- Speaker #0
Bienvenue dans TCA, etc., le podcast qui décrypte les troubles des conduites alimentaires et tout ce qui gravite autour, parce que ça n'est jamais seulement qu'une histoire de bouffe. Je suis Flavie Mitsono, et j'accompagne les mangeuses compulsives à devenir des mangeuses libres bien dans leur basket. Alimentation, peur du manque, insatisfaction corporelle, peur du jugement, du rejet, empreinte familiale, grossophobie, les sujets abordés dans ce podcast sont très vastes, et pour ce faire, mes invités sont aussi très variés. Retrouvez-moi aussi sur Instagram où j'aborde tous ces sujets au quotidien sur Flavie.m TCA. Très belle écoute. Inès, bienvenue à nouveau dans TCA etc parce que t'es déjà intervenue. Donc trop contente de t'accueillir aujourd'hui pour parler d'un sujet très en lien à mon sens mais bon je... Je n'en dis pas plus parce que moi, j'ai envie d'avoir ton avis sur la question. Et voilà, c'est le but qu'on en discute toutes les deux. Aujourd'hui, on va parler de la peur de vieillir, j'allais dire, du fait de vieillir pour les femmes globalement, mais du coup, de la peur de vieillir qui peut s'installer pour pas mal de femmes. Mais avant qu'on rentre dans le vif du sujet, peut-être que je peux te proposer de te présenter pour les personnes qui ne te connaîtraient pas.
- Speaker #1
Yes, déjà encore merci de m'avoir réinvité sur ce podcast. Je m'appelle Inès, et vu qu'on parle d'âge et de peur de vieillir, je vais donner mon âge. J'ai 29 ans, bientôt 30 ans. Je suis dans l'année où je vais avoir 30 ans. Et dans la vie, je suis consultante en finances dans un cabinet de conseil, mais à côté de ça, j'ai surtout un compte Instagram qui s'appelle L'Age T'en Assiette, où je parle de mon vécu avec les troubles alimentaires, un peu de sociologie, etc. Et je témoigne sur mon vécu, comment je m'en suis sortie, et voilà.
- Speaker #0
Ouais, effectivement, je pense qu'il y a... C'est plutôt pour ça que les personnes te connaissent. Je sais que beaucoup de personnes avaient adoré l'épisode de podcast avec Antoine.
- Speaker #1
Bien.
- Speaker #0
Et il a été énormément écouté et pas mal de personnes m'en avaient parlé. Et je pense qu'effectivement, c'était une chance de vous avoir tous les deux au micro pour venir parler de ça. On avait parlé du couple. Et parler du couple avec un seul des représentants du couple, c'est cool. Mais avec les deux, c'est encore mieux. Donc, c'était vraiment trop chouette. Je pense que ça avait fait beaucoup de résonance. Et je pense aussi que ça va aider pas mal de personnes à franchir le cap d'en parler plus facilement dans l'entourage. Donc voilà, si vous ne l'avez pas écouté, allez l'écouter. Je n'ai pas le numéro en tête, ça date un peu, mais voilà, il est facile à retrouver. Et du coup, moi, je te suis aussi depuis longtemps sur les réseaux et je sais que l'âge, c'est un sujet. Ça a été un vrai sujet pour moi aussi. Alors, je pense moins que pour toi. Mais ça a été un sujet, j'ai l'impression que c'est quelque chose qui s'est apaisé chez moi, et bref, j'avais envie qu'on puisse en parler toutes les deux, parce que je sais plus, t'as dû faire une story où tu reparlais de ça, et je me suis dit, mais attends, il faut qu'on en parle. Il faut qu'on parle de ça, et du lien qu'on peut peut-être mettre avec les troubles alimentaires. Et du coup, pour en parler, j'aimerais bien, si t'es ok, que tu puisses nous en dire quelque chose. de... C'est quoi ? Tu dirais que t'as globalement une peur de vieillir ? C'est quoi ? C'est une peur de te projeter ? Dans le vieillissement, est-ce que tu as l'impression que c'est lié à la peur de mourir ? Est-ce que c'est lié à la peur de voir ton visage, ton corps changer ? Comment tu t'expliquerais ?
- Speaker #1
Il y a tellement de choses et je suis désolée par avance parce que ça va être un peu un épisode thérapie, je pense. Là, tu as ramené beaucoup de choses et franchement, je vais faire une réponse bateau, mais il y a un peu de tout ce que tu as dit. Je pense qu'effectivement, la première peur, c'est la peur de mourir, forcément. désolé ça va être les sujets très deep mais c'est vrai parce que je pense et c'est là où je vois le premier lien avec les troubles alimentaires mais là plutôt avec la guérison des troubles alimentaires je sais pas si c'est le cas pour tout le monde mais moi j'ai le sentiment que mes troubles alimentaires ont fait que je me suis j'ai un peu mis en parenthèse beaucoup d'années de vie je me suis empêché de faire beaucoup de choses il ya plein de choses que j'ai fait que j'aurais pas aimé faire comme ça il ya plein de relations dans laquelle j'ai été où j'aurais pas aimé les avoir enfin bref J'ai l'impression d'avoir perdu des années de vie et que ma personnalité à l'époque n'était pas ma vraie personnalité. Et en fait, c'est en guérissant des troubles alimentaires que j'ai le sentiment d'avoir retrouvé ma vraie personnalité et de vraiment profiter de la vie. Et donc, à ce premier sujet, c'est que, encore une fois, je ne sais pas si tout le monde est pareil, mais moi, depuis que j'ai guéri des troubles alimentaires, j'ai ce qu'on appelle un vrai FOMO, le Fear of Getting Out. J'ai besoin de faire beaucoup de choses, j'ai besoin de vivre beaucoup d'expériences, même parfois trop d'expériences, je ne sais pas. Et donc, il y a quelque chose qui me traumatise, qui me fait vraiment très peur dans la fin de la vie. Parce que le fait qu'en fait, il y ait une fin, que c'est bien sympa tout ça, mais à un moment, je ne pourrai plus parce que peut-être je serai trop fatiguée ou j'en sais rien. Peut-être que demain, il va m'arriver un truc horrible. Bref, je touche ma tête. Donc, il y a déjà la peur de mourir. Et après, au-delà de la peur de mourir, il y a l'autre peur sous-jacente dont tu as parlé, c'est la peur de vieillir de manière générale. Parce que justement, je pourrais me dire, profite à fond de la vie, profite de chaque instant, etc. Mais en fait, en plus de cette peur de mourir, Le fait d'avancer dans l'âge me fait paniquer, même si ça va un peu mieux. Là, typiquement, l'approche de la trentaine ne me fait pas spécialement peur. Mais quand même, il y a un truc, même chose, je pense, qui est très lié avec le vieux terreau TCA que je traîne. C'est que c'est la peur que le corps change, que le visage change. C'est la peur aussi, on pourra en parler, j'imagine que tu as des questions par rapport à ça. C'est la peur de s'effacer dans la société en tant que femme aussi. même si j'ai une conscience féministe mais justement j'ai tellement une conscience féministe que je vois bien qu'une femme jeune c'est pas la même chose qu'une femme âgée donc voilà, il y a beaucoup de choses qui se mêlent et donc en résumé c'est peur de mourir, peur de vivre et peur d'effacement social je rajouterais juste ce truc là,
- Speaker #0
d'effacement social et tu dirais que ça a quelles conséquences sur ta vie au final ? conséquences positives ou négatives d'ailleurs ben je pense
- Speaker #1
Oui, exact, positif et négatif. Je pense qu'en positif, la bonne conséquence que ça a, c'est que je pense que je suis quelqu'un qui a vraiment conscience que la vie est courte. Je le dis souvent. Je dis toujours, la vie est courte, la vie est courte, il faut profiter de la vie. Donc ça, c'est bien. Par contre, en négatif, c'est que ça me provoque énormément d'anxiété. Je sais que les gens me prennent pour une folle quand je dis ça, mais moi, je peux me coucher le soir et penser à la mort. Et en plus, forcément, quand t'avances dans l'âge, t'as de plus en plus de gens qui sont malades, ou même qui meurent de vieillesse, ou même d'autres choses plus dramatiques. Donc, ouais, franchement, moi, j'y pense quand même souvent, et je pense pas que ce soit très simple d'y penser aussi souvent.
- Speaker #0
Enfin, j'avais parlé de comportement, mais c'est pas un comportement, c'est plutôt des pensées, des envahissements de pensées. Est-ce que c'est quelque chose que t'avais quand t'étais... Plus jeune, plus petite même ? Genre, dès l'enfance ? Non. C'est arrivé quand ?
- Speaker #1
Justement, c'est arrivé avec la guérison des troubles alimentaires. Enfin, je pense que quand même, j'ai toujours eu un truc, peur de vieillir de manière générale, mais pour moi, ça s'est vraiment exacerbé avec les troubles alimentaires parce que vraiment, je mets beaucoup de pression sur… En fait, j'ai vraiment ce truc, j'ai l'impression à vie dans ma tête de « Ok, il y a dix ans de ta vie où tu as eu des TCA. » tu t'es gâché la vie. J'en parlais hier avec ma prothésiste angulaire qui est en train de me dire que la meilleure perte de sa vie, c'était au collège et au lycée. J'étais là, mais moi, c'est la pire perte de ma vie. C'était horrible, le collège et le lycée. Et au-delà du collège et le lycée, c'était horrible le début de ma vie d'adulte. Donc, ouais, là, la fin de ma vingtaine, je sais que j'ai beaucoup profité, j'ai fait beaucoup de choses, j'ai entrepris beaucoup de choses. Mais justement, ça me met une pression parce que même... Il y a autre chose que je n'ai pas rajouté là-dedans, mais dans les peurs qu'il y a à la vieillesse, il y a aussi peur de ne pas accomplir les choses que j'ai envie d'accomplir. Je sais que moi, je me mets vraiment beaucoup de pression. Là, j'y pense parce que nous, on se connaît via les réseaux sociaux, mais moi, j'ai un boulot salarié. J'aurais pu, entre guillemets, me satisfaire seulement de ce boulot salarié et me dire, c'est bien et tout, tu gravis les échelons dans ta boîte, c'est cool. En fait, non. Moi, j'ai envie de plus. Donc, je me mets beaucoup de pression par rapport à ça. je me dis, il faut absolument que... J'en sais rien, à tel âge, t'es accomplie ça. Je me compare beaucoup à des gens qui sont très jeunes et qui, en fait, ont monté des empires, alors que moi, je me dis, purée, mais t'as 29 ans, t'es toujours pas une businesswoman hyper assuclée. Enfin, tu vois, je sais pas. Je trouve que c'est très lié à la peur de vieillir aussi, parce que j'ai le sentiment que toutes ces choses-là, tu peux les faire que quand t'es jeune, alors que, d'ailleurs, c'est totalement faux. Il y a plein d'exemples qui montrent qu'en fait, t'as des gens qui ont... qui ont été successfull à 50 ans, 60 ans. Il n'y a rien à voir avec la vingtaine. Oui,
- Speaker #0
et puis le successfull, c'est ce que tu mets derrière le succès. Mais du coup, c'est la question qui me vient en t'écoutant. Je me dis, attends, mais est-ce que c'est une quête sans fin comme la quête corporelle ? Ou est-ce qu'il y a vraiment une fin, c'est-à-dire un moment où tu pourras te dire Ah ouais, là, ma vie, elle est vraiment remplie comme je veux. J'ai l'impression d'accomplir... Tu vois ce que je veux dire ? Tu perds le côté un peu comme la perte de poids, tu vois, quand t'es là en mode, je m'aime pas, il faut que je maigrisse, je vais m'aimer davantage, mais en fait, ça ne va jamais, ce n'est jamais suffisant.
- Speaker #1
Moi, je pense que malheureusement, je me le dis de plus en plus, mais c'est une quête sans fin. Même si en ce moment, j'essaye un peu de déconstruire ça parce que justement, j'essaye de me rappeler qu'en fait, la moi qui avait 15 ans ou 20 ans, même 25 ans, elle serait hyper fière de voir où j'en suis aujourd'hui. Elle serait ouf. Waouh, trop stylé ce que tu fais, c'est incroyable. Donc j'essaye de me dire, mais en fait, tu veux absolument la prochaine étape. Mais en fait, l'étape où tu es aujourd'hui, elle est déjà top. Et justement, par rapport à ça, il y a aussi un autre parallèle. J'ai vu un TikTok sur ça la dernière fois que j'ai trouvé hyper intéressant. Je ne sais pas si tu as regardé Bref 2.
- Speaker #0
Je suis en cours. Attention !
- Speaker #1
Dans le premier épisode, il y a cette fameuse réplique qui est devenue virale sur les réseaux sociaux. Oui. Vous voulez s'asseoir 5 minutes et en fait, il s'est assis 20 ans. Et en gros, le sous-entendu derrière, c'est qu'il y a des gens qui stagnent dans leur vie. Et en fait, j'ai trouvé que c'était hyper pressurisant parce que justement, y'a plein de gens qui ont fait des vidéos réactions à ça qui ont fait mais en fait il faut arrêter au pire, si tu t'assoies pendant 20 ans, si tu es bien à ta place, c'est bon, on s'arrête. Mais bon, après ça, ça nous ferait rentrer dans d'autres débats parce que là, c'est un peu de question d'accueil.
- Speaker #0
Oui, mais qui sont clairement liés. Mais du coup, c'est intéressant parce que je trouve que c'est intéressant d'explorer aussi les liens avec les troubles alimentaires. Et tu vois, je trouve que déjà, cette histoire de quête un peu sans fin, ça me fait penser à ça. Tu disais aussi, et puis bon, la société, ben ouais. clairement ultra pressurisante dans laquelle on vit, ça c'est clair. Et puis, tout à l'heure, tu parlais aussi que les TCA avaient été un déclencheur, ou en tout cas un révélateur de ça, tu sais, la guérison des TCA, en mode « Oh la vache, j'ai perdu 10 ans, vas-y là, il faut que je remplisse, il faut que je vive, il faut que… » Et en fait, ça m'a fait un tilt sur une personne que j'avais accompagnée, qui avait des troubles alimentaires type anorexie, boulimie, et en fait, quand elle a commencé à aller mieux, il y a des angoisses de mort qui ont ressurgi. Et elle avait oublié, si tu veux. Et en fait, elle m'a dit, mais non, mais du coup, bon, ben là, voilà, j'ai trouvé une psy spécialisée sur cette question-là pour aller bosser parce qu'elle était ultra angoissée. Et en fait, ces trucs-là étaient là depuis son enfance. Et les TCA avaient servi à gérer ce truc-là. C'est pour ça que je te posais la question où je me dis, mais en fait... Peut-être que ça t'a sauté au visage aussi une fois sortie des TCA, mais peut-être qu'il y a un petit truc depuis longtemps.
- Speaker #1
J'avoue, je ne me rends pas compte, mais c'est possible. Après, j'ai l'impression, parce que justement, je disais mes 10 ans de TCA, parce que souvent, pour résumer, je dis aux gens, bon, j'ai souffert de TCA de mes 15 ans à mes 25 ans. Mais en fait, en réalité, si je suis vraiment honnête avec moi-même, on avait déjà parlé, mais moi, je sais que j'ai une préoccupation corporelle depuis que j'ai genre 8 ans. donc Après, je ne pense pas que c'était des TCA, donc c'est pour ça que j'ai toujours de mes 15 ans à mes 25 ans. Mais donc, si ça se trouve, tu as raison. En vrai, là, toujours la thérapie en direct. Peut-être qu'avant mes 8 ans, j'avais aussi une peur de la mort, je n'en sais rien, et qui a été catalysée par... Enfin, ce n'est pas le bon terme, catalysée, mais qui a été masquée par d'autres préoccupations que j'avais. C'est possible. En tout cas, ce qui est sûr, un truc qui est sûr et certain, c'est que je pense que je suis quelqu'un qui, dans tous les cas, est anxieuse depuis assez longtemps. Elle me pose beaucoup de questions. En ce moment, c'est la vieillesse, la pression à la réussite, etc. Demain, je ne sais pas ce que ce sera. Effectivement, c'est fou de se dire qu'avant, j'avais une quête du corps plus mince et maintenant, j'ai une quête de rester jeune, une quête de réussir dans la vie. Rester jeune,
- Speaker #0
tu dirais que tu es dans cette quête-là ?
- Speaker #1
Non, j'avoue, ce n'est pas rester jeune, ce n'est pas le bon terme, mais c'est... Je suis obsédée par le fait de profiter de ma jeunesse. Ce qui ne m'aide pas, et pourtant j'adore cette jeune femme, je ne sais pas si tu connais Amal Tahir, c'est une créatrice de contenu que j'adore.
- Speaker #0
Je l'ai découverte par ton biais, parce que tu as partagé une dédicace avec elle, c'est ça ? Je ne la connaissais pas.
- Speaker #1
J'adore cette femme, j'adore ce qu'elle fait. D'ailleurs, allez la suivre. Elle a écrit un livre qui s'appelle Rancard avec la trentaine que je trouve trop bien, je ne l'ai pas fini. Mais mine de rien, son livre, alors Amal, si t'écoutes ça, je t'adore, mais mine de rien, son livre, il m'a mis un peu une pression parce qu'en fait, elle parle beaucoup de sa vingtaine dans le livre, forcément, parce qu'on a le même âge, elle va avoir 30 ans là. Et en fait, elle passe son temps dans le livre à répéter « Bon ben voilà, maintenant la trentaine, il faut vraiment que je profite de ma trentaine, à même ma trentaine, il faut vraiment que je fasse plein de voyages, il faut que je profite avec mes amis, il faut que je me tape le plus de mecs, il faut que, enfin, tu vois, il faut que je sorte encore plein de livres, que je sorte plein de podcasts que blablabla Et elle se fait une sorte de liste à rallonge. Et moi, en fait, ça m'a mis la pression parce que je me suis dit, purée, elle a raison, la trentaine, c'est quand même l'âge où t'es, où quand même t'es encore en forme, mais t'as plus d'argent. Donc, c'est vrai,
- Speaker #0
il faut profiter, il faut profiter,
- Speaker #1
il faut profiter. mais rien ça met la pression en fait. Et moi, je trouve que c'est ça mon problème du moment. Ce n'est pas tant pression à rester jeune. Effectivement, j'ai mal formulé. C'est plus pression à absolument profiter de ma jeunesse parce qu'en fait, il faut absolument que je ne rate aucun moment. En fait, c'est fatigant d'être comme ça.
- Speaker #0
Oui. Et puis, en fait, je vais encore faire un parallèle. Ça, c'est mon petit… Je ne sais pas si c'est un défaut ou quoi, mais c'est un truc de fou. Je fais le parallèle avec les TCA. Non, avec le comportement alimentaire. quand t'es devant un plat et que tu sais que peut-être il va disparaître ou qu'en tout cas tu sais pas combien de temps tu vas y avoir accès bah en fait t'as un comportement un peu dérégulé face à ça là j'ai l'impression que t'es un peu là-dedans en mode bah oui c'est ça combien de temps ça va durer et du coup c'est quoi la jeunesse pour toi ? ça m'a fait rire tout à l'heure t'as dit faut que je profite de ma jeunesse ça s'arrête quand la jeunesse ?
- Speaker #1
bah ça c'est une très bonne question alors je ne sais pas sur qui va tomber enfin qui va tomber là-dessus Merci. C'est vrai que c'est là que c'est intéressant aussi. C'est que quand j'étais plus jeune, si tu m'avais posé la question, je pense que je t'aurais dit que la jeunesse s'arrête à 30 ans, justement. Oui. Horrible.
- Speaker #0
Quand tu as 15-18 ans, tu dis ça, je pense.
- Speaker #1
C'est ça. Et même un de mes livres préférés, c'est Autant n'emporte le vent. Et Scarlett, dedans, souvent, elle dit que l'âge d'or des femmes, c'est entre... 14 ans et 18 ans en gros c'est l'âge où elle se cherchait un mari mais ça c'était à l'époque et quand je disais ça j'étais là oula en mode la vie s'arrête à 18 ans donc je pense que ça dépend vachement des époques et de toi où tu en es dans ta vie donc bref moi à 18 ans je pense que je t'aurais dit 30 ans aujourd'hui vu que je suis à l'aube de mes 30 ans ben franchement moi je trouve qu'il y a des gens dont tu fais partie d'ailleurs commencent à me caresser dans le sens du poil
- Speaker #0
Elle prépare, là vous voyez, elle est en train de préparer la bombe qu'elle va me lâcher.
- Speaker #1
Elle est tout justement, et même moi. D'ailleurs, là je vais caser dès maintenant un conseil pour les jeunes femmes qui ont potentiellement le même âge que moi. Tout comme moi, ça m'a beaucoup aidée à une période de suivre des comptes body positifs qui avaient des corps qui étaient moins les corps des mannequins que je suivais habituellement. Moi, je me force de plus en plus à suivre des femmes plus âgées que moi et justement à arrêter de suivre. même si c'est très bien de suivre des très très jeunes femmes mais arrêtez de suivre des nanas qui ont genre 20 ans et qui n'ont pas du tout une vie qui est comparable à la mienne en fait moi j'aime bien suivre des trentenaires des quarantenaires, bon j'ai pas encore trouvé des quinquagénaires mais si jamais on en a n'hésitez pas et justement en fait je trouve ça bah en fait du coup moi les personnes qui sont dans leur quarantaine je trouve pas que ce soit des femmes vieilles entre guillemets après c'est vrai que passé 50 ans bon je Je ne dirais pas qu'on est jeune. Je ne dirais pas qu'on est vieux non plus, parce qu'on est quand même encore en bonne santé, normalement. Mais je ne dirais pas qu'on est jeune. Donc, voilà. Oui,
- Speaker #0
mais c'est intéressant. Je pense que beaucoup de gens diraient la même chose que toi. Moi-même, je pense la même chose. Et dis-toi, moi, je vais avoir 40 ans cette année. Du coup, je me dis, ah ouais, 50 ans, c'est dans 10 ans. Et ça, ça fait... Limite, c'est plus de me dire que 50 ans, c'est dans 10 ans qui est difficile que de me dire que je vais avoir 40 ans, tu vois. Ah oui ? Ben ouais, 5 ans. je pense qu'il y a un peu un truc et à la fois c'est assez drôle parce qu'il n'y a pas longtemps j'ai discuté avec une tante à moi je ne sais pas elle a 75, 80 ans peu importe et je lui ai demandé quel âge elle avait préféré 50 ans mais non et en fait il y a plein de nanas de 50 ans qui disent, ça me fait penser aussi à Anne Piausse tu vois avec qui j'avais parlé de de Merci. ménopause et de tout ce qui se libère chez les femmes autour de cet âge-là et en fait je pense que quand même dans l'esprit il y a un truc qui se joue à 50 ans où tu sors un peu et du coup c'est bien on va rentrer dans le sujet un peu patriarcat etc en fait tu sors un peu du marché quoi tu vois c'est ultra libérateur pour les femmes ouais exact c'est hyper libérateur il y a plein de femmes certaines dont des femmes très proches de moi malheureusement que j'ai connues restent bloqués dans les régimes, faire attention, le côté faut séduire, faut plaire, machin, jusqu'à leur mort. Mais moi, je vois plein de femmes se libérer autour de 50 ans. Et ma tante, là, elle avait dit, moi, j'ai adoré 50 ans parce que c'est un âge où t'es encore assez en forme pour faire plein de trucs. Et t'as vraiment confiance en toi. Elle, c'était ce truc de... Je pense qu'elle s'est autorisée à prendre une place un peu plus forte en tant que femme à 50 ans. C'est pas la même génération non plus.
- Speaker #1
C'est vrai que c'est hyper intéressant, même le sujet de la ménopause, je n'y avais pas du tout pensé, mais c'est vrai que ça doit être hyper libérateur de se dire que ce n'est plus moi qui suis en lutte toute seule de mon côté. contre le patriarcat ou qui doit faire des efforts, entre guillemets. Genre là, en fait, d'emblée, je ne suis plus, entre guillemets, sur le marché.
- Speaker #0
Oui, c'est ça.
- Speaker #1
Oui, c'est vrai, c'est intéressant. Je n'avais pas vu ça comme ça. Je n'avais pas du tout vu ça comme ça.
- Speaker #0
Et en fait, je me dis, mais quelque part, moi, je trouve ça un peu dommage parce que je me dis, mais quoi ? Tu es toute ta vie à lutter contre ton corps, à vouloir rentrer dans des normes, à vouloir plaire, à vouloir être validée. Et puis, tu sens que... Enfin... Je ne sais pas toi, mais c'est bien, on va aussi rentrer dans un autre sujet. Moi, je trouve que j'avais vachement plus peur de vieillir quand j'avais des troubles alimentaires.
- Speaker #1
Oui.
- Speaker #0
Parce que mon corps avait vachement plus d'importance. Et que des fois, j'arrivais à peu près à avoir le corps que je voulais. Et du coup, je regardais mon visage et tout, et j'avais qu'une peinture à changer. Parce que du coup, c'est bon, le corps, c'était à peu près validé.
- Speaker #1
Mais du coup, ça reste que... Pardon, désolée, je t'ai coupée. Non,
- Speaker #0
non, vas-y,
- Speaker #1
je t'en prie. Est-ce que tu avais encore des troubles alimentaires dans ta trentaine ?
- Speaker #0
Oui, j'ai guéri dans ma trentaine.
- Speaker #1
Justement, je me demande si ce n'est pas lié à ça. Parce que moi, je ne sais pas si j'ai... Je sais que j'avais plus... Alors, ce n'était pas tant vieillir. Moi, je sais que j'avais un vieux sujet qui me tracassait déjà dans ma vingtaine. C'était plutôt la peur d'avoir des enfants. Parce que justement, je me disais, c'est la prochaine étape. En fait, si tu as des enfants, ça va détruire ton corps. Tu ne vas jamais réussir à perdre tes kilos, blablabla. Après, j'avoue, je ne me préoccupais pas à ce moment-là. Enfin, je n'ai pas l'impression, en tout cas. Mais je suis sûre que si, passé 25 ans, j'avais encore eu des TCA, c'est évident que ça aurait été un sujet. Et je te dis ça, mais en fait, c'est un sujet. Même là, en guérissant, etc., je pense que j'ai quand même une préoccupation qui est inconsciente, qui reste. Parce qu'en fait, moi, je le sais très bien, je le dis. tout le temps sur mes réseaux sociaux et je serai toujours honnête sur ce sujet. Moi, aujourd'hui, je considère que j'ai zéro problème avec l'alimentation. Genre vraiment zéro, zéro, zéro problème. Je n'ai pas d'appréhension liée à l'alimentation, je n'ai pas d'alimentation. J'ai débanqué à peu près tout ce qui est lié à l'alimentation, ce qui est assez incroyable. Mais par contre, je sais que mon corps, c'est un corps du travail. Je ne fais pas partie des meufs qui sont 100% à l'aise avec leur corps. Et du coup... ça me trigger un peu le fait de vivre parce qu'en fait je me dis mon corps quoi que je fasse il va changer de toute façon, il va pas rester comme il est aujourd'hui et je vous espérais que ce changement ça va pas être un déclencheur c'est plus ça mais un déclencheur genre de rechute de rechute ou alors de mal-être ou alors d'hyper focus dessus alors que je fais plein d'efforts pour pas être focus dessus donc je sais pas Après, j'en sais rien. Là, j'anticipe. C'est toujours le côté antiper le futur, alors que pour l'instant, on est là. Mais je ne sais pas. Je me dis, ah oui, si jamais ton corps change comme ça, comment tu vas l'accepter ? Est-ce que tu vas l'accepter ? Blablabla. Bref, bref, bref, bref. Voilà.
- Speaker #0
Et en même temps, je trouve qu'il y a quelque chose d'un peu paradoxal. Alors, je ne dis pas que c'est pour tout le monde pareil, mais j'ai un peu cette sensation que les changements qui arrivent en lien avec le temps, avec le vieillissement, C'est tellement de l'ordre de l'inéluctable. Après, il y a des gens qui courent faire de la chirurgie et machin, mais qu'il y a quelque chose de peut-être presque plus facile à accepter. Enfin, tu vois, ce n'est pas 5 kilos et je suis censée les perdre ou je tombe enceinte et tout le monde attend de moi que j'ai reperdu mes kilos parce que c'est vachement comme ça dans la société. En fait, tu vieillis, tu vieillis. Ton corps, il bouge, il se transforme, tes cheveux. t'as des cheveux blancs qui débarquent. Ça, ça te stresse, les cheveux blancs, par exemple ?
- Speaker #1
Non. Non, mais pour une raison, j'en ai déjà parlé avec une amie à moi qui a des cheveux blancs. Ça ne me stresse pas, parce qu'en fait, je sais que je n'en aurais pas. Enfin, si, j'en aurais. Mais en gros, je vois comment ma mère, ma grand-mère vieillissent. Et ce n'est pas des femmes qui ont eu des cheveux blancs. Elles n'ont même jamais eu, ce qui est assez surprenant. Je ne sais pas comment c'est possible. et moi à date j'en ai pas donc bon Je ne suis pas sûre. Peut-être que je me mens à moi-même. Vu que c'est des complexes, on fait une fixette dessus. Et si on ne l'a pas, on se dit que ce n'est rien. Mais je ne suis pas sûre que ce serait un truc qui me stresserait. Je ne sais pas. Ce qui me complexe plus, c'est plutôt la perte de cheveux. Parce que je suis quelqu'un qui perd mes cheveux. Ça, ça me complexe énormément. Je focus dessus. J'essaie tout le temps de trouver des moyens de faire repousser mes cheveux. D'ailleurs, ça aussi, c'est une conséquence des TCA. Donc ça, ça me stresse. Mais les cheveux blancs, bizarrement, ça ne me stresse pas. Je ne sais pas pourquoi.
- Speaker #0
Oui, comme dirait mon mari, écoute, tu as des cheveux blancs, c'est signe que tu as des cheveux.
- Speaker #1
Oui, exact. Le pauvre,
- Speaker #0
lui, qui perd un peu ses cheveux. Non, mais effectivement, après, moi, tu vois, les cheveux blancs, je ne faisais pas du tout une fixette. Je n'étais pas du tout inquiète. Mais en vrai... là ça va parce que c'est hyper stable ils sont à des endroits qui se voient pas trop mais j'en ai eu pas mal qui sont arrivés à un moment donné et tu te dis ah ok est-ce que ça va faire comme ça et là dans trois mois je suis poivre et sel finalement ça s'est stabilisé et tout donc je le vis bien tu vois mais en vrai ça débarque quand même tu vois genre j'ai des fois quelques sourcils blancs et là tu te dis mais je suis vieille tu vois si
- Speaker #1
mais effectivement après c'est oui enfin moi tu vois On parle sur ce sujet des signes de l'âge, moi, c'est plus les rides aussi. Je parlais des cheveux de tombe, les rides. Ça, c'est... Ouais, ça, c'est un sujet, quoi. Genre, parce que... Oui, là, tu peux plus... Mais en fait, j'aimerais que ce soit pas un sujet. En fait, ça m'énerve de dire que c'est un sujet. Ouais,
- Speaker #0
et justement, je voulais qu'on en parle, parce que je me doute bien. En fait, je pense que toi et moi, là-dessus, on a déconstruit beaucoup de choses. Et parfois, je trouve ça difficile. Et là, c'est sur la question de la peur de vieillir. Mais tu vois, moi, par exemple, sur l'injonction à plaire et la séduction, c'est un truc qui a été... Comment dire ? Ça me faisait un peu violence à l'intérieur parce que j'ai compris, j'ai déconstruit et malgré tout, je sentais que j'étais encore dans des mécanismes comme ça. Et j'ai l'impression que pour la peur de vieillir, pour toi, il y a un peu de ça. C'est-à-dire que tu t'intéresses beaucoup au féminisme, tu communiques beaucoup aussi là-dessus. Et que tu sais bien que c'est très en lien, que cette peur de vieillir, le fait de guetter les changements physiques, c'est très en lien avec le patriarcat et toutes les injonctions autour des femmes.
- Speaker #1
Oui, et c'est surtout que, même chose, c'est un débat que j'ai eu avec une de mes belles sœurs. Moi, ce qui m'énerve d'autant plus, quand j'ai ce genre de discours-là, ce que je viens de dire, ouais, c'est un sujet. après je dis pourquoi c'est un sujet c'est que en fait encore une fois tout comme la minceur comme la beauté de manière générale, ce n'est pas un sujet chez les hommes. Et ça, ça m'énerve parce que moi, je le vois très bien et j'aimerais ne pas penser comme ça, mais malheureusement, je pense comme ça. Là, dans le milieu professionnel où je suis, j'ai des hommes qui ont 50 voire 60 ans qui sont à des postes forcément très élevés parce que de par leur expérience, blablabla, c'est des hommes, il n'y a pas une seule fois où je me suis dit, ah, ils sont vieux. Je ne sais pas comment expliquer, mais ce n'est pas du tout un truc auxquelles je pense quand je leur parle parce qu'en fait je trouve qu'ils sont charismatiques je trouve qu'ils sont puissants je trouve qu'ils sont smarts d'une certaine manière enfin en gros encore une fois toutes les caractéristiques qu'on met au mec la même chose chez des femmes déjà alors des femmes à des postes haut placés malheureusement il y en a un peu moins et les quelques femmes qui sont là bah en fait c'est inconscient mais évidemment qu'au delà de me dire ah elles sont charismatiques, elles sont smarts, elles sont puissantes je vais aussi me dire Merci. Ah, elles ont les cheveux quand même très blancs. Ah, elles sont quand même pas très bien conservées. Enfin, genre, parfois j'ai des pensées comme ça et je me dis « Waouh ! Qu'est-ce qui explique que tu n'as jamais eu cette pensée envers des hommes ? » Enfin, jamais un homme, tu t'es dit « il n'est pas bien conservé » . Enfin, c'est affreux quoi ! Et effectivement, quand tu as une construction féministe et tout, que tu déconstruis plein de choses, mais que tu as quand même encore ces biais-là dans ta tête, moi je trouve que c'est hyper violent. Et en plus, c'est hyper énervant parce qu'en fait, c'est injuste. C'est injuste parce que tu te dis, mais qu'est-ce qui explique que pour les hommes, ça n'a jamais été un sujet, que c'est vraiment pas un sujet, qu'ils ne se posent même pas du tout la question. J'avais le débat avec un collègue juste avant qu'on commence ce... Ouais,
- Speaker #0
et alors, vas-y, qu'est-ce qui explique...
- Speaker #1
Bah, justement, on parlait des rides, etc. On parlait de ça, de l'âge. Et il me disait, mais non, mais c'est beau, les rides. C'est un signe d'avancement dans l'âge. Ça marque le visage et tout. Et je le regarde, je fais, mais c'est parce que t'es un mec. Et Harry, il fait, ah ouais, possible. Mais lui, vraiment, c'était pas un sujet. Il commençait à plisser. Effectivement, il avait des rides. Et il s'en fout, enfin, il s'en fout totalement. Mais j'ai pas forcément l'explication de qu'est-ce qu'il explique, à part, enfin, si j'ai une explication en deux parties. Déjà, le fait qu'ils ont jamais été objectivés sur leur physique de manière générale. Et aussi, la représentation, encore une fois. Quand là, je te dis, ah, dans mon boulot, il y a pas beaucoup de femmes à des hauts postes. Au-delà de « il n'y a pas beaucoup de femmes aidées au poste » , il n'y a pas beaucoup de femmes dans la pop culture qui sont vieilles.
- Speaker #0
On est très peu de représentation. Tout à l'heure, tu disais « j'essaie de suivre des trentenaires, des quarantenaires, des quinquagénaires » . Je me disais « mais oui, c'est vrai, je me le suis noté pour aller chercher » . Après, il y a un truc très générationnel, où c'est plutôt notre génération qui a investi Instagram. Il va y avoir de plus en plus de cinquantenaires. Mais on n'a pas de représentation, en fait, très peu. Bah oui, et dernier exemple là-dessus, j'y pense, c'est la même chose, ça va avec un débat que j'avais eu avec une amie sur ça. Le moment où je me suis dit, ah ouais c'est grave, il n'y a vraiment pas de représentation, mais c'est un délire. Je te conseille de, enfin non quoi que non, je ne te conseille pas de voir ce film, il est naze. Il y a eu Gladiator 2 qui est sorti, je ne sais pas pourquoi, là dernièrement, et je me dis mais c'est dingue, c'est dingue. En fait, Gladiator 2, c'est la suite de Gladiator 1, jusque là tout à fait logique. Il y a un personnage, je ne sais plus comment elle s'appelle, mais il y avait un personnage qui était dans le 1. Et donc, ils ont repris la même actrice dans le 2, forcément. Sauf qu'entre le 1 et le 2, je pense qu'il s'est passé 20 ans. Il y a Pedro Pascal, qui a le rôle qu'il a dans ce... Bon, Pedro Pascal, on ne le présente plus. Voilà, Pedro Pascal. Et à un moment, il revient de la guerre. On voit une femme de dos, une très belle femme de dos. Et elle s'apprête à se retourner. Et moi, au moment où elle va se retourner, en fait... avant même qu'elle se retourne je me suis dit en fait voilà ils vont encore nous servir une petite jeune toute mignonne voilà qui attend son grand guerrier et tout et en fait la nana qui se retourne en fait a le même âge que Pedro Pascal parce que c'est la fameuse actrice qui était déjà là 20 ans plus tôt et en fait je me suis dit en fait j'étais trop contente quand je l'ai vue je me suis dit ah mais trop bien ils ont mis une femme qui est en fait à son âge et en fait je me suis dit mais qu'est-ce qui fait que je me dis trop bien en fait ça devrait être la base en fait mais en fait on est pas habituée. Normalement, dans ce type de film, si t'as un mec qui a 40, 50 ans, en fait, sa femme, ce sera une nana qui a 20, 30 ans. Ce sera pas une femme qui a 40, 50 ans comme lui. Et en vrai, ça m'avait perturbée à l'écran. J'aimerais trop retrouver la scène pour, limite, la montrer à des gens et dire, qu'est-ce que vous ressentez face à cette scène ? Et ça m'a vraiment mise face au fait qu'on n'a vraiment pas de représentation de femmes qui avancent dans l'âge au cinéma. Enfin, c'est dramatique. Il n'y en a aucune. Même les héroïnes... J'ai pas mille exemples d'héroïnes qui représentent la quarantaine, la cinquantaine, la soixantaine. C'est très rare.
- Speaker #1
Oui, c'est clair. Voir même, ça va être un peu ridicule. Moi aussi, j'en parlais il n'y a pas longtemps de ça, où on se disait, soit ça va poser aucun problème de mettre un mec, un acteur qui a 50 piges et sa meuf, celle qui joue sa meuf, elle a 20 ans, normal. Par contre, une femme qui va avancer en âge et qui, dans la vraie vie, a 50 ans, on va la mettre, des fois, à jouer des rôles qui sont censés être donnés à des femmes beaucoup plus vieilles, tu vois ?
- Speaker #0
Ouais, exactement. Genre, vraiment,
- Speaker #1
la grand-mère et tout, t'es là, mais attends, c'est bon, elle a 50 ans, quoi. C'est là de tranquille, tu vois.
- Speaker #0
Exactement. Et en vrai, on ne se rend pas compte, mais on ne se rend pas compte dans l'inconscience que ça fait.
- Speaker #1
Oh, mais c'est clair, le poids des représentations, c'est un truc de ouf.
- Speaker #0
Donc, bon, moi, du coup, Je trouve que cette... Cette peur de vieillir chez les femmes, elle est très liée à ça, encore une fois, le fait que, quoi qu'on en dise, on est encore méga objectifiés sur notre beauté, notre jeunesse, etc. Et qu'en plus, on manque de représentation, on n'en a quasiment pas. Enfin, c'est sur la pub, sur les médias sociaux, à la télé.
- Speaker #1
Mais du coup, ça veut dire que tout à l'heure, on parlait de quelque chose de beaucoup plus intime pour toi, d'une relation à la mort aussi, de la peur de la mort. Mais là, dans la peur de vieillir, ça veut dire qu'on pourrait se dire qu'il y a d'autres composantes et qu'il y a aussi la peur, peut-être socialement, de ne plus pouvoir accéder à certains postes, certaines choses, de ne pas pouvoir évoluer jusqu'où tu veux. Et la peur, quoi, de ne pas plaire, globalement, tu dirais, de ne pas être validée.
- Speaker #0
Ouais, ouais, je pense que... Moi, c'est vrai que le côté validation masculine, c'est quelque chose que j'ai beaucoup déconstruit ces dernières années. Donc ça, ça va. Après, je pense que dans tous les cas, j'ai encore un sujet de validation de manière générale. Mais ça va au-delà du physique. C'est validation de ma personnalité, etc. Mais oui, malgré tout ce que je suis en train de te dire, je sais très bien, si je suis honnête avec moi-même, je sais très bien qu'aujourd'hui, j'ai des billets. Mais j'ai des billets parce que c'est ce qu'on me renvoie. C'est des trucs tout bêtes. Là, vu qu'on parle du monde professionnel, moi, j'ai 100 % conscience. C'est horrible ce que je dis. J'ai des collègues qui entendent ça, il y en a qui vont l'entendre. J'ai 100% conscience que dans le milieu professionnel, il y a une sorte de beauty privilège. Et tranquille, je ne suis pas en train de dire que je suis Emrata, pas du tout. Mais je pense qu'il y a évidemment quelque chose qui facilite ta vie quand les gens te trouvent potentiellement à leur goût. Je ne sais pas, de toute façon, il y a des sociologues qui l'expliquent mieux que moi, mais en fait, une personne belle... on va lui attribuer des caractéristiques et des qualités tout de suite, dans la seconde. On va se dire, ah ouais, cette personne est sympa, cette personne est charismatique, cette personne est enjouée, enfin, j'en sais rien. Plein de choses alors qu'elle n'a rien fait. Enfin juste, je ne sais pas, elle t'a sourie. et tout de suite tu vas te dire ça, chose que tu vas moins te dire avec une personne potentiellement moins belle et justement moi c'est ça aussi qui me fait peur dans le fait de vieillir c'est que en fait je sais pas pourquoi mais j'ai vraiment peur que ma valeur décline avec le temps alors que c'est totalement con parce que je pense que dans les faits encore une fois quand j'ai dit je suis pas Emrata je pense que c'est un leurre et qu'en vrai les gens m'apprécient pas du tout parce que Merci. parce qu'ils me trouvent à leur goût. Je ne pense pas. Je pense que c'est parce que... Là, ça y est, c'est la nana qui va méga se saucer. Mais je pense que je suis vraiment quelqu'un de sympa, en fait, et que ça n'a vraiment rien à voir. Mais je ne sais pas. Il y a quand même une peur sous-jacente de... Ben non, on va tout oublier. Et après, pareil, je fais ma thérapie en direct. Moi, il y a un truc qu'il ne faut pas oublier par rapport à mes troubles alimentaires, c'est que moi, mes troubles alimentaires ont été en grande partie déclenchés parce que j'ai été harcelée à l'école. Et je pense que malheureusement, quand tu as été une personne harcelée... En fait, tu as une peur à vie d'être de nouveau harcelée ou d'être de nouveau rejetée, d'être de nouveau abandonnée. Donc oui, peut-être que j'ai un truc que je n'ai pas débunké dans ma tête qui est en fait, tu vas vivre en tant que femme, tu vas être effacée de la société. Et en fait, tu vas être effacée de la société, on ne va plus s'intéresser à toi, on ne va plus te trouver sympa, je n'en sais rien, et tu vas être la bolosse du coin. Là, j'ai tiré la ficelle, mais en vrai, c'est ça. Évident que c'est ça. Et après, bon...
- Speaker #1
c'est pour ça que je dis la thérapie en direct il faudrait que je règle ce sujet en thérapie même si c'est trop cool d'en parler dans un podcast alors le régler ça me fait pas mal d'écho ce que tu dis et du coup c'est pareil tu te livres, je vais aussi livrer des trucs de moi je l'avais dit j'ai pas dit ce qui se passait clairement sur insta mais j'ai parlé du fait qu'il y avait des choses assez compliquées pour moi en ce moment et du coup je viens de réentamer une thérapie Et il se trouve que c'est une thérapie EMDR, et c'est donc un outil dont je parle quand même assez souvent, puisque pour tout ce qui touche au trauma, c'est quand même hyper intéressant, il y a de bons résultats. Et ce que tu dis, ça me faisait écho à ça, quand tu parles du traumatisme, du harcèlement. Peut-être que quand tu dis, toute notre vie, on a peur d'être à nouveau harcelés. Ça fait tellement écho. J'ai entendu d'autres gens dire ça, des gens qui ont été harcelés au travail. Et en fait, c'est terrible parce qu'en plus, tu as tellement peur d'être harcelé que tu te mets dans une posture qui finalement, limite, pourrait te rendre plus facilement à nouveau harcelé, dans une posture plutôt basse. Oui. Tu vois ? Et je ne pense pas que... Je me dis, toute ta vie, je ne pense pas que tu sois condamné toute ta vie à avoir cette peur-là. Et effectivement, peut-être que par des thérapies spécialisées autour du trauma... Ça pourrait agir dessus, mais je trouve ça trop intéressant parce qu'on part de la peur de vieillir et du coup, tu tires la ficelle et tu vois à quel point c'est en lien avec toute une construction psychique individuelle, mais aussi globale, sociétale. Oui,
- Speaker #0
mais c'est évident pour moi, tout est lié. C'est sûr, il y a encore une fois ce passé, mais après, il y a un truc social, sociétal.
- Speaker #1
Est-ce que tu penses que c'est un outil d'oppression, comme le culte de la minceur ?
- Speaker #0
Évidemment. Mais évidemment. Encore une fois, moi, je trouve... Ce qui est bien, par contre, dans la génération dans laquelle on vit, c'est que les gens déconstruisent beaucoup de choses. La peur de grossir, ça a été très déconstruit. Donc, c'est bien. Et je pense que la prochaine étape, c'est effectivement la peur de vieillir. Je suis sûre et certaine, là, on est le 1er avril 2025, je te parie tout ce que tu veux, qu'on va avoir dans quelques années... si les réseaux sociaux existent encore et si l'influence de manière générale existe encore, on va avoir une vague d'influenceuses qui t'expliqueront comment accepter ses rides, comment bien vivre, enfin qui seront à contre-courant. Tu auras les nanas qui te donnent des conseils pour ne pas vieillir et tu auras pas le body positive, mais tu auras le...
- Speaker #1
Ouais, l'équivalent, c'est là-dessus, quoi. C'est certain.
- Speaker #0
Je mets ma main à couper que ça va arriver, donc tant mieux. Mais oui, c'est un outil d'oppression parce qu'en fait, c'est la même chose que la peur de grossir. Si tu ne veux pas vieillir, justement on parlait de la chirurgie, tu vas faire du botox. Parce que même là, quand j'en parlais avec mes collègues, ils me disaient « Non, mais au pire, tu feras du botox. » Mais les mecs, vous savez combien ça coûte le botox ? Et en fait, est-ce que j'ai envie de mettre des produits dans mon visage ? Je ne sais même pas à long terme ce que ça fait. Est-ce que j'ai envie de toute ma vie être esclave de ça financièrement, en termes de temps ? Encore une fois, c'est comme les régimes, c'est comme l'épilation, c'est comme tous ces trucs-là. C'est la même chose, ça coûte de l'argent, ça coûte du temps, ça coûte de l'énergie. Donc oui, c'est un outil d'oppression. Et encore une fois, sans faire ma haters à vie, mais encore une fois, outil qui n'est pas sur les mecs. Enfin, toi, quand tu passes ton temps à réfléchir à comment ne pas vivre, en fait, il y a des mecs, ils sont en train d'avancer dans leur carrière, ils sont en train de réfléchir à leur bien-être, à leur spiritualité, enfin, des trucs beaucoup plus utiles dans la vie que juste ne pas avoir de rythme. Donc oui, c'est un outil d'oppression, clairement.
- Speaker #1
Comment on pourrait faire bouger les choses, à ton avis ?
- Speaker #0
Je pense que ça va être la même chose que là, ce qu'on a fait par rapport au corps. Je pense qu'il y a du militantisme à mettre là-dedans. Enfin, moi, encore une fois, je... Tout ce qui est contre-contre la grossophobie, je trouve que c'est génial. Moi, ça m'a fait beaucoup de bien. Tout ce qui est contre-body positif, c'est génial. Tout ce qui est féminisme de manière générale, c'est génial. Et je pense que justement, il faut... Enfin, je ne sais pas si ça existe déjà. Peut-être que je ne me suis pas intéressée au sujet. Du coup, je vais parler de choses qui existent déjà. Mais je pense qu'il faut vraiment un féminisme là-dessus, quoi. De femmes, en fait, qui disent, en fait, si on veut l'égalité homme-femme, l'égalité homme-femme, ça va aussi dans l'égalité à dire pareil. Quoi de nous, on devrait tout faire pour rester jeune alors qu'en fait, on ne peut pas rester jeune ? En fait, c'est ça aussi. Le terme, ce n'est pas dur à accepter, mais il faut juste accepter qu'on va vieillir. On va vieillir et qu'on a beau faire tout ce qu'on veut, à la fin, on va vieillir et on va mourir. Je trouve que c'est un peu une quête vaine, ce truc de contrecarrer à tout prix les signaux de l'âge. Et que pour moi, il faut de la prévention là-dessus. Il faut montrer des femmes qui assument. Même ce terme, ça me saoule de dire. Oui,
- Speaker #1
assumer, c'est même problématique. C'est comme assumer son poids. Pour moi, c'est problématique. Il n'y a rien à assumer.
- Speaker #0
Exactement.
- Speaker #1
Mais quand tu dis qu'il faudrait pouvoir réussir à vieillir davantage comme un homme, je me dis... quand même on se confronte à des freins structurels c'est-à-dire que tu le disais tout à l'heure, tu parlais du biotique privilège notamment dans le milieu de l'entreprise qui va plutôt se retrouver chez les femmes en fait accepter de vieillir comme un homme, ok mais on sait que dans le système actuel on n'accède pas tout à fait aux mêmes choses les actrices qui vieillissent vont avoir moins de rôle une femme dans le monde de l'entreprise va moins évoluer Il y a toujours une bonne excuse, parce qu'avant ça, il y a les enfants. Il y a toujours une bonne excuse.
- Speaker #0
Tellement ça. Oui, c'est vrai. Moi, ça, c'est mon sujet éternel où je n'ai toujours pas la réponse. Et j'y réfléchis beaucoup en ce moment. Désolée, j'ai fait une digression, mais je vais quand même en parler très rapidement. En plus, ça permettrait de faire de la prévention. Là, dernièrement, sur mon compte Instagram, j'ai fait un post sur ce qu'on appelle le Skinny Talk. Oui. Pour résumer très grossièrement, c'est des nanas qui donnent des conseils pour mincir. Et mon algorithme m'a ramenée sur une de ces femmes qui a un contenu très virulent et qui le fait exprès parce que c'est ça qui fait que les gens réagissent et que TikTok malheureusement fonctionne comme ça. Il faut dire des trucs très choquants, comme ça les gens en commentaire réagissent et comme ça, ça pousse ton contenu. Bref, elle l'a bien compris cette femme. Et à un moment, quand elle donnait ses conseils, ce qu'elle disait, c'est qu'elle... Elle parlait aux gens qui ne sont pas d'accord avec ce qu'elle dit. Et elle disait, vous aurez beau me dire tout ce que vous voulez, que c'est hyper malsain ce que je donne comme conseil pour maigrir, mais en fait, c'est une Anglaise, mais elle dit en gros, je n'ai pas choisi le jeu, mais j'ai choisi de jouer avec les règles du jeu.
- Speaker #1
Je ne sais pas lui comment elle dit en anglais.
- Speaker #0
Je ne sais pas le jeu, mais je joue avec les règles du jeu. Elle dit ça. Donc oui, je n'ai pas choisi le jeu, mais je joue avec les règles du jeu. Et en gros, ce qu'elle veut dire derrière, c'est en fait... La société dans laquelle on vit, elle est comme ça. Une femme, il y a un beauty privilege dans notre société. Pour être belle, il faut être mince. Donc en fait, plutôt que de lutter contre ce jeu, parce que de toute façon, on ne peut pas lutter contre ce jeu, on va jouer dans le jeu. Et donc, on prend les règles du jeu et on fait ce qui est demandé dans le jeu. Et où je voulais en venir avec ça, parce que je suis partie dans mon délire, mais où je voulais en venir, où je voulais en venir. Quelle était ta question initiale ? Parce que je suis partie dans un délire là.
- Speaker #1
On était sur le truc très structurel, le fonctionnement de la société.
- Speaker #0
C'est bon, je m'en suis souvenu. En fait, c'est mon questionnement actuel. En fait, je n'arrive pas à savoir qu'est-ce qu'il faut faire. Est-ce qu'il faut être en lutte contre ce jeu, être campé sur ses positions, avoir ses valeurs, et dire non, je ne veux pas jouer dans ce jeu-là, c'est mort. Ou est-ce qu'il faut se dire que... En fait, c'est comme ça et il faut l'accepter. Moi, de toute façon, j'ai ma réponse. Moi, je ne veux pas jouer dans ce... Je sais que ça ne mène à rien d'être dans ce jeu-là, donc ma réponse est toute trouvée. Mais en fait, j'ai beaucoup de compassion pour les gens qui n'y arrivent pas parce qu'en fait, c'est dur. C'est super dur. Et là, on parle de la vieillesse, mais tout à l'heure, je t'ai parlé du corps, je t'ai parlé de l'épilation. Moi, je vais être totalement honnête, j'ai eu recours en septembre à l'épilation laser. J'en suis à je ne sais plus ma combien de séances parce qu'en fait, j'en avais marre de m'épiler. Je n'assumais pas, notamment dans le milieu pro, quand c'est l'été, de me ramener en robe et que potentiellement, il y ait un ou deux poils et que les gens se vieutent. j'assume pas, bah en fait tant pis j'ai mis l'argent, le temps pour régler ce problème à vie et ça me... c'est totalement en comment dire, en opposition avec mes valeurs enfin vraiment et surtout ça coûte extrêmement cher donc et à chaque fois que j'y vais je me dis purée mais c'est totalement con comment tu peux comment tu peux faire autant de prévention sur le poids et en fait toi tu tu cèdes sur ça enfin bref mais en même temps enfin qu'est ce que je peux y faire Oui,
- Speaker #1
et puis en fait, on n'est pas binaire. L'idée, ce n'est pas de rentrer dans un fonctionnement binaire qui ferait qu'il y a une façon d'agir ou une autre. Et c'est exactement ce que ça me faisait cet écho-là quand tu parlais du fait de jouer le jeu ou de refuser le jeu. Et je me dis, je pense qu'on peut être dans un mix des deux. C'est-à-dire que c'est quand même hyper dur de se marginaliser. Ton message, il ne portera peut-être pas de la même manière si tu es complètement marginalisé. Et donc, l'idée de se dire... Et puis, c'est aussi pour ta santé mentale. C'est hyper compliqué. Et je pense que tu peux être éveillée et éveillée d'autres gens et militer tout en acceptant que la déconstruction, elle n'est pas totale et parfaite et qu'elle le sera peut-être jamais. C'est simple. Il y a eu une époque où, moi, la première, j'avais l'image des féministes, forcément, avec plein de poils. qui rejette tout le truc autour du maquillage et tout. Putain, on n'en est plus là. On a bien compris que l'enjeu n'est pas là et que le féminisme, c'est surtout avant tout de permettre à chaque femme de faire comme bon lui semble, comme ce sera bon pour elle. Et du coup, je me dis, bon ben voilà, épiler, pas épiler, la crème anti-ride ou pas, tu vois.
- Speaker #0
Oui, et c'est surtout...
- Speaker #1
Je pense que tu peux lutter contre ce système-là et tous les soirs mettre de la crème anti-ride. Enfin, j'imagine, tu vois.
- Speaker #0
Et surtout, autre chose par rapport à ça, il y a aussi quelque chose, pareil, auquel je réfléchis beaucoup en ce moment et qui est en lien avec ce que tu dis, c'est que quand tu as dit « j'avais l'image des féministes en mode nanas connues et tout, qui rejettent tout » , c'est qu'en fait, on ne se rend pas compte, mais mine de rien, et je ne vais pas du tout partir dans les délires féminins sacrés, calmons-nous, mais mine de rien, faire un rejet total de la féminité, je mets des guillemets, bon là c'est un podcast, mais faire un rejet total de la féminité, c'est pas sain non plus en fait. En fait, c'est pas grave les filles, si vous aimez vous maquiller bien, vous coiffer, vous parfumer, vous épiler, mettre de la crème en tiride. Enfin, si c'est vraiment pour soi, et que ça te fait du bien, fine en fait. Et moi, c'est vrai que pendant un moment, j'avais vraiment un truc, rejet de tout ce qui est un peu « fifi » entre guillemets. Et même chose, je suis tombée sur des contenus là-dessus qui disaient En fait, le problème, ça n'a jamais été le rose. Enfin, dans le sens... Oui,
- Speaker #1
bien sûr.
- Speaker #0
Bien sûr, c'est vrai, tu vois. Et je ne sais pas, il y a eu une période comme ça où, je ne sais pas, les femmes, elles s'empêchent d'aimer le rose. Mais en fait, ce n'est pas le rose, le problème. C'est ce que tu projettes derrière. Et justement, ce truc de... En fait, tu es en train de juger les femmes qui sont très féminines, alors que ce n'est pas grave d'être très féminine. Enfin, au contraire, bref. Mais encore une fois, c'est toujours pourquoi tu le fais, tu vois. Et justement, la limite que je mets à tout ça... C'est que j'ai beau dire tout ça, moi, il y a un sujet où ton podcast parle quand même de trop alimentaire. Moi, je sais qu'il faut aussi faire gaffe avec ce type de discours parce que à la limite, c'est que parfois, tu as des gens qui vont peut-être te dire « Ouais, mais je perds du poids pour moi. »
- Speaker #1
C'est un discours que j'entends tout le temps. Non, non, mais moi, c'est pour moi. Sauf que je prends souvent le truc des poils, en fait, pour illustrer en disant que c'est une reconstruction, tu le fais pour toi. Moi, aujourd'hui, je m'épile pour moi. Mais en vrai, je m'épile, ça me fait trop chier.
- Speaker #0
Moi aussi,
- Speaker #1
je me dis, mais super, je m'épile, OK. Je sais exactement pourquoi je le fais. Et je sais que ce n'est pas pour des bonnes raisons. Mais je le fais quand même. J'accepte de jouer ce jeu-là. Mine de rien, je m'épile beaucoup moins qu'avant. Tu vois, genre moi, je cours beaucoup. Et même tout l'hiver, je cours en short. Rien à foutre de courir avec des poils. Tu vois ? Et c'est une époque, même ça, ce n'était pas possible.
- Speaker #0
Donc en fait,
- Speaker #1
ça bouge. Ça se déconstruit tout doucement, tu vois. Merci. Et puis, je pense qu'il faut se méfier de cette quête de perfection aussi dans le militantisme et dans la déconstruction. Arrêtons, c'est ça qu'on attend de nous, les filles, qu'on soit toujours parfaites et que tu vois, on reste dans notre militantisme. Donc, je pense qu'il faut se méfier de ça et puis pas se tirer dans les pattes, quoi. Voilà, si on peut aussi...
- Speaker #0
C'est tout à fait ça.
- Speaker #1
Mais justement... Ah, pardon.
- Speaker #0
Non, non, non.
- Speaker #1
Non, mais j'avais une dernière question à te poser parce que là, on parlait plutôt d'un... Enfin, non, c'est pas vrai. On parlait aussi de l'individuel, mais on parlait quand même de tout ce qui est construction sociale, sociétale, est-ce qu'on s'en distancie et comment, etc. Et moi, je me demandais si tu avais repéré des choses qui t'avaient aidé à apaiser peut-être un peu. cette peur de vieillir ? Ou en tout cas, des choses que tu projettes de faire aussi. À ton avis, qu'est-ce qui pourrait être aidant pour des personnes qui ressentent aussi cette peur-là de vieillir, le changement que ça implique, etc. ?
- Speaker #0
Ça va, encore une fois, avec les représentations. Je pense que ce qui a beaucoup apaisé ma peur de vieillir, c'est voir des gens vieillir entre guillemets bien. Pas dans le sens par rapport à tout ce qu'on a dit sur la beauté, etc. Pas du tout, rien à voir. Mais plus... Bah moi les premières personnes qui me viennent en tête c'est mes beaux-parents parce que moi j'ai des grands-mères qui je trouve, après elles sont quand même très âgées, ne vivent pas forcément très bien, ont eu des problèmes de santé assez tôt, de l'arthrose etc. Donc je ne les ai jamais vues spécialement en forme, je les ai toujours vues un peu se plaindre de « ah regarde ma peau qui tombe, ah regarde comme je suis faible » etc. Donc ça ne m'a pas forcément donné un très bon exemple. versus mes beaux-parents. Alors, ils ne sont pas non plus méga âgés, mais je ne sais pas si ça se dit, ils sont dans leur soixante-dizaine. Aucune idée si ça se dit. Mais voilà, ils ont plus de soixante-dix ans, en tout cas. Et franchement, ils ont soixante-dix ans, mais pour moi, ils ont cinquante ans. Enfin, ils ont trois ans de moins. Ils sont actifs, ils voyagent, ils sont en forme, ils font plein de trucs, ils entreprennent plein de trucs. Ils sont encore au centre de la famille pour moi. Et du coup... C'est vrai que ça m'a beaucoup rassurée sur l'âge parce que je me suis dit, ben voilà, ils ont 70 ans, mais ils ont toujours toute leur tête, leur force physique. Il n'y a aucun sujet. Du coup, moi, c'est plus ça. C'est toujours cette histoire de représentation. C'est voir des gens qui vieillissent et qui vieillissent bien, encore une fois. Et vraiment, quand je dis vieillir bien, ce n'est pas lié à la beauté. C'est vraiment une sorte d'activité physique et mentale. Et justement ça, alors c'est pas du tout un podcast pour faire de la prévention sur l'âge et sur comment bien vieillir, mais je vais quand même le caser. De ce que je remarque, en tout cas des gens, des fameuses personnes qui vieillissent bien, c'est des gens qui au cours de toute leur vie ont toujours eu une activité sociale, physique et intellectuelle de manière générale. J'ai l'impression que ça fait qu'ils vieillissent bien. Je ne sais pas s'il y a un lien de cause à effet, mais il paraît que l'OMS, c'est ce que dit l'OMS. Il faut être en bonne santé, il faut avoir... une activité physique, une activité sociale et il y en a un dernier, j'ai oublié.
- Speaker #1
Oui, mais c'est ça, de la stimulation. Ça me fait penser au livre The Good Life, où ils ont suivi des gens pendant toute leur vie pour voir ce qui permet aux gens de vivre plus ou moins vieux et de vivre heureux ou non. Et en gros, je te la fais très courte, le truc, c'est les relations. C'est entretenir de bonnes relations épanouissantes finalement, peu importe. le régime alimentaire, le machin. En gros, ce qu'est une centre, c'est vraiment des relations de qualité.
- Speaker #0
C'est vrai. Pareil, je suis de plus en plus persuadée que ça joue. Et justement, dernière digression là-dessus, la grand-mère de mon amoureux, elle est décédée la semaine dernière. Horrible, paix à son âme. Mais je remarque un truc, je n'ai pas du tout envie de créer comme ça des... polémique ou de faire un constat qui n'a aucun sens, mais ce que je remarque, c'est que son état s'est beaucoup dégradé quand elle a été mise en EHPAD. Les EHPAD, ils sont ce qu'ils sont. Je ne veux pas critiquer parce que c'est une solution. À un moment, tu ne peux pas t'occuper de tes grands-parents à vie. Mais je trouve que le fait d'avoir perdu son lien avec ses amis, sa famille, avoir été un peu éloignée, j'ai l'impression que son état a dégénéré assez vite. Je vois ce que tu veux dire sur les relations. Je me dis, alors, un EHPAD, ce n'est pas comparable au fait d'être isolé. Mais oui, effectivement, s'il y a des gens isolés, effectivement, possiblement, ça peut te faire vivre plus vite et moins bien. Voilà.
- Speaker #1
OK. Donc, en tout cas, les représentations, toi, tu dirais que le truc principal qui t'aide à mieux vivre les choses, c'est d'avoir des représentations et du coup, peut-être d'aller les chercher. Finalement, on pourrait se dire qu'un peu comme quand on dit à des nanas qui ont des TCA, arrêtez de suivre les fit girls, les comptes de franquises et tout. et aller regarder du body positive et aussi des choses qui n'ont rien à voir avec le corps, il y aurait aussi l'idée de mettre dans le feed des gens de tous âges.
- Speaker #0
Ah oui, totalement. Totalement, parce que c'est hyper... En fait, on ne se rend pas compte, mais... Et même moi, quand je te l'ai dit tout à l'heure, quand au début du podcast, on a parlé du truc du succès, etc. Moi, je le sais très bien, si je suis hyper honnête avec moi, suivre des nanas de 23 ans qui ont déjà monté des marques de malades, ça ne m'aide pas, en fait. Ça ne m'aide vraiment pas. Je ferais mieux de suivre Kelly Massol, qui a genre, je ne sais plus quel âge elle a, elle a 45 ans, je crois. Voilà, enfin, ça me créerait moins de pression. Donc oui, ce n'est pas du tout ça. Et là, je parle d'un truc qui est très propre à moi, le truc de n'y a rien à succès, créer une marque, etc. OK, ça, c'est très propre à moi. Mais au-delà de ça, de manière générale, si on revient plutôt à la beauté et donc potentiellement au développement de troubles alimentaires, je suis sûre et certaine que suivre des gens qui sont très jeunes et suivre que des gens jeunes, ça n'aide pas en fait. Il faut suivre des gens de tout âge et de préférence même des gens qui ont ton âge, comme ça au moins tu te compares à ce qui est comparable. Peut-être que l'inverse aussi est malsain. Justement, j'ai dit Kelly Massol, mais si la nana, elle a 16 ans de plus que moi, on n'est pas au même moment du livre, donc ce n'est peut-être pas très clair. Donc oui, je pense diversifier les gens qu'on suit et de manière générale, le message de prévention, là aussi, que je case, de manière générale, si jamais des contenus vous mettent mal à l'aise, en fait, ça n'a jamais tué personne de cliquer sur le bouton unfollow ou masquer les stories ou que sais-je.
- Speaker #1
ça vous fait du bien et s'intéresser au féminisme parce que tu en as pas mal parlé mais je pense que ça peut être super aidant qu'on parle de TCA qu'on parle de peur de vieillir du rapport à l'alimentation au corps je pense que c'est une ressource hyper aidante ouais exactement bah écoute j'ai l'impression que ça fait que 5 minutes qu'on parle il y aurait trop de choses à aborder c'est toujours trop frustrant mais bon je pense qu'en vrai on a déjà abordé des choses importantes et intéressantes qui pourront faire effet de ressources et puis de miroirs je pense pour pas mal de femmes qui nous écouteront avec nos dix ans d'écart quand je te vois arriver dira mon dieu genre 30 ans et puis moi je suis là putain mais moi je vais à 40 tellement
- Speaker #0
pas même si ça a rien de dire ça mais c'est vrai tu l'étais tellement pas. Oui,
- Speaker #1
je sais. Je sais, mais un jour, tu vois, ça c'est pareil, j'ai toujours fait plus jeune que mon âge et puis en fait, malgré tout, je vieillis et puis j'ai déjà eu cette peur de dire, si un jour, ça s'inversait, j'ai toujours fait plusieurs années de moins que mon âge, imagine si un jour...
- Speaker #0
Je ne pense pas, je pense que tu feras plus. Non,
- Speaker #1
non, mais c'est intéressant aussi de voir, tu sais, ce compliment, entre guillemets, tu ne fais pas ton âge. Oui,
- Speaker #0
c'est vrai, même là, tu vois, quand je l'ai dit, ça m'a saoulé de le dire, mais après c'est factuel, mais bon.
- Speaker #1
qu'est-ce qu'on fait si en fait tu faisais ton âge ou tu faisais plus que ton âge ouais c'est ça c'est toujours s'interroger être lucide sur nos propres biais parce qu'en fait on en garde à vie je crois et c'est normal on peut pas tout déconstruire mais voilà en tout cas merci beaucoup d'avoir donné de ton temps ça m'a fait plaisir en plus de te revoir même si c'est par écran interposé Merci beaucoup. J'en profite pour te remercier pour tous ces contenus aussi que tu crées assidûment depuis toutes ces années. Je sais que tu aides beaucoup de personnes. Donc, c'est important de le dire.
- Speaker #0
Ça me touche beaucoup. Merci beaucoup.
- Speaker #1
Et merci de répondre présente aux invites comme ça de manière hyper spontanée et simple.
- Speaker #0
C'est normal.
- Speaker #1
Pour toi, c'est normal peut-être, mais moi, je trouve que c'est vraiment chouette.
- Speaker #0
Merci. Bon, je trouve bien.
- Speaker #1
Écoute, je te dis à très bientôt.
- Speaker #0
Oui, à très bientôt.
- Speaker #1
Et merci beaucoup.
- Speaker #0
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