- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast des sports outdoor aux féminins pour s'inspirer, apprendre et oser. Bonjour à toutes, dans cet épisode, je reçois Priscilla Bernard, marraine 2024 de la course La Strasbourgeoise. Après avoir traversé un cancer du sein, elle milite désormais pour une meilleure prise en compte du rôle du sport pour les patientes et aussi pour une meilleure sensibilisation à l'importance du dépistage. On va parler du parcours de Priscilla et aussi de ses engagements et... évidemment de sa pratique sportive. Bienvenue Priscilla, est-ce que tu veux bien te présenter ? Alors bonjour,
- Speaker #1
je m'appelle Priscilla, j'ai presque 40 ans. J'ai été diagnostiquée d'un cancer du sein en 2023. J'ai été prise en charge à l'Équence à Strasbourg. Depuis, je suis en rémission et j'ai été marraine de la Strasbourgeoise pour l'édition 2024, effectivement. J'ai commencé à m'engager dans cette... dans cette structure pour effectivement diffuser un message de dépistage et d'importance de l'activité physique pour les malades.
- Speaker #0
Oui, un message vraiment important. Donc la Strasbourgeoise, vous vous en doutez sans doute, mais c'est la course qui a lieu à Strasbourg forcément, à l'occasion d'Octobre Rose. Voilà, on va en reparler. Et comment toi déjà tu as détecté ton cancer du sang ?
- Speaker #1
C'était vraiment une... Je m'en suis rendue compte de manière tout à fait fortuite. Je me suis baissée au sol pour récupérer quelque chose qui était tombé sous le lit. Vraiment, je me suis appuyée contre le sol. Puis quand je me suis relevée, j'avais une douleur dans la poitrine. Et puis j'ai touché où j'avais mal et il y avait une grosseur. Et ce n'était pas normal que ce soit là. Donc j'ai assez rapidement consulté le médecin, ma généraliste. qui m'a dit qu'on allait commencer par surveiller, vu mon âge, il n'y avait pas vraiment de raison de s'inquiéter. Et puis ça ne disparaissait pas. Il y a un mois à peu près qu'il s'est écoulé. Et puis elle m'a prescrit des examens du type échographie et puis une radio également. Et à l'échographie, on voyait quelque chose de très régulier, et pas inquiétant. Le radiologue me dit que c'était certainement quelque chose de bénin, mais qu'on pouvait mettre en place une surveillance régulière ou alors on pouvait effectuer une biopsie. Et cette biopsie permettait de trancher finalement, de savoir ce qu'il en était. Et je n'ai pas vraiment hésité, j'ai tout de suite opté pour la biopsie. Et il s'est avéré que c'était un cancer du sein.
- Speaker #0
Donc, tu as vraiment bien fait aussi de prendre cette décision de tout de suite réagir et de ne pas attendre.
- Speaker #1
Si on pouvait avoir une information claire dès le départ, c'était du temps gagné. Si jamais ça devait s'avérer plus grave qu'une petite grosseur d'ennui.
- Speaker #0
Oui, bien sûr. Et comment tu as réagi lorsqu'on t'annonce ça ? J'imagine que le monde s'effondre. Tu as réagi comment ?
- Speaker #1
Alors, ça c'est... pas vraiment effondré, je pense que ça s'est figé, un peu comme dans la glace, mais pas très longtemps, quelques instants, quelques secondes, et puis tout de suite je me suis dit qu'il fallait réagir, il fallait faire quelque chose, donc j'étais assise quand on m'a annoncé ça, et voilà, je pense qu'il y a une petite dizaine de secondes pendant lesquelles mon cerveau n'a pas fonctionné. Et ensuite, je me suis dit, bon, alors il faut se mettre en ordre de bataille. Finalement, il va falloir trouver à qui s'adresser, comment être prise en charge et comment avancer pour traverser ça du mieux possible.
- Speaker #0
Et la prise en charge, après, derrière, ça a été assez rapide. Quel traitement t'as suivi et comment ça s'est passé ?
- Speaker #1
Alors, j'ai été prise en charge à l'ICANS. J'ai rencontré la chirurgienne qui a prescrit des examens complémentaires. En fonction de ces examens, enfin plutôt des résultats, on a opté pour une opération qui consistait en l'ablation totale du sein droit. Une fois que j'ai été opérée, les tissus qui avaient été prélevés ont été analysés. Il s'est avéré qu'il était nécessaire de... de passer par une étape de chino-thérapie. Donc, j'ai suivi ce traitement, on a opté pour ça. J'ai suivi ce traitement pendant à peu près quatre mois. Et puis ensuite, j'ai été réopérée pour enlever les ganglions qui restaient. pour vérifier que tout était parti. Et ensuite, une fois la cicatrisation bien avancée, alors là, j'ai pu être traitée par radiothérapie. Ça a duré un mois et demi, je crois. Et en décembre 2023, j'étais libérée des gros traitements. Et maintenant, je suis sous traitement quotidien, un petit comprimé à prendre chaque jour. Et puis, j'ai des injections régulièrement, mais c'est beaucoup moins lourd que ce que ça a été.
- Speaker #0
Et comment tu as fait pour parler de ta maladie à tes proches, ta famille ?
- Speaker #1
Alors, dès que j'ai eu le diagnostic, finalement, je suis allée trouver ma compagne pour lui annoncer. Je ne voulais pas le faire par téléphone. Je suis allée la voir sur son lieu de travail, entre Média et 2. Et puis voilà, je lui ai dit que les résultats n'étaient pas super, mais c'est la vie. Et ensuite, la question s'est posée d'en discuter avec Juliette, ma fille, qui à l'époque avait trois ans et demi, quatre ans. Comment on allait faire ? Surtout que quand on a un diagnostic comme ça de cancer, on n'a pas forcément de vision globale du traitement. Le déroulé, finalement, n'est pas connu à l'avance. C'est les résultats intermédiaires qui vont conditionner la façon dont on va être pris en charge. Donc, je n'avais pas vraiment toutes les informations. Mais ce qu'on a essayé de faire, c'est que chaque fois qu'on avait une information, alors on la partageait avec elle. Et je dois avouer qu'on a été vraiment beaucoup aidés dans cette discussion avec Juliette. Un album jeunesse qui s'appelle « Ma maman est une pirate » . Et là, il y avait tout ce qu'il fallait parce que c'est une maman qui se transforme en pirate, qui embarque tous les jeudis sur un bateau. Elle a le mal de mer quand elle revient, mais c'est normal. L'équipage est constitué de médecins et ils cherchent une île au trésor. Comme tous les bons pirates, elle a des cicatrices. Comme tous les bons pirates, elle se rase la tête pour éviter les poux. Elle porte un foulard. Voilà. Donc, il y avait vraiment tous les éléments qu'il a fallu évoquer avec elle. Et voilà. Donc, ça s'est vraiment bien passé au moyen de cet album.
- Speaker #0
C'est chouette d'avoir ces supports-là aussi pour aider, parce que ce n'est pas évident de communiquer, surtout avec un enfant aussi jeune, du coup.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Et toi, tu es enseignante. Est-ce que tu as pu reprendre progressivement à un moment donné ton métier ?
- Speaker #1
Alors... Je me suis arrêtée en février 2023. Et j'ai pu reprendre d'abord à temps partiel, temps partiel thérapeutique, en février 2024. Donc un an plus tard. Et jusqu'en novembre, j'ai été en temps partiel, jusqu'en novembre 2024. Et depuis novembre 2024, je suis à temps plein. Et là, lundi, on a fait la rentrée.
- Speaker #0
Ça doit être un beau moment, non ? Quand tu peux reprendre comme ça.
- Speaker #1
Voilà, là, c'est, on va dire, rythme de croisière avec... Et c'est vraiment... C'est une étape, la reprise du travail. Et c'est vraiment un moment que j'ai apprécié. Alors, j'ai eu le temps de me poser la question, est-ce que j'ai vraiment envie d'y retourner ? La réponse a été oui. Et puis, une fois que j'y ai été, est-ce que j'ai bien fait d'y retourner ? Et la réponse a été oui aussi. Donc voilà, c'est plutôt positif.
- Speaker #0
Double oui, c'est validé. C'est ça. On va parler bien sûr là du sport. Est-ce que toi déjà, tu étais quelqu'un de sportive avant ta maladie ?
- Speaker #1
Alors, je dirais que j'étais non sédentaire. Je n'étais pas du tout quelqu'un qui cherchait la performance ou quoi que ce soit. en revanche je suis Oui, je ne reste pas volontiers en place. Je courais un petit peu. Alors, avant la naissance de Juliette, après la naissance de Juliette, le rythme était un peu plus soutenu à la maison. Donc, c'était un peu plus difficile de prendre le temps d'aller courir régulièrement. Mais voilà, je courais un petit peu. Et avant, je ne courais pas du tout. Et puis, un jour, j'ai eu une sorte de déclic. Je me suis dit, j'aimerais bien courir. Et puis j'ai essayé, et puis j'ai commencé par 2 km, et c'était difficile, et puis j'ai augmenté comme ça, et voilà. Et après j'étais contente de ce que je faisais, rien d'extraordinaire, mais j'étais contente de mettre mes baskets et d'aller courir. Et puis... Pendant la maladie, pendant les traitements, j'ai eu la possibilité de continuer un peu une activité. J'ai fait du rameur à l'intérieur. J'ai un rameur qui fait le bruit de l'eau en plus. C'était un petit moment où j'avais l'impression d'être à l'extérieur, un petit peu suspendue. Et puis j'ai couru. quand c'était possible. Alors, pas tout de suite après l'opération parce qu'il faut que ça cicatrise, mais j'ai couru pendant les traitements de type chimiothérapie et ça me faisait du bien. Voilà, donc c'était des... Je ne faisais pas de performance. Je courais peut-être, je ne sais pas, 40 minutes, 45 minutes. Mais voilà, c'était déjà ça. J'avais les baskets, j'étais dehors et ça, c'était super.
- Speaker #0
C'est déjà énorme en fait. Et est-ce que tu courais seule ou est-ce que tu courais avec d'autres femmes, peut-être malades aussi, pour se soutenir en fait ?
- Speaker #1
Non, en fait, j'aimais bien pouvoir... En fait, ma mission, c'était la chirurgienne qui m'avait donné cette mission-là. Elle ne me l'a pas présentée comme ça, mais je l'ai prise comme une mission. C'était de sortir tous les jours et de marcher au moins une demi-heure. Et donc, selon les traitements, selon où on en est dans le protocole du traitement, Il y a des jours où on a plus ou moins d'énergie, mais il fallait quand même que je sorte. Donc tous les jours, je sortais. Et lorsque c'était possible, j'allais courir. Et voilà, il fallait que je puisse choisir mon moment. Un moment où il ne pleuvait pas forcément, un moment où il ne faisait pas hyper chaud, etc. Donc j'y allais plutôt seule pour pouvoir le faire en liberté, au moment où c'était le plus opportun.
- Speaker #0
Ouais, vraiment au bon moment de la journée pour toi.
- Speaker #1
Voilà.
- Speaker #0
Et qu'est-ce que tu penses que ça t'a apporté justement cette activité physique, alors qu'en même temps tu étais sous des traitements qui sont très lourds ?
- Speaker #1
Alors les traitements assomment bien, c'est vrai. Et finalement, le traitement c'est peut-être un moment où on se sent un peu enfermé, un peu, oui, enfermé dans une pièce sombre avec des murs et pas vraiment de fenêtres. Et le fait de sortir une demi-heure, c'était vraiment une respiration. Et parfois, ce n'était pas possible de courir, et ce n'est pas grave. Et parfois, il pleuvait, et ce n'est pas grave. En fait, on se sent plus malade. Enfin, je me sentais plus malade, en tout cas. Je me suis vraiment sentie libre et puis vivante, en fait. Et ce qui était important pour moi, c'est que pendant la maladie, les médecins faisaient ce qu'ils pouvaient avec les traitements, avec l'opération, avec les protocoles. Les infirmières venaient aussi. Tout le personnel soignant, finalement, a contribué à aller vers le mieux. Et moi, je ne savais pas vraiment comment contribuer, mais je ne pouvais pas rester là à ne rien faire. Et finalement, cette mission que je me suis donnée, sortir, bouger... et être à l'extérieur au moins une demi-heure par jour, c'était ma façon de contribuer au traitement. Et je pense que ça m'a aidée pour le moral, et puis même physiquement, à avancer vers le mieux.
- Speaker #0
C'est une chouette manière aussi de voir les choses. Et donc, tu disais, tu avais la chirurgienne qui soutenait ça. Le corps médical, dans l'ensemble, encourageait aussi à cette pratique. Je sais qu'à une époque, ce n'était pas forcément le cas. Maintenant, j'ai l'impression que ça a beaucoup changé, non ?
- Speaker #1
Oui, tout à fait. Le jour de l'opération, la chirurgienne est venue me voir pour vérifier que tout allait bien suite à l'opération. Et elle m'a dit « bon, à partir de demain, il faut sortir. Il faut sortir tous les jours une demi-heure. » Et j'ai dit « d'accord, je vais le faire » . Et je me souviens de la première sortie que j'ai faite suite à l'opération qui consistait à implanter une petite chambre pour recevoir les traitements de chignothérapie. Le premier jour, je suis sortie de l'hôpital, je suis arrivée à la maison, je posais mes affaires, j'ai mis mes baskets, je suis sortie et il s'est mis à pleuvoir des trombes d'eau, mais vraiment des trombes d'eau. Et ça m'a marquée, et j'étais là, et j'étais sous l'eau, et je ne courais pas parce que je ne pouvais pas, et j'étais trempée, et ce n'était pas grave. J'étais pleinement là finalement, et c'était... Oui, c'était vraiment un moment particulier. Je m'en souviens, ça m'a marquée.
- Speaker #0
Oui, je comprends bien. Donc, on le disait en intro, tu as accepté d'être marraine de la course la Strasbourg en 2024. En quoi, tu vois, c'était important ce rôle pour toi ?
- Speaker #1
Alors, ce qui m'a semblé vraiment important, c'est que ça permettait de diffuser un message d'encouragement à être dépisté. Parce que ce qu'on peut observer, c'est que le cancer du sein, ça fait peur. C'est quelque chose qu'on peut souvent être en mesure de déceler, de détecter par de l'imagerie médicale. Et c'est vrai que... Il n'y a pas forcément une adhésion complète au dépistage. Et voilà, encourager et dire finalement, essayer d'être dépisté et se rendre compte qu'il y a quelque chose, c'est déjà participer au traitement ou aller vers le mieux parce que si on sait qu'il y a quelque chose, on peut faire quelque chose. Et les médecins ont des techniques, ont des moyens, ont des protocoles qui font qu'on peut essayer des choses. Et au contraire, ne pas savoir, ne pas aller au dépistage, ne pas consulter quand on a un doute, c'est finalement reculer le moment où on va être pris en charge et c'est diminuer peut-être ses chances d'aller vers le mieux et c'est dommage. Donc voilà, je voulais vraiment... partager ce message-là. Le dépistage, c'est vraiment extrêmement important, même quand on n'est pas dans le cœur de cible. Parce qu'à 37 ans, quand ça m'est arrivé, je ne faisais pas partie du public qui est le public cible pour le dépistage organisé. Parce que ce sont les dames entre 50 et 75 ans, je crois actuellement, qui sont... concerné par le dépistage organisé. Mais voilà, c'était important de savoir et je voulais faire passer ce message-là. Et le deuxième message que je voulais faire passer, finalement, c'est que l'activité sportive, pas forcément le sport, pas forcément la compétition, mais vraiment le fait de bouger l'activité, c'est extrêmement bénéfique, ou en tout cas, pour moi, ça a été extrêmement bénéfique. Et j'entendais pendant les traitements des dames qui disaient « non, je ne sors pas, je suis toute seule, je n'ai pas envie d'aller dehors, je n'ai pas envie de marcher » , des dames d'un certain âge qui finalement restaient enfermées. Et moi, j'étais à côté et je me disais « mais cette demi-heure, c'est une vraie bouffée d'oxygène pour moi, même si je ne fais pas de la compétition, je ne fais pas une performance, mais je suis dehors et je respire de l'air frais et ça me ferme bien » . telle que c'est vraiment dommage que les personnes n'osent pas forcément sortir pendant les traitements et bouger pendant les traitements, ça apporte vraiment quelque chose et voilà, je voulais témoigner de ça encourager, voilà
- Speaker #0
C'est un super message en fait quand tu dis ça, je me rends compte aussi que on a souvent tendance aussi à se dire que faire du sport c'est tout de suite des choses un peu extrêmes où il y a de la compétition, etc Mais en fait, juste bouger, d'une manière générale, déjà même quand on n'est pas malade, ça fait vraiment du bien et c'est hyper important. Et du coup, peut-être que des gens se mettent des freins. Et évidemment, d'autant plus quand on est malade, parce que la situation n'est pas simple. Mais du coup, c'est hyper important, je pense, d'avoir des gens comme toi qui portent ce message, déjà pour tout le monde, et particulièrement, évidemment, pour des gens qui sont malades.
- Speaker #1
Les personnes qui sont en situation de... gros traitements, de traitements lourds. C'est vrai que c'est difficile de trouver l'énergie de sortir. Mais finalement, cette énergie-là, on va la récupérer. Parce que finalement, on se recharge un peu en étant dehors, en bougeant. Et ça fait vraiment du bien. C'est une petite demi-heure pendant laquelle on n'est pas malade, finalement. Une demi-heure pendant laquelle on est dehors. 30 minutes de parenthèse. Oui, et de parenthèse oxygénée, on va dire.
- Speaker #0
C'est un beau témoignage. En tout cas, je pense que c'est intéressant pour toutes celles qui sont concernées ou qui seront concernées, parce que c'est ce que tu disais, on n'est pas du tout à l'abri. Et sur le dépistage, est-ce que les chiffres quand même progressent ? Est-ce que les femmes ont un peu plus tendance à se faire dépister qu'avant ou pas forcément ? Et justement, il y a encore énormément de travail de sensibilisation à faire là-dessus.
- Speaker #1
Alors, je ne veux pas dire de bêtises pour les chiffres. Je ne suis pas experte, donc je ne sais vraiment pas. En revanche, toutes les discussions que j'ai pu avoir dans le cadre de la Strasbourgeoise et puis de mon rôle de marraine, c'est qu'il n'y a pas encore suffisamment... d'adhésion finalement au dépistage, ne serait-ce que le dépistage organisé. Et c'est quelque chose sur lequel il faut vraiment travailler. Parce que se faire dépister, c'est l'espoir de commencer suffisamment tôt pour aller mieux, voire rapidement mieux. Et plus on prend la maladie tôt dans son développement, plus on a de chances que les traitements soient finalement moins agressifs. Plus moins, je suis désolée, c'est un peu confus, mais voilà.
- Speaker #0
On comprend bien.
- Speaker #1
Si on prend la maladie suffisamment tôt, on peut se diriger vers des protocoles, a priori, de ce que j'ai pu voir, qui n'incluent pas forcément une chimiothérapie trop mourde, par exemple. Alors voilà, je ne suis pas du tout médecin, je ne peux pas...
- Speaker #0
Non, mais c'est très intéressant d'avoir ton retour. Tu as côtoyé justement ton rôle de marraine aussi. Plein de femmes dans les situations, ou pas dans les situations, mais justement, tu vois qu'il y a des freins aussi au dépistage. Donc, c'est intéressant de comprendre pourquoi. Et est-ce que d'ailleurs, tu as identifié les principaux freins ? Est-ce que juste peut-être il y a un manque d'informations ou en fait, c'est juste la peur qui conduit les femmes à ne pas vouloir savoir ?
- Speaker #1
Est-ce que tu as identifié d'autres choses ? Il y a un petit peu la peur, ça c'est sûr. Je sais que moi, j'avais cette peur-là, je n'étais pas concernée, pas spécialement, mais j'avais quand même cette peur, un jour d'avoir un cancer, un jour de passer par la chimiothérapie, un jour de ne plus avoir de cheveux, tous ces effets secondaires-là, c'est quelque chose qui marque, qui sont vraiment associés au cancer, et cette peur-là, elle existait alors que... que... Même quand j'étais jeune, finalement. Et je pense que la peur de se dire, je vais devoir passer par là, c'est vraiment un frein. Et en fait, finalement, le rôle de marraine, c'était aussi témoigner de... On peut y arriver, on peut traverser les traitements. Et c'est vrai que ça fait peur quand on aborde les traitements. On ne sait pas ce qui va nous arriver. On ne sait pas... dans quel état on va être, à quoi on va ressembler. C'est un moment qui est difficile quand on aborde les traitements. Mais finalement, on peut les traverser parce que moi, je suis de l'autre côté. Je les ai traversés, je suis déjà de l'autre côté et j'y suis, j'y suis arrivée. Donc, c'est quelque chose qui est accessible, qu'on peut faire. Voilà, ça fait partie des messages que je voulais faire passer dans le cadre de la... de la strasse bourgeoise.
- Speaker #0
C'est tellement important. Sur la partie dépistage, qu'est-ce que tu conseilles concrètement ? Évidemment de participer au dépistage organisé, quand on est convoqué par l'assurance maladie d'y aller, mais aussi en plus d'avoir des rendez-vous réguliers chez son gynécologue pour une palpation des seins, ce genre de choses.
- Speaker #1
Je pense que même si on n'a pas encore 50 ans, on est concerné, quoi qu'il arrive. Ça aussi,
- Speaker #0
c'est bien le marteler, en fait.
- Speaker #1
C'est ça. S'adresser à son médecin généraliste, ne serait-ce que ça, ou à son gynécologue, c'est déjà prendre soin de sa santé et c'est être attentif, être attentive. Et c'est un moyen de déceler les problèmes lorsqu'ils arrivent relativement tôt. Et ça, c'est vraiment, vraiment important. C'est capital de pouvoir intervenir. dès qu'on a un doute, dès qu'il s'est passé quelque chose, dès qu'on a une preuve qu'il y a quelque chose qui commence à plus suivre la route qu'il faudrait.
- Speaker #0
Dès qu'on a un doute, soi-même, comme toi, ça t'est arrivé, aller consulter directement. Et toi, tu t'es inscrite dans un club pour continuer à faire du sport régulièrement. Est-ce que tu sens que ça t'apporte encore aujourd'hui du bien-être ?
- Speaker #1
Absolument. J'attends mon mardi soir de 18h30 à peu près jusqu'à 20h. On court ensemble. Je suis systématiquement en queue de peloton. Je suis vraiment la dernière à arriver. Mais c'est tellement bien. On court tous ensemble. c'est un oui c'est un groupe vraiment de niveau très hétérogène c'est pas grave si on fait pas de de compétition. Et ils sont extrêmement accueillants. Et donc, voilà, le rendez-vous est fixe. C'est le mardi soir. Il y a aussi un rendez-vous le jeudi, mais je ne peux pas forcément y aller. Mais voilà, je sais que mon mardi soir est là pour ça. Je cherchais vraiment un point que je ne puisse pas bouger pour pouvoir être sûre de faire de la course au moins une fois par semaine. Je voulais vraiment que le mardi se soit consacré à ça. Alors, c'est le mardi, mais... Je me dis que m'inscrire dans un club de course à pied, ce n'est plus pouvoir trouver d'excuses pour ne pas sortir. Il pleut, il vente, il fait un peu froid, ce n'est pas grave. Il y a l'équipe qui est dehors, ils ont déjà les baskets. Et si je n'y vais pas, ce n'est pas sympa pour eux. Et c'est vraiment un super moment. J'aime beaucoup.
- Speaker #0
quand c'est vraiment sympa quand t'es au sein d'un groupe tu te poses pas trop la question de j'y vais j'y vais pas en fait, tu sais que t'es attendue tu y vas.
- Speaker #1
On fait aussi des choses que on n'imaginait pas qu'on puisse envisager là en janvier il y a une sortie qui a été organisée un dimanche matin c'était un footing galette et c'était ouvert à tous je me suis inscrite, pourquoi pas et en fait on a couru plus de... 15 kilomètres, c'est quelque chose que j'avais jamais fait. Et je ne pensais pas être capable de le faire. Et en fait, j'étais là, j'avais commencé, je n'allais pas rebrousser chemin au milieu. Donc, j'ai suivi. Alors après, ils ne m'ont pas apporté, mais ils m'ont un peu traîné. Mais voilà, j'y étais et je l'ai fait. Et maintenant, je peux dire, j'ai couru une fois 15 kilomètres d'une traite.
- Speaker #0
Et puis, tu sais que t'en es capable, en fait, aussi. Parce que franchement, la vitesse, peu importe. Voilà. Juste, tu l'as fait et c'est trop bien. C'est ça.
- Speaker #1
Et j'en suis vraiment super contente. Et je pense que je n'aurais pas spontanément, en autonomie, fait ça toute seule en me disant « Allez, aujourd'hui, je pars et je vais faire 15 kilomètres. » En revanche, le groupe m'a fait qu'on est un peu porté. Et puis, il faut suivre. Et puis, voilà. Et puis, quand ça va un peu moins bien... Il y en a toujours un ou deux qui viennent et qui discutent, et puis on avance et on ne se rend plus compte, et on finit par arriver au point de rendez-vous.
- Speaker #0
C'est trop bien pour ça !
- Speaker #1
Exactement !
- Speaker #0
Et comment tu envisages la suite de ton engagement pour Octobre Rose, pour la prévention et pour le sport aussi ?
- Speaker #1
Alors, je vais courir pour la Strasbourgeoise 2025. Je me suis déjà inscrite à la course. On a un petit défi qui a été organisé en parallèle de la course à pied. C'est un défi qui s'appelle le défi 100 kilomètres. Et dans le cadre de la Strasbourgeoise et d'Octobre Heureuse, on a constitué une équipe d'une vingtaine de dames qui ont été touchées. dont les proches ont été touchés par un cancer du sein. Et donc cette équipe-là va se rendre à Mulhouse à vélo depuis Strasbourg. Donc on va parcourir 100 kilomètres le samedi 20 septembre. Et puis le lendemain, on va participer aux Mulhouseiennes. Pour certaines, à la marche, les 5 km de marche. Et puis pour d'autres, les 5 km de course à pied, dans le cadre d'Octobre Heureuse. Et c'est un défi qui vise à promouvoir encore le message de prévention, le message d'importance de l'activité physique aussi pour les personnes qui sont malades, pour leurs proches aussi, parce que ça fait du bien au moral, parce que ça fait du bien... Du bien au corps, voilà. Alors, on n'est pas des cyclistes. C'est quelque chose que pour la plupart, on n'avait jamais fait, faire des grandes distances à vélo. J'ai acheté un vélo pour l'occasion. Je l'ai choisi rose. Très bien. Je suis très contente. Voilà, un petit vélo sans prétention. Et on s'entraîne régulièrement. On commence à augmenter un peu les distances. Et donc, fin septembre, il va falloir parcourir les 100 kilomètres en une journée. On va y arriver. On est hyper enthousiastes à l'idée de faire ça. Voilà.
- Speaker #0
Ça fait partie de la suite de l'engagement.
- Speaker #1
Trop bien, c'est trop un chouette projet. Et bien sûr que vous allez y arriver. J'ai pas de doute.
- Speaker #0
Merci.
- Speaker #1
Est-ce que tu as un dernier mot pour les auditrices qui nous écoutent ? Alors, soit qui peut-être sont malades, hésitent à parler de leur maladie et n'arrivent pas peut-être à se décider à reprendre une activité physique justement parce que c'est hyper difficile à ce moment-là. Ou pour les femmes qui ne sont pas malades, mais qui ont peur du dépistage, tu voudrais peut-être encourager à le faire ?
- Speaker #0
Alors, je voudrais peut-être juste partager le mot « espoir » . Ça, c'est un mot qui est important, je pense. Il y a de l'espoir. C'est une maladie grave, c'est vrai, mais la prise en charge est vraiment de qualité. Et les médecins arrivent à faire des choses qui vont vraiment vers le mieux. Voilà, donc ça c'est le premier mot. Le sport, ça c'est... Mais l'activité, le sport on va dire modestement, l'activité physique, c'est vraiment une respiration. En tout cas, ça l'a été pour moi, ça m'a beaucoup aidée. dans la tête et dans le corps aussi parce qu'avec les traitements, on prend du poids, on perd du poids. Et finalement, avoir un peu de prise sur son corps, c'est aussi un moyen de prendre les choses en main et de contribuer à l'ensemble du processus de traitement. Et le plus important, c'est vraiment le dépistage. Il faut y aller parce que c'est se donner plus de chances de réussite, plus de chances d'amélioration de son état. Même si on ne se sent pas malade, je ne me suis jamais sentie vraiment malade. Je me suis sentie mal au moment des traitements très lourds, mais jamais à cause de la maladie vraiment. Mais je sais que... pas savoir et ne pas dépister, c'est ralentir le moment où on commence à parcourir le chemin qui nous amène vers du mieux.
- Speaker #1
Merci beaucoup Priscilla pour ce message. Avec plaisir. C'est hyper important de parler de ça. Mon podcast est dédié aux femmes. Un gros sujet et je trouve ça vraiment chouette d'avoir des témoignages comme le tien, qui effectivement en plus apportent de l'espoir à toutes les femmes qui nous écoutent.
- Speaker #0
Merci beaucoup.
- Speaker #1
A bientôt.
- Speaker #0
A bientôt.
- Speaker #2
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes, cela nous aide. A bientôt.