- Speaker #0
Super Docteur, c'est le podcast des médecins généralistes. Le podcast qui vous transmet les recommandations de bonne pratique et les résultats des grandes études qui vont changer vos habitudes. Super Docteur, c'est la découverte de méthodes de soins innovantes et des interviews de soignants inspirants qui boosteront votre motivation. Un contenu court et pratique, chaque semaine, pour tous les médecins. Bonjour à tous et bienvenue sur Super Docteur. Aujourd'hui, nous allons parler de la prise en charge de la personne âgée en médecine générale. On le sait, cette population requiert une approche spécialisée en raison de sa spécificité. Nos patients au grand âge vont venir de plus en plus nombreux dans nos consultations en raison du vieillissement de la population. Alors pour savoir comment appréhender un patient âgé en quelques minutes dans une consultation de médecine générale, j'ai invité Bruno Okendo, gériatre universitaire. coordonnateur du DU du cours international de médecine gériatrique, et l'homme derrière le compte Le Gériatre sur Instagram et YouTube, sur lequel il démocratise sa spécialité. Bonjour Bruno !
- Speaker #1
Bonjour !
- Speaker #0
Je vais te poser ma première question Bruno, à quel âge est-on en gériatrie ?
- Speaker #1
Il faut voir déjà à quel âge on devient âgé, on est âgé. Alors selon l'OMS c'est après 65 ans, nous les gériatres on dirait après 75 ans. Et lorsqu'on regarde la moyenne d'âge dans un service gériatrique, on est plutôt dans le temps des 80-85 ans de moyenne d'âge.
- Speaker #0
D'accord, ok, donc ce n'est pas une définition qui est gravée dans le marbre.
- Speaker #1
Exactement.
- Speaker #0
Il y a un outil très utilisé par les gériatres, que l'on recommande d'utiliser en médecine générale, afin d'évaluer la personne âgée sous plusieurs thématiques. C'est bien sûr l'évaluation gériatrique standardisée, ou EGS. Est-ce que tu peux nous expliquer qu'est-ce que c'est ? et à quoi ça sert ?
- Speaker #1
L'évaluation gériatrique standardisée, en fait, il a d'ailleurs un autre nom qu'on commence à utiliser de plus en plus, c'est l'évaluation gériatrique multidimensionnelle. Ça veut dire exactement la même chose, c'est l'EGM. Et ça permet de mieux comprendre et de gérer un problème gériatrique, donc avec une personne âgée, avoir une idée globale de l'état de santé du patient et d'avoir un peu une idée du plan de soins, de comment va évoluer ce patient.
- Speaker #0
Ok. Donc, en fait, c'est quelque chose qu'on fait en plus d'un examen clinique traditionnel chez des patients gériatriques, c'est ça ?
- Speaker #1
Exactement. Voilà, en fait, on va vraiment aller regarder toutes les dimensions de cette façon d'agir dont on n'a pas l'habitude de regarder. C'est vrai qu'aller au sculpté, aller voir tout le côté cardiopulmonaire, etc., si on a l'habitude, le père. Mais voilà, ça nous permet d'être systématique.
- Speaker #0
Comment on sait ? Pour quels patients faire cette évaluation gériatrique ?
- Speaker #1
Alors c'est vrai qu'en fait, ça va être difficile au calendrier de médecine générale de le faire pour tous les patients. Sinon, on fait ça toute la journée, pendant toute l'année. On va plutôt cibler les patients âgés qui sont dépendants ou en perte d'autonomie, ou bien les patients qui sont les plus vulnérables. En sachant qu'en médecine générale, on fera une évaluation gériatrique multidimensionnelle qui est plus courte, plutôt un mode de dépistage. Et ensuite, ça va orienter vers des consultations qui vont continuer cette évaluation gériatrique multidimensionnelle de manière plus longue et plus complexe.
- Speaker #0
Donc effectivement, aujourd'hui, tu es sur l'épisode pour nous parler de cette évaluation gériatrique en médecine générale. Donc c'est une évaluation qui va être une évaluation de dépistage. Est-ce que tu peux nous expliquer qu'est-ce qu'elle contient et qu'est-ce qu'on va devoir évaluer dans cette évaluation ?
- Speaker #1
Alors, dans l'évaluation, en fait, la première partie, généralement, le médecin généraliste, eh bien, il la connaît. Ou bien il va aller chercher un peu plus, mais généralement, on la connaît, c'est le mode de vie, la situation sociale du patient. Voilà, voir comment est le logement, des fois, on n'en parle pas, comment est le logement, s'il y a des escaliers, s'il y a une douche, s'il y a une... baignoire, si le passant peut rentrer dans cette fameuse baignoire. Ça permet, en fait, de voir s'il y a un environnement que l'on peut adapter plus ou moins facilement. Et puis, ça permet également de parler aux aidants. Ça permet également de savoir comment vit la famille autour et de détecter, en fait, l'épuisement des aidants. Ensuite, on a l'autonomie. Sur l'autonomie, on va regarder deux scores très faciles à noter, c'est l'ADL et l'IADL. Sur l'ADL, il y a six items à côté très facilement, qui sont les transferts, la toilette, la continence, les soins corporels, l'habillage et l'alimentation.
- Speaker #0
On vient de voir l'autonomie avec les scores ADL et IADL. Et maintenant, qu'est-ce qu'on évalue ?
- Speaker #1
Ensuite, on peut évaluer la cognition. Ce qu'on peut faire, c'est un minicog ou un codex. En fait, ce sont deux tests qui ont été assez éprouvés, qui sont validés et qui reposent à peu près sur l'évaluation de mots qu'on va retenir et sur un test de l'horloge.
- Speaker #0
C'est ça. Donc le codex, il est disponible en ligne ou en papier. Et je crois qu'on fait passer au départ deux tests. C'est un test de rappel de mots et un test de l'horloge. C'est un dépistage extrêmement facile, c'est ça ? S'il est normal, on peut considérer que le patient n'a pas de troubles cognitifs. Par contre, s'il est anormal, il faut aller un peu plus loin.
- Speaker #1
Exactement. Donc, s'il est anormal, à ce moment-là, il faut l'adresser vers une consultation mémoire. En fait, on va faire vraiment des tests exhaustifs. Généralement, on m'a même conseillé d'aller vers un hôpital de jour mémoire où, effectivement, il va y avoir un neuropsychologue qui va faire un ensemble de tests. Et là, ça dure une à deux heures.
- Speaker #0
C'est ça. Donc, on le rappelle, les tests que nous mentionnons dans cet épisode de l'évaluation gériatrique, ce sont des tests de dépistage. Et en cas d'échec à l'un de ces tests, il faut poursuivre avec une consultation spécialisée par un spécialiste dédié. Donc, on a vu le mode de vie, on a vu l'autonomie, on vient de voir l'évaluation cognitive. Est-ce que tu peux nous dire comment il faut évaluer la timie de nos patients ?
- Speaker #1
C'est une bonne question. Alors, pour la timie, en fait... Au cabinet, si on veut vraiment l'évaluer rapidement, on peut utiliser un mini-GDS. Un mini-GDS, en fait, c'est quatre questions. Vous sentez-vous découragé et triste ? Avez-vous le sentiment que votre vie est vide ? Êtes-vous heureux la plupart du temps ? Avez-vous l'impression que votre situation est désespérée ? Voilà, quatre questions. Et si le score est un ou plus, il y a une probabilité de dépressif. on se rend compte quand même très vite sur ces quatre questions que beaucoup de personnes vont au moins répondre oui à l'une. Donc, il faudra pouvoir se demander de faire un GDS, c'est-à-dire c'est un test de dépistage sur 15 questions, ça ne prend plus de temps. Mais il faut se dire que le plus important, ça reste toujours le diagnostic par le DSM-100. C'est-à-dire que si vous voyez en fait un patient qui a l'air dépressif, en fait... Pas la peine de faire le mini-GDS, vous pouvez en fait aller directement essayer de diagnostiquer cette dépression grâce au DSM-C.
- Speaker #0
Très bien. Donc la timide, c'est fait. Et maintenant, je crois qu'il faut qu'on évalue la locomotion et le risque de chute chez ces personnes.
- Speaker #1
Exactement. Donc les patients âgés sont des patients qui chutent énormément. Je crois me souvenir qu'il y a à peu près... 1,5 million de chutes de personnes âgées par an. C'est pas mal. Alors, l'idée quand même, c'est de pouvoir évaluer ces chutes avant qu'elles n'arrivent pour pouvoir les prévenir. Un test qui est très intéressant, c'est le Get Up and Go test qui est vraiment facile à faire et très rapide à faire.
- Speaker #0
Comment ça marche ?
- Speaker #1
En gros, on va inviter la personne à se lever d'un fauteuil, mais le fauteuil doit être sans accoudoir. Pour ne pas qu'il scelle, il ne doit pas sceller les accoudoirs. Il doit traverser la pièce dans une distance de 3 mètres, donc ça peut se faire au cabinet. Il va faire demi-tout, ce patient, et ensuite, il va venir se rasseoir. Alors, il y a un risque de chute si le patient n'arrive pas à faire tout ça. Généralement, il va tituber ou autre, donc on va déjà sentir tout ça. que ça ne va pas aller, ou bien si le temps de réalisation est supérieur à 20 secondes. L'autre chose qui peut être sympa à faire en concrétisant juste après le test, c'est un appui unipodal, c'est-à-dire qu'il doit pouvoir tenir 5 secondes sur la même jambe, l'une puis l'autre. S'il y a un risque de chute, il faut amener le patient vers une consultation chute que l'on va retrouver. dans tous les services de gériatrie qui ont un service ambulatoire.
- Speaker #0
Une consultation chute.
- Speaker #1
Exactement, ça existe dans la plupart des services ambulatoires de gériatrie.
- Speaker #0
Donc nous avons vu tout ça, le mode de vie, la timide, la cognition, le risque de chute, l'autonomie. Maintenant, il faut qu'on évalue le risque de dénutrition.
- Speaker #1
Exactement. Alors, pour le faire simple, vraiment encaminé, il faut se dire l'évolution du poids. C'est-à-dire, quel pourcentage du poids le patient va perdre en un mois ou en six mois. Par exemple, dans le critère de l'électricité, on a la perte de poids supérieure à 5% en un mois ou supérieure à 10% en six mois. Voilà, donc comme en fait on suit le patient depuis un certain temps, on a ces poids. du passé. Donc en fait, il suffit de le peser et c'est bon, on peut déjà avoir un premier critère. Ensuite, quand on le pèse, on a souvent la taille du pinceau, donc on peut faire l'IMC. Tout simplement. Et l'IMC, dans les critères phénotypiques de la dénutrition chez la personne âgée, c'est un IMC inférieur à 22 kg par mètre carré. Ensuite, il faut savoir que dans les nouveaux critères, parce que ça a changé assez récemment, il y a moins de deux ans, on essaie d'évaluer la sarcopédie, c'est-à-dire la perte musculaire, ce qui est très difficile à faire au cabinet de médecine générale, sauf pour un test. C'est-à-dire qu'en fait, le patient doit se mettre bord de sa chaise. doit croiser les bras en avant et doit pouvoir se lever et s'asseoir cinq fois de suite en moins de 15 secondes. Si ce n'est pas le cas, on peut suspecter effectivement une sarcopénie.
- Speaker #0
Donc, pour l'évaluation de la dénutrition, c'est le poids, la cinétique du poids, l'IMC et le dépistage de la sarcopénie par le test des cinq levées de chaise.
- Speaker #1
Donc ça, c'est ce qu'on appelle les critères. phénotypiques, ce que l'on voit, et puis ensuite, il rajoute au moins un critère qu'ils appellent éthiologique. En gros, c'est soit le patient a une absorption réduite, une malabsorption, une maldigestion, soit en fait il y a une situation d'agression, généralement c'est quand les patients sont hospitalisés, il y a une pathologie aiguë ou une pathologie chronique évolutive, ça peut être malin ou pas. Et puis, il y a quelque chose d'assez facile à regarder, c'est la réduction de la crise alimentaire. qui peut être plus de 50% pendant plus d'une semaine. Donc ça, c'est quelque chose qu'on retrouve assez souvent, c'est quand même le critère éthologique qu'on arrive facilement à détecter en médecine générale.
- Speaker #0
Pour résumer, on a reçu notre patient, on l'a interrogé, on l'a examiné, on lui a effectué une évaluation gériatrique standardisée multimodale en évaluant sa cognition, son mode de vie, sa timie, sa locomotion, son autonomie, sa nutrition. Est-ce qu'on est complet maintenant ?
- Speaker #1
Alors, en fait, il faut voir qu'il y a d'autres particularités à aller chercher. La très importante, on va dire, qui nous manque, c'est le côté ordonnance, révision d'ordonnance. Le seul problème, c'est que la révision d'ordonnance, en fait, c'est quelque chose qui dure longtemps. Donc, il faut vraiment une consultation dédiée à la révision d'ordonnance. Moi, je prône plutôt, par exemple, la démarche qui s'appelle Dixias. Et en fait, pour chaque médicament... On va se demander, donc voilà, dictias, donc en fait, il faut prendre chaque lettre du mot dictias. Par exemple, le D, c'est diagnostic, le I, c'est indication, le C, c'est contre-indication, le T, c'est la tolérance, le I, les interactions médicamenteuses, le A, ce sont les ajustements de cauchemar, et le S, c'est la sécurité et le suivi. Donc, ça prend quand même pas mal de temps.
- Speaker #0
On le rappelle, quand on a dépisté un trouble, cognitif. Lors de notre dépistage, on peut adresser le patient à une consultation mémoire. Si on a dépisté une dépression, on peut adresser ce patient à un neurogériatre ou un psychiatre, j'imagine. Un risque de chute, on peut l'adresser en consultation chute. Une dénutrition, on peut l'adresser éventuellement à un diététicien ou nutritionniste. Et enfin, si on a des problèmes avec son ordonnance, il y a maintenant des consultations spécialisées de conciliation médicamenteuse.
- Speaker #1
Exactement, il y en a pas énormément mais c'est voué à en avoir de plus en plus
- Speaker #0
Bruno je te remercie, c'était super clair, donc je rappelle à nos auditeurs qu'on peut te suivre sur ton compte Instagram ou Youtube sous le nom Le Gériatre, dans lequel tu fais des vidéos plutôt destinées grand public je crois ?
- Speaker #1
Exactement plutôt grand public.
- Speaker #0
Ok et donc tu es PH en gériatrie tu coordonnes le DU très complet de cours international de médecine gériatrique
- Speaker #1
Exactement, et en fait vous pouvez retrouver ce déluxe sur la plateforme seformeralagériatrie.com
- Speaker #0
Super, je te remercie beaucoup Bruno !
- Speaker #1
Avec plaisir.
- Speaker #0
A bientôt.
- Speaker #1
A bientôt.
- Speaker #0
J'espère que cet épisode t'a plu. Si c'est le cas, pense à t'abonner pour ne rater aucun épisode. Si tu veux me laisser une note de 5 étoiles sur ton application, ça m'aiderait aussi beaucoup. Tu peux également rejoindre la newsletter afin de recevoir une fois par mois un mail dans lequel je te transmets plein de contenus pour la médecine générale. Enfin, tu peux participer financièrement sur la cagnotte Tipeee. Toutes les ressources sont dans les notes de cet épisode. A bientôt.