- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast des sports outdoor aux féminins pour s'inspirer, apprendre et oser. Bonjour à toutes, aujourd'hui je reçois Agathe Sorato qui a parcouru à vélo le Laos, le Cambodge et la Thaïlande pendant 4 mois en solo. Dans cet épisode, Agathe va nous parler évidemment de ce voyage, de sa préparation, de ses apprentissages, de la manière dont elle l'a vécu en tant que femme seule. Plein de questions à lui poser, bienvenue Agathe ! Est-ce que tu veux bien te présenter déjà ?
- Speaker #1
Oui, merci beaucoup. Bonjour à tous. Merci Lorraine de me recevoir aujourd'hui. Je suis trop contente de pouvoir partager mon expérience sur ce voyage. Pour me présenter, je suis Agathe, j'ai 28 ans. J'habite à Paris, je suis UX designer. C'est tout ce qui va être amélioration et optimisation de l'expérience des utilisateurs en ligne. Ça me permet d'être assez flexible sur mon quotidien et de pouvoir passer beaucoup de temps dans le sud-ouest. là où j'ai passé toutes mes vacances et où ma famille vit maintenant, et donc de profiter un peu de l'extérieur et de la nature pour pouvoir faire tout type de sport. Je surfe beaucoup, je cours, randonnée, tennis et beaucoup de vélo, ce qui m'a donné la motivation et l'envie de partir seule parcourir l'Asie.
- Speaker #0
Trop bien, ça fait plein de sports différents. Et tu faisais vraiment déjà beaucoup de vélo avant de te lancer dans cette aventure ?
- Speaker #1
Alors pas vraiment. Enfin, je fais du vélo quotidiennement pour aller au travail. Je me suis mis au vélo assez récemment quand même, parce que je me suis inscrite à un triathlon il y a, je pense, 4 ans. Donc c'est ça qui m'a donné aussi envie de commencer le vélo de route. Sinon, avant, petite, on a quand même fait pas mal de vélos en famille. On allait au Mont-Saint-Michel ou même dans le sud de la France. Sinon, j'ai fait la Vélodyssée comme premier petit voyage à vélo avec une amie il y a 5 ans. Et après, j'ai fait un peu plus de week-end, la Vélocénie. Et l'Île-de-France sur des week-ends, mais jamais de long, pas plus de cinq jours à vélo.
- Speaker #0
Ça fait déjà quand même pas mal. Tu as le temps de prendre quand même un peu d'expérience sur ces voyages-là. Et comment est-ce que déjà, en fait, qu'est-ce qui t'a décidé à te lancer sur un voyage à vélo aussi long ? Et pourquoi est-ce que tu as choisi aussi l'Asie du Sud-Est ?
- Speaker #1
Alors le voyage à vélo long comme ça, ça a toujours été un rêve qui me trottait dans ma tête. Je pense que ça remonte à très longtemps. Je l'avais toujours écrit sur mes cahiers en mode c'est quelque chose que je veux faire dans ma vie. Mais j'étais morte de peur de me dire, je le fais toute seule, c'était pas possible pour moi. Et en fait, j'ai eu l'opportunité de poser six mois de congé dans mon travail actuel. Donc en fait, c'était l'opportunité parfaite. De base, je devais partir en Australie avec mon ex. Quatre mois avant, on s'est séparés. Et donc là, je me suis dit, j'étais un peu perdue. Est-ce que je pars en Australie ? Est-ce que finalement, j'annule ces six mois et je reste travailler ? Parce que partir seule, je ne l'avais jamais fait. Moi, je suis quelqu'un qui a besoin d'être entourée. Je n'avais jamais été au cinéma seule, au restaurant toute seule, quelque chose que je n'avais jamais fait. Mais là, je me suis dit que j'avais besoin de me retrouver seule, j'avais besoin de partir quand même. Je me suis dit qu'en fait, opportunité parfaite, tout est aligné pour que je réalise mon rêve. J'ai six mois, donc ça me permet de faire un voyage long, lent. Le vélo, c'est le rythme parfait pour profiter du pays tout en avançant quand même et pouvoir faire... plusieurs pays en quatre mois. Et donc, je me suis dit, bon, let's go, j'y vais et c'est parti. Donc, j'ai mis quatre mois, j'ai eu trois mois pour me préparer. Et je me suis un peu dit, je ne réfléchis pas trop, sinon je ne partirais pas. Et donc, je me suis mis à fond dans les préparations. Et trois mois plus tard, j'étais partie.
- Speaker #0
C'est une bonne technique. Et pourquoi l'Asie du Sud-Est ? Est-ce que c'est un coin où tu étais déjà allée, où tu n'étais jamais allée, que tu rêvais de visiter à vélo ou autre ?
- Speaker #1
Alors l'Asie du Cès a un peu tombé sous le sens parce que je me suis dit je pars en janvier, oui je suis partie en janvier, parce que ça va être la bonne saison, donc c'était la saison idéale, il ne faisait pas encore trop chaud, ce n'était pas la saison de pluie et je cherchais quand même des pays safe. C'est la première fois que je partais toute seule, l'Asie du Cès c'est assez rassurant, même pour une femme toute seule, ça ne coûte pas trop cher, il fait beau, il y a quand même des hôtels un peu partout. Ce n'est pas l'Amérique latine avec des distanciements, où tu as vraiment des endroits où tu n'as aucun logement. Je me suis dit, l'Asie, parfait. Moi, je n'avais jamais fait le Cambodge, je n'avais jamais fait de la hausse. La Thaïlande, j'avais fait un petit peu. J'ai vécu en Asie, à Hong Kong, pendant six mois. J'avais adoré. Si mon maman a trop bien, je vais aller là-bas. Mais j'avoue que j'aurais rêvé de faire l'Afrique. Mais je pense que si j'avais dit à l'époque que je partais toute seule à vélo en Afrique, je suis pas sûre qu'ils m'auraient laissé partir mais moi ça a rassuré tout le monde finalement que je parte en Asie
- Speaker #0
Après, tu pourras toujours le faire dans un deuxième temps.
- Speaker #1
Mais oui, ça reste en tête.
- Speaker #0
Tu as cette expérience-là. exactement je ne sais pas si tu as écouté on a enregistré un épisode de podcast avec Nelly qui a fait Paris Abidjan vélo ouais le rêve ça pourrait te plaire mais c'est une autre expérience je pense que c'est intense aussi ouais c'est clair et comment est-ce que tu as tracé ton itinéraire parce que ça me paraît tu vois autant tracer l'itinéraire en Europe je trouve que c'est pas trop compliqué encore mais alors là ça me paraît plus difficile comment tu arrivais à juste choisir les routes etc est-ce que tu t'es servi je ne sais pas d'appli comme Komoot ou Merci. autre pour tracer ? Comment t'as fait ?
- Speaker #1
Franchement, je trouve que c'était un peu la partie la plus galère avant de partir. Je me suis un peu prise la tête en mode par où je passe, par quel pays je commence, est-ce que je remonte du nord, enfin est-ce que je remonte du sud au nord, dans quel sens je le fais ? Donc j'ai acheté une carte, j'ai regardé un peu, j'ai mis des petits points dans lesquels je voulais vraiment passer. Donc il y avait des points, des lieux touristiques qui sont vraiment des must-do. pendant mon voyage. Et après, je me suis beaucoup inspirée de backpackers qui avaient fait à peu près le même voyage. Il y a beaucoup de cyclistes en Asie du Sud-Est. J'ai scrollé sur Instagram, j'ai contacté le plus de personnes possible pour avoir des retours d'expérience. J'ai suivi pas mal de Polar Step. Ça m'a beaucoup aidée aussi pour voir un peu par où les gens passaient. Et donc, il y a une fille qui m'a beaucoup aidée sur ça, qui avait fait un voyage similaire il y a quelques années et qui m'a dit, en vrai, commence par le Cambodge parce qu'il va faire de plus en plus chaud. Je savais que j'allais arriver à Phnom Penh, la capitale du Cambodge. J'avais un point de départ, je me suis dit que je voulais faire le tour du Thon Lesap, c'est le lac principal au Cambodge. Je savais à peu près la route. Après je me suis dit que dans tous les cas je vais aller au Laos, le Laos je vais le remonter, et la Thaïlande je vais la descendre. Donc déjà j'avais ça comme itinéraire. Et après c'était plutôt quotidiennement, je regardais sur Komoot. Je mettais route et pas gravel. Il ne faut pas mettre gravel là-bas parce que sinon tu te retrouves sonné. pour des escaliers. Donc je comparais souvent Komoot, Maps.me, Google Maps. Mais en fait, quand tu es seule, c'est vrai que ça prend beaucoup de temps et c'est dur de prendre des décisions toute seule finalement parce que tu es un peu face à toi-même. C'est toi qui dois prendre la décision. C'est toi qui dois choisir. Est-ce que je prends la route nationale ? Est-ce que je prends l'autoroute ? Ou est-ce que je prends les petites routes ? Mais les petites routes, souvent, ça rajoute 40 kilomètres, ce qui n'est pas rien à vélo. Donc en fait, il y a quand même pas mal de choix à faire tous les jours. Et j'avoue, j'ai passé beaucoup de temps sur Google Maps. Et du coup, chaque jour, j'adaptais mon itinéraire. Et même avant de partir, je n'avais aucune idée de combien de kilomètres je ferais par jour. Si c'était 30, 40, 100, j'en savais. Enfin, je n'avais jamais fait de long voyage, donc en fait, je ne savais pas trop. Et je ne savais pas l'état des routes surtout, et le dénivelé. Qui est quelque chose que tu vois sur place et que tu adaptes.
- Speaker #0
Donc pas mal de préparation en amont, disons, pour tracer les grandes lignes, mais après beaucoup d'adaptation au quotidien, quoi, finalement.
- Speaker #1
Ouais, en fait, au début, j'avais commencé à vraiment faire sur Komoot tout mon tracé. Et en fait, en parlant avec des gens qui ont fait leur bâche, ils m'ont dit non, mais tu verras sur place, te prends pas la tête. Et en fait, une autre complication que j'ai eue, c'est que je dormais pas sous la tente, donc j'avais pas de quoi camper. Parce que j'ai un peu peur de dormir sous la tente toute seule. Et je me suis dit, dans tous les cas, en Asie, il y a quand même pas mal de... de guest house ou d'hôtel. Et donc, en fait, je commençais à regarder les hôtels sur Google Maps et en fait, je commençais à paniquer en me disant, mais en fait, il n'y a rien. Ça veut dire que je vais faire 150 kilomètres avant de trouver un hébergement. Donc, je commençais à me stresser avant de partir. Je me suis dit, bon, en fait, ça ne sert à rien de stresser avant de partir. Vaut mieux aller sur place, commencer à pédaler et on verra. Ouais,
- Speaker #0
c'est une bonne philosophie.
- Speaker #1
Ouais, sinon, c'était la panique et je ne serais jamais partie.
- Speaker #0
C'est clair. Et qu'est-ce que tu avais comme vélo alors ?
- Speaker #1
Alors comme vélo, j'avais un gravel. Donc avant de partir, j'avais déjà un gravel de Decathlon de la marque Triban, qui était génial, mais je me suis dit pour partir, il me faut un vélo un peu plus solide, un peu plus haut de gamme. Donc j'ai pris un Genie 6 croix de fer. Ça aussi, j'ai contacté beaucoup de cyclistes qui ont fait des voyages à vélo. J'ai demandé plein d'avis. Parce que vraiment, le vélo, moi, c'est un monde que je découvre encore aujourd'hui. Donc je ne m'y connais pas beaucoup sur les marques de vélo, les modèles. Donc on m'a recommandé ce vélo, c'est un croix de fer, donc c'est une marque anglaise. Et donc c'est assez solide, ce n'est pas un vélo en carbone, il pèse quand même 10 kilos. Mais c'était idéal pour voyager et pour mettre mes sacoches. Et je n'ai eu aucune galère mécanique avec ce vélo. Et ça, tant mieux parce que j'ai appris à changer une chambre à air. Un mois avant.
- Speaker #0
C'est souvent comme ça, en fait. Ouais. Après, sur place, si ça t'arrive, je trouve que c'est une solution. Vraiment,
- Speaker #1
je touchais du bois tous les jours en me disant j'espère qu'il n'y aura aucune galère parce que je ne sais pas faire. Ils ne sont pas vieux, j'ai appris, mais sinon...
- Speaker #0
Tu te seras débrouillée le jour J. En tout cas, c'est une marque qui est connue, quand même pas mal connue, des voyageurs à vélo. Et comment tu avais choisi après tout le reste de l'équipement ? Parce que déjà, tu as le vélo, mais après, tu as à choisir les sacoches et surtout choisir ce que tu mets dans les sacoches et ce que tu ne mets pas d'ailleurs.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Sinon, on part vite avec 50 kilos.
- Speaker #1
Tu as fait comment et tu as pris quoi ? Encore une fois, c'est des choix à faire toute seule et qui ne sont pas faciles. C'est aussi un budget, tout l'équipement vélo. Mais je me suis dit en fait je veux quand même acheter quelque chose de bonne qualité. J'espère en tout cas avant de partir que ça me donnerait envie de recommencer ce voyage vélo. Je me suis rapprochée d'une boutique de vélo à côté de chez moi qui est top. Et en fait il m'a conseillé de A à Z sur les sacoches à prendre chez Pédale Douce. Et donc j'ai pris des sacoches Hortlib Gravel. Et je ne savais aucune idée de combien de litres je devais prendre. J'ai pris deux petites sacoches de 7 litres devant, sur la fourche avant. J'avais deux sacoches un peu plus grosses, donc 14 litres chacune. J'avais mis un porte-bagages. Et ensuite, j'avais une sacoche sur le tube et une sacoche avant. Et finalement, j'étais assez light parce que déjà, j'avais ni matelas, ni tente, ni sac de couchage, ni réchaud. Donc en fait, déjà, ça allège énormément. Et l'avantage de partir en Asie, c'est qu'il fait chaud. et qu'en plus je n'avais pas la saison de pluie. Donc j'avais peut-être un pull pour l'avion. Et sinon après, j'ai mis la même tenue et j'avais encore trop. On n'arrêtait pas de me dire, prends pas trop, tu vas voir, tu n'auras pas besoin de la moitié de ce que tu prends. Et en fait, c'est vraiment vrai. J'ai pédalé pendant quatre mois en Birkenstock et j'ai pédalé en short, je n'ai même pas mis mon cycliste. Donc j'avais vraiment trois t-shirts, deux shorts et peut-être un pantalon pour le soir et une robe. c'est tout.
- Speaker #0
Trop bien et toi t'as pas mis de cycliste alors ça veut dire que t'étais vraiment super bien sur ta selle et que t'avais pas besoin ?
- Speaker #1
Ouais je sais pas si j'étais super bien mais j'étais mieux sans cycliste, en fait il fait chaud, c'est humide et puis après je descendais quand même souvent, j'adore faire de la photo donc je posais mon vélo assez souvent pour me promener dans les villages et j'avais un peu la flemme de me promener avec un cycliste
- Speaker #0
C'est pas super agréable.
- Speaker #1
Du coup je préférais bouger sur ma selle à droite à gauche et me dire bon je pense qu'on s'habitue
- Speaker #0
Ouais c'est clair.
- Speaker #1
Mais avec le retour maintenant j'ai un super cycliste et la différence est énorme et c'est bien mieux.
- Speaker #0
C'est vrai que quand on s'arrête on n'est jamais hyper ravis de se balader avec cet effet couche-culotte.
- Speaker #1
Exactement. J'étais en short.
- Speaker #0
Et est-ce que tu avais des journées un peu type ? En fait comment tu as organisé ton voyage que du coup tu prenais donc tu décidais complètement toute seule ? Et est-ce que tu faisais aussi des journées de pause régulièrement ? Comment tu as fait ?
- Speaker #1
Ouais, ça c'est cool aussi, c'est que quand t'es seule, t'as une liberté qui est énorme. Peut-être un peu trop grande de temps en temps, mais c'est toi qui décides. En fait, si tu veux faire que 20 kilomètres, si tu veux te pousser, faire 150 kilomètres, il n'y a que moi qui choisis et il n'y a personne qui me dit « c'est pas bien, t'as pas fait 7 kilomètres » . Et pourtant, au fond de moi, il y a quand même une petite culpabilité quand je prenais un bus ou que je ne pédalais pas pendant une semaine, alors qu'en soi, il n'y a personne qui me regardait, kindergarten, c'est pas bien, il faut que tu pédales.
- Speaker #0
C'est clair,
- Speaker #1
puis on s'en fiche. Oui, on s'en fiche. Mais du coup, oui, je peux me prôner. En fait, c'est vrai que de temps en temps, il y avait quand même des semaines où tu traverses zéro ville touristique, tu es la seule étrangère. Et dans ce cas-là, il n'y a pas trop d'intérêt de traîner, de rester trois jours dans un hôtel au bord de la route. Donc souvent, là, j'enchaînais quand même les journées de vélo pour après me poser trois, quatre jours dans une ville un peu plus intéressante ou dans ce cas-là, j'ai des visites à faire. et aussi où je peux rencontrer du monde. Parce que sinon, sur la route, c'est un peu plus difficile et tu passes quand même des longues journées seule. Donc, tu es contente de te poser à un endroit et de rester quelques jours pour parler, pour prendre des verres avec des gens et faire des visites. Du coup, les journées de type, finalement, quand je pédalais, je partais très tôt le matin parce qu'il fait très chaud. Et en fait, comme je n'avais pas de tente, de quoi camper et que j'étais toute seule et que c'est la première fois que je voyageais seule, Je faisais en sorte d'arriver pas trop tard, il fait nuit tôt aussi là-bas, il fait nuit à 18h30. Et donc j'avais un peu peur d'arriver tard et qu'il fasse nuit et que je ne sache pas où je dors. C'était vraiment ma principale inquiétude. Du coup, ça fait que j'arrivais trop tôt de temps en temps dans des hôtels, vraiment les hôtels typiques de routiers où tu gardes ta voiture devant, tu as ta chambre d'hôtel avec zéro fenêtre et là tu es dans ton lit, tu n'as pas de wifi, tu n'as pas d'internet. et tu regardes le plafond et tu te dis bon l'après-midi allait être un peu long mais Mais du coup, ces journées de type, je pédalais beaucoup parce qu'en fait, tu sais qu'à la fin, au bout de trois jours, tu vas arriver dans une ville trop sympa. Et là, tu auras un peu plus de confort, des restaurants, des bars. Et là, je me posais pour visiter et profiter un peu plus.
- Speaker #0
Donc vraiment à l'envie. Ouais, à l'envie. Du coup, tu disais que tu t'emmènes des hôtels, tu alternais... Enfin, comment tu trouvais justement les endroits ? Tu disais qu'à l'avance, ça te stressait un peu parce que tu ne voyais pas forcément sur Google Maps. Tu regardais au dernier moment, genre vraiment en passant devant, tu te renseignais auprès d'autres voyageurs.
- Speaker #1
Alors, j'ai passé des longues heures sur Google Maps. Vous verriez, mon Google Maps, il est rempli de lieux enregistrés. Donc la veille ou le matin, je regardais sur Google Maps. tout ce qui est hébergement, donc j'enregistrais toutes les possibilités. De temps en temps, il n'y a pas beaucoup de choix. Et ce qui est marrant, c'est qu'en fait, finalement, les cyclistes, on prend tous les mêmes routes. Il n'y a pas mille routes non plus dans ces pays-là. Donc en fait, c'est soit tu prends la route principale, soit tu dévies un peu par des petites routes. Mais finalement, les hôtels, ils sont sur la route principale. Et donc en fait, j'ai passé ma vie à regarder les revues des voyageurs et c'est que des voyageurs à vélo. Donc tu as des photos aussi de backpackers partout sur ces hôtels, sur la route. J'enregistrais tous les lieux possibles à 30, 50, 70 km et 100 km en fonction de ma forme. Donc vraiment j'adaptais et en fonction de ça je pédalais un peu plus. De temps en temps, tu n'as pas d'hôtel pendant 50 km, donc tu arrives à la première option et tu te dis est-ce que je pédale 50 km de plus pour arriver à la deuxième option ? Je faisais tout le temps ça, de temps en temps je réservais quand il y avait des hôtels que je pouvais trouver sur Booking, mais c'est assez rare sur la route hors lieu touristique.
- Speaker #0
Ouais, effectivement. Et là, du coup, tu ne réservais pas spécialement ? Tu y allais et puis en fait, il y avait de la place ?
- Speaker #1
Je n'avais rien réservé à part vraiment dans les villes, les grosses villes ou les gros lieux touristiques. Et parce que je me voulais faire un petit kiff et donc je réservais un hôtel un petit peu mieux après plusieurs jours sur le vélo. Mais sinon, c'est impossible de réserver. Il n'y a aucun lien pour réserver en ligne. Tu les appelles, ils ne parlent pas du tout anglais. Donc tu arrives et tu te dis bon... J'espère qu'il y aura de la place.
- Speaker #0
Oui, ça marche finalement.
- Speaker #1
Je pense que la première journée, j'ai dû appeler mille fois en me disant « Mais non, mais il n'y aura jamais de la place, ça va être complet. » Mais en fait, quand tu te retrouves dans un petit village, c'est rare que ça soit complet. Et je me suis dit, au pire du pire, enfin, je suis quand même en Asie, justement, c'est safe, les gens sont hyper gentils, accueillants. Je ne me suis jamais dit « Je vais me retrouver au bord de la route à dormir à côté de mon vélo, toute seule. »
- Speaker #0
Non, c'est clair.
- Speaker #1
j'avais quand même pris un matelas dans mes sacoches donc je me suis dit si jamais J'ai un matelas, je peux aller dormir dans un monastère ou chez l'habitant. Et finalement, je n'ai jamais osé le faire. Pour le prochain voyage, ce sera mon premier challenge.
- Speaker #0
Oui, c'est bien d'aller progressivement.
- Speaker #1
Oui, progressivement.
- Speaker #0
Et tu parlais des routes, ça c'est une grande question forcément. Tu vois comment ça se passe. Déjà, quel est l'état des routes, genre les terrains et tout. Et puis aussi la circulation. Est-ce que c'est compliqué de gérer la circulation à vélo ? Est-ce que tu as constaté aussi des différences ? entre les trois pays là-dessus ? En gros, l'état des routes, est-ce que tu peux nous faire un petit point là-dessus ?
- Speaker #1
Grande question avant de partir aussi, c'est l'état des routes. Est-ce que c'est du béton ? Est-ce que ça va être de la terre ? Je n'en savais rien. J'ai essayé de regarder sur Google Maps et Google Earth, mais c'est impossible à savoir. Non, l'état des routes, il est assez catastrophique, surtout à Laos. Le Cambodge, en vrai, c'est plat, donc finalement, ça roule quand même. C'est de la terre battue, c'est de la terre rouge. Tu arrives le soir, tu es couverte de poussière rouge. Et ça, c'est un peu fatigant. Les voitures ne ralentissent pas du tout quand elles passent. Tu te retrouves à bouffer de la poussière. Je mettais un masque de temps en temps. Et après, tu ne peux pas t'endormir parce que tu es secouée toute la journée sur ton vélo. Là-haut, c'est du sable, c'est de la poussière rouge. Du sable, de temps en temps, je me retrouvais à pousser mon vélo pendant 5 km. C'est un peu long. Et le nord de là-haut, c'est que du dénivelé. C'est que de la montagne. Ça, on m'avait prévenu. Donc ça, c'est des grosses montées. Et après, les descentes, pareil, il y a des énormes trous. Donc il faut faire vraiment attention. J'ai croisé des cyclistes qui sont tombés. Si tu commences à rêver et que tu ne vois pas les trous, ça peut être assez dangereux. Et la Thaïlande, là, ça a été un gros changement. C'est des routes de rêve. Tu vois la différence. C'est un pays qui est un peu plus riche. Et là, les routes sont hyper confortables. Tu as un bas côté pour les cyclistes, pour les motos. Juste, du coup, la circulation est plus dense. Et du coup, les voitures roulent beaucoup plus vite. Donc là, franchement, de temps en temps, ce n'est pas très agréable. Tu te retrouves sur des autoroutes. Ça n'a rien à voir avec les autoroutes qu'on a en France. Là, il y a des motos, des cyclistes. Il y a des restaurants sur les côtés, mais ça fait un peu peur de temps en temps. Donc, il vaut mieux prendre les routes secondaires, parce qu'en Thaïlande, finalement, les routes secondaires, elles sont en bon état. Rien à voir avec le Laos. Le Laos, je préférais prendre la route principale. Mais de temps en temps, je me suis dit, heureusement que ma maman ne me voit pas sur cette route parce qu'il y avait des énormes camions. Et en plus, ils te klaxonnent tous. Je ne sais pas si c'est pour te dire bonjour ou pousse-toi parce que sinon, je vais te frôler. Pour te prévenir peut-être ? Oui, me prévenir. Mais moi, ça me faisait sursauter. Du coup, je vais vraiment me décaler sur le côté. La circulation, elle est assez fatigante quand même.
- Speaker #0
Et dans les villes, ça doit être encore pire, non ? Enfin, de gérer ça. Enfin, moi, j'ai le souvenir de certaines villes en Asie où tu te dis... Enfin, déjà, en tant que piéton, tu sens que tu gênes. Mais alors, à vélo, j'imagine que ce n'est pas simple.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai. Après, j'ai quand même pas mal d'expérience de vélo, maison-travail à Paris, où il faut être assez réactif et tu ne peux pas t'endormir non plus. Donc là, je suis sortie de Phnom Penh, la capitale au Cambodge, et en vrai, ça allait. Juste c'est fatigant, tu passes ta vie à faire attention. Mais il y a tellement de motos et de deux roues que ça passe. Et à Bangkok, il faut faire très attention aussi.
- Speaker #0
Il faut faire un stage préparatoire à Paris.
- Speaker #1
Et si jamais vraiment je ne le sentais pas, je prenais un bus. Et ce qui est cool, c'est que tout est faisable en Asie. Il n'y a aucun problème pour mettre ton vélo dans un bus, ou prendre un train et sortir de la ville. aller à une heure de la ville pour commencer ton voyage vélo à partir de là.
- Speaker #0
Ah, ça, c'est bon à savoir, effectivement. Parce que tu as quand même toujours un plan B.
- Speaker #1
Et là-haut, je ne suis pas partie. Je ne suis pas passée par Vientiane, donc la capitale. Oui, il y a toujours un plan B. Et franchement, il ne faut pas se forcer. Par exemple, au Laos, du coup, il y a un WhatsApp de backpackers en Asie du Sud-Est. Et ça, franchement, c'est une super communauté. Et ça permet de poser plein de questions. Donc, en fait, si tu as un peu peur sur comment va être la circulation, Dans cette ville, ou même à Bangkok, qui est une ville où tout le monde te dit « Ma vélo, c'est horrible. » Finalement, ce n'est pas si horrible que ça. Mais il y a des villes où on dit « La route entre ces deux villes, elle est horrible. Prends un bus, c'est plus simple. » Il faut savoir s'adapter. De temps en temps, il y a des alternatives. Ce n'est pas grave de prendre un bus, finalement.
- Speaker #0
Non, c'est clair. Pas du tout. Il vaut mieux être en sécurité et confortable, de toute façon. Au niveau des rencontres, tu parlais de ce groupe, mais juste en général, tu vois, sur la route, quel type de rencontre tu as faite ? Est-ce que tu as réussi quand même à échanger aussi avec les locaux ? Est-ce que tu as rencontré plus d'étrangers juste parce que c'est un peu plus facile ? Comment tu as géré ça ?
- Speaker #1
Au niveau rencontre, avant de partir, on disait, tu vas voir, tu pars seule, mais tu ne voyageras pas seule, c'est sûr, tu rencontreras plein de monde, tu ne seras jamais seule. Mais en fait, je trouve que du coup, tu te mets un peu une attente en mode, ça va être trop bien, je vais rencontrer plein de monde. Mais je pense qu'à vélo, c'est un peu plus difficile de rencontrer des gens. Déjà, je ne suis pas dans le même rythme. Et il y a des villes où les gens ne vont pas quand tu es en voyage en sac à dos ou en voyage pendant deux semaines. Ça ne sert à rien de passer par cette ville, sauf qu'à vélo, tu y passes parce que tu mets deux semaines à arriver entre les deux villes touristiques que les gens font en bus. Et donc, ça fait quand même que tu as des longues périodes où tu es toute seule sur ton vélo. Et donc là, tu croises de temps en temps des cyclistes. Au Cambodge, j'avoue, je n'ai croisé pas beaucoup de backpackers. Mais en fait, on se suit tous sur ce WhatsApp et même sur Instagram. Franchement, Instagram, c'est génial. Moi, ça m'a permis de connecter avec plein de gens. Et donc, en fait, on se parle, on se suit sur le voyage et on se retrouve dans des endroits, même si on est en sens inverse, on essaye de se croiser à des moments. Et aussi, comme je disais, de temps en temps, je m'arrêtais 5 jours dans des villes. Donc là, je faisais des rencontres. J'ai aussi utilisé pas mal Workaway, qui est une plateforme qui permet de faire du volontariat. Sur une semaine ou même trois jours, on échange, t'es nourrie, logée. Et donc là, ça m'a permis de faire des super rencontres, dont une fille qui habite dans le même village que mes parents dans le sud-ouest. Donc ça, c'est trop bien. On s'est revus au Laos, en Thaïlande. Et sinon, j'ai croisé des cyclistes, souvent en sens inverse malheureusement. Il y a pas mal de cyclistes qui arrivent de France à cette période-là. Donc ils descendent le Laos, ils descendent le Cambodge. Alors que moi, je faisais tout l'inverse. Donc là, je me dis, mais qu'est-ce que je fais ? Pourquoi je suis dans le mauvais sens ? Donc ça, c'est trop dommage. On est tous trop contents de se croiser. Souvent, on s'arrête une heure pour parler. On sent que tout le monde a besoin de parler après les longues heures, tout seul sur son vélo. Et sinon, j'ai croisé plus de cyclistes en Thaïlande. C'était plus facile de rencontrer du monde.
- Speaker #0
Et en tant que femme seule, en général, tu as senti que tu étais accueillie comment ? Tu vois, lors du voyage en général, en fait, que ce soit sur la route, dans les restaurants, dans les hôtels.
- Speaker #1
Oui, au Cambodge, j'ai été trop bien accueillie. Et j'ai senti une admiration de la part des femmes cambodgiennes. Et ça, c'est quelque chose qui m'a énormément touchée. On m'a plusieurs fois dit que c'est hyper inspirant. C'est la première fois de ma vie qu'on me disait que je faisais quelque chose d'inspirant. Et franchement, ça m'a vraiment touchée et marquée. J'avais vraiment cette bienveillance des femmes cambodgiennes où je m'arrêtais au bord de la route. On m'apportait limite une chaise et une bouteille d'eau. Et on me disait, c'est incroyable ce que tu fais. Après, ce qui est dommage, malheureusement, c'est la barrière de la langue pour connecter avec les gens localement. La langue fait que c'est vite limité. Laos, je pense que c'est un peuple un peu plus pudique. Je faisais un peu plus attention. C'est vrai qu'on me dit tout le temps, l'Asie, c'est safe, c'est safe pour une femme. Mais ça reste quand même, t'es toute seule à vélo, t'es en short. Il faut un peu savoir s'adapter. C'est aussi pour ça que je n'arrivais jamais trop tard dans mon hôtel le soir. Et en fait, ça arrivait plusieurs fois que des hommes me demandent sur la route, mais t'es toute seule, t'es toute seule. Ils me disent, en me faisant le signe. Only one, only one. Et dans ce cas-là, je répondais toujours que j'avais un copain qui arrivait derrière. Je ne disais pas que j'étais seule dans ces moments-là. Je ne sais pas si ça sert, mais ça me rassurait. Et les femmes me disaient, oh la hausse aussi, mais fais attention, il ne faut pas une femme toute seule, ce n'est pas possible. Pourquoi tu n'es pas accompagnée ? Mais je n'ai eu aucun problème en soi. Les gens sont quand même très bienveillants et très souriants et ils t'accueillent les bras ouverts, donc c'est agréable.
- Speaker #0
Oui, carrément. Qu'est-ce qui t'a le plus marquée lors de ce voyage ?
- Speaker #1
Ce qui m'a le plus marquée, je dirais, c'est d'un point de vue voyage hors vélo. C'est vraiment tous les bonjours des enfants. Je passais ma journée à répondre aux hélos. J'avais des hélos qui venaient dans tous les sens. Je ne savais plus où je tournais la tête. Je ne savais plus d'où ça venait. Donc ça, c'est trop mignon. Tu as tous les enfants qui courent vers toi et qui sont avec leur vieux vélo beaucoup trop grand pour eux et qui pédalent à côté de toi. Donc ça, c'est vraiment ce qui m'a le plus marquée pendant ce voyage. L'accueil des gens, le sourire de tous ces enfants, c'est trop bien. Et après, ce qui m'a le plus marquée, c'est ces longues heures sur le vélo et d'arriver dans une ville. Et là, tu es trop contente, trop contente de rencontrer du monde et d'avoir un peu plus de confort. Et après, les paysages sont trop beaux. Mais encore plus quand il y a du dénivelé, tu souffres un peu dans les montées. Mais après, les paysages sont... C'est incroyable.
- Speaker #0
T'as la récompense.
- Speaker #1
Ouais, t'as la récompense bien méritée.
- Speaker #0
C'est clair. Est-ce que t'as un moment comme ça, une anecdote ou un moment qui vraiment est resté gravé pour toi à nous raconter ?
- Speaker #1
Ouais, c'était entre le Cambodge et Laos. Et en fait, du coup, j'avais repéré plusieurs hébergements sur ma route, mais entre des hébergements, il y avait au moins 60 kilomètres. Et je me suis dit, j'arrive dans le premier hébergement, mais il n'était que 11 heures. Je me suis dit, oh là là, la route va être fin. La journée va être longue et je me suis dit bon allez je me challenge un peu. Moi j'avais jamais fait plus de 60 km en une journée. J'étais pas du tout fait une grande cycliste avant et là je me suis dit je vais me challenger. Et là j'ai fait 150 km et vraiment j'ai pleuré de joie en arrivant sur le Mekong, en traversant ce pont et en voyant le Mekong pour la première fois. C'est la première fois que je pleurais de joie et de fierté de ce que j'avais accompli. Je criais, j'avais les bras en l'air, je me suis dit j'ai fait 150 km, je suis trop contente. J'en regardais autour de moi, j'ai l'air de dire, il faisait nuit, en plus c'est la première fois que j'arrivais et il faisait nuit. Et ouais, c'était incroyable ce moment, je pensais que c'était ce qui m'a le plus marquée.
- Speaker #0
Excellent. Et à l'inverse, est-ce que tu as eu des moments où c'était vraiment difficile ?
- Speaker #1
Ouais, mais c'est ce qui fait un peu la beauté de ce voyage et ce qui aujourd'hui m'a fait grandir et dans ces moments-là que je l'ai le plus appris. sur la force que j'ai en moi, je pense, et que j'ai découvert. Mais il y a des moments où vraiment je poussais mon vélo dans du sable au Laos à 15h de l'après-midi sous 45 degrés. Et là, je me dis, mais qu'est-ce que je fous là toute seule, perdue au milieu du Laos avec aucun restaurant. En plus, j'avais plus d'eau, donc je mourais de soif. Là, c'est des moments qui sont hyper difficiles. Moi, je pleure facilement et après ça passe. Même Tungo, tu commences à pleurer. Et je me dis, mais non, je suis toute seule, genre voilà. Et là, tu fais du stop, personne ne s'arrête, c'est des moments un peu durs. Après, souvent, il y a quand même un pick-up qui s'arrête et là, tu mets ton vélo, tu te dis, en vrai, en 10 minutes, j'y suis, au lieu de 4 heures à vélo, c'est tentant.
- Speaker #0
Ouais, tu m'étonnes.
- Speaker #1
Ouais, il y a des moments qui ne sont pas faciles, même en Thaïlande, quand il fait très très très chaud. Mon portable était tout le temps surchauffé, je m'arrêtais dans le 7-Eleven, je me mettais dans le frigo et j'essayais de refroidir mon corps. C'était... Et quand tu sais que tu as encore 50 km sous cette chaleur, c'est dur mentalement.
- Speaker #0
C'est vrai que l'aspect chaleur, ce n'est pas non plus simple à gérer. Ça fait un truc en plus. Et qu'est-ce que, tu vois, au global, maintenant en plus que tu es revenu depuis quelque temps, qu'est-ce que tu penses que ça t'a apporté vraiment sur le plan personnel ? Ça m'a énormément apporté, je pense. Après, ça ne fait que deux mois que je suis rentrée de ces six mois de congé. Je suis encore en train de processer tout ce que j'ai appris. Je réalise petit à petit des aspects sur lesquels aujourd'hui je me sens changée, sur lesquels j'ai appris et j'ai découvert des aspects de moi-même que je ne connaissais pas forcément. Tu as du temps sur ton vélo pour... Une introspection de toi-même, de temps en temps, c'est long. Je faisais souvent une partie podcast, une partie musique, une partie introspection. Donc, tu as le temps de te découvrir. Et après, au-delà de ça, l'aspect mental et la force aussi, que toute seule, prendre toutes ces décisions. Après, même l'aspect physique, finalement, je m'en sentais au début. Je m'étais dit, je ferais 30, 40 kilomètres par jour. Finalement, à la fin, plus tu avances, plus tu fais des 100 kilomètres, 110 kilomètres par jour. Je me suis dit, mais jamais j'aurais fait ça avant. En fait, tu apprends sur ça. Et au-delà de ça, ce que je disais, c'était de partir le matin, de ne pas savoir où tu dors, donc se lâcher prise. Moi, je suis quelqu'un qui adorait réserver, planifier. J'avais toujours mon hôtel de réservé. Et là, de se dire, en fait, non, Agathe, on lâche prise. Dans tous les cas, il faut faire confiance. Faire confiance à toi-même, à la route, aux gens et à ce voyage. C'est quelque chose, aujourd'hui, que je ressens dans ma vie. Maintenant, de retour... en France, de lâcher prise, de ne plus me bloquer sur des petits trucs, parce qu'en fait, dans tous les cas, il y a plus grave, il y a plus important, et il ne faut pas se prendre la tête sur ça, et il faut faire confiance à ce qui va se passer, et à soi-même, surtout.
- Speaker #1
C'est un super apprentissage, ça, quand même. Tu l'évoquais un peu, mais sur le fait de voyager seul, comment tu l'as vécu, au final ? Donc, tu avais quand même aussi des appréhensions là-dessus. Est-ce que c'était un peu... Conforme à ce que tu imaginais, mieux, t'as envie de recommencer ? Comment tu t'es appréhendée ça ?
- Speaker #0
Oui, j'appréhendais beaucoup ça. Je m'étais persuadée que je ne savais pas voyager seule parce que je suis quand même quelqu'un d'assez introvertie. Et donc, moi, d'aller vers les gens comme ça pour faire des rencontres ou pour sociabiliser un peu, ce n'est pas quelque chose que je faisais facilement ou intuitivement. Donc, j'appréhendais ça. Je me suis dit, en fait, je vais voyager toute seule, mais je vais finir... Je ne vais jamais rencontrer des gens, ça va être hyper dur. Mais en fait, quand tu es toute seule, pareil, tu découvres une force et ça te pousse à aller vers les gens plus facilement. Et finalement, partir à vélo, c'est aussi ça qui me rassurait. C'est que je me sentais beaucoup plus à l'aise avec mon vélo. J'avais un peu cet outil qui me protège et qui permet de créer une connexion, une discussion. Parce qu'en fait, les gens viennent vers toi, ils sont curieux et ça, ça facilite l'échange. Mais sinon, au-delà de ça, c'est quand même... Avec du recul, c'est quand même des longues heures de solitude. C'est un peu la partie sur laquelle, à la fin, j'en avais un peu marre et j'avais besoin de retrouver des amis, de ma famille. J'ai passé quand même beaucoup de semaines seule, surtout en Thaïlande. Après, je me posais pendant une semaine sur des îles ou même dans des villes et là, je retrouvais du monde. Mais c'est vrai que tu en as un peu marre d'être six heures sur ton vélo toute seule, même si j'écoutais des super podcasts et je lisais beaucoup de livres. et de la musique. Tu arrives quand même à 13h dans un endroit et là, tu es toute seule. Donc, tu passes beaucoup de temps sur ton portable, malheureusement. Après, Instagram, c'est génial aussi, mais ça me permettait de connecter. J'ai créé mon compte Instagram, Agathe Ancel. Et je m'amusais à faire des réels et à partager mon expérience. Donc, tu te sens quand même un peu connectée. Mais je me suis sentie très seule, quand même.
- Speaker #1
Oui, il faut dire que c'est très long. tu t'es lancée dans quelque chose c'est 4 mois c'est quand même pas rien 4 mois en solo ça fait t'as pas eu de transition t'as pas eu un petit week-end en solo d'abord pour tester et après effectivement parfois on est bien tout seul 3 jours et puis après pas forcément ça dépend des gens avant de partir je me suis dit je sortais
- Speaker #0
d'une rupture assez difficile donc j'étais quand même J'avais besoin aussi de me retrouver toute seule. Et je me suis dit, je pense que j'avais une petite revanche en moi en me disant « Moi, je vais prouver que je suis capable de faire du vélo et je vais me prouver que je sais passer du temps toute seule. » Après, au bout d'un moment, je me suis dit « En fait, je ne vais prouver à personne quoi que ce soit. Ça va être mon voyage pour moi-même. » J'ai essayé de changer cette optique. Mais c'est vrai qu'au début, j'étais un peu partie dans cette optique-là qui n'est pas forcément bien. Mais j'ai réussi à changer et me dire « Je suis toute seule, mais il faut profiter. » Donc, tu as des avantages. Donc, c'est cette liberté qui est incroyable. Et tu as ce désavantage de te sentir quand même un peu seule et loin de ta famille, loin de tes amis.
- Speaker #1
Est-ce que tu as des petits moments auxquels tu repenses vraiment souvent ? Tu nous as parlé déjà de quand tu es arrivée, quand tu avais les 150 kilomètres, mais tu vois des petites choses qui t'ont vraiment marquée, même si ça peut être des petites choses insignifiantes, mais du voyage que tu retiens vraiment ?
- Speaker #0
Je pense que les matins, quand je pars à 5h30, et qu'il y a le soleil qui se lève, ça c'est un bonheur qui est incroyable. Moi j'avais des écouteurs...
- Speaker #1
je ne sais plus comment on dit,
- Speaker #0
osseuse. Ça, c'est trop bien. Ça me permet quand même d'entendre les énormes klaxons de camions qui me dépassent. Mais je mettais la musique à fond et là, tu te dis, même si tu as eu des moments un peu difficiles la veille parce que tu te sentais seule et que tu es arrivé dans un motel pourri au bord de la route, à dîner un bol de riz parce qu'il n'y a pas de restaurant ouvert, là, tu te dis, mais en fait, c'est horrible ce que je fais. Pourquoi je me fais vivre ça ? Le lendemain matin, tu pars et il y a le lever du soleil avec ces montagnes au Laos et tu as la musique à fond. C'est incroyable cette sensation. C'est ce qui me donne envie aujourd'hui de repartir à vélo, d'être sur son vélo avec la musique et les paysages. C'est trop bien. Pareil, ce que je racontais, ces émotions quand tu arrives après deux semaines de vélo dans des villes. Là, tu regardes tout le monde en mode « je l'ai fait, je suis arrivé, je suis trop fière de moi » . Cette fierté de toi. et de sentir que t'inspires autour de toi et que t'es capable de le faire c'est ces petits moments là qui sont une vraie récompense après un peu de transpiration sur ton vélo c'est sûr !
- Speaker #1
Et tu penses que ça va te faire changer certaines choses dans ta vie ? d'avoir peut-être se lâcher prise justement de faire prendre d'autres décisions ou est-ce que ça va avoir un impact ?
- Speaker #0
Déjà j'arrive à faire plein de choses toute seule Et maintenant, j'apprécie. J'avais peur de devenir beaucoup trop solitaire après ce voyage. Je me suis dit, il faut quand même que je rentre. Après, j'appréciais, même quand il y avait des gens, j'appréciais de prendre ma petite bière toute seule à table et de lire mon livre tranquillement sur une chaise. Donc déjà, aujourd'hui, j'arrive à faire plein de choses toute seule. Et ça, c'est trop bien. Je ne suis plus dans l'attente d'amis pour faire des choses. Maintenant, je suis beaucoup plus proactive dans ce que je veux faire. Donc en fait, tu te prends moins la tête aussi sur ça. Tu es moins déçue parce que... Les gens ne sont pas là pour se faire des sorties vélo. Finalement, tu as tout ce lâcher-prise. Et j'ai repris énormément de confiance en moi après ce voyage. Trop bien. Ça se sent aujourd'hui dans mon quotidien. C'est trop bien.
- Speaker #1
C'est chouette. Maintenant, ça veut dire que tu es à l'aise quand il y a du monde, mais à l'aise aussi quand tu es toute seule. C'est quand même la meilleure option.
- Speaker #0
Oui, j'ai progressé sur ça aussi, sur rencontrer des gens et aller vers les gens. Et savoir demander de l'aide quand on a besoin. Donc savoir faire du stop quand j'en avais besoin. Et de s'écouter et de se dire, en fait, là, j'en ai marre. Le but, ce n'est pas de se faire souffrir. Le but, c'est que ça reste un plaisir ce voyage. Donc en fait, si moi, j'en ai marre, je fais du stop et ce n'est pas grave. Alors qu'au début, je n'osais pas prendre de bus. Je voyais un peu ça comme un échec. Et en fait, ce n'est pas grave. C'est OK de prendre un bus. C'est OK de prendre un train. et j'essaye de l'appliquer aussi aujourd'hui. Maintenant, je me dis, c'est OK si aujourd'hui... T'as la flemme de faire du vélo, il faut essayer de ne pas culpabiliser et ça arrive des jours sans.
- Speaker #1
C'est clair. Et t'as déjà un projet en tête pour un nouveau voyage à vélo ?
- Speaker #0
Ouais, à peine je suis rentrée, je me suis dit oh là là, qu'est-ce que je vais faire ? Parce que le retour de ce voyage, il est quand même assez difficile en fait. Tout d'un coup, t'es replongée dans un quotidien. En plus, j'habite à Paris et le temps, il est... Moi, j'ai l'impression d'avoir mis pause sur ma vie pendant quatre mois, d'avoir vécu au ralenti. Et ça, c'était vraiment quand t'arrivais dans ton hôtel, du coup, tu voyais les... les minutes, les heures passées, alors qu'à Paris, tu ne vois pas le temps passer, les semaines, elles passent à toute vitesse, tes week-ends, tu pars à droite à gauche tous les jours, les gens, il faut les réserver deux semaines avant pour prendre un verre. Ça, c'est quelque chose que je n'ai pas vécu pendant quatre mois et qui est un peu dur au retour. Donc, je me suis dit, je vais me faire un nouveau challenge pour 2026 parce que sinon, qu'est-ce que je vais faire ? Et en fait, j'ai rencontré Sophie, une grande cycliste en Thaïlande. Et je sais qu'elle fait pas mal de courses d'ultra-cyclisme. Et donc je lui ai écrit, je lui ai dit, est-ce que tu penses que je suis capable ? Ça me fait un peu peur ce truc. J'ai des amis qui en font, mais pour moi, c'est mes amis mecs. Jamais moi, je suis capable de faire ça. Je suis qui pour faire ça ? Et elle m'a dit, mais si, inscris-toi à la Desertus Bicus. Et je me suis dit, bon, dans tous les cas, ils me demandent ce que j'ai... Ils m'ont demandé à mon inscription ce que j'avais fait comme course. Donc j'ai juste dit que j'avais fait du vélo en Asie. ou si jamais je serais tirée au sort. Mais en fait, les femmes sont toutes prises. Trois jours après, je reçois les mails en disant « Bienvenue, félicitations, t'es inscrite ! » Là, je me suis dit « Oh là là, dans quoi je me suis embarquée ? » Donc voilà, je fais la Desertis Bacchus en avril prochain. Donc c'est 1200 kilomètres et 16 000 mètres de dénivelé.
- Speaker #1
L'aventure à venir.
- Speaker #0
10 pays basques en Andalousie. Mais j'avais besoin de retrouver ces sensations où tu as des longues heures sur ton vélo, toute seule aussi, sans que ça soit vraiment une course de vélo, une course contre la montre.
- Speaker #1
Oui, bien sûr. On a enregistré un épisode aussi de podcast avec Geneviève. Elle a apprécié, même si évidemment il y a eu des moments difficiles.
- Speaker #0
Tout le monde me dit qu'ils ont apprécié, mais que c'était difficile,
- Speaker #1
qu'ils ont beaucoup souffert.
- Speaker #0
Je pense qu'après coup, tu te dis j'ai apprécié. Sur le moment même, ça va être difficile. J'imagine que sur le moment,
- Speaker #1
c'est aussi un peu les montagnes russes. C'est ce que moi, je n'ai jamais fait d'ultra. Mais c'est un peu ce qu'on décrit. Quels sont les moments où ça va super ? Comme ce que tu décrivais sur ton voyage.
- Speaker #0
Comme ce que j'ai vécu pendant mon voyage. Il y a des moments, c'est super. Il y a des moments où tu te dis, oh là là.
- Speaker #1
En tout cas, un beau projet. Je mettrai le lien vers ton compte Instagram. On pourra te suivre sur la Desertus Bicus. Et pour terminer, j'ai toujours une petite question traditionnelle. Est-ce que tu as un conseil que tu donnerais à des femmes qui souhaiteraient se lancer dans ce type de voyage et qui n'oseraient pas forcément ?
- Speaker #0
Je pense qu'il faut oser et ne pas trop réfléchir. Il ne faut pas se préparer un an à l'avance parce que sinon, on va se poser trop de questions. Il faut faire une rupture amoureuse et partir direct après. Je pense que ça... T'as la tête dans le guidon et tu dis... Super technique. Super technique. J'ai besoin de respirer. Non, mais en fait, je pense que tout le monde est capable parce que dans tous les cas, t'es toute seule. Après, même si t'es à deux, le but, c'est pas de se forcer. Le but, c'est pas de souffrir. Ça reste un plaisir. Donc en fait, si tu veux faire un peu de vélo, alterner avec un bus, un train, ce que je disais, c'est qu'en Asie, tout est faisable et t'as des hôtels partout. Donc en fait, si t'as envie de mettre ton vélo dans un pick-up et accélérer et pas faire cette partie du pays, tu le fais, c'est facile. Tu peux faire que 20 km par jour. Donc je pense qu'il faut oser, se lancer. Et c'est tellement gratifiant. Tu reprends une confiance en toi, tu es trop fière. Et de partager l'expérience, tu rencontres quand même plein de gens, même si ce n'est pas forcément en personne. Parce que timing ou rythme différent de gens sur la route, via les réseaux, ça crée des liens. Et c'est une trop belle expérience. Il y a des jours un peu moins drôles, mais il y a des jours...
- Speaker #1
magnifique et j'ai beaucoup appris de ce voyage donc je le recommande à tout le monde c'est trop chouette merci beaucoup d'avoir partagé ton expérience c'était vraiment sympa d'entendre tout ce que tu as vécu à travers ce beau voyage donc on va continuer à te suivre sur Agathe en Seine à très bientôt n'hésitez pas à partager cet épisode à des amis qui rêveraient de faire du vélo aussi à nous laisser une note à vous abonner et à bientôt pour de nouvelles interviews.
- Speaker #0
À bientôt, merci beaucoup.
- Speaker #1
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes, cela nous aide. À bientôt.