- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bonjour à toutes, aujourd'hui je reçois Marion Salmon-Thomas, 3e mondiale et championne de France d'escalade sur glace. Aujourd'hui, Marion va nous parler de son parcours, de ses entraînements, de ses défis, de ce qui la passionne dans cette pratique bien exigeante et aussi de sa récente victoire au championnat de France alors qu'elle était enceinte de 4 mois. Bienvenue Marion, est-ce que tu veux bien te présenter s'il te plaît ?
- Speaker #1
Bonjour à toutes, je m'appelle Marion Salmon-Thomas, j'ai 20 ans. 29 ans. Et aujourd'hui, je fais partie de l'équipe de France d'escalade sur glace. Et en parallèle, ingénieure industrielle. Je travaille chez Danone à 8 ans en parallèle. Je suis grenobloise d'adoption. Et voilà, ravie d'être avec vous.
- Speaker #0
Et est-ce que tu peux nous expliquer comment tu as démarré déjà l'escalade et quel était ton parcours dans la discipline ?
- Speaker #1
Bien, j'ai commencé l'escalade à l'âge de 8 ans. En fait, mes parents ne le faisaient pas du tout. Je les tânais apparemment. pour grimper. Je voulais grimper. Mes parents faisaient pas mal de voile à l'époque et de ski, mais en voile surtout, je grimpais sur le mât plus que j'étais intéressée par naviguer globalement. Et donc, ils ont fini par m'appeler vers un club d'escalade local à Lyon. Et voilà, depuis, mes chaussons m'ont clairement précipité. Et l'escalade sur glace, ça a dérivé après, pour le coup. En fait, c'est par le biais d'amis que j'ai rencontrés qui, du coup, m'ont fait bifurquer en escalade sur glace et m'ont invité à un événement local. Et de fil en aiguille, j'ai pris vraiment bon. Je pense que j'avais dû faire plus d'une dizaine d'années de compétition en escalade. Je touchais un peu à tout, l'escalade en bloc, en difficulté, en vitesse, j'ai touché un petit peu à l'équipe de France de vitesse aussi, en extérieur, beaucoup. Donc voilà, et là c'était un peu comme un renouveau pour moi l'escalade sur place, donc j'ai vraiment accroché.
- Speaker #0
C'est marrant de voir que dès le départ, tu avais vraiment cette envie de grimper sur les mâts, etc. Et est-ce que tu te souviens de ta première ascension sur glace ?
- Speaker #1
Oui, en structure artificielle, c'était à Champagne-en-Banois. C'était notre structure qui accueillait des coups du monde chaque année. Et au début, c'était rigolo parce que j'ai rencontré un des doyens, Stéphane Husson, qui est vachement connu dans le monde de la glace. Et en fait, il me disait... Il me disait, mais Marion, là, il faut que tu écoutes le bruit. Et contrairement à l'escalade, où pour le coup, moi, c'est le toucher, on a nos mains, on touche directement le caillou. En fait, là, on a des piolets dans les mains, donc il y a un intermédiaire entre nous et la glace. Et du coup, il fallait aller à l'écoute de ce bruit, des piolets dans la glace qui nous disaient si c'était un bon ancrage ou non. Donc j'ai vraiment ce souvenir-là de cette première fois. Et puis après, avec le travail, j'ai dû... Maintenant, tu dois mettre quatre fois moins de temps pour gravir les 15 mètres de glace de la tour.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a eu un moment dans ton parcours où tu as vraiment réalisé que tu pouvais faire ça haut niveau ?
- Speaker #1
Oui, c'est assez rigolo parce qu'on dit souvent que le haut niveau, ça se dit sur des détails. Et en fait, pour moi, je dirais plutôt que c'est d'abord avoir un socle vraiment solide, une base et un bon ancrage. et en fait, je me souviens... 2019-2020, après la saison 2019, j'ai eu une grosse remise en question, j'ai eu un insomniac qui n'était pas très correct, et en fait je me suis, voilà, énormément j'ai été amenée à beaucoup réfléchir sur ma pratique, et je me suis retrouvée à justement, en fait revenir à l'essence même de pourquoi je faisais ça, et de quelles étaient mes motivations intrinsèques vraiment de ce qui était au fond de moi en fait, et qui me motivait à pratiquer ce sport, et du coup, à partir de ce moment-là ça a été vraiment pour moi. point de bascule où je commençais à faire des finales en Coupe du Monde, mais je sentais que je pouvais aller plus loin et de retrouver pourquoi je faisais ça à l'essence même de mon sport, ça m'a permis d'avoir une motivation globalement indestructible derrière et c'est mon premier podium en Coupe du Monde la saison suivante donc en fait, ça a été crescendo par la suite, mais je pense que c'est ce travail-là qui m'a permis tout ça.
- Speaker #0
Oui, des motivations du coup vraiment profondes et qui ne viennent pas de l'extérieur.
- Speaker #1
Mais en fait, c'est ça, pour moi, on a tous On a tous nos lettres-motifs. Il y en a, c'est gagné. Ça peut être leur lettre-motif, c'est OK. Moi, je suis passionnée par arrêter de faire en sorte que tout soit aligné à 100% sur un instant qui m'est donné. Donc, ma tête, mon corps, que tout soit au max des curseurs. Et ça, ça me captive. Je suis captivée par le mouvement. C'est un peu l'art du mouvement en grimpant de manière verticale. Donc, je pense que c'était ça vraiment qui m'a... motivait au fond. Après, il y a plein d'autres éléments, évidemment, le contexte de compétition, etc. Mais voilà.
- Speaker #0
C'est intéressant. C'est vrai que tu dois travailler sur plein de facettes en même temps. Et d'ailleurs, est-ce que tu peux nous expliquer exactement ce qu'est l'escalade sur glace ?
- Speaker #1
Alors oui, c'est assez simple en fait, l'escalade sur glace, il faut imaginer qu'on a des piolets dans les mains, des crampons aux pieds, et l'objectif c'est d'aller le plus haut possible, comme en escalade qu'on connaît un peu plus, dans un temps à partir. Donc on est avec une corde, etc. Et c'est des structures qui doivent faire entre 15 et 25 mètres de haut au max. C'est des structures qui sont artificielles, où on a des parties sur glace et des parties sur prise. En fait, ça va un peu avec l'évolution du sport. Au départ, c'était que de la glace. Et avec l'évolution aussi en montagne, on allait chercher des bouts de glaçons un peu plus haut, où on passait par des parties sur cailloux. En fait, à l'image, en compétition, ils ont pris des parties sur prise, où on pose le piolet sur les prises, et des parties sur glace. Et maintenant, le niveau évolue énormément, on a de plus en plus de parties sur prise, et de moins en moins sur glace qui départent.
- Speaker #0
Et ça veut dire que tu poses jamais ta main, c'est toujours avec le piolet ?
- Speaker #1
Toujours avec le piolet, on a des gants, mais par contre on peut poser la main si on le souhaite. Des fois on arrive à faire un ou deux mouvements et des fois c'est assez intéressant, mais sinon c'est souvent beaucoup plus dur globalement avec le piolet.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que tu disais déjà, il y a cet alignement que tu recherches, et sinon qu'est-ce qui t'a... plus passionnée quand tu as découvert cette discipline ? Pourquoi tu vois l'escalade sur glace plus que l'escalade classique que tu pratiquais déjà aussi ? Qu'est-ce qui vraiment t'anime là-dedans ?
- Speaker #1
L'escalade m'anime tout autant, mais en fait, je pense que j'ai retrouvé dans l'escalade sur glace une part de nouveauté, de gestuelle que je n'avais plus en escalade à ce moment-là. Et je pense que ce qui me passionne, mais du coup, c'est à réparer un peu mon propos. propos d'avant, c'est vraiment le mouvement, je trouve qu'il y a une forme d'art à la verticalité. S'il pouvait y avoir une note artistique, limite, moi, je me l'enfile. Je suis autant passionnée par la manière que par le résultat dans mon approche en tout cas au sport et à la compétition. Et après, sur la gestuelle, vraiment, après, je dirais que la compétition, ce qui me passionne le plus, c'est le... Pour moi, je me sens libre en compétition. C'est assez paradoxal, mais en fait, c'est un contexte qui me donne un cadre où je me sens pleinement en position de mes moyens. Et en fait, ça me permet de vraiment être dans l'instant. C'est vraiment un des rares moments où je me sens dans l'instant présent avec ma liberté d'expression, en fait. Je peux m'exprimer librement. Et ça, c'est vraiment quelque chose qui me cultive, en fait.
- Speaker #0
C'est génial d'avoir ce genre d'instant où tu es à 100% dans ce que tu es en train de faire. Et c'est vrai que la beauté, je pense que quand on regarde, moi je ne pratique pas l'escalade, mais quand on regarde, on voit vraiment, c'est très beau les mouvements qui sont faits. Je trouve que c'est une bonne idée, la note artistique.
- Speaker #1
Ce serait pas forcément évident, mais...
- Speaker #0
Non, ce serait hyper compliqué.
- Speaker #1
J'ai réfléchi à nous, j'aime beaucoup observer la manière dont chacun a de grimper. On a tous notre manière de passer et c'est ça qui rend le sport encore plus riche pour moi.
- Speaker #0
Ça doit être vraiment intéressant. Et comment est-ce qu'on s'entraîne alors pour cette pratique en fonction des saisons aussi ? Est-ce que tu fais toute l'année de toute façon escalade et escalade sur glace ? Est-ce que tu complètes avec d'autres sports ?
- Speaker #1
C'est sûr que c'est un sport de niche aujourd'hui. Donc on est amené à être un peu aussi auto-entreprise. entrepreneurs, globalement, à l'heure perdue, on organise énormément de choses. Je me suis même construit une structure en local, à la maison, dans un garage. C'est pour dire qu'on est assez autonomes dans notre pratique et du coup, ça nous amène à développer plein d'autres compétences qui sont chouettes aussi. Mais globalement, on n'a pas de structure. Aujourd'hui, en France, on a une structure qui a Champagne-en-Vannoise, qui a des Coupes du Monde chaque année. Aujourd'hui, il est temps pour accueillir les Olympes un petit peu en demi. 30. Mais sinon, c'est aussi essentiellement de l'escalade. En fait, globalement, moi, je fais des dominantes. Je vais faire 6 mois dominante escalade et 6 mois dominante escalade sur l'acte avec une pionnette. Et en parallèle, beaucoup de la préparation physique, du cardio aussi. Je fais un peu de vélo.
- Speaker #0
Et voilà. Ça fait déjà pas mal, ouais. Je le disais en introduction, t'es récemment devenue maman. Comment est-ce que tu as vécu ta grossesse en tant que sportive ?
- Speaker #1
Génial. J'ai adoré toute la phase de grossesse. Je ne m'attendais pas à aimer être enceinte, pour être tout à fait honnête. On est quand même habitués à vivre avec... quand notre corps est un peu notre outil de travail, donc le voir évoluer comme ça, je ne savais pas trop à quoi m'attendre vraiment comme sensation. Du coup, j'étais assez ouverte d'esprit. Mais globalement, en fait, ce qui est génial, c'est que j'ai pu maintenir une activité physique tout au long de la grottesse. La semaine du terme, j'étais encore en train de grimper à la salle d'escalade sur des choses très, très faciles, vraiment en mode bien-être. Mais jusqu'au huitième mois, j'ai fait de la prépa physique adaptée. C'est génial, quoi. Je me suis vraiment régalée. En fait, ce qui s'est passé, c'est que j'ai gardé le même fonctionnement que d'habitude, à savoir d'être à l'écoute du corps et des sensations. Et du coup, j'ai fait évoluer par contre le staff autour de moi pour aller rechercher des compétences spécifiques qui sont quand même liées à la maternité. Et du coup, je respectais des règles d'or. Je me suis mis à une liste de règles d'or à respecter, qui ne sont pas de chocs, par exemple, qui sont toujours répétées à l'écoute des sensations. qui sont faire attention à ne pas contracter les grands droits, les abdos grands droits pour laisser évoluer le ventre et ne pas créer des diaphéries et contracter, renforcer le transverse renforcer le périnée voilà, tout ce travail là j'ai fait vraiment avec une kiné spécifique et ça je le conseille à toutes les futures femmes qui sont sportives, il n'y a pas besoin d'être à haut niveau vraiment, mais juste d'être accompagnée dès la grossesse par une kiné spécifique en abdos périnées c'est ultra intéressant on a apprend à connaître son corps aussi et on le renforce. Et ça, ça me permet aujourd'hui, j'ai accouché il y a quand même 7 semaines, donc il n'y a pas très longtemps, et en fait, ça me permet déjà de pouvoir reprendre parce que j'ai fait ce travail-là en amont.
- Speaker #0
J'avais enregistré un épisode avec Anne-Laure Morigny, qui est préparatrice physique. Et c'est exactement ce qu'elle décrivait, c'est ce côté, en fait, tu prépares avant, mais bien sûr en adaptant et en étant très à l'écoute et en faisant vraiment de l'individualiser. Mais j'avais trouvé ça super intéressant de se rendre compte qu'on peut continuer à ce point-là, en fait. Ce qu'on ignore souvent et que ça se passe bien, quoi.
- Speaker #1
Après, si j'avais un conseil, c'est de... Moi, ce qui s'est bien passé, c'est que j'ai continué les activités que je pratiquais déjà. Là, par exemple, je cours très peu, incapable de courir pendant ma grossesse. Alors que même à trois mois, trois, quatre mois, cinq mois, c'était impossible. Ça me faisait des gênes. Et du coup... Ce qui est super important, c'est de rester très individualisé et c'est rester dans ce qu'on a l'habitude aussi de faire. On peut le pousser un petit peu, nager par exemple, peut-être que ça c'est quand même pour le coup habitude peut-être à tous. Mais voilà, dans les activités, de rester sur ce qu'on a l'habitude de faire et qu'on connaît. Oui,
- Speaker #0
c'est vrai que ça paraît logique, peut-être pas se lancer dans une grande nouveauté où le corps n'est pas habitué en plus, donc ça rajoute quand même pas mal de contraintes. Et toi, d'habitude, tu t'entraînes toute seule, tu as peut-être une équipe autour de toi où tu fais appel à certaines compétences, mais en temps normal, tu gères plus ou moins toute seule. Et là, tu as fait appel à cette kiné pour la spécificité de la grossesse, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, j'ai fait, alors, dans les nouveautés, vraiment, il y a la grossesse, c'était le patiné, le yoga, j'ai fait beaucoup de yoga prénatal, et en fait, ça paraît, au niveau postural, ça permet d'avoir... pour réduire tous les maux de la grotesque globalement et du coup de pouvoir aussi continuer l'activité physique pour le coup ça allait en parallèle toute la préparation physique adaptée là pour le coup c'est la préparatrice physique qui va continuer de me suivre pour préparer la saison prochaine et après j'ai gardé la préparatrice mentale j'ai une préparatrice mentale que j'adore et qui m'aide qui m'aide vraiment au quotidien depuis plusieurs années maintenant à garder Parce qu'il y a quand même beaucoup de bouleversements aussi internes et du coup, pour bien le vivre, je pense que c'est important d'avoir un alignement, de le voir dans sa globalité.
- Speaker #0
Là, tu mets vraiment toutes les chances de ton côté. Et d'ailleurs, en parlant de ça, ça a bien fonctionné puisque tu as remporté ton titre de championne de France en étant enceinte de 4 mois. Comment tu as vécu cette phase de compétition ? Alors, tu disais que tu continuais à faire du sport, mais là, être encore en train de... de participer à une compétition à ce niveau-là, c'est encore différent.
- Speaker #1
Je l'avais dans un coin de ma tête. Je savais que j'arrivais à quatre mois sur les Champs-Elysees, c'était la première troupe d'Europe. Je l'avais dans un coin de ma tête, mais je ne me l'étais pas fixée comme objectif parce que quand on est enceinte, il y a quand même d'autres priorités qui sont la santé. Évidemment, maintenir le niveau physique et progresser sur certains sujets de fond, en profiter comme on a le temps, ça, c'était important pour moi. Les compétitions, c'était un bonus. Voilà, c'était si tout était OK à ce moment-là. Donc, j'ai attendu vraiment le dernier moment pour le coup. que tous les voyants soient OK. Après, je me sentais bien. Je sentais que j'en étais capable. J'avais rationalisé un peu certaines choses, mais mentalement, j'ai surtout fait un travail mental à l'approche de cette compétition de remettre surtout le focus sur la manière plus que le résultat, donc vraiment se détacher au maximum du résultat parce que la priorité était quand même sur… Il y a un petit peu de triplé qui grandit dans mon ventre, donc c'était de l'expérience. de ne pas l'exposer en fait voilà et de moi faire en sorte que ma grimpe elle soit adaptée pour que ce soit au pied et c'était très intéressant en fait d'avoir ce travail-là et de faire une compétition en s'attachant plus à la manière que ça doit être donc finalement je me suis sentie de mieux en mieux à chaque tour et voilà ça a donné ça donc c'est chouette j'ai même fait la coupe de rock le week-end d'après où je faisais un podium donc c'est génial et après ça commence à être un peu lourd donc je l'ai arrêté mais ça m'a permis du renvoi aux tirs. national et international avant de revenir l'année prochaine.
- Speaker #0
C'est quand même tellement classe d'arriver à faire ça, mais tu sentais du coup vraiment dans ton corps, enfin au bout de quatre mois, je n'ai jamais été enceinte, mais au bout de quatre mois, ça commence quand même à peser un peu. Tu as dû vraiment adapter tes mouvements et réapprendre certaines choses ?
- Speaker #1
C'était surtout au niveau de gainage, je pense que je le sentais. Après, oui, au niveau du poids, mine de rien, j'avais 5 kilos en plus. 5 kilos c'est loin d'être anecdotique quand on fait des périodes d'affûtage pour les compétitions, on se rend compte dans l'autre sens quand même que effectivement Voilà on le sent mais mais j'ai dû adapter après là à ce moment là je pense que c'était quand même encore majestueux, un peu de base, c'est juste quand tu sais devenu vraiment gros à la fin j'avais 2 kilos en plus donc c'est quand même énorme Et là, pour le coup, je devais vraiment adapter parce que je touchais beaucoup le mur en grimpant. Donc j'essayais de plus me mettre sur le côté.
- Speaker #0
Mais t'as réussi, c'est quand même chouette. Est-ce que la maternité a changé ton regard sur ta pratique ou sur ta carrière ?
- Speaker #1
Oui, évidemment. Évidemment, déjà, ce n'est plus le personnage principal de ma vie. Il est quand même... C'est quand même...
- Speaker #0
C'est enchantant.
- Speaker #1
Voilà, un fondement, je pense que ça m'a enrichie en tant que femme, donc ça m'a forcément apporté autre chose à ma pratique. Après, d'un point de vue pratico-pratique, ma vie est bien plus rythmée du coup qu'avant. Donc, je pense qu'il va falloir que je vais adapter. Ça apporte un challenge émotionnel et j'aime bien ça. Maintenant, au niveau émotionnel, je me sens plus apaisée. Et je pense que ça va me porter de la force aussi d'avoir mon mari, mon fils sur les compétitions quand je reviendrai. Au niveau de ma carrière, ça n'a pas changé grand-chose parce que pour moi, ça fait partie de mon plan de carrière. Donc d'avoir un enfant en cours de chemin et en fait, je suis hyper motivée. Ça n'a pas du tout changé. Par contre, c'est vrai que je me laissais... Je me suis dit, si ça change ma motivation, ce n'est pas coûte que coûte. Je n'ai pas trop envie de j'y vais. Si j'ai l'envie et que je suis motivée, ça n'a absolument rien changé. Au contraire, ça n'a fait que renforcer l'envie de revivre. Je serre là-dessus et je pense que je vais apprendre plein de nouvelles choses en étant maman, en plus d'être athlète. J'ai hâte de la suite de l'aventure.
- Speaker #0
C'est sûr, ça doit être chouette, ça s'annonce bien. Et est-ce que pendant la grossesse, tu as ressenti au sein du milieu sportif soit un soutien, soit des freins, ou juste ça continuait comme d'habitude ?
- Speaker #1
Déjà, j'ai eu un vrai soutien pour ma fédération et de l'Agence nationale du sport qui maintient depuis fin 2024. Les statuts sportifs de haut niveau sont automatiquement prolongés d'un an quand on encadre grossesse. C'est intéressant, mais c'est automatique maintenant. Donc, déjà ça soulage énormément et je pense que c'est important de le dire parce que, mine de rien, moi, ça m'a permis de continuer. J'ai une convention d'insertion professionnelle avec mon travail, donc ça m'a permis de la prolonger d'un an et de me donner les chances clairement de revenir parce que sinon, déjà, c'est quand même un gros challenge. Mais en plus, si on perd tout ça, en fait, globalement, c'est vraiment pour le coup une mission un peu impossible. Et alors, c'est sûr qu'il faut performer dès la saison qui arrive. Donc là, l'aventure est là, mais ça aide énormément. Et après, je pense qu'on n'est pas encore habitués à voir beaucoup d'athlètes en cours de carrière qui sont enceintes. Et je pense que du coup, le fait de ne pas avoir l'habitude, des fois, il y a des appréhensions et des peurs qui sont projetées sur la personne. Alors qu'en fait, juste, on sait que c'est la personne qui est en face de nous, qui a cette peur et qui la projette sur nous. Donc moi, j'essaye de bien faire les distinguos. Et je pense que c'est là où c'est important d'être vraiment ancré pour être à l'aise avec ce qu'on fait et à l'aise avec ce qui nous motive et ce qui fait qu'aujourd'hui, on veut revenir. Et du coup, pour le défendre aussi et montrer que c'est OK et qu'en fait, c'est possible. et je pense que c'est vraiment cette... le fait qu'on n'ait pas l'habitude. Des fois, les premières réactions peuvent être un peu crues. Et je pense qu'au fil du temps, ça va s'adapter et ça va devenir plus commun.
- Speaker #0
Oui, certainement. C'est vrai que ce n'est encore pas si courant. Finalement, la grossesse et la maternité sont souvent vues comme un truc très à part. On ne fait pas de sport pendant et après, on ne sait pas trop. Donc, là, tu participes aussi, je trouve, avec ton exemple à montrer que ça peut bien se passer.
- Speaker #1
Oui, mais carrément. Après, c'est sûr que c'est pas simple. C'est un challenge additionnel, mais en même temps, je pense que ça peut nous rendre plus fortes. Et c'est intéressant parce que pour le coup, moi, je me vis en ce moment pleinement. Donc, je ne sais même pas si je serai sur le circuit cet hiver. Mais par contre, je sais que j'ai la motivation et que j'ai envie de tout faire pour et je vais tout faire pour dans le plan pour y être. mais quand j'écoutais le podcast d'Anne-Laure Morini je l'ai même eu au téléphone suite à ce podcast que j'avais écouté et en fait elle me disait super en droit que toutes les femmes qu'elle a accompagnées en revenaient plus fortes avec d'autres d'autres fortes à leur marque aussi et d'autres forces et moi j'y crois je crois au corps et à comment il peut évoluer comment il peut se remodeler, se retransformer Et là... le pouvoir aussi mental là-dedans. Donc, à suivre.
- Speaker #0
Effectivement. Et comment est-ce que ça se passe ? Alors là, la reprise, t'as repris comment, par quoi et comment tu t'entraînes ?
- Speaker #1
Du coup, là, je suis à sept semaines, donc c'est encore très,
- Speaker #0
très tôt. Super récent.
- Speaker #1
Voilà, c'est encore récent. Mais en plus, j'ai une césarienne, donc pour le coup, ça a été un cheminement encore un peu différent parce que des exemples, déjà, j'en ai pas beaucoup, mais des exemples avec césarienne, j'en ai encore au moins. Donc ce que j'ai fait, c'est que pour le coup, je suis vraiment aux sensations, donc des voyants santé et physique, plus que des deadlines de temps, parce qu'en fait c'est tellement dépendant de chaque personne et de notre capacité à récupérer. Et globalement, je trouve que ça se passe super bien, les voyants là, ils sont vraiment ouverts, je suis toujours accompagnée par la kiné ou encore un travail de fond, parce que l'idée c'est certes d'être là cet hiver, mais c'est sûr. surtout quand j'aurai 60 ans, d'être encore bien, de potentiellement avoir peut-être un jour d'augmentant, de voir sur la durée aussi ma carrière, puisque juste là, la saison prochaine. Donc voilà, j'ai vraiment une logique de purabilité dans tout ça et de ne pas griller les étapes, même si j'essaye d'effectivement tout optimiser. Maintenant, je boucle quand même aussi un nouveau rythme avec un livre d'interprète que je n'ai un peu jamais connu. Donc ça demande beaucoup de rigueur de saisir les moments quand ils sont là. Quand j'ai le temps, je les saisis. Pour le coup, là pour l'instant, ça a été beaucoup de travail au sol. J'ai construit une petite salle de sport dans l'une des chambres pour pouvoir faire, pendant que tu fais tes siestes, de pouvoir moi maintenir tout ça et revenir. Donc c'est génial, je pense que ça demande un peu plus de local. Et là, je vais bientôt, je pense, réattaquer à grimper parce que les voyants commencent à être vraiment ouverts. Je fais bien le renforcement abdominal avant. Et donc là, je vais attaquer la prépa physique cette semaine. Et après, ça suivra. Dès que je me sens, je vais d'abord faire en sorte de me sentir apte sur tous les mouvements en prépa physique avant de vraiment reprendre en escalade. Ah,
- Speaker #0
génial. Ben, effectivement, j'imagine que ça demande beaucoup de rigueur avec la gestion du planning bébé et entraînement. Mais, moi, t'as l'air de faire les choses vraiment dans le bon ordre et je suis sûre que ça va bien se passer.
- Speaker #1
Ouais, j'essaie de faire étape par étape. C'est au départ. ce qui n'est pas évident, et ça aussi, je pense à toutes les femmes qui me doivent le livre, ou qui vont le lire peut-être un jour, c'est de reprendre conscience que c'est un nouveau corps. En fait, on dit souvent, le corps, ça revient, on retrouve notre corps. Non, en fait, moi, je n'y crois pas. En plus, avec la fédérianne, pour le coup, je ne retrouverai jamais mon corps d'avant. Mais du coup, ça m'a aussi permis de me dire, en fait, non, c'est un nouveau corps. Par contre, je peux le modeler, je peux le façonner, je peux le fidéliser. et en reprendre conscience petit à petit. Et c'est ce travail que j'essaye de faire.
- Speaker #0
C'est vraiment une chouette manière de voir les choses. C'est intéressant. Et est-ce que j'avais des questions aussi sur la place des femmes dans la discipline ? Est-ce que l'escarrette sur glace, c'est une discipline où on a une bonne égalité hommes-femmes ou est-ce qu'il y a des soucis particuliers, des problématiques qui y sont rencontrées ?
- Speaker #1
La parité, alors au niveau international, on n'est vraiment pas loin de la parité en termes de nombre d'athlètes. Par contre, au niveau national, on en est plus éloigné. C'est vraiment un point d'amélioration qu'on a. Je dirais qu'au niveau français, c'est plus lié à une image qui est un peu biaisée. par le dry-tooling en falaise, où c'est un sport qui est très, très physique. Et en fait, en compétition, il y a vraiment une part technique qui est ultra importante et qui offre une autre gestuelle de mouvement. Et moi, c'est ça aussi qui me plaît énormément parce qu'il y a énormément de transferts d'appui, il y a énormément de jeux de pression sur nos piolets. Donc, en fait, c'est juste la pression qu'on exerce dans un sens qui fait qu'on tient. Donc, en fait, ça nous permet, ça nous offre une gestuelle derrière de nos corps équipés. plus développé qu'en pannelle. Et donc, je pense que d'abord, ce serait intéressant de changer cette image-là, je pense, et de montrer qu'en fait, non, on n'a pas... Alors certes, c'est physique, évidemment, on est dans des délais, on est dans des clapons, on a les tétalambères, oui, c'est technique, et ça demande un peu plus de gros muscles, entre guillemets, que de l'escalade, mais c'est aussi très technique, et donc je pense que c'est remettre un peu aussi le curseur là-dessus. Et après... Je dirais qu'il y a un sujet aussi sur l'ouverture qui est assez intéressant. Là, c'est plus aussi au niveau international comme au niveau national, mais c'est aussi de donner accès à toute la gestuelle du sport. Je pense qu'en fait, aujourd'hui, on est un peu sage dans l'ouverture féminine à l'international. Et je pense qu'on peut aller chercher un peu plus de risques mesurés. Et ça va aussi apporter plus de gestuelle, plus de niveau, qui va faire qu'on va réduire ce gap-là. Et donc pour moi j'ai envie d'inverser un peu la tendance et de rendre le cercle plutôt vertueux en disant plus on rend accessible les structures, les voies proposées sur la tricolore champagne, qu'on peut des événements aussi qui rassemblent, plus on va augmenter le niveau général et plus on va aller chercher du coup ce gap qu'on a aujourd'hui. Et donc moi je trouve ça fond là-dedans.
- Speaker #0
Et oui, quand tu dis ouverture, juste pour être sûre de bien comprendre, c'est la manière dont les parcours que vous devez grimper sont tracés, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement. En fait, on a les prises, elles sont posées par un ouvreur qui crée les parcours en amont. Et en fait, à chaque fois, nous, on le découvre sur chaque compétition. Donc, c'est un nouveau parcours. C'est ça qui est intéressant. Et en fait, tout est dépendant quand même de l'ouvreur qui a créé son équipe d'ouvreurs. et je pense que aussi ce serait intéressant d'avoir plus de joueurs féminines parce que là aujourd'hui c'est beaucoup d'hommes dans l'équipe du joueur mais c'est le sujet qui a lieu en escalade et qu'il y a probablement encore un peu de joueurs en escalade même si ça a énormément évolué et pour apporter aussi notre gestuelle mais je pense que il y a tout ce travail-là d'oser un peu plus pour rendre plus on propose d'autres parcours et d'autres mouvements plus on va s'entraîner pour cela et donc plus on va aura progressé.
- Speaker #0
Et alors, quels sont tes projets pour la suite, aussi bien sur le plan professionnel que personnel ?
- Speaker #1
Déjà là, pour cet hiver, c'est de revenir sur le circuit dans l'équipe de France. On a retrouvé l'équipe de France pour cet hiver. Donc là, c'est vraiment le gros projet de l'année. Après, au niveau personnel, je travaille à côté à mi-temps. Donc, il y a des missions au niveau du boulot. C'est de reconnecter aussi, parce qu'entre la grossesse... et après je vais repartir en compétition donc il y aura quand même une grosse période loin du bureau et donc c'est de reconnecter tous les neurones et de retrouver aussi toutes les missions qui me sont proposées et j'adore cette part de travail aussi à côté donc c'est d'arriver à être performante là-dedans après avoir vécu tout ça aussi donc ça va être intéressant et après à plus longtemps terme, j'aimerais bien passer que des escalades pour aussi transmettre et coacher. J'aimerais bien. Et j'aimerais bien aussi, dans le cadre de mon boulot, un jour avoir une écoute.
- Speaker #0
Pour l'instant, en étant à mi-temps, c'est encore délicat. Mais voilà, cette part de transmission, je fais un peu des conférences en entreprise et des ateliers pour justement partager des outils qu'on utilise un peu dans l'intimité et qui peuvent servir un peu comme un nouveau regard aussi pour revenir un peu sur la part performance en entreprise. Mais donc voilà, cultiver tout ça et continuer dans cette lancée.
- Speaker #1
Ça fait pas mal de beaux projets, ça. Et pour terminer, j'avais toujours une petite question traditionnelle. Quel message est-ce que tu aimerais bien faire passer aux auditrices de la Sportiva Oudon ?
- Speaker #0
Je pense que ce qui me vient là tout de suite, c'est... J'avais un coach qui... On lui avait dit que je rêvais de dormir en porte-à-l'aide, donc au milieu d'une patte, dormir avec des hamacs longtemps au milieu de parois. Et il m'avait dit, mais en fait, pourquoi pas demain ? Demain, en fait, là, je ne connais pas de perte à l'étage. Mais en fait, oui, tu as raison, en fait, un choix totalement possible. Et en fait, j'avais trouvé une équipe de la Fédération qui emmenait des anciens sportifs de haut niveau à ce moment-là en expé. Donc, je m'étais retrouvée à aller en expédition au Mexique à dormir en porte à l'aide. Je me suis réalisée de ce rêve-là quelques mois après. en fait je vais c'est fait Et du coup, j'aurais envie de réitérer ce propos de, en fait, si vous ne faites pas maintenant, alors vous le ferez quand ? Et donc, pourquoi pas demain ? Gardez en tête de quoi tu souviendras demain, pourquoi pas demain ? Parce que souvent, c'est par des petits pas, en faisant juste un petit pas, qu'en fait, de fil en vie, on se retrouve à faire ce qui nous paraissait un peu gros sur le papier, et une envie peut-être un peu, où on n'osait pas forcément, et en fait, ça aide à oser de commencer par des petits pas en disant, ben voilà, déjà... Le gros avantage de ce qui passe, c'est qu'on peut revenir en arrière. Mais voilà, j'aurais envie d'encourager à penser pourquoi pas demain.
- Speaker #1
C'est un chouette message pour terminer. Merci beaucoup. Merci beaucoup Marion. Je te souhaite évidemment plein de bonnes choses, tant avec ton bébé, ta vie de famille, que bien sûr sur ta carrière. Je suis sûre que tu as l'air d'être sur la bonne voie. Et merci beaucoup pour tous les conseils aussi que tu as apportés dans l'épisode. C'est vraiment intéressant d'avoir tout ce retour d'expérience sur à la fois ta discipline et ta discipline, et puis la maternité dans tout ça. Donc, un grand merci. Merci,
- Speaker #0
avec grand plaisir.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes. Cela nous aide. À bientôt.