- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast des sports outdoor aux féminins pour s'inspirer, apprendre et oser. Bonjour à toutes, aujourd'hui je reçois Tania Naville, fondatrice de l'association Femmes en Montagne et du festival de films du même nom qui a lieu à Annecy au mois de novembre. Ensemble, nous allons parler de son parcours mais aussi des actions de l'association qui a pour objectif de donner plus de visibilité aux femmes dans le milieu de la montagne. Bienvenue Tania, est-ce que tu veux bien te présenter ?
- Speaker #1
Merci, bonjour Lorraine. Je pense que tu m'as déjà bien présentée. Je suis fondatrice et directrice de l'association Femmes en montagne qui porte le festival de films éponymes.
- Speaker #0
Effectivement. Et tu l'as créé quand ce festival ?
- Speaker #1
Le festival existe depuis 2019 et l'association depuis 2016.
- Speaker #0
Ok, ça pose quand même un petit peu, ça existe depuis un petit moment. Et à titre perso, quelle discipline de montagne et d'outdoor tu pratiques ?
- Speaker #1
Alors moi, en étant petite, j'ai grandi dans les montagnes, mais plutôt les moyennes montagnes. Donc je faisais plutôt ski alpin en sport. Et après, je me suis mis à l'escalade, à l'alpinisme. Je fais beaucoup de ski d'andonnée, ski alpinisme, donc c'est le ski d'andonnée en compétition, vélo, trail, voilà un petit peu de tout, un petit peu de cascade de glace, voilà.
- Speaker #0
Oui, c'est varié, tu touches quand même vraiment à pas mal de choses.
- Speaker #1
Après, il y a le avant-après. Je faisais beaucoup plus avant d'avoir deux enfants que maintenant. Bien entendu, l'alpi sur deux ou trois jours, c'est un peu plus compliqué.
- Speaker #0
Oui, c'est sûr, ça complique un peu. Est-ce que tu as rencontré des barrières au départ liées au fait d'être une femme dans ta pratique de tous ces sports ?
- Speaker #1
Moi, ce qui est assez drôle, c'est que je n'ai pas trop ressenti la barrière du genre. Je ne sais pas si c'est parce que je n'y prêtais pas attention ou si c'est parce que j'ai eu la chance d'y être moins confrontée par rapport à mon éducation aux gens qui étaient autour de moi. Mais je me suis vraiment rendue compte de cette barrière du genre, c'est quand on a repris la coordination avec deux copines du groupe féminin de Haute-Montagne, de la FFKM au niveau régional, et quand les filles candidataient, il y en a plein qui m'ont dit que c'était vraiment une barrière pour elles, le genre, et qu'il y avait ce besoin de groupes non mixtes pour elles, qu'elles trouvent leur place, parce que dans leur corps des mixtes, les copains ne les laissaient pas passer en tête quand c'était facile, ou alors elles, elles ne voulaient pas passer en tête parce que ça mettait des freins internes. Et c'est là où j'ai commencé à réfléchir à la question du genre et j'ai commencé à m'y intéresser. Et c'est là où je me suis rendue compte qu'il y avait ce besoin de formation en homicidité comme une étape vers plus de mixité. C'est-à-dire que ce n'est pas une fin en soi, c'est vraiment juste une étape pour qu'on atteigne plus de mixité. Et après, je me suis aussi rendue compte que si on voulait qu'il y ait plus de filles qui soient formées, il fallait aussi qu'il y ait plus de filles qui soient inspirées. Et c'est là où on s'est rendu compte que c'était au niveau de la médiatisation qu'il y avait un souci. C'est-à-dire qu'à l'époque, donc là on est sur 2015, 2015, quand on ouvre les magazines de montagne, quand on va dans les festivals de films de montagne, quand on regarde les web-séries sur la montagne, c'est quasiment que des hommes, il y a très très peu de femmes, c'est toujours les mêmes, et dans les films web-séries, souvent c'est des rôles secondaires, etc. Donc là, on s'est dit qu'il y a quelque chose qui clochait, parce que dans la pratique, il y avait quand même plus de femmes qui pratiquaient, et si on voulait continuer à inspirer ces femmes à pratiquer, il fallait leur trouver des nouveaux rôles modèles, en tout cas leur montrer que c'était possible de réaliser. Donc c'est comme ça qu'on a créé l'assaut en 2016. pour à la base créer des documentaires sur les femmes inspirantes autour du ski de randonnée et de proposer justement des portraits de femmes autour du monde qui se réalisent par la montagne et qui nous expliquent comment c'est d'être une femme dans leur pays, dans ce milieu outdoor et de montagne.
- Speaker #0
D'accord, donc à la base, l'association, dès que tu l'as créée, il y avait cette idée de montrer des documentaires et de médiatiser les femmes, c'est ça ?
- Speaker #1
Oui, ça a toujours été de médiatiser. Au tout début, c'était par l'écrit. Et on s'est rendu compte que les cris ont touché que des gens qui étaient déjà dans la recherche de ces thématiques, donc ça nous embêtait un petit peu. Ce qu'on voulait, c'était d'avoir des films qui sensibilisent des gens en passant par un autre biais en fait. C'est pour ça qu'on allait les faire à l'étranger. Parce qu'on s'est dit que si on les faisait en France et qu'on allait tout de suite targuer de faire que des films, on va dire féministes ou sur la place des femmes, donc on allait toucher qu'un public qui était déjà sensible. Sauf que le fait là d'aller faire des films ou qu'on allait tourner au Japon, en Grèce, en Islande, on avait aussi des gens. qui venaient voir en se disant « Ah, ça se dit comment là-bas ? » et à qui on insufflait un peu des valeurs d'égalité et tout cela. Et ça nous a permis de rendre un public beaucoup plus mixte que si on s'était dit « On fait des portraits de femmes qui se battent dans leur pays. » Là, on aurait déjà eu un public un peu plus sensibilisé. Et on retrouve un peu cette touche après dans le festival, c'est-à-dire qu'on n'enfonce pas des portes, mais on inspire largement pour faire tâche d'huile et faire évoluer les choses.
- Speaker #0
C'est intéressant comme démarche. Sinon, c'est vrai que c'est vite un biais. Tu communiques auprès des gens qui sont déjà convaincus, donc ça n'aide pas forcément. Quand tu dis « on » , vous êtes plusieurs à avoir créé cette association ?
- Speaker #1
Au début, on l'a créé à deux, donc avec mon conjoint qui s'appelle Léo Atteblen. C'est vraiment lui qui m'a sensibilisé à la théorie du genre, parce que lui, il est docteur en sciences du sport. Et moi, autant je voyais un biais entre les hommes et les femmes, une différence, mais je n'avais pas toute cette question du genre. Moi, je suis ingénieur environnement à la base, donc on va dire que j'ai connaissance de tout ce qui est environnement, mais tout ce qui est le genre et la définition de genre, ça n'existe pas. En fait, si tu ne te poses pas la question vraiment de ce qu'il y a derrière, tu ne te rends pas vraiment compte. donc j'ai eu la chance vraiment qui m'épaule là-dessus pour vraiment mettre les vrais mots en termes sociologiques dessus. Et aussi, par exemple, quand on a tourné le premier film du Japon, la moitié du film a été tourné avec un ami à nous qui est le directeur de thèse de mon conjoint, qui est maître de conférence justement dans l'université, qui lui aussi, cette vision du genre, qui m'a mis en contact avec ses collègues qui travaillaient sur le genre, qui nous a aidé à retoucher les questionnaires pour qu'ils soient vraiment un petit peu plus dans la sociologie et plus que dans les termes que nous, on peut utiliser. Donc ça nous a permis, dès le premier film, de tout de suite... Avoir une vision un petit peu plus large que simplement aller rencontrer une personne et avoir sa vision en tant que personne, de savoir comment on allait interroger les différentes personnes, comment on allait mener ses questionnaires, même si nous, on n'en a pas fait une étude, on l'a un peu plus analysé dans ce sens-là.
- Speaker #0
Et qu'est-ce qu'il y avait alors ? Est-ce que tu peux nous donner un exemple de la manière peut-être dont les questions étaient tournées ou de type de questions qui étaient plus logiques de poser versus ce que vous aviez prévu à la base ?
- Speaker #1
Ça monte à loin, c'est 2017, donc là je t'avoue que je ne sais pas comment ça va se faire. Je me disais juste sur l'idée,
- Speaker #0
j'ai du mal à réaliser ce que ça peut être de vraiment intégrer ça. Déjà c'est lire des choses,
- Speaker #1
parce que par exemple moi je n'avais jamais lu de choses sociales vraiment sur le genre, de venir un peu se poser des questions là-dessus. Et puis tu vois, moi j'avais écrit toutes mes questions que je voulais faire en tant que réalisatrice, donc j'avais mon cadre qui je voulais interroger, comment tout ça. Et en fait, j'ai pu échanger justement avec des docteurs en sociologie du sport sur le genre qui m'ont dit, tu vois, telle question, tu voudrais plus l'accès de telle manière pour que ça ne soit pas que ciblé sur le ski, par exemple. Ça allait s'ouvrir à la société en général. Ou est-ce que là, tu ne poserais pas plus une question qui ouvre sur la différence entre les générations ou des choses comme ça, qui nous permettait d'avoir... C'est-à-dire qu'on n'était pas sur un questionnaire où on savait qu'on allait avoir 50 répondants et pouvoir avoir des corrélations, des choses comme ça, mais qui nous permettait d'ouvrir un petit peu le débat. et qu'elles essayent, parce qu'il y avait le biais de langue aussi, et puis de culture, le Japon a beaucoup de cultures en différence, qu'elles arrivent à nous donner un petit peu leur ressenti qui aille au-delà de leur ressenti propre, mais peut-être qu'elles, elles sentaient, en tout cas au niveau sociétal ou au niveau de leur environnement sociétal. C'est-à-dire peut-être pas elles, mais leur groupe d'un peu de classe sociale ou de fonctionnement. Donc toutes ces choses-là, j'ai pu être épaulée là-dessus. Pour éviter de te dire, je réponds en tant que moi-même. Tu vois, comme là où je te réponds, moi, je n'ai pas eu de problématique de genre et que je te dise, les femmes n'ont pas de problématique de genre et ce n'est pas un biais pour aller en montagne parce que moi, je n'ai pas eu de problème. Et tu as des gens qui vont dire, attends, moi, je n'en ai pas eu, mais quand je regarde autour de moi, c'est vrai que ce n'est pas forcément le cas de la majorité, etc. C'est un peu dans ce sens-là d'éviter de fermer et que les gens ne te répondent que pour eux-mêmes et qu'ils essayent d'ouvrir un peu en disant, moi, mets les autres ou moi, aies les autres un peu. ou alors je connais d'autres personnes qui, et qu'ils ouvrent un petit peu dans leur discussion. Après, on a fait un 15 minutes, donc t'imagines bien que ça a vraiment coupé dedans. Mais ça te permet d'avoir beaucoup plus de matière pour après avoir un film un petit peu plus complet.
- Speaker #0
Oui, complètement. C'est vraiment intéressant comme démarche. Et tu disais, donc toi, tu réalisais en fait le film. Ça, c'est quelque chose que tu avais appris, soit pendant tes études, soit en loisir. Comment est-ce que tu es venue à ça ?
- Speaker #1
Alors moi, pas du tout. Je suis ingénieure environnement. Donc voilà, je n'ai jamais appris.
- Speaker #0
Il aurait pu y avoir un cursus avant.
- Speaker #1
Non, non, cursus avant, non, non. Non, ce qui s'est passé, c'est que moi, j'étais vraiment sur l'écriture, rechercher les contacts, savoir ce que je voulais faire. J'ai toujours aimé beaucoup écrire, donc ça, c'est vraiment quelque chose que j'aimais. Et à côté de ça, Léo, lui, a toujours été intéressé par l'image. Donc pareil, lui, sciences sociales du sport, il n'était pas du tout là-dedans. Il était prof de PS à côté. Donc c'était vraiment une passion que lui, il a eu toujours de l'image depuis tout jeune, de venir faire des plans. Et en fait, l'avantage de nous deux, c'est qu'on savait dans quelle direction on voulait aller. lui parlait plans, essayer de se réveiller en technique, on discutait ensemble des plans avec les choix d'objectifs, ce qu'on voulait, quel message on voulait passer et moi j'y allais dans rechercher les personnes avoir ce côté écriture, ce côté questionnement, ce côté discussion entre chaque, les lieux où on allait aller et c'était pas mal parce que après quand on se connait bien c'est quand même très facile parce que quand on sait où on veut aller on peut arriver à naviguer, à s'adapter assez vite mais voilà on est vraiment allé dans le film où on a écrit avant, écrit pendant bien entendu tous les soirs et tout pour réajuster et écrit après pour arriver au rendu du premier film, en tout cas, qu'on avait fait.
- Speaker #0
D'accord. Et quelle a été la réaction du milieu de la montagne face à cette première action, finalement, de l'association ?
- Speaker #1
Alors, le milieu de la montagne a été très gentil, il n'y a pas de souci, mais je me souviendrai toujours, c'est la seule remarque que je peux vraiment quantifier comme ça. Donc le premier film, première fois que je peux... Le film a plus tourné à l'étranger qu'en France, mais il tourne au festival qui s'appelait le Winter Film Festival, qui est maintenant l'Explore Alps à Bourg-Saint-Louis. Et je sors de la séance, je fais genre deux, trois pas dehors, et là j'ai Enad Gavadio qui vient face à moi comme ça, avec sa moustache de rancho, là, et qui me dit Hé, toi, t'es une féministe hardcore comme Anne-Fleur ou pas ? Parce qu'Anne-Flore venait de sortir son film sur l'Islande, et moi j'arrive avec mon film avec le Japon, et là il y a Ena Galadjo qui me dit ça, et je dis « Bonjour ! » Je dis « Bah bonjour, enchantée ! » « Non, je ne peux pas dire que je suis féministe hardcore, mon objectif c'est de montrer la place des femmes dans un pays et tout, et obligée de se justifier. » Et ce qui est marrant, c'est que sur le coup, je me suis juste dit, en fait je l'ai juste mis par rapport à lui, sa manière d'être dans ses films de ski et tout ça, et je ne l'ai pas du tout mis. comme si ça m'arriverait maintenant dans une position un petit peu, tu sais, de genre, en fait. C'est-à-dire que je ne suis pas sûre qu'il soit permis ce type de choses vers un gars. Et moi, je me suis dit, c'est juste la petite jeune, dans le sens hors genre, mais la petite jeune qui arrive dans le monde du film, qui arrive avec quelque chose, alors qu'eux, ils ont un fonctionnement différent dans le monde du ski. Et Nagavadur avait déjà un rang de choses. C'était un peu... Tout le monde le connaissait et tout. Il ne l'a pas fait en public. On était dans la cour, mais bon, ça faisait un petit peu bizarre et un petit peu intimidant sur le coup. donc voilà, obligé de se justifier Donc ça a été un peu le retour le plus marquant que j'ai eu. Sinon, ça a toujours été bien vu. J'ai toujours eu de très, très bons retours. Après, c'est marrant. Selon des salles, il y a des salles qui allaient juste me poser des questions sur la qualité de la neige. Et j'en ai d'autres qui allaient un petit peu plus loin sur la question de... Ah, mais c'est impressionnant. Je ne pensais pas du tout que la place des femmes au Japon était complètement différente dans France. C'était encore moins en avance, etc. Du coup, c'était assez chouette, ce film, parce qu'il permettait que si la salle n'était pas du tout ouverte à la question du genre, en tout cas dans ceux qui prennent la parole. Il y avait quand même un discours qui se mettait en place, avec le ski, avec la découverte, avec où faut aller ski au Japon. Et dès qu'il y avait une salle avec des gens qui osaient prendre la parole sur ces sujets, on pouvait aller plus loin et aller un petit peu décortiquer le sujet. Et je pense que dans tous les cas, il y a plein de gens qui ne prennent pas la parole, qui sont sensibilisés, à qui on fait passer des messages. Et nous, ça a été notre premier projet. Et après, voilà, ça nous a appris à mieux gérer le son. Parce que bien entendu, quand on fait un premier projet de film, qu'est-ce qu'on oublie de bien gérer ? C'est le son. donc voilà on s'est amélioré les années après pour être meilleur là dessus
- Speaker #0
Ça me rassure, ça fait comme moi avec le podcast. Le son, c'est l'horreur. C'est plus compliqué qu'on ne le pense, en fait.
- Speaker #1
Voilà, mais ce qui est assez drôle, c'est que quand on monte ce projet, donc on le tourne en 2017, donc on le monte en fin 2016, et c'était vraiment le truc de se dire que personne nous a soutenis financièrement. Les marques, elles étaient là, bah oui, si vous voulez, on vous presse des skis ou on vous les fait à moins 50%, mais personne n'y est allé financièrement. Et ça, c'était assez drôle parce que je trouvais que le sujet était hyper intéressant et il y avait vraiment ce côté de personne ne voulait y aller. Personne ne voulait aller sur un film sur la place des femmes. Et pourtant, j'ai rencontré plein de monde dans le milieu. J'allais à Expo à l'époque, au salon, je rencontrais du monde. Ah, c'est génial, mais non. Au pire, on vous habille. J'étais là-bas, ouais, c'est gentil, mais vous avez une seule marque qui va pour m'habiller et ce n'est pas ce qui va payer les frais. Donc, on y est vraiment allé en fond propre. On s'est dit, allez, Banco, on y va en fond propre. De toute façon, c'est l'objectif, c'est pour ça qu'on crée l'assaut. Et puis, on essaiera de se payer sur la diffusion. On a eu la chance d'avoir de l'aide avec le fonds audiovisuel de l'Agence nationale du sport, qui nous a permis de payer une partie, parce qu'il a permis de payer un peu les monteurs, il a permis un peu de payer tout ça. Ça, ça a été plus sur l'épisode 2 et l'épisode 3. Mais l'épisode 1, on l'a fait avec un grand funding et puis en fonds pro.
- Speaker #0
C'était courageux. Et là, on va parler après du festival spécifiquement, mais sinon, hors festival, quelles sont vos actions toute l'année ?
- Speaker #1
Alors nous, nos actions principales tout au long de l'année, c'est la sensibilisation des publics scolaires. On sensibilise 1300 à 1500 scolaires, collégiens et lycéens directement dans leur établissement, donc dans tout Rhône-Alpes et un petit peu PACA. Ça, ça fait une grosse action de notre part. À côté de ça, on fait le verre des montagnards, où on met en relation des femmes qui pratiquent la montagne autour d'un verre pour justement trouver deux personnes pour pratiquer la montagne. Ça, on en fait trois ou quatre par an. On fait la tournée en relais, c'est-à-dire qu'on met à disposition les films primés et nous, on s'occupe de reverser les droits de diffusion aux réalisateurs et aux ayants droit des films, ce qui permet de soutenir un petit peu l'économie du cinéma de montagne et de permettre que les gens, quand ils ont des événements, des soirées, ils ne présentent pas que des films sur des hommes, donc faciliter un petit peu le... la dispersion de films plus féminins. Et après, nouveau projet qu'on a en cours, qu'on a lancé un petit peu cette année, c'est plutôt le côté femmes derrière la caméra. C'est de faire des networking, des ateliers en commun et des journées de terrain. Toutes les femmes qui sont derrière, donc toutes les professionnelles des films de montagne, principalement cadreuses, réalisatrices et tout ça. Et on va sortir un annuaire normalement cet automne. Et à côté, on a une communauté digitale pour toutes nos adhérentes, donc pour toutes celles qui adhèrent à Femmes en Montagne. Une communauté digitale sur Discord, où on échange, où on donne des bons plans. Et vu que nous, on ne fait pas d'action de terrain, on centralise un peu toutes les actions des autres assos. On demande un petit peu à toutes les assos qu'elles nous envoient par mail, ou si nous, on les voit sur Internet. On les partage pour avoir un endroit où ils puissent y avoir les formations, Girls to the Top, Kids to Climb, si on arrive à les avoir, les stages. Voilà, de Noémie et qui, tout ce qu'on arrive à avoir, tout ce qu'on voit passer, on leur dit, envoyez-nous à contact.femmesenmontagne.com et nous, on partage à toutes les adhérentes sur Discord. Et ça permet comme ça d'essayer d'avoir le plus d'infos au même endroit. Et on partage aussi les coups de cœur, les podcasts, les livres, avoir un endroit pour échanger.
- Speaker #0
C'est parfait, c'est toujours important d'avoir un rassemblement. En fait, il y a plein de choses, mais c'est vrai que souvent le problème, c'est qu'on ne sait pas trop où aller les chercher. et donc ce festival Femmes Montagnes Quand est-ce que c'est devenu un peu une évidence de combiner ça à l'assaut ?
- Speaker #1
C'était vraiment en 2019. On était à notre deuxième tournée qui s'appelait à l'époque Femmes en montagne, tournée de films où on tournait avec nos films plus d'autres films. Nous, c'était des moyens métrages. Donc, on tournait avec nos films plus d'autres films de réalisatrices sur des femmes en montagne. Et on s'est dit, nous, c'est déjà difficile de trouver d'autres films sur des femmes. On voit que dans les festivals de films, ils ont du mal. Pourquoi on ne mettrait pas un endroit où il y aurait tout regroupé pour montrer qu'il en existe plein au niveau mondial ? encourager d'autres à en faire. Donc, l'année 2019, on a fait et la tournée et le festival. Voilà, sinon, ce n'est pas drôle de ne pas en faire trop. Donc, en 2019, on a lancé ce festival en novembre, à la base, toujours à deux bénévoles, en se disant, fonds propres, on avait 4000 euros dans les comptes de l'assaut. On a dit, au pire, voilà. On ne mettra pas trop d'argent en com' puis on verra ce que ça donne. On ne cherche pas de partenaires, on va le faire nous-mêmes. Et on a fait comme ça quatre soirs de diffusion. On a eu des films de partout dans le monde. on a eu des pépites que personne n'avait vues des films voilà assez sympa Et voilà comment est née Femmes en montagne en
- Speaker #0
2019. Beau projet. Et puis, ouais, direct, vous vous êtes dit, allez, on y croit. Et ça va le faire, quoi.
- Speaker #1
Mais oui, de toute façon, c'est comme pour un film. Il suffit d'avoir un truc qui filme. Donc, pour un festival, il suffit d'avoir de la motivation. T'as pas besoin d'avoir, t'as pas besoin de louer le Grand Rex à Paris pour un festival et d'avoir trouvé des subventions. Je veux dire, tout le monde peut faire un festival à une petite échelle et après, tu le fais grandir. À partir du moment où t'as un jeu-y, où t'as une compétition internationale, où tu es carré dans ce que tu fais, tu peux très bien faire un festival à toute échelle. Et avantages et inconvénients, il y a eu le Covid derrière, donc inconvénients, il n'y a pas eu de festival en 2020, mais gros avantage, en fait, il y a plein de gens qui m'ont contacté sur les réseaux en me disant « Mais comment on peut t'aider dans tes projets ? » Et c'est comme ça que, par visio, parce qu'on faisait vraiment que des visios à l'époque, fin 2020, on a retrouvé une équipe comme ça de 13 bénévoles qui se sont motivés et on a monté le premier gros festival où là, on était 13 à monter cette équipe. On a pu, justement, grâce à des super bénévoles, aller chercher des partenariats, aller développer un peu la... la com, développer un petit peu tout ça. Donc ça s'est vraiment créé là, avec une équipe, on s'est vraiment bien motivés. Et là, j'ai vraiment eu la chance d'avoir des super filles, dont certaines sont encore là aujourd'hui, qui ont vraiment aidé à créer le festival tel qu'il est aujourd'hui. Et ça, c'est vraiment une chance. Et voilà. Malheureusement, le Covid, mais heureusement, le Covid.
- Speaker #0
Ouais, il y a souvent comme ça. Il y a des bonnes choses quand même qui émergent de ce genre de situation, heureusement. Et heureusement qu'il y a les bénévoles en général dans les assos. et... Comment, donc tu parlais aussi de l'importance d'avoir un truc de qualité, un jury, etc. Comment est-ce qu'on choisit en fait un film, et donc particulièrement au sein de Femmes en montagne ? Est-ce qu'il y a vraiment des critères spécifiques ? Est-ce qu'il y a une partie, j'imagine aussi, où c'est un peu un coup de cœur qu'on peut avoir pour un film ? Est-ce que vous en recevez beaucoup et que vous devez du coup vraiment faire beaucoup de choix ? Comment ça se passe ?
- Speaker #1
Oui, on en reçoit de plus en plus. Là, tu vois, cette année, on en a reçu 152, donc c'est quand même assez énorme. On travaille avec un comité de sélection qui se construit au fur et à mesure. Donc un comité de sélection qui est 100% bénévole, qui regarde les films. Donc là, c'était 85 heures à peu près de films à regarder, qu'elle regarde. Et en gros, c'est déjà une sélection très, très dure. Elles sélectionnent le double de ce qu'on peut avoir au festival. Donc c'est-à-dire que là, on devait être à peu près sur 15 heures, 14 heures de films. Elles nous en ont proposé 30. Et sur les 30 heures, après, il y a le choix final qui est avec... les thématiques, le rythme, tout soit équilibré. C'est-à-dire, je ne vais pas avoir quatre films sur le ski et puis pas de films sur l'escalade. Je ne vais pas avoir trois films sur la même personne en escalade. Il y a un peu ce jeu-là final. Et puis, les différentes disciplines, les différents lieux. C'est sûr que si on a deux films sur le Kilimanjaro, malheureusement, il n'y en a qu'un seul qui ira dans la sélection finale. Donc, c'est un peu tout ce jeu-là de sélection finale. Mais en gros, avec la sélection qu'on a eue, les films qu'on a eus, on a vraiment pu faire deux festivals de plus en plus de films de très très bonne qualité. Petit 1 parce qu'on a de plus en plus sur les femmes et sur la mixité en montagne. Et petit 2 parce qu'on devient de plus en plus connus, donc on en a de plus en plus. Et petit 3 quand même, notre comité de sélection, on a des filles qui font un énorme travail d'aller contacter et se faire connaître auprès de réalisateurs en leur disant on existe, surtout les internationaux. Pensez à déposer votre film, on aimerait bien l'avoir, etc. C'est pas sûr qu'on le projette, mais venez candidater. Donc ça, c'est un gros boulot aussi bénévole de la part de notre équipe de sélection, d'aller justement démarcher des films, trouver un peu des pépites qu'on n'aurait pas trouvées par ailleurs. Et puis après, il y a des fois des films qui arrivent directement sur la plateforme, qu'on découvre. Donc c'est chouette.
- Speaker #0
C'est super aussi de voir cette évolution, ça va quand même vraiment dans le bon sens. Et donc au final, là, il y en a combien qui seront projetés ?
- Speaker #1
Là, on aura 28 films en compétition et on en a un petit peu plus parce qu'on a le off avec le un mois avant. certains films pour donner un avant-goût, mais ce n'est pas les mêmes que le festival, mais d'autres qui n'ont pas été sélectionnés en officiel, mais qui n'étaient pas loin d'être sélectionnés, qui sont en off dimanche soir. Donc, ce sera trop tard. Vous ne l'aurez pas. Oui, ce sera après le podcast, mais voilà, un mois avant le festival. Et on en a certains qui sont sélectionnés aussi que pour les scolaires, parce qu'en fait, on fait une projection réservée au public scolaire pendant le festival. C'est-à-dire que ce ne sont que les classes qui viennent et tout ça, mais ça nous permet de mettre les films dans la version en ligne du festival. Donc, il y a 31 films dans la version en ligne. Et il y en a 28 en compétition. Il y a certains films hors compétition qui sont accessibles en ligne, en replay.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. C'est un point aussi important, ça, qu'on n'a pas parlé. Mais le festival, d'ailleurs, tu peux nous redonner les dates. Donc, c'est à Annecy en novembre. Du 13 au 16 novembre. Ah voilà, du 13 au 16 novembre. Et en plus, j'y serai, mais je ne me souvenais plus des dates. Mais il y a aussi la possibilité de regarder les films depuis chez soi.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Grâce au passant en ligne, ce qui est quand même... ultra chouette. L'année dernière, je n'ai pas pu venir et c'est vrai que j'ai regardé des films, de se faire des petites soirées devant des super films en restant chez soi, c'est aussi bien sympa.
- Speaker #1
Oui, c'est vraiment ça. Soit les personnes qui écoutent ce podcast trop tard et c'est passé le festival, soit ils sont trop loin, soit ils ont des enfants en bas âge, soit ils ne sont pas dispo parce qu'ils ont le mariage de cousine truc, etc. ou l'anniversaire de cousin machin. Ils peuvent quand même se faire les films en replay pendant deux mois, donc à peu près deux mois, jusqu'au 5 janvier, à la fin des vacances scolaires. de Noël et ça permet de se faire des films un peu plus sympas que les Netflix habituels etc. Donc des films sur des femmes inspirantes et tout. Et puis comme d'habitude ça permet de redonner des droits de diffusion aux réalisateurs des films. Donc surtout qu'il y a beaucoup de petites productions de films autoproduits donc ça les soutient beaucoup et nous ça nous permet aussi de faire vivre nos actions à l'année comme sensibiliser les scolaires, sensibiliser tout ça parce que c'est beaucoup la billetterie qui nous permet de mener nos actions.
- Speaker #0
Oui bien sûr c'est vraiment important. On vous encourage du coup à aller acheter votre passe en ligne si vous ne pouvez pas venir. Il y a un autre point aussi, vous accordez au sein de l'association et du festival beaucoup d'importance à l'accessibilité. Est-ce que tu peux nous en dire plus ?
- Speaker #1
Oui, exactement. On a eu la chance d'être vraiment sensibilisés à cette thématique par Silence, on grimpe et Arnaud Guillermo, de se dire en fait, sur un handicap invisible auquel on pense très peu, c'est le public sourd et malentendant. Moi, je n'étais pas du tout sensibilisée, je n'y avais pas du tout pensé. Et il y a trois ans de cela, on m'a sensibilisée à cela et on a vraiment été épaulés pour la mise en place. On a commencé par une soirée. On a rendu une soirée, donc deux projections, 100% accessibles au public sur les malentendants. C'est-à-dire les films étaient sous-titrés en français et tous les échanges sur scène étaient interprétés en direct par des interprètes en langue des signes française. C'est-à-dire les questions du public, les questions du speaker à l'intervenant et tout ça, et ainsi toute la partie d'accueil pour que ce soit plus fluide. Et depuis l'année dernière, maintenant, on fait toutes les soirées, donc tous les films en compétition sont accessibles au public sur les malentendants. Donc ça, c'est quelque chose de très, très important. Et on sous-titre aussi tous les films à la main sur la plateforme digitale. C'est-à-dire des sous-titrages humains. Ce n'est pas du sous-titrage d'IA où on se dit « Oh là, qu'est-ce qui a été sous-titré là ? » Parce que c'est au son, c'est n'importe quoi et tout. Là, c'est vraiment du vrai sous-titrage. Donc, c'est quelque chose qui demande beaucoup de temps et d'énergie. Mais c'est quelque chose qu'on a à cœur de faire. Et normalement, cette année, on aura même un sous-titrage en direct des échanges. Parce qu'en fait, il y a des publics, des personnes sourdes et malentendantes qui ne parlent pas la langue des signes française. Ils lisent sur les lèvres, sauf qu'en fait... quand on est sur scène, on est loin et en plus on a le micro devant les lèvres, donc en fait ils ne peuvent pas du tout comprendre ce qu'on dit. Donc il y a quelqu'un qui va sous-titrer en direct, c'est-à-dire quelqu'un qui tente très très très vite qui va sous-titrer ce qu'on dit, donc il va falloir que je parle un peu moins vite que là, sous-titrer ce qu'on dit sur une application et comme ça les personnes qui ne parlent pas la langue des signes mais qui ne peuvent pas lire sur les lèvres pourront lire ce qu'on dit sur scène.
- Speaker #0
Ah oui, super intéressant. Effectivement on n'y pense pas à ce genre de choses quand on a la chance de prendre le souci. Mais c'est génial de faire tout ce travail-là. Je pense que c'est hyper important.
- Speaker #1
On est très contents de pouvoir faire ça. On a vraiment une super équipe qui nous permet de faire tout ça. Et c'est vraiment chouette.
- Speaker #0
C'est top. Et durant le festival, en plus des projections, il y a d'autres choses aussi qui sont organisées. J'ai vu qu'il y avait des ateliers, des débats, ce genre de choses. Est-ce que tu peux nous expliquer le programme ?
- Speaker #1
Ce qui est vraiment bien, c'est que pendant tout le festival, vous pouvez avoir du 100% Femmes en montagne de 9h30 le matin à minuit voilà c'est à peu près ça le procurateur voilà petite cure, on attaque le jeudi avec une journée pro avec session pitch, atelier comment rendre son film accessible, public sourd et malentendant networking, après les projections et tous les jours on a des ateliers que ce soit Aquarelle avec Lauriane Miara qui fait notre affiche, on a une exposition tout au long dans notre camp de base, le café associatif Art by Friend, on a des ateliers pour apprendre à réaliser des films on a des ateliers de découverte que ce soit escalade, course à pied, yoga. On a des ateliers pour apprendre des choses, que ce soit la cartographie, les premiers secours en montagne, les aventures à vélo. Et on a deux tables rondes, une qui est vraiment scientifique sur l'évolution de la mixité dans les sports de montagne, et une autre qui est plus sur, en gros, les sportives dans l'œil des médias, c'est-à-dire comment les médias traitent la représentation des sportives féminines dans les sports de montagne. Donc voilà, c'est des tables rondes, c'est soit gratuit, soit à prix libre, soit la plupart des ateliers, sauf si l'intervenant est un peu trop cher, dans ce cas-là c'est un peu plus cher, sinon ils sont à 5 euros avec café offert. pour réserver sa place et pour être sûre que tout le monde vient. Mais l'objectif, c'est vraiment d'avoir une grande accessibilité dans nos ateliers et que tout le monde puisse s'y retrouver tout au long de l'atelier. On a même parentalité et montagne avec garde d'enfants comprise. On essaye de faire pour tout le monde.
- Speaker #0
C'est trop bien, ça donne envie. Parce que là, ça fait vraiment ce que tu disais. On passe vraiment tout un moment en mode femme en montagne, mais du coup, à pouvoir apprendre plein de choses, à visionner des films, mais pas que. C'est chouette d'avoir les aspects aussi sport, table ronde.
- Speaker #1
Oui, c'est vraiment ça. En fait, on a un camp de base dans un café associatif. Donc, on sait qu'à n'importe quel temps creux, on peut aller là-bas. On croise des intervenants des festivaliers, l'équipe du festival, les bénévoles et tout. On a aussi à cet endroit-là, on va avoir un café des assos. On invite toutes les assos qui sont liées avec la montagne, les femmes, de faire un café des assos le vendredi midi. Donc, on peut rencontrer plein d'assos qu'on ne pensait pas connaître. On a un café-noeud avec les groupes féminins de la FFK et de l'alpinisme. Pour apprendre à faire des nœuds, il n'y a pas de risque parce qu'on est dans une salle, donc il n'y a pas de risque de tomber en montagne. On apprend des choses, c'est gratuit, on vient juste comme ça. On a lancé un salon du livre le dimanche. Donc l'objectif dans ce salon du livre, c'est vraiment de se dire, il y a une dizaine d'autrices qui sont là sur le côté montagne au féminin. Donc on a plein de livres sur la randonnée, sur l'alpinisme, avec les autrices qui sont là pour dédicacer. Ça va vraiment être un chouette moment. Il ne faut pas hésiter à passer. Si on habite sur Annecy dans le coin, on passe plus faire un tour. Puis si on est plus loin, on revient. C'est quatre jours à Annecy. On a un petit guide qui nous explique que c'est facile en train. On a un petit guide qui nous dit que c'est vraiment facile en train de Paris, de Lyon. C'est facile, Annecy.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai que franchement, ce n'est pas compliqué d'accès à Annecy. En plus, c'est joli en prime. On peut en plus profiter de la ville. C'est tout gagnant. Quels sont encore pour toi ? Déjà, tu as du recul. Je fréquente quand même beaucoup de personnes de ce milieu montagnard, on va dire. Et est-ce que tu identifies encore les principaux freins qui freinent en fait à cette meilleure représentation des femmes en montagne en général ?
- Speaker #1
Je pense que c'est vraiment quelque chose au niveau sociétal. Si tu regardes, avant 2016, il y avait très très peu de médiatisation du sport féminin de manière générale. Voilà, le Tour de France n'était encore que masculin, le road foot était très très peu médiatisé, donc on le voyait vraiment au niveau national de tous les sports. Et depuis 2016, ça bouge. Donc c'est bien, ça bouge au niveau national, ça bouge de partout. Il y a une plus grande représentation des sports, des pratiques féminines. Il y a eu des magazines qui se sont créés comme Women's Sport, comme Les Sportifs, comme tout ça. Il y a plein de choses qui bougent, donc ça bouge. C'est bien. Mais c'est comme tout, le chemin est encore long. Et je pense que la médiatisation est vraiment importante. Parce qu'en fait, c'est par la médiatisation qu'on fera bouger aussi les choses et que derrière, on inspirera les jeunes filles à pratiquer, etc. C'est aussi pour ça qu'on sème ces graines auprès de la jeune génération. et je pense qu'il faut... pas oublier qu'on vit dans une société, on ne vit pas du jour au lendemain en se disant ça y est, on est tous égaux, maintenant c'est la même chose. Et non, parce qu'en fait, il y a des biais éducationnels, il y a des biais sociétaux, il y a... Voilà, on est dans toute cette éducation, tout ce qu'il existe avant, et malheureusement, les femmes et les hommes n'avaient pas la même place. Ça ne fait pas si longtemps que ça que les femmes votent, ça ne fait pas si longtemps que ça que les femmes travaillent non plus si on regarde dans la société française. Donc, mine de rien, on part avec tout ça. Et dans les sports de montagne, sur la plupart des sports de montagne, il y a la question du risque en plus. Qui dit risque dit, il n'y a pas encore pas si longtemps, quelque chose qu'on n'autorisait pas aux femmes, parce que les femmes étaient là pour être mères. Si on regarde tous les livres sur le sport féminin, on se rend compte qu'il n'y a pas si longtemps, le sport était dangereux pour les femmes, parce qu'elles ne pourraient pas enfanter, parce que tout ça, ça allait leur faire tomber l'utérus, etc. Les médecins le disaient, Pierre de Coubertin disait que l'Olympien était... était un homme fort et les femmes étaient là pour couronner les vainqueurs, etc. C'est il n'y a pas si longtemps. Donc, je pense qu'on est en...
- Speaker #0
C'est effrayant, c'est vraiment récent, en fait.
- Speaker #1
Oui, c'est ça qu'en fait, il faut qu'on se dise. oui, on avance, c'est vraiment, vraiment bien, mais c'était il n'y a vraiment pas si longtemps, on était encore plus loin. Donc, je pense qu'il faut que ça avance. Moi, je suis partisane du fait de faut pas brusquer, faut continuer à bouger, à inspirer. Après, il y en a qui ouvrent des portes en forçant et je pense que c'est bien. parce que nous, en fait, en inspirant, au bout d'un moment, on se prend une porte qui est fermée et si personne ne l'a ouverte, elle reste fermée. Mais voilà, on cohabite, on est différents styles à cohabiter là-dedans. Il y en a qui viennent ouvrir les portes, qui viennent taper dedans et c'est bien parce qu'en fait, sinon, les portes, elles restent toujours fermées. Et puis, des fois, il faut juste inspirer, faire que ça fasse tâche d'huile, etc. Et nous, on est plus là-dedans. Et je pense que c'est important et c'est comme ça aussi que les préjugés se...
- Speaker #0
Il faut penser aussi dans l'autre sens. C'est vrai que nous, on nous disait tout le temps, nous on essaye d'inspirer à ce qu'il y ait plus de femmes qui soient leaders de cordée. Et en fait, en se disant ça, il y a aussi des hommes qui nous ont remerciés. Parce qu'en fait, à niveau égal, on se retrouvait sociétalement à ce que l'homme passe devant. Sauf qu'en fait, à niveau égal, l'homme, il n'a peut-être pas envie de passer devant. Du coup, la femme, elle, elle n'a peut-être pas envie d'être derrière. d'accord on en parle mais l'homme n'avait pas envie d'être devant donc de redire que la femme peut être leader de cordée ça veut dire aussi que l'homme a le droit d'être second Donc il y en a certains aussi à qui ça peut enlever une pression dans l'autre sens, de se dire « moi je suis un homme, je ne suis pas obligée d'être le plus fort non plus » . Et ça, ça peut faire redescendre des pressions. Et je m'en souviens, une fois j'ai un homme qui avait levé la main dans une salle, on faisait une tournée en relais, il m'a dit « merci pour votre festival, je viens chaque année, parce qu'en fait vous nous proposez une autre vision de la montagne » . Il me dit « moi j'aime bien la montagne performance qu'on voit dans les autres festivals de films, mais pour moi ce n'est pas que ça la montagne, et moi j'aime bien avec mes amis aussi pratiquer une montagne plaisir, une montagne ensemble, une montagne où on évolue, où on a de l'émotion et tout ça. Et je trouvais ça hyper chouette de venir d'un homme qui nous disait « Merci de proposer aussi une autre vision médiatique et culturelle de la montagne. » Et c'est ça qui est important chez nous, c'est qu'on a de l'excellence, on a du haut niveau, mais on a aussi la montagne comme un écrin pour de la réalisation, pour de se reconstruire après une maladie physique ou psychique, ou pour des chemins de vie. Et je pense que ça parle à plus de monde. C'est-à-dire que oui, la montagne est un lieu d'excellence, elle le sera toujours, mais la montagne est aussi un lieu de réalisation juste personnel.
- Speaker #1
Oui, c'est tellement important et ça, ça marche dans pas mal de... pas mal de secteurs déjà, mais même au sein du sport, dans plein de sports, en fait, où il y a souvent ce côté où on voit directement juste l'aspect performance alors que... Alors, évidemment, ça ne veut pas dire que les femmes ne sont pas performantes, mais c'est qu'on peut voir de plein de manières différentes et qu'on n'est pas obligé de se cantonner uniquement à ça. Et je suis aussi d'accord avec toi quand tu dis que... Enfin, moi, c'est aussi ma vision, c'est que le féminisme, ça peut aussi profiter aux hommes, en fait. Que ça peut leur enlever tout un tas d'injonctions qui ne sont pas forcément agréables et... et que certains apprécieraient de se voir enlevées. Donc, c'est plutôt un bon chemin pour tout le monde, à mon sens. Et est-ce que tu as des femmes qui t'ont particulièrement inspirée dans le milieu de la montagne ou autre, d'ailleurs ?
- Speaker #0
Moi, j'ai toujours eu des rôles modèles, mais on va dire en empiochant un peu de partout. Donc, je ne vais pas avoir... Je ne suis pas quelqu'un qui a été beaucoup de fans. Vous voyez, tu vois, les gens, par exemple, qui ont toujours des posters au mur, qui sont... hyper fan d'une personne et c'est que cette personne, cette personne, cette personne. Moi, j'ai toujours été avoir des rôles modèles un peu plus variés, c'est-à-dire trouver quelqu'un bien pour ça, quelqu'un bien pour ça. Moi, j'ai beaucoup apprécié parce que j'ai travaillé avec elle et j'ai apprécié beaucoup sa manière de voir les choses. C'était Julia Vira qui faisait beaucoup, qui était une femme guide qui est toujours vivante, mais elle fait beaucoup moins guide, elle est beaucoup plus sur les bateaux actuellement, mais qui avait une version de la montagne très humaine, je trouvais et qui me plaisait beaucoup Donc ça, j'apprécie beaucoup. J'aime bien les gens qui ont une version de la montagne avec un regard aussi autre, qui savent le mettre, aussi bien un regard aussi environnemental derrière, qui viennent prendre une vision un petit peu plus large. Et c'est vrai qu'en étant, quand j'étais jeune, il n'y avait pas tant de femmes que ça pour inspirer. Tu vois, à l'époque, quand j'étais jeune, à part si c'était Catherine Destivelle, il n'y en a pas beaucoup d'autres à cette époque-là. Martine Roland, première femme guide, ce n'était pas autant que maintenant on peut avoir. Et puis moi, c'est un peu plus difficile d'avoir des... Je trouve que c'est difficile d'être inspirée par des femmes qui ont mon âge. C'est un peu bizarre, mais il y a un peu ce côté d'avoir au-dessus. Et après, quand tu as le même âge, tu te dis un peu dans le sens de... Ça peut t'inspirer, mais tu te dis, en fait, elle peut moins t'inspirer. Tu voudrais être comme elle quand je suis grande. Quand elles ont le même âge que toi, tu es là, je ne pourrais pas être comme elle quand je suis grande parce qu'elle a déjà mon âge. Voilà. C'est rigolo, effectivement. Mais voilà, non, non, mais j'ai été à... Mais j'ai plus été inspirée par les rencontres que j'ai faites, de rencontrer dans d'autres pays des gens qui s'investissent, qui font bouger les choses. Moi, c'est plutôt ça qui me touche beaucoup. Ce n'est pas forcément les gens que tu vois le plus, mais ceux qui œuvrent pour essayer de faire bouger les choses. Et ça, je trouve que c'est fantastique. Ce ne sont pas forcément les gens que tu as l'habitude de voir et tu te rends compte que c'est eux qui font bouger aussi énormément de choses. Oui,
- Speaker #1
c'est sûr, complètement. Et comment est-ce que tu vois l'avenir de Femmes en Montagne, je ne sais pas, dans 5 ans, 10 ans ?
- Speaker #0
Je dis à tout le monde, peut-être qu'un jour on n'aura plus besoin d'exister. Parce qu'en temps, il y a des gens qui disent « Non, mais ça ne sert à rien d'avoir un festival comme ça, parce qu'en fait, on est mix dans tous les festivals. » Et t'es là « Regarde les chiffres, c'est faux. » Donc à un moment, je me dis...
- Speaker #1
C'est toujours un argument.
- Speaker #0
Non mais voilà, mais j'aimerais bien un jour que mon festival n'ait plus raison d'exister, que Femme en Montagne n'ait plus besoin d'exister, parce qu'en fait, tout est mix partout. Et qu'en fait, Femme en Montagne n'existe pas, comme on dirait pas un homme en montagne pour l'instant on en a besoin parce qu'on est encore minoritaire mais le jour où on sera plus minoritaire on va pas faire un homme en montagne et un femme en montagne donc on arrêtera femme en montagne Mais il y aura toujours d'autres actions à faire, parce qu'avant qu'on soit égalitaire derrière la caméra, avant qu'on soit égalitaire en termes de médiatisation, il y aura toujours des choses à faire. Pour l'instant, j'aimerais bien arriver à continuer comme ça. On a une asso encore assez jeune, parce que jusqu'à 2023, on était 100% bénévole. Là, on est deux salariés à temps partiel, mais c'est quand même encore tout jeune. Donc, il faut vraiment arriver à consolider notre fonctionnement, à consolider aussi la manière de travailler avec les bénévoles, d'arriver à trouver aussi comment laisser plus de place aux bénévoles en se disant comment ils peuvent avoir leur propre sujet à mener, leurs propres choses qu'ils peuvent mener de leur côté, comment on peut développer des choses comme des antennes. Je parlais des vers des montagnards, d'où on en fait trois ou quatre. Pourquoi pas en faire beaucoup, beaucoup plus ? Mais ça, c'est quelque chose qu'il faudrait que ce soit apporté par des bénévoles. Mais pourquoi pas en faire un dans chaque grande région ? Pourquoi pas faire plus de choses aussi à vocation de nos adhérents ? Ça, c'est vraiment quelque chose qu'on aimerait faire. On aimerait bien faire une fois par mois, un moment où on se rassemble, ou une fois c'est un thème, je ne sais pas, du coaching un peu mental pour vaincre le syndrome de l'imposteur en montagne, que ce soit des petits trucs comme ça, qu'on puisse mettre à disposition encore plus de choses. pour débunker des choses, pour, voilà, pas forcément en non-mixité, c'est-à-dire que les hommes sont bienvenus, mais selon les thèmes, en fait, on sera en non-mixité. Voilà. Mais c'est comme quand tu fais un cours de yoga, tu n'es pas en non-mixité, mais il n'y a que des femmes. Voilà, c'est un peu pareil. Mais je me dis, il y a plein de choses qui peuvent être mises en place, avoir une communauté qui bouge encore plus, qui peuvent apporter encore plus à ces adhérents. De dire, par exemple, tu vas dans les Pyrénées, hop t'envoies un message sur la communauté tu rencontres plein de filles des Pyrénées qui vont te donner des idées de conseils d'endroits voilà Sans te dire, c'est un mec qui va me proposer, ça va encore être un plan drague foireux, je ne sais pas comment je vais m'en sortir. Tu es déjà en insécurité, mais tu n'attends peut-être pas la même chose. Un petit peu tout ça, je me dis, il y a plein de choses à mettre en place qui peuvent être chouettes. Et puis, on aimerait bien continuer aussi à ce qu'on fait au niveau des scolaires, essayer de laisser un petit peu plus. On a plein de volonté là-dessus. Puis, on a plein d'attentes. Plein de gens nous demandent de faire une tournée Femmes en montagne. Ça fait longtemps qu'on nous demande, mais ça, il faut vraiment avoir les épaules solides parce que ça demande beaucoup de temps. de temps, beaucoup d'énergie. Et ça, je pense que si du jour au jour, on arrive à être vraiment stable, avoir vraiment un socle bien posé, c'est quelque chose qu'on essaiera de mettre en place. Parce qu'en fait, nous, dans les Alpes, on a beaucoup de chance. Mais même toi, dans l'Est, il y a beaucoup moins de choses, beaucoup moins de soirées sur la montagne. Ils nous disent la même chose dans les Pyrénées, ils nous disent la même chose en Bretagne, Normandie. C'est vrai qu'ils seraient ravis qu'on amène avec une soirée femme en montagne, des gens pour échanger, on fera un verre des montagnards d'avant. Il y a tout un truc qui pourrait être hyper sympa. Par contre, ça demande des ressources pour le mettre en place. Avant ça, on allait 10 ans de l'assaut déjà.
- Speaker #1
Bon, ça va, ça. Tu ne manques pas d'idées pour de nouveaux projets ?
- Speaker #0
Non, je ne manque pas d'idées. Tu manques de temps. Il faudrait qu'on soit plus de temps. Une journée en deux serait parfait.
- Speaker #1
Oui, je vois très bien de quoi tu parles. Et pour terminer, j'ai une petite question traditionnelle. Est-ce que tu as un conseil que tu voudrais donner ? Alors, soit une jeune, enfin jeune ou pas jeune d'ailleurs, mais une sportive ou une réalisatrice, tu vois, qui n'oserait pas forcément se lancer.
- Speaker #0
En fait, je vais le piquer à la dernière personne qu'on a interviewée dans nos films du Woman's Kimo. Elle termine par une phrase de conclusion qui est vraiment, vraiment géniale. Je vais très, très mal le retranscrire, ça fait longtemps que je ne l'ai pas revu, mon film. Mais où elle dit, en fait, en plus c'est en anglais, donc je dis en français. En fait, donne de ton mieux. N'essaie pas de viser vraiment le parfait, mais vise vraiment de ton mieux. Donne de ton mieux et en fait, tu seras forcément ravi. Et un peu de se dire qu'on cherche toujours à viser la perfection, donc des fois on n'ose pas y aller, mais juste en y allant, en faisant de son mieux avec tout son cœur, en fait on sera forcément ravi de ce qu'on a fait, et des fois il faut juste oser comme ça. Donc ça marche pour tout, ça marche pour quelqu'un qui veut se lancer dans un sport, se dire voilà, il faut que je me lance en course à pied, mais je ne serai jamais faire 10 kilomètres. Mais ce n'est pas grave, lance-toi et fais un kilomètre, comme toi tu as envie. Et puis après peut-être que tu feras 2, 3, 4, 5, mais ne vise pas forcément tout de suite en haut, mais lance-toi avec le mieux, fais de ton mieux et ce sera déjà super Et en fait, c'est souvent ce qui manque, c'est qu'on oublie d'oser. Et surtout à cette époque des réseaux sociaux où on se compare énormément. On se dit, bah non, je ne vais pas faire ça, elle est plus forte. Je ne vais pas faire ça, je ne vais pas lancer un podcast, il y en a déjà qui existent. Je ne vais pas faire un film parce qu'il y en a déjà qui sont tellement bien. Ou alors, je ne vais pas faire un film, il me faut un budget. Non mais juste lance-toi. Ton premier film, il ne sera peut-être pas top, mais ce n'est pas grave. Le deuxième, il sera mieux et ainsi de suite. et ne pas viser l'excellence, c'est juste donner avec son cœur et ça ira très bien.
- Speaker #1
Super philosophie, j'adore.
- Speaker #0
J'adore totalement. Aurèle Sann, il le dit, tu veux faire un truc qui filme, pour faire un film, tu as juste besoin d'un truc qui filme. C'est vraiment ça. Pour faire un podcast, au début, tu as juste besoin d'un micro. Tu vas enregistrer quelqu'un avec un micro un peu propre et puis ciao, bonsoir. C'est sûr que les premiers montages, tu galèreras et après, ça ira mieux. C'est pareil pour les films. Ton premier film, peut-être qu'il tremblera comme ça. Tu diras, le prochain, je le ferai au trépied. Deuxième, tu diras, bah, faut que je pense au micro, etc., etc. Mais si de premier, tu veux attendre à voir Spielberg, tu ne sortiras jamais de ton lit.
- Speaker #1
C'est clair, ça s'applique effectivement à tout, donc j'aime beaucoup. Merci beaucoup Tania pour tout l'échange. Déjà c'était chouette d'avoir un peu les coulisses du festival, de comprendre aussi toutes les actions de l'assaut, parce que parfois aussi on connaît le festival, mais on ne se rend pas forcément compte de tout ce que vous faites, qu'il y a quand même beaucoup de choses. Et puis du coup, je dis rendez-vous à Femmes en Montagne fin novembre.
- Speaker #0
Carrément. Puis moi, j'en profite pour remercier encore tous les bénévoles, un peu les partenaires, mais surtout les bénévoles qui permettent de mettre tout ça en place. Et on a décidé d'ailleurs un nouveau truc, on fait des recrutements par promo de bénévoles pour essayer d'intégrer au mieux les bénévoles. Et voilà. Rendez-vous en fin d'année, c'est pour ceux qui veulent, les débuts d'année, pour ceux qui veulent nous rejoindre pour la nouvelle année.
- Speaker #1
Ok, génial. Merci beaucoup et à très bientôt alors.
- Speaker #0
À bientôt, au revoir. Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes, cela nous aide. A bientôt !