- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bonjour à toutes, aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Emmanuel Salambo Deguara que j'ai découverte à l'occasion de la projection de son film Immersion Mont-Blanc, que j'ai adoré. Ce film partage deux histoires en fait, l'histoire d'abord de trois femmes qui décident de faire le tour du Mont-Blanc en courant en quatre jours, et l'histoire d'Emmanuel qui enchaîne avec l'ascension du Mont-Blanc. J'ai donc eu envie d'en savoir plus sur son parcours, sur ce projet, et donc j'ai invité Emmanuel sur le podcast. Bienvenue, Emmanuelle. Est-ce que tu veux bien déjà te présenter pour celles qui ne te connaîtraient pas ?
- Speaker #1
Oui, certainement. Bonjour, je m'appelle Emmanuelle. Je suis avocate à temps perdu. En fait, je suis avocate en droits des affaires et des valeurs mobilières. Je suis aussi québécoise. On peut peut-être l'entendre à même mon accent. Je suis passionnée de courses entre ailes et d'alpinisme. Il y a deux ans, j'ai décidé avec deux amis d'aller faire le tour du Mont-Blanc à la course, puis enchaîner avec l'ascension du Mont-Blanc. Une montagne que peut-être que vous connaissez toutes et qui semble bien accessible, mais pour moi, c'était quand même assez demandant de me déplacer jusqu'en Europe pour aller faire cette belle montagne. Donc, un rêve devenu réalité.
- Speaker #0
Oui, génial. C'est même pour nous, ce n'est pas si accessible. Enfin, évidemment, plus, mais ça reste quand même vraiment un sommet mythique. Et quel est ton parcours sportif Comment est-ce que tu as découvert, en fait, la montagne et le trail Est-ce que tu en as fait déjà petite ou est-ce que c'est venu plus tard
- Speaker #1
En fait, au Québec, on n'est malheureusement pas si proche de la montagne. Il y a quelques petites buttes, si on peut dire, près de nous, mais ce n'est pas… Il n'y a pas assez grandes montagnes à proximité. Les plus hautes montagnes en altitude, c'est comme à 800 mètres d'altitude jusqu'à 1600 mètres d'altitude. Donc, il n'y a pas beaucoup de grosses montagnes. Donc, je dirais que j'ai grandi dans un mode de vie actif, mais je ne faisais pas de course à pied. Je ne faisais pas non plus d'alpinisme du tout ou d'escalade. Je faisais de l'équitation à temps perdu et du ballet. Je n'étais pas du tout une sportive, en fait. J'étais juste active. Et puis, il y a après à peine 4 ans, j'avais comme le désir de faire quelque chose qui m'attirait, mais qui était totalement inconnu pour moi, et c'était de courir dans les montagnes. Donc, ça a commencé comme ça, avec une inscription. très naïve à une première course entre elles au Québec, puis une deuxième, puis une troisième dans cette même année, et finalement une quatrième qui était un ultramarathon de 50 kilomètres. Et l'année d'ensuite, j'ai tout de suite voulu amener cette passion pour la course entre elles en haute altitude. Et c'est là que j'ai commencé à regarder. les montagnes en plus haute altitude et des projets comme le Mont-Blanc par exemple.
- Speaker #0
Excellent. Et donc tu disais que tu es avocate d'affaires, donc en général c'est quand même des professions qui ont un agenda qui est vraiment bien chargé. Comment est-ce que tu fais pour allier ces passions qui demandent quand même du temps avec ta vie professionnelle ?
- Speaker #1
C'est un bon défi, définitivement un bon défi. C'est sûr que ça implique un emploi du temps très structuré et organisé. Donc, je ne me permets pas, en fait. C'est sûr que j'essaie d'avoir du temps pour me reposer, récupérer. Mais généralement, mon horaire est vraiment chargé et je calcule tout ce que j'ai à faire. Puis, j'attends de le faire rentrer dans mon agenda. La bonne nouvelle, c'est que ce sont toutes des choses qui me passionnent. Donc, tant mon travail que le sport. La vie en général, mes implications communautaires me passionnent. Et donc, c'est très facile pour moi de juste structurer un agenda et de faire du temps pour ces éléments-là. Mais je ne vous cacherai pas que je n'ai pas beaucoup de temps sur mon divan à écouter la télévision.
- Speaker #0
Forcément. Et qu'est-ce que ça représente, le sport, pour toi, dans cet équilibre de vie ? J'imagine que c'est important.
- Speaker #1
Tout à fait. C'est sûr que même des fois, peut-être... qu'on est à la limite du pas équilibré quand on pense au fait qu'à quel point c'est important pour moi. Je dirais que ça a commencé quand j'ai commencé la course en sentier ou juste un mode de vie actif. Je pouvais courir comme une à deux à trois fois par semaine puis j'étais fière de moi puis c'était bien. Ce n'était pas encore ancré dans mes habitudes de vie tout à fait, mais je réalisais quand même des belles... Des belles petites sorties, j'étais fière de moi, je me sentais réalisée. Éventuellement, j'ai lu un livre qui m'a permis un peu de changer ou encore de prendre un cran de plus et c'était le livre Atomic Habits de James Clear qui est devenu un best-seller qui a été vraiment beaucoup lu dans les dernières années. Et ce livre-là m'a permis d'un peu me questionner sur la personne que j'étais aujourd'hui et la personne que je souhaitais devenir plus tard et m'aider à construire cette personne-là de demain. Donc, j'ai commencé à courir de plus en plus et mes habitudes de vie, mon réseau, mes habitudes alimentaires, par exemple, il y a beaucoup de choses qui ont commencé à évoluer autour de ça. Et puis, maintenant, ça en fait partie intégrante. C'est comme si la course, ça fait partie de mon identité. Et donc, mon équilibre va être autour de ça aussi. Donc, quand je ne cours pas… ça me manque. Puis c'est sûr qu'à chaque course que je fais, il y a toujours des objectifs un petit peu différents. Donc parfois, ça va être des courses très très lentes. Des fois, c'est des courses où est-ce que je me donne plus. Des fois, c'est des courses sociales. Des fois, c'est des courses où est-ce que chaque minute passée à courir est difficile parce que finalement, je n'avais pas envie de courir, mais je le fais quand même parce que ça me prend, ça forge ma discipline. Ça dépend. à chaque fois, puis c'est ce qui est beau, la nouveauté un petit peu.
- Speaker #0
Oui, c'est vrai, c'est très varié. On va parler d'abord de l'aventure Tour du Mont-Blanc, et ensuite, on viendra sur l'ascension du Mont-Blanc. Donc, tu as réalisé ce Tour du Mont-Blanc en quatre jours, avec deux autres femmes, Karel et Alexandra. Comment ça vous est venu déjà, cette idée d'aller faire le Tour du Mont-Blanc Parce que c'est vrai que quand on est au Québec, c'est moins instinctif, je pense.
- Speaker #1
C'est sûr. Mais en fait, je pense que le Tour du Mont-Blanc, c'est bien connu au Québec. parce que d'une part, c'est surtout dans le milieu de la course en trail, avec l'Ultra Trail du Mont-Blanc, c'est une course probablement la plus prestigieuse au monde, donc c'est quelque chose qu'on connaissait bien. Moi, j'avais déjà fait le tour du Mont-Blanc en randonnée, donc j'avais beaucoup aimé ça, mais j'avais trouvé ça extrêmement difficile en randonnée, beaucoup plus que lorsque je l'ai fait à la course finalement. Puis... Carrel, notre ami, mon ami Carrel, c'était comme son rêve en fait de faire la France, l'Italie et la Suisse à la course. Au départ, on souhaitait le faire en cinq jours, prendre un petit peu plus de temps parce qu'on ne pensait pas que, on trouvait que c'était trop ambitieux de le faire en quatre jours. Finalement, ça se faisait très très bien en quatre jours et on a été vraiment heureuse de le faire de cette manière-là aussi. Mais je pense que c'était le fait de découvrir. trois cultures, trois pays, tout ça à partir d'un endroit emblématique dans le milieu de la course à pied, en se disant Ah, les plus grands de ce monde ont couru ici et là, c'est à notre tour.
- Speaker #0
C'est vrai que c'est tellement mythique, c'est incroyable d'aller courir là-bas. Et comment vous vous êtes préparée au niveau physique déjà et aussi au niveau logistique
- Speaker #1
Au niveau physique, je dirais qu'on a continué à faire ce qu'on faisait aussi bien. Donc, on… On courait plus souvent, on courait avec un sac à dos. On tentait de faire beaucoup de up and down de montagnes qui étaient proches de nous parce qu'on s'entend qu'on n'a aucune montagne à proximité qui nous permette de descendre 3000 mètres en 20 kilomètres. On n'a pas ça. Donc, ça nous obligeait à faire beaucoup de up and down de la même route. Donc, ça demandait de la patience. On s'est aussi préparé mentalement à réaliser quelque chose de mentalement difficile. Donc, on savait qu'on allait être épuisé, fatigué, que ça allait être demandant. On s'est préparé à avoir une cohésion d'équipe aussi, donc à savoir un petit peu, chacune respectivement, comment on réagit quand on trouve quelque chose difficile. Et puis finalement, on s'est aussi préparé au niveau... logistique à réserver nos refuges et ça a été la première étape. Refuge, je pense que c'est la première chose qu'on a fait avant même d'avoir nos billets d'avion et avant même d'avoir décidé exactement le parcours qu'on allait faire. Mais ça a été seulement ça je dirais au logistique, après ça, ça a juste été de choisir notre sac à dos, l'équipement puis voilà on était partis pour beaucoup de plaisir.
- Speaker #0
Et comment ça s'est passé alors si tu peux nous faire une petite synthèse Des quatre jours. Oui,
- Speaker #1
bien, en fait, je dirais que ça s'est tellement bien passé, cette aventure-là. Ça a été plus difficile par moments pour certaines d'entre nous, pour diverses raisons. Parfois, on avait... Parfois, bien, en fait, Karel, elle avait été malade dans le déplacement. Elle était partie un petit peu plus tôt du Québec vers l'Europe et elle avait été... Elle est tombée malade, vraiment beaucoup en Italie, dans le cadre d'un mariage. Et donc, sur le tour du Mont-Blanc, elle a eu des moments où la chaleur l'affectait beaucoup plus, la fatigue, le dénivelé l'affectait plus. Donc, pour elle, ça a été comme une épreuve extrême de difficulté. Pour Alexandra et moi, on était beaucoup plus en mode support pour Carrel, qui avait, tiens... Ce n'était pas facile, ce n'était pas sa faute du tout, ce n'était pas un manque de préparation, c'était juste que c'était difficile pour elle en raison de sa santé. Donc, on a pu, Alexandra et moi, quand même, profiter de chaque moment et regarder le paysage. Et vraiment, bien que ce soit un effort sportif considérable, quand on met toute la vie sur pause et qu'on fait seulement notre passion pendant une journée complète, et ce, quatre jours d'affilée, il n'y a pas de... plus belle expédition. Donc, pour nous, ça a été comme un petit peu un rêve. Ça s'est passé comme ça. On n'a pas vu les jours passer. On n'avait pas mal aux jambes non plus. On se sentait forte. On se sentait puissante. On sentait qu'on était exactement où on devrait être. C'était vraiment un X. On se sentait sur notre X. Ça réelle éventuellement dans un moment un petit peu. plus. On venait d'avoir une grosse tempête sur la montagne, puis il y avait des orages, le tonnerre tombait juste à côté de nous, on était en altitude, on entendait des glissements de terrain à proximité. C'était vraiment, c'était très, très dangereux à ce moment-là. On s'est posé la question à plusieurs reprises si on ne pouvait pas redescendre, on était un petit peu entre deux points, donc on était comme en mode, on continue, no matter what. Et puis, quand le soleil a réapparu... et qu'on a entamé la descente, Alexandra et moi, on a commencé à courir un petit peu trop vite une descente. Et puis Karel avait beaucoup de fatigue accumulée à ce moment-là. Et c'est tourné la cheville de façon tellement significative qu'elle a malheureusement dû arrêter à ce moment-là le tour du Mont-Blanc. Ça, c'est des images qu'on voit bien dans le film Immersion Mont-Blanc. Puis ça a été très difficile pour elle, très difficile pour nous. Parce que c'est un projet à trois, qu'on voulait vraiment réaliser à trois. Donc, de ne pas arriver à la toute fin, tout ensemble, c'était émouvant quand même. Mais on avait l'impression qu'on l'avait fait avec elle quand même, c'est sûr. Puis, tu sais, qu'il manque 20 kilomètres ou pas, c'est exceptionnel ce qu'elle a réalisé tout de même. Donc, on a tout pris pour acquis qu'on l'avait réalisé en entièreté ensemble.
- Speaker #0
Oui, ça ressemble bien effectivement du film. On voit toutes l'émotion. C'est vrai qu'elle est tellement proche en fait, mais effectivement, en fait, elle l'a fait quoi. Et en quoi ça ajoutait justement quelque chose de partager cette aventure entre femmes En fait,
- Speaker #1
on avait l'habitude quand on courait ensemble de toujours dire Ah, on va y aller avec les gars. Ah, les gars sont plus forts. Ah si, ah ce. Pour nous, le fait de faire ça entre femmes, Premièrement, le message que ça envoyait, c'est qu'on n'avait pas besoin de se faire tirer par des hommes pour réaliser cette aventure-là, et qu'on pouvait être ambitieuse et puissante seulement tous les trois ensemble. On n'avait pas besoin, encore une fois, d'un homme pour ça. Mais autant, ça nous a permis de porter ce message-là, mais ça nous a permis aussi d'en être convaincus, nous, à l'intérieur de nous. Et également, dans toutes les activités, on a beaucoup, beaucoup partagé avec la communauté chaque initiative qu'on faisait pour lever des fonds, pour le film, par exemple, ou encore juste pour s'entraîner. Puis, ce que ça créait, c'était drôle, c'était un espace très sécuritaire pour toutes les femmes pour nous accompagner dans notre entraînement. Et toutes les femmes qui nous suivaient réalisaient leurs plus gros entraînements avec nous. rêvaient eux aussi de faire le tour du Mont-Blanc ou une autre montagne et là, ils commençaient à l'organiser et nous demander des conseils pour eux aussi réaliser leurs objectifs. Donc, j'ai comme l'impression que le message a été fort pour nous personnellement, mais également il y a eu une portée et il y a eu un impact qui était plus grand que seulement nous aussi dans la vie des gens. et des femmes proches de nous. Puis, finalement, j'ai l'impression qu'il y a eu aussi un certain respect qu'on est allé chercher de la part de nos confrères masculins dans le monde du sport. Puis ça, j'ai trouvé ça vraiment formidable à constater.
- Speaker #0
Ça fait beaucoup de choses positives. Et toi, donc, tu as poursuit, en fait, avec l'ascension du Mont-Blanc. Est-ce que c'était un projet que tu avais... déjà depuis longtemps, qu'est-ce qui t'a donné envie de te lancer suite à ça Parce que ce n'est pas évident non plus, j'imagine, d'enchaîner quand même quatre jours qui sont quand même déjà assez intenses de trail. Tu as juste fait une journée ou une journée et demie de pause et ensuite, ascension du Mont-Blanc.
- Speaker #1
Mais c'est drôle, je trouvais ça plus facile quasiment de faire ça comme ça parce qu'on dirait que j'étais déjà réveillée, j'étais déjà dans un monde, un mode de vie très actif. Donc, on dirait que c'est comme si je n'avais juste pas eu le temps de me reposer entre, mais c'était parfait comme équilibre. C'est sûr que je ne pensais pas que j'allais faire l'ascension du Mont-Blanc, jamais. Ce n'était pas une montagne qui était du tout accessible pour moi. L'alpinisme me terrorisait, j'ai une peur du vertige, ça me faisait quand même peur, mais c'est ce qui m'attirait, c'était de l'inconnu. Donc, quand j'ai eu l'opportunité de retourner faire le tour du Mont-Blanc, je me suis dit ok, mais j'aimerais ça faire quelque chose de différent cette fois-ci Et là, j'ai lancé des perches un peu. Ah, si je trouve un guide, peut-être que je le ferais. Ah, je trouve un guide. Ah, ok, parfait, je vais aller le faire. Ça s'est vraiment passé comme ça. Puis ça a été le début d'autres projets de montagne par la suite. Mais j'avais toujours eu de l'intérêt pour l'alpinisme, sans savoir vraiment par où commencer. Puis ça a été ma façon de commencer, en fait. C'est l'opportunité.
- Speaker #0
C'est excellent. Et comment ça s'est déroulé, ta préparation ? Parce que là encore, tu disais que vous n'avez pas de montagne à proximité. Donc comment on se prépare à ça ?
- Speaker #1
Je dirais que c'était la même préparation que pour la course à pied au final. Pour moi, c'était vraiment important. C'est de l'endurance aussi, puis de la puissance. Parler up and down de montagne avec un sac à dos lourd, m'habituer à ce qu'après un gros week-end d'entraînement, je continue de m'entraîner, je récupère quoi tout de suite. Dans le sens qu'on appelle ça des week-end chocs. C'est juste m'habituer de m'entraîner. avec des jambes fatiguées pour reproduire un peu l'effet post tour du Mont-Blanc, Mont-Blanc. Donc, c'est ça. La préparation était vraiment bien, honnêtement. Physiquement, je me sentais bien. J'avais fait de la musculation aussi. J'aurais pu faire plus d'escalade pour avoir plus de compétences. Mais c'était un bon début quand même pour une introduction à l'alpinisme.
- Speaker #0
Mais d'ailleurs, toute ta préparation, elle semblait excellente parce que tu dis que tu l'avais déjà fait en randonnée, même le Tour du Mont-Blanc, et que ça t'a semblé plus facile. Donc, entre ça plus l'ascension ensuite, est-ce que le fait que ça t'ait semblé plus facile, tu penses que c'est vraiment dû justement à cette bonne préparation physique ou est-ce qu'il y a autre chose
- Speaker #1
Je pense que la préparation physique, c'est vraiment important. Puis, je pense que je l'avais bien maîtrisé à ce moment-là. Je pense que j'étais en santé, j'avais une bonne force mentale, j'étais reconnaissante d'être là, et surtout, je faisais les choses pour la bonne raison. Dans le sens que quand on va sur des montagnes pour des raisons qui ne sont pas nobles, si on peut dire, qu'on veut juste réaliser quelque chose pour prouver aux autres qu'on a réalisé quelque chose. Quand les raisons ne sont pas les bonnes, J'ai l'impression qu'on le ressent et que la nature nous amène ce qu'on doit recevoir. Donc, à ce moment-là, j'ai l'impression que tout ce qui s'est passé, c'était exactement la préparation que j'avais en tête. C'est peut-être... J'ai malheureusement pas fait le sommet du Mont-Blanc. On le voit dans le documentaire parce que les vents se sont levés. Bien, il était déjà très, très... Les chances qu'on allait faire le sommet... on le savait, était peut-être très mince. On commençait notre push et puis les gens redescendaient déjà de la montagne. C'était ambitieux de penser que sans embûche, on allait faire le sommet. Par contre, moi, je n'ai jamais cessé d'y croire. J'ai toujours voulu continuer de pousser tout le long de l'ascension pour donner tout ce que j'avais. Quand j'ai senti que là on devait redescendre, j'étais comme surprise parce que je ne m'attendais pas à devoir redescendre. Je pensais qu'on allait quand même pouvoir continuer de monter. Ça fait que ça, c'est sûr, ça a été une énorme déception. Par contre, je pense que c'est le genre de choses qui arrivent dans les situations en montagne. C'était un des meilleurs apprentissages que je devais faire à ce moment-là. Je suis reconnaissante des projets comme ça, ça ne se gagne pas toujours au premier essai. D'ailleurs, je retourne sur le Mont-Blanc cet été pour faire l'ascension idéalement jusqu'au sommet. On se croise les doigts. Puis, Thariel va m'accompagner, va être avec moi sur l'ascension à ce moment-là.
- Speaker #0
Ah, trop bien. Ben oui, c'est quand même la beauté aussi, justement, de la montagne. C'est la nature qui décide à l'arrivée. Et comment ça s'est passé quand même Donc, tu n'es pas allée jusqu'au sommet, mais tu as quand même fait un sacré bout. On le voit dans le film. Comment tu as géré ça Est-ce que c'est quelque chose, du coup Bon, je pense qu'il t'a plu si tu y retournes, mais c'est vrai que ça semblait quand même très dur avec le vent. Comment est-ce que tu as géré Est-ce que tu as eu des moments de doute Est-ce que tu as eu des moments de peur, peut-être
- Speaker #1
Ce que je trouvais difficile, c'était la première fois que je partais comme à 1h du matin, puis on partait. de 2300 mètres d'altitude pour se rendre jusqu'à 4800 mètres, à un single push du plus bas refuge. Donc, tu sais, les gens d'habitude quand ils font l'ascension du Mont-Blanc, ils vont par palier le refuge tête rousse, refuge du goûter, puis ensuite le sommet. Moi, dans mon cas, ça a comme été une idée de... Pouf ! Ascension ! Pouf ! Redescendre ! Parce qu'il n'y avait pas de place dans les refuges les jours précédents en raison du... Ben, il y avait de la place... mais la journée qu'on était supposé faire le summit push, c'est la journée où il y avait une trop grosse tempête, donc on a dû tenter l'ascension plus rapidement. Puis, bizarrement, ce que j'ai trouvé le plus difficile, je crois, au départ, c'était de partir la nuit. Finalement, ça s'est super bien passé, j'ai vraiment adoré le volet nuit. J'avais parfois beaucoup le vertige dans les moments où est-ce que, tu sais, on… Je prenais la voie normale et il y avait des moments où je trouvais qu'on était quand même assez exposés. Ça me faisait un peu peur, mais je trouvais ça plus facile justement d'y faire de nuit ces sections-là parce que je ne voyais pas l'exposition. Ce qui était difficile, c'est ressentir le vent qui nous frappait et puis voir les gens qui redescendaient déjà de la montagne. C'était comme difficile, mais avoir aucune visibilité ou discussion avec mon guide pour savoir est-ce qu'on descend ou est-ce qu'on remonte ou qu'est-ce qu'on fait, c'est quoi le plan de match. Je ne laissais pas place aux doutes et on continuait de m'avancer. Physiquement, mon corps allait vraiment très bien. Mon mental était très aligné, très focus. On ne réfléchit pas plus que ça et on avance. J'ai commencé à sentir l'altitude vers 4000-4200 mètres d'altitude comme on n'avait pas fait beaucoup d'acclimatation. Si j'avais été toute seule, je pense que je n'aurais pas eu toute la clarté que j'avais. qu'une belle ascension aurait dû avoir. Donc, c'est un bel apprentissage que pour une première en altitude, il ne faut pas négliger le processus d'acclimatation, définitivement. Puis sinon, c'était le froid qui était le plus difficile. Donc, pour moi, c'était le froid, lutter contre le vent puis sentir que mon neige allait m'envoler par moments, que le ouf c'était pas facile. L'autre chose que j'ai trouvé difficile, c'était plus au niveau mental, c'était le fait qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes sur la montagne. Il y avait très, peu de femmes et quand il y en avait, elles n'étaient pas là pour faire l'ascension par exemple, c'est juste pour rester à ce refuge-là. Et quand j'arrivais dans les refuges pour faire des transitions, je me sentais beaucoup regardée de haut en bas par les hommes qui disaient Ah, qu'est-ce que t'as fait, elle ? On dépassait petit, beaucoup, beaucoup parce qu'on montait vite et puis je sentais que ça déplaisait beaucoup de personnes qu'on montait vite.
- Speaker #0
Un classique.
- Speaker #1
Exact.
- Speaker #0
Et donc, tu as réalisé ce film Immersion non-blanc, qui est disponible sur la plateforme Uptrack et qui est diffusé dans certains festivals. Est-ce que tu avais déjà une expérience dans la réalisation de films et comment ça t'est venu Est-ce que ce n'est pas évident quand même de réaliser ça Le film est très beau, vraiment, j'ai énormément aimé.
- Speaker #1
Merci, c'est gentil. En fait, pas du tout, c'est tout à fait naïf de ma part. Je trouvais que je me disais, tant qu'à y être, pourquoi pas faire un film Parce qu'une amie m'avait dit, il y a des films qui se font. fond sur des choses vraiment pas intéressantes. Il me semble que ce serait super intéressant de faire un film. On aimerait vous suivre sur un projet comme Immersion Mont-Blanc. Je dis OK, parfait, pas de problème, allons-y C'est commencé comme ça, donc c'était très, très naïf de ma part. Je pensais que ça allait être super facile à faire un film. Je vous confirme que pas du tout. Je me suis promis de ne plus en faire et pourtant depuis j'en ai fait deux. Mais ce n'est pas moi la réalisatrice ni la productrice. Mais en fait, ce que je trouve extraordinaire d'un film, c'est que ça me permet de garder des traces sur ce qu'on a vécu, de raconter une histoire. Nous, comme souvenir, c'est extraordinaire, mais aussi de pouvoir le partager. Je trouve ça très généreux d'avoir pu partager ça aux gens qui se sont rendus en Europe. Je n'aurais jamais cru, jamais, jamais, jamais cru. Donc, non, pour moi, c'est une belle fierté, honnêtement. Puis, les filles aussi sont vraiment contentes de voir le film qui poursuit comme ça. C'est assez impressionnant.
- Speaker #0
Oui, c'est génial d'avoir fait ça. Et au niveau logistique, comment ça se passait ? Vous aviez quelqu'un qui vous accompagnait et qui filmait ? Ou alors, est-ce que c'est vous qui filmiez certaines choses ?
- Speaker #1
Pour des raisons financières, on pouvait se permettre... d'avoir un vidéaste qui suivait seulement à certains moments. On n'était pas capable d'avoir un vidéaste pour toutes les journées. Donc, c'est bien Né Salène qui était notre vidéaste le jour 1 du Tour du Mont-Blanc, le jour 4 du Tour du Mont-Blanc et durant l'ascension du Mont-Blanc avec sa conjointe. Et ensuite, la journée 2 et la journée 3 du Tour du Mont-Blanc, c'était nous qui nous filmions nous-mêmes avec une GoPro, nos cellulaires. On faisait de notre mieux, mais c'est vraiment avec les moyens. qu'on avait à ce moment-là. Puis c'est déjà super bien parce qu'on était capable d'avoir des images de drones, des superbes images. Et fun fact, mon guide était le frère de Bjarni Salen. Donc les deux gars se connaissaient bien sur l'ascension du Mont Blanc. Je me sentais comme en confiance parce que j'étais avec deux personnes qui se connaissaient très bien et qui communiquaient très bien.
- Speaker #0
C'est important aussi ça quand même. Et quel message est-ce que tu voulais faire passer à travers ce film ?
- Speaker #1
Je ne savais pas encore ce que ce message allait être, parce que tant qu'on n'a pas fait l'aventure en soi, on ne sait pas quel message on va porter. C'est drôle, un film d'aventure, c'est un peu ça. On se laisse porter et on verra. Est-ce que le message est un message de valoriser l'échec ou est-ce qu'on ne le sait jamais ? Non, ce que je suis contente, c'est que pour moi, le message le plus important, c'était que quand on a des rêves et des ambitions, on ne peut pas se laisser porter. de ne pas gêner, de prendre une chance, prendre un risque, effectuer des changements, puis y arriver, tenter d'y arriver. Après ça, les résultats, qu'est-ce qui en découle ? Souvent, ce n'est pas si important que ça comparé au processus qui nous a menés à cette réalisation-là. Donc, je dirais que c'est vraiment ça.
- Speaker #0
On voit bien tout ce processus effectivement au travers du film. Et tu disais que tu en avais fait deux autres ensuite. Ils sont sur quoi alors ?
- Speaker #1
Il y en a un qui va être disponible aujourd'hui en fait sur Aconcagua, qui est le plus haut sommet en Amérique. C'est aussi la plus haute montagne dans le monde, outre les montagnes qui se trouvent dans la chaîne Himalayenne. Presque 7000 mètres d'altitude pour donner une idée. Mon camp de base sur Aconcagua était à 4 400-4 500 mètres, qui est comme l'altitude à laquelle j'ai redescendu du Mont-Blanc. Moi, j'ai passé un mois à cette altitude-là. L'objectif était de faire l'ascension rapide d'Aconcagua, du base camp jusqu'au sommet et le retour. Donc, c'est plus au-delà de l'alpinisme, ça mélange plus un petit peu la course, le fait de bouger rapidement en montagne et redescendre. Malheureusement, j'ai eu des problèmes de santé sur cette montagne-là et la météo n'était pas bonne. Mais même si la météo avait été bonne, malheureusement, mon corps ne suivait pas. C'est encore une fois une histoire d'écoute de soi beaucoup, cette montagne-là. J'en ai fait des grands apprentissages. Par la suite, je suis allée sur la montagne Ojos del Salado, qui est le plus haut volcan dans le monde, qui se trouve presque à 7000 mètres d'altitude. On est juste en bas de la Concagua, à peine 30 mètres. Ça, c'était il y a quelques mois, puis j'ai réussi l'ascension. Donc ça, j'étais vraiment heureuse. J'ai eu comme une santé qui m'a permis de le faire, les meilleurs coéquipiers également. On n'a pas fait de film par rapport à ça, mais mon ami de montagne, Xavier Ladousseur, a fait un film qui se trouve sur YouTube à ce sujet. Puis finalement, le prochain film, c'est avec ma mère, où est-ce que j'ai amené ma mère faire une randonnée en Patagonie. Ce film-là n'est pas disponible encore, mais c'est plus par rapport à l'histoire de redonner à la génération de nos parents.
- Speaker #0
qui nous ont tellement donné et qui nous ont permis d'avoir les ambitions qu'on a aujourd'hui. Donc, c'est moi qui amenais ma mère à se dépasser elle-même au profit d'une fondation ici à Montréal. Donc, le film n'est pas sorti, il n'est pas prêt encore, mais c'est vraiment merveilleux.
- Speaker #1
Ça donne envie de le découvrir, c'est vraiment un beau projet. Est-ce que quelles sont tes prochaines aventures ou tes prochains projets alors pour la suite ?
- Speaker #0
Oui, en fait, il va y avoir l'ascension du Mont-Blanc à nouveau en mai. Il y a d'autres montagnes que j'aimerais beaucoup faire en Europe. Donc, si jamais il y a des gens sur le podcast qui souhaitent faire des montagnes à proximité, je vais être là en juin 2025. Ensuite, je vais aller sur le Kilimanjaro. J'aimerais beaucoup, beaucoup faire le Kilimanjaro en fast push. Donc, un peu comme ce que j'avais tenté de faire. sur Aconcagua, j'aimerais bien le faire au Kili. Et ensuite, les montagnes seraient Amadablam au Népal et l'Everest l'année prochaine. Donc, on se croise les doigts, ça serait des objectifs pour la suite. Puis, ce qui va m'attendre par la suite, ça va être peut-être des montagnes plus sans oxygène. Donc, tenter des 8000 mètres sans oxygène, j'aimerais beaucoup ça.
- Speaker #1
Wow, donc des objectifs très axés alpinisme pour le coup. Impressionnant.
- Speaker #0
Course, mais il y a plein de projets de course à travers ça. C'est juste que, comme par exemple, je me suis mise à faire plus de marathon, courir sur route et un petit peu plus rapidement. Quelque chose de différent, mais que je trouve qui m'apporte beaucoup pour la course en sentier. Puis c'est ça, mais les courses en sentier, je vise vraiment à faire mes premiers 100 miles et plus longues distances comme Moab. Cocodona, ce sont les 250 miles que j'aimerais beaucoup faire, ainsi que le marathon des sables. Mais là, je dis tous mes rêves, je ne sais pas qu'est-ce qui va arriver, dans quel ordre j'ai aussi à concilier avec le travail, donc ça risque de dépendre encore un petit peu au cours des prochaines années.
- Speaker #1
Bien sûr, mais l'essentiel, c'est d'avoir tous ces rêves, et puis peut-être que tu réaliseras tout ça à un moment, c'est quand même chouette. Et pour terminer, est-ce que tu as un message à transmettre aux auditrices ? pour les inspirer à aller justement au bout de leurs rêves, qu'ils soient sportifs ou non d'ailleurs.
- Speaker #0
Oui, je veux juste dire qu'il y a quatre ans, je ne courais pas du tout. Puis là, c'est les objectifs que j'ai présentement qui semblent tellement ambitieux et peuvent sembler peut-être un petit peu inaccessibles. Mais j'ai toujours souhaité promouvoir l'accessibilité du sport, l'accessibilité de la montagne, l'accessibilité aux grands rêves et aux grandes ambitions. Puis... Et ces grands rêves et ces grandes ambitions-là, c'est peut-être juste un 5 km dans un sentier près de chez vous. Puis c'est formidable, c'est déjà extraordinaire. Ce que je veux juste dire, c'est que c'est important de prendre des risques, de croire en soi, de s'entourer d'autres personnes, si on peut, qui partagent peut-être des rêves similaires. Si jamais dans notre entourage, il n'y en a pas, ne pas attendre à essayer de trouver quelqu'un pour faire… réaliser son rêve au final, allez-y, faites-le par vous-même. Vous allez voir, vous allez attirer d'autres personnes à très court terme qui vont venir se greffer à vous et qui vont vous amener aussi beaucoup. Donc voilà, plein de choses à dire par rapport à ça. Mais écrire aux gens, écrire sur les réseaux sociaux à des femmes mentors, oser. Demandez le congé qui va permettre d'aller faire la montagne que vous souhaitez faire. Allez chercher des partenaires pour aider financièrement à le faire parce que c'est sûr que des fois c'est difficile financièrement de structurer tout ça. Mais des fois c'est d'attendre à plus tard et de trouver toutes les bonnes raisons de le faire maintenant, de le tenter maintenant. Tout ça en faisant attention à sa santé évidemment et en prenant les mesures de sécurité. applicable, mais je pense que c'est vraiment important de cesser d'attendre et de poursuivre ses passions.
- Speaker #1
Super message, merci beaucoup Emmanuelle, merci pour ton temps, pour cette interview, c'était un plaisir de découvrir ton parcours et puis ce sera un plaisir je pense de suivre la suite de tes aventures. Donc plein de bonnes choses pour toi pour la suite et à très bientôt sur la Sportive Outdoor.
- Speaker #0
Merci Lorraine, puis merci à toutes les filles aussi qui suivent le podcast, ça semble être une communauté. extraordinaire. Je trouve le REN qui est une initiative formidable. Toutes mes félicitations à toi.
- Speaker #1
Un grand merci. À bientôt. Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes. Cela nous aide. À bientôt.