- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bonjour à toutes, aujourd'hui je reçois Alice Carsanti, jeune femme engagée qui a parcouru 1500 km à vélo de Barcelone à Paris pour l'association Les Rous Libres et pour promouvoir la pratique du vélo par les femmes. Je suis contente de recevoir Alice aujourd'hui pour qu'elle nous parle de son parcours, de la préparation de cette aventure, de l'aventure elle-même évidemment et du projet de l'association. Bienvenue Alice, est-ce que tu veux bien te présenter ?
- Speaker #1
Oui ! Du coup, je m'appelle Alice Karsanti. Merci de me recevoir. J'ai 27 ans. Je suis originaire de la région parisienne et j'ai toujours grandi. Et de formation, je suis climatologue. Donc, j'ai fait un doctorat en paléoclimatologie. Donc, c'est l'étude du climat passé de la Terre. Et à côté de cette passion pour les sciences du climat, je suis passionnée de sport, de nature. Et j'adore partir à l'aventure. Donc, depuis 2-3 ans, je dirais maintenant, la plupart de mon temps libre, il est dédié à l'aventure. Donc, pas forcément performance, mais partir en nature, me retrouver des heures en nature. Et donc, voilà. Du coup, ma vie, je dirais qu'elle est... Je me définis souvent avec 2-3 mots. Et j'aime bien utiliser le climat, la nature, le sport, en gros. Voilà, ma vie, en gros, qu'elle se soit professionnelle et personnelle, elle tourne autour de ces axes-là.
- Speaker #0
Ça va bien ensemble. Et quel sport est-ce que tu pratiques ? Est-ce que tu as toujours été sportive ou est-ce que c'est quelque chose qui est venu plus tard ?
- Speaker #1
Ouais, j'ai commencé le sport à 6 ans au CP avec le tennis. Je ne sais plus trop comment, mais j'ai demandé à mes parents de faire du tennis. Je suis tombée amoureuse du sport direct. J'ai fait 10 ans de tennis, j'ai fait de la compète et ma vie tournait autour du sport en gros. Après, j'ai arrêté au lycée, vie sociale, tout ça. J'ai un peu arrêté le sport. J'ai fait un peu de volet, mais pas du tout avec le même état d'esprit. Mais j'ai toujours aimé le sport, donc je courais quand même un peu, mais de manière hyper irrégulière. Mais j'ai toujours aimé bouger, faire plein de choses. Et puis, en fait, j'ai recommencé vraiment le sport au début de ma thèse, donc en 2021. Je me suis dit que ça allait être trois ans ultra stressants, hyper prenants et qu'il fallait que je trouve un équilibre. Du coup, je me suis remise à courir avec une première course. J'avais fait les 10 kilomètres Adidas, qui cette année était en septembre. Et puis voilà. J'ai déménagé en vallée de Chevreuse à ce moment-là. Pour les gens qui ne connaissent pas trop, c'est le sud-ouest de la région parisienne. C'est une vallée qui est trop belle où tous les Parisiens vont faire du vélo et de la course. J'habitais dans ce coin-là, donc je me suis mise à courir en nature. J'ai un de mes colocs qui m'a motivé à faire un marathon, donc je me suis préparée. Je me suis mise à courir sérieusement. J'ai pris goût, puis je me suis mise au trail. Et puis voilà, maintenant je fais du trail, je suis dans un club et j'aime bien les longues distances qui me permettent d'être en immersion dans la nature pendant genre 10 heures. Donc je fais beaucoup de courses et depuis deux ans, je fais du vélo aussi. Je me suis mise à faire du vélo, c'est parti de... j'avais envie de traverser la Corse à vélo. Je ne sais plus, j'avais vu ça sur internet et je me suis dit, ah ça a l'air trop cool. Donc j'ai attendu un peu parce que les vélos ça coûte cher et puis au bout de six mois, j'avais toujours envie. Du coup, je me suis acheté un vélo et je suis partie avec un copain pendant deux semaines à traverser la Corse. Puis, depuis la fin de ma thèse, je prends vraiment le temps de faire beaucoup de vélo, dont ce projet, parce qu'à la fin de la thèse, je n'avais pas trop le temps. Voilà, donc le sport, ça a toujours été dans ma vie, mais j'ai un peu changé de rapport au sport. Avant, j'étais vraiment beaucoup plus compète, performance. Et maintenant, c'est plus plaisir, même si j'adore la performance, mais vis-à-vis de moi-même plutôt.
- Speaker #0
Et tu fais tout un beau panel de sport qui, en général, se complète quand même bien. Il y a souvent les trailers qui font du vélo, les cyclistes qui font du trail. Et comment il est né, alors, ce projet de faire les 1500 kilomètres qui séparent Barcelone de Paris, à vélo, donc ?
- Speaker #1
Oui, alors, il est venu un peu d'un... Pas un coup de tête, mais d'un ressenti... En fait, je suis partie en voyage trois mois, du coup, après ma thèse, là. J'ai fini ma thèse en décembre, et en début mars, je suis partie à vélo. pour trois mois en Espagne. Et en fait, j'ai descendu la France à vélo. Donc j'ai fait Paris-Barcelone en une dizaine de jours. Et après, j'étais dans les Balears. Donc je suis allée à Minorque. Après, j'ai fait du buffing à Ibiza. Donc c'est du bénévolat dans une ferme agricole. Et puis mi-avril, la question s'est posée de comment j'allais rentrer à Paris en mai. Je devais rentrer fin mai, en gros. Et puis, soit je rentrais en train début mai, soit je rentrais à vélo. Donc c'était les deux options que j'avais et du coup de manière assez évidente je me suis dit bon bah je vais rentrer en vélo. Vu que je l'ai fait dans un sens je peux le faire dans l'autre mais je me suis dit je vais prendre plus de temps cette fois-ci. Et ça faisait longtemps que j'avais envie de faire un défi sportif solidaire comme ça. Mais je n'avais pas de cause qui me tenait à cœur. Et je pense que c'est l'essentiel d'un projet comme ça, c'est d'avoir quelque chose qui te tient à cœur, sinon ça ne sert à rien de le faire. Donc je m'étais dit, ça viendra un jour, je ne me mets pas de pression. Et puis en fait, au cours de ce voyage, j'ai ressenti plein de choses chouettes. Plein de sentiments à force de faire du vélo. Donc même quand j'étais à Ibiza, je faisais du vélo quasiment tous les jours. Et en fait, petit à petit, je me suis dit, mais les sensations que j'ai là, j'aimerais que toutes les femmes ou le plus de femmes possible les ressentent. Pas forcément en faisant des gros voyages comme ça, parce que ce n'est pas donné à tout le monde et tout le monde n'est pas fait pour ça. Mais tous les sentiments de liberté, de joie, de confiance en soi qu'on peut ressentir à vélo et même d'être... au milieu de la nature, je trouve que c'est vraiment magique. Et du coup, je me suis dit que si je devais soutenir une cause, ça serait celle-ci, donc plus de femmes à vélo. Donc c'est parti de ça, et puis voilà.
- Speaker #0
Et tu connaissais déjà une association qui soutenait justement, qui essayait d'aider des femmes à se mettre sur le vélo ? Ou est-ce que tu as fait des recherches ? Comment tu as construit du coup les débuts de ce projet ?
- Speaker #1
Alors pas du tout, donc j'ai commencé à réfléchir à ça mi-avril et moi j'aime bien avoir plein de projets tout le temps, j'ai toujours plein d'idées, mais je me connais, des fois ça retombe la motivation, donc je me suis laissé une semaine de réflexion sans en parler à personne, en mettant un peu le projet en route, dans ma tête, en construisant, puis au bout d'une semaine j'étais toujours super motivée, du coup je me suis dit je vais le faire, j'avais surtout un problème de légitimité je pense. Et en fait, je me suis dit, je ne me sentirai jamais légitime, donc je vais le faire. Parce qu'en fait, le seul point qui est important, c'est de le faire avec honnêteté et d'être sincère dans sa démarche. Et comme je l'étais, je me suis dit, je le fais. Et donc, j'ai démarché d'abord des vélo-écoles. Parce que mon point de départ, c'était de... Je voulais que la canotte, elle serve pour des cours de vélo pour des femmes adultes. Donc j'ai contacté des vélo-écoles. J'en ai une qui était hyper motivée par le projet. Mais du coup après il me fallait une association qui vient en aide aux femmes. Et dans l'idée je voulais faire une collaboration entre les deux. Et en fait j'ai mis un peu de temps à trouver l'association. Mais je me suis dit je continue à avancer sur le projet, je finirai par trouver. Forcément ça va plaire et ça marchera un moment. Et en fait j'ai trouvé l'association une semaine avant de partir. Une amie qui m'en a parlé, une amie avec qui j'étais à Mayork, qui me dit « Ah, mais tu connais les roues libres, c'est une trop chouette asso, c'est deux femmes qui ont créé ça, et c'est exactement ça, quoi. » Donc je les ai contactées, et en fait, on s'est eues au téléphone la veille du départ. Et du coup, j'ai eu une des deux filles au téléphone qui me présente l'asso. Du coup, mon amie les connaissait assez bien, et qui me présente un de leurs programmes, et en fait, coup de cœur. Et on s'entend super bien, le programme correspond exactement à ce que je veux soutenir. et du coup on se dit bah let's go c'est parti on s'était vraiment juste à temps quoi et du coup c'était trop bien aussi parce que moi je voulais pas partir non plus sans assaut c'était un projet qui s'est un peu fait à l'arrache et du coup je savais que ça serait pas parfait mais je voulais quand même avoir une asso au moment où je partais parce que ça crédibilise le projet puis enfin je voulais le faire pour une asso donc ça me tenait à coeur de trouver et puis ça s'est fait naturellement
- Speaker #0
Et est-ce que tu peux nous expliquer du coup vraiment ce que fait l'association et le projet dont tu parles ?
- Speaker #1
Oui, du coup c'est une petite association qui a été créée par deux filles qui s'appellent Audrey et Mathilde. En 2023, c'est une asso qui est basée à Paris et dont le but c'est d'œuvrer à l'égalité professionnelle dans le milieu du vélo et de manière plus générale c'est d'œuvrer à plus d'inclusion. de respect dans le milieu du vélo et notamment dans les métiers du vélo. Et elles travaillent beaucoup avec la Seine-Saint-Denis pour la réinsertion professionnelle des femmes qui sont bénéficiaires du RSA, par exemple, et donc essayer de les réinsérer par le biais des métiers du vélo. Et donc pour ça, elles ont pas mal d'actions. qu'elles mettent en place, elles font des études. Là, elles ont fait une étude sur les freins et les motivations des femmes à aller dans le monde du vélo et à faire du vélo. Et après, elles ont des cycles de formation professionnelle sur les mécanismes sexistes et les... les agressions sexistes et sexuelles dans le monde du vélo. Elles ont des cycles de formation, je ne me rappelle plus exactement. Mais en gros, elles forment les professionnels pour tout ce qui concerne l'égalité homme-femme dans les métiers du vélo. Il y a une partie pour le recrutement égalitaire. Donc des choses comme ça.
- Speaker #0
C'est assez large sur la thématique. Oui, vraiment,
- Speaker #1
c'est à 360. Elles ont un programme qu'elles ont lancé. C'est le programme que ma cagnotte va soutenir. C'est un programme qui a été lancé l'année dernière. C'est un programme qui est gratuit et qui est financé l'an dernier, qui a été financé en partie par la Seine-Saint-Denis. C'est un programme de formation qui a deux objectifs. Apprendre à faire du vélo. et prendre confiance en soi à vélo. Et le deuxième point, c'est de découvrir les métiers du vélo, donc un peu à 360 avec des ateliers théoriques et des ateliers pratiques, notamment pour les métiers comme la mécanique. C'est un cycle d'ateliers qui est réservé aux femmes en situation de précarité, donc en général plutôt financière, mais ça peut être une situation monoparentale, enfin plein de situations possibles. C'est un atelier qu'elles ont mis en place l'an dernier, un programme pardon. Dans ce programme, il y a 23 ateliers qui sont suivis. Le but, c'est que le plus de femmes possible, il y a une dizaine de femmes qui sont choisies. Le but, c'est qu'elles puissent suivre l'ensemble du cycle d'ateliers pour que ça crée aussi de la cohésion entre les femmes qui participent aux ateliers, de la confiance en soi, du lien et de la motivation à s'investir dans ce programme. Et à la fin du programme... elles repartent avec un vélo et ça c'est hyper important parce que Audrey me disait que quand t'es en situation de précarité ta vie est plus compliquée que pour d'autres personnes donc suivre un cycle d'atelier comme ça c'est chouette tu vas découvrir des choses mais en fait derrière ça va pas forcément être pérenne dans ta vie parce que si t'as pas les moyens de t'acheter un vélo bah en fait t'auras appris plein de choses mais tu pourras pas le mettre en oeuvre Et du coup, le fait qu'elles partent avec un vélo, ça permet de pérenniser ce qu'elles ont appris et toute la confiance en elles qu'elles ont acquise. Donc voilà, c'est hyper chouette. Et moi, j'ai adoré ce projet. J'ai adoré le fait que ça soit un programme qui est créé pour des femmes, parce que du coup, il est pensé avec toutes les problématiques que les femmes peuvent rencontrer, que ça soit pour la garde d'enfants, plein de choses que les... des problématiques que les femmes ont, que les hommes n'ont pas forcément et qu'ils ne vont pas intégrer si eux construisaient un programme comme ça. Donc moi, j'ai vraiment eu un coup de cœur pour ce projet. Et en plus, au moment où on s'est appelé, elle venait de faire les retours un mois plus tôt, le bilan. Il y avait eu des très bons retours. Ça a super bien marché. Et là, elle cherche en gros des financements pour relancer le programme cette année. Et du coup... Je me suis dit que je serais donatrice de pas grand-chose, mais d'une petite partie. En tout cas, ça me motive à relancer ce programme cette année.
- Speaker #0
Ça contribue quand même, c'est chouette. Puis ça tombait vraiment pile au bon moment, exactement avec ce que tu voulais promouvoir. Vous vous êtes bien trouvée. Oui,
- Speaker #1
vraiment.
- Speaker #0
Et comment alors est-ce que tu t'es préparée pour ce petit défi de 1500 kilomètres à vélo ? Est-ce que, de toute façon, tu faisais beaucoup de vélo, donc tu avais l'entraînement, tu n'as rien fait de spécial, ou est-ce que tu as quand même mis en place certaines petites choses ?
- Speaker #1
Non, du coup, vu que j'avais descendu la France un mois et demi plus tôt, et que ça avait été... Je n'étais pas trop stressée en termes de défis sportifs. J'ai roulé quasiment tous les jours pendant deux mois, donc je ne me suis pas préparée spécialement. Je continue à rouler jusqu'au départ, et voilà. Et après, j'ai construit mon itinéraire, du coup... Au début, je me suis dit, Barcelone-Paris, c'est 1000 kilomètres, je vais faire une canotte de 1000 euros. Puis après, je me suis dit, je peux peut-être augmenter un peu pour augmenter un peu le défi. Et en plus, 1000 kilomètres, c'est vraiment tout droit, donc ce n'est pas forcément le plus bel itinéraire. Et j'avais aussi à cœur de profiter sur le parcours. Du coup, j'ai commencé. En fait, je voulais que ce projet soit le plus participatif possible. Du coup, j'ai demandé à mes amis des recommandations d'endroits en France qui étaient chouettes. Et ensuite, j'ai fait une liste de tout ce qu'on m'avait recommandé. J'ai essayé de relier tous les points que je pouvais, avec un itinéraire qui ne fait pas non plus des tonnes de détours. Et puis en fait, ça arrivait vers 1500 kilomètres. Du coup, j'ai arrangé l'itinéraire pour que ça fasse 1500. Et du coup, je me suis dit comme ça, ça fera symboliquement une cagnotte avec un objectif de 1500 euros. Du coup, j'ai constitué l'itinéraire comme ça. Et puis voilà.
- Speaker #0
Et après, tu as fait comment pour tracer vraiment les routes où tu allais passer ? Est-ce que tu utilisais, je ne sais pas, genre Komoot ?
- Speaker #1
Oui, moi, j'utilise pas mal Komoot. Donc, j'ai fait un itinéraire de route parce que c'était plus simple, vu que j'avais pas mal de sacoches et qu'en gravel, c'est beaucoup plus long. Et du coup, j'ai utilisé Komoot, j'ai rentré toutes les recommandations de mes amis, et puis j'ai laissé Komoot tracer. Ça faisait un peu plus de 1500, mais je savais qu'au fur et à mesure, j'allais un peu réarranger les itinéraires chaque jour. Et du coup, après, j'ai essayé de couper en une quinzaine de jours. En gros, j'avais 18 jours pour rouler. Je me suis dit, je prends un peu plus large au cas où j'ai un problème, ou même si j'ai besoin de faire une pause parce que je suis fatiguée, etc. Et parce qu'elle allait, j'avais pas du tout fait ça et j'avais pas profité en fait. Donc là, je voulais quand même profiter, je voulais faire des vidéos, donc je voulais avoir du temps le soir pour faire des vidéos, etc. Et donc j'ai coupé une quinzaine d'étapes. Et après, au fur et à mesure, je crois que la première semaine, j'ai suivi vraiment la trace que j'avais faite au tout début. Et je l'ai réarrangée les derniers, en arrivant sur Paris, les 3-4 derniers jours, parce que c'est moins chouette et je passais par des grosses routes, donc j'ai un peu réarrangé chaque jour. Mais oui, je regardais en gros chaque jour où je pouvais aller. Et pour les logements, j'avais ma tante. J'étais équipée avec tout ce qu'il faut pour faire du bivouac, etc. Et j'ai un peu mixé. J'ai fait un jour de bivouac. Quand il faisait trop moche, j'ai dormi en refuge dans les Pyrénées. J'ai dormi chez des amis à Toulouse. Et après, j'ai fait beaucoup de camping. Les campings étaient ouverts et vides. Donc, c'était super chouette.
- Speaker #0
Pratique.
- Speaker #1
Ouais. Du coup, je regardais souvent le midi, vers où je devais arriver le soir. Et puis, j'appelais le camping, parce qu'ils ne sont pas tous ouverts. Et puis comme ça, j'étais sûre que vers 18, 19 heures, j'avais un endroit où me parachuter.
- Speaker #0
Donc finalement, la partie organisation du projet, ce n'était pas le plus compliqué. Bon, après, tu as l'habitude, mais ça donne des idées aussi. Je me dis qu'il y a d'autres femmes qui aimeraient peut-être pouvoir faire ce type de projet, mais en fait, qui vont bloquer sur la partie vraiment pure orga. Alors que finalement, ce qui t'a pris peut-être le plus de temps, c'est de trouver l'assaut, etc.
- Speaker #1
Oui, oui, oui. En termes d'organisation, après, j'avais déjà fait des trips vélo, mais en fait, c'est mon premier voyage seul à vélo. Et du coup, j'avais descendu la France à l'aller. Mais en termes d'organisation, non, c'est pas si compliqué. Moi, le seul point qui me fait peur, c'est la nuit. En vrai, j'essaye de travailler là-dessus, mais j'ai toujours peur de dormir en bivouac seul, à part en montagne. Mais du coup, j'ai dormi une nuit en bivouac dans les Pyrénées. et en fait sinon j'ai peur et du coup Du coup, au lieu d'avoir peur, je préfère dormir en camping. Donc ouais, en fait, après je me dis, on est en France, tu trouves toujours un endroit où dormir, tu trouves toujours un endroit où manger. Parce que souvent, les gens te disent, ah mais tu vas manger comment ? Tu vas dormir comment ? Et en fait, tu as toujours une boulangerie. Et en fait, même vers la fin, je suis passée sur le plateau des mille vaches, dans le limousin, et ensuite la Creuse. Et c'est des régions où il n'y a pas grand-chose. Ce n'est pas un mythe, c'est la réalité. C'est magnifique, mais il n'y a rien. Et du coup, en fait, j'anticipais. Je savais que je n'allais rien croiser. Donc, le matin, je regardais. Et en fait, s'il n'y a rien, j'achète quelque chose à manger le matin. Et en fait, il faut anticiper un petit peu, mais pas non plus trois jours avant.
- Speaker #0
Oui, tu n'es pas non plus vraiment au plein milieu du désert avec 1000 kilomètres de ville vide autour de toi.
- Speaker #1
Et c'est ça. On est en France et il y a toujours quelque chose à manger quelque part et un endroit pour dormir. Et les gens sont hyper sympas. Je n'ai jamais eu de problème de personnes malveillantes. ou quoi donc.
- Speaker #0
Ouais ça c'est toujours rassurant et est-ce que justement tu vois t'as eu des moments vraiment particulièrement sympas, peut-être des rencontres sympas ou des paysages aussi qui t'ont vraiment marqué ?
- Speaker #1
Ouais, bah alors moi j'ai adoré tout mon voyage à part la fin mais plus parce que on sent la fin approcher mais sinon en termes de paysages j'ai redécouvert la France et je suis trop séduite, vraiment toutes les régions que j'ai croisées, j'ai adoré la Riège que je connaissais pas, donc tout en descendant des Pyrénées jusqu'à Toulouse, magnifique Le Lot et la Dordogne, trop beau, avec tous les petits villages, Rocamadour, Colonge-la-Rouge, trop chouette, je recommande, mais c'est casse-pattes.
- Speaker #0
Il y a pas mal de... C'est vallonné là-bas.
- Speaker #1
Oui, je ne m'y attendais pas, mais c'est tellement beau qu'en fait, on oublie. Et après, le plateau des Millevaches dans le Limousin, je n'étais pas très motivée et on me l'a recommandé, donc j'y suis allée. Et pareil, un coup de cœur, c'est magnifique. Par contre, c'est très désert, donc voilà. Il faut aimer être seul et en fait c'est à ce moment là où j'ai commencé à me dire c'est un peu long en fait, tu passes la journée tout seul, tu croises quasiment pas de village. Et voilà, après, Château de la Loire, magnifique. Et en termes de rencontres, je dirais que pour faire des rencontres, il faut prendre plus de temps. Par exemple, à l'aller, j'ai tellement roulé un peu en mode ultra que je n'ai pas fait de rencontres. Et là, un peu plus. Par exemple, il y a un jour, je crois que c'était dans le Lot, j'arrive dans un camping éco-responsable au bout d'une petite route. Il n'est même pas indiqué. Je me dis, mais je vais arriver nulle part. Et puis, en fait, j'arrive, il y a le camping, quoi. et coup de cœur, il est magnifique, il n'y a personne, c'est hyper verdoyant, c'est trop beau. Les responsables du camping sont hyper sympas, hyper ouverts à discuter de plein de choses et tout. Et en fait, du coup, je décide de rester deux nuits parce qu'il faisait super beau à ce moment-là et que j'avais un peu de temps, j'avais deux jours de battement où je pouvais ne pas rouler. Du coup, je choisis de faire un de ces jours-là à cet endroit. Et en fait, j'ai passé la journée du lendemain à discuter avec eux. Il y avait une dame qui se formait pour ouvrir un camping. Elle voulait changer de carrière. Et du coup, on a passé la journée à discuter aussi. Donc, des rencontres assez inspirantes. Voilà. Et après, même dans des... Tu t'arrêtes dans un café, les gens voient ton vélo, ils te demandent. Tu dis que tu roules pour un projet. Ils sont curieux, tu racontes. Et puis à la fin, ils font un don sur la cagnotte.
- Speaker #0
C'est trop chouette. Ouais,
- Speaker #1
non, c'est chouette. Et même, j'ai dormi dans un Airbnb, dans la Creuse, et c'était un couple de trentenaires. Pareil, ils m'ont invité le soir à faire barbecue, c'était trop chouette. Donc ouais, pas mal de rencontres, en vrai. C'est des rencontres assez éphémères et rapides, mais qui sont pleines de sens.
- Speaker #0
Et justement, sur le projet, tu vois, comment, en fait, t'as communiqué autour de ta cagnotte ? Donc bon, quand t'as croisé des gens qui t'ont posé des questions, tu leur en as parlé, mais sinon, qu'est-ce que t'as mis en place pour essayer de récolter ces fonds, quoi ?
- Speaker #1
C'est une bonne question parce que c'est quand même une grosse partie. Du coup, quand j'ai construit le projet, j'ai pensé ça directement. Je me suis dit qu'est-ce que je dois mettre en place ? Trouver une asso et trouver des fonds en gros. Et du coup, pour trouver des fonds, ça va être soit contacter des marques par mail. Donc j'ai fait ça pas mal. Ça n'a pas trop marché. J'ai eu deux retours positifs. Un qui a abouti, un qui n'a pas abouti. Mais on s'est dit qu'on pouvait peut-être faire quelque chose plus tard ensemble. Et puis sinon, surtout par Instagram, j'ai fait une vidéo un peu sérieuse où je présentais, j'ai fait quelque chose de bien pour lancer le pro. Bien avant d'avoir l'assaut, j'avais un peu peur, mais j'ai tourné le truc qui disait que l'assaut allait arriver. Et puis j'ai été active sur mes réseaux pendant tout le voyage. Donc je faisais une vidéo par jour pour retracer un peu ma journée. Et puis, je mettais des stories régulièrement en rappelant la cagnotte, etc. Et après, tous mes cercles proches, je suis dans des groupes de courses vélo, tous mes copains et tout. Et j'ai pas mal de potes qu'on repartageait et tout. Donc, ouais, je dirais qu'il y a le cercle proche et les réseaux sociaux. Et après, essayer de contacter des partenaires ou des marques. Mais ça, je pense que ça fonctionne bien. Ça peut bien fonctionner. En gros, j'avais fait un PDF qui expliquait tout mon projet, un truc un peu sérieux. Mais ça, je pense que ça marche bien, mais il faut le faire plus en amont. Là, moi, j'ai vraiment tout fait en deux semaines, donc c'était trop court. Les gens n'ont pas le temps de réfléchir, de tomber sur le mail, etc. Donc je pense que c'est quelque chose qui fonctionne, mais à faire plus en amont.
- Speaker #0
Oui, ça paraît logique, effectivement. Je ne sais pas si c'était facile de trouver même les marques à contacter. Tu vois, comment tu ciblais ceux à qui tu as écrit un mail ?
- Speaker #1
J'avais quelques contacts de certaines marques. Donc là, j'ai envoyé directement à des personnes que je connaissais. Et sinon, après, j'ai essayé de cibler des petites marques qui avaient des valeurs qui étaient alignées avec les miennes et avec le projet. Et ouais, plutôt des petites marques qui sont dans le développement durable, dans l'égalité, des choses qui... En fait, des marques qui pouvaient résonner avec le projet et trouver ça cool, quoi. Ouais, bien sûr. Plutôt que des grandes marques qui, en fait, n'ont pas forcément ça comme objectif et en fait, ça n'a pas trop de sens de travailler avec elles.
- Speaker #0
Ouais, c'est pas évident, en fait, de bien cibler. En même temps, parfois, les grandes marques, elles ont aussi... quand même des budgets qui sont dédiés à des soutiens de casseaux, donc ça peut être intéressant. Mais par contre, vu les délais de décision, c'est sûr que 15 jours avant, de toute façon...
- Speaker #1
Oui, là, c'est plutôt ça. Le conseil, c'est plutôt, si les gens ont un projet comme ça, de s'y prendre plus à l'avance.
- Speaker #0
En même temps, t'as quand même bien fait de te lancer. Je trouve ça chouette de justement pas se dire, du coup, c'est mort, je le fais pas, alors que là, t'avais une bonne occasion, et puis au final, t'as réussi.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Et est-ce que ça a eu un impact sur ta vision du vélo, de l'engagement des associations, ce projet ? Est-ce que c'est quelque chose aussi que tu voudras refaire ?
- Speaker #1
Déjà, là, je trouve que toutes les associations, là, je suis dans une autre association, mais qui œuvre plutôt pour l'environnement. Mais en fait, je suis hyper admiratif de ce que font toutes les assos et je trouve ça hyper important de s'investir et d'être bénévole dans des assos. Donc, je pense que ça a mis un peu la lumière là-dessus. l'importance de ce genre de projet. Et puis, j'ai trouvé ça trop chouette parce qu'en fait, il y a plein de gens qui ont adhéré. Il y a eu pas mal de donateurs, que ce soit dans mes amis ou des gens que je connaissais depuis quelques années, mais que je n'ai pas vus, je ne sais pas, depuis cinq ans. Et du coup, je me suis dit, en fait, quand tu fais un projet comme ça, ça réunit les gens. Et du coup, je trouve que c'est assez porteur d'espoir. Je me dis qu'il faut se lancer et que ça... Ton projet, il résonnera chez des gens, pas chez tout le monde, mais chez certaines personnes. Donc, en fait, il ne faut pas hésiter à faire des projets comme ça. Et après, pour le futur, je n'ai pas de projet là dans l'immédiat. En tout cas, pas de projet solidaire comme ça. Mais c'était une trop belle expérience. Du coup, je pense que plus tard, je referai des choses comme ça. Mais encore une fois, il faut avoir une cause à soutenir et être sincère dans la démarche. Donc, il faut... Je pense que ça vient en fait à un moment. Et puis voilà, il ne faut pas forcer le truc. Oui,
- Speaker #0
c'est ça. Tu as l'idée un peu en tête et puis après, tu laisses venir.
- Speaker #1
C'est ça, tu déroules le truc.
- Speaker #0
Puis maintenant, tu l'as fait une première fois, donc ce sera peut-être plus facile aussi à refaire en fait.
- Speaker #1
Oui, je sais les points à améliorer, etc.
- Speaker #0
Super, c'était un chouette projet. Et pour terminer, j'ai ma petite question traditionnelle. Est-ce que tu aurais un message que tu aurais envie de transmettre aux auditrices de la Sportive Outdoor ?
- Speaker #1
Alors, un message ? Du coup, ça serait d'oser, en fait, de ne pas écouter ses peurs. Parce que souvent, en gros, c'est un peu basique, mais tous les freins qu'on a, c'est des freins qu'on a dans la tête, et encore plus en tant que femme. Et en fait, on se rend compte que quand on sort, qu'on va courir ou n'importe quoi, qu'on se lance dans un projet, ça fonctionne. Et si ça ne fonctionne pas, on apprend des choses. Donc, ne pas trop écouter ses peurs. Et pour un projet comme j'ai fait, ne pas attendre de se sentir légitime, c'est vraiment la leçon que j'en ai tirée. Parce que la seule chose qui est importante, c'est de le faire avec le cœur et d'y croire. Et après, ça roule. Voilà. Donc, se lancer.
- Speaker #0
C'est un beau message. Je pense qu'en plus, on a toutes, plus ou moins, tu vois, mais globalement, c'est aussi un problème de femme, de ne pas se sentir légitime et du coup, de ne pas y aller.
- Speaker #1
Moi, j'essaye dans toutes les sphères de ma vie. Du coup, par le sport, j'ai envie de me mettre à l'ultra parce que quand on regarde les chiffres, que ce soit dans l'ultracyclisme ou l'ultra-trail, les pourcentages de femmes sur les courses sont minimes. Et du coup, j'ai envie d'aller là-dedans pour être une femme de plus dans les stats, pour être moteur d'un changement et un exemple pour que d'autres femmes s'y mettent. Et pour ma partie pro, dans la science, c'est pareil, il y a peu de femmes. Du coup, j'essaye d'aller dans des domaines où il y a peu de femmes pour essayer de faire bouger les choses, quoi. Et dire, en fait, on est aussi légitime et on n'est pas moins forte. Donc, voilà.
- Speaker #0
C'est clair que toi, là, c'est dans toutes les sphères de ta vie.
- Speaker #1
Oui, mais en fait, c'est sans faire exprès. Je m'en suis rendue compte dans la science et ensuite dans le trail. Moi, ça fait longtemps que j'ai envie de faire de l'ultra, mais j'y vais progressivement. Et je ne sais plus, c'est l'an dernier, sur l'UTMB, j'ai vu les stats du nombre de femmes. Et je me suis dit, mais il faut changer ça. Et en fait, je me dis, du coup, j'ai envie de faire de l'ultra rien que pour changer ça. Et voilà.
- Speaker #0
Oui, il y a encore pas mal de travail, clairement.
- Speaker #1
Mais ça bouge, ça bouge.
- Speaker #0
Merci beaucoup, Alice, pour ton partage. C'était vraiment chouette. Et puis, ça donnera peut-être... envie à d'autres personnes de se lancer. Et super intéressant, l'association Les Rous Libres. Je mettrai les liens, du coup, de toute façon dans la description du podcast, vers ton compte Insta et vers le site de l'asso.
- Speaker #1
Trop chouette. Merci à toi de m'avoir reçu. C'était trop chouette d'échanger.
- Speaker #0
Avec grand plaisir. À bientôt.
- Speaker #1
Salut.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes. Cela nous aide. À bientôt.