Speaker #0Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous, avant de commencer cet épisode, je souhaite vous présenter Pulse Life, mon partenaire et une plateforme que je recommande chaleureusement. Dans un contexte d'hypercroissance des connaissances médicales, Pulse Life met à disposition des soignants toute la connaissance médicale fiable et à jour pour leur permettre d'exercer une médecine fondée sur les preuves et améliorer la qualité des soins. Je l'utilise moi-même et je trouve cet outil vraiment utile. On y trouve des algorithmes interactifs, des recommandations validées, une base médicamenteuse complète et même un expert médical conversationnel IA qui vient d'être développé. Ce chatbot garantit des réponses fiables et sourcées avec un accès direct aux documents de référence. Pulse Life, c'est donc l'allié indispensable pour rester à jour et simplifier nos prises de décisions médicales. Alors, allez y jeter un œil, ça vaut vraiment le détour. C'est sur le site pulselife.com. Bonjour à tous et bienvenue dans Superdocteur, je suis très heureux de vous retrouver dans ce deuxième épisode au cours duquel je vais aborder les huit compétences d'un médecin exceptionnel. Alors dans ces deux épisodes, j'ai pris comme exemple une fameuse étude parue en 2008 dans les Annals of Internal Medicine de Larry Churchill, dans lequel les auteurs ont interviewé 50 praticiens, identifiés par leur père comme des médecins exceptionnels ou des praticiens de renom, qui sont qualifiés par leur père... de guérisseurs, de médecins exceptionnels, de gens qui ont des facultés extraordinaires pour soigner les autres. Alors dans le premier épisode, j'ai abordé les quatre premières compétences que ces praticiens ont soulevées lors de cet interrogatoire. La première, c'était faire des petites choses, sourire, serrer la main, etc. La deuxième, c'était prendre le temps et écouter. La troisième, c'était être ouvert émotionnellement. La quatrième, c'était trouver quelque chose à apprécier ou à aimer chez vos patients. Alors dans ce deuxième épisode, je vais aborder les quatre derniers. On va commencer immédiatement par la cinquième, c'est enlever les barrières. Alors qu'est-ce que ça veut dire ? Les barrières, c'est des objets physiques, ce sont des objets physiques, des bureaux, des ordinateurs, des téléphones, que sais-je. Ce sont aussi des attitudes, des mots, des barrières, c'est tout ce qui met un écran entre soi et le patient. C'est faire preuve d'humilité, de simplicité. J'ai été frappé dans le podcast, quand j'ai reçu des professeurs de renom, j'ai été frappé de leur simplicité, de leur bienveillance, de leur amicalité. Et en fait, je suis sûr que vous l'avez remarqué, mais quand des gens sont à un tel niveau de compétence, on peut choisir d'être un égocentrique, on peut choisir d'être un homme ou une femme détestable, mais maîtrisant absolument un domaine de compétence. une niche particulière où on peut choisir d'être un homme ou une femme exceptionnel, d'aller un cran au-dessus, et c'est faire preuve d'humilité, de considérer les autres êtres humains comme notre égal. Et j'ai eu la chance de croiser nombre d'entre eux, alors ils sont assez rares, j'ai l'impression qu'il y en a beaucoup qui font preuve plutôt du versant inverse, mais beaucoup y arrivent, en tout cas certains. Donc l'humilité, la simplicité, c'est... considérer le patient qui se présente en face de nous comme notre égal. C'est le considérer comme quelqu'un qui a fait la démarche de venir nous voir pour demander de l'aide et c'est se considérer soi-même comme devant être à la hauteur de répondre à cette attente. C'est susciter un climat de confiance, c'est susciter une bienveillance, d'être agréable avec lui et de ne surtout pas se considérer comme supérieur à lui. C'est une remarque, un défaut qu'on peut nous opposer parfois. Donc je vous invite à réfléchir là-dessus et à réfléchir aux figures qui sont offertes à nous de nos profs de médecine qui sont des hommes ou des femmes exceptionnels, il y en a. Je vais vous citer un interviewé qui rapporte Je peux facilement ouvrir une porte et ramener un patient dans la pièce, essuyer le nez d'une mère en pleurs ou vider une corbeille à papier ou faire l'une de ces choses que l'employé le moins bien classé de l'hôpital fait. C'est ça, c'est être simple humain et se considérer simplement comme un médecin et pas comme un dieu ou que sais-je. Et malheureusement, il y en a beaucoup. Je vais vous citer une autre phrase d'un autre praticien interviewé. J'aime qu'il comprenne, en parlant de mes patients, que je suis un être humain, que je ne suis pas un dieu, je suis un médecin. C'est une attitude, c'est un langage, c'est une considération et là encore, ça se travaille. C'est par exemple enlever l'ordinateur. En tout cas, regarder son patient et pas regarder un écran, il n'y a rien de plus insupportable qu'un médecin qui tape son compte-rendu d'observation en face du médecin qui est en train de lui parler. On peut prendre trois minutes pour faire ça à la fin. C'est enlever son téléphone, au moins l'éteindre. C'est regarder les gens dans les yeux, être disposé à eux. Et vous avez compris, enlever toutes les barrières qui font écran entre soi et son patient. C'était la cinquième compétence essentielle, je vous propose d'aborder la sixième, qui est de laisser le patient s'expliquer. Tous ces praticiens d'exception ont soulevé cette compétence comme essentielle, et ça rentre dans le cas des grands cliniciens, notamment dans l'interrogatoire. Donc ces sujets d'exception interrogés, ces médecins, ces praticiens, ont insisté sur le fait que les patients sont la meilleure source d'informations sur leur état, et qu'une partie... essentielle de la guérison est de permettre la compréhension de leur maladie par les patients. Les questions ouvertes semblent particulièrement efficaces. Vous savez comme moi que laisser les parlants, les patients parler, c'est une mine d'informations et c'est quelque chose qu'on a tendance à oublier ou à dépêcher. C'est le patient qui va vous raconter si son... L'horaire de douleur est plutôt mécanique ou inflammatoire. Il ne va pas le dire en ces termes, mais vous allez le comprendre en le laissant parler. C'est lui qui va vous rapporter la chronologie de sa maladie. On a tendance à les couper trop vite, trop facilement, et c'est une erreur. Ce que je proposais dans un précédent podcast, c'était de laisser au moins une à deux minutes les patients parler. Ça paraît dingue, mais en général, je crois qu'on coupe nos patients au bout de 20 secondes. Il y a eu des études là-dessus. Pour ça, les questions ouvertes sont beaucoup plus efficaces. C'est-à-dire que plutôt... que de dire Vous n'avez pas eu mal hier soir ? Eh bien, vous demandez plutôt Qu'est-ce qui s'est passé hier soir ? C'est de ne pas enfermer son patient dans une réponse, mais lui laisser une ouverture pour qu'il déroule. Et après, secondairement, on interprète de façon médicale et technique le discours de nos patients. Mais laissons les patients s'exprimer librement. Je cite un des interviewés Un bon moyen de faire commencer le patient et simplement de lui demander ce qu'il comprend de ce qui se passe jusqu'à présent. C'est une ouverture très large. Cela leur permet soit d'être très scientifique et de parler des tests qu'ils ont subis, soit d'exprimer la partie émotionnelle si elle est importante pour eux à ce moment-là. Cela leur donne l'occasion de cadrer cela en fonction de ce dont ils ont le plus besoin, plutôt que de commencer par des questions spécifiques sur l'aspect médical. C'est essentiel, c'est-à-dire que... Faire commencer le patient sa consultation en lui demandant ce qu'il comprend de ce qui se passe jusqu'à présent, c'est une excellente technique parce que ça permet déjà de comprendre le discours sur lequel on est. Est-ce que le patient veut quelque chose de scientifique, de cadré, d'algorithmique ? Ou est-ce qu'il veut quelque chose de sentimental ? Il veut être rassuré ? Il veut poser des questions ? Ça permet de se situer, ça ne prend vraiment pas longtemps et surtout le patient a l'impression d'être entendu, ce qui à mon avis est essentiel. Et donc en laissant dérouler son patient, j'ai dit une à deux minutes, évidemment ça peut être beaucoup plus, mais sachant qu'on coupe nos patients au bout de 20 secondes, 25 secondes je crois, je vous assure que laisser une à deux minutes c'est pas un luxe, vous faites ça à chaque patient, vous passerez outre bon nombre de faux diagnostics et vous en redresserez beaucoup, je vous garantis. Donc en laissant dérouler le patient, en lui posant des questions ouvertes, on peut ensuite traduire dans un langage et une terminologie qui nous sont compréhensifs. et significatif, tout ce que le patient a rapporté. C'était la sixième compétence, laisser le patient s'expliquer. La septième compétence qui a été relevée dans cette étude, c'est de partager l'autorité. Ça, c'est hyper important. C'est-à-dire que de nombreux praticiens interrogés établissent dès le départ l'idée d'une responsabilité partagée pour la guérison. C'est-à-dire qu'il y a des années... La relation entre un médecin et un patient était plutôt verticale. C'était culturellement admis qu'on allait voir son médecin, qui savait et qui, verticalement, allait nous imposer son savoir, nous prescrire des médicaments que le patient n'avait que pour seul droit de s'exécuter. Les temps changent, c'est très bien. Et maintenant, il faut partager l'autorité. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est de brillants médecins qu'on a interrogés et c'est le bon sens. C'est-à-dire qu'il faut partager la décision. Et pour partager la décision entre le médecin et le patient, ça implique de partager l'information. Il faut promouvoir ça. C'est-à-dire qu'il faut expliquer au patient. Alors pas forcément en termes ultra techniques, ça peut être en termes vulgarisés, selon le niveau... cognitif, le niveau social, le niveau intellectuel qu'on a, que le patient nous présente. Mais il faut partager l'information, c'est essentiel. Et une fois qu'on a partagé l'information, il faut partager la décision. Je vous cite un des médecins interviewés. C'est une brillante manière de faire participer son patient de manière active. Je vous incite à dire cette simple phrase. Vous déciderez toujours ce que vous voulez faire et vous me poserez les questions pour décider. Donc pour que cette responsabilité partagée devienne une autorité partagée, c'est plutôt difficile à établir, le praticien doit voir son patient comme un expert compagnon. Et je vous cite encore un des médecins qui a été interviewé dans cette étude. Ce qui est souvent méconnu, C'est que le patient apporte aussi un certain niveau d'expertise. Qui les connaît mieux qu'eux-mêmes ? Et après tout, il s'agit d'eux et de la façon dont ils sont capables d'aller mieux. Et je vous rappelle que l'Evidence-Based Medicine, dont on est tous attachés, ça prend en compte, et on a eu tendance à l'oublier, ce que souhaite le patient. C'est essentiel. Ce que souhaite votre patient, c'est de l'Evidence-Based Medicine. Ce n'est pas... Ce n'est pas que l'étude de 10 000 personnes qui a prouvé que telle statine était bonne, etc. Non, c'est important. Mais ce qui est aussi également important, c'est ce que souhaite votre patient. Et c'est à lui de décider. Nous allons aborder la dernière compétence essentielle que cette étude a révélée. C'est être engagé et être digne de confiance. Les praticiens interrogés ont utilisé à plusieurs reprises dans leur questionnaire le mot digne de confiance, l'expression. Et ils l'ont associé à la peur de l'abandon des patients. Le praticien devrait assurer sa reconnaissance et son implication dans cette histoire en promettant de ne pas abandonner le patient au fur et à mesure que l'histoire progresse. C'est hyper important. Il faut que nos patients sachent que l'on est présent. Ou alors, si on est absent, il faut leur donner le numéro, les coordonnées de quelqu'un qui peut prendre le relais. Mais c'est essentiel parce que sans cela, Les patients iront voir ailleurs, ils ne vous feront pas confiance, on serait de mauvais médecins. Je suis désolé, on préférait tous bosser à mi-temps, faire quelque chose d'autre quand on a du temps libre et oublier nos patients. Mais la vérité, c'est que pour être un bon soignant, il faut être disponible. Vous pouvez vous arranger, il y a plein de technologies maintenant, il y a des agendas numériques, il y a des secrétariats numériques, il y a des boîtes mail pro, il y a des... Plein de choses pour filtrer les demandes, vous pouvez vous accorder 20 minutes dans la journée pour gérer ça. C'est une bonne idée d'ailleurs, on pourrait en reparler, de vous accorder un tout petit créneau dans la journée sur lequel vous pouvez répondre à vos patients. Ça peut être même par WhatsApp, etc. Alors faire attention au niveau médico-légal évidemment. Mais il faut assurer un suivi, c'est essentiel. Je vous cite un des praticiens interrogés. La guérison, c'est une question de connexion. Et les connexions sont une question d'écoute des histoires des gens. Écoutez les histoires des gens et ce qui fait de nous des personnes dignes de confiance. Et au fur et à mesure que nous nous révélons dignes de confiance, nous devenons plus efficaces. Je vous cite un autre praticien. Vos patients doivent vous faire confiance. Ils doivent faire confiance au fait que vous avez leurs meilleurs intérêts à cœur. Et rien ne solidifie cette confiance comme de dire Je vous apprécie en tant qu'individu. J'apprécie qui vous êtes, ce que vous faites, ce que vous apportez à ma vie. Et à cause de cela, vous pouvez me faire... explicitement confiance et faire confiance à ce que je vous recommande. Vous avez remarqué que j'ai insisté sur ils doivent faire confiance au fait que vous avez leurs meilleurs intérêts à cœur. C'est-à-dire qu'on doit parler des intérêts des patients, pas des intérêts des médecins. L'intérêt du médecin, c'est d'aller vite, c'est d'enchaîner sur un patient suivant, c'est de faire correctement son boulot, c'est de gagner de l'argent. C'est ça l'intérêt de la majorité des médecins. Mais il faut absolument garder à l'esprit qu'il faut veiller à l'intérêt de nos patients, parfois en notre défaveur, mais c'est eux qui doivent décider. Donc pour ça, ça se mérite. C'est une relation humaine qui se mérite, qui se travaille. Et c'est être fidèle. Je vais vous citer une dernière citation pour clore cette huitième partie. Une chose que j'essaie toujours de faire est de m'assurer que chaque patient repart avec un plan. Je dis aux patients que c'est une chose sur laquelle vous pouvez toujours compter. Vous repartez toujours avec un plan. Maintenant, cela peut ne pas fonctionner. Mais au moins, vous avez un plan. C'est quelque chose d'important, c'est-à-dire c'est de proposer à ces patients une conduite à tenir, c'est-à-dire vous leur proposez quelque chose, des signes à contrôler, des choses basiques, trois choses à faire en sortant de la consultation, toujours des messages simples pour que ça reste, vous leur proposez un plan d'action. Nous avons fini cet épisode des huit compétences que je vais vous rappeler en fin d'épisode, mais juste avant je vais conclure sur cette étude que j'ai trouvée brillante dont je vais vous mettre les notes en fin d'épisode. Donc en conclusion, les auteurs de cette étude nous rappellent que les compétences de guérison restent au... au cœur de la médecine. Et ils affirment que ces compétences ne sont pas seulement des stratégies, mais qu'elles sont des éléments essentiels de l'éthique médicale. Je vous le répète, ce ne sont pas des outils, mais ça doit devenir quelque chose qui est en vous. Ça se travaille en vous. Il faut savoir que ces compétences ont de multiples avantages. Tout d'abord, c'est d'améliorer évidemment les soins aux patients, cela va de soi. Mais c'est aussi... La capacité pour les médecins à trouver un sens plus profond et une satisfaction dans leur pratique. On sait tous qu'un signe du burn-out ou de dépression, c'est de ne pas trouver un sens à son travail. C'est tout le thème sur les bullshit jobs et qui est même retrouvé dans la santé. Ne pas avoir de sens, c'est enchaîner les patients toutes les 10 minutes en cabinet, faire des ordonnances à la chaîne, etc. Mais s'engager dans une relation de soins, c'est retrouver du sens et c'est... repousser la dépression et le burn-out. Je vous invite dès demain à vous approprier un de ces aspects que je viens de vous citer. Je vais vous les résumer très rapidement. En 1, faire les petites choses. En 2, prendre le temps et écouter. En 3, être ouvert émotionnellement. En 4, trouver quelque chose à apprécier et à aimer chez notre patient. En 5, enlever toutes les barrières qui font écran entre soi et le patient. En 6, laisser le patient s'expliquer. En 7, partager l'autorité. et ont envie d'être engagés et dignes de confiance. Voilà, j'espère que cet épisode vous a plu. Moi, j'ai adoré faire pour vous, j'ai adoré lire et résumer cette étude. Si ça vous a plu, vous pouvez me raconter ça sur les réseaux. Vous pouvez tout simplement vous abonner à ce podcast. Vous pouvez vous abonner à la newsletter Superdocteur. Je publie chaque mois une newsletter de grande qualité pour tous mes confrères et mes consœurs médecins généralistes. Et évidemment, il vous suffit. de me donner un petit avis sur votre plateforme d'écoute préférée, ce qui va me permettre de bien référencer mon travail, d'agrandir cette superbe communauté qui est la vôtre. Pour conclure de chez conclure, je vais vous citer Rachel Naomi Raymond, une grande professeure émérite de médecine, qui travaille dans la médecine intégrative, qui a été malade elle-même, qui a écrit des superbes bouquins, Rachel Naomi Raymond. Je vais vous la citer pour finir ce podcast. Nous, les médecins, pensions pouvoir tout guérir. Mais il s'avère que nous ne pouvons guérir qu'une petite partie de la souffrance humaine. Le reste doit être soigné. A bientôt !