Speaker #0Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Milsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.mtca. Très belle écoute. Bienvenue dans ce nouvel épisode où j'ai eu envie de partir d'une question qui m'a été posée. C'est quoi le féminisme ? Et j'avoue que c'est quand même hyper complexe de répondre à ça. Et donc je me suis dit que déjà je pouvais amener des définitions... un peu basique du féminisme. Je n'irai pas plus loin que le basique parce que ce n'est pas mon domaine d'expertise. Je m'y intéresse beaucoup, mais il y a tellement de personnes qui font des podcasts géniaux, du contenu génial sur Insta autour de le féminisme vraiment et c'est quoi. Que je ne vais pas m'amuser à aller là-dessus, ce sera forcément moins bien, ce n'a pas d'intérêt. Par contre, ce que je trouve intéressant, c'est de pouvoir vous dire quelque chose de... Pourquoi j'en parle moi ? Et d'ailleurs, spoiler alert, je vais en parler de plus en plus sur Instagram, parce que ça m'anime de plus en plus, parce que je me rends compte aussi qu'on n'est pas informé massivement sur ce qu'est le féminisme et sur à quoi ça sert, parce que c'est ça qui est important. Et surtout, donc moi, je vais m'arrêter sur à quoi ça peut servir quand on souffre de troubles alimentaires, en quoi ça peut être utile de s'intéresser au féminisme. Et pourquoi le féminisme a des choses à apporter, a déjà beaucoup apporté à la société autour du rapport au corps de la femme ? Et qu'est-ce qu'il peut nous apporter ? Et aussi à un niveau individuel. Si toi qui m'écoutes, t'es en bataille avec ton corps, avec ton alimentation, ou à moi, t'intéresser au féminisme, lire des bouquins, écouter des podcasts, c'est quelque chose qui déjà en soi peut être thérapeutique et peut vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup t'apporter. Ok, on va partir sur la définition du féminisme. J'ai trouvé sur un site, en fait j'ai trouvé sur Oxfam France, des définitions que je trouve pas mal parce qu'en fait ils en donnent trois. Donc, ils disent qu'on définit le féminisme comme un ensemble de mouvements et d'idées philosophiques qui partagent un but commun, définir, promouvoir et atteindre l'égalité politique, économique, culturelle, sociale et juridique entre les femmes et les hommes. On peut aussi le décrire comme un mouvement pour l'égalité des droits juridiques, politiques, sociaux et économiques entre les femmes et les hommes. Ou alors encore, on peut aussi parler d'un mouvement militant, je trouve ça intéressant que là il y ait le côté militant, pour l'amélioration et l'extension du rôle et des droits des femmes dans la société. Il a pour objectif de promouvoir le mieux vivre ensemble à travers l'égalité entre les femmes et les hommes. Je trouve que déjà il y a plein de choses importantes qui viennent contredire ce que peuvent amener les masculinistes en face. Les masculinistes ont l'impression de se positionner en réponse au féminisme, alors qu'en fait, je veux dire, le mouvement masculiniste promouvoit la place de l'homme, l'homme archaïque, l'homme dans la société patriarcale très basique. Et il n'y a pas du tout de notion d'égalité, de mieux vivre ensemble. Il y a une notion d'écrasement, de c'est moi l'homme, je suis au-dessus, t'es la femme, tu sers à faire à bouffer, et voilà, il y a quelque chose de très... Comment dire, d'un énorme retour en arrière aussi par rapport à ces discours-là. Mais je veux dire, là, on voit bien que le féminisme, il n'y a pas de notion de renversement de pouvoir, comme le disent pas mal d'hommes, en fait. Moi, sincèrement, j'ai discuté avec des hommes de tous âges, de tout horizon, et c'est un truc qui ressort beaucoup. Oui, mais en fait, vous voulez juste inverser le pouvoir. Non, non, non. En fait, on veut juste rééquilibrer les choses et mieux vivre ensemble. Mais bon, on va y venir. En fait, je crois qu'il est surtout question de beaucoup de privilèges et qu'il est surtout beaucoup question de ça. Moi, je les trouve assez pas mal, assez basiques, ces définitions. Je dirais qu'il manque la notion d'intersectionnalité. Je pense qu'il manque la notion des féminismes. Le féminisme a beaucoup évolué. On parle de plusieurs vagues. Si ça vous intéresse, je vous conseille d'aller peut-être lire là-dessus. Encore une fois, je ne suis pas une experte. Mais c'est intéressant de voir ce que chaque vague de féminisme a amené et ce que chaque vague visait. Et donc effectivement, on peut bien entendu imaginer que les premières vagues du féminisme, alors que la femme n'avait même pas son compte en banque, n'avait pas le droit de vote, pas le droit de travailler, etc. Les luttes ne sont plus tout à fait les mêmes aujourd'hui, mais elles ne sont pas moins importantes en fait. Il faut aussi avoir en tête que tout ce qui a été acquis peut disparaître. On le voit énormément autour de nous. avec de plus en plus d'endroits où l'avortement n'est plus quelque chose de légal, n'est plus autorisé. Et on l'a vu dernièrement avec une personne présente au gouvernement américain qui parle d'enlever le droit de vote aux femmes. Donc rien n'est jamais complètement acquis. Et quand on dit que le féminisme aujourd'hui ne sert plus à rien, c'est n'importe quoi. Déjà parce que rien n'est acquis et aussi parce qu'il y a plein de choses qui n'ont jamais été acquises. En fait, il y a encore énormément de choses qui ne vont pas. Donc attention à ça et attention à ce côté intersectionnel aussi de pouvoir prendre en compte toutes les franges qu'il est nécessaire d'avoir dans le féminisme. Je crois que la question de la lutte féministe, c'est la question des oppresseurs et des oppressés, des dominants et des dominés. C'est la question des privilèges. Pareil, si ça vous intéresse, je vous conseille d'aller voir ce qu'on appelle la roue des privilèges. Je trouve que c'est très intéressant à regarder. dans notre société actuelle avec son fonctionnement, les personnes les plus privilégiées, donc pour lesquelles, bah ouais, la vie sera facilitée, si je dois le dire très basiquement. Les personnes qui sont tout en haut, ça va être les hommes blancs hétérosexuels, cisgenres hétérosexuels, voilà. Moi, en tant que femme blanche, j'ai déjà plus de privilèges qu'une femme racisée. J'ai beaucoup plus de privilèges qu'une femme trans. Et donc c'est en ça qu'il ne faut pas oublier toutes les franges du féminisme et qu'il ne faut pas non plus se perdre dans son propre vécu et dans sa propre réalité. Une autre chose évidente, j'ai beaucoup plus de privilèges en tant que femme blanche mince qu'une femme blanche grosse, mais une femme blanche grosse a plus de privilèges qu'une femme grosse racisée. Donc en fait, vous voyez... Je crois que de toute façon, quand on commence à vouloir s'intéresser à ce type de lutte, parce qu'en fait c'est une lutte, et c'est pour ça aussi que j'aime bien la définition d'avant qui parle de militantisme, il n'y a pas de féminisme sans militantisme. Ça m'est arrivé dans une discussion qu'un homme me reproche la façon d'amener les choses qui, selon lui, étaient trop punchy. qu'il faudrait que j'y aille avec plus de douceur. Alors, on va en reparler, la douceur attendue des femmes. Et voilà, le mec, il est juste en train de reproduire le système en me disant ça. Mais je lui ai dit, mais tu crois vraiment que les femmes ont obtenu le droit de vote avec la douceur ? En fait, le militantisme, il est important. Et ça ne fait pas de nous des hystériques. Je fais des guillemets, vous ne pouvez pas le voir dans le podcast, mais on va y revenir aussi sur cette notion d'hystérie, cette prétendue hystérie. En tout cas, voilà, c'est important. quand on veut se lancer dans cette lutte, dans ce militantisme, tout ça, d'avoir notion de cette question des privilèges, de ne pas oublier d'élargir le prisme et pas seulement à soi, parce que malheureusement, on voit un pseudo-féminisme d'un entre-soi de femmes blanches privilégiées et qui d'ailleurs, enfin je dis pseudo-féminisme parce que féministes d'extrême droite, ça ne va pas trop ensemble. Donc voilà, vous voyez peut-être de quel groupe je parle. Et si ce n'est pas le cas, peut-être vous verrez plus tard. Mais voilà, attention à ça. Je trouve qu'il manquait ça dans cette définition. En tout cas, moi, c'est ce qui me semble important. Ma façon d'être féministe, c'est de lutter pour des droits féminins. Donc oui, je suis dedans. Mais en fait, j'élargis mon prisme et je vois aussi, moi, les privilèges que j'ai. Et c'est très important parce que ça me permet de ne pas oublier celles qui n'ont pas ces privilèges-là et de pouvoir ajuster aussi mes propos. À mon sens, il y a un truc qui est le terreau et la base de ce qu'on vit, des discriminations que vivent les femmes depuis toujours et encore aujourd'hui, et il s'appelle le patriarcat. C'est vraiment la base de fonctionnement de notre société et c'est, à mon sens... Un des éléments, j'allais dire l'élément contre lequel il faut lutter, mais on pourrait en amener d'autres. On pourrait parler du capitalisme. Mais en fait, ce sont des frères jumeaux. Patriarcat, capitalisme, c'est vraiment des choses qui fonctionnent de pair. Mais en tout cas, le patriarcat... est le système de domination en place, le système de domination masculine qui est en place depuis des centaines d'années et qui concrètement nous pourrit la vie. Je vais essayer dans un premier temps de vous donner des exemples de ce qui pourrit la vie des femmes dans ce système patriarcal, puis dans un second temps, je vous ferai le lien avec les TCA. En quoi tout ce système et ces choses qui nous pourrissent la vie ? nous emmène droit vers les TCA. Et donc, en quoi c'est intéressant de voir tout ça, d'ouvrir les yeux là-dessus, pour sortir des TCA, pour soit en sortir, mais aussi faire en sorte que les générations futures tombent beaucoup moins dans les troubles alimentaires. Le premier truc qui me vient pour parler de cette problématique patriarcale et de ce que ça inculque aux femmes depuis toujours, c'est la femme-objet. Le patriarcat fait de la femme une chose. Un corps avant tout, un corps qui va être objet pour l'homme, objet de plaisir, mais objet aussi de reproduction. En fait, tout est beaucoup tourné autour de ça pour la femme. Et donc voilà, le corps-objet. Et le corps-objet, je veux dire, on n'attend pas qu'on soit adulte pour nous apprendre que notre corps est un objet. Depuis qu'on est petite, on ne nous éduque pas de la même manière que les garçons. Il y a des études qui sont menées sur le sujet. si ça vous intéresse, je ne vais pas toutes les citer ici. Je peux vous citer un livre qui s'appelle Comment le sexisme vient aux enfants et qui est très intéressant et qui parle de plein de facettes du sexisme parce qu'il n'y a pas que le rapport au corps, il y a aussi comment on nous emmène vers des métiers, comment on nous apprend qu'on est soi-disant doué dans certaines matières et nul dans d'autres. Et en fait, tout ça... C'est très structurel, c'est très ancré dans la société. Et en fait, on nous met dans des cases depuis petit. Tout est très genré, les jouets sont très genrés, les attentes qu'on a des enfants, elles sont très genrées. On attend d'un petit garçon qu'il soit plein de vie, qu'il bouge dans tous les sens, qu'il soit très à l'aise dans son corps, qu'il soit sportif. On attend d'une petite fille qu'elle ne bouge pas, qu'elle soit douce et gentille et jolie. C'est le compliment qu'on fait le plus. aux petites filles, le fait qu'elles soient jolies. On leur parle de leur physique et de leur tenue. Et ça, c'est quelque chose qui s'inscrit très très tôt, dès l'enfance. Et donc, en fait, ça nous emmène vers ce corps-objet, vers le fait qu'on nous apprend aussi à regarder notre corps, à le maîtriser, à faire en sorte de toujours bien se tenir, de ne pas être tâché, de ne pas être débraillé. de manger proprement aussi donc il y a quelque chose qui nous inculque à un peu sortir de notre corps pour nous regarder fonctionner pour s'assurer d'être toujours bien comme il faut là où on apprend aux garçons à vivre pleinement dans son corps ne pas être dans cette auto observation mais plutôt l'observation le garçon va observer la fille du coup il ya cette espèce de jeu avec de gros guillemets qui se met en place très tôt donc voilà le corps objet c'est quelque chose qui est C'est fondamental, je dirais, dans le patriarcat, le corps-objet de la femme. Je veux dire, regardez les publicités, même aller sur les réseaux, voilà. Le corps-objet, on est dans les fondements de notre société. Le corps-objet féminin, relié au patriarcat et qu'on nous apprend depuis petite. Comment ne pas parler aussi du patriarcat sans les clichés sexistes qu'il véhicule ? Une femme est vénale. Une femme est complètement hystérique. Une femme est menteuse. Le côté... histérique nous vient de la psychanalyse de ce cher Freud. Je vous invite aussi à vous renseigner et là, pour le coup, je vous conseille le podcast qui s'appelle Méta de Choc et qui a fait toute une série d'épisodes sur la psychanalyse. Et donc, tout ça, c'est très très bien décortiqué, ce rapport aux femmes et cette construction de la psychanalyse qui nous poursuit encore. Évidemment, il y a des choses qui bougent et l'arrivée des TCC a fait beaucoup de bien en France, mais on a toujours des praticiens qui sont accrochés à la psychanalyse et qui font encore beaucoup de mal. Beaucoup de mal aux femmes qui souffrent de troubles alimentaires, beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup de mal aux femmes victimes de violences sexuelles. Et c'est inadmissible, insupportable. En fait, l'hystéride ne devrait plus être... utilisées aujourd'hui parce que c'est des choses qui ont été démontées depuis. Si vous n'avez pas la référence, on parle d'hystérie comme d'une pathologie purement féminine. Pour cause, même le mot qui a été inventé vient de hystère qui veut dire utérus dans le langage médical. On est sur une pathologie qui serait purement féminine et en fait ça a été complètement remis en cause. C'est quelque chose qui n'a pas de fondement, de fondement scientifique. On ne devrait plus parler d'hystérie aujourd'hui. Mais en fait ça renvoie à l'idée qu'une femme ne sait pas gérer ses émotions. Une femme est complètement débordée. Quand on parle d'une féministe, on va dire qu'elle est hystérique, qu'elle crie, qu'il y a quelque chose comme ça qui est toujours remis sur le dos des femmes. cliché sexiste et qui nous empêche de pouvoir prendre la parole sereinement en étant écouté jusqu'au bout, en étant prise en compte. La parole de la femme est toujours minimisée, enfin voilà, il y a toujours un truc, c'est moins important que ce que va dire un homme. Parlons du patriarcat, parlons des agressions sexuelles. Les agressions sexuelles ne sont pas le fait de quelques malades marginaux dans notre société, bien au contraire. Les agressions sexuelles sont le fait d'hommes tout à fait intégrés dans notre société et pour cause. Ce système de domination par l'agression et l'agression sexuelle sur les femmes notamment, pas que, mais quand même principalement, est un système systémique, puisque c'est un système, c'est quelque chose qui est dans le fondement de notre société. C'est-à-dire que ça participe à l'écrasement. et à la domination. Oui, parce que une agression sexuelle n'est pas une question de relation sexuelle, mais est comme son nom l'indique, une agression, et est donc une question de domination, d'écrasement de l'autre. On ne parle pas de désir, de choses comme ça, non. C'est pour ça qu'il n'est jamais question de comment t'étais habillée, est-ce que c'est pas un peu de ta faute, est-ce que voilà ? Non. Il est question de domination et d'écrasement, et c'est important. d'entendre ça. Ayez en tête qu'une femme sur deux vit une agression sexuelle dans sa vie. Ayez en tête que dans 91% des cas, la femme connaît son agresseur. Donc encore une fois, c'est pas le marginal que tu croises dans la rue, qui est complètement cinglé. Non, c'est des mecs de ton entourage, plus ou moins proches. Là, j'ai parlé vraiment des trois principaux piliers du patriarcat. de ce que fait vivre le patriarcat aux femmes, mais on peut en amener plein d'autres, des inégalités. Regardons le travail et le fait qu'à compétence égale, une femme est toujours moins payée qu'un homme. Je vous invite à ouvrir l'œil, et là c'est au mois de novembre, je ne sais plus quel jour exactement, mais en fait il y a un jour au mois de novembre à partir duquel les femmes travaillent sans être payées, finalement, par rapport aux hommes. Voilà, n'hésitez pas à relayer ces informations-là quand vous les voyez passer, parce que ce sont des choses qu'on ignore ou qu'on étouffe, j'en sais rien. Encore une fois, on n'est pas du côté des dominants. Donc en fait, quand on essaie de relayer ce genre d'infos, les dominants n'ont pas envie qu'on les relaie, parce que les dominants n'ont pas envie de perdre leurs privilèges, parce que c'est confortable d'être dans une société où on est celui qui domine et qui possède tout. les privilèges. Donc le travail, je veux dire, regarder le système politique, voilà, mais comment ne pas parler aussi de la contraception ? Comment ne pas parler de la contraception ? Nous ne sommes fertiles que quelques jours par mois et nous portons la charge de la contraception depuis toujours, ok ? Les hommes n'ont pas à se soucier de la contraception alors qu'ils sont fertiles 100% du temps. Là, ça y est, une pilule masculine est sortie, continue d'être testée, et elle a été testée sur les animaux, mais elle continue maintenant d'être testée sur les humains. C'est une pilule. Alors je ne sais plus comment exactement elle fonctionne, mais en fait, il y a quelque chose qui vient bloquer la production de spermatozoïdes sans aucune hormone, sans aucun impact hormonal. C'est-à-dire qu'on va être très clair, la pilule hormonale pour les hommes, elle existe depuis longtemps. Mais c'était hors de question qu'ils vivent les impacts. hormonaux que nous nous vivons. Ça n'est pas grave que nous, ça touche à notre libido. Ça n'est pas grave que ça puisse augmenter le risque de maladies cardiovasculaires, le risque de dépression, le risque de tout ce que vous voulez. Ça n'est pas grave chez une femme. Chez un homme, ce n'était pas possible. Donc cette pilule-là n'a jamais vu le jour. Voilà, des inégalités, on en a plein. Parlons de la façon dont on... qui vit dans l'espace partagé, l'espace sociétal en fait. Est-ce qu'une femme se promène dans la rue de la même manière qu'un homme ? Est-ce qu'un homme a peur quand il sort seul le soir ? Est-ce qu'un homme se demande comment il doit s'habiller ? Est-ce qu'un homme emmène une deuxième paire de chaussures pour être sûr de pouvoir courir plus vite si jamais il se fait agresser et poursuivre ? Les inégalités sont partout. C'est ahurissant quand quelqu'un ose dire qu'on n'a plus besoin du féminisme aujourd'hui. Il faut vraiment ne pas chercher à se mettre cinq minutes à la place d'une femme pour dire ça. Ok, c'est quoi le lien avec les TCA ? Peut-être que là, c'est pas encore assez clair pour toi qui m'écoutes et tu te dis « Ouais » . « Ok, j'entends ces trucs-là, mais pourquoi du coup ça fait qu'on est plus touché par les TCA ? » Parce que, je ne sais pas si vous le savez, mais aujourd'hui encore dans les études les plus récentes qu'on a, on sait que chez les personnes qui souffrent de TCA, quand on prend l'ensemble des personnes qui souffrent de TCA, 90% sont des femmes. Bien sûr que ce chiffre, on peut prendre un peu de recul, parce que peut-être que c'est plus difficile pour les hommes d'aller nommer qu'ils ont un TCA. Mais il y a aussi plein de femmes qui ne sont pas comptées dans ce chiffre-là, qu'on soit bien d'accord. Il y a plein de femmes qui ne pensent pas avoir un TCA alors qu'elles vivent avec depuis des années. Moi, j'en rencontre tous les jours. Et on sait aussi que dernièrement, il y a des injonctions qui se sont renforcées autour du corps des hommes, notamment avec la mode de la musculation. Et on peut imaginer que dans quelques années, ces études-là montreront une hausse du nombre d'hommes. Mais même si c'est en hausse, je veux dire, aujourd'hui, on est sur 90%. Voilà. Et ce n'est pas pour rien. Pourquoi ? La première raison, je reviens sur le corps objet de la femme. Les injonctions sur le corps des femmes, ça fait des centaines d'années, vraiment. C'est-à-dire qu'on sait que les femmes, à la cour du roi au XVIIIe siècle, donc les femmes plutôt aisées, avec de l'argent, etc., mangeaient de la craie pour essayer de se couper l'appétit. C'est pas pour rien qu'on a les corsets qui sont arrivés. Les corsets, ils étaient là. Pour rendre les femmes plus minces au niveau de la taille, il fallait avoir des hanches larges, mais avec une taille toute fine. Donc les injonctions sur le corps de la femme, ce n'est pas nouveau. Ça fait des centaines et des centaines d'années qu'on se coltine ce truc-là. Et bien sûr que ce n'est pas sans conséquences. Bien sûr, on ne peut pas juste grandir dans notre corps en vivant ce qu'on a à vivre. On passe notre temps à devoir regarder notre corps, le juger, les pieds, le contrôler. Donc il y a... Des injonctions associées à un culte de la minceur dont découle le culte de la diète et de devoir faire attention à tout ce qu'on mange, qui se transmet entre femmes de génération en génération en génération. Quand tu vois ta mère passer son temps à faire attention à ce qu'elle mange, c'est compliqué d'imaginer que tu vas manger librement quand tu seras toi aussi adulte. Donc ça, c'est vraiment un vecteur fort de troubles alimentaires. En fait, ça commence par les injonctions sur le corps. Le fait que ça transmette beaucoup d'insatisfaction corporelle. Et derrière, on cherche à contrôler ce qu'on mange pour contrôler son corps. Le fait que la femme doive plaire à l'homme. On nous apprend ça depuis petite. D'ailleurs, on nous apprend même à subir des violences dès petite, sous couvert de « non mais il t'aime bien » . Vous connaissez le « qui aime bien châtie bien » . C'est insupportable. Il y a un garçon qui t'embête à l'école, qui soulève ta jupe. Vous regardez ta culotte, ce qui est une agression. Ce qui est une agression, qu'il t'enferme dans les toilettes ou je ne sais pas quoi, ce sont des agressions. Et on va te dire, oui, mais c'est parce qu'il est amoureux de toi, il t'aime bien. Donc en fait, tranquille, au calme, on vient normaliser des violences. Et te dire que c'est comme ça que ça se passe entre hommes et femmes. Et on vient te dire aussi que, attention à toi d'être gentille, jolie. En fait, il ne faut pas se rebeller, il faut être gentil avec les garçons. Il faut être jolie. Le nombre de nanas qui ont entendu ça. qu'il fallait pas grossir, sinon on trouverait jamais de mari. Donc en fait, le but d'une nana, c'est de trouver un mari. Le but d'une nana, déjà, c'est d'être hétérosexuelle, visiblement. C'est de trouver un mari, et pour ça, faut être jolie, faut être mince, faut être gentille, faut être douce, faut être docile, tout ce que vous voulez. Et en fait, il y a aussi un truc en lien avec tout ça, qui fait que, je reprends mon exemple du petit garçon qui soulève ta jupe, en fait, on vient de dire, mais non, mais c'est parce qu'il t'aime bien, tout ça. Et en fait, on t'apprend... à ne pas écouter ce que toi ça te fait ressentir et on t'apprend limite à culpabiliser de ce qui t'arrive très très tôt. Parce qu'en fait en tant que femme on nous apprend à nous remettre en question tout le temps. On nous apprend à nous suradapter sans cesse à la société et aux hommes du coup et on nous apprend à nous remettre en question continuellement. Et ça c'est quelque chose qui va jouer un rôle énorme. La culpabilité c'est une émotion très très très très féminine. C'est une émotion humaine, on est bien d'accord. et c'est utile, à moins que tu aies un fonctionnement complètement pervers. t'es capable de ressentir une forme de culpabilité et c'est censé pouvoir te guider, en fait, dans tes choix, pour être en accord avec tes valeurs, etc. Sauf que, chez la femme, la culpabilité, elle est partout, tout le temps, tout est toujours de ta faute, et même quand on vient t'agresser, et même quand on te parle mal, et quand ton corps n'est pas comme il faut, etc. Et d'ailleurs, oui, si un homme t'agresse, finalement, c'est peut-être un peu de ta faute. Et puis, comment te croire quand un homme t'agresse ? puisque les clichés sexistes véhiculés par le patriarcat sont le fait que les femmes sont des hystériques et des menteuses. Et je vous rappelle qu'elles sont vénales, elles en veulent à l'argent des hommes. Parce que les femmes ne sont sans doute pas assez intelligentes pour gagner leur propre argent. Ça n'a rien à voir avec des inégalités, c'est juste que les femmes ne sont pas assez intelligentes. Donc elles en veulent à l'argent des hommes. Donc elles vont les accuser à tort d'agression sexuelle pour récupérer de l'argent. Voyez tout le système. Et donc... En quoi tout ça, ces vecteurs de TCA ? Déjà, les agressions sexuelles sont... Les agressions tout court et les agressions sexuelles sont de grands vecteurs de troubles alimentaires. On estime que chez les personnes qui souffrent d'un trouble alimentaire, 70% d'entre elles ont vécu des agressions. Donc c'est énorme, en fait. Et puis, comment être sereine avec toi-même, avec tes émotions, avec ce que tu vis ? Quand finalement, on te renvoie que ce que tu ressens, ce n'est pas légitime, on te renvoie que tu es une menteuse, on te renvoie que tu es hystérique, que tu ne sais juste pas gérer tes émotions. En fait, il y a une sorte de lutte interne qui s'installe chez beaucoup de femmes aussi, entre ce qu'on ressent, ce qu'on nous demande de laisser transparaître à l'extérieur, et ce qu'on vient nous dire qui est normal ou pas normal. Et cette lutte interne... elle peut vraiment amener à des désordres alimentaires. Parce qu'à un moment donné, il faut s'y trouver une béquille. Et puis bon, c'est peut-être pas la pire, en fait, la béquille de la bouffe. De, comme on dit, je mets des normes guillemets, gérer tes émotions avec la nourriture. Et au-delà du côté émotionnel, il faut bien imaginer que quand tu es dans un corps qui a vécu des agressions, il est difficile de prendre soin de lui. Il y a beaucoup, beaucoup de femmes qui... s'en veulent, mais qui en veulent à leur corps en fait, quelque part. Ce corps, c'est le vecteur du plus gros trauma de ta vie. C'est quand même compliqué d'être sereine avec. Parce que ce trauma est arrivé par ce corps, et que quelque part, t'en veux un peu à ce corps. Parce que ça aussi, c'est le patriarcat qui t'apprend que finalement, c'est pas le système qui est pourri, c'est pas les agresseurs qui sont complètement déconnants. Si tu t'es fait agresser, c'est parce que ton corps était trop ceci, trop cela, ta tenue était trop ceci, trop cela, t'as pas fait ci, t'as pas fait ça, t'étais là au mauvais endroit, pourquoi t'étais là à cette heure-là, etc. Il y a un côté un peu « tu l'as bien cherché » , tu vois. Donc derrière, il faut vivre quand même dans ce corps. Et je crois que c'est pour ça aussi qu'il y a beaucoup de troubles alimentaires, c'est parce qu'il peut y avoir un rejet de ce corps-là, une difficulté à pouvoir en prendre soin, une culpabilité portée par ce corps-là. Il peut aussi y avoir la volonté de reprendre le pouvoir, reprendre le contrôle sur ce corps en fait, et aussi reprendre le contrôle dans le but de ne peut-être plus subir ce type d'agression. Il peut y avoir la volonté de se déconnecter complètement de ce corps, de n'être plus qu'une psyché en fait. Et en tout ça, les troubles alimentaires sont la pathologie toute trouvée. Les troubles alimentaires sont très reliés et moi ça me semble assez facile à le concevoir, mais ce sont des troubles. très, très relié au trauma et notamment au trauma sexuel. Pourquoi le féminisme peut beaucoup t'apporter si tu es en guérison de troubles alimentaires ? Déjà, c'est prendre conscience que ce n'est pas juste toi. Il y a ton histoire, c'est une évidence. Le trouble alimentaire, il est multifactoriel et il y a l'histoire que tu as vécue. Mais peut-être même que ton histoire, elle est aussi très... très relié au patriarcat, c'est-à-dire que il y a l'aspect sociétal, et ça c'est important. Tu vis dans une société qui te laissait, j'allais dire qui te laissait peu de chance de pas aller vers les TCA, allez, on va essayer de le dire en plus positif, qui t'amenait beaucoup de chance de peut-être développer un jour un trouble alimentaire en tant que femme. Donc ça, c'est important et je trouve qu'en prendre conscience, ça enlève une part de culpabilité, tu vois, de porter aussi cette maladie, de s'en vouloir. d'être bloqué dans cette pathologie, mais même dans ton histoire personnelle, il y a des choses qui sont peut-être reliées à notre société. Parce que, encore une fois, si dans ton histoire personnelle, il y a des histoires de violence, de violence sexuelle, d'inceste, on est dans quelque chose de tellement, tellement, tellement systémique. 10% des enfants sont victimes d'inceste. Trois enfants par classe. D'ailleurs, je ne l'ai pas dit tout à l'heure, mais pour moi, la lutte féministe, elle ne peut pas se faire sans lutter en parallèle pour le droit des enfants. On doit inclure... dans nos luttes féministes la place des enfants dans notre société. Parce que les enfants et les femmes sont les premières victimes du patriarcat. Et si on ne veut pas que nos enfants de demain reproduisent sans cesse ce système patriarcal, alors il faut pouvoir lutter, changer les choses dès tout petit. Donc le féminisme peut te permettre ça, de prendre conscience que ce n'est pas juste ton histoire et ce n'est pas juste ta responsabilité, tu vois. Le féminisme... C'est avoir des outils, que ce soit par les lectures, les podcasts, tout ce que tu veux, Instagram, il y a plein de comptes et tout, avoir des outils qui vont te permettre de prendre conscience, comprendre tous ces enjeux et du coup de pouvoir te distancier, voire carrément de t'émanciper de ces enjeux et de ces injonctions qui pèsent aujourd'hui sur tes épaules et qui participent à te maintenir bloqué dans le trouble alimentaire. Et donc, dans ce même esprit-là, le féminisme... Ça peut te permettre de plus te sentir happé par tout ça, mais de pouvoir regarder toutes ces choses pour ce qu'elles sont vraiment et de les regarder avec distance et du coup de pouvoir faire un pas de côté et de plus te jeter sur le régime, la mode qui vient de sortir, de plus être dans cette course à vouloir plaire aux autres et notamment au regard masculin, de pouvoir repérer les red flags chez un mec. quand tu le rencontres pour la première fois et de pouvoir te distancier de cette relation, de pouvoir poser des stops à plein d'endroits dans ta vie, en fait. Et le féminisme et tout ce qu'il t'apporte et tout ce que je viens de dire là, il y a aussi l'idée que ça puisse t'apporter le fait de moins culpabiliser, de plus culpabiliser pour des trucs qui ne sont pas de ton ressort, de rendre la responsabilité à ceux à qui ça appartient et notamment aux agresseurs. Pour conclure... Moi, je pense que le féminisme, il a beaucoup à apporter à notre société, mais pas que aux femmes, à toute la société et à toutes les personnes. Je crois que le patriarcat détruit, détruit à tour de bras. Et je crois que le féminisme, dans cette volonté de prise en compte de chacun, dans cette volonté de mieux vivre ensemble, ça fait un peu bisounours ce que je suis en train de dire, mais voilà, peut apporter beaucoup. Et c'est pas parce que c'est un peu bisounours, le mieux vivre ensemble, qu'on n'a pas le droit de se mettre en colère. Et je crois que la colère, c'est un moteur. important. Et ça, c'est pareil. Quand on vient de dire qu'il ne faut pas te mettre en colère, c'est une injonction patriarcale. Les femmes n'ont pas le droit à la colère. C'est une émotion réservée aux hommes. Ça n'est pas vrai. La colère, c'est un super moteur. C'est le super moteur du militantisme. Et le problème, c'est que souvent, ta colère, tu la retournes contre toi. Donc, retourne ta colère vers les bonnes choses, les bonnes personnes. Et j'espère que cet épisode a pu t'apporter des éclairages. Cet épisode a pu aiguiser ta curiosité sur ce qu'est le féminisme. Et franchement, je t'invite à te renseigner. Tu vas voir que ça fait du bien. On se sent moins seul. On crée une forme de sororité. Ça crée une relation tellement, tellement différente entre femmes. Voilà, c'est vraiment libérateur. Ça peut beaucoup aider.