Speaker #0Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. La mégrophobie n'existe pas. C'est ce dont j'ai envie de vous parler aujourd'hui dans cet épisode de podcast. Peut-être que ça va vous surprendre que j'aborde ce sujet et peut-être pas. Ça va dépendre de ce que vous avez vu passer sur les réseaux et moi j'ai vu passer... plusieurs fois ce terme de mégrophobie, et aussi venant de personnes dont j'aime beaucoup le contenu, qui ne sont pas spécialisées troubles alimentaires, mais qui œuvrent pas mal autour du féminisme, et qui ont parlé de ça, qui dénoncent parfois la grossophobie, qui dénoncent souvent le sexisme, et puis au détour de publications dénoncent la mégrophobie. Qu'est-ce qu'elle entend derrière ça ? En fait, c'était surtout, elle dénonçait le fait que des personnes critiquent des femmes. trop maigres à leur sens sur leurs photos. En fait, elle dénonçait ça, mais en l'appelant de la maigrophobie. Pourtant, vraiment, la maigrophobie, au sens où on pourrait l'entendre de la grossophobie, eh bien, elle n'existe pas. Ça m'est arrivé aussi sous mes publications, il y a quand même un certain temps, ça fait longtemps que ce n'est pas arrivé, que des personnes parlent de ça, disent « Mais attends, tu parles de grossophobie, mais... » L'inverse existe aussi avec les personnes minces, très maigres. On se fait insulter, on se fait moquer. Moi, j'ai vécu ça et ça dans mon enfance, etc. Et l'idée, c'est surtout pas de remettre en question ce vécu individuel qui est problématique et qui, de toute façon, parle d'un sujet contre lequel je tente de lutter, qui est le fait de commenter les corps. Mais on ne peut pas parler de mégrophobie. On peut parler de vécu personnel, d'insulte. et de choses inacceptables vécues personnellement. Cependant, ce qui pourrait faire qu'on parle de mégrophobie, ce serait quelque chose de systémique, et ça n'est pas le cas. Et c'est de ça dont j'avais envie de parler dans cet épisode, et ça me permettra au passage de faire des rappels importants sur la grossophobie, et de quelle manière elle existe, et quelles en sont les conséquences finalement en France. Moi, il y a un parallèle que je fais souvent pour la mégrophobie, c'est le racisme anti-blanc. Je trouve que c'est plutôt un bon exemple dans le sens où on est assez proche pour comprendre le phénomène. Il y a des personnes qui s'insurgent, mon Dieu, de plus en plus sur des chaînes de télévision ou de radio que je n'ai même pas envie de citer parce que je n'ai même pas envie de leur faire de pub, mais dont le créneau c'est d'être juste des gros racistes, on va le dire clairement. Bref, c'est un peu leur truc de parler de racisme anti-blanc. Ils n'ont même pas honte d'amener ça. Pourtant, le racisme anti-blanc n'existe pas. Tout comme la mégrophobie n'existe pas. C'est la même chose. C'est-à-dire qu'on peut vivre des insultes, on peut se faire entendre dire « ouais, sale blanc » . Moi, je l'ai entendu quand j'étais adolescente. On m'a déjà dit, j'allais dire on m'a traité, mais je trouve ça hyper bizarre de dire ça comme ça, mais bon bref, on m'a traité de « sale blanche » . Qu'est-ce que ça vient dire ? Qu'est-ce qu'il y a derrière, en fait, si on décortique ? Quand une personne racisée te traite de sale blanche, c'est qu'en fait elle veut essayer de te ramener à ta place de blanche et à ta place d'oppresseur. Quelque part pour moi c'est ça que ça dit. Quand il y a des personnes racisées qui disent à d'autres espèce de sale blanc, moi j'entends plutôt le fait qu'on vient désigner la domination qui est à l'œuvre depuis des siècles de l'homme blanc sur l'homme au sens large sur... l'humain racisé. En fait, je dis l'homme au sens large, mais c'est quand même beaucoup une question d'homme. En fait, dans cet épisode de podcast, justement, on va beaucoup parler de privilèges. On va parler d'oppresseurs, d'oppressés, et de ceux qui sont privilégiés et de tous ceux qui sont, à l'inverse de ça, discriminés. Et il est question de ça, en fait. Je veux dire, celui qu'on a tout en haut de la chaîne alimentaire, c'est l'homme blanc, cisgenre, hétérosexuel. C'est lui qui est tout en haut. C'est lui qui a... le plus de privilèges. Attention, ça ne veut pas dire que cet homme-là ne vivra rien de grave, de difficile dans sa vie, bien entendu. Il n'empêche que... il évolue dans un ensemble de privilèges qui seront facilitants à plein d'égards. Il y a la dimension personnelle et la trajectoire personnelle, mais on ne peut pas faire fi de tout un contexte autour et de tous les privilèges qui peuvent nous être accordés ou non, selon où on se situe. Et pour terminer sur cette histoire de racisme anti-blanc, je veux dire, une personne qui n'est pas racisée, ne rencontre pas de discrimination systématique à l'embauche, ou pour trouver un logement, ne se fait pas contrôler beaucoup plus que les autres dans la rue, une personne blanche ne vit pas cette oppression systémique, politique, économique, structurelle, comme peuvent le vivre les personnes racisées. Je veux dire, c'est juste une évidence. Et reconnaître ces privilèges, ça n'enlève pas notre lot de souffrance, etc. Mais c'est... important de les reconnaître, ces privilèges. Je suis une femme blanche, cisgenre, hétérosexuelle, et du coup, ça m'amène quand même aussi pas mal de privilèges. Et c'est hyper important que j'en ai conscience. Et j'ai oublié de parler du fait que je sois valide. Enfin, bon sang, parlons-en aussi de ça. Donc, c'est important de pouvoir regarder ces privilèges et de pouvoir se questionner sur cette structuration des privilèges. Quand on se demande si on est sur du racisme anti-blanc, si on est sur de la mégrophobie, comme on pourrait parler de grossophobie. Et donc justement, je fais le pont, je reviens à ce sujet-là, la mégrophobie ne peut pas exister. Déjà pour une énorme raison, c'est que dans notre pays, il existe un privilège de la minceur qui est écrasant, à plein de niveaux. Une personne mince ne va pas se voir refuser des soins. parce qu'elle est mince, ne va pas avoir des difficultés d'accès à certains examens médicaux parce qu'elle est mince. Je vais prendre un exemple très concret, très précis, mais la PMA, donc la procréation médicalement assistée, est particulièrement difficile d'accès pour les personnes qui sont considérées en surpoids et surtout en obésité. Donc je vais dire les personnes grosses. Parce qu'on estime qu'il y a moins de chances de réussite et qu'on demande quand même aux personnes de maigrir avant. On va aussi se cacher, je le dis volontairement comme ça et vous allez comprendre après, on va aussi se cacher derrière de potentiels risques pendant la grossesse, notamment de diabète gestationnel, peut-être de naissance prématurée ou à l'inverse de devoirs. déclencher la naissance du bébé, si il est trop gros, etc. À côté de ça, la PMA pour les femmes minces, il n'y a zéro question. J'ai reçu plusieurs témoignages de femmes qui n'étaient pas minces mais qui étaient maigres dans une extrême maigreur, qui souffraient d'anorexie et qui d'ailleurs n'avaient pas leur cycle à cause de l'anorexie parce qu'elles étaient dans une aménorée hypothalamique et où personne dans le corps médical n'est venue questionner. Le fait que peut-être que si elle n'avait pas les sigles, c'est parce qu'il y avait un trouble alimentaire et que cette personne-là, elle était dans un IMC très très bas qui était bien en dessous de l'IMC qu'on qualifie de normal. Et il n'y a pas de souci, en fait. On se lance dans une PMA. Pourtant, on pourrait, à juste titre, se questionner également sur les impacts de cette maigreur et surtout d'une mauvaise alimentation de la maman sur le bébé. à venir. Et sur potentiellement une naissance prématurée, sur le fait qu'il y a des carences, etc. Non, là, ça n'intéresse pas spécialement, en tout cas dans la majorité des cas. La minceur, c'est aussi un idéal social. C'est un idéal dans la mode, donc dans la santé, comme je le disais, et dans tout ce qui est esthétique. Toutes les normes de beauté dominantes favorisent la minceur. Et puis, il y a... un versant très moral de la minceur qu'on associerait à la discipline, la réussite, la santé. Alors, bien sûr, encore une fois, il ne s'agit pas de brimer des vécus personnels, de minimiser des vécus personnels. Et j'entends que des personnes ont pu se prendre des réflexions dès leur enfance, à leur vie d'adulte, parce que considérées trop minces, parce que potentiellement pas assez de forme en tant que femme. Voilà, je vais en reparler juste après de ce dont il s'agit vraiment à mon sens. Mais c'est important de regarder la grossophobie comme quelque chose de systémique, de structurel, comme on pourrait parler du racisme, et donc de voir à quel point la mégrophobie ne peut pas exister en face tant la minceur amène son lot de privilèges. Entre une personne mince et une personne grosse, la personne oppressée, c'est la personne grosse. On sait par exemple sur la question du marché du travail que pour une femme considérée en obésité, il va y avoir un écart de 7 points sur la probabilité d'être en emploi par rapport à une femme qui serait mince dans les normes. A savoir, c'est intéressant que... Cette stat-là, elle rencontre vraiment le sexisme et que notre conception du poids et du corps n'est pas la même face à un homme ou à une femme, puisque un homme, lui, qui est en situation d'obésité, aura à l'inverse un petit peu plus de chance, c'est beaucoup plus léger, d'être en emploi et un emploi plus qualifié, plus haut, en fait, qu'un homme plutôt considéré dans les normes corporelles. Donc on est à la croisée de la grossophobie et du sexisme, et c'est pas une nouveauté, si vous m'écoutez, je pense que vous l'avez déjà entendu de ma bouche, être gros est moins difficile qu'être grosse, mais globalement, on va pas se mentir, être un homme, c'est globalement moins difficile qu'être une femme, alors encore une fois, on pourrait me tomber dessus pour ce genre de propos, mais tant pis, oui bien sûr que je fais des généralités. Et c'est usant de voir tout le monde, notamment sur Instagram, arriver en commentaire avec son petit « Oui, mais attendez, moi, vous savez pas ce qui m'est arrivé » . Bien sûr, il y a des hommes qui ont des vécus terribles, et sans doute qu'il y a des femmes qui ont des chemins de vie pas si compliqués. Il n'empêche que naître femme, c'est avoir un peu plus de difficultés à la base, potentiellement dans sa vie, à plein de niveaux, en fait. Et pour peu que tu deviennes une femme grosse, alors là, il y a encore plus de difficultés. et d'ailleurs citer une femme racisée C'est encore un autre level de difficulté. Et si, en plus de ça, tu es porteuse de handicap, je ne t'en parle même pas. Donc voilà, encore une fois, ce sont des strates, en fait. Et il faut vraiment concevoir ça comme une question de privilège. Qu'est-ce qui t'en enlève ? Qu'est-ce qui t'en amène ? C'est vraiment intéressant de voir les choses comme ça. Peut-être que c'est intéressant qu'on se prenne quelques minutes pour parler de ce qu'est réellement la grossophobie et rappeler que La grossophobie, ça désigne l'ensemble des attitudes, jugements, discriminations explicites ou implicites envers les personnes perçues comme grosses. Donc ces discriminations, elles peuvent concerner plein de choses, le domaine de l'emploi, l'accès aux soins, les relations sociales, l'éducation, les transports, les transports, oui, j'en ai pas parlé tout à l'heure. La grossophobie, elle repose sur des stéréotypes, des croyances. L'idée qu'être gros ou grosse, c'est être paresseux ou paresseuse, d'être faible, de manquer de volonté, et qui a un peu un truc d'être... irresponsable vis-à-vis de sa santé, parce que ben ouais, quand on veut, on peut. Eh ben non. En fait, la corpulence d'une personne, elle dépend d'un ensemble de facteurs qui sont physiologiques, sociaux, économiques, culturels. C'est vraiment très très large, et on est très éloigné de la pure volonté. Est-ce qu'on pourrait en dire de même pour la mégrophobie ? C'est intéressant de regarder ça. Est-ce qu'on peut parler de... d'attitude, de jugement, de discrimination systémique sur l'accès aux soins, les relations, l'emploi, l'éducation, les transports pour les personnes minces ou maigres. Non, clairement, en fait, ça suffit à s'en rendre compte. Mais alors, pourquoi j'en parle ? Pourquoi je trouve ça si important, en fait, de ne plus employer ce terme et d'être vigilant ? Eh bien, il y a deux raisons. Il y a le fait que ça invisibilise. C'est comme ces histoires de racisme anti-blanc. C'est terrible de faire ça parce qu'en fait, ça invisibilise, ça décrédibilise, je trouve, les vraies oppressions qui existent. Et un autre point, à mon sens, vraiment important, c'est qu'on ne parle pas de mégrophobie, on parle de body shaming. Et parler de mégrophobie, ça brouille complètement les cartes. En fait, ça viendrait dire, ah bah oui, donc déjà, comme je disais juste avant, c'est au même niveau que la grossophobie. Et puis, bon bah finalement... Tout le monde le vit potentiellement. Voilà, en fait, les personnes grosses, les personnes maigres, les hommes, les femmes, etc. Moi, je ne crois pas, vraiment pas. Je crois que la maigrophobie, c'est du body shaming, du body shaming bien installé et du body shaming qui touche principalement les femmes. Quand on va sur les réseaux et qu'il y a des publications qui concernent des hommes célèbres, C'est rarement une avalanche de commentaires sur leur corps. Les femmes, c'est systématique. Peu importe pourquoi on est sur les réseaux, certaines juste mettent des photos d'elles, et donc de leur apparence, de leur physique, de leur corps, et elles ont bien le droit. D'autres sont sur les réseaux pour plein d'autres sujets. Mais ce qui est sûr, c'est que dans tous les cas, Elles seront ramenées à leur corps, ces femmes-là. C'est systématique. Peu importe le pourquoi, on prend la parole. À un moment donné, ça va être trop tentant de faire une réflexion sur ce à quoi on ressemble. Et il y a même des fois des tentatives de décrédibilisation des femmes et de leur discours par le biais de leur physique. T'as pas le physique adapté pour t'exprimer en public. Donc en fait, ce que tu dis, on s'en fout, etc. Ou d'humiliation, en fait. C'est aussi des tentatives de... de passer les femmes au silence aussi, de les humilier par le biais de leur physique, de leur manière de s'habiller, etc. Et du coup, c'est aussi très décourageant pour les femmes. Et donc, c'est un bon moyen de faire en sorte que derrière, elles ne prennent plus la parole. Et donc, ça, c'est un vrai sujet. Et finalement, parler de mégrophobie, c'est passer à côté du sujet qui est que finalement, les femmes, peu importe leur corps, alors encore plus si elles sont grosses parce que la grossophobie, elle, elle existe et elle est systémique. Et elle est encore plus forte vis-à-vis des femmes. Mais peu importe, en vrai, notre corps, de toute façon, il sera commenté, critiqué, etc. Et ça, c'est intéressant de le mettre en avant. Mais je crois qu'il faut faire attention aux termes qu'on utilise. Je fais une toute petite parenthèse, parce que je parle de faire attention aux termes qu'on utilise. Et c'est des trucs que j'ai eus sous certains de mes postes féministes. Et du coup, je tiens à vous dire une chose, c'est que la personne que je suis, qui est féministe, et qui œuvre contre le body shaming, mais qui a parlé à plusieurs reprises de mégrophobie, je n'ai pas commenté son post pour lui dire ça. Et si je l'avais fait, je l'aurais placé en prenant soin de la remercier pour son travail et de dire à quel point son travail est formidable, etc. C'est une parenthèse qui est importante à faire pour moi. Je la referme. Il y a autre chose que j'ai envie de souligner. C'est que dans les commentaires que j'ai vus passer, qui étaient qualifiés de mégrophobes, qui étaient en fait du body shaming, il y en avait quand même un certain nombre qui venaient des femmes. Et ça, je ne peux pas dire, je n'ai pas mené d'études statistiques. Donc ça repose simplement sur ce que j'ai vu et je serais curieuse de savoir si ça correspond aussi à ce que vous, vous voyez. Mais j'ai eu le sentiment que sur toutes les critiques très grossophobes de femmes trop grosses, qui ne ressemblent à rien, il y avait une majorité d'hommes. toujours. Et puis, sur les critiques sur le fait que la femme serait trop maigre, il y a toujours des hommes, bien sûr, parce que bon, je sais pas, c'est leur passe-temps, j'en sais rien, mais là on voit apparaître beaucoup plus de femmes. Je ne peux m'empêcher de penser au fait que ça parle de normes patriarcales très établies, et que ça parle un peu d'une jalousie, parce que on nous oblige à maîtriser notre corps, notre poids. On nous oblige à être dans un contrôle permanent de notre apparence. Et que voir une femme qui maigrit, qui perd du poids, eh bien, peut-être que dans certains de ses commentaires, il y avait des femmes qui ne vivaient pas bien. De voir cette femme-là atteindre quelque chose après lequel elle, elle court depuis longtemps, ça n'excuse rien. Je veux dire... Ce comportement, il n'est pas acceptable pour moi. Mais je veux dire, il y a quelque chose, là aussi, de systémique, de très ancré en nous, les femmes, et qui fait qu'on s'impose une vie de restrictions, d'obligations liées à notre apparence, dans le but, même si on ne le conscientise pas comme ça, même si on n'a pas l'impression, nous, de vouloir séduire les hommes, mais en tout cas, dans le but d'être... valider, d'être séduisante, peu importe ce qu'on cherche à séduire des hommes, des femmes, voilà, mais il y a quelque chose d'une attente de ce à quoi doit ressembler une femme dans notre société, et que ça crée beaucoup de comparaisons entre nous, et que ça crée de la compétition entre nous. Et j'ai la sensation que c'est ça aussi qui ressortait dans ces commentaires de body shaming sur des femmes qui étaient, à leur sens, trop minces, trop maigres, etc. Et... Je me dis que c'est important quand même de le souligner, d'en prendre conscience. Peut-être que vous qui m'écoutez, ça peut être chouette que vous preniez conscience de la manière dont vous regardez les autres femmes, de la manière dont vous vous comparez, de la manière dont vous critiquez les autres femmes. Et l'idée, ce n'est pas de s'autoflageller. Je suis une mauvaise personne, je fais ça. Non, c'est de voir à quel point ça prend place dans un système et qu'à chaque fois que vous critiquez une autre femme sur son physique, vous vous faites du mal à vous de... aussi de toute façon par ricochet. Vous, comment dire, vous donnez à manger au système, vous le faites perdurer. Et une façon de commencer à aller mieux avec soi, c'est un truc que je propose aux gens que j'accompagne, c'est aussi de faire attention à la façon dont on parle du corps des autres et des autres femmes. Et de chercher à être dans quelque chose de beaucoup plus bienveillant, qui pourra aussi glisser sur soi. Un dernier point, tout petit, mais qui me semble quand même important et qui est problématique à mon sens sur la mégrophobie, c'est que je pense à une personne très connue, je n'ai pas envie de citer son nom à nouveau, qui dernièrement a énormément maigri. Et qui, dans son amégrissement, au-delà d'un amégrissement au niveau de son corps, a son visage qui s'est vraiment transformé, qui est devenu très ridé. La couleur de son visage ne semble pas tout à fait être la même. Bon voilà, il y a des choses qui font penser finalement son physique ressemble à soit quelqu'un de malade ou voyez le physique un peu d'un vieillard, quelque chose de décharné un petit peu. Ça a suscité plein d'interrogations et ça a fait beaucoup de bruit sur les réseaux à un moment donné. Certaines personnes ont alerté sur le fait qu'elles pourraient souffrir d'anorexie. Ça ne veut pas dire, ouais, elle, elle souffre d'anorexie, c'est... Il se pourrait. qu'elle souffre d'anorexie parce qu'au-delà de ces signes-là, très physiques, très corporels, qui, on le sait, le corps, dans la majorité des cas, ne dit rien de notre santé, au-delà de ça, il y a eu aussi des déclarations de la part de cette personne et des choses qui, pour des personnes formées, font vraiment penser quand même à l'anorexie. Toujours est-il que beaucoup de gens se sont dit « mais attendez, finalement, c'est aussi une forme de body shaming » . Si on a le droit de commenter le corps de cette jeune femme devenue maigre, alors pourquoi est-ce qu'on devrait s'empêcher de commenter le corps des personnes qui sont grosses ? Et c'est très intéressant et je crois que c'est juste. Mais je crois que tout doit toujours être nuancé. Et qu'il ne s'agit pas tant de commenter son corps, mais d'alerter sur des signes qui font penser à l'anorexie et de permettre aux gens qui sont dans l'admiration de ce que cette personne est en train de vivre de prendre du recul et d'envisager que peut-être ça n'est pas ce qu'on croit et que peut-être elle ne va pas bien, comme elle le dit, et que peut-être elle est tombée dans un extrême plutôt dangereux. Et cette personne, il se trouve que là, il y a des affiches énormes autour de chez moi d'elle. Elle est mise en valeur avec une marque de bijoux, etc. Et je peux vous assurer que ça m'a fait quelque chose. Vraiment, ça m'a fait quelque chose de la voir comme ça. En affiche énormissime, c'est les énormes, la panneau de publicité, avec cette maigreur. Moi, mon sentiment profond, c'est que ça ne va pas bien pour elle. C'est mon sentiment profond et peut-être que je suis à côté de la plaque. Et je me suis dit, mais voilà, en fait, comme si de rien n'était, on continue de lui proposer des contrats de publicité. Et en fait, si elle, réellement, elle est dans la maladie, qu'est-ce que ça vient lui dire ? Non, tu vois, il n'y a pas de souci. Quand on souffre d'anorexie, on est dans un déni très fort et une dysmorphophobie très forte. Et donc là où des gens vont nous dire, écoute, je trouve que quand même tu es très maigre, je suis inquiète pour ta santé, etc. Eh bien, la personne anorexique va répondre que non, tout va bien. Elle ne va même pas comprendre parce qu'elle, elle ne se voit pas comme ça. Et en fait, voilà, je me suis dit, mais dans quelle mesure d'être à cette place de star et tout, ça renforce ça, l'idée que... « Ben non, vous voyez bien, tout va très bien, il n'y a rien qui déconne dans ma perte de poids, en fait, je ne suis pas du tout allée trop loin, puisqu'on continue de me proposer des contrats. » Et qu'on va se le dire, si elle avait pris 30 kilos, est-ce qu'on lui proposerait les mêmes contrats ? J'en suis pas sûre, en fait. C'est quand même... On peut se questionner légitimement là-dessus. Ce que je veux dire par là, c'est que, loin de vouloir faire du body shaming sur quelqu'un qui a beaucoup maigri, je veux rappeler une chose importante. c'est que moi en étant à mon poids d'équilibre si demain je prends 20 kilos Il faudra que tout mon corps s'adapte, il faudra que du côté psychologique je m'adapte, enfin voilà, il y a plein de choses, mon schéma corporel, bien sûr, il y aura des choses. Mais je peux largement imaginer que je puisse être en bonne santé en fait. On ne peut pas se dire systématiquement, bah ouais, à plus 20 kilos, là, il y a des choses qui n'iront pas, tu seras hospitalisé. Bah non, pas du tout. Par contre, si j'en perds 20, oui, je serai hospitalisé. Peut-être même que j'en mourrai en fait, avant d'atteindre le moins 20 kilos. Parce que... ça mettra ma santé en danger beaucoup plus fort. Et ça, c'est important de le rappeler, parce que c'est un truc qu'on ne dit pas assez. Et cette personne qui a énormément maigri, eh bien oui, je ne me serais pas inquiétée de la même manière si elle avait énormément grossi. Je ne dis pas que je ne me serais pas inquiétée pour elle. En fait, il ne s'agit même pas d'elle. Il s'agit de l'image que ça renvoie et du fait que ça vienne appuyer sur une grossophobie ambiante et permanente. Je ne sais pas si vous me suivez et j'espère. être suffisamment clair, mais... C'est pas tant elle, et de toute façon j'ai pas accès et elle s'en fout bien de ce que je peux penser, c'est plutôt dans l'ambiance globale dans laquelle on évolue, ça m'inquiète en fait de voir qu'on se dit mais non mais c'est pas un souci, et sous couvert de surtout pas être dans le body shaming, on ne parle pas de ça, alors qu'on sait très bien que les troubles alimentaires sont hyper présents, qu'il y a eu une flambée des troubles alimentaires, on sait aussi qu'il y a eu une flambée du skinny talk. et la mode de la maigreur qui est revenue, et que c'est quand même important de tenir ce discours-là. Pas en disant que c'est moche parce qu'elle est maigre, jamais ce sera mon discours, et en fait, je m'en fous complètement. Pas en disant, c'est clair qu'elle souffre d'anorexie, mais en disant peut-être, peut-être qu'il y a quelque chose. Et du coup, voilà, je trouve que tout ça c'est complexe parce que ça nécessite d'être toujours très nuancé, mais je crois qu'on peut le faire, je crois qu'on sait tous faire cet effort-là. Et c'est difficile parce que sur les réseaux, on n'aime pas trop la nuance, mais je vous invite à nuancer ce que vous lisez. Si vous en avez le courage, allez nuancer aussi le propos des autres. Mais méfiez-vous de ce qu'on présente comme de la mégrophobie, parce que d'une, ça invisibilise une vraie oppression qui est la grossophobie. De deux, ça ne rend pas assez visible ce que c'est très souvent, et donc c'est du body shaming. qui est normalisé par un système patriarcal hyper violent. Et aussi, tout dernier point, parce qu'on peut aussi alerter sur les dangers d'un contrôle excessif de l'alimentation, alerter sur les dangers d'un gros amégrissement, sans que ce soit de la mégrophobie, mais parce qu'on veut prévenir l'apparition chez les autres, chez ceux qui observent, de troubles alimentaires. J'espère que cet épisode ne vous aura pas paru trop brouillon, parce que, comme d'hab... je suis un peu partie dans tous les sens, j'en ai bien conscience. En même temps, j'ai quand même l'impression d'avoir à peu près réussi à passer mon message. J'ai hâte de savoir si vous allez trouver ça clair. A la fois, j'ai hâte, peut-être que je serai un petit chouille inquiète. N'hésitez pas à me faire des retours spécifiquement sur cet épisode. Il y aura aussi un mail qui sera envoyé en lien avec cet épisode où, comme d'hab, je vous propose aussi de... pousser la réflexion par le biais aussi de l'action et des petits exercices. En tout cas, je suis contente d'avoir abordé ce sujet-là et je vais aussi l'aborder de toute façon sur Instagram, que ce soit via des posts ou des reels. Sur ce, merci de votre écoute et puis je vous dis à très bientôt. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent... Ton soutien est super important, c'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !