undefined cover
undefined cover
1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever cover
1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever cover
Super Docteur - médecine générale

1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever

1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever

17min |21/01/2025
Play
undefined cover
undefined cover
1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever cover
1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever cover
Super Docteur - médecine générale

1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever

1/2 SOS soignants en détresse: les clés pour se relever

17min |21/01/2025
Play

Description

Nous plongeons dans un sujet essentiel et souvent tabou : la santé des soignants. Avec le Dr Maxime Challiot, médecin rééducateur engagé, nous explorons les défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé, mais aussi les solutions concrètes pour préserver leur bien-être.


Abonnez-vous à la newsletter pour recevoir le Super Récap': un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteur.substack.com/


🎙 Au programme :

Les chiffres partagés dans cet épisode dressent un constat alarmant. Près de 57 % des soignants rapportent avoir vécu un épisode de burn-out, tandis que 77 % souffrent d’insomnie et 60 à 70 % d’entre eux présentent des troubles musculo-squelettiques. Ces problématiques sont exacerbées par des conflits de valeurs, des dilemmes éthiques et des pressions économiques.


Nous discutons également des signes d’alerte qui doivent pousser les soignants à agir : irritabilité, fatigue persistante, troubles de concentration ou encore incapacité à relâcher la pression. Maxime partage des outils précieux pour identifier ces signaux précoces et intervenir avant que la situation ne devienne critique.


Enfin, cet épisode propose des stratégies concrètes pour réduire le stress et retrouver un équilibre. Parmi elles : des exercices de cohérence cardiaque, le soupir physiologique popularisé par Andrew Huberman, et des pauses ritualisées entre deux consultations.


Le Dr Challiot nous parle également des ressources existantes, notamment des associations comme SPS, qui offre un soutien psychologique 24/7, ou encore Guérir en Mer, dédiée à la décompression des soignants.


🔗 Ressources et liens utiles :


Insta:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans cet épisode... je vous propose d'explorer un sujet essentiel qui touche de nombreux professionnels, la santé des soignants. Être au service des autres peut être en effet une vocation merveilleuse, mais cela comporte aussi son lot de défis et de pressions. Pour approfondir ce thème crucial, j'ai l'honneur d'accueillir le docteur Maxime Ausha, médecin et spécialiste de la santé des soignants. Ensemble, nous allons découvrir une véritable boîte à outils pour reconnaître les signes de souffrance et apprendre comment intervenir pour aller mieux. Nous aborderons ensemble les symptômes à surveiller, les stratégies pratiques à mettre en place et nous verrons comment et vers qui se tourner lorsque c'est nécessaire. Salut Maxime, bienvenue.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Je suis très content de t'avoir sur le podcast, ça fait un moment qu'on voulait se voir et enregistrer tous les deux, donc un grand merci Maxime. Est-ce que, s'il te plaît, tu peux tout d'abord te présenter à nos auditrices, nos auditeurs et nous parler de ton travail concernant la santé des soignants, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Merci à toi Mathieu, ça fait un petit moment que je suis ton podcast et je suis très content d'être là avec toi. Moi je suis Maxime, j'ai 33 ans, je suis papa d'une petite fille qui a 9 mois aujourd'hui et accessoirement je suis tout bibe. En vrai j'aime bien me définir comme hybride entre médecin et patient. Depuis l'âge de 16 ans j'ai une maladie chronique, j'ai une maladie du sommeil. Et depuis 5 ans, je suis docteur en médecine physique et réadaptation, donc vous connaissez la médecine du handicap. Et en fait, mon parcours, pourquoi je parle de mon côté patient de manière impudique, c'est qu'en fait, ça a déterminé ma passion pour la relation et des notions de confiance dans le soin. En fait, depuis que je suis étudiant, j'ai été très attiré par tout ce qui est... autour du traitement et ça a vraiment déterminé notamment mon choix de spécialité, mon choix d'études et aujourd'hui aussi mon choix d'engagement auprès de la santé des soignants. Donc à côté de mon travail, j'ai une activité bénévole au sein d'une association qui s'appelle SPS, Soins Professionnels de la Santé. C'est une association qui existe depuis 2015, qui a deux axes de prise en charge majeure. Le premier axe, c'est une application sur le téléphone ou un numéro vert, disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et qui donne accès à des psychologues en cas de besoin. Que ce soit un craquage ou même quelque chose de plus grave. C'est 100% anonyme, 100% confidentiel pour tout professionnel de la santé, pas que les soignants. Et le deuxième axe qui est pas mal développé en ce moment, c'est la prévention. Et donc SPF développe ce qu'on appelle des IJAD, c'est des journées d'atelier dynamique, tous les mardis et jeudis, toute l'année, de 19h à 20h, sur des thèmes hyper intéressants, pour améliorer le quotidien, ça va être de... la communication non violente, apprendre à dire non, connaître ses droits, notamment le droit du travail, est-ce que faire 60 heures c'est normal, etc. Le management, plein de thèmes très intéressants, et tout ça pour améliorer le quotidien des soignants.

  • Speaker #0

    Tu me donneras les références, s'il te plaît, je les mettrai dans les notes de l'épisode pour qu'on puisse consulter tout ça. Donc tu es médecin MPR. Tu te définis comme un tout-bib, c'est rigolo, parfois je me définis comme tout-bib, je trouve ça beaucoup plus sympathique pour certains patients. Et tu es très engagé pour la santé des patients, tu publies beaucoup des postes de grande qualité sur LinkedIn. On comprend maintenant que la santé des soignants est très précaire, voire calamiteuse pour certains. Est-ce que tu peux me dire, d'après toi, d'où provient la souffrance des médecins ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on parle... de plus en plus de burn-out, pas mal de souffrance au travail dans la population générale. Bien sûr, ça ne manque pas chez les soignants, mais au-delà de ça... Ce qui se passe chez les médecins et les soignants en général, c'est en fait un conflit de valeurs. J'ai accompagné un interne il y a deux ans pour réaliser sa thèse sur la qualité de vie au travail des médecins généralistes. Il y a une partie statistique, qui est catastrophique, on ne va pas se mentir, et il y a une partie qui est importante pour moi, qui est qualitative, avec la possibilité de s'exprimer par écrit. Et en fait, ça, ça m'a donné... énormément de contenus qui aujourd'hui sont à l'origine de mes posts LinkedIn en grande partie. Mais pas que pour ça, ça m'a permis aussi de comprendre, de faire des recoupements et de me rendre compte qu'au-delà de l'épuisement et du burn-out, il y a beaucoup de similitudes. Ce que je retrouve le plus, c'est ce qu'on pourrait appeler un conflit de valeurs avec des médecins qui sont obligés de travailler. par exemple de travailler rapidement, sinon ils pourraient mettre à mal leur stabilité économique, ou alors qu'ils sont contraints à mal travailler ou à bâcler. Ils savent théoriquement comment bien accompagner un patient. Il faudrait, par exemple, passer plein de coups de fil pour mettre en place une HAD, un accompagnement palliatif, tout ça, mais faute de moyens, faute de dégradation du système, ils ne peuvent pas le faire et du coup c'est une espèce de... travail empêché ou qualité empêchée qui se voient en train d'être un moins bon médecin que ce qu'ils espéraient être. Et c'est une déchireur morale, en fait, une souffrance qui est au-delà de la fatigue et l'épuisement. Il y a aussi un conflit éthique que, par exemple, moi, j'ai connu quand je faisais de l'appareillage des amputés sur le plan écologique. Moi, je suis très sensible à la notion de juste soin. C'est-à-dire le... de prodiguer un soin avec la connaissance de l'impact qu'il aura sur l'environnement, sur le patient, sur soi, par exemple les actes chirurgicaux, mais aussi l'appareillage de personnes amputées qui avaient un certain âge. Et quand je leur demandais qu'est-ce que vous attendez de moi ? on me disait moi je veux rentrer chez moi, ça fait déjà trois mois que je suis en fauteuil, je veux juste être auprès de ma famille On va dire, mes supérieurs me laissaient entendre que ma file active, que ceci, que cela, il fallait que j'appareille. Je savais pertinemment que la prothèse, elle est retrouvée dans un placard trois mois après. Elle coûte 10 000 euros. Écologiquement, elle coûte je ne sais pas combien de carbone. D'un point de vue éthique, je devenais le médecin que je ne voulais pas être. Mais pareil, aujourd'hui, sur LinkedIn, je parlais des infirmières libérales qui, en fait, sont contraintes d'ir à des patients. Je ne peux pas vous prendre parce que vous n'êtes pas rentable pour moi. Des patients trop lourds, c'est assez absurde, mais il y a des patients qui sont trop lourds. Et donc, le système fait que ça leur coûte plus que ça leur rapporte. Et ce n'est pas de leur faute. Il ne faut pas croire qu'elles sont satisfaites. Au contraire, c'est hyper frustrant parce que ce n'est pas du tout dans les valeurs de quelqu'un qui est soignant de devoir faire un calcul. Et à un moment donné, il faut bien manger, il faut bien... raisonner. Donc ça, c'est au-delà de l'épuisement professionnel, il y a vraiment une crise, une espèce de détresse morale et c'est tant sur le plan en libéral qu'à l'hôpital avec les injonctions paradoxales, etc.

  • Speaker #0

    Très bien, tu as fait un gros effort pour systématiser ça, donc je comprends que la souffrance, elle vient d'abord d'un conflit de valeurs, le fait qu'on ne peut pas exercer avec la... qualité qu'on souhaite et dans laquelle on s'est engagé à faire notre métier, un conflit éthique avec notamment les enjeux écologiques et un conflit économique avec le toujours plus pour facturer encore et avoir une activité pérenne. Je te remercie beaucoup, Maxime. Est-ce que tu peux me dire les diagnostics, de quoi souffrent les soignants et combien ça représente par rapport à d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, on a chaque année des enquêtes, des bilans qui sont faits. Et cette année, c'est la MNH, la Mutuelle Nationale des Hôpitaliers, avec Odoxa, qui a fait l'enquête 2024. L'année d'avant, c'est un rapport ministériel. Et donc déjà, globalement, les soignants sont plus malades que la moyenne des Français. Alors, en fait, si on demande à un soignant... dans les trois derniers mois, est-ce qu'ils sont tombés malades ? Ben oui, à 46%, alors que les Français, c'est 20%. Juste toute maladie confondue. Quelque chose qui est bien plus marqué chez les soignants et qu'on ne peut pas forcément penser, c'est les douleurs et les troubles musculosquelettiques. C'est 60 à 70 et ça augmente avec l'âge du soignant. 60 à 70 des soignants ont des douleurs et des troubles musculosquelettiques, tendinite, lombalgie, alors que la population générale, c'est 30 Après, il y a tous les axes. que j'appelle de santé globale, donc concernant l'alimentation, les soignants déclarent avoir une mauvaise alimentation, ils sont 35%, le sommeil, 77% des soignants, je connais tout par cœur, parce que je vais voir, c'est une base, c'est hyper important pour moi, donc 77% des soignants ont une insomnie, il y a... Quelque chose qui est aussi important, c'est la sédentarité. 35% des soignants déclarent ne pas avoir du tout d'activité physique. Les addictions, 20% des soignants déclarent avoir un usage problématique ou une addiction avec l'alcool et 15% avec les médicaments. Il y a, comme on disait tout à l'heure quand je parlais du burn-out, si on demande au cours des deux dernières années, avez-vous déjà eu un épisode d'épuisement professionnel ou burn-out ? c'est 57% il y a trouble de la concentration et de l'attention ça c'est un peu choquant mais c'est 80% des soignants donc tout ça c'est bien plus que la moyenne des français incroyable

  • Speaker #0

    ce sont des chiffres catastrophiques que tu rapportes Donc, différents types de maladies, différents types de douleurs, d'insomnie, d'addiction, de burn-out, de dépression. Ça m'a l'air assez catastrophique. J'espère qu'on va pouvoir quand même donner un petit peu d'optimisme dans ce podcast. Mais c'est important tout d'abord de faire le diagnostic, de savoir de quoi on parle. Parce que comme dans notre métier, il faut d'abord savoir d'où on vient pour se fixer des objectifs et savoir où aller. Est-ce que tu peux me dire, notamment sur la santé mentale ? burn-out, dépression, etc., est-ce qu'il y a des signes que les soignants peuvent eux-mêmes détecter pour à un moment se dire Oula, je vais peut-être faire gaffe parce que je ne suis pas loin de tomber malade, ma santé mentale n'est pas loin de passer du côté de la santé à la pathologie. Comment reconnaître une altération de notre santé mentale quand on est un médecin, un professionnel de santé ?

  • Speaker #1

    Comme je disais, Un des signes, déjà, c'est les problèmes de concentration, d'attention et d'efficacité. Si vous commencez à être moins efficace ou à avoir, par exemple, oublié vos clés chez vous, mal fermé la porte, alors que ce n'est pas habituel chez vous, peut-être pensez à s'auto-évaluer. Après, il y a plus d'irritabilité ou j'appelle ça aussi l'hypersensibilité. Les réflexions, le bruit, la lumière vont plus être impactants pour vous. Quand vous vous réveillez, vous êtes déjà fatigué. Ça, c'est assez caractéristique. Vous vous levez la journée, vous êtes déjà un peu en hypervigilance. Ça commence, c'est les premiers signes, c'est un petit peu ça. Puis vous êtes quand même coupable à l'idée de prendre un jour de repos ou d'aller consulter un médecin. pour prendre un arrêt maladie. Comment ça, un arrêt maladie ? Qui va s'occuper de mes patients si je ne suis pas là ? Tout ça commence à se mettre en place insidieusement. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok, je te remercie beaucoup. Donc, on reconnaît ses premiers signes, on est irritable, on peut oublier des petites choses, on est hyper vigilant, on est moins sympa avec ses patients. On ne souhaite pas consulter parce qu'on est médecin et on peut se soigner soi-même, ça c'est très bien connu. On sent qu'on va arriver dans le burn-out, dans la dépression ou dans l'anxiété chronique. Comment est-ce qu'on peut différencier cette situation avec un stress quotidien qu'on peut avoir quand on est médecin, quand on est même chirurgien, etc. Il faut être stressé, il faut être quand même vigilant quand on fait des procédures. On s'occupe d'humains, parfois on fait des actes techniques, de la petite chirurgie, etc. C'est normal d'être stressé. Si on n'était pas, je pense qu'on serait des mauvais soignants. Alors, comment différencier les deux ? Du stress qui motive, un stress qui nous incite à être vigilant pour bien faire consciencieusement son travail, et le stress qui nous pourrit la vie, qui va nous faire rentrer vers un état pathologique.

  • Speaker #1

    Alors pour ça, moi j'aime bien faire l'analogie avec la douleur. En fait, comme on connaît la douleur aiguë qui est utile, qui est un signe d'alarme et qui reste très important. Et la douleur chronique qui, quand elle s'installe, n'a plus aucun intérêt et elle commence à détruire un peu le système. Mais pour le stress, c'est un peu la même chose. Un stress aigu, une montée d'adrénaline dans le cas d'une garde, c'est très sain. Et quand le stress... Par contre, ce chronicisme, c'est là où il commence à avoir des répercussions. Et pour moi, au-delà de l'intensité du stress, c'est quand ce stress-là ne redescend jamais à zéro. Quand je demande à mes patients, j'ai parfois des patients qui sont aussi des médecins ou des soignants, j'aime bien évaluer leur niveau de stress entre 0 et 10. Et comme pour la douleur, au minimum de la journée, est-ce qu'ils sont à zéro ? C'est hyper important pour moi de savoir ça, parce qu'est-ce qu'ils ont un moment de soupape, de décompression ? à 0 sur 10. Et le plus important, c'est de pouvoir redescendre à 0. Il y a beaucoup de soignants, parfois même le soir, même la nuit, même le sommeil, ne leur fait pas redescendre à 0. Ils se lèvent le matin. Ils ont déjà minimum 3 sur 10 de tension. Et pour moi, c'est là où c'est pathologique. C'est quand l'épisode aigu, utile, de stress, ne redescend pas en fait.

  • Speaker #0

    Je vais te piquer cet outil-là. Et même l'échelle visuelle analogique de temps.

  • Speaker #1

    C'est la même.

  • Speaker #0

    Ça existe physiquement ? C'est un objet qui existe ?

  • Speaker #1

    Non, on peut le créer ensemble si tu veux.

  • Speaker #0

    Excellent, excellent. Tu prends celui de la douleur.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai pris l'échelle verbale.

  • Speaker #0

    L'échelle verbale de tension nerveuse. Oui. Très bien, excellente idée. Je vais te piquer cet outil-là. Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je... poursuivre ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale. Vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

Description

Nous plongeons dans un sujet essentiel et souvent tabou : la santé des soignants. Avec le Dr Maxime Challiot, médecin rééducateur engagé, nous explorons les défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé, mais aussi les solutions concrètes pour préserver leur bien-être.


Abonnez-vous à la newsletter pour recevoir le Super Récap': un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteur.substack.com/


🎙 Au programme :

Les chiffres partagés dans cet épisode dressent un constat alarmant. Près de 57 % des soignants rapportent avoir vécu un épisode de burn-out, tandis que 77 % souffrent d’insomnie et 60 à 70 % d’entre eux présentent des troubles musculo-squelettiques. Ces problématiques sont exacerbées par des conflits de valeurs, des dilemmes éthiques et des pressions économiques.


Nous discutons également des signes d’alerte qui doivent pousser les soignants à agir : irritabilité, fatigue persistante, troubles de concentration ou encore incapacité à relâcher la pression. Maxime partage des outils précieux pour identifier ces signaux précoces et intervenir avant que la situation ne devienne critique.


Enfin, cet épisode propose des stratégies concrètes pour réduire le stress et retrouver un équilibre. Parmi elles : des exercices de cohérence cardiaque, le soupir physiologique popularisé par Andrew Huberman, et des pauses ritualisées entre deux consultations.


Le Dr Challiot nous parle également des ressources existantes, notamment des associations comme SPS, qui offre un soutien psychologique 24/7, ou encore Guérir en Mer, dédiée à la décompression des soignants.


🔗 Ressources et liens utiles :


Insta:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans cet épisode... je vous propose d'explorer un sujet essentiel qui touche de nombreux professionnels, la santé des soignants. Être au service des autres peut être en effet une vocation merveilleuse, mais cela comporte aussi son lot de défis et de pressions. Pour approfondir ce thème crucial, j'ai l'honneur d'accueillir le docteur Maxime Ausha, médecin et spécialiste de la santé des soignants. Ensemble, nous allons découvrir une véritable boîte à outils pour reconnaître les signes de souffrance et apprendre comment intervenir pour aller mieux. Nous aborderons ensemble les symptômes à surveiller, les stratégies pratiques à mettre en place et nous verrons comment et vers qui se tourner lorsque c'est nécessaire. Salut Maxime, bienvenue.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Je suis très content de t'avoir sur le podcast, ça fait un moment qu'on voulait se voir et enregistrer tous les deux, donc un grand merci Maxime. Est-ce que, s'il te plaît, tu peux tout d'abord te présenter à nos auditrices, nos auditeurs et nous parler de ton travail concernant la santé des soignants, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Merci à toi Mathieu, ça fait un petit moment que je suis ton podcast et je suis très content d'être là avec toi. Moi je suis Maxime, j'ai 33 ans, je suis papa d'une petite fille qui a 9 mois aujourd'hui et accessoirement je suis tout bibe. En vrai j'aime bien me définir comme hybride entre médecin et patient. Depuis l'âge de 16 ans j'ai une maladie chronique, j'ai une maladie du sommeil. Et depuis 5 ans, je suis docteur en médecine physique et réadaptation, donc vous connaissez la médecine du handicap. Et en fait, mon parcours, pourquoi je parle de mon côté patient de manière impudique, c'est qu'en fait, ça a déterminé ma passion pour la relation et des notions de confiance dans le soin. En fait, depuis que je suis étudiant, j'ai été très attiré par tout ce qui est... autour du traitement et ça a vraiment déterminé notamment mon choix de spécialité, mon choix d'études et aujourd'hui aussi mon choix d'engagement auprès de la santé des soignants. Donc à côté de mon travail, j'ai une activité bénévole au sein d'une association qui s'appelle SPS, Soins Professionnels de la Santé. C'est une association qui existe depuis 2015, qui a deux axes de prise en charge majeure. Le premier axe, c'est une application sur le téléphone ou un numéro vert, disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et qui donne accès à des psychologues en cas de besoin. Que ce soit un craquage ou même quelque chose de plus grave. C'est 100% anonyme, 100% confidentiel pour tout professionnel de la santé, pas que les soignants. Et le deuxième axe qui est pas mal développé en ce moment, c'est la prévention. Et donc SPF développe ce qu'on appelle des IJAD, c'est des journées d'atelier dynamique, tous les mardis et jeudis, toute l'année, de 19h à 20h, sur des thèmes hyper intéressants, pour améliorer le quotidien, ça va être de... la communication non violente, apprendre à dire non, connaître ses droits, notamment le droit du travail, est-ce que faire 60 heures c'est normal, etc. Le management, plein de thèmes très intéressants, et tout ça pour améliorer le quotidien des soignants.

  • Speaker #0

    Tu me donneras les références, s'il te plaît, je les mettrai dans les notes de l'épisode pour qu'on puisse consulter tout ça. Donc tu es médecin MPR. Tu te définis comme un tout-bib, c'est rigolo, parfois je me définis comme tout-bib, je trouve ça beaucoup plus sympathique pour certains patients. Et tu es très engagé pour la santé des patients, tu publies beaucoup des postes de grande qualité sur LinkedIn. On comprend maintenant que la santé des soignants est très précaire, voire calamiteuse pour certains. Est-ce que tu peux me dire, d'après toi, d'où provient la souffrance des médecins ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on parle... de plus en plus de burn-out, pas mal de souffrance au travail dans la population générale. Bien sûr, ça ne manque pas chez les soignants, mais au-delà de ça... Ce qui se passe chez les médecins et les soignants en général, c'est en fait un conflit de valeurs. J'ai accompagné un interne il y a deux ans pour réaliser sa thèse sur la qualité de vie au travail des médecins généralistes. Il y a une partie statistique, qui est catastrophique, on ne va pas se mentir, et il y a une partie qui est importante pour moi, qui est qualitative, avec la possibilité de s'exprimer par écrit. Et en fait, ça, ça m'a donné... énormément de contenus qui aujourd'hui sont à l'origine de mes posts LinkedIn en grande partie. Mais pas que pour ça, ça m'a permis aussi de comprendre, de faire des recoupements et de me rendre compte qu'au-delà de l'épuisement et du burn-out, il y a beaucoup de similitudes. Ce que je retrouve le plus, c'est ce qu'on pourrait appeler un conflit de valeurs avec des médecins qui sont obligés de travailler. par exemple de travailler rapidement, sinon ils pourraient mettre à mal leur stabilité économique, ou alors qu'ils sont contraints à mal travailler ou à bâcler. Ils savent théoriquement comment bien accompagner un patient. Il faudrait, par exemple, passer plein de coups de fil pour mettre en place une HAD, un accompagnement palliatif, tout ça, mais faute de moyens, faute de dégradation du système, ils ne peuvent pas le faire et du coup c'est une espèce de... travail empêché ou qualité empêchée qui se voient en train d'être un moins bon médecin que ce qu'ils espéraient être. Et c'est une déchireur morale, en fait, une souffrance qui est au-delà de la fatigue et l'épuisement. Il y a aussi un conflit éthique que, par exemple, moi, j'ai connu quand je faisais de l'appareillage des amputés sur le plan écologique. Moi, je suis très sensible à la notion de juste soin. C'est-à-dire le... de prodiguer un soin avec la connaissance de l'impact qu'il aura sur l'environnement, sur le patient, sur soi, par exemple les actes chirurgicaux, mais aussi l'appareillage de personnes amputées qui avaient un certain âge. Et quand je leur demandais qu'est-ce que vous attendez de moi ? on me disait moi je veux rentrer chez moi, ça fait déjà trois mois que je suis en fauteuil, je veux juste être auprès de ma famille On va dire, mes supérieurs me laissaient entendre que ma file active, que ceci, que cela, il fallait que j'appareille. Je savais pertinemment que la prothèse, elle est retrouvée dans un placard trois mois après. Elle coûte 10 000 euros. Écologiquement, elle coûte je ne sais pas combien de carbone. D'un point de vue éthique, je devenais le médecin que je ne voulais pas être. Mais pareil, aujourd'hui, sur LinkedIn, je parlais des infirmières libérales qui, en fait, sont contraintes d'ir à des patients. Je ne peux pas vous prendre parce que vous n'êtes pas rentable pour moi. Des patients trop lourds, c'est assez absurde, mais il y a des patients qui sont trop lourds. Et donc, le système fait que ça leur coûte plus que ça leur rapporte. Et ce n'est pas de leur faute. Il ne faut pas croire qu'elles sont satisfaites. Au contraire, c'est hyper frustrant parce que ce n'est pas du tout dans les valeurs de quelqu'un qui est soignant de devoir faire un calcul. Et à un moment donné, il faut bien manger, il faut bien... raisonner. Donc ça, c'est au-delà de l'épuisement professionnel, il y a vraiment une crise, une espèce de détresse morale et c'est tant sur le plan en libéral qu'à l'hôpital avec les injonctions paradoxales, etc.

  • Speaker #0

    Très bien, tu as fait un gros effort pour systématiser ça, donc je comprends que la souffrance, elle vient d'abord d'un conflit de valeurs, le fait qu'on ne peut pas exercer avec la... qualité qu'on souhaite et dans laquelle on s'est engagé à faire notre métier, un conflit éthique avec notamment les enjeux écologiques et un conflit économique avec le toujours plus pour facturer encore et avoir une activité pérenne. Je te remercie beaucoup, Maxime. Est-ce que tu peux me dire les diagnostics, de quoi souffrent les soignants et combien ça représente par rapport à d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, on a chaque année des enquêtes, des bilans qui sont faits. Et cette année, c'est la MNH, la Mutuelle Nationale des Hôpitaliers, avec Odoxa, qui a fait l'enquête 2024. L'année d'avant, c'est un rapport ministériel. Et donc déjà, globalement, les soignants sont plus malades que la moyenne des Français. Alors, en fait, si on demande à un soignant... dans les trois derniers mois, est-ce qu'ils sont tombés malades ? Ben oui, à 46%, alors que les Français, c'est 20%. Juste toute maladie confondue. Quelque chose qui est bien plus marqué chez les soignants et qu'on ne peut pas forcément penser, c'est les douleurs et les troubles musculosquelettiques. C'est 60 à 70 et ça augmente avec l'âge du soignant. 60 à 70 des soignants ont des douleurs et des troubles musculosquelettiques, tendinite, lombalgie, alors que la population générale, c'est 30 Après, il y a tous les axes. que j'appelle de santé globale, donc concernant l'alimentation, les soignants déclarent avoir une mauvaise alimentation, ils sont 35%, le sommeil, 77% des soignants, je connais tout par cœur, parce que je vais voir, c'est une base, c'est hyper important pour moi, donc 77% des soignants ont une insomnie, il y a... Quelque chose qui est aussi important, c'est la sédentarité. 35% des soignants déclarent ne pas avoir du tout d'activité physique. Les addictions, 20% des soignants déclarent avoir un usage problématique ou une addiction avec l'alcool et 15% avec les médicaments. Il y a, comme on disait tout à l'heure quand je parlais du burn-out, si on demande au cours des deux dernières années, avez-vous déjà eu un épisode d'épuisement professionnel ou burn-out ? c'est 57% il y a trouble de la concentration et de l'attention ça c'est un peu choquant mais c'est 80% des soignants donc tout ça c'est bien plus que la moyenne des français incroyable

  • Speaker #0

    ce sont des chiffres catastrophiques que tu rapportes Donc, différents types de maladies, différents types de douleurs, d'insomnie, d'addiction, de burn-out, de dépression. Ça m'a l'air assez catastrophique. J'espère qu'on va pouvoir quand même donner un petit peu d'optimisme dans ce podcast. Mais c'est important tout d'abord de faire le diagnostic, de savoir de quoi on parle. Parce que comme dans notre métier, il faut d'abord savoir d'où on vient pour se fixer des objectifs et savoir où aller. Est-ce que tu peux me dire, notamment sur la santé mentale ? burn-out, dépression, etc., est-ce qu'il y a des signes que les soignants peuvent eux-mêmes détecter pour à un moment se dire Oula, je vais peut-être faire gaffe parce que je ne suis pas loin de tomber malade, ma santé mentale n'est pas loin de passer du côté de la santé à la pathologie. Comment reconnaître une altération de notre santé mentale quand on est un médecin, un professionnel de santé ?

  • Speaker #1

    Comme je disais, Un des signes, déjà, c'est les problèmes de concentration, d'attention et d'efficacité. Si vous commencez à être moins efficace ou à avoir, par exemple, oublié vos clés chez vous, mal fermé la porte, alors que ce n'est pas habituel chez vous, peut-être pensez à s'auto-évaluer. Après, il y a plus d'irritabilité ou j'appelle ça aussi l'hypersensibilité. Les réflexions, le bruit, la lumière vont plus être impactants pour vous. Quand vous vous réveillez, vous êtes déjà fatigué. Ça, c'est assez caractéristique. Vous vous levez la journée, vous êtes déjà un peu en hypervigilance. Ça commence, c'est les premiers signes, c'est un petit peu ça. Puis vous êtes quand même coupable à l'idée de prendre un jour de repos ou d'aller consulter un médecin. pour prendre un arrêt maladie. Comment ça, un arrêt maladie ? Qui va s'occuper de mes patients si je ne suis pas là ? Tout ça commence à se mettre en place insidieusement. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok, je te remercie beaucoup. Donc, on reconnaît ses premiers signes, on est irritable, on peut oublier des petites choses, on est hyper vigilant, on est moins sympa avec ses patients. On ne souhaite pas consulter parce qu'on est médecin et on peut se soigner soi-même, ça c'est très bien connu. On sent qu'on va arriver dans le burn-out, dans la dépression ou dans l'anxiété chronique. Comment est-ce qu'on peut différencier cette situation avec un stress quotidien qu'on peut avoir quand on est médecin, quand on est même chirurgien, etc. Il faut être stressé, il faut être quand même vigilant quand on fait des procédures. On s'occupe d'humains, parfois on fait des actes techniques, de la petite chirurgie, etc. C'est normal d'être stressé. Si on n'était pas, je pense qu'on serait des mauvais soignants. Alors, comment différencier les deux ? Du stress qui motive, un stress qui nous incite à être vigilant pour bien faire consciencieusement son travail, et le stress qui nous pourrit la vie, qui va nous faire rentrer vers un état pathologique.

  • Speaker #1

    Alors pour ça, moi j'aime bien faire l'analogie avec la douleur. En fait, comme on connaît la douleur aiguë qui est utile, qui est un signe d'alarme et qui reste très important. Et la douleur chronique qui, quand elle s'installe, n'a plus aucun intérêt et elle commence à détruire un peu le système. Mais pour le stress, c'est un peu la même chose. Un stress aigu, une montée d'adrénaline dans le cas d'une garde, c'est très sain. Et quand le stress... Par contre, ce chronicisme, c'est là où il commence à avoir des répercussions. Et pour moi, au-delà de l'intensité du stress, c'est quand ce stress-là ne redescend jamais à zéro. Quand je demande à mes patients, j'ai parfois des patients qui sont aussi des médecins ou des soignants, j'aime bien évaluer leur niveau de stress entre 0 et 10. Et comme pour la douleur, au minimum de la journée, est-ce qu'ils sont à zéro ? C'est hyper important pour moi de savoir ça, parce qu'est-ce qu'ils ont un moment de soupape, de décompression ? à 0 sur 10. Et le plus important, c'est de pouvoir redescendre à 0. Il y a beaucoup de soignants, parfois même le soir, même la nuit, même le sommeil, ne leur fait pas redescendre à 0. Ils se lèvent le matin. Ils ont déjà minimum 3 sur 10 de tension. Et pour moi, c'est là où c'est pathologique. C'est quand l'épisode aigu, utile, de stress, ne redescend pas en fait.

  • Speaker #0

    Je vais te piquer cet outil-là. Et même l'échelle visuelle analogique de temps.

  • Speaker #1

    C'est la même.

  • Speaker #0

    Ça existe physiquement ? C'est un objet qui existe ?

  • Speaker #1

    Non, on peut le créer ensemble si tu veux.

  • Speaker #0

    Excellent, excellent. Tu prends celui de la douleur.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai pris l'échelle verbale.

  • Speaker #0

    L'échelle verbale de tension nerveuse. Oui. Très bien, excellente idée. Je vais te piquer cet outil-là. Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je... poursuivre ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale. Vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

Share

Embed

You may also like

Description

Nous plongeons dans un sujet essentiel et souvent tabou : la santé des soignants. Avec le Dr Maxime Challiot, médecin rééducateur engagé, nous explorons les défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé, mais aussi les solutions concrètes pour préserver leur bien-être.


Abonnez-vous à la newsletter pour recevoir le Super Récap': un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteur.substack.com/


🎙 Au programme :

Les chiffres partagés dans cet épisode dressent un constat alarmant. Près de 57 % des soignants rapportent avoir vécu un épisode de burn-out, tandis que 77 % souffrent d’insomnie et 60 à 70 % d’entre eux présentent des troubles musculo-squelettiques. Ces problématiques sont exacerbées par des conflits de valeurs, des dilemmes éthiques et des pressions économiques.


Nous discutons également des signes d’alerte qui doivent pousser les soignants à agir : irritabilité, fatigue persistante, troubles de concentration ou encore incapacité à relâcher la pression. Maxime partage des outils précieux pour identifier ces signaux précoces et intervenir avant que la situation ne devienne critique.


Enfin, cet épisode propose des stratégies concrètes pour réduire le stress et retrouver un équilibre. Parmi elles : des exercices de cohérence cardiaque, le soupir physiologique popularisé par Andrew Huberman, et des pauses ritualisées entre deux consultations.


Le Dr Challiot nous parle également des ressources existantes, notamment des associations comme SPS, qui offre un soutien psychologique 24/7, ou encore Guérir en Mer, dédiée à la décompression des soignants.


🔗 Ressources et liens utiles :


Insta:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans cet épisode... je vous propose d'explorer un sujet essentiel qui touche de nombreux professionnels, la santé des soignants. Être au service des autres peut être en effet une vocation merveilleuse, mais cela comporte aussi son lot de défis et de pressions. Pour approfondir ce thème crucial, j'ai l'honneur d'accueillir le docteur Maxime Ausha, médecin et spécialiste de la santé des soignants. Ensemble, nous allons découvrir une véritable boîte à outils pour reconnaître les signes de souffrance et apprendre comment intervenir pour aller mieux. Nous aborderons ensemble les symptômes à surveiller, les stratégies pratiques à mettre en place et nous verrons comment et vers qui se tourner lorsque c'est nécessaire. Salut Maxime, bienvenue.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Je suis très content de t'avoir sur le podcast, ça fait un moment qu'on voulait se voir et enregistrer tous les deux, donc un grand merci Maxime. Est-ce que, s'il te plaît, tu peux tout d'abord te présenter à nos auditrices, nos auditeurs et nous parler de ton travail concernant la santé des soignants, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Merci à toi Mathieu, ça fait un petit moment que je suis ton podcast et je suis très content d'être là avec toi. Moi je suis Maxime, j'ai 33 ans, je suis papa d'une petite fille qui a 9 mois aujourd'hui et accessoirement je suis tout bibe. En vrai j'aime bien me définir comme hybride entre médecin et patient. Depuis l'âge de 16 ans j'ai une maladie chronique, j'ai une maladie du sommeil. Et depuis 5 ans, je suis docteur en médecine physique et réadaptation, donc vous connaissez la médecine du handicap. Et en fait, mon parcours, pourquoi je parle de mon côté patient de manière impudique, c'est qu'en fait, ça a déterminé ma passion pour la relation et des notions de confiance dans le soin. En fait, depuis que je suis étudiant, j'ai été très attiré par tout ce qui est... autour du traitement et ça a vraiment déterminé notamment mon choix de spécialité, mon choix d'études et aujourd'hui aussi mon choix d'engagement auprès de la santé des soignants. Donc à côté de mon travail, j'ai une activité bénévole au sein d'une association qui s'appelle SPS, Soins Professionnels de la Santé. C'est une association qui existe depuis 2015, qui a deux axes de prise en charge majeure. Le premier axe, c'est une application sur le téléphone ou un numéro vert, disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et qui donne accès à des psychologues en cas de besoin. Que ce soit un craquage ou même quelque chose de plus grave. C'est 100% anonyme, 100% confidentiel pour tout professionnel de la santé, pas que les soignants. Et le deuxième axe qui est pas mal développé en ce moment, c'est la prévention. Et donc SPF développe ce qu'on appelle des IJAD, c'est des journées d'atelier dynamique, tous les mardis et jeudis, toute l'année, de 19h à 20h, sur des thèmes hyper intéressants, pour améliorer le quotidien, ça va être de... la communication non violente, apprendre à dire non, connaître ses droits, notamment le droit du travail, est-ce que faire 60 heures c'est normal, etc. Le management, plein de thèmes très intéressants, et tout ça pour améliorer le quotidien des soignants.

  • Speaker #0

    Tu me donneras les références, s'il te plaît, je les mettrai dans les notes de l'épisode pour qu'on puisse consulter tout ça. Donc tu es médecin MPR. Tu te définis comme un tout-bib, c'est rigolo, parfois je me définis comme tout-bib, je trouve ça beaucoup plus sympathique pour certains patients. Et tu es très engagé pour la santé des patients, tu publies beaucoup des postes de grande qualité sur LinkedIn. On comprend maintenant que la santé des soignants est très précaire, voire calamiteuse pour certains. Est-ce que tu peux me dire, d'après toi, d'où provient la souffrance des médecins ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on parle... de plus en plus de burn-out, pas mal de souffrance au travail dans la population générale. Bien sûr, ça ne manque pas chez les soignants, mais au-delà de ça... Ce qui se passe chez les médecins et les soignants en général, c'est en fait un conflit de valeurs. J'ai accompagné un interne il y a deux ans pour réaliser sa thèse sur la qualité de vie au travail des médecins généralistes. Il y a une partie statistique, qui est catastrophique, on ne va pas se mentir, et il y a une partie qui est importante pour moi, qui est qualitative, avec la possibilité de s'exprimer par écrit. Et en fait, ça, ça m'a donné... énormément de contenus qui aujourd'hui sont à l'origine de mes posts LinkedIn en grande partie. Mais pas que pour ça, ça m'a permis aussi de comprendre, de faire des recoupements et de me rendre compte qu'au-delà de l'épuisement et du burn-out, il y a beaucoup de similitudes. Ce que je retrouve le plus, c'est ce qu'on pourrait appeler un conflit de valeurs avec des médecins qui sont obligés de travailler. par exemple de travailler rapidement, sinon ils pourraient mettre à mal leur stabilité économique, ou alors qu'ils sont contraints à mal travailler ou à bâcler. Ils savent théoriquement comment bien accompagner un patient. Il faudrait, par exemple, passer plein de coups de fil pour mettre en place une HAD, un accompagnement palliatif, tout ça, mais faute de moyens, faute de dégradation du système, ils ne peuvent pas le faire et du coup c'est une espèce de... travail empêché ou qualité empêchée qui se voient en train d'être un moins bon médecin que ce qu'ils espéraient être. Et c'est une déchireur morale, en fait, une souffrance qui est au-delà de la fatigue et l'épuisement. Il y a aussi un conflit éthique que, par exemple, moi, j'ai connu quand je faisais de l'appareillage des amputés sur le plan écologique. Moi, je suis très sensible à la notion de juste soin. C'est-à-dire le... de prodiguer un soin avec la connaissance de l'impact qu'il aura sur l'environnement, sur le patient, sur soi, par exemple les actes chirurgicaux, mais aussi l'appareillage de personnes amputées qui avaient un certain âge. Et quand je leur demandais qu'est-ce que vous attendez de moi ? on me disait moi je veux rentrer chez moi, ça fait déjà trois mois que je suis en fauteuil, je veux juste être auprès de ma famille On va dire, mes supérieurs me laissaient entendre que ma file active, que ceci, que cela, il fallait que j'appareille. Je savais pertinemment que la prothèse, elle est retrouvée dans un placard trois mois après. Elle coûte 10 000 euros. Écologiquement, elle coûte je ne sais pas combien de carbone. D'un point de vue éthique, je devenais le médecin que je ne voulais pas être. Mais pareil, aujourd'hui, sur LinkedIn, je parlais des infirmières libérales qui, en fait, sont contraintes d'ir à des patients. Je ne peux pas vous prendre parce que vous n'êtes pas rentable pour moi. Des patients trop lourds, c'est assez absurde, mais il y a des patients qui sont trop lourds. Et donc, le système fait que ça leur coûte plus que ça leur rapporte. Et ce n'est pas de leur faute. Il ne faut pas croire qu'elles sont satisfaites. Au contraire, c'est hyper frustrant parce que ce n'est pas du tout dans les valeurs de quelqu'un qui est soignant de devoir faire un calcul. Et à un moment donné, il faut bien manger, il faut bien... raisonner. Donc ça, c'est au-delà de l'épuisement professionnel, il y a vraiment une crise, une espèce de détresse morale et c'est tant sur le plan en libéral qu'à l'hôpital avec les injonctions paradoxales, etc.

  • Speaker #0

    Très bien, tu as fait un gros effort pour systématiser ça, donc je comprends que la souffrance, elle vient d'abord d'un conflit de valeurs, le fait qu'on ne peut pas exercer avec la... qualité qu'on souhaite et dans laquelle on s'est engagé à faire notre métier, un conflit éthique avec notamment les enjeux écologiques et un conflit économique avec le toujours plus pour facturer encore et avoir une activité pérenne. Je te remercie beaucoup, Maxime. Est-ce que tu peux me dire les diagnostics, de quoi souffrent les soignants et combien ça représente par rapport à d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, on a chaque année des enquêtes, des bilans qui sont faits. Et cette année, c'est la MNH, la Mutuelle Nationale des Hôpitaliers, avec Odoxa, qui a fait l'enquête 2024. L'année d'avant, c'est un rapport ministériel. Et donc déjà, globalement, les soignants sont plus malades que la moyenne des Français. Alors, en fait, si on demande à un soignant... dans les trois derniers mois, est-ce qu'ils sont tombés malades ? Ben oui, à 46%, alors que les Français, c'est 20%. Juste toute maladie confondue. Quelque chose qui est bien plus marqué chez les soignants et qu'on ne peut pas forcément penser, c'est les douleurs et les troubles musculosquelettiques. C'est 60 à 70 et ça augmente avec l'âge du soignant. 60 à 70 des soignants ont des douleurs et des troubles musculosquelettiques, tendinite, lombalgie, alors que la population générale, c'est 30 Après, il y a tous les axes. que j'appelle de santé globale, donc concernant l'alimentation, les soignants déclarent avoir une mauvaise alimentation, ils sont 35%, le sommeil, 77% des soignants, je connais tout par cœur, parce que je vais voir, c'est une base, c'est hyper important pour moi, donc 77% des soignants ont une insomnie, il y a... Quelque chose qui est aussi important, c'est la sédentarité. 35% des soignants déclarent ne pas avoir du tout d'activité physique. Les addictions, 20% des soignants déclarent avoir un usage problématique ou une addiction avec l'alcool et 15% avec les médicaments. Il y a, comme on disait tout à l'heure quand je parlais du burn-out, si on demande au cours des deux dernières années, avez-vous déjà eu un épisode d'épuisement professionnel ou burn-out ? c'est 57% il y a trouble de la concentration et de l'attention ça c'est un peu choquant mais c'est 80% des soignants donc tout ça c'est bien plus que la moyenne des français incroyable

  • Speaker #0

    ce sont des chiffres catastrophiques que tu rapportes Donc, différents types de maladies, différents types de douleurs, d'insomnie, d'addiction, de burn-out, de dépression. Ça m'a l'air assez catastrophique. J'espère qu'on va pouvoir quand même donner un petit peu d'optimisme dans ce podcast. Mais c'est important tout d'abord de faire le diagnostic, de savoir de quoi on parle. Parce que comme dans notre métier, il faut d'abord savoir d'où on vient pour se fixer des objectifs et savoir où aller. Est-ce que tu peux me dire, notamment sur la santé mentale ? burn-out, dépression, etc., est-ce qu'il y a des signes que les soignants peuvent eux-mêmes détecter pour à un moment se dire Oula, je vais peut-être faire gaffe parce que je ne suis pas loin de tomber malade, ma santé mentale n'est pas loin de passer du côté de la santé à la pathologie. Comment reconnaître une altération de notre santé mentale quand on est un médecin, un professionnel de santé ?

  • Speaker #1

    Comme je disais, Un des signes, déjà, c'est les problèmes de concentration, d'attention et d'efficacité. Si vous commencez à être moins efficace ou à avoir, par exemple, oublié vos clés chez vous, mal fermé la porte, alors que ce n'est pas habituel chez vous, peut-être pensez à s'auto-évaluer. Après, il y a plus d'irritabilité ou j'appelle ça aussi l'hypersensibilité. Les réflexions, le bruit, la lumière vont plus être impactants pour vous. Quand vous vous réveillez, vous êtes déjà fatigué. Ça, c'est assez caractéristique. Vous vous levez la journée, vous êtes déjà un peu en hypervigilance. Ça commence, c'est les premiers signes, c'est un petit peu ça. Puis vous êtes quand même coupable à l'idée de prendre un jour de repos ou d'aller consulter un médecin. pour prendre un arrêt maladie. Comment ça, un arrêt maladie ? Qui va s'occuper de mes patients si je ne suis pas là ? Tout ça commence à se mettre en place insidieusement. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok, je te remercie beaucoup. Donc, on reconnaît ses premiers signes, on est irritable, on peut oublier des petites choses, on est hyper vigilant, on est moins sympa avec ses patients. On ne souhaite pas consulter parce qu'on est médecin et on peut se soigner soi-même, ça c'est très bien connu. On sent qu'on va arriver dans le burn-out, dans la dépression ou dans l'anxiété chronique. Comment est-ce qu'on peut différencier cette situation avec un stress quotidien qu'on peut avoir quand on est médecin, quand on est même chirurgien, etc. Il faut être stressé, il faut être quand même vigilant quand on fait des procédures. On s'occupe d'humains, parfois on fait des actes techniques, de la petite chirurgie, etc. C'est normal d'être stressé. Si on n'était pas, je pense qu'on serait des mauvais soignants. Alors, comment différencier les deux ? Du stress qui motive, un stress qui nous incite à être vigilant pour bien faire consciencieusement son travail, et le stress qui nous pourrit la vie, qui va nous faire rentrer vers un état pathologique.

  • Speaker #1

    Alors pour ça, moi j'aime bien faire l'analogie avec la douleur. En fait, comme on connaît la douleur aiguë qui est utile, qui est un signe d'alarme et qui reste très important. Et la douleur chronique qui, quand elle s'installe, n'a plus aucun intérêt et elle commence à détruire un peu le système. Mais pour le stress, c'est un peu la même chose. Un stress aigu, une montée d'adrénaline dans le cas d'une garde, c'est très sain. Et quand le stress... Par contre, ce chronicisme, c'est là où il commence à avoir des répercussions. Et pour moi, au-delà de l'intensité du stress, c'est quand ce stress-là ne redescend jamais à zéro. Quand je demande à mes patients, j'ai parfois des patients qui sont aussi des médecins ou des soignants, j'aime bien évaluer leur niveau de stress entre 0 et 10. Et comme pour la douleur, au minimum de la journée, est-ce qu'ils sont à zéro ? C'est hyper important pour moi de savoir ça, parce qu'est-ce qu'ils ont un moment de soupape, de décompression ? à 0 sur 10. Et le plus important, c'est de pouvoir redescendre à 0. Il y a beaucoup de soignants, parfois même le soir, même la nuit, même le sommeil, ne leur fait pas redescendre à 0. Ils se lèvent le matin. Ils ont déjà minimum 3 sur 10 de tension. Et pour moi, c'est là où c'est pathologique. C'est quand l'épisode aigu, utile, de stress, ne redescend pas en fait.

  • Speaker #0

    Je vais te piquer cet outil-là. Et même l'échelle visuelle analogique de temps.

  • Speaker #1

    C'est la même.

  • Speaker #0

    Ça existe physiquement ? C'est un objet qui existe ?

  • Speaker #1

    Non, on peut le créer ensemble si tu veux.

  • Speaker #0

    Excellent, excellent. Tu prends celui de la douleur.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai pris l'échelle verbale.

  • Speaker #0

    L'échelle verbale de tension nerveuse. Oui. Très bien, excellente idée. Je vais te piquer cet outil-là. Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je... poursuivre ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale. Vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

Description

Nous plongeons dans un sujet essentiel et souvent tabou : la santé des soignants. Avec le Dr Maxime Challiot, médecin rééducateur engagé, nous explorons les défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé, mais aussi les solutions concrètes pour préserver leur bien-être.


Abonnez-vous à la newsletter pour recevoir le Super Récap': un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteur.substack.com/


🎙 Au programme :

Les chiffres partagés dans cet épisode dressent un constat alarmant. Près de 57 % des soignants rapportent avoir vécu un épisode de burn-out, tandis que 77 % souffrent d’insomnie et 60 à 70 % d’entre eux présentent des troubles musculo-squelettiques. Ces problématiques sont exacerbées par des conflits de valeurs, des dilemmes éthiques et des pressions économiques.


Nous discutons également des signes d’alerte qui doivent pousser les soignants à agir : irritabilité, fatigue persistante, troubles de concentration ou encore incapacité à relâcher la pression. Maxime partage des outils précieux pour identifier ces signaux précoces et intervenir avant que la situation ne devienne critique.


Enfin, cet épisode propose des stratégies concrètes pour réduire le stress et retrouver un équilibre. Parmi elles : des exercices de cohérence cardiaque, le soupir physiologique popularisé par Andrew Huberman, et des pauses ritualisées entre deux consultations.


Le Dr Challiot nous parle également des ressources existantes, notamment des associations comme SPS, qui offre un soutien psychologique 24/7, ou encore Guérir en Mer, dédiée à la décompression des soignants.


🔗 Ressources et liens utiles :


Insta:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans cet épisode... je vous propose d'explorer un sujet essentiel qui touche de nombreux professionnels, la santé des soignants. Être au service des autres peut être en effet une vocation merveilleuse, mais cela comporte aussi son lot de défis et de pressions. Pour approfondir ce thème crucial, j'ai l'honneur d'accueillir le docteur Maxime Ausha, médecin et spécialiste de la santé des soignants. Ensemble, nous allons découvrir une véritable boîte à outils pour reconnaître les signes de souffrance et apprendre comment intervenir pour aller mieux. Nous aborderons ensemble les symptômes à surveiller, les stratégies pratiques à mettre en place et nous verrons comment et vers qui se tourner lorsque c'est nécessaire. Salut Maxime, bienvenue.

  • Speaker #1

    Salut.

  • Speaker #0

    Je suis très content de t'avoir sur le podcast, ça fait un moment qu'on voulait se voir et enregistrer tous les deux, donc un grand merci Maxime. Est-ce que, s'il te plaît, tu peux tout d'abord te présenter à nos auditrices, nos auditeurs et nous parler de ton travail concernant la santé des soignants, s'il te plaît.

  • Speaker #1

    Merci à toi Mathieu, ça fait un petit moment que je suis ton podcast et je suis très content d'être là avec toi. Moi je suis Maxime, j'ai 33 ans, je suis papa d'une petite fille qui a 9 mois aujourd'hui et accessoirement je suis tout bibe. En vrai j'aime bien me définir comme hybride entre médecin et patient. Depuis l'âge de 16 ans j'ai une maladie chronique, j'ai une maladie du sommeil. Et depuis 5 ans, je suis docteur en médecine physique et réadaptation, donc vous connaissez la médecine du handicap. Et en fait, mon parcours, pourquoi je parle de mon côté patient de manière impudique, c'est qu'en fait, ça a déterminé ma passion pour la relation et des notions de confiance dans le soin. En fait, depuis que je suis étudiant, j'ai été très attiré par tout ce qui est... autour du traitement et ça a vraiment déterminé notamment mon choix de spécialité, mon choix d'études et aujourd'hui aussi mon choix d'engagement auprès de la santé des soignants. Donc à côté de mon travail, j'ai une activité bénévole au sein d'une association qui s'appelle SPS, Soins Professionnels de la Santé. C'est une association qui existe depuis 2015, qui a deux axes de prise en charge majeure. Le premier axe, c'est une application sur le téléphone ou un numéro vert, disponible 7 jours sur 7, 24 heures sur 24, et qui donne accès à des psychologues en cas de besoin. Que ce soit un craquage ou même quelque chose de plus grave. C'est 100% anonyme, 100% confidentiel pour tout professionnel de la santé, pas que les soignants. Et le deuxième axe qui est pas mal développé en ce moment, c'est la prévention. Et donc SPF développe ce qu'on appelle des IJAD, c'est des journées d'atelier dynamique, tous les mardis et jeudis, toute l'année, de 19h à 20h, sur des thèmes hyper intéressants, pour améliorer le quotidien, ça va être de... la communication non violente, apprendre à dire non, connaître ses droits, notamment le droit du travail, est-ce que faire 60 heures c'est normal, etc. Le management, plein de thèmes très intéressants, et tout ça pour améliorer le quotidien des soignants.

  • Speaker #0

    Tu me donneras les références, s'il te plaît, je les mettrai dans les notes de l'épisode pour qu'on puisse consulter tout ça. Donc tu es médecin MPR. Tu te définis comme un tout-bib, c'est rigolo, parfois je me définis comme tout-bib, je trouve ça beaucoup plus sympathique pour certains patients. Et tu es très engagé pour la santé des patients, tu publies beaucoup des postes de grande qualité sur LinkedIn. On comprend maintenant que la santé des soignants est très précaire, voire calamiteuse pour certains. Est-ce que tu peux me dire, d'après toi, d'où provient la souffrance des médecins ?

  • Speaker #1

    Alors oui, on parle... de plus en plus de burn-out, pas mal de souffrance au travail dans la population générale. Bien sûr, ça ne manque pas chez les soignants, mais au-delà de ça... Ce qui se passe chez les médecins et les soignants en général, c'est en fait un conflit de valeurs. J'ai accompagné un interne il y a deux ans pour réaliser sa thèse sur la qualité de vie au travail des médecins généralistes. Il y a une partie statistique, qui est catastrophique, on ne va pas se mentir, et il y a une partie qui est importante pour moi, qui est qualitative, avec la possibilité de s'exprimer par écrit. Et en fait, ça, ça m'a donné... énormément de contenus qui aujourd'hui sont à l'origine de mes posts LinkedIn en grande partie. Mais pas que pour ça, ça m'a permis aussi de comprendre, de faire des recoupements et de me rendre compte qu'au-delà de l'épuisement et du burn-out, il y a beaucoup de similitudes. Ce que je retrouve le plus, c'est ce qu'on pourrait appeler un conflit de valeurs avec des médecins qui sont obligés de travailler. par exemple de travailler rapidement, sinon ils pourraient mettre à mal leur stabilité économique, ou alors qu'ils sont contraints à mal travailler ou à bâcler. Ils savent théoriquement comment bien accompagner un patient. Il faudrait, par exemple, passer plein de coups de fil pour mettre en place une HAD, un accompagnement palliatif, tout ça, mais faute de moyens, faute de dégradation du système, ils ne peuvent pas le faire et du coup c'est une espèce de... travail empêché ou qualité empêchée qui se voient en train d'être un moins bon médecin que ce qu'ils espéraient être. Et c'est une déchireur morale, en fait, une souffrance qui est au-delà de la fatigue et l'épuisement. Il y a aussi un conflit éthique que, par exemple, moi, j'ai connu quand je faisais de l'appareillage des amputés sur le plan écologique. Moi, je suis très sensible à la notion de juste soin. C'est-à-dire le... de prodiguer un soin avec la connaissance de l'impact qu'il aura sur l'environnement, sur le patient, sur soi, par exemple les actes chirurgicaux, mais aussi l'appareillage de personnes amputées qui avaient un certain âge. Et quand je leur demandais qu'est-ce que vous attendez de moi ? on me disait moi je veux rentrer chez moi, ça fait déjà trois mois que je suis en fauteuil, je veux juste être auprès de ma famille On va dire, mes supérieurs me laissaient entendre que ma file active, que ceci, que cela, il fallait que j'appareille. Je savais pertinemment que la prothèse, elle est retrouvée dans un placard trois mois après. Elle coûte 10 000 euros. Écologiquement, elle coûte je ne sais pas combien de carbone. D'un point de vue éthique, je devenais le médecin que je ne voulais pas être. Mais pareil, aujourd'hui, sur LinkedIn, je parlais des infirmières libérales qui, en fait, sont contraintes d'ir à des patients. Je ne peux pas vous prendre parce que vous n'êtes pas rentable pour moi. Des patients trop lourds, c'est assez absurde, mais il y a des patients qui sont trop lourds. Et donc, le système fait que ça leur coûte plus que ça leur rapporte. Et ce n'est pas de leur faute. Il ne faut pas croire qu'elles sont satisfaites. Au contraire, c'est hyper frustrant parce que ce n'est pas du tout dans les valeurs de quelqu'un qui est soignant de devoir faire un calcul. Et à un moment donné, il faut bien manger, il faut bien... raisonner. Donc ça, c'est au-delà de l'épuisement professionnel, il y a vraiment une crise, une espèce de détresse morale et c'est tant sur le plan en libéral qu'à l'hôpital avec les injonctions paradoxales, etc.

  • Speaker #0

    Très bien, tu as fait un gros effort pour systématiser ça, donc je comprends que la souffrance, elle vient d'abord d'un conflit de valeurs, le fait qu'on ne peut pas exercer avec la... qualité qu'on souhaite et dans laquelle on s'est engagé à faire notre métier, un conflit éthique avec notamment les enjeux écologiques et un conflit économique avec le toujours plus pour facturer encore et avoir une activité pérenne. Je te remercie beaucoup, Maxime. Est-ce que tu peux me dire les diagnostics, de quoi souffrent les soignants et combien ça représente par rapport à d'autres ?

  • Speaker #1

    Oui, on a chaque année des enquêtes, des bilans qui sont faits. Et cette année, c'est la MNH, la Mutuelle Nationale des Hôpitaliers, avec Odoxa, qui a fait l'enquête 2024. L'année d'avant, c'est un rapport ministériel. Et donc déjà, globalement, les soignants sont plus malades que la moyenne des Français. Alors, en fait, si on demande à un soignant... dans les trois derniers mois, est-ce qu'ils sont tombés malades ? Ben oui, à 46%, alors que les Français, c'est 20%. Juste toute maladie confondue. Quelque chose qui est bien plus marqué chez les soignants et qu'on ne peut pas forcément penser, c'est les douleurs et les troubles musculosquelettiques. C'est 60 à 70 et ça augmente avec l'âge du soignant. 60 à 70 des soignants ont des douleurs et des troubles musculosquelettiques, tendinite, lombalgie, alors que la population générale, c'est 30 Après, il y a tous les axes. que j'appelle de santé globale, donc concernant l'alimentation, les soignants déclarent avoir une mauvaise alimentation, ils sont 35%, le sommeil, 77% des soignants, je connais tout par cœur, parce que je vais voir, c'est une base, c'est hyper important pour moi, donc 77% des soignants ont une insomnie, il y a... Quelque chose qui est aussi important, c'est la sédentarité. 35% des soignants déclarent ne pas avoir du tout d'activité physique. Les addictions, 20% des soignants déclarent avoir un usage problématique ou une addiction avec l'alcool et 15% avec les médicaments. Il y a, comme on disait tout à l'heure quand je parlais du burn-out, si on demande au cours des deux dernières années, avez-vous déjà eu un épisode d'épuisement professionnel ou burn-out ? c'est 57% il y a trouble de la concentration et de l'attention ça c'est un peu choquant mais c'est 80% des soignants donc tout ça c'est bien plus que la moyenne des français incroyable

  • Speaker #0

    ce sont des chiffres catastrophiques que tu rapportes Donc, différents types de maladies, différents types de douleurs, d'insomnie, d'addiction, de burn-out, de dépression. Ça m'a l'air assez catastrophique. J'espère qu'on va pouvoir quand même donner un petit peu d'optimisme dans ce podcast. Mais c'est important tout d'abord de faire le diagnostic, de savoir de quoi on parle. Parce que comme dans notre métier, il faut d'abord savoir d'où on vient pour se fixer des objectifs et savoir où aller. Est-ce que tu peux me dire, notamment sur la santé mentale ? burn-out, dépression, etc., est-ce qu'il y a des signes que les soignants peuvent eux-mêmes détecter pour à un moment se dire Oula, je vais peut-être faire gaffe parce que je ne suis pas loin de tomber malade, ma santé mentale n'est pas loin de passer du côté de la santé à la pathologie. Comment reconnaître une altération de notre santé mentale quand on est un médecin, un professionnel de santé ?

  • Speaker #1

    Comme je disais, Un des signes, déjà, c'est les problèmes de concentration, d'attention et d'efficacité. Si vous commencez à être moins efficace ou à avoir, par exemple, oublié vos clés chez vous, mal fermé la porte, alors que ce n'est pas habituel chez vous, peut-être pensez à s'auto-évaluer. Après, il y a plus d'irritabilité ou j'appelle ça aussi l'hypersensibilité. Les réflexions, le bruit, la lumière vont plus être impactants pour vous. Quand vous vous réveillez, vous êtes déjà fatigué. Ça, c'est assez caractéristique. Vous vous levez la journée, vous êtes déjà un peu en hypervigilance. Ça commence, c'est les premiers signes, c'est un petit peu ça. Puis vous êtes quand même coupable à l'idée de prendre un jour de repos ou d'aller consulter un médecin. pour prendre un arrêt maladie. Comment ça, un arrêt maladie ? Qui va s'occuper de mes patients si je ne suis pas là ? Tout ça commence à se mettre en place insidieusement. Voilà.

  • Speaker #0

    Ok, je te remercie beaucoup. Donc, on reconnaît ses premiers signes, on est irritable, on peut oublier des petites choses, on est hyper vigilant, on est moins sympa avec ses patients. On ne souhaite pas consulter parce qu'on est médecin et on peut se soigner soi-même, ça c'est très bien connu. On sent qu'on va arriver dans le burn-out, dans la dépression ou dans l'anxiété chronique. Comment est-ce qu'on peut différencier cette situation avec un stress quotidien qu'on peut avoir quand on est médecin, quand on est même chirurgien, etc. Il faut être stressé, il faut être quand même vigilant quand on fait des procédures. On s'occupe d'humains, parfois on fait des actes techniques, de la petite chirurgie, etc. C'est normal d'être stressé. Si on n'était pas, je pense qu'on serait des mauvais soignants. Alors, comment différencier les deux ? Du stress qui motive, un stress qui nous incite à être vigilant pour bien faire consciencieusement son travail, et le stress qui nous pourrit la vie, qui va nous faire rentrer vers un état pathologique.

  • Speaker #1

    Alors pour ça, moi j'aime bien faire l'analogie avec la douleur. En fait, comme on connaît la douleur aiguë qui est utile, qui est un signe d'alarme et qui reste très important. Et la douleur chronique qui, quand elle s'installe, n'a plus aucun intérêt et elle commence à détruire un peu le système. Mais pour le stress, c'est un peu la même chose. Un stress aigu, une montée d'adrénaline dans le cas d'une garde, c'est très sain. Et quand le stress... Par contre, ce chronicisme, c'est là où il commence à avoir des répercussions. Et pour moi, au-delà de l'intensité du stress, c'est quand ce stress-là ne redescend jamais à zéro. Quand je demande à mes patients, j'ai parfois des patients qui sont aussi des médecins ou des soignants, j'aime bien évaluer leur niveau de stress entre 0 et 10. Et comme pour la douleur, au minimum de la journée, est-ce qu'ils sont à zéro ? C'est hyper important pour moi de savoir ça, parce qu'est-ce qu'ils ont un moment de soupape, de décompression ? à 0 sur 10. Et le plus important, c'est de pouvoir redescendre à 0. Il y a beaucoup de soignants, parfois même le soir, même la nuit, même le sommeil, ne leur fait pas redescendre à 0. Ils se lèvent le matin. Ils ont déjà minimum 3 sur 10 de tension. Et pour moi, c'est là où c'est pathologique. C'est quand l'épisode aigu, utile, de stress, ne redescend pas en fait.

  • Speaker #0

    Je vais te piquer cet outil-là. Et même l'échelle visuelle analogique de temps.

  • Speaker #1

    C'est la même.

  • Speaker #0

    Ça existe physiquement ? C'est un objet qui existe ?

  • Speaker #1

    Non, on peut le créer ensemble si tu veux.

  • Speaker #0

    Excellent, excellent. Tu prends celui de la douleur.

  • Speaker #1

    Moi, j'ai pris l'échelle verbale.

  • Speaker #0

    L'échelle verbale de tension nerveuse. Oui. Très bien, excellente idée. Je vais te piquer cet outil-là. Félicitations, vous êtes bien arrivé à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je... poursuivre ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale. Vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !

Share

Embed

You may also like