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TCA etc - Comprendre et lutter contre les troubles alimentaires

Harcèlement, régimes, hospitalisations : comment Marion a traversé des années de TCA E.177

Harcèlement, régimes, hospitalisations : comment Marion a traversé des années de TCA E.177

1h18 |07/11/2025|

531

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Description


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Dans cet épisode, Marion vient raconter son parcours avec les troubles des conduites alimentaires : de l’hyperphagie à l’adolescence à l’anorexie restrictive, en passant par les régimes, les hospitalisations à répétition et la peur de « ne jamais s’en sortir ».


On parle de grossophobie familiale, de harcèlement scolaire, de ces premiers rendez-vous chez des nutritionnistes à 6 ans, des poudres miracles, de la sonde nasogastrique, mais aussi de féminisme, de maternité, de PMA et de cette question : comment continuer à avancer avec un TCA à l’âge adulte, quand on est prof, en couple, maman… et qu’on a l’impression qu’« à notre âge », on ne devrait plus en être là ?


Dans cet épisode, on aborde notamment :

  • l’hyperphagie comme refuge face au harcèlement scolaire et à la grossophobie

  • le basculement dans l’anorexie, les régimes extrêmes et les hospitalisations

  • l’impact des TCA sur les études, le travail et la vie sociale

  • la rencontre avec son conjoint, la PMA, la grossesse et le postpartum après des TCA

  • le rôle du féminisme, des lectures et de l’observation des enfants pour déconstruire la culture des régimes

Merci Marion pour ce très joli témoignage 


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marion, dans le podcast. Trop contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Très contente moi aussi.

  • Speaker #0

    T'es venue vers moi pour me proposer ton témoignage par mail il y a déjà un petit moment. J'ai pas pu te répondre plus tôt et du coup ça se fait maintenant. Maintenant, on se disait en off que c'est drôle, entre guillemets, parce que ce qu'on dit de soi et de son parcours, finalement, ça peut vite évoluer, même en quelques mois. Enfin, voilà ce qu'on traverse. Donc, écoute, c'est maintenant que tu viens témoigner. J'en suis très contente. Pour commencer, je te propose de te présenter de la façon dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Marion. Je suis une jeune maman d'un petit garçon de... 13 mois. Jeune mariée aussi, depuis août dernier. Donc voilà, beaucoup de choses. Et je suis aussi professeure des écoles dans le spécialisé. Donc je travaille avec des enfants en situation de handicap qui dépendent d'un IME, dans une classe ordinaire, une petite classe externalisée. Donc voilà, c'est un métier passion aussi qui me prend beaucoup. temps et d'énergie, mais j'ai une vie bien remplie ces derniers temps.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, c'est clair, entre un petit bout de chou de 13 mois, ça m'a fait sourire le 13 mois, c'est l'âge où on compte encore en mois à un moment donné. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai, non, c'est vrai, on compte encore en mois et le cap des 1 an m'a fait un peu tout bizarre de le voir grandir comme ça et on découvre sa personnalité de plus en plus aussi en grandissant. Mais c'est une vraie tornade à la maison. Donc, voilà, c'est un petit bout plein de vie, ça, c'est certain. Mais qui est très curieux, qui a besoin de tout expérimenter et qui nous monopolise beaucoup. Voilà. Mais voilà, je préfère ça. Moi, je le vois plein de vie, très épanoui, tout souriant. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bien dans ses baskets, a priori.

  • Speaker #1

    Bien dans ses baskets, oui.

  • Speaker #0

    Trop bien. C'est marrant parce qu'on parle de l'enfance que ton petit bout de chou est en train de traverser. Et la première question pour entrer dans le vif du sujet que j'aime bien poser aux personnes que je reçois ici, c'est d'essayer de retourner un peu justement dans cette enfance, pour te demander finalement, c'est quoi tes souvenirs autour de l'alimentation, du corps ? Qu'est-ce qui existait pour toi à ce moment-là autour de l'alimentation et du corps ? Est-ce que c'était déjà source ? de questionnement, ou est-ce que c'était compliqué, ou est-ce qu'au contraire, c'était on ne peut plus simple ? Qu'est-ce qui te revient, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, l'alimentation, j'ai l'impression que ça a toujours été un sujet, un gros sujet, vraiment. Et j'ai très peu de souvenirs de moi avec une alimentation complètement sereine, en fait. De toute façon, depuis ma plus tendre enfance, du côté de mon père... On est soi-disant un peu plus corpulents que la moyenne, donc il faut toujours faire attention. J'ai toujours vu mes tantes au régime, mes cousines au régime. J'étais la plus jeune des cousines aussi. Et on est beaucoup de filles, il n'y avait que deux garçons. Et toutes mes cousines ont, à un moment ou à un autre, eu un rapport troublé, je pense, avec l'alimentation, parce qu'on en parlait quand même beaucoup. C'était le sujet de conversation principal de tous les repas de famille. Et depuis que je suis toute petite, je suis baignée là-dedans. et Et moi, j'ai toujours été une petite fille de ce qu'on me disait, plein de vie aussi, qui savait ce qu'elle voulait, qui était aussi très gourmande. Et donc, l'alimentation, ça a toujours été synonyme de plaisir, mais aussi de danger, parce qu'il y avait toujours cette espèce d'épée d'amoclès au-dessus de moi qui me disait que si je mangeais trop, j'allais finir comme mon grand-père qui était en obésité morbide. Et il y avait toujours cette figure du grand-père qui était là pour nous rappeler que... Nous, dans la famille, il faut faire attention quand même. Il n'y avait pas de restrictions en soi, mais je suis quand même allée voir des nutritionnistes dès mes 6 ans. Parce que... Ah oui, oui, oui, parce que...

  • Speaker #0

    6 ans, mais tu dis qu'il n'y avait pas de restrictions pour autant ?

  • Speaker #1

    En fait, mes parents ne m'interdisaient rien à la maison, mais je sentais quand même qu'il fallait que je fasse attention. Et cette espèce de pression qu'on m'a mise sur la nourriture, j'ai l'impression qu'en fait... ça a été complètement contre-productif parce qu'à chaque fois que j'étais face à de la nourriture, il fallait que je me remplisse comme si c'était l'occasion ou jamais. Alors qu'au final, mes parents ne me faisaient pas manger des brocolis tous les soirs, bien au contraire. Mais on avait toujours des petits regards si je me reservais ou si un apéritif dînatoire avec... Beaucoup de personnes, j'allais souvent vers la table. Il n'y avait pas des remarques, mais des petits regards qui voulaient dire que Marion, il faut faire attention quand même. Et c'est vrai que j'étais très, très grande pour mon âge. J'ai toujours été très grande. Et oui, j'étais un peu plus au-dessus de la moyenne au niveau du poids que mes camarades de classe, je pense. Dès la maternelle, ça se voyait déjà. Et du coup, je suis allée voir un nutritionniste. Et je m'en souviens, j'avais 6 ans. et pourtant je me souviens comme si c'était hier de rentrer dans son cabinet, je le vois me scruter je le vois me demander de me déshabiller, de monter sur la balance et de me dire mademoiselle va falloir arrêter le ketchup quand même et ça m'est resté ce regard qu'on portait sur moi et j'avais l'impression d'être D'être vraiment en faute, quoi, parce que j'étais moi, tout simplement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu dis que tu étais au-dessus des courbes un peu au niveau du poids, mais du coup, tu étais au-dessus des courbes au niveau de la taille.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au-dessus des courbes à tous les niveaux. Donc,

  • Speaker #0

    il y a quand même quelque chose de très, très, très surprenant, questionnant, de la part de tout le système médical, là.

  • Speaker #1

    Oui, c'était... Et bon, ma mère a mal pris quand même ce rendez-vous-là.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus allée voir ce nutritionniste. J'y suis retournée plus tard, quand j'étais au collège. Mais après, pendant la primaire, je sentais de toute façon que j'étais différente. On me l'avait bien fait comprendre. Dans ma famille, pas forcément, parce qu'on ne pointait pas du doigt mon poids. Mais dès que je sortais à l'extérieur, c'est vrai que je voyais les regards sur moi. Je voyais... que mes copines de classe étaient toutes plus petites et plus menues, que quand on faisait des soirées pyjama et qu'on pouvait se déguiser, je rentrais dans aucun déguisement, qu'elles s'échangeaient beaucoup leurs affaires et que moi, finalement, je ne pouvais pas. Qu'à la piscine, c'était une horreur parce que je voyais tout le monde qui me regardait. Je faisais tout pour être transparente, mais au final, comme j'étais très grande et corpulente, je me sentais... imposante, très visible. Et c'était vraiment compliqué. Et j'étais sans cesse dans la comparaison avec les autres en me disant que j'étais vraiment hors normes, hors normes dans tous les sens du terme.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas dû être facile de remontir dans ce contexte.

  • Speaker #1

    Et on va dire que jusqu'en CM, ça allait encore. Après, il y a eu le harcèlement qui a commencé. qui m'a poursuivie jusqu'au collège. Et là, on pointait vraiment du doigt mon poids. Ce n'était plus ma taille, c'était mon poids. Et au collège, j'étais dans une petite école rurale avant. On se connaissait tous, c'était plutôt bienveillant. Quand il y avait des petites chamailleries entre copines, elles savaient sur quoi appuyer pour me faire mal. Donc, c'était sur le poids. Mais ça restait... ça restait supportable. Après, au collège, là, c'est devenu beaucoup plus violent et beaucoup plus agressif. Et c'est là que, paradoxalement, j'ai mangé le plus. Je me suis réfugiée dans la boue. Au final, après coup, après coup, non. Mais à partir de la sixième, je rentrais tous les soirs. Mes parents n'étaient pas encore rentrés du travail. Et je dévalisais les placards. Et je profitais de mes heures de permanence pour aller racheter dans la supérette à côté du collège ce que j'allais manger le soir pour que ça ne se voit pas trop. Et ça passait de... Là, c'était vraiment... C'était de l'hyperphagie. Je ne savais pas ce que c'était, mais j'ai bien compris que c'était ça. Parce que là, il n'y avait aucun plaisir. C'était manger pour me remplir et puis je passais des chips au pain de mie, au Nutella, aux biscuits, au jambon. Enfin, c'était du grand n'importe quoi. Et c'était jusqu'à me remplir. Je regardais l'heure qui tournait. Je me disais, il ne me reste plus que 10 minutes avant que maman rentre. Et je remangeais le soir après, comme si de rien n'était. mais effectivement en très peu de temps j'ai pris beaucoup de poids, c'est sûr. Ça a commencé à devenir plus alarmant. Je n'étais pas en obésité, mais j'avais quand même un bon gros surpoids et c'est là que j'ai repris les consultations avec une nutritionniste. C'était une nutritionniste assez bienveillante qui n'était pas vraiment dans le plan alimentaire. Mais il n'y avait pas de cadre précis. Du coup, moi, Moi, je... Je ressortais des rendez-vous en ne sachant pas vraiment ce que je devais faire et en étant dans l'incapacité de gérer ces pulsions que j'avais le soir. Et ça, par contre, elle ne le savait pas.

  • Speaker #0

    Ah, voilà.

  • Speaker #1

    J'étais trop honteuse. J'étais trop honteuse de ça et mes parents l'ont su beaucoup plus tard, en fait. Quand je suis tombée dans l'anorexie, mes parents l'ont su seulement.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que la diète, finalement, déjà, elle n'avait pas toutes les infos concernant l'alimentation, mais j'imagine que tu ne lui parlais pas non plus du harcèlement que tu subissais ?

  • Speaker #1

    Non. Non, on ne parlait pas de ça non plus.

  • Speaker #0

    Et tes parents, ils étaient au courant de ce que tu vivais au collège ?

  • Speaker #1

    Mes parents, je leur en parlais un peu quand même. Je leur disais que c'était dur. Donc voilà, ils essayaient toujours de me dire qu'il n'y avait pas que ça qui comptait, que j'étais une jeune fille incroyable, que pour eux, j'étais la plus belle du monde. Mais voilà, ça restait mes parents. Donc c'est vrai que sur tous les autres aspects... que ce soit scolaire, que ce soit au niveau amical, je voulais être parfaite. Parce que je me disais, bon, le physique, je sais que de toute façon, je ne vais pas pouvoir y faire grand-chose. Mais alors, par contre, je vais être la meilleure sur le plan scolaire. Donc, j'étais en tête de classe tout le temps. J'étais la super bonne copine. Tout le monde pouvait se confier à moi. Je faisais tout pour que tout le monde m'apprécie. je faisais les DM de certaines personnes aussi, je faisais les devoirs des autres en pensant qu'on allait devenir mon amie, alors que j'étais juste la bonne poire. Mais voilà, même sur le plan investimentaire, je faisais attention à tout, je voulais être irréprochable à la pointe de la mode. Parce que je me disais qu'il fallait que j'excelle partout, parce que le physique, je n'arrivais pas à le maîtriser. Je me disais que je suis condamnée à être grosse. grosse, dans ma famille on est tous gros et je vais être condamnée à peut-être faire comme ma tante des régimes en continu peut-être à un moment quand j'en aurai la force parce que pour moi j'avais pas de volonté pour faire du régime, c'était impossible et j'aimais trop la bouffe pour ça et je pouvais pas me contrôler là-dessus donc je me dis peut-être qu'en devenant adulte si je veux rencontrer quelqu'un, il faudra peut-être que je passe forcément par là parce que personne ne voudra de moi dans cet état c'est terrible Et même mes copines me disaient, tu sais Marion, peut-être qu'un jour ça viendra, il y a peut-être des garçons qui ne regardent pas que le physique. Donc c'est vrai que c'était le genre de remarques que je pouvais avoir au collège. Et ouais, c'était assez compliqué, c'était vraiment compliqué. J'ai vraiment un très mauvais souvenir de ces années-là.

  • Speaker #0

    Mais tu m'étonnes, c'est terrible parce qu'en plus tu as traversé ça seule quand même, même si... il y a quand même un cadre familial où tu pouvais déposer au moins des petits morceaux de choses, mais finalement, tu as traversé ce harcèlement seul, tu as traversé les conséquences seules, tu vois les crises d'hyperphagie, qui avaient en plus des conséquences sur ton poids, donc qui augmentent la problématique, qui augmentent ce sur quoi s'appuient les harceleurs, mais la vraie problématique ce n'est pas ton poids, c'est cette grossophobie et le harcèlement. Je ne sais pas si tu as vu dans les informations toutes récentes cette petite fille.

  • Speaker #1

    Si, j'ai partagé justement sur mon compte Instagram. J'ai eu limite les larmes aux yeux. C'est étrange. Après, on y reviendra, mais je suis tombée dans l'extrême inverse, l'anorexie. Mais pourtant, je me sens beaucoup plus proche des personnes grosses que des personnes qui ont traversé l'anorexie. Parce que pour moi, je me suis construite comme ça et pour moi, c'était la personne que j'étais vraiment à la base. Et du coup, tout... Voilà, cette information-là m'a particulièrement heurtée, vraiment. Parce que je me suis dit, voilà, à 9 ans, oui, on peut déjà mourir de grossophobie. Et ce n'est pas apprendre à la légère. Et je le vois même moi dans le cadre de mon métier. En tant qu'enseignante, je suis très alerte, comment dire, en cours de récréation, sur les commentaires qui peuvent être faits, parce que... Parce que voilà, j'ai une vigilance accrue sur ce sujet. Ce qui n'était pas le cas de mon enseignante, par exemple, en CM1, CM2, parce que le harcèlement avait commencé et je lui en avais parlé. Et elle m'avait dit que c'était des petites broutilles, quoi. Et puis que bon, les autres petites filles étaient assez chétives par rapport à moi qui étais grande et costaud. Je pouvais être beaucoup plus forte que ça. Comme si, voilà, je n'avais pas le droit à la protection parce que j'étais, soi-disant, hors normes physiquement et que du coup, rien ne pouvait m'atteindre. alors que... Alors que si, j'étais une petite fille comme les autres petites filles. Et c'est vrai que toute ma scolarité, en gros, j'étais un petit peu laissée de côté. Je pouvais me débrouiller. J'étais grande, j'étais forte. Donc, voilà, je n'avais pas besoin de réconfort, entre guillemets. Et j'enviais mes copines de classe qui étaient plus petites, qui étaient plus menus et vers qui on allait instinctivement. on les prenait encore dans les bras par exemple qu'on pouvait aisément imaginer comme étant fragile comme ayant besoin de soutien, d'aide et moi j'en avais pas besoin on partait du principe que moi j'en avais pas besoin donc ça ça m'a profondément blessée je pense vraiment quand

  • Speaker #0

    tu dis j'ai quand même trop envie de rebondir là dessus parce que quand tu dis que tu te sens plus proche de des personnes grosses, des personnes qui vivent de l'hyperphagie ou quoi, parce que tu dis c'est celle que je suis vraiment. Je crois que c'est ça, un truc comme ça le mot que tu as utilisé.

  • Speaker #1

    Oui, alors je sais pas si c'est vraiment le bon terme mais moi je me suis toujours vue comme une petite fille très gourmande et qui a depuis sa plus tendre enfance dévoré tout ce qu'il y avait sur la table quoi. Ouais,

  • Speaker #0

    mais dans dans une famille qui l'a très tôt formaté à un comportement alimentaire.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas du tout si j'étais née dans une autre famille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si mon comportement était celui-ci.

  • Speaker #0

    Quand même, très souvent, ce n'est pas inné. C'est quelque chose d'acquis en lien avec tout l'environnement. L'environnement, il a une influence folle et ce, très, très, très, très tôt. Tu vois, par exemple, moi, j'ai souffert d'anorexie il y a deux ans. Tu vois, c'est quand même... Il y a des choses très tôt qui se jouent finalement dans nos comportements alimentaires parce qu'on est, plus on est petit, plus on est des éponges aussi à tout cet environnement. Et si j'insiste là-dessus, c'est parce qu'un piège, je trouve, sur le chemin de la guérison, quand on est comme toi, passé par pas mal de phases et qu'il y a eu hyperphagie, puis anorexie, puis peut-être boulimie, hyperphagie, j'en sais rien, on va y revenir. Une fois que, même si on a conscience que ce qui nous a fait reprendre le contrôle et perdre du poids, c'est un trouble alimentaire et que c'est quand même merdique, il y a une difficulté à lâcher. Ça peut être hyper difficile de faire machine arrière, de lâcher le côté très restrictif du TCA. Encore plus quand on reste persuadé que notre vraie nature, c'est cette nature qui, en fait... et de l'hyperphagie non diagnostiquée, tu vois, qui arrive potentiellement tôt dans la vie.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai dit ça parce que je pense que je n'ai pas de souvenirs de moi en tant que mangeuse régulée. Je n'ai aucun souvenir de moi, comme ça. Donc, c'est pour ça que j'ai l'impression que, voilà, Marion, en fait, elle est hyperphagique, de base, alors que non. Mais, effectivement, voilà, c'est parce que je n'ai aucun souvenir d'une alimentation sereine. intuitive.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est tout à fait logique que tu dises ça, mais pour moi, c'est important de revenir dessus parce que ce serait dommage que tu penses que, justement, l'hyperphagie, c'est identitaire chez toi. Justement, j'ai failli rebondir aussi tout à l'heure parce que, franchement, quand tu décrivais cette quête de la perfection, j'ai peut-être pas le corps qu'il faut, mais je vais être parfaite. dans tous les domaines, et puis en plus relié au fait de vouloir se faire aimer à tout prix, je me suis dit « waouh, waouh, waouh, le terreau bien fertile à l'anorexie » . J'ai envie de te dire « attends, à un moment donné, tu as sombré dans l'anorexie » . Tu vois, je me dis avec une telle énergie mise dans la quête de la perfection.

  • Speaker #1

    alors comment ça s'est fait c'est peut-être compliqué à quel moment ça s'est fait entre les vacances de ma troisième et de ma seconde là je me dis les années collège ont été trop éprouvantes je peux plus vivre ça et je vais me retrouver avec les mêmes personnes au lycée là il faut que je change là je me dis de toute façon je sais très bien j'avais essayé déjà avec mon père Wet Witcher au collège, en quatrième. J'avais fait Wet Witcher avec lui. J'avais essayé plein de petits régimes. Et puis au final, les crises hyperfagies étaient toujours là, voire même puissance 1000, ce qui est assez logique. Mais là, je me dis qu'il faut quelque chose de vraiment drastique. Là, je dis qu'il faut quelque chose de draconien. Parce que je ne sais pas me réguler. Je me voyais comme un monstre qui dévorait tout et qu'il fallait contenir, qu'il fallait museler. Et là, je tombe sur... Une marque de produits que je ne citerai pas, c'était de la poudre à diluer dans de l'eau. Et je devais remplacer deux repas dans ma journée par cette boisson hypocalorique. Et j'avais le droit encore à un repas par jour qui devait être quand même équilibré. Je veux dire qui devait être quand même assez calibré. Donc ce repas-là, c'était celui de la cantine le midi. Je me dis bon voilà. Je mangerais à la cantine et puis le matin et le soir, je bois mes poudres et mes substances. Et ça a été assez fulgurant. C'est-à-dire que là, j'ai perdu énormément de poids très rapidement. J'étais presque, voilà, comment dire, c'était très jouissif de voir que là, à chaque fois que je montais sur la balance, il y avait un kilo en moins, deux kilos en moins, trois kilos en moins. et c'était... C'était pour moi une victoire. Par contre, la faim me tenaillait toute la nuit et toute la matinée. J'attendais avec impatience le repas du midi. Je peux dire que sur le plateau, je mangeais absolument tout. Il ne restait pas une miette. Je savais que c'était le seul moment dans la journée où je pouvais avoir quelque chose de solide en moi. Mais du coup, j'ai stoppé complètement les crises d'hyperphagie. Surtout que là, en plus... Quand je rentrais du lycée, ma mère était déjà rentrée, donc je ne pouvais plus le faire. À un moment, j'avais une conseillère qui venait me vendre les produits et qui venait me voir tous les mois. Ce n'était pas du tout une éthicienne, elle était juste là pour vendre ses produits. Elle m'a dit « bon, là, je pense qu'on peut arrêter » . J'avais retrouvé un poids quand même très rapidement. Elle était un petit peu sur la réserve en se disant « voilà, je pense que là, on pourrait commencer à diminuer » . réintroduire peut-être un repas dans la journée et puis garder que la matinée de petites poudres. Et puis ça m'a fait peur, ça m'a fait extrêmement peur. Je me suis dit, mais si j'arrête ça, je vais tout reprendre. Et j'entendais aussi que les régimes, souvent on reprenait le double de son poids. Je voyais mon père qui se bataillait avec son poids depuis des années et des années, qui enchaînait les régimes et qui reprenait le double à chaque fois. Je me dis, mais là, si j'arrête ça et si je reprends le double, c'est l'enfer. J'avais eu des compliments de tout le monde, comme quoi j'étais rayonnante. Au lycée aussi, on commençait à me dire que j'étais beaucoup plus jolie, que ça m'allait très bien. J'allais faire les boutiques et je pouvais enfin rentrer dans les pantalons et ne pas repartir bredouille des magasins avec les larmes aux yeux, comme d'habitude, parce que rien ne m'allait. J'avais l'impression que c'était... Je reprenais confiance en moi, c'était super. Et je me dis, si j'arrête ça, c'est le drame. Et donc, quand on a commencé à diminuer les poudres et à réintroduire des repas, c'est là que j'ai commencé à restreindre beaucoup plus mon alimentation. Je me dis là, il faut vraiment contenir le monstre en moi, entre guillemets. Et là, il ne va pas falloir déconner du tout. Il va falloir que ce soit vraiment calibré.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le monstre en moi, c'est-à-dire que tu avais des envies, des pulsions de crise que tu réfrénais ?

  • Speaker #1

    J'avais tout le temps faim. J'avais tout le temps faim. Et on partait en vacances l'été, je ramenais mes poudres et je m'obligeais à les boire, même s'il y avait un resto. Tant pis, je ne mangeais pas. Je prenais ma poudre au restaurant et je voyais tous les autres manger autour de moi. J'étais mangée par procuration un peu. J'adorais me balader dans la rue, près des boulangeries, pour sentir l'odeur du pain frais, des croissants et pour manger par procuration, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Mais tes parents, comment ? Comment ils vivaient tout ça ? Parce que déjà, ça veut dire que c'est eux qui finançaient ces poudres.

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur disais pas que j'avais faim. Je leur disais juste que j'essayais de retirer que le positif de cette perte de poids-là. Et mes parents, pour eux, j'avais quand même beaucoup plus le sourire, j'avais plus envie de sortir, j'avais plus peur de me mettre en maillot de bain. Pour eux, c'était génial ce qui m'arrivait, en fait. Ils voyaient qu'effectivement, je reprenais un peu goût à la vie, parce qu'au collège, j'étais un peu l'ombre de moi-même, je pleurais beaucoup, tout le temps. Et là, ils me voyaient plutôt joyeuse. Donc je taisais en fait tout ça. Je me suis dit mais c'est normal. Au final, je mangeais tellement avant. Mon corps doit s'habituer à ne plus manger autant. Et je me dis, il faut que mon estomac se rétrécisse. Ça va prendre du temps, mais ça va aller. Ces fameuses croyances-là. Et jusqu'au jour où ça a commencé à dégringoler vraiment et où j'ai commencé à ne plus aller à la cantine le midi non plus au lycée. à manger deux cracottes le matin avec un kiwi sans beurre, sans rien, et le soir, devoir quand même faire bonne figure parce que je savais que là, il y avait mes parents et que si je ne mangeais pas, par contre, ça n'allait pas le faire. Donc, il fallait quand même que je mange au repas du soir. Mais il y avait quand même toujours des petites excuses que je pouvais trouver pour manger un peu moins. Et mes amis aussi qui ont commencé vraiment à s'inquiéter parce que là, je perdais vraiment beaucoup, beaucoup de poids. Et ça devenait assez alarmant. Et elle me ramenait même, voilà, je leur demandais de me ramener un fruit de la cantine. C'est tout ce que je voulais manger. Je passais mon heure, en fait, dans le grand réfectoire. On appelait ça, c'était une salle de permanence où on pouvait travailler. Donc, je travaillais, en fait, tout le temps. Et je demandais à mes copines de me ramener une pomme. Une fois, il y en a une qui a eu le malheur de me ramener une banane. Et je lui ai... Merci. Je l'ai jetée à la poubelle en hurlant parce qu'une banane, c'est beaucoup trop calorique, ça ne va pas. Parce que juste, voilà, elles s'inquiétaient. Elles ont voulu me ramener du pain aussi une fois, mais alors quelle horreur. Mais j'ai été... Je n'ai pas été cool non plus à cette période-là, vraiment avec elle, parce qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait. Et pour moi, tout allait bien. Tout allait bien. Et puis, à ce moment-là aussi, je me suis dit, bon, ça y est, je deviens mince, je peux plaire. Donc, je voyais toutes mes copines avoir des copains et avoir une vie amoureuse. Et moi, je n'attendais que ça. Et voilà, il y a un ami d'une amie qui était plutôt intéressée par moi, apparemment. Moi, bon, j'étais... Je n'étais pas trop encline à me lancer dans une relation avec lui, mais je me dis que de toute façon, il n'y a que lui qui s'intéresse à moi, donc autant y aller. À cette même période-là aussi, j'ai commencé une relation avec un garçon un petit peu plus âgé, mais avec qui ça ne se passait pas très bien puisque je n'étais pas amoureuse de toute façon. Je voulais juste que socialement, je fasse bonne figure. J'étais la fille qui avait perdu du poids, qui était en couple avec un garçon. Je voulais avoir une vie normale, tout simplement. Et de toute façon, ça n'a jamais pu aller plus loin avec lui parce que sur le plan intime, moi, j'étais capable de rien et je n'en avais pas envie. Et du coup, voilà, c'est terminé parce que, oui, effectivement, je ne pouvais pas lui apporter ce qu'il voulait que je lui apporte. Et ça s'est terminé aussi parce que j'ai été hospitalisée à ce moment-là aussi. Donc, elle a 17 ans. Et il s'est écoulé combien de temps, du coup, de cette dégringolade-là ? Ça l'a dégringolée un an et demi. En un an et demi, j'ai perdu plus de la moitié de mon poids, en fait. Vraiment. Et ça a été vraiment très rapide. Mes parents ont commencé à s'inquiéter. Je suis allée voir mon médecin traitant, qui m'a fait des prises de sang qui étaient bonnes. Mes prises de sang ont toujours été bonnes. Oui, ça, c'est un gros cas de chute dans l'anorexie. Quand j'étais au plus bas de la maladie, mes prises de sang étaient bonnes. Elle n'était pas du tout informée sur ce qu'étaient les troubles du comportement alimentaire. Je pense qu'elle a été assez maladroite dans ses propos. Elle a dit qu'elle ne voyait pas pourquoi ma mère s'inquiétait, que tout allait bien, que les paramètres étaient plutôt bons. C'était peut-être une petite passade, une petite crise d'adolescence, mais que ça allait aller. Mais ma mère a commencé vraiment à s'inquiéter. Et elle culpabilisait beaucoup aussi. Parce qu'elle s'est dit, c'est à cause de moi que tu as commencé ces régimes.

  • Speaker #0

    Parce que je t'ai dit oui, j'aurais jamais dû accepter ça. T'avais 16 ans. Et elle me voyait dans un état pitoyable, à pleurer devant mon assiette parce que j'arrivais pas à manger un morceau de poux. Et elle s'est dit, mais là, ça va beaucoup trop long. Et c'est elle qui a pris contact avec le CHU de Nancy, en pédiatrie du coup, parce que j'étais encore mineure. Et je suis allée voir un médecin là-haut. qui a commencé à me suivre sur plusieurs mois. Donc, j'avais des contrats de poids. Donc là, il fallait vraiment qu'à chaque rendez-vous, j'ai pris un kilo ou deux kilos. Sinon, c'était l'hospitalisation. Donc voilà, j'avais cette carotte-là. Donc, les deux premiers mois, je crois que j'étais vraiment sur le fil du rasoir, mais j'ai échappé à l'hospitalisation. Et puis après, malheureusement, on m'avait demandé de venir avec ma valise au cas où, si jamais la pesée n'était pas bonne. Et la pesée n'était pas bonne. Et donc là, j'ai été hospitalisée. Et ça a été une crise de larmes parce que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Et donc, il n'y avait pas de place. Normalement, je devais aller en pédopsychiatrie. C'est là que les patients anorexiques étaient admises. Il n'y avait plus de place, donc je suis allée en pédiatrie. Pédiatrie générale. Je me suis retrouvée avec plein d'enfants qui avaient toute pathologie confondue, entre guillemets. et là mon seul objectif c'était de sortir donc là j'ai mangé j'ai mangé tous mes plateaux je demandais à mes parents de me ramener du chocolat alors ils étaient super heureux, ils me voyaient manger des choses que j'avais pas mangé depuis un an et demi ils se sont dit mais c'est super c'est magique cette hospitalisation en deux mois et demi j'ai repris 12 kilos parfait je voyais un infirmier psychologue une fois par semaine Mais c'est tout, il n'y avait aucun suivi là-haut. J'étais juste là pour manger et c'est tout. Donc j'ai mangé et je suis sortie.

  • Speaker #1

    Sans suivi spécifique une fois dehors ?

  • Speaker #0

    Non, non. Je devais revoir ce médecin-là effectivement quand même de temps en temps pour voir si tout allait bien. Mais on va dire que jusqu'au bac… Voilà, j'avais perdu un petit peu en sortant d'hospitalisation, mais j'ai essayé de ne pas trop redescendre non plus. Je me suis maintenue à la limite. Ce que je voulais, c'était passer mon bac. Et après, je savais qu'après le bac, j'allais vivre en colocation avec ma cousine. Et là, je me dis, c'est bon. Après, je serai tranquille. Et je pourrais refaire ce que j'ai envie de faire. Parce qu'il n'y avait rien qui était réglé. Et l'alimentation, ça restait encore quelque chose de très, très compliqué. Ce que je mangeais à l'hôpital, je l'avais remangé chez moi en rentrant. Tout était calculé. J'ai essayé de faire bonne figure pendant un an et demi. C'était encore compliqué. C'était très tendu à la maison. Il y avait beaucoup de disputes avec ma mère qui ne comprenaient pas et qui s'inquiétaient beaucoup aussi. Et qui, je pense, étaient rangées par la culpabilité. Elle me l'a dit plus tard. mais qui s'en voulait énormément de tout ce qui s'était passé. Et après, j'ai eu mon bac avec mention très bien, la meilleure du lycée forcément. Et là, j'ai demandé à mes parents à rentrer en classe préparatoire parce que les profs m'avaient vivement conseillé d'aller en classe prépa. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire après. Je me suis dit la classe prépa, pourquoi pas ? Ma mère n'était pas chaude du tout. Elle savait que c'était... Un rythme de travail qui était très soutenu. Et elle voyait très bien le perfectionnisme dans lequel j'étais. Et elle s'est dit que ça n'allait pas du tout m'aider. Mais voilà, j'y suis allée quand même. J'ai fait qu'une année. Et à partir de là, j'ai eu des hospitalisations un peu tous les ans, je crois. Tous les ans, j'ai été hospitalisée.

  • Speaker #1

    Tous les ans, pendant combien de temps, tu dirais ?

  • Speaker #0

    Jusqu'à mes 25 ans.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    J'ai encore eu deux hospitalisations au CHU, adultes cette fois. Et là, ce n'était pas la même du tout. Là, j'étais enfermée entre quatre murs dans une chambre. On contrôlait les repas, on contrôlait mes toilettes. On me prenait pour une menteuse à chaque fois. J'avais la sonde nasogastrique. Avant de l'hospitalisation, j'avais la sonde nasogastrique. Et la première fois que je suis retournée, j'étais complètement réfractaire à cet hospice. Et pour moi, c'était une prise en charge tellement inhumaine que je ne comprenais pas qu'est-ce que je faisais là. Et donc oui, comme à chaque fois, j'ai mangé pour sortir. Et après, rebelote, genre des gringolets. Et j'ai même pris contact avec une clinique spécialisée pour trouver du comportement alimentaire à Dijon. Et là, j'ai fait trois hospices là-haut aussi. Donc à chaque fois, mes études étaient entrecoupées. Donc j'ai fait une année de classe préparatoire. Après, je suis allée à la fac en lettres modernes. Parce que je me disais que le français, j'aimais ça et que transmettre aussi. Donc moi, je me voyais dans l'enseignement de toute façon. Je me dis bon allez, pourquoi pas prof de français. Puis après, j'ai bifurqué plutôt en sciences de l'éducation parce que je me suis dit qu'en fait, le public que j'aimais vraiment, c'était les enfants les plus petits et que le français, ça allait être beaucoup trop réducteur. Mais voilà, à chaque fois, il y avait une hospice qui coupait tout et du coup, j'ai dû passer souvent mes années en plusieurs années. rattraper des semestres.

  • Speaker #1

    On n'en parle pas de ça, de à quel point ça précarise aussi le trouble alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais c'est vrai parce que je ne sais pas si j'aurais fait ce que je fais aujourd'hui s'il n'y avait pas eu toutes ces hospices-là. Peut-être que j'y serais revenue quand même parce que je suis très fière d'être un stit aujourd'hui et un professeur des écoles. Mais voilà, je ne sais pas si j'aurais pris un autre chemin, en fait. Je n'en sais rien. Mais effectivement, et puis tout est flou au niveau des dates. C'est une horreur. Je ne sais plus du tout à quelle date j'ai eu ma licence, à quelle date j'ai eu mon master. Je ne sais plus quand est-ce que je suis allée à l'hôpital. J'avais l'impression que c'est un brouillard complet. Et quand je suis allée dans ces cliniques, en plus à Dijon, c'était des hospitalisations très longues parce que là, je n'étais pas enfermée entre quatre murs, j'étais libre. Alors là, il y avait un suivi vraiment pluridisciplinaire. On avait des psychologues, des psychiatres, des psychomotriciennes, des sophrologues. C'était très complet. C'était génial, mais par contre, c'était très libre. C'est-à-dire qu'on pouvait sortir comme on voulait, on avait des permissions, on pouvait aller un peu où on voulait. Et je n'étais pas cantonnée, par exemple, sur mon activité physique. Donc, j'allais marcher des heures et des heures. En plus, c'était en pleine campagne. On ne regardait pas ce que je mangeais le midi non plus. J'avais une diététicienne, mais à mon plateau, personne n'allait vérifier que j'allais le manger ou pas. Et du coup, c'était des hospitalisations qui étaient longues. Alors après, ça m'a... beaucoup été sur le plan psychologique à creuser beaucoup de choses. Il y a beaucoup de choses qui se sont décoincées, même sur le plan psychocorporel aussi. J'ai beaucoup avancé grâce à eux sur ces plans-là. Mais alors, le trouble alimentaire en lui-même...

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que tu appelles le trouble alimentaire en lui-même finalement ? Si ce n'est un trouble psychologique et psychocorporel, qu'est-ce que le trouble alimentaire ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que ça m'a juste aidé à comprendre... Ok. Comment j'en étais arrivée là ? Détricoter tout ce qui était environnement familial, tout ce qui était harcèlement scolaire. Revenir aussi sur un événement compliqué. Juste avant que je sombre vraiment. Il y a eu une agression sexuelle aussi. Et je pense que ça m'a permis de mettre les mots là-dessus parce que je l'avais bien enfouie. que je ne considère pas vraiment comme un viol, même si au final, c'en était un, je pense.

  • Speaker #1

    Après, il y a des définitions légales.

  • Speaker #0

    Non, des définitions vraiment légales. Et oui, effectivement, si on prend la définition légale, c'était un viol. Pour moi, il n'y a pas eu de pénétration. Donc, pour moi, ça ne pouvait pas être un viol. Sauf que si, on m'a forcé à faire des choses quand même. Il y a eu une pénétration ailleurs aussi. Je n'étais pas dans un état normal. J'étais alcoolisée. J'avais 15 ans. Mais pour moi, voilà. C'était peut-être ça la sexualité au final. Moi qui plaisais à personne, je me suis dit tiens, un garçon s'intéresse à moi, allons le suivre, pourquoi pas. Et le petit bisou que je pensais n'était pas un petit bisou. C'est vrai que si je n'étais pas allée là-bas, je pense que je n'aurais pas sorti tout ça. Je l'avais un peu occulté, entre guillemets. Mais du coup, c'était des hospitalisations qui duraient très longtemps. Je suis restée 5 mois à chaque fois. J'étais coupée du temps.

  • Speaker #1

    Tu disais, ça t'a aidée à comprendre, à démêler, à faire remonter des choses aussi. Donc tout ça, c'est de la mise en sens aussi de ton trouble. Mais tu dis, sur le côté trouble alimentaire, non. Qu'est-ce que tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Sur l'alimentation, on va dire que j'étais encore très rigide. J'avais encore beaucoup de mal à lâcher, entre guillemets. Et malheureusement aussi... Dans cette clinique-là, on n'était entouré que de personnes malades et il y avait 95% d'anorexiques aussi. Et j'étais dans la comparaison constante aussi. Et même si ça avançait sur certains points, que des fois j'avais envie de faire des efforts ou de lâcher prise, je voyais toutes les autres filles autour de moi qui étaient encore dans leurs restrictions, qui étaient encore dans leurs calculs. J'ai même chopé des comportements assez malsains en les observant, en fait. Et du coup, c'était très bizarre. Et en même temps, je me suis dit, tiens, là, on prend soin de moi pour la première fois. Je suis dans un petit cocon. Je me sentais bien, en fait, là-bas.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est piégeant aussi.

  • Speaker #0

    C'est très piégeant.

  • Speaker #1

    C'est une des facettes de TCA pour un certain nombre de personnes qui en souffrent. Si je n'ai plus ça, cette identité, ce truc-là, comment on va me voir ? Comment on va prendre soin de moi ?

  • Speaker #0

    Et là, du coup, je me sentais coucouné, je me sentais protégée. Et en fait, je me dis... Il ne faudrait pas non plus que je prenne trop de poids, sinon je ne serais plus malade. Et ça a été ça très longtemps, parce qu'à chaque fois que je sortais, je restais un an à l'extérieur, mais ça dégringolait très vite, et du coup, j'y retournais. Donc j'ai fait trois hospitalisations là-bas, qui étaient très longues, et c'était comme ma deuxième maison, j'ai l'impression. Je me sentais mieux là que chez moi. Oui. Et en plus, dès mes 18 ans, de toute façon, j'avais quitté la maison. J'étais en appartement à Nancy pour mes études parce que mes parents habitent à la campagne et du coup, c'était beaucoup plus pratique que je sois en ville. Mais c'était un enfer d'être seule, seule chez moi. Je le vivais très, très mal. Je passais mon temps à marcher, à sillonner toute la ville pour rentrer le plus tard possible chez moi, pour juste manger, me coucher. et aller en cours le lendemain, et jusqu'à un moment où effectivement, ça dégringolait trop au niveau du poids, et que là, il fallait que je sois réhospitalisée, et je le sentais comme une bouffée d'oxygène, l'hospitalisation.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui s'est joué entre ces moments-là, et maintenant, finalement, si on fait le pont avec maintenant, combien de temps il s'est écoulé, et qu'est-ce qui s'est joué pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ça m'a suivi ces moments d'hospitalisation entre coups. à être tout le temps sur le fil du rasoir, jusqu'à mes 26 ans, jusqu'à ce que je rencontre mon mari aujourd'hui. Ça a été ma dernière hospitalisation juste avant que je le rencontre. Cette année-là, j'avais pris la décision de ne plus vivre seule, de me dire que c'était trop délétère pour moi. Et donc, j'avais fait le choix d'être en colocation. avec deux autres filles. Et du coup, ça m'a aussi aidé, ça, le fait d'être en colocation et d'être avec des personnes aussi qui avaient une alimentation complètement régulée, très intuitive, qui avaient faim, qui ouvraient le frigo, qui prenaient un morceau de fromage et un morceau de pain et qui ne se posaient pas la question de quelle heure il était. Qui étaient complètement à l'aise avec leur alimentation. corps et qui m'ont aidé aussi à sortir un peu plus, à rencontrer du monde et du coup cette année-là ça allait mieux, il n'y a pas eu de speed. Et voilà, il y a eu aussi leur envie de me dire que ben voilà, je pouvais peut-être commencer à rencontrer quelqu'un et à faire un petit challenge en m'inscrivant sur un site de rencontre alors que voilà, moi ça me faisait une peur bleue quoi. J'avais 26 ans, je n'avais aucune expérience. J'avais eu quelques histoires amoureuses qui n'avaient jamais pu aboutir à quoi que ce soit parce qu'effectivement, il y avait un blocage de mon côté aussi sur le plan intime. Et je me dis, à 26 ans, je me voyais finir vieillie fille avec des Ausha parce que pour moi, ce n'était pas envisageable. Mais voilà, j'ai rencontré Florian. Et quand on s'est rencontrés, je n'ai pas voulu lui dire. De toute façon, que j'étais anorexique, je me suis dit, voilà, de toute façon, il va bien s'en rendre compte par lui-même, mais je n'ai pas envie de me présenter comme ça. Je n'ai pas envie de lui étaler ça dès le début. Donc, on se voyait très régulièrement, que ce soit à la colocation ou chez lui. Il avait compris que sur le plan intime, j'avais besoin de temps. Lui, il était plus âgé quand même, il avait 34 ans quand je l'ai rencontré. Mais il a voulu prendre son temps. Et puis je me sentais bien, vraiment, avec lui. Et puis sur le plan alimentaire aussi. Parce que lui, alors, il n'y a pas plus intuitif que Florian. C'est le mangeur régulier. à son paroxysme. Quand il a faim, il a faim. Quand il n'a pas faim, il n'a pas faim. Et il s'en fiche de savoir ce qu'il a à manger ce soir ou ce qu'il va manger au restaurant. Et avec lui, j'ai commencé à sortir plus, à me confronter au restaurant, à me confronter au fast-food aussi et à des choses comme ça. Et ça m'a beaucoup aidée. Ça m'a beaucoup, beaucoup aidée. Et on a emménagé très rapidement ensemble parce qu'il s'est cassé la clavicule en vélo et du coup, il était incapable de vivre seul. Et du coup, parce qu'il ne pouvait pas vraiment faire grand-chose, mais m'ouvrir un bocal de confiture, c'était trop compliqué. Et cette année-là, j'avais eu mon concours. J'étais enseignante à mi-temps dans une école qui était près de son appartement. Donc, je me suis dit, je vais venir t'aider. À la base, c'était juste le temps qu'ils se remettent. Et puis, au final, j'ai laissé mes valises chez lui. Et lui, là, il savait que j'étais malade. On en avait parlé. Et ça a été un réel soutien. Même s'il ne comprenait pas tout, il a voulu en apprendre davantage. Il a voulu se renseigner. Il a voulu que je lui explique. Et voilà, il a été vraiment une vraie béquille pour moi. Et puis après aussi, le fait d'avoir une vie professionnelle qui commençait vraiment à être concrète. Là, j'avais eu mon concours, j'avais eu ma titularisation, j'avais fini mon stage. J'étais affectée loin de chez lui la première année. C'est l'éducation nationale, donc on ne choisit pas trop. On est un peu des pions. Il est aussi enseignant, mais pour des adultes en BTS dans un lycée technique. Donc lui, il avait vraiment son poste fixe. parce qu'il a plus d'ancienneté que moi aussi. Mais moi, la première année, juste après qu'on ait emménagé ensemble, je suis partie vivre à Longui. C'est vraiment dans le nord du département. C'était à une heure et demie de route, donc je ne pouvais pas faire les allers-retours tous les soirs. Je vivais chez une personne âgée. Je faisais de la colocation intergénérationnelle. J'étais avec cette personne âgée-là les soirs de semaine. Et là aussi, ça m'aidait parce que je ne mangeais pas seule, parce que je lui faisais à manger aussi, parce que c'était un Italien qui aimait la bonne nourriture et il aimait qu'on cuisine ensemble et il rapportait des choses du marché aussi. Donc voilà, j'ai commencé à manger des choses que je ne m'autorisais pas non plus. Et puis aussi, je me suis remise au sport avec mon conjoint. Et du coup, le deal, c'était on fait du sport, mais par contre, on mange quand on mange. Et j'ai commencé à prendre goût aussi à faire du sport. Et oui, là, j'avais faim, clairement, quand je rentrais. Et là, je m'autorisais à manger, vraiment. OK. Donc voilà, j'ai repris du poids petit à petit. C'était très lent. Ce n'était pas comme les montagnes russes à chaque hospitalisation où je reprenais 12 kilos et je les referais. Tout à l'heure,

  • Speaker #1

    ça m'a fait réagir les 12 kilos, non pas parce que... Je fais un petit disclaimer, ce n'est pas du tout le chiffre. C'est... On ne peut plus normal, c'est le minimum quand tu as énormément maigri avec l'anorexie de prendre 12 kilos. C'est juste que je connais la difficulté psychologique. En plus, quand ce n'est pas accompagné, quand il y a des grosses variations de poids comme ça. Et puis, ce n'est pas anodin, même pour le corps, des grandes pertes, des grandes prises.

  • Speaker #0

    Et moi, il n'y a eu que ça. Pendant ces années-là, c'était des pertes, des reprises, des pertes, des reprises. Et là, effectivement, je pense que c'est très éreintant. Très éreintant. et là effectivement ça se faisait de façon progressive mais je reprenais du poids petit à petit et j'étais suivie par une endocrinologue qui me suit toujours d'ailleurs après ma dernière hospitalisation au CHU parce que j'en ai eu encore une dernière au CHU avant de rencontrer mon mari et celle-ci je la suis toujours mais je la vois à chaque vacances scolaires Voilà. Sauf à une période où je les revus plus régulièrement, quand je suis tombée enceinte, justement, on va y venir. Mais voilà, après, j'ai repris doucement du poids, mes règles n'étaient toujours pas revenues, puisque je les avais perdues dès que j'avais commencé mon régime. Dès que j'avais perdu beaucoup de poids de façon assez rapide, j'ai perdu mes règles. Donc à mes 17 ans, et je ne les ai jamais retrouvées depuis. Et là, je commençais à reprendre du poids. Je voyais que ça ne revenait toujours pas. Je savais qu'il fallait du temps. Mais j'avais quand même en tête l'objectif d'être maman. Et on s'est dit, avec mon mari, on va peut-être commencer à se lancer dans un parcours PMA. Pourquoi pas ? On sait que ça va prendre du temps. Donc, autant commencer dès maintenant. Donc, on a commencé les démarches pour un parcours PMA qui était assez long. Donc, il fallait faire toute une batterie de tests. Moi, on m'a dit effectivement que j'étais en aménorée, mais on n'a pas forcément fait le lien avec l'anorexie. On a dit, peut-être que c'est un SOPK. C'est incroyable. Et je me dis, c'est peut-être sûrement un SOPK ou je ne sais quoi. Donc, moi, je me suis montée en tête que j'avais encore autre chose. Alors qu'en fait, je n'ai pas du tout de SOPK. J'ai une aménorie hypothalamique tout simplement parce que j'étais en sous-nutrition. Et là, on commence à parler des injections, des hormones, etc. Et on se dit que c'est quand même assez lourd. On se lance quand même dans quelque chose d'assez dur. Des injections quotidiennes. Là, on se dit, écoute, on va se laisser peut-être deux mois. Ça allait être Nouvel An, c'était les fêtes de fin d'année. On se dit, allez, on se laisse deux mois. vie Et puis, on revient vers eux après pour savoir si on se lance ou pas dans le projet. Parce que je sentais quand même que j'avais un peu des douleurs au sein, des douleurs au niveau de l'utérus. Je me dis, ça cherche quand même. Peut-être qu'elles vont revenir naturellement et qu'on ne sera peut-être pas obligé de passer par là. Et ils nous avaient dit quand même, faites un test au cas où, entre notre prochain rendez-vous, même si on sait très bien que vous ne tomberez pas enceinte, mais naturellement, mais bon, on ne sait jamais. Et après Nouvel An, mon conjoint me dit « Allez, on achète quand même un test, on ne sait jamais. » Et je le fais et il était positif. Donc en fait, j'étais enceinte depuis début décembre, sans avoir retrouvé mes règles, mais j'étais bien enceinte. Et là, j'ai eu très peur. Je me suis dit « Mais ce bébé ne va jamais tenir. Mon corps n'est pas capable de donner la vie maintenant, c'est trop tôt. » poids qui était à la limite si on prend l'IMC, même si je sais que ce n'est pas forcément une mesure très fiable. Mais voilà, j'avais un IMC qui était au plus bas. Je quittais seulement la sous-nutrition. Mais voilà, je me dis mon bébé ne va jamais s'accrocher. J'ai été dans un stress et une angoisse permanente tout le premier trimestre parce qu'en plus le personnel médical n'était pas forcément non plus très confiant. Il se disait que vu mon passif, il y avait de fortes chances que je fasse une fausse couche. Donc en fait, je ne pouvais pas pleinement m'investir dans cette grossesse parce que je me disais que ça ne se tiendrait pas. Puis j'ai été malade comme tout au premier trimestre. J'ai perdu du poids parce que je ne mangeais plus rien. J'avais des nausées en continu. C'était une horreur. Je me sentais faible, très fatiguée. Mais le petit bout s'est accroché. Et il s'est très bien développé. Mais pendant cette grossesse-là, j'ai pris que 4 kilos. Donc, je me disais... Sachant que tu en avais perdu au début, en plus. Oui. Donc, j'avais pris 4 kilos seulement. Mais les échographies montraient qu'effectivement, tout allait bien pour lui. Lui, il prenait ce qu'il avait à prendre. Et je me forçais à manger plus. Mais je restais quand même dans le contrôle. Et je me disais quand même dingue, quoi. Je porte la vie. Et je n'arrive pas à me débarrasser de ce fichu contrôle-là. Alors que là, je ne suis plus toute seule et il y a un petit être qui grandit en moi et je ne peux pas m'autoriser tout ce que je devrais m'autoriser. Après, d'un autre côté,

  • Speaker #1

    moi, j'observe aussi beaucoup des grossesses où les personnes prennent 30 kilos. Parce qu'il y a une autorisation de manger, mais limitée, qui est reliée à cette grossesse, à cet état de grossesse, avec dans la tête... d'une manière très claire l'idée qu'il faudra se reprendre en main après et que j'ai le droit parce que je suis enceinte et que dès que je vais accoucher je vais me remettre au régime et donc ça crée l'aliment qui va disparaître donc ça crée presque j'exagère quand je dis ça mais une compulsion de 9 mois je veux dire on va être dans des comportements de suralimentation et donc moi ça m'attire toujours mon attention quand je vois des femmes je dis pas que c'est systématiquement qu'il y a ... un fond de trouble alimentaire, mais quand il y a des grandes, grandes prises de poids, c'est que ce n'est pas serein non plus. De toute façon, ce n'est pas une période anodine quand même. Même pour une femme qui n'a jamais eu de trouble alimentaire, la grossesse, ça reste une période chaleureuse.

  • Speaker #0

    Je me dis, deux ans auparavant, j'avais une sonde nasogastrique. Là, je suis enceinte et je vais donner la vie. Après, je me suis détendue seulement au troisième trimestre, quand je me suis dit que là, c'est bon, il était bien accroché, qu'il était bien là. et que mon ventre s'était un peu arrondi et que j'étais contente de voir mon ventre s'arrondir parce que justement j'avais peur qu'il soit qu'il soit carencé qu'il n'ait pas assez et de voir mon ventre si petit ça me faisait peur mais mais non lui il est né presque à terme un accouchement magique avec le sourire aux lèvres Et c'était un miracle pour moi. C'était vraiment le plus beau jour de ma vie, je pense, quand j'ai pu le tenir dans mes bras pour la première fois. Mais le postpartum a été quand même beaucoup plus violent.

  • Speaker #1

    J'imagine, et c'est ce que j'allais dire. Finalement, là, on parle des 13 derniers mois.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc... Et donc voilà, ça m'intéresse. Je suis trop curieuse de savoir où tu en es aujourd'hui finalement. Tu qualifierais ta relation à l'alimentation, ta relation au corps, au poids, tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu quand même plusieurs phases après la naissance de Léon. Déjà, juste après, j'ai été extrêmement fatiguée. J'ai perdu 7 kilos. Mon conjoint a dû reprendre le travail plus tôt en plus. Donc, il n'a pas pu prendre son congé paternité tout de suite. Donc, ça a été rude. C'était vraiment rude. Heureusement, on avait un petit bout qui était adorable, qui pleurait très peu, qui mangeait beaucoup, par contre. Mais voilà, je me sentais épuisée, vraiment épuisée par tout ça. Et je me disais, mais comment je vais faire pour tenir debout après, quand il va commencer à bouger plus, à demander plus d'attention, parce que voilà, quand ils sont tout bébés... effectivement c'est les nuits qui sont hachées, c'est un peu compliqué, mais voilà c'est assez gérable, ils dorment encore beaucoup, ils sont encore en poussette, ils sont encore tout petits, tout légers quand on les porte, et là en grandissant effectivement ils demandent une énergie énorme, énorme, et du coup là en ce moment ça a été compliqué on va dire. Les premiers mois, parce que je n'arrivais pas à reprendre le poids que j'avais perdu. Je ramais, je ramais. Je me sentais épuisée. Et ça a été source aussi de beaucoup de frictions avec mon mari, qui ne comprenait pas pourquoi. Et en fait, j'ai compris après qu'en perdant ce poids-là, ça a réenclenché beaucoup de mécanismes. Et en fait, j'ai l'impression d'avoir reculé. que Léon soit né, parce que j'ai reperdu 7 kilos, et ça m'a remis dans un espèce d'engrenage de pensée de restriction, d'hyperactivité aussi physique, que je n'avais plus du tout avant que je tombe enceinte. Et ça a été compliqué aussi pour mon mari de le comprendre, et il m'a vu revenir en arrière. Il s'est dit, mais tu n'as pas eu ces comportements-là depuis très longtemps. à te revoir tout peser, à te revoir marcher tant de temps tous les jours, à bien compartimenter ton assiette. Je retrouvais des tocs que j'avais alors qu'ils s'étaient envolés juste avant que je tombe enceinte. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Et on a beaucoup discuté. J'ai repris un suivi psy aussi. Parce que je vois bien que, voilà, dans la tête de mon entourage, je suis maman, j'ai un mari, j'ai une maison, tout va bien, tout est réglé, je ne suis plus malade. Mais si, je suis encore malade et je ne suis pas sortie complètement. Il y a encore beaucoup de choses à travailler. Et là, après, en reprenant le travail, j'ai senti La faim, vraiment me tenaillait. Et comme si c'était des envies irrépressibles que j'avais. Et j'ai l'impression d'avoir eu des petits épisodes de faim extrêmes comme ça. Où le soir, je n'arrivais plus à m'arrêter. Alors effectivement, il n'y a pas beaucoup de paquets de gâteaux chez moi. Donc effectivement, je... Je prenais des cuillères de beurre de cacahuète. Mais je sentais que là, j'en avais besoin. Et que vraiment, je sentais que mon corps réclamait de la nourriture. Et ça arrive souvent le soir, forcément, parce que la journée, tout est calibré. Alors, j'ai vraiment mes trois repas par jour. J'essaie d'avoir toujours mes féculents, mes protéines, mes légumes. mais le soir avant de me coucher j'ai encore faim et j'ai vraiment faim et c'est de la faim physique et c'est de la faim mentale aussi et j'ai besoin et là encore tous les soirs il faut que je me refasse une collation alors là j'ai décidé parce que ça réactivait beaucoup de choses de me voir manger dans les placards je me dis non mais là c'est pas possible j'ai l'impression d'être collégienne et de rentrer chez moi et de tout dévorer donc là maintenant non je prends ce dont j'ai envie je me repose sur le canapé avec mon conjoint ou au bureau si je suis en train de travailler et je mange et je mange pas rapidement comme si c'était en urgence comme si c'était honteux et qu'il fallait faire ça le plus vite possible là non et je mange pas à sa seule je mange devant mon mari et voilà et je ne me mets pas de barrière c'est à dire que si j'ai encore envie d'un carré de chocolat après je reprends un carré de chocolat et si j'ai envie de me refaire une petite tartine avec Merci. du Nutella, je m'en ferai une petite tartine avec du Nutella. Et j'essaie de me dire, qu'est-ce que tu as envie maintenant ? Là, ne mange pas pour te remplir, mais là, si tu as faim, mange. Et mange ce qui te fait plaisir.

  • Speaker #1

    Et en étant connecté au plaisir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc maintenant, dans mes listes de cours, j'essaie toujours de passer dans le rayon interdit, entre guillemets, qui ne l'est plus maintenant, mais de me dire, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Même si à l'instant T, tu n'en as pas envie, mais qu'est-ce qui te faisait plaisir avant, que tu aimais bien manger ? Et sache que voilà, ils sont dans tes placards et que si jamais tu en veux, vas-y. Mais ça, je ne me l'autorise encore que le soir. Je n'arrive pas à me dire, tiens, à 16h, je rentre du travail, j'ai un peu faim, je n'arrive pas à ouvrir ce placard-là. Je me dis, c'est comme si c'était ma petite récompense du soir pour avoir été la bonne élève de la journée, avoir bien mangé mes tupperwares.

  • Speaker #1

    Et de l'ajouter à ton repas du midi, parce qu'effectivement, ça, c'est hyper intéressant et ça peut être, en vrai, ça peut être une béquille importante. Alors après, en même temps, je ne te sens pas non plus en souffrance avec ce comportement du soir, mais moi, c'est un truc que je conseille beaucoup aux personnes que j'accompagne, qui, alors, soit compulsion, mais même suralimentation le soir, mais c'est aussi des contextes différents. Mais tu vois, de pouvoir ajouter. du plaisir, de la variété, de la diversité et de la flexibilité aussi sur d'autres prises alimentaires. Que ça reste pas centré sur le soir.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et mine de rien, ça fait son petit effet quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui. Je me dis que ces deux petits carrés de chocolat, le midi, ils passeraient bien. Parce que je vois bien que mon tupperware calibré, à la fin, j'ai encore de la place pour manger autre chose et que je suis pas pleinement satisfaite. Ok, je vais peut-être arriver à satiété. Et encore. des fois j'ai encore faim mais il n'y a pas de c'est pas du rassaisissement ah bah non clairement potentiellement t'en es même loin parce que si tu ressens encore de la faim oui bah oui donc

  • Speaker #1

    ça veut dire que potentiellement effectivement à 16h t'as déjà la dalle et que ça peut être important aussi dans une démarche de relation de paix aussi avec ton corps de répondre au moment où tu as faim ... Et même si au début, c'est avec des trucs un peu calibrés, en fait. Quand tu disais, voilà, mes repas, je veille à ce qu'il y ait ça, ça, ça dans mes repas. En même temps, c'est bien. On sait que c'est les recommandations globales. Et puis, si c'est du... L'idée, ce n'est pas d'ôter tout calibrage. D'ailleurs, tu vois, on peut tout à fait être mangeur intuitif et en fait avoir dans un coin de tête que c'est quand même cool de manger... des protéines, des féculents et des légumes, tu vois, et de se dire, « Ouh là, là, je n'ai pas mangé de féculents tout le temps, je vois que j'ai plus faim le soir, il faut que j'en rajoute. » Enfin, tu vois, l'un n'empêche pas l'autre.

  • Speaker #0

    Puis en plus, je vois bien que je suis végétarienne aussi, mais depuis très longtemps, avant même de commencer les régimes. Mais du coup, niveau protéines, je vois que c'est toujours en deçà, quoi. Et je sais que c'est ça, au final, qui m'apporte quand même... un peu d'énergie sur la journée. Parce que pour mener du sport avec mon conjoint, effectivement, je n'avais pas de viande comme lui, mais j'avais toujours mes œufs, mes pois chiches. Mais là, c'est dans mes petits tupperwares du midi et c'est toujours calibré. Et je vois qu'effectivement, quand je suis à la maison et que je vois que mon assiette n'a pas été suffisante, je peux me resservir. J'y arrive. Mais alors du coup, le midi, avec mon petit tupperware et mes collègues qui sont... Malheureusement, très culture des régimes, c'est compliqué. Elles ne sont pas forcément culture des régimes, mais je remarque que malheureusement, à chaque fois qu'on se retrouve autour d'une table avec des femmes, On parle nourriture. On parle quels sont les compléments alimentaires que tu prends, qu'est-ce que tu fais pour éviter ça, tiens, pour remplacer le beurre, j'ai pensé aux courgettes pour mon gâteau au chocolat. Voilà. Et malheureusement, je me dis, mais clairement, je ne suis pas sûre que si on se trouvait autour d'une table entourée d'hommes, ils se prendraient la tête à parler de ça. On ne parle pas... Enfin, je veux dire, c'est... C'est une horreur.

  • Speaker #1

    C'est hyper dommage surtout parce que toutes là autour de la table, vous pourriez discuter géopolitique, investissement financier.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est sûr. On parle quand même de l'école. Oui, bien sûr,

  • Speaker #1

    j'imagine.

  • Speaker #0

    Mais les autres sujets de conversation, c'est souvent quand même autour de l'alimentation. Et de l'alimentation, mais d'une façon très diète-culture. C'est les bons plans.

  • Speaker #1

    Oui, vous ne partagez pas vos recettes de grand-mère super bonne avec un pot de crème fraîche.

  • Speaker #0

    Voilà. Ou alors, c'est les remarques. J'ai fait un resto hier. Comme si, du coup, il fallait faire attention aujourd'hui. Donc, j'ai mon super war. Et je me dis, mais c'est incroyable. Et ce qui m'a beaucoup aidée aussi à me déculpabiliser beaucoup au niveau de la nourriture et à m'autoriser plus à manger aussi, c'est C'est mes lectures féministes aussi, vraiment. Alors j'ai un mari qui se moque un peu de moi à chaque fois quand je reviens de la librairie avec un nouveau bouquin parce qu'il sait très bien que ce sera Mona Chollet ou Lorraine Malka ou là aussi maintenant que je suis devenue maman, j'essaye de lire des livres aussi parce que je suis maman d'un petit garçon. Donc voilà, j'essaye de lire aussi des choses. Comme le livre « Tu seras un homme féministe, mon fils » , je ne sais plus qui l'a écrit. Mais bref, il y a aussi beaucoup de passages où on parle de cet aspect aussi de l'alimentation et comment les femmes, on nous restreint un peu à ça. Peut-être justement pour qu'on pense uniquement à ça et pas aux choses vraiment… pertinentes et importantes.

  • Speaker #1

    On ne cherche pas à prendre une place qui est pour le moment réservée aux hommes. J'en suis convaincue et il y a quand même beaucoup de choses qui abondent dans ce sens. C'est certain, c'est un outil d'oppression de toute façon.

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai fait beaucoup de liens avec ça, énormément de liens avec ça. Et c'est vrai que ça m'a beaucoup aidée. Et là, maintenant, je dirais que ça va mieux quand même. Vraiment. je reprends du poids, là je suis sur la pente ascendante j'ai toujours pas retrouvé le poids d'avant grossesse encore mais ça ne stagne plus c'est plutôt sur la pente ascendante et effectivement j'ai des journées très remplies et du coup j'essaie de me faciliter vraiment la tâche sur tout ce qui est alimentaire donc oui effectivement des fois ça m'arrive d'acheter des gnocchis à poêler et... de commander chez Thierry et je me dis, te prends-moi la tête là-dessus. Clairement, c'est le temps que j'ai, je veux le consacrer à autre chose qu'à préparer mes tupperwares ou à faire ma liste de courses ou à peser tous les ingrédients. Donc, je vais à la facilité aussi. Des fois, quand c'est des plats qui sont déjà préparés, ça me convient très bien. Quand c'est facile, ça me convient très bien. Et voilà, je préfère passer du temps de qualité avec mon fils. Pouvoir m'investir dans mon travail aussi, parce que là, j'ai un poste qui me tient à cœur. Et ça a beaucoup plus de valeur pour moi que de compter mes calories sur une application, parce que ça aussi, ça me prenait du temps précieux dans ma journée. Et puis, j'observe beaucoup aussi. Et là, j'ai un garçon qui grandit, qui est plein de vie, et qui est lui... Alors, j'ai beaucoup de personnes qui me disent, mais dis donc, il mange énormément ton fils. Je dis, ben, il mange à sa faim, tout simplement. C'est vrai que c'est un petit garçon qui bouge tout le temps, qui fait très peu de siestes, qui est très grand et qui a des besoins, effectivement, importants. Donc oui, quand il a faim, je lui redonne à manger, tant pis. Parce que lui, de toute façon, il n'est jamais vraiment grognon. Il pleure que quand il a faim. Donc je sais, et depuis qu'il est tout bébé, c'est comme ça. À la maternité aussi, même quand il ne pleurait jamais, il ne pleurait que pour réclamer à manger. Donc quand il pleure, je sais que ça ne va pas, je sais que c'est la fin. Ou alors vraiment quand il a mal, quand il fait ses dents, d'accord, là il va pleurer, mais là, quand il a faim, il a faim. Et lui, il sait s'écouter. et des fois, ce n'est pas l'heure exacte. Mais ce n'est pas grave. Oui,

  • Speaker #1

    ça t'amène la flexibilité.

  • Speaker #0

    Je pense que la maternité, ça m'a ébranlée physiquement, mais ça m'a beaucoup aidée à avancer aussi. Parce que je le vois l'agrandir, je l'observe beaucoup et je me dis j'aimerais retrouver cet état si instinctif qu'ont les bébés de de manger quand ils ont faim, de s'arrêter quand ils ont plus faim. Voilà, parce qu'il sait très bien me dire aussi quand il a plus faim. Et voilà, et je force pas. Et de me dire que, bah oui, lui, il s'écoute vraiment, quoi. Et on a oublié ça, on a tous oublié ça en tant qu'adultes.

  • Speaker #1

    Pas tous, pas tous.

  • Speaker #0

    Pas tous, non. Il y a beaucoup d'hommes qui restent mangeurs intuitifs. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est pas un hasard.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Oui, mon conjoint est très mangeur intuitif. Oui, ça, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants, c'est complètement dingue parce que c'est vraiment à la bouchée près. Un enfant, il ne peut manger que la moitié d'un bonbon, laisser une bouchée de gâteau, même sur le sucre, contrairement à ce qu'on lui martèle. Oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, parce que... Et puis même, des fois, il n'a plus envie de quelque chose, mais il va avoir envie d'autre chose.

  • Speaker #1

    Et oui.

  • Speaker #0

    Et voilà.

  • Speaker #1

    C'est un petit spécifique.

  • Speaker #0

    Et c'est tout, quoi. Et du coup, ça ne veut pas dire que... Enfin, voilà, moi, j'entends encore des discours de certains parents qui vont dire à leur enfant, si t'as besoin plus faim pour leur pain, pas de dessert. Mais non, peut-être qu'il a plus faim pour ses pommes de terre, mais il a peut-être envie de son petit yaourt à la fraise pour être complètement rassasié. Mais malheureusement, j'en entends tout le temps des discours comme ça. Et en étant enseignante, en entendant les parents aussi discuter à la sortie de l'école, etc., ça me fait mal des fois d'entendre certains parents. Ça me fait mal de me dire que... Non, mais je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces mamans qui disent que pour le goûter, il est hors de question qu'on t'achète des biscuits pitch. Non, non, non, on fera tout maison. Et puis, c'est industriel, c'est bourré d'additifs, c'est mauvais, c'est mauvais. De diaboliser tout comme ça, tout le temps, ça me fait mal, en fait. Parce que c'est ce qu'on a fait tout le temps quand j'étais enfant. Et je me dis, comment voulez-vous ? que ce soit des enfants avec un comportement alimentaire serein parce qu'il n'y a aucun aliment qui est mauvais en soi. Et en grandissant, ils jetteront peut-être sur ces pitchs-là qu'ils n'ont jamais pu manger quand ils étaient petits. Alors qu'en soi, s'ils les avaient juste introduits dans leur alimentation, ça aurait été tout à fait équilibré. Je me suis toujours dit que je n'interdirais jamais rien à mon enfant et que de lui-même, je sais qu'il saura. de toute façon s'arrêter quand il faudra s'arrêter donc ouais ça m'a quand même beaucoup apporté cette maternité là, vraiment et il y a encore des choses à travailler mais je me sens sur le bon chemin ça c'est sûr trop bien,

  • Speaker #1

    t'as parlé de pas mal de choses qui t'ont aidé, moi j'ai entendu plein de choses que t'es venue spontanément apporter du coup moi la dernière question que j'ai envie de de te poser pour ce podcast, c'est de savoir ce que tu aurais envie de dire aux personnes qui sont en souffrance actuellement dans la relation à leur corps, à leur alimentation, peu importe finalement où elles en sont, mais toi, qu'est-ce que tu as envie de transmettre comme message ?

  • Speaker #0

    Se faire accompagner, ça c'est certain. Je veux dire, on ne peut pas s'en sortir seule. Je l'ai cru souvent que je pouvais m'en sortir seule, que j'étais plus forte que tout, que... J'avais une volonté de faire et que si je voulais m'en sortir, je m'en sortirais. Mais non, ce n'est pas un aveu de faiblesse de demander de l'aide, au contraire. Moi, je suis toujours accompagnée maintenant et je pense que je le serai encore pendant plusieurs années. Et que tout n'est pas qu'une question de poids aussi sur la balance. Et qu'on est légitime à demander de l'aide, même si on a un poids soi-disant normé, entre guillemets. On peut être en souffrance, même si d'un point de vue extérieur, on semble aller bien physiquement. Et puis lire beaucoup aussi. Moi, je sais que mes lectures m'ont beaucoup aidée, vraiment. Je sais que le livre de Mona Chollet, ou même le livre Mangeuse aussi, de Lorraine Malka. Il y a un autre livre aussi que j'avais... apprécié, je ne sais plus le nom malheureusement je ne sais plus en tout cas il y a beaucoup de lectures féministes sur ce sujet et j'invite tout le monde à jeter un coup d'oeil et si jamais les gens ne sont pas trop lecteurs, les podcasts moi aussi les podcasts ont beaucoup été pas forcément que les témoignages aussi, tout ce qui est scientifique aussi, parce que ça remet un petit peu les choses dans son contexte et toutes nos fausses croyances aussi sont un peu balayées d'un verre de la main, parce que si on s'appuie vraiment sur des faits scientifiques, on se rend compte qu'on nous martèle beaucoup de choses fausses et que voilà... que si on revient un petit peu à l'essence même de comment fonctionne le corps, on n'est pas obligé de subir toutes ces injonctions-là, en fait, et de s'auto-flageller, entre guillemets, en s'imposant des choses qui n'ont pas lieu d'être, tout simplement. Donc, voilà ce que je pourrais dire.

  • Speaker #1

    Et puis,

  • Speaker #0

    regardez les enfants aussi. Observez les enfants, beaucoup.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Observez les enfants et puis voyez comment... Comment ils se comportent aussi sur le plan alimentaire pour les enfants qui ont une alimentation régulée ? Parce qu'on sait bien que certains ne l'ont pas.

  • Speaker #1

    On peut être dérégulé très vite.

  • Speaker #0

    On peut être dérégulé très vite, comme je l'ai été. Mais de juste les observer et de se dire que c'est ça, en fait, un comportement alimentaire sain. C'est un comportement alimentaire assez instinctif, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Écoute, un immense merci pour tout ce que tu nous as partagé. Aujourd'hui, tous ces morceaux de toi, c'est un récit, comment dire, intime aussi, tu vois, quelque part, t'as livré de toi. Donc, merci beaucoup pour ça. Merci pour aussi le partage de tout ce qui t'a aidé sur ton parcours. T'as parlé de plein de difficultés, mais aussi de tout ce qui a pu t'aider, de choses que tu mets encore en place aujourd'hui. Je pense que c'est hyper riche. Donc, voilà, merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. C'était un peu un honneur pour moi. De participer au podcast, vraiment.

  • Speaker #1

    Ecoute, trop bien, avec grand plaisir. À très bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast. en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao.

Chapters

  • Présentation de Marion

    01:27

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    03:33

  • L’étape du collège et le début de l’hyperphagie

    09:20

  • Le virage vers l’anorexie

    20:08

  • TW mention de violences sexuelles

    37:59

  • La fin des hospitalisations

    42:01

  • Comment elle va sur ces derniers mois

    58:51

  • Ce que Marion aimerait vous dire

    01:13:28

Description


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Dans cet épisode, Marion vient raconter son parcours avec les troubles des conduites alimentaires : de l’hyperphagie à l’adolescence à l’anorexie restrictive, en passant par les régimes, les hospitalisations à répétition et la peur de « ne jamais s’en sortir ».


On parle de grossophobie familiale, de harcèlement scolaire, de ces premiers rendez-vous chez des nutritionnistes à 6 ans, des poudres miracles, de la sonde nasogastrique, mais aussi de féminisme, de maternité, de PMA et de cette question : comment continuer à avancer avec un TCA à l’âge adulte, quand on est prof, en couple, maman… et qu’on a l’impression qu’« à notre âge », on ne devrait plus en être là ?


Dans cet épisode, on aborde notamment :

  • l’hyperphagie comme refuge face au harcèlement scolaire et à la grossophobie

  • le basculement dans l’anorexie, les régimes extrêmes et les hospitalisations

  • l’impact des TCA sur les études, le travail et la vie sociale

  • la rencontre avec son conjoint, la PMA, la grossesse et le postpartum après des TCA

  • le rôle du féminisme, des lectures et de l’observation des enfants pour déconstruire la culture des régimes

Merci Marion pour ce très joli témoignage 


💌 Tous les vendredis, un nouvel exercice dans ta boîte mail, en lien avec l’épisode de la semaine


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marion, dans le podcast. Trop contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Très contente moi aussi.

  • Speaker #0

    T'es venue vers moi pour me proposer ton témoignage par mail il y a déjà un petit moment. J'ai pas pu te répondre plus tôt et du coup ça se fait maintenant. Maintenant, on se disait en off que c'est drôle, entre guillemets, parce que ce qu'on dit de soi et de son parcours, finalement, ça peut vite évoluer, même en quelques mois. Enfin, voilà ce qu'on traverse. Donc, écoute, c'est maintenant que tu viens témoigner. J'en suis très contente. Pour commencer, je te propose de te présenter de la façon dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Marion. Je suis une jeune maman d'un petit garçon de... 13 mois. Jeune mariée aussi, depuis août dernier. Donc voilà, beaucoup de choses. Et je suis aussi professeure des écoles dans le spécialisé. Donc je travaille avec des enfants en situation de handicap qui dépendent d'un IME, dans une classe ordinaire, une petite classe externalisée. Donc voilà, c'est un métier passion aussi qui me prend beaucoup. temps et d'énergie, mais j'ai une vie bien remplie ces derniers temps.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, c'est clair, entre un petit bout de chou de 13 mois, ça m'a fait sourire le 13 mois, c'est l'âge où on compte encore en mois à un moment donné. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai, non, c'est vrai, on compte encore en mois et le cap des 1 an m'a fait un peu tout bizarre de le voir grandir comme ça et on découvre sa personnalité de plus en plus aussi en grandissant. Mais c'est une vraie tornade à la maison. Donc, voilà, c'est un petit bout plein de vie, ça, c'est certain. Mais qui est très curieux, qui a besoin de tout expérimenter et qui nous monopolise beaucoup. Voilà. Mais voilà, je préfère ça. Moi, je le vois plein de vie, très épanoui, tout souriant. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bien dans ses baskets, a priori.

  • Speaker #1

    Bien dans ses baskets, oui.

  • Speaker #0

    Trop bien. C'est marrant parce qu'on parle de l'enfance que ton petit bout de chou est en train de traverser. Et la première question pour entrer dans le vif du sujet que j'aime bien poser aux personnes que je reçois ici, c'est d'essayer de retourner un peu justement dans cette enfance, pour te demander finalement, c'est quoi tes souvenirs autour de l'alimentation, du corps ? Qu'est-ce qui existait pour toi à ce moment-là autour de l'alimentation et du corps ? Est-ce que c'était déjà source ? de questionnement, ou est-ce que c'était compliqué, ou est-ce qu'au contraire, c'était on ne peut plus simple ? Qu'est-ce qui te revient, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, l'alimentation, j'ai l'impression que ça a toujours été un sujet, un gros sujet, vraiment. Et j'ai très peu de souvenirs de moi avec une alimentation complètement sereine, en fait. De toute façon, depuis ma plus tendre enfance, du côté de mon père... On est soi-disant un peu plus corpulents que la moyenne, donc il faut toujours faire attention. J'ai toujours vu mes tantes au régime, mes cousines au régime. J'étais la plus jeune des cousines aussi. Et on est beaucoup de filles, il n'y avait que deux garçons. Et toutes mes cousines ont, à un moment ou à un autre, eu un rapport troublé, je pense, avec l'alimentation, parce qu'on en parlait quand même beaucoup. C'était le sujet de conversation principal de tous les repas de famille. Et depuis que je suis toute petite, je suis baignée là-dedans. et Et moi, j'ai toujours été une petite fille de ce qu'on me disait, plein de vie aussi, qui savait ce qu'elle voulait, qui était aussi très gourmande. Et donc, l'alimentation, ça a toujours été synonyme de plaisir, mais aussi de danger, parce qu'il y avait toujours cette espèce d'épée d'amoclès au-dessus de moi qui me disait que si je mangeais trop, j'allais finir comme mon grand-père qui était en obésité morbide. Et il y avait toujours cette figure du grand-père qui était là pour nous rappeler que... Nous, dans la famille, il faut faire attention quand même. Il n'y avait pas de restrictions en soi, mais je suis quand même allée voir des nutritionnistes dès mes 6 ans. Parce que... Ah oui, oui, oui, parce que...

  • Speaker #0

    6 ans, mais tu dis qu'il n'y avait pas de restrictions pour autant ?

  • Speaker #1

    En fait, mes parents ne m'interdisaient rien à la maison, mais je sentais quand même qu'il fallait que je fasse attention. Et cette espèce de pression qu'on m'a mise sur la nourriture, j'ai l'impression qu'en fait... ça a été complètement contre-productif parce qu'à chaque fois que j'étais face à de la nourriture, il fallait que je me remplisse comme si c'était l'occasion ou jamais. Alors qu'au final, mes parents ne me faisaient pas manger des brocolis tous les soirs, bien au contraire. Mais on avait toujours des petits regards si je me reservais ou si un apéritif dînatoire avec... Beaucoup de personnes, j'allais souvent vers la table. Il n'y avait pas des remarques, mais des petits regards qui voulaient dire que Marion, il faut faire attention quand même. Et c'est vrai que j'étais très, très grande pour mon âge. J'ai toujours été très grande. Et oui, j'étais un peu plus au-dessus de la moyenne au niveau du poids que mes camarades de classe, je pense. Dès la maternelle, ça se voyait déjà. Et du coup, je suis allée voir un nutritionniste. Et je m'en souviens, j'avais 6 ans. et pourtant je me souviens comme si c'était hier de rentrer dans son cabinet, je le vois me scruter je le vois me demander de me déshabiller, de monter sur la balance et de me dire mademoiselle va falloir arrêter le ketchup quand même et ça m'est resté ce regard qu'on portait sur moi et j'avais l'impression d'être D'être vraiment en faute, quoi, parce que j'étais moi, tout simplement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu dis que tu étais au-dessus des courbes un peu au niveau du poids, mais du coup, tu étais au-dessus des courbes au niveau de la taille.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au-dessus des courbes à tous les niveaux. Donc,

  • Speaker #0

    il y a quand même quelque chose de très, très, très surprenant, questionnant, de la part de tout le système médical, là.

  • Speaker #1

    Oui, c'était... Et bon, ma mère a mal pris quand même ce rendez-vous-là.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus allée voir ce nutritionniste. J'y suis retournée plus tard, quand j'étais au collège. Mais après, pendant la primaire, je sentais de toute façon que j'étais différente. On me l'avait bien fait comprendre. Dans ma famille, pas forcément, parce qu'on ne pointait pas du doigt mon poids. Mais dès que je sortais à l'extérieur, c'est vrai que je voyais les regards sur moi. Je voyais... que mes copines de classe étaient toutes plus petites et plus menues, que quand on faisait des soirées pyjama et qu'on pouvait se déguiser, je rentrais dans aucun déguisement, qu'elles s'échangeaient beaucoup leurs affaires et que moi, finalement, je ne pouvais pas. Qu'à la piscine, c'était une horreur parce que je voyais tout le monde qui me regardait. Je faisais tout pour être transparente, mais au final, comme j'étais très grande et corpulente, je me sentais... imposante, très visible. Et c'était vraiment compliqué. Et j'étais sans cesse dans la comparaison avec les autres en me disant que j'étais vraiment hors normes, hors normes dans tous les sens du terme.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas dû être facile de remontir dans ce contexte.

  • Speaker #1

    Et on va dire que jusqu'en CM, ça allait encore. Après, il y a eu le harcèlement qui a commencé. qui m'a poursuivie jusqu'au collège. Et là, on pointait vraiment du doigt mon poids. Ce n'était plus ma taille, c'était mon poids. Et au collège, j'étais dans une petite école rurale avant. On se connaissait tous, c'était plutôt bienveillant. Quand il y avait des petites chamailleries entre copines, elles savaient sur quoi appuyer pour me faire mal. Donc, c'était sur le poids. Mais ça restait... ça restait supportable. Après, au collège, là, c'est devenu beaucoup plus violent et beaucoup plus agressif. Et c'est là que, paradoxalement, j'ai mangé le plus. Je me suis réfugiée dans la boue. Au final, après coup, après coup, non. Mais à partir de la sixième, je rentrais tous les soirs. Mes parents n'étaient pas encore rentrés du travail. Et je dévalisais les placards. Et je profitais de mes heures de permanence pour aller racheter dans la supérette à côté du collège ce que j'allais manger le soir pour que ça ne se voit pas trop. Et ça passait de... Là, c'était vraiment... C'était de l'hyperphagie. Je ne savais pas ce que c'était, mais j'ai bien compris que c'était ça. Parce que là, il n'y avait aucun plaisir. C'était manger pour me remplir et puis je passais des chips au pain de mie, au Nutella, aux biscuits, au jambon. Enfin, c'était du grand n'importe quoi. Et c'était jusqu'à me remplir. Je regardais l'heure qui tournait. Je me disais, il ne me reste plus que 10 minutes avant que maman rentre. Et je remangeais le soir après, comme si de rien n'était. mais effectivement en très peu de temps j'ai pris beaucoup de poids, c'est sûr. Ça a commencé à devenir plus alarmant. Je n'étais pas en obésité, mais j'avais quand même un bon gros surpoids et c'est là que j'ai repris les consultations avec une nutritionniste. C'était une nutritionniste assez bienveillante qui n'était pas vraiment dans le plan alimentaire. Mais il n'y avait pas de cadre précis. Du coup, moi, Moi, je... Je ressortais des rendez-vous en ne sachant pas vraiment ce que je devais faire et en étant dans l'incapacité de gérer ces pulsions que j'avais le soir. Et ça, par contre, elle ne le savait pas.

  • Speaker #0

    Ah, voilà.

  • Speaker #1

    J'étais trop honteuse. J'étais trop honteuse de ça et mes parents l'ont su beaucoup plus tard, en fait. Quand je suis tombée dans l'anorexie, mes parents l'ont su seulement.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que la diète, finalement, déjà, elle n'avait pas toutes les infos concernant l'alimentation, mais j'imagine que tu ne lui parlais pas non plus du harcèlement que tu subissais ?

  • Speaker #1

    Non. Non, on ne parlait pas de ça non plus.

  • Speaker #0

    Et tes parents, ils étaient au courant de ce que tu vivais au collège ?

  • Speaker #1

    Mes parents, je leur en parlais un peu quand même. Je leur disais que c'était dur. Donc voilà, ils essayaient toujours de me dire qu'il n'y avait pas que ça qui comptait, que j'étais une jeune fille incroyable, que pour eux, j'étais la plus belle du monde. Mais voilà, ça restait mes parents. Donc c'est vrai que sur tous les autres aspects... que ce soit scolaire, que ce soit au niveau amical, je voulais être parfaite. Parce que je me disais, bon, le physique, je sais que de toute façon, je ne vais pas pouvoir y faire grand-chose. Mais alors, par contre, je vais être la meilleure sur le plan scolaire. Donc, j'étais en tête de classe tout le temps. J'étais la super bonne copine. Tout le monde pouvait se confier à moi. Je faisais tout pour que tout le monde m'apprécie. je faisais les DM de certaines personnes aussi, je faisais les devoirs des autres en pensant qu'on allait devenir mon amie, alors que j'étais juste la bonne poire. Mais voilà, même sur le plan investimentaire, je faisais attention à tout, je voulais être irréprochable à la pointe de la mode. Parce que je me disais qu'il fallait que j'excelle partout, parce que le physique, je n'arrivais pas à le maîtriser. Je me disais que je suis condamnée à être grosse. grosse, dans ma famille on est tous gros et je vais être condamnée à peut-être faire comme ma tante des régimes en continu peut-être à un moment quand j'en aurai la force parce que pour moi j'avais pas de volonté pour faire du régime, c'était impossible et j'aimais trop la bouffe pour ça et je pouvais pas me contrôler là-dessus donc je me dis peut-être qu'en devenant adulte si je veux rencontrer quelqu'un, il faudra peut-être que je passe forcément par là parce que personne ne voudra de moi dans cet état c'est terrible Et même mes copines me disaient, tu sais Marion, peut-être qu'un jour ça viendra, il y a peut-être des garçons qui ne regardent pas que le physique. Donc c'est vrai que c'était le genre de remarques que je pouvais avoir au collège. Et ouais, c'était assez compliqué, c'était vraiment compliqué. J'ai vraiment un très mauvais souvenir de ces années-là.

  • Speaker #0

    Mais tu m'étonnes, c'est terrible parce qu'en plus tu as traversé ça seule quand même, même si... il y a quand même un cadre familial où tu pouvais déposer au moins des petits morceaux de choses, mais finalement, tu as traversé ce harcèlement seul, tu as traversé les conséquences seules, tu vois les crises d'hyperphagie, qui avaient en plus des conséquences sur ton poids, donc qui augmentent la problématique, qui augmentent ce sur quoi s'appuient les harceleurs, mais la vraie problématique ce n'est pas ton poids, c'est cette grossophobie et le harcèlement. Je ne sais pas si tu as vu dans les informations toutes récentes cette petite fille.

  • Speaker #1

    Si, j'ai partagé justement sur mon compte Instagram. J'ai eu limite les larmes aux yeux. C'est étrange. Après, on y reviendra, mais je suis tombée dans l'extrême inverse, l'anorexie. Mais pourtant, je me sens beaucoup plus proche des personnes grosses que des personnes qui ont traversé l'anorexie. Parce que pour moi, je me suis construite comme ça et pour moi, c'était la personne que j'étais vraiment à la base. Et du coup, tout... Voilà, cette information-là m'a particulièrement heurtée, vraiment. Parce que je me suis dit, voilà, à 9 ans, oui, on peut déjà mourir de grossophobie. Et ce n'est pas apprendre à la légère. Et je le vois même moi dans le cadre de mon métier. En tant qu'enseignante, je suis très alerte, comment dire, en cours de récréation, sur les commentaires qui peuvent être faits, parce que... Parce que voilà, j'ai une vigilance accrue sur ce sujet. Ce qui n'était pas le cas de mon enseignante, par exemple, en CM1, CM2, parce que le harcèlement avait commencé et je lui en avais parlé. Et elle m'avait dit que c'était des petites broutilles, quoi. Et puis que bon, les autres petites filles étaient assez chétives par rapport à moi qui étais grande et costaud. Je pouvais être beaucoup plus forte que ça. Comme si, voilà, je n'avais pas le droit à la protection parce que j'étais, soi-disant, hors normes physiquement et que du coup, rien ne pouvait m'atteindre. alors que... Alors que si, j'étais une petite fille comme les autres petites filles. Et c'est vrai que toute ma scolarité, en gros, j'étais un petit peu laissée de côté. Je pouvais me débrouiller. J'étais grande, j'étais forte. Donc, voilà, je n'avais pas besoin de réconfort, entre guillemets. Et j'enviais mes copines de classe qui étaient plus petites, qui étaient plus menus et vers qui on allait instinctivement. on les prenait encore dans les bras par exemple qu'on pouvait aisément imaginer comme étant fragile comme ayant besoin de soutien, d'aide et moi j'en avais pas besoin on partait du principe que moi j'en avais pas besoin donc ça ça m'a profondément blessée je pense vraiment quand

  • Speaker #0

    tu dis j'ai quand même trop envie de rebondir là dessus parce que quand tu dis que tu te sens plus proche de des personnes grosses, des personnes qui vivent de l'hyperphagie ou quoi, parce que tu dis c'est celle que je suis vraiment. Je crois que c'est ça, un truc comme ça le mot que tu as utilisé.

  • Speaker #1

    Oui, alors je sais pas si c'est vraiment le bon terme mais moi je me suis toujours vue comme une petite fille très gourmande et qui a depuis sa plus tendre enfance dévoré tout ce qu'il y avait sur la table quoi. Ouais,

  • Speaker #0

    mais dans dans une famille qui l'a très tôt formaté à un comportement alimentaire.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas du tout si j'étais née dans une autre famille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si mon comportement était celui-ci.

  • Speaker #0

    Quand même, très souvent, ce n'est pas inné. C'est quelque chose d'acquis en lien avec tout l'environnement. L'environnement, il a une influence folle et ce, très, très, très, très tôt. Tu vois, par exemple, moi, j'ai souffert d'anorexie il y a deux ans. Tu vois, c'est quand même... Il y a des choses très tôt qui se jouent finalement dans nos comportements alimentaires parce qu'on est, plus on est petit, plus on est des éponges aussi à tout cet environnement. Et si j'insiste là-dessus, c'est parce qu'un piège, je trouve, sur le chemin de la guérison, quand on est comme toi, passé par pas mal de phases et qu'il y a eu hyperphagie, puis anorexie, puis peut-être boulimie, hyperphagie, j'en sais rien, on va y revenir. Une fois que, même si on a conscience que ce qui nous a fait reprendre le contrôle et perdre du poids, c'est un trouble alimentaire et que c'est quand même merdique, il y a une difficulté à lâcher. Ça peut être hyper difficile de faire machine arrière, de lâcher le côté très restrictif du TCA. Encore plus quand on reste persuadé que notre vraie nature, c'est cette nature qui, en fait... et de l'hyperphagie non diagnostiquée, tu vois, qui arrive potentiellement tôt dans la vie.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai dit ça parce que je pense que je n'ai pas de souvenirs de moi en tant que mangeuse régulée. Je n'ai aucun souvenir de moi, comme ça. Donc, c'est pour ça que j'ai l'impression que, voilà, Marion, en fait, elle est hyperphagique, de base, alors que non. Mais, effectivement, voilà, c'est parce que je n'ai aucun souvenir d'une alimentation sereine. intuitive.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est tout à fait logique que tu dises ça, mais pour moi, c'est important de revenir dessus parce que ce serait dommage que tu penses que, justement, l'hyperphagie, c'est identitaire chez toi. Justement, j'ai failli rebondir aussi tout à l'heure parce que, franchement, quand tu décrivais cette quête de la perfection, j'ai peut-être pas le corps qu'il faut, mais je vais être parfaite. dans tous les domaines, et puis en plus relié au fait de vouloir se faire aimer à tout prix, je me suis dit « waouh, waouh, waouh, le terreau bien fertile à l'anorexie » . J'ai envie de te dire « attends, à un moment donné, tu as sombré dans l'anorexie » . Tu vois, je me dis avec une telle énergie mise dans la quête de la perfection.

  • Speaker #1

    alors comment ça s'est fait c'est peut-être compliqué à quel moment ça s'est fait entre les vacances de ma troisième et de ma seconde là je me dis les années collège ont été trop éprouvantes je peux plus vivre ça et je vais me retrouver avec les mêmes personnes au lycée là il faut que je change là je me dis de toute façon je sais très bien j'avais essayé déjà avec mon père Wet Witcher au collège, en quatrième. J'avais fait Wet Witcher avec lui. J'avais essayé plein de petits régimes. Et puis au final, les crises hyperfagies étaient toujours là, voire même puissance 1000, ce qui est assez logique. Mais là, je me dis qu'il faut quelque chose de vraiment drastique. Là, je dis qu'il faut quelque chose de draconien. Parce que je ne sais pas me réguler. Je me voyais comme un monstre qui dévorait tout et qu'il fallait contenir, qu'il fallait museler. Et là, je tombe sur... Une marque de produits que je ne citerai pas, c'était de la poudre à diluer dans de l'eau. Et je devais remplacer deux repas dans ma journée par cette boisson hypocalorique. Et j'avais le droit encore à un repas par jour qui devait être quand même équilibré. Je veux dire qui devait être quand même assez calibré. Donc ce repas-là, c'était celui de la cantine le midi. Je me dis bon voilà. Je mangerais à la cantine et puis le matin et le soir, je bois mes poudres et mes substances. Et ça a été assez fulgurant. C'est-à-dire que là, j'ai perdu énormément de poids très rapidement. J'étais presque, voilà, comment dire, c'était très jouissif de voir que là, à chaque fois que je montais sur la balance, il y avait un kilo en moins, deux kilos en moins, trois kilos en moins. et c'était... C'était pour moi une victoire. Par contre, la faim me tenaillait toute la nuit et toute la matinée. J'attendais avec impatience le repas du midi. Je peux dire que sur le plateau, je mangeais absolument tout. Il ne restait pas une miette. Je savais que c'était le seul moment dans la journée où je pouvais avoir quelque chose de solide en moi. Mais du coup, j'ai stoppé complètement les crises d'hyperphagie. Surtout que là, en plus... Quand je rentrais du lycée, ma mère était déjà rentrée, donc je ne pouvais plus le faire. À un moment, j'avais une conseillère qui venait me vendre les produits et qui venait me voir tous les mois. Ce n'était pas du tout une éthicienne, elle était juste là pour vendre ses produits. Elle m'a dit « bon, là, je pense qu'on peut arrêter » . J'avais retrouvé un poids quand même très rapidement. Elle était un petit peu sur la réserve en se disant « voilà, je pense que là, on pourrait commencer à diminuer » . réintroduire peut-être un repas dans la journée et puis garder que la matinée de petites poudres. Et puis ça m'a fait peur, ça m'a fait extrêmement peur. Je me suis dit, mais si j'arrête ça, je vais tout reprendre. Et j'entendais aussi que les régimes, souvent on reprenait le double de son poids. Je voyais mon père qui se bataillait avec son poids depuis des années et des années, qui enchaînait les régimes et qui reprenait le double à chaque fois. Je me dis, mais là, si j'arrête ça et si je reprends le double, c'est l'enfer. J'avais eu des compliments de tout le monde, comme quoi j'étais rayonnante. Au lycée aussi, on commençait à me dire que j'étais beaucoup plus jolie, que ça m'allait très bien. J'allais faire les boutiques et je pouvais enfin rentrer dans les pantalons et ne pas repartir bredouille des magasins avec les larmes aux yeux, comme d'habitude, parce que rien ne m'allait. J'avais l'impression que c'était... Je reprenais confiance en moi, c'était super. Et je me dis, si j'arrête ça, c'est le drame. Et donc, quand on a commencé à diminuer les poudres et à réintroduire des repas, c'est là que j'ai commencé à restreindre beaucoup plus mon alimentation. Je me dis là, il faut vraiment contenir le monstre en moi, entre guillemets. Et là, il ne va pas falloir déconner du tout. Il va falloir que ce soit vraiment calibré.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le monstre en moi, c'est-à-dire que tu avais des envies, des pulsions de crise que tu réfrénais ?

  • Speaker #1

    J'avais tout le temps faim. J'avais tout le temps faim. Et on partait en vacances l'été, je ramenais mes poudres et je m'obligeais à les boire, même s'il y avait un resto. Tant pis, je ne mangeais pas. Je prenais ma poudre au restaurant et je voyais tous les autres manger autour de moi. J'étais mangée par procuration un peu. J'adorais me balader dans la rue, près des boulangeries, pour sentir l'odeur du pain frais, des croissants et pour manger par procuration, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Mais tes parents, comment ? Comment ils vivaient tout ça ? Parce que déjà, ça veut dire que c'est eux qui finançaient ces poudres.

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur disais pas que j'avais faim. Je leur disais juste que j'essayais de retirer que le positif de cette perte de poids-là. Et mes parents, pour eux, j'avais quand même beaucoup plus le sourire, j'avais plus envie de sortir, j'avais plus peur de me mettre en maillot de bain. Pour eux, c'était génial ce qui m'arrivait, en fait. Ils voyaient qu'effectivement, je reprenais un peu goût à la vie, parce qu'au collège, j'étais un peu l'ombre de moi-même, je pleurais beaucoup, tout le temps. Et là, ils me voyaient plutôt joyeuse. Donc je taisais en fait tout ça. Je me suis dit mais c'est normal. Au final, je mangeais tellement avant. Mon corps doit s'habituer à ne plus manger autant. Et je me dis, il faut que mon estomac se rétrécisse. Ça va prendre du temps, mais ça va aller. Ces fameuses croyances-là. Et jusqu'au jour où ça a commencé à dégringoler vraiment et où j'ai commencé à ne plus aller à la cantine le midi non plus au lycée. à manger deux cracottes le matin avec un kiwi sans beurre, sans rien, et le soir, devoir quand même faire bonne figure parce que je savais que là, il y avait mes parents et que si je ne mangeais pas, par contre, ça n'allait pas le faire. Donc, il fallait quand même que je mange au repas du soir. Mais il y avait quand même toujours des petites excuses que je pouvais trouver pour manger un peu moins. Et mes amis aussi qui ont commencé vraiment à s'inquiéter parce que là, je perdais vraiment beaucoup, beaucoup de poids. Et ça devenait assez alarmant. Et elle me ramenait même, voilà, je leur demandais de me ramener un fruit de la cantine. C'est tout ce que je voulais manger. Je passais mon heure, en fait, dans le grand réfectoire. On appelait ça, c'était une salle de permanence où on pouvait travailler. Donc, je travaillais, en fait, tout le temps. Et je demandais à mes copines de me ramener une pomme. Une fois, il y en a une qui a eu le malheur de me ramener une banane. Et je lui ai... Merci. Je l'ai jetée à la poubelle en hurlant parce qu'une banane, c'est beaucoup trop calorique, ça ne va pas. Parce que juste, voilà, elles s'inquiétaient. Elles ont voulu me ramener du pain aussi une fois, mais alors quelle horreur. Mais j'ai été... Je n'ai pas été cool non plus à cette période-là, vraiment avec elle, parce qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait. Et pour moi, tout allait bien. Tout allait bien. Et puis, à ce moment-là aussi, je me suis dit, bon, ça y est, je deviens mince, je peux plaire. Donc, je voyais toutes mes copines avoir des copains et avoir une vie amoureuse. Et moi, je n'attendais que ça. Et voilà, il y a un ami d'une amie qui était plutôt intéressée par moi, apparemment. Moi, bon, j'étais... Je n'étais pas trop encline à me lancer dans une relation avec lui, mais je me dis que de toute façon, il n'y a que lui qui s'intéresse à moi, donc autant y aller. À cette même période-là aussi, j'ai commencé une relation avec un garçon un petit peu plus âgé, mais avec qui ça ne se passait pas très bien puisque je n'étais pas amoureuse de toute façon. Je voulais juste que socialement, je fasse bonne figure. J'étais la fille qui avait perdu du poids, qui était en couple avec un garçon. Je voulais avoir une vie normale, tout simplement. Et de toute façon, ça n'a jamais pu aller plus loin avec lui parce que sur le plan intime, moi, j'étais capable de rien et je n'en avais pas envie. Et du coup, voilà, c'est terminé parce que, oui, effectivement, je ne pouvais pas lui apporter ce qu'il voulait que je lui apporte. Et ça s'est terminé aussi parce que j'ai été hospitalisée à ce moment-là aussi. Donc, elle a 17 ans. Et il s'est écoulé combien de temps, du coup, de cette dégringolade-là ? Ça l'a dégringolée un an et demi. En un an et demi, j'ai perdu plus de la moitié de mon poids, en fait. Vraiment. Et ça a été vraiment très rapide. Mes parents ont commencé à s'inquiéter. Je suis allée voir mon médecin traitant, qui m'a fait des prises de sang qui étaient bonnes. Mes prises de sang ont toujours été bonnes. Oui, ça, c'est un gros cas de chute dans l'anorexie. Quand j'étais au plus bas de la maladie, mes prises de sang étaient bonnes. Elle n'était pas du tout informée sur ce qu'étaient les troubles du comportement alimentaire. Je pense qu'elle a été assez maladroite dans ses propos. Elle a dit qu'elle ne voyait pas pourquoi ma mère s'inquiétait, que tout allait bien, que les paramètres étaient plutôt bons. C'était peut-être une petite passade, une petite crise d'adolescence, mais que ça allait aller. Mais ma mère a commencé vraiment à s'inquiéter. Et elle culpabilisait beaucoup aussi. Parce qu'elle s'est dit, c'est à cause de moi que tu as commencé ces régimes.

  • Speaker #0

    Parce que je t'ai dit oui, j'aurais jamais dû accepter ça. T'avais 16 ans. Et elle me voyait dans un état pitoyable, à pleurer devant mon assiette parce que j'arrivais pas à manger un morceau de poux. Et elle s'est dit, mais là, ça va beaucoup trop long. Et c'est elle qui a pris contact avec le CHU de Nancy, en pédiatrie du coup, parce que j'étais encore mineure. Et je suis allée voir un médecin là-haut. qui a commencé à me suivre sur plusieurs mois. Donc, j'avais des contrats de poids. Donc là, il fallait vraiment qu'à chaque rendez-vous, j'ai pris un kilo ou deux kilos. Sinon, c'était l'hospitalisation. Donc voilà, j'avais cette carotte-là. Donc, les deux premiers mois, je crois que j'étais vraiment sur le fil du rasoir, mais j'ai échappé à l'hospitalisation. Et puis après, malheureusement, on m'avait demandé de venir avec ma valise au cas où, si jamais la pesée n'était pas bonne. Et la pesée n'était pas bonne. Et donc là, j'ai été hospitalisée. Et ça a été une crise de larmes parce que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Et donc, il n'y avait pas de place. Normalement, je devais aller en pédopsychiatrie. C'est là que les patients anorexiques étaient admises. Il n'y avait plus de place, donc je suis allée en pédiatrie. Pédiatrie générale. Je me suis retrouvée avec plein d'enfants qui avaient toute pathologie confondue, entre guillemets. et là mon seul objectif c'était de sortir donc là j'ai mangé j'ai mangé tous mes plateaux je demandais à mes parents de me ramener du chocolat alors ils étaient super heureux, ils me voyaient manger des choses que j'avais pas mangé depuis un an et demi ils se sont dit mais c'est super c'est magique cette hospitalisation en deux mois et demi j'ai repris 12 kilos parfait je voyais un infirmier psychologue une fois par semaine Mais c'est tout, il n'y avait aucun suivi là-haut. J'étais juste là pour manger et c'est tout. Donc j'ai mangé et je suis sortie.

  • Speaker #1

    Sans suivi spécifique une fois dehors ?

  • Speaker #0

    Non, non. Je devais revoir ce médecin-là effectivement quand même de temps en temps pour voir si tout allait bien. Mais on va dire que jusqu'au bac… Voilà, j'avais perdu un petit peu en sortant d'hospitalisation, mais j'ai essayé de ne pas trop redescendre non plus. Je me suis maintenue à la limite. Ce que je voulais, c'était passer mon bac. Et après, je savais qu'après le bac, j'allais vivre en colocation avec ma cousine. Et là, je me dis, c'est bon. Après, je serai tranquille. Et je pourrais refaire ce que j'ai envie de faire. Parce qu'il n'y avait rien qui était réglé. Et l'alimentation, ça restait encore quelque chose de très, très compliqué. Ce que je mangeais à l'hôpital, je l'avais remangé chez moi en rentrant. Tout était calculé. J'ai essayé de faire bonne figure pendant un an et demi. C'était encore compliqué. C'était très tendu à la maison. Il y avait beaucoup de disputes avec ma mère qui ne comprenaient pas et qui s'inquiétaient beaucoup aussi. Et qui, je pense, étaient rangées par la culpabilité. Elle me l'a dit plus tard. mais qui s'en voulait énormément de tout ce qui s'était passé. Et après, j'ai eu mon bac avec mention très bien, la meilleure du lycée forcément. Et là, j'ai demandé à mes parents à rentrer en classe préparatoire parce que les profs m'avaient vivement conseillé d'aller en classe prépa. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire après. Je me suis dit la classe prépa, pourquoi pas ? Ma mère n'était pas chaude du tout. Elle savait que c'était... Un rythme de travail qui était très soutenu. Et elle voyait très bien le perfectionnisme dans lequel j'étais. Et elle s'est dit que ça n'allait pas du tout m'aider. Mais voilà, j'y suis allée quand même. J'ai fait qu'une année. Et à partir de là, j'ai eu des hospitalisations un peu tous les ans, je crois. Tous les ans, j'ai été hospitalisée.

  • Speaker #1

    Tous les ans, pendant combien de temps, tu dirais ?

  • Speaker #0

    Jusqu'à mes 25 ans.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    J'ai encore eu deux hospitalisations au CHU, adultes cette fois. Et là, ce n'était pas la même du tout. Là, j'étais enfermée entre quatre murs dans une chambre. On contrôlait les repas, on contrôlait mes toilettes. On me prenait pour une menteuse à chaque fois. J'avais la sonde nasogastrique. Avant de l'hospitalisation, j'avais la sonde nasogastrique. Et la première fois que je suis retournée, j'étais complètement réfractaire à cet hospice. Et pour moi, c'était une prise en charge tellement inhumaine que je ne comprenais pas qu'est-ce que je faisais là. Et donc oui, comme à chaque fois, j'ai mangé pour sortir. Et après, rebelote, genre des gringolets. Et j'ai même pris contact avec une clinique spécialisée pour trouver du comportement alimentaire à Dijon. Et là, j'ai fait trois hospices là-haut aussi. Donc à chaque fois, mes études étaient entrecoupées. Donc j'ai fait une année de classe préparatoire. Après, je suis allée à la fac en lettres modernes. Parce que je me disais que le français, j'aimais ça et que transmettre aussi. Donc moi, je me voyais dans l'enseignement de toute façon. Je me dis bon allez, pourquoi pas prof de français. Puis après, j'ai bifurqué plutôt en sciences de l'éducation parce que je me suis dit qu'en fait, le public que j'aimais vraiment, c'était les enfants les plus petits et que le français, ça allait être beaucoup trop réducteur. Mais voilà, à chaque fois, il y avait une hospice qui coupait tout et du coup, j'ai dû passer souvent mes années en plusieurs années. rattraper des semestres.

  • Speaker #1

    On n'en parle pas de ça, de à quel point ça précarise aussi le trouble alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais c'est vrai parce que je ne sais pas si j'aurais fait ce que je fais aujourd'hui s'il n'y avait pas eu toutes ces hospices-là. Peut-être que j'y serais revenue quand même parce que je suis très fière d'être un stit aujourd'hui et un professeur des écoles. Mais voilà, je ne sais pas si j'aurais pris un autre chemin, en fait. Je n'en sais rien. Mais effectivement, et puis tout est flou au niveau des dates. C'est une horreur. Je ne sais plus du tout à quelle date j'ai eu ma licence, à quelle date j'ai eu mon master. Je ne sais plus quand est-ce que je suis allée à l'hôpital. J'avais l'impression que c'est un brouillard complet. Et quand je suis allée dans ces cliniques, en plus à Dijon, c'était des hospitalisations très longues parce que là, je n'étais pas enfermée entre quatre murs, j'étais libre. Alors là, il y avait un suivi vraiment pluridisciplinaire. On avait des psychologues, des psychiatres, des psychomotriciennes, des sophrologues. C'était très complet. C'était génial, mais par contre, c'était très libre. C'est-à-dire qu'on pouvait sortir comme on voulait, on avait des permissions, on pouvait aller un peu où on voulait. Et je n'étais pas cantonnée, par exemple, sur mon activité physique. Donc, j'allais marcher des heures et des heures. En plus, c'était en pleine campagne. On ne regardait pas ce que je mangeais le midi non plus. J'avais une diététicienne, mais à mon plateau, personne n'allait vérifier que j'allais le manger ou pas. Et du coup, c'était des hospitalisations qui étaient longues. Alors après, ça m'a... beaucoup été sur le plan psychologique à creuser beaucoup de choses. Il y a beaucoup de choses qui se sont décoincées, même sur le plan psychocorporel aussi. J'ai beaucoup avancé grâce à eux sur ces plans-là. Mais alors, le trouble alimentaire en lui-même...

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que tu appelles le trouble alimentaire en lui-même finalement ? Si ce n'est un trouble psychologique et psychocorporel, qu'est-ce que le trouble alimentaire ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que ça m'a juste aidé à comprendre... Ok. Comment j'en étais arrivée là ? Détricoter tout ce qui était environnement familial, tout ce qui était harcèlement scolaire. Revenir aussi sur un événement compliqué. Juste avant que je sombre vraiment. Il y a eu une agression sexuelle aussi. Et je pense que ça m'a permis de mettre les mots là-dessus parce que je l'avais bien enfouie. que je ne considère pas vraiment comme un viol, même si au final, c'en était un, je pense.

  • Speaker #1

    Après, il y a des définitions légales.

  • Speaker #0

    Non, des définitions vraiment légales. Et oui, effectivement, si on prend la définition légale, c'était un viol. Pour moi, il n'y a pas eu de pénétration. Donc, pour moi, ça ne pouvait pas être un viol. Sauf que si, on m'a forcé à faire des choses quand même. Il y a eu une pénétration ailleurs aussi. Je n'étais pas dans un état normal. J'étais alcoolisée. J'avais 15 ans. Mais pour moi, voilà. C'était peut-être ça la sexualité au final. Moi qui plaisais à personne, je me suis dit tiens, un garçon s'intéresse à moi, allons le suivre, pourquoi pas. Et le petit bisou que je pensais n'était pas un petit bisou. C'est vrai que si je n'étais pas allée là-bas, je pense que je n'aurais pas sorti tout ça. Je l'avais un peu occulté, entre guillemets. Mais du coup, c'était des hospitalisations qui duraient très longtemps. Je suis restée 5 mois à chaque fois. J'étais coupée du temps.

  • Speaker #1

    Tu disais, ça t'a aidée à comprendre, à démêler, à faire remonter des choses aussi. Donc tout ça, c'est de la mise en sens aussi de ton trouble. Mais tu dis, sur le côté trouble alimentaire, non. Qu'est-ce que tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Sur l'alimentation, on va dire que j'étais encore très rigide. J'avais encore beaucoup de mal à lâcher, entre guillemets. Et malheureusement aussi... Dans cette clinique-là, on n'était entouré que de personnes malades et il y avait 95% d'anorexiques aussi. Et j'étais dans la comparaison constante aussi. Et même si ça avançait sur certains points, que des fois j'avais envie de faire des efforts ou de lâcher prise, je voyais toutes les autres filles autour de moi qui étaient encore dans leurs restrictions, qui étaient encore dans leurs calculs. J'ai même chopé des comportements assez malsains en les observant, en fait. Et du coup, c'était très bizarre. Et en même temps, je me suis dit, tiens, là, on prend soin de moi pour la première fois. Je suis dans un petit cocon. Je me sentais bien, en fait, là-bas.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est piégeant aussi.

  • Speaker #0

    C'est très piégeant.

  • Speaker #1

    C'est une des facettes de TCA pour un certain nombre de personnes qui en souffrent. Si je n'ai plus ça, cette identité, ce truc-là, comment on va me voir ? Comment on va prendre soin de moi ?

  • Speaker #0

    Et là, du coup, je me sentais coucouné, je me sentais protégée. Et en fait, je me dis... Il ne faudrait pas non plus que je prenne trop de poids, sinon je ne serais plus malade. Et ça a été ça très longtemps, parce qu'à chaque fois que je sortais, je restais un an à l'extérieur, mais ça dégringolait très vite, et du coup, j'y retournais. Donc j'ai fait trois hospitalisations là-bas, qui étaient très longues, et c'était comme ma deuxième maison, j'ai l'impression. Je me sentais mieux là que chez moi. Oui. Et en plus, dès mes 18 ans, de toute façon, j'avais quitté la maison. J'étais en appartement à Nancy pour mes études parce que mes parents habitent à la campagne et du coup, c'était beaucoup plus pratique que je sois en ville. Mais c'était un enfer d'être seule, seule chez moi. Je le vivais très, très mal. Je passais mon temps à marcher, à sillonner toute la ville pour rentrer le plus tard possible chez moi, pour juste manger, me coucher. et aller en cours le lendemain, et jusqu'à un moment où effectivement, ça dégringolait trop au niveau du poids, et que là, il fallait que je sois réhospitalisée, et je le sentais comme une bouffée d'oxygène, l'hospitalisation.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui s'est joué entre ces moments-là, et maintenant, finalement, si on fait le pont avec maintenant, combien de temps il s'est écoulé, et qu'est-ce qui s'est joué pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ça m'a suivi ces moments d'hospitalisation entre coups. à être tout le temps sur le fil du rasoir, jusqu'à mes 26 ans, jusqu'à ce que je rencontre mon mari aujourd'hui. Ça a été ma dernière hospitalisation juste avant que je le rencontre. Cette année-là, j'avais pris la décision de ne plus vivre seule, de me dire que c'était trop délétère pour moi. Et donc, j'avais fait le choix d'être en colocation. avec deux autres filles. Et du coup, ça m'a aussi aidé, ça, le fait d'être en colocation et d'être avec des personnes aussi qui avaient une alimentation complètement régulée, très intuitive, qui avaient faim, qui ouvraient le frigo, qui prenaient un morceau de fromage et un morceau de pain et qui ne se posaient pas la question de quelle heure il était. Qui étaient complètement à l'aise avec leur alimentation. corps et qui m'ont aidé aussi à sortir un peu plus, à rencontrer du monde et du coup cette année-là ça allait mieux, il n'y a pas eu de speed. Et voilà, il y a eu aussi leur envie de me dire que ben voilà, je pouvais peut-être commencer à rencontrer quelqu'un et à faire un petit challenge en m'inscrivant sur un site de rencontre alors que voilà, moi ça me faisait une peur bleue quoi. J'avais 26 ans, je n'avais aucune expérience. J'avais eu quelques histoires amoureuses qui n'avaient jamais pu aboutir à quoi que ce soit parce qu'effectivement, il y avait un blocage de mon côté aussi sur le plan intime. Et je me dis, à 26 ans, je me voyais finir vieillie fille avec des Ausha parce que pour moi, ce n'était pas envisageable. Mais voilà, j'ai rencontré Florian. Et quand on s'est rencontrés, je n'ai pas voulu lui dire. De toute façon, que j'étais anorexique, je me suis dit, voilà, de toute façon, il va bien s'en rendre compte par lui-même, mais je n'ai pas envie de me présenter comme ça. Je n'ai pas envie de lui étaler ça dès le début. Donc, on se voyait très régulièrement, que ce soit à la colocation ou chez lui. Il avait compris que sur le plan intime, j'avais besoin de temps. Lui, il était plus âgé quand même, il avait 34 ans quand je l'ai rencontré. Mais il a voulu prendre son temps. Et puis je me sentais bien, vraiment, avec lui. Et puis sur le plan alimentaire aussi. Parce que lui, alors, il n'y a pas plus intuitif que Florian. C'est le mangeur régulier. à son paroxysme. Quand il a faim, il a faim. Quand il n'a pas faim, il n'a pas faim. Et il s'en fiche de savoir ce qu'il a à manger ce soir ou ce qu'il va manger au restaurant. Et avec lui, j'ai commencé à sortir plus, à me confronter au restaurant, à me confronter au fast-food aussi et à des choses comme ça. Et ça m'a beaucoup aidée. Ça m'a beaucoup, beaucoup aidée. Et on a emménagé très rapidement ensemble parce qu'il s'est cassé la clavicule en vélo et du coup, il était incapable de vivre seul. Et du coup, parce qu'il ne pouvait pas vraiment faire grand-chose, mais m'ouvrir un bocal de confiture, c'était trop compliqué. Et cette année-là, j'avais eu mon concours. J'étais enseignante à mi-temps dans une école qui était près de son appartement. Donc, je me suis dit, je vais venir t'aider. À la base, c'était juste le temps qu'ils se remettent. Et puis, au final, j'ai laissé mes valises chez lui. Et lui, là, il savait que j'étais malade. On en avait parlé. Et ça a été un réel soutien. Même s'il ne comprenait pas tout, il a voulu en apprendre davantage. Il a voulu se renseigner. Il a voulu que je lui explique. Et voilà, il a été vraiment une vraie béquille pour moi. Et puis après aussi, le fait d'avoir une vie professionnelle qui commençait vraiment à être concrète. Là, j'avais eu mon concours, j'avais eu ma titularisation, j'avais fini mon stage. J'étais affectée loin de chez lui la première année. C'est l'éducation nationale, donc on ne choisit pas trop. On est un peu des pions. Il est aussi enseignant, mais pour des adultes en BTS dans un lycée technique. Donc lui, il avait vraiment son poste fixe. parce qu'il a plus d'ancienneté que moi aussi. Mais moi, la première année, juste après qu'on ait emménagé ensemble, je suis partie vivre à Longui. C'est vraiment dans le nord du département. C'était à une heure et demie de route, donc je ne pouvais pas faire les allers-retours tous les soirs. Je vivais chez une personne âgée. Je faisais de la colocation intergénérationnelle. J'étais avec cette personne âgée-là les soirs de semaine. Et là aussi, ça m'aidait parce que je ne mangeais pas seule, parce que je lui faisais à manger aussi, parce que c'était un Italien qui aimait la bonne nourriture et il aimait qu'on cuisine ensemble et il rapportait des choses du marché aussi. Donc voilà, j'ai commencé à manger des choses que je ne m'autorisais pas non plus. Et puis aussi, je me suis remise au sport avec mon conjoint. Et du coup, le deal, c'était on fait du sport, mais par contre, on mange quand on mange. Et j'ai commencé à prendre goût aussi à faire du sport. Et oui, là, j'avais faim, clairement, quand je rentrais. Et là, je m'autorisais à manger, vraiment. OK. Donc voilà, j'ai repris du poids petit à petit. C'était très lent. Ce n'était pas comme les montagnes russes à chaque hospitalisation où je reprenais 12 kilos et je les referais. Tout à l'heure,

  • Speaker #1

    ça m'a fait réagir les 12 kilos, non pas parce que... Je fais un petit disclaimer, ce n'est pas du tout le chiffre. C'est... On ne peut plus normal, c'est le minimum quand tu as énormément maigri avec l'anorexie de prendre 12 kilos. C'est juste que je connais la difficulté psychologique. En plus, quand ce n'est pas accompagné, quand il y a des grosses variations de poids comme ça. Et puis, ce n'est pas anodin, même pour le corps, des grandes pertes, des grandes prises.

  • Speaker #0

    Et moi, il n'y a eu que ça. Pendant ces années-là, c'était des pertes, des reprises, des pertes, des reprises. Et là, effectivement, je pense que c'est très éreintant. Très éreintant. et là effectivement ça se faisait de façon progressive mais je reprenais du poids petit à petit et j'étais suivie par une endocrinologue qui me suit toujours d'ailleurs après ma dernière hospitalisation au CHU parce que j'en ai eu encore une dernière au CHU avant de rencontrer mon mari et celle-ci je la suis toujours mais je la vois à chaque vacances scolaires Voilà. Sauf à une période où je les revus plus régulièrement, quand je suis tombée enceinte, justement, on va y venir. Mais voilà, après, j'ai repris doucement du poids, mes règles n'étaient toujours pas revenues, puisque je les avais perdues dès que j'avais commencé mon régime. Dès que j'avais perdu beaucoup de poids de façon assez rapide, j'ai perdu mes règles. Donc à mes 17 ans, et je ne les ai jamais retrouvées depuis. Et là, je commençais à reprendre du poids. Je voyais que ça ne revenait toujours pas. Je savais qu'il fallait du temps. Mais j'avais quand même en tête l'objectif d'être maman. Et on s'est dit, avec mon mari, on va peut-être commencer à se lancer dans un parcours PMA. Pourquoi pas ? On sait que ça va prendre du temps. Donc, autant commencer dès maintenant. Donc, on a commencé les démarches pour un parcours PMA qui était assez long. Donc, il fallait faire toute une batterie de tests. Moi, on m'a dit effectivement que j'étais en aménorée, mais on n'a pas forcément fait le lien avec l'anorexie. On a dit, peut-être que c'est un SOPK. C'est incroyable. Et je me dis, c'est peut-être sûrement un SOPK ou je ne sais quoi. Donc, moi, je me suis montée en tête que j'avais encore autre chose. Alors qu'en fait, je n'ai pas du tout de SOPK. J'ai une aménorie hypothalamique tout simplement parce que j'étais en sous-nutrition. Et là, on commence à parler des injections, des hormones, etc. Et on se dit que c'est quand même assez lourd. On se lance quand même dans quelque chose d'assez dur. Des injections quotidiennes. Là, on se dit, écoute, on va se laisser peut-être deux mois. Ça allait être Nouvel An, c'était les fêtes de fin d'année. On se dit, allez, on se laisse deux mois. vie Et puis, on revient vers eux après pour savoir si on se lance ou pas dans le projet. Parce que je sentais quand même que j'avais un peu des douleurs au sein, des douleurs au niveau de l'utérus. Je me dis, ça cherche quand même. Peut-être qu'elles vont revenir naturellement et qu'on ne sera peut-être pas obligé de passer par là. Et ils nous avaient dit quand même, faites un test au cas où, entre notre prochain rendez-vous, même si on sait très bien que vous ne tomberez pas enceinte, mais naturellement, mais bon, on ne sait jamais. Et après Nouvel An, mon conjoint me dit « Allez, on achète quand même un test, on ne sait jamais. » Et je le fais et il était positif. Donc en fait, j'étais enceinte depuis début décembre, sans avoir retrouvé mes règles, mais j'étais bien enceinte. Et là, j'ai eu très peur. Je me suis dit « Mais ce bébé ne va jamais tenir. Mon corps n'est pas capable de donner la vie maintenant, c'est trop tôt. » poids qui était à la limite si on prend l'IMC, même si je sais que ce n'est pas forcément une mesure très fiable. Mais voilà, j'avais un IMC qui était au plus bas. Je quittais seulement la sous-nutrition. Mais voilà, je me dis mon bébé ne va jamais s'accrocher. J'ai été dans un stress et une angoisse permanente tout le premier trimestre parce qu'en plus le personnel médical n'était pas forcément non plus très confiant. Il se disait que vu mon passif, il y avait de fortes chances que je fasse une fausse couche. Donc en fait, je ne pouvais pas pleinement m'investir dans cette grossesse parce que je me disais que ça ne se tiendrait pas. Puis j'ai été malade comme tout au premier trimestre. J'ai perdu du poids parce que je ne mangeais plus rien. J'avais des nausées en continu. C'était une horreur. Je me sentais faible, très fatiguée. Mais le petit bout s'est accroché. Et il s'est très bien développé. Mais pendant cette grossesse-là, j'ai pris que 4 kilos. Donc, je me disais... Sachant que tu en avais perdu au début, en plus. Oui. Donc, j'avais pris 4 kilos seulement. Mais les échographies montraient qu'effectivement, tout allait bien pour lui. Lui, il prenait ce qu'il avait à prendre. Et je me forçais à manger plus. Mais je restais quand même dans le contrôle. Et je me disais quand même dingue, quoi. Je porte la vie. Et je n'arrive pas à me débarrasser de ce fichu contrôle-là. Alors que là, je ne suis plus toute seule et il y a un petit être qui grandit en moi et je ne peux pas m'autoriser tout ce que je devrais m'autoriser. Après, d'un autre côté,

  • Speaker #1

    moi, j'observe aussi beaucoup des grossesses où les personnes prennent 30 kilos. Parce qu'il y a une autorisation de manger, mais limitée, qui est reliée à cette grossesse, à cet état de grossesse, avec dans la tête... d'une manière très claire l'idée qu'il faudra se reprendre en main après et que j'ai le droit parce que je suis enceinte et que dès que je vais accoucher je vais me remettre au régime et donc ça crée l'aliment qui va disparaître donc ça crée presque j'exagère quand je dis ça mais une compulsion de 9 mois je veux dire on va être dans des comportements de suralimentation et donc moi ça m'attire toujours mon attention quand je vois des femmes je dis pas que c'est systématiquement qu'il y a ... un fond de trouble alimentaire, mais quand il y a des grandes, grandes prises de poids, c'est que ce n'est pas serein non plus. De toute façon, ce n'est pas une période anodine quand même. Même pour une femme qui n'a jamais eu de trouble alimentaire, la grossesse, ça reste une période chaleureuse.

  • Speaker #0

    Je me dis, deux ans auparavant, j'avais une sonde nasogastrique. Là, je suis enceinte et je vais donner la vie. Après, je me suis détendue seulement au troisième trimestre, quand je me suis dit que là, c'est bon, il était bien accroché, qu'il était bien là. et que mon ventre s'était un peu arrondi et que j'étais contente de voir mon ventre s'arrondir parce que justement j'avais peur qu'il soit qu'il soit carencé qu'il n'ait pas assez et de voir mon ventre si petit ça me faisait peur mais mais non lui il est né presque à terme un accouchement magique avec le sourire aux lèvres Et c'était un miracle pour moi. C'était vraiment le plus beau jour de ma vie, je pense, quand j'ai pu le tenir dans mes bras pour la première fois. Mais le postpartum a été quand même beaucoup plus violent.

  • Speaker #1

    J'imagine, et c'est ce que j'allais dire. Finalement, là, on parle des 13 derniers mois.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc... Et donc voilà, ça m'intéresse. Je suis trop curieuse de savoir où tu en es aujourd'hui finalement. Tu qualifierais ta relation à l'alimentation, ta relation au corps, au poids, tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu quand même plusieurs phases après la naissance de Léon. Déjà, juste après, j'ai été extrêmement fatiguée. J'ai perdu 7 kilos. Mon conjoint a dû reprendre le travail plus tôt en plus. Donc, il n'a pas pu prendre son congé paternité tout de suite. Donc, ça a été rude. C'était vraiment rude. Heureusement, on avait un petit bout qui était adorable, qui pleurait très peu, qui mangeait beaucoup, par contre. Mais voilà, je me sentais épuisée, vraiment épuisée par tout ça. Et je me disais, mais comment je vais faire pour tenir debout après, quand il va commencer à bouger plus, à demander plus d'attention, parce que voilà, quand ils sont tout bébés... effectivement c'est les nuits qui sont hachées, c'est un peu compliqué, mais voilà c'est assez gérable, ils dorment encore beaucoup, ils sont encore en poussette, ils sont encore tout petits, tout légers quand on les porte, et là en grandissant effectivement ils demandent une énergie énorme, énorme, et du coup là en ce moment ça a été compliqué on va dire. Les premiers mois, parce que je n'arrivais pas à reprendre le poids que j'avais perdu. Je ramais, je ramais. Je me sentais épuisée. Et ça a été source aussi de beaucoup de frictions avec mon mari, qui ne comprenait pas pourquoi. Et en fait, j'ai compris après qu'en perdant ce poids-là, ça a réenclenché beaucoup de mécanismes. Et en fait, j'ai l'impression d'avoir reculé. que Léon soit né, parce que j'ai reperdu 7 kilos, et ça m'a remis dans un espèce d'engrenage de pensée de restriction, d'hyperactivité aussi physique, que je n'avais plus du tout avant que je tombe enceinte. Et ça a été compliqué aussi pour mon mari de le comprendre, et il m'a vu revenir en arrière. Il s'est dit, mais tu n'as pas eu ces comportements-là depuis très longtemps. à te revoir tout peser, à te revoir marcher tant de temps tous les jours, à bien compartimenter ton assiette. Je retrouvais des tocs que j'avais alors qu'ils s'étaient envolés juste avant que je tombe enceinte. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Et on a beaucoup discuté. J'ai repris un suivi psy aussi. Parce que je vois bien que, voilà, dans la tête de mon entourage, je suis maman, j'ai un mari, j'ai une maison, tout va bien, tout est réglé, je ne suis plus malade. Mais si, je suis encore malade et je ne suis pas sortie complètement. Il y a encore beaucoup de choses à travailler. Et là, après, en reprenant le travail, j'ai senti La faim, vraiment me tenaillait. Et comme si c'était des envies irrépressibles que j'avais. Et j'ai l'impression d'avoir eu des petits épisodes de faim extrêmes comme ça. Où le soir, je n'arrivais plus à m'arrêter. Alors effectivement, il n'y a pas beaucoup de paquets de gâteaux chez moi. Donc effectivement, je... Je prenais des cuillères de beurre de cacahuète. Mais je sentais que là, j'en avais besoin. Et que vraiment, je sentais que mon corps réclamait de la nourriture. Et ça arrive souvent le soir, forcément, parce que la journée, tout est calibré. Alors, j'ai vraiment mes trois repas par jour. J'essaie d'avoir toujours mes féculents, mes protéines, mes légumes. mais le soir avant de me coucher j'ai encore faim et j'ai vraiment faim et c'est de la faim physique et c'est de la faim mentale aussi et j'ai besoin et là encore tous les soirs il faut que je me refasse une collation alors là j'ai décidé parce que ça réactivait beaucoup de choses de me voir manger dans les placards je me dis non mais là c'est pas possible j'ai l'impression d'être collégienne et de rentrer chez moi et de tout dévorer donc là maintenant non je prends ce dont j'ai envie je me repose sur le canapé avec mon conjoint ou au bureau si je suis en train de travailler et je mange et je mange pas rapidement comme si c'était en urgence comme si c'était honteux et qu'il fallait faire ça le plus vite possible là non et je mange pas à sa seule je mange devant mon mari et voilà et je ne me mets pas de barrière c'est à dire que si j'ai encore envie d'un carré de chocolat après je reprends un carré de chocolat et si j'ai envie de me refaire une petite tartine avec Merci. du Nutella, je m'en ferai une petite tartine avec du Nutella. Et j'essaie de me dire, qu'est-ce que tu as envie maintenant ? Là, ne mange pas pour te remplir, mais là, si tu as faim, mange. Et mange ce qui te fait plaisir.

  • Speaker #1

    Et en étant connecté au plaisir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc maintenant, dans mes listes de cours, j'essaie toujours de passer dans le rayon interdit, entre guillemets, qui ne l'est plus maintenant, mais de me dire, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Même si à l'instant T, tu n'en as pas envie, mais qu'est-ce qui te faisait plaisir avant, que tu aimais bien manger ? Et sache que voilà, ils sont dans tes placards et que si jamais tu en veux, vas-y. Mais ça, je ne me l'autorise encore que le soir. Je n'arrive pas à me dire, tiens, à 16h, je rentre du travail, j'ai un peu faim, je n'arrive pas à ouvrir ce placard-là. Je me dis, c'est comme si c'était ma petite récompense du soir pour avoir été la bonne élève de la journée, avoir bien mangé mes tupperwares.

  • Speaker #1

    Et de l'ajouter à ton repas du midi, parce qu'effectivement, ça, c'est hyper intéressant et ça peut être, en vrai, ça peut être une béquille importante. Alors après, en même temps, je ne te sens pas non plus en souffrance avec ce comportement du soir, mais moi, c'est un truc que je conseille beaucoup aux personnes que j'accompagne, qui, alors, soit compulsion, mais même suralimentation le soir, mais c'est aussi des contextes différents. Mais tu vois, de pouvoir ajouter. du plaisir, de la variété, de la diversité et de la flexibilité aussi sur d'autres prises alimentaires. Que ça reste pas centré sur le soir.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et mine de rien, ça fait son petit effet quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui. Je me dis que ces deux petits carrés de chocolat, le midi, ils passeraient bien. Parce que je vois bien que mon tupperware calibré, à la fin, j'ai encore de la place pour manger autre chose et que je suis pas pleinement satisfaite. Ok, je vais peut-être arriver à satiété. Et encore. des fois j'ai encore faim mais il n'y a pas de c'est pas du rassaisissement ah bah non clairement potentiellement t'en es même loin parce que si tu ressens encore de la faim oui bah oui donc

  • Speaker #1

    ça veut dire que potentiellement effectivement à 16h t'as déjà la dalle et que ça peut être important aussi dans une démarche de relation de paix aussi avec ton corps de répondre au moment où tu as faim ... Et même si au début, c'est avec des trucs un peu calibrés, en fait. Quand tu disais, voilà, mes repas, je veille à ce qu'il y ait ça, ça, ça dans mes repas. En même temps, c'est bien. On sait que c'est les recommandations globales. Et puis, si c'est du... L'idée, ce n'est pas d'ôter tout calibrage. D'ailleurs, tu vois, on peut tout à fait être mangeur intuitif et en fait avoir dans un coin de tête que c'est quand même cool de manger... des protéines, des féculents et des légumes, tu vois, et de se dire, « Ouh là, là, je n'ai pas mangé de féculents tout le temps, je vois que j'ai plus faim le soir, il faut que j'en rajoute. » Enfin, tu vois, l'un n'empêche pas l'autre.

  • Speaker #0

    Puis en plus, je vois bien que je suis végétarienne aussi, mais depuis très longtemps, avant même de commencer les régimes. Mais du coup, niveau protéines, je vois que c'est toujours en deçà, quoi. Et je sais que c'est ça, au final, qui m'apporte quand même... un peu d'énergie sur la journée. Parce que pour mener du sport avec mon conjoint, effectivement, je n'avais pas de viande comme lui, mais j'avais toujours mes œufs, mes pois chiches. Mais là, c'est dans mes petits tupperwares du midi et c'est toujours calibré. Et je vois qu'effectivement, quand je suis à la maison et que je vois que mon assiette n'a pas été suffisante, je peux me resservir. J'y arrive. Mais alors du coup, le midi, avec mon petit tupperware et mes collègues qui sont... Malheureusement, très culture des régimes, c'est compliqué. Elles ne sont pas forcément culture des régimes, mais je remarque que malheureusement, à chaque fois qu'on se retrouve autour d'une table avec des femmes, On parle nourriture. On parle quels sont les compléments alimentaires que tu prends, qu'est-ce que tu fais pour éviter ça, tiens, pour remplacer le beurre, j'ai pensé aux courgettes pour mon gâteau au chocolat. Voilà. Et malheureusement, je me dis, mais clairement, je ne suis pas sûre que si on se trouvait autour d'une table entourée d'hommes, ils se prendraient la tête à parler de ça. On ne parle pas... Enfin, je veux dire, c'est... C'est une horreur.

  • Speaker #1

    C'est hyper dommage surtout parce que toutes là autour de la table, vous pourriez discuter géopolitique, investissement financier.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est sûr. On parle quand même de l'école. Oui, bien sûr,

  • Speaker #1

    j'imagine.

  • Speaker #0

    Mais les autres sujets de conversation, c'est souvent quand même autour de l'alimentation. Et de l'alimentation, mais d'une façon très diète-culture. C'est les bons plans.

  • Speaker #1

    Oui, vous ne partagez pas vos recettes de grand-mère super bonne avec un pot de crème fraîche.

  • Speaker #0

    Voilà. Ou alors, c'est les remarques. J'ai fait un resto hier. Comme si, du coup, il fallait faire attention aujourd'hui. Donc, j'ai mon super war. Et je me dis, mais c'est incroyable. Et ce qui m'a beaucoup aidée aussi à me déculpabiliser beaucoup au niveau de la nourriture et à m'autoriser plus à manger aussi, c'est C'est mes lectures féministes aussi, vraiment. Alors j'ai un mari qui se moque un peu de moi à chaque fois quand je reviens de la librairie avec un nouveau bouquin parce qu'il sait très bien que ce sera Mona Chollet ou Lorraine Malka ou là aussi maintenant que je suis devenue maman, j'essaye de lire des livres aussi parce que je suis maman d'un petit garçon. Donc voilà, j'essaye de lire aussi des choses. Comme le livre « Tu seras un homme féministe, mon fils » , je ne sais plus qui l'a écrit. Mais bref, il y a aussi beaucoup de passages où on parle de cet aspect aussi de l'alimentation et comment les femmes, on nous restreint un peu à ça. Peut-être justement pour qu'on pense uniquement à ça et pas aux choses vraiment… pertinentes et importantes.

  • Speaker #1

    On ne cherche pas à prendre une place qui est pour le moment réservée aux hommes. J'en suis convaincue et il y a quand même beaucoup de choses qui abondent dans ce sens. C'est certain, c'est un outil d'oppression de toute façon.

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai fait beaucoup de liens avec ça, énormément de liens avec ça. Et c'est vrai que ça m'a beaucoup aidée. Et là, maintenant, je dirais que ça va mieux quand même. Vraiment. je reprends du poids, là je suis sur la pente ascendante j'ai toujours pas retrouvé le poids d'avant grossesse encore mais ça ne stagne plus c'est plutôt sur la pente ascendante et effectivement j'ai des journées très remplies et du coup j'essaie de me faciliter vraiment la tâche sur tout ce qui est alimentaire donc oui effectivement des fois ça m'arrive d'acheter des gnocchis à poêler et... de commander chez Thierry et je me dis, te prends-moi la tête là-dessus. Clairement, c'est le temps que j'ai, je veux le consacrer à autre chose qu'à préparer mes tupperwares ou à faire ma liste de courses ou à peser tous les ingrédients. Donc, je vais à la facilité aussi. Des fois, quand c'est des plats qui sont déjà préparés, ça me convient très bien. Quand c'est facile, ça me convient très bien. Et voilà, je préfère passer du temps de qualité avec mon fils. Pouvoir m'investir dans mon travail aussi, parce que là, j'ai un poste qui me tient à cœur. Et ça a beaucoup plus de valeur pour moi que de compter mes calories sur une application, parce que ça aussi, ça me prenait du temps précieux dans ma journée. Et puis, j'observe beaucoup aussi. Et là, j'ai un garçon qui grandit, qui est plein de vie, et qui est lui... Alors, j'ai beaucoup de personnes qui me disent, mais dis donc, il mange énormément ton fils. Je dis, ben, il mange à sa faim, tout simplement. C'est vrai que c'est un petit garçon qui bouge tout le temps, qui fait très peu de siestes, qui est très grand et qui a des besoins, effectivement, importants. Donc oui, quand il a faim, je lui redonne à manger, tant pis. Parce que lui, de toute façon, il n'est jamais vraiment grognon. Il pleure que quand il a faim. Donc je sais, et depuis qu'il est tout bébé, c'est comme ça. À la maternité aussi, même quand il ne pleurait jamais, il ne pleurait que pour réclamer à manger. Donc quand il pleure, je sais que ça ne va pas, je sais que c'est la fin. Ou alors vraiment quand il a mal, quand il fait ses dents, d'accord, là il va pleurer, mais là, quand il a faim, il a faim. Et lui, il sait s'écouter. et des fois, ce n'est pas l'heure exacte. Mais ce n'est pas grave. Oui,

  • Speaker #1

    ça t'amène la flexibilité.

  • Speaker #0

    Je pense que la maternité, ça m'a ébranlée physiquement, mais ça m'a beaucoup aidée à avancer aussi. Parce que je le vois l'agrandir, je l'observe beaucoup et je me dis j'aimerais retrouver cet état si instinctif qu'ont les bébés de de manger quand ils ont faim, de s'arrêter quand ils ont plus faim. Voilà, parce qu'il sait très bien me dire aussi quand il a plus faim. Et voilà, et je force pas. Et de me dire que, bah oui, lui, il s'écoute vraiment, quoi. Et on a oublié ça, on a tous oublié ça en tant qu'adultes.

  • Speaker #1

    Pas tous, pas tous.

  • Speaker #0

    Pas tous, non. Il y a beaucoup d'hommes qui restent mangeurs intuitifs. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est pas un hasard.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Oui, mon conjoint est très mangeur intuitif. Oui, ça, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants, c'est complètement dingue parce que c'est vraiment à la bouchée près. Un enfant, il ne peut manger que la moitié d'un bonbon, laisser une bouchée de gâteau, même sur le sucre, contrairement à ce qu'on lui martèle. Oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, parce que... Et puis même, des fois, il n'a plus envie de quelque chose, mais il va avoir envie d'autre chose.

  • Speaker #1

    Et oui.

  • Speaker #0

    Et voilà.

  • Speaker #1

    C'est un petit spécifique.

  • Speaker #0

    Et c'est tout, quoi. Et du coup, ça ne veut pas dire que... Enfin, voilà, moi, j'entends encore des discours de certains parents qui vont dire à leur enfant, si t'as besoin plus faim pour leur pain, pas de dessert. Mais non, peut-être qu'il a plus faim pour ses pommes de terre, mais il a peut-être envie de son petit yaourt à la fraise pour être complètement rassasié. Mais malheureusement, j'en entends tout le temps des discours comme ça. Et en étant enseignante, en entendant les parents aussi discuter à la sortie de l'école, etc., ça me fait mal des fois d'entendre certains parents. Ça me fait mal de me dire que... Non, mais je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces mamans qui disent que pour le goûter, il est hors de question qu'on t'achète des biscuits pitch. Non, non, non, on fera tout maison. Et puis, c'est industriel, c'est bourré d'additifs, c'est mauvais, c'est mauvais. De diaboliser tout comme ça, tout le temps, ça me fait mal, en fait. Parce que c'est ce qu'on a fait tout le temps quand j'étais enfant. Et je me dis, comment voulez-vous ? que ce soit des enfants avec un comportement alimentaire serein parce qu'il n'y a aucun aliment qui est mauvais en soi. Et en grandissant, ils jetteront peut-être sur ces pitchs-là qu'ils n'ont jamais pu manger quand ils étaient petits. Alors qu'en soi, s'ils les avaient juste introduits dans leur alimentation, ça aurait été tout à fait équilibré. Je me suis toujours dit que je n'interdirais jamais rien à mon enfant et que de lui-même, je sais qu'il saura. de toute façon s'arrêter quand il faudra s'arrêter donc ouais ça m'a quand même beaucoup apporté cette maternité là, vraiment et il y a encore des choses à travailler mais je me sens sur le bon chemin ça c'est sûr trop bien,

  • Speaker #1

    t'as parlé de pas mal de choses qui t'ont aidé, moi j'ai entendu plein de choses que t'es venue spontanément apporter du coup moi la dernière question que j'ai envie de de te poser pour ce podcast, c'est de savoir ce que tu aurais envie de dire aux personnes qui sont en souffrance actuellement dans la relation à leur corps, à leur alimentation, peu importe finalement où elles en sont, mais toi, qu'est-ce que tu as envie de transmettre comme message ?

  • Speaker #0

    Se faire accompagner, ça c'est certain. Je veux dire, on ne peut pas s'en sortir seule. Je l'ai cru souvent que je pouvais m'en sortir seule, que j'étais plus forte que tout, que... J'avais une volonté de faire et que si je voulais m'en sortir, je m'en sortirais. Mais non, ce n'est pas un aveu de faiblesse de demander de l'aide, au contraire. Moi, je suis toujours accompagnée maintenant et je pense que je le serai encore pendant plusieurs années. Et que tout n'est pas qu'une question de poids aussi sur la balance. Et qu'on est légitime à demander de l'aide, même si on a un poids soi-disant normé, entre guillemets. On peut être en souffrance, même si d'un point de vue extérieur, on semble aller bien physiquement. Et puis lire beaucoup aussi. Moi, je sais que mes lectures m'ont beaucoup aidée, vraiment. Je sais que le livre de Mona Chollet, ou même le livre Mangeuse aussi, de Lorraine Malka. Il y a un autre livre aussi que j'avais... apprécié, je ne sais plus le nom malheureusement je ne sais plus en tout cas il y a beaucoup de lectures féministes sur ce sujet et j'invite tout le monde à jeter un coup d'oeil et si jamais les gens ne sont pas trop lecteurs, les podcasts moi aussi les podcasts ont beaucoup été pas forcément que les témoignages aussi, tout ce qui est scientifique aussi, parce que ça remet un petit peu les choses dans son contexte et toutes nos fausses croyances aussi sont un peu balayées d'un verre de la main, parce que si on s'appuie vraiment sur des faits scientifiques, on se rend compte qu'on nous martèle beaucoup de choses fausses et que voilà... que si on revient un petit peu à l'essence même de comment fonctionne le corps, on n'est pas obligé de subir toutes ces injonctions-là, en fait, et de s'auto-flageller, entre guillemets, en s'imposant des choses qui n'ont pas lieu d'être, tout simplement. Donc, voilà ce que je pourrais dire.

  • Speaker #1

    Et puis,

  • Speaker #0

    regardez les enfants aussi. Observez les enfants, beaucoup.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Observez les enfants et puis voyez comment... Comment ils se comportent aussi sur le plan alimentaire pour les enfants qui ont une alimentation régulée ? Parce qu'on sait bien que certains ne l'ont pas.

  • Speaker #1

    On peut être dérégulé très vite.

  • Speaker #0

    On peut être dérégulé très vite, comme je l'ai été. Mais de juste les observer et de se dire que c'est ça, en fait, un comportement alimentaire sain. C'est un comportement alimentaire assez instinctif, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Écoute, un immense merci pour tout ce que tu nous as partagé. Aujourd'hui, tous ces morceaux de toi, c'est un récit, comment dire, intime aussi, tu vois, quelque part, t'as livré de toi. Donc, merci beaucoup pour ça. Merci pour aussi le partage de tout ce qui t'a aidé sur ton parcours. T'as parlé de plein de difficultés, mais aussi de tout ce qui a pu t'aider, de choses que tu mets encore en place aujourd'hui. Je pense que c'est hyper riche. Donc, voilà, merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. C'était un peu un honneur pour moi. De participer au podcast, vraiment.

  • Speaker #1

    Ecoute, trop bien, avec grand plaisir. À très bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast. en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao.

Chapters

  • Présentation de Marion

    01:27

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    03:33

  • L’étape du collège et le début de l’hyperphagie

    09:20

  • Le virage vers l’anorexie

    20:08

  • TW mention de violences sexuelles

    37:59

  • La fin des hospitalisations

    42:01

  • Comment elle va sur ces derniers mois

    58:51

  • Ce que Marion aimerait vous dire

    01:13:28

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Dans cet épisode, Marion vient raconter son parcours avec les troubles des conduites alimentaires : de l’hyperphagie à l’adolescence à l’anorexie restrictive, en passant par les régimes, les hospitalisations à répétition et la peur de « ne jamais s’en sortir ».


On parle de grossophobie familiale, de harcèlement scolaire, de ces premiers rendez-vous chez des nutritionnistes à 6 ans, des poudres miracles, de la sonde nasogastrique, mais aussi de féminisme, de maternité, de PMA et de cette question : comment continuer à avancer avec un TCA à l’âge adulte, quand on est prof, en couple, maman… et qu’on a l’impression qu’« à notre âge », on ne devrait plus en être là ?


Dans cet épisode, on aborde notamment :

  • l’hyperphagie comme refuge face au harcèlement scolaire et à la grossophobie

  • le basculement dans l’anorexie, les régimes extrêmes et les hospitalisations

  • l’impact des TCA sur les études, le travail et la vie sociale

  • la rencontre avec son conjoint, la PMA, la grossesse et le postpartum après des TCA

  • le rôle du féminisme, des lectures et de l’observation des enfants pour déconstruire la culture des régimes

Merci Marion pour ce très joli témoignage 


💌 Tous les vendredis, un nouvel exercice dans ta boîte mail, en lien avec l’épisode de la semaine


📲Retrouve-moi sur Instagram


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Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marion, dans le podcast. Trop contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Très contente moi aussi.

  • Speaker #0

    T'es venue vers moi pour me proposer ton témoignage par mail il y a déjà un petit moment. J'ai pas pu te répondre plus tôt et du coup ça se fait maintenant. Maintenant, on se disait en off que c'est drôle, entre guillemets, parce que ce qu'on dit de soi et de son parcours, finalement, ça peut vite évoluer, même en quelques mois. Enfin, voilà ce qu'on traverse. Donc, écoute, c'est maintenant que tu viens témoigner. J'en suis très contente. Pour commencer, je te propose de te présenter de la façon dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Marion. Je suis une jeune maman d'un petit garçon de... 13 mois. Jeune mariée aussi, depuis août dernier. Donc voilà, beaucoup de choses. Et je suis aussi professeure des écoles dans le spécialisé. Donc je travaille avec des enfants en situation de handicap qui dépendent d'un IME, dans une classe ordinaire, une petite classe externalisée. Donc voilà, c'est un métier passion aussi qui me prend beaucoup. temps et d'énergie, mais j'ai une vie bien remplie ces derniers temps.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, c'est clair, entre un petit bout de chou de 13 mois, ça m'a fait sourire le 13 mois, c'est l'âge où on compte encore en mois à un moment donné. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai, non, c'est vrai, on compte encore en mois et le cap des 1 an m'a fait un peu tout bizarre de le voir grandir comme ça et on découvre sa personnalité de plus en plus aussi en grandissant. Mais c'est une vraie tornade à la maison. Donc, voilà, c'est un petit bout plein de vie, ça, c'est certain. Mais qui est très curieux, qui a besoin de tout expérimenter et qui nous monopolise beaucoup. Voilà. Mais voilà, je préfère ça. Moi, je le vois plein de vie, très épanoui, tout souriant. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bien dans ses baskets, a priori.

  • Speaker #1

    Bien dans ses baskets, oui.

  • Speaker #0

    Trop bien. C'est marrant parce qu'on parle de l'enfance que ton petit bout de chou est en train de traverser. Et la première question pour entrer dans le vif du sujet que j'aime bien poser aux personnes que je reçois ici, c'est d'essayer de retourner un peu justement dans cette enfance, pour te demander finalement, c'est quoi tes souvenirs autour de l'alimentation, du corps ? Qu'est-ce qui existait pour toi à ce moment-là autour de l'alimentation et du corps ? Est-ce que c'était déjà source ? de questionnement, ou est-ce que c'était compliqué, ou est-ce qu'au contraire, c'était on ne peut plus simple ? Qu'est-ce qui te revient, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, l'alimentation, j'ai l'impression que ça a toujours été un sujet, un gros sujet, vraiment. Et j'ai très peu de souvenirs de moi avec une alimentation complètement sereine, en fait. De toute façon, depuis ma plus tendre enfance, du côté de mon père... On est soi-disant un peu plus corpulents que la moyenne, donc il faut toujours faire attention. J'ai toujours vu mes tantes au régime, mes cousines au régime. J'étais la plus jeune des cousines aussi. Et on est beaucoup de filles, il n'y avait que deux garçons. Et toutes mes cousines ont, à un moment ou à un autre, eu un rapport troublé, je pense, avec l'alimentation, parce qu'on en parlait quand même beaucoup. C'était le sujet de conversation principal de tous les repas de famille. Et depuis que je suis toute petite, je suis baignée là-dedans. et Et moi, j'ai toujours été une petite fille de ce qu'on me disait, plein de vie aussi, qui savait ce qu'elle voulait, qui était aussi très gourmande. Et donc, l'alimentation, ça a toujours été synonyme de plaisir, mais aussi de danger, parce qu'il y avait toujours cette espèce d'épée d'amoclès au-dessus de moi qui me disait que si je mangeais trop, j'allais finir comme mon grand-père qui était en obésité morbide. Et il y avait toujours cette figure du grand-père qui était là pour nous rappeler que... Nous, dans la famille, il faut faire attention quand même. Il n'y avait pas de restrictions en soi, mais je suis quand même allée voir des nutritionnistes dès mes 6 ans. Parce que... Ah oui, oui, oui, parce que...

  • Speaker #0

    6 ans, mais tu dis qu'il n'y avait pas de restrictions pour autant ?

  • Speaker #1

    En fait, mes parents ne m'interdisaient rien à la maison, mais je sentais quand même qu'il fallait que je fasse attention. Et cette espèce de pression qu'on m'a mise sur la nourriture, j'ai l'impression qu'en fait... ça a été complètement contre-productif parce qu'à chaque fois que j'étais face à de la nourriture, il fallait que je me remplisse comme si c'était l'occasion ou jamais. Alors qu'au final, mes parents ne me faisaient pas manger des brocolis tous les soirs, bien au contraire. Mais on avait toujours des petits regards si je me reservais ou si un apéritif dînatoire avec... Beaucoup de personnes, j'allais souvent vers la table. Il n'y avait pas des remarques, mais des petits regards qui voulaient dire que Marion, il faut faire attention quand même. Et c'est vrai que j'étais très, très grande pour mon âge. J'ai toujours été très grande. Et oui, j'étais un peu plus au-dessus de la moyenne au niveau du poids que mes camarades de classe, je pense. Dès la maternelle, ça se voyait déjà. Et du coup, je suis allée voir un nutritionniste. Et je m'en souviens, j'avais 6 ans. et pourtant je me souviens comme si c'était hier de rentrer dans son cabinet, je le vois me scruter je le vois me demander de me déshabiller, de monter sur la balance et de me dire mademoiselle va falloir arrêter le ketchup quand même et ça m'est resté ce regard qu'on portait sur moi et j'avais l'impression d'être D'être vraiment en faute, quoi, parce que j'étais moi, tout simplement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu dis que tu étais au-dessus des courbes un peu au niveau du poids, mais du coup, tu étais au-dessus des courbes au niveau de la taille.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au-dessus des courbes à tous les niveaux. Donc,

  • Speaker #0

    il y a quand même quelque chose de très, très, très surprenant, questionnant, de la part de tout le système médical, là.

  • Speaker #1

    Oui, c'était... Et bon, ma mère a mal pris quand même ce rendez-vous-là.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus allée voir ce nutritionniste. J'y suis retournée plus tard, quand j'étais au collège. Mais après, pendant la primaire, je sentais de toute façon que j'étais différente. On me l'avait bien fait comprendre. Dans ma famille, pas forcément, parce qu'on ne pointait pas du doigt mon poids. Mais dès que je sortais à l'extérieur, c'est vrai que je voyais les regards sur moi. Je voyais... que mes copines de classe étaient toutes plus petites et plus menues, que quand on faisait des soirées pyjama et qu'on pouvait se déguiser, je rentrais dans aucun déguisement, qu'elles s'échangeaient beaucoup leurs affaires et que moi, finalement, je ne pouvais pas. Qu'à la piscine, c'était une horreur parce que je voyais tout le monde qui me regardait. Je faisais tout pour être transparente, mais au final, comme j'étais très grande et corpulente, je me sentais... imposante, très visible. Et c'était vraiment compliqué. Et j'étais sans cesse dans la comparaison avec les autres en me disant que j'étais vraiment hors normes, hors normes dans tous les sens du terme.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas dû être facile de remontir dans ce contexte.

  • Speaker #1

    Et on va dire que jusqu'en CM, ça allait encore. Après, il y a eu le harcèlement qui a commencé. qui m'a poursuivie jusqu'au collège. Et là, on pointait vraiment du doigt mon poids. Ce n'était plus ma taille, c'était mon poids. Et au collège, j'étais dans une petite école rurale avant. On se connaissait tous, c'était plutôt bienveillant. Quand il y avait des petites chamailleries entre copines, elles savaient sur quoi appuyer pour me faire mal. Donc, c'était sur le poids. Mais ça restait... ça restait supportable. Après, au collège, là, c'est devenu beaucoup plus violent et beaucoup plus agressif. Et c'est là que, paradoxalement, j'ai mangé le plus. Je me suis réfugiée dans la boue. Au final, après coup, après coup, non. Mais à partir de la sixième, je rentrais tous les soirs. Mes parents n'étaient pas encore rentrés du travail. Et je dévalisais les placards. Et je profitais de mes heures de permanence pour aller racheter dans la supérette à côté du collège ce que j'allais manger le soir pour que ça ne se voit pas trop. Et ça passait de... Là, c'était vraiment... C'était de l'hyperphagie. Je ne savais pas ce que c'était, mais j'ai bien compris que c'était ça. Parce que là, il n'y avait aucun plaisir. C'était manger pour me remplir et puis je passais des chips au pain de mie, au Nutella, aux biscuits, au jambon. Enfin, c'était du grand n'importe quoi. Et c'était jusqu'à me remplir. Je regardais l'heure qui tournait. Je me disais, il ne me reste plus que 10 minutes avant que maman rentre. Et je remangeais le soir après, comme si de rien n'était. mais effectivement en très peu de temps j'ai pris beaucoup de poids, c'est sûr. Ça a commencé à devenir plus alarmant. Je n'étais pas en obésité, mais j'avais quand même un bon gros surpoids et c'est là que j'ai repris les consultations avec une nutritionniste. C'était une nutritionniste assez bienveillante qui n'était pas vraiment dans le plan alimentaire. Mais il n'y avait pas de cadre précis. Du coup, moi, Moi, je... Je ressortais des rendez-vous en ne sachant pas vraiment ce que je devais faire et en étant dans l'incapacité de gérer ces pulsions que j'avais le soir. Et ça, par contre, elle ne le savait pas.

  • Speaker #0

    Ah, voilà.

  • Speaker #1

    J'étais trop honteuse. J'étais trop honteuse de ça et mes parents l'ont su beaucoup plus tard, en fait. Quand je suis tombée dans l'anorexie, mes parents l'ont su seulement.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que la diète, finalement, déjà, elle n'avait pas toutes les infos concernant l'alimentation, mais j'imagine que tu ne lui parlais pas non plus du harcèlement que tu subissais ?

  • Speaker #1

    Non. Non, on ne parlait pas de ça non plus.

  • Speaker #0

    Et tes parents, ils étaient au courant de ce que tu vivais au collège ?

  • Speaker #1

    Mes parents, je leur en parlais un peu quand même. Je leur disais que c'était dur. Donc voilà, ils essayaient toujours de me dire qu'il n'y avait pas que ça qui comptait, que j'étais une jeune fille incroyable, que pour eux, j'étais la plus belle du monde. Mais voilà, ça restait mes parents. Donc c'est vrai que sur tous les autres aspects... que ce soit scolaire, que ce soit au niveau amical, je voulais être parfaite. Parce que je me disais, bon, le physique, je sais que de toute façon, je ne vais pas pouvoir y faire grand-chose. Mais alors, par contre, je vais être la meilleure sur le plan scolaire. Donc, j'étais en tête de classe tout le temps. J'étais la super bonne copine. Tout le monde pouvait se confier à moi. Je faisais tout pour que tout le monde m'apprécie. je faisais les DM de certaines personnes aussi, je faisais les devoirs des autres en pensant qu'on allait devenir mon amie, alors que j'étais juste la bonne poire. Mais voilà, même sur le plan investimentaire, je faisais attention à tout, je voulais être irréprochable à la pointe de la mode. Parce que je me disais qu'il fallait que j'excelle partout, parce que le physique, je n'arrivais pas à le maîtriser. Je me disais que je suis condamnée à être grosse. grosse, dans ma famille on est tous gros et je vais être condamnée à peut-être faire comme ma tante des régimes en continu peut-être à un moment quand j'en aurai la force parce que pour moi j'avais pas de volonté pour faire du régime, c'était impossible et j'aimais trop la bouffe pour ça et je pouvais pas me contrôler là-dessus donc je me dis peut-être qu'en devenant adulte si je veux rencontrer quelqu'un, il faudra peut-être que je passe forcément par là parce que personne ne voudra de moi dans cet état c'est terrible Et même mes copines me disaient, tu sais Marion, peut-être qu'un jour ça viendra, il y a peut-être des garçons qui ne regardent pas que le physique. Donc c'est vrai que c'était le genre de remarques que je pouvais avoir au collège. Et ouais, c'était assez compliqué, c'était vraiment compliqué. J'ai vraiment un très mauvais souvenir de ces années-là.

  • Speaker #0

    Mais tu m'étonnes, c'est terrible parce qu'en plus tu as traversé ça seule quand même, même si... il y a quand même un cadre familial où tu pouvais déposer au moins des petits morceaux de choses, mais finalement, tu as traversé ce harcèlement seul, tu as traversé les conséquences seules, tu vois les crises d'hyperphagie, qui avaient en plus des conséquences sur ton poids, donc qui augmentent la problématique, qui augmentent ce sur quoi s'appuient les harceleurs, mais la vraie problématique ce n'est pas ton poids, c'est cette grossophobie et le harcèlement. Je ne sais pas si tu as vu dans les informations toutes récentes cette petite fille.

  • Speaker #1

    Si, j'ai partagé justement sur mon compte Instagram. J'ai eu limite les larmes aux yeux. C'est étrange. Après, on y reviendra, mais je suis tombée dans l'extrême inverse, l'anorexie. Mais pourtant, je me sens beaucoup plus proche des personnes grosses que des personnes qui ont traversé l'anorexie. Parce que pour moi, je me suis construite comme ça et pour moi, c'était la personne que j'étais vraiment à la base. Et du coup, tout... Voilà, cette information-là m'a particulièrement heurtée, vraiment. Parce que je me suis dit, voilà, à 9 ans, oui, on peut déjà mourir de grossophobie. Et ce n'est pas apprendre à la légère. Et je le vois même moi dans le cadre de mon métier. En tant qu'enseignante, je suis très alerte, comment dire, en cours de récréation, sur les commentaires qui peuvent être faits, parce que... Parce que voilà, j'ai une vigilance accrue sur ce sujet. Ce qui n'était pas le cas de mon enseignante, par exemple, en CM1, CM2, parce que le harcèlement avait commencé et je lui en avais parlé. Et elle m'avait dit que c'était des petites broutilles, quoi. Et puis que bon, les autres petites filles étaient assez chétives par rapport à moi qui étais grande et costaud. Je pouvais être beaucoup plus forte que ça. Comme si, voilà, je n'avais pas le droit à la protection parce que j'étais, soi-disant, hors normes physiquement et que du coup, rien ne pouvait m'atteindre. alors que... Alors que si, j'étais une petite fille comme les autres petites filles. Et c'est vrai que toute ma scolarité, en gros, j'étais un petit peu laissée de côté. Je pouvais me débrouiller. J'étais grande, j'étais forte. Donc, voilà, je n'avais pas besoin de réconfort, entre guillemets. Et j'enviais mes copines de classe qui étaient plus petites, qui étaient plus menus et vers qui on allait instinctivement. on les prenait encore dans les bras par exemple qu'on pouvait aisément imaginer comme étant fragile comme ayant besoin de soutien, d'aide et moi j'en avais pas besoin on partait du principe que moi j'en avais pas besoin donc ça ça m'a profondément blessée je pense vraiment quand

  • Speaker #0

    tu dis j'ai quand même trop envie de rebondir là dessus parce que quand tu dis que tu te sens plus proche de des personnes grosses, des personnes qui vivent de l'hyperphagie ou quoi, parce que tu dis c'est celle que je suis vraiment. Je crois que c'est ça, un truc comme ça le mot que tu as utilisé.

  • Speaker #1

    Oui, alors je sais pas si c'est vraiment le bon terme mais moi je me suis toujours vue comme une petite fille très gourmande et qui a depuis sa plus tendre enfance dévoré tout ce qu'il y avait sur la table quoi. Ouais,

  • Speaker #0

    mais dans dans une famille qui l'a très tôt formaté à un comportement alimentaire.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas du tout si j'étais née dans une autre famille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si mon comportement était celui-ci.

  • Speaker #0

    Quand même, très souvent, ce n'est pas inné. C'est quelque chose d'acquis en lien avec tout l'environnement. L'environnement, il a une influence folle et ce, très, très, très, très tôt. Tu vois, par exemple, moi, j'ai souffert d'anorexie il y a deux ans. Tu vois, c'est quand même... Il y a des choses très tôt qui se jouent finalement dans nos comportements alimentaires parce qu'on est, plus on est petit, plus on est des éponges aussi à tout cet environnement. Et si j'insiste là-dessus, c'est parce qu'un piège, je trouve, sur le chemin de la guérison, quand on est comme toi, passé par pas mal de phases et qu'il y a eu hyperphagie, puis anorexie, puis peut-être boulimie, hyperphagie, j'en sais rien, on va y revenir. Une fois que, même si on a conscience que ce qui nous a fait reprendre le contrôle et perdre du poids, c'est un trouble alimentaire et que c'est quand même merdique, il y a une difficulté à lâcher. Ça peut être hyper difficile de faire machine arrière, de lâcher le côté très restrictif du TCA. Encore plus quand on reste persuadé que notre vraie nature, c'est cette nature qui, en fait... et de l'hyperphagie non diagnostiquée, tu vois, qui arrive potentiellement tôt dans la vie.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai dit ça parce que je pense que je n'ai pas de souvenirs de moi en tant que mangeuse régulée. Je n'ai aucun souvenir de moi, comme ça. Donc, c'est pour ça que j'ai l'impression que, voilà, Marion, en fait, elle est hyperphagique, de base, alors que non. Mais, effectivement, voilà, c'est parce que je n'ai aucun souvenir d'une alimentation sereine. intuitive.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est tout à fait logique que tu dises ça, mais pour moi, c'est important de revenir dessus parce que ce serait dommage que tu penses que, justement, l'hyperphagie, c'est identitaire chez toi. Justement, j'ai failli rebondir aussi tout à l'heure parce que, franchement, quand tu décrivais cette quête de la perfection, j'ai peut-être pas le corps qu'il faut, mais je vais être parfaite. dans tous les domaines, et puis en plus relié au fait de vouloir se faire aimer à tout prix, je me suis dit « waouh, waouh, waouh, le terreau bien fertile à l'anorexie » . J'ai envie de te dire « attends, à un moment donné, tu as sombré dans l'anorexie » . Tu vois, je me dis avec une telle énergie mise dans la quête de la perfection.

  • Speaker #1

    alors comment ça s'est fait c'est peut-être compliqué à quel moment ça s'est fait entre les vacances de ma troisième et de ma seconde là je me dis les années collège ont été trop éprouvantes je peux plus vivre ça et je vais me retrouver avec les mêmes personnes au lycée là il faut que je change là je me dis de toute façon je sais très bien j'avais essayé déjà avec mon père Wet Witcher au collège, en quatrième. J'avais fait Wet Witcher avec lui. J'avais essayé plein de petits régimes. Et puis au final, les crises hyperfagies étaient toujours là, voire même puissance 1000, ce qui est assez logique. Mais là, je me dis qu'il faut quelque chose de vraiment drastique. Là, je dis qu'il faut quelque chose de draconien. Parce que je ne sais pas me réguler. Je me voyais comme un monstre qui dévorait tout et qu'il fallait contenir, qu'il fallait museler. Et là, je tombe sur... Une marque de produits que je ne citerai pas, c'était de la poudre à diluer dans de l'eau. Et je devais remplacer deux repas dans ma journée par cette boisson hypocalorique. Et j'avais le droit encore à un repas par jour qui devait être quand même équilibré. Je veux dire qui devait être quand même assez calibré. Donc ce repas-là, c'était celui de la cantine le midi. Je me dis bon voilà. Je mangerais à la cantine et puis le matin et le soir, je bois mes poudres et mes substances. Et ça a été assez fulgurant. C'est-à-dire que là, j'ai perdu énormément de poids très rapidement. J'étais presque, voilà, comment dire, c'était très jouissif de voir que là, à chaque fois que je montais sur la balance, il y avait un kilo en moins, deux kilos en moins, trois kilos en moins. et c'était... C'était pour moi une victoire. Par contre, la faim me tenaillait toute la nuit et toute la matinée. J'attendais avec impatience le repas du midi. Je peux dire que sur le plateau, je mangeais absolument tout. Il ne restait pas une miette. Je savais que c'était le seul moment dans la journée où je pouvais avoir quelque chose de solide en moi. Mais du coup, j'ai stoppé complètement les crises d'hyperphagie. Surtout que là, en plus... Quand je rentrais du lycée, ma mère était déjà rentrée, donc je ne pouvais plus le faire. À un moment, j'avais une conseillère qui venait me vendre les produits et qui venait me voir tous les mois. Ce n'était pas du tout une éthicienne, elle était juste là pour vendre ses produits. Elle m'a dit « bon, là, je pense qu'on peut arrêter » . J'avais retrouvé un poids quand même très rapidement. Elle était un petit peu sur la réserve en se disant « voilà, je pense que là, on pourrait commencer à diminuer » . réintroduire peut-être un repas dans la journée et puis garder que la matinée de petites poudres. Et puis ça m'a fait peur, ça m'a fait extrêmement peur. Je me suis dit, mais si j'arrête ça, je vais tout reprendre. Et j'entendais aussi que les régimes, souvent on reprenait le double de son poids. Je voyais mon père qui se bataillait avec son poids depuis des années et des années, qui enchaînait les régimes et qui reprenait le double à chaque fois. Je me dis, mais là, si j'arrête ça et si je reprends le double, c'est l'enfer. J'avais eu des compliments de tout le monde, comme quoi j'étais rayonnante. Au lycée aussi, on commençait à me dire que j'étais beaucoup plus jolie, que ça m'allait très bien. J'allais faire les boutiques et je pouvais enfin rentrer dans les pantalons et ne pas repartir bredouille des magasins avec les larmes aux yeux, comme d'habitude, parce que rien ne m'allait. J'avais l'impression que c'était... Je reprenais confiance en moi, c'était super. Et je me dis, si j'arrête ça, c'est le drame. Et donc, quand on a commencé à diminuer les poudres et à réintroduire des repas, c'est là que j'ai commencé à restreindre beaucoup plus mon alimentation. Je me dis là, il faut vraiment contenir le monstre en moi, entre guillemets. Et là, il ne va pas falloir déconner du tout. Il va falloir que ce soit vraiment calibré.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le monstre en moi, c'est-à-dire que tu avais des envies, des pulsions de crise que tu réfrénais ?

  • Speaker #1

    J'avais tout le temps faim. J'avais tout le temps faim. Et on partait en vacances l'été, je ramenais mes poudres et je m'obligeais à les boire, même s'il y avait un resto. Tant pis, je ne mangeais pas. Je prenais ma poudre au restaurant et je voyais tous les autres manger autour de moi. J'étais mangée par procuration un peu. J'adorais me balader dans la rue, près des boulangeries, pour sentir l'odeur du pain frais, des croissants et pour manger par procuration, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Mais tes parents, comment ? Comment ils vivaient tout ça ? Parce que déjà, ça veut dire que c'est eux qui finançaient ces poudres.

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur disais pas que j'avais faim. Je leur disais juste que j'essayais de retirer que le positif de cette perte de poids-là. Et mes parents, pour eux, j'avais quand même beaucoup plus le sourire, j'avais plus envie de sortir, j'avais plus peur de me mettre en maillot de bain. Pour eux, c'était génial ce qui m'arrivait, en fait. Ils voyaient qu'effectivement, je reprenais un peu goût à la vie, parce qu'au collège, j'étais un peu l'ombre de moi-même, je pleurais beaucoup, tout le temps. Et là, ils me voyaient plutôt joyeuse. Donc je taisais en fait tout ça. Je me suis dit mais c'est normal. Au final, je mangeais tellement avant. Mon corps doit s'habituer à ne plus manger autant. Et je me dis, il faut que mon estomac se rétrécisse. Ça va prendre du temps, mais ça va aller. Ces fameuses croyances-là. Et jusqu'au jour où ça a commencé à dégringoler vraiment et où j'ai commencé à ne plus aller à la cantine le midi non plus au lycée. à manger deux cracottes le matin avec un kiwi sans beurre, sans rien, et le soir, devoir quand même faire bonne figure parce que je savais que là, il y avait mes parents et que si je ne mangeais pas, par contre, ça n'allait pas le faire. Donc, il fallait quand même que je mange au repas du soir. Mais il y avait quand même toujours des petites excuses que je pouvais trouver pour manger un peu moins. Et mes amis aussi qui ont commencé vraiment à s'inquiéter parce que là, je perdais vraiment beaucoup, beaucoup de poids. Et ça devenait assez alarmant. Et elle me ramenait même, voilà, je leur demandais de me ramener un fruit de la cantine. C'est tout ce que je voulais manger. Je passais mon heure, en fait, dans le grand réfectoire. On appelait ça, c'était une salle de permanence où on pouvait travailler. Donc, je travaillais, en fait, tout le temps. Et je demandais à mes copines de me ramener une pomme. Une fois, il y en a une qui a eu le malheur de me ramener une banane. Et je lui ai... Merci. Je l'ai jetée à la poubelle en hurlant parce qu'une banane, c'est beaucoup trop calorique, ça ne va pas. Parce que juste, voilà, elles s'inquiétaient. Elles ont voulu me ramener du pain aussi une fois, mais alors quelle horreur. Mais j'ai été... Je n'ai pas été cool non plus à cette période-là, vraiment avec elle, parce qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait. Et pour moi, tout allait bien. Tout allait bien. Et puis, à ce moment-là aussi, je me suis dit, bon, ça y est, je deviens mince, je peux plaire. Donc, je voyais toutes mes copines avoir des copains et avoir une vie amoureuse. Et moi, je n'attendais que ça. Et voilà, il y a un ami d'une amie qui était plutôt intéressée par moi, apparemment. Moi, bon, j'étais... Je n'étais pas trop encline à me lancer dans une relation avec lui, mais je me dis que de toute façon, il n'y a que lui qui s'intéresse à moi, donc autant y aller. À cette même période-là aussi, j'ai commencé une relation avec un garçon un petit peu plus âgé, mais avec qui ça ne se passait pas très bien puisque je n'étais pas amoureuse de toute façon. Je voulais juste que socialement, je fasse bonne figure. J'étais la fille qui avait perdu du poids, qui était en couple avec un garçon. Je voulais avoir une vie normale, tout simplement. Et de toute façon, ça n'a jamais pu aller plus loin avec lui parce que sur le plan intime, moi, j'étais capable de rien et je n'en avais pas envie. Et du coup, voilà, c'est terminé parce que, oui, effectivement, je ne pouvais pas lui apporter ce qu'il voulait que je lui apporte. Et ça s'est terminé aussi parce que j'ai été hospitalisée à ce moment-là aussi. Donc, elle a 17 ans. Et il s'est écoulé combien de temps, du coup, de cette dégringolade-là ? Ça l'a dégringolée un an et demi. En un an et demi, j'ai perdu plus de la moitié de mon poids, en fait. Vraiment. Et ça a été vraiment très rapide. Mes parents ont commencé à s'inquiéter. Je suis allée voir mon médecin traitant, qui m'a fait des prises de sang qui étaient bonnes. Mes prises de sang ont toujours été bonnes. Oui, ça, c'est un gros cas de chute dans l'anorexie. Quand j'étais au plus bas de la maladie, mes prises de sang étaient bonnes. Elle n'était pas du tout informée sur ce qu'étaient les troubles du comportement alimentaire. Je pense qu'elle a été assez maladroite dans ses propos. Elle a dit qu'elle ne voyait pas pourquoi ma mère s'inquiétait, que tout allait bien, que les paramètres étaient plutôt bons. C'était peut-être une petite passade, une petite crise d'adolescence, mais que ça allait aller. Mais ma mère a commencé vraiment à s'inquiéter. Et elle culpabilisait beaucoup aussi. Parce qu'elle s'est dit, c'est à cause de moi que tu as commencé ces régimes.

  • Speaker #0

    Parce que je t'ai dit oui, j'aurais jamais dû accepter ça. T'avais 16 ans. Et elle me voyait dans un état pitoyable, à pleurer devant mon assiette parce que j'arrivais pas à manger un morceau de poux. Et elle s'est dit, mais là, ça va beaucoup trop long. Et c'est elle qui a pris contact avec le CHU de Nancy, en pédiatrie du coup, parce que j'étais encore mineure. Et je suis allée voir un médecin là-haut. qui a commencé à me suivre sur plusieurs mois. Donc, j'avais des contrats de poids. Donc là, il fallait vraiment qu'à chaque rendez-vous, j'ai pris un kilo ou deux kilos. Sinon, c'était l'hospitalisation. Donc voilà, j'avais cette carotte-là. Donc, les deux premiers mois, je crois que j'étais vraiment sur le fil du rasoir, mais j'ai échappé à l'hospitalisation. Et puis après, malheureusement, on m'avait demandé de venir avec ma valise au cas où, si jamais la pesée n'était pas bonne. Et la pesée n'était pas bonne. Et donc là, j'ai été hospitalisée. Et ça a été une crise de larmes parce que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Et donc, il n'y avait pas de place. Normalement, je devais aller en pédopsychiatrie. C'est là que les patients anorexiques étaient admises. Il n'y avait plus de place, donc je suis allée en pédiatrie. Pédiatrie générale. Je me suis retrouvée avec plein d'enfants qui avaient toute pathologie confondue, entre guillemets. et là mon seul objectif c'était de sortir donc là j'ai mangé j'ai mangé tous mes plateaux je demandais à mes parents de me ramener du chocolat alors ils étaient super heureux, ils me voyaient manger des choses que j'avais pas mangé depuis un an et demi ils se sont dit mais c'est super c'est magique cette hospitalisation en deux mois et demi j'ai repris 12 kilos parfait je voyais un infirmier psychologue une fois par semaine Mais c'est tout, il n'y avait aucun suivi là-haut. J'étais juste là pour manger et c'est tout. Donc j'ai mangé et je suis sortie.

  • Speaker #1

    Sans suivi spécifique une fois dehors ?

  • Speaker #0

    Non, non. Je devais revoir ce médecin-là effectivement quand même de temps en temps pour voir si tout allait bien. Mais on va dire que jusqu'au bac… Voilà, j'avais perdu un petit peu en sortant d'hospitalisation, mais j'ai essayé de ne pas trop redescendre non plus. Je me suis maintenue à la limite. Ce que je voulais, c'était passer mon bac. Et après, je savais qu'après le bac, j'allais vivre en colocation avec ma cousine. Et là, je me dis, c'est bon. Après, je serai tranquille. Et je pourrais refaire ce que j'ai envie de faire. Parce qu'il n'y avait rien qui était réglé. Et l'alimentation, ça restait encore quelque chose de très, très compliqué. Ce que je mangeais à l'hôpital, je l'avais remangé chez moi en rentrant. Tout était calculé. J'ai essayé de faire bonne figure pendant un an et demi. C'était encore compliqué. C'était très tendu à la maison. Il y avait beaucoup de disputes avec ma mère qui ne comprenaient pas et qui s'inquiétaient beaucoup aussi. Et qui, je pense, étaient rangées par la culpabilité. Elle me l'a dit plus tard. mais qui s'en voulait énormément de tout ce qui s'était passé. Et après, j'ai eu mon bac avec mention très bien, la meilleure du lycée forcément. Et là, j'ai demandé à mes parents à rentrer en classe préparatoire parce que les profs m'avaient vivement conseillé d'aller en classe prépa. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire après. Je me suis dit la classe prépa, pourquoi pas ? Ma mère n'était pas chaude du tout. Elle savait que c'était... Un rythme de travail qui était très soutenu. Et elle voyait très bien le perfectionnisme dans lequel j'étais. Et elle s'est dit que ça n'allait pas du tout m'aider. Mais voilà, j'y suis allée quand même. J'ai fait qu'une année. Et à partir de là, j'ai eu des hospitalisations un peu tous les ans, je crois. Tous les ans, j'ai été hospitalisée.

  • Speaker #1

    Tous les ans, pendant combien de temps, tu dirais ?

  • Speaker #0

    Jusqu'à mes 25 ans.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    J'ai encore eu deux hospitalisations au CHU, adultes cette fois. Et là, ce n'était pas la même du tout. Là, j'étais enfermée entre quatre murs dans une chambre. On contrôlait les repas, on contrôlait mes toilettes. On me prenait pour une menteuse à chaque fois. J'avais la sonde nasogastrique. Avant de l'hospitalisation, j'avais la sonde nasogastrique. Et la première fois que je suis retournée, j'étais complètement réfractaire à cet hospice. Et pour moi, c'était une prise en charge tellement inhumaine que je ne comprenais pas qu'est-ce que je faisais là. Et donc oui, comme à chaque fois, j'ai mangé pour sortir. Et après, rebelote, genre des gringolets. Et j'ai même pris contact avec une clinique spécialisée pour trouver du comportement alimentaire à Dijon. Et là, j'ai fait trois hospices là-haut aussi. Donc à chaque fois, mes études étaient entrecoupées. Donc j'ai fait une année de classe préparatoire. Après, je suis allée à la fac en lettres modernes. Parce que je me disais que le français, j'aimais ça et que transmettre aussi. Donc moi, je me voyais dans l'enseignement de toute façon. Je me dis bon allez, pourquoi pas prof de français. Puis après, j'ai bifurqué plutôt en sciences de l'éducation parce que je me suis dit qu'en fait, le public que j'aimais vraiment, c'était les enfants les plus petits et que le français, ça allait être beaucoup trop réducteur. Mais voilà, à chaque fois, il y avait une hospice qui coupait tout et du coup, j'ai dû passer souvent mes années en plusieurs années. rattraper des semestres.

  • Speaker #1

    On n'en parle pas de ça, de à quel point ça précarise aussi le trouble alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais c'est vrai parce que je ne sais pas si j'aurais fait ce que je fais aujourd'hui s'il n'y avait pas eu toutes ces hospices-là. Peut-être que j'y serais revenue quand même parce que je suis très fière d'être un stit aujourd'hui et un professeur des écoles. Mais voilà, je ne sais pas si j'aurais pris un autre chemin, en fait. Je n'en sais rien. Mais effectivement, et puis tout est flou au niveau des dates. C'est une horreur. Je ne sais plus du tout à quelle date j'ai eu ma licence, à quelle date j'ai eu mon master. Je ne sais plus quand est-ce que je suis allée à l'hôpital. J'avais l'impression que c'est un brouillard complet. Et quand je suis allée dans ces cliniques, en plus à Dijon, c'était des hospitalisations très longues parce que là, je n'étais pas enfermée entre quatre murs, j'étais libre. Alors là, il y avait un suivi vraiment pluridisciplinaire. On avait des psychologues, des psychiatres, des psychomotriciennes, des sophrologues. C'était très complet. C'était génial, mais par contre, c'était très libre. C'est-à-dire qu'on pouvait sortir comme on voulait, on avait des permissions, on pouvait aller un peu où on voulait. Et je n'étais pas cantonnée, par exemple, sur mon activité physique. Donc, j'allais marcher des heures et des heures. En plus, c'était en pleine campagne. On ne regardait pas ce que je mangeais le midi non plus. J'avais une diététicienne, mais à mon plateau, personne n'allait vérifier que j'allais le manger ou pas. Et du coup, c'était des hospitalisations qui étaient longues. Alors après, ça m'a... beaucoup été sur le plan psychologique à creuser beaucoup de choses. Il y a beaucoup de choses qui se sont décoincées, même sur le plan psychocorporel aussi. J'ai beaucoup avancé grâce à eux sur ces plans-là. Mais alors, le trouble alimentaire en lui-même...

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que tu appelles le trouble alimentaire en lui-même finalement ? Si ce n'est un trouble psychologique et psychocorporel, qu'est-ce que le trouble alimentaire ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que ça m'a juste aidé à comprendre... Ok. Comment j'en étais arrivée là ? Détricoter tout ce qui était environnement familial, tout ce qui était harcèlement scolaire. Revenir aussi sur un événement compliqué. Juste avant que je sombre vraiment. Il y a eu une agression sexuelle aussi. Et je pense que ça m'a permis de mettre les mots là-dessus parce que je l'avais bien enfouie. que je ne considère pas vraiment comme un viol, même si au final, c'en était un, je pense.

  • Speaker #1

    Après, il y a des définitions légales.

  • Speaker #0

    Non, des définitions vraiment légales. Et oui, effectivement, si on prend la définition légale, c'était un viol. Pour moi, il n'y a pas eu de pénétration. Donc, pour moi, ça ne pouvait pas être un viol. Sauf que si, on m'a forcé à faire des choses quand même. Il y a eu une pénétration ailleurs aussi. Je n'étais pas dans un état normal. J'étais alcoolisée. J'avais 15 ans. Mais pour moi, voilà. C'était peut-être ça la sexualité au final. Moi qui plaisais à personne, je me suis dit tiens, un garçon s'intéresse à moi, allons le suivre, pourquoi pas. Et le petit bisou que je pensais n'était pas un petit bisou. C'est vrai que si je n'étais pas allée là-bas, je pense que je n'aurais pas sorti tout ça. Je l'avais un peu occulté, entre guillemets. Mais du coup, c'était des hospitalisations qui duraient très longtemps. Je suis restée 5 mois à chaque fois. J'étais coupée du temps.

  • Speaker #1

    Tu disais, ça t'a aidée à comprendre, à démêler, à faire remonter des choses aussi. Donc tout ça, c'est de la mise en sens aussi de ton trouble. Mais tu dis, sur le côté trouble alimentaire, non. Qu'est-ce que tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Sur l'alimentation, on va dire que j'étais encore très rigide. J'avais encore beaucoup de mal à lâcher, entre guillemets. Et malheureusement aussi... Dans cette clinique-là, on n'était entouré que de personnes malades et il y avait 95% d'anorexiques aussi. Et j'étais dans la comparaison constante aussi. Et même si ça avançait sur certains points, que des fois j'avais envie de faire des efforts ou de lâcher prise, je voyais toutes les autres filles autour de moi qui étaient encore dans leurs restrictions, qui étaient encore dans leurs calculs. J'ai même chopé des comportements assez malsains en les observant, en fait. Et du coup, c'était très bizarre. Et en même temps, je me suis dit, tiens, là, on prend soin de moi pour la première fois. Je suis dans un petit cocon. Je me sentais bien, en fait, là-bas.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est piégeant aussi.

  • Speaker #0

    C'est très piégeant.

  • Speaker #1

    C'est une des facettes de TCA pour un certain nombre de personnes qui en souffrent. Si je n'ai plus ça, cette identité, ce truc-là, comment on va me voir ? Comment on va prendre soin de moi ?

  • Speaker #0

    Et là, du coup, je me sentais coucouné, je me sentais protégée. Et en fait, je me dis... Il ne faudrait pas non plus que je prenne trop de poids, sinon je ne serais plus malade. Et ça a été ça très longtemps, parce qu'à chaque fois que je sortais, je restais un an à l'extérieur, mais ça dégringolait très vite, et du coup, j'y retournais. Donc j'ai fait trois hospitalisations là-bas, qui étaient très longues, et c'était comme ma deuxième maison, j'ai l'impression. Je me sentais mieux là que chez moi. Oui. Et en plus, dès mes 18 ans, de toute façon, j'avais quitté la maison. J'étais en appartement à Nancy pour mes études parce que mes parents habitent à la campagne et du coup, c'était beaucoup plus pratique que je sois en ville. Mais c'était un enfer d'être seule, seule chez moi. Je le vivais très, très mal. Je passais mon temps à marcher, à sillonner toute la ville pour rentrer le plus tard possible chez moi, pour juste manger, me coucher. et aller en cours le lendemain, et jusqu'à un moment où effectivement, ça dégringolait trop au niveau du poids, et que là, il fallait que je sois réhospitalisée, et je le sentais comme une bouffée d'oxygène, l'hospitalisation.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui s'est joué entre ces moments-là, et maintenant, finalement, si on fait le pont avec maintenant, combien de temps il s'est écoulé, et qu'est-ce qui s'est joué pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ça m'a suivi ces moments d'hospitalisation entre coups. à être tout le temps sur le fil du rasoir, jusqu'à mes 26 ans, jusqu'à ce que je rencontre mon mari aujourd'hui. Ça a été ma dernière hospitalisation juste avant que je le rencontre. Cette année-là, j'avais pris la décision de ne plus vivre seule, de me dire que c'était trop délétère pour moi. Et donc, j'avais fait le choix d'être en colocation. avec deux autres filles. Et du coup, ça m'a aussi aidé, ça, le fait d'être en colocation et d'être avec des personnes aussi qui avaient une alimentation complètement régulée, très intuitive, qui avaient faim, qui ouvraient le frigo, qui prenaient un morceau de fromage et un morceau de pain et qui ne se posaient pas la question de quelle heure il était. Qui étaient complètement à l'aise avec leur alimentation. corps et qui m'ont aidé aussi à sortir un peu plus, à rencontrer du monde et du coup cette année-là ça allait mieux, il n'y a pas eu de speed. Et voilà, il y a eu aussi leur envie de me dire que ben voilà, je pouvais peut-être commencer à rencontrer quelqu'un et à faire un petit challenge en m'inscrivant sur un site de rencontre alors que voilà, moi ça me faisait une peur bleue quoi. J'avais 26 ans, je n'avais aucune expérience. J'avais eu quelques histoires amoureuses qui n'avaient jamais pu aboutir à quoi que ce soit parce qu'effectivement, il y avait un blocage de mon côté aussi sur le plan intime. Et je me dis, à 26 ans, je me voyais finir vieillie fille avec des Ausha parce que pour moi, ce n'était pas envisageable. Mais voilà, j'ai rencontré Florian. Et quand on s'est rencontrés, je n'ai pas voulu lui dire. De toute façon, que j'étais anorexique, je me suis dit, voilà, de toute façon, il va bien s'en rendre compte par lui-même, mais je n'ai pas envie de me présenter comme ça. Je n'ai pas envie de lui étaler ça dès le début. Donc, on se voyait très régulièrement, que ce soit à la colocation ou chez lui. Il avait compris que sur le plan intime, j'avais besoin de temps. Lui, il était plus âgé quand même, il avait 34 ans quand je l'ai rencontré. Mais il a voulu prendre son temps. Et puis je me sentais bien, vraiment, avec lui. Et puis sur le plan alimentaire aussi. Parce que lui, alors, il n'y a pas plus intuitif que Florian. C'est le mangeur régulier. à son paroxysme. Quand il a faim, il a faim. Quand il n'a pas faim, il n'a pas faim. Et il s'en fiche de savoir ce qu'il a à manger ce soir ou ce qu'il va manger au restaurant. Et avec lui, j'ai commencé à sortir plus, à me confronter au restaurant, à me confronter au fast-food aussi et à des choses comme ça. Et ça m'a beaucoup aidée. Ça m'a beaucoup, beaucoup aidée. Et on a emménagé très rapidement ensemble parce qu'il s'est cassé la clavicule en vélo et du coup, il était incapable de vivre seul. Et du coup, parce qu'il ne pouvait pas vraiment faire grand-chose, mais m'ouvrir un bocal de confiture, c'était trop compliqué. Et cette année-là, j'avais eu mon concours. J'étais enseignante à mi-temps dans une école qui était près de son appartement. Donc, je me suis dit, je vais venir t'aider. À la base, c'était juste le temps qu'ils se remettent. Et puis, au final, j'ai laissé mes valises chez lui. Et lui, là, il savait que j'étais malade. On en avait parlé. Et ça a été un réel soutien. Même s'il ne comprenait pas tout, il a voulu en apprendre davantage. Il a voulu se renseigner. Il a voulu que je lui explique. Et voilà, il a été vraiment une vraie béquille pour moi. Et puis après aussi, le fait d'avoir une vie professionnelle qui commençait vraiment à être concrète. Là, j'avais eu mon concours, j'avais eu ma titularisation, j'avais fini mon stage. J'étais affectée loin de chez lui la première année. C'est l'éducation nationale, donc on ne choisit pas trop. On est un peu des pions. Il est aussi enseignant, mais pour des adultes en BTS dans un lycée technique. Donc lui, il avait vraiment son poste fixe. parce qu'il a plus d'ancienneté que moi aussi. Mais moi, la première année, juste après qu'on ait emménagé ensemble, je suis partie vivre à Longui. C'est vraiment dans le nord du département. C'était à une heure et demie de route, donc je ne pouvais pas faire les allers-retours tous les soirs. Je vivais chez une personne âgée. Je faisais de la colocation intergénérationnelle. J'étais avec cette personne âgée-là les soirs de semaine. Et là aussi, ça m'aidait parce que je ne mangeais pas seule, parce que je lui faisais à manger aussi, parce que c'était un Italien qui aimait la bonne nourriture et il aimait qu'on cuisine ensemble et il rapportait des choses du marché aussi. Donc voilà, j'ai commencé à manger des choses que je ne m'autorisais pas non plus. Et puis aussi, je me suis remise au sport avec mon conjoint. Et du coup, le deal, c'était on fait du sport, mais par contre, on mange quand on mange. Et j'ai commencé à prendre goût aussi à faire du sport. Et oui, là, j'avais faim, clairement, quand je rentrais. Et là, je m'autorisais à manger, vraiment. OK. Donc voilà, j'ai repris du poids petit à petit. C'était très lent. Ce n'était pas comme les montagnes russes à chaque hospitalisation où je reprenais 12 kilos et je les referais. Tout à l'heure,

  • Speaker #1

    ça m'a fait réagir les 12 kilos, non pas parce que... Je fais un petit disclaimer, ce n'est pas du tout le chiffre. C'est... On ne peut plus normal, c'est le minimum quand tu as énormément maigri avec l'anorexie de prendre 12 kilos. C'est juste que je connais la difficulté psychologique. En plus, quand ce n'est pas accompagné, quand il y a des grosses variations de poids comme ça. Et puis, ce n'est pas anodin, même pour le corps, des grandes pertes, des grandes prises.

  • Speaker #0

    Et moi, il n'y a eu que ça. Pendant ces années-là, c'était des pertes, des reprises, des pertes, des reprises. Et là, effectivement, je pense que c'est très éreintant. Très éreintant. et là effectivement ça se faisait de façon progressive mais je reprenais du poids petit à petit et j'étais suivie par une endocrinologue qui me suit toujours d'ailleurs après ma dernière hospitalisation au CHU parce que j'en ai eu encore une dernière au CHU avant de rencontrer mon mari et celle-ci je la suis toujours mais je la vois à chaque vacances scolaires Voilà. Sauf à une période où je les revus plus régulièrement, quand je suis tombée enceinte, justement, on va y venir. Mais voilà, après, j'ai repris doucement du poids, mes règles n'étaient toujours pas revenues, puisque je les avais perdues dès que j'avais commencé mon régime. Dès que j'avais perdu beaucoup de poids de façon assez rapide, j'ai perdu mes règles. Donc à mes 17 ans, et je ne les ai jamais retrouvées depuis. Et là, je commençais à reprendre du poids. Je voyais que ça ne revenait toujours pas. Je savais qu'il fallait du temps. Mais j'avais quand même en tête l'objectif d'être maman. Et on s'est dit, avec mon mari, on va peut-être commencer à se lancer dans un parcours PMA. Pourquoi pas ? On sait que ça va prendre du temps. Donc, autant commencer dès maintenant. Donc, on a commencé les démarches pour un parcours PMA qui était assez long. Donc, il fallait faire toute une batterie de tests. Moi, on m'a dit effectivement que j'étais en aménorée, mais on n'a pas forcément fait le lien avec l'anorexie. On a dit, peut-être que c'est un SOPK. C'est incroyable. Et je me dis, c'est peut-être sûrement un SOPK ou je ne sais quoi. Donc, moi, je me suis montée en tête que j'avais encore autre chose. Alors qu'en fait, je n'ai pas du tout de SOPK. J'ai une aménorie hypothalamique tout simplement parce que j'étais en sous-nutrition. Et là, on commence à parler des injections, des hormones, etc. Et on se dit que c'est quand même assez lourd. On se lance quand même dans quelque chose d'assez dur. Des injections quotidiennes. Là, on se dit, écoute, on va se laisser peut-être deux mois. Ça allait être Nouvel An, c'était les fêtes de fin d'année. On se dit, allez, on se laisse deux mois. vie Et puis, on revient vers eux après pour savoir si on se lance ou pas dans le projet. Parce que je sentais quand même que j'avais un peu des douleurs au sein, des douleurs au niveau de l'utérus. Je me dis, ça cherche quand même. Peut-être qu'elles vont revenir naturellement et qu'on ne sera peut-être pas obligé de passer par là. Et ils nous avaient dit quand même, faites un test au cas où, entre notre prochain rendez-vous, même si on sait très bien que vous ne tomberez pas enceinte, mais naturellement, mais bon, on ne sait jamais. Et après Nouvel An, mon conjoint me dit « Allez, on achète quand même un test, on ne sait jamais. » Et je le fais et il était positif. Donc en fait, j'étais enceinte depuis début décembre, sans avoir retrouvé mes règles, mais j'étais bien enceinte. Et là, j'ai eu très peur. Je me suis dit « Mais ce bébé ne va jamais tenir. Mon corps n'est pas capable de donner la vie maintenant, c'est trop tôt. » poids qui était à la limite si on prend l'IMC, même si je sais que ce n'est pas forcément une mesure très fiable. Mais voilà, j'avais un IMC qui était au plus bas. Je quittais seulement la sous-nutrition. Mais voilà, je me dis mon bébé ne va jamais s'accrocher. J'ai été dans un stress et une angoisse permanente tout le premier trimestre parce qu'en plus le personnel médical n'était pas forcément non plus très confiant. Il se disait que vu mon passif, il y avait de fortes chances que je fasse une fausse couche. Donc en fait, je ne pouvais pas pleinement m'investir dans cette grossesse parce que je me disais que ça ne se tiendrait pas. Puis j'ai été malade comme tout au premier trimestre. J'ai perdu du poids parce que je ne mangeais plus rien. J'avais des nausées en continu. C'était une horreur. Je me sentais faible, très fatiguée. Mais le petit bout s'est accroché. Et il s'est très bien développé. Mais pendant cette grossesse-là, j'ai pris que 4 kilos. Donc, je me disais... Sachant que tu en avais perdu au début, en plus. Oui. Donc, j'avais pris 4 kilos seulement. Mais les échographies montraient qu'effectivement, tout allait bien pour lui. Lui, il prenait ce qu'il avait à prendre. Et je me forçais à manger plus. Mais je restais quand même dans le contrôle. Et je me disais quand même dingue, quoi. Je porte la vie. Et je n'arrive pas à me débarrasser de ce fichu contrôle-là. Alors que là, je ne suis plus toute seule et il y a un petit être qui grandit en moi et je ne peux pas m'autoriser tout ce que je devrais m'autoriser. Après, d'un autre côté,

  • Speaker #1

    moi, j'observe aussi beaucoup des grossesses où les personnes prennent 30 kilos. Parce qu'il y a une autorisation de manger, mais limitée, qui est reliée à cette grossesse, à cet état de grossesse, avec dans la tête... d'une manière très claire l'idée qu'il faudra se reprendre en main après et que j'ai le droit parce que je suis enceinte et que dès que je vais accoucher je vais me remettre au régime et donc ça crée l'aliment qui va disparaître donc ça crée presque j'exagère quand je dis ça mais une compulsion de 9 mois je veux dire on va être dans des comportements de suralimentation et donc moi ça m'attire toujours mon attention quand je vois des femmes je dis pas que c'est systématiquement qu'il y a ... un fond de trouble alimentaire, mais quand il y a des grandes, grandes prises de poids, c'est que ce n'est pas serein non plus. De toute façon, ce n'est pas une période anodine quand même. Même pour une femme qui n'a jamais eu de trouble alimentaire, la grossesse, ça reste une période chaleureuse.

  • Speaker #0

    Je me dis, deux ans auparavant, j'avais une sonde nasogastrique. Là, je suis enceinte et je vais donner la vie. Après, je me suis détendue seulement au troisième trimestre, quand je me suis dit que là, c'est bon, il était bien accroché, qu'il était bien là. et que mon ventre s'était un peu arrondi et que j'étais contente de voir mon ventre s'arrondir parce que justement j'avais peur qu'il soit qu'il soit carencé qu'il n'ait pas assez et de voir mon ventre si petit ça me faisait peur mais mais non lui il est né presque à terme un accouchement magique avec le sourire aux lèvres Et c'était un miracle pour moi. C'était vraiment le plus beau jour de ma vie, je pense, quand j'ai pu le tenir dans mes bras pour la première fois. Mais le postpartum a été quand même beaucoup plus violent.

  • Speaker #1

    J'imagine, et c'est ce que j'allais dire. Finalement, là, on parle des 13 derniers mois.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc... Et donc voilà, ça m'intéresse. Je suis trop curieuse de savoir où tu en es aujourd'hui finalement. Tu qualifierais ta relation à l'alimentation, ta relation au corps, au poids, tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu quand même plusieurs phases après la naissance de Léon. Déjà, juste après, j'ai été extrêmement fatiguée. J'ai perdu 7 kilos. Mon conjoint a dû reprendre le travail plus tôt en plus. Donc, il n'a pas pu prendre son congé paternité tout de suite. Donc, ça a été rude. C'était vraiment rude. Heureusement, on avait un petit bout qui était adorable, qui pleurait très peu, qui mangeait beaucoup, par contre. Mais voilà, je me sentais épuisée, vraiment épuisée par tout ça. Et je me disais, mais comment je vais faire pour tenir debout après, quand il va commencer à bouger plus, à demander plus d'attention, parce que voilà, quand ils sont tout bébés... effectivement c'est les nuits qui sont hachées, c'est un peu compliqué, mais voilà c'est assez gérable, ils dorment encore beaucoup, ils sont encore en poussette, ils sont encore tout petits, tout légers quand on les porte, et là en grandissant effectivement ils demandent une énergie énorme, énorme, et du coup là en ce moment ça a été compliqué on va dire. Les premiers mois, parce que je n'arrivais pas à reprendre le poids que j'avais perdu. Je ramais, je ramais. Je me sentais épuisée. Et ça a été source aussi de beaucoup de frictions avec mon mari, qui ne comprenait pas pourquoi. Et en fait, j'ai compris après qu'en perdant ce poids-là, ça a réenclenché beaucoup de mécanismes. Et en fait, j'ai l'impression d'avoir reculé. que Léon soit né, parce que j'ai reperdu 7 kilos, et ça m'a remis dans un espèce d'engrenage de pensée de restriction, d'hyperactivité aussi physique, que je n'avais plus du tout avant que je tombe enceinte. Et ça a été compliqué aussi pour mon mari de le comprendre, et il m'a vu revenir en arrière. Il s'est dit, mais tu n'as pas eu ces comportements-là depuis très longtemps. à te revoir tout peser, à te revoir marcher tant de temps tous les jours, à bien compartimenter ton assiette. Je retrouvais des tocs que j'avais alors qu'ils s'étaient envolés juste avant que je tombe enceinte. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Et on a beaucoup discuté. J'ai repris un suivi psy aussi. Parce que je vois bien que, voilà, dans la tête de mon entourage, je suis maman, j'ai un mari, j'ai une maison, tout va bien, tout est réglé, je ne suis plus malade. Mais si, je suis encore malade et je ne suis pas sortie complètement. Il y a encore beaucoup de choses à travailler. Et là, après, en reprenant le travail, j'ai senti La faim, vraiment me tenaillait. Et comme si c'était des envies irrépressibles que j'avais. Et j'ai l'impression d'avoir eu des petits épisodes de faim extrêmes comme ça. Où le soir, je n'arrivais plus à m'arrêter. Alors effectivement, il n'y a pas beaucoup de paquets de gâteaux chez moi. Donc effectivement, je... Je prenais des cuillères de beurre de cacahuète. Mais je sentais que là, j'en avais besoin. Et que vraiment, je sentais que mon corps réclamait de la nourriture. Et ça arrive souvent le soir, forcément, parce que la journée, tout est calibré. Alors, j'ai vraiment mes trois repas par jour. J'essaie d'avoir toujours mes féculents, mes protéines, mes légumes. mais le soir avant de me coucher j'ai encore faim et j'ai vraiment faim et c'est de la faim physique et c'est de la faim mentale aussi et j'ai besoin et là encore tous les soirs il faut que je me refasse une collation alors là j'ai décidé parce que ça réactivait beaucoup de choses de me voir manger dans les placards je me dis non mais là c'est pas possible j'ai l'impression d'être collégienne et de rentrer chez moi et de tout dévorer donc là maintenant non je prends ce dont j'ai envie je me repose sur le canapé avec mon conjoint ou au bureau si je suis en train de travailler et je mange et je mange pas rapidement comme si c'était en urgence comme si c'était honteux et qu'il fallait faire ça le plus vite possible là non et je mange pas à sa seule je mange devant mon mari et voilà et je ne me mets pas de barrière c'est à dire que si j'ai encore envie d'un carré de chocolat après je reprends un carré de chocolat et si j'ai envie de me refaire une petite tartine avec Merci. du Nutella, je m'en ferai une petite tartine avec du Nutella. Et j'essaie de me dire, qu'est-ce que tu as envie maintenant ? Là, ne mange pas pour te remplir, mais là, si tu as faim, mange. Et mange ce qui te fait plaisir.

  • Speaker #1

    Et en étant connecté au plaisir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc maintenant, dans mes listes de cours, j'essaie toujours de passer dans le rayon interdit, entre guillemets, qui ne l'est plus maintenant, mais de me dire, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Même si à l'instant T, tu n'en as pas envie, mais qu'est-ce qui te faisait plaisir avant, que tu aimais bien manger ? Et sache que voilà, ils sont dans tes placards et que si jamais tu en veux, vas-y. Mais ça, je ne me l'autorise encore que le soir. Je n'arrive pas à me dire, tiens, à 16h, je rentre du travail, j'ai un peu faim, je n'arrive pas à ouvrir ce placard-là. Je me dis, c'est comme si c'était ma petite récompense du soir pour avoir été la bonne élève de la journée, avoir bien mangé mes tupperwares.

  • Speaker #1

    Et de l'ajouter à ton repas du midi, parce qu'effectivement, ça, c'est hyper intéressant et ça peut être, en vrai, ça peut être une béquille importante. Alors après, en même temps, je ne te sens pas non plus en souffrance avec ce comportement du soir, mais moi, c'est un truc que je conseille beaucoup aux personnes que j'accompagne, qui, alors, soit compulsion, mais même suralimentation le soir, mais c'est aussi des contextes différents. Mais tu vois, de pouvoir ajouter. du plaisir, de la variété, de la diversité et de la flexibilité aussi sur d'autres prises alimentaires. Que ça reste pas centré sur le soir.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et mine de rien, ça fait son petit effet quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui. Je me dis que ces deux petits carrés de chocolat, le midi, ils passeraient bien. Parce que je vois bien que mon tupperware calibré, à la fin, j'ai encore de la place pour manger autre chose et que je suis pas pleinement satisfaite. Ok, je vais peut-être arriver à satiété. Et encore. des fois j'ai encore faim mais il n'y a pas de c'est pas du rassaisissement ah bah non clairement potentiellement t'en es même loin parce que si tu ressens encore de la faim oui bah oui donc

  • Speaker #1

    ça veut dire que potentiellement effectivement à 16h t'as déjà la dalle et que ça peut être important aussi dans une démarche de relation de paix aussi avec ton corps de répondre au moment où tu as faim ... Et même si au début, c'est avec des trucs un peu calibrés, en fait. Quand tu disais, voilà, mes repas, je veille à ce qu'il y ait ça, ça, ça dans mes repas. En même temps, c'est bien. On sait que c'est les recommandations globales. Et puis, si c'est du... L'idée, ce n'est pas d'ôter tout calibrage. D'ailleurs, tu vois, on peut tout à fait être mangeur intuitif et en fait avoir dans un coin de tête que c'est quand même cool de manger... des protéines, des féculents et des légumes, tu vois, et de se dire, « Ouh là, là, je n'ai pas mangé de féculents tout le temps, je vois que j'ai plus faim le soir, il faut que j'en rajoute. » Enfin, tu vois, l'un n'empêche pas l'autre.

  • Speaker #0

    Puis en plus, je vois bien que je suis végétarienne aussi, mais depuis très longtemps, avant même de commencer les régimes. Mais du coup, niveau protéines, je vois que c'est toujours en deçà, quoi. Et je sais que c'est ça, au final, qui m'apporte quand même... un peu d'énergie sur la journée. Parce que pour mener du sport avec mon conjoint, effectivement, je n'avais pas de viande comme lui, mais j'avais toujours mes œufs, mes pois chiches. Mais là, c'est dans mes petits tupperwares du midi et c'est toujours calibré. Et je vois qu'effectivement, quand je suis à la maison et que je vois que mon assiette n'a pas été suffisante, je peux me resservir. J'y arrive. Mais alors du coup, le midi, avec mon petit tupperware et mes collègues qui sont... Malheureusement, très culture des régimes, c'est compliqué. Elles ne sont pas forcément culture des régimes, mais je remarque que malheureusement, à chaque fois qu'on se retrouve autour d'une table avec des femmes, On parle nourriture. On parle quels sont les compléments alimentaires que tu prends, qu'est-ce que tu fais pour éviter ça, tiens, pour remplacer le beurre, j'ai pensé aux courgettes pour mon gâteau au chocolat. Voilà. Et malheureusement, je me dis, mais clairement, je ne suis pas sûre que si on se trouvait autour d'une table entourée d'hommes, ils se prendraient la tête à parler de ça. On ne parle pas... Enfin, je veux dire, c'est... C'est une horreur.

  • Speaker #1

    C'est hyper dommage surtout parce que toutes là autour de la table, vous pourriez discuter géopolitique, investissement financier.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est sûr. On parle quand même de l'école. Oui, bien sûr,

  • Speaker #1

    j'imagine.

  • Speaker #0

    Mais les autres sujets de conversation, c'est souvent quand même autour de l'alimentation. Et de l'alimentation, mais d'une façon très diète-culture. C'est les bons plans.

  • Speaker #1

    Oui, vous ne partagez pas vos recettes de grand-mère super bonne avec un pot de crème fraîche.

  • Speaker #0

    Voilà. Ou alors, c'est les remarques. J'ai fait un resto hier. Comme si, du coup, il fallait faire attention aujourd'hui. Donc, j'ai mon super war. Et je me dis, mais c'est incroyable. Et ce qui m'a beaucoup aidée aussi à me déculpabiliser beaucoup au niveau de la nourriture et à m'autoriser plus à manger aussi, c'est C'est mes lectures féministes aussi, vraiment. Alors j'ai un mari qui se moque un peu de moi à chaque fois quand je reviens de la librairie avec un nouveau bouquin parce qu'il sait très bien que ce sera Mona Chollet ou Lorraine Malka ou là aussi maintenant que je suis devenue maman, j'essaye de lire des livres aussi parce que je suis maman d'un petit garçon. Donc voilà, j'essaye de lire aussi des choses. Comme le livre « Tu seras un homme féministe, mon fils » , je ne sais plus qui l'a écrit. Mais bref, il y a aussi beaucoup de passages où on parle de cet aspect aussi de l'alimentation et comment les femmes, on nous restreint un peu à ça. Peut-être justement pour qu'on pense uniquement à ça et pas aux choses vraiment… pertinentes et importantes.

  • Speaker #1

    On ne cherche pas à prendre une place qui est pour le moment réservée aux hommes. J'en suis convaincue et il y a quand même beaucoup de choses qui abondent dans ce sens. C'est certain, c'est un outil d'oppression de toute façon.

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai fait beaucoup de liens avec ça, énormément de liens avec ça. Et c'est vrai que ça m'a beaucoup aidée. Et là, maintenant, je dirais que ça va mieux quand même. Vraiment. je reprends du poids, là je suis sur la pente ascendante j'ai toujours pas retrouvé le poids d'avant grossesse encore mais ça ne stagne plus c'est plutôt sur la pente ascendante et effectivement j'ai des journées très remplies et du coup j'essaie de me faciliter vraiment la tâche sur tout ce qui est alimentaire donc oui effectivement des fois ça m'arrive d'acheter des gnocchis à poêler et... de commander chez Thierry et je me dis, te prends-moi la tête là-dessus. Clairement, c'est le temps que j'ai, je veux le consacrer à autre chose qu'à préparer mes tupperwares ou à faire ma liste de courses ou à peser tous les ingrédients. Donc, je vais à la facilité aussi. Des fois, quand c'est des plats qui sont déjà préparés, ça me convient très bien. Quand c'est facile, ça me convient très bien. Et voilà, je préfère passer du temps de qualité avec mon fils. Pouvoir m'investir dans mon travail aussi, parce que là, j'ai un poste qui me tient à cœur. Et ça a beaucoup plus de valeur pour moi que de compter mes calories sur une application, parce que ça aussi, ça me prenait du temps précieux dans ma journée. Et puis, j'observe beaucoup aussi. Et là, j'ai un garçon qui grandit, qui est plein de vie, et qui est lui... Alors, j'ai beaucoup de personnes qui me disent, mais dis donc, il mange énormément ton fils. Je dis, ben, il mange à sa faim, tout simplement. C'est vrai que c'est un petit garçon qui bouge tout le temps, qui fait très peu de siestes, qui est très grand et qui a des besoins, effectivement, importants. Donc oui, quand il a faim, je lui redonne à manger, tant pis. Parce que lui, de toute façon, il n'est jamais vraiment grognon. Il pleure que quand il a faim. Donc je sais, et depuis qu'il est tout bébé, c'est comme ça. À la maternité aussi, même quand il ne pleurait jamais, il ne pleurait que pour réclamer à manger. Donc quand il pleure, je sais que ça ne va pas, je sais que c'est la fin. Ou alors vraiment quand il a mal, quand il fait ses dents, d'accord, là il va pleurer, mais là, quand il a faim, il a faim. Et lui, il sait s'écouter. et des fois, ce n'est pas l'heure exacte. Mais ce n'est pas grave. Oui,

  • Speaker #1

    ça t'amène la flexibilité.

  • Speaker #0

    Je pense que la maternité, ça m'a ébranlée physiquement, mais ça m'a beaucoup aidée à avancer aussi. Parce que je le vois l'agrandir, je l'observe beaucoup et je me dis j'aimerais retrouver cet état si instinctif qu'ont les bébés de de manger quand ils ont faim, de s'arrêter quand ils ont plus faim. Voilà, parce qu'il sait très bien me dire aussi quand il a plus faim. Et voilà, et je force pas. Et de me dire que, bah oui, lui, il s'écoute vraiment, quoi. Et on a oublié ça, on a tous oublié ça en tant qu'adultes.

  • Speaker #1

    Pas tous, pas tous.

  • Speaker #0

    Pas tous, non. Il y a beaucoup d'hommes qui restent mangeurs intuitifs. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est pas un hasard.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Oui, mon conjoint est très mangeur intuitif. Oui, ça, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants, c'est complètement dingue parce que c'est vraiment à la bouchée près. Un enfant, il ne peut manger que la moitié d'un bonbon, laisser une bouchée de gâteau, même sur le sucre, contrairement à ce qu'on lui martèle. Oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, parce que... Et puis même, des fois, il n'a plus envie de quelque chose, mais il va avoir envie d'autre chose.

  • Speaker #1

    Et oui.

  • Speaker #0

    Et voilà.

  • Speaker #1

    C'est un petit spécifique.

  • Speaker #0

    Et c'est tout, quoi. Et du coup, ça ne veut pas dire que... Enfin, voilà, moi, j'entends encore des discours de certains parents qui vont dire à leur enfant, si t'as besoin plus faim pour leur pain, pas de dessert. Mais non, peut-être qu'il a plus faim pour ses pommes de terre, mais il a peut-être envie de son petit yaourt à la fraise pour être complètement rassasié. Mais malheureusement, j'en entends tout le temps des discours comme ça. Et en étant enseignante, en entendant les parents aussi discuter à la sortie de l'école, etc., ça me fait mal des fois d'entendre certains parents. Ça me fait mal de me dire que... Non, mais je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces mamans qui disent que pour le goûter, il est hors de question qu'on t'achète des biscuits pitch. Non, non, non, on fera tout maison. Et puis, c'est industriel, c'est bourré d'additifs, c'est mauvais, c'est mauvais. De diaboliser tout comme ça, tout le temps, ça me fait mal, en fait. Parce que c'est ce qu'on a fait tout le temps quand j'étais enfant. Et je me dis, comment voulez-vous ? que ce soit des enfants avec un comportement alimentaire serein parce qu'il n'y a aucun aliment qui est mauvais en soi. Et en grandissant, ils jetteront peut-être sur ces pitchs-là qu'ils n'ont jamais pu manger quand ils étaient petits. Alors qu'en soi, s'ils les avaient juste introduits dans leur alimentation, ça aurait été tout à fait équilibré. Je me suis toujours dit que je n'interdirais jamais rien à mon enfant et que de lui-même, je sais qu'il saura. de toute façon s'arrêter quand il faudra s'arrêter donc ouais ça m'a quand même beaucoup apporté cette maternité là, vraiment et il y a encore des choses à travailler mais je me sens sur le bon chemin ça c'est sûr trop bien,

  • Speaker #1

    t'as parlé de pas mal de choses qui t'ont aidé, moi j'ai entendu plein de choses que t'es venue spontanément apporter du coup moi la dernière question que j'ai envie de de te poser pour ce podcast, c'est de savoir ce que tu aurais envie de dire aux personnes qui sont en souffrance actuellement dans la relation à leur corps, à leur alimentation, peu importe finalement où elles en sont, mais toi, qu'est-ce que tu as envie de transmettre comme message ?

  • Speaker #0

    Se faire accompagner, ça c'est certain. Je veux dire, on ne peut pas s'en sortir seule. Je l'ai cru souvent que je pouvais m'en sortir seule, que j'étais plus forte que tout, que... J'avais une volonté de faire et que si je voulais m'en sortir, je m'en sortirais. Mais non, ce n'est pas un aveu de faiblesse de demander de l'aide, au contraire. Moi, je suis toujours accompagnée maintenant et je pense que je le serai encore pendant plusieurs années. Et que tout n'est pas qu'une question de poids aussi sur la balance. Et qu'on est légitime à demander de l'aide, même si on a un poids soi-disant normé, entre guillemets. On peut être en souffrance, même si d'un point de vue extérieur, on semble aller bien physiquement. Et puis lire beaucoup aussi. Moi, je sais que mes lectures m'ont beaucoup aidée, vraiment. Je sais que le livre de Mona Chollet, ou même le livre Mangeuse aussi, de Lorraine Malka. Il y a un autre livre aussi que j'avais... apprécié, je ne sais plus le nom malheureusement je ne sais plus en tout cas il y a beaucoup de lectures féministes sur ce sujet et j'invite tout le monde à jeter un coup d'oeil et si jamais les gens ne sont pas trop lecteurs, les podcasts moi aussi les podcasts ont beaucoup été pas forcément que les témoignages aussi, tout ce qui est scientifique aussi, parce que ça remet un petit peu les choses dans son contexte et toutes nos fausses croyances aussi sont un peu balayées d'un verre de la main, parce que si on s'appuie vraiment sur des faits scientifiques, on se rend compte qu'on nous martèle beaucoup de choses fausses et que voilà... que si on revient un petit peu à l'essence même de comment fonctionne le corps, on n'est pas obligé de subir toutes ces injonctions-là, en fait, et de s'auto-flageller, entre guillemets, en s'imposant des choses qui n'ont pas lieu d'être, tout simplement. Donc, voilà ce que je pourrais dire.

  • Speaker #1

    Et puis,

  • Speaker #0

    regardez les enfants aussi. Observez les enfants, beaucoup.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Observez les enfants et puis voyez comment... Comment ils se comportent aussi sur le plan alimentaire pour les enfants qui ont une alimentation régulée ? Parce qu'on sait bien que certains ne l'ont pas.

  • Speaker #1

    On peut être dérégulé très vite.

  • Speaker #0

    On peut être dérégulé très vite, comme je l'ai été. Mais de juste les observer et de se dire que c'est ça, en fait, un comportement alimentaire sain. C'est un comportement alimentaire assez instinctif, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Écoute, un immense merci pour tout ce que tu nous as partagé. Aujourd'hui, tous ces morceaux de toi, c'est un récit, comment dire, intime aussi, tu vois, quelque part, t'as livré de toi. Donc, merci beaucoup pour ça. Merci pour aussi le partage de tout ce qui t'a aidé sur ton parcours. T'as parlé de plein de difficultés, mais aussi de tout ce qui a pu t'aider, de choses que tu mets encore en place aujourd'hui. Je pense que c'est hyper riche. Donc, voilà, merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. C'était un peu un honneur pour moi. De participer au podcast, vraiment.

  • Speaker #1

    Ecoute, trop bien, avec grand plaisir. À très bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast. en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao.

Chapters

  • Présentation de Marion

    01:27

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    03:33

  • L’étape du collège et le début de l’hyperphagie

    09:20

  • Le virage vers l’anorexie

    20:08

  • TW mention de violences sexuelles

    37:59

  • La fin des hospitalisations

    42:01

  • Comment elle va sur ces derniers mois

    58:51

  • Ce que Marion aimerait vous dire

    01:13:28

Description


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Dans cet épisode, Marion vient raconter son parcours avec les troubles des conduites alimentaires : de l’hyperphagie à l’adolescence à l’anorexie restrictive, en passant par les régimes, les hospitalisations à répétition et la peur de « ne jamais s’en sortir ».


On parle de grossophobie familiale, de harcèlement scolaire, de ces premiers rendez-vous chez des nutritionnistes à 6 ans, des poudres miracles, de la sonde nasogastrique, mais aussi de féminisme, de maternité, de PMA et de cette question : comment continuer à avancer avec un TCA à l’âge adulte, quand on est prof, en couple, maman… et qu’on a l’impression qu’« à notre âge », on ne devrait plus en être là ?


Dans cet épisode, on aborde notamment :

  • l’hyperphagie comme refuge face au harcèlement scolaire et à la grossophobie

  • le basculement dans l’anorexie, les régimes extrêmes et les hospitalisations

  • l’impact des TCA sur les études, le travail et la vie sociale

  • la rencontre avec son conjoint, la PMA, la grossesse et le postpartum après des TCA

  • le rôle du féminisme, des lectures et de l’observation des enfants pour déconstruire la culture des régimes

Merci Marion pour ce très joli témoignage 


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Transcription

  • Speaker #0

    Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram, où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue Marion, dans le podcast. Trop contente de te recevoir aujourd'hui.

  • Speaker #1

    Très contente moi aussi.

  • Speaker #0

    T'es venue vers moi pour me proposer ton témoignage par mail il y a déjà un petit moment. J'ai pas pu te répondre plus tôt et du coup ça se fait maintenant. Maintenant, on se disait en off que c'est drôle, entre guillemets, parce que ce qu'on dit de soi et de son parcours, finalement, ça peut vite évoluer, même en quelques mois. Enfin, voilà ce qu'on traverse. Donc, écoute, c'est maintenant que tu viens témoigner. J'en suis très contente. Pour commencer, je te propose de te présenter de la façon dont tu le souhaites.

  • Speaker #1

    Alors, je m'appelle Marion. Je suis une jeune maman d'un petit garçon de... 13 mois. Jeune mariée aussi, depuis août dernier. Donc voilà, beaucoup de choses. Et je suis aussi professeure des écoles dans le spécialisé. Donc je travaille avec des enfants en situation de handicap qui dépendent d'un IME, dans une classe ordinaire, une petite classe externalisée. Donc voilà, c'est un métier passion aussi qui me prend beaucoup. temps et d'énergie, mais j'ai une vie bien remplie ces derniers temps.

  • Speaker #0

    Ouais, carrément, c'est clair, entre un petit bout de chou de 13 mois, ça m'a fait sourire le 13 mois, c'est l'âge où on compte encore en mois à un moment donné. Oui,

  • Speaker #1

    c'est vrai, non, c'est vrai, on compte encore en mois et le cap des 1 an m'a fait un peu tout bizarre de le voir grandir comme ça et on découvre sa personnalité de plus en plus aussi en grandissant. Mais c'est une vraie tornade à la maison. Donc, voilà, c'est un petit bout plein de vie, ça, c'est certain. Mais qui est très curieux, qui a besoin de tout expérimenter et qui nous monopolise beaucoup. Voilà. Mais voilà, je préfère ça. Moi, je le vois plein de vie, très épanoui, tout souriant. Et voilà.

  • Speaker #0

    Bien dans ses baskets, a priori.

  • Speaker #1

    Bien dans ses baskets, oui.

  • Speaker #0

    Trop bien. C'est marrant parce qu'on parle de l'enfance que ton petit bout de chou est en train de traverser. Et la première question pour entrer dans le vif du sujet que j'aime bien poser aux personnes que je reçois ici, c'est d'essayer de retourner un peu justement dans cette enfance, pour te demander finalement, c'est quoi tes souvenirs autour de l'alimentation, du corps ? Qu'est-ce qui existait pour toi à ce moment-là autour de l'alimentation et du corps ? Est-ce que c'était déjà source ? de questionnement, ou est-ce que c'était compliqué, ou est-ce qu'au contraire, c'était on ne peut plus simple ? Qu'est-ce qui te revient, toi ?

  • Speaker #1

    Alors, moi, l'alimentation, j'ai l'impression que ça a toujours été un sujet, un gros sujet, vraiment. Et j'ai très peu de souvenirs de moi avec une alimentation complètement sereine, en fait. De toute façon, depuis ma plus tendre enfance, du côté de mon père... On est soi-disant un peu plus corpulents que la moyenne, donc il faut toujours faire attention. J'ai toujours vu mes tantes au régime, mes cousines au régime. J'étais la plus jeune des cousines aussi. Et on est beaucoup de filles, il n'y avait que deux garçons. Et toutes mes cousines ont, à un moment ou à un autre, eu un rapport troublé, je pense, avec l'alimentation, parce qu'on en parlait quand même beaucoup. C'était le sujet de conversation principal de tous les repas de famille. Et depuis que je suis toute petite, je suis baignée là-dedans. et Et moi, j'ai toujours été une petite fille de ce qu'on me disait, plein de vie aussi, qui savait ce qu'elle voulait, qui était aussi très gourmande. Et donc, l'alimentation, ça a toujours été synonyme de plaisir, mais aussi de danger, parce qu'il y avait toujours cette espèce d'épée d'amoclès au-dessus de moi qui me disait que si je mangeais trop, j'allais finir comme mon grand-père qui était en obésité morbide. Et il y avait toujours cette figure du grand-père qui était là pour nous rappeler que... Nous, dans la famille, il faut faire attention quand même. Il n'y avait pas de restrictions en soi, mais je suis quand même allée voir des nutritionnistes dès mes 6 ans. Parce que... Ah oui, oui, oui, parce que...

  • Speaker #0

    6 ans, mais tu dis qu'il n'y avait pas de restrictions pour autant ?

  • Speaker #1

    En fait, mes parents ne m'interdisaient rien à la maison, mais je sentais quand même qu'il fallait que je fasse attention. Et cette espèce de pression qu'on m'a mise sur la nourriture, j'ai l'impression qu'en fait... ça a été complètement contre-productif parce qu'à chaque fois que j'étais face à de la nourriture, il fallait que je me remplisse comme si c'était l'occasion ou jamais. Alors qu'au final, mes parents ne me faisaient pas manger des brocolis tous les soirs, bien au contraire. Mais on avait toujours des petits regards si je me reservais ou si un apéritif dînatoire avec... Beaucoup de personnes, j'allais souvent vers la table. Il n'y avait pas des remarques, mais des petits regards qui voulaient dire que Marion, il faut faire attention quand même. Et c'est vrai que j'étais très, très grande pour mon âge. J'ai toujours été très grande. Et oui, j'étais un peu plus au-dessus de la moyenne au niveau du poids que mes camarades de classe, je pense. Dès la maternelle, ça se voyait déjà. Et du coup, je suis allée voir un nutritionniste. Et je m'en souviens, j'avais 6 ans. et pourtant je me souviens comme si c'était hier de rentrer dans son cabinet, je le vois me scruter je le vois me demander de me déshabiller, de monter sur la balance et de me dire mademoiselle va falloir arrêter le ketchup quand même et ça m'est resté ce regard qu'on portait sur moi et j'avais l'impression d'être D'être vraiment en faute, quoi, parce que j'étais moi, tout simplement.

  • Speaker #0

    Oui, parce que tu dis que tu étais au-dessus des courbes un peu au niveau du poids, mais du coup, tu étais au-dessus des courbes au niveau de la taille.

  • Speaker #1

    Oui, j'étais au-dessus des courbes à tous les niveaux. Donc,

  • Speaker #0

    il y a quand même quelque chose de très, très, très surprenant, questionnant, de la part de tout le système médical, là.

  • Speaker #1

    Oui, c'était... Et bon, ma mère a mal pris quand même ce rendez-vous-là.

  • Speaker #0

    OK.

  • Speaker #1

    Je ne suis plus allée voir ce nutritionniste. J'y suis retournée plus tard, quand j'étais au collège. Mais après, pendant la primaire, je sentais de toute façon que j'étais différente. On me l'avait bien fait comprendre. Dans ma famille, pas forcément, parce qu'on ne pointait pas du doigt mon poids. Mais dès que je sortais à l'extérieur, c'est vrai que je voyais les regards sur moi. Je voyais... que mes copines de classe étaient toutes plus petites et plus menues, que quand on faisait des soirées pyjama et qu'on pouvait se déguiser, je rentrais dans aucun déguisement, qu'elles s'échangeaient beaucoup leurs affaires et que moi, finalement, je ne pouvais pas. Qu'à la piscine, c'était une horreur parce que je voyais tout le monde qui me regardait. Je faisais tout pour être transparente, mais au final, comme j'étais très grande et corpulente, je me sentais... imposante, très visible. Et c'était vraiment compliqué. Et j'étais sans cesse dans la comparaison avec les autres en me disant que j'étais vraiment hors normes, hors normes dans tous les sens du terme.

  • Speaker #0

    Ça n'a pas dû être facile de remontir dans ce contexte.

  • Speaker #1

    Et on va dire que jusqu'en CM, ça allait encore. Après, il y a eu le harcèlement qui a commencé. qui m'a poursuivie jusqu'au collège. Et là, on pointait vraiment du doigt mon poids. Ce n'était plus ma taille, c'était mon poids. Et au collège, j'étais dans une petite école rurale avant. On se connaissait tous, c'était plutôt bienveillant. Quand il y avait des petites chamailleries entre copines, elles savaient sur quoi appuyer pour me faire mal. Donc, c'était sur le poids. Mais ça restait... ça restait supportable. Après, au collège, là, c'est devenu beaucoup plus violent et beaucoup plus agressif. Et c'est là que, paradoxalement, j'ai mangé le plus. Je me suis réfugiée dans la boue. Au final, après coup, après coup, non. Mais à partir de la sixième, je rentrais tous les soirs. Mes parents n'étaient pas encore rentrés du travail. Et je dévalisais les placards. Et je profitais de mes heures de permanence pour aller racheter dans la supérette à côté du collège ce que j'allais manger le soir pour que ça ne se voit pas trop. Et ça passait de... Là, c'était vraiment... C'était de l'hyperphagie. Je ne savais pas ce que c'était, mais j'ai bien compris que c'était ça. Parce que là, il n'y avait aucun plaisir. C'était manger pour me remplir et puis je passais des chips au pain de mie, au Nutella, aux biscuits, au jambon. Enfin, c'était du grand n'importe quoi. Et c'était jusqu'à me remplir. Je regardais l'heure qui tournait. Je me disais, il ne me reste plus que 10 minutes avant que maman rentre. Et je remangeais le soir après, comme si de rien n'était. mais effectivement en très peu de temps j'ai pris beaucoup de poids, c'est sûr. Ça a commencé à devenir plus alarmant. Je n'étais pas en obésité, mais j'avais quand même un bon gros surpoids et c'est là que j'ai repris les consultations avec une nutritionniste. C'était une nutritionniste assez bienveillante qui n'était pas vraiment dans le plan alimentaire. Mais il n'y avait pas de cadre précis. Du coup, moi, Moi, je... Je ressortais des rendez-vous en ne sachant pas vraiment ce que je devais faire et en étant dans l'incapacité de gérer ces pulsions que j'avais le soir. Et ça, par contre, elle ne le savait pas.

  • Speaker #0

    Ah, voilà.

  • Speaker #1

    J'étais trop honteuse. J'étais trop honteuse de ça et mes parents l'ont su beaucoup plus tard, en fait. Quand je suis tombée dans l'anorexie, mes parents l'ont su seulement.

  • Speaker #0

    C'est-à-dire que la diète, finalement, déjà, elle n'avait pas toutes les infos concernant l'alimentation, mais j'imagine que tu ne lui parlais pas non plus du harcèlement que tu subissais ?

  • Speaker #1

    Non. Non, on ne parlait pas de ça non plus.

  • Speaker #0

    Et tes parents, ils étaient au courant de ce que tu vivais au collège ?

  • Speaker #1

    Mes parents, je leur en parlais un peu quand même. Je leur disais que c'était dur. Donc voilà, ils essayaient toujours de me dire qu'il n'y avait pas que ça qui comptait, que j'étais une jeune fille incroyable, que pour eux, j'étais la plus belle du monde. Mais voilà, ça restait mes parents. Donc c'est vrai que sur tous les autres aspects... que ce soit scolaire, que ce soit au niveau amical, je voulais être parfaite. Parce que je me disais, bon, le physique, je sais que de toute façon, je ne vais pas pouvoir y faire grand-chose. Mais alors, par contre, je vais être la meilleure sur le plan scolaire. Donc, j'étais en tête de classe tout le temps. J'étais la super bonne copine. Tout le monde pouvait se confier à moi. Je faisais tout pour que tout le monde m'apprécie. je faisais les DM de certaines personnes aussi, je faisais les devoirs des autres en pensant qu'on allait devenir mon amie, alors que j'étais juste la bonne poire. Mais voilà, même sur le plan investimentaire, je faisais attention à tout, je voulais être irréprochable à la pointe de la mode. Parce que je me disais qu'il fallait que j'excelle partout, parce que le physique, je n'arrivais pas à le maîtriser. Je me disais que je suis condamnée à être grosse. grosse, dans ma famille on est tous gros et je vais être condamnée à peut-être faire comme ma tante des régimes en continu peut-être à un moment quand j'en aurai la force parce que pour moi j'avais pas de volonté pour faire du régime, c'était impossible et j'aimais trop la bouffe pour ça et je pouvais pas me contrôler là-dessus donc je me dis peut-être qu'en devenant adulte si je veux rencontrer quelqu'un, il faudra peut-être que je passe forcément par là parce que personne ne voudra de moi dans cet état c'est terrible Et même mes copines me disaient, tu sais Marion, peut-être qu'un jour ça viendra, il y a peut-être des garçons qui ne regardent pas que le physique. Donc c'est vrai que c'était le genre de remarques que je pouvais avoir au collège. Et ouais, c'était assez compliqué, c'était vraiment compliqué. J'ai vraiment un très mauvais souvenir de ces années-là.

  • Speaker #0

    Mais tu m'étonnes, c'est terrible parce qu'en plus tu as traversé ça seule quand même, même si... il y a quand même un cadre familial où tu pouvais déposer au moins des petits morceaux de choses, mais finalement, tu as traversé ce harcèlement seul, tu as traversé les conséquences seules, tu vois les crises d'hyperphagie, qui avaient en plus des conséquences sur ton poids, donc qui augmentent la problématique, qui augmentent ce sur quoi s'appuient les harceleurs, mais la vraie problématique ce n'est pas ton poids, c'est cette grossophobie et le harcèlement. Je ne sais pas si tu as vu dans les informations toutes récentes cette petite fille.

  • Speaker #1

    Si, j'ai partagé justement sur mon compte Instagram. J'ai eu limite les larmes aux yeux. C'est étrange. Après, on y reviendra, mais je suis tombée dans l'extrême inverse, l'anorexie. Mais pourtant, je me sens beaucoup plus proche des personnes grosses que des personnes qui ont traversé l'anorexie. Parce que pour moi, je me suis construite comme ça et pour moi, c'était la personne que j'étais vraiment à la base. Et du coup, tout... Voilà, cette information-là m'a particulièrement heurtée, vraiment. Parce que je me suis dit, voilà, à 9 ans, oui, on peut déjà mourir de grossophobie. Et ce n'est pas apprendre à la légère. Et je le vois même moi dans le cadre de mon métier. En tant qu'enseignante, je suis très alerte, comment dire, en cours de récréation, sur les commentaires qui peuvent être faits, parce que... Parce que voilà, j'ai une vigilance accrue sur ce sujet. Ce qui n'était pas le cas de mon enseignante, par exemple, en CM1, CM2, parce que le harcèlement avait commencé et je lui en avais parlé. Et elle m'avait dit que c'était des petites broutilles, quoi. Et puis que bon, les autres petites filles étaient assez chétives par rapport à moi qui étais grande et costaud. Je pouvais être beaucoup plus forte que ça. Comme si, voilà, je n'avais pas le droit à la protection parce que j'étais, soi-disant, hors normes physiquement et que du coup, rien ne pouvait m'atteindre. alors que... Alors que si, j'étais une petite fille comme les autres petites filles. Et c'est vrai que toute ma scolarité, en gros, j'étais un petit peu laissée de côté. Je pouvais me débrouiller. J'étais grande, j'étais forte. Donc, voilà, je n'avais pas besoin de réconfort, entre guillemets. Et j'enviais mes copines de classe qui étaient plus petites, qui étaient plus menus et vers qui on allait instinctivement. on les prenait encore dans les bras par exemple qu'on pouvait aisément imaginer comme étant fragile comme ayant besoin de soutien, d'aide et moi j'en avais pas besoin on partait du principe que moi j'en avais pas besoin donc ça ça m'a profondément blessée je pense vraiment quand

  • Speaker #0

    tu dis j'ai quand même trop envie de rebondir là dessus parce que quand tu dis que tu te sens plus proche de des personnes grosses, des personnes qui vivent de l'hyperphagie ou quoi, parce que tu dis c'est celle que je suis vraiment. Je crois que c'est ça, un truc comme ça le mot que tu as utilisé.

  • Speaker #1

    Oui, alors je sais pas si c'est vraiment le bon terme mais moi je me suis toujours vue comme une petite fille très gourmande et qui a depuis sa plus tendre enfance dévoré tout ce qu'il y avait sur la table quoi. Ouais,

  • Speaker #0

    mais dans dans une famille qui l'a très tôt formaté à un comportement alimentaire.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas du tout si j'étais née dans une autre famille.

  • Speaker #0

    Oui, c'est ça.

  • Speaker #1

    Je ne sais pas si mon comportement était celui-ci.

  • Speaker #0

    Quand même, très souvent, ce n'est pas inné. C'est quelque chose d'acquis en lien avec tout l'environnement. L'environnement, il a une influence folle et ce, très, très, très, très tôt. Tu vois, par exemple, moi, j'ai souffert d'anorexie il y a deux ans. Tu vois, c'est quand même... Il y a des choses très tôt qui se jouent finalement dans nos comportements alimentaires parce qu'on est, plus on est petit, plus on est des éponges aussi à tout cet environnement. Et si j'insiste là-dessus, c'est parce qu'un piège, je trouve, sur le chemin de la guérison, quand on est comme toi, passé par pas mal de phases et qu'il y a eu hyperphagie, puis anorexie, puis peut-être boulimie, hyperphagie, j'en sais rien, on va y revenir. Une fois que, même si on a conscience que ce qui nous a fait reprendre le contrôle et perdre du poids, c'est un trouble alimentaire et que c'est quand même merdique, il y a une difficulté à lâcher. Ça peut être hyper difficile de faire machine arrière, de lâcher le côté très restrictif du TCA. Encore plus quand on reste persuadé que notre vraie nature, c'est cette nature qui, en fait... et de l'hyperphagie non diagnostiquée, tu vois, qui arrive potentiellement tôt dans la vie.

  • Speaker #1

    Oui, j'ai dit ça parce que je pense que je n'ai pas de souvenirs de moi en tant que mangeuse régulée. Je n'ai aucun souvenir de moi, comme ça. Donc, c'est pour ça que j'ai l'impression que, voilà, Marion, en fait, elle est hyperphagique, de base, alors que non. Mais, effectivement, voilà, c'est parce que je n'ai aucun souvenir d'une alimentation sereine. intuitive.

  • Speaker #0

    Oui, je comprends. C'est tout à fait logique que tu dises ça, mais pour moi, c'est important de revenir dessus parce que ce serait dommage que tu penses que, justement, l'hyperphagie, c'est identitaire chez toi. Justement, j'ai failli rebondir aussi tout à l'heure parce que, franchement, quand tu décrivais cette quête de la perfection, j'ai peut-être pas le corps qu'il faut, mais je vais être parfaite. dans tous les domaines, et puis en plus relié au fait de vouloir se faire aimer à tout prix, je me suis dit « waouh, waouh, waouh, le terreau bien fertile à l'anorexie » . J'ai envie de te dire « attends, à un moment donné, tu as sombré dans l'anorexie » . Tu vois, je me dis avec une telle énergie mise dans la quête de la perfection.

  • Speaker #1

    alors comment ça s'est fait c'est peut-être compliqué à quel moment ça s'est fait entre les vacances de ma troisième et de ma seconde là je me dis les années collège ont été trop éprouvantes je peux plus vivre ça et je vais me retrouver avec les mêmes personnes au lycée là il faut que je change là je me dis de toute façon je sais très bien j'avais essayé déjà avec mon père Wet Witcher au collège, en quatrième. J'avais fait Wet Witcher avec lui. J'avais essayé plein de petits régimes. Et puis au final, les crises hyperfagies étaient toujours là, voire même puissance 1000, ce qui est assez logique. Mais là, je me dis qu'il faut quelque chose de vraiment drastique. Là, je dis qu'il faut quelque chose de draconien. Parce que je ne sais pas me réguler. Je me voyais comme un monstre qui dévorait tout et qu'il fallait contenir, qu'il fallait museler. Et là, je tombe sur... Une marque de produits que je ne citerai pas, c'était de la poudre à diluer dans de l'eau. Et je devais remplacer deux repas dans ma journée par cette boisson hypocalorique. Et j'avais le droit encore à un repas par jour qui devait être quand même équilibré. Je veux dire qui devait être quand même assez calibré. Donc ce repas-là, c'était celui de la cantine le midi. Je me dis bon voilà. Je mangerais à la cantine et puis le matin et le soir, je bois mes poudres et mes substances. Et ça a été assez fulgurant. C'est-à-dire que là, j'ai perdu énormément de poids très rapidement. J'étais presque, voilà, comment dire, c'était très jouissif de voir que là, à chaque fois que je montais sur la balance, il y avait un kilo en moins, deux kilos en moins, trois kilos en moins. et c'était... C'était pour moi une victoire. Par contre, la faim me tenaillait toute la nuit et toute la matinée. J'attendais avec impatience le repas du midi. Je peux dire que sur le plateau, je mangeais absolument tout. Il ne restait pas une miette. Je savais que c'était le seul moment dans la journée où je pouvais avoir quelque chose de solide en moi. Mais du coup, j'ai stoppé complètement les crises d'hyperphagie. Surtout que là, en plus... Quand je rentrais du lycée, ma mère était déjà rentrée, donc je ne pouvais plus le faire. À un moment, j'avais une conseillère qui venait me vendre les produits et qui venait me voir tous les mois. Ce n'était pas du tout une éthicienne, elle était juste là pour vendre ses produits. Elle m'a dit « bon, là, je pense qu'on peut arrêter » . J'avais retrouvé un poids quand même très rapidement. Elle était un petit peu sur la réserve en se disant « voilà, je pense que là, on pourrait commencer à diminuer » . réintroduire peut-être un repas dans la journée et puis garder que la matinée de petites poudres. Et puis ça m'a fait peur, ça m'a fait extrêmement peur. Je me suis dit, mais si j'arrête ça, je vais tout reprendre. Et j'entendais aussi que les régimes, souvent on reprenait le double de son poids. Je voyais mon père qui se bataillait avec son poids depuis des années et des années, qui enchaînait les régimes et qui reprenait le double à chaque fois. Je me dis, mais là, si j'arrête ça et si je reprends le double, c'est l'enfer. J'avais eu des compliments de tout le monde, comme quoi j'étais rayonnante. Au lycée aussi, on commençait à me dire que j'étais beaucoup plus jolie, que ça m'allait très bien. J'allais faire les boutiques et je pouvais enfin rentrer dans les pantalons et ne pas repartir bredouille des magasins avec les larmes aux yeux, comme d'habitude, parce que rien ne m'allait. J'avais l'impression que c'était... Je reprenais confiance en moi, c'était super. Et je me dis, si j'arrête ça, c'est le drame. Et donc, quand on a commencé à diminuer les poudres et à réintroduire des repas, c'est là que j'ai commencé à restreindre beaucoup plus mon alimentation. Je me dis là, il faut vraiment contenir le monstre en moi, entre guillemets. Et là, il ne va pas falloir déconner du tout. Il va falloir que ce soit vraiment calibré.

  • Speaker #0

    Quand tu dis le monstre en moi, c'est-à-dire que tu avais des envies, des pulsions de crise que tu réfrénais ?

  • Speaker #1

    J'avais tout le temps faim. J'avais tout le temps faim. Et on partait en vacances l'été, je ramenais mes poudres et je m'obligeais à les boire, même s'il y avait un resto. Tant pis, je ne mangeais pas. Je prenais ma poudre au restaurant et je voyais tous les autres manger autour de moi. J'étais mangée par procuration un peu. J'adorais me balader dans la rue, près des boulangeries, pour sentir l'odeur du pain frais, des croissants et pour manger par procuration, entre guillemets.

  • Speaker #0

    Mais tes parents, comment ? Comment ils vivaient tout ça ? Parce que déjà, ça veut dire que c'est eux qui finançaient ces poudres.

  • Speaker #1

    En fait, je ne leur disais pas que j'avais faim. Je leur disais juste que j'essayais de retirer que le positif de cette perte de poids-là. Et mes parents, pour eux, j'avais quand même beaucoup plus le sourire, j'avais plus envie de sortir, j'avais plus peur de me mettre en maillot de bain. Pour eux, c'était génial ce qui m'arrivait, en fait. Ils voyaient qu'effectivement, je reprenais un peu goût à la vie, parce qu'au collège, j'étais un peu l'ombre de moi-même, je pleurais beaucoup, tout le temps. Et là, ils me voyaient plutôt joyeuse. Donc je taisais en fait tout ça. Je me suis dit mais c'est normal. Au final, je mangeais tellement avant. Mon corps doit s'habituer à ne plus manger autant. Et je me dis, il faut que mon estomac se rétrécisse. Ça va prendre du temps, mais ça va aller. Ces fameuses croyances-là. Et jusqu'au jour où ça a commencé à dégringoler vraiment et où j'ai commencé à ne plus aller à la cantine le midi non plus au lycée. à manger deux cracottes le matin avec un kiwi sans beurre, sans rien, et le soir, devoir quand même faire bonne figure parce que je savais que là, il y avait mes parents et que si je ne mangeais pas, par contre, ça n'allait pas le faire. Donc, il fallait quand même que je mange au repas du soir. Mais il y avait quand même toujours des petites excuses que je pouvais trouver pour manger un peu moins. Et mes amis aussi qui ont commencé vraiment à s'inquiéter parce que là, je perdais vraiment beaucoup, beaucoup de poids. Et ça devenait assez alarmant. Et elle me ramenait même, voilà, je leur demandais de me ramener un fruit de la cantine. C'est tout ce que je voulais manger. Je passais mon heure, en fait, dans le grand réfectoire. On appelait ça, c'était une salle de permanence où on pouvait travailler. Donc, je travaillais, en fait, tout le temps. Et je demandais à mes copines de me ramener une pomme. Une fois, il y en a une qui a eu le malheur de me ramener une banane. Et je lui ai... Merci. Je l'ai jetée à la poubelle en hurlant parce qu'une banane, c'est beaucoup trop calorique, ça ne va pas. Parce que juste, voilà, elles s'inquiétaient. Elles ont voulu me ramener du pain aussi une fois, mais alors quelle horreur. Mais j'ai été... Je n'ai pas été cool non plus à cette période-là, vraiment avec elle, parce qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait. Et pour moi, tout allait bien. Tout allait bien. Et puis, à ce moment-là aussi, je me suis dit, bon, ça y est, je deviens mince, je peux plaire. Donc, je voyais toutes mes copines avoir des copains et avoir une vie amoureuse. Et moi, je n'attendais que ça. Et voilà, il y a un ami d'une amie qui était plutôt intéressée par moi, apparemment. Moi, bon, j'étais... Je n'étais pas trop encline à me lancer dans une relation avec lui, mais je me dis que de toute façon, il n'y a que lui qui s'intéresse à moi, donc autant y aller. À cette même période-là aussi, j'ai commencé une relation avec un garçon un petit peu plus âgé, mais avec qui ça ne se passait pas très bien puisque je n'étais pas amoureuse de toute façon. Je voulais juste que socialement, je fasse bonne figure. J'étais la fille qui avait perdu du poids, qui était en couple avec un garçon. Je voulais avoir une vie normale, tout simplement. Et de toute façon, ça n'a jamais pu aller plus loin avec lui parce que sur le plan intime, moi, j'étais capable de rien et je n'en avais pas envie. Et du coup, voilà, c'est terminé parce que, oui, effectivement, je ne pouvais pas lui apporter ce qu'il voulait que je lui apporte. Et ça s'est terminé aussi parce que j'ai été hospitalisée à ce moment-là aussi. Donc, elle a 17 ans. Et il s'est écoulé combien de temps, du coup, de cette dégringolade-là ? Ça l'a dégringolée un an et demi. En un an et demi, j'ai perdu plus de la moitié de mon poids, en fait. Vraiment. Et ça a été vraiment très rapide. Mes parents ont commencé à s'inquiéter. Je suis allée voir mon médecin traitant, qui m'a fait des prises de sang qui étaient bonnes. Mes prises de sang ont toujours été bonnes. Oui, ça, c'est un gros cas de chute dans l'anorexie. Quand j'étais au plus bas de la maladie, mes prises de sang étaient bonnes. Elle n'était pas du tout informée sur ce qu'étaient les troubles du comportement alimentaire. Je pense qu'elle a été assez maladroite dans ses propos. Elle a dit qu'elle ne voyait pas pourquoi ma mère s'inquiétait, que tout allait bien, que les paramètres étaient plutôt bons. C'était peut-être une petite passade, une petite crise d'adolescence, mais que ça allait aller. Mais ma mère a commencé vraiment à s'inquiéter. Et elle culpabilisait beaucoup aussi. Parce qu'elle s'est dit, c'est à cause de moi que tu as commencé ces régimes.

  • Speaker #0

    Parce que je t'ai dit oui, j'aurais jamais dû accepter ça. T'avais 16 ans. Et elle me voyait dans un état pitoyable, à pleurer devant mon assiette parce que j'arrivais pas à manger un morceau de poux. Et elle s'est dit, mais là, ça va beaucoup trop long. Et c'est elle qui a pris contact avec le CHU de Nancy, en pédiatrie du coup, parce que j'étais encore mineure. Et je suis allée voir un médecin là-haut. qui a commencé à me suivre sur plusieurs mois. Donc, j'avais des contrats de poids. Donc là, il fallait vraiment qu'à chaque rendez-vous, j'ai pris un kilo ou deux kilos. Sinon, c'était l'hospitalisation. Donc voilà, j'avais cette carotte-là. Donc, les deux premiers mois, je crois que j'étais vraiment sur le fil du rasoir, mais j'ai échappé à l'hospitalisation. Et puis après, malheureusement, on m'avait demandé de venir avec ma valise au cas où, si jamais la pesée n'était pas bonne. Et la pesée n'était pas bonne. Et donc là, j'ai été hospitalisée. Et ça a été une crise de larmes parce que je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Et donc, il n'y avait pas de place. Normalement, je devais aller en pédopsychiatrie. C'est là que les patients anorexiques étaient admises. Il n'y avait plus de place, donc je suis allée en pédiatrie. Pédiatrie générale. Je me suis retrouvée avec plein d'enfants qui avaient toute pathologie confondue, entre guillemets. et là mon seul objectif c'était de sortir donc là j'ai mangé j'ai mangé tous mes plateaux je demandais à mes parents de me ramener du chocolat alors ils étaient super heureux, ils me voyaient manger des choses que j'avais pas mangé depuis un an et demi ils se sont dit mais c'est super c'est magique cette hospitalisation en deux mois et demi j'ai repris 12 kilos parfait je voyais un infirmier psychologue une fois par semaine Mais c'est tout, il n'y avait aucun suivi là-haut. J'étais juste là pour manger et c'est tout. Donc j'ai mangé et je suis sortie.

  • Speaker #1

    Sans suivi spécifique une fois dehors ?

  • Speaker #0

    Non, non. Je devais revoir ce médecin-là effectivement quand même de temps en temps pour voir si tout allait bien. Mais on va dire que jusqu'au bac… Voilà, j'avais perdu un petit peu en sortant d'hospitalisation, mais j'ai essayé de ne pas trop redescendre non plus. Je me suis maintenue à la limite. Ce que je voulais, c'était passer mon bac. Et après, je savais qu'après le bac, j'allais vivre en colocation avec ma cousine. Et là, je me dis, c'est bon. Après, je serai tranquille. Et je pourrais refaire ce que j'ai envie de faire. Parce qu'il n'y avait rien qui était réglé. Et l'alimentation, ça restait encore quelque chose de très, très compliqué. Ce que je mangeais à l'hôpital, je l'avais remangé chez moi en rentrant. Tout était calculé. J'ai essayé de faire bonne figure pendant un an et demi. C'était encore compliqué. C'était très tendu à la maison. Il y avait beaucoup de disputes avec ma mère qui ne comprenaient pas et qui s'inquiétaient beaucoup aussi. Et qui, je pense, étaient rangées par la culpabilité. Elle me l'a dit plus tard. mais qui s'en voulait énormément de tout ce qui s'était passé. Et après, j'ai eu mon bac avec mention très bien, la meilleure du lycée forcément. Et là, j'ai demandé à mes parents à rentrer en classe préparatoire parce que les profs m'avaient vivement conseillé d'aller en classe prépa. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire après. Je me suis dit la classe prépa, pourquoi pas ? Ma mère n'était pas chaude du tout. Elle savait que c'était... Un rythme de travail qui était très soutenu. Et elle voyait très bien le perfectionnisme dans lequel j'étais. Et elle s'est dit que ça n'allait pas du tout m'aider. Mais voilà, j'y suis allée quand même. J'ai fait qu'une année. Et à partir de là, j'ai eu des hospitalisations un peu tous les ans, je crois. Tous les ans, j'ai été hospitalisée.

  • Speaker #1

    Tous les ans, pendant combien de temps, tu dirais ?

  • Speaker #0

    Jusqu'à mes 25 ans.

  • Speaker #1

    OK.

  • Speaker #0

    J'ai encore eu deux hospitalisations au CHU, adultes cette fois. Et là, ce n'était pas la même du tout. Là, j'étais enfermée entre quatre murs dans une chambre. On contrôlait les repas, on contrôlait mes toilettes. On me prenait pour une menteuse à chaque fois. J'avais la sonde nasogastrique. Avant de l'hospitalisation, j'avais la sonde nasogastrique. Et la première fois que je suis retournée, j'étais complètement réfractaire à cet hospice. Et pour moi, c'était une prise en charge tellement inhumaine que je ne comprenais pas qu'est-ce que je faisais là. Et donc oui, comme à chaque fois, j'ai mangé pour sortir. Et après, rebelote, genre des gringolets. Et j'ai même pris contact avec une clinique spécialisée pour trouver du comportement alimentaire à Dijon. Et là, j'ai fait trois hospices là-haut aussi. Donc à chaque fois, mes études étaient entrecoupées. Donc j'ai fait une année de classe préparatoire. Après, je suis allée à la fac en lettres modernes. Parce que je me disais que le français, j'aimais ça et que transmettre aussi. Donc moi, je me voyais dans l'enseignement de toute façon. Je me dis bon allez, pourquoi pas prof de français. Puis après, j'ai bifurqué plutôt en sciences de l'éducation parce que je me suis dit qu'en fait, le public que j'aimais vraiment, c'était les enfants les plus petits et que le français, ça allait être beaucoup trop réducteur. Mais voilà, à chaque fois, il y avait une hospice qui coupait tout et du coup, j'ai dû passer souvent mes années en plusieurs années. rattraper des semestres.

  • Speaker #1

    On n'en parle pas de ça, de à quel point ça précarise aussi le trouble alimentaire.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, mais c'est vrai parce que je ne sais pas si j'aurais fait ce que je fais aujourd'hui s'il n'y avait pas eu toutes ces hospices-là. Peut-être que j'y serais revenue quand même parce que je suis très fière d'être un stit aujourd'hui et un professeur des écoles. Mais voilà, je ne sais pas si j'aurais pris un autre chemin, en fait. Je n'en sais rien. Mais effectivement, et puis tout est flou au niveau des dates. C'est une horreur. Je ne sais plus du tout à quelle date j'ai eu ma licence, à quelle date j'ai eu mon master. Je ne sais plus quand est-ce que je suis allée à l'hôpital. J'avais l'impression que c'est un brouillard complet. Et quand je suis allée dans ces cliniques, en plus à Dijon, c'était des hospitalisations très longues parce que là, je n'étais pas enfermée entre quatre murs, j'étais libre. Alors là, il y avait un suivi vraiment pluridisciplinaire. On avait des psychologues, des psychiatres, des psychomotriciennes, des sophrologues. C'était très complet. C'était génial, mais par contre, c'était très libre. C'est-à-dire qu'on pouvait sortir comme on voulait, on avait des permissions, on pouvait aller un peu où on voulait. Et je n'étais pas cantonnée, par exemple, sur mon activité physique. Donc, j'allais marcher des heures et des heures. En plus, c'était en pleine campagne. On ne regardait pas ce que je mangeais le midi non plus. J'avais une diététicienne, mais à mon plateau, personne n'allait vérifier que j'allais le manger ou pas. Et du coup, c'était des hospitalisations qui étaient longues. Alors après, ça m'a... beaucoup été sur le plan psychologique à creuser beaucoup de choses. Il y a beaucoup de choses qui se sont décoincées, même sur le plan psychocorporel aussi. J'ai beaucoup avancé grâce à eux sur ces plans-là. Mais alors, le trouble alimentaire en lui-même...

  • Speaker #1

    Mais qu'est-ce que tu appelles le trouble alimentaire en lui-même finalement ? Si ce n'est un trouble psychologique et psychocorporel, qu'est-ce que le trouble alimentaire ?

  • Speaker #0

    En fait, je pense que ça m'a juste aidé à comprendre... Ok. Comment j'en étais arrivée là ? Détricoter tout ce qui était environnement familial, tout ce qui était harcèlement scolaire. Revenir aussi sur un événement compliqué. Juste avant que je sombre vraiment. Il y a eu une agression sexuelle aussi. Et je pense que ça m'a permis de mettre les mots là-dessus parce que je l'avais bien enfouie. que je ne considère pas vraiment comme un viol, même si au final, c'en était un, je pense.

  • Speaker #1

    Après, il y a des définitions légales.

  • Speaker #0

    Non, des définitions vraiment légales. Et oui, effectivement, si on prend la définition légale, c'était un viol. Pour moi, il n'y a pas eu de pénétration. Donc, pour moi, ça ne pouvait pas être un viol. Sauf que si, on m'a forcé à faire des choses quand même. Il y a eu une pénétration ailleurs aussi. Je n'étais pas dans un état normal. J'étais alcoolisée. J'avais 15 ans. Mais pour moi, voilà. C'était peut-être ça la sexualité au final. Moi qui plaisais à personne, je me suis dit tiens, un garçon s'intéresse à moi, allons le suivre, pourquoi pas. Et le petit bisou que je pensais n'était pas un petit bisou. C'est vrai que si je n'étais pas allée là-bas, je pense que je n'aurais pas sorti tout ça. Je l'avais un peu occulté, entre guillemets. Mais du coup, c'était des hospitalisations qui duraient très longtemps. Je suis restée 5 mois à chaque fois. J'étais coupée du temps.

  • Speaker #1

    Tu disais, ça t'a aidée à comprendre, à démêler, à faire remonter des choses aussi. Donc tout ça, c'est de la mise en sens aussi de ton trouble. Mais tu dis, sur le côté trouble alimentaire, non. Qu'est-ce que tu veux dire ?

  • Speaker #0

    Sur l'alimentation, on va dire que j'étais encore très rigide. J'avais encore beaucoup de mal à lâcher, entre guillemets. Et malheureusement aussi... Dans cette clinique-là, on n'était entouré que de personnes malades et il y avait 95% d'anorexiques aussi. Et j'étais dans la comparaison constante aussi. Et même si ça avançait sur certains points, que des fois j'avais envie de faire des efforts ou de lâcher prise, je voyais toutes les autres filles autour de moi qui étaient encore dans leurs restrictions, qui étaient encore dans leurs calculs. J'ai même chopé des comportements assez malsains en les observant, en fait. Et du coup, c'était très bizarre. Et en même temps, je me suis dit, tiens, là, on prend soin de moi pour la première fois. Je suis dans un petit cocon. Je me sentais bien, en fait, là-bas.

  • Speaker #1

    Oui, mais ça, c'est piégeant aussi.

  • Speaker #0

    C'est très piégeant.

  • Speaker #1

    C'est une des facettes de TCA pour un certain nombre de personnes qui en souffrent. Si je n'ai plus ça, cette identité, ce truc-là, comment on va me voir ? Comment on va prendre soin de moi ?

  • Speaker #0

    Et là, du coup, je me sentais coucouné, je me sentais protégée. Et en fait, je me dis... Il ne faudrait pas non plus que je prenne trop de poids, sinon je ne serais plus malade. Et ça a été ça très longtemps, parce qu'à chaque fois que je sortais, je restais un an à l'extérieur, mais ça dégringolait très vite, et du coup, j'y retournais. Donc j'ai fait trois hospitalisations là-bas, qui étaient très longues, et c'était comme ma deuxième maison, j'ai l'impression. Je me sentais mieux là que chez moi. Oui. Et en plus, dès mes 18 ans, de toute façon, j'avais quitté la maison. J'étais en appartement à Nancy pour mes études parce que mes parents habitent à la campagne et du coup, c'était beaucoup plus pratique que je sois en ville. Mais c'était un enfer d'être seule, seule chez moi. Je le vivais très, très mal. Je passais mon temps à marcher, à sillonner toute la ville pour rentrer le plus tard possible chez moi, pour juste manger, me coucher. et aller en cours le lendemain, et jusqu'à un moment où effectivement, ça dégringolait trop au niveau du poids, et que là, il fallait que je sois réhospitalisée, et je le sentais comme une bouffée d'oxygène, l'hospitalisation.

  • Speaker #1

    Et du coup, qu'est-ce qui s'est joué entre ces moments-là, et maintenant, finalement, si on fait le pont avec maintenant, combien de temps il s'est écoulé, et qu'est-ce qui s'est joué pour toi ?

  • Speaker #0

    Alors ça, ça m'a suivi ces moments d'hospitalisation entre coups. à être tout le temps sur le fil du rasoir, jusqu'à mes 26 ans, jusqu'à ce que je rencontre mon mari aujourd'hui. Ça a été ma dernière hospitalisation juste avant que je le rencontre. Cette année-là, j'avais pris la décision de ne plus vivre seule, de me dire que c'était trop délétère pour moi. Et donc, j'avais fait le choix d'être en colocation. avec deux autres filles. Et du coup, ça m'a aussi aidé, ça, le fait d'être en colocation et d'être avec des personnes aussi qui avaient une alimentation complètement régulée, très intuitive, qui avaient faim, qui ouvraient le frigo, qui prenaient un morceau de fromage et un morceau de pain et qui ne se posaient pas la question de quelle heure il était. Qui étaient complètement à l'aise avec leur alimentation. corps et qui m'ont aidé aussi à sortir un peu plus, à rencontrer du monde et du coup cette année-là ça allait mieux, il n'y a pas eu de speed. Et voilà, il y a eu aussi leur envie de me dire que ben voilà, je pouvais peut-être commencer à rencontrer quelqu'un et à faire un petit challenge en m'inscrivant sur un site de rencontre alors que voilà, moi ça me faisait une peur bleue quoi. J'avais 26 ans, je n'avais aucune expérience. J'avais eu quelques histoires amoureuses qui n'avaient jamais pu aboutir à quoi que ce soit parce qu'effectivement, il y avait un blocage de mon côté aussi sur le plan intime. Et je me dis, à 26 ans, je me voyais finir vieillie fille avec des Ausha parce que pour moi, ce n'était pas envisageable. Mais voilà, j'ai rencontré Florian. Et quand on s'est rencontrés, je n'ai pas voulu lui dire. De toute façon, que j'étais anorexique, je me suis dit, voilà, de toute façon, il va bien s'en rendre compte par lui-même, mais je n'ai pas envie de me présenter comme ça. Je n'ai pas envie de lui étaler ça dès le début. Donc, on se voyait très régulièrement, que ce soit à la colocation ou chez lui. Il avait compris que sur le plan intime, j'avais besoin de temps. Lui, il était plus âgé quand même, il avait 34 ans quand je l'ai rencontré. Mais il a voulu prendre son temps. Et puis je me sentais bien, vraiment, avec lui. Et puis sur le plan alimentaire aussi. Parce que lui, alors, il n'y a pas plus intuitif que Florian. C'est le mangeur régulier. à son paroxysme. Quand il a faim, il a faim. Quand il n'a pas faim, il n'a pas faim. Et il s'en fiche de savoir ce qu'il a à manger ce soir ou ce qu'il va manger au restaurant. Et avec lui, j'ai commencé à sortir plus, à me confronter au restaurant, à me confronter au fast-food aussi et à des choses comme ça. Et ça m'a beaucoup aidée. Ça m'a beaucoup, beaucoup aidée. Et on a emménagé très rapidement ensemble parce qu'il s'est cassé la clavicule en vélo et du coup, il était incapable de vivre seul. Et du coup, parce qu'il ne pouvait pas vraiment faire grand-chose, mais m'ouvrir un bocal de confiture, c'était trop compliqué. Et cette année-là, j'avais eu mon concours. J'étais enseignante à mi-temps dans une école qui était près de son appartement. Donc, je me suis dit, je vais venir t'aider. À la base, c'était juste le temps qu'ils se remettent. Et puis, au final, j'ai laissé mes valises chez lui. Et lui, là, il savait que j'étais malade. On en avait parlé. Et ça a été un réel soutien. Même s'il ne comprenait pas tout, il a voulu en apprendre davantage. Il a voulu se renseigner. Il a voulu que je lui explique. Et voilà, il a été vraiment une vraie béquille pour moi. Et puis après aussi, le fait d'avoir une vie professionnelle qui commençait vraiment à être concrète. Là, j'avais eu mon concours, j'avais eu ma titularisation, j'avais fini mon stage. J'étais affectée loin de chez lui la première année. C'est l'éducation nationale, donc on ne choisit pas trop. On est un peu des pions. Il est aussi enseignant, mais pour des adultes en BTS dans un lycée technique. Donc lui, il avait vraiment son poste fixe. parce qu'il a plus d'ancienneté que moi aussi. Mais moi, la première année, juste après qu'on ait emménagé ensemble, je suis partie vivre à Longui. C'est vraiment dans le nord du département. C'était à une heure et demie de route, donc je ne pouvais pas faire les allers-retours tous les soirs. Je vivais chez une personne âgée. Je faisais de la colocation intergénérationnelle. J'étais avec cette personne âgée-là les soirs de semaine. Et là aussi, ça m'aidait parce que je ne mangeais pas seule, parce que je lui faisais à manger aussi, parce que c'était un Italien qui aimait la bonne nourriture et il aimait qu'on cuisine ensemble et il rapportait des choses du marché aussi. Donc voilà, j'ai commencé à manger des choses que je ne m'autorisais pas non plus. Et puis aussi, je me suis remise au sport avec mon conjoint. Et du coup, le deal, c'était on fait du sport, mais par contre, on mange quand on mange. Et j'ai commencé à prendre goût aussi à faire du sport. Et oui, là, j'avais faim, clairement, quand je rentrais. Et là, je m'autorisais à manger, vraiment. OK. Donc voilà, j'ai repris du poids petit à petit. C'était très lent. Ce n'était pas comme les montagnes russes à chaque hospitalisation où je reprenais 12 kilos et je les referais. Tout à l'heure,

  • Speaker #1

    ça m'a fait réagir les 12 kilos, non pas parce que... Je fais un petit disclaimer, ce n'est pas du tout le chiffre. C'est... On ne peut plus normal, c'est le minimum quand tu as énormément maigri avec l'anorexie de prendre 12 kilos. C'est juste que je connais la difficulté psychologique. En plus, quand ce n'est pas accompagné, quand il y a des grosses variations de poids comme ça. Et puis, ce n'est pas anodin, même pour le corps, des grandes pertes, des grandes prises.

  • Speaker #0

    Et moi, il n'y a eu que ça. Pendant ces années-là, c'était des pertes, des reprises, des pertes, des reprises. Et là, effectivement, je pense que c'est très éreintant. Très éreintant. et là effectivement ça se faisait de façon progressive mais je reprenais du poids petit à petit et j'étais suivie par une endocrinologue qui me suit toujours d'ailleurs après ma dernière hospitalisation au CHU parce que j'en ai eu encore une dernière au CHU avant de rencontrer mon mari et celle-ci je la suis toujours mais je la vois à chaque vacances scolaires Voilà. Sauf à une période où je les revus plus régulièrement, quand je suis tombée enceinte, justement, on va y venir. Mais voilà, après, j'ai repris doucement du poids, mes règles n'étaient toujours pas revenues, puisque je les avais perdues dès que j'avais commencé mon régime. Dès que j'avais perdu beaucoup de poids de façon assez rapide, j'ai perdu mes règles. Donc à mes 17 ans, et je ne les ai jamais retrouvées depuis. Et là, je commençais à reprendre du poids. Je voyais que ça ne revenait toujours pas. Je savais qu'il fallait du temps. Mais j'avais quand même en tête l'objectif d'être maman. Et on s'est dit, avec mon mari, on va peut-être commencer à se lancer dans un parcours PMA. Pourquoi pas ? On sait que ça va prendre du temps. Donc, autant commencer dès maintenant. Donc, on a commencé les démarches pour un parcours PMA qui était assez long. Donc, il fallait faire toute une batterie de tests. Moi, on m'a dit effectivement que j'étais en aménorée, mais on n'a pas forcément fait le lien avec l'anorexie. On a dit, peut-être que c'est un SOPK. C'est incroyable. Et je me dis, c'est peut-être sûrement un SOPK ou je ne sais quoi. Donc, moi, je me suis montée en tête que j'avais encore autre chose. Alors qu'en fait, je n'ai pas du tout de SOPK. J'ai une aménorie hypothalamique tout simplement parce que j'étais en sous-nutrition. Et là, on commence à parler des injections, des hormones, etc. Et on se dit que c'est quand même assez lourd. On se lance quand même dans quelque chose d'assez dur. Des injections quotidiennes. Là, on se dit, écoute, on va se laisser peut-être deux mois. Ça allait être Nouvel An, c'était les fêtes de fin d'année. On se dit, allez, on se laisse deux mois. vie Et puis, on revient vers eux après pour savoir si on se lance ou pas dans le projet. Parce que je sentais quand même que j'avais un peu des douleurs au sein, des douleurs au niveau de l'utérus. Je me dis, ça cherche quand même. Peut-être qu'elles vont revenir naturellement et qu'on ne sera peut-être pas obligé de passer par là. Et ils nous avaient dit quand même, faites un test au cas où, entre notre prochain rendez-vous, même si on sait très bien que vous ne tomberez pas enceinte, mais naturellement, mais bon, on ne sait jamais. Et après Nouvel An, mon conjoint me dit « Allez, on achète quand même un test, on ne sait jamais. » Et je le fais et il était positif. Donc en fait, j'étais enceinte depuis début décembre, sans avoir retrouvé mes règles, mais j'étais bien enceinte. Et là, j'ai eu très peur. Je me suis dit « Mais ce bébé ne va jamais tenir. Mon corps n'est pas capable de donner la vie maintenant, c'est trop tôt. » poids qui était à la limite si on prend l'IMC, même si je sais que ce n'est pas forcément une mesure très fiable. Mais voilà, j'avais un IMC qui était au plus bas. Je quittais seulement la sous-nutrition. Mais voilà, je me dis mon bébé ne va jamais s'accrocher. J'ai été dans un stress et une angoisse permanente tout le premier trimestre parce qu'en plus le personnel médical n'était pas forcément non plus très confiant. Il se disait que vu mon passif, il y avait de fortes chances que je fasse une fausse couche. Donc en fait, je ne pouvais pas pleinement m'investir dans cette grossesse parce que je me disais que ça ne se tiendrait pas. Puis j'ai été malade comme tout au premier trimestre. J'ai perdu du poids parce que je ne mangeais plus rien. J'avais des nausées en continu. C'était une horreur. Je me sentais faible, très fatiguée. Mais le petit bout s'est accroché. Et il s'est très bien développé. Mais pendant cette grossesse-là, j'ai pris que 4 kilos. Donc, je me disais... Sachant que tu en avais perdu au début, en plus. Oui. Donc, j'avais pris 4 kilos seulement. Mais les échographies montraient qu'effectivement, tout allait bien pour lui. Lui, il prenait ce qu'il avait à prendre. Et je me forçais à manger plus. Mais je restais quand même dans le contrôle. Et je me disais quand même dingue, quoi. Je porte la vie. Et je n'arrive pas à me débarrasser de ce fichu contrôle-là. Alors que là, je ne suis plus toute seule et il y a un petit être qui grandit en moi et je ne peux pas m'autoriser tout ce que je devrais m'autoriser. Après, d'un autre côté,

  • Speaker #1

    moi, j'observe aussi beaucoup des grossesses où les personnes prennent 30 kilos. Parce qu'il y a une autorisation de manger, mais limitée, qui est reliée à cette grossesse, à cet état de grossesse, avec dans la tête... d'une manière très claire l'idée qu'il faudra se reprendre en main après et que j'ai le droit parce que je suis enceinte et que dès que je vais accoucher je vais me remettre au régime et donc ça crée l'aliment qui va disparaître donc ça crée presque j'exagère quand je dis ça mais une compulsion de 9 mois je veux dire on va être dans des comportements de suralimentation et donc moi ça m'attire toujours mon attention quand je vois des femmes je dis pas que c'est systématiquement qu'il y a ... un fond de trouble alimentaire, mais quand il y a des grandes, grandes prises de poids, c'est que ce n'est pas serein non plus. De toute façon, ce n'est pas une période anodine quand même. Même pour une femme qui n'a jamais eu de trouble alimentaire, la grossesse, ça reste une période chaleureuse.

  • Speaker #0

    Je me dis, deux ans auparavant, j'avais une sonde nasogastrique. Là, je suis enceinte et je vais donner la vie. Après, je me suis détendue seulement au troisième trimestre, quand je me suis dit que là, c'est bon, il était bien accroché, qu'il était bien là. et que mon ventre s'était un peu arrondi et que j'étais contente de voir mon ventre s'arrondir parce que justement j'avais peur qu'il soit qu'il soit carencé qu'il n'ait pas assez et de voir mon ventre si petit ça me faisait peur mais mais non lui il est né presque à terme un accouchement magique avec le sourire aux lèvres Et c'était un miracle pour moi. C'était vraiment le plus beau jour de ma vie, je pense, quand j'ai pu le tenir dans mes bras pour la première fois. Mais le postpartum a été quand même beaucoup plus violent.

  • Speaker #1

    J'imagine, et c'est ce que j'allais dire. Finalement, là, on parle des 13 derniers mois.

  • Speaker #0

    Oui, oui.

  • Speaker #1

    Et donc... Et donc voilà, ça m'intéresse. Je suis trop curieuse de savoir où tu en es aujourd'hui finalement. Tu qualifierais ta relation à l'alimentation, ta relation au corps, au poids, tout ça ?

  • Speaker #0

    Alors, il y a eu quand même plusieurs phases après la naissance de Léon. Déjà, juste après, j'ai été extrêmement fatiguée. J'ai perdu 7 kilos. Mon conjoint a dû reprendre le travail plus tôt en plus. Donc, il n'a pas pu prendre son congé paternité tout de suite. Donc, ça a été rude. C'était vraiment rude. Heureusement, on avait un petit bout qui était adorable, qui pleurait très peu, qui mangeait beaucoup, par contre. Mais voilà, je me sentais épuisée, vraiment épuisée par tout ça. Et je me disais, mais comment je vais faire pour tenir debout après, quand il va commencer à bouger plus, à demander plus d'attention, parce que voilà, quand ils sont tout bébés... effectivement c'est les nuits qui sont hachées, c'est un peu compliqué, mais voilà c'est assez gérable, ils dorment encore beaucoup, ils sont encore en poussette, ils sont encore tout petits, tout légers quand on les porte, et là en grandissant effectivement ils demandent une énergie énorme, énorme, et du coup là en ce moment ça a été compliqué on va dire. Les premiers mois, parce que je n'arrivais pas à reprendre le poids que j'avais perdu. Je ramais, je ramais. Je me sentais épuisée. Et ça a été source aussi de beaucoup de frictions avec mon mari, qui ne comprenait pas pourquoi. Et en fait, j'ai compris après qu'en perdant ce poids-là, ça a réenclenché beaucoup de mécanismes. Et en fait, j'ai l'impression d'avoir reculé. que Léon soit né, parce que j'ai reperdu 7 kilos, et ça m'a remis dans un espèce d'engrenage de pensée de restriction, d'hyperactivité aussi physique, que je n'avais plus du tout avant que je tombe enceinte. Et ça a été compliqué aussi pour mon mari de le comprendre, et il m'a vu revenir en arrière. Il s'est dit, mais tu n'as pas eu ces comportements-là depuis très longtemps. à te revoir tout peser, à te revoir marcher tant de temps tous les jours, à bien compartimenter ton assiette. Je retrouvais des tocs que j'avais alors qu'ils s'étaient envolés juste avant que je tombe enceinte. Et du coup, ça a été vraiment compliqué. Et on a beaucoup discuté. J'ai repris un suivi psy aussi. Parce que je vois bien que, voilà, dans la tête de mon entourage, je suis maman, j'ai un mari, j'ai une maison, tout va bien, tout est réglé, je ne suis plus malade. Mais si, je suis encore malade et je ne suis pas sortie complètement. Il y a encore beaucoup de choses à travailler. Et là, après, en reprenant le travail, j'ai senti La faim, vraiment me tenaillait. Et comme si c'était des envies irrépressibles que j'avais. Et j'ai l'impression d'avoir eu des petits épisodes de faim extrêmes comme ça. Où le soir, je n'arrivais plus à m'arrêter. Alors effectivement, il n'y a pas beaucoup de paquets de gâteaux chez moi. Donc effectivement, je... Je prenais des cuillères de beurre de cacahuète. Mais je sentais que là, j'en avais besoin. Et que vraiment, je sentais que mon corps réclamait de la nourriture. Et ça arrive souvent le soir, forcément, parce que la journée, tout est calibré. Alors, j'ai vraiment mes trois repas par jour. J'essaie d'avoir toujours mes féculents, mes protéines, mes légumes. mais le soir avant de me coucher j'ai encore faim et j'ai vraiment faim et c'est de la faim physique et c'est de la faim mentale aussi et j'ai besoin et là encore tous les soirs il faut que je me refasse une collation alors là j'ai décidé parce que ça réactivait beaucoup de choses de me voir manger dans les placards je me dis non mais là c'est pas possible j'ai l'impression d'être collégienne et de rentrer chez moi et de tout dévorer donc là maintenant non je prends ce dont j'ai envie je me repose sur le canapé avec mon conjoint ou au bureau si je suis en train de travailler et je mange et je mange pas rapidement comme si c'était en urgence comme si c'était honteux et qu'il fallait faire ça le plus vite possible là non et je mange pas à sa seule je mange devant mon mari et voilà et je ne me mets pas de barrière c'est à dire que si j'ai encore envie d'un carré de chocolat après je reprends un carré de chocolat et si j'ai envie de me refaire une petite tartine avec Merci. du Nutella, je m'en ferai une petite tartine avec du Nutella. Et j'essaie de me dire, qu'est-ce que tu as envie maintenant ? Là, ne mange pas pour te remplir, mais là, si tu as faim, mange. Et mange ce qui te fait plaisir.

  • Speaker #1

    Et en étant connecté au plaisir.

  • Speaker #0

    C'est ça. Donc maintenant, dans mes listes de cours, j'essaie toujours de passer dans le rayon interdit, entre guillemets, qui ne l'est plus maintenant, mais de me dire, qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Même si à l'instant T, tu n'en as pas envie, mais qu'est-ce qui te faisait plaisir avant, que tu aimais bien manger ? Et sache que voilà, ils sont dans tes placards et que si jamais tu en veux, vas-y. Mais ça, je ne me l'autorise encore que le soir. Je n'arrive pas à me dire, tiens, à 16h, je rentre du travail, j'ai un peu faim, je n'arrive pas à ouvrir ce placard-là. Je me dis, c'est comme si c'était ma petite récompense du soir pour avoir été la bonne élève de la journée, avoir bien mangé mes tupperwares.

  • Speaker #1

    Et de l'ajouter à ton repas du midi, parce qu'effectivement, ça, c'est hyper intéressant et ça peut être, en vrai, ça peut être une béquille importante. Alors après, en même temps, je ne te sens pas non plus en souffrance avec ce comportement du soir, mais moi, c'est un truc que je conseille beaucoup aux personnes que j'accompagne, qui, alors, soit compulsion, mais même suralimentation le soir, mais c'est aussi des contextes différents. Mais tu vois, de pouvoir ajouter. du plaisir, de la variété, de la diversité et de la flexibilité aussi sur d'autres prises alimentaires. Que ça reste pas centré sur le soir.

  • Speaker #0

    C'est vrai.

  • Speaker #1

    Et mine de rien, ça fait son petit effet quand même.

  • Speaker #0

    Je pense, oui. Je me dis que ces deux petits carrés de chocolat, le midi, ils passeraient bien. Parce que je vois bien que mon tupperware calibré, à la fin, j'ai encore de la place pour manger autre chose et que je suis pas pleinement satisfaite. Ok, je vais peut-être arriver à satiété. Et encore. des fois j'ai encore faim mais il n'y a pas de c'est pas du rassaisissement ah bah non clairement potentiellement t'en es même loin parce que si tu ressens encore de la faim oui bah oui donc

  • Speaker #1

    ça veut dire que potentiellement effectivement à 16h t'as déjà la dalle et que ça peut être important aussi dans une démarche de relation de paix aussi avec ton corps de répondre au moment où tu as faim ... Et même si au début, c'est avec des trucs un peu calibrés, en fait. Quand tu disais, voilà, mes repas, je veille à ce qu'il y ait ça, ça, ça dans mes repas. En même temps, c'est bien. On sait que c'est les recommandations globales. Et puis, si c'est du... L'idée, ce n'est pas d'ôter tout calibrage. D'ailleurs, tu vois, on peut tout à fait être mangeur intuitif et en fait avoir dans un coin de tête que c'est quand même cool de manger... des protéines, des féculents et des légumes, tu vois, et de se dire, « Ouh là, là, je n'ai pas mangé de féculents tout le temps, je vois que j'ai plus faim le soir, il faut que j'en rajoute. » Enfin, tu vois, l'un n'empêche pas l'autre.

  • Speaker #0

    Puis en plus, je vois bien que je suis végétarienne aussi, mais depuis très longtemps, avant même de commencer les régimes. Mais du coup, niveau protéines, je vois que c'est toujours en deçà, quoi. Et je sais que c'est ça, au final, qui m'apporte quand même... un peu d'énergie sur la journée. Parce que pour mener du sport avec mon conjoint, effectivement, je n'avais pas de viande comme lui, mais j'avais toujours mes œufs, mes pois chiches. Mais là, c'est dans mes petits tupperwares du midi et c'est toujours calibré. Et je vois qu'effectivement, quand je suis à la maison et que je vois que mon assiette n'a pas été suffisante, je peux me resservir. J'y arrive. Mais alors du coup, le midi, avec mon petit tupperware et mes collègues qui sont... Malheureusement, très culture des régimes, c'est compliqué. Elles ne sont pas forcément culture des régimes, mais je remarque que malheureusement, à chaque fois qu'on se retrouve autour d'une table avec des femmes, On parle nourriture. On parle quels sont les compléments alimentaires que tu prends, qu'est-ce que tu fais pour éviter ça, tiens, pour remplacer le beurre, j'ai pensé aux courgettes pour mon gâteau au chocolat. Voilà. Et malheureusement, je me dis, mais clairement, je ne suis pas sûre que si on se trouvait autour d'une table entourée d'hommes, ils se prendraient la tête à parler de ça. On ne parle pas... Enfin, je veux dire, c'est... C'est une horreur.

  • Speaker #1

    C'est hyper dommage surtout parce que toutes là autour de la table, vous pourriez discuter géopolitique, investissement financier.

  • Speaker #0

    Non, mais c'est sûr. On parle quand même de l'école. Oui, bien sûr,

  • Speaker #1

    j'imagine.

  • Speaker #0

    Mais les autres sujets de conversation, c'est souvent quand même autour de l'alimentation. Et de l'alimentation, mais d'une façon très diète-culture. C'est les bons plans.

  • Speaker #1

    Oui, vous ne partagez pas vos recettes de grand-mère super bonne avec un pot de crème fraîche.

  • Speaker #0

    Voilà. Ou alors, c'est les remarques. J'ai fait un resto hier. Comme si, du coup, il fallait faire attention aujourd'hui. Donc, j'ai mon super war. Et je me dis, mais c'est incroyable. Et ce qui m'a beaucoup aidée aussi à me déculpabiliser beaucoup au niveau de la nourriture et à m'autoriser plus à manger aussi, c'est C'est mes lectures féministes aussi, vraiment. Alors j'ai un mari qui se moque un peu de moi à chaque fois quand je reviens de la librairie avec un nouveau bouquin parce qu'il sait très bien que ce sera Mona Chollet ou Lorraine Malka ou là aussi maintenant que je suis devenue maman, j'essaye de lire des livres aussi parce que je suis maman d'un petit garçon. Donc voilà, j'essaye de lire aussi des choses. Comme le livre « Tu seras un homme féministe, mon fils » , je ne sais plus qui l'a écrit. Mais bref, il y a aussi beaucoup de passages où on parle de cet aspect aussi de l'alimentation et comment les femmes, on nous restreint un peu à ça. Peut-être justement pour qu'on pense uniquement à ça et pas aux choses vraiment… pertinentes et importantes.

  • Speaker #1

    On ne cherche pas à prendre une place qui est pour le moment réservée aux hommes. J'en suis convaincue et il y a quand même beaucoup de choses qui abondent dans ce sens. C'est certain, c'est un outil d'oppression de toute façon.

  • Speaker #0

    Et du coup, j'ai fait beaucoup de liens avec ça, énormément de liens avec ça. Et c'est vrai que ça m'a beaucoup aidée. Et là, maintenant, je dirais que ça va mieux quand même. Vraiment. je reprends du poids, là je suis sur la pente ascendante j'ai toujours pas retrouvé le poids d'avant grossesse encore mais ça ne stagne plus c'est plutôt sur la pente ascendante et effectivement j'ai des journées très remplies et du coup j'essaie de me faciliter vraiment la tâche sur tout ce qui est alimentaire donc oui effectivement des fois ça m'arrive d'acheter des gnocchis à poêler et... de commander chez Thierry et je me dis, te prends-moi la tête là-dessus. Clairement, c'est le temps que j'ai, je veux le consacrer à autre chose qu'à préparer mes tupperwares ou à faire ma liste de courses ou à peser tous les ingrédients. Donc, je vais à la facilité aussi. Des fois, quand c'est des plats qui sont déjà préparés, ça me convient très bien. Quand c'est facile, ça me convient très bien. Et voilà, je préfère passer du temps de qualité avec mon fils. Pouvoir m'investir dans mon travail aussi, parce que là, j'ai un poste qui me tient à cœur. Et ça a beaucoup plus de valeur pour moi que de compter mes calories sur une application, parce que ça aussi, ça me prenait du temps précieux dans ma journée. Et puis, j'observe beaucoup aussi. Et là, j'ai un garçon qui grandit, qui est plein de vie, et qui est lui... Alors, j'ai beaucoup de personnes qui me disent, mais dis donc, il mange énormément ton fils. Je dis, ben, il mange à sa faim, tout simplement. C'est vrai que c'est un petit garçon qui bouge tout le temps, qui fait très peu de siestes, qui est très grand et qui a des besoins, effectivement, importants. Donc oui, quand il a faim, je lui redonne à manger, tant pis. Parce que lui, de toute façon, il n'est jamais vraiment grognon. Il pleure que quand il a faim. Donc je sais, et depuis qu'il est tout bébé, c'est comme ça. À la maternité aussi, même quand il ne pleurait jamais, il ne pleurait que pour réclamer à manger. Donc quand il pleure, je sais que ça ne va pas, je sais que c'est la fin. Ou alors vraiment quand il a mal, quand il fait ses dents, d'accord, là il va pleurer, mais là, quand il a faim, il a faim. Et lui, il sait s'écouter. et des fois, ce n'est pas l'heure exacte. Mais ce n'est pas grave. Oui,

  • Speaker #1

    ça t'amène la flexibilité.

  • Speaker #0

    Je pense que la maternité, ça m'a ébranlée physiquement, mais ça m'a beaucoup aidée à avancer aussi. Parce que je le vois l'agrandir, je l'observe beaucoup et je me dis j'aimerais retrouver cet état si instinctif qu'ont les bébés de de manger quand ils ont faim, de s'arrêter quand ils ont plus faim. Voilà, parce qu'il sait très bien me dire aussi quand il a plus faim. Et voilà, et je force pas. Et de me dire que, bah oui, lui, il s'écoute vraiment, quoi. Et on a oublié ça, on a tous oublié ça en tant qu'adultes.

  • Speaker #1

    Pas tous, pas tous.

  • Speaker #0

    Pas tous, non. Il y a beaucoup d'hommes qui restent mangeurs intuitifs. Oui, c'est vrai.

  • Speaker #1

    C'est pas un hasard.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Oui, mon conjoint est très mangeur intuitif. Oui, ça, c'est sûr.

  • Speaker #1

    Et les enfants, c'est complètement dingue parce que c'est vraiment à la bouchée près. Un enfant, il ne peut manger que la moitié d'un bonbon, laisser une bouchée de gâteau, même sur le sucre, contrairement à ce qu'on lui martèle. Oui.

  • Speaker #0

    C'est vrai. Non, parce que... Et puis même, des fois, il n'a plus envie de quelque chose, mais il va avoir envie d'autre chose.

  • Speaker #1

    Et oui.

  • Speaker #0

    Et voilà.

  • Speaker #1

    C'est un petit spécifique.

  • Speaker #0

    Et c'est tout, quoi. Et du coup, ça ne veut pas dire que... Enfin, voilà, moi, j'entends encore des discours de certains parents qui vont dire à leur enfant, si t'as besoin plus faim pour leur pain, pas de dessert. Mais non, peut-être qu'il a plus faim pour ses pommes de terre, mais il a peut-être envie de son petit yaourt à la fraise pour être complètement rassasié. Mais malheureusement, j'en entends tout le temps des discours comme ça. Et en étant enseignante, en entendant les parents aussi discuter à la sortie de l'école, etc., ça me fait mal des fois d'entendre certains parents. Ça me fait mal de me dire que... Non, mais je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces choses-là. Je ne veux plus entendre ces mamans qui disent que pour le goûter, il est hors de question qu'on t'achète des biscuits pitch. Non, non, non, on fera tout maison. Et puis, c'est industriel, c'est bourré d'additifs, c'est mauvais, c'est mauvais. De diaboliser tout comme ça, tout le temps, ça me fait mal, en fait. Parce que c'est ce qu'on a fait tout le temps quand j'étais enfant. Et je me dis, comment voulez-vous ? que ce soit des enfants avec un comportement alimentaire serein parce qu'il n'y a aucun aliment qui est mauvais en soi. Et en grandissant, ils jetteront peut-être sur ces pitchs-là qu'ils n'ont jamais pu manger quand ils étaient petits. Alors qu'en soi, s'ils les avaient juste introduits dans leur alimentation, ça aurait été tout à fait équilibré. Je me suis toujours dit que je n'interdirais jamais rien à mon enfant et que de lui-même, je sais qu'il saura. de toute façon s'arrêter quand il faudra s'arrêter donc ouais ça m'a quand même beaucoup apporté cette maternité là, vraiment et il y a encore des choses à travailler mais je me sens sur le bon chemin ça c'est sûr trop bien,

  • Speaker #1

    t'as parlé de pas mal de choses qui t'ont aidé, moi j'ai entendu plein de choses que t'es venue spontanément apporter du coup moi la dernière question que j'ai envie de de te poser pour ce podcast, c'est de savoir ce que tu aurais envie de dire aux personnes qui sont en souffrance actuellement dans la relation à leur corps, à leur alimentation, peu importe finalement où elles en sont, mais toi, qu'est-ce que tu as envie de transmettre comme message ?

  • Speaker #0

    Se faire accompagner, ça c'est certain. Je veux dire, on ne peut pas s'en sortir seule. Je l'ai cru souvent que je pouvais m'en sortir seule, que j'étais plus forte que tout, que... J'avais une volonté de faire et que si je voulais m'en sortir, je m'en sortirais. Mais non, ce n'est pas un aveu de faiblesse de demander de l'aide, au contraire. Moi, je suis toujours accompagnée maintenant et je pense que je le serai encore pendant plusieurs années. Et que tout n'est pas qu'une question de poids aussi sur la balance. Et qu'on est légitime à demander de l'aide, même si on a un poids soi-disant normé, entre guillemets. On peut être en souffrance, même si d'un point de vue extérieur, on semble aller bien physiquement. Et puis lire beaucoup aussi. Moi, je sais que mes lectures m'ont beaucoup aidée, vraiment. Je sais que le livre de Mona Chollet, ou même le livre Mangeuse aussi, de Lorraine Malka. Il y a un autre livre aussi que j'avais... apprécié, je ne sais plus le nom malheureusement je ne sais plus en tout cas il y a beaucoup de lectures féministes sur ce sujet et j'invite tout le monde à jeter un coup d'oeil et si jamais les gens ne sont pas trop lecteurs, les podcasts moi aussi les podcasts ont beaucoup été pas forcément que les témoignages aussi, tout ce qui est scientifique aussi, parce que ça remet un petit peu les choses dans son contexte et toutes nos fausses croyances aussi sont un peu balayées d'un verre de la main, parce que si on s'appuie vraiment sur des faits scientifiques, on se rend compte qu'on nous martèle beaucoup de choses fausses et que voilà... que si on revient un petit peu à l'essence même de comment fonctionne le corps, on n'est pas obligé de subir toutes ces injonctions-là, en fait, et de s'auto-flageller, entre guillemets, en s'imposant des choses qui n'ont pas lieu d'être, tout simplement. Donc, voilà ce que je pourrais dire.

  • Speaker #1

    Et puis,

  • Speaker #0

    regardez les enfants aussi. Observez les enfants, beaucoup.

  • Speaker #1

    Oui, c'est vrai.

  • Speaker #0

    Observez les enfants et puis voyez comment... Comment ils se comportent aussi sur le plan alimentaire pour les enfants qui ont une alimentation régulée ? Parce qu'on sait bien que certains ne l'ont pas.

  • Speaker #1

    On peut être dérégulé très vite.

  • Speaker #0

    On peut être dérégulé très vite, comme je l'ai été. Mais de juste les observer et de se dire que c'est ça, en fait, un comportement alimentaire sain. C'est un comportement alimentaire assez instinctif, entre guillemets.

  • Speaker #1

    Écoute, un immense merci pour tout ce que tu nous as partagé. Aujourd'hui, tous ces morceaux de toi, c'est un récit, comment dire, intime aussi, tu vois, quelque part, t'as livré de toi. Donc, merci beaucoup pour ça. Merci pour aussi le partage de tout ce qui t'a aidé sur ton parcours. T'as parlé de plein de difficultés, mais aussi de tout ce qui a pu t'aider, de choses que tu mets encore en place aujourd'hui. Je pense que c'est hyper riche. Donc, voilà, merci beaucoup.

  • Speaker #0

    Merci à toi. C'était un peu un honneur pour moi. De participer au podcast, vraiment.

  • Speaker #1

    Ecoute, trop bien, avec grand plaisir. À très bientôt.

  • Speaker #0

    À bientôt.

  • Speaker #1

    Un grand merci à toi qui est encore là à la fin de cet épisode. Comme je te le dis souvent, ton soutien est super important. C'est même ça qui permet au podcast d'exister encore aujourd'hui. Alors, si mon contenu t'apporte de l'aide d'une quelconque manière que ce soit, sache que tu peux m'en redonner à ton tour. Pour ça, il y a plusieurs façons de faire. Tu peux tout d'abord partager le podcast. en parler autour de toi, à tes proches, mais aussi à des professionnels. Tu peux laisser 5 étoiles, notamment sur Spotify ou Apple Podcast, ou laisser ton meilleur commentaire. Mais depuis peu, j'ai aussi apporté une nouveauté qui te permet de me soutenir encore plus concrètement avec de l'argent. Effectivement, tu trouveras en description de cet épisode un lien qui te permettra de faire un don à la hauteur de ce que tu trouves que ce podcast t'a apporté. Merci, merci beaucoup. C'est grâce à ton soutien que ce travail va pouvoir continuer. Je te souhaite de prendre soin de toi autant que ce sera possible. Et je te dis à très bientôt sur un nouvel épisode. Ciao.

Chapters

  • Présentation de Marion

    01:27

  • Son rapport au corps et à l’alimentation dans l’enfance

    03:33

  • L’étape du collège et le début de l’hyperphagie

    09:20

  • Le virage vers l’anorexie

    20:08

  • TW mention de violences sexuelles

    37:59

  • La fin des hospitalisations

    42:01

  • Comment elle va sur ces derniers mois

    58:51

  • Ce que Marion aimerait vous dire

    01:13:28

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