnol. Et... Le livre en anglais a très, très bien marché. Et le livre en français marche aussi très bien en France. Je le vends très bien en France. Et alors, le livre en espagnol vient de sortir. Donc, on va voir. Et puis là, j'écris d'autres livres. Là, j'apprends aussi. Je suis dans une école. Alors là, c'est niveau de dessus. Je suis dans une école d'écriture toute l'année, là, pour apprendre à écrire des livres pour enfants en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui, d'accord. Non, mais toi, tu passes les ceintures noires de... dans tous les domaines.

  • Lucie

    Le cerveau n'arrive même plus à processer. J'entends, là, les neurones se touchent.

  • Lorelou Desjardins

    Déjà, bon, on ne veut pas me publier. Je monte ma boîte d'édition. Genre, je n'ai pas...

  • Lucie

    Et puis en plus... Non,

  • Lorelou Desjardins

    mais... The sky is the limit.

  • Lucie

    Ce qui me tue, c'est qu'elle est niveau C1+++, à savoir comprendre de quel quartier dans la fin fond de la Norvège pourquoi la personne a cet accent. Mais tu suis une école pour écrire des livres où je me dis, mais les phrases vont être hyper simples. Enfin, qu'est-ce que...

  • Alban

    Non, mais j'avais envie d'apprendre un style d'écriture, déjà en norvégien, parce que ce n'est pas ma langue. Et puis de rencontrer des gens, d'autres écrivains. Je ne sais pas, j'avais envie de faire ça. Et en fait, j'ai eu très peur qu'ils ne me prennent pas parce que le norvégien n'est pas ma langue maternelle. Mais bon, finalement, j'ai été prise, donc c'est cool. Mais c'est super intéressant. Et d'ailleurs, j'ai quelques projets en tête de livres pour enfants. mais bon après non mais c'est intéressant de connaître comment ils écrivent des livres pour enfants est-ce que t'écris pas un livre pour enfants de la même manière pour un enfant de 4 ans ou un enfant de 14 ans en fait c'est toutes ces choses là et puis ils te donnent des exercices il y a une manière aussi d'écrire en Norvège quand même c'est pas la même c'est pas la même écriture qu'en France c'est en fait en Norvège par exemple dans les journaux ils partent du principe en fait comme c'est pas une société élitiste Il part du principe, par exemple, dans un journal, il faut que quelqu'un qui a 17 ans et qui ne termine pas le lycée puisse lire tous les articles qui sont dans le journal.

  • Lucie

    Ça, c'est bien, en vrai.

  • Alban

    Du coup, c'est une autre manière d'écrire. C'est une autre manière d'écrire.

  • Lorelou Desjardins

    C'est plus simplement.

  • Alban

    J'écris plus simplement. Et c'est pour ça aussi, je pense, que j'ai pu écrire pour ces journaux. C'est que j'écris plus simplement que dans ma langue maternelle, c'est clair. J'écris plus simplement que, je ne sais pas, un journaliste politique norvégien. Parce que ce n'est pas ma langue et que, oui, je parle très bien, mais quand même, je n'ai pas le même vocabulaire. On ne peut pas comparer quand même.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, tu parlais à la base de ton blog qui racontait tes frustrations. Est-ce que tu pourrais nous raconter les plus grosses frustrations que tu avais

  • Alban

    Alors, c'était la langue, c'était difficile. La langue, se faire des amis. les gens qui te... Tu vois, moi, j'avais rencontré des gens dans une fête et puis trop sympa. Ils me racontent leur vie. Je me dis, je me suis fait des amis. C'est génial. Et puis, ils m'invitent à un concert qui est la semaine d'après. Alors moi, en plus, je ne bois pas beaucoup. Je bois, mais très peu. Donc voilà, je ne suis jamais... Eux, ils sont complètement défaits. Mais moi, je ne le suis pas. Je suis totalement réveillée.

  • Lucie

    Prête pour le dugnad.

  • Alban

    prête pour le digne prête pour l'invitation et en plus j'ai assez de bonnes mémoires donc en fait cette personne qui me raconte sa vie en long large en travers moi je me rappelle de tout parce que je me dis je me suis fait un ami c'est génial c'est pour la vie on va se faire rire voilà ils vont m'inviter à la hutte au chalet et en fait ils m'invitent à un concert je dis à ma copine c'est quoi on va y aller au concert c'est génial on arrive là-bas ils nous regardent genre mais t'es qui toi Qu'est-ce que tu fous là Et puis moi je lui dis Oui mais tu te rappelles, je suis la fille avec qui t'as parlé Tu sais de ça, que t'avais C'est des soucis Bon j'avais pas été la plus maligne ce jour-là Mais oui tu sais Qu'est-ce que c'est que la réaction là Non c'est pas ça J'avais des soucis avec une fille au travail dont il était amoureux

  • Lucie

    Ah quand même, c'est pas mal Tu te rappelles,

  • Alban

    t'étais amoureux Le mec il se décompose Il se décompose Et là, il me tourne le dos, quoi. Je fais, ah, j'avais peut-être pas d'acte.

  • Lucie

    Je viens tourner devant la belle-mère pour lui parler de son plat patate, viande.

  • Alban

    Donc, en fait, ça, ce genre de choses, c'est brutal. C'est brutal parce que... Ou bien des gens...

  • Lorelou Desjardins

    Oui, il avait un petit peu, quand il était saoul, il s'en rappelait pas.

  • Alban

    Voilà, et puis après, on me dit, oui, mais t'étais saoule. Ah non, j'étais pas saoule, moi. Ah, toi, t'étais saoule, toi J'avais pas compris. Et après, il t'explique, non, mais en fait, quand on est saoule, il n'y a rien qui compte. Ah, d'accord, j'étais pas au courant. Mais du coup, après, c'est difficile à comprendre parce que quand ils sont sous, c'est aussi là qu'ils disent la vérité. Alors, c'est pas simple.

  • Lucie

    On va voir ton traducteur. Sous, pas sous, vérité, pas faux.

  • Alban

    Alors, ils sont sous. Donc là, soit ils font n'importe quoi et il faut faire comme si ça n'avait pas existé. Soit ils sont en train de te dire la vérité. Alors là, voilà. Donc là, t'es là. Donc, ce genre de choses.

  • Lorelou Desjardins

    Donc, quand tu veux demander...

  • Alban

    J'écrivais des mails, je disais, oh là là, vous savez pas ce qui m'est arrivé. Non, mais j'en peux plus. Mais c'est n'importe quoi. Voilà. Ce genre de choses. Ou bien sur la langue, où par exemple, j'ai dit des choses, moi j'avais l'impression de dire un truc tout à fait sensé, puis en fait j'ai mal prononcé, donc j'ai dit un autre mot qui voulait dire complètement autre chose, et là tout le monde se fout de ma gueule. Ou bien les gens pareils sont hyper choqués. Voilà, donc c'est des choses comme ça. Après c'était très innocent, c'était drôle, et voilà, c'est pour ça je pense que ça a pris.

  • Lorelou Desjardins

    Mais du coup t'as eu quand même des frustrations parce que tout à l'heure on disait que tu t'étais bien intégrée, mais en fait une fois que tu parlais bien norvégien.

  • Alban

    Ouais, mais alors moi, je le prenais avec humour. Toutes ces frustrations, je le prenais avec humour. Parce que là, il y avait quand même des gens autour de moi. Mais c'est vrai que, par exemple... Alors, c'est ça qui est aussi un peu compliqué en Norvège. C'est que si on a des frustrations dont on parle avec humour, ça passe. Quand on commence à être vraiment critique, là, ça devient un peu plus compliqué. Parce que là, c'est trop critique. Ils ont plus de mal à lutter.

  • Lucie

    Ton blog et ensuite même ton livre, tu as dit, a beaucoup pris en Norvège. Pas que, mais beaucoup en Norvège.

  • Alban

    Parce que c'était sur le point de vue.

  • Lucie

    Ça veut dire qu'ils étaient prêts à recevoir cette espèce de critique, mais bienveillante en tout cas.

  • Alban

    Très bienveillante et ça ne peut pas être sur n'importe quoi. Il y a un moment, j'ai commencé à écrire sur des sujets politiques. Là, on m'a bien fait comprendre que, oui, oui, mais par exemple, j'avais écrit un article une fois. Est-ce que le norvégien est un langage de l'amour Alors, gros hit. Justement, j'avais pris des exemples du NUNORCH. Je ne parlais pas du tout NUNORCH, bien sûr. J'ai demandé à des collègues qui écrivaient en NUNORCH pour leur poser des questions. Donc, si tu veux, j'écris cet article. Alors, évidemment, c'est très léger comme article. Si tu écris deux mois plus tard sur... Est-ce que la politique migratoire de la Norvège fait honneur aux réfugiés Après, ils sont là, ouais, mais pourquoi tu écris sur ça Moi, je préférais quand tu écrivais sur Hugli et Kouchli. Donc, c'est ça. Alors, je dois dire, le plus grand défi, après 15 ans ici, et je parle bien norvégien, moi, mon plus grand défi ici, c'est de savoir ce que les gens pensent. C'est vraiment ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'est pas clair. Pourtant, tu leur parles norvégien, toi.

  • Alban

    Oui, mais en fait, c'est une langue où il y a beaucoup de... Alors, ils appellent ça in de fostot In de fostot ça veut dire compris de l'intérieur Tout est un peu implicite en norvégien.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que tu dirais même l'hypocrite parfois

  • Alban

    C'est toi qui l'as dit.

  • Lorelou Desjardins

    C'est toi qui te l'as dit.

  • Lucie

    Et t'es même pas bourrée.

  • Lorelou Desjardins

    J'ai pris un peu.

  • Lucie

    On dirait hypocrite de ne pas forcément dire ce qu'on pense.

  • Alban

    Alors, ce n'est pas de l'hypocrisie, c'est qu'ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Ils ne veulent pas blesser les gens, ils ne veulent pas rentrer dans un conflit. Donc, je n'appellerais pas ça... Un homme. Je n'appellerais pas ça...

  • Lucie

    Elle n'est toujours pas bourrée.

  • Alban

    Donc, je n'appellerais pas ça de l'hypocrisie, mais ce n'est pas très direct. Et en fait, ce que je trouve le plus difficile en étant étranger, c'est que tu ne sais pas vraiment ce qui se passe. Tu ne sais pas... Tu n'es pas invité à un truc. Ah, pourquoi Tout le monde est invité sauf moi. OK, qu'est-ce qui s'est passé Tu vois, c'est... Et moi, j'ai beaucoup travaillé dans... Alors, j'ai travaillé beaucoup dans le public, dans des agences gouvernementales. Oh là là Alors là... Tout est ineforschtot.

  • Lucie

    Ah ouais. Personne ne se dit rien.

  • Alban

    Tout est indirect. C'est pas facile.

  • Lucie

    Tu intériorises.

  • Alban

    Non, c'est pas facile.

  • Lorelou Desjardins

    C'est sûr d'avancer parfois.

  • Alban

    Et puis, tu ne peux pas trop montrer tes émotions.

  • Lorelou Desjardins

    Ah non,

  • Alban

    c'est pas bien ça Ah non, il ne faut pas trop montrer. Surtout pas la colère.

  • Lucie

    Mais quand on n'est que colère, comment on fait

  • Alban

    Eh ben,

  • Lucie

    tu vas skier Oui, voilà, c'est ça, en fait.

  • Lorelou Desjardins

    Tiens, un petit tour dans la forêt, comme te dit le médecin.

  • Alban

    Voilà. Eux aussi, ils sont en colère, mais ils extériorisent d'une autre manière. Ils vont skier.

  • Lorelou Desjardins

    C'est vrai que je ne les vois pas souvent en colère.

  • Alban

    Ils boivent. Ils sont aussi en colère, mais ils le montrent d'une autre manière. Et en fait, moi, je donne des cours en entreprise, dans des universités, dans plein d'endroits sur la culture norvégienne du travail. Et ça, c'est une chose fondamentale. C'est que déjà, si t'es pas d'accord avec quelqu'un, il y a une manière bien précise de leur dire, en Norvège, pour que ça passe bien.

  • Lorelou Desjardins

    C'est comment

  • Alban

    Eh ben, il faut faire attention à comment les mots qu'on utilise. Il faut dire beaucoup de choses positives avant de dire une toute petite chose indirectement négative. Et aussi, il faut comprendre que si quelqu'un prend autant de pincettes avec toi, il est en train de te faire une critique, en fait. Parce que j'ai assisté aux deux, c'est-à-dire j'ai assisté à des étrangers... qui vont franco genre Ouais, mais c'était nul, en fait, là, ce que t'as fait dans ton projet hier. Alors là, déjà, non, ça, c'est pas possible, tu peux pas dire ça dans les gens. Mais dans l'autre sens, des gens, en fait, qui se prennent plein de critiques de leur chef, mais qui n'ont pas compris que c'était des critiques.

  • Lucie

    Mais oui, c'est ça aussi.

  • Alban

    Parce que c'est tellement caché. C'est tellement caché dans plein de choses positives que la personne ne comprend pas. Et l'autre chose, c'est quelles émotions montrer. Alors ça, après, si vous travaillez dans des compagnies internationales, c'est tout à fait différent, mais c'est vrai que au niveau des émotions, Alors, la question que je pose toujours dans mon cours, c'est, à votre avis, est-ce qu'il vaut mieux pleurer au travail ou être en colère C'est quoi le pire Le pire Ouais.

  • Lorelou Desjardins

    Bah, être en colère, j'imagine, avec ce que tu m'as dit, mais...

  • Alban

    Être en colère. Ah oui. Il vaut mieux pleurer.

  • Lucie

    Ok. Attends, ça, c'est ce qu'ils pensent,

  • Alban

    eux Ah oui.

  • Lucie

    Waouh. Moi, je fais les deux maintenant.

  • Alban

    Tu pleures en étant en colère

  • Lucie

    J'alterne, je décide selon le jour.

  • Lorelou Desjardins

    Ah oui,

  • Lucie

    c'est assez évocateur.

  • Lorelou Desjardins

    Tu vois, nous, au bout de six ans, on apprend des trucs.

  • Alban

    Absolument, oui. Et donc, alors ça, il y a des gens, ça met du temps. Parfois, déjà, ils ne le savent pas au bout de très longtemps.

  • Lucie

    Ben oui.

  • Alban

    Donc, en fait, c'est toutes ces nuances. Et alors après, on peut décider ou non de donner de l'importance à toutes ces choses. Bien sûr. Mais c'est vrai que... Par exemple, quand on a des enfants, parce que quand on est adulte, on peut décider ma chine ne m'a pas invité à sa fête de Noël alors qu'elle a invité tous les autres, je peux vivre avec ça Par contre, quand on a un enfant, dans le système norvégien, il faut bien comprendre que c'est… Il y a quand même une pression sociale de la conformité, ce qui veut dire que les enfants, ils ont envie d'être conformes. Enfin, en France aussi. Moi, je me rappelle, à 12 ans, je voulais avoir le même sac à dos, les mêmes trucs. Bon, ça, c'est normal. Mais c'est vrai qu'on ne veut pas non plus arriver dans une situation où les enfants se sentent en marge. Ce n'est pas simple.

  • Lorelou Desjardins

    Je suis en train de refaire tous mes one-to-one avec mon chef et je me dis, est-ce qu'en fait, il me disait des critiques quand il était en train de me dire que tout était génial

  • Lucie

    Toi, je ne sais pas s'il te faisait des critiques, mais toi, clairement, tu en as fait.

  • Alban

    Ton chef est norvégien Oui. Et tu travailles dans une entreprise norvégienne Américaine. Ouais, alors là, c'est un peu différent. Il y a des variantes quand même. C'est-à-dire que si tu es, par exemple, dans une institution publique, comme j'ai été. la seule étrangère, là c'est toutes les règles norvégiennes les plus pures qui s'appliquent. Si t'es dans le privé, déjà c'est plus direct. Là, il y a un souci de performance. Si t'es dans le privé, dans une compagnie étrangère, là c'est aussi une autre culture. Au début, il faut bien commencer.

  • Lorelou Desjardins

    T'as un petit conseil

  • Alban

    Il faut toujours être positif. Souris. Souris, toujours. Positif.

  • Lucie

    Pleure dans le noir, enfermée. Ne sois jamais en colère.

  • Alban

    En fait, c'est ça que j'ai... Alors, moi, je suis une personne pas très calme, à la base. J'utilise beaucoup l'humour, mais je suis aussi un petit peu énervée, un petit peu en colère. Il y a des choses quand même qui me mettent en colère. Et c'est vrai que quand je vois des gens qui réussissent très bien en Norvège, les Norvégiennes, surtout les femmes, c'est des femmes qui sont toujours positives. Et quoi qu'il arrive, positifs.

  • Lucie

    Est-ce que tu penses que c'est un espèce de masque où elle s'en convainc Bien sûr que c'est un masque.

  • Alban

    C'est un masque. C'est un énorme masque. Mais du coup, je vais juste vous donner un exemple. Par exemple, dans toutes les organisations et les compagnies, il y a des réorganisations. Les Norvégiens, ils adorent les réorganisations. Donc, par exemple, les réorganisations, typiquement, il y a plein de gens qui ne sont pas contents. Parce qu'une réorganisation, ça permet de reformer des équipes, de bouger des chefs que tu n'aimes pas trop un peu au placard. Il y a plein de stratégies là-dedans, mais ça, c'est partout dans le monde. Donc, par exemple, si tu demandes dans mon précédent boulot, on était en pleine réorganisation. La fille des ressources humaines, de toute évidence, son travail est un peu compliqué en pleine réorganisation. Les gens ne sont pas contents, ils se plaignent, etc. Et un matin, on était à la machine à café, et puis je lui dis, alors, ça va, Ingrid Comment ça va C'est pas trop dur, là, la réorganisation Et puis elle me regarde et me dit, ah, mais tu vas dégozobra. Je me dis, ah, ça va tellement bien. Dégozobra. Non, dégozobra. Non, dégozobra. Il faut drener, c'est folie. Mais dégozobra. Oui, il y a quelques défis, mais bon, c'est comme ça. Alors déjà, elle prononce le mot défi. Ça, ça peut vouloir dire, c'est très compliqué. Oui. C'est très difficile. En fait, dès qu'il...

  • Lucie

    tu vois Dès qu'il y a une once de critique, ça veut dire qu'en fait, derrière...

  • Alban

    C'est compliqué. Ouais. Voilà. Et t'as aussi, les gens réagissent comme ça aussi quand ils parlent de leur vie personnelle. Alors ça, moi, ça me perturbe. Encore au travail, je peux comprendre. Tu dis, bon, on est dans un monde professionnel, on ne va pas commencer à dire, non mais l'autre, tu te rends compte de ce qu'elle m'a dit et puis c'est quoi cette équipe Bien sûr, tu ne peux pas commencer à faire ça. Ça,

  • Lucie

    on le fait en France.

  • Lorelou Desjardins

    Mais attends.

  • Alban

    Mais dans la vie personnelle, moi, ce qui me tue... C'est quand les gens, ils te disent, tu leur dis, alors, tu as quelqu'un que tu n'as pas vu depuis longtemps. Parce que moi, maintenant, je suis là depuis longtemps, donc j'ai suivi un peu des gens. Tu leur dis, ça va Et puis là, souvent, les femmes, elles te disent, ça va tellement bien. Tu sais, bon, tu sais, on a divorcé avec Trucmuche il y a six mois. Mais bon, ça va tellement bien. On est devenus des super bons amis. Et puis, tu sais, mon père, il a l'Alzheimer, tu sais. Mais tu sais, vraiment, on s'est organisé.

  • Lucie

    Elle te raconte ça Il va mieux depuis qu'il a l'Alzheimer, vraiment. Ça, ça manquait.

  • Alban

    En fait, t'as l'impression qu'elle te raconte ses vacances à Ténérife, alors qu'en fait, elle te raconte des trucs horribles. Moi, j'ai envie de l'inviter chez moi à prendre un café. Je lui dis, mais t'es sûre que ça t'a l'air d'aller bien T'es énervée Tu perds Vas-y,

  • Lucie

    dis-moi tout, là.

  • Lorelou Desjardins

    Là, je revis un moment, il n'y a pas si longtemps. Tu sais, quand tu viens de donner naissance à ton enfant, on te met dans un groupe de... Un barcelope. Un groupe de mamans. Et donc, alors moi, la première, j'en avais pas eu parce que c'était pendant le Covid. La deuxième, on me met dans ce barcelgroupeux. Première réunion, je suis pratiquement une des seules à être maman pour la deuxième fois. J'ai ma petite expérience. La première, ça a quand même été un peu, voilà, une avancée. Broken roll,

  • Alban

    je vais te dire, pendant le Covid.

  • Lorelou Desjardins

    Voilà, et du coup, je me dis, bon, je suis la seule à avoir eu deux enfants. Je vais leur demander comment ça va. Première réunion, on est à la LCS Tachoun, au truc de santé.

  • Alban

    Donc, les enfants, ils ont quel âge Un mois. Oui, petit, oui. Oui,

  • Lorelou Desjardins

    tout petit. Donc, moi, je me rappelle ma première fille. Au bout d'un mois, j'étais au bout de ma vie avec l'allaitement. Je n'avais pas dormi.

  • Lucie

    On l'a eu en plein hiver.

  • Lorelou Desjardins

    J'étais au bout de ma vie. Et du coup, je me dis, les pauvres, il doit y en avoir pas mal qui sont dans le même cas. Je vais les rassurer. Je vais leur dire que tout ça passe et tout. Et là, je leur dis, alors les filles, comment ça se passe et tout Et là, toutes. Génial, l'allaitement au top. Ils dorment super bien. Et là, elles me sortent toutes ça. Et là, je dis, mais soit c'est toutes des menteuses, soit je n'ai vraiment pas eu de chance.

  • Alban

    Ni l'un ni l'autre.

  • Lucie

    Et oui,

  • Alban

    voilà. C'est ni l'un ni l'autre.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, ouais.

  • Alban

    Elle s'est fait ce qu'elle pouvait être. T'étais une maman complètement normale. Moi, au bout d'un mois, j'étais aussi au bout de ma vie. Mais pareil, j'avais toutes ces mamans. Ah, ça va Le pire encore, parce que moi, j'ai une césarienne, donc je ne pouvais rien porter. Et moi, j'ai rien pu porter pendant très longtemps. Donc, je n'ai pas porté mon bébé en truc-muche, là, avec le sac, je ne sais pas. Ouais, voilà. Et donc là, j'avais une maman. Ah là là, moi, je ne le porte que comme ça. Mais c'est la meilleure manière. C'est la seule manière. Et moi, j'étais là.

  • Lucie

    Nous ne faisons qu'un.

  • Alban

    Oui, mais moi, je ne peux pas. Parce que sinon, je vais mourir. C'est ça l'impression que j'avais, moi. J'étais tellement mal. Je me disais, déjà, j'arrive à prendre une douche de temps en temps. J'arrive à me nourrir à peu près. J'arrive à le nourrir. Je me disais, déjà, je m'en sors bien.

  • Lucie

    Clairement, c'était ça. Nous, on revenait de là, quoi. Aujourd'hui, on l'a habillé, on l'a changé. Une fois tous les 18 jours, c'est pas mal. Maintenant, on est bien.

  • Alban

    T'as dormi 4 heures, t'étais content.

  • Lorelou Desjardins

    Et pour revenir à mon barcel groupeux,

  • Alban

    du coup,

  • Lorelou Desjardins

    la seule qui a commencé à dire, c'est ma copine qui est américaine, qui a commencé à dire, moi, ça a été quand même un petit peu compliqué avec l'allaitement, mais je crois qu'on est sur la bonne voie.

  • Alban

    Restons positifs.

  • Lorelou Desjardins

    Et là, bon... Il y en a deux qui m'ont dit que, elle et moi, du coup, qui disions bon, ça a été un petit peu quand même, voilà. Et là, il y en a une ou deux, je ne me rappelle plus, qui a dit peut-être que moi aussi, ça a été un peu compliqué, mais ça va maintenant. Et là, je me suis dit, on ne pourra pas être copine des filles parce que je ne sens pas que c'est sincère.

  • Alban

    Alors, c'est exactement ça. Mais moi, personnellement, je ne suis pas d'accord avec l'idée de faire comme eux. Parce qu'en fait, si on fait comme eux, on entretient cette idée que tout est parfait, qui est faux. Parce que c'est faux dans leur vie et c'est faux dans la nôtre. La fille qui me dit, mais ça c'est une vraie histoire, qu'elle vient de divorcer avec son père à Alzheimer. Désolée, mais il n'y a personne dans ce monde à qui il peut arriver ça en l'espace de six mois et qui va bien. Ce n'est pas possible. Donc moi, j'ai envie de la prendre dans mes bras et de lui dire, écoute, viens, je ne sais pas, on prend un café. Mais en fait, eux, ils ne veulent pas te déranger, mais ils te tentent quand même un peu une perche. Mais ce que j'ai remarqué, c'est que quand tu t'ouvres, comme tu as fait toi dans ton bar Chalgrépa, et que tu dis, moi, ça a été difficile, alors tu vas être surprise, c'est que quand même, il y a beaucoup de gens qui, là, te disent, ah oui, mais en fait, moi aussi, ce n'est pas facile. Du coup, tu leur donnes l'autorisation, comme tu leur montres que toi, tu n'es pas parfaite. Tu leur donnes l'autorisation à elles aussi ou à eux aussi. de dire, ah oui, nous aussi, c'est compliqué, tu vois. Et donc, en fait, moi, je suis pour ce genre de choses parce que je trouve que les gens ne parlent pas assez de leurs soucis. En France, peut-être, on a tendance à se plaindre trop.

  • Lucie

    On parle trop de soucis. Nous, on ne sait pas ce qui va bien.

  • Lorelou Desjardins

    Mais par exemple, ici, on n'a pas le droit de se plaindre ni de nos enfants, ni de notre compagnon. Il y a un nombre de sujets très rétifs.

  • Alban

    Tu as envie de te plaindre parfois des enfants et de ton compagnon Je ne connais pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Moi, j'en parle. Il parle tous les enfants partout. Moi, jamais. Les autres.

  • Lucie

    Oui, là, je comprends.

  • Lorelou Desjardins

    Tu me pourrais apporter.

  • Alban

    Tu veux un petit verre d'alcool Non, non, mais c'est ça. Et je trouve ça un petit peu... C'est un peu oppressant, des fois. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'ils disent qu'il y a beaucoup de problèmes de dépression et de solitude en Norvège.

  • Lorelou Desjardins

    Ce n'est pas pour le climat, en fait.

  • Alban

    Ce n'est pas forcément que pour le climat. C'est aussi parce que c'est... très compliqué d'être vulnérable.

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, il faut être pratiquant,

  • Alban

    quoi. Par exemple, tu vois, pour moi, si j'ai une bonne relation avec quelqu'un, même quelqu'un que je connais pas depuis très longtemps, si vraiment j'ai un problème ou si je me sens pas bien un jour, je vais l'appeler. Je lui dis, est-ce que t'as 5 minutes Je me sens pas bien, c'est pas ce qui m'est arrivé.

  • Lucie

    Parce qu'ils font pas ça avec leurs amis

  • Lorelou Desjardins

    Ouais, peut-être, mais ils en ont pas beaucoup d'amis. Et ils ne le font pas toujours. En fait, c'est ça que j'ai trouvé. Et c'est ça qui me rend le plus triste, je pense, pour eux. C'est qu'au début, je me disais, ouais, mais ils font ça avec leurs amis très proches. Et puis, je me rends compte que pas toujours, en fait. Que cette vulnérabilité, elle n'est pas toujours possible. Ça dépend des gens et ça dépend des amitiés qu'on a. Mais ça m'a l'air un petit peu compliqué. Il y a quand même un peu cette façade. Et si tu regardes sur Instagram et des choses comme ça, alors là,

  • Alban

    c'est puissance 2000.

  • Lucie

    Au final, je me rends compte que j'ai eu de la chance avec ma fameuse collègue qu'on a invitée à la maison et qui nous a aussi invitées chez elle et son mari. Lucie venait de tomber enceinte quasiment. Elle nous reçoit pour le dîner. Elle venait d'avoir son bébé, ça faisait je pense trois mois. Elle nous dit...

  • Lorelou Desjardins

    On ne lui avait pas dit qu'on...

  • Lucie

    Voilà, elle n'était pas au courant qu'on attendait un enfant. Et elle nous dit, l'accouchement... Donc une Norvégienne. L'accouchement, c'est terrible et horrible. et après elle commence à rentrer un peu dans les détails c'est son mari trop mignon qui dit oui oui mais maintenant ça commence à aller mieux il a 18 ans donc ça va elle s'en remet tout juste mais du coup j'avais adoré qu'elle soit aussi ouverte sur ça parce que ce sont je trouve des témoignages comme ça et puis on s'est pas penché sur le sujet en en discutant nous aussi pareil, un premier accouchement, première enfance ça a été délicat, une fois de plus milieu de l'hiver t'es pas chez toi,

  • Alban

    c'est pour tout le monde c'est qui Même Florence Forestier, elle a fait un sketch là-dessus. Il y a plein d'humoristes féminines qui font des sketchs là-dessus. Même si l'accouchement se passe bien, quand même, un être humain, tu es responsable de la survie d'un être humain.

  • Lucie

    De traverser avant que... En plus...

  • Alban

    Voilà, donc c'est quand même qu'il y a un rythme complètement différent. Tu ne sais pas ce que tu fais. Comme dit mon père, mes parents ont quatre enfants, mon père, il dit, c'est quand même la chose la plus difficile que tu fais et personne ne te donne un cours pour savoir comment tu le fais. Ça,

  • Lorelou Desjardins

    c'est clair.

  • Lucie

    Complètement.

  • Alban

    Donc, je veux dire, est-ce que c'est vraiment possible de rencontrer un parent qui te dit que tout s'est toujours très bien passé et qu'il n'a jamais rencontré aucun obstacle Moi, je ne crois pas.

  • Lorelou Desjardins

    La Norvégienne, très positive, qui ne voit pas le problème.

  • Alban

    Des gossobras, ça c'est la fin. Des gossobras. Toi, t'es là. Mais celle-là,

  • Lucie

    elle va bien, quoi.

  • Lorelou Desjardins

    Je vais la retenir au travail. Ouais. D'égo sobra.

  • Alban

    D'égo sobra. Le conseil quand tu commences un nouveau travail, il ne faut pas trop se plaindre. Premièrement, il faut commencer par dire une chose positive.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Après, il faut dire une deuxième chose positive. Après, il faut dire une chose un peu négative, que tu pensais dire au début. Et après, tu dois montrer trois solutions potentielles. Oui.

  • Lorelou Desjardins

    D'accord.

  • Alban

    Comme ça, oui, tu montres que déjà, tu es content d'être là, que tu es positif, que tu as une critique, mais que tu as déjà pensé aux solutions. Et là, par exemple, un chef, tu dis, j'ai pensé à ces trois solutions, qu'est-ce que tu en penses Qu'est-ce que tu préfères Et donc là, la personne choisit.

  • Lucie

    Tu leur laisses le choix.

  • Alban

    Tu leur laisses le choix, mais tu leur as aussi un peu prémâché le travail. Tu ne viens pas en disant, non mais attends, mais c'est quoi ces réunions le lundi matin Mais non, mais moi, je ne suis pas d'accord. Parce que la culture ne sert à rien.

  • Lorelou Desjardins

    Alors ça,

  • Alban

    c'est compliqué. Mais par exemple, au lieu de dire, non, mais c'est quoi ces réunions C'est n'importe quoi. Tu commences par dire, écoute, je voulais te dire, moi, je trouve que la culture des réunions, elle est vraiment super dans cette équipe, parce qu'on a des réunions où on sait où on va, il y a un agenda. Je trouve que vraiment, tout le monde participe. C'est vraiment super, blablabla. Par contre, je trouve que le lundi matin, tu vois, on vient d'arriver. C'est un peu frais du week-end. Est-ce que, par exemple, on ne pourrait pas mettre cette même réunion d'équipe, soit, par exemple, le mardi à 10h, ou, par exemple, le jeudi, parce qu'il y a machin qui revient de truc-muche, ou bien le mercredi, tu vois OK. Et du coup, pour eux, ils vont enregistrer que c'est une critique.

  • Lorelou Desjardins

    Mais que tu l'as bien enrobée.

  • Alban

    Très clairement, mais tu l'as bien enrobée et que tu es constructif.

  • Lucie

    Tu l'as déranglée comme il fallait, quoi.

  • Alban

    Les listening oriented comme ils disent. Orienté vers les solutions. Et non pas problème orienté vers les problèmes.

  • Lorelou Desjardins

    On a commencé à aborder le thème des enfants, de la maternité. Toi, après avoir rencontré quelqu'un qui n'était pas norvégien, vous avez décidé de former une famille. Comment ça s'est passé cette étape-là en Norvège

  • Alban

    Ça s'est bien passé, mais on est deux étrangers de deux cultures différentes dans une troisième culture.

  • Lorelou Desjardins

    Oui. Donc,

  • Alban

    ce n'est pas hyper simple. L'avantage qu'on a, c'est qu'on parle bien norvégien tous les deux. Donc, ça facilite. Ils ont quand même un peu des dogmes en Norvège. Il faut bien dire ce qui est sur l'éducation des enfants. Donc, il y a des choses qui sont extraordinaires. Moi, mon fils, il fait des démarches dans la forêt de 5 kilomètres avec son petit sac à dos. Il creuse dans la terre avec des bouts de bois. Il monte aux arbres. Enfin, il a une vie extraordinaire. Franchement, tu le vois, il est super content. Donc, il y a des choses qui sont super. Ils sont beaucoup dehors. On leur apprend à respecter les autres. On leur apprend à vivre en communauté. On leur apprend plein de choses comme ça. Ils ont quand même des principes d'éducation, comme nous aussi, on a des principes d'éducation en France.

  • Lorelou Desjardins

    Tu peux décrire la nourriture typique qu'on donne dans les jardins d'enfants La nourriture typique,

  • Alban

    c'est du pain carré avec des tubes, en fait, des pâtes liquides dans des tubes. Ça a l'air appétissant. De différentes couleurs. Alors, tu as une pâte en tube qui est rose, qui s'appelle caviar, qui n'est pas du caviar, qui est un genre de tarama très salé. Tu as un autre tube qui est un pâté de foie. Tu as un autre tube qui est un fromage liquide saveur crevette. Un autre tube, fromage liquide saveur bacon.

  • Lucie

    Fifty shades of tube.

  • Alban

    Fifty shades of tube, exactement. Voilà, donc c'est quand même un peu spécial. Ils leur donnent de temps en temps un petit fruit, mais comme j'ai expliqué, en fait, ce n'est pas une culture de la nourriture. Donc, ils ne vont pas non plus les encourager à manger un petit bout de chou-fleur. Ils vont mettre ça devant leurs yeux et puis s'ils ne le veulent pas, bon ben voilà. Donc, c'est vrai que ça, c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Toi, ça a été compliqué pour toi de voir...

  • Alban

    Ça a été très compliqué pour moi. Ça, ça a été très, très compliqué. Et je me rappelle, ça faisait 11 ans que j'étais en Norvège quand il est rentré au Barnahage, le jardin d'enfants. Et là, je me rappelle, j'ai dit à mes copines, dont certaines françaises, danoises, etc., qui ont eu des enfants ici, je leur ai dit, mais moi, c'est hors de question. Elles m'ont dit, si, tu vas te plier à ça, parce que tu n'auras pas le choix. C'est un rouleau compresseur pratiquement idéologique.

  • Lorelou Desjardins

    Et alors, tu t'es pliée à ça Eh bien,

  • Alban

    je ne m'y suis pas pliée.

  • Lucie

    L'irréductible.

  • Lorelou Desjardins

    Comment t'as fait À force de beaucoup de discussions, d'enrobage, de critiques Déjà,

  • Alban

    mon enfant a eu quelques soucis un peu de santé. Il avait mal au ventre quand il mangeait la nourriture de là-bas. Je ne pense pas qu'il soit particulièrement allergique. Je pense que c'était très industriel comme nourriture. Je pense qu'il n'avait pas l'habitude. C'était très salé. En tout cas, il a réagi à certains trucs. Je me suis un petit peu servi de ça. Il a vraiment réagi, mais c'est vrai que du coup, j'ai arrêté de goûter. Après, quand même, il y a beaucoup d'enfants qui ont des problèmes intestinaux à cause de cette nourriture. J'ai remarqué quand même, quand il mangeait trop de pain, il n'était pas bien. Mais ça, c'est tous les enfants. Voilà, c'est pas bon. Et donc, en fait, je me suis un peu servie de ça. Alors souvent, au début, quand même, j'ai essayé. Je me suis dit non, mais ça va le faire et tout. Je l'ai mis dans un jardin d'enfants où il y avait de la nourriture chaude tous les jours. Mais ça n'a pas fonctionné. Il n'était pas bien. Donc, en fait, je me suis un peu servie de ça en disant écoutez, on a essayé. On voit que ce n'est pas le meilleur pour lui. Mais par contre, à chaque nouvelle barna haguet, parce que malheureusement, on a déménagé. On n'a pas eu de place au début parce qu'il est né. à la mauvaise période de l'année, comme c'est les Norvégiens, en janvier, donc ça, ça a été trop long, il n'y a pas eu de place. Je me rappelle quand j'étais enceinte, les gens me disaient Mais t'es folle Tu vas accoucher en janvier Mais comment tu vas faire Alors, je crois pas que j'ai le choix, en fait. Là, je suis enceinte de 6 mois. Alors, je comprends pas très bien, donc on arrête les grossettes parce qu'on a pas de place en crèche. Je comprends pas votre logique.

  • Lucie

    On attend un enfant. Félicitations, c'est pour quand Décembre. Toutes mes condoléances. Après, tu comprends, parce que c'est pour avoir la place à temps en jardin d'enfant et que c'est compliqué si tu ne l'as pas.

  • Alban

    Oui, enfin, ça ne dure pas 20 ans. Tu te débrouilles. Ça va bien se passer quand même. On va trouver la place en crèche. Oui, c'est vrai. Mais c'est sûr que ça a été compliqué. Du coup, il a pas mal bougé de crèche. Mais c'est vrai que j'ai été obligée de reprendre ce fil chaque fois.

  • Lorelou Desjardins

    Comment il t'accueillait quand tu leur en parlais Très mal.

  • Alban

    Très, très mal. Et en fait, ce qu'on a fait, c'est qu'on lui a appris à manger à la cuillère très vite. Alors, j'ai de la chance, j'ai un enfant qui aime beaucoup manger. Donc, il mangeait. Il mangeait ce qu'on lui envoyait. Et nous, on lui envoie de la nourriture chaude dans un thermos. Donc, en plus, je me pliais à toutes leurs conditions. Ah non, non, on ne peut rien chauffer. Ah non, non, on ne peut rien faire. Ah non, non, on ne peut pas lui donner à manger à la cuillère. On ne peut pas ci, on ne peut pas ça.

  • Lorelou Desjardins

    Vous n'inquiétez pas, j'ai une solution. Je suis solution oriented.

  • Alban

    Voilà, donc on lui a appris à manger très tôt. où on lui faisait des choses à manger qui étaient faciles à attraper avec les doigts, à manger avec les mains. Après, on lui a mis beaucoup de choses, on le fait toujours, dans des thermos, donc c'est déjà chaud, on réchauffait tout le matin. Par contre, j'ai quand même eu quelques batailles de gagnées, dans le sens où pratiquement tous les jardins d'enfants où on est allés, où ça a été une bataille au début, à la fin de l'année, ils me disent Ah ouais, quand même, il mange bien votre enfant. Ah ouais, quand même, c'est pas la même chose. Les soupes de potiron et les omelettes et les salades de patates et les spaghettis bolognaises. Et donc, on lui fait des trucs différents. tous les jours. Et là, il me disait, quand même, quand il loue son petit thermos, on aimerait bien nous aussi... Taper dedans. On aimerait bien nous aussi taper dedans. C'est quand même...

  • Lorelou Desjardins

    On t'a même demandé la recette une fois.

  • Alban

    On m'a demandé, une dame du jardin d'enfants qui m'a dit, c'est intéressant ce que vous aviez là dans le mat' paquet, donc la boîte de votre fils. Et c'est quoi Je lui dis, c'est une omelette ou patate Ah, c'est intéressant, ça se fait comment C'est difficile à faire, non Mais alors, vous prenez un œuf, vous prenez une patate. C'est très dur.

  • Lucie

    Attention quand même, veillez à les puncher entre les deux.

  • Lorelou Desjardins

    Comment tu as réussi à leur faire accepter ça Quel a été le tips

  • Alban

    Alors, il faut toujours partir de la perspective de l'enfant et dire que c'est mieux pour cet enfant. Il ne faut pas dire que c'est...

  • Lorelou Desjardins

    Ton principe d'éducation.

  • Alban

    Voilà. Il ne faut surtout pas dire que c'est ton principe d'éducation parce que ça, ça n'a pas de valeur pour eux. Ce qui a de la valeur pour eux, c'est que tu fais le mieux pour ton enfant. Et donc, si tu leur dis, mon enfant, quand il mange des tubes, quand il mange trop de pain, il n'est pas bien, il a mal au ventre, il dort mal, il est fatigué, etc. Je vois que quand il mange des petits plats cuisinés, des choses fraîches, des légumes, il est mieux, il n'a plus mal au ventre, il dort mieux, blablabla. Là, du coup, bon, c'est pour le bien-être de l'enfant avant tout. et puis oui oui là moi je suis sortie du bois pratiquement enfin pas encore totalement parce qu'il me reste en fait à partir du moment où il rentre à l'école à 6 ans là c'est il n'y a plus de cantine c'est plus les jardins d'enfants qui donnent la nourriture donc là on en voit ce qu'on veut mais en fait il y a une expression en norvégien brødlei ça veut dire qu'on n'en peut plus du pain et ça on me dit ça les gens me disent ah mon enfant il est brûlé

  • Lorelou Desjardins

    Il n'en peut plus du pain.

  • Alban

    Il n'en peut plus du pain. Ils n'en peuvent plus. Ils n'en peuvent plus. C'est trop de pain. C'est très répétitif. Est-ce que tu imagines si on te sert des tranches de pain avec les mêmes trois tubes, deux fois par jour, tous les jours Parce que c'est ça dans le jardin d'enfant de mon fils, c'est ça. Ce n'est pas très folklore. Alors, je ne te dis pas que mon fils, il aime tout ce qu'on fait. Des fois, il dit à maman, j'ai pas mangé, j'aimais pas, c'était pas bon, c'était trop ci, c'était trop ça. Bien sûr, mais ça, on a tous des goûts. Et puis, des fois, t'as pas faim. Des fois, t'as faim. C'est comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que t'as hésité à mettre ton fils dans le système français

  • Alban

    Alors déjà, en Norvège, il y a une école française, mais c'est à partir de 3 ans, puisque c'est la maternelle. Donc déjà, de 1 à 3 ans, il faut bien trouver. Moi, j'habite un peu loin, très loin même. Donc, au niveau logistique... J'étais pas très motivée, c'est un peu trop loin pour moi.

  • Lucie

    Et si t'avais été à côté, tu te serais posé la question Ouais,

  • Alban

    je pense que si j'avais été à côté, ça aurait été quelque chose de très différent, surtout à partir de l'école primaire. D'accord. Je pense pas nécessairement à l'âge barnahagais, donc de 1 à 6 ans. Là, ils sont dehors, ils jouent dans la terre, bon voilà, ils font un peu leur vie. C'est vrai qu'à partir du moment où t'es un parent étranger et que t'es en Norvège, t'as tout un choix. que vous connaissez certainement. C'était, alors attends, est-ce que je veux que mon enfant et des copains dans le quartier soient invités ça et là, et aillent des anniversaires chez le voisin Ou est-ce que je veux que mon enfant parle et écrive correctement le français C'est toutes ces questions. L'école française, c'est quand même une école privée. C'est des questions. Après, c'est vrai que moi, je suis à l'extérieur d'Oslo. Après, j'ai pensé à d'autres alternatives. J'ai pensé, par exemple, aux écoles Steiner, parce que dans les écoles Steiner, il n'y a pas d'écran. Et il y a de la très bonne nourriture, qu'ils font eux-mêmes, avec les trucs bio du jardin, etc. J'ai pensé aux écoles Montessori. Alors là, pour le coup, pour moi, l'école Montessori, elle est extrêmement loin, donc encore plus loin, donc ce n'est pas d'actualité. Mais c'est vrai qu'on pense à plusieurs choses et ça dépend de tes principes comme parent.

  • Lucie

    Oui, mais est-ce que... Tu as pensé à plusieurs choses aussi, parce que du fait du système norvégien, l'éducation à la norvégienne après la primaire. Parce qu'on entend beaucoup que le système norvégien, c'est un peu plus laxiste, peut-être. C'est beaucoup plus laxiste. J'essaie de mettre les mots.

  • Alban

    C'est très laxiste. Non, ce n'est pas laxiste, c'est juste que ce n'est pas le même niveau d'apprentissage. et pas de la même manière. Il y a beaucoup d'écrans. Même dès le primaire Oui, dès le CP. Donc il y a beaucoup d'écrans. Là, il y a des débats, par exemple, d'après le Norvégien, ça te permet, entre autres, de suivre ce genre de débats politiques. Il y a beaucoup de débats maintenant contre l'utilisation des écrans. Et puis ils finissent tôt, ils finissent très tôt. Ils finissent entre midi et demi, 13h30. Donc après, ils ont les activités après l'école, mais ce n'est pas de faire du piano ou du sport ou de la natation. C'est un genre de centre aéré tous les jours, en fait, dans toute l'après-midi.

  • Lucie

    Ah bon, ils ne peuvent pas aller faire du sport

  • Alban

    Il n'y a rien qui est mis en place. La société n'est pas structurée de cette façon-là. Donc si tu fais du sport, c'est le soir, c'est après l'école. Alors qu'en fait, cette partie de l'après-midi... Du coup, elle ne sert pas à ça. Elle sert à faire des activités extrascolaires, des jeux, etc. Alors, selon les écoles, j'ai entendu dire que l'après-midi, elle est passée sur un iPad. Et puis, si tu as une autre école qui est un peu différente, là, ils ont des vraies activités pédagogiques. Mais du coup, c'est des gens qui ne sont pas forcément... Ce n'est pas des instits. Ils font cette partie-là après l'école.

  • Lorelou Desjardins

    Mais d'ailleurs, je vois que ça va être l'heure pour nous, parents, d'aller chercher nos enfants dans nos structures respectives.

  • Alban

    C'est ça.

  • Lorelou Desjardins

    Je pense qu'il y a encore un tas de sujets qu'on aimerait aborder avec toi. Ce serait sympa qu'on puisse le faire à un autre moment. Mais déjà, tu nous as donné plein de conseils et de clés aussi pour...

  • Lucie

    Parfois.

  • Lorelou Desjardins

    Ça va être plus dur ce soir, il va falloir débriefer entre nous deux, mais ça, c'est à nous de le faire.

  • Alban

    Alors après, c'est... C'est ma perspective, je ne suis pas non plus... Et je plaisante avec des choses qu'on savait déjà un petit peu.

  • Lucie

    Je pense que quand tu vis là, tu t'en rends compte plus ou moins.

  • Lorelou Desjardins

    Et du coup, pour les gens qui nous écoutent et qui sont intéressés, on a parlé d'un blog, d'un livre. Comment on peut un peu te suivre Quelles sont tes prochaines actualités

  • Alban

    Alors, le blog, celui en anglais, il s'appelle afroginthefjord.com. J'ai aussi un site qui s'appelle aucoindufjord.com. où j'essaye de partager des informations sur la Norvège en français. Et puis, j'ai mon livre qui s'appelle Au coin du fjord, les aventures d'une française en Norvège qui est disponible dans les librairies en Norvège et qui est malheureusement juste disponible en ce moment sur Amazon en France, mais qui va, j'espère, arriver dans les librairies. J'essaye de trouver des accords. Et puis, je suis en train d'écrire d'autres livres. Wow Oui. Voilà, qui vont sortir. Toujours sur la Norvège Toujours sur la Norvège. Et puis, je suis en train, comme j'ai dit, de monter mon entreprise. Alors, je vais faire plusieurs choses. Je vais donner des cours. Je fais du conseil en entreprise. J'écris beaucoup d'articles pour des municipalités, des communes.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est toujours pour parler des différences culturelles, se comprendre les uns les autres, mieux s'appréhender Oui.

  • Alban

    Donc, j'ai quitté, en fait, ma carrière dans le droit, pour l'instant, et dans la durabilité pour me concentrer là-dessus. Mais par contre, je vais probablement retourner un peu droit sur le droit du travail, des choses comme ça.

  • Lorelou Desjardins

    C'était vraiment un plaisir de te recevoir.

  • Alban

    Eh bien, écoute, c'est de rien.

  • Lorelou Desjardins

    Je vous reçois en mat... collègues du Sud, ça m'a fait plaisir.

  • Lucie

    C'est de Marseillais, mais sans accent.

  • Alban

    Il vient pas de Marseille, il vient de Miramas.

  • Lorelou Desjardins

    Je te raconte tout ça aussi.

  • Lucie

    Oui, mais pour la Parisienne, c'est pareil.

  • Lorelou Desjardins

    Pas de problème.

  • Lucie

    Et pour clôturer, est-ce que tu as une phrase favorite qui te fait penser à la vie ici

  • Alban

    Je vais vous raconter une blague sur les Norvégiens. Comment voit-on la différence entre un Norvégien introverti et un Norvégien extraverti Un Norvégien introverti, quand il te parle, il regarde ses chaussures. Un Norvégien extraverti, il regarde tes chaussures.

  • Lucie

    Pas mal.

  • Lorelou Desjardins

    Est-ce que c'est la vérité S'il vous plaît, les Norvégiens francophones, dites-nous. Est-ce que ça vous a fait rire ou pas, vous aussi

  • Lucie

    Merci beaucoup, Laure-Lou. Merci à vous. Merci de nous avoir écoutés. Et puis, on vous dit à très bientôt chez nous.

  • Lorelou Desjardins

    Sous les aurores.

  • Lucie

    Si cet épisode vous a plu, pensez à nous laisser une note et un avis sur votre application d'écoute préférée.

  • Lorelou Desjardins

    Ou un commentaire sur YouTube, ça nous aide énormément à faire grandir le podcast.

  • Lucie

    Merci et à très vite pour le prochain épisode.

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