- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue dans Super Docteur. Aujourd'hui, nous allons explorer un sujet crucial en médecine générale, la fertilité. En effet, de nombreux couples viennent consulter avec un désir de parentalité, mais se heurtent souvent à des difficultés pour concevoir. Comment pouvons-nous les accompagner efficacement ? Quelles recommandations pratiques leur donner pour optimiser naturellement leurs plans d'avoir un enfant ? Pour répondre à ces questions, j'ai le plaisir d'accueillir le docteur Zina Gombert, médecin généraliste, exerçant notamment avec une approche fonctionnelle de la médecine. Nous avons déjà eu l'occasion de discuter ensemble de cette approche dans un épisode précédent. Cette fois-ci, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre Stimulez naturellement votre fertilité nous allons plonger dans les causes profondes des troubles de la fertilité. Ensemble, nous allons explorer les clés concrètes pour soutenir nos patients, qu'il s'agisse de nutrition, de gestion des toxines ou encore de l'état d'esprit. Préparez-vous donc à découvrir des conseils pratiques que vous pourrez appliquer dès demain dans vos consultations pour vos patientes ou vos patients. Bonjour Zina !
- Speaker #1
Bonjour Mathieu, merci pour l'invitation.
- Speaker #0
Je suis très heureux de te retrouver parce qu'on avait déjà fait un épisode ensemble, on avait appris à se connaître, j'avais appris plein de trucs sur la médecine fonctionnelle. Donc je suis très heureux de te recevoir à nouveau.
- Speaker #1
C'est un grand plaisir pour moi aussi.
- Speaker #0
Félicitations pour le très beau livre que tu m'as envoyé. Tu expliques dedans qu'il est de plus en plus difficile pour certains couples de concevoir Est-ce que tu peux me dire, selon toi, les principales causes de cette augmentation des troubles de la fertilité aujourd'hui ?
- Speaker #1
Oui, donc on est bien d'accord, tu parles des causes de l'augmentation. Eh bien, aujourd'hui, on a beaucoup de suspicions. On n'a pour le moment rien qui est vraiment prouvé. Mais les choses qui reviennent, les deux choses principales qui reviennent, c'est l'âge des parents et l'impact des toxines environnementales. Ce sont les deux choses qui reviennent dans les textes officiels. J'aimerais bien préciser que c'est l'âge des parents. et pas uniquement l'âge de la mère, parce que l'âge du père joue également un rôle. Et les toxines homéromentales, c'est quelque chose qui est encore plus compliqué à mesurer dans notre quotidien et quel est l'impact sur nous. Mais ça, ce sont les choses qui reviennent principalement. Personnellement, j'ajouterais quand même à ça notre mode de vie, qui aujourd'hui peut aussi être en lui seul un perturbateur endocrinien. Et ça, c'est quelque chose qui...... Pour moi, l'accès le plus facile à modifier et à conseiller aussi à nos patients, parce que c'est là-dessus où on peut jouer assez facilement et assez rapidement avec des effets souvent qui ne vont pas uniquement impacter la fertilité, mais aussi le reste de la santé des patients.
- Speaker #0
Très bien. Donc, on va parler tous les deux dans cet épisode du mode de vie et des toxines qui jouent sur la fertilité. Et tu mentionnes bien dans ton livre que l'âge des parents est primordial. Est-ce que c'est une relation linéaire ? Plus on prend de l'âge, plus c'est... difficile de concevoir ? Ou alors, est-ce qu'il y a des âges clés, où on a des marges d'escalier ?
- Speaker #1
Eh bien, ce qui est intéressant, j'avais, quand je faisais les recherches, je trouvais que pour la femme, l'âge le plus propice, là où on a le plus de chances de tomber enceinte facilement, et le moins de risques liés à la fertilité, à la grossesse et l'accouchement, eh bien, cet âge-là, c'est plutôt la fin de vingtaine, début trentaine. Et curieusement, en France, c'est aussi l'âge moyen la plupart des femmes vont tomber enceinte pour la première fois, je veux dire. Donc, c'est intéressant que alors que ça devrait être finalement pas vraiment un problème, là, je vais poser problème, à mon avis, parce que d'un côté, on a une perte tout simplement de vocite chez la femme, qui est exponentielle, donc c'est pas chaque année, on perd un nombre clé, c'est vraiment une perte exponentielle. Mais chez l'homme, on a Pas cette perte d'espérmatozoïdes, donc il doit y avoir d'autres facteurs qui doivent jouer. Et c'est là où je trouve que l'âge, je pense, joue davantage un rôle, parce qu'avec l'âge, on a tendance à accumuler du stress oxydatif dans le corps, on a tendance à accumuler des différentes problématiques, des équilibres et des états inflammatoires. Et c'est pour ça, finalement, que l'âge aussi va poser problème, et non pas uniquement parce qu'on a un chiffre qui a dépassé 31 ou 35 ou 40.
- Speaker #0
Donc tu es médecin généraliste, tu exerces ton métier avec une approche fonctionnelle de la médecine. Et donc dans ce livre, tu proposes une approche fonctionnelle de la fertilité. Concrètement, qu'est-ce que ça signifie et en quoi cette approche diffère des approches plus traditionnelles concernant ce sujet précis de la fertilité ?
- Speaker #1
Eh bien, je ne dirais pas que ça diffère, je dirais que ça enrichit ou complète. Parce que finalement, je pense qu'un médecin peut... Tu vas me dire, mais un médecin qui lit le livre, il ne va pas trouver des notions qui sont complètement nouvelles pour nous. Peut-être que toi, tu t'es rappelé de certains cours que tu avais suivis en physiologie ou en biochimie. Donc pour moi, ce n'est pas vraiment une approche qui est différente. C'est juste qu'on revient un petit peu plus sur les bases, sur le fonctionnement cellulaire, et on se pose plus la question comment on peut optimiser ce fonctionnement. versus avoir une maladie et traiter uniquement la maladie. Donc pour moi, c'est quelque chose qui va compléter. C'est pour ça que le livre, je préférais l'appeler Stimuler la fertilité et non pas Traiter une infertilité parce que ce sont deux choses différentes. Pour moi, l'idée ici, c'est de réfléchir quelles sont les choses qui impactent notre fertilité et parmi ces choses-là, quelles sont les choses qu'on peut influencer. Et finalement, en approche fonctionnelle, c'est comme ça qu'on aborde tout. Si un patient nous consulte avec un souci digestif qui n'a pas, on va dire, quelque chose comme syndrome d'intestin irritable, donc il n'y a pas de maladie de Crohn ou autre maladie qui a besoin d'un traitement spécifique, mais même si c'est une maladie de Crohn, on va aussi réfléchir quels sont les facteurs qui sont importants pour une digestion équilibrée et comment on peut influencer ces facteurs. Donc la même chose pour la fertilité. L'idée, c'est finalement d'optimiser, de soutenir un fonctionnement physiologique et optimale de notre corps. Et c'est là où on revient sur l'impact de notre mode de vie et l'impact des toxines environnementales. C'est que ce fonctionnement est de plus en plus souvent perturbé chez nos patients et chez nous-mêmes.
- Speaker #0
Très bien, et donc on retrouve la philosophie de la médecine fonctionnelle avec un essai de retrouver l'homéostasie normale du corps, d'enlever les toxines, d'augmenter la qualité de notre alimentation, de travailler sur le mode de vie, sur les relations corps-esprit pour essayer d'avoir... Un corps le plus en forme possible pour un désir d'enfant. Effectivement, dans ton livre, on devine la philosophie de la médecine fonctionnelle, mais on voit tout un tas de conseils de bon sens, avec des appuis notamment biochimiques, etc., dont on va parler. Du coup, dans ton livre, tu abordes les facteurs qui influencent la fertilité. Est-ce que tu peux nous expliquer brièvement quels sont les plus importants, tant chez l'homme que chez la femme ?
- Speaker #1
Oui. Alors, juste pour préciser, on reprend... réfléchir bien sur les facteurs qui vont influencer la fertilité et non pas forcément des maladies ou des problèmes qui l'impactent. Ça, bien sûr, ça existe, mais là, l'idée, c'est de parler en plus. Donc, on a déjà mentionné l'âge et ce que j'explique dans le livre, c'est que je lis l'âge au fonctionnement de nos mitochondries, donc à l'état de nos mitochondries, à l'état du stress oxydatif de notre corps, pour la simple raison que nos testicules et nos ovaires sont Parmi les organes les plus riches en mitochondries, c'est normal, on doit assurer la génétique. Et toutes les choses finalement qui impactent le bon fonctionnement des mitochondries, c'est-à-dire l'apport suffisant en certains nutriments. Effectivement, tout ce qui est toxicité, ça va empêcher les mitochondries. Tout ce qui est perturbation du taux de sucre dans le sang, par exemple, ça va empêcher des mitochondries. Tout ce qui nous crée un stress oxydatif dans le corps, que ce soit du stress mental, stress chimique, stress physique. va impacter nos mitochondries. À cela, il s'ajoute aujourd'hui le fait qu'on a de plus en plus de petits, moyens et grands déséquilibres hormonaux. Et je dis bien de petits, de moyens, parce que parfois, ce n'est pas forcément directement une maladie, comme le syndrome de Verpolykistik ou une hypothyroïdie, mais parfois, c'est tout simplement un équilibre sous-optimal. Ce que je trouve, par exemple, très intéressant pour nous, les médecins, c'est que, Pour la fertilité, n'importe quel gynécologue, endocrinologue qui s'occupe de ça, quand ils testent la thyroïde, ils vont dire, on va viser un équilibre optimal de la thyroïde. On va viser une TSH qui va être inférieure à 2. Et on ne va pas hésiter à supplémenter avec les hormones thyroïdiennes si cet équilibre n'est pas optimal. Et moi, à chaque fois, je me dis, mais qu'est-ce que c'est bizarre comme philosophie ? Pourquoi on dit, pour la fertilité, on va... viser quelque chose d'optimal, mais pour tout le reste des problèmes, peu importe. TSH à 4, vous êtes déprimé, prenez des antidépresseurs. TSH à 3,8 et vous n'arrivez pas à perdre du poids, mangez encore moins, bougez plus. C'est là où je trouve qu'il y a parfois des incongruences entre nos recommandations officielles et la réalité du terrain. Finalement, c'est ce qu'on essaie de faire ici, on essaie d'optimiser. Donc, les... L'équilibre hormonal, et là je précise que c'est l'équilibre de toutes les hormones, pas uniquement les hormones sexuelles, le cycle féminin ou le taux de testostérone chez l'homme. L'équilibre hormonal va être toujours primordial parce que toutes les hormones jouent sur la fertilité. Et on voit aujourd'hui qu'il y a chez les hommes une baisse de testostérone, on a une diminution de la qualité de sperme qui augmente de manière exponentielle d'une année à l'autre. Et chez la femme, on a quand même de plus en plus de... problèmes de cycle. On a une femme sur dix atteinte d'endométriose symptomatique. On a une femme sur dix avec un SOPK symptomatique. Ça fait beaucoup de femmes quand même. Sans parler de celles qui vont avoir un problème de cycle. un syndrome prémenstruel, des troubles ovulatoires ou un cycle irrégulier sans qu'il y ait forcément une endométriose et un SOPK. Et donc, ça, pour moi, c'est aussi une très, très grande cause, un facteur à explorer chez nos patients. Et puis, pour finir, j'ajouterais les fameux perturbateurs endocriniens. C'est quelque chose qui est étudié, étudié. Je ne sais pas si tu as regardé, mais j'ai mis vraiment beaucoup de références bibliographiques pour ceux qui peuvent être intéressés par cela. Un aspect duquel j'ai parlé, peut-être que je suis biaisée parce que j'étais hypnothérapeute avant de me plonger dans les approches fonctionnelles, c'est l'aspect de notre mental. Aujourd'hui, on a un mode de vie qui nous rend très stressés, très tendus quand même. La plupart du temps, on a souvent un isolement qui peut avoir lieu de notre famille, des amis. On est de plus en plus devant les écrans et non pas vraiment avec le support. et le soutien. On a un impact mental, je pense, qui peut être aussi négatif par l'accès à des différentes informations qui peuvent parfois être angoissantes, qui peuvent parfois, elles sont peut-être pas fausses, mais la question c'est à quel point c'est utile de connaître tous les petits détails de tout ce qui peut ne pas marcher et à quel point ça serait peut-être utile de se concentrer sur ce qui peut marcher. Donc l'aspect mental, je pense que c'est aussi, c'est un peu un un serpent qui se mord la queue, parce que souvent c'est quelque chose qui résulte, qui peut résulter des troubles de fertilité, mais qui par la suite devient un peu un facteur qui maintient en quelque sorte un état de tension, un état de stress.
- Speaker #0
Complètement, c'est un sujet passionnant et il y a de plus en plus d'études physiologiques qui montrent comment un état de stress psychologique, chronique, favorise certaines protéines et certaines voies de signalisation de l'inflammation. C'est-à-dire qu'on commence à comprendre maintenant les voies biochimiques du mental vers le physique, vers la promotion d'une inflammation à bas bruit chronique. Et notamment avec tout un travail dont on va parler avec toi du coup à la fin de cet épisode, sur le fait de la gestion, même si c'est un mauvais mot, de notre mental, de notre stress, pour diminuer notre état inflammatoire. Donc pour favoriser la fertilité, favorisons le fonctionnement de nos mitochondries, équilibrons nos hormones. Évitons les perturbateurs endocriniens et travaillons sur notre mental, on va en parler. Et tu rajoutes dans ton livre une grande partie sur l'alimentation qui semble jouer un rôle central dans cette méthode. Est-ce que tu peux nous conseiller des ajustements alimentaires les plus importants pour aider les couples à stimuler naturellement leur fertilité ?
- Speaker #1
Alors effectivement, on va rétrécir à ce qui est le plus important, car on n'a pas le temps de lire tout le livre. Moi,
- Speaker #0
je l'ai lu.
- Speaker #1
Pendant l'épisode, on a plus le temps de lire toutes les parties. Ce que je veux dire, ce que je vois le plus fréquemment au cabinet, je vais dire les trois choses où je vais avoir le plus souvent une discussion avec mes patients. L'apport correct et suffisant en protéines, ça, c'est quelque chose que je vois vraiment tous les jours, sans exception. Je dirais, alors, c'est mes statistiques à moi, ça peut être différent dans un autre cabinet, mais chez mes patients, c'est... un patient sur 20 maximum qui va avoir un apport protéiné correct. Tout le reste va être en dessous. Et la majorité, ce n'est pas juste qu'ils vont être un petit peu en dessous, il leur faudrait, je ne sais pas, 70 grammes de protéines par jour, ils vont être à 60 ou 65. Non, non, ils ne vont même pas être à la moitié. Donc, aujourd'hui, on a tellement de messages comme quoi il faut réduire la viande rouge, il ne faut pas manger trop de ceci et trop de cela, la plupart des personnes se retrouvent avec un apport protéiné qui est inférieur. aux recommandations officielles.
- Speaker #0
Alors, chez quelqu'un, par exemple, de 65 kilos, tu recommandes quel gramme par kilo de poids de protéines ? Chez quelqu'un qui fait du sport modérément et qui a besoin de son apport quotidien ?
- Speaker #1
Personne, on va dire, lambda, classique, où il n'y a pas effectivement trop de sport fait, c'est un gramme de protéines par jour. Le minimum, le minimum...
- Speaker #0
Un gramme par kilo de poids ?
- Speaker #1
Pardon, un gramme par kilo du poids. Donc, quelqu'un qui pèse 65 kilos... devrait manger environ 65 grammes de protéines. Minimum, le minimum, ça serait 0,8. Mais typiquement, pour la fertilité, on a tendance à dire 1,1,2. Dans le même sens que la thyroïde. Pour la fertilité, on va l'optimiser. Moi, j'ai quand même envie de l'optimiser pour toujours, pour toute la santé. Donc, pour moi, c'est 1 gramme par kilogramme du poids. Et la plupart de mes patients vont se retrouver à la moitié de ça, voire en dessous. Donc, on a souvent des patients qui vont avoir, on va dire, une conscience alimentaire. Peut-être que j'ai aussi un certain filtre. Souvent, quand on vient me consulter, ils ont déjà un petit peu… un prisme sur le fait de chercher une optimisation de leur santé, une prévention. Et donc souvent, ils vont avoir une qualité d'alimentation qui est bonne. Ils vont avoir un apport en fruits, en légumes. Ils mangent principalement des choses qui vont être faites maison. Il y a peu de produits ultra transformés. Donc au niveau de la qualité, souvent je dis que la qualité est très bonne, mais la quantité des nutriments est cruellement moins grande. Et le problème, c'est que quand on manque des protéines, ça va impacter... notre équilibre hormonal, ça va impacter notre cycle chez la femme, le taux de testostérone chez l'homme, ça va impacter le taux d'ovulation, ça va impacter les chances de conception, et ça va impacter les chances d'implantation. Donc ça, c'est vraiment uniquement pour la fertilité. Et en dehors, ça impacte notre système immunitaire, ça impacte notre système digestif, ça impacte notre système nerveux énormément, ça impacte notre métabolisme. Donc, ce que je dis... La façon de laquelle j'explique aux patients, c'est que je leur dis ça, ce sont les matériaux dont on a besoin pour entretenir notre maison. Et la fertilité, c'est comme si on prévoit de faire une extinction. On a besoin de construire une nouvelle pièce. Donc, à ce moment-là, pas seulement on n'a pas envie de manquer les matériaux d'entretien, mais en plus, ça serait bien d'apporter un petit peu plus pour pouvoir construire cette nouvelle pièce où on veut accueillir quelqu'un.
- Speaker #0
Félicitations, vous êtes bien arrivés à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale. Vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !