undefined cover
undefined cover
1/3 Chirurgienne: trouver sa place cover
1/3 Chirurgienne: trouver sa place cover
Super Docteur - médecine

1/3 Chirurgienne: trouver sa place

1/3 Chirurgienne: trouver sa place

12min |11/11/2025
Play
undefined cover
undefined cover
1/3 Chirurgienne: trouver sa place cover
1/3 Chirurgienne: trouver sa place cover
Super Docteur - médecine

1/3 Chirurgienne: trouver sa place

1/3 Chirurgienne: trouver sa place

12min |11/11/2025
Play

Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.


Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Salut à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans l'épisode que je vous propose aujourd'hui, on va essayer de faire la lumière sur ce que c'est d'être une femme en chirurgie. J'ai eu beaucoup de demandes en ce sens sur mes réseaux, alors j'ai demandé au docteur Valentine Friedman de passer quelques minutes avec moi pour lui poser nos questions. Valentine, vous l'avez déjà entendu dans l'épisode sur l'hypertrophie de la prostate, et je vous invite à l'écouter si le sujet vous intéresse. Alors, en quoi est-ce différent d'être une femme en chirurgie ? Est-ce que c'est plus difficile ? Est-ce qu'on peut avoir une vie de famille, voire des enfants, quand on est chirurgienne ? Valentine va me donner son avis amical qui va j'espère éclairer bon nombre de mes consoeurs qui se destinent à une carrière en chirurgie. J'espère que cet épisode répondra à vos attentes et si c'est le cas, je vous invite à vous abonner à ce podcast, à le partager autour de vous s'il vous a plu et puis à me laisser un avis ou une note sympa sur vos applis ce qui me permettra de vous proposer toujours un contenu de plus en plus qualitatif. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour Valentine !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté ma deuxième invitation dans ce podcast.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Valentine, est-ce qu'il y a des différences entre les chirurgiens hommes et les chirurgiens femmes ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une vaste question, je pense, qui est quasi du niveau de la philosophie. Mais j'aurais tendance à dire, à mon sens, qu'il y a quelques petites différences. Finalement, quand on regarde le résultat le plus important, c'est-à-dire... Le résultat chirurgical, je pense que c'est la même chose. Par contre, il y a un vrai ressenti de plein de petites choses dans la prise en charge des patients et au cours de l'intervention qui sont vraiment, vraiment différents. Pour en avoir beaucoup discuté avec des copines, je confirme qu'il y a vraiment une espèce de différence qui se fait. C'est-à-dire que quand on commence l'internat, on est tous au même niveau, garçons, filles. c'est à dire qu'on est nul, en gros, et on connaît rien. Et c'est un moment génial parce qu'on est là vraiment pour apprendre. On sort de la D4. Alors, je sais qu'on ne dit plus D4,

  • Speaker #0

    mais c'est comme ça que je disais. Ils emploient toujours ce terme.

  • Speaker #1

    Ah bon, ben voilà. On vient de... On est un super externe, on connaît tout, on a l'impression d'être au top du top et on arrive au premier semestre de chirurgie et là, c'est un abîme. On ne sait rien, on ne comprend rien, on est complètement dépassé par la situation. Et ça, c'est pour tout le monde pareil. Et je trouve qu'il y a un vrai gap qui se crée à peu près au milieu de l'internat où, si je peux l'expliquer comme ça, en fait, on se rend tous compte que finalement, opérer, tout le monde peut le faire. C'est juste une question de pratique, de travail, de répétition. Ce sont des gestes, c'est comme de l'artisanat finalement. C'est un compagnonnage. On peut tous apprendre à opérer. Il n'y a pas de bon ou de mauvais chirurgien. Il y a vraiment cette espèce de décalage qui se fait au moment où on se rend tous compte qu'on peut opérer. Je trouve que nous, les femmes, on prend conscience de ça. Et en même temps, du coup, on a une anxiété qui arrive sur cet impact que va avoir notre intervention sur les patients. Et on veut essayer de donner le meilleur de nous-mêmes, de faire ce qui peut être de proposer le plus qualitatif aux patients. Et on se met à douter. et les garçons C'est très genreiste ce que je dis, donc bien évidemment, personne ne rentre dans des cases, mais les garçons ont plus tendance à réaliser qu'ils sont capables d'opérer et que c'est génial et qu'en fait, il faut y aller et qu'il faut se lancer et que c'est super. Et c'est là vraiment où j'ai senti cette espèce de décalage où nous, on devient plus anxieuses et eux deviennent plus excités chirurgicalement.

  • Speaker #0

    Super intéressant. J'avais vu une étude qui disait que les résultats opératoires étaient quand même mieux chez les femmes que chez les hommes en prenant en compte les opérations chirurgicales les plus communes en viscérale, en ortho, etc. C'était une étude qui n'était pas hyper robuste. Mais est-ce qu'on peut dire que les femmes opèrent mieux que les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors, si je ne suis pas du tout objective, je vais dire que oui, évidemment. Si je suis absolument objective, je dirais que non. Pour moi, la chirurgie, encore une fois, c'est vraiment un travail manuel. et comme tout... comme tout ce qui est manuel, c'est des choses qui s'acquièrent en répétant et qu'il n'y a pas de miracle en chirurgie et qu'en fait, il faut avoir des gens qui nous transmettent leur savoir et à nous... de transmettre le nôtre, et finalement, refaire un geste des centaines et des centaines et des centaines de fois, c'est comme ça que le geste y rentre. Et je pense que le challenge dans le fait d'être un chirurgien aujourd'hui, vu qu'on a la prise en charge du patient avant, on pose l'indication, on l'opère, il y a le post-opératoire, pour moi, c'est l'indication opératoire. C'est-à-dire qu'une bonne indication opératoire, à partir du moment où on a les acquis et on a les outils pour réaliser l'intervention, elle se passera bien s'il y a une indication. Si l'indication est tirée par les cheveux, qu'elle n'est pas bonne, qu'il y a un doute, ça ne se passera pas bien. Et ça, garçons, filles, n'importe quel chirurgien, je pense, ne pourra pas me contredire là-dessus. C'est à partir du moment où il y a la bonne indication, il y a les bonnes suites post-opératoires.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que les chefs se comportent différemment quand on est une femme externe, interne, et puis chef par rapport à un homme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'aurais tendance... Alors, à l'époque où j'ai commencé la chirurgie, ça fait très, très bizarre de dire ça, parce que moi, dans ma tête, je suis encore très jeune, mais ça commence à faire une petite dizaine d'années, 35 ans. Donc, ça commence à faire un petit moment que j'ai commencé. Ouais, ça fait 10, 11 ans, quoi. Il y avait... Et moi, je suis urologue. Donc, C'est vrai que c'est un biais parce qu'en urologie, c'est la spécialité où les hommes sont le plus présents, où il y a le moins de femmes en fait. Je crois qu'il y a 8% de nanas, un truc comme ça. En tout cas, quand je suis arrivée, et heureusement, les choses changent. Et maintenant, sur les promos, il y a plein de jeunes urologues et plein de jeunes internes et des chefs. Et c'est super cool. Mais c'est vrai qu'on était des promotions où il y avait beaucoup plus de garçons. Et encore, nous, on commençait à être quelques filles. Mais avant nous, il n'y avait quasiment que des hommes. Donc, que des chefs garçons. que des péages garçons, bien sûr des PUPH, des chefs de service. Enfin, je veux dire, voilà, c'était maintenant, les choses ont changé, mais vraiment, c'était très masculin, des patients garçons. Donc, il y avait les infirmières et nous, les filles, le peu de filles urologues. Et je dirais qu'il y a quand même, oui, une différence entre les garçons et les filles, ça c'est évident, mais qui n'est pas propre à la chirurgie, qui est due au fait que je pense qu'il y a une différence quand on s'adresse à un homme et à une femme dans la société. qu'il y a une différence de perception des choses, que quand on est un garçon, on ne s'adresse pas pareil à une fille qu'à un garçon. Et inversement, quand j'avais une chef femme, elle ne s'adressait pas à moi de la même façon. Par contre, pour les amitiés que j'ai créées avec mes chefs, donc avec les gens plus anciens que moi, j'ai autant de garçons que de filles. J'ai créé des amitiés très solides avec des hommes et avec des femmes, juste parce que je pense qu'on vibrait au même diapason et qu'on avait les mêmes sensibilités. Mais oui ! Oui, j'essaye même de réfléchir à moi, quand j'étais chef, comment je pouvais m'adresser à une interne fille ou à un interne garçon. Évidemment que je m'identifiais plus à une fille. Ça, c'est problématique, à ses anxiétés, à ses questions. Et que si un garçon venait à moi, j'aurais été ravie de lui répondre. Mais les choses, c'est vrai, se faisaient peut-être un tout petit peu moins facilement. Et encore, moi, j'ai toujours eu des rapports très faciles avec n'importe qui, soit les garçons ou les filles. J'ai un caractère qui est fort, je sais. Mais ça peut frotter aussi bien avec des garçons que des filles.

  • Speaker #0

    Très bien. Et donc, tu n'as pas l'impression qu'en chirurgie, c'est plus particulier d'être une femme par rapport à la médecine, à un service de médecine traditionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport aux médecins, non. Attention, c'est vraiment par rapport aux médecins. Par contre, pour les patients, il y a une énorme différence. C'est-à-dire que moi, ça m'est arrivé de nombreuses fois. quand j'étais même chef de clinique, c'est-à-dire que j'opérais des patients que j'avais vus en consultation, que j'avais opérés, que j'allais voir dans leur chambre après l'intervention, qui me demandent qui était le docteur Friedman. Parce qu'ils étaient persuadés qu'ils avaient vu une assistante, une infirmière, une aide-soignante, mais que ce n'était pas moi le chirurgien. Ça, c'est arrivé tellement de fois. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que les gens, les patients s'adressent à vous soit par votre prénom, soit en disant « madame » . Alors que si, par exemple, on fait la visite avec un externe, garçon, donc un externe qui est plus jeune que moi, ils vont dire à l'externe « docteur » et moi, je serai « valentine » ou je serai « madame » . Ça, c'est hyper, hyper évident. Ça saute tout de suite aux yeux. Quand je ne travaille plus à l'hôpital, mais en tout cas quand j'y étais. Et la dernière chose, c'est le personnel paramédical. Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes. C'est vrai que les garçons... je pense, n'ont pas ce ressenti-là de devoir faire sa place. C'est-à-dire qu'une femme, il faut faire attention parce que si on est un petit peu trop bien habillée, maquillée... à prêter, on est un peu une aguicheuse. Si jamais on est un peu trop pas habillé, négligé, fatigué, on est dépressive. Donc, c'est assez compliqué de trouver sa place et de l'affirmer avec le personnel paramédical. Et j'ai fait une expérience qui était rigolote. C'est que j'étais en consultation dans un box à l'hôpital. À côté de moi, il y avait mon co-chef. Donc, on était tous les deux. et un des patients demandait et ce jour-là, mon co-chef qui consultait avec moi n'était pas là. Et du coup, il y avait moi, je consultais et puis il y avait la salle avec les infirmières qui n'étaient pas loin, je les entendais et il y a un patient qui demandait à voir le docteur Bidule. Et comme le docteur Bidule étant mon co-chef, il n'était pas là, l'infirmière a dit, mais hyper naturellement, ah non, mais le docteur Bidule n'est pas là, mais si vous voulez, il y a Valentin aujourd'hui. Donc, c'est tout à fait gentil, c'est absolument naïf et innocent mais elle prouve bien qu'il y a une énorme différence entre mon co-chef, garçon, et moi, chef de clinique, fille.

  • Speaker #0

    C'est violent, oui. Donc en fait, pour résumer, vis-à-vis de tes confrères, tu n'as pas senti de vraie différence. Vis-à-vis de tes patients, il y en a une qui est quand même ultra importante. Et ce qui est assez inattendu, c'est que vis-à-vis du personnel paramédical qui t'entoure, là quand même, c'est assez significatif.

  • Speaker #1

    moi je trouve quand même que au niveau paramédical, il y a eu... Il faut montrer sa place, en fait. Il faut montrer qu'on est chirurgien, qu'on sait de quoi on parle, qu'on sait ce qu'on fait, qu'on est serein, qu'on n'est ni complètement maniaco-dépressive, ni complètement excité, que, voilà, on est à sa place, quoi. Et à partir de là, tout se passe bien. Mais avant, il peut y avoir des petits... Voilà. Et c'est ça, vraiment, le message à passer, c'est comme si, nous, il fallait... prouver quelque chose. Alors des fois, c'est un peu fatigant.

  • Speaker #0

    Alors que quand t'es un garçon, t'es fatigué, t'as une garde, t'es beau gosse.

  • Speaker #1

    C'est dur, c'est dur. Il faut aller se reposer, c'est difficile. Moi, c'est vrai que j'ai fait un internat à une époque où il n'y avait pas de repos de garde, c'était des choses qui n'existaient pas, donc on était toujours fatigué, on était toujours un peu fleur de peau. Et c'est vrai que parfois, il peut y avoir des moments de sortie de rail, parce qu'en fait, et de montrer, d'affirmer sa place avec les patients. Et avec le paramètre, c'est usant au bout d'un moment. Bien évidemment, on peut avoir des petites réflexions, des vieux chirurgiens qui traînent dans le bloc opératoire, mais moi, je les ai toujours prises à la dérision et je n'ai jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets... plein de contenu pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.


Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Salut à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans l'épisode que je vous propose aujourd'hui, on va essayer de faire la lumière sur ce que c'est d'être une femme en chirurgie. J'ai eu beaucoup de demandes en ce sens sur mes réseaux, alors j'ai demandé au docteur Valentine Friedman de passer quelques minutes avec moi pour lui poser nos questions. Valentine, vous l'avez déjà entendu dans l'épisode sur l'hypertrophie de la prostate, et je vous invite à l'écouter si le sujet vous intéresse. Alors, en quoi est-ce différent d'être une femme en chirurgie ? Est-ce que c'est plus difficile ? Est-ce qu'on peut avoir une vie de famille, voire des enfants, quand on est chirurgienne ? Valentine va me donner son avis amical qui va j'espère éclairer bon nombre de mes consoeurs qui se destinent à une carrière en chirurgie. J'espère que cet épisode répondra à vos attentes et si c'est le cas, je vous invite à vous abonner à ce podcast, à le partager autour de vous s'il vous a plu et puis à me laisser un avis ou une note sympa sur vos applis ce qui me permettra de vous proposer toujours un contenu de plus en plus qualitatif. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour Valentine !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté ma deuxième invitation dans ce podcast.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Valentine, est-ce qu'il y a des différences entre les chirurgiens hommes et les chirurgiens femmes ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une vaste question, je pense, qui est quasi du niveau de la philosophie. Mais j'aurais tendance à dire, à mon sens, qu'il y a quelques petites différences. Finalement, quand on regarde le résultat le plus important, c'est-à-dire... Le résultat chirurgical, je pense que c'est la même chose. Par contre, il y a un vrai ressenti de plein de petites choses dans la prise en charge des patients et au cours de l'intervention qui sont vraiment, vraiment différents. Pour en avoir beaucoup discuté avec des copines, je confirme qu'il y a vraiment une espèce de différence qui se fait. C'est-à-dire que quand on commence l'internat, on est tous au même niveau, garçons, filles. c'est à dire qu'on est nul, en gros, et on connaît rien. Et c'est un moment génial parce qu'on est là vraiment pour apprendre. On sort de la D4. Alors, je sais qu'on ne dit plus D4,

  • Speaker #0

    mais c'est comme ça que je disais. Ils emploient toujours ce terme.

  • Speaker #1

    Ah bon, ben voilà. On vient de... On est un super externe, on connaît tout, on a l'impression d'être au top du top et on arrive au premier semestre de chirurgie et là, c'est un abîme. On ne sait rien, on ne comprend rien, on est complètement dépassé par la situation. Et ça, c'est pour tout le monde pareil. Et je trouve qu'il y a un vrai gap qui se crée à peu près au milieu de l'internat où, si je peux l'expliquer comme ça, en fait, on se rend tous compte que finalement, opérer, tout le monde peut le faire. C'est juste une question de pratique, de travail, de répétition. Ce sont des gestes, c'est comme de l'artisanat finalement. C'est un compagnonnage. On peut tous apprendre à opérer. Il n'y a pas de bon ou de mauvais chirurgien. Il y a vraiment cette espèce de décalage qui se fait au moment où on se rend tous compte qu'on peut opérer. Je trouve que nous, les femmes, on prend conscience de ça. Et en même temps, du coup, on a une anxiété qui arrive sur cet impact que va avoir notre intervention sur les patients. Et on veut essayer de donner le meilleur de nous-mêmes, de faire ce qui peut être de proposer le plus qualitatif aux patients. Et on se met à douter. et les garçons C'est très genreiste ce que je dis, donc bien évidemment, personne ne rentre dans des cases, mais les garçons ont plus tendance à réaliser qu'ils sont capables d'opérer et que c'est génial et qu'en fait, il faut y aller et qu'il faut se lancer et que c'est super. Et c'est là vraiment où j'ai senti cette espèce de décalage où nous, on devient plus anxieuses et eux deviennent plus excités chirurgicalement.

  • Speaker #0

    Super intéressant. J'avais vu une étude qui disait que les résultats opératoires étaient quand même mieux chez les femmes que chez les hommes en prenant en compte les opérations chirurgicales les plus communes en viscérale, en ortho, etc. C'était une étude qui n'était pas hyper robuste. Mais est-ce qu'on peut dire que les femmes opèrent mieux que les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors, si je ne suis pas du tout objective, je vais dire que oui, évidemment. Si je suis absolument objective, je dirais que non. Pour moi, la chirurgie, encore une fois, c'est vraiment un travail manuel. et comme tout... comme tout ce qui est manuel, c'est des choses qui s'acquièrent en répétant et qu'il n'y a pas de miracle en chirurgie et qu'en fait, il faut avoir des gens qui nous transmettent leur savoir et à nous... de transmettre le nôtre, et finalement, refaire un geste des centaines et des centaines et des centaines de fois, c'est comme ça que le geste y rentre. Et je pense que le challenge dans le fait d'être un chirurgien aujourd'hui, vu qu'on a la prise en charge du patient avant, on pose l'indication, on l'opère, il y a le post-opératoire, pour moi, c'est l'indication opératoire. C'est-à-dire qu'une bonne indication opératoire, à partir du moment où on a les acquis et on a les outils pour réaliser l'intervention, elle se passera bien s'il y a une indication. Si l'indication est tirée par les cheveux, qu'elle n'est pas bonne, qu'il y a un doute, ça ne se passera pas bien. Et ça, garçons, filles, n'importe quel chirurgien, je pense, ne pourra pas me contredire là-dessus. C'est à partir du moment où il y a la bonne indication, il y a les bonnes suites post-opératoires.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que les chefs se comportent différemment quand on est une femme externe, interne, et puis chef par rapport à un homme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'aurais tendance... Alors, à l'époque où j'ai commencé la chirurgie, ça fait très, très bizarre de dire ça, parce que moi, dans ma tête, je suis encore très jeune, mais ça commence à faire une petite dizaine d'années, 35 ans. Donc, ça commence à faire un petit moment que j'ai commencé. Ouais, ça fait 10, 11 ans, quoi. Il y avait... Et moi, je suis urologue. Donc, C'est vrai que c'est un biais parce qu'en urologie, c'est la spécialité où les hommes sont le plus présents, où il y a le moins de femmes en fait. Je crois qu'il y a 8% de nanas, un truc comme ça. En tout cas, quand je suis arrivée, et heureusement, les choses changent. Et maintenant, sur les promos, il y a plein de jeunes urologues et plein de jeunes internes et des chefs. Et c'est super cool. Mais c'est vrai qu'on était des promotions où il y avait beaucoup plus de garçons. Et encore, nous, on commençait à être quelques filles. Mais avant nous, il n'y avait quasiment que des hommes. Donc, que des chefs garçons. que des péages garçons, bien sûr des PUPH, des chefs de service. Enfin, je veux dire, voilà, c'était maintenant, les choses ont changé, mais vraiment, c'était très masculin, des patients garçons. Donc, il y avait les infirmières et nous, les filles, le peu de filles urologues. Et je dirais qu'il y a quand même, oui, une différence entre les garçons et les filles, ça c'est évident, mais qui n'est pas propre à la chirurgie, qui est due au fait que je pense qu'il y a une différence quand on s'adresse à un homme et à une femme dans la société. qu'il y a une différence de perception des choses, que quand on est un garçon, on ne s'adresse pas pareil à une fille qu'à un garçon. Et inversement, quand j'avais une chef femme, elle ne s'adressait pas à moi de la même façon. Par contre, pour les amitiés que j'ai créées avec mes chefs, donc avec les gens plus anciens que moi, j'ai autant de garçons que de filles. J'ai créé des amitiés très solides avec des hommes et avec des femmes, juste parce que je pense qu'on vibrait au même diapason et qu'on avait les mêmes sensibilités. Mais oui ! Oui, j'essaye même de réfléchir à moi, quand j'étais chef, comment je pouvais m'adresser à une interne fille ou à un interne garçon. Évidemment que je m'identifiais plus à une fille. Ça, c'est problématique, à ses anxiétés, à ses questions. Et que si un garçon venait à moi, j'aurais été ravie de lui répondre. Mais les choses, c'est vrai, se faisaient peut-être un tout petit peu moins facilement. Et encore, moi, j'ai toujours eu des rapports très faciles avec n'importe qui, soit les garçons ou les filles. J'ai un caractère qui est fort, je sais. Mais ça peut frotter aussi bien avec des garçons que des filles.

  • Speaker #0

    Très bien. Et donc, tu n'as pas l'impression qu'en chirurgie, c'est plus particulier d'être une femme par rapport à la médecine, à un service de médecine traditionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport aux médecins, non. Attention, c'est vraiment par rapport aux médecins. Par contre, pour les patients, il y a une énorme différence. C'est-à-dire que moi, ça m'est arrivé de nombreuses fois. quand j'étais même chef de clinique, c'est-à-dire que j'opérais des patients que j'avais vus en consultation, que j'avais opérés, que j'allais voir dans leur chambre après l'intervention, qui me demandent qui était le docteur Friedman. Parce qu'ils étaient persuadés qu'ils avaient vu une assistante, une infirmière, une aide-soignante, mais que ce n'était pas moi le chirurgien. Ça, c'est arrivé tellement de fois. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que les gens, les patients s'adressent à vous soit par votre prénom, soit en disant « madame » . Alors que si, par exemple, on fait la visite avec un externe, garçon, donc un externe qui est plus jeune que moi, ils vont dire à l'externe « docteur » et moi, je serai « valentine » ou je serai « madame » . Ça, c'est hyper, hyper évident. Ça saute tout de suite aux yeux. Quand je ne travaille plus à l'hôpital, mais en tout cas quand j'y étais. Et la dernière chose, c'est le personnel paramédical. Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes. C'est vrai que les garçons... je pense, n'ont pas ce ressenti-là de devoir faire sa place. C'est-à-dire qu'une femme, il faut faire attention parce que si on est un petit peu trop bien habillée, maquillée... à prêter, on est un peu une aguicheuse. Si jamais on est un peu trop pas habillé, négligé, fatigué, on est dépressive. Donc, c'est assez compliqué de trouver sa place et de l'affirmer avec le personnel paramédical. Et j'ai fait une expérience qui était rigolote. C'est que j'étais en consultation dans un box à l'hôpital. À côté de moi, il y avait mon co-chef. Donc, on était tous les deux. et un des patients demandait et ce jour-là, mon co-chef qui consultait avec moi n'était pas là. Et du coup, il y avait moi, je consultais et puis il y avait la salle avec les infirmières qui n'étaient pas loin, je les entendais et il y a un patient qui demandait à voir le docteur Bidule. Et comme le docteur Bidule étant mon co-chef, il n'était pas là, l'infirmière a dit, mais hyper naturellement, ah non, mais le docteur Bidule n'est pas là, mais si vous voulez, il y a Valentin aujourd'hui. Donc, c'est tout à fait gentil, c'est absolument naïf et innocent mais elle prouve bien qu'il y a une énorme différence entre mon co-chef, garçon, et moi, chef de clinique, fille.

  • Speaker #0

    C'est violent, oui. Donc en fait, pour résumer, vis-à-vis de tes confrères, tu n'as pas senti de vraie différence. Vis-à-vis de tes patients, il y en a une qui est quand même ultra importante. Et ce qui est assez inattendu, c'est que vis-à-vis du personnel paramédical qui t'entoure, là quand même, c'est assez significatif.

  • Speaker #1

    moi je trouve quand même que au niveau paramédical, il y a eu... Il faut montrer sa place, en fait. Il faut montrer qu'on est chirurgien, qu'on sait de quoi on parle, qu'on sait ce qu'on fait, qu'on est serein, qu'on n'est ni complètement maniaco-dépressive, ni complètement excité, que, voilà, on est à sa place, quoi. Et à partir de là, tout se passe bien. Mais avant, il peut y avoir des petits... Voilà. Et c'est ça, vraiment, le message à passer, c'est comme si, nous, il fallait... prouver quelque chose. Alors des fois, c'est un peu fatigant.

  • Speaker #0

    Alors que quand t'es un garçon, t'es fatigué, t'as une garde, t'es beau gosse.

  • Speaker #1

    C'est dur, c'est dur. Il faut aller se reposer, c'est difficile. Moi, c'est vrai que j'ai fait un internat à une époque où il n'y avait pas de repos de garde, c'était des choses qui n'existaient pas, donc on était toujours fatigué, on était toujours un peu fleur de peau. Et c'est vrai que parfois, il peut y avoir des moments de sortie de rail, parce qu'en fait, et de montrer, d'affirmer sa place avec les patients. Et avec le paramètre, c'est usant au bout d'un moment. Bien évidemment, on peut avoir des petites réflexions, des vieux chirurgiens qui traînent dans le bloc opératoire, mais moi, je les ai toujours prises à la dérision et je n'ai jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets... plein de contenu pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

Share

Embed

You may also like

Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.


Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Salut à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans l'épisode que je vous propose aujourd'hui, on va essayer de faire la lumière sur ce que c'est d'être une femme en chirurgie. J'ai eu beaucoup de demandes en ce sens sur mes réseaux, alors j'ai demandé au docteur Valentine Friedman de passer quelques minutes avec moi pour lui poser nos questions. Valentine, vous l'avez déjà entendu dans l'épisode sur l'hypertrophie de la prostate, et je vous invite à l'écouter si le sujet vous intéresse. Alors, en quoi est-ce différent d'être une femme en chirurgie ? Est-ce que c'est plus difficile ? Est-ce qu'on peut avoir une vie de famille, voire des enfants, quand on est chirurgienne ? Valentine va me donner son avis amical qui va j'espère éclairer bon nombre de mes consoeurs qui se destinent à une carrière en chirurgie. J'espère que cet épisode répondra à vos attentes et si c'est le cas, je vous invite à vous abonner à ce podcast, à le partager autour de vous s'il vous a plu et puis à me laisser un avis ou une note sympa sur vos applis ce qui me permettra de vous proposer toujours un contenu de plus en plus qualitatif. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour Valentine !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté ma deuxième invitation dans ce podcast.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Valentine, est-ce qu'il y a des différences entre les chirurgiens hommes et les chirurgiens femmes ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une vaste question, je pense, qui est quasi du niveau de la philosophie. Mais j'aurais tendance à dire, à mon sens, qu'il y a quelques petites différences. Finalement, quand on regarde le résultat le plus important, c'est-à-dire... Le résultat chirurgical, je pense que c'est la même chose. Par contre, il y a un vrai ressenti de plein de petites choses dans la prise en charge des patients et au cours de l'intervention qui sont vraiment, vraiment différents. Pour en avoir beaucoup discuté avec des copines, je confirme qu'il y a vraiment une espèce de différence qui se fait. C'est-à-dire que quand on commence l'internat, on est tous au même niveau, garçons, filles. c'est à dire qu'on est nul, en gros, et on connaît rien. Et c'est un moment génial parce qu'on est là vraiment pour apprendre. On sort de la D4. Alors, je sais qu'on ne dit plus D4,

  • Speaker #0

    mais c'est comme ça que je disais. Ils emploient toujours ce terme.

  • Speaker #1

    Ah bon, ben voilà. On vient de... On est un super externe, on connaît tout, on a l'impression d'être au top du top et on arrive au premier semestre de chirurgie et là, c'est un abîme. On ne sait rien, on ne comprend rien, on est complètement dépassé par la situation. Et ça, c'est pour tout le monde pareil. Et je trouve qu'il y a un vrai gap qui se crée à peu près au milieu de l'internat où, si je peux l'expliquer comme ça, en fait, on se rend tous compte que finalement, opérer, tout le monde peut le faire. C'est juste une question de pratique, de travail, de répétition. Ce sont des gestes, c'est comme de l'artisanat finalement. C'est un compagnonnage. On peut tous apprendre à opérer. Il n'y a pas de bon ou de mauvais chirurgien. Il y a vraiment cette espèce de décalage qui se fait au moment où on se rend tous compte qu'on peut opérer. Je trouve que nous, les femmes, on prend conscience de ça. Et en même temps, du coup, on a une anxiété qui arrive sur cet impact que va avoir notre intervention sur les patients. Et on veut essayer de donner le meilleur de nous-mêmes, de faire ce qui peut être de proposer le plus qualitatif aux patients. Et on se met à douter. et les garçons C'est très genreiste ce que je dis, donc bien évidemment, personne ne rentre dans des cases, mais les garçons ont plus tendance à réaliser qu'ils sont capables d'opérer et que c'est génial et qu'en fait, il faut y aller et qu'il faut se lancer et que c'est super. Et c'est là vraiment où j'ai senti cette espèce de décalage où nous, on devient plus anxieuses et eux deviennent plus excités chirurgicalement.

  • Speaker #0

    Super intéressant. J'avais vu une étude qui disait que les résultats opératoires étaient quand même mieux chez les femmes que chez les hommes en prenant en compte les opérations chirurgicales les plus communes en viscérale, en ortho, etc. C'était une étude qui n'était pas hyper robuste. Mais est-ce qu'on peut dire que les femmes opèrent mieux que les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors, si je ne suis pas du tout objective, je vais dire que oui, évidemment. Si je suis absolument objective, je dirais que non. Pour moi, la chirurgie, encore une fois, c'est vraiment un travail manuel. et comme tout... comme tout ce qui est manuel, c'est des choses qui s'acquièrent en répétant et qu'il n'y a pas de miracle en chirurgie et qu'en fait, il faut avoir des gens qui nous transmettent leur savoir et à nous... de transmettre le nôtre, et finalement, refaire un geste des centaines et des centaines et des centaines de fois, c'est comme ça que le geste y rentre. Et je pense que le challenge dans le fait d'être un chirurgien aujourd'hui, vu qu'on a la prise en charge du patient avant, on pose l'indication, on l'opère, il y a le post-opératoire, pour moi, c'est l'indication opératoire. C'est-à-dire qu'une bonne indication opératoire, à partir du moment où on a les acquis et on a les outils pour réaliser l'intervention, elle se passera bien s'il y a une indication. Si l'indication est tirée par les cheveux, qu'elle n'est pas bonne, qu'il y a un doute, ça ne se passera pas bien. Et ça, garçons, filles, n'importe quel chirurgien, je pense, ne pourra pas me contredire là-dessus. C'est à partir du moment où il y a la bonne indication, il y a les bonnes suites post-opératoires.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que les chefs se comportent différemment quand on est une femme externe, interne, et puis chef par rapport à un homme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'aurais tendance... Alors, à l'époque où j'ai commencé la chirurgie, ça fait très, très bizarre de dire ça, parce que moi, dans ma tête, je suis encore très jeune, mais ça commence à faire une petite dizaine d'années, 35 ans. Donc, ça commence à faire un petit moment que j'ai commencé. Ouais, ça fait 10, 11 ans, quoi. Il y avait... Et moi, je suis urologue. Donc, C'est vrai que c'est un biais parce qu'en urologie, c'est la spécialité où les hommes sont le plus présents, où il y a le moins de femmes en fait. Je crois qu'il y a 8% de nanas, un truc comme ça. En tout cas, quand je suis arrivée, et heureusement, les choses changent. Et maintenant, sur les promos, il y a plein de jeunes urologues et plein de jeunes internes et des chefs. Et c'est super cool. Mais c'est vrai qu'on était des promotions où il y avait beaucoup plus de garçons. Et encore, nous, on commençait à être quelques filles. Mais avant nous, il n'y avait quasiment que des hommes. Donc, que des chefs garçons. que des péages garçons, bien sûr des PUPH, des chefs de service. Enfin, je veux dire, voilà, c'était maintenant, les choses ont changé, mais vraiment, c'était très masculin, des patients garçons. Donc, il y avait les infirmières et nous, les filles, le peu de filles urologues. Et je dirais qu'il y a quand même, oui, une différence entre les garçons et les filles, ça c'est évident, mais qui n'est pas propre à la chirurgie, qui est due au fait que je pense qu'il y a une différence quand on s'adresse à un homme et à une femme dans la société. qu'il y a une différence de perception des choses, que quand on est un garçon, on ne s'adresse pas pareil à une fille qu'à un garçon. Et inversement, quand j'avais une chef femme, elle ne s'adressait pas à moi de la même façon. Par contre, pour les amitiés que j'ai créées avec mes chefs, donc avec les gens plus anciens que moi, j'ai autant de garçons que de filles. J'ai créé des amitiés très solides avec des hommes et avec des femmes, juste parce que je pense qu'on vibrait au même diapason et qu'on avait les mêmes sensibilités. Mais oui ! Oui, j'essaye même de réfléchir à moi, quand j'étais chef, comment je pouvais m'adresser à une interne fille ou à un interne garçon. Évidemment que je m'identifiais plus à une fille. Ça, c'est problématique, à ses anxiétés, à ses questions. Et que si un garçon venait à moi, j'aurais été ravie de lui répondre. Mais les choses, c'est vrai, se faisaient peut-être un tout petit peu moins facilement. Et encore, moi, j'ai toujours eu des rapports très faciles avec n'importe qui, soit les garçons ou les filles. J'ai un caractère qui est fort, je sais. Mais ça peut frotter aussi bien avec des garçons que des filles.

  • Speaker #0

    Très bien. Et donc, tu n'as pas l'impression qu'en chirurgie, c'est plus particulier d'être une femme par rapport à la médecine, à un service de médecine traditionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport aux médecins, non. Attention, c'est vraiment par rapport aux médecins. Par contre, pour les patients, il y a une énorme différence. C'est-à-dire que moi, ça m'est arrivé de nombreuses fois. quand j'étais même chef de clinique, c'est-à-dire que j'opérais des patients que j'avais vus en consultation, que j'avais opérés, que j'allais voir dans leur chambre après l'intervention, qui me demandent qui était le docteur Friedman. Parce qu'ils étaient persuadés qu'ils avaient vu une assistante, une infirmière, une aide-soignante, mais que ce n'était pas moi le chirurgien. Ça, c'est arrivé tellement de fois. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que les gens, les patients s'adressent à vous soit par votre prénom, soit en disant « madame » . Alors que si, par exemple, on fait la visite avec un externe, garçon, donc un externe qui est plus jeune que moi, ils vont dire à l'externe « docteur » et moi, je serai « valentine » ou je serai « madame » . Ça, c'est hyper, hyper évident. Ça saute tout de suite aux yeux. Quand je ne travaille plus à l'hôpital, mais en tout cas quand j'y étais. Et la dernière chose, c'est le personnel paramédical. Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes. C'est vrai que les garçons... je pense, n'ont pas ce ressenti-là de devoir faire sa place. C'est-à-dire qu'une femme, il faut faire attention parce que si on est un petit peu trop bien habillée, maquillée... à prêter, on est un peu une aguicheuse. Si jamais on est un peu trop pas habillé, négligé, fatigué, on est dépressive. Donc, c'est assez compliqué de trouver sa place et de l'affirmer avec le personnel paramédical. Et j'ai fait une expérience qui était rigolote. C'est que j'étais en consultation dans un box à l'hôpital. À côté de moi, il y avait mon co-chef. Donc, on était tous les deux. et un des patients demandait et ce jour-là, mon co-chef qui consultait avec moi n'était pas là. Et du coup, il y avait moi, je consultais et puis il y avait la salle avec les infirmières qui n'étaient pas loin, je les entendais et il y a un patient qui demandait à voir le docteur Bidule. Et comme le docteur Bidule étant mon co-chef, il n'était pas là, l'infirmière a dit, mais hyper naturellement, ah non, mais le docteur Bidule n'est pas là, mais si vous voulez, il y a Valentin aujourd'hui. Donc, c'est tout à fait gentil, c'est absolument naïf et innocent mais elle prouve bien qu'il y a une énorme différence entre mon co-chef, garçon, et moi, chef de clinique, fille.

  • Speaker #0

    C'est violent, oui. Donc en fait, pour résumer, vis-à-vis de tes confrères, tu n'as pas senti de vraie différence. Vis-à-vis de tes patients, il y en a une qui est quand même ultra importante. Et ce qui est assez inattendu, c'est que vis-à-vis du personnel paramédical qui t'entoure, là quand même, c'est assez significatif.

  • Speaker #1

    moi je trouve quand même que au niveau paramédical, il y a eu... Il faut montrer sa place, en fait. Il faut montrer qu'on est chirurgien, qu'on sait de quoi on parle, qu'on sait ce qu'on fait, qu'on est serein, qu'on n'est ni complètement maniaco-dépressive, ni complètement excité, que, voilà, on est à sa place, quoi. Et à partir de là, tout se passe bien. Mais avant, il peut y avoir des petits... Voilà. Et c'est ça, vraiment, le message à passer, c'est comme si, nous, il fallait... prouver quelque chose. Alors des fois, c'est un peu fatigant.

  • Speaker #0

    Alors que quand t'es un garçon, t'es fatigué, t'as une garde, t'es beau gosse.

  • Speaker #1

    C'est dur, c'est dur. Il faut aller se reposer, c'est difficile. Moi, c'est vrai que j'ai fait un internat à une époque où il n'y avait pas de repos de garde, c'était des choses qui n'existaient pas, donc on était toujours fatigué, on était toujours un peu fleur de peau. Et c'est vrai que parfois, il peut y avoir des moments de sortie de rail, parce qu'en fait, et de montrer, d'affirmer sa place avec les patients. Et avec le paramètre, c'est usant au bout d'un moment. Bien évidemment, on peut avoir des petites réflexions, des vieux chirurgiens qui traînent dans le bloc opératoire, mais moi, je les ai toujours prises à la dérision et je n'ai jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets... plein de contenu pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!): https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.


Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet


Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA


Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/


Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Salut à tous et bienvenue sur Super Docteur. Dans l'épisode que je vous propose aujourd'hui, on va essayer de faire la lumière sur ce que c'est d'être une femme en chirurgie. J'ai eu beaucoup de demandes en ce sens sur mes réseaux, alors j'ai demandé au docteur Valentine Friedman de passer quelques minutes avec moi pour lui poser nos questions. Valentine, vous l'avez déjà entendu dans l'épisode sur l'hypertrophie de la prostate, et je vous invite à l'écouter si le sujet vous intéresse. Alors, en quoi est-ce différent d'être une femme en chirurgie ? Est-ce que c'est plus difficile ? Est-ce qu'on peut avoir une vie de famille, voire des enfants, quand on est chirurgienne ? Valentine va me donner son avis amical qui va j'espère éclairer bon nombre de mes consoeurs qui se destinent à une carrière en chirurgie. J'espère que cet épisode répondra à vos attentes et si c'est le cas, je vous invite à vous abonner à ce podcast, à le partager autour de vous s'il vous a plu et puis à me laisser un avis ou une note sympa sur vos applis ce qui me permettra de vous proposer toujours un contenu de plus en plus qualitatif. Je vous souhaite une excellente écoute. Bonjour Valentine !

  • Speaker #1

    Bonjour !

  • Speaker #0

    Merci beaucoup d'avoir accepté ma deuxième invitation dans ce podcast.

  • Speaker #1

    Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Valentine, est-ce qu'il y a des différences entre les chirurgiens hommes et les chirurgiens femmes ?

  • Speaker #1

    Alors, c'est une vaste question, je pense, qui est quasi du niveau de la philosophie. Mais j'aurais tendance à dire, à mon sens, qu'il y a quelques petites différences. Finalement, quand on regarde le résultat le plus important, c'est-à-dire... Le résultat chirurgical, je pense que c'est la même chose. Par contre, il y a un vrai ressenti de plein de petites choses dans la prise en charge des patients et au cours de l'intervention qui sont vraiment, vraiment différents. Pour en avoir beaucoup discuté avec des copines, je confirme qu'il y a vraiment une espèce de différence qui se fait. C'est-à-dire que quand on commence l'internat, on est tous au même niveau, garçons, filles. c'est à dire qu'on est nul, en gros, et on connaît rien. Et c'est un moment génial parce qu'on est là vraiment pour apprendre. On sort de la D4. Alors, je sais qu'on ne dit plus D4,

  • Speaker #0

    mais c'est comme ça que je disais. Ils emploient toujours ce terme.

  • Speaker #1

    Ah bon, ben voilà. On vient de... On est un super externe, on connaît tout, on a l'impression d'être au top du top et on arrive au premier semestre de chirurgie et là, c'est un abîme. On ne sait rien, on ne comprend rien, on est complètement dépassé par la situation. Et ça, c'est pour tout le monde pareil. Et je trouve qu'il y a un vrai gap qui se crée à peu près au milieu de l'internat où, si je peux l'expliquer comme ça, en fait, on se rend tous compte que finalement, opérer, tout le monde peut le faire. C'est juste une question de pratique, de travail, de répétition. Ce sont des gestes, c'est comme de l'artisanat finalement. C'est un compagnonnage. On peut tous apprendre à opérer. Il n'y a pas de bon ou de mauvais chirurgien. Il y a vraiment cette espèce de décalage qui se fait au moment où on se rend tous compte qu'on peut opérer. Je trouve que nous, les femmes, on prend conscience de ça. Et en même temps, du coup, on a une anxiété qui arrive sur cet impact que va avoir notre intervention sur les patients. Et on veut essayer de donner le meilleur de nous-mêmes, de faire ce qui peut être de proposer le plus qualitatif aux patients. Et on se met à douter. et les garçons C'est très genreiste ce que je dis, donc bien évidemment, personne ne rentre dans des cases, mais les garçons ont plus tendance à réaliser qu'ils sont capables d'opérer et que c'est génial et qu'en fait, il faut y aller et qu'il faut se lancer et que c'est super. Et c'est là vraiment où j'ai senti cette espèce de décalage où nous, on devient plus anxieuses et eux deviennent plus excités chirurgicalement.

  • Speaker #0

    Super intéressant. J'avais vu une étude qui disait que les résultats opératoires étaient quand même mieux chez les femmes que chez les hommes en prenant en compte les opérations chirurgicales les plus communes en viscérale, en ortho, etc. C'était une étude qui n'était pas hyper robuste. Mais est-ce qu'on peut dire que les femmes opèrent mieux que les hommes ?

  • Speaker #1

    Alors, si je ne suis pas du tout objective, je vais dire que oui, évidemment. Si je suis absolument objective, je dirais que non. Pour moi, la chirurgie, encore une fois, c'est vraiment un travail manuel. et comme tout... comme tout ce qui est manuel, c'est des choses qui s'acquièrent en répétant et qu'il n'y a pas de miracle en chirurgie et qu'en fait, il faut avoir des gens qui nous transmettent leur savoir et à nous... de transmettre le nôtre, et finalement, refaire un geste des centaines et des centaines et des centaines de fois, c'est comme ça que le geste y rentre. Et je pense que le challenge dans le fait d'être un chirurgien aujourd'hui, vu qu'on a la prise en charge du patient avant, on pose l'indication, on l'opère, il y a le post-opératoire, pour moi, c'est l'indication opératoire. C'est-à-dire qu'une bonne indication opératoire, à partir du moment où on a les acquis et on a les outils pour réaliser l'intervention, elle se passera bien s'il y a une indication. Si l'indication est tirée par les cheveux, qu'elle n'est pas bonne, qu'il y a un doute, ça ne se passera pas bien. Et ça, garçons, filles, n'importe quel chirurgien, je pense, ne pourra pas me contredire là-dessus. C'est à partir du moment où il y a la bonne indication, il y a les bonnes suites post-opératoires.

  • Speaker #0

    Très bien. Est-ce que les chefs se comportent différemment quand on est une femme externe, interne, et puis chef par rapport à un homme ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, j'aurais tendance... Alors, à l'époque où j'ai commencé la chirurgie, ça fait très, très bizarre de dire ça, parce que moi, dans ma tête, je suis encore très jeune, mais ça commence à faire une petite dizaine d'années, 35 ans. Donc, ça commence à faire un petit moment que j'ai commencé. Ouais, ça fait 10, 11 ans, quoi. Il y avait... Et moi, je suis urologue. Donc, C'est vrai que c'est un biais parce qu'en urologie, c'est la spécialité où les hommes sont le plus présents, où il y a le moins de femmes en fait. Je crois qu'il y a 8% de nanas, un truc comme ça. En tout cas, quand je suis arrivée, et heureusement, les choses changent. Et maintenant, sur les promos, il y a plein de jeunes urologues et plein de jeunes internes et des chefs. Et c'est super cool. Mais c'est vrai qu'on était des promotions où il y avait beaucoup plus de garçons. Et encore, nous, on commençait à être quelques filles. Mais avant nous, il n'y avait quasiment que des hommes. Donc, que des chefs garçons. que des péages garçons, bien sûr des PUPH, des chefs de service. Enfin, je veux dire, voilà, c'était maintenant, les choses ont changé, mais vraiment, c'était très masculin, des patients garçons. Donc, il y avait les infirmières et nous, les filles, le peu de filles urologues. Et je dirais qu'il y a quand même, oui, une différence entre les garçons et les filles, ça c'est évident, mais qui n'est pas propre à la chirurgie, qui est due au fait que je pense qu'il y a une différence quand on s'adresse à un homme et à une femme dans la société. qu'il y a une différence de perception des choses, que quand on est un garçon, on ne s'adresse pas pareil à une fille qu'à un garçon. Et inversement, quand j'avais une chef femme, elle ne s'adressait pas à moi de la même façon. Par contre, pour les amitiés que j'ai créées avec mes chefs, donc avec les gens plus anciens que moi, j'ai autant de garçons que de filles. J'ai créé des amitiés très solides avec des hommes et avec des femmes, juste parce que je pense qu'on vibrait au même diapason et qu'on avait les mêmes sensibilités. Mais oui ! Oui, j'essaye même de réfléchir à moi, quand j'étais chef, comment je pouvais m'adresser à une interne fille ou à un interne garçon. Évidemment que je m'identifiais plus à une fille. Ça, c'est problématique, à ses anxiétés, à ses questions. Et que si un garçon venait à moi, j'aurais été ravie de lui répondre. Mais les choses, c'est vrai, se faisaient peut-être un tout petit peu moins facilement. Et encore, moi, j'ai toujours eu des rapports très faciles avec n'importe qui, soit les garçons ou les filles. J'ai un caractère qui est fort, je sais. Mais ça peut frotter aussi bien avec des garçons que des filles.

  • Speaker #0

    Très bien. Et donc, tu n'as pas l'impression qu'en chirurgie, c'est plus particulier d'être une femme par rapport à la médecine, à un service de médecine traditionnel ?

  • Speaker #1

    Alors, par rapport aux médecins, non. Attention, c'est vraiment par rapport aux médecins. Par contre, pour les patients, il y a une énorme différence. C'est-à-dire que moi, ça m'est arrivé de nombreuses fois. quand j'étais même chef de clinique, c'est-à-dire que j'opérais des patients que j'avais vus en consultation, que j'avais opérés, que j'allais voir dans leur chambre après l'intervention, qui me demandent qui était le docteur Friedman. Parce qu'ils étaient persuadés qu'ils avaient vu une assistante, une infirmière, une aide-soignante, mais que ce n'était pas moi le chirurgien. Ça, c'est arrivé tellement de fois. Ça, c'est la première chose. La deuxième chose, c'est que les gens, les patients s'adressent à vous soit par votre prénom, soit en disant « madame » . Alors que si, par exemple, on fait la visite avec un externe, garçon, donc un externe qui est plus jeune que moi, ils vont dire à l'externe « docteur » et moi, je serai « valentine » ou je serai « madame » . Ça, c'est hyper, hyper évident. Ça saute tout de suite aux yeux. Quand je ne travaille plus à l'hôpital, mais en tout cas quand j'y étais. Et la dernière chose, c'est le personnel paramédical. Il y a une énorme différence entre les hommes et les femmes. C'est vrai que les garçons... je pense, n'ont pas ce ressenti-là de devoir faire sa place. C'est-à-dire qu'une femme, il faut faire attention parce que si on est un petit peu trop bien habillée, maquillée... à prêter, on est un peu une aguicheuse. Si jamais on est un peu trop pas habillé, négligé, fatigué, on est dépressive. Donc, c'est assez compliqué de trouver sa place et de l'affirmer avec le personnel paramédical. Et j'ai fait une expérience qui était rigolote. C'est que j'étais en consultation dans un box à l'hôpital. À côté de moi, il y avait mon co-chef. Donc, on était tous les deux. et un des patients demandait et ce jour-là, mon co-chef qui consultait avec moi n'était pas là. Et du coup, il y avait moi, je consultais et puis il y avait la salle avec les infirmières qui n'étaient pas loin, je les entendais et il y a un patient qui demandait à voir le docteur Bidule. Et comme le docteur Bidule étant mon co-chef, il n'était pas là, l'infirmière a dit, mais hyper naturellement, ah non, mais le docteur Bidule n'est pas là, mais si vous voulez, il y a Valentin aujourd'hui. Donc, c'est tout à fait gentil, c'est absolument naïf et innocent mais elle prouve bien qu'il y a une énorme différence entre mon co-chef, garçon, et moi, chef de clinique, fille.

  • Speaker #0

    C'est violent, oui. Donc en fait, pour résumer, vis-à-vis de tes confrères, tu n'as pas senti de vraie différence. Vis-à-vis de tes patients, il y en a une qui est quand même ultra importante. Et ce qui est assez inattendu, c'est que vis-à-vis du personnel paramédical qui t'entoure, là quand même, c'est assez significatif.

  • Speaker #1

    moi je trouve quand même que au niveau paramédical, il y a eu... Il faut montrer sa place, en fait. Il faut montrer qu'on est chirurgien, qu'on sait de quoi on parle, qu'on sait ce qu'on fait, qu'on est serein, qu'on n'est ni complètement maniaco-dépressive, ni complètement excité, que, voilà, on est à sa place, quoi. Et à partir de là, tout se passe bien. Mais avant, il peut y avoir des petits... Voilà. Et c'est ça, vraiment, le message à passer, c'est comme si, nous, il fallait... prouver quelque chose. Alors des fois, c'est un peu fatigant.

  • Speaker #0

    Alors que quand t'es un garçon, t'es fatigué, t'as une garde, t'es beau gosse.

  • Speaker #1

    C'est dur, c'est dur. Il faut aller se reposer, c'est difficile. Moi, c'est vrai que j'ai fait un internat à une époque où il n'y avait pas de repos de garde, c'était des choses qui n'existaient pas, donc on était toujours fatigué, on était toujours un peu fleur de peau. Et c'est vrai que parfois, il peut y avoir des moments de sortie de rail, parce qu'en fait, et de montrer, d'affirmer sa place avec les patients. Et avec le paramètre, c'est usant au bout d'un moment. Bien évidemment, on peut avoir des petites réflexions, des vieux chirurgiens qui traînent dans le bloc opératoire, mais moi, je les ai toujours prises à la dérision et je n'ai jamais eu de problème.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets... plein de contenu pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

Share

Embed

You may also like