- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bienvenue à toutes. Aujourd'hui, je reçois Caroline Prigent, ultra-cycliste passionnée et co-créatrice de Bivouak, un événement dédié au bikepacking. Caroline a fait des milliers de kilomètres à vélo, a multiplié les défis et les aventures en ultra. Et aujourd'hui, dans cet épisode, elle va partager avec nous son parcours, mais aussi ce que lui apporte la pratique du vélo et nous parlera évidemment de Bivouac. Bienvenue Caroline.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Est-ce que tu veux bien te présenter ?
- Speaker #1
Oui, je m'appelle Caroline, je suis lyonnaise depuis un an, j'ai 37 ans et je fais du vélo depuis quelques temps maintenant, depuis mes 25 ans où j'ai commencé par le triathlon.
- Speaker #0
Ah ok, j'allais te demander justement comment tu avais découvert le vélo, donc c'est le triathlon en fait.
- Speaker #1
Oui, et c'était par hasard puisque je faisais mon premier boulot au Québec et j'ai rencontré une bande de... cinq mecs qui m'ont dit on fait un premier triathlon, est-ce que ça te dit ? Je dis oui. Et je me suis retrouvée là-dedans. Bref, j'ai adoré.
- Speaker #0
C'est marrant, parfois ça commence comme ça, c'est juste un truc entre potes et ensuite, en fait, c'est devenu une grande passion.
- Speaker #1
Écoute-moi ça. Je ne savais pas alors sur quelle route ça allait me mener.
- Speaker #0
Et finalement, t'es paraissée amoureuse du triathlon, t'as gardé juste le vélo.
- Speaker #1
Oui, non, parce que j'aime toujours autant Le trail. Je l'ai plutôt décliné en trail à la Composapier. Et j'adore la natation en eau libre. C'est vraiment un truc dans les lacs ou en mer. Et ça, c'est pareil. C'est un truc, sans le triathlon, que je n'aurais jamais découvert. Et en gros, tous les pratiques sportives qui me permettent de découvrir d'autres espaces ou en tout cas d'explorer un territoire pas de la façon qu'on a l'habitude de faire. Je ne sais pas si... Oui,
- Speaker #0
d'accord. Donc pas forcément l'aspect sportif du triathlon, je pense, ça t'intéressait, mais c'est aussi le côté vraiment exploration au-delà de juste le sport.
- Speaker #1
Moi, c'était vraiment ça. J'étais partie au Québec, notamment parce que j'avais l'appel des grands espaces et j'étais attirée par cette nature sauvage, mais que je ne savais pas comment en faire l'expérience. Je ne savais pas faire l'expérience de nature, mais je savais qu'il y avait quelque chose qui m'appelait. Et en fait, par la pratique du triathlon, j'ai commencé à... à sortir de la ville, en fait, donc là, de Montréal, mais ça m'a permis aussi de faire la même chose à Paris après. Et ça a été, pour moi, le sport, ça a été un peu la substance magique pour m'échapper.
- Speaker #0
Excellent. Et quel a été ton premier grand voyage à vélo ? Donc, ta première approche du vélo, c'était le triathlon, mais après, je sais que t'as voyagé pas mal à vélo. Par quoi t'as démarré ?
- Speaker #1
Alors, en voyage à vélo, parce que j'ai beaucoup voyagé à travers la pratique du ultra-cyclisme aussi. Mais pour mon premier voyage à vélo, je n'ai pas été de main morte. Je suis allée en Patagonie toute seule. Et ça, pareil, je trouve que c'était vraiment le triathlon qui m'a donné confiance dans le fait que je pouvais pédaler. Et avant, je faisais beaucoup de voyages en backpacking, en sac à dos, juste pour faire du trek ou des choses comme ça. Et là, j'ai mêlé mon expérience de voyage avec la pratique du vélo. Et j'avais du temps entre deux boulots. Et je me suis dit, je vais aller en Patagonie. Voilà.
- Speaker #0
Et t'as fait quoi alors ? T'as fait toute une traversée ?
- Speaker #1
Ouais. Il y a la Carretera Austral en Patagonie. Donc, c'est une route unique qui descend jusqu'à la Terre de Feu. Moi, je ne suis pas allée jusqu'à la Terre de Feu. Mais j'ai traversé la frontière chilienne pour arriver en Argentine. Et en Argentine, j'ai droppé mon vélo pour faire de la rando. Mais du coup, j'ai descendu le Chili sur la route très gravelle de la Carretera Austral. Et c'était ma première expérience de voyage en autonomie. Je n'avais pas de GPS, mais je n'avais pas de carte papier. J'avais une carte touristique. Mais en fait, c'était très simple. Je suivais la route et c'était trop bien.
- Speaker #0
C'était trop bien. Excellent. Et comment tu avais choisi la Patagonie ?
- Speaker #1
Mes parents m'ont dit, à ma tante. On est en hiver en France, il faut que... Enfin, profite de l'été Patagon. Et je suis arrivée en Patagonie, il faisait zéro degré. Peut-être pas zéro degré, mais il faisait... C'est froid ! Je me suis dit que je ne croirais plus en cette promesse d'été éternel. Bref.
- Speaker #0
Mais ça,
- Speaker #1
ça n'a pas marché le voyage. Non, ça n'a pas marché.
- Speaker #0
Et est-ce que tu avais trouvé ça, à l'époque, assez facile ? Parce qu'au final, tu avais déjà cette expérience de backpacker. Alors que t'étais habituée à voyager, donc bon, ça te rajoutait le vélo, mais finalement, ça passait bien. Ou est-ce que t'étais quand même dit, c'est un peu différent, il y a quelques trucs qui sont un peu plus galères ? Comment tu l'as vécu ?
- Speaker #1
J'ai fait pas mal d'erreurs. Pour le coup, voyager sans rien préparer, c'est un peu ma marque de fabrique, donc ça allait. qui m'arrive plein de problèmes, plein de problèmes mécaniques, ça allait aussi. Mais en revanche, je m'étais dit, je n'ai pas de vélo adéquat, je ne sais pas comment le transporter. C'était il y a quelque temps déjà. Et du coup, j'avais loué un VTT. Et je suis arrivée, le VTT était relativement pourri. Et en fait, il s'est dépecé au fur et à mesure du voyage. J'ai perdu une pédale, bref. Et du coup, ça m'a permis de ne pas payer l'allocation du vélo. Et c'est là que j'ai croisé deux mecs qui voyageaient avec des gravels. Et c'était un peu la naissance du gravel. C'était il y a sept ans, je pense. Je me suis dit, mais c'est génial, ces vélos. Ils ont l'air à la fois en position sportive, en même temps, ils passent partout. Et je pense que la graine du gravel était posée.
- Speaker #0
Excellent. C'est toujours marrant de voir comment ça débute. Et comme on a souvent quand même des bonnes petites galères aussi au départ. Un vélo sans pédale, c'est quand même beaucoup moins facile à manier. Et qu'est-ce qui t'a attiré vers le côté ultra distance ? Donc toi, tu as fait beaucoup d'ultra. Qu'est-ce qui t'a mené en fait à ça ?
- Speaker #1
Alors, je dirais un copain. En triathlon, on avait un peu fait le tour parce qu'on avait fait notre... Alors, on venait de faire ensemble notre première Ironman. Et en fait, on s'est dit, c'est quoi le next step ? Et on s'est inscrit. qui à ce moment-là, je crois, a un trail. On s'est inscrits aussi à une course de natation en eau libre. Et on s'est inscrits à un premier événement en longue distance qui à l'époque s'appelait la Born to Ride. Et donc, c'est un événement qui était non compétitif et dont la trace changeait chaque année. Et on s'est dit, OK, on dédie notre préparation l'année prochaine à ça. Et on s'est retrouvés avec cinq copains du triathlon à faire notre première ultra. On roulait... en peloton à 30 kmh de moyenne et on s'arrêtait à 18h et on dormait comme des masses. Et le lendemain, on se réveillait, on voyait d'autres gens qui avaient roulé à 23 ou 20 kmh de moyenne, n'avaient pas du tout géré. En gros, on était en train d'apprendre qu'est-ce que c'était l'hypercyclisme. Non, il ne faut pas rouler en peloton, non. Tu n'es pas obligé d'en rouler comme un malade. Et là, pareil, on était mordus. La passion était née.
- Speaker #0
C'est trop marrant. Oui, tu avais dit. du coup déjà un peu le côté, enfin t'avais le côté triathlon longue distance, que si tu faisais un Ironman, c'est quand même hyper long, mais qui du coup te mettait dans un état d'esprit peut-être où forcément t'étais dans un mode très sportif, un peu forcé, plutôt que de plus prendre ton temps, c'est ça ?
- Speaker #1
Ouais, il y avait déjà en fait, je pense que ce qu'il y avait en commun en tout cas, c'était l'envie de découvrir les choses aussi, enfin toujours ce truc de comment jouir du dehors un maximum, et soit... Non, il y avait un autre truc. Il y avait le fait que moi, je suis vachement dans la gestion de mon énergie et qu'en triathlon, je n'arrivais jamais épuisée à la fin d'un triathlon. Et c'était un truc qui m'agacait un peu. Je me disais qu'il faudrait que je sorte de cette gestion et que j'arrive à aller au bout de moi. Et l'ultracyclisme, sur tous les points, m'a amenée vers ce dépassement au bout de moi, que ce soit mental ou physique. Sur plein de sujets, j'ai été au-delà de toutes mes limites. Et moi, c'est vraiment ce que je recherche. En fait, c'est où est-ce que je m'arrête ? Où est-ce que je ne peux plus aller ?
- Speaker #0
C'est incroyable. Et tu n'avais pas ça, en fait, sur des Ironman, quoi.
- Speaker #1
En tout cas, je n'arrivais pas à sortir de la gestion. Justement, l'Ironman, c'est beaucoup d'entraînement. Déjà, moi, j'étais plus intéressée par... Ce que j'aime dans le triathlon, c'est l'hygiène de vie que ça amène, le style de vie qui est associé, en fait, à la pratique du triathlon. Et finalement, l'épreuve, c'est vraiment la partie... Enfin, c'est une partie fun, mais c'est la partie vraiment très immergée de l'iceberg. Tout le reste, tu ne fais que t'entraîner et c'est cool. Et ouais, et en triathlon, je suis toujours dans la gestion. C'est-à-dire que tu nages, mais tu sais qu'après, il faut pédaler. Tu pédales, mais tu sais qu'il faut courir. Et en général, courir, ce n'est pas non plus le truc que je suis surtout sur du bitume, où je suis la plus douée. Donc, en général, je gère le fait de finir... à sa pied de façon honorable. Donc, toujours en gestion.
- Speaker #0
Ok, c'est vraiment intéressant comme retour. Et est-ce qu'il y a des cyclistes qui t'ont inspiré particulièrement ? Tu as lu des choses, tu as entendu des choses et tu t'es dit, j'ai vraiment envie de pratiquer le vélo de cette manière-là ?
- Speaker #1
Je dirais non, pas trop. Non, moi, je pense que j'étais plutôt bercée de point petite ou même adolescente. J'ai grandi à Paris. J'avais vraiment des rêves d'exploration et d'aventure. Je voyais ma bibliothèque d'enfants, où c'est vraiment que des livres sur la montagne, des sommets ou l'exploration polaire. C'est plus des trucs d'exploration que des trucs de vélo. Pour moi, le vélo, ça a été vraiment l'ultra-cyclisme. Ça a été la meilleure excuse pour commencer l'aventure. Et ça, c'est génial. Parce que quand tu n'as pas grandi à Chamonix, que tu ne sais pas comment faire du ski de rando et changer tes potes, il faut bien commencer quelque part. Et le vélo, c'est quand même plus simple. Oui, c'est clair. Et maintenant, je trouve que les personnes que je suis, ça va être une des... En vélo, il y a Sophie Planck, je ne sais pas si tu la connais, qui a fait justement le voyage avec son copain de l'Alaska à la Patagonie. Il faisait ce voyage, comme moi, je suis en Patagonie, et donc il y avait un petit... Je me suis beaucoup intéressée à tous ses travaux, et c'est trop cool ce qu'elle fait, trop beau. Donc je trouve ça hyper inspirant. Et en plus,
- Speaker #0
c'est super impressionnant.
- Speaker #1
Très poétique, donc j'aime beaucoup.
- Speaker #0
Et est-ce que tu as un... Un meilleur souvenir, c'est toujours une question hyper dure, ça je sais. Meilleur souvenir de voyage à vélo, on va dire. En tout cas, quelque chose qui t'a vraiment marquée.
- Speaker #1
Alors là, je vais vraiment répondre du tac au tac, parce que je pense que c'est parce qu'on parlait de Patagonie, mais j'ai vraiment un souvenir, c'était à la fin de la Carretera Austral, où en tout cas, il fallait traverser, il y avait un bateau pour traverser la frontière, à la fin qu'il y a Villa O'Higgins, et je restais deux jours avant que le bateau arrive, et j'étais dans le mat. tente. Et il y avait vraiment ce truc, c'était la fin du voyage et je me suis dit que c'était vraiment l'état dans lequel j'aimais être avec juste cet apaisement, être dans la nature. Et je me suis dit que tu appartenais à cet endroit, à ce moment. Et ça, c'est un des plus beaux... Voilà.
- Speaker #0
Merci pour le partage, c'était super chouette. Je te demande du coup un autre partage. Est-ce que tu aurais une anecdote un peu marquée ? quand amusante ou pas sur une de tes courses d'ultra-distance cette fois ?
- Speaker #1
Alors, là, j'en ai beaucoup. Je pense à la Desertus Vecchus. C'est une course de longue distance à travers l'Espagne. Et en fait, j'ai très mal... Je voulais tester un truc qui s'avérait non concluant, ce qui est de ne pas dormir ou dormir le moins possible. Donc, à ne pas reproduire chez soi. Et en fait, c'est la seule fois où ça m'est arrivé, mais j'ai vraiment eu des hallucinations. J'ai compris ce que ça voulait dire, avoir des hallucinations. Parce que souvent, on raconte un peu comme une légende d'Urden, et moi, je me disais, j'ai jamais eu d'alu qui se raconte. Et en fait, vraiment, je voyais les choses toute la nuit. Et il y a deux choses, j'ai eu des visées, donc des visions, quelqu'un sur le bord de la route, enfin bref. Et il y a aussi eu un truc, c'est le mélange du... temps, genre des trucs où j'avais l'impression que ça m'était déjà arrivé. Ça, c'est horrible.
- Speaker #0
C'est bizarre.
- Speaker #1
C'est très, très bizarre. Et c'est assez psychédélique. Ça remet en question le rapport entre la réalité et le rêve. Et c'est assez intéressant comme expérience. C'est pas là où t'es séduisée.
- Speaker #0
C'est quand même à un moment... Ouais, je sais pas, t'as pas des peurs ou... des prises de décisions, tu vois, qui peuvent devenir un peu irrationnelles, surtout en vélo, si tu hallucines sur certains trucs.
- Speaker #1
Alors, je pense que, de toute façon, la prise de décision irrationnelle, c'est un des dangers en ultra, parce que t'es tellement épuisée que il faut savoir l'identifier, c'est-à-dire, ok, je suis en train de ne pas prendre des décisions rationnelles. Ça, pareil, j'adore être mise dans des situations un peu dos au mur, face au, je sais pas, au pire de moi-même. de moi-même tout court, et de me dire, observe, qu'est-ce que tu en fais de cette information, comment tu la traites, plutôt que de s'y abandonner.
- Speaker #0
Et quelle a été ta plus grande fierté, ou ton plus grand sentiment d'accomplissement, on va dire, dans l'ultra-distance ?
- Speaker #1
C'est un peu une question de piège pour moi, parce que je ne l'associe pas forcément, je l'ai très peu associée à de la fierté, la pratique de l'ultra-cyclisme. et c'est pas ce que je recherche ah si désolé de te dire maintenant on est en concert c'est au présent non enfin moi je dirais quelle est la plus grande source d'émotion que j'ai eu et encore c'est des émotions qui sont pas du tout qui sont pas du tout visibles enfin moi ce que j'aime justement dans la pratique de l'ultra c'est que t'es tellement fatigué que tu n'as plus de... de barrière en fait à tes émotions, en tout cas dans le voyage parce que dans le tram, mais genre du coup quand tu es triste, tu es triste, quand tu as envie de pleurer, tu pleures. Et quand t'arrives, je sais pas, le moindre truc, tu vas rire aux éclats, parce que t'es vraiment... T'es à fleur de peau, tu sens tout. Et moi, c'est vraiment ce truc d'exploration émotionnelle, de révélation émotionnelle dans un monde surtout, où c'est plutôt galère. On t'apprend plutôt à gérer tes émotions et à les couvrir. Là, tu dois les identifier, soit les accueillir, dire plus tard, plus tard, petite émotion. Je ne peux pas. Mais en tout cas, tu dois être capable de... de les connaître et de te connaître. Et ça, c'est vraiment un truc que j'adore. Et je trouve qu'en ultra, je suis de la fois mille. Et du coup, je pense à un truc, c'est à la TCR, donc la Transcontinental Race. Et ce n'était pas à la fin de la course, mais je pense que c'est 30 kilomètres avant. J'ai eu une sorte de sobbing. Je ne sais pas comment le traduire. Non, mais vraiment de pleurs étouffées. où c'était la fin de 15 jours où je me dépassais contre le timing, contre tout, contre tout ce qui m'est arrivé. Et là, c'était la fin. Et par contre, quand je suis passée à la ligne d'arrivée, je trouve que c'est ça qui est marrant, c'est que ça décale aussi l'objectif. C'est que ce n'est pas la ligne d'arrivée qui crée les émotions, comme pourrait le faire une course classique dure moins de 24 heures. L'émotion, elle était sur... Quand j'ai vu la mer, en fait, je me suis dit, ah, c'est l'arrivée.
- Speaker #0
C'est excellent, ça. J'avais pas réalisé ça, mais le côté, du coup, émotion vraiment exacerbée, c'est, oui, ça doit être chouette à vivre. Et est-ce que ça t'a appris, du coup, vraiment des choses sur toi, le fait d'être dans cet état, de mieux réaliser certaines choses ?
- Speaker #1
Oui, et moi, je pense que, en fait, je pense que je fais ça parce que j'ai vraiment cette envie de... de... de me connaître. Je connais comment je marche, être à l'écoute de moi. Du coup, ça m'a appris plein de trucs. Il y a des trucs aussi que je savais déjà. Je pense que je suis dure au mal. OK, ça, c'est validé. J'aime bien gérer des... J'aime bien aussi le rapport corps-esprit. Ça, c'est des trucs aussi que j'ai découvert avec la pratique. Sans mental, ton corps n'est rien, mais aussi sans... entraînement physique, tu ne peux rien faire, même si tu as un mental tassé, si tu n'arrives pas à bouger. Moi, je trouve que c'est un truc que j'ai délaissé. J'ai commencé par le corps avec le triathlon et du coup, j'ai rattaché le mental, la gestion du mental. Et du coup, je me suis dit, ça n'est pas si compliqué que ça, en fait. Et j'ai oublié de m'entraîner et ça ne marche pas non plus. Donc voilà. Pour les deux.
- Speaker #0
Les deux sont vraiment importants.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Et est-ce qu'il y a un fort esprit, au-delà du coup de l'aspect sportif, un fort esprit de communauté, de solidarité chez les pratiquants ?
- Speaker #1
Oui. Alors ça dépend, je trouve que la pratique pareil a évolué. Moi j'ai tendance à croire qu'en tout cas l'ultracyclisme, avant c'était pour des introvertis, pour des introvertis extravertis. Donc des gens qui se ressourcent avec eux-mêmes, d'où l'idée de rouler tout seul pendant des heures. Mais quand il y a des gens, ils aiment aussi être avec des gens. Donc c'est un peu plus spécial. Et du coup, quand des introvertis et extravertis se retrouvent, ils sont contents parce qu'ils peuvent à la fois avoir cette partie où ils ne sont pas obligés de parler, et en même temps, juste après, faire un karaoké en diable. Et je pense qu'au début, les ultra-cyclistes étaient moins axés sur la communauté et que là, il y a une nouvelle façon de pratiquer. Et c'est d'ailleurs ce que j'ai voulu, avec Charlotte, créer autour de Bivouac. C'est privilégier cet esprit de communauté, de convivialité, de fête autour du vélo et autour de la longue distance.
- Speaker #0
Je fais une transition parfaite. Justement, j'allais te demander de nous présenter Bivouac. Parce que pour ceux qui ne connaîtraient pas, moi j'ai le concept en tête, mais déjà que tu nous présentes, qu'est-ce que c'est Bivouac ?
- Speaker #1
Alors Bivouac, c'est l'aventure bikepacking. pour les grands enfants sauvages. Donc, c'est pour tous les gens qui veulent justement se reconnecter à la nature, à eux et aux autres, à travers la pratique de l'aventure à vélo, du bikepacking. Et Bivouac, pour cela, on organise des événements, donc à la fois des week-ends, mais aussi des semaines où on part d'un point A et on va vers un point B. Et pour les grandes aventures, l'année prochaine, c'est la pasta et on part de Lyon. pour aller à Turin, et en passant par Annecy. C'est une grande aventure d'une semaine de 700 kilomètres. Il y a un format court où les participants s'arrêteront à Annecy, de 300 kilomètres. Pour ceux qui veulent tester, ce format-là est idéal. L'idée, c'est que on part tous ensemble, et puis finalement, au cours de la route, les gens se dispatchent, se retrouvent. Il y a des gens que tu ne connaissais pas. La plupart du temps, c'est des gens qui ne se connaissent pas, qui se rencontrent et ils vont passer une semaine ensemble. Et c'est assez fou, les groupes qui se créent. Tu pars une semaine, tu as l'impression de partir un mois. C'est incroyable. Et à la fin, il y a un grand... C'est vraiment une parenthèse. Oui, exactement. La parenthèse enchantée, tu es hors du monde. Parce qu'en plus, il y a deux types de traces. Il y a une trace gravel. Donc là, on est vraiment hors du monde, loin des voitures, etc. C'est assez technique. Et il y a une trace plutôt route, où là, pareil, on trace nous-mêmes, on fait les recos, notamment avec l'aide de la communauté bivouac. Et là, pour cette trace-là, pareil, on est en dehors des voitures, parce que c'est vraiment au cœur de notre projet de se sentir loin du monde et protégé. Et voilà, donc il y a deux traces, deux niveaux. Et surtout, tous nos événements sont accessibles en train. On est arrivés à Lyon en train, à Annecy on est repartis en train, et Turin vient de réouvrir sa ligne TGV, donc vous pourrez rentrer aussi en train.
- Speaker #0
Bon timing ! Et comment ça vous est né, donc vous êtes deux associés, donc tu disais Charlotte aussi était avec toi, comment est née l'idée de créer Vivwak ?
- Speaker #1
Charlotte et moi on travaillait dans une même entreprise, où en fait on faisait du conseil en développement durable auprès des entreprises, des grandes entreprises. Par ailleurs, nous étions respectivement passionnés de vélo, donc moi, vous l'aurez compris, j'ai parlé de l'ultracyclisme, et Charlotte avait plus une pratique de voyageuse à vélo. Et en fait, on a combiné nos deux intérêts pour le vélo, autour de bivouac, et surtout avec cet objectif justement de pousser les sujets d'impact positif que pouvait avoir la pratique du vélo comme nouvelle forme de voyage. et aussi un autre point qui nous est cher c'est qu'il y ait plus de femmes qui partent à l'aventure en vélo parce que dans la pratique de l'ultra et dans la pratique du triathlon moi ce que je voyais c'est que plus c'était long, moins il y avait de femmes et donc c'était un gros sujet que j'aborde autour de moi pour faire bouger les lignes et qu'on se retrouve avec des événements mixtes et qu'on se pose même plus la question ça ce sera équilibre
- Speaker #0
Qu'est-ce que vous avez mis en place pour essayer de favoriser ça ? Parce que ce n'est pas toujours évident. Donc il y a ça, tu disais, dans le triathlon, dans l'ultra, ça marche aussi en trail, il y a le même problème. Dès qu'à longes distances, il y a de moins en moins de chambres. Qu'est-ce que vous avez fait concrètement pour essayer de favoriser, d'aider les femmes à s'inscrire en fait ?
- Speaker #1
Déjà, je pense que c'est un point qui est hyper important, c'est que la parité n'arrive pas par magie dans des pratiques comme celle-ci. C'est-à-dire que ce n'est pas... pas mal d'orgas qui disent, je ne sais pas, il n'y a pas de femmes qui s'inscrivent, ça ne doit pas les intéresser. Et ça, c'est vraiment que, je pense que c'est une incompréhension de qu'est-ce que... En fait, tout est fait pour un profil, un client-type. Et en fait, ce qu'il faut, c'est changer son client-type. Et donc, le premier point, ça a été de communiquer autrement et de penser le projet du VOAC pour les femmes et pas... adapter le projet aux femmes. Concrètement, c'était cette idée de privilégier le dépassement, certes, mais dans la non compétitive. Donc en fait, on peut se dépasser, mais sans vouloir absolument écraser l'autre, etc. Donc ça, c'était les valeurs de dépassement, mais dans le respect des autres, ce qui a beaucoup parlé, je pense, à la population, aux femmes. Il y a eu aussi le fait que notre communication en soi, on met, je pense... 90% de femmes sur nos communications. Et ça, c'est voulu. Dans l'idée, c'est de se dire que si on inverse la courbe de communication et qu'on a trop de femmes, on arrivera à 36-50%, alors que si on reste sur une communication à égalité, on va rester avec peu de femmes. Et qu'à un moment, il faut choisir de privilégier, de mettre en lumière pour rééquilibrer. Ça, c'est quelque chose d'important. Et il y a une autre chose aussi, je pense, qui est importante, c'est le travail avec les communautés en non-mixité de vélo. Parce qu'il y a beaucoup de communautés qui se sont créées en non-mixité. Et en fait, ces communautés, elles vont pousser, encourager les femmes à se sentir à leur place. à l'extérieur, et sur un vélo. Donc, c'est un gros sujet aussi.
- Speaker #0
C'est super intéressant de mettre ça en place. Effectivement, je suis complètement d'accord, ça ne m'a pas arrivé comme ça. Donc, de toute façon, il faut faire des choses, il faut mettre en place. Et effectivement, Vodcom, je vois bien, c'est beaucoup plus à l'attention des femmes que pas mal d'autres choses qui sont faites. Donc, c'est chouette de voir ça. Et comment est-ce que vous choisissez les destinations ? Parce que tu disais, vous faites les traces, etc. Donc, il y a un énorme boulot à ce niveau-là déjà. Mais comment est-ce que vous choisissez ? Est-ce que c'est des endroits que vous connaissez déjà un petit peu ou autrement ?
- Speaker #1
Alors, il y a les destinations en France et les destinations transfrontalières. Dans les destinations transfrontalières, c'est un peu les pays qui nous font rêver. L'Espagne et l'Italie, il y a cette passion pour le traversage de frontières. Se dire, en fait, en vélo, à la force de mes jambes, je peux traverser les frontières. Et c'est assez grisant. Après, du coup, c'est comment on privilégie des régions. Mais je pense que le biais le plus important, c'est OK, où est-ce qu'il y a une gare TGV ? Est-ce qu'il y a vraiment cette volonté pour nous de dire OK, je peux voyager partout en Europe grâce au train. Et du coup, l'année dernière, on avait fait Montpellier-Gironne. Donc, Gironne, c'est en Espagne. Et c'est sur la ligne qui va à Barcelone. C'est très simple et très rapide pour aller à Gironne et découvrir le magnifique gravol de Gironne. Et là, cette année, c'est Turin. Et pareil, c'est avec cette ligne qui nous permet d'arriver direct en Italie. C'est assez incroyable. Et c'est comme ça qu'on choisit. Mais plus que les destinations, il y a vraiment ce travail sur l'itinéraire. Et là, on travaille beaucoup dessus. On travaille avec les territoires. On travaille avec notre communauté qui nous dit qu'il faut absolument passer par là. C'est magnifique, etc. On est très à l'écoute de tout ce qui se passe. Avec les territoires, ils vont nous orienter vers tel ou tel endroit. On va aussi faire beaucoup de repérages et se dire mais il faut absolument passer par ce col parce que c'est magnifique. Donc c'est beaucoup de travail itératif où on part sur une idée. Ok, France-Italie, pas de problème. Et après, en fait, on se penche sur la carte et là commence le boulot. Et puis comment créer du rêve avant ? Et puis comment quand tu rouleras et tu te dis ah mais c'est un coup.
- Speaker #0
Et comment ça se passe si par exemple, là je m'inscris à Vivouac, qu'est-ce qui va se passer en fait ? Donc on me donne rendez-vous à telle gare, tel jour, j'ai la trace qui m'est donnée, et ensuite donc tu disais le départ il est groupé, mais ensuite moi je suis ma trace, où est-ce que je dors, est-ce que je me débrouille et je dors où je veux, mais je vais peut-être retrouver d'autres personnes. Enfin un peu tu vois, le quotidien de la vie de quelqu'un qui partit à Vivouac, ça donne quoi ?
- Speaker #1
Ouais, alors je dirais que le quotidien il commence avant la course. Parce que là, par exemple, si on prend l'exemple de la Pasta, qui part de Lyon l'année prochaine, tu t'inscris et là, tu vas rejoindre un groupe WhatsApp 5-6 mois avant le départ. Et dans ce groupe, les gens vont poser toutes leurs questions. Nous, on va apporter aussi des réponses dans l'idée de faciliter le voyage pendant, mais aussi comment tu viens. Enfin, faciliter aussi si tu as des questions sur... quelle sacoche je dois prendre, qu'est-ce que je dois mettre dedans, mais en fait, la communauté répond et on va te répondre aussi. Donc, il y a vraiment l'idée de prendre soin de toi avant, pour que le plus grand nombre de personnes osent, parce que c'est vraiment le frein principal qu'on a identifié au beta king, c'est que ce n'est pas encore la façon principale de voyager. Donc, il y a plein de questions, plein de doutes. Et donc, il y a tout ce boulot pour répondre avant. Ensuite, tu vas recevoir un carnet d'aventure.
- Speaker #0
Dans le carnet d'aventure, il y a la trace, il y a toutes les initiatives locales qu'on a identifiées et avec lesquelles on a créé des partenariats. Pendant l'événement, tu vas pouvoir visiter une boutique d'un artisan cycle qui est en Isère et tu vas découvrir comment ils bossent. Et puis tu vas te remettre sur la route et tu vas découvrir une fromagerie. Et c'est vraiment ce qu'on veut partager, c'est une expérience totale, donc pas seulement du vélo, mais tu vas aussi découvrir... la qualité de la trace et tu vas kiffer et donc t'arrives à la pasta on part du festival du vélo de Lyon donc tu seras au coeur du festival tu verras tous les stands aussi on voulait que ce soit une vraie fête du vélo et on se dit que c'est encore plus cool que de créer notre truc de notre côté de participer à l'activité de la ville d'où on part et on a fait Ensuite, tout le monde part en même temps, quelle que soit la distance. Tu roules, tu roules. Et première nuit, on identifie des zones de bivouac où tu pourras bivouacer. Donc, tu peux te rapprocher d'un ambassadeur ou d'une ambassadrice qui te donnera des tips pour dormir dehors. Mais si tu ne souhaites pas dormir dehors, on a aussi listé dans le carnet d'aventure des campings où tu peux te poser, éventuellement des petits hôtels, etc. Le bivouac n'est pas obligatoire. Mais en général, c'est quand même le... c'est l'occasion idéale parce que tout le monde sera là pour... Ça décomplexe vachement. En tout cas, c'est beaucoup moins le stress de se dire que je dois dormir dehors.
- Speaker #1
Oui, guider.
- Speaker #0
Oui, et puis, tu as d'autres personnes autour de toi. Et à mi-parcours, il y a la halte. La halte, c'est un lieu de réconfort où on va partager un repas tous ensemble. Il y a deux soirs où il y a un repas selon le jour où tu arrives. où on partage un grand repas et où on fait des projections, on fait des petites animations le soir. Et comme ça, après, tu repars le lendemain, après un petit déj. Ragaillardie est prête à traverser les Alpes. Et après la traverse des Alpes, on a aussi un lieu à l'arrivée qui est assez exceptionnel. Et où il y aura un karaoké très géant. Le karaoké. Oui, c'est important. Pour la chérisse,
- Speaker #1
c'est vraiment vie parce que c'est l'aventure, mais guidée. On sent que l'idée, c'est de prendre soin des gens et les amener à faire des choses qui ne sont peut-être pas faites toutes seules, mais dans un état d'esprit en mode aventure et convivialité. C'est l'impression que ça donne en tout cas. Est-ce que vous avez des projets pour développer B-Bone dans les années à venir ? D'autres choses que vous voudriez mettre en place ?
- Speaker #0
On a plein d'idées. Mais l'idée, ce sera toujours de faciliter que les gens se lancent de plus en plus nombreux dans la pratique du backpacking en autonomie. Donc là, nos événements sont en semi-autonomie et l'idée, c'est que ce soit vraiment un rebond, un temps plein pour qu'eux voyagent de leur côté en autonomie. avec les amis qu'ils auront rencontrés lors d'aventures bivouac. Ça se fait beaucoup. Ou même solo, parce qu'en fait, ils sauront quel train prendre, comment le mettre dans le train, comment le mettre en housse, quels itinéraires prendre, comment tracer, où dormir, dormir dehors seul. Donc, c'est vraiment te donner toutes les clés pour voyager, pour faire du bikepacking, une façon de voyager. La façon de voyager préférée.
- Speaker #1
C'est un beau projet, je peux que te soutenir. Et est-ce que pour terminer, j'ai une petite question traditionnelle. Est-ce que tu as un message pour des femmes qui hésiteraient à se lancer dans le bikepacking ?
- Speaker #0
Alors peut-être le message très pratique ou pratique, je dirais rattrochez-vous des communautés vélo mixtes ou pas autour de chez vous et surtout ne pas se préoccuper de son niveau projeté. Parce que si on vous attend, on s'en fout. Parce que ça, c'est la première fois. Et la deuxième fois, peut-être qu'ils vous attendront moins. Et en plus, on s'en fout parce que c'est pour vous que vous êtes là. Donc ça, c'est vachement important d'y aller. Et plutôt, justement, on dit souvent oser, oser. Mais en fait, plutôt que de dire oser, c'est faire et pas se poser la question de dépasser quelque chose. Mais plutôt, je fais. En fait, je m'en fous de ce que peuvent projeter les autres. Pas d'interprétation. Go girls ! Voilà.
- Speaker #1
Je fais ça pour terminer. Merci beaucoup Caroline c'était très envie, c'était chouette d'avoir tout un retour sur ton parcours et ça me donne envie de s'inscrire à Biwak donc je vous souhaite le meilleur pour la suite en tout cas avec Charlotte et puis nous on se retrouve à bientôt pour de nouvelles interviews sur la sportive à bientôt
- Speaker #0
Au revoir, merci beaucoup.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes, cela nous aide. A bientôt !