- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast des sports outdoor aux féminins pour s'inspirer, apprendre et oser. Bonjour à toutes, aujourd'hui je reçois Odile Baudrier, cofondatrice du Festival des Templiers, le plus ancien trail de France. Dans cet épisode, Odile va nous parler de son parcours, de l'organisation de l'événement, des débuts du trail en France dans les années 90, mais aussi de son engagement pour les femmes et la lutte anti-dopage. Bienvenue, Odile, je suis vraiment ravie de te recevoir. Est-ce que tu veux bien me présenter ?
- Speaker #1
Oui, je suis Odile Baudrier, comme tu l'as dit, cofondatrice du festival Ausha et Templier, également journaliste pendant très longtemps dans le domaine de la course sur route et de l'athlétisme, et également d'Utrel, et depuis 11 ans maintenant, journaliste exclusivement engagée dans la formation sur le dopage, et donc active. Fervente antidopeuse, antidopage, voilà.
- Speaker #0
C'est intéressant, je vais avoir des questions là-dessus. Est-ce que tu peux nous raconter ton parcours sportif et professionnel, un peu les deux mélangés ?
- Speaker #1
Alors sportif, moi je suis une petite coureuse du dimanche, je suis madame tout le monde. Je ne cours plus beaucoup maintenant pour différentes raisons. J'ai commencé à courir il y a longtemps maintenant, j'ai fait quelques marathons, un 100 kilomètres. À cette époque, le trail n'existe pas. Moi-même, je n'ai jamais pratiqué le trail. J'ai fait des courses classiques comme Paris-Versailles. J'ai beaucoup aimé. Ensuite, après, j'ai arrêté la compétition. Mais j'ai toujours continué à m'entraîner pour la forme. Je suis vraiment une madame tout le monde qui ne faisait pas de grosses performances. C'était quatre heures au marathon. Rien d'exceptionnel. J'ai fait un petit peu de triathlon à tout début du triathlon. donc ça remonte maintenant à très longtemps puisque je suis... Je ne suis pas toute jeune. Et professionnellement, j'ai eu un petit parcours diversifié, on va dire, puisque j'ai d'abord été banquière. J'étais cadre dans une banque, à la Banque de France, pendant plus de 10 ou 12 ans. Et puis, j'ai démissionné pour arriver dans l'univers de la course à pied, d'abord avec ce qui s'appelait le carnet du bipède, un calendrier guide, puis les revues qu'on a créées avec mon mari, Gilles Bertrand. VO2, VO2 Magazine, VO2 Athlétisme, Endurance, les sites internet qui suivaient. Et ensuite, en 2014, on s'est complètement retiré de la presse. Et là, je suis devenue spécialisée dans le dopage. Et donc, dans les années 94-95, on a donc créé ce qui s'appelait à l'époque la Grande Course des Templiers, qui est devenu ce festival important maintenant.
- Speaker #0
Ça, c'est incroyable. Est-ce que tu peux nous raconter comment cette idée est née ? Parce qu'il n'y avait pas de trail en France, en fait, à cette époque.
- Speaker #1
En fait, il y avait des courses de montagne qui étaient plus ou moins longues, mais le concept de trail, ou aussi le concept de l'autosuffisance, et puis le concept de longue distance sur les chemins exclusivement, ça n'existait pas. Donc, nous, ça a été inspiré par notre parcours de journaliste, où on a découvert le trail et l'ultra-trail aux États-Unis, parce que Gilles était, lui... Un coureur de 100 km passionné par l'ultra, donc il a découvert dans les magazines papier de l'époque, puisqu'on n'avait pas internet, ce qu'était le Walla Western State, le Lidville Trail. Et donc bien sûr, comme on était très curieux, on a voulu aller voir. Et là, on est tombé sous le charme. Après, il a fallu quelques années pour que le projet se lance vraiment. Donc il s'est lancé en 1995. Et à ce moment-là, c'est Gilles qui est toujours le découvreur de parcours. Il a souhaité tracer ce parcours sur le Larzac. Et après, successivement, on a évolué du Larzac sur Millau et les parcours évoluent Côte-Noire et Larzac. Et ensuite, au fil des années, on a ajouté des distances plus longues et plus courtes. Et ça, c'est un petit peu la différence par rapport aux trails américains ou aux États-Unis. C'est surtout des efforts de 100 miles et c'est des distances uniques en général dans les événements américains.
- Speaker #0
Et par rapport justement aux épreuves américaines, donc il y a cette différence déjà, mais est-ce que déjà à l'époque aussi, vous avez adapté quelque part, tu vois, au contexte français ? Est-ce que vous avez conservé certaines choses, enlevé d'autres choses ?
- Speaker #1
Oui, on a adapté d'abord sur la distance, parce que la première idée, c'était bien sûr de créer un 100 maëls. Mais on s'est rendu compte que 160 kilomètres sur chemin à l'époque, c'était trop important. Donc, on a décidé de faire sur 65 kilomètres, c'est-à-dire 50 maëls, la moitié. Et donc ça, on l'a adapté. Après, on a adapté aussi le fait que sur les épreuves qu'on a créées, il n'y a pas le système du paisseur. qui est un système américain où à partir d'un certain moment, les gens peuvent être accompagnés par quelqu'un qui court avec eux, ce qui permet quand même une sécurisation plus importante. Ensuite, on a conservé le système de l'autonomie, avec surtout des ravitaillements très espacés, puisque à l'époque, la réglementation qui s'appliquait sur la course sur route, c'était la réglementation fédérale, et là, il y avait une obligation de ravitaillement tous les 5 kilomètres. Donc là, on s'est complètement démarqués de ça, puisque de suite, on est partis sur un ravitaillement tous les 20 kilomètres. Donc ça en faisait trois. Et donc voilà, c'était les différences essentielles. Après, l'esprit, on a essayé de l'insuffler, mais bien sûr, on n'est pas aux États-Unis. Ce que Gilles a tout le temps essayé de faire, c'est d'avoir des parcours aventureux et aussi qu'il y ait une certaine logique dans l'évolution pour aller d'un point à un autre, un peu comme aux États-Unis où les parcours... cours se font souvent d'un point à un autre.
- Speaker #0
Oui, d'accord. Et est-ce que les coureurs ont directement accroché avec cette nouvelle pratique ? Parce que du coup, c'était un peu différent par rapport à ce qui se faisait. Est-ce que vous avez eu des bons retours au début, comme ça ?
- Speaker #1
Oui, en fait, le succès, il a été immédiat. Bien sûr, on n'aurait jamais pu penser que ça deviendrait ce que c'est maintenant, mais quand même, le succès, il a été immédiat parce que l'épreuve, on l'a simplement créée au mois d'avril et on avait pris une date, c'est un octobre, qui est toujours demeuré notre date. Et en fait, dans l'espace de quelques mois, uniquement avec la pub papier... du magazine VO2 qu'on avait à l'époque. Il n'y avait pas les communications par les réseaux, il n'y avait pas les pubs Internet, il n'y avait pas les sites. On distribuait des flypapiers. C'est vraiment une autre époque à ce niveau-là. Et en fait, en quelques mois, on avait quand même plus de 500 personnes. On a trouvé que c'était quand même énorme parce que les gens ne savaient pas du tout en quoi ils se lançaient. D'ailleurs, on peut encore sourire en entendant Patrick Renard, qui a été le premier vainqueur, raconter qu'un copain lui a dit « Va t'inscrire du côté de Millau, il y a un grand cross » . Donc pour lui, il venait faire un grand cross. Quelque part, ce n'est pas tout à fait faux, mais il a été super étonné. Et il faut prendre en compte aussi qu'à l'époque, on n'avait pas les montres GPS, on n'avait pas les classements intermédiaires. Les gens évoluaient vraiment dans l'inconnu. Nous-mêmes, on évoluait dans l'inconnu avec eux. On ne savait pas du tout où ils étaient, à quelle heure ils allaient arriver. Les prévisions horaires étaient complètement enfoncées parce qu'ils couraient beaucoup plus lentement que ce qui avait été prévu. Et donc, on a attendu longtemps sur la ligne d'arrivée d'avoir le premier. Et c'est vrai que c'était assez fascinant finalement. Mais on a senti de suite, il y avait un engouement. Et l'engouement, en fait, au début, on l'a plutôt freiné. Parce qu'au début, nous, on ne voulait pas que l'épreuve grossisse trop vite. On voulait être capable de gérer sa progression. Et donc, on limitait tous les ans le nombre de coureurs. Et puis, progressivement, on s'est structuré. Et on a eu une autre conception d'étaler sur plusieurs jours. Mais vraiment, au début, on... On a été surpris, mais je pense que les gens étaient vraiment prêts pour cette discipline. Ils étaient mûrs et l'engouement était là.
- Speaker #0
C'est incroyable, vous êtes vraiment arrivé au bon moment et ça a pris tout de suite. Et comment, enfin quand déjà, et comment est-ce que vous avez, pourquoi pardon, vous avez décidé d'introduire d'autres formats ? Donc tu disais maintenant, ça dure plusieurs jours, vous avez plein de courses, vraiment il y a énormément de courses différentes avec des formats plus courts, plus longs. Ça, quelle a été l'origine de cette décision ?
- Speaker #1
Alors la première épreuve qu'on a ajoutée, en fait, c'était un ultra, parce que Gilles avait toujours rêvé de faire un ultra. On a ajouté une fois un 100 km, qu'on n'a pas renouvelé après immédiatement. Et en fait, l'épreuve qui nous a amené à ouvrir à plus de distance, ça a été la Templière, l'épreuve qu'on a réservée pour les femmes. Parce que j'avais analysé qu'à l'époque, les femmes couraient quand même beaucoup moins que maintenant. Elles avaient du mal à courir sur du long. Et donc finalement, en proposant une distance de 65 ou 70 kilomètres, c'était messieurs qui couraient, mesdames qui regardaient, et ça me déplaisait. Et donc du coup, je me suis dit, on pourrait faire une course pour les femmes. Moi, j'avais participé à des épreuves strictement féminines, à la Rochelle. J'avais couru, par exemple, à Casablanca. Donc sur des 5, des 10, des kilomètres, on voyait que c'était quand même des épreuves légitimes qui amenaient les femmes aussi à participer. Et on s'est dit, pourquoi pas un trail ? Au début, ça a été vraiment la levée de bouclier. Contre cette idée, bien sûr des hommes, certains nous ont écrit que c'était, on les ostracisait, on les excluait, puisqu'ils n'avaient pas le droit d'y participer. Et donc après, c'est vrai que ça a fait son cheminement, on s'est rendu compte qu'il y a aussi des hommes qui ne peuvent pas courir 70 kilomètres. Donc voilà, c'est venu d'un gendarme qui dit à Gilles, c'est bien beau votre épreuve, mais bon, c'est long, quoi. Moins 20 kilomètres, ça m'irait. Donc on a ajouté la VO2. Puis après, on s'est dit, il ne faut pas se freiner, en fait, il en faut pour tous les formats. Pour créer aussi l'esprit festival, c'est-à-dire l'esprit de groupe, l'esprit familial, l'esprit où on vient avec des groupes informels ou des clubs. Et ça, c'est vraiment ce qui s'est renforcé au fil des années. Et le fait d'avoir des distances sur trois jours, ça permet aussi, par exemple, les épreuves du vendredi permettent à des gens qui travaillent le week-end, et il y en a beaucoup finalement, de pouvoir quand même participer à leur façon à un événement. Donc finalement, ça s'est mis en place progressivement. Parfois, c'était l'envie de faire découvrir un autre bout du Larzac ou d'une épreuve plus intimiste comme la boule fiscistique, une épreuve de petite taille. C'était l'envie aussi de créer des atmosphères différentes selon les épreuves et des parcours très différents parce qu'il y a des parcours qui sont communs, mais d'autres sont vraiment à part, comme la tourbiformie, la petite dernière qui a été créée il y a trois ans. Elle emprunte vraiment des parcours différents des autres épreuves. Donc, il y a un souci de faire découvrir. notre environnement naturel, qui nous plaît beaucoup.
- Speaker #0
Ah oui, c'est chouette. Ce n'est vraiment pas qu'une question de distance, en fait. Il y a aussi les ambiances, les parcours.
- Speaker #1
Oui, voilà.
- Speaker #0
Et moi, l'impression que j'ai, c'est qu'il y a, alors pas sur les Templiers spécifiquement, mais dans le trail en général, c'est que j'ai l'impression que c'est toujours plus long, en fait. Il y a toujours des formats plus longs qui sont créés. Je ne sais pas trop où ça va s'arrêter. Quel regard est-ce que tu portes, toi, là-dessus ? Est-ce que déjà, c'est juste une impression que j'ai ou est-ce que tu vois ça aussi ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr, on voit des distances qu'on n'aurait même jamais pu imaginer il y a encore 5-10 ans, voire proposer des 400 km, 300 km. C'est vrai qu'il y a une course à la démesure qui, personnellement, me perturbe énormément à beaucoup de niveaux. Je comprends l'effort, le dépassement de soi, puisque je l'ai vécu, et c'est vraiment quelque chose de légitime dans notre vie actuelle de vouloir se dépasser. et de faire plus de distance. Par exemple, moi, quand j'ai fait un 100 km, j'y ai pensé pendant 8 ou 9 mois, je me suis préparée, c'était vraiment un objectif. Mais je pense qu'il y a des objectifs qui sont surhumains, et le problème aussi, c'est que ce côté surhumain, il devient un petit peu la norme. Et donc, les efforts courts, ils paraissent sans valeur, en fait, quelque part, par rapport à ces efforts longs. Or, on est quand même dans de la course à pied, donc c'est le corps qui encaisse, et physiologiquement, on sait très bien que Les efforts qui tapent beaucoup, ça endommage quand même le corps. Alors il y a des gens qui n'auront jamais de dommages, mais il y en a beaucoup qui en ont. Nous qui sommes vraiment des anciens de la course à pied avec Gilles, on a vu des générations vraiment s'abîmer, avoir des problèmes de hanches, des problèmes de genoux. Et c'est vrai que la mesure, elle est perdue en fait. Et je pense qu'il faut vraiment une prise de conscience, que voilà, ça va être peut-être un petit moment de sa vie, certes, mais bon, on ne va pas... imaginer payer avec ses hanches pendant tout le temps après, parce qu'on devra mettre des prothèses parce qu'on les a abîmées. On voit quand même des gens qui se sont mis des prothèses, même parfois jeunes, et qui recourent sur des distances très longues. Il y a un côté jusqu'au boutiste qui est gênant, parce que c'est son corps à soi qui va payer la note. Et on n'en a qu'un, et on n'a que deux genoux, on n'a que deux hanches. Donc je trouve que c'est dommage. Donc là, il y a un côté un peu, bien sûr, psychologique. de savoir pourquoi s'infliger autant sans se limiter. Mais je pense aussi que la sollicitation est tellement importante que c'est très dur de se limiter. Mais il faut essayer de le faire.
- Speaker #0
Oui, effectivement, je suis d'accord avec toi. On va parler maintenant de la place des femmes. Tu l'as évoqué un petit peu, tu avais lancé cette course, la Templière. Pourquoi est-ce que c'était vraiment un sujet important pour toi d'avoir plus de femmes ?
- Speaker #1
Parce que je suis une femme, je cours et j'ai vu aussi d'abord les bienfaits que la course à pied apporte à la vie de tout le monde et des femmes en particulier. C'est ce moment où on est dans sa bulle, où on ne court que pour soi-même. On pense qu'à soi, on ne pense plus à tout. Et donc, ça fait du bien au corps, ça fait du bien à l'esprit. Donc, ça, c'est cet effet bénéfique que je l'avais noté pour moi. Et je voyais qu'autour de moi, les femmes que je voyais qui se mettaient à courir, c'était pareil. Et je pense que c'est quand même important que les femmes investissent tous les domaines. Alors ça, ça va être pour moi le professionnel, mais ça va être aussi le sportif. Je pense qu'il faut... Là, par contre, pour moi, c'est nos limites. En fait, il faut que... Voilà, pour moi... Il n'y a pas de différence à avoir. Donc, c'était important que les femmes puissent être présentes dans le monde du trail ou dans le monde de la course à pied en général. C'est vrai qu'on est allé souvent aux États-Unis dans les années où on avait VO2. On voyait que la participation féminine aux États-Unis progressait énormément sur les marathons. Et d'ailleurs, beaucoup d'épreuves maintenant sont plus qu'en parité sur le marathon. Et on se disait, ça n'arrivera pas en France. Comment faire pour y arriver ? Donc, c'est pour ça aussi que... Ça me motivait. Après, moi, en tant que journaliste, j'avais créé dans le magazine VO2 des rubriques d'entraînement et de conseils exclusivement aux féminins. J'ai aussi écrit deux livres sur des conseils pour les femmes qui courent, pour aussi débuter dans la course à pied. J'étais vraiment dans la démarche d'accompagner les femmes parce que c'est aussi spécifique pour les femmes de courir par rapport aux... problèmes hormonaux, etc. Donc, il y a quand même des précautions à prendre, aussi avec les problèmes de dérèglement alimentaire qui peuvent s'ensuivre. Donc, tous ces sujets-là, j'ai été pratiquée dans le magazine Léo 2 pendant très très longtemps, dans la rubrique que j'avais créée. Et ensuite, après, ça me plaisait aussi que dans le monde de la course à pied, des événements, il y a des événements pour les femmes. Je trouvais que c'était positif.
- Speaker #0
Je ne peux qu'approuver ! Et qu'est-ce que tu fais pour essayer d'attirer les coureuses aux Templiers sur les différentes épreuves ?
- Speaker #1
En fait, l'idée de départ, c'était la Templière. Et je pense que ça a donné un ton. On s'est rendu compte qu'il y avait une épreuve qu'on pouvait faire où il n'y avait que des femmes qui couraient. Après, ces femmes, ça leur a servi de marche-pied. En fait, c'est aussi la conception du festival avec toute cette palette de distance. Elle a permis à des femmes de démarrer sur la Templière. Puis l'année d'après, ils se sont dit, tiens, je pourrais faire la BO2, c'est 18 kilomètres. Et puis après, un peu plus long, un peu plus long, on a des femmes qui sont arrivées comme ça à l'ultra. Voilà, c'est un peu l'exemple, en fait, l'exemple. Après, je pense que ça, c'est vraiment, vraiment important. Bon, nous, sur les aspects parité pour l'élite, on a introduit les primes, donc ça doit faire plus de 10 ans maintenant. On a fait immédiatement la parité, ça ne serait même pas venu à l'idée de faire une différence. Ça aussi, je pense que ça compte. Parce qu'on s'est aperçu qu'on a eu toujours des très beaux plateaux féminins, parfois même supérieurs aux plateaux masculins. On a eu souvent des très, très grandes bagas en tête de course. Donc, toutes ces femmes, elles représentent quand même des exemples pour les femmes, entre guillemets, normales que nous sommes. Et qui donnent envie aussi, par la façon dont elles s'engagent dans leur sport, ça donne aussi envie à d'autres femmes de s'engager.
- Speaker #0
Oui, complètement. Avec le recul, parce que maintenant, tu as quand même pas mal de recul, qu'est-ce qui fonctionne le mieux, en général, tu penses, pour féminiser la course à pied et le trail, bien sûr ?
- Speaker #1
Je pense que c'est justement le fait de pouvoir proposer des distances courtes, parce que malgré tout, on le voit encore cette année sur nos statistiques, plus on avance en distance, moins il y a de femmes. La raison majeure, je pense qu'elle est quand même sociétale, c'est-à-dire qu'en règle générale, les femmes disposent de moins de temps pour s'entraîner parce qu'elles ont En général, la charge de leur foyer, et souvent de leurs enfants, et puis même la charge mentale, mais la charge aussi matérielle. Donc bien entendu, elles ont moins de temps pour être disponibles pour l'entraînement. Donc c'est vrai que là, il reste encore un cap à passer. Et je pense que ce sera difficile. Enfin, à mon avis, je ne crois pas que je verrai le moment où au Templier, Grand-Prel, des 80 kilomètres, on a parité homme-femme. Par contre, on a pu voir que sur les distances du marathon, on a un marathon au moins où il y a plus de femmes que d'hommes. Donc ça, pour moi, c'est extrêmement positif. Mais je pense que le nerf de la guerre, c'est le problème sociétal autour du statut de la femme, de leur manque de disponibilité et de leur engagement hors normes dans leur travail, dans leur famille aussi.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. J'allais te demander justement, tu vois, s'il y avait encore, si tu voyais des freins. Donc évidemment, ce frein-là, c'est un frein énorme, toute cette charge mentale et pas mentale.
- Speaker #1
Voilà, je suis quand même surprise encore de voir dans des couples jeunes qu'il n'y a vraiment pas égalité dans les charges. Ça me surprend énormément. Bon, moi, je ne suis pas toute jeune, j'ai été féministe de la première heure et je pensais vraiment que ce problème, il allait être très vite réglé. Très vite, on allait avoir une égalité au foyer, mais visiblement, 50 ans plus tard, je constate que ce n'est pas le cas. Je me demande parfois, même s'il n'y a pas une régression, par rapport à un moment où il y avait quand même un engagement plus important des hommes. C'est vrai que les relations hommes-femmes apparaissent de plus en plus compliquées dans les couples. C'est peut-être ça aussi qui fait qu'il n'y a pas l'égalité. Ça, c'est quand même un frein très important.
- Speaker #0
Ouais, c'est sûr. C'est un frein énorme. C'est vrai qu'on a l'impression que ça n'a pas tant que ça bougé. J'avais vu une étude il n'y a pas très longtemps qui montrait que par rapport à il y a quelques années, finalement, les chiffres de la répartition des tâches ménagères au sein du couple étaient toujours les mêmes. En fait, ça n'avait pas changé. Mais par contre, que les hommes communiquaient plus sur le fait qu'ils en faisaient plus. Donc, c'était assez étonnant. Il y avait une grosse différence entre la partie com et la partie réalité. Donc, bon, ce n'est pas encore gagné. Non. Et est-ce qu'il y a des leviers où tu penses qu'il faudrait activer ? Pour accélérer cette parité, pour le très long, soit côté organisateur, mais aussi côté marque, côté média, est-ce que tu aurais des idées de choses à mettre en place ?
- Speaker #1
Alors nous, en tant qu'organisateur, on a créé l'année dernière ce qu'on appelle le Tempillier Social Club. C'est un programme d'entraînement qui accompagne des personnes qui sont éloignées de la pratique course à pied pour les préparer pour courir l'une de nos distances courtes. Et cette année, le programme, on l'a recentré justement à destination des femmes pour les inciter. à courir la Templière. Donc, on a mis un programme avec une coach spécialisée en course à pied sur 10 séances d'entraînement. Donc, ça, on l'a repris cette année dans ce sens-là. Donc là, c'est un programme qui va concerner à peu près une vingtaine de femmes. Donc, ce n'est pas beaucoup pour différentes raisons. Je l'ai réamorcé tard. Et je pense que ça, ce sera notre credo des années futures. Là, on a travaillé sur ce programme sur deux groupes. Donc c'est un groupe d'aides ménagères. Ce sont des femmes qui sont en fait éloignées de la pratique sportive. C'est des femmes aussi qui ont souvent des petits salaires et qui n'ont pas de disponibilité. Donc là, on a réussi à constituer un groupe de 8-9. Et après, on a un autre groupe qui est un groupe de migrantes qui sont en attente de régularisation de papier, qui sont dans un centre d'hébergement à côté de Millau. Là aussi, on a un groupe de 8-9. Et ça, je pense que dans l'avenir... Moi, ce sera vraiment mon credo, en particulier à destination de ce que j'appelle les invisibles, c'est-à-dire les ménagères, les infirmières, tous ces gens qui font vivre tout un secteur de notre vie sociale et santé, et qui sont dans l'ombre. On ne les voit pas, on ne les écoute pas, on ne les regarde pas. Pour moi, j'ai à cœur de les accompagner. Je trouve que là, sur le premier groupe qu'on a pu constituer, Ça a été fait vite, mais il y a eu une bonne réactivité. Elles sont motivées dans leur entraînement. Souvent, parfois, certaines ont des problèmes de surpoids, donc elles ont compris que ça pouvait les épauler. Et ça, je pense que c'est vraiment important pour nous, en tant qu'organisateurs, d'impulser ça. C'est quelque chose qui peut se dupliquer partout en France. Et après, c'est pareil pour les marques, c'est-à-dire qu'il faut des programmes spécifiques, parce que malheureusement... Les femmes ont encore un statut spécifique et ne sont pas encore à l'égalité. Après, il y en a plein pour lesquelles il n'y a rien à faire parce qu'elles sont dans des groupes avec des hommes d'entraînement, dans des clubs, dans des groupes informels. Mais il y en a où il faut passer un cap. Et pour passer le cap, il faut les accompagner à l'entraînement pour qu'elles prennent confiance en elles et se rendent compte qu'elles sont capables de faire. Et après, je suis sûre qu'avec l'ambiance et la motivation, elles monteront en gamme. Après, l'objectif, ce n'est pas que toutes les femmes. fassent des 100 kilomètres. L'objectif, c'est qu'elles fassent du sport et qu'elles aient envie de se retrouver entre elles. Et donc là, il faut un engagement global. Pour moi, il faut un engagement global.
- Speaker #0
Oui, effectivement. Je suis complètement d'accord. Et sur le côté organisation, maintenant, d'un tel événement, j'imagine que c'est bien complexe, surtout vu le nombre d'épreuves qu'il y a. Quelles sont les principales contraintes d'organisation d'un événement comme les Templiers ?
- Speaker #1
Il y en a beaucoup. Après, les premières contraintes, c'est les contraintes administratives. Là, on a eu notre réunion à la préfecture de l'Aveyron-Landy. C'est vraiment un grand oral où on doit démontrer tous les moyens qui sont mis en œuvre, tant sur le plan sécurité, mise en place de parking, mise en place de plan de circulation pour aussi diminuer le trafic voiture. On a également tous les respects de contraintes environnementales, puisque un événement comme celui-ci, ça s'inscrit dans un cadre. qui est bien fixé. Donc, c'est l'ONF, c'est la LPO, c'est le parc des Grands Causses, le parc des Cévennes. Voilà, tout le monde doit donner un avis. Donc ça, c'est des contraintes qui sont fortes. Et après, il y a beaucoup de contraintes techniques puisqu'on est sur du plein air, on est sur la pleine nature. Donc, il faut installer beaucoup de structures de tentes. Donc ça, ça impose aussi une gestion de beaucoup de prestataires. Je dirais que c'est surtout ça. C'est la technique et puis après constamment travailler en lien avec les habitants locaux pour qu'ils ne se sentent pas exclus par l'événement, que la taille de l'événement ne semble pas les dépasser. Donc il faut les associer. Donc nous sur ce plan, on a un travail de longue haleine. D'abord on a beaucoup de bénévoles engagés localement dans différentes associations. Donc ça, ça fait plus de 1000 personnes. Donc évidemment c'est un terreau très important de lien parce que Il y a beaucoup de jeunes, donc les familles sont favorablement influencées, on va dire, en direction des Templiers. Et après, le relationnel sur site, donc le plateau du Larzac, les chasseurs, tous les documents de la pleine nature, on la partage en fait la nature, il faut le prendre en compte, donc rencontrer ces gens-là, faire un relationnel, prendre en compte leurs contraintes, ne pas se dire qu'il n'y a que les trailers qui doivent avoir accès au chemin. respecter les propriétés privées aussi, les droits de passage. Tout ça, c'est ce qui permet d'avoir une sérénité. Ça n'a pas toujours été facile, parce que c'est vrai aussi que parfois, il y a eu des zones exceptionnelles sur le parcours, où il y a eu des difficultés relationnelles. Ça nous a amené à y renoncer. Donc parfois, pour Gilles qui trace les parcours, c'était difficile. Mais bon, finalement, on est gagnant. Et ça, c'est des contraintes qu'on vit au quotidien. Et dans l'avenir, ce sera de plus en plus. Les contraintes prioritaires, ce sera l'environnement, le respect de l'environnement, prendre des décisions qui sont cohérentes par rapport à ces choix-là. Donc c'est en fait tous les jours qu'il faut se poser les bonnes questions et prendre la bonne décision pour être dans l'axe qu'on s'est fixé à ce niveau-là.
- Speaker #0
Oui, c'est loin d'être facile. Et est-ce que tu crois qu'il y a quelque chose en particulier sur ce territoire qu'est l'Aveyron qui a aidé déjà à la naissance, mais aussi à la longévité de ce trail ?
- Speaker #1
C'est vrai que c'est la question qu'on se pose souvent, parce qu'on n'a pas le Mont-Blanc et on a juste une petite montagnette de rien du tout, la Punxau qui ne fait rien du tout comme altitude. Mais en fait, finalement, pour des urbains, évoluer sur des parcours comme les nôtres, c'est particulièrement authentique, parce qu'on traverse des zones qui sont très sauvages, qui ne sont pas du tout habitées. Après, on traverse aussi des hameaux, des villages. qui sont des beaux villages, des villages cosnards, qui sont plus ou moins habités, des fermes qui sont belles. Donc il y a une authenticité, je pense, qui a marqué les esprits au fil des années et qui fait que les gens ont eu envie de venir et de revenir. Et après, on a des parcours qui sont à la fois roulants et techniques. Donc finalement, je pense que c'est notre environnement naturel, les points de vue, les falaises. les grottes, toutes ces choses-là qui ont fait qu'on a su attirer les gens et leur donner envie de venir, sans avoir au départ quelque chose d'exceptionnel. Mais c'est l'atmosphère, je pense, d'Écosse qui retentit sur les épreuves.
- Speaker #0
Ça donne très envie. Et si tu devais garder une seule chose de l'ADN des Templiers pour les dizaines d'années à venir, qu'est-ce que ce serait ?
- Speaker #1
Une seule chose ? Alors, je dirais peut-être le départ, le départ du dimanche matin, parce que c'est vrai que c'est l'aboutissement de beaucoup de mois de préparation pour les runners, beaucoup de mois de préparation pour l'organisation. Je trouve que c'est le moment où on est le plus en symbiose, parce qu'il y a ce moment qui est dans la nuit, il y a le discours, il y a les musiques. Et là, c'est vraiment le moment où c'est le plus fusionnel. Et je pense que ça s'est resté à travers les années, puisqu'on n'a pas toujours eu les mêmes lieux de départ, puisqu'on a changé de village à trois reprises. Et physiquement, non plus, sur Millau, on n'a pas eu toujours le même lieu de départ. Mais finalement, ce moment-là, qui dure quelques minutes, c'est une symbiose. C'est une symbiose entre tout le monde. C'est fugitif, mais on se sent unis dans le même projet et dans la même chose. Et ça, c'est quand même assez unique, ce moment où... Il n'y a plus de bruit, tout le monde est là, attends, attends. Je pense que c'est ça que je retiendrai, parce que ça veut dire aussi que quand il est donné ce départ, on a fait un peu l'union sacrée entre tout le monde, entre tous les gens qu'il faut réunir pour que ça fonctionne, mais il en faut beaucoup. Et en fait, quand on a réussi à faire que ce gros bateau, il est prêt à démarrer, ça veut dire qu'on a beaucoup travaillé, on a réglé beaucoup de problématiques, on a beaucoup donné envie. Pour moi, c'est le moment le plus authentique.
- Speaker #0
C'est chouette, ça veut dire aussi que tu es encore émue quand même à ce moment-là, alors que ça fait des années que tu le vis.
- Speaker #1
Toujours, il y a toujours les larmes.
- Speaker #0
C'est trop bien.
- Speaker #1
Toujours les larmes.
- Speaker #0
Et donc le trail, ça s'est beaucoup développé en général, et du coup tout autour, il y a aussi tout le business du trail qui s'est développé. Quel regard tu portes là-dessus ? Elle est mitigée, bien sûr. On aurait peut-être aimé que le trail reste authentique, sans business, etc. Mais nous, on y a participé, au business aussi. Je pense que c'est une évolution obligatoire et logique aussi, qui permet aussi de bâtir des belles choses, qui permet aussi, par exemple pour nous, d'avoir eu des budgets qui ont augmenté au fil des années. Et on n'est plus seulement à l'époque où c'était vraiment, on va dire, l'huile de coude. Donc, il n'y avait pas beaucoup de ressources, on essayait toujours de faire du mieux. Et c'est vrai que quand on a une aisance financière plus importante sur son budget, c'est satisfaisant. On peut faire des choix qui permettent aussi d'avantager les coureurs, d'apporter des touches différentes. Après, je pense qu'il est inéluctable. Ce qui est vrai, ce qu'on aimerait, c'est que ce business soit un peu plus vertueux. C'est-à-dire que là aussi, il y a une prise de conscience. Il faut que tout le monde s'engage dans la même direction, celle d'un meilleur respect de l'environnement. Et donc peut-être essayer de freiner une surconsommation, une suraugmentation des prix des produits. Je pense que c'est certainement un vœu pieux, mais c'est vrai que c'est ce qu'on aimerait, que les marques aussi s'engagent de façon plus forte à ce niveau-là, avec le respect de chartes, de choses comme ça, qui nous donneraient... une vision plus positive aussi du business. Après, dans le business, il y a plein de choses qui sont géniales, il faut le reconnaître, il y a des évolutions qui ont été super, et après il y a des choses où on sent que c'est du consumérisme, donc après c'est comme dans la vraie vie, c'est à chacun de fixer sa limite. Pour moi, le business, il n'est pas sale, il est bénéfique, puisqu'il permet aussi à... beaucoup de gens d'en vivre et de travailler dans un domaine qu'ils aiment. Après, c'est essayer de mettre des garde-fous, comme nous on essaye de mettre des garde-fous, et ce n'est pas toujours facile, mais c'est vrai qu'il faut s'y efforcer, et je pense que surtout, il faut s'engager plus résolument sur le respect de certains principes d'éthique.
- Speaker #1
Comme toujours, c'est vraiment une question d'équilibre, comme sur pas mal de sujets. Et on en a parlé un petit peu en intro, tu es très engagée pour la lutte anti-dopage. Quelles sont les principales problématiques qui sont rencontrées dans le trail aujourd'hui là-dessus ?
- Speaker #0
Déjà, comme on en a parlé, c'est un petit peu le problème de la longueur des efforts et de l'accumulation d'efforts qui peut faire que les gens, pour pouvoir supporter la charge de ce qui se sont fixés comme objectifs, Ne voulant pas renoncer à leur objectif, même si le corps flanche un peu, ils soient tentés d'utiliser des produits illicites pour certains, et puis après ce qu'on appelle l'égal doping aussi pour d'autres, et qui peuvent aussi provoquer des dégâts sur le corps. C'est un petit peu toujours pareil, l'excès en fait, l'excès d'objectifs, l'excès de kilomètres à faire, les douleurs qui apparaissent, et pour ne pas les respecter, pour les faire oublier plutôt. On prend ce qu'il ne faut pas prendre. Et en fait, on sait aussi que les efforts d'endurance, comme le trail, comme tout effort, même le marathon, ce sont des disciplines qui sont plus sujettes au dopage parce que le dopage aussi est efficace pour ces disciplines-là puisqu'il permet de tenir plus longtemps. Donc c'est là le fait que le trail est une discipline exposée. Ça a été parfaitement présenté. Il y a quelques jours, par Jérémy Roubain de la FLD, on le sait, on le constate. Donc, il faut mettre en place des garde-fous pour essayer de contenir aussi les déviances.
- Speaker #1
Et en fait, c'est une problématique qu'on rencontre chez des élites, mais aussi chez des amateurs qui, en soi, n'ont rien à gagner, tu vois, entre guillemets. De toute façon, ils sont au milieu de peloton, ils sont au milieu de peloton, mais ils vont quand même prendre des anti-inflammatoires pour les aider.
- Speaker #0
Tout à fait, c'est un problème général. Christophe Basson le rappelait aussi, il ne faut pas oublier l'aspect de la caféine, qui était un produit interdit il n'y a pas si longtemps sur la liste des produits dopants. Bon, ça a été retiré de la liste, mais maintenant il y a un usage très important de la caféine, puisqu'on en retrouve dans le café, bien sûr, mais on en retrouve dans les gels, on en retrouve dans des comprimés, et pour tenir, éveiller aussi, parce qu'il y a ce problème-là aussi parfois sur les ultras, quand il faut rester... De nuit debout, ce n'est pas quand même banal. Dans la vraie vie, on n'y arriverait pas. Donc la motivation, elle est là. C'est vrai qu'on peut dormir peu de temps, mais c'est vrai que la caféine, c'est aussi destructeur pour l'organisme. Il y a beaucoup de produits, en fait. Et après, toujours pareil, c'est le dosage. Moi, j'adore le café, donc je n'aiderais pas la pire à quelqu'un de boire du café. Mais par contre, c'est le problème du dosage. Si tu ajoutes ça, plus ça, plus ça, les anti-inflammatoires, c'est pareil. On a des gens... maintenant, qui utilisent des anti-inflammatoires de façon très importante. C'est quand même un médicament qui, maintenant, tous les pharmaciens, quand on vous le délivre sur ordonnance, vous incitent à prendre des précautions pour le prendre. Donc, on comprend bien que ce n'est pas quelque chose qu'on doit utiliser en parallèle d'un effort long. On sait que c'est mauvais pour les reins. Il faut quand même qu'il y ait une prise de conscience à ce niveau-là. Donc, j'essaie de jouer ce rôle de prise de conscience de façon plus ou moins adroite. puisqu'on a vu l'année dernière, ça avait provoqué quelques polémiques. Mais enfin, en tout cas, moi, je suis engagée dans l'antidopage et aussi beaucoup par rapport à la santé. Bien sûr, c'est l'éthique sportive parce que les gens qui trichent, ils volent des places à certaines personnes, ils volent des palmarès, ils volent de l'argent, ils volent des contrats, ils volent beaucoup de choses. Ils volent une notoriété médiatique aussi. Donc ça, c'est nocif. Mais après, je pense que le problème majeur, c'est la santé. Il faut quand même aussi inciter les sportifs à se limiter dans leur utilisation, parce que ce n'est pas parce que cette fois-là, ils ne pourront pas courir, parce qu'ils ont mal, ils ont quelque chose, qu'il faudra que leur vie s'arrête. C'est aussi prendre du recul par rapport à sa pratique, parce que aussi dans le problème du sport de haut niveau, il y a quand même beaucoup maintenant la santé mentale. On le voit de plus en plus, beaucoup témoignent. Sur le fait qu'ils ont eu des problèmes de dépression, des problèmes de burn-out. Donc on entend beaucoup de sportifs en parler maintenant dans toutes sortes de sports. Et c'est vrai que des fois, ça sert le cœur de se dire que quand même, le mec, il a voulu faire les JO. Et en fait, il a fait deux ans de dépression derrière à être interné. C'est effrayant. Donc c'est vrai que j'essaye de jouer un petit rôle de garde-fou à ma petite mesure.
- Speaker #1
Oui, c'est ce qui est déjà important. Et qu'est-ce qui, à ton avis, serait le plus efficace ? Est-ce qu'il n'y a pas assez de prévention ? Est-ce qu'il faut plus éduquer les gens autour de ça ? Ou est-ce qu'il faut juste, la technique gendarme, plus de contrôle ?
- Speaker #0
Il faut les deux, en fait. Je pense qu'il faut les deux. Je pense qu'il faut les contrôles, surtout pour la tête de course, bien sûr. C'est vrai que les contrôles en compétition, ils sont décriés parce que normalement, si quelqu'un a un protocole vraiment affiné de dopage, Il ne va pas tomber au moment d'un contrôle, certes c'est vrai, mais on s'aperçoit que tous les jours, il y en a quand même qui sont pris lors des compétitions. Après, il faut des contrôles hors compétition, ça c'est sûr aussi, c'est quand même beaucoup plus complexe à mener. Et puis je pense qu'effectivement, il faut un travail éducatif. Et puis c'est comme pour tout, ce n'est pas la peine de mettre ça sous le tapis en se disant que ça va passer. Non, ça ne va pas passer, ça ne va pas s'arranger. Il faut en parler ouvertement et montrer aussi. qu'il y a d'autres alternatives, qu'il y a des gens qui s'opposent. Parce qu'en fait, si personne n'en parle, on a l'impression que c'est commun, c'est normal. C'est comme beaucoup d'autres sujets sociétaux. Si on n'en parle pas, on se dit que ça n'existe pas. Et les personnes qui, peut-être, auraient des réticences, finalement, pourquoi elles en ont ? Puisqu'elles auront l'impression que tout le monde fait ça, en fait. Donc, il faut vraiment qu'il y ait des voix dissonantes qui se forment de tous les côtés. Des coureurs, de la part des marques, des team managers et des organisateurs aussi, et de la presse aussi, il faut qu'il y ait des voix qui s'opposent et qui montrent que non, ce n'est pas bon pour votre santé, ce n'est pas bon pour l'éthique. Rappelez des principes moraux. Et ça, c'est un travail de longue haleine et sans relâche. Et malheureusement, c'est un puissant fond, mais il faut quand même le faire.
- Speaker #1
Oui, ça prend du temps. Mais après, disons que si... au sein d'une génération, il commençait à y avoir aussi une prise de conscience. Après, j'imagine que c'est quand même un peu plus facile pour les suivantes. Donc, ouais, c'est long, mais c'est utile. Et est-ce que tu as de nouveaux projets encore liés au trail, ou autres, d'ailleurs, que tu souhaites accomplir dans les prochaines années ?
- Speaker #0
Non, je n'ai pas de projet, si ce n'est justement essayer de rassembler autour du thème du sport propre et du sport respect. Donc ça, je pense que c'est vraiment ce vers quoi je vais travailler sur les années futures. Essayer de rassembler sur ces thèmes-là pour montrer que c'est important que le trail, ce soit un sport propre et puis éthique aussi. Au niveau de l'environnement en particulier, je pense que ça c'est vraiment très très important. Il faut que tout le monde mette sa contribution. Donc ça me plairait de créer un mouvement de rassemblement, un mouvement ensemble en fait, où tout le monde pourrait adhérer. Donc après voilà à charge de voir qu'est-ce qu'on met dans ce mouvement, mais j'aimerais vraiment impulser ça. Et donc ça c'est ce vers quoi je vais m'attaquer dans les mois et années qui viennent. pour montrer une direction, quelque part, pour que l'éco-responsabilité, c'est l'avenir, en fait. Et l'éco-responsabilité, c'est très vaste, en fait, dedans. Il y a le dopage, mais il y a aussi le sociétal. On est quand même responsable aussi du fait que, dans notre société, il y a des gens qui ne puissent pas pratiquer le sport et le trail. On doit aussi les épauler. Donc, ça revient au sujet féminin, qui est, bien sûr... pour moi une priorité. Et c'est aussi éco-responsable, c'est la nature. Donc c'est vraiment un sujet vaste. Et je pense qu'il y aura beaucoup de gens qui seront intéressés pour rejoindre ce mouvement. Et après, c'est une force de proposition qui peut arriver et qui peut intéresser aussi des gens jeunes. Il faut montrer que le trail, il n'est pas hors sol, qu'on est engagé et qu'on est engagé à titre de citoyen aussi.
- Speaker #1
Ah ouais, super projet ! Et pour terminer, j'ai une question traditionnelle. Quel conseil est-ce que tu donnerais aux auditrices, soit qui sont déjà traileuses, soit qui hésiteraient à se lancer, un conseil ou un message à leur faire passer ?
- Speaker #0
Allez-y, foncez, découvrez les chemins, découvrez l'ambiance d'une compétition sur chemin. Je pense qu'il ne faut vraiment pas se mettre de limites. Commencez petit, si ça vous fait peur. Et après, ça viendra tout naturellement de faire plus ou pas. Voilà, faites selon aussi votre feeling. Écoutez votre corps, écoutez votre feeling. Et pour que ce soit votre liberté, qu'elle soit aussi dans le sport. Je pense que c'est vraiment important. Et donc, voilà, je pense que là, il ne faut vraiment pas se mettre de limites. C'est nos limites, en fait.
- Speaker #1
Trop chouette. Eh bien, merci beaucoup, Odile, pour tout ce partage. C'était super intéressant. à bientôt merci d'avoir écouté cet épisode si cela vous a plu n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes cela nous aide à bientôt