- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue sur Superdocteur. Dans ces épisodes, j'ai l'honneur d'accueillir le docteur Gabriel Perlemuter, avec qui nous parlons de la prescription et du conseil du jeune intermittent en médecine générale. Dans le premier épisode, nous avons parlé avec mon invité des différentes méthodes de prescription. Ces méthodes ont été validées scientifiquement. Il s'agit de la méthode 5-2, qui consiste à jeûner pendant 24 heures, deux jours non consécutifs par semaine, et à manger normalement les cinq autres jours, ainsi que la méthode 16-8, qui... comme son nom l'indique, consiste à jeûner pendant 16 heures et à s'accorder une fenêtre de 8 heures pendant laquelle on peut manger. Nous avons parlé avec lui dans le premier épisode des bienfaits de ce jeûne et nous avons abordé les populations cibles sur lesquelles nous pouvons conseiller, prescrire cette intervention non médicamenteuse. Dans ce deuxième et dernier épisode, je vous propose de voir avec mon prestigieux invité les conseils pratiques que l'on peut donner aux médecins généralistes pour introduire et encadrer cette pratique auprès de leurs patients. On va parler des principales contre-indications au jeûne et les signes de surveillance pour s'assurer que le patient suit le jeûne en toute sécurité et que sa pratique ne devient pas délétère. Je vous remercie infiniment d'être aussi nombreux et de plus en plus nombreux à écouter ce podcast. Si vous vous mêlez simplement, c'est très facile et il vous suffit de mettre pause sur ce podcast, de me mettre un avis sur Apple Podcast et une note de 5 étoiles. Je vous souhaite une excellente écoute. Je comprends que les indications de la prescription du jeûne sont... très très large, on va de la prévention primaire à la prévention secondaire. Est-ce qu'il existe des contre-indications aux jeunes ? Est-ce qu'il y a des populations dans lesquelles cette pratique est déconseillée ou alors nécessite des précautions particulières ?
- Speaker #1
Alors oui, il y a des populations qu'il faut éviter. Chez l'enfant en pleine croissance, il faut éviter. On peut commencer à le conseiller à l'adolescent s'il est en surpoids, sachant qu'il y a une épidémie de surpoids et d'obésité chez l'adolescent. Il est déconseillé... chez les personnes qui ont un diabète de type 1, parce qu'il y a des risques, quand on jeûne, de faire des hypoglycémies, quand on continue à faire ces injections d'insuline. Il est déconseillé chez la femme enceinte, allaitante ou qui souhaite devenir enceinte. Il est déconseillé, en dehors de toute surveillance médicale, chez une personne après 65 ans, parce que, comme je l'expliquais, vous allez puiser quand vous jeûnez sur... vos graisses et sur les muscles. Par conséquent, vous risquez de développer une amyotrophie, une sarcopénie, si de façon simultanée au jeûne intermittent, vous ne pratiquez pas une certaine activité physique. Pour toutes ces populations, ce n'est pas forcément intelligent de faire du jeûne intermittent.
- Speaker #0
Très bien. Alors, en quoi consiste justement la surveillance de ce jeûne ? Vous me disiez qu'après 65 ans, c'était déconseillé. de prescrire ces interventions en l'absence de surveillance. Mais lorsqu'on débute un jeûne intermittent, lorsqu'on prescrit cette intervention auprès de nos patients, comment faut-il les surveiller ? Est-ce qu'il y a des marqueurs cliniques, des marqueurs biologiques auxquels il faut être attentif ? Et qu'est-ce qu'ils nous montreraient ? Qu'est-ce qu'il faudrait faire dans ce cas ?
- Speaker #1
Alors, il faut bien distinguer le jeûne intermittent des longues cures de jeûne qui sont très à la mode. Donc là, il y a... un syndrome de renutrition inappropriée qui peut apparaître. Là, on est vraiment dans le jeûne intermittent 16-8 ou 5. Dans ces méthodes-là, en fait, l'amélioration métabolique sur le plan biologique peut être extrêmement rapide. En quelques jours, on va voir les triglycérides qui vont chuter, qui sont très dépendants de l'alimentation. On va voir la glycémie qui va s'améliorer. Bien évidemment, du fait de la durée de vie des érythrocytes, l'hémoglobine glycée va prendre plus de temps à s'améliorer, mais même les transaminases peuvent s'améliorer très rapidement. Pour que le poids, le tour de taille, la pression artérielle s'améliore, ça peut prendre un peu plus de temps, mais au bout de trois, deux, de six semaines à trois mois, on peut déjà observer une franche amélioration. Et vraiment, les publications sont d'accord là-dessus. Là où il y a des contradictions dans les publications, en fait, il faut quand même le dire, c'est surtout lié au fait que les horaires d'alimentation ne sont pas forcément respectés. On fait tout un amalgame, tout un micmac entre un jeûne le matin. le matin, le soir, le critère de jugement, mais globalement, les études chez l'homme, les études cliniques les plus récentes et les études chez l'animal sont toutes convaincantes sur le bienfait du jeûne intermédiaire.
- Speaker #0
Donc il n'y a pas de drapeau rouge, c'est-à-dire qu'on comprend bien qu'il n'y a pas de syndrome inapproprié de renutrition dans ces cas de jeûne intermittent que l'on prescrive le 16-8 ou le 5-2. Mais dans ces cas de prescription précis que je viens de citer, il n'y a aucun drapeau rouge à surveiller. Il n'y a pas un marqueur qui peut nous alerter, dire ok, il faut repartir sur une alimentation normale parce que là le jeûne est délétère.
- Speaker #1
Non, en fait non, on peut après avoir des cas extrêmes où vous avez par exemple l'anorexie mentale ou... qui peut être tenté par un jeûne intermittent, on devient obsédé de l'alimentation, et dans ce cas-là, pour l'anorexie mentale, on a déjà plus de réserve en glycogène, puisqu'on a une anorexie, et donc l'alcool va devenir plus toxique, il y a un risque d'hypoglycémie dans ce cas-là, mais on est dans des cas extrêmes, et moi je pense beaucoup plus aux personnes qui ont un syndrome métabolique, où là il n'y a pas de risque, les personnes que vous traitez qui ont un syndrome métabolique, qui sont sous traitement déjà, par exemple, hypoglycémiant avec des risques d'hypoglycémie, je pense en particulier au sulfamide hypoglycémiant, là vous allez devoir possiblement rapidement diminuer la dose et c'est tout bénéfice pour le patient. La metformine, non, la metformine il n'y a pas de risque d'hypoglycémie, donc il n'y a aucun risque et la metformine de toute façon augmente l'espérance de vie. Dans les dernières études, au moins chez le singe, donc non, il n'y a pas de risque particulier, on peut être très très serein quand on propose ça à nos patients.
- Speaker #0
Très bien. Est-ce que vous auriez, Gabriel, des conseils pratiques à donner aux jeunes médecins généralistes ou aux plus vieux qui nous écoutent pour introduire et encadrer cette pratique auprès de leurs patients dès demain au cabinet, s'ils sont amenés chez un patient qui souffre par exemple d'un syndrome métabolique, qui semble être une population cible quand même pour cette intervention, a priori, à vous dire. Est-ce que vous auriez des conseils pratiques à lui donner, des petites astuces que vous auriez à partager ?
- Speaker #1
Oui, ça c'est très important. Alors le syndrome métabolique et la stéatose hépatique pour moi. C'est très important parce qu'au fur et à mesure de l'expérience que j'ai prise, je me rends compte qu'on nous apprend dans nos études, voilà, les règles du géno-diététique, et puis ça dure 5 secondes, et puis après il y a toute la liste de médicaments qui arrivent lorsqu'on apprend la médecine. Or, ça devrait être juste l'inverse, parce que les règles diététiques d'alimentation dont nous sommes précisément en train de parler là, Mathieu, c'est ce qu'il y a de plus important et ce que le patient va le plus attendre auprès de lui pour limiter. les prises en charge médicamenteuses. Et j'aime bien, moi, quand je vois des patients, leur faire des fiches avec les aliments qui sont conseillés, avec les aliments qui sont déconseillés, avec les horaires d'alimentation, avec les quantités qu'ils peuvent ingérer parce que le patient, quand il sort de votre cabinet, il se retrouve tout seul, un peu désemparé par rapport à tous les conseils que vous donnez parce que nous, médecins, nous avons la connaissance et le patient n'a pas la connaissance. Et donc, les petites... Le truc que je donne aux patients, d'une part, c'est des fiches, c'est dire qu'ils sont libres, que s'ils font des erreurs, ce n'est pas grave, et que globalement, c'est sur un 16-8 ou sur une méthode 5-2. Voilà, avec les fiches que je leur donne, des fiches qui reflètent l'alimentation crétoise méditerranéenne, eh bien, ils vont s'améliorer pour les rassurer. Moi, j'aime bien faire. au bout d'un mois, un bilan biologique pour leur montrer que les triglycérides vont s'améliorer, pour leur montrer que la glycémie va s'améliorer, pour les encadrer, pour les encourager. Vous voyez, ça marche. Continuez.
- Speaker #0
Très bien. Nous allons arriver à la fin de cet épisode, Gabriel. Quand je vous ai envoyé un mail, quand je vous ai vu au téléphone, il y avait tellement de choses que j'avais envie d'aborder avec vous. Il y a votre travail de recherche à l'Inserm, votre travail sur le microbiote. qui est passionnant, votre travail sur les souris. Vous m'avez parlé de médecine intégrative, qui est un sujet de cœur chez moi. Je pense que si vous êtes d'accord, on va être amené à refaire une interview beaucoup plus longue que cette dernière. Mais je ne peux pas vous laisser partir sans que vous puissiez me parler de la petite histoire de votre guide thérapeutique. guide thérapeutique que vous publiez chaque année, il me semble, aux éditions tous les deux ans, aux éditions excellentes Elsevier-Masson. Et c'est un petit guide qui a accompagné des générations entières d'internes et qui a sauvé la peau de bon nombre d'entre eux, notamment aux urgences. Pourriez-vous me raconter cette grande histoire du petit guide thérapeutique ?
- Speaker #1
Je vais vous raconter tout ça. Juste avant, pour le jeûne intermittent, je me permets, Mathieu, voilà, nous... Mon dernier bébé que j'ai fait chez Flammarion, je nais en mangeant. Donc, ce n'est pas un livre pour les médecins, c'est plutôt un livre pour les patients qu'on peut leur conseiller. Mais je pense que beaucoup de médecins pourront aussi avoir des idées dessus.
- Speaker #0
Je vous le confirme parce que vous détaillez notamment le 16-8, le 5-2, vous détaillez beaucoup de choses que les professionnels de santé ne connaissent pas forcément ou ne maîtrisent pas forcément.
- Speaker #1
Oui, le but, c'était vraiment de sortir des fake news sur les réseaux sociaux. Et vraiment, c'est un livre fondé sur les dernières publications scientifiques. Sur le guide de thérapeutique, oui, c'est ça, le guide de thérapeutique, le guide de thérapeutique Perle Muter. Et en fait, c'est une histoire qui a débuté quand j'ai été nommé interne. Mon papa, paix à son âme, Léon Perle Muter, qui était professeur, avant que je sois interne, écrivait déjà des livres. Et je lui ai dit, écoute, papa, Les livres que tu as faits, c'est bien, mais moi, je ne les ai pas utilisés. Ils sont trop vieux, il faut faire autre chose. Et j'étais externe. Voilà ce qui manque. Il manque un livre où il y a sur les pages de gauche, les maladies. Et puis, juste sur la page de droite, on trouve les médicaments qui correspondent à la maladie, tout en un. Et ça permettrait de faire quelque chose vraiment de bien. Et puis, il me dit, ah ouais, c'est une bonne idée. Et voilà, j'ai été aidé. Papa avait des contacts chez LC Virmaçon. Donc, j'ai écrit des chapitres d'essai. Et puis, on est allé chez LC Virmaçon. Ils étaient un peu dubitatifs. J'étais tout jeune, mais j'ai été poussé par mon père. Et donc, à la fin, ils ont dit OK. Et on a fait la première édition du guide de thérapeutique. Moi, j'ai été nommé interne en 92. J'ai eu mon internat en 92, donc interne 93. Le premier livre, on a mis cinq ans à le faire. Il est sorti en 99. Et il avait 1000 pages de moins que le dernier actuellement. Et donc, j'ai pris une bande de copains, tous de ma génération. Et chacun a fait sa spécialité, j'ai tout coordonné, j'ai tout réécrit derrière pour que ce soit homogène. On a fait la première édition du guide de thérapeutique, ça a super bien marché. Ce qui veut dire que ça correspondait à une attente en fait. Et puis ensuite, tous les deux ans, tout le monde s'y colle et on s'y met à jour. Il y a beaucoup de générations de médecins maintenant qui changent, qui n'écrivent plus dedans, des plus jeunes qui écrivent, qui se donnent le flambeau. Et ce qui fait qu'aujourd'hui, dans cette douzième édition qui est sortie il y a quelques semaines, le livre est réélu. complètement à jour par rapport à tout ce qui existe en termes de thérapeutique médicale. Et c'est vraiment une très belle histoire, je trouve, et j'espère qu'il continuera pendant encore des générations, sachant que maintenant, mes deux filles sont étudiantes en médecine, une interne et une externe.
- Speaker #0
C'est un travail incroyable. Et moi, je l'ai utilisé personnellement bon nombre de fois en garde, surtout dans les services où on ne capte pas trop. Là, on a un bouquin papier robuste qui ne nous lâchera jamais. Et c'est un travail vraiment incroyable. J'en profite du coup avant qu'on se quitte, Gabriel, pour remercier chaleureusement votre fille Eva qui m'a contacté sur les réseaux et qui nous a permis de faire ce super entretien aujourd'hui. Donc, coucou Eva.
- Speaker #1
C'est une question de génération. Elle, elle est sur les réseaux sociaux beaucoup plus que moi.
- Speaker #0
C'est bien, ça permet de faire le lien.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Je vous dis un grand merci. Et puis, je suis sûr qu'on va être amené à se revoir très bientôt, Gabriel, pour aborder plein d'autres sujets passionnants.
- Speaker #1
Avec plaisir, Mathieu. Prenez soin de vous.
- Speaker #0
Au revoir.
- Speaker #1
Au revoir.
- Speaker #0
Félicitations, vous êtes bien arrivés à la fin de cet épisode du podcast. S'il vous a plu, si vous avez appris des choses utiles et que vous souhaitez que je poursuive ce travail, vous pouvez vous abonner à ce podcast et en parler à un de vos confrères ou une de vos consoeurs. Et si vraiment vous voulez m'aider, vous pouvez me laisser une note de 5 étoiles sur vos applis et un petit avis sympa pour référencer ce podcast. Pensez également à vous abonner à la newsletter. Je vous envoie chaque mois un mail à haute valeur ajoutée pour la médecine générale. Vous trouverez le lien dans les notes de l'épisode. A bientôt !