Speaker #0Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Ravie de vous retrouver pour un nouvel épisode de TCA etc. Aujourd'hui j'avais envie de vous parler d'alimentation intuitive, de... principe d'alimentation intuitive en tout cas, puisque petit rappel, même si j'ai l'impression de l'avoir dit plein de fois dans ce podcast, je ne suis pas formée spécifiquement à l'alimentation intuitive, mais moi à l'approche biopsycho-sensorielle, qui est l'approche qu'on nous dispense plutôt en France, là où l'alimentation intuitive est une approche américaine. A l'heure d'aujourd'hui, on ne peut toujours se former qu'en anglais, voilà pourquoi je n'ai jamais été formée à cette Ausha. Bref, j'arrête de vous raconter ma vie et on rentre dans le sujet. L'idée aujourd'hui, ce n'est pas que je vous parle de c'est quoi l'alimentation intuitive, comment la mettre en place, parce que j'ai l'impression qu'il y a pas mal d'épisodes sur le sujet. Ceci dit, petite parenthèse, n'hésitez pas, si vous avez envie que je vous fasse un épisode un peu détaillé sur l'alimentation intuitive, je pourrais très bien le faire, ou même aussi avec une invitée, n'hésitez pas à me le dire. N'hésitez pas d'ailleurs à m'écrire sur l'adresse mail du podcast pour me proposer vos témoignages, mais aussi pour me proposer vos sujets. vos idées d'invités aussi pour traiter certains sujets. Vous pouvez aussi venir vers moi sur Insta pour me proposer des sujets que vous aimeriez voir abordés sur ce podcast. Aujourd'hui, j'ai plutôt envie d'aller explorer le pourquoi ça ne marche pas l'alimentation intuitive. Pourquoi certaines personnes viennent vers moi ou s'expriment sur les réseaux en disant que l'alimentation intuitive, ça n'a pas marché pour elles. et qu'elles le vivent donc comme un échec et avec l'idée que c'était juste encore une technique de plus qui ne fonctionne pas. Très souvent, chez ces personnes-là, c'est des personnes aussi qui vont se plaindre d'une grande prise de poids, entre 15-20 kilos, voire plus, sur ce parcours d'essai d'alimentation intuitive. J'avais envie qu'on y réfléchisse ensemble aujourd'hui, j'avais envie de vous parler de 4 erreurs principales. qui, à mon sens, font que l'alimentation intuitive ne fonctionne pas. En fait, si je voulais être complètement honnête dans ma façon de dire les choses, j'irais quatre erreurs qui font que l'alimentation intuitive ne peut pas se mettre en place. Et puis, je voudrais faire un petit rappel. C'est que l'alimentation intuitive, c'est pas un régime à la mode, c'est pas une solution miracle. C'est un chemin thérapeutique. C'est pas un truc qu'on décide d'appliquer du jour au lendemain en disant « Tiens, comme on dirait, tiens, je vais faire Weight Watcher ou je sais quel autre régime, tiens, aujourd'hui, je vais faire l'alimentation intuitive. » Non, en fait, c'est une thérapie, vraiment. Donc, je sais pas, par exemple, moi, je suis formée au TCC, aux thérapies cognitivo-comportementales, eh bien, vous n'allez pas décider du jour au lendemain de vous mettre à faire de la TCC toute seule dans votre coin. Bon, bah, c'est un peu pareil. À la différence près que... L'alimentation intuitive, via les livres, via tout un tas de choses, effectivement même des vidéos, des contenus comme les miens, vous pouvez essayer de mettre des choses en place seules, évidemment. Bon, en même temps, les TCC, c'est en train de plus se répandre et je pense qu'il y a aussi plein de super bouquins qui vulgarisent ça et qui permettent de faire une forme d'autothérapie, pourquoi pas. En tout cas, je veux vraiment commencer par ça, par vous permettre de faire la différence entre... Tous ces régimes que vous avez essayés et l'alimentation intuitive, je reviens encore dessus, je le re-répète, c'est une thérapie, c'est pas une nouvelle façon de manger qu'on pourrait appliquer du jour au lendemain. C'est un préambule qui me semble important. Ok, donc c'est parti, les 4 erreurs qui à mon sens sont les plus fréquentes et qui font que ça ne fonctionne pas, peut-être que toi qui m'écoutes ça n'a pas fonctionné pour toi. Je fais juste un petit disclaimer par rapport à la prise de poids. Je donnais l'exemple de personnes qui ont pris 20 kilos. Ce n'est pas nécessairement un échec de prendre du poids. Je comprends que vous puissiez le vivre comme un échec bien évidemment. Mais il y a aussi d'ailleurs plein de cas où il faut les prendre ces 20 kilos. Il faut aussi pour sa santé physique et mentale. Il y a des personnes qui vont dire « ouais mais j'ai pris 20 kilos » , bah oui mais t'étais tellement en sous-poids que c'était nécessaire. Moi entre mon époque d'anorexie et aujourd'hui, il y a 20 kilos d'écart en fait, donc c'est normal en fait. Et puis même quand on n'est pas nécessairement en sous-poids, eh bien ça peut faire partie du chemin de guérison, mais pas juste comme un dommage collatéral, j'insiste, comme une expérience à vivre, à vivre à l'intérieur de soi, d'aller... expérimenter aussi ce que ça nous fait de prendre du poids, de vivre dans ce corps-là, et de continuer d'avancer et de travailler là-dessus en prenant du poids, vraiment. Je ne suis pas en train de vous dire que c'est obligatoire, je suis en train de vous dire que ça peut vraiment faire partie du chemin, et pas juste comme quelque chose qui arrive en plus et, ah merde, bon, c'était le prix à payer pour la guérison. Non, non, il y a vraiment quelque chose aussi de thérapeutique, d'aller se confronter à cette peur de grossir. et de laisser son corps prendre du poids. Bon, j'arrête toutes mes parenthèses, là je me lance dans le vif du sujet. Le premier point qui fait à mon avis que beaucoup d'essais d'alimentation intuitive échouent, c'est qu'on le prend comme, effectivement je disais tout à l'heure, un peu un nouveau régime, et donc on le vit comme l'idée que ça va se terminer, ça va s'arrêter. Je crois que vous êtes relativement nombreuses à avoir voulu essayer l'alimentation intuitive comme une nouvelle technique, pourquoi pas. Et d'ailleurs, pourquoi pas, moi je me souviens d'une personne que j'ai accompagnée, si tu m'écoutes tu te reconnaîtras, qui au début est tombée sur l'alimentation intuitive et qui s'est dit « Ah super, le nouveau régime qui va me sauver, qui va m'aider » et qui donc est un peu tombée dans l'alimentation intuitive par erreur. Et grand bien lui fasse, tant mieux pour elle, puisque aujourd'hui, ça lui a permis de guérir de la boulimie vomitive et d'aller beaucoup mieux. Et voilà, bon, elle avait fini par venir vers moi pour travailler avec moi sur ce sujet parce que seule, c'était compliqué. Mais en tout cas, elle avait déjà fait de grands pas toute seule. Et à la base, elle s'était tournée vers l'alimentation intuitive, pas pour les « bonnes raisons » . Mais en tout cas, dans cette idée de vous l'essayer en vous disant que ça va se terminer, c'est un peu le « ok, bon bah » . J'essaie ce truc-là. Je vois bien que dans ce truc-là, il faut que j'écoute mes sensations, il faut que j'arrête de me priver, il faut que je réintègre tout type d'aliments. Mais en fait, c'est comme si, dans un coin de votre tête, il y avait l'idée que la vraie vie, la vraie façon de se nourrir, telle que vous l'avez apprise depuis tant d'années, allait finir par revenir. Vous voyez ce truc de, de toute façon, il faut bien se priver, il faut bien faire attention. Et donc, à un moment donné, ça va revenir. Comme si, de toute façon, c'était ça la façon de manger, et que oui, vous avez l'espoir qu'il existe d'autres choses, vous essayez d'autres choses, mais après avoir vu votre mère, votre grand-mère, vos tantes, vos collègues de boulot, tout le monde, toujours en train de se priver, en train de faire attention, ben finalement, il y avait l'idée que, bon, ok, vous essayez ce truc-là, mais tôt ou tard, il faudra revenir à de la restriction. Et ben, en fait, ça fait toute la différence. Et ça fait qu'il y a quelque chose qui ne peut pas s'installer durablement. Pour illustrer ça, je vais vous donner un exemple que j'observe relativement souvent, qui est la grossesse. Il y a pas mal de femmes qui sont en restriction, enfin devrais-je dire quasiment toutes les femmes sont en restriction alimentaire dans leur vie, dans le contrôle de leur poids et de leur corps. Et arrivé au moment de la grossesse, il y a un truc qui se relâche un peu de « ah ça y est, là j'ai le droit » . Pas pour toutes, mais pour un certain nombre de femmes. « Ok, là c'est bon, j'ai le droit » . Qu'est-ce qui se passe ? Chez ces femmes-là, souvent, on va avoir de grandes, grandes prises de poids pendant la grossesse. 20, 25, 30 kilos. Pourquoi ? Parce qu'il y a une sorte d'autorisation à manger tous les aliments qu'elles s'interdisent d'habitude parce que là, elles ont droit. Mais avec en tête l'idée que ça va se terminer. Ok, j'ai le droit, mais c'est temporaire. Dès que j'aurai accouché, il faudra que j'arrête. Et d'ailleurs, avec un stress certain, de, en plus de ça, je prends du poids, j'aurai pris du poids, et ça va être... hyper dure, il va falloir que je me restreigne fort fort fort à la fin de la grossesse. Oh là là mon dieu ça va être terrible, il faut vraiment que j'en profite maintenant. Et donc en restant là-dedans, dans l'idée que finalement c'est temporaire, eh bien on est dans une surconsommation. Il y a quelque chose qui ne peut pas se poser, se calmer. La régulation ne peut pas se mettre en place et faire son job. Si je te donne une boîte de chocolat en disant ok, là je te donne ces chocolats, vas-y t'as le droit, tu peux en manger autant que tu veux. Mais un jour ou l'autre, ça disparaîtra. Un jour, t'auras plus le droit de manger des chocolats. Je sais pas quand, je ne te dis pas quand, mais à un moment donné, tu sais que ça va redisparaître. Est-ce que tu vas pouvoir être complètement sereine avec cette boîte de chocolat, avec l'idée que finalement... Non, ça ne sera pas toujours disponible, il va falloir se restreindre ou ça va disparaître. Non, ça crée une urgence à consommer. C'est exactement ça. Et se lancer dans l'alimentation intuitive, dans l'idée qu'un jour ou l'autre, il faudra retourner vers des restrictions, ça peut bloquer le processus de régulation. On est vraiment là dans la peur du manque et l'effet rareté. Ce sont des choses dont je parle quand même assez souvent sur le podcast. Pour illustrer les fers hartés, je prends souvent l'exemple de Noël, ça tombe bien, ça approche. Noël, on a tous une tendance à surconsommer. Et ça s'explique de plein de manières différentes. Ça s'explique par le fait qu'on se retrouve en famille, et que ça peut être quelque chose de très agréable, qui fait qu'on est content de retrouver les gens, on est plongé dans les discussions, dans la relation à l'autre, et du coup on est moins à l'écoute de nos sensations. Mais ça peut être aussi hyper stressant d'être dans la relation à ces autres qui font partie de notre famille, et donc on est aussi moins dans l'écoute de nos sensations. Mais il y a aussi le fait que sur ces périodes-là, on va manger des aliments qu'on ne mange pas au quotidien. Il y a des aliments qu'on va mettre à table, en tout cas dans certaines familles, qui sont des aliments relativement rares, qui ne font pas partie de notre quotidien tout le reste de l'année. Il y a plein de super bons plats, c'est des repas à rallonge et malgré le fait qu'on est déjà assez mangé, ah c'est rageant, on a envie de tout goûter, on a envie de manger ces trucs qu'on ne mange pas le reste de l'année. Ça explique que même un mangeur complètement régulé et intuitif va surconsommer potentiellement à cette période de l'année. Si en plus tu as un trouble alimentaire, que ça t'a stressé depuis des mois, que potentiellement tu t'es restreinte plus plus plus avant les fêtes de Noël, pour essayer de compenser en avance de perdre du poids en prévision de ta future prise de poids, là ça va t'exploser à la figure en fait, parce que tu réactives de ouf les fers hartés, t'as la dalle, t'es frustré, ça risque vraiment d'exploser. Mais pour revenir à mon exemple, sur le fait que tu agis dans l'alimentation intuitive comme si elle allait se terminer, en fait tu ne permets pas à la peur du manque de se calmer, parce que ces aliments-là, le temps de ton test... Ok, ils sont là, mais tu sais qu'ils vont redisparaître. Et donc tu réactives cette peur du manque et l'effet rareté de ces aliments que tu as rendus hautement désirables, en fait, par le biais de la privation. Le deuxième point qui fait que l'alimentation intuitive peut échouer, c'est le fait de suivre ça comme un régime. Qu'est-ce que je veux dire par là ? Eh bien, d'en faire des espèces de principes rigides. Les régimes sont particulièrement infantilisants. Les régimes nous prennent pour... Des enfants, des petites filles à qui il faudrait dire comment manger, à quel moment, quelle quantité, quel type d'aliments, et les aliments à éviter, etc. Donc il y a quelque chose de très rigide dans les régimes, mais qui peut finalement devenir aussi très rassurant. Pour pas mal de personnes, ça peut devenir compliqué de se nourrir sans régime, aussi parce qu'on ne sait plus comment faire. En plus, parce que les régimes se contredisent les uns les autres, donc ça fout un sacré bazar. Mais il y a vraiment ce côté, moi je ne sais pas comment faire, comme si, enfin voilà, à force d'être infantilisé, ça me fait penser à une relation toxique aussi, où on pourrait se retrouver rabaissé, infantilisé, mais on finit du coup par y croire, au fait qu'on n'est pas capable toute seule. Et du coup, on a besoin de cette personne ou là, cette façon de faire toxique finalement, pour continuer d'avancer, on finit par en être persuadé. Et du coup... quand on a beaucoup évolué dans la culture des régimes et qu'on se retrouve face à l'alimentation intuitive, on a envie, en fait, j'allais dire, est-ce que c'est vraiment de l'envie ? On ne sait pas trop agir différemment. Ce n'est pas tant qu'on a envie de le suivre comme un truc rigide, c'est que c'est comme ça qu'on fonctionne, en fait. C'est comme ça que ça fonctionne pour se nourrir depuis toujours. Donc, on prend les principes de l'alimentation intuitive, ce qu'on en entend, ce qu'on en comprend, et... On les met en place comme un régime hyper rigide. Ok, il faut écouter sa faim. Bon bah c'est parti, je vais écouter ma faim. Par contre, ça veut dire qu'il faut à tout prix que je m'arrête à la satiété ou au rassasiement. Déjà selon ce qu'on a bien compris. Est-ce qu'on a réussi à différencier satiété et rassasiement ? Est-ce qu'on a bien compris la notion de rassasiement ? Enfin ça c'est plein de questions. Mais en tout cas avec un truc hyper rigide qui pourrait revenir à un espèce de régime fin satiété tel que c'était à la mode il n'y a pas si longtemps. Et donc c'est ok de suivre ses sensations mais on ne mange que par le biais de ses sensations. Ça c'est un piège énorme. C'est pas de l'alimentation intuitive en fait. Une alimentation intuitive c'est une alimentation équilibrante qui va être plus équilibrante qu'équilibrée. Enfin le côté équilibré se fond dans le côté équilibrant en fait. Et... Quelque chose d'équilibrant, c'est quelque chose qui permet un équilibre global de l'être humain, et du coup qui ne va pas juste s'arrêter à une histoire de nutriments, qui va aussi prendre en compte un aspect émotionnel, social, culturel, etc. Et du coup, on ne peut pas manger uniquement en suivant notre faim et notre satiété, puisque ça enlèverait dans l'équation tout un tas de choses très importantes que sont les émotions, Les envies du moment, l'environnement du moment, le côté culturel, le côté social, etc. Donc il y a quand même un piège à suivre ça de manière très rigide. Et je trouve que ce piège-là de la rigidité, il peut s'inscrire aussi un peu dans l'autre sens. Parce que là, on est encore dans un système un peu restrictif. Mais pour une personne qui a vraiment bien compris l'importance de lever les restrictions, elle peut tomber dans un truc très rigide de peur de se restreindre par la suite. Ou finalement, ça peut être de, dès que je pense à un aliment, vite il faut que je le mange, sinon ça veut dire que je suis en restriction. Donc dès que je passe devant une boulangerie, ça sent bon, ok, ça sent bon, je trouve que c'est appétissant, ah ça veut dire que j'ai envie de manger, ok, il ne faut surtout pas que je me restreigne, je vais aller manger cet aliment, peu importe là mon envie réelle, peu importe mes sensations digestives à ce moment-là, etc. Et donc si ce truc-là s'installe dans le temps, c'est quand même quelque chose de problématique. Il peut y avoir vraiment la peur de se restreindre, la peur de ne pas pouvoir faire le tri entre des pensées qui nous permettraient de faire des choix vraiment conscients pour nous, pour notre santé, et les pensées restrictives qui restent encore un petit peu accrochées en fait à nos basques. Le point commun de tout ce que je viens de décrire, c'est que ça manque cruellement de nuances. Et l'alimentation intuitive, c'est quelque chose qui doit permettre un retour à soi profond. Encore une fois, pas que sur l'alimentation, je réinsiste là-dessus, c'est une vraie thérapie, c'est un processus thérapeutique. Et ça doit permettre un profond retour à soi. Et soi, en tant qu'être humain, on est forcément plein d'ambivalence et donc de nuances. Il y a des fois où on voudrait tout et son contraire. Et il y a des fois où ce n'est pas possible de répondre à tous nos besoins d'un coup et on doit choisir de répondre à un besoin plus qu'un autre. Un exemple de besoins qui peuvent venir se confronter, ça va être le besoin de continuer de manger pour répondre au plaisir ou au réconfort et de l'autre côté, le besoin d'arrêter de manger pour répondre à celui du confort digestif. Bon ben voilà, qu'est-ce qu'on fait ? Eh ben, je sais pas. En fait, selon le moment, la réponse sera différente et il n'y aura pas de mauvaise réponse. Le problème, c'est, dans les exemples que je viens de vous donner, quelqu'un qui aurait peur de retomber dans la restriction serait systématiquement dans le fait de continuer de manger. Et du coup, cette personne devient un peu prisonnière d'un nouveau comportement. Il y a quelque chose qui s'est rigidifié. Il n'y a plus de possibilité de choix sur l'instant et de nuances et d'accepter aussi le fait qu'on ne peut parfois pas répondre à tous ses besoins au même moment. Et donc du coup, il y a quelque chose de rigide et de pas souhaitable et qui finalement ne répond pas réellement aux besoins. C'est vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup de nuances et je trouve que c'est des choses qu'on n'entend pas assez finalement, notamment sur les réseaux. En même temps, je jette la pierre à personne parce que sur les réseaux, c'est quand même pas le temple de la nuance. Je veux dire, sur les réseaux, ce qu'on veut, c'est des informations rapides, faciles à mâcher, à digérer et hop ! Donc voilà, c'est pour ça que j'avais envie d'en parler. Le troisième point qui peut empêcher de vraiment mettre en place l'alimentation intuitive, c'est le fait de ne pas vraiment s'autoriser les aliments. Ça, c'est vraiment important. Et finalement, ça rejoint ce qu'on appelle la restriction cognitive. Petit rappel pour les personnes qui peut-être arrivent là sur le podcast et n'ont jamais entendu parler de restriction cognitive. La restriction cognitive, c'est le fait de chercher à contrôler ce que l'on mange dans le but de contrôler son corps. et donc dans le but de... Ne pas grossir ou dans le but de maigrir. Donc là, c'est pareil, il y a une nuance énorme, c'est que manger un aliment, c'est pas égal à s'autoriser un aliment. Sinon, ça veut dire que la majorité des personnes qui souffrent d'hyperphagie boulimique, bah tu vois, il n'y aurait pas de soucis, ça veut dire qu'elles s'autorisent tous les aliments. Et d'ailleurs, c'est une confusion qu'il y a énormément. Une personne qui souffre d'hyperphagie boulimique, donc là aussi, petit rappel, l'hyperphagie, on est sur des compulsions alimentaires. En fait, c'est très proche de la boulimie, simplement il n'y a pas de mécanisme de compensation dans l'hyperphagie boulimique. L'hyperphagie boulimique, il y a aussi d'autres formes. Je trouve que c'est vraiment un trouble qui est polymorphe, puisqu'il y a ce côté compulsion alimentaire, mais il peut aussi y avoir une suralimentation un peu constante. C'est du coup des personnes qui vont être considérées en surpoids, voire en obésité, puisqu'il n'y a pas de mécanisme de compensation et qu'il y a beaucoup de prises alimentaires au-dessus des besoins. Et donc dans le cadre de l'hyperphagie, Donc, si je dis à une personne dans cette situation-là, mais écoute, en fait, il faut que tu t'autorises plus d'aliments, personne ne va écarquiller les yeux et dire, mais non, mais moi, mon problème, c'est déjà que je mange trop. Oui, mais en fait, il y a de la restriction. Et c'est parfois très difficile de débusquer cette restriction et notamment cette restriction cognitive. C'est parfois difficile pour les professionnels. Un professionnel qui est non formé n'est pas capable de débusquer ça, en fait. Donc voilà, c'est déjà compliqué. Donc pour les personnes qui sont en plein dedans, qu'on le naît vraiment dedans, c'est super compliqué. Pour autant, c'est important d'aller la débusquer et de la comprendre parce que sinon, on ne va pas pouvoir agir dessus et c'est là que beaucoup de choses se jouent. Si tu te dis par exemple, ok, j'ai entendu dans le podcast de Flavie que pour mettre en place l'alimentation intuitive et apaiser son comportement alimentaire, ok, il faut... écouter ses sensations alimentaires, etc. Enfin, il y a tout un tas de choses dans le rapport à soi, le rapport à son corps. Et sur les aliments, il faut réintroduire les aliments, accepter de remanger tout un tas d'aliments. Ok. Bon, je vais manger du chocolat puisqu'elle dit qu'il faut en manger. Si tu manges du chocolat, mais que tu ne prends que du chocolat noir, alors que ton préféré, c'est du chocolat au lait. Si tu manges du chocolat, mais que tu t'autorises... un carreau de chocolat après le repas, peu importe combien t'en as envie finalement. Si tu manges le chocolat en continuant de penser que, ok tu le fais parce que t'as compris qu'il fallait en passer par là, mais que vraiment tu sais très bien que tu vas grossir, tu sais très bien que c'est pas bon pour ta santé, et que du coup ça génère énormément de culpabilité, tu te sens super mal, et que ça te donne envie de te restreindre par ailleurs, tu vois tout ce brouhaha mental. Alors t'es pas du tout en train de t'autoriser du chocolat. En fait t'es en train d'agir au niveau du comportement et c'est déjà énorme et ça reste très important de le faire, je tiens à le préciser. Il faut agir sur le comportement, il faut y aller, il faut le faire, il faut expérimenter. On va à ça, on est bien d'accord. Peu importe que tu continues de penser que c'est pas bon, c'est... voilà. Pourquoi ? Parce que déjà en agissant sur le comportement en mangeant ton chocolat, tu vas peut-être pouvoir prendre conscience que déjà t'es pas en train de grossir là alors que finalement t'as mangé du chocolat tous les jours cette semaine et t'as pas pris un gramme. Donc bim, ça va t'aider à venir casser des croyances. Donc c'est important, mais il faut quand même en parallèle agir à un autre niveau. Il faut aller creuser sur ses croyances, il faut les contredire, il faut les casser, il faut les brûler. parce qu'en agissant que au... au niveau du comportement, il y en a certains qui ne vont pas réussir à être délogés. Parce que tu vas mettre en place d'autres comportements autour, comme par exemple tu culpabilises du chocolat, donc tu vas te restreindre sur d'autres trucs, tu vois. Et qui vont venir nourrir la croyance initiale. Donc en fait, c'est important de vraiment faire le tour de tous les comportements associés et de bosser sur les croyances, parce que c'est vraiment le niveau du dessus, en fait. Donc à retenir, c'est qu'il ne suffit pas de manger un aliment pour s'autoriser un aliment. C'est important d'aller chercher à s'autoriser vraiment pleinement les aliments. Et ça, moi je trouve que c'est plus facile de le faire tout doucement, les uns après les autres, pas forcément tous en même temps, même si j'ai vu certaines personnes faire tout en même temps. Et le quatrième point qui peut expliquer que certaines personnes n'ont pas réussi à mettre en place l'alimentation intuitive, eh bien c'est le fait qu'elle ne se soit pas faite accompagner, ou pas par... les bonnes personnes, je mets d'énormes guillemets à bonnes personnes c'est important pour moi de dire que une personne qui t'aurait accompagnée sur ce chemin là mais qui n'était pas formée, ça ne veut pas dire que c'est un ou une mauvaise professionnelle ça veut dire que c'était juste une personne pas formée et que par ailleurs elle t'apporte sans doute beaucoup d'aide sur d'autres sujets mais sur le sujet des troubles alimentaires, sur le sujet de l'alimentation intuitive, il faut se tourner vers des professionnels qui sont spécifiquement formés C'est en fait normal pour plein d'autres sujets. Je veux dire, c'est une évidence que pour un problème neurologique, eh bien, on ne va pas aller voir un podologue, en fait. Voilà, on va aller voir un neurologue. En fait, chacun a ses spécificités et c'est important d'aller voir des personnes qui ont été formées à ces spécificités. Je crois aussi qu'il est possible d'avancer seul. Je crois vraiment fort en ce qu'on appelle l'autothérapie, avec les bons outils, les bons bouquins, les bons programmes en ligne. Heureusement que j'y crois. Je veux dire, moi, je développe des programmes en ligne, donc c'est aussi pour ça. Je crois fort en ça. Mais on sait aussi que le trouble alimentaire va immiscer beaucoup de doutes. On sait aussi que beaucoup de personnes qui souffrent de troubles alimentaires sont dans une volonté d'urgence à guérir. et que finalement le moindre grain de sable dans le rouage ou le fait que les symptômes ne disparaissent pas tout de suite ça peut faire qu'on abandonne le truc quand on est tout seul face à un livre, à un programme en ligne, etc. Donc pourquoi pas essayer d'avancer seul avec tous les outils. Aujourd'hui il y a vraiment pléthore d'outils sur le sujet, c'est trop bien. Il y a les podcasts, les comptes Insta, les bouquins, les programmes, il y a vraiment beaucoup de trucs. C'est trop cool. Allez-y, faites-le. Si vous sentez que ça bloque, si vous sentez que vous êtes en difficulté, peut-être que c'est le moment de se tourner vers une personne formée pour faire, pas nécessairement 5 ans de thérapie, pour faire quelques séances, parce que de toute façon vous avez déjà avancé, vous avez fait un bout de chemin seul, et c'est génial. Moi je le vois, les personnes qui viennent vers moi et qui ont déjà essayé d'expérimenter l'alimentation intuitive, c'est un gain de temps et d'énergie. vraiment considérable, c'est génial. Dans le chemin qu'on fait ensemble, ça va beaucoup plus vite. Donc ça ne sera jamais perdu ce que vous aurez fait seul. Mais c'est important à un moment donné, peut-être de ne pas vous dire que vous êtes foutu, que vous êtes un cas désespéré, vous dire qu'il n'y a rien qui marche sur vous, vous dire que cette technique c'est encore un bullshit supplémentaire, mais de vous donner la chance d'essayer jusqu'au bout, en allant demander de l'aide à quelqu'un. Les troubles alimentaires... fonctionnent avec beaucoup de peurs quand même qui sont associées, des peurs qui sont très fortes, qui peuvent être très invalidantes. Et ça, c'est pareil, ça peut être vraiment intéressant de les adresser à quelqu'un, ces peurs. Et là, par exemple, je vais même élargir mon propos. Vous pourriez très bien imaginer avoir un programme vraiment spécialisé sur les troubles alimentaires. Je pense que l'idéal, c'est d'avoir, si vous vous faites suivre, d'avoir quelqu'un de formé. Mais si vous avez, par exemple, une psychologue avec qui vous avez une super alliance, qui n'est pas formée aux troubles alimentaires mais qui est ouverte à en apprendre davantage, vous pourriez imaginer lui transmettre certains outils que vous apprenez. Et puis surtout, toutes les peurs qui sont soulevées, tous les freins qui se lèvent face à vous, face à ce chemin de guérison, de pouvoir les adresser à votre psychologue, d'en parler avec elle et de bosser là-dessus. Voilà, autre chose qui me vient en vous parlant aussi, c'est l'écriture. Je crois vraiment que l'écriture, c'est une aide précieuse sur le chemin. Ça permet de creuser davantage, de poser les choses. Si c'est quelque chose qui vous parle, faites-le à fond. Si c'est quelque chose qui vous parle moyen, essayez-le, vous verrez. Mais vraiment, je crois que l'écriture est une aide aussi vraiment très très précieuse. Donc si je récapitule, moi les quatre choses que je vois, il y en aurait certainement plein d'autres, mais voilà, c'est les quatre principaux freins que j'ai vus, moi, qui ont peut-être empêché des personnes de vraiment... lancer le processus d'alimentation intuitive ou d'aller au bout, c'est le fait d'agir comme si ça allait se terminer, ce qui ne permet pas de pouvoir enclencher vraiment la régulation. Le fait de vouloir suivre ça comme un régime et donc comme quelque chose de rigide. Le fait de ne pas vraiment s'autoriser les aliments et donc de rester dans la restriction cognitive. Et le fait de ne pas aller se faire accompagner au moment où on sent que ça coince. J'espère que cet épisode aura pu vous éclairer sur certains points, peu importe là où vous en êtes. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé. Et puis, je vous retrouve très bientôt avec grand plaisir. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don. à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. 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