- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des soignants qui redonne de la noblesse à notre métier pour soigner mieux et différemment. Aujourd'hui, je vous propose une rencontre à la croisée de la médecine intégrative et de la résilience personnelle. Mon invitée s'appelle Jennifer Verrecha, patiente experte et conférencière. Elle a vécu pendant des années avec des troubles digestifs sévères, un syndrome de l'intestin irritable, mais aussi de nombreuses infections chroniques comme de l'asthme, des migraines, des allergies, de l'endométriose, de la fatigue extrême. Face à des années d'errance médicale, Jennifer a décidé de reprendre sa santé en main. Elle s'est formée à expérimenter, observer, compris, jusqu'à parvenir à être experte de son corps, jusqu'à atteindre une guérison complète. Son parcours incarne à la fois la puissance du savoir patient et cette philosophie que je défends dans ce podcast, une médecine qui remet les clés de la santé entre les mains des patients eux-mêmes et qui repose sur une relation horizontale entre soignant et soigné. Dans cette première partie, On va revenir sur son parcours, des symptômes qui ont janonné son histoire et le moment où tout a basculé, celui où elle a décidé de devenir actrice de sa propre guérison. Bonjour Jennifer.
- Speaker #1
Bonjour Mathieu.
- Speaker #0
Jennifer, merci beaucoup d'être ici avec moi aujourd'hui. Puis je te demande s'il te plaît de te présenter brièvement et surtout de me raconter ton histoire. On va commencer par à quoi ressemblait ta vie en mauvaise santé s'il te plaît.
- Speaker #1
Bonjour Mathieu, merci beaucoup. Je suis honorée de passer sur ton podcast. en tant que patiente partenaire et conférencière justement sur le syndrome de l'intestin irritable et sur les troubles digestifs chroniques fonctionnels. Eh bien, ma vie en mauvaise santé, j'étais vraiment dans un sale état et on va dire qu'on va en parler par bloc, puisque ça s'est dégénéré avec le temps et avec les événements de la vie, ce qui est souvent le cas sur les troubles digestifs chroniques fonctionnels. C'est-à-dire que j'ai commencé à être malade à peu près autour de 7 ans, c'est écrit dans mon carnet de santé, j'avais des troubles digestifs et j'étais sous laxatif, j'étais constipée. Jusqu'au point où j'ai failli faire une occlusion. Et c'est là où je m'en souviens très bien, puisque j'ai dû quitter l'école. J'ai été hospitalisée pour gérer cette occlusion qui allait arriver. Et ça m'a pas mal marquée. Et depuis, parce que depuis cet âge-là, j'ai été sous l'axatif jusqu'à mes 29 ans. C'était la seule solution proposée par le corps médical. Et c'est aussi à cette époque-là, donc vers 7, 8, 9 ans, que j'ai commencé à avoir des allergies alimentaires. Au début, quelques fruits. puis tous les fruits, puis certains légumes crus, puis surtout tous les fruits à coque, amandes, noix, noisettes, etc. C'est là où j'ai commencé à toujours avoir ces troubles digestifs, toujours cette constipation, à avoir quelques diarrhées. C'était vraiment très très gênant, mais comme c'était beaucoup la constipation, c'était pas vraiment un sujet. Bien que j'étais toujours testée par laxatif, et puis j'ai tout testé, et des poires aussi beaucoup. Quand on est enfant, sachant que j'ai grandi avec ça, j'ai dû me construire en tant que femme. avec ça. Donc, j'ai vu énormément de médecins, de gastroenterologues, et surtout, là où ça a redégénéré, c'est à partir du moment où les hormones arrivent et mon cycle va commencer. Donc, à partir de 13 ans, jusqu'à 15 ans, 17 ans, là, on rentre sur un nouveau bloc. Et là, on passe sur le début de l'endométriose qui n'était pas connue du tout à l'époque, des tendinites, des migraines, toujours fatiguées, mais on met ça sur le dos des hormones. et de l'adolescence. Mais c'est vrai que j'étais extrêmement fatiguée. Je commençais à avoir des problèmes de peau, mais pas d'acné, bizarrement. Eczéma et psoriasis plutôt. Et là, je déclenche de nouvelles allergies. Donc, allergies cutanées, au nickel. Là, je fais des tests. Je vois que je suis allergique à quatre métaux différents. Enfin, j'ai des plaques. Si je touche des métaux, j'ai des plaques horribles qui suintent de pus. Voilà. Donc, ça, c'était le deuxième bloc. Et je fais comme je peux. Mon adolescence, on va dire, et ma construction à ce moment-là, parce que la santé mentale est aussi très atteinte, je suis extrêmement renfermée, extrêmement timide. J'ai honte d'aller aux toilettes parce que soit je n'y vais jamais ou quand j'y vais, ça peut être très compliqué pour moi, très long. Ou alors en diarrhée odorante, évidemment, c'est très gênant. Donc, on se retient toujours et on n'arrange absolument rien. Jusqu'au moment où après, le troisième bloc, ça va être plus dans la vie de jeune adulte. Et là, ça... continue de redégénérer. Je déclenche de l'asthme, je déclenche une crise de mastocytère géante pour une allergie où je suis recouverte de boutons, type boutons, c'est pas un mastocytose, sans comprendre. Mais personne ne comprend. De toute façon, personne ne comprend rien à mon état. Je déclenche aussi une frilosité extrême, syndrome de Raynaud, toujours ces tendinites. J'ai été dispensée de sport pendant très longtemps à l'école à cause des tendinites que je ne gérais pas. Et à 26 ans, je commence à avoir des lomalgies. vraiment très paralysante. Je mets une ceinture corset, j'ai du mal à marcher, j'ai mal au dos, comme si j'étais une petite vieille. Et surtout, l'acné arrive. Et là, pour une acné que je n'avais jamais eue, une acné inflammatoire énorme qui ne rajoute rien de bon à la santé mentale derrière. Voilà, jusqu'à ce diagnostic à 29 ans, j'ai vu un énième médecin. Et cette fois, j'ai insisté auprès de ma médecin et j'ai demandé à un gastro-entérologue pourquoi mon intuition me menait encore vers l'intestin. Et voilà, il m'a parlé des FODMAP. Et c'est là où j'ai eu le diagnostic de l'intestin irritable.
- Speaker #0
Donc c'est un sacré programme, je te remercie pour ce témoignage. Et on arrive à ton diagnostic de syndrome de l'intestin irritable, et donc tu vas m'expliquer dans ce podcast comment, en travaillant sur ta santé digestive, tu as réussi à résoudre a priori beaucoup de tes symptômes, qu'il y a les allergies, l'endométriose, la tendinite, la migraine, la fatigue, les éruptions cutanées, etc. C'est passionnant. Est-ce qu'il y a eu un moment particulier dans ton histoire où tu t'es dit ok À partir de maintenant, il faut que je prenne les choses en main moi-même. Est-ce qu'il y a eu peut-être un événement ? Est-ce qu'il y a eu peut-être une rencontre ? Quelque chose qui t'a fait faire ce déclic ?
- Speaker #1
Oui, on va dire qu'il y a eu deux choses. Déjà, il y avait cette fatigue chronique. Et j'insiste sur le terme fatigue chronique parce que j'étais vraiment... Ce n'était pas une fatigue standard du tout. Et comme j'avais 26 ans, 25-26 ans, pleine jeunesse, pour moi, ce n'était pas normal que je me retrouve dans cet état. Et ce qui était horrible, c'est que je n'arrivais pas, je me couchais vers 22h, c'est plutôt tôt pour cet âge-là. Même sans faire la fête, je me couche à 22h, 21h30, je me réveille encore plus fatiguée que la veille. Mais je me réveillais à 9h, 9h30, 10h, je n'arrivais pas du tout à me réveiller. Il y en a plein de mes potes qui essayaient de m'aider, décale ton réveil, fais un effort. Non, et je me réveillais extrêmement fatiguée, j'arrivais en retard au travail. mais en fait, ça a failli me porter présidie, parce que là, j'ai failli juste me prendre en blâme, parce que j'arrive... presque à quasiment 11h, une fois que je suis arrivée à 11h30, mais j'étais au bout de ma vie. Et en fait, je me disais, mais ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible à 26 ans d'être dans cet état-là. Il faut que je trouve ce qui se passe. Et ce n'était pas évident, ce qui se passait. Ce n'était pas évident du tout, avec tout ce que j'avais déjà accumulé. Je ne comprenais pas. Et donc, le deuxième élément déclencheur, ça a été qu'un matin, je me réveille péniblement. je sors du lit, je me dis, allez, j'essaye d'écouter les amis, je force et je me lève. En fait, mon corps était à moitié réveillé, le système nerveux n'était pas réveillé. Donc en fait, je me suis levée et je me suis croulée parce que mes jambes étaient endormies. Sauf que j'étais réveillée que le haut du corps. Donc je me suis relevée avec les bras sur le lit. Je me suis allongée, j'essayais de ne pas paniquer, j'essayais de voir si je bougeais les doigts de pied. Je me suis dit, mais qu'est-ce qui se passe là ? Et c'est là que je me suis dit, en fait, je ne peux pas rester comme ça. ce n'est pas possible, il faut qu'on trouve ce que j'ai et si je n'ai rien tant mieux je vais trouver ce que j'ai donc ça a été ça l'élément déclencheur C'est là que ça m'a menée chez le médecin.
- Speaker #0
Très bien. Et donc, c'est vraiment ce diagnostic de syndrome de l'intestin irritable qui est, selon toi, ta maladie princeps, l'éthiologie principale de tous tes troubles. Quand tu as résolu ce problème-là, tous les autres se sont améliorés ?
- Speaker #1
Tous les autres ont disparu.
- Speaker #0
Ils ont disparu.
- Speaker #1
Oui, oui. Alors, ça, je n'étais pas au courant. Si tu veux, ce n'était pas prévu que ça fonctionne dans ce sens-là. C'est-à-dire que quand je vais chez ma médecin, qui était vraiment très sympa, en plus c'est une médecin adorable, qui prend, je ne sais pas comment elle travaille, dans quel état elle est aujourd'hui, mais qui prend 45 minutes avec chaque patient, avec moi aussi, parce qu'à chaque fois, j'avais au moins 5 trucs à voir avec elle. Et là, je me dis, voilà, je suis trop fatiguée, je n'en peux plus, ce n'est pas possible, on avait fait toutes les analyses, tout va bien. Elle regarde même mon taux de fer, elle fait, dis donc, vous mangez beaucoup de viande ? Non, pas du tout, enfin normal, enfin voilà. Et donc, analyse, il n'y a rien, et comme d'habitude. Et là, je lui dis, mais en fait, est-ce que je peux voir au moins un gastro-entérologue ? Parce qu'à chaque fois que j'allais chez le médecin, à chaque fois, à la fin de la consulte, c'était, vous pouvez me rajouter du Forlax, s'il vous plaît ? Parce que c'était devenu une habitude, je cherchais même pas à comprendre plus, et je lui demandais le Forlax, je ne posais pas de questions, on me le met. Et là, j'ai dit, s'il vous plaît, vous ne voulez pas que je... Est-ce que je peux voir un gastro-entérologue pour rester dans le parcours de soins ? Il fallait que je lui demande à ma généraliste. Et là, elle réfléchit. Oui, c'est vrai que vous êtes constipée depuis plus de 20 ans. Oui, s'il vous plaît, j'aimerais en revoir à nouveau. On ne sait jamais. Il y a peut-être des choses qui ont changé, des connaissances. Mais là, vraiment, j'ai l'impression, on était fin janvier, j'ai l'impression que je suis encore en train de digérer Noël. C'est même elle qui me dit, peut-être que vous digérez encore Noël. Et là, je la regarde, je me dis, mais ça fait plus d'un mois que c'est passé. Donc, même si c'est le cas, je ne peux pas rester avec cette info. Ce n'est pas normal. donc oui j'ai aussi l'impression que je digère encore Noël mais c'est pas possible Ce n'est pas normal du tout. Donc là, j'ai eu enfin ce rendez-vous où elle m'a envoyé chez un gastro-entérologue. Ce n'est pas qu'il était meilleur que les autres, c'est que là, lui, il avait les infos de la liste FODMAP. Il m'a donné ça et il m'a dit votre problème il est alimentaire mademoiselle. vous supprimez les aliments de cette liste, ce qu'il ne faut pas faire, attention, ce qu'il ne faut surtout pas faire à un patient, c'est de le laisser se débrouiller seul avec une liste, mais c'est ce qu'il a fait, et en vrai, quand j'ai eu ce diagnostic-là, d'intestin irritable et tout, je me suis dit, étant donné que j'avais déjà beaucoup d'allergies, que depuis mes 7 ans, je contrôlais déjà mon alimentation, et que j'étais quasiment en dépression à l'époque, enfant, parce que j'adorais les fruits, et c'était très dur pour moi de m'en priver, là on est en train de demander de de continuer de me priver d'aliments. Et comme j'ai vu aussi beaucoup d'allergologues, et les allergologues, à chaque fois, pareil, c'était... « Bah, oui, en effet, vous êtes allergique aux fruits, peut-être la protéine des pollens. En fait, vous avez tellement d'allergies, on peut vous désensibiliser à rien. Trop dangereux, vous risquez d'en déclencher des plus graves. Vous avez juste à éviter ces aliments. » Et je crois qu'ils ne se rendent pas compte, c'est pas juste éviter les aliments. Rentrer dans un régime, quand on en est là, d'éviction, c'est un vrai deuil à faire. C'est un deuil de l'alimentation qu'on avait avant, d'une alimentation normale. C'est extrêmement dur à gérer par rapport au regard des autres, de l'entourage, des proches ou même des serveurs, tout simplement, surtout à l'âge que j'avais à l'époque. Et c'est un vrai deuil à faire. C'est très, très difficile. Donc déjà, j'étais sur... Je vais oublier ça. J'évitais déjà plein de choses. J'avais déjà des réflexions tout le temps. T'es sûr que t'es allergique ? Oui, je boucle. Tu veux pas réessayer ? Non, toujours pas, non. Et en fait là je me prends une liste longue comme l'avant-bras. Il s'est dit, il faut que j'arrête tout ça, encore ? Mais comment je vais faire ? Donc j'ai hésité. Est-ce que je vais chez la diététicienne ? Et à l'époque, en 2019, il n'y en avait pas tant que ça, si ce n'est presque pas. Donc du coup, je suis partie dans l'idée de le faire moi-même. Mais du caractère que j'avais, je me suis dit, en fait, je me suis dit, ce n'est pas possible. Je mets de la critique dans ce qu'on me donne, même si c'est un médecin. Et je vais regarder, je vais trouver des recettes et je vais me voir qu'est-ce que c'est que ce régime FODMAP. Et en fait, j'ai découvert que oui, ce n'est pas du tout un régime ou une hygiène de vie. C'est un protocole et qu'il faut réintégrer, etc. Ça, je l'ai découvert plus tard. Donc, je ne l'ai pas bien fait, mais ça a vraiment aidé.
- Speaker #0
Alors, je rappelle à ce stade que j'ai fait un épisode déjà sur le syndrome de l'intestin irritable, pas avec une patiente experte comme toi, avec une gastro-entérologue spécialiste de cette pathologie. Je vous invite, chers auditeurs, à regarder dans le fil. nous avons discuté des dernières recommandations d'intestin irritable pour ceux qui ne sont pas au jus. On commence donc déjà à bien poser le diagnostic. Une fois qu'on a posé le diagnostic, il y a des mesures d'hygiène et de diététique simples sur les repas, l'hydratation, etc. Et puis si ça ne fonctionne pas, selon les dernières recos, on peut introduire le régime sans FODMAP. C'est un régime qui s'introduit sous contrôle médical parce qu'au début, on enlève tout un tas d'aliments, mais il y a trois phases à ce régime, qui est une phase d'éviction, puis une phase de réintroduction progressive, c'est absolument indispensable, et la troisième phase qui est la phase de consolidation où on sait à ce stade quels aliments on a bien toléré, ceux qu'on n'a pas toléré, etc. Donc tu soulignes bien qu'en fait, ce n'est pas si simple qu'on évite tout un tas d'aliments et puis c'est bon, on est guéri. Il faut se faire accompagner médicalement par une diététicienne, c'est hyper important pour ce régime FODMAP, et puis évidemment se faire poser un diagnostic médical par un gastro-entérologue. Je te remercie beaucoup. Jennifer, pour ce premier échange passionnant, merci pour ton témoignage. Tu nous as permis de comprendre la complexité de ton parcours et ce moment clé où tu as choisi de reprendre le pouvoir sur ta santé. Je vous invite, chers auditeurs, à vous abonner à ce podcast pour ne pas rater le prochain épisode dans lequel on va explorer la suite du chemin de mon invitée, ses découvertes concrètes, des protocoles et les leviers les plus puissants qu'elle a mis en place pour guérir. Salut Jennifer.
- Speaker #1
Salut Mathieu.