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Super Docteur - médecine

3/3 Chirurgienne: trouver sa place

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12min |13/11/2025
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12min |13/11/2025
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Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!):https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.

Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet

Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA

Linkedin:

https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation.

  • Speaker #1

    Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins.

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de cette mini-série, vous avez découvert à nouveau mon invité, le docteur Valentine Friedman, qui nous a parlé des différences entre les chirurgiens et les chirurgiennes. On a beaucoup parlé de la condition de la femme dans cette spécialité. Et dans ce troisième et dernier épisode de cette mini-série, Valentine va nous donner de précieux conseils pour toutes nos consoeurs qui souhaitent embrasser une carrière de chirurgienne. Je vous le conseille vivement, c'est un épisode qui fait du bien et je vous souhaite une excellente écoute. Un des trucs chouettes dans notre métier, c'est que quand on est interne, au bout de six mois, on change. Et ça, c'est... Ça, il faut le dire, parce que des fois, c'est long.

  • Speaker #1

    Des fois, c'est long, on se sent seul.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Moi, j'ai connu ça. J'ai connu un semestre absolument épouvantable. Mais finalement, le fait de savoir que ça avait une finitude, quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut le répéter. Ça ne dure que six mois. Il faut fermer les écoutilles. C'est difficile. Mais finalement, c'est aussi ça qui fait partie de notre formation professionnelle, parce qu'il faut qu'on soit capable de travailler dans... toutes les conditions, notamment quand on fait de la chirurgie, des fois, on n'a pas forcément les outils qu'on veut, on n'a pas forcément l'anesthésiste qu'on veut, on n'a pas forcément l'aide qu'on veut, l'ambiance au bloc, elle n'est pas forcément très bonne. Il faut continuer. Il faut apprendre à s'endurcir et l'internat, c'est vraiment tellement, tellement bien pour ça. Des années extraordinaires dont il faut profiter, je pense, jour après jour. Et prendre l'essence même de ce qu'il y a à prendre. C'est-à-dire, c'est comme les chefs de clinique, c'est comme des citrons. Il faut les presser et prendre tout ce qu'il y a à prendre. Et puis, quand ils sont tous secs, on change de semestre.

  • Speaker #0

    Du coup, est-ce que tu as eu des défis spécifiques auxquels tu as été confrontée parce que tu étais une femme dans ta spécialité ? Et est-ce que tu les as surmontées avec des stratégies particulières ? Est-ce que tu as eu des moments dans ta carrière où tu t'es dit... Ça, c'est un problème parce que je suis une femme. Et donc, est-ce que tu veux nous raconter comment tu t'en es ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais que c'est plus sur le côté médical que sur le côté chirurgical. C'est-à-dire la gestion des conflits avec les patients en consultation, l'attitude des patients envers moi. Je fais 1m60, je fais 55 kilos, je ne fais pas peur. donc quand je m'énerve ça les fait plus rigoler qu'autre chose mais à partir du moment où ils ont compris que c'est moi qui allais les ouvrir quoi, là en général ça rentre dans l'ordre et ça se passe très bien mais voilà je pense que les cons que j'ai eu à gérer parce que j'étais une femme ou à cause du fait que je sois une femme j'ai pas trop le prisme là dessus, je pense que tout médecin de n'importe quelle spécialité ... peut me comprendre, ou en tout cas, être confrontée à ces problématiques-là de gestion du conflit ou d'un avis différent avec un patient un peu pushy en consultation, plus que à partir du moment où je pose une indication opératoire. En général, ça, non, je n'ai pas eu d'autres, voilà, ou au bloc, bien évidemment.

  • Speaker #0

    C'est intéressant la relation dont tu parles avec tes patients ou quand ils sachent que quand même... C'est toi qui vas les ouvrir avec un bistouri, ça doit calmer quelques ardeurs.

  • Speaker #1

    Ça calme les ardeurs, oui, ça calme un peu les ardeurs, notamment des conflits de consultes.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils que tu pourrais recommander aux jeunes femmes qui aspirent à une carrière en chirurgie ?

  • Speaker #1

    Bah, mille, oui. Déjà, j'aurais fête de la chirurgie, c'est la plus belle des spécialités. Fête de l'urologie, c'est encore mieux. Non, mais sans blague, c'est extraordinaire. C'est un métier qui est… Moi, j'adore ce côté d'artisanat, ce métier manuel où on va bricoler, où on va faire des montages. C'est magique. Allez-y, foncez. En tout cas, si la chirurgie vous intéresse. Ce n'est pas facile. C'est vraiment difficile même. Il y a des journées où on en a marre et on a envie d'arrêter. C'est ces journées-là où il faut voir la lumière au bout du tunnel. C'est que de tous les gens que je connais autour de moi qui ont fait de la chirurgie, tout le monde arrive à trouver finalement en fin de... son équilibre. On n'a pas tous les mêmes attentes, on n'a pas tous les mêmes recherches. Il y a des gens qui ne veulent faire que du blog, il y a des gens qui ne veulent faire que de la consulte, qui ne veulent plus opérer, qui sont dégoûtés. Il y a de l'équilibre à trouver dans tout ça. Mais c'est génial. C'est tellement enrichissant, c'est tellement satisfaisant de régler un problème avec ses mains. Moi, je trouve que c'est un don du ciel. Mais que ce n'est pas un don, d'ailleurs. Je retire ce mot parce qu'en fait, c'est du boulot. Et c'est des choses qui s'acquièrent, il y a des choses qu'on répète, qu'on refait, qu'on recommence. On échoue beaucoup, on s'ennuie beaucoup. Notamment les physiques, je pense. On remet tout en question plein de fois, mais ça vient. Ça vient toujours, et tout le monde est capable d'être chirurgien. C'est pas un don. Je pense qu'il ne faut pas lâcher, et il faut profiter de tout. toutes ces minutes et ces secondes d'internat, de clinica, de moments de travail en équipe à l'hôpital où on peut staffer les dossiers, réfléchir ensemble, pour prendre toutes ces infos, les petits tips pour que le jour où potentiellement on se retrouve tout seul, les choses ne se passent pas trop difficilement, même si tous les jours ce n'est pas rose. Moi, je n'ai personnellement aucun regret et je ne ferai pas d'autres métiers. Si c'était à refaire, je ferais la même chose. Peut-être que je répondrai un peu plus à certaines remarques désobligeantes, mais finalement, c'est tout. Et j'aurais tendance aussi à dire d'être attentif au fait que c'est bien de respecter tout le monde, les hommes, les femmes, mais qu'au final, on n'est ni un homme ni une femme. Devant les patients, on est un chirurgien ou une chirurgienne, pour ceux qui veulent se faire appeler comme ça, mais qu'il faut arrêter. Il faut faire attention de ne pas basculer dans l'autre excès. c'est de l'ultra-féminisme et où on ne peut même plus parler d'un homme ou d'une femme, il faut parler en écriture inclusive, il faut dégenrer tout. Voilà, un tout petit peu de balance, de mesure ne fait pas de mal.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup. Je suis un peu fière,

  • Speaker #1

    mais pas trop embrouillée.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai trouvé ça vraiment magnifique. On est dans une époque où beaucoup de médecins déconseillent de pratiquer la médecine parce que il y a plein de problématiques, de courses à bosser vite sur les financements sur l'hôpital public qui se casse la figure etc. Il y a de plus en plus de médecins qui déconseillent de pratiquer la médecine même à leurs propres enfants et à leurs amis et un de mes objectifs c'est justement de redonner un peu de vent dans les voiles à nos métiers et je suis super content.

  • Speaker #1

    Oui, bravo parce qu'il faut, et je suis assez d'accord avec toi. Il y a beaucoup de gens un peu désespérés. Je pense que les gens vont mal, mais dans l'absolu. Ce n'est pas qu'en médecine, c'est partout. Et du coup, ça retentit sur tout le monde, les médecins, les patients. Il y a vachement de violence, vachement de revendications, vachement de… Mais après toute l'abnégation que nécessitent nos études, il n'y a rien de plus satisfaisant que de faire son travail, et de le faire bien, et de pouvoir se regarder dans la glace et de se dire qu'on l'a bien fait. Mais oui, c'est sûr que ce n'est pas comme n'importe quoi. En fait, ce n'est pas tout rose. Il y a des moments où on en a marre, où clairement, l'hôpital public se casse la gueule et que ça fait vraiment mal au cœur parce que c'est, comme toi d'ailleurs, un peu notre mère à tous. Et on en vient tous de là. Et on peut tous remercier l'hôpital public parce que c'est grâce à lui qu'on sait faire ce qu'on fait aujourd'hui tous les jours. Et moi-même, je suis partie de l'hôpital public, je n'en pouvais plus. C'était une question... plus de ma santé à moi qui était en jeu. Mais ça me fait mal tous les jours quand je vois l'état des choses et la déliquescence des choses. Donc, bravo d'essayer à ton niveau de donner envie de faire ce métier parce que c'est un chouette métier quand même par rapport à tout ce qu'on peut voir. Et on est amené à en voir quand même des gens et des passifs métiers.

  • Speaker #0

    Ça reste quand même des métiers où intrinsèquement, Il y a un sens qui est hyper fort à l'exercer et c'est une source de bonheur qui est quand même extrême. Il faut quand même garder ça en tête.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'est une unité.

  • Speaker #0

    Avant qu'on se quitte, est-ce que tu aurais une anecdote de bloc à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote de bloc à vous raconter ? Ah ben, une anecdote de bloc, ben voilà, je peux vous raconter une anecdote qui est arrivée pas plus tard que la semaine dernière où il faut savoir gérer, notamment je pense quand... Tourner une femme, ça rejoint un peu le... Et savoir se gérer, gérer les autres. gérer l'aide, l'anesthésiste, le penseur, même si à l'intérieur, on a envie d'hurler, de se déshabiller, de prendre le vélo et de rentrer à la maison, on ne peut pas. Donc, c'était la semaine dernière et j'avais une intervention toute bête à faire en urgence. Et c'était drainer un rein, donc mettre une sonde double J sur une piédone effrite obstructive. C'est quand même la base de l'urologie. Et ça, c'est une anecdote qui peut arriver à la clinique. à l'hôpital, partout. Et donc, je commence mon intervention sur deux mois. On est à la clinique, il y a le matériel. Je demande la sonde et on me donne la sonde. Et au moment où l'aide la rattrape, il la fait tomber par terre. Bon, c'est des choses qui arrivent. Déjà, il ne faut pas s'énerver. Ça arrive, ce n'est pas grave, nous allons reprendre une sonde. Et là, le penseur me dit, il n'y en a pas, docteur, je vais à l'arsenal voir. Donc, on est habillé, le patient dort, on est en stérile, on attend. On attend 5 minutes, 10 minutes, puis le penseur revient avec la cadre de bloc. Il me dit qu'elle est désolée, mais qu'il n'y en a plus dans le bloc opératoire. Donc, à ce moment-là, on réalise vraiment ce moment de solitude absolue qu'il n'y a que nous et que personne ne nous aidera. Et qu'il va falloir se débrouiller. Il va falloir manager. Il va falloir mettre une sonde qui n'est pas à la base censée être la sonde qu'il faut mettre, mais qu'on changera quand on recevra le bon matériel. tout en restant avenante, souriante, available, alors qu'au bout d'un moment, on a envie de creuser et de s'enfoncer dans le sol. Donc, je l'étais. J'ai mis une sonde qui n'était pas la bonne sonde. Ça, c'est le patient a eu super mal. J'ai dû lui changer la sonde. Je n'ai rien. Voilà. Bon, bref. Voilà. Une anecdote parmi des milliers. Mais c'est juste pour expliquer qu'il n'y a pas que la relation entre le patient et soi, son propre stress de bien faire les choses. il y a des milliers d'autres facteurs qui rentrent en jeu et il faut rester toujours fraîche et dispo parce que sinon ça retombe sur nous en fait et que le fait d'être nerveux aigri, agressif ne fait que monter la mayonnaise donc on peut gueuler après pas trop fort en restant correct mais sur le coup on se tait quoi,

  • Speaker #0

    voilà je pense à l'adopt qui a dû se transformer en petite souris pour partir par un petit peu au diplôme comparatoire à ce moment-là. Merci infiniment, Valentine.

  • Speaker #1

    C'était trop cool. Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Salut, à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets plein de contenus pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

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Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!):https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.

Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet

Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

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  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation.

  • Speaker #1

    Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins.

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de cette mini-série, vous avez découvert à nouveau mon invité, le docteur Valentine Friedman, qui nous a parlé des différences entre les chirurgiens et les chirurgiennes. On a beaucoup parlé de la condition de la femme dans cette spécialité. Et dans ce troisième et dernier épisode de cette mini-série, Valentine va nous donner de précieux conseils pour toutes nos consoeurs qui souhaitent embrasser une carrière de chirurgienne. Je vous le conseille vivement, c'est un épisode qui fait du bien et je vous souhaite une excellente écoute. Un des trucs chouettes dans notre métier, c'est que quand on est interne, au bout de six mois, on change. Et ça, c'est... Ça, il faut le dire, parce que des fois, c'est long.

  • Speaker #1

    Des fois, c'est long, on se sent seul.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Moi, j'ai connu ça. J'ai connu un semestre absolument épouvantable. Mais finalement, le fait de savoir que ça avait une finitude, quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut le répéter. Ça ne dure que six mois. Il faut fermer les écoutilles. C'est difficile. Mais finalement, c'est aussi ça qui fait partie de notre formation professionnelle, parce qu'il faut qu'on soit capable de travailler dans... toutes les conditions, notamment quand on fait de la chirurgie, des fois, on n'a pas forcément les outils qu'on veut, on n'a pas forcément l'anesthésiste qu'on veut, on n'a pas forcément l'aide qu'on veut, l'ambiance au bloc, elle n'est pas forcément très bonne. Il faut continuer. Il faut apprendre à s'endurcir et l'internat, c'est vraiment tellement, tellement bien pour ça. Des années extraordinaires dont il faut profiter, je pense, jour après jour. Et prendre l'essence même de ce qu'il y a à prendre. C'est-à-dire, c'est comme les chefs de clinique, c'est comme des citrons. Il faut les presser et prendre tout ce qu'il y a à prendre. Et puis, quand ils sont tous secs, on change de semestre.

  • Speaker #0

    Du coup, est-ce que tu as eu des défis spécifiques auxquels tu as été confrontée parce que tu étais une femme dans ta spécialité ? Et est-ce que tu les as surmontées avec des stratégies particulières ? Est-ce que tu as eu des moments dans ta carrière où tu t'es dit... Ça, c'est un problème parce que je suis une femme. Et donc, est-ce que tu veux nous raconter comment tu t'en es ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais que c'est plus sur le côté médical que sur le côté chirurgical. C'est-à-dire la gestion des conflits avec les patients en consultation, l'attitude des patients envers moi. Je fais 1m60, je fais 55 kilos, je ne fais pas peur. donc quand je m'énerve ça les fait plus rigoler qu'autre chose mais à partir du moment où ils ont compris que c'est moi qui allais les ouvrir quoi, là en général ça rentre dans l'ordre et ça se passe très bien mais voilà je pense que les cons que j'ai eu à gérer parce que j'étais une femme ou à cause du fait que je sois une femme j'ai pas trop le prisme là dessus, je pense que tout médecin de n'importe quelle spécialité ... peut me comprendre, ou en tout cas, être confrontée à ces problématiques-là de gestion du conflit ou d'un avis différent avec un patient un peu pushy en consultation, plus que à partir du moment où je pose une indication opératoire. En général, ça, non, je n'ai pas eu d'autres, voilà, ou au bloc, bien évidemment.

  • Speaker #0

    C'est intéressant la relation dont tu parles avec tes patients ou quand ils sachent que quand même... C'est toi qui vas les ouvrir avec un bistouri, ça doit calmer quelques ardeurs.

  • Speaker #1

    Ça calme les ardeurs, oui, ça calme un peu les ardeurs, notamment des conflits de consultes.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils que tu pourrais recommander aux jeunes femmes qui aspirent à une carrière en chirurgie ?

  • Speaker #1

    Bah, mille, oui. Déjà, j'aurais fête de la chirurgie, c'est la plus belle des spécialités. Fête de l'urologie, c'est encore mieux. Non, mais sans blague, c'est extraordinaire. C'est un métier qui est… Moi, j'adore ce côté d'artisanat, ce métier manuel où on va bricoler, où on va faire des montages. C'est magique. Allez-y, foncez. En tout cas, si la chirurgie vous intéresse. Ce n'est pas facile. C'est vraiment difficile même. Il y a des journées où on en a marre et on a envie d'arrêter. C'est ces journées-là où il faut voir la lumière au bout du tunnel. C'est que de tous les gens que je connais autour de moi qui ont fait de la chirurgie, tout le monde arrive à trouver finalement en fin de... son équilibre. On n'a pas tous les mêmes attentes, on n'a pas tous les mêmes recherches. Il y a des gens qui ne veulent faire que du blog, il y a des gens qui ne veulent faire que de la consulte, qui ne veulent plus opérer, qui sont dégoûtés. Il y a de l'équilibre à trouver dans tout ça. Mais c'est génial. C'est tellement enrichissant, c'est tellement satisfaisant de régler un problème avec ses mains. Moi, je trouve que c'est un don du ciel. Mais que ce n'est pas un don, d'ailleurs. Je retire ce mot parce qu'en fait, c'est du boulot. Et c'est des choses qui s'acquièrent, il y a des choses qu'on répète, qu'on refait, qu'on recommence. On échoue beaucoup, on s'ennuie beaucoup. Notamment les physiques, je pense. On remet tout en question plein de fois, mais ça vient. Ça vient toujours, et tout le monde est capable d'être chirurgien. C'est pas un don. Je pense qu'il ne faut pas lâcher, et il faut profiter de tout. toutes ces minutes et ces secondes d'internat, de clinica, de moments de travail en équipe à l'hôpital où on peut staffer les dossiers, réfléchir ensemble, pour prendre toutes ces infos, les petits tips pour que le jour où potentiellement on se retrouve tout seul, les choses ne se passent pas trop difficilement, même si tous les jours ce n'est pas rose. Moi, je n'ai personnellement aucun regret et je ne ferai pas d'autres métiers. Si c'était à refaire, je ferais la même chose. Peut-être que je répondrai un peu plus à certaines remarques désobligeantes, mais finalement, c'est tout. Et j'aurais tendance aussi à dire d'être attentif au fait que c'est bien de respecter tout le monde, les hommes, les femmes, mais qu'au final, on n'est ni un homme ni une femme. Devant les patients, on est un chirurgien ou une chirurgienne, pour ceux qui veulent se faire appeler comme ça, mais qu'il faut arrêter. Il faut faire attention de ne pas basculer dans l'autre excès. c'est de l'ultra-féminisme et où on ne peut même plus parler d'un homme ou d'une femme, il faut parler en écriture inclusive, il faut dégenrer tout. Voilà, un tout petit peu de balance, de mesure ne fait pas de mal.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup. Je suis un peu fière,

  • Speaker #1

    mais pas trop embrouillée.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai trouvé ça vraiment magnifique. On est dans une époque où beaucoup de médecins déconseillent de pratiquer la médecine parce que il y a plein de problématiques, de courses à bosser vite sur les financements sur l'hôpital public qui se casse la figure etc. Il y a de plus en plus de médecins qui déconseillent de pratiquer la médecine même à leurs propres enfants et à leurs amis et un de mes objectifs c'est justement de redonner un peu de vent dans les voiles à nos métiers et je suis super content.

  • Speaker #1

    Oui, bravo parce qu'il faut, et je suis assez d'accord avec toi. Il y a beaucoup de gens un peu désespérés. Je pense que les gens vont mal, mais dans l'absolu. Ce n'est pas qu'en médecine, c'est partout. Et du coup, ça retentit sur tout le monde, les médecins, les patients. Il y a vachement de violence, vachement de revendications, vachement de… Mais après toute l'abnégation que nécessitent nos études, il n'y a rien de plus satisfaisant que de faire son travail, et de le faire bien, et de pouvoir se regarder dans la glace et de se dire qu'on l'a bien fait. Mais oui, c'est sûr que ce n'est pas comme n'importe quoi. En fait, ce n'est pas tout rose. Il y a des moments où on en a marre, où clairement, l'hôpital public se casse la gueule et que ça fait vraiment mal au cœur parce que c'est, comme toi d'ailleurs, un peu notre mère à tous. Et on en vient tous de là. Et on peut tous remercier l'hôpital public parce que c'est grâce à lui qu'on sait faire ce qu'on fait aujourd'hui tous les jours. Et moi-même, je suis partie de l'hôpital public, je n'en pouvais plus. C'était une question... plus de ma santé à moi qui était en jeu. Mais ça me fait mal tous les jours quand je vois l'état des choses et la déliquescence des choses. Donc, bravo d'essayer à ton niveau de donner envie de faire ce métier parce que c'est un chouette métier quand même par rapport à tout ce qu'on peut voir. Et on est amené à en voir quand même des gens et des passifs métiers.

  • Speaker #0

    Ça reste quand même des métiers où intrinsèquement, Il y a un sens qui est hyper fort à l'exercer et c'est une source de bonheur qui est quand même extrême. Il faut quand même garder ça en tête.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'est une unité.

  • Speaker #0

    Avant qu'on se quitte, est-ce que tu aurais une anecdote de bloc à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote de bloc à vous raconter ? Ah ben, une anecdote de bloc, ben voilà, je peux vous raconter une anecdote qui est arrivée pas plus tard que la semaine dernière où il faut savoir gérer, notamment je pense quand... Tourner une femme, ça rejoint un peu le... Et savoir se gérer, gérer les autres. gérer l'aide, l'anesthésiste, le penseur, même si à l'intérieur, on a envie d'hurler, de se déshabiller, de prendre le vélo et de rentrer à la maison, on ne peut pas. Donc, c'était la semaine dernière et j'avais une intervention toute bête à faire en urgence. Et c'était drainer un rein, donc mettre une sonde double J sur une piédone effrite obstructive. C'est quand même la base de l'urologie. Et ça, c'est une anecdote qui peut arriver à la clinique. à l'hôpital, partout. Et donc, je commence mon intervention sur deux mois. On est à la clinique, il y a le matériel. Je demande la sonde et on me donne la sonde. Et au moment où l'aide la rattrape, il la fait tomber par terre. Bon, c'est des choses qui arrivent. Déjà, il ne faut pas s'énerver. Ça arrive, ce n'est pas grave, nous allons reprendre une sonde. Et là, le penseur me dit, il n'y en a pas, docteur, je vais à l'arsenal voir. Donc, on est habillé, le patient dort, on est en stérile, on attend. On attend 5 minutes, 10 minutes, puis le penseur revient avec la cadre de bloc. Il me dit qu'elle est désolée, mais qu'il n'y en a plus dans le bloc opératoire. Donc, à ce moment-là, on réalise vraiment ce moment de solitude absolue qu'il n'y a que nous et que personne ne nous aidera. Et qu'il va falloir se débrouiller. Il va falloir manager. Il va falloir mettre une sonde qui n'est pas à la base censée être la sonde qu'il faut mettre, mais qu'on changera quand on recevra le bon matériel. tout en restant avenante, souriante, available, alors qu'au bout d'un moment, on a envie de creuser et de s'enfoncer dans le sol. Donc, je l'étais. J'ai mis une sonde qui n'était pas la bonne sonde. Ça, c'est le patient a eu super mal. J'ai dû lui changer la sonde. Je n'ai rien. Voilà. Bon, bref. Voilà. Une anecdote parmi des milliers. Mais c'est juste pour expliquer qu'il n'y a pas que la relation entre le patient et soi, son propre stress de bien faire les choses. il y a des milliers d'autres facteurs qui rentrent en jeu et il faut rester toujours fraîche et dispo parce que sinon ça retombe sur nous en fait et que le fait d'être nerveux aigri, agressif ne fait que monter la mayonnaise donc on peut gueuler après pas trop fort en restant correct mais sur le coup on se tait quoi,

  • Speaker #0

    voilà je pense à l'adopt qui a dû se transformer en petite souris pour partir par un petit peu au diplôme comparatoire à ce moment-là. Merci infiniment, Valentine.

  • Speaker #1

    C'était trop cool. Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Salut, à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets plein de contenus pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

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Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!):https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.

Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet

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https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA

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https://www.linkedin.com/in/matthieu-cantet-4a5591294/



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation.

  • Speaker #1

    Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins.

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de cette mini-série, vous avez découvert à nouveau mon invité, le docteur Valentine Friedman, qui nous a parlé des différences entre les chirurgiens et les chirurgiennes. On a beaucoup parlé de la condition de la femme dans cette spécialité. Et dans ce troisième et dernier épisode de cette mini-série, Valentine va nous donner de précieux conseils pour toutes nos consoeurs qui souhaitent embrasser une carrière de chirurgienne. Je vous le conseille vivement, c'est un épisode qui fait du bien et je vous souhaite une excellente écoute. Un des trucs chouettes dans notre métier, c'est que quand on est interne, au bout de six mois, on change. Et ça, c'est... Ça, il faut le dire, parce que des fois, c'est long.

  • Speaker #1

    Des fois, c'est long, on se sent seul.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Moi, j'ai connu ça. J'ai connu un semestre absolument épouvantable. Mais finalement, le fait de savoir que ça avait une finitude, quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut le répéter. Ça ne dure que six mois. Il faut fermer les écoutilles. C'est difficile. Mais finalement, c'est aussi ça qui fait partie de notre formation professionnelle, parce qu'il faut qu'on soit capable de travailler dans... toutes les conditions, notamment quand on fait de la chirurgie, des fois, on n'a pas forcément les outils qu'on veut, on n'a pas forcément l'anesthésiste qu'on veut, on n'a pas forcément l'aide qu'on veut, l'ambiance au bloc, elle n'est pas forcément très bonne. Il faut continuer. Il faut apprendre à s'endurcir et l'internat, c'est vraiment tellement, tellement bien pour ça. Des années extraordinaires dont il faut profiter, je pense, jour après jour. Et prendre l'essence même de ce qu'il y a à prendre. C'est-à-dire, c'est comme les chefs de clinique, c'est comme des citrons. Il faut les presser et prendre tout ce qu'il y a à prendre. Et puis, quand ils sont tous secs, on change de semestre.

  • Speaker #0

    Du coup, est-ce que tu as eu des défis spécifiques auxquels tu as été confrontée parce que tu étais une femme dans ta spécialité ? Et est-ce que tu les as surmontées avec des stratégies particulières ? Est-ce que tu as eu des moments dans ta carrière où tu t'es dit... Ça, c'est un problème parce que je suis une femme. Et donc, est-ce que tu veux nous raconter comment tu t'en es ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais que c'est plus sur le côté médical que sur le côté chirurgical. C'est-à-dire la gestion des conflits avec les patients en consultation, l'attitude des patients envers moi. Je fais 1m60, je fais 55 kilos, je ne fais pas peur. donc quand je m'énerve ça les fait plus rigoler qu'autre chose mais à partir du moment où ils ont compris que c'est moi qui allais les ouvrir quoi, là en général ça rentre dans l'ordre et ça se passe très bien mais voilà je pense que les cons que j'ai eu à gérer parce que j'étais une femme ou à cause du fait que je sois une femme j'ai pas trop le prisme là dessus, je pense que tout médecin de n'importe quelle spécialité ... peut me comprendre, ou en tout cas, être confrontée à ces problématiques-là de gestion du conflit ou d'un avis différent avec un patient un peu pushy en consultation, plus que à partir du moment où je pose une indication opératoire. En général, ça, non, je n'ai pas eu d'autres, voilà, ou au bloc, bien évidemment.

  • Speaker #0

    C'est intéressant la relation dont tu parles avec tes patients ou quand ils sachent que quand même... C'est toi qui vas les ouvrir avec un bistouri, ça doit calmer quelques ardeurs.

  • Speaker #1

    Ça calme les ardeurs, oui, ça calme un peu les ardeurs, notamment des conflits de consultes.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils que tu pourrais recommander aux jeunes femmes qui aspirent à une carrière en chirurgie ?

  • Speaker #1

    Bah, mille, oui. Déjà, j'aurais fête de la chirurgie, c'est la plus belle des spécialités. Fête de l'urologie, c'est encore mieux. Non, mais sans blague, c'est extraordinaire. C'est un métier qui est… Moi, j'adore ce côté d'artisanat, ce métier manuel où on va bricoler, où on va faire des montages. C'est magique. Allez-y, foncez. En tout cas, si la chirurgie vous intéresse. Ce n'est pas facile. C'est vraiment difficile même. Il y a des journées où on en a marre et on a envie d'arrêter. C'est ces journées-là où il faut voir la lumière au bout du tunnel. C'est que de tous les gens que je connais autour de moi qui ont fait de la chirurgie, tout le monde arrive à trouver finalement en fin de... son équilibre. On n'a pas tous les mêmes attentes, on n'a pas tous les mêmes recherches. Il y a des gens qui ne veulent faire que du blog, il y a des gens qui ne veulent faire que de la consulte, qui ne veulent plus opérer, qui sont dégoûtés. Il y a de l'équilibre à trouver dans tout ça. Mais c'est génial. C'est tellement enrichissant, c'est tellement satisfaisant de régler un problème avec ses mains. Moi, je trouve que c'est un don du ciel. Mais que ce n'est pas un don, d'ailleurs. Je retire ce mot parce qu'en fait, c'est du boulot. Et c'est des choses qui s'acquièrent, il y a des choses qu'on répète, qu'on refait, qu'on recommence. On échoue beaucoup, on s'ennuie beaucoup. Notamment les physiques, je pense. On remet tout en question plein de fois, mais ça vient. Ça vient toujours, et tout le monde est capable d'être chirurgien. C'est pas un don. Je pense qu'il ne faut pas lâcher, et il faut profiter de tout. toutes ces minutes et ces secondes d'internat, de clinica, de moments de travail en équipe à l'hôpital où on peut staffer les dossiers, réfléchir ensemble, pour prendre toutes ces infos, les petits tips pour que le jour où potentiellement on se retrouve tout seul, les choses ne se passent pas trop difficilement, même si tous les jours ce n'est pas rose. Moi, je n'ai personnellement aucun regret et je ne ferai pas d'autres métiers. Si c'était à refaire, je ferais la même chose. Peut-être que je répondrai un peu plus à certaines remarques désobligeantes, mais finalement, c'est tout. Et j'aurais tendance aussi à dire d'être attentif au fait que c'est bien de respecter tout le monde, les hommes, les femmes, mais qu'au final, on n'est ni un homme ni une femme. Devant les patients, on est un chirurgien ou une chirurgienne, pour ceux qui veulent se faire appeler comme ça, mais qu'il faut arrêter. Il faut faire attention de ne pas basculer dans l'autre excès. c'est de l'ultra-féminisme et où on ne peut même plus parler d'un homme ou d'une femme, il faut parler en écriture inclusive, il faut dégenrer tout. Voilà, un tout petit peu de balance, de mesure ne fait pas de mal.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup. Je suis un peu fière,

  • Speaker #1

    mais pas trop embrouillée.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai trouvé ça vraiment magnifique. On est dans une époque où beaucoup de médecins déconseillent de pratiquer la médecine parce que il y a plein de problématiques, de courses à bosser vite sur les financements sur l'hôpital public qui se casse la figure etc. Il y a de plus en plus de médecins qui déconseillent de pratiquer la médecine même à leurs propres enfants et à leurs amis et un de mes objectifs c'est justement de redonner un peu de vent dans les voiles à nos métiers et je suis super content.

  • Speaker #1

    Oui, bravo parce qu'il faut, et je suis assez d'accord avec toi. Il y a beaucoup de gens un peu désespérés. Je pense que les gens vont mal, mais dans l'absolu. Ce n'est pas qu'en médecine, c'est partout. Et du coup, ça retentit sur tout le monde, les médecins, les patients. Il y a vachement de violence, vachement de revendications, vachement de… Mais après toute l'abnégation que nécessitent nos études, il n'y a rien de plus satisfaisant que de faire son travail, et de le faire bien, et de pouvoir se regarder dans la glace et de se dire qu'on l'a bien fait. Mais oui, c'est sûr que ce n'est pas comme n'importe quoi. En fait, ce n'est pas tout rose. Il y a des moments où on en a marre, où clairement, l'hôpital public se casse la gueule et que ça fait vraiment mal au cœur parce que c'est, comme toi d'ailleurs, un peu notre mère à tous. Et on en vient tous de là. Et on peut tous remercier l'hôpital public parce que c'est grâce à lui qu'on sait faire ce qu'on fait aujourd'hui tous les jours. Et moi-même, je suis partie de l'hôpital public, je n'en pouvais plus. C'était une question... plus de ma santé à moi qui était en jeu. Mais ça me fait mal tous les jours quand je vois l'état des choses et la déliquescence des choses. Donc, bravo d'essayer à ton niveau de donner envie de faire ce métier parce que c'est un chouette métier quand même par rapport à tout ce qu'on peut voir. Et on est amené à en voir quand même des gens et des passifs métiers.

  • Speaker #0

    Ça reste quand même des métiers où intrinsèquement, Il y a un sens qui est hyper fort à l'exercer et c'est une source de bonheur qui est quand même extrême. Il faut quand même garder ça en tête.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'est une unité.

  • Speaker #0

    Avant qu'on se quitte, est-ce que tu aurais une anecdote de bloc à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote de bloc à vous raconter ? Ah ben, une anecdote de bloc, ben voilà, je peux vous raconter une anecdote qui est arrivée pas plus tard que la semaine dernière où il faut savoir gérer, notamment je pense quand... Tourner une femme, ça rejoint un peu le... Et savoir se gérer, gérer les autres. gérer l'aide, l'anesthésiste, le penseur, même si à l'intérieur, on a envie d'hurler, de se déshabiller, de prendre le vélo et de rentrer à la maison, on ne peut pas. Donc, c'était la semaine dernière et j'avais une intervention toute bête à faire en urgence. Et c'était drainer un rein, donc mettre une sonde double J sur une piédone effrite obstructive. C'est quand même la base de l'urologie. Et ça, c'est une anecdote qui peut arriver à la clinique. à l'hôpital, partout. Et donc, je commence mon intervention sur deux mois. On est à la clinique, il y a le matériel. Je demande la sonde et on me donne la sonde. Et au moment où l'aide la rattrape, il la fait tomber par terre. Bon, c'est des choses qui arrivent. Déjà, il ne faut pas s'énerver. Ça arrive, ce n'est pas grave, nous allons reprendre une sonde. Et là, le penseur me dit, il n'y en a pas, docteur, je vais à l'arsenal voir. Donc, on est habillé, le patient dort, on est en stérile, on attend. On attend 5 minutes, 10 minutes, puis le penseur revient avec la cadre de bloc. Il me dit qu'elle est désolée, mais qu'il n'y en a plus dans le bloc opératoire. Donc, à ce moment-là, on réalise vraiment ce moment de solitude absolue qu'il n'y a que nous et que personne ne nous aidera. Et qu'il va falloir se débrouiller. Il va falloir manager. Il va falloir mettre une sonde qui n'est pas à la base censée être la sonde qu'il faut mettre, mais qu'on changera quand on recevra le bon matériel. tout en restant avenante, souriante, available, alors qu'au bout d'un moment, on a envie de creuser et de s'enfoncer dans le sol. Donc, je l'étais. J'ai mis une sonde qui n'était pas la bonne sonde. Ça, c'est le patient a eu super mal. J'ai dû lui changer la sonde. Je n'ai rien. Voilà. Bon, bref. Voilà. Une anecdote parmi des milliers. Mais c'est juste pour expliquer qu'il n'y a pas que la relation entre le patient et soi, son propre stress de bien faire les choses. il y a des milliers d'autres facteurs qui rentrent en jeu et il faut rester toujours fraîche et dispo parce que sinon ça retombe sur nous en fait et que le fait d'être nerveux aigri, agressif ne fait que monter la mayonnaise donc on peut gueuler après pas trop fort en restant correct mais sur le coup on se tait quoi,

  • Speaker #0

    voilà je pense à l'adopt qui a dû se transformer en petite souris pour partir par un petit peu au diplôme comparatoire à ce moment-là. Merci infiniment, Valentine.

  • Speaker #1

    C'était trop cool. Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Salut, à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets plein de contenus pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

Description

Aujourd’hui, je vous propose un échange sans filtre avec la Dr Valentine Frydman, chirurgienne urologue, sur un sujet aussi essentiel que trop peu abordé : que signifie être une femme en chirurgie, en 2025?


👉 Abonnez-vous à la newsletter Super Récap’ pour recevoir un mail à lire en 1mn récapitulant les grands points des épisodes de la semaine (c'est gratuit et sans spam!):https://superdocteurs.substack.com/


Pendant nos études, nous sommes nombreux à fantasmer sur la chirurgie : la technicité, l’adrénaline du bloc, la satisfaction immédiate du geste. Mais derrière les vitrines du compagnonnage, il y a une autre réalité, surtout quand on est une femme : regards biaisés, sous-estimation des compétences, sexualisation latente, équilibre précaire entre carrière et maternité.

Dans cet épisode, Valentine raconte tout, sans posture militante mais avec une sincérité désarmante. Elle revient sur les débuts en tant qu’interne dans un milieu très masculin, les remarques sexistes ordinaires, la difficulté à imposer son autorité, mais aussi les évolutions positives des dix dernières années. Elle partage ce que ses patient(e)s projettent sur elle, la manière dont les chefs – hommes ou femmes – perçoivent différemment les internes selon leur genre, et l’influence du mouvement #MeToo dans les blocs.

On parle aussi de la maternité, des congés, de la peur de "perdre la main", des fameuses crèches d’hôpital, et du poids mental spécifique que portent les femmes en chirurgie. Avec une justesse rare, Valentine déconstruit l’idée du "don chirurgical" et nous rappelle que la chirurgie est avant tout un artisanat, qui se transmet et se travaille.

Enfin, elle livre ses conseils aux étudiantes et jeunes internes : ne pas se laisser intimider, apprendre à poser des limites, affirmer sa place sans renier sa sensibilité, mais aussi garder une certaine distance face à la toxicité de certains milieux. Et surtout, ne pas céder au découragement. Car la chirurgie peut aussi être un métier d’émancipation, de création, de fierté.

Un épisode précieux pour toutes celles – et tous ceux – qui veulent soigner avec leurs mains… et avec leur tête.

Mon livre est disponible ici: https://www.chroniquesociale.com/comprendre-les-personnes/1315-medecine-integrative.html


Les propos tenus dans ce podcast ne constituent en aucun cas une recommandation médicale ou une incitation à la prescription. Tous les propos tenus ne sont pas vérifiés. Les auditeurs sont invités à se référer aux recommandations officielles en vigueur et à compléter leur formation par les sources professionnelles reconnues.


Instagram:

https://www.instagram.com/dr.matthieu.cantet

Youtube:

https://www.youtube.com/channel/UCbZG3thgg8pWjhv-1Ksh1AA

Linkedin:

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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation.

  • Speaker #1

    Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins.

  • Speaker #0

    Dans les deux premiers épisodes de cette mini-série, vous avez découvert à nouveau mon invité, le docteur Valentine Friedman, qui nous a parlé des différences entre les chirurgiens et les chirurgiennes. On a beaucoup parlé de la condition de la femme dans cette spécialité. Et dans ce troisième et dernier épisode de cette mini-série, Valentine va nous donner de précieux conseils pour toutes nos consoeurs qui souhaitent embrasser une carrière de chirurgienne. Je vous le conseille vivement, c'est un épisode qui fait du bien et je vous souhaite une excellente écoute. Un des trucs chouettes dans notre métier, c'est que quand on est interne, au bout de six mois, on change. Et ça, c'est... Ça, il faut le dire, parce que des fois, c'est long.

  • Speaker #1

    Des fois, c'est long, on se sent seul.

  • Speaker #0

    Oui, c'est clair. Moi, j'ai connu ça. J'ai connu un semestre absolument épouvantable. Mais finalement, le fait de savoir que ça avait une finitude, quoi. Exactement.

  • Speaker #1

    Je pense qu'il faut le répéter. Ça ne dure que six mois. Il faut fermer les écoutilles. C'est difficile. Mais finalement, c'est aussi ça qui fait partie de notre formation professionnelle, parce qu'il faut qu'on soit capable de travailler dans... toutes les conditions, notamment quand on fait de la chirurgie, des fois, on n'a pas forcément les outils qu'on veut, on n'a pas forcément l'anesthésiste qu'on veut, on n'a pas forcément l'aide qu'on veut, l'ambiance au bloc, elle n'est pas forcément très bonne. Il faut continuer. Il faut apprendre à s'endurcir et l'internat, c'est vraiment tellement, tellement bien pour ça. Des années extraordinaires dont il faut profiter, je pense, jour après jour. Et prendre l'essence même de ce qu'il y a à prendre. C'est-à-dire, c'est comme les chefs de clinique, c'est comme des citrons. Il faut les presser et prendre tout ce qu'il y a à prendre. Et puis, quand ils sont tous secs, on change de semestre.

  • Speaker #0

    Du coup, est-ce que tu as eu des défis spécifiques auxquels tu as été confrontée parce que tu étais une femme dans ta spécialité ? Et est-ce que tu les as surmontées avec des stratégies particulières ? Est-ce que tu as eu des moments dans ta carrière où tu t'es dit... Ça, c'est un problème parce que je suis une femme. Et donc, est-ce que tu veux nous raconter comment tu t'en es ?

  • Speaker #1

    Alors, je dirais que c'est plus sur le côté médical que sur le côté chirurgical. C'est-à-dire la gestion des conflits avec les patients en consultation, l'attitude des patients envers moi. Je fais 1m60, je fais 55 kilos, je ne fais pas peur. donc quand je m'énerve ça les fait plus rigoler qu'autre chose mais à partir du moment où ils ont compris que c'est moi qui allais les ouvrir quoi, là en général ça rentre dans l'ordre et ça se passe très bien mais voilà je pense que les cons que j'ai eu à gérer parce que j'étais une femme ou à cause du fait que je sois une femme j'ai pas trop le prisme là dessus, je pense que tout médecin de n'importe quelle spécialité ... peut me comprendre, ou en tout cas, être confrontée à ces problématiques-là de gestion du conflit ou d'un avis différent avec un patient un peu pushy en consultation, plus que à partir du moment où je pose une indication opératoire. En général, ça, non, je n'ai pas eu d'autres, voilà, ou au bloc, bien évidemment.

  • Speaker #0

    C'est intéressant la relation dont tu parles avec tes patients ou quand ils sachent que quand même... C'est toi qui vas les ouvrir avec un bistouri, ça doit calmer quelques ardeurs.

  • Speaker #1

    Ça calme les ardeurs, oui, ça calme un peu les ardeurs, notamment des conflits de consultes.

  • Speaker #0

    Est-ce que tu aurais des conseils que tu pourrais recommander aux jeunes femmes qui aspirent à une carrière en chirurgie ?

  • Speaker #1

    Bah, mille, oui. Déjà, j'aurais fête de la chirurgie, c'est la plus belle des spécialités. Fête de l'urologie, c'est encore mieux. Non, mais sans blague, c'est extraordinaire. C'est un métier qui est… Moi, j'adore ce côté d'artisanat, ce métier manuel où on va bricoler, où on va faire des montages. C'est magique. Allez-y, foncez. En tout cas, si la chirurgie vous intéresse. Ce n'est pas facile. C'est vraiment difficile même. Il y a des journées où on en a marre et on a envie d'arrêter. C'est ces journées-là où il faut voir la lumière au bout du tunnel. C'est que de tous les gens que je connais autour de moi qui ont fait de la chirurgie, tout le monde arrive à trouver finalement en fin de... son équilibre. On n'a pas tous les mêmes attentes, on n'a pas tous les mêmes recherches. Il y a des gens qui ne veulent faire que du blog, il y a des gens qui ne veulent faire que de la consulte, qui ne veulent plus opérer, qui sont dégoûtés. Il y a de l'équilibre à trouver dans tout ça. Mais c'est génial. C'est tellement enrichissant, c'est tellement satisfaisant de régler un problème avec ses mains. Moi, je trouve que c'est un don du ciel. Mais que ce n'est pas un don, d'ailleurs. Je retire ce mot parce qu'en fait, c'est du boulot. Et c'est des choses qui s'acquièrent, il y a des choses qu'on répète, qu'on refait, qu'on recommence. On échoue beaucoup, on s'ennuie beaucoup. Notamment les physiques, je pense. On remet tout en question plein de fois, mais ça vient. Ça vient toujours, et tout le monde est capable d'être chirurgien. C'est pas un don. Je pense qu'il ne faut pas lâcher, et il faut profiter de tout. toutes ces minutes et ces secondes d'internat, de clinica, de moments de travail en équipe à l'hôpital où on peut staffer les dossiers, réfléchir ensemble, pour prendre toutes ces infos, les petits tips pour que le jour où potentiellement on se retrouve tout seul, les choses ne se passent pas trop difficilement, même si tous les jours ce n'est pas rose. Moi, je n'ai personnellement aucun regret et je ne ferai pas d'autres métiers. Si c'était à refaire, je ferais la même chose. Peut-être que je répondrai un peu plus à certaines remarques désobligeantes, mais finalement, c'est tout. Et j'aurais tendance aussi à dire d'être attentif au fait que c'est bien de respecter tout le monde, les hommes, les femmes, mais qu'au final, on n'est ni un homme ni une femme. Devant les patients, on est un chirurgien ou une chirurgienne, pour ceux qui veulent se faire appeler comme ça, mais qu'il faut arrêter. Il faut faire attention de ne pas basculer dans l'autre excès. c'est de l'ultra-féminisme et où on ne peut même plus parler d'un homme ou d'une femme, il faut parler en écriture inclusive, il faut dégenrer tout. Voilà, un tout petit peu de balance, de mesure ne fait pas de mal.

  • Speaker #0

    Je te remercie beaucoup. Je suis un peu fière,

  • Speaker #1

    mais pas trop embrouillée.

  • Speaker #0

    Non, non, j'ai trouvé ça vraiment magnifique. On est dans une époque où beaucoup de médecins déconseillent de pratiquer la médecine parce que il y a plein de problématiques, de courses à bosser vite sur les financements sur l'hôpital public qui se casse la figure etc. Il y a de plus en plus de médecins qui déconseillent de pratiquer la médecine même à leurs propres enfants et à leurs amis et un de mes objectifs c'est justement de redonner un peu de vent dans les voiles à nos métiers et je suis super content.

  • Speaker #1

    Oui, bravo parce qu'il faut, et je suis assez d'accord avec toi. Il y a beaucoup de gens un peu désespérés. Je pense que les gens vont mal, mais dans l'absolu. Ce n'est pas qu'en médecine, c'est partout. Et du coup, ça retentit sur tout le monde, les médecins, les patients. Il y a vachement de violence, vachement de revendications, vachement de… Mais après toute l'abnégation que nécessitent nos études, il n'y a rien de plus satisfaisant que de faire son travail, et de le faire bien, et de pouvoir se regarder dans la glace et de se dire qu'on l'a bien fait. Mais oui, c'est sûr que ce n'est pas comme n'importe quoi. En fait, ce n'est pas tout rose. Il y a des moments où on en a marre, où clairement, l'hôpital public se casse la gueule et que ça fait vraiment mal au cœur parce que c'est, comme toi d'ailleurs, un peu notre mère à tous. Et on en vient tous de là. Et on peut tous remercier l'hôpital public parce que c'est grâce à lui qu'on sait faire ce qu'on fait aujourd'hui tous les jours. Et moi-même, je suis partie de l'hôpital public, je n'en pouvais plus. C'était une question... plus de ma santé à moi qui était en jeu. Mais ça me fait mal tous les jours quand je vois l'état des choses et la déliquescence des choses. Donc, bravo d'essayer à ton niveau de donner envie de faire ce métier parce que c'est un chouette métier quand même par rapport à tout ce qu'on peut voir. Et on est amené à en voir quand même des gens et des passifs métiers.

  • Speaker #0

    Ça reste quand même des métiers où intrinsèquement, Il y a un sens qui est hyper fort à l'exercer et c'est une source de bonheur qui est quand même extrême. Il faut quand même garder ça en tête.

  • Speaker #1

    Ah oui, c'est une unité.

  • Speaker #0

    Avant qu'on se quitte, est-ce que tu aurais une anecdote de bloc à nous raconter ?

  • Speaker #1

    Une anecdote de bloc à vous raconter ? Ah ben, une anecdote de bloc, ben voilà, je peux vous raconter une anecdote qui est arrivée pas plus tard que la semaine dernière où il faut savoir gérer, notamment je pense quand... Tourner une femme, ça rejoint un peu le... Et savoir se gérer, gérer les autres. gérer l'aide, l'anesthésiste, le penseur, même si à l'intérieur, on a envie d'hurler, de se déshabiller, de prendre le vélo et de rentrer à la maison, on ne peut pas. Donc, c'était la semaine dernière et j'avais une intervention toute bête à faire en urgence. Et c'était drainer un rein, donc mettre une sonde double J sur une piédone effrite obstructive. C'est quand même la base de l'urologie. Et ça, c'est une anecdote qui peut arriver à la clinique. à l'hôpital, partout. Et donc, je commence mon intervention sur deux mois. On est à la clinique, il y a le matériel. Je demande la sonde et on me donne la sonde. Et au moment où l'aide la rattrape, il la fait tomber par terre. Bon, c'est des choses qui arrivent. Déjà, il ne faut pas s'énerver. Ça arrive, ce n'est pas grave, nous allons reprendre une sonde. Et là, le penseur me dit, il n'y en a pas, docteur, je vais à l'arsenal voir. Donc, on est habillé, le patient dort, on est en stérile, on attend. On attend 5 minutes, 10 minutes, puis le penseur revient avec la cadre de bloc. Il me dit qu'elle est désolée, mais qu'il n'y en a plus dans le bloc opératoire. Donc, à ce moment-là, on réalise vraiment ce moment de solitude absolue qu'il n'y a que nous et que personne ne nous aidera. Et qu'il va falloir se débrouiller. Il va falloir manager. Il va falloir mettre une sonde qui n'est pas à la base censée être la sonde qu'il faut mettre, mais qu'on changera quand on recevra le bon matériel. tout en restant avenante, souriante, available, alors qu'au bout d'un moment, on a envie de creuser et de s'enfoncer dans le sol. Donc, je l'étais. J'ai mis une sonde qui n'était pas la bonne sonde. Ça, c'est le patient a eu super mal. J'ai dû lui changer la sonde. Je n'ai rien. Voilà. Bon, bref. Voilà. Une anecdote parmi des milliers. Mais c'est juste pour expliquer qu'il n'y a pas que la relation entre le patient et soi, son propre stress de bien faire les choses. il y a des milliers d'autres facteurs qui rentrent en jeu et il faut rester toujours fraîche et dispo parce que sinon ça retombe sur nous en fait et que le fait d'être nerveux aigri, agressif ne fait que monter la mayonnaise donc on peut gueuler après pas trop fort en restant correct mais sur le coup on se tait quoi,

  • Speaker #0

    voilà je pense à l'adopt qui a dû se transformer en petite souris pour partir par un petit peu au diplôme comparatoire à ce moment-là. Merci infiniment, Valentine.

  • Speaker #1

    C'était trop cool. Avec grand plaisir.

  • Speaker #0

    Salut, à bientôt.

  • Speaker #1

    À bientôt.

  • Speaker #0

    J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets plein de contenus pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt !

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