- Speaker #0
La Sportive Outdoor, le podcast. Bonjour à toutes, aujourd'hui j'ai le plaisir de recevoir Marilyne Nakache, traileuse élite au palmarès impressionnant. Championne de France de trail long, vainqueur de la TDS, une des courses de l'UTMB, deuxième de la Diagonale des Fous. Marilyn vient aussi tout juste de remporter pour la deuxième fois le Marathon des Sables. Je suis ravie de la recevoir aujourd'hui pour qu'elle nous parle de la course, mais aussi de son parcours et son quotidien d'athlète. Bienvenue Maryline, est-ce que tu veux bien te présenter pour celles qui ne te connaîtraient pas encore ?
- Speaker #1
Bonjour, je suis donc Maryline, j'ai 40 ans. Et petite particularité, mon lieu d'habitation change très souvent puisque je vis à l'année dans un petit van, donc un peu partout dans la France, mais bon, même si je vis le plus souvent dans le sud de la France, oui, pour ma base de vie. Et par ailleurs, je suis athlète en trail et aussi coach en course à pied.
- Speaker #0
Ok, tu vas nous raconter tout ça. Et quel a été ton parcours alors avant de devenir traileuse élite ? Est-ce que tu as démarré déjà le trail assez tôt ou est-ce que c'est venu plus tard ? Est-ce que tu faisais d'autres sports ?
- Speaker #1
J'ai commencé plutôt à courir sur le tard à peu près il y a une dizaine d'années. Avant cela, j'ai testé tout un tas de sports différents, mais plutôt à loisir et sans jamais trouver quelque chose qui me passionnait vraiment. J'ai notamment fait de longues études jusqu'à obtenir un doctorat en sciences des matériaux. Et à l'époque aussi, je faisais beaucoup de piano, donc rien à voir. J'étais ingénieure pendant une dizaine d'années aussi. Et puis voilà, le trail est apparu petit à petit dans ma vie.
- Speaker #0
Et comment ça a démarré ? Est-ce que tu as, je ne sais pas, tu as vu des gens courir, tu as eu envie de faire pareil ou est-ce qu'il y a eu un déclic spécial ?
- Speaker #1
En fait, mon ex s'était mis à courir, mon ex-mari. Et du coup, il m'a dit, viens avec moi. Donc, je l'ai avec lui. Au début, c'était plutôt 5-10 kilomètres. Et puis, petit à petit, lui, il a arrêté et moi, ça m'a passionnée. Et puis, les collègues de boulot m'ont proposé de venir avec eux. Donc, j'allais courir presque tous les nuits. Et voilà, c'est venu comme ça. Ça m'a pris de la passion. Je me suis découvert vraiment quelque chose qui me plaisait et pour lequel j'étais peut-être un peu plus douée que les autres sports. Et donc, voilà, c'est venu comme ça. Et puis, j'ai rallongé les distances petit à petit jusqu'à faire du trail et de l'ultra-trail.
- Speaker #0
C'est impressionnant de se dire que ça commence comme ça aussi. jusqu'à arriver à ces distances qui sont quand même énormes. Je le disais en introduction, tu as un palmarès qui est vraiment impressionnant. Qu'est-ce qui t'a motivée à te lancer comme ça dans la compétition ? Donc tu as commencé à courir et ensuite, est-ce que tu as rapidement eu envie de faire des courses ?
- Speaker #1
Au début, c'était plutôt pour m'amuser, partager des moments justement avec les collègues de boulot qui faisaient certaines courses. Mais ça m'a tout de suite plu, surtout quand je me suis aperçue que je pouvais être plutôt dans les premières places. J'adore m'entraîner, c'est vraiment l'entraînement avant tout. J'adore courir, enfin pas forcément m'entraîner, mais même sortir, courir, etc. Mais c'est vrai que la compétition permet aussi de se surpasser et de vivre la prochaine.
- Speaker #0
Et est-ce que tu considères qu'il y a un moment un peu qui est un tournant dans ta carrière sportive ? Parce qu'il y a quand même une énorme différence entre, tu disais, tu courais avec tes collègues, etc. Entre ça et maintenant, tu es traileuse élite, c'est ton métier. Est-ce que c'est arrivé vraiment à un certain moment ?
- Speaker #1
Je pense que vraiment là où j'ai pu voir qu'il y avait quelque chose, c'est quand j'ai gagné les championnats de France en 2018. Je courais avec rien, pas de front de sort, quoi que ce soit. Je n'étais pas du tout favorite, on ne s'attendait pas du tout à moi. J'étais partie tranquille et puis j'ai remonté petit à petit jusqu'à la première place. Je pense que ça a été vraiment le tournant par rapport à Ukraine.
- Speaker #0
Et justement, il y a quelques années, tu as décidé de quitter ton ancien travail et de vivre dans ce van aménagé dont tu nous parlais. Qu'est-ce qui t'a poussé à faire ce choix de vie ?
- Speaker #1
En fait, j'aimais beaucoup ce que je faisais il y a longtemps. Donc, j'étais ingénieure en matériaux. C'était quand même un boulot passionnant. Enfin, passionnant, peut-être pas, mais intéressant où on voyait des tas de choses différentes. Mais arrivé à un moment, je n'étais plus du tout passionnée par ça. D'ailleurs, un ordinateur toute la journée, ce que je faisais, ça n'avait plus de sens pour moi-même et ça ne rentrait plus du tout dans mes valeurs. Et comme on n'a qu'une seule vie et que je suis assez impulsive, j'ai décidé de... de me consacrer entièrement à ma passion en étant à la fois athlète et en me formant pour être entraîneur. Donc très rapidement, j'ai tout basculé. Donc j'ai déposé ma démission et je me suis formée pour être entraîneur. Et par ailleurs, je rêvais depuis longtemps d'aller vivre dans un van. Et quand je fonctionne sur des coups de tête, je me suis dit aussi que c'était l'occasion de le faire. C'était le moment. Donc j'ai donc revendu mon appartement et j'ai trouvé... Poppy, c'est mon van, c'est le nom de mon petit van.
- Speaker #0
Trop bien ! Et c'était la transition, tu l'as vécu comment ? C'était facile du coup, déjà peut-être d'aménager le van pour que ce soit confortable, et ensuite de vivre comme ça dans le van ?
- Speaker #1
Le van était déjà aménagé, ça a été acheté tout neuf, parce que je ne suis pas du tout une bricoleuse, donc voilà. Bon après j'ai fait quelques petits trucs pour l'aménager quand même. Et ce qui a été plus dur, enfin pas forcément plus dur, donc au contraire un soulagement c'est de passer de tout ce que je possédais, donc des trucs qui ne servent à rien, de ne plus pouvoir mettre dans le van, donc il fallait que je garde vraiment que l'essentiel. Que l'essentiel et là il y a celui que je donne, que je revende, enfin surtout beaucoup donné ou que je jette si ça n'avait plus d'utilité ou que c'était trop vieux. Mais voilà, c'est un mythe, l'effort le plus dur qui a été fait. Mais après, une fois fait, j'étais soulagée et je me suis rendue compte que finalement, tout le reste, j'en avais pas besoin. Et même ce que j'ai aujourd'hui, il y a beaucoup de choses, je ne me sers pas forcément de tout.
- Speaker #0
C'est excellent. Tu as vraiment appris le minimalisme.
- Speaker #1
C'est ça.
- Speaker #0
Et ça ressemble à quoi, du coup, ton quotidien aujourd'hui ? Parce que tu vis dans ce van, mais évidemment, tu t'entraînes, j'imagine, beaucoup. Donc, comment est-ce que... Je ne sais pas, est-ce que tu as une journée type un peu à nous donner ?
- Speaker #1
Je ne sais pas forcément. Oui, en fait, j'ai deux côtés. Je suis à la fois athlète, je m'entraîne, et de l'autre côté, je suis entraîneur. Donc, je m'entraîne souvent le matin ou des fois, même, je vais en faire des sorties le soir. Et après, en fait, ma récupération physique passe par mon boulot d'entraîneur. Ça tombe bien. Je reste dans ma passion, mais tout en voyant un autre aspect, ça me régale aussi d'entraîner les gens, donc de faire des programmes. Et ça permet aussi de me reposer physiquement, pas mentalement, mais physiquement. Voilà, donc il n'y a pas de journée type. Je vais à différents endroits. Je fais à la fois du trail, je peux faire du vélo, je peux aller nager. Ça dépend de ce que je prépare, ça dépend de l'endroit où je suis. Ça varie beaucoup au final.
- Speaker #0
Est-ce que tu bouges beaucoup avec ton van pour aller justement explorer un peu différentes régions ?
- Speaker #1
Je bouge pas mal. J'ai mes points de vie où il y a mon club, où il y a ma famille, souvent où il y a mes amis quand même. pour pouvoir les voir. Après, ça m'arrive de bouger pour aller à un endroit qui me plaît ou quelqu'un qui m'a sollicité quelque part, ou bien pour aller sur une compétition, ou bien pour aller faire une préparation spécifique, ou à la montagne, ou à l'esquillée. Je bouge aussi. Mais disons que j'ai un peu de tout. J'ai une base de vie, selon le vent ou pas.
- Speaker #0
C'est sympa de pouvoir faire ça. Tu peux vraiment décider. Même si la météo est toute pourrie quelque part. c'est ça j'ai vraiment cette liberté aujourd'hui de pouvoir faire ça et pour structurer tes entraînements tu disais tu t'entraînes déjà plutôt le matin et ensuite tu récupères en travaillant mais est-ce que t'es plutôt vraiment très organisée ou justement quand tu prépares une course justement tu te fais toi-même peut-être ton plan d'entraînement ou si t'as quelqu'un d'extérieur qui le fait et tu suis vraiment de manière précise ou est-ce que tu vas être peut-être un peu plus spontanée ou t'adaptes un peu au quotidien comment est-ce que tu gères en fait cet aspect là ?
- Speaker #1
un peu les deux disons que Le fil conducteur, je m'entraîne toute seule aujourd'hui. Avant, j'avais un entraîneur, mais depuis que je suis coach, je m'entraîne toute seule. J'ai un fil conducteur et c'est assez organisé. Mais en même temps, je vais quand même faire un fil selon les opportunités, selon où je suis, selon la météo, selon ma fatigue ou pas. Je vais faire des entraînements plus ou moins intenses. Je suis un fil conducteur, mais je vais quand même adapter l'entraînement au jour le jour.
- Speaker #0
C'est l'avantage aussi d'avoir fait la formation de coach, c'est que du coup, tu peux appliquer quand même ce que tu as appris à toi-même. Ça permet d'être très autonome.
- Speaker #1
Autonome à la fois, c'est un casse-tête parce que quand on a un entraîneur, on ne réfléchit pas. On fait tel que c'est écrit. Là, je me dis qu'il faut que je réfléchisse à l'entraînement, faire des choses qui ne me plaisent pas forcément. Les choses pour lesquelles j'ai des points faibles et pas forcément aller courir tout le temps à la montagne à la nature à m'éclater. C'est super, mais en même temps, ce n'est pas évident tous les jours.
- Speaker #0
Oui, j'imagine. Est-ce que tu fais aussi des entraînements type fractionnés, ce genre de choses ?
- Speaker #1
Oui, bien sûr. Je les fais faire à mes athlètes. Alors, il faut que le coach montre les ventes. Non, c'est hyper important. Je varie beaucoup. Je fais du fractionné, je fais du side. Je fais des entraînements plaisir, des entraînements plus difficiles. En fait, ce que je donne aux autres, j'essaie de l'appliquer à moi-même aussi.
- Speaker #0
C'est logique, effectivement. Est-ce que tu es accompagnée maintenant par des sponsors ? Est-ce qu'ils ont un rôle aussi à jouer dans ton quotidien ?
- Speaker #1
Oui tout à fait, j'ai plusieurs sponsors dont le principal est Simal, pour lequel on a une équipe de co-aélites. Il joue plusieurs rôles déjà au niveau matériel, que ce soit Simal pour d'autres sponsors, il m'apporte tout le matériel nécessaire, le matériel que j'aime parce que j'ai choisi aussi mes sponsors selon ce qui me plaisait. C'est au niveau de la nutrition, c'est au niveau de l'équipement, du sac, tout ça. Et aussi, faire partie de l'équipe CYMAS, c'est comme une petite famille. On se sent moins seul. Ils ne m'accompagnent pas que matériellement, ils sont aussi là. Ils nous épaulent, ils nous soutiennent, ils nous mettent en avant et ils sont bien brillants. Donc, c'est faire partie d'une équipe. Ce n'est pas qu'on se soutient matériellement ou financièrement.
- Speaker #0
Et est-ce qu'ils ont un rôle aussi, par exemple, dans les courses que tu choisis ? Ou est-ce que là, tu choisis vraiment les courses que tu vas faire dans l'année et eux, donc, ils viennent en soutien ? Ou est-ce qu'il y a un échange là-dessus ? Je ne sais pas du tout comment ça marche.
- Speaker #1
Je pense qu'avoir un sponsor qui privilégie le plaisir et la passion au reste. Donc, ils nous laissent choisir toutes les courses qu'on fait. Non, non, on est totalement libre. C'est du moment qu'on fasse quelque chose, des courses, qu'on ait un petit peu de visibilité pendant le temps quand même pour que ça leur apporte quelque chose. Mais non, non, on n'a pas de contraintes forcément.
- Speaker #0
Ah ouais, intéressant. En parlant de courses, justement, on va parler du Marathon des Sables. Donc, tu reviens tout fraîchement. Déjà, peut-être, comme on est un podcast où il y a des sportifs qui ne font pas forcément que du trade, est-ce que tu peux nous présenter cette course pour celles qui ne connaîtraient pas le concept ?
- Speaker #1
Alors le marathon des sables est une course de 250 km environ en plein coeur du Sahara, donc au Maroc, qui comporte 6 étapes qui peuvent aller de 30, les étapes où il y a des sables de 30, de 40, et il y a une longue étape de 80 à 85 km selon les années. Voilà, le parcours change chaque année, un peu de chaleur à la jeune, mais le parcours change chaque année. Et voilà, il faut savoir que c'est en autonomie complète, donc en fait... tout ce qu'on mange, tout notre matériel sur le dos. Tout ce qui est fourni c'est seulement l'eau. Donc l'eau, on a 5 litres pour quand on a fini la course et on a l'eau sur chaque ravitaillement, après tous les 10 ou 15 km. Et ils nous montent aussi des tentes vervaires tous les soirs pour qu'on puisse dormir. Mais tout le reste c'est à notre charge et on le porte sur le dos.
- Speaker #0
Ça doit être tellement énorme d'avoir tout ça sur le dos. C'est vraiment impressionnant entre les distances et le poids. Et justement, cette course, tu l'avais déjà remportée en 2023. Et là, tu viens à nouveau de la remporter. Et cette fois, en plus, tu termines quatrième au scratch. Tu gagnes toutes les étapes. J'ai suivi la course, j'étais bluffée chaque nouvelle journée. Ok, alors, quand on gagne ? Pas la dernière,
- Speaker #1
le 21. Pas la dernière,
- Speaker #0
ok.
- Speaker #1
Alors,
- Speaker #0
presque toutes les étapes. Tu termines quatrième au scratch. Et du coup, tu es quand même la première femme à intégrer le... top 10 du MDS Legendary, ce qui est quand même assez impressionnant comme performance. Qu'est-ce qui t'a poussé à retourner sur ce marathon des sables que tu avais déjà gagné ?
- Speaker #1
En 2003, j'ai vraiment vécu une belle aventure, une belle rencontre, une belle course. Et vraiment, le désir me manquait. Et d'ailleurs, je me manque encore. Et je voulais revivre tout cela, mais peut-être avec moins de souffrance, parce que j'avais vraiment beaucoup souffert en 2003, mais en même temps, on avait eu 45 à 50 degrés. C'était une édition vraiment très très chaude. Et je voulais revivre cette course, mais essayer de mieux me préparer et mieux gérer. J'étais partie vraiment pour souffrir cette année aussi, à cause de la chaleur ou à cause des ampoules, etc. Et finalement, je m'étais tellement préparée que ça soit dur que j'ai trouvé ça, tout s'est bien déroulé, je n'ai eu aucun moment de difficulté, enfin difficile cette année. Tout s'est bien passé. Je ne sais pas pourquoi, c'était comme ça. On s'était réunis pour que je fasse une belle édition.
- Speaker #0
C'est génial. Et comment est-ce que tu avais fait pour te préparer à ça ? Parce que du coup, il y a plein de paramètres. Déjà, il y a tout ce sable, j'imagine, c'est quand même pas évident. Le poids du sac, la chaleur, tu disais. C'est quand même un truc vraiment particulier.
- Speaker #1
De façon particulière, je suis allée en Camargue. Je faisais un auto-stage. Dix ans de deux jours en Camargue. parce que ce n'est pas très loin du sud de la France, donc ça me permettait de ne pas faire trop de kilomètres. Et parce qu'il y a des longues plages de sable, et notamment une plage qui s'appelle Les Spiguetes, qui ressemble un tout petit peu au Sahara, avec quelques petites dunes, quelques petits trucs sur lesquels on peut aller s'entraîner. Donc, je suis allée là-bas. Elle fait 10 km de long, donc ça me permet de ne pas faire des allers-retours. Et j'ai beaucoup beaucoup borné sur cette plage, pas que sur la plage, mais j'ai beaucoup borné. et j'ai testé le matériel, le sac, les chaussures, les guêtres, tout ça, tout ça. Donc, j'ai essayé de tout optimiser et de faire mieux. Il manquait la chaleur parce que quand je suis à l'heure mars, il ne faisait pas chaud du tout. Donc, je n'ai pas du tout été acclimatée. Mais comme on n'a finalement pas eu des températures extrêmes cette année, ce n'est pas bien passé. Et comme j'avais fait aussi en février, j'ai fait la trompe canarien au Canary. Et il a fait plutôt chaud, donc ça tombe bien. Bon, la course, ce n'est pas une course dans le désert, mais ça a permis de me préparer un petit peu à cette chaleur-là, même si c'était en février et qu'au final… On se désacclimate très vite.
- Speaker #0
C'est combien de temps, en fait ? Au bout de combien de temps, on perd cette acclimatation, à peu près ?
- Speaker #1
Je ne sais pas trop, mais l'idéal, c'est de le faire juste avant, trois semaines avant, un mois avant. Mais bon, ça permet déjà d'avoir...
- Speaker #0
Ce n'est pas évident à organiser.
- Speaker #1
C'est sûr.
- Speaker #0
Est-ce que tu peux nous raconter alors ta course ? Tu disais, tu l'as super bien vécue et c'était du plaisir.
- Speaker #1
Écoute, comme je disais, tout s'est déroulé comme dans un as. J'ai du mal à réaliser encore aujourd'hui et je ne comprends pas pourquoi tout s'est déroulé comme ça. En fait, j'étais partie à ma vitesse, je n'ai pas cherché à être tout le temps devant. Et au final, je suis toujours partie derrière Aziza, qui est une deuxième aujourd'hui. Toujours derrière elle, elle est partie à bloc et puis à la fin, je la rattrape. Et puis, petit à petit, je l'ai toujours rattrapée. Bon, sauf la dernière étape où finalement, je l'ai laissée voir. Je pense que sur 21 km, je n'aurais pas été capable de la rattraper. De toute façon, j'avais... aucune envie forcément de la grappiller, j'avais beaucoup d'avance donc ça s'avère, elle me met dans le rouge. Mais oui oui, je suis partie à ma vitesse et puis à chaque fois petit à petit j'ai grappillé, grappillé, grappillé des places. Et j'arrivais le soir et j'étais première. Enfin le soir non, la seule étape, ça dépend desquelles, c'est pas forcément le soir. Et première et souvent il n'y avait pas de sauce crash mais j'ai jamais eu de moment où j'ai beaucoup forcé, où j'étais en dur. Tout s'est bien déroulé, je sais pas. C'était comme ça et chaque jour, en fait je ne pensais pas à la suite, je faisais une étape, je faisais une autre étape. Et sur le 80, ça s'est encore mieux déroulé que prévu. Donc j'ai fini 3ème au scratch sur l'étape. D'ailleurs les deux marocains. Et voilà, puis après une fois que j'avais une heure 40 d'avance, la dernière étape, je ne suis pas plus forcée que ça. J'ai essayé plutôt de profiter et de finir surtout parce que... C'est bien beau d'être première sur le coup, mais tout peut arriver sur un ultra et il y aura de la défaillance pendant un coup de chaleur, on peut se faire piquer pendant ce corps-là la nuit, je ne sais pas. Donc il ne faut jamais éviter trop vite. Donc j'ai quand même été assez patiente et assez prudente sur chaque étape pour garder cet avantage-là.
- Speaker #0
C'est impressionnant d'arriver à gérer aussi bien sur aussi long, avec autant d'étapes, etc. Ça doit être chouette quand tu le vis comme ça, si ça t'a semblé. Enfin, facile, en fait, quelque part, c'est incroyable.
- Speaker #1
Facile, c'est pas beau, parce que ça reste quand même des étapes longues, des heures de course. Je ne veux pas dire que c'est facile, mais je m'attendais tellement que ça soit plus dur que je l'ai bien vécu. Je n'ai pas eu de gros coups durs.
- Speaker #0
Et j'avais une question, du coup, sur est-ce que tu as eu un moment difficile ? Mais du coup, peut-être pas, je ne sais pas.
- Speaker #1
Non, pas qu'il ne m'ait marquée forcément. Après, oui, il y a des étapes où je m'ennuyais. un petit peu parce que quand tu te retrouves devant, c'est tout plat et que tu vois le bivouac, il te reste 5 km et qu'il arrive pas, il arrive pas et t'es tout seul, tu t'ennuies un petit peu et c'est un peu dur mentalement. Mais après, ça passe tellement vite que voilà, c'est pas vraiment de la difficulté.
- Speaker #0
Et à l'inverse, est-ce que t'as un moment particulièrement fort que t'as apprécié pour une raison ou une autre que tu retiens ?
- Speaker #1
Pour la course elle-même, c'est vraiment les montées de dunes, c'est exceptionnel. On monte dans des dunes bien verrettes. C'est bien de monter, mais ça ne dure pas très longtemps. Et avec mon aspect de préloïse, moi, j'aime beaucoup ça. Et on ne sait pas quoi s'attendre là-haut, en fait. Donc, tu montes, tu montes, tu montes. Et puis, d'un coup, tu es là-haut et waouh, c'est trop beau. Et tu as du sable pour redescendre. Et là, tu te lances dans le sable pour redescendre. Tu as presque envie de faire des roulés-boulés pour redescendre. Mais non, tu cours. Et là, c'est vraiment un rond d'extase pour moi. Ça a été magique. Vraiment beau. Il y a ça qui m'a marquée. Il y a aussi le fait d'obivouac toutes les belles rambles. que j'ai pu faire. C'est vraiment... C'est 10 jours, mais c'est 10 jours où tu fais des amis, mais vraiment. Et tu fais vraiment une belle rencontre et comme si tu les connaissais depuis longtemps. En fait, t'as que ça à faire de parler avec les gens, d'apprendre à les connaître, d'échanger des petits moments de course et les personnes sont ouvertes et sont bienveillantes. Donc ouais, c'est vraiment ça aussi qui m'a marquée.
- Speaker #0
toute une aventure humaine qui va avec. C'est pas juste une course, c'est incroyable. On va parler peut-être d'autres courses. Je voulais te demander si... Évidemment, tu as un palmarès, je disais, qui est impressionnant. Tu as participé à pas mal de courses avec des sacrés résultats. Est-ce qu'il y a une course qui t'a le plus marquée et pourquoi ?
- Speaker #1
Le marathon des Sables 2023 m'avait beaucoup marquée parce que j'ai souffert et que c'était beaucoup d'émotion d'arriver au bout. Mais celle qui m'a le plus marquée aujourd'hui, c'est la Diagonale des Fous que j'ai faite en 2024. Pourquoi ? Parce que c'est la course la plus dure que j'ai faite, la plus longue au 3h. Et aussi la plus belle au niveau des paysages, mais surtout au niveau de l'ambiance. C'est vraiment un festival là-bas, la Diagonale des Fous, des gens qui ne courent même pas, qui vont prendre des congés juste pour venir voir les coureurs. Je pense que c'est celle-là, oui.
- Speaker #0
J'avais reçu dans le podcast aussi Manon Boire qui parlait comme toi de l'ambiance vraiment avec des étoiles dans les yeux. C'est vrai que ça donne très envie d'aller découvrir. Alors pas pour moi en tant que coureuse, mais d'aller voir les autres courir. En tout cas, l'ambiance a l'air dingue.
- Speaker #1
Exactement, oui.
- Speaker #0
Est-ce que tu as des modèles ou des figures féminines qui t'inspirent dans le sport ou dans la vie en général ?
- Speaker #1
Pas forcément. Je n'ai pas de femmes que j'admire en particulier en tout cas. Mais il y en a quand même beaucoup, enfin, je n'ai pas de modèle, mais il y a de nombreuses autres faces que j'admire. Rien de la personne, enfin personne à citer en particulier. En fait, j'aime bien les personnes hors normes et qui mettent tout en place pour réaliser leurs rêves malgré la difficulté qu'il faut y avoir. C'est des personnes qui m'inspirent et voilà, mais pas forcément pour lesquelles je vais faire pareil ou quoi, mais qui me donnent la force aussi de pouvoir réaliser mes rêves et de me battre pour le faire.
- Speaker #0
Du coup, tu es vraiment l'une des loisirs d'une bonne illustration de par tes choix de vie. Est-ce que tu aurais un conseil à donner à une femme qui aurait envie de se lancer dans le trail longue distance, sur le marathon des sables ou autre ?
- Speaker #1
Justement, je pense qu'il ne faut pas hésiter à réaliser ses rêves. Il faut se lancer et se donner aussi les moyens de le faire. Il ne faut pas croire que la mienne, c'est super facile et que tout le monde peut le faire. Si tout le monde peut le faire avec une préparation. mais c'est pas en se lançant comme ça ça risque d'être très difficile on peut le faire mais très mal le vivre aussi donc il ne faut pas hésiter et puis une fois qu'on a décidé de le faire peut-être se faire aider par un coach ou même tout seul mais en fait il y a beaucoup beaucoup de personnes qui sont prêtes à t'aider je pense parce que c'est une course qui est là depuis 39 ans donc les gens ont l'expérience après il y a différentes façons de la faire tu peux la faire en marchant tu peux la faire en courant, tu peux la faire rapidement, moins rapidement ... Et donc, s'orienter vers les personnes qui ont le même objectif que toi pour t'aider. Et à faire ça quand même. Mais c'est faisable et il faut le faire si tu en as envie.
- Speaker #0
Un bon message. Et de ton côté, quels sont tes prochains défis et courses à venir pour cette année ?
- Speaker #1
Alors, cette année, je fais des choses complètement différentes. Je vais aller au Québec Megatrail en juillet. Donc, un ultratrail de 135 km et 6 000 mètres de dénivelé. Donc pourquoi ? Parce que j'adore le Canada, enfin le Québec. J'étais déjà allée faire la Canada Trail et j'ai envie d'y retourner. Voilà, parce que les personnes sont vraiment très accueillantes et vraiment une très belle ambiance familiale, pas forcément compétitive. Et j'adore le Québec. Et après, comme j'ai adoré cette course-là, je retourne faire la Diagonale des Fous en espérant faire un petit peu mieux, en essayant de mieux m'y préparer. et justement de un petit peu moins souffrir aussi. Donc, on verra.
- Speaker #0
Génial. De sacrés beaux objectifs. On suivra ça. Où est-ce qu'on peut te suivre, justement ? Déjà, te suivre en tant qu'athlète. Et aussi, peut-être, tu peux nous donner l'endroit où on peut te trouver en tant qu'entraîneur. Parce qu'il y a peut-être des auditrices qui sont intéressées.
- Speaker #1
Alors, en tant qu'athlète, je suis sur Facebook et Instagram. Voilà les deux réseaux. Les réseaux des très jeunes, là, aujourd'hui, je ne sais pas ce que c'est. je mettrai les liens Facebook et Instagram c'est ça et sinon au niveau coaching je suis partie d'un réseau qui s'appelle Experts Sport Coaching donc voilà ça se trouve sur internet il y a plusieurs entraîneurs ce sont que les coachs professionnels qui ont fait une formation et des coachs vont bien enfin je pense et parce que aujourd'hui on peut trouver de tout c'est tout c'est tout Et donc voilà, s'il y a besoin, n'hésitez pas à venir sur ce réseau-là.
- Speaker #0
Je mettrai aussi le lien dans la description de l'épisode, je suis sûre que ça pourrait intéresser certaines auditrices. Merci beaucoup Marilyn d'avoir pris le temps de faire cet échange très rapidement après ton retour du Maroc, et félicitations encore pour cette magnifique victoire. Et puis on va suivre avec grand plaisir tes prochains défis et courses.
- Speaker #1
Merci beaucoup, ce fut un plaisir d'échanger avec toi. Une belle soirée.
- Speaker #0
Merci d'avoir écouté cet épisode. Si cela vous a plu, n'hésitez pas à vous abonner au podcast et à mettre une bonne note sur les plateformes. Cela nous aide. À bientôt.