- Speaker #0
Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mizzono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.m TCA. Très belle écoute. Bienvenue dans un nouvel épisode de TCA etc. où aujourd'hui j'ai la chance de ne pas être seule. J'ai une invitée à mon micro et du coup je vais quand même te souhaiter la bienvenue Hélène sur ce podcast. Je suis ravie de te recevoir.
- Speaker #1
Bonjour.
- Speaker #0
Et je te propose... très vite, de prime abord, de te présenter de la façon dont tu le souhaites, de manière à ce que les auditorices aient une idée de qui est cette voix qu'ils entendent.
- Speaker #1
Alors, moi, je suis Hélène Maré-Thomas, je suis psychologue clinicienne, psychothérapeute et chercheuse sur le trouble dysphorique prémonstruel. Donc, ma thèse a consisté à bien comprendre ce trouble qui est en fait méconnu. Il n'est moins qu'il y a 6 ou 7 ans, mais il reste méconnu. Et de pouvoir commencer à développer une ébauche de psychothérapie pour le traiter.
- Speaker #0
Trop bien. En disant ça, déjà, tu amorces le pourquoi tu es présente aujourd'hui. Parce qu'effectivement, si je t'ai demandé de venir discuter avec moi au micro du podcast, c'est précisément autour de ce sujet. du trouble dysphorique prémenstruel, parce que je trouve qu'on en entend peu parler. Moi-même, j'ai l'impression de l'avoir découvert assez récemment, grâce à des podcasts, justement. Je pense qu'on va parler aussi de la période prémenstruel et aussi potentiellement du cycle au global. Et la raison pour laquelle j'avais envie que tu viennes, c'est parce que moi, j'accompagne quasi exclusivement des femmes et je fais le constat que peu importe l'âge de ces femmes, même des femmes qui ont dans mes âges la quarantaine, il y a une méconnaissance du cycle, de leur cycle, et de ce que tous ces changements hormonaux peuvent avoir comme impact sur la perception de leur corps, sur leurs envies alimentaires, sur leur façon de se tourner vers l'alimentation ou non. C'est quelque chose qui est aujourd'hui évident pour moi, mais il y a quelques années, j'étais pareille, je n'avais aucune conscience de ça, et je l'observe vraiment. Et du coup, c'est un sujet que j'aborde aussi, moi, en consultation. Même si ce n'est pas le centre de mon accompagnement, c'est important pour moi de permettre aux femmes de s'ouvrir sur ce sujet. Et du coup, c'était trop bien. Quand j'ai vu ce que tu faisais sur Instagram et à quel point tu cherchais à...
- Speaker #1
Sensibiliser.
- Speaker #0
Oui, sensibiliser et puis rendre toutes ces informations accessibles. Tu vois, j'ai trouvé ça super et je me suis dit que c'était top. Et puis, je ne l'ai pas dit, mais moi, à un niveau perso, c'est un sujet aussi qui m'a beaucoup questionnée. dernièrement, où je vois des changements parfois dans mes cycles et surtout des périodes compliquées à traverser psychologiquement parlant, selon les périodes de mon cycle. C'est des trucs qui sont imposés à moi, qui sont forts, hyper visibles et tout, et c'est un truc dont j'entends peu parler finalement. Je me dis, c'est pas un truc qu'on se transmet de mère en fille, tu vois, on peut se sentir un peu seule avec ça.
- Speaker #1
Ah oui, alors ce que tu dis, ça pourrait... Ça m'amène plein de questions, effectivement, mais déjà, pour revenir au premier élément, dans le trouble dysphorique prémenstruel, il y a le symptôme compulsion alimentaire en vie impérieuse de nourriture. Donc, en fait, c'est aussi pour ça que moi, j'ai accepté qu'on échange, parce qu'en fait, il y a un vrai sujet lié entre la tendance ou les troubles du comportement alimentaire ou la tendance, parce qu'on sait que c'est plutôt des mécanismes. même si certaines personnes ne présentent pas les critères diagnostiques, en fait, dans leur rapport à la nourriture, elles ont un fonctionnement dysfonctionnel, justement, avec la nourriture. Et ça se voit dans le cadre du trouble dysphorique prémenstruel. Mes patientes qui ont une tendance à avoir un rapport à la nourriture qui se rapproche d'un TCA, en fait, elles ont souvent des grosses problématiques durant ces périodes. Et je pense que c'est important qu'on puisse en parler. qu'on puisse apprendre à le comprendre, même si tout n'est pas encore clair au niveau de la science, et puis qu'on essaye d'entrevoir quelques bonnes pratiques pour essayer de le gérer.
- Speaker #0
Oui, tout à fait.
- Speaker #1
Et après, pardon.
- Speaker #0
Non, non, j'allais juste te dire merci de mener des recherches sur ce sujet. Parce qu'on le sait, la santé féminine fait l'objet de quand même beaucoup moins de recherches que la santé masculine. Donc, merci d'utiliser ton temps et tes connaissances pour ce type de recherche, c'est précieux.
- Speaker #1
Merci beaucoup. Effectivement, pour le coup... La recherche déjà sur les pathologies féminines, elle est en retard, et encore plus quand il s'agit des pathologies exclusivement féminines et qui ont attrait à la santé mentale. Donc là, on cumule, on va dire, deux éléments qui amènent à ne pas forcément avoir d'intérêt ou pas forcément avoir l'intérêt des chercheurs ou bien des financements. donc effectivement la recherche moi j'ai fait ma thèse elle était totalement pas financée j'ai eu aucun financement pour ma thèse et encore à ce jour j'ai zéro salaire sur toute la recherche que je fais c'est révoltant donc après je comprends ça on va dire que de mon côté j'ai appris à me départir des émotions pour juste être efficace Mais effectivement, il faut qu'il y ait des gens qui aient encore des émotions là-dessus. Parce que ce sera peut-être le sujet d'un autre podcast, mais effectivement, si on a un retard sur la recherche concernant les femmes, pour le moment, on ne pourra pas rattraper. On ne pourra pas rattraper avant longtemps. Il faudrait faire beaucoup de recherches, uniquement sur le TDPM par exemple, pour rattraper le niveau de recherche qu'il y a sur, par exemple, les troubles schizophréniques qui touchent. et les hommes et les femmes en fait j'ai l'impression que à ce stade et pour les 100 prochaines années c'est irratrapable donc on est bien en retard qu'est-ce qui t'a donné envie
- Speaker #0
à toi de te pencher plus spécifiquement sur ce sujet comment c'est né en fait quand j'étais une étudiante en psycho jadis maintenant quand j'étais jeune Merci.
- Speaker #1
En fait, moi j'ai toujours voulu me spécialiser en psychiatrie. J'ai toujours voulu traiter des troubles qui étaient un peu difficiles ou en tout cas complexes. Et en fait, j'apprenais par cœur mes diagnostics parce que voilà, c'était ça l'examen et c'était aussi ce qui m'intéressait, ça allait devenir ma spée. Et en fait, j'ai découvert le trouble d'hystérie de crème menstruale, mais vraiment par hasard. en apprenant par cœur le DSM. Et je me suis dit, mais quand même, c'est fou, parce que j'étais en Master 1, et on n'avait jamais eu d'examen là-dessus, on n'avait jamais eu un TD, on n'avait jamais eu un cours dessus, même pas un paragraphe, même pas un chapitre, rien.
- Speaker #0
Oui, mais je ne suis même pas surprise, en fait. Je devrais la bondir de ma chaise, mais malheureusement, je ne suis même pas surprise.
- Speaker #1
Et en fait, j'ose espérer maintenant, puisque maintenant, c'est en tout cas dans deux universités parisiennes, maintenant que c'est moi qui donne le cours, donc je sais qu'ils en ont un.
- Speaker #0
Oui, ça, c'est cool.
- Speaker #1
Mais en fait, oui, il n'y avait rien, rien, rien. Donc, et en fait, quand j'ai vu cette symptomatologie-là... Je me suis dit, mais en fait, c'est fou parce que personne n'en parle, quoi. Et en fait, c'est un diagnostic. Et si c'est un diagnostic, ce n'est pas pour rien, parce que le DSM, c'est quand même un... À l'époque, j'étais étudiante, donc j'avais un esprit critique un peu moins aiguisé, mais quand même, ça reste une référence. Donc, si ils l'ont établi comme un diagnostic, ce n'est pas rien. Et là, encore plus aujourd'hui, j'ai un point de vue très étayé là-dessus, mais... Je me suis dit, waouh, donc il y a cette sévérité-là qui existe. Et en fait, à partir de là, j'ai commencé à chercher des ressources. J'ai cherché, ça m'a... En fait, ça m'a animée et je me suis rendue compte qu'il n'y avait rien pareil. Maintenant, c'est génial parce que quand on va sur Google en français, on trouve déjà plein d'articles. Il y a beaucoup de journalistes qui ont écrit dessus ces cinq dernières années. Il y a maintenant des influenceurs, des influenceuses qui en parlent. Il se passe des choses. Donc, quand on tapetait les PM, maintenant, par exemple, on tombe sur la définition.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
À l'époque, il n'y avait rien. Il n'y avait pas une définition. Il y avait un forum où des personnes parlaient de troubles de niveau psychiatrique, en phase prémenstruelle, canadiens, et elles se plaignaient là-dessus. Et à cette époque-là, moi, j'avais fait une revue de ça avec des captures écran, avec les noms des recherches Google, etc., pour montrer qu'en fait, il n'y avait rien. Et c'est rentré dans mon dossier de thèse que j'ai présenté à mon directeur. Et ensuite, j'ai continué, continué, continué. Parce que, tout simplement, parce qu'il fallait les donner. C'est devenu un peu mon sacerdoce.
- Speaker #0
En parallèle de ces recherches, tu es aussi psychologue clinicienne. Est-ce que tu retrouves beaucoup de ces symptômes-là dans ta patientèle ?
- Speaker #1
Alors, il y a quand même beaucoup de personnes, de femmes... qui me consultent pour cette symptomatologie-là, ces symptômes, même si parfois ce n'est pas un trouble historique prémenstruel, mais parfois ce sont des symptômes psychologiques en phase prémenstruel. En tout cas, quand elles ont le problème symptômes psychologiques en phase prémenstruel, elles me consultent. Donc j'ai quand même une bonne partie de ma patientèle qui me consulte pour ça, oui.
- Speaker #0
Est-ce que tu voudrais bien, avant qu'on aille plus loin, qu'on revienne un peu sur le cycle menstruel et les différentes phases qu'on traverse dans la normalité, je mets d'énormes guillemets, mais tu vois la manière dont c'est conceptualisé ?
- Speaker #1
Oui, alors, pour avoir des grandes bases, puisqu'en fait, disons que... Je ne suis pas sûre que pour bien comprendre les symptômes psychologiques en phase prémenstruelle, il y ait besoin de rentrer dans une complexité du cycle menstruel. Par contre, ce qu'il faut bien comprendre, c'est qu'il y a des variations hormonales durant le cycle qui ont plein de fonctions dans notre corps, pas juste nous donner des règles. ça a des fonctions de régulation au niveau de notre système osseux et surtout il y a des... récepteurs à oestrogènes sur tout un tas de nos organes. Et donc le cycle menstruel, il a été défini à partir d'une espèce d'organisation sur les variations hormonales, donc l'oestrogène, la progestérone, la FSH, et sur quand est-ce qu'elles ont lieu. Donc le premier jour du cycle, c'est considéré comme le premier jour de règle. Ensuite, il y a les menstruations. Ensuite, il y a ce qu'on appelle la phase foiculaire. C'est donc à partir de ce moment-là que l'endomètre, qui a visé à recevoir un ovocyte, qui a visé à permettre la procréation, qui va se développer. On appelle ça la phase foiculaire parce que tout simplement, ce qu'on appelle le petit ovule, ou aussi ovocyte. quand il n'est pas fécondé, c'est en follicule. Donc c'est la phase folliculaire, c'est là où en gros il y a une forme de nidation. Un peu comme si notre utérus y faisait son nom. Et puis ensuite, s'il n'y a pas justement de fécondation, il va y avoir d'autres variations hormonales, d'ostrogènes, de progestérone, qui vont avoir visé à pouvoir extraire ce thorocyte. Et donc... à partir de là on va rentrer donc en général sur la phase foiculaire mais plutôt sur 1 à 14 jours mais c'est vraiment toutes les femmes sont différentes on va dire qu'il ya des variations normales qui peuvent aller jusqu'à 45 jours pour le cycle là je vous donne on va dire la moyenne c'est qu'une femme est ainsi de 28 jours mais si vous êtes à 40 jours par exemple c'est pas grave Et si votre cycle est à, par exemple, 21 jours, 22 jours, ce n'est pas grave non plus. Il y a des gens qui ont des cycles courts, des cycles longs. Et donc, à partir du 16e, 15e jour, il y a la phase du théâtre avec d'autres variations hormonales. Et c'est durant cette phase-là, qui va s'instaurer petit à petit, durant une quinzaine de jours, que les symptômes psychologiques en phase prémenstruelle vont arriver. Et c'est à peu près à partir du... J-7, J-10, qu'on va vraiment considérer être en phase prémenstruelle. Mais une fois de plus, ça varie en fonction des femmes. Donc, par exemple, moi, j'ai des patientes qui vont me décrire. Et puis, il y a différents types de TDPM. Donc, il y a des petites variations qui ont été documentées. Il faut que la recherche continue. Mais bon, voilà, on commence à documenter les petites différences. Il y a des femmes qui vont dire, moi, j'ai une variation de l'humeur importante à l'ovulation.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Moi, j'ai une variation de l'humeur importante cinq jours avant les règles. D'autres qui vont dire, ah, c'est quinze jours. Donc voilà, globalement, c'est autour de sept, dix jours avant les règles.
- Speaker #0
Est-ce que tu pourrais nommer des symptômes, des choses qu'on peut fréquemment observer dans le syndrome prémenstruel ?
- Speaker #1
Alors, le syndrome prémenstruel, en fait, c'est plus une catégorie. que vraiment une pathologie. En fait, quand on regarde les manuels, donc la CIM, qui est la classification internationale médicale, en fait, tous les symptômes qui apparaissent en phase prémenstruelle sont classés dans les syndromes prémenstruels. Donc en fait, ça peut être des gonflements, des douleurs au sein, des migraines. de l'acné, des chutes de cheveux, des symptômes, des troubles du sommeil. En fait, à partir du moment où c'est un peu comme un tampon, SPM, c'est un peu classifié. Tiens, donc ça arrive en phase prémenstruelle, paf, je mets le tampon, ça fait partie du SPM. Donc en fait, ça c'est un peu un piège. Parce que quand on parle de SPM, on parle de tout et de rien. Et quand on veut traiter un problème, en psychiatrie, en psychologie ou encore en médecine, on va chercher à définir précisément le syndrome. Donc en ayant un certain nombre de symptômes et de signes précis, et plus ça va être précis, plus on va avoir un bon traitement.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Donc, le SPM, en fait, il n'est pas assez précis pour qu'on puisse le traiter vraiment.
- Speaker #0
Tu dirais que c'est un fourre-tout.
- Speaker #1
Exactement, c'est un fourre-tout. Et donc, ça veut dire que si je gère ma migraine en phase prémenstruelle, ce n'est pas du tout comme je gère ma rétention d'eau en phase prémenstruelle. Ce n'est pas du tout comme je gère ma variation d'humeur en phase prémenstruelle. Et souvent, c'est vrai que c'est pour ça que j'essaye aussi de sensibiliser. J'entends des personnes qui me disent Oh ! j'ai un SPM et j'aimerais bien avoir un traitement pour ça le truc c'est qu'en fait vous allez avoir un traitement pas pour les mêmes problèmes en fonction de ce que vous présentez là ce que vous êtes en train de me dire c'est que vous avez un problème en phase prémenstruel mais quel problème ? On ne va pas du tout avoir la même stratégie si vous avez des compulsions alimentaires en phase prémenstruel versus si vous avez de l'acné et en fait c'est là où on est en retard c'est qu'on a tendance à imaginer qu'en fait, tout ce qui se passe en phase prémenstruelle, c'est un médicament qui va le gérer. Et puis surtout, que ce serait le fait de retirer, lisser le cycle, qui va retirer les problèmes.
- Speaker #0
C'est beaucoup ce qui est proposé quand même, ça.
- Speaker #1
Énormément. Et en fait, tous nos organes ne réagissent pas pareil, et toutes les femmes ne réagissent pas pareil aux phases prémenstruelles. Je ne sais pas moi, depuis la nuit des temps, même quand j'étais très jeune en phase prémenstruelle, toute ma vie j'ai eu des cernes et j'avais des cernes bleues sous les yeux qui apparaissaient en phase prémenstruelle. Et je me disais c'est bizarre, je n'ai jamais vu ça nulle part, je ne vois pas trop d'autres personnes en parler, etc. En fait, désormais je sais que toute la peau subit un impact des variations ostro-projettatives et que ça entraîne... à différents endroits cutanés, un impact qui va faire qu'en l'occurrence, moi, j'ai un affaissement à cet endroit-là. Mais en fait, la majorité des autres femmes n'ont pas ça. Et je vais faire quoi ? Du coup, je vais prendre le même traitement que quelqu'un qui a de l'acné ou que quelqu'un qui a une migraine. Et en fait, c'est ça le problème. Il faut qu'on arrête de diversifier. En fait, il faut... On arrête de chercher à traiter des problèmes qui n'ont rien à voir, sous prétexte qu'ils arrivent à la même période.
- Speaker #0
Est-ce que tu connais les chiffres du syndrome prémenstruel ?
- Speaker #1
Alors, ils sont extrêmement variables. Mais quand je dis extrêmement variables...
- Speaker #0
En tant que précision, quoi, par rapport à ça.
- Speaker #1
Mais en fait, si tu veux, c'est le problème. Quand on ne sait pas de ce dont on parle, on mesure que c'est n'importe quoi.
- Speaker #0
Oui, oui. Et puis, en fait, il y a quand même... Je le disais tout à l'heure en intro de l'épisode. Autant il peut exister une transmission entre femmes... sur pas mal de choses, autour de la grossesse, de plein de choses. Ça et la ménopause. Bon, ce n'est pas le sujet de l'épisode, mais moi, je commence à me poser des questions sur la ménopause, la pré-ménopause, et je me rends compte qu'il faut que j'aille quémander des informations auprès des femmes de la famille, et c'est un truc dont on ne parle que très peu. Et le syndrome prémenstruel, moi, je l'ai découvert toute seule, comme une grande, à l'âge adulte. C'est quelque chose dont je n'avais jamais entendu parler.
- Speaker #1
Alors qu'en fait, des chiffres, on en trouve toujours. Moi, j'utilise des chiffres parce qu'ils sont parlants. Ça ne veut pas forcément dire... Entre chercheurs, on pourrait toujours négocier, débattre. Mais il y a même des études qui montrent que jusqu'à 90%, 95% des femmes subissent des changements en phase prémensoire.
- Speaker #0
Après, il y a aussi tout un faisceau. de ces symptômes, c'est-à-dire qu'effectivement, ils sont très variables, et puis il y a aussi l'intensité qui est très variable et qui n'est pas nécessairement problématique. C'est aussi pour ça que beaucoup de personnes ne vont pas forcément nommer à avoir un syndrome prémenstruel, en tout cas jusqu'à une certaine période de vie, parce qu'on sait aussi que tout est très variable selon l'âge qui avance et aussi ce qu'on traverse au niveau personnel. J'imagine que quand on traverse une phase plus difficile psychologiquement parlant, peut-être qu'on peut avoir des symptômes qui vont être un peu plus exacerbés sur ces périodes-là. C'est complexe, quoi.
- Speaker #1
Exactement. En fait, le stress module la symptomatologie, en tout cas psychologique, en phase prémenstruale. Donc, plus vous êtes stressé, plus vous allez avoir tendance à présenter des symptômes psychologiques en phase prémenstruale. indépendamment du fait de présenter un trouble dysphorique prémenstruel.
- Speaker #0
Oui. Alors justement, tu me fais une transition parfaite, parce que là, on parle du syndrome prémenstruel, et j'aimerais quand même qu'on parle du trouble dysphorique prémenstruel, qui n'est pas la même chose. Et j'aimerais bien que tu nous en parles. J'ai plein de questions sur le sujet. Quelles sont... Alors là encore, tu vas sans doute me dire que c'est très variable, mais les symptômes qu'on observe le plus fréquemment...
- Speaker #1
quelle est la prévalence du TDPM tu vois alors ce qu'il fait aujourd'hui là-dessus ouais en fait le trouble dysphorique prémenstruel comme son nom l'indique c'est un trouble donc on n'est plus sur le pot pourri ou le fourre-tout on est sur une précision des symptômes et donc là clairement il y a des critères diagnostiques qui sont Merci. dans le DSM-5, et il y a 11 critères. 11 critères avec des obligations du type il faut absolument présenter au moins un symptôme émotionnel parmi 4 symptômes émotionnels différents. Donc il y a l'anxiété, les affects dépressifs, la labilité émotionnelle, les conflits interpersonnels. Et puis derrière, il y a tout un tas d'autres symptômes qu'on appelle les symptômes secondaires. qui vont s'additionner plus ou moins en fonction des femmes. Donc il y a les variations au niveau de la satiété, avec les envies impérieuses de nourriture, tendance aux compulsions alimentaires, il y a les troubles du sommeil, il y a les difficultés de concentration, il y a les pleurs, tout ce qui est irritabilité. Ça va être ce qu'on dit aussi, excusez-moi, je continue parce que ça me vient, la perte d'intérêt global, la perte d'intérêt pour certaines choses qu'on aime d'habitude, pour certains intérêts qu'on a, que ce soit dans le domaine personnel ou professionnel. Donc vraiment, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le point cardinal du trouble dysphorique prémenstruel, c'est un affaissement de l'humeur. L'humeur change. Et on imagine souvent que l'humeur, c'est juste joie-colère ou joie-tristesse. Mais en fait, non, c'est beaucoup plus large que ça. C'est le niveau d'énergie. Donc il peut y avoir une augmentation de la fatigue, c'est le niveau de concentration, le traitement de l'information, c'est la satiété, l'appétit, c'est la capacité à dormir ou pas. Et enfin, c'est tout ce qui est dépressif, humeur dysphorique, qui est le contraire de phorique, et donc qui signifie... un mal-être, une souffrance.
- Speaker #0
Est-ce qu'il y a un critère de durée des symptômes ?
- Speaker #1
Oui. Alors, ça varie en fonction de... Si tu veux, quand moi je fais l'évaluation, je vais regarder la présence des symptômes dans leur globalité et je vais regarder qu'il y a bien suffisamment de symptômes qui sont présents en même temps. Donc si tu veux, c'est... toute la symptomatologie qu'on va regarder. Si, par exemple, dans les critères diagnostiques, tu as deux jours de fatigue et dix jours de tristesse, en fait, les symptômes s'arbitrent et on va voir s'il y a une durée significative sur un nombre significatif de symptômes. Donc, la durée, il faut se dire que si c'est deux jours, on ne va pas coter. Si toute la modification dure deux jours, on sera plutôt... sur des symptômes psychologiques en phase prémenstruelle ou sur un trouble de l'humeur en phase prémenstruelle. On prend le trouble dysphorique, on retire tous les critères diagnostiques, on voit qu'il y a une modification émotionnelle sévère et on dit que c'est un trouble de l'humeur en phase prémenstruelle. Soit on sera plutôt là-dedans. Et puis si après on est vers 4, 5, 6 jours avec un certain nombre de symptômes activés, Dans ces cas-là, on sera sur un trouble dysphorique. Après, j'aimerais bien que, justement, les femmes qui écoutent, elles puissent bien garder en tête le fait que les cycles, comme je dis toujours, ils se suivent et ils ne se ressemblent pas. Donc, ce n'est pas parce que vous avez un coup des symptômes sévères, un coup pas sévère, qu'on peut dire qu'il y a un trouble dysphorique ou qu'il n'y a pas de trouble dysphorique. C'est vraiment... une évaluation qui est faite sur plusieurs mois. Moi, ce que je dis souvent à certaines patientes à qui j'aurai un bilan d'évaluation avec une évaluation diagnostique qui montre qu'il y a un TDPM, elles me disent « Ah ouais, mais le mois dernier, j'allais bien. » Ben oui, mais je ne vous ai pas dit que vous allez aller mal tous les mois. En fait, c'est un critère statistique sur un certain nombre de sites où on présente ces symptômes, mais encore heureux que parfois ça va.
- Speaker #0
Oui. Oui, c'est même plutôt tant mieux, parce qu'avoir ce diagnostic qui arrive, ça peut aussi être un peu flippant et se dire, ok, désormais, je vais vivre l'enfer pendant dix jours à telle période du mois. Donc, c'est important de le préciser, tu as raison.
- Speaker #1
Alors, tu vois, ce que tu dis, c'est fondamental. Parce que le diagnostic, il ne vient pas dire notre futur. Et ça, c'est hyper important. c'est à dire que Quand on a un diagnostic, ça ne change rien à ce qu'on vit. En fait, ce qu'elles vivent, elles le vivent déjà. Elles ne peuvent pas programmer leur futur.
- Speaker #0
C'est ce que j'allais dire. Pour moi, un diagnostic, ça vient même plutôt souvent expliquer le passé plutôt que prédire le futur. Je ne sais pas pour les patientes que tu accompagnes, mais je sais qu'il peut y avoir beaucoup de soulagement aussi quand il y a un diagnostic posé. Parce que j'imagine... bien ou mal, je ne sais pas, mais moi, j'imagine que pour ces femmes-là, il y a sûrement eu pas mal d'errance médicale.
- Speaker #1
Oui, il y a une grosse errance médicale. Et donc, moi, dans le cadre de ma thèse, j'ai fait une étude qui avait pour objectif d'évaluer le témoignage de plein de personnes, de 22 participantes, pour faire des corrélations, en fait, voir ce qu'il y a comme point commun. Et en fait, je ne le savais pas au moment où j'ai réalisé l'étude, mais il y avait déjà deux études similaires qui étaient en cours de publication. Et ce qui est génial, c'est ça que j'aime dans la science, c'est qu'en fait, les publications ont donné tous les mêmes résultats. En fait, en général, statistiquement, ça leur fait du bien d'avoir le diagnostic. Et elles ont au moins cinq ans d'errance diagnostique.
- Speaker #0
Je ne suis pas étonnée. Là, tu vois, je peux faire un parallèle avec les troubles alimentaires. Je ne peux pas mettre les trois principaux, anorexie, boulimie, hyperphagie, je ne vais pas mettre les trois dans le même panier, mais sur ce soulagement du diagnostic, je pense notamment à l'hyperphagie, plutôt à l'hyperphagie boulimique, qui est le trouble alimentaire le plus répandu et le moins connu, et donc le moins bien accompagné, et où des femmes, parfois, m'ont écrit pour me dire... J'ai commencé à écouter tes podcasts, ça m'a mis la puce à l'oreille, j'ai commencé à faire des recherches et j'ai osé en parler à mon médecin. Et en fait, effectivement, je souffre d'hyperphagie boulimique. Je ne suis pas juste une nana qui manque de volonté, qui n'arrive pas à se restreindre. Donc, il y a un soulagement loin d'être un frein dans la suite de ce qui va se passer. Il y a plutôt un soulagement et une reconnaissance. C'est ça aussi. Parce que dans le TDPM... On peut faire le lien avec ce que tu disais plus tôt, le manque de moyens dans la recherche des pathologies féminines. Ça en dit long aussi sur notre représentation de ces symptômes et de ce que vivent les femmes avant l'arrivée de leurs règles. Je pense à des petites phrases, « Qu'est-ce que t'as ? T'as tes règles ? » De la façon dont ces choses-là peuvent être minimisées,
- Speaker #1
rabaissées,
- Speaker #0
banalisées.
- Speaker #1
Et tournées en ridicule.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Et puis il y a aussi, j'en ai croisé, et c'était une réflexion philosophique que j'ai conduite il y a un certain temps maintenant, mais aussi des personnes qui ne voulaient pas être cette caricature de la femme.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Ce qui se comprend, en fait, parce que c'est une caricature un peu, même si je n'aime pas ce terme et qu'il est largement galvaudé, mais c'est une caricature de la faiblesse. Et c'est ça aussi un peu mon message, c'est que... Avoir un trouble dysphorique prémenstruel ou avoir des symptômes psychologiques en phase prémenstruel, ça ne fait pas des personnes qui le vivent des personnes faibles. Au contraire, parce qu'en fait, la majorité des gens ne voient pas ce qu'elles vivent. Donc, ça fait d'elles des personnes extrêmement courageuses, parce qu'en fait, elles arrivent à tenir la majorité du temps, et bon an, mal an, en passant par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. leurs objectifs de vie.
- Speaker #0
Oui, c'est clair.
- Speaker #1
Bon an, mal an, même si ça érode les relations et les recherches le monde parce que c'est difficile de maintenir des relations, de garder confiance en soi, etc., en fait, elles arrivent aussi à maintenir une partie de leurs relations. En fait, elles arrivent à maintenir leur vie.
- Speaker #0
Oui, il y a de la suradaptation, en fait.
- Speaker #1
Il y a énormément de suradaptation. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut faire ça. Mais en fait, ça n'est pas faible. Puisque, actuellement, les gens ne voient pas.
- Speaker #0
Oui. Je me posais une question en t'écoutant. C'est de savoir s'il y avait des liens d'établi entre le TDPM et d'autres problématiques psychiques.
- Speaker #1
Alors, on me pose souvent cette question. Mais ça, c'est un fait. Et ça, je le vois aussi d'autres personnes qui traitent d'autres troubles. En fait, il y a toujours des liens. En psychiatrie, 50% des gens qui présentent un trouble en ont deux. Et je pense que tu dois le voir aussi peut-être, la majorité des personnes qui présentent un TCA, elles ont en fait un autre trouble avec. Dépression, troubles anxieux généralisés, troubles du spectre de l'autisme parce qu'il y a suradaptation, troubles de la personnalité borderline. Et bien, c'est pareil avec le DDPM. La majorité des personnes... 50% si on se réfère à cette loi en psychiatrie, 50% des gens qui présentent un trouble en présentent deux. Alors quand je donne cette info-là, qui est une info de base, mais les gens sont assez intéressés par les comorbidités, ce qu'on appelle les comorbidités, c'est le fait d'avoir deux troubles en même temps. En fait, c'est normal. Parce que des personnes qui ont des processus dysfonctionnels, en général, ça va forcément impacter le reste de leur fonctionnement. Donc, ça va forcément donner lieu à d'autres dysfonctionnements.
- Speaker #0
Oui, c'est très intéressant. Est-ce que dans ces comorbidités, il y en a qui sont plus connues, communes que d'autres, qui sont reliées au TDPM ? Est-ce que tu en observes, toi, particulièrement ? Est-ce qu'il y a des études là-dessus ?
- Speaker #1
Alors... Comorbidité avec le TDPM, c'est différent de comorbidité avec symptômes psychologiques en phase prémenstruelle ?
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Il y a beaucoup d'anxieuses qui présentent des symptômes psychologiques en phase prémenstruelle. Des patientes qui ont un trouble anxieux généralisé, un TOC, une phobie, ou qui sont anxieuses au quotidien, elles ont une prédisposition à se payer des phases prémenstruelles difficiles. Donc déjà, ça c'est un premier élément. Tout simplement parce que le stress active les phases.
- Speaker #0
Oui,
- Speaker #1
on revient à ce que tu disais. Exactement. personnes qui ont un moment de vie difficile du type burnout épuisement professionnel sans forcément poser un diagnostic de burn out ou voilà mais un épuisement de vie pareil activation des symptômes psychologiques en phase prémenstruelle et puis derrière il commence à y avoir quelques études sur qui sont qui sont très très limités faut le dire mais bon les gens commencent à en parler Entre le TDAH et le TDPM.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Et puis après, en fait, il y a quelques données sur des prévalences et des comorbidités avec... Effectivement, il peut y avoir les TCA. Il peut y avoir donc le trouble anxieux généralisé aussi avec le TDPM ou le trouble de stress post-traumatique.
- Speaker #0
Effectivement, dans les TCA, on retrouve beaucoup de stress post-traumatique, beaucoup d'anxiété généralisée. Ça fait sens. Et justement, c'est une transition à nouveau parfaite pour moi. Tu en as parlé un petit peu tout à l'heure. Tu parlais de l'impact du TDPM sur la satiété, sur l'appétit, tout ça. Étant donné que beaucoup de personnes qui nous écoutent ont une relation difficile, conflictuelle, on va dire, avec leur corps et l'alimentation. J'aimerais bien qu'on parle spécifiquement de ça, de savoir ce que tu observes, toi, ou peut-être d'éclairer les personnes sur ce qui peut se jouer. Alors, il y a deux choses différentes. Ce qui peut se jouer en SPM et ce qui peut se jouer quand on a un TDPM, sur le rapport à soi, donc effectivement sur l'alimentation, mais aussi sur le rapport à soi, à son corps, la façon dont on se perçoit, dont on se vit finalement de l'intérieur ?
- Speaker #1
Alors pour le coup, il y a quelques données sur les spécificités des personnes qui ont un trouble dysphorique prémenstruel, parce qu'elles ont un fonctionnement au niveau du cerveau, au niveau du système sérotoninergique qui est spécifique. Mais on va dire qu'on peut imaginer une forme de généralité. Par exemple, si vous avez tendance aux symptômes psychologiques en phase prémenstruelle, alors votre humeur va s'affaisser. Et si l'humeur est affaissée, les pensées vont être plus négatives. Donc forcément, il va y avoir ce qu'on appelle l'activation des stratégies cognitives négatives. Si vous avez tendance à vous dévaloriser, et que quand vous allez bien, c'est facile de gérer ça, ou c'est plutôt facile de gérer ça, ou de le mettre à... un peu de côté ou bien de restructurer les pensées, en phase prémensoire, c'est un peu comme se prendre une vague de pensées négatives. Parce que l'humeur, elle est plus basse, donc forcément les pensées qui vont en ressortir, elles vont aussi être impactées par ça. Donc factuellement, il y a moins de pensées positives quand on va mal. Donc déjà, ça c'est un premier élément. donc forcément la manière dont on peut se voir avec l'activation par exemple de la dysmorphie donc du fait de se voir dans un miroir d'une manière qui n'est pas vraiment notre reflet mais plutôt un reflet moins joli un peu déformé ça, ça va se renforcer en fait en face de la mensuelle et puis si vous n'avez pas de chance et que vous avez tendance à gonfler alors là, c'est foutu. Donc vraiment, en tout cas, moi, j'ai quand même beaucoup de patientes qui ont quelques symptômes physiques, même si ce n'est pas leur priorité quand elles viennent me voir. Je leur dis, vous ne vous regardez pas. On s'en fout. Parce que de toute façon, ça va dégonfler. Et de toute façon, tout ce que vous voyez ne va pas vous plaire.
- Speaker #0
Oui, c'est ça. Et puis si on met en lien avec ce que tu as dit avant, de toute façon, vous allez être moins armés. pour contrebalancer les pensées négatives face à votre miroir dans cette phase-là. Donc, il faut choisir ses combats. Je suis complètement d'accord avec toi. Ce n'est pas le moment, on se regardera plus tard.
- Speaker #1
Exactement. Et puis, c'est d'accepter aussi un peu le fait que forcément, l'image est un peu dégradée. Et donc, même s'il faut, je ne sais pas, même s'il y a une sortie, quelque chose pour lequel il faut se gérer, il faut gérer son image, c'est aussi de pouvoir se dire, ok, de toute façon, je vais me sentir moins bien que d'habitude, mais c'est aussi une vue de l'esprit.
- Speaker #0
Ouais. C'est important, c'est super important. Et puis, quelque chose, je trouve, qui peut aussi être rassurant, c'est de se rappeler que... Parce que quand on est submergé par la vague, ça peut être difficile de se rappeler qu'on est face à quelque chose de cyclique et qui va rebouger, en fait, qu'on ne va pas rester bloqué dans cette phase-là.
- Speaker #1
Exactement. Et c'est difficile au cœur de la tempête. Mais c'est très important de s'y raccrocher, que l'image ne va pas rester comme celle-ci. que le corps va changer, parce qu'il change tout le temps, même indépendamment du cycle. Et puis que ce qu'on voit, c'est un peu déformé aussi, il y a de fortes chances.
- Speaker #0
Oui. Mais c'est très complexe, parce que si en plus, cette personne-là est en bataille, en guerre avec son corps, et donc avec son alimentation, dans le but de pouvoir changer son corps dans ces phases-là, ça réactive l'idée que le corps n'est pas comme il faut, qu'il faudrait manger différemment. Donc, ça risque de réactiver encore plus le besoin de se tourner vers la nourriture. Et du coup, en plus de ça, il y a aussi le fait, tu le disais tout à l'heure, que dans ces phases-là, on peut aussi voir une variation de l'appétit et aussi de nos envies. Beaucoup de femmes témoignent avoir très envie de sucrer. Moi, la première, il y a des aliments que je ne mange que pendant cette phase-là de mon cycle, clairement.
- Speaker #1
Effectivement. Et c'est pour ça que c'est une forme de cercle vicieux. et justement Là, tu mets le point sur un mécanisme qui est fondamental dans le traitement des problématiques en phase prémenstruelle et qui est une problématique chez les personnes qui ont des troubles du comportement alimentaire, c'est la difficulté à accepter le changement, le niveau de perfectionnisme. Et effectivement, dans cette phase-là, ça va être encore plus dur parce qu'il peut y avoir des... modification corporelle et de toute façon il y a une modification de ce qu'on voit donc en fait effectivement ça nécessite d'accepter de dérigidifier certaines choses et donc de voir ces standards un peu modifiés mais peut-être qu'on y viendra après justement j'ai regardé un peu ce que disait la recherche et je pense qu'on pourra peut-être voir après quelques conseils pratico-pratiques Dans cette phase-là, par exemple, l'un des éléments, ça va être de décaler un peu ces standards, justement.
- Speaker #0
Oui, tout à fait. Mais on peut justement enchaîner sur comment on prend en charge ça. Qu'est-ce qu'on a comme solution aujourd'hui, qu'elle soit médicamenteuse, qu'elle soit en termes d'accompagnement psychologique, mais aussi peut-être d'adapter son mode de vie ? alors j'allais dire sur ces périodes-là, mais peut-être au global, qu'est-ce qu'on sait aujourd'hui qui fonctionne pour aller mieux au global ? Et aller mieux, c'est aussi peut-être adoucir les symptômes, mais aussi peut-être ne rien... Enfin, j'imagine qu'il y a plusieurs choses, si tu veux le dire mieux que moi, mais j'imagine qu'il y a peut-être des choses qui permettent d'agir sur les symptômes, mais qu'il y a aussi plein de choses qui permettent de mieux vivre avec, en fait. Alléger la charge qu'ils représentent.
- Speaker #1
Effectivement. Et en fait, moins il y a de charges, rappelez-vous, moins il y a de stress, moins il y a de symptômes.
- Speaker #0
Et oui.
- Speaker #1
Donc en fait, c'est d'avoir un cercle vertueux. Donc déjà, pour les personnes qui ont un trouble dysphorique prémenstruel, donc des symptômes de cette sévérité-là, il y a l'antidépresseur.
- Speaker #0
Oui. Bon,
- Speaker #1
c'est le traitement médicamenteux, l'antidépresseur. Ce qu'il faut bien savoir, c'est que ça a visé à limiter les symptômes. Donc s'il n'y a plus de symptômes, ok, génial, magnifique. Mais la majorité de mes patientes continuent d'avoir certains symptômes, même sous antidépresseurs. Par contre, ils sont moins forts. Donc, par exemple, si on revient à notre sujet du rapport à l'alimentation, moi je ne peux pas garantir, et les études ne le garantissent pas non plus, qu'avec un antidépresseur, il n'y a plus de compulsion alimentaire, ou il n'y a plus d'envie impérieuse de nourriture. Par contre, peut-être que ça peut être minimisé. Et ce qu'on voit aussi, c'est que chez les patientes... qui ont un TDPM, il y a plus d'envie de produits hautement sucrés ou hautement salés en phase prémenstruelle que chez les autres femmes. C'est-à-dire qu'elles font face à plus d'envie alimentaire que les autres femmes. Donc, il faut bien comprendre d'où vient le problème. Il y a des personnes qui vont augmenter leur prise alimentaire parce qu'elles ont plus d'envie. Et souvent, c'est corrélé à un autre mécanisme qui est, on peut voir aussi chez les femmes qui ont un TDPM, qu'en fait, elles vont avoir une baisse du taux de leptine. Alors ça, ce n'est pas encore totalement validé parce qu'il y a des articles qui disent plus ou moins oui. Mais bon, il y a cette hypothèse-là qu'il y a une baisse du taux de leptine chez les personnes pour un point normal. Sauf que la leptine, c'est ce qui va réguler les entrées et les sorties dans le corps. Donc en gros, c'est le message que reçoit le cerveau de Ah ! T'es assez mangé aujourd'hui.
- Speaker #0
C'est ça, la satiété, quoi.
- Speaker #1
Exactement. Donc, en fait, s'il y a une baisse de cette hormone-là, eh bien, forcément, il va y avoir plus d'envie alimentaire. Donc, en fait, il faut bien comprendre que ces envies alimentaires-là en phase prémenstruelle, ce sont des messages du cerveau qui sont un peu dysfonctionnels. Alors vous me direz ça, vous me direz, vous êtes bien sympa Hélène, parce qu'en attendant, moi je pense à ma crêpe au Nutella toute la journée. Donc comment je fais maintenant ? Et en fait, dans le cadre de mes suivis, et aussi j'ai encore regardé aujourd'hui ce que dit la recherche scientifique là-dessus, et les taux de leptine, on ne peut pas les moduler. qui permet de stabiliser la léthine, c'est de dormir suffisamment et de manger suffisamment de fibres et de protéines.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Donc, les personnes qui sont en phase prémenstruelle et qui vont avoir des envies, déjà, il n'y a rien qui va guérir l'envie. Par contre, il y a des bonnes habitudes. Souvent, en plus, quand les personnes ont un TCA, si elles ont une tendance à la compensation, mais Même pas que les personnes qui sont une fois de plus dans les critères diagnostiques du trouble de comportement alimentaire.
- Speaker #0
Oui, on s'entend bien. On peut élargir le prisme. Personnes en difficulté avec leur alimentation.
- Speaker #1
Exactement. Par exemple, elles vont être en phase prémenstruale. Elles vont avoir plus envie de sucre ou de salé. Et elles vont manger plus. Donc, elles ont significativement plus d'envie et significativement des quantités supérieures. En fait, qu'est-ce qu'elles vont vouloir faire ? Elles vont vouloir compenser. Et ça, par exemple, sur le court terme, peut-être que votre rapport calorique est sauvé. Peut-être que vous avez autant de calories que si vous n'aviez pas eu de compulsion alimentaire parce qu'on organisait différemment votre journée. Mais en fait, sur le long terme, ça vous dessert.
- Speaker #0
Mais oui.
- Speaker #1
Parce que si vous ne dormez pas correctement et si vous n'avez pas des apports de protéines et de fibres, vos taux de leptine vont chuter. Donc... C'est pour ça que même s'il y a tendance à rajouter des produits hautement sucrés ou hautement salés, il faut absolument prendre des protéines et des fibres à côté, même si ça augmente les apports caloriques. Donc déjà, ça c'est un premier élément, c'est contre-intuitif, parce que le phénomène de compensation va faire qu'une personne qui a trop mangé, dans ses codes, on s'entend, dans sa tête a trop mangé, elle va chercher à mangez moins. Non, si vous avez des envies de sucre et de salé, mangez des protes à côté.
- Speaker #0
Pardon, excuse-moi, je pensais que tu avais fini. J'avais envie d'ajouter le fait qu'en plus de ça, encore une fois, rappelle que c'est un cycle et que donc on ne reste pas bloqué là-dedans, et qu'à un moment donné, le corps peut revenir à la normale, et qu'à ce moment-là, le corps fait son job de régulation. et qu'il n'est pas nécessaire et que à nouveau je vais aller dans ton sens plus on va chercher dans la compensation à vouloir gérer le truc comme ça moins on va permettre au corps de pouvoir justement faire son job de régulation dans les jours et les semaines qui vont suivre donc effectivement c'est flippant encore plus si on a un trouble alimentaire qui est installé mais d'ailleurs je ne l'ai pas dit jusqu'ici mais j'avais envie de le dire à un moment donné c'est que je pense qu'on va retrouver différentes choses au niveau du SPM, du TDPM. Il y a des personnes qui n'ont pas de troubles alimentaires installés, il y a des personnes qui en ont un. Je pense que... ça peut contribuer à l'installation d'un trouble alimentaire. C'est-à-dire que ces envies impérieuses qui débarquent, ces compulsions qui débarquent, qui à la base ne sont pas reliées à un TCA, vont déclencher l'envie de contrôler aussi parce qu'on vit dans la société dans laquelle on vit et qu'il ne faut surtout pas grossir, etc. Et que c'est flippant, donc je veux contrôler. Et malheureusement, je pense vraiment que ça peut installer sur le long terme un trouble alimentaire.
- Speaker #1
Oui, je suis d'accord avec toi. et effectivement ça peut être un activateur des personnes qui en fait n'ont pas de problème d'envie spécifique ou se régulent plutôt bien qui vont se retrouver avec des envies d'un autre monde ou alors la disparition de leur satiété j'en fais un peu trop quand je dis ça mais une satiété qui est un peu dysrégulée et hop derrière si elle est un peu elle a un peu de sensibilité, un peu de recherche de contrôle, ou qu'elle a du mal à comprendre ce qui se passe, et qu'en fait, elle ne lâche pas totalement prise, et c'est vachement dur quand même. Je vais lâcher prise, super, j'ai pris 2 kilos, je vais lâcher prise. Ça peut faire peur, ça peut... Voilà, et donc intuitivement, il y a quand même beaucoup de personnes qui vont avoir le réflexe de contrôler. Et parfois, entre guillemets, mal contrôler. C'est-à-dire que, ah bah si je mange deux beignets ou un beignet et que je ne mange pas de repas, ça va aller. Non, parce que ça creuse les déficits de l'épsine. Mangez absolument des protéines, ce que vous voulez, mais mangez des protéines et un peu de légumes. Donc, en fait, il y a cet élément-là qui est important. Après, on n'en a pas encore parlé, mais il y a le fait aussi que quand on est déprimé, on va avoir recours à l'alimentation réconfort.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Indépendamment des... Enfin, en tout cas, beaucoup de personnes ont tendance à l'alimentation réconfort. Une fois de plus, je ne veux pas faire des généralités. Mais indépendamment des modifications neuro-biopsychologiques qui vont faire que les ressentis d'envie et les quantités mangées changent significativement, il y a aussi le fait de se raccrocher à quelque chose qu'on aime, qui va nous rassurer, puis de toute façon on n'est pas très bien, puis en plus on a du mal à avoir du plaisir. Donc, comme on a du mal à avoir du plaisir, on va se prendre le petit truc qu'on aime bien manger et la boucler, boucler. Donc, du coup, il y a un autre élément que je donne aussi à mes patientes. En général, ça dépend toujours du fonctionnement qu'elles présentent. Mais ça va être de choisir leurs éléments réconforts.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Donc, surtout, ne pas s'interdire de manger ce qu'on a envie de manger. Parce qu'il y a l'aspect psychologique de l'alimentation. La restriction entraîne la compulsion. C'est une loi. C'est une loi en psychologie. S'il me restreint, je vais avoir envie. Donc je vais compulser. En revanche, peut-être que je peux choisir sur quels aliments je vais pouvoir me réconforter. Et donc avoir une forme de pas de contrôle. mais de régulation et donc se dire en phase prémenstruelle je m'autorise à manger ça me donne l'exemple d'une patiente avec qui on a travaillé ça elle pouvait manger des pancakes à volonté et c'était son repas et donc on avait pour entre guillemets loi parce que moi je travaille beaucoup avec les conditionnements c'était qu'elle ait des repas quoi qu'il arrive c'est à dire qu'il fallait avoir des repas dans la journée et pas perdre, pas désorganiser l'alimentation. Mais attention, pas de grignotage interdit, mais repas obligatoire.
- Speaker #0
Oui, mais tu fais bien de repréciser. Je te suis bien, mais c'est très bien que tu reprécises.
- Speaker #1
Et derrière, en fait, comme les pancakes, c'est son aliment plaisir et confort, ça m'admène de Proust. Elle pouvait le mettre quand elle voulait. Et ça permettait d'apporter, enfin, ça permet d'apporter et ce plaisir, et en même temps ne pas dire, ben voilà, je vais compulser avec n'importe quoi, n'importe comment parce qu'en fait, j'ai envie de tout, tout le temps.
- Speaker #0
Ouais. Du coup, ce que j'entends, c'est que t'as cité les antidépresseurs sur le côté médicamenteux. Et après, c'est... J'entends qu'il y a beaucoup d'accompagnement psychologique, d'adaptation. selon ce que chaque personne vit et rencontre mais ce que j'entends en toile de fond c'est aussi beaucoup d'observation, d'écoute de soi Et d'être dans quelque chose de l'ordre aussi, peut-être qu'on pourrait nommer de l'autocompassion, de quelque chose de peut-être beaucoup plus bienveillant. J'imagine les femmes qui arrivent jusqu'à toi et qui, on en a parlé, ont cherché à se suradapter. Peut-être qu'elles ont été beaucoup en lutte contre les symptômes, alors que là, c'est prendre la décision d'en faire autre chose, de les entendre, presque de les accepter et de trouver des adaptations. Tu laisses le niveau de stress, tu es en lutte.
- Speaker #1
En fait, le trouble dysphorique prémenstruel, ce n'est pas rien, c'est un trouble psychiatrique. Et même, une fois de plus, moi je traite des personnes qui ont des symptômes psychologiques en phase prémenstruel, d'autres qui ont un trouble de l'humeur en phase prémenstruel, d'autres qui ont des TDPM. En fait, dans tous les cas, ces symptômes-là sont des symptômes qui sont handicapants. pour le tdpm c'est carrément un trou psychiatrique c'est au même niveau que la dépression que le toit polaire que le tdh que le trouble du comportement alimentaire c'est grave c'est pas oh je me sens un peu mal c'est très grave 15% des personnes essayent de suicider donc en fait moi je les je souvent je les mets face un peu à leur contradiction parce que Et justement, en séance individuelle, on est sur la gestion des symptômes, l'acceptation des symptômes, et en même temps, effectivement, ils disent « Ouais, mais là, j'arrive pas à faire ça, d'habitude j'arrive à le faire, oui, mais là, ça c'est pas normal. » Et à un moment donné, je les regarde et je leur dis « Mais est-ce que vous acceptez d'avoir un trouble ? Si vous aviez la grippe, est-ce que vous seriez là en train de me dire ? » Ah mais vraiment, je devrais y aller parce qu'en fait je devrais traverser la fièvre et je devrais quand même être capable de faire ma réunion et je devrais quand même être capable de faire mon footing. Vraiment, ça me dérange de ne pas réussir à aller le faire. Si vous aviez la grippe, vous feriez quoi ? Et la majorité du temps, on me dit, je serais au lit. Ben oui, vous seriez au lit. Donc en fait, là, vous êtes malade. Certes, ce n'est pas la même maladie. Certes, on essaye de la gérer au quotidien. On essaye de mettre en place des ajustements. Mais en fait, cette gêne, elle existe. Cette modification, elle existe. On ne va pas pouvoir l'éliminer. Donc, ben oui, vous n'allez pas manger pareil. Mais en fait, vous êtes déprimé à 9 sur 10. Enfin, déjà là, vous êtes là avec moi. Vous pouvez me dire que vous avez fait une crise de pleurs ce matin, qu'il y a deux jours, ça a été une... que c'est difficile de se focaliser sous ma tension. Bien sûr que vous n'allez pas manger pareil, c'est normal. Et donc c'est comment on fait pour faire en sorte qu'il y ait ces ajustements. Et c'est aussi contre-intuitif, mais plus on ajuste, plus on va être équilibré.
- Speaker #0
Oui, plus on expérimente. De ce que j'entends... J'ai l'impression que du coup, ce qui est plutôt fonctionnel pour accompagner ces personnes-là, c'est tout ce qui est thérapie cognitivo-comportementale. Dans ce que tu disais, il y a des choses qui me faisaient écho avec la thérapie ACT, mais on peut faire le lien aussi avec plein d'autres thérapies. J'ai l'impression que c'est... Est-ce que là-dessus, il y a des études aussi qui ont pu montrer l'efficacité de l'éthicothérapie ?
- Speaker #1
Oui, l'efficacité des thérapies cognitivo-comportementales, c'est un traitement du trouble dysphorique prémenstruel.
- Speaker #0
Ok.
- Speaker #1
Mais en fait, au même titre que ça peut être un traitement du trouble bipolaire, enfin, oui, le trouble bipolaire, c'est un trouble de l'humeur. Moi, ce que je dis souvent, c'est que le trouble dysphorique prémenstruel, c'est un trouble dépressif, d'accord ? Mais en fait, ça fonctionne comme un trouble de l'humeur, parce qu'il est très brutal.
- Speaker #0
Oui.
- Speaker #1
Et en fait, c'est une modification de l'humeur comme ça.
- Speaker #0
Oui, il y a un switch, il y a un bouton on-off.
- Speaker #1
exactement et donc il ya en cela il ya des points communs dans la prise en charge du tdpm et du trouble bipolaire et en fait pour le trouble bipolaire même si on introduit des traitements fait la thérapie est fondamentale ouais les des traitements médicaments que j'entends parce que la terre avait aussi un traitement mais en fait c'est pas parce qu'on a un médicament qu'il ne faut pas apprendre à vivre avec soi-même et ses phases. Et moi, en fait, c'est vraiment ça le cœur de mon boulot. Je regarde comment est la personne, je regarde tous ses mécanismes et je l'aide à vivre avec ses phases à elle. Alors après, il y a...
- Speaker #0
Il y a des généralités, par exemple le rapport à la leptine, le fonctionnement cérébral qui évolue, la dysrégulation à ce moment-là. On ne traite pas les informations pareilles. Donc, par exemple, le système récompense à ce moment-là, il ne fonctionne pas pareil. Les personnes qui ont un TDPM, elles vont être plus sensibles à la récompense alimentaire dans ces moments-là. Donc, il y a tout un tas de processus neuropsychologiques qui changent. Et ça, il faut le prendre en compte. et on peut en faire... statistiquement, on peut en faire des généralités. Mais après, chacune a ses spécificités.
- Speaker #1
Mais c'est chouette parce que j'ai le sentiment que tu pratiques aussi beaucoup de psychoéducation. Tu transmets beaucoup aux personnes que tu accompagnes sur justement tout ce que tu sais de ces généralités, de ces fonctionnements. Et ça, ça me semble vraiment précieux, que les personnes puissent comprendre ce qui se joue en elles.
- Speaker #0
C'est fondamental. En fait, souvent, on a tendance à un peu minimiser l'impact de la psychoéducation ou d'imaginer que ce n'est pas de la clinique psychologique, que ce ne serait pas qu'apprendre aux gens leurs mécanismes. Ce n'est pas vraiment de la psychothérapie. Mais en fait, on peut très bien faire une psychothérapie de qualité en travaillant en profondeur sur les mécanismes des personnes. vraiment dans un cadre psychothérapeutique et ce qu'on appelle un peu la clinique à main nue, mais tout en intégrant de la psychoéducation. Enfin, c'est fondamental que les gens comprennent ce qu'ils ont.
- Speaker #1
Je suis d'accord avec toi, mais je ne suis pas sûre que ce soit partagé par tous les soignants. Il y a aussi une question de relation soignant-soignée, de pouvoir, je pense qu'il y a plein d'enjeux. Mais justement, ça m'amène à ma question suivante, c'est de savoir mais Tu vois, il y a des personnes qui nous écoutent qui vont peut-être se reconnaître dans un certain nombre de choses, de symptômes, et qui se demandent bien vers qui se tourner et vers qui on s'oriente dans ces cas-là. Est-ce qu'on doit s'orienter, en parler d'abord à son médecin généraliste ? Est-ce qu'on en parle à un ou une psychologue, à un endocrinologue, à sa gynéco ? À qui on parle de ça ?
- Speaker #0
Tu veux dire des symptômes psychologiques ?
- Speaker #1
Un peu tout, parce que j'imagine que... on en a parlé, que ce soit dans la description du SPM ou du TDPM, il y a un mélange de symptômes psychologiques et de phénomènes qui vont être plutôt physiques, physiologiques, et du coup, vers qui on s'oriente ? Comment on fait ? Tu avais aussi parlé des rentes médicales tout à l'heure, avec une moyenne de 5 ans.
- Speaker #0
Oui. Alors, en fait, ça dépend de ce qu'on a. Si on a des symptômes physiques en phase prémenstruelle, On va plutôt, en fonction du type de problème, par exemple, j'ai une patiente qui a des migraines en phase prémenstruelle, on peut qualifier de migraine hormonale, là, c'est gynéco ou neurologue.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Ensuite, ça va dépendre du problème, mais il faut toujours se référer au type de symptômes. Si vous avez des symptômes d'acné, vous allez aller voir, même si ça apparaît qu'en phase prémenstruelle, vous allez aller voir la personne qui s'occupe de l'acné. Si vous avez un problème au niveau de, je ne sais pas moi, des douleurs en phase pré-monstruelle ou en phase menstruelle, vous allez aller voir des douleurs, j'entends, au niveau de la sphère justement gynécologique, vous allez aller voir un gynécologue. Et si vous avez des symptômes psychologiques, alors vous allez aller voir quelqu'un qui est spécialisé dans la santé mentale. Et ensuite... Le job de chacun, et c'est là où on va plutôt sur la formation des professionnels, c'est qu'en fait, la personne dont c'est le job de gérer un symptôme en phase prémenstruelle, typiquement l'acné hormonal par exemple, ou typiquement les gonflements en phase prémenstruelle, en fait c'est son job de les gérer. Donc le praticien, la praticienne doit vous accompagner et vous répondre, et ne doit pas banaliser le problème.
- Speaker #1
J'ai la sensation que c'est assez méconnu quand même, assez peu pris en charge. Et même, tu vois, je me questionne sur tout ce qui va être autour du trouble de l'humeur, de ces mouvements psychologiques hyper compliqués à traverser. Je me demande si la majorité des psychologues et des psychiatres se sentent armés, équipés pour accompagner ça, tu vois.
- Speaker #0
Non, ils ne se sentent pas. parce qu'on n'est pas encore assez formé. Mais plus le temps passe, c'est plus censé le savoir. L'idée aussi, il y a un article qui a été publié en français, moi j'espère en publier d'autres. Et j'espère que dans les années à venir, les professionnels auront aussi l'envie de se former. Maintenant, il peut aussi très bien, comme moi ça a été mon cas sur d'autres problèmes sur lesquels je ne suis pas spécialisée, parfois quand quelqu'un m'amène un problème, je ne connais pas, je dis que je ne connais pas et que je vais aller le chercher. Et c'est pas grave ?
- Speaker #1
Oui, oui, tout à fait. C'est même souhaitable, je pense, de réagir comme ça.
- Speaker #0
Donc, il y a des problèmes, quand je ne les connais pas, j'estime que c'est trop complexe et que je ne veux pas les faire parce que je vais mettre trop de temps à apprendre. Puis il y a des problèmes, je me dis, tiens, ça, je ne connais pas, je vais aller voir parce que ça ressemble à une autre pathologie que je sais bien traiter. Ou alors, il y a peut-être des mécanismes en commun où je vais regarder, je me sens le faire, je vais aller me documenter là-dessus. Et en fait, c'est ce qu'on devrait tous faire. Donc, après, j'entends bien que certaines personnes professionnelles n'aient pas envie de rentrer dans cet aspect-là. Comme moi, il y a des aspects que je n'ai pas. Je n'ai pas tous les aspects du monde. Mais j'ai aussi grand espoir qu'il y ait des gens que ce soit un thème qui les intéresse, qu'ils aient envie de se documenter, et que quand la patiente arrive... avec son petit manuel de voilà je crois que j'ai un tdpm où j'ai un tdpm parce que je sais pas moi madame marie thomas a fait un bilan d'évaluation diagnostique que la personne a fait ça oui d'accord ah bah c'est quoi et
- Speaker #1
puis qu'en fait d'une séance à l'autre elle aille chercher mais tu vois là ça nécessite aussi une certaine information éducation déjà du patient qui arrive mais il ya aussi toutes les femmes qui traversent ça qui n'ont pas forcément pu remarquer que c'était toujours à cette période du cycle. Encore une fois, moi, je vois quand même énormément de femmes qui ne sont pas tant connectées que ça à leur cycle, parce qu'en fait, on ne nous apprend pas aussi à être en observation. Et autre chose, quand on arrive aux urgences, et même aux urgences psychiatriques, une personne, une femme arrive et est en pleine décompensation, enfin, il y a quelque chose, on ne va pas lui dire, vous en êtes où de votre cycle ? C'est une question que personne ne pose, peu importe ce qu'on vit, en fait. On ne nous demande pas où est-ce qu'on en est de notre cycle parce qu'on ne fait aucun lien. Et du coup, forcément que les patientes, elles arrivent chez le psy, la psy, avec les symptômes, mais sans forcément pouvoir le mettre en lien avec ça. Et du coup, ma crainte, c'est ça. C'est que du coup, c'est là où on arrive dans une errance. C'est que si le psy n'est pas...
- Speaker #0
En fait, je suis d'accord avec toi. Et là, on rentre sur un autre phénomène. qui est que, en fait, ce que tu m'as dit tout à l'heure concernant le fait que tout un tas de personnes que tu vois ont possiblement un impact de leur cycle menstruel, pour moi, là, on rentre sur un autre débat, qui est que toutes les prises en charge devraient intégrer un questionnement sur le cycle menstruel. Toutes. En fait, à partir du moment où on suit une femme, il faudrait intégrer... un certain niveau de connaissance sur l'impact de son cycle menstruel sur ce qu'elle présente.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Donc, ça, c'est un fait. Et effectivement, on ne peut pas, un professionnel peut passer à côté d'un diagnostic s'il ne connaît pas ce diagnostic. C'est bien pour ça qu'il y a bien longtemps, je l'ai apprenu par cœur. Parce qu'un truc n'existe pas ou que je ne connais pas, par exemple, il y a eu un nouveau diagnostic dans le cadre qui ressemble à... qui est dans les troubles neurodéveloppementaux, qui est sorti et qui est nouveau, qu'on n'a pas appris. Moi, je ne suis pas spécialisée, par exemple, dans certaines pathologies neurodéveloppementales, etc. Ce n'est pas vraiment mon domaine. Moi, je ne l'ai pas vue. Je ne l'ai pas vue parce que cette patiente, je l'ai suivie pour quelque chose qui n'avait rien à voir. Et ça ne m'est pas venue en tête parce que je n'avais pas ce chemin-là dans ma tête.
- Speaker #1
Oui, oui.
- Speaker #0
Et effectivement, quand il nous manque un chemin, on ne peut pas le visualiser quand la symptomatologie se présente à nous. Et c'est pour ça qu'il y a un problème plus global de santé publique, de formation dans les universités, mais là on rentre dans un autre débat que j'ai avec d'autres personnes, sur le fait d'en faire un problème de santé publique et que les professionnels soient formés là-dessus.
- Speaker #1
Ouais. Bon, effectivement, c'est un autre débat, mais c'est clair qu'il y a plein de portes qu'on a entreouvertes et qu'on pourrait pousser et qui sont en lien et qui seraient hyper intéressantes. Mais pour revenir à cette histoire de symptômes que vivent les personnes, tu en as un peu parlé tout à l'heure. Est-ce que tu voudrais bien qu'on termine cet épisode en donnant quelques petites pistes concrètes aux personnes qui sont en difficulté avec ça, que ce soit un syndrome prémenstruel ou jusqu'à un TDPM ? Qu'est-ce qu'on peut faire pour mieux vivre ces phases-là ? De quelle manière les personnes peuvent déjà agir là-dessus ?
- Speaker #0
Je pense que ce serait de répondre à certaines questions les concernant. Quel est votre niveau de stress ? Comment vous pouvez réguler votre stress ? Est-ce que vous avez eu des changements dans votre rythme de vie ? Est-ce qu'ils vous ont affecté ? Est-ce que vous avez des carences ? Voir avec votre médecin, est-ce qu'il y a une carence de fer ? Est-ce qu'il y a une carence ? de magnésium, de vitamine C. Et puis ensuite, est-ce qu'il y a des antécédents de troubles dépressifs dans la famille ? Comment vous vous sentez actuellement ? Et puis de pouvoir se demander, qu'est-ce qui peut m'activer durant ces phases-là ? Qu'est-ce qui peut m'aider à prendre soin de moi ? Qu'est-ce qui peut m'aider en termes d'activité ? Qu'est-ce que je fais d'habitude que là je ne peux pas faire ? Comment je peux me donner du mou ? Comment je peux m'organiser, par exemple, un élément qu'on travaille très souvent, m'organiser autour de ma fatigue ?
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Le niveau d'énergie, s'il n'est pas le même, je ne vais pas avoir le même emploi du temps. Donc, comment je vais m'ajuster avec ça ? Et puis, sur l'aspect alimentaire, en fait, un peu comme en général, c'est... votre rythme en dehors des phases prémenstruelles qui va déterminer votre manière de traverser les phases prémenstruelles. Donc en fait c'est très important d'avoir pas du contrôle mais des bons conditionnements avec la nourriture. Donc de pouvoir accepter d'avoir des variations mais aussi avoir des habitudes. Ne pas compenser, maintenir les repas. accepter qu'il y ait une augmentation des apports caloriques. Mais une fois de plus, cette augmentation des apports caloriques, elle ne va pas forcément rester dans le temps et elle ne va pas forcément avoir d'impact sur la prise de poids. Et puis, ne pas se peser durant cette phase-là.
- Speaker #1
C'est marrant, tu l'as dit au moment où j'y pensais. Je me suis dit, très important.
- Speaker #0
Exactement. Et surtout, se rappeler de... de la vision globale. Notre corps ne dépend pas d'une ou deux semaines. Il va dépendre d'un équilibre global comme il ne dépend pas de deux jours. Et en fait, c'est ce rapport rocher de ça parce que pendant un jour, on va mal manger, on va compenser et on va avoir l'impression que du coup, ça va pas se ressentir. Mais en fait, dans le temps, par exemple, il va y avoir une variation de l'éthyl, donc une variation de l'appétit le lendemain. et donc le lendemain ce sera pire donc en fait si on a une vision long terme il vaut mieux manger ses pancakes et ajouter le repas habituel plutôt que de chercher à tout désorganiser ouais
- Speaker #1
merci pour ces conseils c'est précieux et je crois que c'est vraiment important j'entends beaucoup de retour à soi en fait ça revient à ce que je disais tout à l'heure retour à soi, observation adaptation, expérimentation, essayer des choses.
- Speaker #0
Oui. Et c'est pour ça que je ne fais que dire que j'ai envie de donner tout un tas d'informations et en même temps, je ne peux que donner des informations nuancées. Parce que moi, je ne traite pas deux patientes pareilles.
- Speaker #1
Mais oui.
- Speaker #0
Des techniques, j'en ai plein. Mais en fait, ça va dépendre d'elles. Quand je suis en séance, je ne suis pas là en train de me dire « Ah bah tiens, je vais lui appliquer ce que j'ai appliqué aux trois dernières. » En fait, ça va dépendre de votre propre équation. Et c'est pour ça que c'est très important de comprendre sa propre équation.
- Speaker #1
Il y a une question que j'ai oubliée de te poser. J'ai quand même la curiosité de savoir, parce que tout à l'heure, on a parlé des chiffres pour le SPM. Mais je ne t'ai pas posé la question pour le TDPM.
- Speaker #0
Ce que montrent les études... Actuellement, c'est jusqu'à 6% des femmes qui auraient un trouble dysphoïque prononstruel. Donc à peu près 6% des personnes menstruées.
- Speaker #1
Ces 6%, c'est les femmes qui cochent toutes les cases ?
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Du diagnostic via le DSM. Donc un peu comme avec les troubles alimentaires, si on élargit un peu à des personnes qui ne cocheraient peut-être pas tout à fait les cases, j'imagine que les chiffres sont encore plus élevés.
- Speaker #0
Oui. On est plutôt sur des personnes qui présentent un trouble, on va dire des symptômes psychologiques en phase prémenstruel, plutôt aux alentours de 13%.
- Speaker #1
Ok, ça double quand même le chiffre.
- Speaker #0
Ouais, et donc là, on est à 13 femmes sur 100.
- Speaker #1
Ouais.
- Speaker #0
Ouais.
- Speaker #1
Bah écoute, si t'es très riche comme échange, est-ce que t'as l'impression qu'on a... T'as abordé ? Est-ce qu'il y a des choses, des questions que je t'aurais pas posées alors que tu voulais parler d'un élément en particulier ? Non. Est-ce que t'as l'impression qu'on a fait le tour ?
- Speaker #0
Non, j'ai l'impression qu'on a fait le tour. J'ai essayé de ramener un peu à l'alimentation. J'espère que j'ai pas été trop grouillon.
- Speaker #1
J'ai pas l'impression.
- Speaker #0
Non, moi aussi.
- Speaker #1
J'ai pas du tout ressenti ça. Non, non, ça m'a paru très clair et... compréhensible et applicable. Tu vois, il y a quelque chose de... Donc, je ne sais pas, j'invite les personnes qui nous écoutent à ne pas hésiter à nous faire des retours. D'ailleurs, si des personnes qui écoutent le podcast ont envie de te contacter, que ce soit pour te remercier pour cet épisode, ou même peut-être pour travailler avec toi, où est-ce qu'elles peuvent te contacter ?
- Speaker #0
Sur Doctolib. Il y a mon adresse mail. Si jamais on veut me joindre, c'est... systématiquement par mail. En tout cas, en général, je leur demande de faire une... Je demande à tous les patients de faire une demande avant de pouvoir s'inscrire en tant que nouveau patient.
- Speaker #1
D'accord.
- Speaker #0
Donc voilà. Et après, sinon, il y a aussi ma page Instagram sur laquelle je donne des informations.
- Speaker #1
Ok.
- Speaker #0
Donc ça peut être peut-être qu'à un moment donné, je parlerai un peu plus de tout ce qui est sujet alimentation. Ça serait mon souhait.
- Speaker #1
Ok, je mettrai les liens de tout ça en description de l'épisode. Merci beaucoup pour ton temps, parce que je dois vous dire qu'on enregistre cet épisode de podcast un samedi, en début d'après-midi. Donc Hélène m'offre de son temps de week-end, nous offre de son temps de week-end. Donc merci beaucoup d'avoir répondu présente. Merci pour toutes ces informations. Puis en fait, globalement, merci pour le travail que tu fais et la façon dont tu le fais. On sent qu'il y a... il y a du cœur dans ce que tu fais et qu'il y a de la passion tu vois qu'il y a quelque chose qui t'accroche donc c'est trop bien. Merci.
- Speaker #0
Merci à toi aussi parce que c'était vraiment très intéressant.
- Speaker #1
Trop bien. Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast, en parler autour de toi, à tes proches mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcasts, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao !