Speaker #0Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres, bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, Et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien, sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue dans la question du lundi. Aujourd'hui, voici la question à laquelle je réponds. Comment gérer la honte d'avoir un rapport compliqué à la nourriture à mon âge ? Ouais, je pense que déjà, la question de la honte... elle est malheureusement hyper présente dans la question des troubles alimentaires et ça devrait être tellement pas. Et on va en parler dans cet épisode. Mais la question de l'âge aussi est de se dire mais en fait, dans les représentations de beaucoup trop de personnes, les troubles alimentaires, c'est une pathologie adolescente. Et donc, en vieillissant, on ne devrait plus souffrir de ça. Alors que ce qu'on sait, c'est que c'est une pathologie chronique. En fait, effectivement, la majorité des troubles se déclarent autour de l'adolescence, ou de la toute jeune vie d'adulte, vraiment au tout début de la vie d'adulte, notamment pour la boulimie, qui peut se déclarer plutôt autour de cette période-là. Mais ce qu'on sait, c'est que ça se chronicise, et que le trouble alimentaire, il prend différentes formes, et que si, par exemple, il s'est déclaré via l'anorexie à l'adolescence, eh bien, il peut muter, si je puis dire. en boulimie, en hyperphagie, à différents moments de la vie. Et que, comme ce sont des pathologies pas bien connues encore pour le moment, même si ça bouge beaucoup et qu'il y a de plus en plus de professionnels qui se forment à ça, ça reste méconnu et pas encore inclus dans la formation de base des professionnels du soin, notamment les psychologues, les diététiciens, les médecins. Et donc, ça rajoute à cet effet de chronicisation, et puis si on rajoute par-dessus la honte de se dire « Attends, je souffre encore de ça, donc du coup je n'en parle pas » , eh bien voilà, on peut se retrouver à un âge très avancé et à souffrir encore de troubles alimentaires. Et cet épisode, il s'adresse à vous toutes qui ressentez peut-être ça, de se dire « Mais attends, je suis adulte, vraiment, je suis une grande personne, voire... » J'ai fait ma vie d'adulte, en fait, et j'ai traversé ma vie avec ce trouble-là, et franchement, j'ai trop honte d'être encore avec ça. Eh bien, si tu ressens ça, laisse-moi te dire déjà, te rappeler, que les troubles alimentaires, c'est des vraies pathologies, et que ça touche près d'un million de personnes en France. Et ce million de personnes, ce n'est clairement pas que des très jeunes personnes. Quand on parle de ce chiffre-là, de près d'un million de personnes, c'est les personnes qui sont diagnostiquées. Donc on peut largement imaginer que le chiffre est supérieur à ça. Et puis, là, quand on parle de diagnostic, on parle aussi de critères spécifiques qui permettent de rentrer dans la case troubles des conduites alimentaires. Mais tout ça, ça n'inclut pas tous les TCA subcliniques, tout ce qu'on pourrait nommer par l'alimentation troublée. Tu vois ? Toutes ces personnes qui ne cochent pas toutes les cases absolues du TCA, mais qui en fait ont une alimentation troublée. Donc là, à combien on pourrait être ? Je pense que ce chiffre pourrait être énorme. Et attends, on va encore aller plus loin. On va parler des gens qui ont une relation compliquée à leur corps et à l'alimentation. Si à ce chiffre tu ajoutes encore toutes les personnes en insatisfaction corporelle et qui du coup s'imposent de la restriction et de la restriction cognitive, à combien est-ce qu'on pourrait amener ce chiffre ? Je me souviens que lors d'une de mes formations avec le GROW, le groupe de réflexion sur l'obésité, le surpoids et les TCA, une des formatrices disait qu'il était estimé qu'il y avait 75% de la population en restriction cognitive. Pour rappel, la restriction cognitive, c'est le fait de contrôler ce que l'on mange dans le but de contrôler son corps, donc ne pas grossir ou maigrir. Tu vois, toutes ces personnes... que tu croises et qui disent non non mais moi, oulala ce midi on a mangé tout ça ce soir je mange pas oh là bah demain je vais aller courir pour éliminer ce que j'ai mangé ah non mais moi en ce moment j'arrête le sucre tu vois tous ces trucs là regarde la société autour de toi regarde Et dis-moi, combien de personnes tu peux compter qui sont complètement en paix avec leur alimentation et dans le rapport à leur corps ? Combien de personnes le sont réellement ? Je pense que ça va largement tenir sur les doigts d'une main, parce que ces personnes sont très rares, et chez les femmes elles le sont encore plus. Mais en même temps, comment est-ce que ça pourrait être différent quand on voit la pression mise sur le corps des femmes depuis l'enfance ? Voir la toute petite enfance développer un TCA dans notre société, c'est presque normal. C'est presque, on peut se demander, les personnes qui y échappent, on peut se dire mais waouh, comment as-tu fait ? Alors quand je dis développer un TCA, un TCA ou une alimentation troublée, en fait être en difficulté avec son poids et son corps dans notre société, c'est presque la norme. Et d'ailleurs, notre société normalise, voire valorise des comportements qui frôlent le pathologique. Quand on voit qu'on est accompagné sur des pertes de poids, par exemple, avec le fait de faire très attention à tout ce qu'on mange toute la semaine et s'accorder des cheat meals arrivés au week-end, en fait, on est dans le principe même de la boulimie. C'est-à-dire que quand tu es en train de te lâcher sur tes cheat meals le week-end, ce sont très certainement juste tes premiers pas vers des crises de boulimie. Donc en fait, on vient normaliser des comportements alimentaires qui ne sont pas sereins, qui ne sont pas sains, qui n'apportent pas une bonne santé globale. Il n'y a pas que la santé de tes muscles, par exemple, qui compte, ou les apports nutritionnels que tu vas pouvoir amener à ton corps. Il n'y a pas que les macros ou la micronutrition qui permet de mesurer la santé. La santé, c'est bien plus que ça. Et donc non, suivre ces conseils-là ne permet pas d'être en bonne santé. Et donc, toi qui te sens honteuse d'être bloquée avec un trouble alimentaire à ton âge, eh bien en fait, j'ai envie de te dire juste, ouvre les yeux, écoute, regarde autour de toi et tu vas voir à quel point ça n'a rien d'anormal, finalement, de souffrir de ça. Et tu n'as vraiment pas à en avoir honte. J'aimerais aussi te rappeler quelque chose de très important. C'est que souffrir d'un trouble alimentaire, C'est pas juste de ta responsabilité, c'est pas juste de ta faute, c'est pas parce que t'es plus fragile, plus ceci, plus cela, je sais pas, parce que peut-être tu te racontes, mais il y a une vraie dimension collective et sociétale, et donc il y a une vraie responsabilité collective et sociétale dans les troubles des conduites alimentaires. Notre société est une société du culte de l'apparence. Et ce culte de l'apparence repose sur le culte de la minceur. Et donc ces cultes de l'image, de l'apparence, de la minceur, amènent le culte du régime, de la maîtrise de soi, de la maîtrise de son corps, du fait de sculpter son corps, etc. Et donc en fait, ça crée des pathologies à tour de bras. Mais la bonne nouvelle qu'il est important que tu entendes, c'est qu'il n'est jamais trop tard pour sortir d'un trouble alimentaire. Parce que cette liberté que tu vas pouvoir retrouver dans ton corps et dans ta façon de manger, même si tu l'atteins à 60, 70, 80 ans, ce sera toujours ça de pris. Et c'est vraiment trop bien à vivre. Et même si ça fait 20 ou 30 ans que tu es bloqué dans des troubles alimentaires et donc avec des schémas de pensée, des schémas de comportement aussi, je peux t'assurer qu'il est quand même possible de les transformer. de les changer. Et tu verras que c'est aussi l'apprentissage de l'imperfection en fait. Tu vas aller vers quelque chose qui va pouvoir vraiment changer ta vie et en même temps ce sera pas parfait. Ça veut dire que oui, des fois, tu continueras de pas aimer ton corps ou t'auras des pensées qui te traverseront sur le fait que tu serais mieux avec des kilos en moins, mais il n'empêche que tu seras sorti de ces symptômes envahissants du trouble alimentaire. Donc non, il est jamais, jamais trop tard. Vraiment, ne désespère pas et ne laisse pas la honte t'empêcher d'aller demander de l'aide, t'empêcher d'avancer et de sortir de cette pathologie. La honte, c'est aussi une émotion très féminine, comme la culpabilité, comme quelque chose qu'on nous apprend à ressentir intrinsèquement. La honte de notre corps, la honte de parler, de trop parler, de parler trop fort, d'avoir dit ça, d'avoir fait ça. Sortir de cette honte, c'est aussi reprendre ton pouvoir. En fait, quoi, OK, j'y vais. En fait, j'ai le droit, j'ai le droit et j'ai le droit de guérir de ces foutus TCA. Et j'ai le droit aussi de pointer. cette société comme étant créatrice de ces troubles alimentaires, que ce soit les miens, mais ceux des autres. Et il est possible de s'émanciper de ça. J'espère que d'entendre ces quelques mots, ça aura pu te permettre, vous permettre, de ressentir moins de honte par rapport à ce que vous vivez avec les troubles alimentaires. Vous n'êtes pas seul, vous êtes nombreuses et nombreux. Beaucoup, beaucoup trop nombreux, nombreuses, malheureusement. Mais ne laissez pas la honte vous empêcher d'avancer. ou vous faire croire que vous êtes bloqué dans ce truc-là à tout jamais, parce que c'est faux. Sur ce, merci de votre écoute. Pensez à laisser 5 étoiles, un petit commentaire sur le podcast, à partager le podcast s'il vous apporte de l'aide. Et puis, moi je vous souhaite de prendre soin de vous autant que possible. Ciao !