L’Afrique au défi des transitions - Digest cover
L’Afrique au défi des transitions - Digest cover
Take off

L’Afrique au défi des transitions - Digest

L’Afrique au défi des transitions - Digest

36min |17/04/2024
Play
L’Afrique au défi des transitions - Digest cover
L’Afrique au défi des transitions - Digest cover
Take off

L’Afrique au défi des transitions - Digest

L’Afrique au défi des transitions - Digest

36min |17/04/2024
Play

Description

Hors-Série - L’Afrique au défi des transitions


Pour ce mois d’avril, on vous propose un nouveau format : les digest de @Take Off.


On y assemble, dans un format plus court les moments forts de plusieurs interviews du podcast autour d’un thème donné afin de pleinement faire vivre la confrontation des perspectives


Et pour ce Pilote on a choisi comme thème : L’Afrique au défi des transitions climatiques, énergétiques et agricoles :

-Quelles stratégies de résilience pour quelle vulnérabilité ?

-Quels sentier de développement transition-compatible ?

-Quelles opportunités pour le Continent ?


Le digest reprend et associe les perspectives de 4 invités exceptionnels reçus dans Take Off, au fil des trois saisons :

-Youba Sokona, climatologue (ex-GIEC)

-Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin

-Patrick Dupoux, senior partner du BCG

-Vera Songwe, economiste (ex-SG de l’UNECA)



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En

  • Speaker #1

    partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à toutes et à tous dans ce nouveau format Digest que nous sommes ravis de vous proposer. Il s'agit de s'arrêter un instant dans le flux des interviews pour synthétiser et dans l'esprit du podcast confronter les perspectives issues de différentes interviews avec différents intervenants sur un sujet donné. Et pour ce premier numéro, nous avons choisi un sujet qui est au cœur des problématiques de ce podcast, à savoir la réconciliation entre l'émergence économique dans le temps où nous sommes, c'est-à-dire au temps du changement climatique. et les impératifs qu'imposent ces transitions. Le tout appliqué à l'Afrique, qui est un des fils rouges de ce podcast. Quelle politique publique ? Quel secteur prioritaire pour le continent ? Ce sont là les questions que nous allons nous poser. Et je vous propose d'aborder ce sujet dans un triptyque. Dans un premier temps, les menaces issues de la vulnérabilité du continent quant au changement climatique. Dans un second temps, les contraintes qui invitent à repenser les stratégies de développement. Et dans un troisième temps, les opportunités qui ouvrent de nouvelles voies. Les menaces d'abord. On peut penser évidemment aux villes et à Lagos par exemple, aux risques d'inondations, aux événements climatiques extrêmes, également à la productivité du travail impactée par l'augmentation des températures. Selon la Banque africaine de développement, en 2022, les catastrophes liées au climat sont de plus en plus fréquentes et coûtent aux pays africains jusqu'à 15 milliards de dollars par an, cette somme qui pourrait atteindre 50 milliards de dollars à l'horizon 2030. Il y a un secteur qui est particulièrement touché et qui est central à la fois dans les économies africaines et dans la souveraineté des pays africains, c'est évidemment l'agriculture. Dans le premier sonore, issu de notre interview avec Patrick Dupoux, senior partner du BCG, qui a été enregistré dans le cadre de notre saison 3, ce dernier aborde le caractère prioritaire de cet enjeu.

  • Speaker #2

    Si vous regardez la problématique du changement climatique en Afrique, c'est essentiellement un sujet agricole. En 2016, quand il y a eu COP22 à Marrakech, nous avions alerté à l'époque la présidence et avec le gouvernement marocain, nous avions lancé une initiative qui s'appelait le AAA, l'adaptation de l'agriculture africaine, parce qu'en fait on leur disait, c'est bien gentil de parler d'énergie renouvelable, mais en Afrique, le vrai sujet du changement climatique, c'est l'agriculture. Parce que d'abord, l'essentiel des émissions viennent du secteur agricole, mais surtout... Parce que la principale conséquence du changement climatique, j'irais même dans le monde, c'est que vous allez avoir un certain nombre de pays... qui vont subir le réchauffement des plus faibles précipitations et dans lesquelles les rendements agricoles vont s'effondrer. Or, manque de chance, ces pays, c'est surtout les pays type pays du Sahel, ou en tout cas beaucoup sont en Afrique. Si on regarde à l'échelle de centaines de millions d'habitants, la principale conséquence, ça va être l'effondrement des rendements agricoles et puis la désertification de certaines zones. Et donc, il faut vraiment investir massivement pour aider. Ces pays ont géré l'augmentation inévitable des températures et la baisse des précipitations à un certain nombre de zones. Et travailler sur des systèmes d'irrigation, travailler sur des nouvelles semences qui sont plus résilientes aux changements climatiques, travailler sur de la fertilisation raisonnée, travailler sur peut-être même... sur même la productivité, parce qu'il faut aussi la productivité agricole pour alimenter l'ensemble du continent. Mais il est essentiel qu'on investisse massivement dans l'adaptation et notamment dans les systèmes alimentaires. Le meilleur dollar aujourd'hui mis dans le développement international, regardez les 17 SDG, c'est l'agriculture en Afrique. C'est le meilleur dollar, parce que là, vous marquez des points sur toutes les SDG qui sont rouges foncées, hunger. Poverty, carbone, et donc ce dont j'avais parlé sur la séquestration du carbone. Access to energy, gender equality, parce que c'est aussi souvent un problème, c'est l'agriculture, quand on investit en agriculture, c'est un moyen de réduire l'inégalité de genre. Peace, s'il y a un sujet sur lequel on doit investir massivement, mais massivement, mais le monde entier doit investir massivement, donc la seule chose dont on peut être sûr, c'est qu'il faut beaucoup plus d'investissement, parce qu'on investissait beaucoup plus. Dans l'agriculture, on a les 70 en relatif. Ensuite, on a sous-investi pendant 30 ou 40 ans.

  • Speaker #0

    Évidemment, on peut noter à cet égard le rôle des financements, notamment publics et concessionnels, car nulle part en Occident, pour des raisons intrinsèques à ce secteur, l'investissement agricole ne s'est fait uniquement sur des fonds privés. Et comme on le verra dans les différentes parties de ce digest, la question des financements est en creux dans chacune de ces entrées, même si précisément nous décidons d'aborder ces enjeux et les solutions possibles en dépit de la question des financements qui ne sont à ce jour pas au rendez-vous. À cet écart, un autre enjeu, est celui des infrastructures de marché qui sont une des solutions pour limiter les impacts sur l'agriculture, du changement climatique et rendre les économies africaines plus résilientes. Comme en parle Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Mésin, dans la saison 1 du podcast.

  • Speaker #1

    Nos économies sont bien plus intégrées déjà, et notamment sur l'alimentation. Néanmoins, elles ne le sont pas assez. Et si on le fait plus, on évitera ces situations qu'on avait dans l'Europe avant le XIXe siècle, qui étaient d'avoir côte à côte des provinces... en pléthore avec des prix qui s'effondrent, à côté de provinces de pénurie où il y avait des disettes et des famines. Et on a encore ça, parce qu'il y a encore trop de barrières, tarifaires ou non tarifaires, entre nos économies pour les produits alimentaires. La vraie question, c'est qu'il y a encore quelques barrières à faire sauter, et c'est un des enjeux de l'ASLECAF, parce que l'avantage d'avoir un système d'échange géographiquement beaucoup plus large, c'est que ça égalise. la situation. Aujourd'hui, vous pouvez très bien avoir une situation de disette au Niger et de pléthore au Bénin. Alors ça peut résulter de la violence des changements climatiques qui mettent une année le fleuve Niger en inondation catastrophique et l'année suivante en sécheresse. Donc effectivement, ce problème d'égalisation des prix dans une géographie plus grande est un facteur. de progrès, les progrès logistiques, progrès de paiement, et petit à petit, lever les barrières tarifaires et non tarifaires, parce qu'on vous arrête pour beaucoup d'autres raisons que les raisons de mettre des droits de douane, tout ça, ça va être un facteur de progrès considérable. Il y a deux façons de faire progresser l'agriculture, qui est le premier secteur productif, et l'un des premiers clients et fournisseurs de tous les autres secteurs, donc de services et de transformation industrielle, L'une des façons, c'est d'homogénéiser les prix et d'avoir des débouchés dans une géographie beaucoup plus large. Ça, c'est le mécanisme de la révolution agricole du XVIIIe. Et l'autre, c'est de réduire les pertes. Puisqu'aujourd'hui on perd un tiers de la production, d'après les estimations, végétale et animale dans l'agriculture africaine, faute de chaînes de froid, faute de capacité de stockage avec l'énergie associée.

  • Speaker #0

    Cette question du rendement intensif et des pertes en ligne est fondamentale, et à ce sujet Yuba Sokona, ancien vice-président du groupe 3 du GIEC en charge des énergies renouvelables, évoque une rupture paradigmatique dans la manière de penser l'espace en Afrique, dans le sonore qui suit.

  • Speaker #3

    Quand on regarde les systèmes de production dominants dans les pays du Sahel, c'est l'agriculture et l'élevage. Et ces systèmes de production dominants ne considéraient pas la finitude de l'espace. On augmente la production non pas en augmentant la productivité, mais en défléchant plus de terre. La la musique ou... L'impôt technologique est relativement limité, c'est-à-dire il y a moins de 6% des terres qui sont irriguées, donc c'est l'agriculture plus viable. Ensuite, c'est le contexte également où, en termes d'engrais, on utilise moins de 7 kg d'engrais par hectare. Et on se trouve également en basse latitude, c'est-à-dire des terres qui sont fragiles. qui font que comme il n'y avait pas cette notion de finitude de l'espace, avec l'accroissement de la population, avec l'urbanisation, avec la dégradation des ressources naturelles, ces populations ont été confrontées à la finitude de l'espace. C'est-à-dire que l'espace est devenu une contrainte qui a créé une certaine tension entre des communautés qui vivaient en harmonie, notamment les agriculteurs et les éleveurs. En même temps, ça a constitué également une tension. au sein même des communautés d'agriculteurs, dans la mesure où les terres cultivables, accessibles, sont devenues de plus en plus restreintes. Donc, il crée, et les systèmes de production n'ont pas tellement évolué, l'approche, les techniques, les méthodes et les moyens. Globalement, d'après la fin du 19e siècle, on est à l'ère du numérique. Donc on peut aujourd'hui totalement diminuer les superficies agricoles et augmenter la productivité par X. Si on change totalement la manière de faire les choses. Il ne s'agit pas du tout de s'orienter vers une agriculture comme dans le contexte européen, mais une agriculture raisonnée où il y a un input technologique relativement important. Là-dessus, la notion de... Transition écologique a un sens.

  • Speaker #0

    Par-delà la question des vulnérabilités agricoles et de la résilience, le changement climatique invite également à repenser les politiques publiques de développement en vue d'un développement durable, concept qui prend tout son sens dans le cas des pays en développement. Sous une double contrainte, celle du phase-away des fossiles, source de financement à l'export sur lequel on reviendra, et sous la deuxième contrainte du contrôle des émissions domestiques, conformément au cadrage offert par les accords de Paris. La responsabilité historique, on le sait, de l'Afrique dans les émissions est très faible, et encore aujourd'hui l'Afrique ne représente que 4% des émissions. Mais cela pourrait être amené à croître sans ajustement du modèle de croissance en termes d'infrastructures, d'énergie et de secteurs prioritaires. Au sujet des transitions à réaliser en la matière, en contrepoint du discours ambiant, Yuba Sokona formule une note d'espoir. Loin des enjeux de la transition au nord, l'Afrique est le continent le plus plastique en termes de stratégie de développement, ayant le plus faible stock d'infrastructures existants. On l'écoute.

  • Speaker #3

    Parce que c'est les pays qui sont en construction. C'est-à-dire que le stock d'infrastructures à construire est beaucoup plus important que l'existant. Il ne s'agit pas de sortir d'un système existant pour orienter vers un autre ce qui est une réalité dans le contexte des pays qui ont déjà mis en place leur infrastructure de base. Ici, il s'agit de construire quelque chose, on a le choix. Les options possibles sont très larges. Donc on parle beaucoup plus, on doit beaucoup plus parler dans ce contexte-ci. Malheureusement, je suis obligé d'utiliser une terminologie anglo-saxonne, le jump-starting. Imaginez aujourd'hui, si on n'avait pas les téléphones cellulaires et qu'on ait le système classique de téléphone à ligne, il n'y aurait pas 20% d'Africains qui aient accès au téléphone. De la même manière, on peut faire de la même manière s'il suffit tout simplement d'y penser dans le domaine de l'énergie et surtout dans le domaine de l'électricité.

  • Speaker #0

    Dans la trajectoire de développement, la question de l'électrification joue un rôle majeur et là encore les besoins sont importants et nécessiteront des mécanismes de soutien aux investissements et de fléchage vers les instruments ESG, notamment de dette souveraine. C'est sur cet enjeu qu'est décidé de revenir Lionel Zinsou dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    A aujourd'hui, la raison pour laquelle le continent a des émissions de gaz à effet de serre très basses... c'est parce que la moitié des entreprises et souvent plus de la moitié des populations n'ont pas accès à l'électricité. Un pays comme le Tchad, vous avez quand même 88% de la population qui n'a pas accès à l'électricité. Dans mon pays qui est un peu plus avancé, il y a quand même probablement encore aujourd'hui 40% de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Et là, je raisonne en pourcentage. Il faut raisonner en nombre de gens privés de l'électricité. Au moment de l'indépendance en 1960, vous aviez 90%. Aujourd'hui, dans un pays comme le mien, vous avez 60% qui ont accès, 40% qui n'ont pas accès. Le problème, c'est que 10% de notre population, qui était un peu plus de 2 millions à l'indépendance, il y avait 200 000 privilégiés et 1,8 million. exclue de l'électricité. Aujourd'hui, 40% de notre population, on est plutôt à 5 millions de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Donc ce qui est extraordinaire, c'est que, évidemment en pourcentage on fait des progrès, mais en valeur absolue, en nombre de vrais gens. Aujourd'hui, vous avez infiniment plus de gens qui n'ont pas accès, qui sont privés d'électricité. On va être obligé, parce que la population va doubler en 25 ans, et par ailleurs son revenu par tête en 25 ans va probablement tripler. Et trois fois plus de richesses par tête, on sera encore très loin des 35 000 euros d'un Français moyen. On sera simplement, quelque part, autour de 8 ou 9 000 euros. Donc c'est un rattrapage très lent. Et ça sera encore pas mal de gens sous le seuil de pauvreté. Mais néanmoins, ce sera une autre Afrique, parce qu'elle sera double en nombre d'habitants et probablement quelque chose comme... quadruple ou plus en termes de poids dans l'économie mondiale et de PIB. Donc si vous voulez, on ne peut pas le faire, c'est un rêve de penser qu'on devient quelque chose de cinq fois plus important d'un point de vue de la production, des valeurs ajoutées dans l'économie, et que le contenu en énergie ne va pas changer. En revanche, l'Afrique est la seule qui peut, dans le mix, avoir infiniment plus de renouvelables.

  • Speaker #0

    A ces sujets s'ajoute la question de l'électrification, de l'énergie domestique, qui est un enjeu de santé publique et également de genre, puisqu'il concerne disproportionnellement les femmes, et celle des inégalités. Face à cela, l'Afrique dispose de ressources fossiles abondantes qui pourraient offrir, en plus de ressources financières à l'export, une source d'énergie locale. Yubas Okona évoque ce dilemme. Mais il faut également les raisons de ne pas céder à cette tentation. On écoute.

  • Speaker #3

    Il y a une transition essentielle dans le contexte de la plupart des pays africains, en l'occurrence les pays du Sahel. C'est la transition de l'énergie domestique. C'est-à-dire que c'est le seul endroit au monde où il y a une augmentation d'année en année. la consommation de bois et de charbon de bois pour faire la cuisine, qui a un impact assez important sur la santé, qui dégage des polluants climatiques de courte durée, donc un impact immédiat sur la santé. Chaque accès à l'électricité démultiplie la réduction des inégalités. En même temps, Certains pays du continent vivent un dilemme énergétique. L'Afrique est la seule région au monde où, d'année en année, on découvre des énergies fossiles. Comme le Sénégal, comme la Tanzanie, comme la Mauritanie, comme le Mozambique, comme le Congo, j'en passe. C'est-à-dire qu'ils découvrent et sont donc confrontés à un dilemme. C'est-à-dire investir sur le renouvelable, investir sur le fossile. Et vous n'êtes pas sans savoir également que quand il y a eu, jusqu'à quand ça a commencé le problème de l'Ukraine et de la Russie, beaucoup de divisions européennes sont venues en Afrique, et pour deux choses, le gaz naturel et l'hydrogène vert. Mais tout ceci c'est pour exporter vers l'Europe, ce n'est pas pour développer l'Afrique. Vous prenez un pays comme le Botswana, on veut produire de l'hydrogène vert, le Botswana connaît un déficit de production d'électricité, et l'hydrogène vert ce n'est pas pour produire de l'électricité, c'est pour le Botswana. Et le Sénégal, la Mauritanie, c'est pour exporter le gaz. Il se trouve que... Si un pays comme le Sénégal veut utiliser le gaz naturel pour les besoins de développement du Sénégal, ça prend du temps. Ça demande des investissements de l'ordre de 20 à 30 ans, au-delà de la production d'électricité ou de l'exploitation, si on veut l'utiliser. Ça demande 8 ans. En même temps, on voit que le monde évolue vers l'électrification et l'économie. C'est-à-dire dans les 10 à 15 ans à venir. C'est-à-dire que l'économie sera électrifiée en commençant par le secteur du transport. C'est comme on dit aujourd'hui à quelqu'un d'investir sur le développement des réseaux de téléphone classiques. Même si c'est pour l'exportation, ce qui va motiver les investissements à faire, c'est beaucoup plus pour l'exportation. Mais l'exportation, c'est un problème conjoncturel. Or, le problème énergétique des pays africains, c'est un problème structurel. C'est on ne peut pas. se saisir du conjoncturel pour résoudre un problème structurel. Donc, ils risquent de faire face à quelque temps à ce qu'on appelle des actifs dévalués, les standard assets. Je vous disais, le problème du gaz, c'est qu'il ne faut pas s'orienter vers cela parce que dans 5-10 ans, c'est un problème purement conjoncturel des pays européens. C'est-à-dire qu'ils vont de manière conjoncturelle, l'Europe s'intéresse à ça, mais dans les 10-15 années, ils ne s'intéresseront plus à ça. Quand on va investir, qu'est-ce qui va advenir dans quelques années ?

  • Speaker #0

    Notons à titre d'ordre de grandeur que les gisements découverts en Afrique qui pourraient être mis en production de gaz naturel correspondraient à l'usage à 10 gigatonnes de CO2 jusqu'à extinction, ce qui est substantiel dans la lutte contre le changement climatique mais qui représente pour comparaison 9 mois d'émissions chinoises. Il en est évidemment autrement du pétrole et dans les deux cas à l'exploration continue. Patrick Dupour revient sur cette question évoquant également la nécessité d'une compensation du non-recours comme l'un des leviers de la justice climatique tant attendue et de l'accroissement des flux financiers nord-sud.

  • Speaker #2

    Alors c'est effectivement une privation et une injustice, à bien des égards. C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire, écoutez, nous pendant 70 ans, on a exploité généreusement vos énergies fossiles et les nôtres. Bon ben maintenant, on arrête tout. Et donc, vous au Sénégal, au Ghana, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie, en Tanzanie, en Ouganda, qui avaient des réserves pour l'instant inexploitées, qui peuvent générer évidemment un développement économique, en fait non, vous arrêtez, on arrête tout. Bon, ça c'est vécu comme une injustice. Est-ce que... Alors quelle est la position ? C'est vraiment pas facile d'avoir une position sur le sujet, parce qu'en fait, vous êtes... Vous avez un risque de conflit entre deux SDGs, entre le développement économique, pauvreté et tout ce qui va avec, et puis le fait qu'il faut clairement, pour tenir les engagements qu'on ne tiendra pas, mais enfin pour les laisser en éloigné le moins possible, réduire le plus possible, voire éviter d'aller exploiter de nouvelles ressources fossiles. Donc il y a une ligne de crête qui est, d'abord, dans ces cas-là il faut être pragmatique, il ne faut surtout pas être... Dogmatique dans un sens comme dans l'autre. C'est-à-dire que la position de l'environnementaliste européen de se dire la seule chose qui compte, c'est plus aucune énergie fossile, est en fait terriblement mal vécue par les Africains, y compris les environnementalistes. Donc il y a vraiment un sentiment d'injustice. Et donc il ne faut pas être dogmatique dans ce sens-là, mais il faut aussi comprendre que... Donner juste un chèque en blanc en disant Vous pouvez y aller franco, en Ouganda ou ailleurs il faut regarder aussi, parce que d'abord, l'expérience a montré que le développement des énergies fossiles n'avait pas non plus été accompagné d'un développement économique durable, partagé dans beaucoup de pays, et qu'aujourd'hui, la plupart des pays qui souffrent le plus en Afrique sont souvent des pays qui étaient riches en ressources naturelles. Donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? C'est du cas par cas. Il faut probablement qu'au niveau mondial, on se dise, ça on peut le faire, parce que l'impact environnemental est moins important. Parce qu'on a des trajectoires où on sait de combien on a besoin et de combien on n'a pas besoin. Et puis parce que ça peut avoir un impact positif sur le développement économique d'un pays. Et puis cela, il ne faut pas le faire. Et dans ces cas-là, il faut trouver un mécanisme de compensation pour les pays. Par-delà l'énergie,

  • Speaker #0

    la nouvelle trajectoire de développement en Afrique passera aussi par le commerce dans le contexte de l'unification de la zone de libre-échange africaine. Et l'engagement pour le commerce est également l'une des convictions fortes de ce podcast. Alors que les contours de la mondialisation se redessinent, il s'agit de tendre vers un modèle qui concilie le respect des souverainetés, y compris industrielles au nord, et un partage équilibré de la valeur ajoutée. Notons à cet égard que la préoccupation environnementale est de plus en plus agitée comme faunée du protectionnisme, de manière souvent fallacieuse au sein des opinions publiques du nord, puisque l'input des industries relocalisées demeure des matières premières du sud transportées vers l'occident dans des modes de transport tout aussi carbonés que les exportations industrielles. C'est cette répartition historique inégale. C'est la condamnation de cette répartition inégale de la valeur ajoutée, extraction au sud, transformation au nord, qu'il s'agit de réactualiser et de rappeler dans un contexte où les nouvelles réflexions sur la mondialisation semblent l'estomper. Notons ainsi que sans ajustement particulier pour les pays en voie de développement, qui auraient lieu dans l'esprit des accords de l'OME, le mécanisme européen d'ajustement aux frontières qui est envisagé pourrait coûter jusqu'à 25 milliards de dollars par an à l'Afrique, selon le président de la Banque africaine de développement dans son discours à la COP28. Ça renforcerait évidemment les inégalités, diminuant les incitations à investir sur le continent, alors même que l'on professe, à longueur de journée de sommet, l'importance de les renforcer. Vera Songwe, ancienne secrétaire générale de l'UNECA, la Commission économique pour l'Afrique, et économiste, parle du rôle du commerce dans la séquence qui suit, issue de notre saison 2.

  • Speaker #4

    L'Afrique ajoute plus de valeur. Nous faisons en fait des produits de fabrication. Et donc, nous augmentons la technologie, nous apportons plus de connaissances et nous créons plus de emplois. Lorsque l'Afrique trade avec les États-Unis, l'Afrique crée le plus grand valeur. Et donc, essentiellement, c'est ce que l'AFCFTA essaie de faire. Si nous pouvons d'abord construire le trade, le trade intra-Afrique, créer ces chaînes de consommation dans le continent, et puis exporter. Parce que nous avons ajouté de la valeur, alors, en général, les bénéfices africains sont encore plus grands. Bien sûr, encore une fois, cela a été fait il y a trois ans. Maintenant, nous sommes en train de faire des affaires en France et en Afrique et tous les types de choses dans le cadre de la traite. Mais nous espérons que, d'un point de vue purement économique, la traite est toujours, après l'éducation, la meilleure façon de sortir de la pauvreté. Et donc, essentiellement, je pense que ce que l'Afrique dit, inéquivocablement, c'est que nous croyons toujours en l'échange. Nous croyons toujours dans un système de traite mondial. Et nous aimerions que ce système fonctionne à notre avantage. C'est ce que Ngozi, au WTO, fait. Mais nous avons quelques impediments. Les nouveaux contrôles au Ouest pour les biens africains sont des choses comme les conditions phytosanitaires. Maintenant, nous avons ce commun, ajusté Le mécanisme climatique pour les émissions et ce genre de choses, qui peut ou peut-être ne se sont pas devenus. Non tarif barriers in the long term. These are the things I think we need to talk about. Comment faire de la Zécaf,

  • Speaker #0

    la zone de libre-échange africaine, une zone de libre-échange verte ? Look,

  • Speaker #4

    we demonstrated in the paper with Jean-Paul Andam, who works at the ECA as well, and used to be the Minister of Finance of Seychelles, and one of the countries that did the first blue bond debt for climate swap. La valeur additionnelle était beaucoup plus élevée. Et comment ça se passe ? Par exemple, le tourisme vert, l'écotourisme, en Afrique du Sud, avec le vaste espace naturel qu'ils ont, est une source d'amélioration du tourisme, dont l'Afrique du Sud n'est pas assez. La deuxième chose que nous avons pu montrer, c'est que, comme nous le savons tous aujourd'hui, La Sud-Afrique est une économie basée sur l'électricité, mais elle a aussi beaucoup de problèmes dans son secteur électrique. Et une transition à une énergie plus sustainable, plus verte, va en fait offrir plus de stabilité sur le gré, plus de certainité sur les prix, et accroître plus d'investissements en secteur privé, ce qui permettra à la Sud-Afrique de grandir plus vite. Et donc, là-bas, vous obtenez un double bénéfice. C'est un autre pays dont nous avons regardé la DRC. Aujourd'hui, l'accès à l'électricité dans le DRC est de 16%. Si nous utilisions... Je suis fan de l'INGA et je pense qu'on devrait faire l'INGA. Mais, moins faire l'INGA, il y a assez de petits et de médiums. Les rues d'eau que l'on pourrait en fait électrifier et offrir de l'électricité aux communautés rurales dans le DRC, ce qui leur permettrait, alors, ils sont le sac de pain de l'Afrique centrale, à un certain niveau, vous pourriez alors commencer à irriguer, vous pourriez changer les saisons de fermement, vous pourriez faire deux saisons de fermement, et juste cela seul, nous avons montré, va augmenter la productivité agricole à presque 120%. 20%.

  • Speaker #0

    Les opportunités enfin. Captation carbone, 53 millions de tonnes de crédit ont ainsi été émis en 2022 en Afrique selon la Rockefeller Foundation pour un potentiel de 2 milliards de tonnes à horizon 2023. On voit là que le chemin est long. Mais aussi matière première de la transition, singulièrement on peut penser à la République démocratique du Congo, avantage comparatif d'une énergie verte et abondante. La préoccupation climatique ouvre ainsi de nouvelles voies pour valoriser le potentiel du continent. Et c'est encore Lionel Zinsou qui en parle le mieux dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    L'Afrique est probablement une des solutions importantes pour faire évoluer le monde vers une certaine neutralité carbone et assez vite. Longtemps, l'Afrique était très très peu sous les écrans radars, ça n'intéressait pas beaucoup les investisseurs, et en réalité quand vous regardez qui aujourd'hui absorbe les masses de finances climat disponibles dans l'épargne du monde, vous apercevrez que c'est l'Asie, l'Océanie, l'Europe, les forêts scandinaves, les forêts françaises, l'Amérique du Nord.

  • Speaker #0

    A group like AXA now has a very important forest portfolio for carbon certificates, with economic models that make it more or less profitable. And what are the main locations? Oceania, Europe and Texas. And then, of course, Latin America. But, in the end, Africa wasn't really under the radar. This is a new phenomenon. We listen to Africa, we look at Africa, and we realize that it's the carbon well around the equatorial forest, around the basins of the great rivers. It's probably the continent of solutions. It's the continent that has space. We don't have constraints for the solar system. We have conditions of solar radiation in a part of the continent that are favorable to the solar system. We don't use 97% of the estimates of the hydraulic potential. Morocco has proven that Moroccan wind farms are, with the great Moroccan solar farms, the cheapest sources of electricity in the world. And this is replicable. So we are beginning to have, as you suggest, the idea that Africa has a whole set of solutions that the others do not have to the same degree. You also have... a transformation of the look of the Gulf countries. who are the most aware of the fact that they will compensate a part of their emissions, which are record, for Africa. I remind you that, apart from being a coal mine, the continent is also the producer of essential raw materials to succeed in the energy transition in the industrial domain. For example, lithium. There is lithium everywhere. We can see that we have important resources in Benin. They were mapped, they are not exploited, but you have them everywhere. Nickel, rare earths. So, Africa being the master of all rarities and the price of these rarities, cobalt, coltan, etc. But you also said something which is that we have, roughly speaking, a portfolio of quite exceptional resources. We have absolutely everything except one thing that paralyzes everything else, we do not have the capital. There are only the financials who continue to believe that it is a marginal continent, but we will one day bring them to reason.

  • Speaker #1

    Despite the unresolved question of financing, we have tried, during this digest, to sketch the paths of public policy and priorities for the continent in terms of resilience, adaptation and opportunity, and the value of these comparative advantages. But for this, we still need a fair price for carbon and global market infrastructure which, in the absence of increasing the volume of concessionary financing, aid to development, multilateral financing or trade exchanges, will at least make Africa its fair share of the market. from its contribution to the ecological transition and carbon capture. So it will be Vera Songwe who will have the final word on this subject.

  • Speaker #2

    So every year we take in all the carbon dioxide that the United States, France, Germany, and I think Japan put into the air. So just imagine that we didn't exist. We would all be dead by now. So in some sense we have been doing our bit. Unfortunately, we have not been rewarded for doing our bit. And this is where my battle starts. We talk a lot about the just transition in gas, but there is also a just transition question around carbon. Because. We have almost relegated the need to set a transparent market-based verifiable carbon price to the bottom of the pyramid. We talk a lot about, and it is important to talk about it, loss and damage and all that. But we cannot deal with loss and damage if we don't put a price to carbon, right? Because if we were able to put a price to carbon, today we have all the oil companies that are making 50% on their additional profits because of the war, because of the demand, of course. Oil prices have since dropped. They are all willing to offset their carbon. But we don't have a market. So in a world that is capitalist, in a world that has spent its time designing market systems, Why is it so difficult for us to design a carbon market system? I submit that it's because the developing world is going to benefit the most. And so we're thinking, well, let's delay a little bit so that the cost of the same DNA of carbon in Kenya is $5 and in Norway is $75. That is not a just transition. I am an er... The Carbon Integrity Council, and my push is, you know, we are in this sort of strange world where everybody is afraid of greenwashing. And, you know, one or two greenwashing projects and we can save the Amazon. We can save the peatlands of the Congo. We can create revenue for Central Africa. We can create revenue all the way to Liberia and Syrinia. I think it's a price worth paying. I co-chaired the climate panel with Lord Stern, and we say that we need $2.4 trillion between now and 2030 to fight the climate battle, of which $1.4 trillion will be domestic resource mobilization. This is all developing countries minus China. Where are we going to get those domestic resources? We just talked about all the crises, we talked about the fact that we don't even want to do the NTBs and customs because we're looking for resources. We need to put a price on carbon yesterday so that countries can begin to benefit, but also so that we can continue to protect the climate. Because it's not just about the past. We saw what happened in Brazil. If we don't put a price on carbon that is higher than the cost of cutting down the trees, people will cut down the trees because it's their livelihoods. And the more we have incentives, the slower we get to 1.5. And hopefully we can, you know, reduce at least the climate crisis.

  • Speaker #1

    Thank you all for following us in this new format and I give you a very quick appointment for the resumption of our normal interviews, if I dare to say, which will take place in two weeks in the company of Thierry Déo, president and founder of the Meridiam investment fund, very present in emerging geographies, especially in Africa, which will allow us to dig into the topics discussed today with him.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • La menace - vulnérabilités

    01:21

  • La contrainte - Nouveau sentier de développement

    10:28

  • Les opportunités - Capter, régénérer, verdir

    28:04

Description

Hors-Série - L’Afrique au défi des transitions


Pour ce mois d’avril, on vous propose un nouveau format : les digest de @Take Off.


On y assemble, dans un format plus court les moments forts de plusieurs interviews du podcast autour d’un thème donné afin de pleinement faire vivre la confrontation des perspectives


Et pour ce Pilote on a choisi comme thème : L’Afrique au défi des transitions climatiques, énergétiques et agricoles :

-Quelles stratégies de résilience pour quelle vulnérabilité ?

-Quels sentier de développement transition-compatible ?

-Quelles opportunités pour le Continent ?


Le digest reprend et associe les perspectives de 4 invités exceptionnels reçus dans Take Off, au fil des trois saisons :

-Youba Sokona, climatologue (ex-GIEC)

-Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin

-Patrick Dupoux, senior partner du BCG

-Vera Songwe, economiste (ex-SG de l’UNECA)



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En

  • Speaker #1

    partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à toutes et à tous dans ce nouveau format Digest que nous sommes ravis de vous proposer. Il s'agit de s'arrêter un instant dans le flux des interviews pour synthétiser et dans l'esprit du podcast confronter les perspectives issues de différentes interviews avec différents intervenants sur un sujet donné. Et pour ce premier numéro, nous avons choisi un sujet qui est au cœur des problématiques de ce podcast, à savoir la réconciliation entre l'émergence économique dans le temps où nous sommes, c'est-à-dire au temps du changement climatique. et les impératifs qu'imposent ces transitions. Le tout appliqué à l'Afrique, qui est un des fils rouges de ce podcast. Quelle politique publique ? Quel secteur prioritaire pour le continent ? Ce sont là les questions que nous allons nous poser. Et je vous propose d'aborder ce sujet dans un triptyque. Dans un premier temps, les menaces issues de la vulnérabilité du continent quant au changement climatique. Dans un second temps, les contraintes qui invitent à repenser les stratégies de développement. Et dans un troisième temps, les opportunités qui ouvrent de nouvelles voies. Les menaces d'abord. On peut penser évidemment aux villes et à Lagos par exemple, aux risques d'inondations, aux événements climatiques extrêmes, également à la productivité du travail impactée par l'augmentation des températures. Selon la Banque africaine de développement, en 2022, les catastrophes liées au climat sont de plus en plus fréquentes et coûtent aux pays africains jusqu'à 15 milliards de dollars par an, cette somme qui pourrait atteindre 50 milliards de dollars à l'horizon 2030. Il y a un secteur qui est particulièrement touché et qui est central à la fois dans les économies africaines et dans la souveraineté des pays africains, c'est évidemment l'agriculture. Dans le premier sonore, issu de notre interview avec Patrick Dupoux, senior partner du BCG, qui a été enregistré dans le cadre de notre saison 3, ce dernier aborde le caractère prioritaire de cet enjeu.

  • Speaker #2

    Si vous regardez la problématique du changement climatique en Afrique, c'est essentiellement un sujet agricole. En 2016, quand il y a eu COP22 à Marrakech, nous avions alerté à l'époque la présidence et avec le gouvernement marocain, nous avions lancé une initiative qui s'appelait le AAA, l'adaptation de l'agriculture africaine, parce qu'en fait on leur disait, c'est bien gentil de parler d'énergie renouvelable, mais en Afrique, le vrai sujet du changement climatique, c'est l'agriculture. Parce que d'abord, l'essentiel des émissions viennent du secteur agricole, mais surtout... Parce que la principale conséquence du changement climatique, j'irais même dans le monde, c'est que vous allez avoir un certain nombre de pays... qui vont subir le réchauffement des plus faibles précipitations et dans lesquelles les rendements agricoles vont s'effondrer. Or, manque de chance, ces pays, c'est surtout les pays type pays du Sahel, ou en tout cas beaucoup sont en Afrique. Si on regarde à l'échelle de centaines de millions d'habitants, la principale conséquence, ça va être l'effondrement des rendements agricoles et puis la désertification de certaines zones. Et donc, il faut vraiment investir massivement pour aider. Ces pays ont géré l'augmentation inévitable des températures et la baisse des précipitations à un certain nombre de zones. Et travailler sur des systèmes d'irrigation, travailler sur des nouvelles semences qui sont plus résilientes aux changements climatiques, travailler sur de la fertilisation raisonnée, travailler sur peut-être même... sur même la productivité, parce qu'il faut aussi la productivité agricole pour alimenter l'ensemble du continent. Mais il est essentiel qu'on investisse massivement dans l'adaptation et notamment dans les systèmes alimentaires. Le meilleur dollar aujourd'hui mis dans le développement international, regardez les 17 SDG, c'est l'agriculture en Afrique. C'est le meilleur dollar, parce que là, vous marquez des points sur toutes les SDG qui sont rouges foncées, hunger. Poverty, carbone, et donc ce dont j'avais parlé sur la séquestration du carbone. Access to energy, gender equality, parce que c'est aussi souvent un problème, c'est l'agriculture, quand on investit en agriculture, c'est un moyen de réduire l'inégalité de genre. Peace, s'il y a un sujet sur lequel on doit investir massivement, mais massivement, mais le monde entier doit investir massivement, donc la seule chose dont on peut être sûr, c'est qu'il faut beaucoup plus d'investissement, parce qu'on investissait beaucoup plus. Dans l'agriculture, on a les 70 en relatif. Ensuite, on a sous-investi pendant 30 ou 40 ans.

  • Speaker #0

    Évidemment, on peut noter à cet égard le rôle des financements, notamment publics et concessionnels, car nulle part en Occident, pour des raisons intrinsèques à ce secteur, l'investissement agricole ne s'est fait uniquement sur des fonds privés. Et comme on le verra dans les différentes parties de ce digest, la question des financements est en creux dans chacune de ces entrées, même si précisément nous décidons d'aborder ces enjeux et les solutions possibles en dépit de la question des financements qui ne sont à ce jour pas au rendez-vous. À cet écart, un autre enjeu, est celui des infrastructures de marché qui sont une des solutions pour limiter les impacts sur l'agriculture, du changement climatique et rendre les économies africaines plus résilientes. Comme en parle Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Mésin, dans la saison 1 du podcast.

  • Speaker #1

    Nos économies sont bien plus intégrées déjà, et notamment sur l'alimentation. Néanmoins, elles ne le sont pas assez. Et si on le fait plus, on évitera ces situations qu'on avait dans l'Europe avant le XIXe siècle, qui étaient d'avoir côte à côte des provinces... en pléthore avec des prix qui s'effondrent, à côté de provinces de pénurie où il y avait des disettes et des famines. Et on a encore ça, parce qu'il y a encore trop de barrières, tarifaires ou non tarifaires, entre nos économies pour les produits alimentaires. La vraie question, c'est qu'il y a encore quelques barrières à faire sauter, et c'est un des enjeux de l'ASLECAF, parce que l'avantage d'avoir un système d'échange géographiquement beaucoup plus large, c'est que ça égalise. la situation. Aujourd'hui, vous pouvez très bien avoir une situation de disette au Niger et de pléthore au Bénin. Alors ça peut résulter de la violence des changements climatiques qui mettent une année le fleuve Niger en inondation catastrophique et l'année suivante en sécheresse. Donc effectivement, ce problème d'égalisation des prix dans une géographie plus grande est un facteur. de progrès, les progrès logistiques, progrès de paiement, et petit à petit, lever les barrières tarifaires et non tarifaires, parce qu'on vous arrête pour beaucoup d'autres raisons que les raisons de mettre des droits de douane, tout ça, ça va être un facteur de progrès considérable. Il y a deux façons de faire progresser l'agriculture, qui est le premier secteur productif, et l'un des premiers clients et fournisseurs de tous les autres secteurs, donc de services et de transformation industrielle, L'une des façons, c'est d'homogénéiser les prix et d'avoir des débouchés dans une géographie beaucoup plus large. Ça, c'est le mécanisme de la révolution agricole du XVIIIe. Et l'autre, c'est de réduire les pertes. Puisqu'aujourd'hui on perd un tiers de la production, d'après les estimations, végétale et animale dans l'agriculture africaine, faute de chaînes de froid, faute de capacité de stockage avec l'énergie associée.

  • Speaker #0

    Cette question du rendement intensif et des pertes en ligne est fondamentale, et à ce sujet Yuba Sokona, ancien vice-président du groupe 3 du GIEC en charge des énergies renouvelables, évoque une rupture paradigmatique dans la manière de penser l'espace en Afrique, dans le sonore qui suit.

  • Speaker #3

    Quand on regarde les systèmes de production dominants dans les pays du Sahel, c'est l'agriculture et l'élevage. Et ces systèmes de production dominants ne considéraient pas la finitude de l'espace. On augmente la production non pas en augmentant la productivité, mais en défléchant plus de terre. La la musique ou... L'impôt technologique est relativement limité, c'est-à-dire il y a moins de 6% des terres qui sont irriguées, donc c'est l'agriculture plus viable. Ensuite, c'est le contexte également où, en termes d'engrais, on utilise moins de 7 kg d'engrais par hectare. Et on se trouve également en basse latitude, c'est-à-dire des terres qui sont fragiles. qui font que comme il n'y avait pas cette notion de finitude de l'espace, avec l'accroissement de la population, avec l'urbanisation, avec la dégradation des ressources naturelles, ces populations ont été confrontées à la finitude de l'espace. C'est-à-dire que l'espace est devenu une contrainte qui a créé une certaine tension entre des communautés qui vivaient en harmonie, notamment les agriculteurs et les éleveurs. En même temps, ça a constitué également une tension. au sein même des communautés d'agriculteurs, dans la mesure où les terres cultivables, accessibles, sont devenues de plus en plus restreintes. Donc, il crée, et les systèmes de production n'ont pas tellement évolué, l'approche, les techniques, les méthodes et les moyens. Globalement, d'après la fin du 19e siècle, on est à l'ère du numérique. Donc on peut aujourd'hui totalement diminuer les superficies agricoles et augmenter la productivité par X. Si on change totalement la manière de faire les choses. Il ne s'agit pas du tout de s'orienter vers une agriculture comme dans le contexte européen, mais une agriculture raisonnée où il y a un input technologique relativement important. Là-dessus, la notion de... Transition écologique a un sens.

  • Speaker #0

    Par-delà la question des vulnérabilités agricoles et de la résilience, le changement climatique invite également à repenser les politiques publiques de développement en vue d'un développement durable, concept qui prend tout son sens dans le cas des pays en développement. Sous une double contrainte, celle du phase-away des fossiles, source de financement à l'export sur lequel on reviendra, et sous la deuxième contrainte du contrôle des émissions domestiques, conformément au cadrage offert par les accords de Paris. La responsabilité historique, on le sait, de l'Afrique dans les émissions est très faible, et encore aujourd'hui l'Afrique ne représente que 4% des émissions. Mais cela pourrait être amené à croître sans ajustement du modèle de croissance en termes d'infrastructures, d'énergie et de secteurs prioritaires. Au sujet des transitions à réaliser en la matière, en contrepoint du discours ambiant, Yuba Sokona formule une note d'espoir. Loin des enjeux de la transition au nord, l'Afrique est le continent le plus plastique en termes de stratégie de développement, ayant le plus faible stock d'infrastructures existants. On l'écoute.

  • Speaker #3

    Parce que c'est les pays qui sont en construction. C'est-à-dire que le stock d'infrastructures à construire est beaucoup plus important que l'existant. Il ne s'agit pas de sortir d'un système existant pour orienter vers un autre ce qui est une réalité dans le contexte des pays qui ont déjà mis en place leur infrastructure de base. Ici, il s'agit de construire quelque chose, on a le choix. Les options possibles sont très larges. Donc on parle beaucoup plus, on doit beaucoup plus parler dans ce contexte-ci. Malheureusement, je suis obligé d'utiliser une terminologie anglo-saxonne, le jump-starting. Imaginez aujourd'hui, si on n'avait pas les téléphones cellulaires et qu'on ait le système classique de téléphone à ligne, il n'y aurait pas 20% d'Africains qui aient accès au téléphone. De la même manière, on peut faire de la même manière s'il suffit tout simplement d'y penser dans le domaine de l'énergie et surtout dans le domaine de l'électricité.

  • Speaker #0

    Dans la trajectoire de développement, la question de l'électrification joue un rôle majeur et là encore les besoins sont importants et nécessiteront des mécanismes de soutien aux investissements et de fléchage vers les instruments ESG, notamment de dette souveraine. C'est sur cet enjeu qu'est décidé de revenir Lionel Zinsou dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    A aujourd'hui, la raison pour laquelle le continent a des émissions de gaz à effet de serre très basses... c'est parce que la moitié des entreprises et souvent plus de la moitié des populations n'ont pas accès à l'électricité. Un pays comme le Tchad, vous avez quand même 88% de la population qui n'a pas accès à l'électricité. Dans mon pays qui est un peu plus avancé, il y a quand même probablement encore aujourd'hui 40% de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Et là, je raisonne en pourcentage. Il faut raisonner en nombre de gens privés de l'électricité. Au moment de l'indépendance en 1960, vous aviez 90%. Aujourd'hui, dans un pays comme le mien, vous avez 60% qui ont accès, 40% qui n'ont pas accès. Le problème, c'est que 10% de notre population, qui était un peu plus de 2 millions à l'indépendance, il y avait 200 000 privilégiés et 1,8 million. exclue de l'électricité. Aujourd'hui, 40% de notre population, on est plutôt à 5 millions de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Donc ce qui est extraordinaire, c'est que, évidemment en pourcentage on fait des progrès, mais en valeur absolue, en nombre de vrais gens. Aujourd'hui, vous avez infiniment plus de gens qui n'ont pas accès, qui sont privés d'électricité. On va être obligé, parce que la population va doubler en 25 ans, et par ailleurs son revenu par tête en 25 ans va probablement tripler. Et trois fois plus de richesses par tête, on sera encore très loin des 35 000 euros d'un Français moyen. On sera simplement, quelque part, autour de 8 ou 9 000 euros. Donc c'est un rattrapage très lent. Et ça sera encore pas mal de gens sous le seuil de pauvreté. Mais néanmoins, ce sera une autre Afrique, parce qu'elle sera double en nombre d'habitants et probablement quelque chose comme... quadruple ou plus en termes de poids dans l'économie mondiale et de PIB. Donc si vous voulez, on ne peut pas le faire, c'est un rêve de penser qu'on devient quelque chose de cinq fois plus important d'un point de vue de la production, des valeurs ajoutées dans l'économie, et que le contenu en énergie ne va pas changer. En revanche, l'Afrique est la seule qui peut, dans le mix, avoir infiniment plus de renouvelables.

  • Speaker #0

    A ces sujets s'ajoute la question de l'électrification, de l'énergie domestique, qui est un enjeu de santé publique et également de genre, puisqu'il concerne disproportionnellement les femmes, et celle des inégalités. Face à cela, l'Afrique dispose de ressources fossiles abondantes qui pourraient offrir, en plus de ressources financières à l'export, une source d'énergie locale. Yubas Okona évoque ce dilemme. Mais il faut également les raisons de ne pas céder à cette tentation. On écoute.

  • Speaker #3

    Il y a une transition essentielle dans le contexte de la plupart des pays africains, en l'occurrence les pays du Sahel. C'est la transition de l'énergie domestique. C'est-à-dire que c'est le seul endroit au monde où il y a une augmentation d'année en année. la consommation de bois et de charbon de bois pour faire la cuisine, qui a un impact assez important sur la santé, qui dégage des polluants climatiques de courte durée, donc un impact immédiat sur la santé. Chaque accès à l'électricité démultiplie la réduction des inégalités. En même temps, Certains pays du continent vivent un dilemme énergétique. L'Afrique est la seule région au monde où, d'année en année, on découvre des énergies fossiles. Comme le Sénégal, comme la Tanzanie, comme la Mauritanie, comme le Mozambique, comme le Congo, j'en passe. C'est-à-dire qu'ils découvrent et sont donc confrontés à un dilemme. C'est-à-dire investir sur le renouvelable, investir sur le fossile. Et vous n'êtes pas sans savoir également que quand il y a eu, jusqu'à quand ça a commencé le problème de l'Ukraine et de la Russie, beaucoup de divisions européennes sont venues en Afrique, et pour deux choses, le gaz naturel et l'hydrogène vert. Mais tout ceci c'est pour exporter vers l'Europe, ce n'est pas pour développer l'Afrique. Vous prenez un pays comme le Botswana, on veut produire de l'hydrogène vert, le Botswana connaît un déficit de production d'électricité, et l'hydrogène vert ce n'est pas pour produire de l'électricité, c'est pour le Botswana. Et le Sénégal, la Mauritanie, c'est pour exporter le gaz. Il se trouve que... Si un pays comme le Sénégal veut utiliser le gaz naturel pour les besoins de développement du Sénégal, ça prend du temps. Ça demande des investissements de l'ordre de 20 à 30 ans, au-delà de la production d'électricité ou de l'exploitation, si on veut l'utiliser. Ça demande 8 ans. En même temps, on voit que le monde évolue vers l'électrification et l'économie. C'est-à-dire dans les 10 à 15 ans à venir. C'est-à-dire que l'économie sera électrifiée en commençant par le secteur du transport. C'est comme on dit aujourd'hui à quelqu'un d'investir sur le développement des réseaux de téléphone classiques. Même si c'est pour l'exportation, ce qui va motiver les investissements à faire, c'est beaucoup plus pour l'exportation. Mais l'exportation, c'est un problème conjoncturel. Or, le problème énergétique des pays africains, c'est un problème structurel. C'est on ne peut pas. se saisir du conjoncturel pour résoudre un problème structurel. Donc, ils risquent de faire face à quelque temps à ce qu'on appelle des actifs dévalués, les standard assets. Je vous disais, le problème du gaz, c'est qu'il ne faut pas s'orienter vers cela parce que dans 5-10 ans, c'est un problème purement conjoncturel des pays européens. C'est-à-dire qu'ils vont de manière conjoncturelle, l'Europe s'intéresse à ça, mais dans les 10-15 années, ils ne s'intéresseront plus à ça. Quand on va investir, qu'est-ce qui va advenir dans quelques années ?

  • Speaker #0

    Notons à titre d'ordre de grandeur que les gisements découverts en Afrique qui pourraient être mis en production de gaz naturel correspondraient à l'usage à 10 gigatonnes de CO2 jusqu'à extinction, ce qui est substantiel dans la lutte contre le changement climatique mais qui représente pour comparaison 9 mois d'émissions chinoises. Il en est évidemment autrement du pétrole et dans les deux cas à l'exploration continue. Patrick Dupour revient sur cette question évoquant également la nécessité d'une compensation du non-recours comme l'un des leviers de la justice climatique tant attendue et de l'accroissement des flux financiers nord-sud.

  • Speaker #2

    Alors c'est effectivement une privation et une injustice, à bien des égards. C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire, écoutez, nous pendant 70 ans, on a exploité généreusement vos énergies fossiles et les nôtres. Bon ben maintenant, on arrête tout. Et donc, vous au Sénégal, au Ghana, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie, en Tanzanie, en Ouganda, qui avaient des réserves pour l'instant inexploitées, qui peuvent générer évidemment un développement économique, en fait non, vous arrêtez, on arrête tout. Bon, ça c'est vécu comme une injustice. Est-ce que... Alors quelle est la position ? C'est vraiment pas facile d'avoir une position sur le sujet, parce qu'en fait, vous êtes... Vous avez un risque de conflit entre deux SDGs, entre le développement économique, pauvreté et tout ce qui va avec, et puis le fait qu'il faut clairement, pour tenir les engagements qu'on ne tiendra pas, mais enfin pour les laisser en éloigné le moins possible, réduire le plus possible, voire éviter d'aller exploiter de nouvelles ressources fossiles. Donc il y a une ligne de crête qui est, d'abord, dans ces cas-là il faut être pragmatique, il ne faut surtout pas être... Dogmatique dans un sens comme dans l'autre. C'est-à-dire que la position de l'environnementaliste européen de se dire la seule chose qui compte, c'est plus aucune énergie fossile, est en fait terriblement mal vécue par les Africains, y compris les environnementalistes. Donc il y a vraiment un sentiment d'injustice. Et donc il ne faut pas être dogmatique dans ce sens-là, mais il faut aussi comprendre que... Donner juste un chèque en blanc en disant Vous pouvez y aller franco, en Ouganda ou ailleurs il faut regarder aussi, parce que d'abord, l'expérience a montré que le développement des énergies fossiles n'avait pas non plus été accompagné d'un développement économique durable, partagé dans beaucoup de pays, et qu'aujourd'hui, la plupart des pays qui souffrent le plus en Afrique sont souvent des pays qui étaient riches en ressources naturelles. Donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? C'est du cas par cas. Il faut probablement qu'au niveau mondial, on se dise, ça on peut le faire, parce que l'impact environnemental est moins important. Parce qu'on a des trajectoires où on sait de combien on a besoin et de combien on n'a pas besoin. Et puis parce que ça peut avoir un impact positif sur le développement économique d'un pays. Et puis cela, il ne faut pas le faire. Et dans ces cas-là, il faut trouver un mécanisme de compensation pour les pays. Par-delà l'énergie,

  • Speaker #0

    la nouvelle trajectoire de développement en Afrique passera aussi par le commerce dans le contexte de l'unification de la zone de libre-échange africaine. Et l'engagement pour le commerce est également l'une des convictions fortes de ce podcast. Alors que les contours de la mondialisation se redessinent, il s'agit de tendre vers un modèle qui concilie le respect des souverainetés, y compris industrielles au nord, et un partage équilibré de la valeur ajoutée. Notons à cet égard que la préoccupation environnementale est de plus en plus agitée comme faunée du protectionnisme, de manière souvent fallacieuse au sein des opinions publiques du nord, puisque l'input des industries relocalisées demeure des matières premières du sud transportées vers l'occident dans des modes de transport tout aussi carbonés que les exportations industrielles. C'est cette répartition historique inégale. C'est la condamnation de cette répartition inégale de la valeur ajoutée, extraction au sud, transformation au nord, qu'il s'agit de réactualiser et de rappeler dans un contexte où les nouvelles réflexions sur la mondialisation semblent l'estomper. Notons ainsi que sans ajustement particulier pour les pays en voie de développement, qui auraient lieu dans l'esprit des accords de l'OME, le mécanisme européen d'ajustement aux frontières qui est envisagé pourrait coûter jusqu'à 25 milliards de dollars par an à l'Afrique, selon le président de la Banque africaine de développement dans son discours à la COP28. Ça renforcerait évidemment les inégalités, diminuant les incitations à investir sur le continent, alors même que l'on professe, à longueur de journée de sommet, l'importance de les renforcer. Vera Songwe, ancienne secrétaire générale de l'UNECA, la Commission économique pour l'Afrique, et économiste, parle du rôle du commerce dans la séquence qui suit, issue de notre saison 2.

  • Speaker #4

    L'Afrique ajoute plus de valeur. Nous faisons en fait des produits de fabrication. Et donc, nous augmentons la technologie, nous apportons plus de connaissances et nous créons plus de emplois. Lorsque l'Afrique trade avec les États-Unis, l'Afrique crée le plus grand valeur. Et donc, essentiellement, c'est ce que l'AFCFTA essaie de faire. Si nous pouvons d'abord construire le trade, le trade intra-Afrique, créer ces chaînes de consommation dans le continent, et puis exporter. Parce que nous avons ajouté de la valeur, alors, en général, les bénéfices africains sont encore plus grands. Bien sûr, encore une fois, cela a été fait il y a trois ans. Maintenant, nous sommes en train de faire des affaires en France et en Afrique et tous les types de choses dans le cadre de la traite. Mais nous espérons que, d'un point de vue purement économique, la traite est toujours, après l'éducation, la meilleure façon de sortir de la pauvreté. Et donc, essentiellement, je pense que ce que l'Afrique dit, inéquivocablement, c'est que nous croyons toujours en l'échange. Nous croyons toujours dans un système de traite mondial. Et nous aimerions que ce système fonctionne à notre avantage. C'est ce que Ngozi, au WTO, fait. Mais nous avons quelques impediments. Les nouveaux contrôles au Ouest pour les biens africains sont des choses comme les conditions phytosanitaires. Maintenant, nous avons ce commun, ajusté Le mécanisme climatique pour les émissions et ce genre de choses, qui peut ou peut-être ne se sont pas devenus. Non tarif barriers in the long term. These are the things I think we need to talk about. Comment faire de la Zécaf,

  • Speaker #0

    la zone de libre-échange africaine, une zone de libre-échange verte ? Look,

  • Speaker #4

    we demonstrated in the paper with Jean-Paul Andam, who works at the ECA as well, and used to be the Minister of Finance of Seychelles, and one of the countries that did the first blue bond debt for climate swap. La valeur additionnelle était beaucoup plus élevée. Et comment ça se passe ? Par exemple, le tourisme vert, l'écotourisme, en Afrique du Sud, avec le vaste espace naturel qu'ils ont, est une source d'amélioration du tourisme, dont l'Afrique du Sud n'est pas assez. La deuxième chose que nous avons pu montrer, c'est que, comme nous le savons tous aujourd'hui, La Sud-Afrique est une économie basée sur l'électricité, mais elle a aussi beaucoup de problèmes dans son secteur électrique. Et une transition à une énergie plus sustainable, plus verte, va en fait offrir plus de stabilité sur le gré, plus de certainité sur les prix, et accroître plus d'investissements en secteur privé, ce qui permettra à la Sud-Afrique de grandir plus vite. Et donc, là-bas, vous obtenez un double bénéfice. C'est un autre pays dont nous avons regardé la DRC. Aujourd'hui, l'accès à l'électricité dans le DRC est de 16%. Si nous utilisions... Je suis fan de l'INGA et je pense qu'on devrait faire l'INGA. Mais, moins faire l'INGA, il y a assez de petits et de médiums. Les rues d'eau que l'on pourrait en fait électrifier et offrir de l'électricité aux communautés rurales dans le DRC, ce qui leur permettrait, alors, ils sont le sac de pain de l'Afrique centrale, à un certain niveau, vous pourriez alors commencer à irriguer, vous pourriez changer les saisons de fermement, vous pourriez faire deux saisons de fermement, et juste cela seul, nous avons montré, va augmenter la productivité agricole à presque 120%. 20%.

  • Speaker #0

    Les opportunités enfin. Captation carbone, 53 millions de tonnes de crédit ont ainsi été émis en 2022 en Afrique selon la Rockefeller Foundation pour un potentiel de 2 milliards de tonnes à horizon 2023. On voit là que le chemin est long. Mais aussi matière première de la transition, singulièrement on peut penser à la République démocratique du Congo, avantage comparatif d'une énergie verte et abondante. La préoccupation climatique ouvre ainsi de nouvelles voies pour valoriser le potentiel du continent. Et c'est encore Lionel Zinsou qui en parle le mieux dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    L'Afrique est probablement une des solutions importantes pour faire évoluer le monde vers une certaine neutralité carbone et assez vite. Longtemps, l'Afrique était très très peu sous les écrans radars, ça n'intéressait pas beaucoup les investisseurs, et en réalité quand vous regardez qui aujourd'hui absorbe les masses de finances climat disponibles dans l'épargne du monde, vous apercevrez que c'est l'Asie, l'Océanie, l'Europe, les forêts scandinaves, les forêts françaises, l'Amérique du Nord.

  • Speaker #0

    A group like AXA now has a very important forest portfolio for carbon certificates, with economic models that make it more or less profitable. And what are the main locations? Oceania, Europe and Texas. And then, of course, Latin America. But, in the end, Africa wasn't really under the radar. This is a new phenomenon. We listen to Africa, we look at Africa, and we realize that it's the carbon well around the equatorial forest, around the basins of the great rivers. It's probably the continent of solutions. It's the continent that has space. We don't have constraints for the solar system. We have conditions of solar radiation in a part of the continent that are favorable to the solar system. We don't use 97% of the estimates of the hydraulic potential. Morocco has proven that Moroccan wind farms are, with the great Moroccan solar farms, the cheapest sources of electricity in the world. And this is replicable. So we are beginning to have, as you suggest, the idea that Africa has a whole set of solutions that the others do not have to the same degree. You also have... a transformation of the look of the Gulf countries. who are the most aware of the fact that they will compensate a part of their emissions, which are record, for Africa. I remind you that, apart from being a coal mine, the continent is also the producer of essential raw materials to succeed in the energy transition in the industrial domain. For example, lithium. There is lithium everywhere. We can see that we have important resources in Benin. They were mapped, they are not exploited, but you have them everywhere. Nickel, rare earths. So, Africa being the master of all rarities and the price of these rarities, cobalt, coltan, etc. But you also said something which is that we have, roughly speaking, a portfolio of quite exceptional resources. We have absolutely everything except one thing that paralyzes everything else, we do not have the capital. There are only the financials who continue to believe that it is a marginal continent, but we will one day bring them to reason.

  • Speaker #1

    Despite the unresolved question of financing, we have tried, during this digest, to sketch the paths of public policy and priorities for the continent in terms of resilience, adaptation and opportunity, and the value of these comparative advantages. But for this, we still need a fair price for carbon and global market infrastructure which, in the absence of increasing the volume of concessionary financing, aid to development, multilateral financing or trade exchanges, will at least make Africa its fair share of the market. from its contribution to the ecological transition and carbon capture. So it will be Vera Songwe who will have the final word on this subject.

  • Speaker #2

    So every year we take in all the carbon dioxide that the United States, France, Germany, and I think Japan put into the air. So just imagine that we didn't exist. We would all be dead by now. So in some sense we have been doing our bit. Unfortunately, we have not been rewarded for doing our bit. And this is where my battle starts. We talk a lot about the just transition in gas, but there is also a just transition question around carbon. Because. We have almost relegated the need to set a transparent market-based verifiable carbon price to the bottom of the pyramid. We talk a lot about, and it is important to talk about it, loss and damage and all that. But we cannot deal with loss and damage if we don't put a price to carbon, right? Because if we were able to put a price to carbon, today we have all the oil companies that are making 50% on their additional profits because of the war, because of the demand, of course. Oil prices have since dropped. They are all willing to offset their carbon. But we don't have a market. So in a world that is capitalist, in a world that has spent its time designing market systems, Why is it so difficult for us to design a carbon market system? I submit that it's because the developing world is going to benefit the most. And so we're thinking, well, let's delay a little bit so that the cost of the same DNA of carbon in Kenya is $5 and in Norway is $75. That is not a just transition. I am an er... The Carbon Integrity Council, and my push is, you know, we are in this sort of strange world where everybody is afraid of greenwashing. And, you know, one or two greenwashing projects and we can save the Amazon. We can save the peatlands of the Congo. We can create revenue for Central Africa. We can create revenue all the way to Liberia and Syrinia. I think it's a price worth paying. I co-chaired the climate panel with Lord Stern, and we say that we need $2.4 trillion between now and 2030 to fight the climate battle, of which $1.4 trillion will be domestic resource mobilization. This is all developing countries minus China. Where are we going to get those domestic resources? We just talked about all the crises, we talked about the fact that we don't even want to do the NTBs and customs because we're looking for resources. We need to put a price on carbon yesterday so that countries can begin to benefit, but also so that we can continue to protect the climate. Because it's not just about the past. We saw what happened in Brazil. If we don't put a price on carbon that is higher than the cost of cutting down the trees, people will cut down the trees because it's their livelihoods. And the more we have incentives, the slower we get to 1.5. And hopefully we can, you know, reduce at least the climate crisis.

  • Speaker #1

    Thank you all for following us in this new format and I give you a very quick appointment for the resumption of our normal interviews, if I dare to say, which will take place in two weeks in the company of Thierry Déo, president and founder of the Meridiam investment fund, very present in emerging geographies, especially in Africa, which will allow us to dig into the topics discussed today with him.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • La menace - vulnérabilités

    01:21

  • La contrainte - Nouveau sentier de développement

    10:28

  • Les opportunités - Capter, régénérer, verdir

    28:04

Share

Embed

You may also like

Description

Hors-Série - L’Afrique au défi des transitions


Pour ce mois d’avril, on vous propose un nouveau format : les digest de @Take Off.


On y assemble, dans un format plus court les moments forts de plusieurs interviews du podcast autour d’un thème donné afin de pleinement faire vivre la confrontation des perspectives


Et pour ce Pilote on a choisi comme thème : L’Afrique au défi des transitions climatiques, énergétiques et agricoles :

-Quelles stratégies de résilience pour quelle vulnérabilité ?

-Quels sentier de développement transition-compatible ?

-Quelles opportunités pour le Continent ?


Le digest reprend et associe les perspectives de 4 invités exceptionnels reçus dans Take Off, au fil des trois saisons :

-Youba Sokona, climatologue (ex-GIEC)

-Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin

-Patrick Dupoux, senior partner du BCG

-Vera Songwe, economiste (ex-SG de l’UNECA)



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En

  • Speaker #1

    partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à toutes et à tous dans ce nouveau format Digest que nous sommes ravis de vous proposer. Il s'agit de s'arrêter un instant dans le flux des interviews pour synthétiser et dans l'esprit du podcast confronter les perspectives issues de différentes interviews avec différents intervenants sur un sujet donné. Et pour ce premier numéro, nous avons choisi un sujet qui est au cœur des problématiques de ce podcast, à savoir la réconciliation entre l'émergence économique dans le temps où nous sommes, c'est-à-dire au temps du changement climatique. et les impératifs qu'imposent ces transitions. Le tout appliqué à l'Afrique, qui est un des fils rouges de ce podcast. Quelle politique publique ? Quel secteur prioritaire pour le continent ? Ce sont là les questions que nous allons nous poser. Et je vous propose d'aborder ce sujet dans un triptyque. Dans un premier temps, les menaces issues de la vulnérabilité du continent quant au changement climatique. Dans un second temps, les contraintes qui invitent à repenser les stratégies de développement. Et dans un troisième temps, les opportunités qui ouvrent de nouvelles voies. Les menaces d'abord. On peut penser évidemment aux villes et à Lagos par exemple, aux risques d'inondations, aux événements climatiques extrêmes, également à la productivité du travail impactée par l'augmentation des températures. Selon la Banque africaine de développement, en 2022, les catastrophes liées au climat sont de plus en plus fréquentes et coûtent aux pays africains jusqu'à 15 milliards de dollars par an, cette somme qui pourrait atteindre 50 milliards de dollars à l'horizon 2030. Il y a un secteur qui est particulièrement touché et qui est central à la fois dans les économies africaines et dans la souveraineté des pays africains, c'est évidemment l'agriculture. Dans le premier sonore, issu de notre interview avec Patrick Dupoux, senior partner du BCG, qui a été enregistré dans le cadre de notre saison 3, ce dernier aborde le caractère prioritaire de cet enjeu.

  • Speaker #2

    Si vous regardez la problématique du changement climatique en Afrique, c'est essentiellement un sujet agricole. En 2016, quand il y a eu COP22 à Marrakech, nous avions alerté à l'époque la présidence et avec le gouvernement marocain, nous avions lancé une initiative qui s'appelait le AAA, l'adaptation de l'agriculture africaine, parce qu'en fait on leur disait, c'est bien gentil de parler d'énergie renouvelable, mais en Afrique, le vrai sujet du changement climatique, c'est l'agriculture. Parce que d'abord, l'essentiel des émissions viennent du secteur agricole, mais surtout... Parce que la principale conséquence du changement climatique, j'irais même dans le monde, c'est que vous allez avoir un certain nombre de pays... qui vont subir le réchauffement des plus faibles précipitations et dans lesquelles les rendements agricoles vont s'effondrer. Or, manque de chance, ces pays, c'est surtout les pays type pays du Sahel, ou en tout cas beaucoup sont en Afrique. Si on regarde à l'échelle de centaines de millions d'habitants, la principale conséquence, ça va être l'effondrement des rendements agricoles et puis la désertification de certaines zones. Et donc, il faut vraiment investir massivement pour aider. Ces pays ont géré l'augmentation inévitable des températures et la baisse des précipitations à un certain nombre de zones. Et travailler sur des systèmes d'irrigation, travailler sur des nouvelles semences qui sont plus résilientes aux changements climatiques, travailler sur de la fertilisation raisonnée, travailler sur peut-être même... sur même la productivité, parce qu'il faut aussi la productivité agricole pour alimenter l'ensemble du continent. Mais il est essentiel qu'on investisse massivement dans l'adaptation et notamment dans les systèmes alimentaires. Le meilleur dollar aujourd'hui mis dans le développement international, regardez les 17 SDG, c'est l'agriculture en Afrique. C'est le meilleur dollar, parce que là, vous marquez des points sur toutes les SDG qui sont rouges foncées, hunger. Poverty, carbone, et donc ce dont j'avais parlé sur la séquestration du carbone. Access to energy, gender equality, parce que c'est aussi souvent un problème, c'est l'agriculture, quand on investit en agriculture, c'est un moyen de réduire l'inégalité de genre. Peace, s'il y a un sujet sur lequel on doit investir massivement, mais massivement, mais le monde entier doit investir massivement, donc la seule chose dont on peut être sûr, c'est qu'il faut beaucoup plus d'investissement, parce qu'on investissait beaucoup plus. Dans l'agriculture, on a les 70 en relatif. Ensuite, on a sous-investi pendant 30 ou 40 ans.

  • Speaker #0

    Évidemment, on peut noter à cet égard le rôle des financements, notamment publics et concessionnels, car nulle part en Occident, pour des raisons intrinsèques à ce secteur, l'investissement agricole ne s'est fait uniquement sur des fonds privés. Et comme on le verra dans les différentes parties de ce digest, la question des financements est en creux dans chacune de ces entrées, même si précisément nous décidons d'aborder ces enjeux et les solutions possibles en dépit de la question des financements qui ne sont à ce jour pas au rendez-vous. À cet écart, un autre enjeu, est celui des infrastructures de marché qui sont une des solutions pour limiter les impacts sur l'agriculture, du changement climatique et rendre les économies africaines plus résilientes. Comme en parle Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Mésin, dans la saison 1 du podcast.

  • Speaker #1

    Nos économies sont bien plus intégrées déjà, et notamment sur l'alimentation. Néanmoins, elles ne le sont pas assez. Et si on le fait plus, on évitera ces situations qu'on avait dans l'Europe avant le XIXe siècle, qui étaient d'avoir côte à côte des provinces... en pléthore avec des prix qui s'effondrent, à côté de provinces de pénurie où il y avait des disettes et des famines. Et on a encore ça, parce qu'il y a encore trop de barrières, tarifaires ou non tarifaires, entre nos économies pour les produits alimentaires. La vraie question, c'est qu'il y a encore quelques barrières à faire sauter, et c'est un des enjeux de l'ASLECAF, parce que l'avantage d'avoir un système d'échange géographiquement beaucoup plus large, c'est que ça égalise. la situation. Aujourd'hui, vous pouvez très bien avoir une situation de disette au Niger et de pléthore au Bénin. Alors ça peut résulter de la violence des changements climatiques qui mettent une année le fleuve Niger en inondation catastrophique et l'année suivante en sécheresse. Donc effectivement, ce problème d'égalisation des prix dans une géographie plus grande est un facteur. de progrès, les progrès logistiques, progrès de paiement, et petit à petit, lever les barrières tarifaires et non tarifaires, parce qu'on vous arrête pour beaucoup d'autres raisons que les raisons de mettre des droits de douane, tout ça, ça va être un facteur de progrès considérable. Il y a deux façons de faire progresser l'agriculture, qui est le premier secteur productif, et l'un des premiers clients et fournisseurs de tous les autres secteurs, donc de services et de transformation industrielle, L'une des façons, c'est d'homogénéiser les prix et d'avoir des débouchés dans une géographie beaucoup plus large. Ça, c'est le mécanisme de la révolution agricole du XVIIIe. Et l'autre, c'est de réduire les pertes. Puisqu'aujourd'hui on perd un tiers de la production, d'après les estimations, végétale et animale dans l'agriculture africaine, faute de chaînes de froid, faute de capacité de stockage avec l'énergie associée.

  • Speaker #0

    Cette question du rendement intensif et des pertes en ligne est fondamentale, et à ce sujet Yuba Sokona, ancien vice-président du groupe 3 du GIEC en charge des énergies renouvelables, évoque une rupture paradigmatique dans la manière de penser l'espace en Afrique, dans le sonore qui suit.

  • Speaker #3

    Quand on regarde les systèmes de production dominants dans les pays du Sahel, c'est l'agriculture et l'élevage. Et ces systèmes de production dominants ne considéraient pas la finitude de l'espace. On augmente la production non pas en augmentant la productivité, mais en défléchant plus de terre. La la musique ou... L'impôt technologique est relativement limité, c'est-à-dire il y a moins de 6% des terres qui sont irriguées, donc c'est l'agriculture plus viable. Ensuite, c'est le contexte également où, en termes d'engrais, on utilise moins de 7 kg d'engrais par hectare. Et on se trouve également en basse latitude, c'est-à-dire des terres qui sont fragiles. qui font que comme il n'y avait pas cette notion de finitude de l'espace, avec l'accroissement de la population, avec l'urbanisation, avec la dégradation des ressources naturelles, ces populations ont été confrontées à la finitude de l'espace. C'est-à-dire que l'espace est devenu une contrainte qui a créé une certaine tension entre des communautés qui vivaient en harmonie, notamment les agriculteurs et les éleveurs. En même temps, ça a constitué également une tension. au sein même des communautés d'agriculteurs, dans la mesure où les terres cultivables, accessibles, sont devenues de plus en plus restreintes. Donc, il crée, et les systèmes de production n'ont pas tellement évolué, l'approche, les techniques, les méthodes et les moyens. Globalement, d'après la fin du 19e siècle, on est à l'ère du numérique. Donc on peut aujourd'hui totalement diminuer les superficies agricoles et augmenter la productivité par X. Si on change totalement la manière de faire les choses. Il ne s'agit pas du tout de s'orienter vers une agriculture comme dans le contexte européen, mais une agriculture raisonnée où il y a un input technologique relativement important. Là-dessus, la notion de... Transition écologique a un sens.

  • Speaker #0

    Par-delà la question des vulnérabilités agricoles et de la résilience, le changement climatique invite également à repenser les politiques publiques de développement en vue d'un développement durable, concept qui prend tout son sens dans le cas des pays en développement. Sous une double contrainte, celle du phase-away des fossiles, source de financement à l'export sur lequel on reviendra, et sous la deuxième contrainte du contrôle des émissions domestiques, conformément au cadrage offert par les accords de Paris. La responsabilité historique, on le sait, de l'Afrique dans les émissions est très faible, et encore aujourd'hui l'Afrique ne représente que 4% des émissions. Mais cela pourrait être amené à croître sans ajustement du modèle de croissance en termes d'infrastructures, d'énergie et de secteurs prioritaires. Au sujet des transitions à réaliser en la matière, en contrepoint du discours ambiant, Yuba Sokona formule une note d'espoir. Loin des enjeux de la transition au nord, l'Afrique est le continent le plus plastique en termes de stratégie de développement, ayant le plus faible stock d'infrastructures existants. On l'écoute.

  • Speaker #3

    Parce que c'est les pays qui sont en construction. C'est-à-dire que le stock d'infrastructures à construire est beaucoup plus important que l'existant. Il ne s'agit pas de sortir d'un système existant pour orienter vers un autre ce qui est une réalité dans le contexte des pays qui ont déjà mis en place leur infrastructure de base. Ici, il s'agit de construire quelque chose, on a le choix. Les options possibles sont très larges. Donc on parle beaucoup plus, on doit beaucoup plus parler dans ce contexte-ci. Malheureusement, je suis obligé d'utiliser une terminologie anglo-saxonne, le jump-starting. Imaginez aujourd'hui, si on n'avait pas les téléphones cellulaires et qu'on ait le système classique de téléphone à ligne, il n'y aurait pas 20% d'Africains qui aient accès au téléphone. De la même manière, on peut faire de la même manière s'il suffit tout simplement d'y penser dans le domaine de l'énergie et surtout dans le domaine de l'électricité.

  • Speaker #0

    Dans la trajectoire de développement, la question de l'électrification joue un rôle majeur et là encore les besoins sont importants et nécessiteront des mécanismes de soutien aux investissements et de fléchage vers les instruments ESG, notamment de dette souveraine. C'est sur cet enjeu qu'est décidé de revenir Lionel Zinsou dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    A aujourd'hui, la raison pour laquelle le continent a des émissions de gaz à effet de serre très basses... c'est parce que la moitié des entreprises et souvent plus de la moitié des populations n'ont pas accès à l'électricité. Un pays comme le Tchad, vous avez quand même 88% de la population qui n'a pas accès à l'électricité. Dans mon pays qui est un peu plus avancé, il y a quand même probablement encore aujourd'hui 40% de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Et là, je raisonne en pourcentage. Il faut raisonner en nombre de gens privés de l'électricité. Au moment de l'indépendance en 1960, vous aviez 90%. Aujourd'hui, dans un pays comme le mien, vous avez 60% qui ont accès, 40% qui n'ont pas accès. Le problème, c'est que 10% de notre population, qui était un peu plus de 2 millions à l'indépendance, il y avait 200 000 privilégiés et 1,8 million. exclue de l'électricité. Aujourd'hui, 40% de notre population, on est plutôt à 5 millions de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Donc ce qui est extraordinaire, c'est que, évidemment en pourcentage on fait des progrès, mais en valeur absolue, en nombre de vrais gens. Aujourd'hui, vous avez infiniment plus de gens qui n'ont pas accès, qui sont privés d'électricité. On va être obligé, parce que la population va doubler en 25 ans, et par ailleurs son revenu par tête en 25 ans va probablement tripler. Et trois fois plus de richesses par tête, on sera encore très loin des 35 000 euros d'un Français moyen. On sera simplement, quelque part, autour de 8 ou 9 000 euros. Donc c'est un rattrapage très lent. Et ça sera encore pas mal de gens sous le seuil de pauvreté. Mais néanmoins, ce sera une autre Afrique, parce qu'elle sera double en nombre d'habitants et probablement quelque chose comme... quadruple ou plus en termes de poids dans l'économie mondiale et de PIB. Donc si vous voulez, on ne peut pas le faire, c'est un rêve de penser qu'on devient quelque chose de cinq fois plus important d'un point de vue de la production, des valeurs ajoutées dans l'économie, et que le contenu en énergie ne va pas changer. En revanche, l'Afrique est la seule qui peut, dans le mix, avoir infiniment plus de renouvelables.

  • Speaker #0

    A ces sujets s'ajoute la question de l'électrification, de l'énergie domestique, qui est un enjeu de santé publique et également de genre, puisqu'il concerne disproportionnellement les femmes, et celle des inégalités. Face à cela, l'Afrique dispose de ressources fossiles abondantes qui pourraient offrir, en plus de ressources financières à l'export, une source d'énergie locale. Yubas Okona évoque ce dilemme. Mais il faut également les raisons de ne pas céder à cette tentation. On écoute.

  • Speaker #3

    Il y a une transition essentielle dans le contexte de la plupart des pays africains, en l'occurrence les pays du Sahel. C'est la transition de l'énergie domestique. C'est-à-dire que c'est le seul endroit au monde où il y a une augmentation d'année en année. la consommation de bois et de charbon de bois pour faire la cuisine, qui a un impact assez important sur la santé, qui dégage des polluants climatiques de courte durée, donc un impact immédiat sur la santé. Chaque accès à l'électricité démultiplie la réduction des inégalités. En même temps, Certains pays du continent vivent un dilemme énergétique. L'Afrique est la seule région au monde où, d'année en année, on découvre des énergies fossiles. Comme le Sénégal, comme la Tanzanie, comme la Mauritanie, comme le Mozambique, comme le Congo, j'en passe. C'est-à-dire qu'ils découvrent et sont donc confrontés à un dilemme. C'est-à-dire investir sur le renouvelable, investir sur le fossile. Et vous n'êtes pas sans savoir également que quand il y a eu, jusqu'à quand ça a commencé le problème de l'Ukraine et de la Russie, beaucoup de divisions européennes sont venues en Afrique, et pour deux choses, le gaz naturel et l'hydrogène vert. Mais tout ceci c'est pour exporter vers l'Europe, ce n'est pas pour développer l'Afrique. Vous prenez un pays comme le Botswana, on veut produire de l'hydrogène vert, le Botswana connaît un déficit de production d'électricité, et l'hydrogène vert ce n'est pas pour produire de l'électricité, c'est pour le Botswana. Et le Sénégal, la Mauritanie, c'est pour exporter le gaz. Il se trouve que... Si un pays comme le Sénégal veut utiliser le gaz naturel pour les besoins de développement du Sénégal, ça prend du temps. Ça demande des investissements de l'ordre de 20 à 30 ans, au-delà de la production d'électricité ou de l'exploitation, si on veut l'utiliser. Ça demande 8 ans. En même temps, on voit que le monde évolue vers l'électrification et l'économie. C'est-à-dire dans les 10 à 15 ans à venir. C'est-à-dire que l'économie sera électrifiée en commençant par le secteur du transport. C'est comme on dit aujourd'hui à quelqu'un d'investir sur le développement des réseaux de téléphone classiques. Même si c'est pour l'exportation, ce qui va motiver les investissements à faire, c'est beaucoup plus pour l'exportation. Mais l'exportation, c'est un problème conjoncturel. Or, le problème énergétique des pays africains, c'est un problème structurel. C'est on ne peut pas. se saisir du conjoncturel pour résoudre un problème structurel. Donc, ils risquent de faire face à quelque temps à ce qu'on appelle des actifs dévalués, les standard assets. Je vous disais, le problème du gaz, c'est qu'il ne faut pas s'orienter vers cela parce que dans 5-10 ans, c'est un problème purement conjoncturel des pays européens. C'est-à-dire qu'ils vont de manière conjoncturelle, l'Europe s'intéresse à ça, mais dans les 10-15 années, ils ne s'intéresseront plus à ça. Quand on va investir, qu'est-ce qui va advenir dans quelques années ?

  • Speaker #0

    Notons à titre d'ordre de grandeur que les gisements découverts en Afrique qui pourraient être mis en production de gaz naturel correspondraient à l'usage à 10 gigatonnes de CO2 jusqu'à extinction, ce qui est substantiel dans la lutte contre le changement climatique mais qui représente pour comparaison 9 mois d'émissions chinoises. Il en est évidemment autrement du pétrole et dans les deux cas à l'exploration continue. Patrick Dupour revient sur cette question évoquant également la nécessité d'une compensation du non-recours comme l'un des leviers de la justice climatique tant attendue et de l'accroissement des flux financiers nord-sud.

  • Speaker #2

    Alors c'est effectivement une privation et une injustice, à bien des égards. C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire, écoutez, nous pendant 70 ans, on a exploité généreusement vos énergies fossiles et les nôtres. Bon ben maintenant, on arrête tout. Et donc, vous au Sénégal, au Ghana, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie, en Tanzanie, en Ouganda, qui avaient des réserves pour l'instant inexploitées, qui peuvent générer évidemment un développement économique, en fait non, vous arrêtez, on arrête tout. Bon, ça c'est vécu comme une injustice. Est-ce que... Alors quelle est la position ? C'est vraiment pas facile d'avoir une position sur le sujet, parce qu'en fait, vous êtes... Vous avez un risque de conflit entre deux SDGs, entre le développement économique, pauvreté et tout ce qui va avec, et puis le fait qu'il faut clairement, pour tenir les engagements qu'on ne tiendra pas, mais enfin pour les laisser en éloigné le moins possible, réduire le plus possible, voire éviter d'aller exploiter de nouvelles ressources fossiles. Donc il y a une ligne de crête qui est, d'abord, dans ces cas-là il faut être pragmatique, il ne faut surtout pas être... Dogmatique dans un sens comme dans l'autre. C'est-à-dire que la position de l'environnementaliste européen de se dire la seule chose qui compte, c'est plus aucune énergie fossile, est en fait terriblement mal vécue par les Africains, y compris les environnementalistes. Donc il y a vraiment un sentiment d'injustice. Et donc il ne faut pas être dogmatique dans ce sens-là, mais il faut aussi comprendre que... Donner juste un chèque en blanc en disant Vous pouvez y aller franco, en Ouganda ou ailleurs il faut regarder aussi, parce que d'abord, l'expérience a montré que le développement des énergies fossiles n'avait pas non plus été accompagné d'un développement économique durable, partagé dans beaucoup de pays, et qu'aujourd'hui, la plupart des pays qui souffrent le plus en Afrique sont souvent des pays qui étaient riches en ressources naturelles. Donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? C'est du cas par cas. Il faut probablement qu'au niveau mondial, on se dise, ça on peut le faire, parce que l'impact environnemental est moins important. Parce qu'on a des trajectoires où on sait de combien on a besoin et de combien on n'a pas besoin. Et puis parce que ça peut avoir un impact positif sur le développement économique d'un pays. Et puis cela, il ne faut pas le faire. Et dans ces cas-là, il faut trouver un mécanisme de compensation pour les pays. Par-delà l'énergie,

  • Speaker #0

    la nouvelle trajectoire de développement en Afrique passera aussi par le commerce dans le contexte de l'unification de la zone de libre-échange africaine. Et l'engagement pour le commerce est également l'une des convictions fortes de ce podcast. Alors que les contours de la mondialisation se redessinent, il s'agit de tendre vers un modèle qui concilie le respect des souverainetés, y compris industrielles au nord, et un partage équilibré de la valeur ajoutée. Notons à cet égard que la préoccupation environnementale est de plus en plus agitée comme faunée du protectionnisme, de manière souvent fallacieuse au sein des opinions publiques du nord, puisque l'input des industries relocalisées demeure des matières premières du sud transportées vers l'occident dans des modes de transport tout aussi carbonés que les exportations industrielles. C'est cette répartition historique inégale. C'est la condamnation de cette répartition inégale de la valeur ajoutée, extraction au sud, transformation au nord, qu'il s'agit de réactualiser et de rappeler dans un contexte où les nouvelles réflexions sur la mondialisation semblent l'estomper. Notons ainsi que sans ajustement particulier pour les pays en voie de développement, qui auraient lieu dans l'esprit des accords de l'OME, le mécanisme européen d'ajustement aux frontières qui est envisagé pourrait coûter jusqu'à 25 milliards de dollars par an à l'Afrique, selon le président de la Banque africaine de développement dans son discours à la COP28. Ça renforcerait évidemment les inégalités, diminuant les incitations à investir sur le continent, alors même que l'on professe, à longueur de journée de sommet, l'importance de les renforcer. Vera Songwe, ancienne secrétaire générale de l'UNECA, la Commission économique pour l'Afrique, et économiste, parle du rôle du commerce dans la séquence qui suit, issue de notre saison 2.

  • Speaker #4

    L'Afrique ajoute plus de valeur. Nous faisons en fait des produits de fabrication. Et donc, nous augmentons la technologie, nous apportons plus de connaissances et nous créons plus de emplois. Lorsque l'Afrique trade avec les États-Unis, l'Afrique crée le plus grand valeur. Et donc, essentiellement, c'est ce que l'AFCFTA essaie de faire. Si nous pouvons d'abord construire le trade, le trade intra-Afrique, créer ces chaînes de consommation dans le continent, et puis exporter. Parce que nous avons ajouté de la valeur, alors, en général, les bénéfices africains sont encore plus grands. Bien sûr, encore une fois, cela a été fait il y a trois ans. Maintenant, nous sommes en train de faire des affaires en France et en Afrique et tous les types de choses dans le cadre de la traite. Mais nous espérons que, d'un point de vue purement économique, la traite est toujours, après l'éducation, la meilleure façon de sortir de la pauvreté. Et donc, essentiellement, je pense que ce que l'Afrique dit, inéquivocablement, c'est que nous croyons toujours en l'échange. Nous croyons toujours dans un système de traite mondial. Et nous aimerions que ce système fonctionne à notre avantage. C'est ce que Ngozi, au WTO, fait. Mais nous avons quelques impediments. Les nouveaux contrôles au Ouest pour les biens africains sont des choses comme les conditions phytosanitaires. Maintenant, nous avons ce commun, ajusté Le mécanisme climatique pour les émissions et ce genre de choses, qui peut ou peut-être ne se sont pas devenus. Non tarif barriers in the long term. These are the things I think we need to talk about. Comment faire de la Zécaf,

  • Speaker #0

    la zone de libre-échange africaine, une zone de libre-échange verte ? Look,

  • Speaker #4

    we demonstrated in the paper with Jean-Paul Andam, who works at the ECA as well, and used to be the Minister of Finance of Seychelles, and one of the countries that did the first blue bond debt for climate swap. La valeur additionnelle était beaucoup plus élevée. Et comment ça se passe ? Par exemple, le tourisme vert, l'écotourisme, en Afrique du Sud, avec le vaste espace naturel qu'ils ont, est une source d'amélioration du tourisme, dont l'Afrique du Sud n'est pas assez. La deuxième chose que nous avons pu montrer, c'est que, comme nous le savons tous aujourd'hui, La Sud-Afrique est une économie basée sur l'électricité, mais elle a aussi beaucoup de problèmes dans son secteur électrique. Et une transition à une énergie plus sustainable, plus verte, va en fait offrir plus de stabilité sur le gré, plus de certainité sur les prix, et accroître plus d'investissements en secteur privé, ce qui permettra à la Sud-Afrique de grandir plus vite. Et donc, là-bas, vous obtenez un double bénéfice. C'est un autre pays dont nous avons regardé la DRC. Aujourd'hui, l'accès à l'électricité dans le DRC est de 16%. Si nous utilisions... Je suis fan de l'INGA et je pense qu'on devrait faire l'INGA. Mais, moins faire l'INGA, il y a assez de petits et de médiums. Les rues d'eau que l'on pourrait en fait électrifier et offrir de l'électricité aux communautés rurales dans le DRC, ce qui leur permettrait, alors, ils sont le sac de pain de l'Afrique centrale, à un certain niveau, vous pourriez alors commencer à irriguer, vous pourriez changer les saisons de fermement, vous pourriez faire deux saisons de fermement, et juste cela seul, nous avons montré, va augmenter la productivité agricole à presque 120%. 20%.

  • Speaker #0

    Les opportunités enfin. Captation carbone, 53 millions de tonnes de crédit ont ainsi été émis en 2022 en Afrique selon la Rockefeller Foundation pour un potentiel de 2 milliards de tonnes à horizon 2023. On voit là que le chemin est long. Mais aussi matière première de la transition, singulièrement on peut penser à la République démocratique du Congo, avantage comparatif d'une énergie verte et abondante. La préoccupation climatique ouvre ainsi de nouvelles voies pour valoriser le potentiel du continent. Et c'est encore Lionel Zinsou qui en parle le mieux dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    L'Afrique est probablement une des solutions importantes pour faire évoluer le monde vers une certaine neutralité carbone et assez vite. Longtemps, l'Afrique était très très peu sous les écrans radars, ça n'intéressait pas beaucoup les investisseurs, et en réalité quand vous regardez qui aujourd'hui absorbe les masses de finances climat disponibles dans l'épargne du monde, vous apercevrez que c'est l'Asie, l'Océanie, l'Europe, les forêts scandinaves, les forêts françaises, l'Amérique du Nord.

  • Speaker #0

    A group like AXA now has a very important forest portfolio for carbon certificates, with economic models that make it more or less profitable. And what are the main locations? Oceania, Europe and Texas. And then, of course, Latin America. But, in the end, Africa wasn't really under the radar. This is a new phenomenon. We listen to Africa, we look at Africa, and we realize that it's the carbon well around the equatorial forest, around the basins of the great rivers. It's probably the continent of solutions. It's the continent that has space. We don't have constraints for the solar system. We have conditions of solar radiation in a part of the continent that are favorable to the solar system. We don't use 97% of the estimates of the hydraulic potential. Morocco has proven that Moroccan wind farms are, with the great Moroccan solar farms, the cheapest sources of electricity in the world. And this is replicable. So we are beginning to have, as you suggest, the idea that Africa has a whole set of solutions that the others do not have to the same degree. You also have... a transformation of the look of the Gulf countries. who are the most aware of the fact that they will compensate a part of their emissions, which are record, for Africa. I remind you that, apart from being a coal mine, the continent is also the producer of essential raw materials to succeed in the energy transition in the industrial domain. For example, lithium. There is lithium everywhere. We can see that we have important resources in Benin. They were mapped, they are not exploited, but you have them everywhere. Nickel, rare earths. So, Africa being the master of all rarities and the price of these rarities, cobalt, coltan, etc. But you also said something which is that we have, roughly speaking, a portfolio of quite exceptional resources. We have absolutely everything except one thing that paralyzes everything else, we do not have the capital. There are only the financials who continue to believe that it is a marginal continent, but we will one day bring them to reason.

  • Speaker #1

    Despite the unresolved question of financing, we have tried, during this digest, to sketch the paths of public policy and priorities for the continent in terms of resilience, adaptation and opportunity, and the value of these comparative advantages. But for this, we still need a fair price for carbon and global market infrastructure which, in the absence of increasing the volume of concessionary financing, aid to development, multilateral financing or trade exchanges, will at least make Africa its fair share of the market. from its contribution to the ecological transition and carbon capture. So it will be Vera Songwe who will have the final word on this subject.

  • Speaker #2

    So every year we take in all the carbon dioxide that the United States, France, Germany, and I think Japan put into the air. So just imagine that we didn't exist. We would all be dead by now. So in some sense we have been doing our bit. Unfortunately, we have not been rewarded for doing our bit. And this is where my battle starts. We talk a lot about the just transition in gas, but there is also a just transition question around carbon. Because. We have almost relegated the need to set a transparent market-based verifiable carbon price to the bottom of the pyramid. We talk a lot about, and it is important to talk about it, loss and damage and all that. But we cannot deal with loss and damage if we don't put a price to carbon, right? Because if we were able to put a price to carbon, today we have all the oil companies that are making 50% on their additional profits because of the war, because of the demand, of course. Oil prices have since dropped. They are all willing to offset their carbon. But we don't have a market. So in a world that is capitalist, in a world that has spent its time designing market systems, Why is it so difficult for us to design a carbon market system? I submit that it's because the developing world is going to benefit the most. And so we're thinking, well, let's delay a little bit so that the cost of the same DNA of carbon in Kenya is $5 and in Norway is $75. That is not a just transition. I am an er... The Carbon Integrity Council, and my push is, you know, we are in this sort of strange world where everybody is afraid of greenwashing. And, you know, one or two greenwashing projects and we can save the Amazon. We can save the peatlands of the Congo. We can create revenue for Central Africa. We can create revenue all the way to Liberia and Syrinia. I think it's a price worth paying. I co-chaired the climate panel with Lord Stern, and we say that we need $2.4 trillion between now and 2030 to fight the climate battle, of which $1.4 trillion will be domestic resource mobilization. This is all developing countries minus China. Where are we going to get those domestic resources? We just talked about all the crises, we talked about the fact that we don't even want to do the NTBs and customs because we're looking for resources. We need to put a price on carbon yesterday so that countries can begin to benefit, but also so that we can continue to protect the climate. Because it's not just about the past. We saw what happened in Brazil. If we don't put a price on carbon that is higher than the cost of cutting down the trees, people will cut down the trees because it's their livelihoods. And the more we have incentives, the slower we get to 1.5. And hopefully we can, you know, reduce at least the climate crisis.

  • Speaker #1

    Thank you all for following us in this new format and I give you a very quick appointment for the resumption of our normal interviews, if I dare to say, which will take place in two weeks in the company of Thierry Déo, president and founder of the Meridiam investment fund, very present in emerging geographies, especially in Africa, which will allow us to dig into the topics discussed today with him.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • La menace - vulnérabilités

    01:21

  • La contrainte - Nouveau sentier de développement

    10:28

  • Les opportunités - Capter, régénérer, verdir

    28:04

Description

Hors-Série - L’Afrique au défi des transitions


Pour ce mois d’avril, on vous propose un nouveau format : les digest de @Take Off.


On y assemble, dans un format plus court les moments forts de plusieurs interviews du podcast autour d’un thème donné afin de pleinement faire vivre la confrontation des perspectives


Et pour ce Pilote on a choisi comme thème : L’Afrique au défi des transitions climatiques, énergétiques et agricoles :

-Quelles stratégies de résilience pour quelle vulnérabilité ?

-Quels sentier de développement transition-compatible ?

-Quelles opportunités pour le Continent ?


Le digest reprend et associe les perspectives de 4 invités exceptionnels reçus dans Take Off, au fil des trois saisons :

-Youba Sokona, climatologue (ex-GIEC)

-Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin

-Patrick Dupoux, senior partner du BCG

-Vera Songwe, economiste (ex-SG de l’UNECA)



Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    En

  • Speaker #1

    partenariat avec l'Institut Louis Bachelier et le FINDEV Lab.

  • Speaker #0

    Bonjour et bienvenue à toutes et à tous dans ce nouveau format Digest que nous sommes ravis de vous proposer. Il s'agit de s'arrêter un instant dans le flux des interviews pour synthétiser et dans l'esprit du podcast confronter les perspectives issues de différentes interviews avec différents intervenants sur un sujet donné. Et pour ce premier numéro, nous avons choisi un sujet qui est au cœur des problématiques de ce podcast, à savoir la réconciliation entre l'émergence économique dans le temps où nous sommes, c'est-à-dire au temps du changement climatique. et les impératifs qu'imposent ces transitions. Le tout appliqué à l'Afrique, qui est un des fils rouges de ce podcast. Quelle politique publique ? Quel secteur prioritaire pour le continent ? Ce sont là les questions que nous allons nous poser. Et je vous propose d'aborder ce sujet dans un triptyque. Dans un premier temps, les menaces issues de la vulnérabilité du continent quant au changement climatique. Dans un second temps, les contraintes qui invitent à repenser les stratégies de développement. Et dans un troisième temps, les opportunités qui ouvrent de nouvelles voies. Les menaces d'abord. On peut penser évidemment aux villes et à Lagos par exemple, aux risques d'inondations, aux événements climatiques extrêmes, également à la productivité du travail impactée par l'augmentation des températures. Selon la Banque africaine de développement, en 2022, les catastrophes liées au climat sont de plus en plus fréquentes et coûtent aux pays africains jusqu'à 15 milliards de dollars par an, cette somme qui pourrait atteindre 50 milliards de dollars à l'horizon 2030. Il y a un secteur qui est particulièrement touché et qui est central à la fois dans les économies africaines et dans la souveraineté des pays africains, c'est évidemment l'agriculture. Dans le premier sonore, issu de notre interview avec Patrick Dupoux, senior partner du BCG, qui a été enregistré dans le cadre de notre saison 3, ce dernier aborde le caractère prioritaire de cet enjeu.

  • Speaker #2

    Si vous regardez la problématique du changement climatique en Afrique, c'est essentiellement un sujet agricole. En 2016, quand il y a eu COP22 à Marrakech, nous avions alerté à l'époque la présidence et avec le gouvernement marocain, nous avions lancé une initiative qui s'appelait le AAA, l'adaptation de l'agriculture africaine, parce qu'en fait on leur disait, c'est bien gentil de parler d'énergie renouvelable, mais en Afrique, le vrai sujet du changement climatique, c'est l'agriculture. Parce que d'abord, l'essentiel des émissions viennent du secteur agricole, mais surtout... Parce que la principale conséquence du changement climatique, j'irais même dans le monde, c'est que vous allez avoir un certain nombre de pays... qui vont subir le réchauffement des plus faibles précipitations et dans lesquelles les rendements agricoles vont s'effondrer. Or, manque de chance, ces pays, c'est surtout les pays type pays du Sahel, ou en tout cas beaucoup sont en Afrique. Si on regarde à l'échelle de centaines de millions d'habitants, la principale conséquence, ça va être l'effondrement des rendements agricoles et puis la désertification de certaines zones. Et donc, il faut vraiment investir massivement pour aider. Ces pays ont géré l'augmentation inévitable des températures et la baisse des précipitations à un certain nombre de zones. Et travailler sur des systèmes d'irrigation, travailler sur des nouvelles semences qui sont plus résilientes aux changements climatiques, travailler sur de la fertilisation raisonnée, travailler sur peut-être même... sur même la productivité, parce qu'il faut aussi la productivité agricole pour alimenter l'ensemble du continent. Mais il est essentiel qu'on investisse massivement dans l'adaptation et notamment dans les systèmes alimentaires. Le meilleur dollar aujourd'hui mis dans le développement international, regardez les 17 SDG, c'est l'agriculture en Afrique. C'est le meilleur dollar, parce que là, vous marquez des points sur toutes les SDG qui sont rouges foncées, hunger. Poverty, carbone, et donc ce dont j'avais parlé sur la séquestration du carbone. Access to energy, gender equality, parce que c'est aussi souvent un problème, c'est l'agriculture, quand on investit en agriculture, c'est un moyen de réduire l'inégalité de genre. Peace, s'il y a un sujet sur lequel on doit investir massivement, mais massivement, mais le monde entier doit investir massivement, donc la seule chose dont on peut être sûr, c'est qu'il faut beaucoup plus d'investissement, parce qu'on investissait beaucoup plus. Dans l'agriculture, on a les 70 en relatif. Ensuite, on a sous-investi pendant 30 ou 40 ans.

  • Speaker #0

    Évidemment, on peut noter à cet égard le rôle des financements, notamment publics et concessionnels, car nulle part en Occident, pour des raisons intrinsèques à ce secteur, l'investissement agricole ne s'est fait uniquement sur des fonds privés. Et comme on le verra dans les différentes parties de ce digest, la question des financements est en creux dans chacune de ces entrées, même si précisément nous décidons d'aborder ces enjeux et les solutions possibles en dépit de la question des financements qui ne sont à ce jour pas au rendez-vous. À cet écart, un autre enjeu, est celui des infrastructures de marché qui sont une des solutions pour limiter les impacts sur l'agriculture, du changement climatique et rendre les économies africaines plus résilientes. Comme en parle Lionel Zinsou, ancien Premier ministre du Mésin, dans la saison 1 du podcast.

  • Speaker #1

    Nos économies sont bien plus intégrées déjà, et notamment sur l'alimentation. Néanmoins, elles ne le sont pas assez. Et si on le fait plus, on évitera ces situations qu'on avait dans l'Europe avant le XIXe siècle, qui étaient d'avoir côte à côte des provinces... en pléthore avec des prix qui s'effondrent, à côté de provinces de pénurie où il y avait des disettes et des famines. Et on a encore ça, parce qu'il y a encore trop de barrières, tarifaires ou non tarifaires, entre nos économies pour les produits alimentaires. La vraie question, c'est qu'il y a encore quelques barrières à faire sauter, et c'est un des enjeux de l'ASLECAF, parce que l'avantage d'avoir un système d'échange géographiquement beaucoup plus large, c'est que ça égalise. la situation. Aujourd'hui, vous pouvez très bien avoir une situation de disette au Niger et de pléthore au Bénin. Alors ça peut résulter de la violence des changements climatiques qui mettent une année le fleuve Niger en inondation catastrophique et l'année suivante en sécheresse. Donc effectivement, ce problème d'égalisation des prix dans une géographie plus grande est un facteur. de progrès, les progrès logistiques, progrès de paiement, et petit à petit, lever les barrières tarifaires et non tarifaires, parce qu'on vous arrête pour beaucoup d'autres raisons que les raisons de mettre des droits de douane, tout ça, ça va être un facteur de progrès considérable. Il y a deux façons de faire progresser l'agriculture, qui est le premier secteur productif, et l'un des premiers clients et fournisseurs de tous les autres secteurs, donc de services et de transformation industrielle, L'une des façons, c'est d'homogénéiser les prix et d'avoir des débouchés dans une géographie beaucoup plus large. Ça, c'est le mécanisme de la révolution agricole du XVIIIe. Et l'autre, c'est de réduire les pertes. Puisqu'aujourd'hui on perd un tiers de la production, d'après les estimations, végétale et animale dans l'agriculture africaine, faute de chaînes de froid, faute de capacité de stockage avec l'énergie associée.

  • Speaker #0

    Cette question du rendement intensif et des pertes en ligne est fondamentale, et à ce sujet Yuba Sokona, ancien vice-président du groupe 3 du GIEC en charge des énergies renouvelables, évoque une rupture paradigmatique dans la manière de penser l'espace en Afrique, dans le sonore qui suit.

  • Speaker #3

    Quand on regarde les systèmes de production dominants dans les pays du Sahel, c'est l'agriculture et l'élevage. Et ces systèmes de production dominants ne considéraient pas la finitude de l'espace. On augmente la production non pas en augmentant la productivité, mais en défléchant plus de terre. La la musique ou... L'impôt technologique est relativement limité, c'est-à-dire il y a moins de 6% des terres qui sont irriguées, donc c'est l'agriculture plus viable. Ensuite, c'est le contexte également où, en termes d'engrais, on utilise moins de 7 kg d'engrais par hectare. Et on se trouve également en basse latitude, c'est-à-dire des terres qui sont fragiles. qui font que comme il n'y avait pas cette notion de finitude de l'espace, avec l'accroissement de la population, avec l'urbanisation, avec la dégradation des ressources naturelles, ces populations ont été confrontées à la finitude de l'espace. C'est-à-dire que l'espace est devenu une contrainte qui a créé une certaine tension entre des communautés qui vivaient en harmonie, notamment les agriculteurs et les éleveurs. En même temps, ça a constitué également une tension. au sein même des communautés d'agriculteurs, dans la mesure où les terres cultivables, accessibles, sont devenues de plus en plus restreintes. Donc, il crée, et les systèmes de production n'ont pas tellement évolué, l'approche, les techniques, les méthodes et les moyens. Globalement, d'après la fin du 19e siècle, on est à l'ère du numérique. Donc on peut aujourd'hui totalement diminuer les superficies agricoles et augmenter la productivité par X. Si on change totalement la manière de faire les choses. Il ne s'agit pas du tout de s'orienter vers une agriculture comme dans le contexte européen, mais une agriculture raisonnée où il y a un input technologique relativement important. Là-dessus, la notion de... Transition écologique a un sens.

  • Speaker #0

    Par-delà la question des vulnérabilités agricoles et de la résilience, le changement climatique invite également à repenser les politiques publiques de développement en vue d'un développement durable, concept qui prend tout son sens dans le cas des pays en développement. Sous une double contrainte, celle du phase-away des fossiles, source de financement à l'export sur lequel on reviendra, et sous la deuxième contrainte du contrôle des émissions domestiques, conformément au cadrage offert par les accords de Paris. La responsabilité historique, on le sait, de l'Afrique dans les émissions est très faible, et encore aujourd'hui l'Afrique ne représente que 4% des émissions. Mais cela pourrait être amené à croître sans ajustement du modèle de croissance en termes d'infrastructures, d'énergie et de secteurs prioritaires. Au sujet des transitions à réaliser en la matière, en contrepoint du discours ambiant, Yuba Sokona formule une note d'espoir. Loin des enjeux de la transition au nord, l'Afrique est le continent le plus plastique en termes de stratégie de développement, ayant le plus faible stock d'infrastructures existants. On l'écoute.

  • Speaker #3

    Parce que c'est les pays qui sont en construction. C'est-à-dire que le stock d'infrastructures à construire est beaucoup plus important que l'existant. Il ne s'agit pas de sortir d'un système existant pour orienter vers un autre ce qui est une réalité dans le contexte des pays qui ont déjà mis en place leur infrastructure de base. Ici, il s'agit de construire quelque chose, on a le choix. Les options possibles sont très larges. Donc on parle beaucoup plus, on doit beaucoup plus parler dans ce contexte-ci. Malheureusement, je suis obligé d'utiliser une terminologie anglo-saxonne, le jump-starting. Imaginez aujourd'hui, si on n'avait pas les téléphones cellulaires et qu'on ait le système classique de téléphone à ligne, il n'y aurait pas 20% d'Africains qui aient accès au téléphone. De la même manière, on peut faire de la même manière s'il suffit tout simplement d'y penser dans le domaine de l'énergie et surtout dans le domaine de l'électricité.

  • Speaker #0

    Dans la trajectoire de développement, la question de l'électrification joue un rôle majeur et là encore les besoins sont importants et nécessiteront des mécanismes de soutien aux investissements et de fléchage vers les instruments ESG, notamment de dette souveraine. C'est sur cet enjeu qu'est décidé de revenir Lionel Zinsou dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    A aujourd'hui, la raison pour laquelle le continent a des émissions de gaz à effet de serre très basses... c'est parce que la moitié des entreprises et souvent plus de la moitié des populations n'ont pas accès à l'électricité. Un pays comme le Tchad, vous avez quand même 88% de la population qui n'a pas accès à l'électricité. Dans mon pays qui est un peu plus avancé, il y a quand même probablement encore aujourd'hui 40% de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Et là, je raisonne en pourcentage. Il faut raisonner en nombre de gens privés de l'électricité. Au moment de l'indépendance en 1960, vous aviez 90%. Aujourd'hui, dans un pays comme le mien, vous avez 60% qui ont accès, 40% qui n'ont pas accès. Le problème, c'est que 10% de notre population, qui était un peu plus de 2 millions à l'indépendance, il y avait 200 000 privilégiés et 1,8 million. exclue de l'électricité. Aujourd'hui, 40% de notre population, on est plutôt à 5 millions de gens qui n'ont pas accès à l'électricité. Donc ce qui est extraordinaire, c'est que, évidemment en pourcentage on fait des progrès, mais en valeur absolue, en nombre de vrais gens. Aujourd'hui, vous avez infiniment plus de gens qui n'ont pas accès, qui sont privés d'électricité. On va être obligé, parce que la population va doubler en 25 ans, et par ailleurs son revenu par tête en 25 ans va probablement tripler. Et trois fois plus de richesses par tête, on sera encore très loin des 35 000 euros d'un Français moyen. On sera simplement, quelque part, autour de 8 ou 9 000 euros. Donc c'est un rattrapage très lent. Et ça sera encore pas mal de gens sous le seuil de pauvreté. Mais néanmoins, ce sera une autre Afrique, parce qu'elle sera double en nombre d'habitants et probablement quelque chose comme... quadruple ou plus en termes de poids dans l'économie mondiale et de PIB. Donc si vous voulez, on ne peut pas le faire, c'est un rêve de penser qu'on devient quelque chose de cinq fois plus important d'un point de vue de la production, des valeurs ajoutées dans l'économie, et que le contenu en énergie ne va pas changer. En revanche, l'Afrique est la seule qui peut, dans le mix, avoir infiniment plus de renouvelables.

  • Speaker #0

    A ces sujets s'ajoute la question de l'électrification, de l'énergie domestique, qui est un enjeu de santé publique et également de genre, puisqu'il concerne disproportionnellement les femmes, et celle des inégalités. Face à cela, l'Afrique dispose de ressources fossiles abondantes qui pourraient offrir, en plus de ressources financières à l'export, une source d'énergie locale. Yubas Okona évoque ce dilemme. Mais il faut également les raisons de ne pas céder à cette tentation. On écoute.

  • Speaker #3

    Il y a une transition essentielle dans le contexte de la plupart des pays africains, en l'occurrence les pays du Sahel. C'est la transition de l'énergie domestique. C'est-à-dire que c'est le seul endroit au monde où il y a une augmentation d'année en année. la consommation de bois et de charbon de bois pour faire la cuisine, qui a un impact assez important sur la santé, qui dégage des polluants climatiques de courte durée, donc un impact immédiat sur la santé. Chaque accès à l'électricité démultiplie la réduction des inégalités. En même temps, Certains pays du continent vivent un dilemme énergétique. L'Afrique est la seule région au monde où, d'année en année, on découvre des énergies fossiles. Comme le Sénégal, comme la Tanzanie, comme la Mauritanie, comme le Mozambique, comme le Congo, j'en passe. C'est-à-dire qu'ils découvrent et sont donc confrontés à un dilemme. C'est-à-dire investir sur le renouvelable, investir sur le fossile. Et vous n'êtes pas sans savoir également que quand il y a eu, jusqu'à quand ça a commencé le problème de l'Ukraine et de la Russie, beaucoup de divisions européennes sont venues en Afrique, et pour deux choses, le gaz naturel et l'hydrogène vert. Mais tout ceci c'est pour exporter vers l'Europe, ce n'est pas pour développer l'Afrique. Vous prenez un pays comme le Botswana, on veut produire de l'hydrogène vert, le Botswana connaît un déficit de production d'électricité, et l'hydrogène vert ce n'est pas pour produire de l'électricité, c'est pour le Botswana. Et le Sénégal, la Mauritanie, c'est pour exporter le gaz. Il se trouve que... Si un pays comme le Sénégal veut utiliser le gaz naturel pour les besoins de développement du Sénégal, ça prend du temps. Ça demande des investissements de l'ordre de 20 à 30 ans, au-delà de la production d'électricité ou de l'exploitation, si on veut l'utiliser. Ça demande 8 ans. En même temps, on voit que le monde évolue vers l'électrification et l'économie. C'est-à-dire dans les 10 à 15 ans à venir. C'est-à-dire que l'économie sera électrifiée en commençant par le secteur du transport. C'est comme on dit aujourd'hui à quelqu'un d'investir sur le développement des réseaux de téléphone classiques. Même si c'est pour l'exportation, ce qui va motiver les investissements à faire, c'est beaucoup plus pour l'exportation. Mais l'exportation, c'est un problème conjoncturel. Or, le problème énergétique des pays africains, c'est un problème structurel. C'est on ne peut pas. se saisir du conjoncturel pour résoudre un problème structurel. Donc, ils risquent de faire face à quelque temps à ce qu'on appelle des actifs dévalués, les standard assets. Je vous disais, le problème du gaz, c'est qu'il ne faut pas s'orienter vers cela parce que dans 5-10 ans, c'est un problème purement conjoncturel des pays européens. C'est-à-dire qu'ils vont de manière conjoncturelle, l'Europe s'intéresse à ça, mais dans les 10-15 années, ils ne s'intéresseront plus à ça. Quand on va investir, qu'est-ce qui va advenir dans quelques années ?

  • Speaker #0

    Notons à titre d'ordre de grandeur que les gisements découverts en Afrique qui pourraient être mis en production de gaz naturel correspondraient à l'usage à 10 gigatonnes de CO2 jusqu'à extinction, ce qui est substantiel dans la lutte contre le changement climatique mais qui représente pour comparaison 9 mois d'émissions chinoises. Il en est évidemment autrement du pétrole et dans les deux cas à l'exploration continue. Patrick Dupour revient sur cette question évoquant également la nécessité d'une compensation du non-recours comme l'un des leviers de la justice climatique tant attendue et de l'accroissement des flux financiers nord-sud.

  • Speaker #2

    Alors c'est effectivement une privation et une injustice, à bien des égards. C'est-à-dire qu'on ne peut pas dire, écoutez, nous pendant 70 ans, on a exploité généreusement vos énergies fossiles et les nôtres. Bon ben maintenant, on arrête tout. Et donc, vous au Sénégal, au Ghana, en Côte d'Ivoire, en Mauritanie, en Tanzanie, en Ouganda, qui avaient des réserves pour l'instant inexploitées, qui peuvent générer évidemment un développement économique, en fait non, vous arrêtez, on arrête tout. Bon, ça c'est vécu comme une injustice. Est-ce que... Alors quelle est la position ? C'est vraiment pas facile d'avoir une position sur le sujet, parce qu'en fait, vous êtes... Vous avez un risque de conflit entre deux SDGs, entre le développement économique, pauvreté et tout ce qui va avec, et puis le fait qu'il faut clairement, pour tenir les engagements qu'on ne tiendra pas, mais enfin pour les laisser en éloigné le moins possible, réduire le plus possible, voire éviter d'aller exploiter de nouvelles ressources fossiles. Donc il y a une ligne de crête qui est, d'abord, dans ces cas-là il faut être pragmatique, il ne faut surtout pas être... Dogmatique dans un sens comme dans l'autre. C'est-à-dire que la position de l'environnementaliste européen de se dire la seule chose qui compte, c'est plus aucune énergie fossile, est en fait terriblement mal vécue par les Africains, y compris les environnementalistes. Donc il y a vraiment un sentiment d'injustice. Et donc il ne faut pas être dogmatique dans ce sens-là, mais il faut aussi comprendre que... Donner juste un chèque en blanc en disant Vous pouvez y aller franco, en Ouganda ou ailleurs il faut regarder aussi, parce que d'abord, l'expérience a montré que le développement des énergies fossiles n'avait pas non plus été accompagné d'un développement économique durable, partagé dans beaucoup de pays, et qu'aujourd'hui, la plupart des pays qui souffrent le plus en Afrique sont souvent des pays qui étaient riches en ressources naturelles. Donc, qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ? C'est du cas par cas. Il faut probablement qu'au niveau mondial, on se dise, ça on peut le faire, parce que l'impact environnemental est moins important. Parce qu'on a des trajectoires où on sait de combien on a besoin et de combien on n'a pas besoin. Et puis parce que ça peut avoir un impact positif sur le développement économique d'un pays. Et puis cela, il ne faut pas le faire. Et dans ces cas-là, il faut trouver un mécanisme de compensation pour les pays. Par-delà l'énergie,

  • Speaker #0

    la nouvelle trajectoire de développement en Afrique passera aussi par le commerce dans le contexte de l'unification de la zone de libre-échange africaine. Et l'engagement pour le commerce est également l'une des convictions fortes de ce podcast. Alors que les contours de la mondialisation se redessinent, il s'agit de tendre vers un modèle qui concilie le respect des souverainetés, y compris industrielles au nord, et un partage équilibré de la valeur ajoutée. Notons à cet égard que la préoccupation environnementale est de plus en plus agitée comme faunée du protectionnisme, de manière souvent fallacieuse au sein des opinions publiques du nord, puisque l'input des industries relocalisées demeure des matières premières du sud transportées vers l'occident dans des modes de transport tout aussi carbonés que les exportations industrielles. C'est cette répartition historique inégale. C'est la condamnation de cette répartition inégale de la valeur ajoutée, extraction au sud, transformation au nord, qu'il s'agit de réactualiser et de rappeler dans un contexte où les nouvelles réflexions sur la mondialisation semblent l'estomper. Notons ainsi que sans ajustement particulier pour les pays en voie de développement, qui auraient lieu dans l'esprit des accords de l'OME, le mécanisme européen d'ajustement aux frontières qui est envisagé pourrait coûter jusqu'à 25 milliards de dollars par an à l'Afrique, selon le président de la Banque africaine de développement dans son discours à la COP28. Ça renforcerait évidemment les inégalités, diminuant les incitations à investir sur le continent, alors même que l'on professe, à longueur de journée de sommet, l'importance de les renforcer. Vera Songwe, ancienne secrétaire générale de l'UNECA, la Commission économique pour l'Afrique, et économiste, parle du rôle du commerce dans la séquence qui suit, issue de notre saison 2.

  • Speaker #4

    L'Afrique ajoute plus de valeur. Nous faisons en fait des produits de fabrication. Et donc, nous augmentons la technologie, nous apportons plus de connaissances et nous créons plus de emplois. Lorsque l'Afrique trade avec les États-Unis, l'Afrique crée le plus grand valeur. Et donc, essentiellement, c'est ce que l'AFCFTA essaie de faire. Si nous pouvons d'abord construire le trade, le trade intra-Afrique, créer ces chaînes de consommation dans le continent, et puis exporter. Parce que nous avons ajouté de la valeur, alors, en général, les bénéfices africains sont encore plus grands. Bien sûr, encore une fois, cela a été fait il y a trois ans. Maintenant, nous sommes en train de faire des affaires en France et en Afrique et tous les types de choses dans le cadre de la traite. Mais nous espérons que, d'un point de vue purement économique, la traite est toujours, après l'éducation, la meilleure façon de sortir de la pauvreté. Et donc, essentiellement, je pense que ce que l'Afrique dit, inéquivocablement, c'est que nous croyons toujours en l'échange. Nous croyons toujours dans un système de traite mondial. Et nous aimerions que ce système fonctionne à notre avantage. C'est ce que Ngozi, au WTO, fait. Mais nous avons quelques impediments. Les nouveaux contrôles au Ouest pour les biens africains sont des choses comme les conditions phytosanitaires. Maintenant, nous avons ce commun, ajusté Le mécanisme climatique pour les émissions et ce genre de choses, qui peut ou peut-être ne se sont pas devenus. Non tarif barriers in the long term. These are the things I think we need to talk about. Comment faire de la Zécaf,

  • Speaker #0

    la zone de libre-échange africaine, une zone de libre-échange verte ? Look,

  • Speaker #4

    we demonstrated in the paper with Jean-Paul Andam, who works at the ECA as well, and used to be the Minister of Finance of Seychelles, and one of the countries that did the first blue bond debt for climate swap. La valeur additionnelle était beaucoup plus élevée. Et comment ça se passe ? Par exemple, le tourisme vert, l'écotourisme, en Afrique du Sud, avec le vaste espace naturel qu'ils ont, est une source d'amélioration du tourisme, dont l'Afrique du Sud n'est pas assez. La deuxième chose que nous avons pu montrer, c'est que, comme nous le savons tous aujourd'hui, La Sud-Afrique est une économie basée sur l'électricité, mais elle a aussi beaucoup de problèmes dans son secteur électrique. Et une transition à une énergie plus sustainable, plus verte, va en fait offrir plus de stabilité sur le gré, plus de certainité sur les prix, et accroître plus d'investissements en secteur privé, ce qui permettra à la Sud-Afrique de grandir plus vite. Et donc, là-bas, vous obtenez un double bénéfice. C'est un autre pays dont nous avons regardé la DRC. Aujourd'hui, l'accès à l'électricité dans le DRC est de 16%. Si nous utilisions... Je suis fan de l'INGA et je pense qu'on devrait faire l'INGA. Mais, moins faire l'INGA, il y a assez de petits et de médiums. Les rues d'eau que l'on pourrait en fait électrifier et offrir de l'électricité aux communautés rurales dans le DRC, ce qui leur permettrait, alors, ils sont le sac de pain de l'Afrique centrale, à un certain niveau, vous pourriez alors commencer à irriguer, vous pourriez changer les saisons de fermement, vous pourriez faire deux saisons de fermement, et juste cela seul, nous avons montré, va augmenter la productivité agricole à presque 120%. 20%.

  • Speaker #0

    Les opportunités enfin. Captation carbone, 53 millions de tonnes de crédit ont ainsi été émis en 2022 en Afrique selon la Rockefeller Foundation pour un potentiel de 2 milliards de tonnes à horizon 2023. On voit là que le chemin est long. Mais aussi matière première de la transition, singulièrement on peut penser à la République démocratique du Congo, avantage comparatif d'une énergie verte et abondante. La préoccupation climatique ouvre ainsi de nouvelles voies pour valoriser le potentiel du continent. Et c'est encore Lionel Zinsou qui en parle le mieux dans la séquence qui suit.

  • Speaker #1

    L'Afrique est probablement une des solutions importantes pour faire évoluer le monde vers une certaine neutralité carbone et assez vite. Longtemps, l'Afrique était très très peu sous les écrans radars, ça n'intéressait pas beaucoup les investisseurs, et en réalité quand vous regardez qui aujourd'hui absorbe les masses de finances climat disponibles dans l'épargne du monde, vous apercevrez que c'est l'Asie, l'Océanie, l'Europe, les forêts scandinaves, les forêts françaises, l'Amérique du Nord.

  • Speaker #0

    A group like AXA now has a very important forest portfolio for carbon certificates, with economic models that make it more or less profitable. And what are the main locations? Oceania, Europe and Texas. And then, of course, Latin America. But, in the end, Africa wasn't really under the radar. This is a new phenomenon. We listen to Africa, we look at Africa, and we realize that it's the carbon well around the equatorial forest, around the basins of the great rivers. It's probably the continent of solutions. It's the continent that has space. We don't have constraints for the solar system. We have conditions of solar radiation in a part of the continent that are favorable to the solar system. We don't use 97% of the estimates of the hydraulic potential. Morocco has proven that Moroccan wind farms are, with the great Moroccan solar farms, the cheapest sources of electricity in the world. And this is replicable. So we are beginning to have, as you suggest, the idea that Africa has a whole set of solutions that the others do not have to the same degree. You also have... a transformation of the look of the Gulf countries. who are the most aware of the fact that they will compensate a part of their emissions, which are record, for Africa. I remind you that, apart from being a coal mine, the continent is also the producer of essential raw materials to succeed in the energy transition in the industrial domain. For example, lithium. There is lithium everywhere. We can see that we have important resources in Benin. They were mapped, they are not exploited, but you have them everywhere. Nickel, rare earths. So, Africa being the master of all rarities and the price of these rarities, cobalt, coltan, etc. But you also said something which is that we have, roughly speaking, a portfolio of quite exceptional resources. We have absolutely everything except one thing that paralyzes everything else, we do not have the capital. There are only the financials who continue to believe that it is a marginal continent, but we will one day bring them to reason.

  • Speaker #1

    Despite the unresolved question of financing, we have tried, during this digest, to sketch the paths of public policy and priorities for the continent in terms of resilience, adaptation and opportunity, and the value of these comparative advantages. But for this, we still need a fair price for carbon and global market infrastructure which, in the absence of increasing the volume of concessionary financing, aid to development, multilateral financing or trade exchanges, will at least make Africa its fair share of the market. from its contribution to the ecological transition and carbon capture. So it will be Vera Songwe who will have the final word on this subject.

  • Speaker #2

    So every year we take in all the carbon dioxide that the United States, France, Germany, and I think Japan put into the air. So just imagine that we didn't exist. We would all be dead by now. So in some sense we have been doing our bit. Unfortunately, we have not been rewarded for doing our bit. And this is where my battle starts. We talk a lot about the just transition in gas, but there is also a just transition question around carbon. Because. We have almost relegated the need to set a transparent market-based verifiable carbon price to the bottom of the pyramid. We talk a lot about, and it is important to talk about it, loss and damage and all that. But we cannot deal with loss and damage if we don't put a price to carbon, right? Because if we were able to put a price to carbon, today we have all the oil companies that are making 50% on their additional profits because of the war, because of the demand, of course. Oil prices have since dropped. They are all willing to offset their carbon. But we don't have a market. So in a world that is capitalist, in a world that has spent its time designing market systems, Why is it so difficult for us to design a carbon market system? I submit that it's because the developing world is going to benefit the most. And so we're thinking, well, let's delay a little bit so that the cost of the same DNA of carbon in Kenya is $5 and in Norway is $75. That is not a just transition. I am an er... The Carbon Integrity Council, and my push is, you know, we are in this sort of strange world where everybody is afraid of greenwashing. And, you know, one or two greenwashing projects and we can save the Amazon. We can save the peatlands of the Congo. We can create revenue for Central Africa. We can create revenue all the way to Liberia and Syrinia. I think it's a price worth paying. I co-chaired the climate panel with Lord Stern, and we say that we need $2.4 trillion between now and 2030 to fight the climate battle, of which $1.4 trillion will be domestic resource mobilization. This is all developing countries minus China. Where are we going to get those domestic resources? We just talked about all the crises, we talked about the fact that we don't even want to do the NTBs and customs because we're looking for resources. We need to put a price on carbon yesterday so that countries can begin to benefit, but also so that we can continue to protect the climate. Because it's not just about the past. We saw what happened in Brazil. If we don't put a price on carbon that is higher than the cost of cutting down the trees, people will cut down the trees because it's their livelihoods. And the more we have incentives, the slower we get to 1.5. And hopefully we can, you know, reduce at least the climate crisis.

  • Speaker #1

    Thank you all for following us in this new format and I give you a very quick appointment for the resumption of our normal interviews, if I dare to say, which will take place in two weeks in the company of Thierry Déo, president and founder of the Meridiam investment fund, very present in emerging geographies, especially in Africa, which will allow us to dig into the topics discussed today with him.

Chapters

  • Introduction

    00:00

  • La menace - vulnérabilités

    01:21

  • La contrainte - Nouveau sentier de développement

    10:28

  • Les opportunités - Capter, régénérer, verdir

    28:04

Share

Embed

You may also like